UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DES GEOSCIENCES BP.
190/KINSHASAXI
CONTRIBUTION A L'ETUDE PETROGRAPHIQUE,
GEOCHIMIQUE ET MINERALOGRAPHIQUE DES FORMATIONS DE
KABANDA- MUSEFU ET SES ENVIRONS (KASAI CENTRAL,
RDC).
Présenté par :
KANGOMBE BATUKWA Benjamin LUTETA LUIMPA KABALA
Elie
Mémoire présenté et défendu en vue de
l'obtention du titre de Licencié en Sciences Géologiques
Option : Génie Géologique
Orientation : Géologie minière et
exploration
Directeur : KANIKA MAYAENA
Thomas
Professeur ordinaire
2022
II
Epigraphes (1)
«Qui vit longtemps voit la danse de la
colombe»
Proverbe africain
KANGOMBE BATUKWA Benjamin
III
Epigraphes (2)
Elie LUTETA LUIMPA KABALA
«Ce qui compte ne peut pas
toujours être compté, et ce qui peut être compté ne
compte pas forcément. »
Albert EINSTEIN
iv
Dédicace (1)
Je voudrais bien prouver ma gratitude envers ceux qui, de
loin ou de près m'ont supporté tant matériellement que
moralement.
A mon père Thomas KAYOBOLA KANGOMBE A ma mère
Marie BYANABIKE KANGOMBE
A mes très chers frères et soeurs, Jean
NGUMBI MATABU, Véronique TABU KINGOMBE, Sylvie MOZA MUSHABAH, AKILIMALI
KAPOLA Joseph, RADJABO KANGOMBE Bonaventure, NGUMBI YAMOMBO Joseph, à
qui je demande de trouver dans ce travail l'expression de ma profonde gratitude
et affection pour toute la patience et l'endurance qu'ils ont consenties pour
moi.
A mes amis et collègues MUFAUME KATCHAKA Merci,
MBETE MUTOMBO Emmanuel, INGILA ASANGA Samuel, MUTOMBO KABOLO John, MUKOMBOZI
MUITO Francine avec qui, nous avons partagé ensemble des bons moments
durant notre parcours académique.
A tous je dédie ce travail.
KANGOMBE BATUKWA Benjamin
Elie LUTETA LUIMPA KABALA
V
Dédicace (2)
A toute notre famille, nos très chers parents, nos
frères et soeurs ; à tous ceux qui nous ont soutenu et
encouragé ; et à nos amis. A cette personne très
chère à nos yeux, qui est aussi folle, autant que nous le sommes,
de découvertes scientifiques.
A tous ceux et celles qui comme nous, sont amoureux et
passionné(e)s des sciences, curieux de nature, et qui comme nous aiment
tout comprendre, de l'infiniment grand à l'infiniment petit.
A ceux qui viendront après nous pour approfondir
notre thématique, nous souhaitons que ce modeste travail, dont la
réalisation a demandé un temps et une patience inimaginable, sans
oublier les nuits blanches, soit un tremplin pour l'éclosion de la
nouvelle élite du peuple congolais.
A toi, nous disons : sois confiant, n'aies pas peur et
fais face à l'adversité en gardant la tête haute ; et vas
toujours de l'avant tout en conservant tes idéaux scientifiques. Demeure
toujours humble.
A toutes ces personnes, nous dédions ce
travail.
vi
Remerciements (1)
La réalisation d'un travail scientifique recourt
à la contribution de plusieurs personnes dont chacune joue un rôle
bien précis ; seuls, nous ne pouvions aboutir à rien. C'est
pourquoi nous tenons à adresser quelques mots en termes de remerciements
à l'égard de toutes ces personnes, qui, de près ou de
loin, ont apporté leur petite pierre comme contribution à
l'édification de cette oeuvre scientifique. Sur ce, nous remercions le
Dieu, notre créateur, Maître des temps et des circonstances, lui
qui nous a offert les capacités intellectuelles et de l'énergie
nécessaires nous ayant servis pour la rédaction de cette
oeuvre.
