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REPUBLIQUE DU BENIN
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UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
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ECOLE NATIONALE DES SCIENCES ET TECHNIQUES
DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
(ENSTIC)
+++++
MEMOIRE DE LICENCE PROFESSIONNELLE EN
JOURNALISME
Option : Presse écrite Année
académique : 2015 -2016
SUJET :
TRAITEMENT DE L'INFORMATION POLITIQUE DANS UN MEDIA DE
SERVICE PUBLIC : CAS DU QUOTIDIEN « LA NATION »
Rédigé et présenté par
:
Sêmèvo Oscar Bonaventure AGBON
Sous la direction de :
Dr Hervé KOUMASSI M. Fernand
AZOKPOTA
Enseignant à l'UAC Enseignant à
l'ENSTIC
Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
Journaliste analyste-politique à « La Nation
» Directeur de la Communication à la Présidence de la
République
Note : 15/20 Mention : Bien Soutenu le 12 juin
2017
3è Promotion
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
IDENTIFICATION DU JURY
Président :
Dr Fernand NOUWLIGBETO,
Journaliste et enseignant-chercheur au Département des
Lettres Modernes (FLLAC/UAC)
Examinatrice :
Mme Zakyath BONOUGBO,
Assistante au Département des Sciences du Langage et de
la Communication (DSLC/UAC)
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
II
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
SOMMAIRE
Identification du jury .II
Dédicace IV
Remerciements V
Sigles et acronymes : VI
Résumé et Abstract VII
Introduction 1
Chapitre premier : Du cadre institutionnel de l'étude
à la détermination de la problématique 3
Chapitre deuxième: Conception et mise en application du
cadre théorique et méthodologique
de l'étude .9
Chapitre troisième: Analyse des données et
vérification des hypothèses 18
Conclusion 41
Références bibliographiques et Webographie
42
Listes des tableaux et figures i
Annexes ii
Production de fin de mémoire vii
Table des matières x
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
III
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
IV
A mes parents,
Rév. Placide AGBON et Micheline TESSAGOU, Dont les
mots orientent mes pas.
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien
La Nation
REMERCIEMENTS
Nous tenons d'abord à remercier les enseignants de
l'ENSTIC pour leurs efforts et sacrifices. Aussi, sommes-nous reconnaissants
envers nos directeurs de mémoire, Hervé KOUMASSI, Fernand
AZOKPOTA, enseignants à l'ENSTIC et Wilfried Léandre HOUNGBEDJI,
Directeur de la Communication à la Présidence de la
République, précédemment journaliste-analyste politique
à « La Nation ». Leurs conseils, disponibilité et
suggestions nous ont été très utiles dans la
rédaction de ce document. Pour nous avoir bien accueilli et mis à
notre disposition leurs expériences et compétences au cours de
notre stage académique, nous exprimons nos sincères
reconnaissances au personnel du quotidien « La Nation ». Il s'agit
notamment d'Edgard COUAO-ZOTTI, Bruno SEWADE, Maurille GNANSOUNOU, Pintos
GNANGNON et de bien d'autres journalistes.
Nous pensons ensuite au directeur de l'ENSTIC, Pr Jean-Euloge
GBAGUIDI et son adjoint, Dr Serge ATTENOUKON, sans oublier la direction
précédente dirigée par Dr Bernard FANGNON. Leurs
différents efforts pour faire de l'ENSTIC une référence
sûre et reconnue en matière de formation au métier de
journaliste ne sont pas méconnus. Les personnes ressources, dont Mama
AGUE de la HAAC, Guy C. EHOUMI de l'ODEM et Fernand NOUWLIGBETO de l'UAC, pour
leur contribution, méritent aussi nos profondes considérations.
Nous exprimons un remerciement profond et sincère à notre
grand-père, l'inspecteur Raymond AGBON, le directeur feu Clément
GUIDIGAN et l'enseignant Victorin GLIMMAN qui nous ont toujours
encouragé dans les études supérieures.
Les trois années d'études à Savalou
seraient pour nous un séjour difficile sans le secours de certaines
personnes dont l'hospitalité et la solidarité sont choses rares
de nos jours. Pour cela, nous remercions Florentin AGBON, Alexis et
Angèle TCHOBO et Mme Honorine AZONTONDJI épouse COOU qui nous ont
offert de meilleures conditions d'études. Nos sincères
remerciements également dédiés à Juste HLANNON,
Marcos TOSSOU, Thierry ZOUNMAVO et particulièrement tous nos amis
étudiants de la 3è promotion de l'ENSTIC dont Barnabé
KINTOHOU et Carole ZOUNON, pour leur parfaite amitié. Enfin, nous sommes
profondément reconnaissant à nos frères et soeurs
Ezéckiel, Caroline, Bertrand, Vicentia, Wanignon, Bythia, et
Théophanie pour leur amour fraternel.
Merci à toutes les personnes dont la contribution a
permis d'aboutir à ce résultat.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
IV
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien
La Nation
SIGLES ET ACRONYMES
CC : Cour Constitutionnelle
CES : Conseil Economique et Social
CESTI : Centre d'Etude en Sciences et Techniques de
l'Information
CNPA : Conseil National du Patronat de la Presse et de
l'Audiovisuel
CS : Cour Suprême
ENSTIC : Ecole Nationale des Sciences et Techniques de
l'Information et de la
Communication
FCBE : Force Cauris pour un Bénin Emergent
FES : Friedrich Ebert Stiftung
FMI : Fonds Monétaire International
FNCE : Front National pour le Couplage des Elections
HAAC : Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la
Communication
HCJ : Haute Cour de Justice
ICI : Impact Communication International
ISO: International Organization for standardization.
MSP : Média de service public
MCTIC Ministère de la Communication et des Technologies
de l'Information et de la
Communication
ODEM : Observatoire de la Déontologie et de l'Ethique
dans les Médias
ONEPI : Office National d'Edition de Presse et d'Imprimerie
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONIP : Office National d'Imprimerie et de Presse
ORTF : Office de Radiodiffusion et de Télévision
Française
ORTB : Office de Radiodiffusion et Télévision du
Bénin
OSC : Organisations de la Société Civile
PRPB : Parti de la Révolution Populaire du
Bénin
PRD : Parti du Renouveau Démocratique
RB : Renaissance du Bénin
SWOT Strength, Weakness, Opportuneness, Threat.
UAC : Université d'Abomey-Calavi
UPMB : Union des Professionnels des Médias du
Bénin
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
V
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
RESUME
Depuis qu'il a subi une transformation éditoriale et
juridique dans la foulée de la Conférence des Forces Vives de la
Nation de février 1990, le quotidien « La Nation » s'est
véritablement consacré à sa mission de service public. En
témoigne son contenu prenant en compte les différentes opinions
qui animent quotidiennement l'actualité politique nationale. A cause de
son statut, « La Nation » ne peut publier que les informations qui
sauvegardent la paix. Jusque-là, il traite l'actualité politique
sous forme de comptes rendus. Mais étant un média dans une
démocratie qu'on cherche à bâtir inlassablement, il doit
aussi participer à l'éveil des consciences et à la
transparence, en offrant régulièrement des analyses,
enquêtes et critiques sur les sujets politiques qui engagent l'avenir du
Bénin. Dans ce sens, la présente étude intitulée
« Traitement de l'information politique dans un média de service
public : cas du quotidien La Nation » s'est fixée pour objectif de
contribuer à renforcer son contenu sur le plan politique.
Pour y parvenir, l'approche méthodologique
adoptée a consisté à la recherche documentaire, les
enquêtes de terrain et l'analyse SWOT. Elle a permis de découvrir
deux contraintes qui pèsent sur « La Nation » : l'une
liée au statut de média de service public, l'autre à la
liberté du journaliste du service public. Les archives
révèlent que les enquêtes, critiques et analyses politiques
s'absentent du journal depuis le début de l'année 2008, surtout
à cause des persécutions du régime du « Changement
». A cet effet, 50 % des journalistes souhaitent que le Directeur de
publication soit désigné de manière indépendante
par le personnel, une solution qui selon eux, va remédier aux liens
hiérarchiques asservissants. Les comptes rendus occupent plus de 80% du
contenu de ce journal. Les personnes investiguées reconnaissent à
100% que le journal public est équitable tout en insistant qu'au regard
de la qualité de son personnel, il peut mieux faire en matière de
traitement des sujets politiques. Des suggestions sont alors faites au journal
et autres instances afin que les attentes des lecteurs soient
comblées.
Mots clés : « La Nation »,
Service public, Enquêtes, Analyses, Politique.
ABSTRACT
Since the Conference of the Nation's Great Leaders in 1990,
« La Nation » had undergone a juridical and editorial transformation;
it had henceforth really devoted itself to the public service. As testifies
it's content which basically takes into account the different issues on in
National Politics. Due to its statute as a pubic media, « La Nation »
only publishes informations which safeguard peace. Thus, it often treats of
politic issues as report. But as a media in a democracy which is tirelessly
being built, it should also take part in conscience awakening and in
transparency by offering regularly, analysis, investigations and critics on
political issues that engage the future of Benin. In this view, the aim of the
present survey intitled «Processing political data in public service
medias: case of the daily «La Nation» sis to contribute to the
reinforcement of its content.
To succeed in doing this, documentary research, observation,
investigations and SWOT analysis are the methodologic approach used. It has
enabled to find out two constraints that constitute heavy burden on « La
Nation »: one linked to its statute and the other related to the freedom
of public journalist. The archives reveal that if a very small proportion is
given to investigation, analysis, critics since the beginning of 2008, it is
due to the persecutions of the `'Changement» government. So, 50% of
journalist prefer the `'DP» choice due to his superiority. 80% of the
content of « La Nation » is reports. 100% of the people questioned
recognized that this public Newspaper is equitable and in the eye of the
structure of its staff, it can do better in the data processing of politic
issues. Some suggestions were then made to the newspaper and to other
authorities in other to fill in the reader's expectations.
Key words: « La Nation », Public's
service, Investigation, Analysis, Politic
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
VI
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
INTRODUCTION
Un média doté d'une mission de service public ne
peut exister dans un régime où la population ne peut exprimer son
opinion sur tel ou tel sujet si ce n'est qu'elle a le droit d'évoquer
l'opinion qu'on lui dicte. (Paulhus, 2010)1.
Les hommes ont donc raison de se battre, parfois jusqu'au
sacrifice suprême, pour l'avènement de la démocratie qui
garantit la liberté de pensée et d'expression des opinions. Mais
l'instauration de la démocratie seule ne suffit pas. Aussi, faut-il
veiller à sa préservation. La Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International n'ont donc pas tort d'avoir revisité le
terme de `'gouvernance», considérée étymologiquement
comme « l'art et la manière de gérer », en y associant
l'adjectif `'bonne» et en lui donnant « un contenu plus étendu
qui intègre, entre autres, la transparence, l'obligation de reddition,
la responsabilité, la primauté du droit » (Bachiri, Unesco
2010)2.
Avec la liberté conquise malgré les «
nombreuses pressions dont les harcèlements, les intimidations, les
menaces, la destruction d'imprimeries, les attaques et les agressions physiques
de journalistes et les emprisonnements» (Amuzun, Unesco 2010)3,
la presse éclaire et fait participer l'opinion publique au débat
en expliquant les événements (Cognat et Viailly,
2012)4. Un idéal de participation n'étant possible que
lorsque les citoyens sont dûment informés (Gonsolin,
2014)5. Les médias offrent non seulement une plateforme pour
des débats constructifs mais aussi contribuent à la formation de
l'opinion publique par la prise de conscience collective des enjeux politiques,
économiques, sociaux et culturels qui se posent à tous les
niveaux de la société (Bachiri, Unesco 2010). Ils portent un
regard critique sur les gouvernants et leur gestion. A travers leurs articles,
les journaux privés au Togo par exemple « bravent l'autocensure et
la peur, pour traiter des sujets jugés sensibles et portant sur des
détournements de deniers publics...les arrestations arbitraires, les
exécutions extrajudiciaires, etc.» (Amuzun, 2010). En digne
quatrième pouvoir, la presse est ainsi reconnue comme «
indispensable pour garantir la transparence, la responsabilité et la
participation, qui sont des
1 Paulhus, E. A., L'influence de la radio
communautaire dans le développement local : Le cas du Mali,
mémoire de maitrise, Université du Québec en Outaouais,
décembre 2010
2 Bachiri, M. introduction à
Médias et bonne gouvernance en Afrique : Concept et cas
pratiques, Unesco, Janvier, 2010
3 Amuzun, A. F. P., « Togo : Médias et
concept de la bonne gouvernance », in Unesco : Médias
et bonne gouvernance en Afrique : Concept et cas pratiques, 2010
4 Cognat et al. Le journalisme en pratique, les
bases du métier, Reporters solidaires, Paris, Presse Universitaire
de Grenoble, 2012
5 Gonsolin :
http://www.la-responsabilité-sociale-desmédias.pdf/ 30 juil.
2016, 18h 26
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
1
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
aspects fondamentaux de la bonne gouvernance et du
développement fondé sur les droits de l'homme» (Unesco,
2005)6.
Au Bénin, la Constitution du 11 décembre 1990
garantit la liberté d'opinion et de presse en ses articles 23 et 24. Ce
qui favorise la multiplicité des organes de presse. Ayant compris aussi
l'enjeu que représentent les médias, l'Etat béninois s'est
doté d'organes de presse dont « La Nation », « Ehuzu
» d'antan qui a énormément évolué depuis
l'avènement de la Conférence nationale de 1990 pour devenir un
média de service public. Malheureusement, l'idée originelle des
médias de service public, celle de servir les intérêts du
citoyen, n'est pas toujours respectée. Ces médias sont souvent
exploités par le pouvoir politique et font la part belle à ses
activités. Toutefois, le quotidien « La Nation » semble ne pas
s'inscrire dans cette logique. Le contenu de ses parutions peut en
témoigner. Seulement, ce contenu est de plus en plus critiqué
d'être trop factuel, institutionnel et pauvre en analyses,
investigations, enquêtes, commentaires, etc. Dès lors, il se pose
le problème de la qualité des prestations du quotidien « La
Nation » dont le contenu doit être approfondi pour le renforcement
de la démocratie béninoise.
Le présent travail intitulé « Traitement de
l'information politique dans un média de service public : cas du
quotidien « La Nation » porte sur cet organe. A travers ce sujet, il
est envisagé l'étude des informations politiques qu'apporte ce
quotidien. Le but est de contribuer à renforcer son contenu. Il s'agit
plus clairement d'étudier comment « La Nation » contribue
à accroître la transparence des pouvoirs publics et à aider
le public à comprendre les processus politiques.
