Traitement de l'information politique dans un médias de service public. Cas du quotidien "la nation".par SàƒÂªmàƒÂ¨vo O. Bonaventure AGBON Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Licence professionnelle en sciences de l'information et de la communication,option Journalisme 2017 |
2. Revue de littératureL'information politique est vitale pour la défense de la démocratie à laquelle les citoyens aspirent. La République est formée d'institutions dont les activités doivent être couvertes afin de former l'opinion publique. Telle est la position de Depollier et al. (2012)23 qui indiquent que «les parlements ne peuvent toutefois pas négliger le public certes limité de personnes qui sont fort intéressées par une information politique détaillée et qui sont souvent celles qui forment l'opinion». Même si cela semble de la publicité des travaux des institutions de la République selon Swaelen (1994)24, «sans eux [les médias], les hommes politiques et le Parlement n'existeraient pas», reconnaît-il. Selon lui, les informations que diffusent les médias, si elles sont objectives, doivent porter sur «des faits et des événements dont la connaissance est requise pour que les citoyens, ainsi éclairés, puissent opiner sur les affaires de la cité ». L'alternance étant un principe fondamental de la démocratie, l'information politique permet aux citoyens de faire un bon choix en période électorale. Il poursuit que : Les médias affectent surtout ceux qui reçoivent l'information politique, car les gouvernants ont en général tout intérêt à avoir en face d'eux des électeurs bien informés : non seulement ils votent davantage que les autres, mais ils ont tendance à élire les candidats qui défendent leurs intérêts. Selon lui, les informations politiques influencent « aussi le comportement des hommes politiques qui gouvernent avec beaucoup de responsabilité afin de ne pas subir la sanction du peuple bien informé des bévues.» Parlant du journal Ha-aretz, Amossy (2012) relève qu'il «incite les lecteurs à veiller à la bonne marche de la démocratie et à contrôler l'exercice du 21 La Convention nationale tenue du 3 au 4 novembre 2011 in Charte pour la gouvernance du Bénin, p.5 22 Colombus Consulting : Quel avenir pour les acteurs publics des médias? Diagnostic Stratégique, 2012 23 Ibidem 24 SWAELEN, http://www.senat.fr/europe/dossiers/conferen cepresidents/ rapport_swaelen 5 mai 2016, 22h Traitement de l'information politique dans un média de service public : cas du quotidien La Nation pouvoir ». C'est là, la mission de chien de garde (watchdog) des médias à l'égard du gouvernement. (Kovach et Rosenstiel, 2004)25. C'est pourquoi Adoun (FES, 2011)26 soutient que les médias, surtout publics, ne doivent pas tomber dans la partialité et devenir les griots des politiciens. La régulation et l'autorégulation sont alors indispensables afin de limiter les dérapages susceptibles de porter atteinte à la paix sociale, l'unité et la cohésion nationales selon Nata (FES, 2011)27. L'information sur les affaires publiques permet d'éclairer le public afin qu'il soit capable de se gouverner tout seul. Le Conseil de l'Europe (2009) attribue aux MSP le rôle fondamental de la promotion de la transparence des pouvoirs publics à travers l'obligation de « diffuser et de commenter les questions politiques en toute objectivité et d'aider le public à comprendre les arcanes du système démocratique ». C'est à ce prix que les MSP pourront promouvoir une plus large participation démocratique des individus. Parlant du contenu des médias de service public, les auteurs s'accordent qu'il répond au principe d'universalité. Deltenre (2015)28, directrice général de l'UER l'énonce ainsi : Nous nous efforçons d'offrir notre contenu à tous les segments de la société, sans en exclure aucun [...] Nous donnons à notre public et à toutes les personnes qui le composent les outils leur permettant de prendre une part active et significative à la vie d'une société démocratique. A l'universalité, Wagner (2015)29 ajoute quatre autres principes de gouvernance pour les MSP, à savoir : indépendance, responsabilité, transparence et durabilité. Le Code de l'information et de la communication du Bénin tout en insistant sur l'universalité, ajoute que leur financement est assuré par l'Etat, et la HAAC est garante de leur autonomie et indépendance. Cette universalité n'est pas qu'une contrainte du statut, mais la survie des médias publics en dépend énormément : Afin de survivre dans le paysage médiatique actuel, les médias de service public doivent abandonner la communication unilatérale en accordant au public l'accès à une information variée, ainsi que la possibilité de s'engager et de participer dans le débat démocratique. »30 Cette assertion n'est pas toujours vécue «faute d'une réelle volonté politique des gouvernants », (Tozzo, 2005)31. Friedrich-Ebert-Stiftung (2011) regrette à cet effet 25Resenstiel, T., et Kovach, B., Principes du journalisme. Ce que les journalistes doivent savoir, ce que le public doit exiger, Paris, Gallimard, 2009 26 Friedrich Ebert Stiftung Actes du dialogue régional des instances de régulation et d'autorégulation sur l'accompagnement des médias en période électorale, Cotonou, Imprimerie COPEF, 2011 27 Ibidem 28 Wagner, M., et al. Principes de gouvernance pour les médias de service public, in Legal focus, mars 2015 29 Ibidem 30 Rapport du Conseil de l'Europe sur les médias, 2009 Mémoire soutenu par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC 14 Mémoire soutenu par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC 15 Traitement de l'information politique dans un média de service public : cas du quotidien La Nation «l'ingérence politique des autorités» qui fait que «le traitement de l'information politique ne reflète pas les différentes sensibilités à la télévision [...] les marches des syndicalistes sont complètement censurées à la TV publique, de même que l'actualité des ONG et des associations »32. Comme causes d'une telle monopolisation des MSP, certains s'attaquent aux mécanismes de leur régulation, de leur financement, d'autres accusent le manque d'engagement des acteurs publics eux-mêmes. La HAAC à qui échoit la régulation n'a pas beaucoup de pouvoir sur le diffuseur public. Par exemple, le directeur général de l'ORTB est nommé par le gouvernement à partir des propositions faites par la HAAC. Par ailleurs, bien qu'étant média du service public, leurs Conseils d'administration (CA) sont contrôlés par le gouvernement. Sur les sept (07) membres du CA de l'ORTB, six (06) sont directement nommés par l'Exécutif. S'agissant de l'existence des MSP, Joubert et al. (2012)33 indiquent que c'est l'existence d'une économie de bien public qui est leur principale « raison d'être ». |
|