De façon beaucoup plus particulière, nous
remercions le Professeur ordinaire KANIKA MAYENA Thomas pour avoir
accepté de tout coeur d'assurer la direction de ce travail. Son esprit
scientifique et d'accueil, ses remarques judicieuses, ses orientations et
conseils pertinents nous ont aidés à bien mener cette
investigation. Nous manifestons aussi notre vive gratitude à l'endroit
de tous les Chefs de Travaux et Assistants enseignant au Département des
Géosciences qui nous ont offert un cadre et des moments intellectuels et
moraux sans lesquels notre bagage géologique ne se serait autant
développé jusqu'à cette réalisation.
Notre reconnaissance va chaleureusement à l'endroit
de notre famille restreinte et élargie, pour l'amour, la confiance en
notre personne et tous les moyens nécessaires mis à notre
disposition pour la réussite de cette oeuvre.
Nous remercions aussi, Monsieur le Chef du
Département LCA CGEA/CREN-K, Thomas SOLO KUANDA, pour son encadrement
durant le stage basé sur les analyses chimiques des échantillons,
à l'AT du Territoire de Luiza l'Ir. Jean KABAMBA MUKINAYI, à tous
les chefs coutumiers du secteur de Lusanza ainsi que l'Assistant Odrick TUEMA
pour son expertise dans les analyses microscopiques.
KANGOMBE BATUKWA Benjamin
Elie LUTETA LUIMPA KABALA
vii
Remerciements (2)
Au Seigneur Jésus-Christ, Lui le Maitre des temps
et des circonstances, l'Auteur de la vie et de toutes bonnes choses, que Son
Saint Nom soit béni éternellement. Si ce n'était son
soutien, nous ne serions pas en vie en ce moment en train d'écrire ces
quelques mots.
Nous remercions notre Directeur de mémoire, le
Professeur KANIKA MAYENA Thomas pour son assistance et sa
disponibilité.
A toute notre famille, à nos parents et tout
particulièrement à notre très chère mère,
à nos frères et soeurs ; et à tous ceux et celles qui nous
ont encouragés quand les chemins devenaient obscurs.
A la grande, joyeuse et aimante famille TSHIYOMBO dont
nous sommes membre, et à nos grands-parents.
A la grande et vieille famille KABALA, au sein de laquelle
nous avons vu le jour.
A toutes les personnes qui nous ont aidés
là, dans ce petit village fort sympathique du
Kasaï-Central.
A cette personne qui occupe nos pensées et dont la
présence nous est fort agréable ; et qui comme nous aime The
waltz of the flowers de Tchaikovsky.
A tous ceux et celles qui comme nous aiment le Seigneur
Jésus-Christ. Nous vous adressons nos remerciements.
1
0. INTRODUCTION
0.1. CHOIX & INTERET DU SUJET
Le choix du sujet développé dans ce travail,
résulte de l'intérêt géologique du Territoire de
Luiza, qui présente une potentialité aurifère non
négligeable et économiquement valorisable. L'étude sur les
plans pétrographique, géochimique et minéralographique des
formations géologiques de ce secteur apporterait un plus dans les
connaissances sur la géologie locale.
0.2. PROBLEMATIQUE
La République Démocratique du Congo
qualifiée de scandale
géologique, présente une potentialité
très variée en minerais économiquement valorisables. De
cette panoplie des ressources minérales identifiées, plusieurs
semblent non seulement être mal connues mais aussi inexploitées
dans la plupart des provinces et particulièrement le
Kasaï-Central.
En dehors des gisements aurifères découverts par
les géologues belges dans la partie SE de la RDC, les exploitations
mécanisées ont vu le jour. Pour améliorer l'exploration et
l'exploitation, les géologues se sont confrontés à deux
types de problèmes :
? Un problème relatif à la classification des
connaissances sur l'environnement géologique, support des
minéralisations ;
? Et un problème lié aux modèles de mise
en place des minéralisations.
Conscient de cette situation, le Gouvernement congolais
à travers plusieurs initiatives, a tenté au fil du temps, de
mener des campagnes de prospection minière tactique et initier plusieurs
réformes dans le secteur minier afin de résoudre les
problèmes liés à la valorisation de son sous-sol. Pour ces
raisons, et dans le cadre de notre travail de fin d'études, nous avons
choisi d'apporter une contribution sur les caractérisations
pétrographiques, géochimiques et minéralographiques des
formations de Kabanda-Musefu dans le Territoire de Luiza, dans le Kasaï
Central.