Ce mémoire est structuré en trois chapitres. Le
chapitre premier aborde le cadre institutionnel de l'étude et la
détermination de la problématique. Le chapitre deuxième
présente la méthodologie adoptée. Enfin, le chapitre
troisième quant à lui, porte sur l'analyse des données
recueillies, la vérification des hypothèses et les
suggestions.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
2
6 Unesco, Déclaration de Dakar, Dakar,
Sénégal, 2005
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien La
Nation
CHAPITRE PREMIER : DU CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ETUDE A
LA
DETERMINATION DE LA PROBLEMATIQUE
SECTION 1. DE LA PRESENTATION A LA RESTITUTION DES
OBSERVATIONS RELATIVES AU QUOTIDIEN « LA NATION »
Cette section par le paragraphe 1 portera sur l'historique et
la présentation du quotidien « La Nation ». Le paragraphe 2
fera le point des observations relatives au même journal.
PARAGRAPHE 1 : HISTORIQUE ET PRESENTATION DU QUOTIDIEN
« LA NATION »
Après son historique nous ferons un aperçu sur
le fonctionnement et le personnel de « La Nation ».
1. Historique du quotidien de service public « La
Nation »
« La Nation » est une composante de L'ONIP. Ce
dernier est un office d'Etat à caractère social, culturel et
scientifique régi par le décret N°2003-299 du 19 août
2003 portant approbation de ses statuts. « La Nation » est la
dernière appellation du journal étatique.
En effet, au lendemain de l'indépendance en 1960, la
destinée du journal colonial « France-Dahomey » est
tombée dans la main du jeune Etat du Dahomey. Il fut alors
décidé de changer sa dénomination, et il devint «
L'Aube Nouvelle » en 1969, premier organe d'information du gouvernement
qui est resté hebdomadaire pendant neuf ans. Le 1er
août 1969, un autre changement intervint et « L'Aube Nouvelle »
s'est vu rebaptisé « Daho-Express », premier quotidien
d'information du pays. Le 26 octobre 1972, Mathieu Kérékou prit
le pouvoir et mit le Dahomey sur la voie du socialisme scientifique basé
sur le marxisme léninisme, le 30 novembre 1974. Autant que ce changement
politique influa sur le pays qui devient Bénin, autant le journal
gouvernemental « Daho-Express » prit le nouveau nom « Ehuzu
», le 26 octobre 1975. La Révolution en fit son « organe de
propagande ». Après plus d'une décennie de gestion du pays,
la révolution s'essouffla du fait de la crise économique
mondiale. La Conférence nationale fut convoquée pour trouver une
solution concertée à la misère du pays. Dès cet
instant, il fallait aussi révoquer le règne des médias de
propagande et promouvoir des organes de presse dont les contenus
répondent aux besoins et aux intérêts de toutes les
catégories et de tous les groupes de la société. Ainsi,
depuis le 2 mai 1990, le quotidien officiel « Ehuzu » fut
rebaptisé « La Nation » et sa ligne éditoriale est
devenue pluraliste.
Le statut d'organe de presse du service public fait de «
La Nation » le journal le plus lu avec un tirage quotidien de cinq mille
exemplaires. Il est présent dans presque tous les
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
3
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
milieux officiels et politiques (ministères, mairies,
institutions républicaines). Il y a également des ambassades,
Organismes internationaux, fondations, ONG et autres institutions sociales ou
politiques dont il est la principale source d'information ou de
communication.
« La Nation » en 1990 : le rôle de «
chien de garde »
« La Nation » s'est donné pour devoir de
participer à la gestion de la démocratie héritée de
la Conférence de 1990 par ses critiques objectives de la politique.
L'éditorial du n° 001 de la livraison du 2 mai 1990, signé
par Maurice Chabi, DP d'alors, clarifie ce nouvel engagement :
Ehuzu, organe du militantisme révolutionnaire a, quinze
ans durant, joué le rôle inconfortable et ingrat du griot du
pouvoir [...] Mais au nom de la démocratie, le premier ministre, (...) a
décidé d'accorder aux journalistes des organes officiels le droit
et même le devoir de faire une critique constructive de l'action de son
gouvernement.
2. Fonctionnement et personnel de « La Nation
»
« La Nation » paraît du lundi au vendredi
-excepté les jours fériés/non ouvrables- et traite des
informations relatives aux faits sociaux et politiques à travers les
rubriques Sport, Culture, Economie, Education, Santé, Espace Genre,
Droit et Devoirs et Environnement. Il se tient deux fois par jour une
Conférence de rédaction. « La Nation » a aussi
adopté une politique de présence régionale. Il dispose de
cinq antennes régionales pour assurer le droit à l'information de
tous les Béninois et leur droit à des services de
proximité. Le journal dispose d'un personnel qualifié.
Le personnel de « La Nation » fait partie
intégrante de celui de l'ONIP. Le Directeur de publication (DP) est
nommé par le chef de l'Etat par décret pris en Conseil des
Ministres, sur proposition de la HAAC. Les journalistes de « La Nation
» peuvent être classés en deux catégories :
l'équipe de confection du journal et la Rédaction. La
première comprend le DP, le Rédacteur en Chef (Red/Chef) et le
Secrétaire de Rédaction (SR) qui est assisté d'un
Secrétaire de Rédaction Adjoint (SRA). Le DP répond du
contenu du journal devant les juridictions en cas de besoin, le Red Chef
coordonne les activités de la rédaction, le SR est l'adjoint
direct au Red Chef, chargé de la réalisation/fabrication du
journal. Quant à la rédaction, elle compte une douzaine de
journalistes professionnels pour le compte de Cotonou. Ils ont tous une
expérience avérée en matière de journalisme, entre
quatre et vingt-cinq ans voire plus de pratique journalistique. Certains sont
diplômés de l'UAC, d'autres du CESTI ou encore d'écoles
soviétiques de journalisme.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
4
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Les figures 1 et 2 présentent respectivement la structure
hiérarchique et la localisation géographique de l'ONIP.
Figure 1 : Structure hiérarchique de
« La Nation » Source : AGBON, 2016
Figure 2 : Localisation géographique de
« La Nation » Source : AGBON, 2016
5
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
PARAGRAPHE 2. OBSERVATIONS RELATIVES AU QUOTIDIEN « LA
NATION »
Le quotidien « La Nation » étant une
composante de l'Onip, dispose d'un local qui sert de salle de rédaction
au sein de ce dernier. Chaque journaliste y a une place. Quant au
rédacteur en chef, les secrétaires de rédaction et le
Directeur de publication, ils ont leur bureau à part. Le journal dispose
également d'une section archives/documentation et d'une section
photojournalisme animée par trois agents. Des véhicules sont
certes mis à la disposition des journalistes mais en nombre
insuffisants. Ainsi, certains doivent attendre le retour d'autres journalistes
partis en reportage. Il faut signaler aussi que la rédaction n'a
prévu aucun enregistreur pour les stagiaires et sur les deux ordinateurs
installés dans la salle de rédaction, un seul est effectivement
fonctionnel.
SECTION 2 : CIBLAGE DE LA PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
La section 2 présente le bilan des forces et faiblesses
dans le paragraphe 1 et spécifiera la problématique au paragraphe
2.
PARAGRAPHE 1. BILAN DES FORCES ET FAIBLESSES (Analyse
SWOT)
Connaître les forces et faiblesses de « La Nation
» revient à faire l'analyse SWOT, Strength (forces), Weakness
(faiblesses), Opportuneness (opportunités), Threat (menaces), dont la
structure se présente comme suit :
Facteurs internes
SWOT
Facteurs externes
Forces
Faiblesse
Menaces
Opportunités
Figure 3 : Structure schématique de
l'analyse SWOT Source : AGBON, 2017
1. Les forces et les faiblesses (facteurs internes)
? Les forces
Le quotidien « La Nation » dispose de plusieurs
atouts internes pouvant lui permettre d'aborder de façon approfondie la
politique béninoise.
? La qualité de ses journalistes ayant assez
d'expériences ;
? La position de média de service public, de quotidien le
plus ancien et le plus lu ;
? La disponibilité de matériel (roulant et
imprimerie) pour se consacrer aux dossiers d'enquêtes, d'investigations
qui demandent beaucoup d'investissements ;
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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6
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
· La tenue régulière et quotidienne des
conférences de rédaction est un atout pour discuter,
échanger et retenir des sujets intéressants ;
· La surabondance des pages publicitaires ;
· Les abonnements des milieux officiels (ambassades,
ministères, institutions républicaines);
· La Certification ISO 9001 : 2008 de l'ONIP qui salue la
qualité des prestations de l'ONIP. ? Les faiblesses
A ce niveau, il faut retenir les variables internes susceptibles
d'influencer négativement le contenu du journal. Il y a :
· Le personnel plus ou moins vieillissant, proche de la
retraite ;
· La périodicité ;
2. Les menaces et les opportunités (facteurs
externes) ? Les menaces
Les recherches et investigations menées ont permis
d'identifier des facteurs externes qui agissent négativement sur les
prestations de « La Nation ». On a :
· Le statut de média du service public (nomination
du DP en Conseil des Ministres).
· La volonté persistante des gouvernants de
contrôler les MSP.
· Les liens hiérarchiques (ministériels)
asservissants ;
· La concurrence du privé (conséquence de la
démonopolisation du secteur des médias). ? Les
opportunités
Cette troisième variable de l'analyse SWOT concerne les
facteurs externes au quotidien de service public « La Nation » et qui
sont des chances. Il s'agit de : l'imprimerie de l'ONIP ; la Convention
Collective ; etc.
Ces insuffisances constituent des problèmes qui feront
l'objet d'un regroupement en vue de la spécification de la
problématique dans le paragraphe suivant.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
7
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
PARAGRAPHE 2. SPECIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE
Avant de spécifier la problématique de notre
étude, nous procéderons d'abord à son choix
1. Choix de la problématique
Tableau 1 : Regroupement des problèmes par
centre d'intérêts
N°
|
Centres d'intérêts
|
Problème
|
Problématique
|
1
|
Statut de service public
|
Nomination du DP
|
Problématique de
l'indépendance éditoriale des journalistes de «
La Nation »
|
2
|
Fonctionnement du quotidien « La Nation »
|
Surabondance des pages publicitaires
|
Problématique du financement des médias
publics
|
3
|
Prestation de « La Nation »
|
Manque d'analyses, d'investigation, etc., contenu trop
factuel
|
Problématique d'une amélioration /
renforcement du contenu de « La Nation »
|
Dans ce tableau 1, nous avons retenu trois (03)
problématiques que sont :
? Problématique de l'indépendance
éditoriale des journalistes de « La Nation » ; ?
Problématique du financement des médias publics ;
? Problématique d'une amélioration/renforcement
du contenu de « La Nation ».
Ne pouvant pas résoudre les trois problématiques
inventoriées, nous avons choisi le troisième, celle du
renforcement du contenu du quotidien « La Nation ».
2. Spécification de la problématique
choisie
Transformer les médias gouvernementaux en médias
de service public, répond au besoin de faire d'eux des organes
«s'efforçant de satisfaire les besoins démocratiques,
culturels et sociaux des populations, tout en préservant le pluralisme
des courants de pensée et d'opinion», (Tozzo, 2005)7. Au
Bénin, plus de vingt-six ans après cette conversion juridique et
éditoriale, il est nécessaire de voir s'ils ont réellement
cessé d'être des chantres de la politique du gouvernement pour
servir uniquement les aspirations démocratiques du public.
L'actualité a montré que certains médias publics ont trahi
leur mission d'équité par des traitements
déséquilibrés de l'actualité souvent relative
à l'Opposition.
Dans le contexte où les médias publics sont
souvent influencés, comme l'avait dit Munzangala-Munziewu, D. (Unesco,
2010)8 «par les préoccupations gouvernementales»,
« La
7 Tozzo, E., «La réforme des
médias publics en Afrique de l'Ouest. Servir le gouvernement ou le
citoyen ?» Politique africaine 2005/1 (N° 97), 2005
8 Munzangala-Munziewu, D., « De
l'éthique médiatique et du processus démocratique en
Afrique : le cas du Gabon », in Unesco : Médias et bonne
gouvernance en Afrique : Concept et cas pratiques, 2010, 219p
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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8
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Nation » jusque-là fait exception et évite
tout rapport incestueux avec le pouvoir. Pourtant, «La Nation »
affronte encore d'autres récriminations : les uns lui reprochent
d'être trop institutionnel, les autres confondent média d'Etat et
concluent qu'il doit relater simplement les faits. En témoigne ce duel
en 2005 entre « La Nation » et le FNCE9, proche du pouvoir
d'alors.
En effet, réagissant à des articles
défavorables au couplage des élections législatives et
municipales, E. Okoumassoun du Front écrit dans un droit de
réponse : «Nous avons eu la grande faiblesse de croire que la
presse surtout d'Etat qui vous confie ses pages était capable d'un
minimum de neutralité en ce qui concerne le traitement de l'information
et ne devrait que relater les faits» (La Nation, n°3878). La
réponse du journal procède d'une rectification :
C'est vrai que ceux qui confondent billet, commentaire et
compte rendu avec un éditorial auraient bien voulu voir «La
Nation», journal de service public - où personne n'émarge au
gouvernement- continuer à être une simple caisse de
résonnance pour ne relater que les faits.
Selon Nouwligbèto (2011)10, « La Nation
» doit encore beaucoup aux lecteurs si réellement il ne veut pas
être une caisse de résonnance. Ce journal «se contente des
informations institutionnelles» soutient-il et dénonce «la
pratique de l'autocensure» qui y serait courante. «Les responsables
du journal sont très frileux en ce qui concerne les genres analyse,
enquête, etc.», conclut-il. Trois ans plus tard, en 2014, le cabinet
ICI11 (2014), dans le «Plan stratégique de
développement 2014-2018 de l'ONIP», abonde dans le même sens
: « Contenu non encore satisfaisant (manque d'analyse et de commentaire,
contenu trop factuel et de compte-rendu, absence d'anticipation, peu
d'enquêtes et d'investigations (...) ».
Il se pose donc le problème de la qualité du
contenu de « La Nation ». Pourquoi les articles de fonds y
manquent-t-ils au profit des comptes rendus ? Est-il équitable ? Comment
remédier les facteurs qui influencent négativement « La
Nation » en termes de traitement autonome et approfondi des sujets
politiques ?
9 Front National pour le Couplage des Elections
10 Friedrich Ebert Stiftung. Actes du dialogue
régional des instances de régulation et d'autorégulation
sur l'accompagnement des médias en période
électorale, Cotonou, Imprimerie COPEF, 2011
11 Impact Communication International
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
9
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
CHAPITRE DEUXIEME : CONCEPTION ET MISE EN APPLICATION
DU CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
SECTION 1. CADRE THEORIQUE
Dans cette section nous tracerons le cadre théorique de
l'étude
PARAGRAPHE 1. DES OBJECTIFS DE L'ETUDE AUX HYPOTHESES
Il s'agit dans ce paragraphe des objectifs et hypothèses
et de la construction du tableau de bord.
1. Objectifs de recherche et hypothèses
Les objectifs sont de deux ordres : un objectif
général lié au problème général de la
recherche et des objectifs spécifiques liés aux problèmes
spécifiques.
Objectif général : Contribuer au
renforcement du contenu de « La Nation » sur le plan politique.
Les objectifs spécifiques à atteindre dans le cadre
de cette étude sont les suivants :
Objectif spécifique n° 1 : Vérifier
l'équitabilité de l'information politique dans le quotidien
« La Nation »;
Objectif spécifique n° 2 : Identifier les
facteurs qui expliquent la dominance du factuel dans les pages de « La
Nation ».
A chaque objectif spécifique, nous avons rattaché
par supposition une cause spécifique afin de formuler nos
hypothèses en ces termes :
Hypothèse spécifique n° 1 : « La
Nation » a du mal à faire un traitement équitable en
période électorale à cause de la pléthore des
candidats ;
Hypothèse spécifique n°2 : Les
enquêtes, analyses, commentaires, critiques et investigations sur la
politique sont de plus en plus rares dans « La Nation » à
cause de l'autocensure.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
10
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
2. Construction du tableau de bord de l'étude
Tableau 2 : Tableau de bord de l'étude
Niveau d'analyse
|
Problèmes
|
Objectifs
|
Causes supposées
|
Hypothèses
|
Niveau général
|
Contenu peu riche de « La Nation »
|
Renforcer le contenu de « La Nation »
|
|
|
Problème spécifique 1
|
Absence d'équitabilité en période
électorale
|
Proposer une stratégie pour un
traitement équitable de l'information électorale
|
La pléthore des candidats
|
L'inéquitabilité de « La Nation »
en période électorale est due à
la pléthore des candidats
|
Problème spécifique 2
|
Manque d'analyse, d'investigation... à « La
Nation »
|
Contribuer à l'émergence des
genres nobles
|
Manque de motivation, l'autocensure
|
Le contenu trop factuel de « La Nation » est
dû au manque de motivation et à l'autocensure
|
PARAGRAPHE 2. CLARIFICATION CONCEPTUELLE ET REVUE DE
LITTERATURE
Dans ce paragraphe, nous expliquons les mots-clés du
sujet de recherche avant de procéder à la revue de
littérature.
1. La clarification conceptuelle
Elle consiste à expliquer les mots ou expressions
pouvant faciliter la compréhension précise du sujet de recherche.
Il s'agit de :
Traitement : En journalisme, « traiter
une information revient à la trier, la hiérarchiser en fonction
de son importance, de son originalité, de sa pertinence » (Cognat
et Viailly, 2012)12. Selon Azokpota (2007)13, « le
traitement satisfait aux exigences de l'exactitude, de l'équilibre, de
l'impartialité, de la simplicité et de la clarté ». A
travers le traitement, « le journaliste apporte une plus-value à
l'information en la vérifiant, en la hiérarchisant et en
l'expliquant ; choix du genre qui correspond, mise en valeur par la
présentation, l'habillage », (Cognat et al. 2012)14.
Cognat poursuit que le traitement appelle les genres journalistiques qui
désignent « les catégories qu'utilisent les journalistes
pour mettre en forme l'information ».
12 Cognat, C., et al. Le journalisme en
pratique, les bases du métier, Reporters solidaires Paris, Presse
Universitaire de Grenoble, 2012.
13 Azokpota, F., Sources d'informations des
médias : aspects théoriques et pratiques, Star Editions,
Cotonou, Bénin, 2007, 241 p
14Cognat, C., et al. Le journalisme en
pratique, les bases du métier, Reporters solidaires Paris, Presse
Universitaire de Grenoble, 2012
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
11
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
La plus pertinente consiste à les classer en trois
familles : l'information rapportée, l'information expliquée et
l'information commentée. Ils déterminent la manière dont
« celle-ci sera restituée : brève, compte rendu, interview,
enquête, mais aussi éditorial, commentaire, analyse, critique,
chronique, portrait, etc. »15. C'est aussi « l'action de
collecter, de traiter et de diffuser des messages par les médias
conformément aux règles déontologiques et éthiques
du métier de journaliste »16. Le traitement signifie
alors la manière dont l'information est mise en forme pour être
portée au public.
Information politique : L'information,
«c'est le compte rendu de faits nouveaux qui intéressent ou
affectent le public» (Azokpota, 2007)17. La politique, quant
à elle, est un : «mot polysémique, il a beaucoup de sens
différents. Il peut désigner la politique au sens le plus strict
(compétition entre acteurs politiques, partis politiques, partis au
gouvernement, élections (...) La politique publique est le
résultat de l'action du gouvernement» (Amouzouvi,
2014)18.
L'information politique est donc toute nouvelle qui porte sur
la gestion de la cité par les gouvernants ou décideurs
politiques, « l'élite du pouvoir », c'est-à-dire «
tous ceux qui participent à la scène politique, élus et
autres que les médias mettent en scènes au quotidien »
(Gbaguidi et al. 2011)19. Les citoyens sont impliqués dans
cette gestion qu'ils doivent contrôler. L'information politique peut
concerner les institutions de la République, les élections, les
partis politiques, etc. Elle est transversale.
Média de service public ou
organe de presse de service public. L'article 5 du Code
béninois de l'information le définit comme :
Un outil étatique d'information, d'éducation, de
développement et de promotion des valeurs morales et culturelles qui
n'est ni gouvernemental, ni privé, ni commercial, ni communautaire. Il
est accessible à tous et s'adresse à tous, indépendamment
du sexe, de la religion, de l'âge, de l'appartenance politique, du statut
social ou économique des uns et des autres. Il offre une information
impartiale et des émissions d'intérêt général
ayant un contenu national. L'Etat assure son financement. Tout comme l'Etat, la
HAAC garantit son autonomie et son
indépendance.20
15 Cognat, C., et al. Le journalisme en
pratique, les bases du métier, Reporters solidaires Presse
Universitaire de Grenoble, Paris, 2012
16 Loi n° 2015-07 portant Code de l'information
et de la communication en République du Bénin
17 Azokpota, F., Sources d'informations dans
les médias : aspects théoriques et pratiques, Star Editions,
Cotonou, Bénin, 2007, 241 p
18 Extrait du cours du Pr D. Amouzouvi sur la
Sociologie politique, 2è année, ENSTIC-Savalou, 2013.
19 Gbaguidi, J-E, et al. Presse audiovisuelle
et construction démocratique au Bénin : de la
nécessité de deux niveaux de lecture des mutations en cours,
rapport du CODESRIA n°10, Dakar, 2011.
20 Loi n° 2015-07 portant Code de l'information
et de la communication en République du Bénin
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
12
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
13
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
La Convention nationale tenue du 3 au 4 novembre 2011
définit le Service public comme une «
activité d'intérêt général assumée par
une personne publique ou privée et soumise entièrement ou pour
partie à un régime exorbitant du droit commun
»21.
Pour Joubert et al. (2012)22, c'est l'existence
d'une économie de bien public qui est la principale « raison
d'être » des médias de service public. Ils soutiennent que
leurs contenus encouragent les valeurs sociales, la citoyenneté,
etc. et répondent aux « grands
principes de la mission de service public dont la diversité, le
pluralisme, la qualité, l'innovation, le respect de la démocratie
et des droits de l'homme ».
2. Revue de littérature
L'information politique est vitale pour la défense de
la démocratie à laquelle les citoyens aspirent. La
République est formée d'institutions dont les activités
doivent être couvertes afin de former l'opinion publique. Telle est la
position de Depollier et al. (2012)23 qui indiquent que «les
parlements ne peuvent toutefois pas négliger le public certes
limité de personnes qui sont fort intéressées par une
information politique détaillée et qui sont souvent celles qui
forment l'opinion». Même si cela semble de la publicité des
travaux des institutions de la République selon Swaelen
(1994)24, «sans eux [les médias], les hommes
politiques et le Parlement n'existeraient pas», reconnaît-il. Selon
lui, les informations que diffusent les médias, si elles sont
objectives, doivent porter sur «des faits et des événements
dont la connaissance est requise pour que les citoyens, ainsi
éclairés, puissent opiner sur les affaires de la cité
». L'alternance étant un principe fondamental de la
démocratie, l'information politique permet aux citoyens de faire un bon
choix en période électorale. Il poursuit que :
Les médias affectent surtout ceux qui reçoivent
l'information politique, car les gouvernants ont en général tout
intérêt à avoir en face d'eux des électeurs bien
informés : non seulement ils votent davantage que les autres, mais ils
ont tendance à élire les candidats qui défendent leurs
intérêts.
Selon lui, les informations politiques influencent «
aussi le comportement des hommes politiques qui gouvernent avec beaucoup de
responsabilité afin de ne pas subir la sanction du peuple bien
informé des bévues.» Parlant du journal Ha-aretz,
Amossy (2012) relève qu'il «incite les lecteurs à veiller
à la bonne marche de la démocratie et à contrôler
l'exercice du
21 La Convention nationale tenue du 3 au 4 novembre
2011 in Charte pour la gouvernance du Bénin, p.5
22 Colombus Consulting : Quel avenir pour les
acteurs publics des médias? Diagnostic Stratégique, 2012
23 Ibidem
24 SWAELEN,
http://www.senat.fr/europe/dossiers/conferen
cepresidents/ rapport_swaelen 5 mai 2016, 22h
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
pouvoir ». C'est là, la mission de chien de garde
(watchdog) des médias à l'égard du gouvernement. (Kovach
et Rosenstiel, 2004)25.
C'est pourquoi Adoun (FES, 2011)26 soutient que les
médias, surtout publics, ne doivent pas tomber dans la partialité
et devenir les griots des politiciens. La régulation et
l'autorégulation sont alors indispensables afin de limiter les
dérapages susceptibles de porter atteinte à la paix sociale,
l'unité et la cohésion nationales selon Nata (FES,
2011)27.
L'information sur les affaires publiques permet
d'éclairer le public afin qu'il soit capable de se gouverner tout seul.
Le Conseil de l'Europe (2009) attribue aux MSP le rôle fondamental de la
promotion de la transparence des pouvoirs publics à travers l'obligation
de « diffuser et de commenter les questions politiques en toute
objectivité et d'aider le public à comprendre les arcanes du
système démocratique ». C'est à ce prix que les MSP
pourront promouvoir une plus large participation démocratique des
individus.
Parlant du contenu des médias de service public, les
auteurs s'accordent qu'il répond au principe d'universalité.
Deltenre (2015)28, directrice général de l'UER
l'énonce ainsi :
Nous nous efforçons d'offrir notre contenu à
tous les segments de la société, sans en exclure aucun [...] Nous
donnons à notre public et à toutes les personnes qui le composent
les outils leur permettant de prendre une part active et significative à
la vie d'une société démocratique.
A l'universalité, Wagner (2015)29 ajoute
quatre autres principes de gouvernance pour les MSP, à savoir :
indépendance, responsabilité, transparence et durabilité.
Le Code de l'information et de la communication du Bénin tout en
insistant sur l'universalité, ajoute que leur financement est
assuré par l'Etat, et la HAAC est garante de leur autonomie et
indépendance. Cette universalité n'est pas qu'une contrainte du
statut, mais la survie des médias publics en dépend
énormément :
Afin de survivre dans le paysage médiatique actuel, les
médias de service public doivent abandonner la communication
unilatérale en accordant au public l'accès à une
information
variée, ainsi que la possibilité de s'engager et de
participer dans le débat démocratique. »30
Cette assertion n'est pas toujours vécue «faute
d'une réelle volonté politique des gouvernants », (Tozzo,
2005)31. Friedrich-Ebert-Stiftung (2011) regrette à cet
effet
25Resenstiel, T., et Kovach, B., Principes du
journalisme. Ce que les journalistes doivent savoir, ce que le public doit
exiger, Paris, Gallimard, 2009
26 Friedrich Ebert Stiftung Actes du dialogue
régional des instances de régulation et d'autorégulation
sur l'accompagnement des médias en période
électorale, Cotonou, Imprimerie COPEF, 2011
27 Ibidem
28 Wagner, M., et al. Principes de gouvernance
pour les médias de service public, in Legal focus, mars
2015
29 Ibidem
30 Rapport du Conseil de l'Europe sur les
médias, 2009
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
14
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
15
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
«l'ingérence politique des autorités»
qui fait que «le traitement de l'information politique ne reflète
pas les différentes sensibilités à la
télévision [...] les marches des syndicalistes sont
complètement censurées à la TV publique, de même que
l'actualité des ONG et des associations »32. Comme
causes d'une telle monopolisation des MSP, certains s'attaquent aux
mécanismes de leur régulation, de leur financement, d'autres
accusent le manque d'engagement des acteurs publics eux-mêmes. La HAAC
à qui échoit la régulation n'a pas beaucoup de pouvoir sur
le diffuseur public. Par exemple, le directeur général de l'ORTB
est nommé par le gouvernement à partir des propositions faites
par la HAAC. Par ailleurs, bien qu'étant média du service public,
leurs Conseils d'administration (CA) sont contrôlés par le
gouvernement. Sur les sept (07) membres du CA de l'ORTB, six (06) sont
directement nommés par l'Exécutif.
S'agissant de l'existence des MSP, Joubert et al.
(2012)33 indiquent que c'est l'existence d'une économie de
bien public qui est leur principale « raison d'être ».
SECTION 2 : METHODOLOGIE ADOPTEE
Les données utilisées dans ce travail sont de
deux natures : qualitatives et quantitatives. Cette section aborde la collecte
des données (paragraphe 1) et les approches théoriques de
résolution des problèmes spécifiques (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1. COLLECTE DES DONNEES
La collecte des données a été faite par
le biais de la recherche documentaire et à travers les enquêtes de
terrain.
1. La recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté en la collecte de
données auprès de plusieurs sources. Le tableau 3 présente
les centres documentaires visités et le type des informations
recueillies.
31Tozzo, E., «La
réforme des médias publics en Afrique de l'Ouest. Servir le
gouvernement ou le citoyen?» Politique africaine 2005/1 (N° 97),
2005.