2
0.3. OBJECTIF DU TRAVAIL
Ce travail poursuit les objectifs suivants :
? De manière générale, ce travail vise
à contribuer à la
connaissance géologique du Territoire de Luiza et
placer les jalons sur la géologie du secteur de Lusanza ;
? Et d'une manière spécifique, il s'agira
d'identifier les différents
lithofaciès que l'on peut trouver dans la
région, leur description pétrographique, géochimique et
minéralographique ainsi que l'environnement de dépôt de la
minéralisation et les processus générateurs de fluides
métallifères.
0.4. METHODOLOGIE ET MATERIELS UTILISES
Pour mener à bien cette étude, nous avons suivi
un cheminement logique en trois étapes principales inhérentes
à toute investigation géologique, à savoir :
1. Les recherches documentaires préliminaires afin
d'acquérir certaines connaissances (informations) et se faire une
idée sur notre région d'étude. Pour ce faire, nous avons
utilisé l'internet et les données fournies par la
bibliothèque du département des géosciences de l'UNIKIN,
dans le but de réaliser les cartes topographiques, pour la localisation
des stations d'observations et d'échantillonnage, et géologique
du secteur d'étude moyennant des logiciels SIG.
2. En second lieu, nous sommes descendus sur terrain pour
une vingtaine des jours, dans le but d'un lever géologique exhaustif
accompagné de la collecte des échantillons destinés aux
analyses de laboratoire. Pour cette étape de travail, le matériel
utilisé comprend :
? Une carte topographique et une carte géologique de la
région
cible ;
? Un GPS de marque Garmin pour nous localiser et localiser nos
stations d'observation et d'échantillonnage ;
? Un marteau de géologue pour prélever les
échantillons et indiquer le nord avant la prise des photos ;
3
> Une boussole géologique à clinomètre
incorporé pour le prélèvement des mesures structurales
;
> Un appareil photographique pour prise de vues des
différentes stations d'observation ;
> Une loupe 20x ;
> Des feutres pour numéroter les échantillons
des roches et indiquer la polarité ;
> Des sachets en plastique pour l'emballage des
échantillons ;
> Deux sacs à dos pour faciliter le transport des
échantillons et d'autres matériels ;
> Une machette pour le dégagement de la couverture
végétale sur les affleurements ;
> Deux carnets et des stylos pour la prise des notes ;
> Un double décamètre pour mesurer les
épaisseurs des structures planaires et linéaires.
3. A l'étape du laboratoire, sur
l'ensemble des échantillons ramenés
du terrain, nous avons sélectionné une dizaine
d'échantillons représentatifs pour les différentes
analyses, à savoir : la confection des lames minces et des sections
polies à l'atelier de la Mention Géosciences de
l'université de Kinshasa, en vue d'une description microscopique des
roches de la région ainsi que les analyses géochimiques au Centre
régional d'Etudes Nucléaires de Kinshasa, CRENK en sigle.
Les matériels utilisés à l'étape
de laboratoire comprennent :
- Un microscope polarisant à
lumière transmise (de marque Optika) pour déterminer les
constituants des échantillons de roches, sur base des critères
optiques définis par Roubault et al. (1963), et Beaux et al. (2007) ;
- Un microscope polarisant à
lumière réfléchie (de marque Optika) pour
déterminer les types des minéraux opaques identifiés au
microscope pétrographique ;
- Un spectrophotomètre UV pour les
analyses au laboratoire (cfr CRENK) ;
- Une balance en grammes ;
4
- La moule (appareil dans lequel on place la
poudre de
l'échantillon, afin de la soumettre à une presse
sous une masse de 8 kilotonnes conduisant ainsi à l'obtention d'un
comprimé) ;
-
La presse en kilotonnes.
0.5. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail est
scindé en quatre chapitres, à savoir :
? Le premier chapitre aborde les
généralités sur la province du
Kasaï-central, notamment son cadre géographique et
son cadre géologique ;
? Le deuxième chapitre présente l'ensemble des
travaux réalisés sur terrain ;
? Le troisième chapitre est axé sur les travaux
de laboratoires et leurs résultats ;
? Le quatrième chapitre discute et interprète
les résultats obtenus.