32 Friedrich Ebert Stiftung
Actes du dialogue régional des instances de régulation et
d'autorégulation sur l'accompagnement des médias en
période électorale, Cotonou, Imprimerie COPEF, 2011
33 Colombus Consulting, Quel avenir pour les
acteurs publics des médias ? Diagnostic Stratégique,
2012
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Tableau 3 : Sources documentaires parcourues
et nature des documents consultés
Sources
|
Nature des documents
|
Type des données recueillies
|
Bibliothèque de l'ENSTIC-Savalou
|
Ouvrages, mémoires
|
Généralités sur le journalisme,
méthodologie
|
Documentation de l'Onip
|
Archives de journaux, livres
|
Coupure de presse, histoire des médias
|
Documentation de la HAAC
|
Manuel de journalisme,
rapports
|
Genres journalistiques et déontologie, décisions /
HAAC
|
Internet
|
Rapports de séminaires,
colloques, articles
|
Méthodologie, généralités sur les MSP
et la démocratie
|
Source : enquête de terrain, 2016
L'analyse du tableau 3 montre que trois centres documentaires
sont visités dans le cadre de cette étude auxquels s'ajoute
l'internet. Les documents consultés sont en général des
mémoires de recherche, des ouvrages généraux, des rapports
de séminaires ou de colloques, des articles de presse et des
réflexions. Les informations obtenues dans le cadre de la recherche
documentaire ont été complétées par les
enquêtes de terrain.
2. Les enquêtes de terrain
Elles prennent en compte la population de l'étude, les
groupes cibles, la taille des échantillons et les outils et techniques
de collecte des données
- Population d'étude et groupes
cibles
La population d'étude choisie est celle des lecteurs et
journalistes de « La Nation ». Elle est divisée en deux
groupes cibles à savoir : les journalistes de « La Nation » et
les lecteurs-abonnés.
Outre ceux-là, des personnes ressources ont
été aussi approchées, vu leur maîtrise de la presse
béninoise en tant qu'acteurs afin de recueillir des informations
qualitatives. Il s'agit d'intellectuels provenant de la HAAC, de l'ODEM, de la
FES, de « La Nation » et de l'UAC.
- Taille et technique
d'échantillonnage
Au total, « La Nation » compte une vingtaine de
journalistes. Les abonnés de Cotonou sont estimés à
environ deux mille. De ces effectifs, 08 journalistes et 121 abonnés
sont retenus pour l'étude.
Pour avoir cet échantillon, la technique du choix
raisonné a été utilisée. A propos des journalistes,
ceux qui occupent les antennes régionales ont été exclus
et uniquement ceux qui participent quotidiennement aux Conférences de
rédaction sont retenus. Quant aux abonnés,
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
16
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
ceux (syndicats, société civile, ONG)
situés à Cadjèhoun ont été
considérés. Faute de disponibilité ou de fiches non
retournées ou illisibles, 02 journalistes et 28 abonnés n'ont pas
été prises en compte. Le tableau 4 présente l'effectif et
le taux de couverture.
Tableau 4. Répartition statistique de
l'échantillon
Population mère Effectif total Echantillon
enquêté Proportion %
Lecteurs-abonnés 121 93 77
Journalistes 08 06 75
Source : Enquête de terrain, 2016
- Outils et techniques de collecte des
données
Au niveau des outils, il a été utilisé
sur le terrain, un enregistreur pour mémoriser les entretiens et un
carnet de notes pour la prise de notes. Les techniques de collecte prennent en
compte le questionnaire et le guide d'entretien. Le questionnaire est
adressé aux journalistes de « La Nation ». Le guide
d'entretien a servi à des interviews avec les personnes ressources. La
situation de stage à « La Nation » a été aussi
une opportunité pour observer le traitement de l'information politique
et même y participer.
La disponibilité de certains responsables constitue la
principale difficulté rencontrée au cours de la collecte. A cela
s'ajoute le fait que des enquêtés ne rendent pas les fiches
d'enquêtes à eux distribuées, par mauvaise volonté
ou par perte.
PARAGRAPHE 2. METHODES DE TRAITEMENT ET D'ANALYSE DES
DONNEES
Le dépouillement des données a été
fait manuellement. L'analyse des données recueillies a été
faite par hypothèse. La quantification des résultats issus du
traitement des données recueillies s'est faite à partir du score
réel de chaque question et non à partir du nombre total des
personnes enquêtées.
Les logiciels utilisés pour traiter les données
sont : word, excel et wavelab.
Les méthodes utilisées pour l'analyse des
données sont l'approche de l'Agenda Setting et la théorie de
Lasswell.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
17
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
1. L'approche de l'Agenda Setting
Selon McComb et Shaw (cités par Gbaguidi et al.,
2011)34, l'approche de l'Agenda Setting :
Attribue aux mass médias, la capacité propre
à déterminer ce qui, à un moment donné, et dans une
société déterminée, fera débat, à
sélectionner les évènements et les sujets auxquels
s'intéressera l'opinion et/ ou les décideurs.
« La Nation », étant un média de
service public, ne peut publier n'importe quelle information. Il doit trier les
informations afin de retenir seulement celles qui éduquent la population
et sauvegardent la paix, la cohésion sociale.
2. La théorie de Lasswell
Quant à la théorie de Lasswell, Balle
(1988)35 indique qu'elle se résume en une formule simple qui
est : « qui dit quoi à
qui par quel moyen et pour quel effet
? ». La question « qui ? » renvoie à la source
du message (l'auteur ou l'émetteur) dont la qualité est important
à connaître. La question « quoi ? », c'est le message,
le contenu. La question « à qui ? » renseigne sur le
destinataire. « Avec ou par quel moyen ? » correspond aux canaux
utilisés pour transmettre le message. En communication, le canal doit
être adapté au destinataire. Enfin, la question « pour quel
effet ? » invite à considérer le but visé dès
le départ. Suivants ces cinq éléments, Lasswell attribue
trois fonctions majeures aux médias : la fonction de surveillance, la
fonction de mise en relation et la fonction de transmission de
l'héritage social.
Outre ces théories, l'analyse SWOT a permis
d'étudier l'environnement tant interne qu'externe dans lequel
évolue le quotidien « La Nation » afin d'identifier leurs
influences sur le traitement de l'information.
34 Gbaguidi, J-E, et al. Presse audiovisuelle
et construction démocratique au Bénin : de la
nécessité de deux niveaux de lecture des mutations en cours,
Rapports de recherche du CODESRIA no. 10, African Studies Centre Leiden, Dakar,
2011
35 Balle, F., Médias et
Sociétés, 4ème Editions - Montchrestien, 1988
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
18
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
19
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE DES DONNEES ET
VERIFICATION DES HYPOTHESES
SECTION 1. EQUITABILITE ET GENRES JOURNALISTIQUES
En raison de ce que le public est le
bénéficiaire des médias publics, ces derniers doivent
être politiquement impartiaux et ouvert à tous, d'où leur
statut d'organes de service public. Le paragraphe 1 vérifie si « La
Nation » respecte ce statut.
PARAGRAPHE 1 : UN TRAITEMENT PLUS OU MOINS EQUITABLE
A propos de l'équitabilité, Le Réseau du Savoir
Electoral (2012)36 s'interroge :
La répartition doit-elle être basée sur le
principe de l'égalité, c'est-à-dire que chaque partie
dispose du même temps, ou sur le principe de l'équité, en
répartissant par conséquent le temps en fonction du degré
de soutien populaire dont bénéficie chaque parti ?
Dans le contexte béninois, il s'agit de
l'équitabilité. L'accès équitable aux médias
publics par les partis politiques, l'Exécutif, les institutions
républicaines et la société civile est organisé par
la HAAC, instance de régulation. Elle l'a fait à travers sa
Décision n°98-050/HAAC du 17 juin 1998 portant modification de la
décision n°95-062/HAAC relative à l'organisation de
l'accès équitable des partis politiques, des associations et des
citoyens aux médias de service public. L'art. 11 de cette
décision dispose que :
font l'objet de reportages classiques, ... les congrès,
les meetings, les conférences publiques, les conférences de
presse et autres manifestations publiques organisés par les formations
politiques, toutes tendances confondues, représentées ou non
à l'Assemblée Nationale.
Pour ces différentes activités, l'article 12 fixe
l'espace/durée rapporté dans le tableau 5. Tableau 5
: Répartition horaire de l'accès aux médias du
service public
Activités
|
Médias/ Durée ou espace
|
Radio
|
Télévision
|
« La Nation »
|
Congrès
|
05 min
|
05 min
|
1/2 page ou 500 mots
|
Confér. de presse
|
03 min
|
03 min
|
1/4 page ou 250 mots
|
Conférence publique
|
03 min
|
03 min
|
1/4 page ou 250 mots
|
Meetings et autres manifestations...
|
03 min
|
03 min
|
1/4 page ou 250 mots
|
Source : tableau réalisé
à partir de l'art. 12 de la décision n°98-050/HAAC
36 Le Réseau du Savoir Electoral : «
L'Encyclopédie ACE : Médias et élections », 2012,
www.aceproject.org
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
20
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Toutefois, la CC, la CS, le CES et la HAAC, en tant
qu'institutions « ne sont pas soumis, dans l'exécution de leur
mission constitutionnelle, aux répartitions horaires », (art. 26 de
la même décision).
? Vérification de
l'équitabilité
Pour vérifier si «La Nation» respecte les
dispositions de la HAAC supra-mentionnées, deux temps ont
été choisis, à savoir : temps ordinaire et période
électorale (présidentielles de 2011 et 2016). Mais avant, que
pensent les lecteurs de l'équitabilité du quotidien «La
Nation»? Le tableau 6 montre qu'aucun d'eux n'en doute.
Tableau 6 : Perception par les lecteurs de
l'équitabilité de « La Nation »
Questions
|
%
|
Non
|
Oui
|
« La Nation » favorise-t-elle un accès
équitable du gouvernement et de l'Opposition à ses pages
?
|
-
|
77
|
Les 10 dernières années, « La
Nation » a-t-elle servi totalement tous les acteurs politiques
?
|
-
|
77
|
Ne sais pas
|
-
|
|
Source : Enquêtes de terrain, 2016
Comme le montre ce tableau, aucun des 93 abonnés
investigués n'a douté de l'équitabilité du contenu
de « La Nation » en matière de traitement des sujets
politiques. La totalité des enquêtés, soit 77%, trouve que
« La Nation » favorise un accès équitable du
gouvernement et de l'Opposition à ses pages ou encore qu'au cours des
dix dernières années, surtout marquées par la
monopolisation notoire de la TV publique sous le président Yayi, il a
servi totalement tous les acteurs politiques. Outre cette confiance des
lecteurs à « La Nation », il importe de s'intéresser
aux archives en temps ordinaire comme en période électorale.
1- Temps ordinaire
La couverture des manifestations est organisée en
Conférence de rédaction. Le Red Chef ou le SR fait le point des
« ordres de reportages » enregistrés et programme une
équipe (journaliste + photographe) pour la couverture. Pour cela, le Red
Chef tient mensuellement un « Rapport des statistiques de passage des
citoyens, des partis politiques et des organisations de la
Société civile dans « La Nation ». Ce rapport est
élaboré conformément à la note
n°12/MCTIC/DC/SGM/CTJ/SP-C relative à la mise en oeuvre du Plan
d'action de lutte contre la corruption au sein du MCTIC37. Le
principe qui consiste à maintenir un registre, soutient
37 Ministère de la communication et des
technologies de l'information et de la communication
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
ACE (2012)38 est important : le diffuseur public
(ou tout autre) devrait savoir exactement ce qu'il a diffusé afin de
pouvoir répondre à toute plainte éventuelle.
Parfois, des sujets spéciaux défrayent la
chronique et occupent les médias. On enregistre alors plusieurs opinions
qui s'affrontent. Les archives révèlent qu'à diverses
occasions, « La Nation » se penche du côté de toutes ces
opinions, même divergentes ou défavorables au pouvoir en place.
Quelques exemples :
? Débat sur les Réformes plitiques et
institutionnelles sous la « Rupture »
Lesdites réformes entreprises par le président
Patrice Talon ont secrété beaucoup d'encres et de salive.
Plusieurs organisations de la société civile et des intellectuels
s'y sont penchés en fustigeant, en apportant des propositions ou en
formulant des doléances. « La Nation » a reçu plusieurs
demandes de couverture entrant dans ce cadre. Ce qui a donné les comptes
rendus tels que : « Réformes politiques et institutionnelles : Les
intellectuels traditionnels exigent le rétablissement de leurs attributs
coutumiers » (n°6499, 31 mai 2016) ; « 20è forum des
travailleurs et des peuples : Les huit exigences des travailleurs que la
Constitution doit intégrer » ( 2 mai 2016) ; etc. Dans son
n°6490 (18 mai 2016), on lit à la Une que « Les forces de
gauche suggèrent une assise spéciale politique ».
L'appréciation du régime du « Nouveau
Départ » par la société civile, l'Opposition et les
Ong n'a pas été aussi occultée par « La Nation
». On recense à cet effet, des titres évocateurs dont «
Gestion du pays à l'ère de la Rupture : Les Fcbe
dénonçent les `'incohérences» du Nouveau
départ » (n°6553, 18 août 16).
? Les 100 premiers jours
Selon E. Ologoudou, Les 100 premiers jours, c'est un «
délai raisonnable pour revenir sur l'action d'un nouveau gouvernement,
surtout si ce dernier est directement issu de la volonté populaire
»39. L'édition 2016 des 100 premiers jours est
consacrée au trois premiers mois de gestion du président Talon.
On y retrouve le décryptage des premières actions de la Rupture,
ses échecs, ses tares et progrès. On retiendra ici les titres
forts comme : « Soirée politique à la FES : Les cent jours
de Patrice Talon passés au scanner » (14 juillet 2016) et «
Spécial 100 jours de Patrice Talon: Les acteurs économiques dans
l'expectative de signaux forts » (vendredi 15 juillet 2016) par G.
AFANGBEDJI ; « La normo-communication: Le style qui favorise les rumeurs ?
» (A. ALLABI).
38« L'Encyclopédie ACE : Médias et
élections »,
www.aceproject.org 7 avril.
2016, 13 h 3 39 La Nation, 1990
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
21
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
2- Période électorale
(Présidentielles de 2011 et 2016)
En 2011, la HAAC, par Décision N°11-015/HAAC du 7
mars 2011, dispose : « Article 2 : Chaque candidat
bénéficie, jusqu'à nouvel ordre, d'au plus deux reportages
par édition du journal parlé et du journal
télévisé par jour sur l'audiovisuel de service public,
ainsi que d'un reportage dans le quotidien « La Nation ». En outre,
les projets de société des candidats sont publiés,
excepté celui de Antoine Dayori resté indisponible. La couverture
des campagnes est aussi assurée. « La HAAC observe toutefois que,
s'agissant des reportages publiés, des dépassements ont
été relevés pour le candidat Boni Yayi40
(publication de 09 reportages au lieu de 03) », (Détchénou,
cité par Nouwligbèto)41.
Quant à 2016, les Programmes de société
des candidats dont les fichiers électroniques ont été
envoyés par la HAAC sont publiés (et même mis en ligne sur
le site du journal, www.lanationbenin.info). Des campagnes sont aussi
couvertes. Pour le compte du 1er tour (36 candidats étaient
en lice), le tableau 7 présente le nombre de reportages (y compris leurs
soutiens) dont chaque candidat a bénéficié ; ces
données sont issues des archives de journaux du mois de février
2016.
Tableau 7 : Nombre de reportages par candidat
au 1er tour
|
|
Candidats
|
Nombre de reportages
|
Candidats
|
Nombre de reportages
|
Lionel Zinsou
|
16
|
I. Badarou S.
|
01
|
Patrice Talon
|
08
|
M. de-Souza
|
04
|
S. Adjavon
|
06
|
S Moudjaïdou
|
01
|
P. I. Koupaki
|
06
|
Azizou
|
01
|
O. R. Guézo
|
01
|
R. Sènou
|
01
|
H. Atao
|
02
|
Bako Arifari
|
01
|
Bio Tchané
|
03
|
Chabi Sikka
|
01
|
Daniel Edah
|
02
|
S. Youssao
|
02
|
M-E. Gbèdo
|
04
|
Z. Kifl Salami
|
01
|
Robert Gbian
|
03
|
Sika K.
|
01
|
P. Adovelandé
|
02
|
Kessilé Tchala
|
01
|
Bertin Koovi
|
02
|
F.Kamarou
|
01
|
B. A.Natondé
|
03
|
Agbossaga
|
02
|
C. Lagnidé
|
02
|
Hountondji
|
01
|
Issa Salifou
|
04
|
I. K. N'Doro
|
01
|
G. Houngbédji
|
01
|
Goudali
|
01
|
F. Amoussou
|
02
|
|
|
Source : tableau réalisé
à partir des archives de « La Nation », AGBON, 2016
40 Il faut souligner que ce dernier était
candidat à sa propre sucession et a donc eu plus d'emprise que les
autres.
41 Friedrich Ebert Stiftung. Actes du dialogue
régional des instances de régulation et d'autorégulation
sur l'accompagnement des médias en période
électorale, Cotonou, Imprimerie COPEF, 2011
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
22
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Ce tableau montre que les candidats au 1er tour de
l'élection présidentielle de 2016 n'ont pas
bénéficié du même nombre de reportages. Le candidat
de l'Alliance Républicaine (FCBE-RB-PRD), Lionel ZINSOU bat le record
avec 16 reportages, suivi de Patrice TALON 08 et de ADJAVON et KOUPAKI 06
reportages. Trois candidats n'ont même pas leurs noms dans les archives,
peut-être parce qu'ils ont désisté finalement au profit
d'autres présidentiables.
Si l'on allait faire une lecture comme celle rapportée
supra par Détchénou, on observera qu'il y a d'énormes
déséquilibres et que la HAAC semble verser dans
l'égalité en période électorale lorsqu'elle dit
relever des dépassements. Mais loin d'être la marque d'une «
in-équitabilité », le tableau 7 révèle que les
quatre premiers candidats, étaient visiblement les plus en vue lors de
la campagne. Preuve que la pléthore de candidats est une
difficulté pour le traitement équitable.
Concernant le 2nd tour, les
comptes-rendus/reportages de déplacements sur le terrain des candidats
Patrice TALON et Lionel ZINSOU ou de leurs soutiens se résument comme
suit dans le tableau 8.
Tableau 8 : Nombre de reportages par candidat,
2nd tour/ Présidentielle 2016
Candidats
|
Nombre de reportages
|
Patrice Talon
|
15
|
Lionel Zinsou
|
06
|
Source : tableau réalisé
à partir des archives de « La Nation », AGBON, 2016
Ce tableau montre que 15 reportages sont pour Patrice TALON et
06 pour Lionel ZINSOU. Ce qui donne un écart de 09 reportages. L'on
comprendra qu'au-delà de la pléthore des candidats, il y aussi le
terrain (la présence) qui joue sur le traitement.
PARAGRAPHE 2 : GENRES JOURNALISTIQUES DOMINANTS
« La Nation» s'acquitte convenablement de son
rôle d'information. L'étude des archives révèle que
le taux des différents genres journalistiques varie notamment en 1990,
2008 et 2016 comme le témoigne le tableau 9.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
23
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Tableau 9 : Taux genres journalistiques dans
La Nation, 1990, 2008 et 2016
Genre
s
|
Comptes rendus/ reportage s
|
Editoriau
x
|
Réflexion
s
|
Comment aires
|
Critiques
|
Analyses
|
Enquêtes
|
Interview
s
|
Mai
1990
|
39
|
2
|
15
|
11
|
8
|
3
|
3
|
0
|
Jan
2008
|
-
|
0
|
-
|
5
|
-
|
10
|
7
|
-
|
Mai
2016
|
333
|
0
|
1
|
4
|
0
|
2
|
0
|
2
|
Source : Enquêtes de terrain
Les données de ce tableau montrent que le contenu de
« La Nation » est beaucoup plus du compte rendu suivi du reportage.
Ces données témoignent que « La Nation » est avant tout
informatif, premier rôle des médias d'ailleurs. Le mois de mai
1990 bat le record des articles d'opinion (réflexions, critiques,
éditoriaux, commentaires). Pendant ce temps, mai 2016 quoique riche en
comptes rendus et reportages (333 sur 342 articles, soit plus de 80 %), fait
figure pauvre en analyses et enquêtes. C'est le mois de janvier 2008 qui
est le plus florissant en analyses et enquêtes. La présence de
plusieurs droits de réponse témoigne de la vitalité du
débat autour de certains sujets, ce que corrobore l'encadré 1
:
Encadré 1
De 1990 à janvier 2008, plusieurs droits de
réponse sont publiés dans le journal. Ils ne sont pas
forcément la preuve que les journalistes ont publié des mensonges
ou diffamations. Mais le signe que le journal est lu et que le débat sur
les sujets (contradictoires) sont vifs. D'ailleurs, certains droits de
réponse sont en déphasage avec le contenu de l'article
querellé. C'est le constat de la rédaction par rapport au droit
de réponse de la Soneb relatif à l'article «
Approvisionnement en eau potable en milieu urbain : La Soneb dans les eaux
troubles » de S. LOUMEDJINON, 3 janvier 2008. Le journal écrivait :
« ...nous souhaitons une relecture de notre article aux fins d'une
comparaison avec le contenu du droit de réponse. A terme, on se rendra
compte que la cellule de communication mérite d'être
étoffée de journalistes émérites. », La
Nation, 9 janvier 2008.
Les personnes enquêtées sont conscientes que
« La Nation » abonde de plus en plus en comptes rendus classiques au
détriment des analyses et enquêtes, même si elles sont
satisfaites du traitement que le journal fait de l'actualité politique.
C'est ce que renseigne le tableau 10.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
24
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Tableau 10 : Satisfaction des lecteurs du
traitement de l'information
Réponses
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
« La Nation » ne fait pas de la propagande/
sensationnel
|
42
|
74
|
« La Nation » n'a jamais été
condamné pour diffamation
|
31
|
Ne sais pas
|
3
|
3
|
Source : Nos enquêtes
A la lumière de ce tableau, la satisfaction des
lecteurs de « La Nation » n'est pas liée à la
diversité des genres journalistiques pratiqués. Si à la
question « Êtes-vous satisfait des informations politiques
qu'apporte « La Nation » ? », la plupart des abonnés,
à 74 % cumulé, répondent « Oui », c'est soit
parce que : « La Nation » ne fait pas du sensationnel, de la
propagande », soit qu' « il n'est jamais accusé pour
diffamation » ou parce que « le traitement est
équilibré ». Elles souhaitent alors que « La Nation
» aille au-delà des comptes rendus pour servir de chien de garde de
la démocratie béninoise, leur offrir plus de moyens
d'appréciation de la politique béninoise et susciter le
débat démocratique comme ce fut le cas dès 1990 et qui
s'est brutalement estompé au début de l'année 2008.
1- 1990: liberté d'expression au service de la
moralisation de la vie publique
Dans l'entousiasme de la liberté retrouvée en
1990, année du Renouveau démocratique, plusieurs rubriques et
articles d'appréciation de l'actualité politique sont
enregistrés. Avec des titres incitatifs, les journalsites ou leurs
invités, entre autres, prônent la moralisation de la vie publique,
dénonçent « sécheresse morale », «
débauche politique », bref les inconduites des gouvernants.
L'étude des journaux du mois de mai 1990 permet de noter les rubriques
telles que : Editorial, Réflexions, Libre
opinion, Point de mire, L'invité de la semaine,
sans oublier les commentaires. On peut retenir les titres passionnants suivants
: - Où trouver les hommes nouveaux ?; De grâce,
madame le minitre de la santé !; et Des institutions pour des
hommes ! (S. Vidéhouenou) ; - Pourquoi tuer notre voirie ?
(L. Brathier) ; - La gestion des affaires de l'Etat : La chasse
gardée brisée ! (G. Adissoda); La moralisation de la vie
publique : une lutte prioritaire (N. Alagbada), etc.
« On venait de rentrer dans le Renouveau
démocratique. Il fallait dénoncer le PRPB ». C'est ainsi que
B. Sewadé analyse les débuts du journal en 1990, débuts
très féconds en critiques et dénonciations pas
forcément dans les règles de l'art journalistique. «
Aujourd'hui, le métier est régi par des textes » et il y a
obligation de professionnalisme, conclut-il.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
25
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien
La Nation
2- Début de l'année 2008 : déclin
des articles de fond
Autour des années 2000, c'est le tour des journalistes
E. Couao-Zotti, B. Sewadé, R. Azifan et W. L. Houngbédji de
s'investir dans la critique de l'action gouvernementale à travers «
Contre-poing » et bien d'autres articles de dénonciations, de
critiques ou d'analyses.
« Un ministre dans du faux ? » (30 nov. 2005) de W.
Houngbédji, article dénonçant un ministre du
président Kérékou qui, abusant de sa position, a
récupéré un terrain frappé
d'indisponibilité. « Un ministre du gouvernement impliqué
dans un litige domanial » de Assévi vient compléter le
premier et rapporte que les citoyens expropriés ont été
rétablis dans leurs droits. C'est dans cette même période
qu'il faut situer le débat sur le couplage des élections.
En effet, dans la perspective de la présidentielle de
2006, certains acteurs politiques étaient acquis au report du scrutin et
à son couplage avec les municipales prévues pour 2008. « La
Nation » s'oppose à cette démarche. Ce que les journalistes
dénonçaient notamment, ce sont les députés
plutôt obsédés par la prolongation de leur mandat que la
consolidation de l'héritage démocratique. Mais le FNCE (Front
National pour le Couplage des Elections) qui était acquis à cette
cause obtient un droit de réponse dans lequel il charge le journal. La
réaction de ce dernier ne tarda pas. Quelques titres le prouvent
éloquemment : - « Le Front dans les abîmes ? » (29 nov.
2005), « Affaire couplage des élections : tentative de remise en
cause de la démocratie (les nouvelles stratégies des partisans du
report) » (n°3881, 5 déc. 2005), « Débat sur le
couplage des élections en 2008 : Des députés bientôt
dans la danse ? », tous de W. Houngbédji et « Front aux abois
» de A. Assévi.
Les archives de cette période révèlent de
Grands reportages, quelques enquêtes et plusieurs articles d'analyses, de
critiques sur la politique. L'on peut retenir, à titre illustratif
« Bagan-Dohô dans les Collines : Ce qui compromet la scolarisation
des enfants » (12 janv. 2006). A travers cette enquête, P. Gnangnon,
alors en service à l'antenne régionale Zou-Collines, expose
l'échec des populations à obtenir une école. Or, la
région compte environ 6000 habitants. Ces derniers ont dû
construire des hangards , « recruter sur le tas un maître du niveau
Bepc » et initia une cotisation de 500F par parent pour le payer. Ce qui
fait dire au journaliste que « les autorités n'ont pas fait preuve
de volonté ». Dans la même ligne, on retrouve B.
Sewadé et R. Binazon qui dénonçent respectivement la
candidature des ministres, et l'anarchie dans les dépôts de
candidature à travers : « Les conséquences de la candidature
des ministres sur l'administration », (17 janv. 2006) et « La
frénésie des ambitions ». L'on mentionnera également
les articles : « Crise morale au Bénin : A qui la
responsabilité ? » de
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
26
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
27
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
E. Couao-Zotti (2 janv. 2016) et « Polémique
autour du discours du président sortant de l'Assemblée Nationale
: S'achemine-t-on enfin vers une opposition déclarée ? » (14
mai 2007) de Hyacinthe A. Koudhoro.
Les exemples du genre sont légion. « Notre
équipe, sous la conduite de la DP Azifan, encourageait les
collègues à produire des papiers de fond et les mettait en valeur
par annonce à la Une du journal », se souvient W. L.
Houngbédji. Les journalistes savent apprécier à juste
valeur la gestion du pays par les gouvernants. Mais de plus en plus, depuis
2008, on remarque que ce rôle s'effrite.
? Des moyens d'appréciation
Les organes de presse sont des instruments très
précieux pour le développement d'un pays, à travers les
moyens que les journalistes donnent à leurs lecteurs, à leurs
auditeurs, à leurs téléspectateurs, pour mieux
appréhender l'actualité, les décisions qui se prennent
pour la gouvernance du pays, afin qu'ils se sentent impliqués,
responsables du développement du pays. (Sélo,
2013)42
C'est ainsi que N. Alagbada interviewé par Sélo
du journal « La Nouvelle Tribune » appréhende la notion de
service public. Les démocraties africaines, en l'occurrence
béninoise, sont gravement malades, parce qu'en proie aux
problèmes de corruption, de détournement de deniers publics, de
pauvreté, ce qui demande l'intervention de la presse.
Les moyens d'appréciation de la gestion du pays, c'est
à travers sa manière de traiter l'information que le journaliste
les donne aux citoyens. Les genres journalistiques, renvoyant « aux
différentes manières de rédiger un article, sont l'un des
points forts de l'écriture de presse, à laquelle ils
confèrent diversité et originalité » (Agnès,
2008)43. Au nombre de ceux que les lecteurs suggèrent
davantage à « La Nation », il y a, entre autres, l'analyse,
l'enquête, l'investigation et le commentaire. A l'ère de la
radio/télévision où le public est déjà
informé de l'actualité, ce que la presse écrite apporte de
nouveau, c'est une valeur ajoutée grâce aux genres journalistiques
expliqués dans l'encadré 2.