5
CHAPITRE I : GENERALITES
Il est question de présenter en quelques lignes les
contextes géographique et géologique du Kasaï- Central,
déjà évoqués par bon nombre d'auteurs mais tout en
nous focalisant sur la géologie locale du Secteur de Lusanza, plus
précisément la localité de Kabanda-Musefu et ses environs,
dans le Territoire de Luiza.
I.1. CADRE GEOGRAPHIQUE I.1.1. Localisation
Le Kasaï-Central est depuis 2015 une des provinces de la
République Démocratique du Congo, à la suite de
l'éclatement de l'ex-province du Kasaï Occidental. Elle a pour
chef-lieu la ville de Kananga. Elle a une superficie de 58 368 km2,
et est située entre les parallèles 2° et 8° de latitude
Sud et entre les méridiens 21°30' et 24° de longitude Est.
La province du Kasaï-Central est bornée au Nord
par la province de Sankuru, au Sud par la province angolaise de Lunda Norte et
de la province de Lualaba (au Katanga), à l'Est par la province du
Kasaï Oriental et à l'Ouest par la province du Kasaï (Figure
1).
6
Figure 1 : Carte administrative de la province du
Kasaï-central localisant le secteur d'étude
Il semble que l'on doive attribuer au relief fossile
anté-mésozoïque l'absence de crétacique sur une
grande partie de la région occupée par le
7
I.1.2. Relief et hydrographie
Le plateau, dont le sous-sol est constitué par le
crétacique subhorizontal, est découpé par des larges
dépressions plus ou moins vallonnées des cours d'eau principaux
où affleure le soubassement précambrien, et par des
vallées plus encaissées de leurs tributaires, entaillées
soit dans ce soubassement, soit dans le crétacique. Il en résulte
qu'il se réduit presque partout à un axe étroit,
dépassant rarement 1 ou 2 km, et envoyant de longues digitations entre
un réseau fort dense de vallées. Les têtes de ces
vallées atteignent souvent la crête mais n'y déterminent
que rarement des cols bien creusés. Les dénivellations sont
habituellement de 50 à 100 m entre les fonds et la crête toute
proche. Les grandes vallées se tiennent à 100 ou 120 m sous le
niveau des plateaux les plus élevés, dans le Sud, et à
plus de 150 m, dans le Nord de la région (Service géologique du
bureau de Lubumbashi, Notice explicative de la feuille de Dibaya, 1966).
A côté des reliefs actuels, il y a lieu de
signaler l'existence de reliefs enfouis, exhumés localement par
l'érosion. A la base des couches raccordées à la
série de Bokungu, doit se situer un aplanissement d'érosion
très régulier, si on en juge par ce que l'on sait du Kasaï
occidental, peu à l'Ouest de la région de Dibaya, où cette
surface a été bien mise en évidence (C. Fieremans et J.
Lepersonne, 1954), et par les observations, corroborées par les
tracés des limites géologiques, qui montrent que, dans la feuille
de Dibaya, cette base a une allure très régulière. Cette
surface est exhumée localement sous la forme de plates-formes qui se
situent à l'altitude et dans le prolongement du contact entre couches
raccordées à la série de Bokungu et à la
série de la Loia.
L'étude géologique a montré, et les
tracés de la carte le confirment, que le relief du soubassement
précambrien, au-dessous des couches raccordées à la
série de la Loia, est accidenté. On peut se demander si ce relief
date en son entier de peu avant le crétacique ou s'il n'est pas
lui-même en partie un relief glaciaire du Carbonifère
supérieur exhumé par l'érosion qui a
précédé le dépôt du Crétacique.
Certains indices et la présence au Sud-Ouest (L. Cahen, 1951 ; C.
Fieremans, 1961), au Nord (L. Cahen et al, 1960) et à Est de lambeaux de
la série de la Lukuga rendent cette hypothèse vraisemblable.
8
complexe de la Lulua, région dont les zones hautes sont
à une altitude égale ou supérieure à celle de la
limite entre les deux séries crétaciques.
Le Territoire de Luiza est traversé en son milieu, du
Sud au Nord, par la Lulua, gros affluent droit de la rivière Kasaï.