Encadré 2
*L'analyse : à travers l'analyse,
« le journaliste dissèque les faits et cherche à leur donner
un sens. Il ne donne pas son opinion, mais une explication », (Yves, A.,
2008). Selon lui, elle donne « au lecteur le maximum
d'éléments d'appréciation de la réalité
sociale » en s'appuyant notamment sur d'autres faits, contexte,
historique. Il faut noter que sans l'analyse le public
ne
42 SELO,
http://www.lanouvelletribune.info/interview/14403-noel-alagbada-a-propos-des-problemes-de-la-presse-beninoise-le-journaliste-ne-doit-pas-etre-au-service-des-politiques
consulté le 20 août 2016, 22h
43 Yves, A., Y. Manuel de
journalisme, Paris, Collection Guides grands repères, La
découverte, 2008, 480 p
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
peut pas comprendre le sens réel de
certains faits. L'analyse constitue un instrument
d'éclairage pour le public. (Azokpota, 2015)44 /
*L'enquête donne le résultat du travail
d'investigation, révèle ou explique des faits ou des situations ;
*L'investigation : Pour Lucinda
(1998), elle aborde le problème dans
son cadre général, redresse les torts causés, explique les
problèmes sociaux complexes, révèle des faits de
corruption, des délits ou des abus de pouvoir ; *Le commentaire
fournit une interprétation : il n'expose pas les faits mais les
interprète. Dans un journal (presse écrite ou audiovisuelle), on
peut avoir plusieurs commentaires qui accompagnent les articles ou les «
papiers » d'information. (Azokpota, 2015).
Selon Yves, ces trois premiers genres journalistiques
produisent une valeur ajoutée suffisante par rapport à
l'information de base. Il fait de l'analyse l'un des fleurons des genres
journalistiques, même s'il reconnaît toutefois que ces genres
nécesitent assez d'investissement (temps, financement, journalistes) que
les responsables d'organe réchignent à offrir. A partir de ces
genres, Cognat et al. (2012)45 attribuent au journaliste plusieurs
rôles dont quatre sont définis dans l'encadré 3 :
Encadré 3
« 1- rôle moral : il est un
intellectuel et en tant que tel, il a des responsabilités. Le public lui
reconnaît le droit de chercher et de dire la vérité, de
critiquer et de dénoncer des faits mais il ne doit pas abuser de sa
position pour le tromper ; 2- rôle pédagogique :
le journaliste ne fait pas l'opinion publique mais il éclaire l'opinion
publique en expliquant les événements ; 3- rôle
d'enquêteur : le journaliste a une démarche scientifique.
Il se pose et pose des questions dans le but de rechercher la
vérité. Il doute en permanence ; et 4- rôle
politique : Le journaliste défend l'intérêt
général, s'intéresse à la vie publique et non
à la vie privée, excepté dans le cas où cette
dernière interfère avec la vie publique ».
? Doléances des lecteurs
Pour ne pas garder une abstention/silence soupçonneux
face aux problèmes qui se posent, la quasi-totalité des personnes
enquêtées suggèrent à «La Nation » plus
d'audace à faire des analyses, critiques, commentaires, etc. pour des
raisons rapportées dans ce tableau.
Tableau 11 : Souhait des lecteurs
Raisons
|
Population
|
%
|
% cumulé
|
Eveiller les consciences et renforcer notre capacité
critique
|
29
|
24
|
77
|
Mettre en garde les gouvernants contre leurs bévues pour
garantir la bonne gouvernance.
|
14
|
12
|
Mieux comprendre les faits/événements politiques
afin de nous prononcer sur la gestion du pays
|
50
|
41
|
Total
|
93
|
77
|
77
|
Source : Traitement des données, 2016.
44 Azokpota, F., Sources d'informations dans
les médias : aspects théoriques et pratiques, Star Editions,
Cotonou, Bénin, 2007, 241 p
45 Cognat, C., et al. Le journalisme en
pratique, les bases du métier, Reporters solidaires Paris, Presse
Universitaire de Grenoble, 2012
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
28
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
D'après ce tableau, les lecteurs, à 77 %
(pourcentage cumulé) souhaitent vivement que « La Nation »
s'investisse également dans les analyses, enquêtes, commentaires
politiques. En hiérarchisant les raisons évoquées, on
découvre que les enquêtés (à 41%) cherchent des
outils pour mieux comprendre les faits politiques. Ainsi, leur conscience se
trouvera éveillée (24%) et ils pourront aisément opiner
sur la gestion du pays, sens d'une démocratie participative. Aussi,
grâce à leurs investigations, les journalistes vont
révéler les abus des dirigeants afin de les amener à
gouverner avec plus de responsabilité. 12 % des abonnés
enquêtés le soulignent.
Quoiqu'elle passe pour modèle en Afrique, la
démocratie béninoise demande encore assez de soins (vigilance,
responsabilité) pour ne pas vaciller. « La Nation » peut donc
mieux faire. L'encadré 5 complète les résultats du tableau
11. Ce sont des propos de lecteurs-élites interviewés par «
La Nation » à l'occasion du 25è anniversaire dudit journal
en 2015 :
Encadré 4
Innocent Adjaho, ancien administrateur provisoire de
l'ONEPI : « La ligne éditoriale tracée à
l'époque, au début du Renouveau démocratique critiquant le
pouvoir sous prétexte d'attirer son attention sur ses tares afin qu'il
se corrige, était admise sportivement sous les présidents
Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou. Mais aujourd'hui, je
constate que les critiques de l'action gouvernementale sont rares. A
l'époque il y avait une rubrique dite « Confidence pour confidence
» qui était très prisée. Elle a malheureusement
disparu. Il va falloir revoir un certain nombre de choses pour être
critique dans les règles de l'art afin de se positionner davantage sur
le terrain ».
Edouard Loko, journaliste, ancien
vice-président de la HAAC : « On peut souhaiter pour la
suite que le quotidien « La Nation »... se consacre de plus en plus
aux grands sujets d'enquête et de reportage d'intérêt public
et finisse par s'y spécialiser pour se soustraire totalement avec le
temps aux pesanteurs politiques... »
Guy Constant Ehoumi, président de l'ODEM
: « ... offrir au journal, les moyens de couvrir davantage le
pays et de prendre encore plus en compte les préoccupations des citoyens
et de « La Nation » à travers des investigations qui
enrichissent ses colonnes. Il nous faut plus de dossiers au-delà des
comptes rendus et surtout des grandes enquêtes. »
Pascal Todjinou, Sg de la CGTB : «
Surtout ces temps-ci, il y a des révélations que « La Nation
» a eu le courage de publier. On peut citer comme exemple le cas du
ministre Marcel de Souza qui a assigné son syndicat en justice parce que
le syndicat a dénoncé une malversation financière
intervenue dans le ministère. Je ne peux que vous remercier pour
l'audace du journal dans la publication de cette information. Pour l'avenir je
vous conseille de maintenir le cap. »
Célestine Zannou : « Le journal
dispose, actuellement encore, d'un personnel de qualité qui gagnerait
à avoir plus d'audace dans l'exercice du métier de journaliste
car l'objectif final et noble est de contribuer à l'éveil des
consciences au Bénin où le chantier en la matière est
vaste. Vivement donc que l'audace l'emporte sur la réserve
calculée ou imposée afin que les journalistes de qualité
dont regorge l'organe de service public osent quelque peu ! Dénoncer par
exemple les atteintes, notamment à l'unité nationale d'où
qu'elles viennent,fait partie de nos attentes légitimes. »
Extraits de « La Nation » n°6230 4 mai 2015
|
De cet encadré, où les déclarations
rejoignent ceux des personnes enquêtées dans le cadre de la
présente recherche, la remarque qui se dessine est que les personnes
interviewées
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
29
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
s'appuiyent plus sur la période d'après fin 2007
pour apprécier voire juger « La Nation ». Lesdites repproches
conviennent effectivement mieux à « La Nation »
(d'après 2007) dont l'ardeur a été quelque peu
atténuée par la volonté de mainmise du régime du
`'Changement». Dans le rapport annuel sur la situation de l'Etat de droit
et de la démocratie au Bénin dont l'édition 2008 est
intitulée « Les médias à l'ère du changement
», réalisé par Fernand Nouwligbèto, le même
constat est fait, avec la nuance qu'il s'applique à toute la presse
béninoise. En effet, Guédénon (2016) présente ainsi
le rapport :
(...) Disparition graduelle des débats contradictoires,
régression graduelle de la pluralité des opinions, uniformisation
graduelle des programmes au niveau des organes de presse » et autres
constats malveillants caractérisent depuis avril 2006, selon le
politologue Mathias Hounkpè, les médias béninois et leurs
acteurs. Et pour cause ! « Le pouvoir arrête le
contrepouvoir » selon Me Joseph Djogbénou,
président de l'Ong Droits de l'homme, paix et développement
(Dhpd), initiateur du rapport (...) Or, les résultats des recherches du
consultant commis par l'Ong Dhpd, Fernand Nouwligbèto,
révèlent que les médias, à l'ère du
Changement, jouent de moins en moins leur rôle de contre-pouvoir dont ils
sont investis par la Constitution du 11 décembre 1990. Ceci à
travers leur souscription à des contrats de propagande initiés
par le gouvernement du changement qui y met des centaines de millions mais
aussi à travers la persistance de certains problèmes structurels
internes à la corporation tels que la mauvaise gestion de l'aide de
l'Etat à la presse privée, l'absence de formation des acteurs des
médias...46
SECTION 2 : ENVIRONNEMENT DE « LA NATION » ET
SUGGESTIONS
Cette section présente les facteurs justifiant la
rareté des analyses, critiques, enquêtes et d'investigations
politiques dans « La Nation » (paragraphe 1) et les propositions de
solutions aux problèmes identifiés (paragraphe 2)
PARAGRAPHE 1. FACTEURS INTERNES ET EXTERNES
Des investigations faites, plusieurs raisons sont
notées et peuvent être classées en deux catégories :
les facteurs internes et les facteurs externes.
1- Les facteurs internes
Il s'agit des causes imputables à l'organe ou aux
journalistes eux-mêmes.
? Des contraintes liées au statut.
Pour Guy C. Ehoumi, c'est au nom de son statut que « La Nation
» ne peut traiter les informations comme le fait la presse privée.
Selon lui, le
46GUEDENON,
http://www.lanouvelletribune.info/benin/culture/1738-rapport-l-les-medias-a-lere-du-
changement-r , 10 mai1 2016, 18h 38
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
30
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
public est habitué au sensationnel, ce qu'il attend
aussi de voir dans « La Nation ». Désiré
Gbodougbé, Sg Syntra-Onip (Syndicat des travailleurs de l'Onip) partage
presque cette idée car dit-il, les informations qui paraîssent
dans « La Nation » « ont un caractère officiel ».
Raison pour laquelle le quotidien doit faire preuve de beaucoup de retenue, de
responsabilité. Ainsi, on trouve que « La Nation » fait un
« traitement parcimonieux », estime Ehoumi. Il justifie que « La
Nation », pendant que les autres médias se jettent sur tout et
s'agittent, doit bien murir sa plume et rechercher ce qui est
d'intérêt public en tout. Alors, si un sujet qui fait du bruit ne
sert le citoyen en rien, « La Nation » n'y attachera point
d'attention. « S'il y a des propos ou sujets qui vont entrainer des
troubles/problèmes, nous laissons. Nous ne publions que les informations
qui sauvegardent la paix, éduquent ou sensibilisent le public »,
confirme Bruno Sewadé, Red/Chef. Nonobstant ces avis, l'on est bien en
droit de se demander si d'autres raisons ne justifient pas le fait. Car, on
sait avec les archives, qu'il y eut abondamment d'articles «
engagés » dans « La Nation » dès 1990, ce qui
s'est élargie jusqu'en 2008. Le journal exerça effectivement le
droit de surveiller le pouvoir à travers des éditoriaux,
critiques, commentaires et analyses poignants. Mais au fil du temps, des
rubriques que les lecteurs affectionnent tant ont presque disparu. C'est
à juste titre que le conseiller Aguè souhaite qu'il y « ait
des rubriques sur les questions sensibles, délicates et contradictoires
». Aussi, il faut souligner que la ligne éditoriale
de « La Nation » ne lui interdit pas de pratiquer les genres
journalistiques sus-détaillés, car elle a pour mission de
refléter tous les courants de pensée et de rendre service
à toutes les composantes du pays.
? Manque d'audace/d'initiatives. Tout en
reconnaissant aussi la pertinence démocratique des analyses,
investigations et critiques, les mêmes journalistes, avec
sincérité, ont révélé à travers les
questionnaires à eux distribués qu'il y a de plus en plus un
manque d'initiative, d'audace à cause de la crainte de menaces, censure
et d'affectations arbitraires. C'est ce que Nouwligbèto appelle «
autocensure ». Célestine Zannou voit juste lorsqu'elle souhaitait :
« Vivement donc que l'audace l'emporte sur la réserve
calculée ... afin que les journalistes de qualité dont regorge
l'organe... osent quelque peu ! Dénoncer par exemple les atteintes, ...
à l'unité nationale d'où qu'elles viennent, fait partie de
nos attentes légitimes. »
M. Gnassounou, Secrétaire de Rédaction,
même s'il reconnaît que les journalistes de « La Nation »
« ne veulent pas se jeter à l'eau » (parlant de papiers
d'analyses, d'investigations, etc.), mentionne tout de même que s'ils le
font, on va leur reprocher de « n'avoir pas mis des gants ». Pour B.
Sewadé, le manque d'initiatives est plus fondamental. Il annonce que
« les réformes évoluent et bientôt, il sera fait
obligation aux journalistes de publier des analyses et surtout des
enquêtes dans une intervalle temporelle donnée ». Car, «
il y a des moyens pour
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
31
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
financer les enqêtes. Il suffit que les journalistes
proposent des sujets pertinents et l'Office va mettre les ressources à
leur disposition. Mais, ils ne prennent pas des initiatives ». Selon lui,
contrairement aux médias privés, « La Nation » devrait
initier des enquêtes qui aboutissent. Et il regrette que tel ne soit pas
le cas. « Les enquêtes demandent patience et
persévérance. Malheureusement, dès que quelqu'un bute sur
un obstacle, il abandonne ».
Viellissement. L'autre cause, c'est aussi le
vieillisement qui génère le manque d'initiatives. C'est ce qu'on
peut déduire des propos d'un journaliste dont nous taisons le nom (qui
fait déjà plus de 20 ans de service) :
Nous faisions ces genres dans le passé. Maintenant nous
n'en faisons plus. Rien ne nous empêche d'ailleurs de faire des
critiques, commentaires de l'action politique, de mener des investigations. Je
me souviens avoir dénoncé un ministre grâce à mes
enquêtes. C'est nous-même qui n'en faisons plus. Sinon c'est le
même Code de déontologie appliqué aux médias
privés que nous observons aussi.