Son bassin en occupe la plus grande partie ; ses principaux affluents sont,
à gauche, la Miao, à droite, la Lubi-a-Mpata, la Moyo et la
Malafudi. Quelques tributaires de la Lueta, autre affluent droit du Kasaï,
empiètent sur son coin Sud-Ouest. Le bord Est appartient au bassin de la
Lubi, tributaire du Sankuru, par ses deux affluents gauches, la Lukula et la
Luekeshi.
I.1.3. Climat
Le climat de la province du Kasaï-Central est du type
tropical chaud et humide caractérisé par l'alternance de saisons,
à savoir : la saison des pluies et la saison sèche.
I.1.4. Sols et végétation
La province du Kasaï Central connaît deux types de
végétation : la végétation forestière et la
savane guinéenne. La première est rencontrée dans la
partie Nord des Territoires de Demba et de Dimbelenge, tandis que la seconde
occupe une grande partie de la province sur le sol relativement pauvre d'une
part, des terres riches du Territoire de Luiza et du sud du Territoire de
Kazumba.
Deux types de sol caractérisent la province du
Kasaï Central : sol argilosablonneux qui domine tout le Territoire de
Luiza et le secteur de Tshishilu, en Territoire de Dibaya, et le sol
sabloargileux prédominant dans le reste de la province
(Wikipédia).
I.2. CADRE GEOLOGIQUE REGIONAL I.2.1. Introduction
La structure morphologique de l'ensemble de la RDC offre une
image assez simple, celle d'une zone déprimée au centre du pays,
la cuvette centrale (CC), entourée d'une ceinture annulaire de
topographie plus élevée
9
(bourrelet périphérique) composée dans sa
majeure partie des terrains plus anciens d'âge cryptozoïque.
L'ensemble « cuvette centrale-bourrelet
périphérique » est limité par le Rift Est Africain
à l'Est et la région littorale qui longe la côte atlantique
à l'Ouest.
Sur le plan géologique, il y a lieu de distinguer deux
ensembles, les terrains qui forment le socle et les terrains qui reposent sur
ce socle, constituant ainsi la couverture. Le socle (soubassement) formé
de terrains plus anciens d'âge précambrien affleure au niveau du
bourrelet périphérique qui entoure la cuvette centrale où
ils forment des blocs cratoniques (le craton de l'Ubangi et le craton du
Kasaï) soudés par des chaines mobiles (Ouest Congolienne,
Lufilienne, Kibarienne, Ruzizienne, les Super groupes de la Mbuji-Mayi et de la
Lindi) et des terrains d'âge Méso et/ou
Néoprotérozoïque (Bureau du service géologique de
Lubumbashi, Notice explicative de la feuille de Dibaya, 1966).
Les formations comprises dans l'étendue du Kasaï
s'ordonnent en deux ensembles principaux :
? Une couverture formée de roches tendres ou meubles
en
couches sub- horizontales, d'âge crétacique
inférieur et cénozoïque ;
? Un soubassement d'âge précambrien
constitué de formations sédimentaires plissées, de
formations métamorphiques et de roches cristallines.
I.2.2. Formations de couverture
Ces formations, toutes d'origine continentale, peuvent
être subdivisées en deux ensembles :
1. L'un, d'occurrence plus ou moins locale, constitué
par les alluvions holocènes de basses terrasses et de plaines
alluviales ; et par des sables et graviers plio-pléistocènes
occupant les aplanissements d'érosion de la fin du Tertiaire et du
Pléistocène ;
2. L'autre, ayant formé une couverture continue,
actuellement démantelée par l'érosion, sur une
étendue considérable du Sud du bassin du Congo et comprenant le
Néogène, le Paléogène et le Crétacique.
10
Ce dernier ensemble a été, pendant longtemps
groupé en un système, du Lualaba-Lubilash considéré
comme équivalent des parties triasique et rhétienne du
système du Karroo d'Afrique australe.
Ensuite, les couches supérieures en furent
détachées sous le nom de système du Kalahari et les
couches inférieures furent subdivisées en étage du Sankuru
et étage du Lualaba, puis série du Kwango et série du
Lualaba ; cette dernière subdivisée en étage de la Loia et
étage de Stanleyville (voir ces différents termes dans L. Cahen
et J. Lepersonne, 1956).
Au Kasaï, le Cénozoïque est continental et
comprend :
? Pliocène et Pléistocène
inférieur : sables, plus ou moins
argileux, avec gravier à la base, recouvrant des
aplanissements d'âge fin-tertiaire. Les sables jaunes, liés aux
aplanissements les plus anciens, résultent du remaniement de la
série des sables ocre (voir ci-dessous) ; les sables rouges sont
généralement liés aux formations crétaciques.
L'épaisseur du manteau sableux varie de 25 à 40 m (L. Cahen,
1954).
? Néogène :
série des sables ocre (ou "Kalahari
supérieur"). Constituée de sables fins, de teinte jaune-ocre
dans la masse, gris clair en surface, cette série a, au Kasaï, une
puissance maximum de 30 à 40 m et forme des lambeaux discontinus,
résidus de l'érosion d'un manteau anciennement continu. Les
sables ocre n'ont pas livré de fossiles ; leur âge est compris
entre celui de l'aplanissement d'érosion sur lequel ils reposent,
daté du mi- tertiaire (L. Cahen et J. Lepersonne, 1952 ; L. Cahen, 1954)
et qui tronçonne la série des « grès polymorphes
» d'âge paléogène, et celui des cycles
d'érosion de la fin du Tertiaire qui ont provoqué le
démantèlement de la série des sables ocre et de la
série des « grès polymorphes ».
? Paléogène :
série des « grès polymorphes » (ou
Kalahari inférieur). Cette série, formée de sables,
grès tendres et meulières (grès polymorphes) forme
également des lambeaux discontinus. Son épaisseur qui, dans le
Sud du bassin du Congo, décroît de l'Ouest vers l'Est et du Nord
vers le Sud, n'est au Kasaï que de 10 à 20 m. Elle est
fossilifère (ostracodes, gastéropodes, characées).
L'étude des ostracodes a conduit à fixer son âge au
Tertiaire inférieur (Eocène ou Oligo-Miocène) (N. Grekoff,
1958). Deux gites fossilifères ont été observés au
Kasai, au Mt Bunza, à 100 km à l'Ouest de la limite de la feuille
Dibaya, et aux sources de la Lushenene (E. Polinard, 1937), à quelques
km au Sud du 7ième parallèle.
11
En dehors de débris de meulières de la
série des « grès polymorphes », parfois abondants, il
ne subsiste aucun témoin en place de cette série et de celle des
sables ocre dans les limites de la feuille Dibaya.
Le Mésozoïque du Kasaï comprend deux
unités principales séparées par une légère
discordance :
? L'unité supérieure a été d'abord
reconnue au Kasaï occidental et
assimilée à la série du Kwango ; elle est
subdivisée en couches II, ou supérieures,
caractérisées par l'abondance des poudingues, et couches I, ou
inférieures, constituées de grès à grain fin.
L'ensemble, principalement gréseux, avec rares lits d'argilites, est de
teinte rouge ; des ossements de reptiles, plus ou moins remaniés, ont
été récoltés dans le poudingue de base. Celui-ci
est diamantifère (C. Fieremans et J. Lepersonne, 1954).
? L'unité inférieure a longtemps
été assimilée à la série de Lualaba. Elle
est constituée d'argilites et de grès tendre, de teintes
variées, avec lentilles de meulières et de silex.
Fossilifère au Kasaï occidental, elle a pu, de ce chef, être
raccordée à la série de la Loia, d'âge wealdien, du
Nord de la Cuvette congolaise (L. Cahen et al, 1960 ; L. Cahen, 1961). Au
Kasaï oriental, elle comporte les formations M1 à M4 de la
succession locale ; ces formations sont transgressives l'une par rapport
à l'autre du Nord vers le Sud (L. Cahen, 1951, 1954). Le raccord entre
les formations fossilifères du Kasaï occidental et les formations
non fossilifères du Kasai oriental a été assuré par
des levés (L. Cahen, 1951 ; P. Raucq, 1959). La surface de base des
formations du Kasaï raccordées à la série de la Loia
est très irrégulière et a les caractères d'un
paysage vallonné.
Outre les formations ci-dessus, il existe, dans le Nord de
l'Angola, et peut-être au Kasaï occidental, de petits lambeaux de
formations triasiques occupant des fossés tectoniques. Dans les
mêmes régions, sont également observés des lambeaux
de la série de la Lukuga, d'âge permien inférieur -
carbonifère supérieur (C. Fieremans, 1961).