La majorité des journalistes des années 1990 est
déjà admise à la retraite. Ceux-là qui ont subi les
affres du PRPB et qui ont trouvé leur épanouissement dès
le Renouveau Démocratique. A juste titre, Nouwligbèto identifie
deux périodes de traitement. La dernière remonterait autour des
années 2000 avec « l'arrivée de jeunes journalistes venus
des écoles avec fougue, qui ont rompu avec la manière
traditionnelle de traiter pour plaire. C'est vrai que cette rupture a
susicté des réactions certes mais le journaliste analyste,
enquêteur est plus craint et plus respecté». Il faut signaler
que sur les 06 journalistes enquêtés, la moitié a plus de
20 ans de service, donc proche de la retraite. Certains sont encore en
activité grâce à la Convention collective.
? « La Nation Magazine » C'est un
magazine trimestriel initié depuis 2014 dont le 10è numéro
(septembre-octobre- novembre 2016) traite notamment des réformes en
perspectives pour réhabiliter l'Education Nationale en
décrépitude. Il a le privilège de receler quelques
réflexions mieux nourries sur des sujets politiques. On peut retenir les
titres : « En attendant la bataille du 28 février 2016 : Grandes
manoeuvres en coulisses » (n°07) ; « Après les
législatives du 26 avril : Vers une cohabitation pacifique ou
agitée ? » (n°05) ; et « Emploi des jeunes : Un serpent
de mer en dépit des efforts » (n°02). C'est à cette
dernière parution qu'on doit l'analyse intitulée : «
L'hypothèse d'un 3è mandat présidentiel : Tentations,
tractations et...désilusions ? » de Houngbédji. L'article
donne à lire les risques liés au 3è mandat
présidentiel qui a agité l'actualité en 2014, parce qu'on
redoutait qu'il soit une ruse pour le régime du Changement de se
maintenir au pouvoir. On peut également retenir la critique
titrée « La 7è législature : entre allégeance
et hypocrisie » du n°010 (par G. Afangbédji). Elle
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien
La Nation
dénonce les députés surtout FCBE qui
refusent d'assumer le rôle d'Opposition pour servir de contre-pouvoir au
président Patrice Talon.
Cet exposé montre que quelques analyses, critiques ou
commentaires sur les sujets politiques sont détournées vers ce
magazine. Le journal « La Nation » semble se consacrer
désormais aux comptes rendus des meetings, audiences, ateliers, sessions
parlementaires, etc. qui assaillent la rédaction quotidiennement. C'est
peut-être pourquoi « La Nation Magazine » est offert
gratuitement aux abonnés du quotidien « La Nation ». Que
retenir des facteurs exogènes ?
2- Les facteurs externes
Cette fois-ci, il s'agit des facteurs externes dont
l'existence démotive (parfois) les journalistes de « La Nation
» ou les empêche de prendre le risque de s'aventurier dans ces
genres.
A la question, « Avez-vous été
dérangé au moins une fois à cause de papiers politiques ?
», le tableau 12 présente la statistique des réponses :
Tableau 12 : Journalistes
dérangés
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Journalistes dérangés au moins une fois
(menaces, demande d'explication, appel, etc.)
|
04
|
50
|
Journalistes n'ayant jamais été
persécutés
|
02
|
25
|
Total
|
06
|
75
|
Source : enquête de terrain, 2016
Ce tableau montre que 50% de journalistes ont
été « dérangés » au moins une fois en
raison d'articles jugés défavorables contre 25% n'ayant pas
été persécutés. Ce « dérangement »
comprends les menaces (intimidations), des demandes d'explication de la part du
ministre de tutelle ou du DG sur ordre du même ministre, des appels, etc.
Le SR, Maurille Gnassounou confie par exemple que des politiciens, par
personnes interposées, demandent des faveurs : que leur activité
couverte soit annoncée en manchette, ou à la Une.
Même si le Pr Mama Aguè, Secrétaire
général de la HAAC fait une lecture différente de la
situation, il ne remet pas en cause l'évidence desdites
persécutions. Selon lui, « manque de courage et de
responsabilité expliquent le comportement des journalistes de La
Nation». Il trouve qu'ils, les journalistes, peuvent évoquer la
clause de conscience et « demander à sortir du journal ».
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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34
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
? L'assimilation à un média
gouvernemental. C'est la folie des gouvernants qui souhaitent toujours
voir les contenus de « La Nation » favorables à leurs actions.
Ce qui génère plusieurs dégâts : demande
d'explication, censure et autocensure dû aux liens
hiérarchiques. C'est pourquoi les journalistes souhaitent
« choisir » le DP.
A la question « Auriez-vous préféré
choisir vos dirigeants ? », les statisques du « oui » et du
« non » se présentent ainsi dans le tableau 13.
Tableau 13 : Journalistes optant pour le choix
du DP
Réponses
|
Statistiques
|
Pourcentage
|
Journalistes optant pour le choix du DP
|
04
|
50
|
Journalistes pour qui la nomination du DP ne gêne pas
|
02
|
25
|
Total
|
06
|
75
|
Source : Résultat du
dépouillement, 2016
D'après le tableau 13, 50% des journalistes
interrogés souhaitent choisir le DP, contre 25% d'avis contraire.
L'encadré 6 donne les raisons de ce souhait, raisons mentionnées
par les journalistes enquêtés eux-mêmes.
Encadré 6 :
1-« Compte tenu de leur engagement apolitique, de leur
sens de responsabilité pour des articles de fond » ;
2- « Ainsi, ils ne seront pas tentés de plaire
aux autorités qui les ont nommés ; pour avoir toute l'autonomie
requise » ;
3- « Cela faciliterait les échanges et davantage
la collaboration pour le travail » ;
4- « Nous sommes liés au patron du journal dont
le lien avec ceux qui l'ont nommé est là. Le DP ne peut accepter
des papiers qui touchent/écorchent le gouvernement par exemple. Souvent,
les articles sont censurés : on enlève des parties importantes
pour le rédacteur mais jugées défavorables ».
5- « Il y a des pressions qui s'exercent
discrètement. Les responsables pensent à l'autorité dans
tout ce qu'ils font, car la loi permet à ce dernier de les suspendre,
même s'ils ont bien fait. Dans ce cas, c'est le ministre de tutelle
même qui définit ce qu'il appelle « faute grave ». Il y
a aussi que le DP peut avoir peur qu'on ne renouvelle pas son mandat ».
|
Ces témoignages insinuent que le DP est vu un peu comme
le représentant du gouvernement près le journal. Les journalistes
pensent que la liberté d'expression est restreinte dans un média
de service public. Ils souhaitent alors que le DP soit choisi par le personnel
et que cela va remédier les penchants au renouvellement de leur mandat
et les éventuelles suspensions arbitraires. C'est aussi la position de
Wagner (2015)47 pour qui « Les MSP devraient être
organisés sous la forme d'institutions indépendantes ». En
tant que telle,
47 Wagner, M., et al. Principes de
gouvernance pour les médias de service
public, Legal focus, UER, Paris, 2015
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
ils doivent bénéficier « d'une
personnalité juridique propre et ne doivent pas faire partie d'autres
institutions de l'État, et plus particulièrement du gouvernement
». Au Bénin, ils sont placés sous la tutelle du
Ministère de la communication. Or le ministre lui-même
émarge du gouvernement.
? La haine des critiques (même objectives et
constructives). Selon W. L. Houngbédji, qui a
particulièrement subi l'intolérance du pouvoir politique (sous
Boni Yayi) vis-à-vis des critiques, « rien n'interdit formellement
aux journalistes des organes officiels de critiquer, commenter ou
d'apprécier l'action des dirigeants. Il ne faut pas passer sa vie
à applaudir ce que font les pouvoirs ». D'ailleurs, dit-il : «
Dans les écoles de formation en journalisme, il n'y a pas une
filière presse privée et une autre presse publique. Mais
ça ne plait pas toujours au pouvoir qui considère toujours «
La Nation » comme un journal gouvernemental ». C'est ainsi que
convoqué par le ministre de la Communication Venance Gnigla en
août 2006 pour un commentaire relatif au limogeage de la ministre Colette
Houéto, il s'entendra déclarer par un collaborateur du chef de
l'Etat : « Si vous écrivez ça, vous encouragez la presse
privée à faire plus ». Et plus tard, pour un article
critiquant la décision du chef de l'Etat de déclarer
chômée et payée la journée du 27 décembre
2007, en vue d'offrir un concert au peuple : « Comment le chien peut
mordre la main du maître qui lui donne à manger ? »,
précisément parce que ce collaborateur pensait que les
journalistes de « La Nation » émargeaient au budget
national.
Abondant dans le même sens, Maurille Gnassounou cite un
article ayant posé problème, « Jeudi 27 décembre,
journée continue : Une décision inopportune ! » (28
déc. 2007). Il raconte :
Nous avons appris, un jeudi après-midi, que le
président Boni Yayi a déclaré chomée et
payée la journée du jeudi 27 décembre 2007 à cause
d'un concert, alors que les gens étaient déjà au travail
depuis le matin. Houngbédji rédige un article à propos et,
lorsque le président en prit connaissance, il en était furieux.
La décision qui s'en est suivie est qu'on ne voulait plus voir ce
journaliste signer des articles dans « La Nation ».
Le journaliste fut mis « au garage » et est
allé se reposer au Service Commercial de l'ONIP pendant plus d'un an.
L'intéressé lui-même a en mémoire plusieurs de ses
articles mal digérés tel que : « Colete Houéto :
victime du changement ou d'intrigues politiciennes ». Ce qui lui a valu de
comparaître devant le ministre, révèle-t-il. Ainsi, le nom
de W. L. Houngbédji apparaissant dans l'Ours du journal comme SR a
disparu, pour la première fois, le mercredi 23 janvier 2008, soit le
n°4414 du journal. L'équipe de confection du journal est dès
lors réduite à trois noms : la DP R. Azifan, le Red chef H.
Akponikpé et, par acrobatie, on
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
35
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
retrouve le SRA, V. Sovidé sans le SR. La situation
reste telle jusqu'au n°4417 (lundi 28 janvier 2008) dans laquelle le poste
de SR fut enfin attribué à B. Sewadé.
Si « La Nation » s'est engagée si tant
à l'époque, c'est grâce à Assévi
Akouété alors DP. Pour lui, « pas de sujet tabou,
l'important était le professionnalisme avec lequel les sujets sont
traités », rapporte Houngbédji. Il poursuit qu'avec
la DP Reine Azifan aussi, les journalistes étaient davantage
encouragés à produire des papiers de fond. C'est ainsi que
l'engagement a pris corps pour certains et s'est renforcé pour d'autres.
Malheureusement, fait-il observer, « les persécutions sous Boni
Yayi ont fini par diluer la détermination des uns et des autres. Ils ont
pris peur, après mon expérience du garage, de subir le même
sort», note-t-il.
? Les changements de DP. Plusieurs
journalistes reconnaissent que les changements de DP influent sur le contenu et
la manière de traiter les sujets politiques. Chaque DP vient avec sa
détermination, conviction et sensibilité. Si les journaux du
temps de A. Assévi ou de R. Azifan détiennent plus de
commentaires, d'analyses voie de critiques, enquêtes, etc. celui de E.
Couao-Zotti diffèrent. Les éditoriaux et « Contre-poing
» par exemple ne paraissent que de rares fois à des occasions
spécifiques comme : le drame de Charlie Hebdo (en France) avec «
Lumière brisée » et le 25è anniversaire du quotidien
« La Nation », 4 mai 2015.
? Le poids de l'autocensure. Ces
témoignages confirment le constat de Frère (2000) qui est donc
toujours d'actualité :
« La Nation » resta souvent paralysée par les
vieilles habitudes d'autocensure et ne put échapper à l'influence
de ceux qui orchestraient le renouveau démocratique béninois. En
dépit de sa volonté d'être « un média de
service public et pas un journal gouvernemental », « La Nation »
ne put empêcher le retour de certaines pressions ministérielles
sur l'organe, surtout après la période de
transition48.
Ou encore : « [...] la menace qui plane est celle de l'
« affectation » : les journalistes qui dérangent le pouvoir
sont mutés dans des services qui constituent des voies de garage.
»49 Toutefois, il faut souligner que la tendance a été plus
criarde sous le régime dit du Changement. La conséquence, c'est
que :
Pour avoir si souvent subi la loi d'airain de la censure, les
journalistes Béninois savent qu'en face de leur idéal le plus
cher qu'est la liberté d'expression se dresse un obstacle [...]. Dans le
rang de la presse officielle (...), la sclérose, le poids de
l'autocensure ont pris le pas sur
48 Frère, M-S., Presse et démocratie
en Afrique francophone: les mots et les maux de la transition au Bénin
et au Niger, Karthala Editions, Paris, 2000, 540 p
49 Ibidem
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
le réflexe professionnel et le sens de l'initiative, alors
même que l'exercice du journalisme se confondait assez souvent au
militantisme (Frère, 2000)50.
Cependant, comme le pense Londres (1629), le rôle du
journaliste n'est pas de plaire, non plus de faire du tort. « Il est de
porter la plume dans la plaie ». Pour cela, les journalistes
doivent oser informer et oser dénoncer. Ils doivent se
poser des questions et fournir des informations et analyses dépassant
les déclarations et communiqués officiels qui, quoi qu'on dise,
sont en faveur de leurs producteurs.
PARAGRAPHE 2. VERIFICATION DES HYPOTHESES ET
SUGGESTIONS
Il s'agit ici de s'assurer de la véracité des
hypothèses émises (1) au départ et de faire des
recommandations pour la résolution des problèmes relevés
(2).
1- Vérification des hypothèses
Deux hypothèses ont été émises au
départ qui correspondent aux objectifs spécifiques
? Hypothèse 1 (sur l'équitabilité)
A l'issue des résultats et analyses, deux niveaux de
lecture s'offrent sur l'hyputhèse 1. Le premier, c'est que « La
Nation » ne censure pas les opinions qui défavorisent même le
gouvernement en place. C'est-à-dire que l'information politique,
contrairement au temps de « Ehuzu », n'est plus servie en sens
unique. On retient que toutes les opinions sont représentées dans
le journal. C'est d'ailleurs ce que clamait son ancien DP, Maurice Chabi en mai
1990 :
« La presse privée est au service d'un courant de
pensée dont elle véhicule les messages et opinions politiques.
« La Nation » se veut le journal de tous les Béninois,
nonobstant leurs appartenances et sensibilités politiques. Son statut de
service public et son indépendace réelle en feront un journal
ouvert à tous et au dessus de tous».
Si «La Nation » n'était pas équitable,
soutient Mama Aguè, il aurait eu des contestations et critiques acerbes
comme à propos de l'ORTB/TV.