I.2.3. Soubassement du Kasaï
Le soubassement du Kasaï n'apparait que sous forme de
boutonnières multiples à travers les formations de la cuvette
centrale. Ces boutonnières laissent apercevoir également,
recouvrant en discordance l'Archéen (PCD), les formations du
Paléoprotérozoïque (PCC), du
Mésoprotérozoïque (PCB), du
Néoprotérozoïque (PCA), ainsi que les formations du Karoo.
Ce bouclier
12
affleure de façon discontinue, sur une assez grande
superficie de la partie centrale et méridionale du Congo. Il se poursuit
dans le NE de l'Angola et il a été abondamment sillonné
par les missions de prospection de diamant.
L'étude des blocs cratoniques archéens se base
aujourd'hui sur la division des unités archéennes en
chaînes granulite-gneiss, association granite-greenstone et bassins
tardi-archéens, dykes et intrusions stratifiées (Fernandez-Alonso
M. et al., 2015).
? Les chaînes granulite-gneiss
représentent des niveaux cristaux
moyens à profonds, exhumés, de
métamorphisme élevé (high grade metamorphism). Les types,
de roches caractéristiques des chaînes granulite-gneiss sont des
gneiss quartzo-feldspathiques appartenant à la suite TTG avec en termes
de volume, très peu de paragneiss, des amphibolites, des micaschistes,
des marbres et quartzites, des BIF et des complexes magmatiques
stratifiés.
? Les terrains granite-greenstone
correspondent à des plus anciennes chaînes majeures
composées de roches volcano-sédimentaires bien
préservées. Elles sont constituées de roches magmatiques
et volcanoclastiques siliceuses à ultrabasiques, de sédiments
siliciclastiques et chimiques, le tout intrudé de volumes importants de
corps granitoïdes.
Il faut noter que les formations archéennes
observées en RDC se rapportent à l'une ou l'autre de ces deux
grandes associations. Elles affleurent dans deux zones principales, le
Kasaï au Sud et la région de l'Ubangi au Nord. Ces ensembles
appelés cratons sont des vastes surfaces des roches profondément
métamorphisées au sein desquelles apparaissent des lambeaux des
schistes cristallins qui gardent les lignes d'orogénèses
anciennes.
On y définit les bases lithologiques et structurales
d'un certain nombre des complexes qui ont pu être corrélés
entre eux par des mesures de radio-datation. Depuis 1968, on distingue des
terrains dont l'âge est égal ou antérieur à
2.5Ga.
a. Complexe tonalitique de la Haute Luanyi
Anciennement dénommé « Gneiss de la Haute
Luanyi », il est observé dans une petite zone du degré
carré de de Dibaya (Luiza) coincé entre le complexe granulitique
de Musefu et le complexe granito-gneissique de
13
Sandoa. Il s'agit de tonalites et de gneiss à grains
fins à biotite sans microcline et plus ou moins affectés par une
migmatisation postérieure. Son âge est estimé à
3,4Ga. Ces formations sont l'équivalent du Complexe
gneisso-amphibolitique de la Bomu appartenant au craton de l'Ubangi.
b. Complexe granulitique de Musefu
Anciennement connu sous le nom de complexe gabbronoritique et
charnockitique du Kasai-Lomami, ce complexe se prolonge en Angola et comprend
des gneiss à hypersthène (charnockites s.s et enderbites) et de
roches quartzo-feldspathiques à grenat montrant également des
cristaux de sillimanite bien développés (granulites et
leptynites).
c. Complexe migmatitique de Dibaya
Anciennement dénommé complexe granitique et
migmatitique de Dibaya (Delhal, 1991 ; Kabengele et al, 1997, 2001), il s'agit
des gneiss migmatitiques dans lesquels apparaissent localement des zones
d'amphibolites. Toutefois des granites calco-alcalins sont observés dans
la partie sud du complexe (Granite de Malafundi). Ce complexe est compris entre
le 5ième et le 7ième parallèle Sud.
Il est recouvert par des formations mésozoïques qui gênent
l'observation en dehors des zones dégagées du degré
carré de Dibaya.
d. Complexe granito-gneissique de Sandoa
De lithologie assez monotone et couvrant toute la
région de Sandoa, il est connu sous le nom de Complexe de la Lukoshi. Il
comprend des granulites, gneiss tonalitiques à granitiques, granites et
amphibolites, le tout métamorphisé dans le faciès
amphibolite.
e. Complexe tonalitique de Kanda-Kanda
Non précédemment cartographié, ce
complexe affleure bien dans la région de Kanda-Kanda où il
constitue la frange de terrain qui délimite à l'Est le Complexe
de Dibaya et le Complexe charno-enderbitique et granulitique (ex Complexe
du Kasai-Lomami). Ce Complexe d'âge archéen, présente
une structure magmatique évolutive avec un noyau de tonalite au
centre
14
circonscrit respectivement d'auréoles de granodiorite,
de monzogranite, et de granite (Delhal J. et al., 1975).
I.2.4. Géologie de la zone
d'étude
a. Limitation de la zone d'étude
Les limites de la zone d'étude sont les suivantes :
? Au Nord : par la localité de Muena-Kanda, de
coordonnées géographiques : E 22°42'15»/ S 7°
48' 00» ;
? Au Sud : par la province du Lualaba, de
coordonnées géographiques : E 22° 41' 00'/ S 7°
51» 00» ;
? A l'Est : par la province de Lualaba, Territoire de
Kapanga, de coordonnées géographiques : E 22°46'30»/
S 7°48' 30» ;
? A l'Ouest : par la rivière Lulua, de coordonnées
géographiques : E 22°39'00»/ S 7°50'00'.
b. Géologie locale
La géologie de la région de Kabanda-Musefu
appartient au complexe granulitique de Musefu, anciennement connu sous le nom
de complexe gabbronoritique et charnockitique du Kasai-Lomami.
Cette unité est composée de gneiss à
hypersthène (charnockites s.s. et enderbites) et de roches
quartzo-feldspathiques à grenat montrant également des cristaux
de sillimanite bien développés (granulites et leptynites). La
composition de ces roches de caractère clairement siliceux,
démontre qu'elles sont, pour le moins partiellement,
dérivées de roches sédimentaires et sont le produit du
métamorphisme intense d'un ancien soubassement gneissique duquel les
gneiss de la Haute Luanyi pourraient être les reliques (Delhal, 1963).
I.2.3. Tectonique locale
Les grands traits de l'histoire géologique de la
région peuvent se résumer comme suit :
Les gneiss anciens formant le socle cristallin ont subi :
a. Des mouvements orogéniques ;
b. Des intrusions magmatiques vers la fin de ces mouvements ;
15
c. Des cassures, suivies d'infiltrations et de venues
filoniennes ;
d. Enfin l'érosion, avec formation de produits
secondaires par altération atmosphérique.
I.2.4. Minéralisation
L'or dans cette région, se retrouve à
l'état natif et, surtout, aussi inclus dans des pyrites. Il y a lieu de
distinguer entre ses gisements primaires et ses gisements secondaires. Les
premiers sont ceux où l'or repose en roche dure. Les gisements
secondaires sont ceux où l'or se retrouve dans des roches meubles,
formées essentiellement par désagrégation et
redéposition sous l'action des eaux courantes (Friedlaender Carl,
1942).
L'or à Kabanda-Musefu est de deux types, l'un est
disséminé dans les roches et l'autre est filonien. L'or filonien
est fréquemment visible à l'oeil nu, englobé par le
quartz, et sous forme de paillettes, souvent rugueuses, parfois dans des
cavités ou petites fissures colorées par des infiltrations
ferrugineuses.
I.2.5. Végétation
La savane guinéenne reste la seule
végétation qui domine dans ladite région, à
laquelle s'ajoute le long des cours d'eau, une galerie forestière. Deux
types de végétations nous ont beaucoup plus piqué à
oeil, d'un côté nous avons une végétation
appelée selon les habitants « Tshikinge » (annexe : Photo 18 :
2.1) et de l'autre côté un arbre caractéristique
appelé selon les habitants « Mulemba utoka » (annexe : Photo
18 : 2.2) ; selon la population locale, cet arbre a été
planté par les colons belges comme repères des zones qui
contiennent une minéralisation.
16
|