Au niveau de la représentativité, notamment en
période électorale, lorsqu'un présidentiable obtient 16
reportages et un autre 08 voire 02 reportages, il y a, en principe, un
déséquilibre à corriger. Mais puisque équité
n'est pas égalité, cela ne devrait pas indisposer. «
L'égalité signifie clairement que chaque parti ou candidat
reçoit le même accès. L'équité signifie que
tous ont un juste accès - le parti qui jouit du plus grand appui
populaire se voit
50 Frère, M-S., Presse et démocratie
en Afrique francophone: les mots et les maux de la transition au Bénin
et au Niger, Karthala Editions, Paris, 2000, 540 p.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
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Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
accorder plus de temps que les autres »51.
Autrement, selon la règle de l'équité, tous les partis
seront assurés de la possibilité de s'adresser à
l'électorat, et le temps accordé aux partis sera proportionnel
à l'appui populaire dont ils jouissent. Ainsi, l'électorat entend
les idées des principaux partis à l'élection; les autres
partis dont l'appui populaire est moindre pourront également s'exprimer,
mais à un moindre degré, poursuit l'ACE (2012)52.
Même si des écarts ne manquent pas à « La Nation
», ce n'est pas criard comme autrefois.
Il ressort que l'hypothèse 1 est
vérifiée.
? Hypothèse 2 (sur le contenu peu riche de « La
Nation »)
« La Nation » est certes riche en informations
politiques. Mais, contrairement à 1990 voire de 2006 à
début 2008, le factuel prend d'assaut le journal et les analyses,
enquêtes et critiques de l'action gouvernementale réculent. «
La Nation » se désintéresse de plus en plus des analyses,
investigations, et commentaires qui permettent de disséquer
l'actualité politique, l'action des gouvernements et des institutions.
Or en 1990, ces genres étaient tout aussi présents à
côté des reportages et comptes rendus comme pour signifier que
l'information rapportée a besoin d'être expliquée ou
commentée pour aider le public à bien la recevoir. Le rôle
des médias n'étant pas que d'informer mais aussi de surveiller
l'exercice du pouvoir et stimuler le débat public et d'éveiller
les consciences. (Unesco, 2009). Ainsi, sur des sujets et grands débats,
les lecteurs trouvent que « La Nation » ne satisfait pas leurs
besoins. Il y a par exemple l'affaire dite des machines agricoles,
gratuité de l'école, microcrédit, CEN-SAD,
opportunité de la suppression de la HCJ, programmes de
société des candidats, réformes politiques et
institutionnelles, mandat unique, destitution des maires, PPEA II, etc.
En période électorale, ç'aurait
été bien d'analyser le programme de société des
candidats afin de permettre aux citoyens de faire un choix responsable. C'est
dans ce sens que Nouwligbèto (2011) fait le constat suivant à
propos du traitement des sujets politiques en période électorale
:
Plus ou moins conscients des pressions qui pèsent sur
leur rédaction, des journalistes s'interdisent toute réflexion
critique et, de manière mécanique, évitent scrupuleusement
de rédiger des papiers qui peuvent « faire mal ». Cette
attitude se note aussi bien dans les privés, qui ont signé des
contrats de communication avec l'un ou l'autre des candidats en lice, que dans
les médias de service public.53
51 ACE,
www.aceproject.org_Medias_et_elections_2013 7 avril 2016, 13h 3
52 Ibidem
53 Friedrich Ebert Stiftung. Actes du dialogue
régional des instances de régulation et d'autorégulation
sur l'accompagnement des médias en période
électorale, Imprimerie COPEF, Cotonou, 2011
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien
La Nation
C'est vrai que «La Nation» fait des
suppléments spéciaux présidentiels qui offrent, comme
celui du mercredi 1er au jeudi 2 mars 2006, une « Radioscopie
des candidats ». Mais ces analyses portent beaucoup plus sur le profil des
présidentiables avec un coup d'oeil sur leur programme de
société.
Visiblement, il n'y a que W. Houngbédji qui ait fait de
ces genres son domaine de prédilection. La rubrique « Droit et
Devoirs » qu'il anime en est la preuve. Chaque parution offre souvent
l'analyse bien nourrie d'un sujet d'actualité. C'est ce qui a
certainement inspiré son collègue, Sabin Loumedjinon, à
écrire de lui : « (...) Willéandre (nom d'emprunt) tape sur
tout ce qui bouge et n'a pas une odeur de sainteté » (« La
Nation », 26 mai 2006).
Il ressort que les genres analyses, commentaires,
enquêtes, investigations et critiques sur la politique sont effectivement
rares dans « La Nation ». Les raisons sont, entre autres, le statut
de service public, la périodicité, la peur de la censure,
l'autocensure, le manque d'initiatives et d'audace. Toutefois, il ne faut pas
lire cette faiblesse dans tout le passé de « La Nation ». Elle
est plus liée à la période d'après avènement
de Boni Yayi au pouvoir. L'engagement des journalistes à aborder les
sujets contradictoires, à relever les forces et abus des
gouvernants/politiciens, amorcée vers la fin de règne du
président Kérékou, s'est quand même poursuivie
jusqu'en janvier 2008. Il faut donc mentionner que ce sont les agissements du
régime du Changement qui, redoutant les analyses surtout de W.
Houngbédji, l'a envoyé au garage en le faisant relever de son
poste de SR. Pire, en le sortant de la rédaction pour l'envoyer au
Service Commercial pendant un an et demi. Toute chose qui a dû contribuer
à émousser les ardeurs. C'est la raison majeure justifiant
l'attitude des journalistes à rester plus dans le factuel
désormais alors qu'ils dénonçaient autant qu'ils saluaient
les actions du pouvoir.
Il s'est avéré alors que le contenu de « La
Nation » peut être renforcé, vu les résultats de
l'analyse SWOT. « La Nation » dispose d'assez d'atouts pour traiter
efficacement l'actualité plitique nationale.
Concernant les forces, on retient la qualité de ses
journalistes ayant assez d'expériences pour un journal exemplaire, la
position de média de service public, la disponibilité de
matériel (roulant et imprimerie) pour se consacrer aux dossiers
d'enquêtes, d'investigations qui demandent beaucoup d'investissements ;
la tenue régulière et quotidienne des conférences de
rédaction est un atout pour discuter, échanger et retenir des
sujets intéressants, Surabondance des pages publicitaires. Quant aux
faiblesses, il s'agit entre du personnel plus ou moins vieillissant (proche de
la retraite), de surabondance des pages publicitaires, du contenu peu
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
39
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
diversifié à renforcer (peu d'enquêtes,
investigations, analyses, etc.), du statut de MSP (nomination du DP en Conseil
des Ministres).
2- SUGGESTIONS
Pour diversifier et renforcer le contenu de « La Nation
» afin qu'il s'impose davantage dans le paysage médiatique
béninois, nous faisons les suggestions suivantes :
? Au journal :
Nous recommandons au journal de :
- Faire des dossiers/enquêtes mensuels sur la politique.
Dans ce même sens, il urge d'encourager/inciter les journalistes aux
articles de fond en prévoyant par exemple de primes aux plus prolifiques
et audacieux et d'exiger de chaque journaliste au moins une
enquête/analyse par mois.
- Assurer la formation et le recyclage des journalistes dans
le domaine correspondant à leur desk ;
- Relancer l'éditorial et assurer sa parution
régulière. Il faut confier « Contre-poing » à un
journaliste et veiller à sa périodicité ;
- Veiller également à ce que les journalistes ne
s'engagent dans aucun parti politique ;
- Les analyses ou critiques ne doivent pas être
l'affaire des journalistes seuls. Il serait alors bon que le journal encourager
aussi les analyses, critiques provenant des intellectuels, des
universitaires. Car, « Réintégrer l'élite
dans les médias, lui redonner la parole, serait redonner un second
souffle à la démocratie béninoise menacée par
l'absence d'idées fortes, de débats ouverts sur les grands enjeux
du présent et du futur dans un monde en perpétuelle mutation
», (Gbaguidi et al. 2011)54.
- Reformer le rubriquage actuel du journal. A cet effet, nous
suggérons la suppression de `'Actualité nationale» qui
paraît vague ; l'actualité nationale est soit économique,
politique, culturelle, sportive, etc.
Proposition de rubriques :
Institutions républicaines; Collectivités locales ;
Partis politiques ;
Economie ; Education ; Culture ;
Santé ; Société (civile) ; Environnement
;
Droits et devoirs ; Sport.
|
54 Gbaguidi, J-E, et al. Presse audiovisuelle
et construction démocratique au Bénin : de la
nécessité de deux niveaux de lecture des mutations en cours,
Rapports de recherche du CODESRIA no. 10, African Studies Centre Leiden, Dakar,
2011
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
40
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
Ces rubriques ne sont pas tenues de paraître chaque
jour, pour des raisons de volume ou de pages. La rédaction va donc
retenir les jours et le nombre de fois qu'elles vont paraître de
façon alternée.
? A l'Etat
Dans l'esprit de relever le défi d'indépendance qui
se pose avec acuité au niveau des médias publics, nous
recommandons à l'Etat de :
- Permettre aux journalistes de « La Nation » de
choisir le DP ;
- Mettre fin aux liens ministériels dangereux pour rendre
le journal indépendant ;
- Réaffirmer et respecter la ligne éditoriale du
journal qui peut être critique vis-à-vis du pouvoir, ce qui va
renforcer sa crédibilité et installer la confiance entre «
La Nation » et les citoyens ;
- demander à l'ENSTIC d'inciter les étudiants aux
genres journalistes nobles pendant la formation.
? A la HAAC
En raison de la pléthore des partis politiques, nous
recommandons à la HAAC de :
- Supprimer sa répartition horaire en temps ordinaire,
avec la possibilité pour les partis de la saisir en cas du refus du
journal de relayer leurs activités. Car, tous les partis n'animent pas
la vie politique de la même manière et ne réagissent pas de
la même manière façon d'ailleurs. Il sera alors au choix
des partis politiques et Organisations de la société civile (OSC)
de solliciter « La Nation » pour des reportages ; les
publi-reportages demeurent payants ;
- Penser aussi à réguler l'accès aux
médias publics par les confessions religieuses dont l'effectif grossit
de jour en jour ;
- etc.
Mémoire soutenu par Sêmèvo O.
Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC
41
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
CONCLUSION
Dans nos lectures sur le quotidien « La Nation »,
nous avons constaté que les critiques quant à son contenu sont
récurrents. Nous avons alors choisi de travailler au renforcement du
contenu de « La Nation » qui doit contribuer davantage à la
consolidation de la démocratie béninoise à travers plus
d'analyses, d'enquêtes, d'investigations, etc. En effet, l'on est
tenté jusque-là de se demander, en paraphrasant Gbaguidi
J-E55, si l'information politique à « La Nation »
ne se résume pas à une structure qu'on peut ainsi
schématisée : activités du président de la
République, activités des services publics, activités des
institutions républicaines, etc. ?
L'analyse des résultats a confirmé nos deux
hypothèses. Nous avons découvert que ce journal public dispose de
journalistes compétents pour se consacrer souvent à des articles
de fond, initier des investigations qui aboutissent, même si traiter les
sujets politiques n'est pas aisé dans un média de service public
; le risque de passer pour chantre du pouvoir ou de la Société
Civile étant grand. Pour cela, les journalistes de « La Nation
» devraient éviter toute allégeance à un parti
politique.
Par rapport aux causes réelles identifiées, des
suggestions ont été faites. Il s'est avéré qu'une
réelle volonté politique et un engagement des acteurs des
médias publics eux-mêmes permettront de relever le défi
d'indépendance qui se pose avec acuité et qui fait envisager
discrètement par certains la privatisation des médias publics.
L'étude des archives a montré que les persécutions
liées à la confusion entre média du service public et
organe gouvernemental, ont contribué jusque-là, à diluer
l'ardeur de « La Nation ». Ce qui doit être corrigé.
Plusieurs affaires de corruption encore en instance dans la
conscience collective comme Cen-Sad, Ppea II56, Icc-Service, machine
agricole et bien d'autres sujets attendent toujours d'être
élucidées pour le bonheur du peuple béninois ; ce qui ne
doit pas être uniquement une préoccupation de la presse
privée. « La Nation » a certes l'obligation de donner de la
visibilité aux activités de toutes les institutions de la
République, mais ne doit pas être « un bouillon de comptes
-rendus, de séminaires, d'ateliers, de journées de
réflexion, d'inauguration de classes, de marchés de
téléphones et autres choses... »57
Nous ne prétendons pas avoir trouvé la baguette
magique, mais nous espérons que nos suggestions contribueront au
renforcement du contenu de « La Nation ».
55 GBAGUIDI, J-E, Télévision
béninoise : Susciter une réflexion stratégique, in Essai
sur les medias en Afrique,
www.gnammankou.com. 20
juillet 2016
56 Projet Pluriannuel de l'eau et de l'assainissement
(phase 2) piloté par les Pays-Bas dont les fonds (environ 6 milliard de
franc CFA) ont été détournés. La justice a fini par
émettre un non-lieu dans cette affaire.
57
www.gnammankou.com. 20
juillet 2016
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
42
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- Amuzun, A. F. P., « Togo : Médias et concept de
la bonne gouvernance » in Unesco : Médias et bonne gouvernance
en Afrique : Concept et cas pratiques, janvier 2010.
- Azokpota, F., Sources d'informations des médias :
aspects théoriques et pratiques, Star Editions, Cotonou,
Bénin, 2007.
- Bachiri, M., introduction à Unesco :
Médias et bonne gouvernance en Afrique : Concept et cas
pratiques, janvier 2010.
- Balle, F., Médias et Sociétés,
4ème Editions - Montchrestien, 1988.
- Cabinet ICI., Plan stratégique de
développement 2014-2018 de l'ONIP, Cotonou, 2014.
- Charte pour la gouvernance du Bénin
adoptée par la Convention nationale tenue du 3 au 4 novembre 2011
à Cotonou.
- Colombus Consulting., Quel avenir pour les acteurs
publics des médias ? Diagnostic Stratégique, 2012.
- Cognat C., et al. Le journalisme en pratique, les bases
du métier, Reporters solidaires, Presse Universitaire de Grenoble,
Paris, 2012.
- Décision n°98-050/HAAC du 17 juin 1998 portant
modification de la décision n°95-062/HAAC relative à
l'organisation de l'accès équitable des partis politiques, des
associations et des citoyens aux médias de service public.
- Friedrich Ebert Stiftung. Actes du dialogue
régional des instances de régulation et d'autorégulation
sur l'accompagnement des médias en période
électorale, Imprimerie COPEF, Cotonou, 2011.
- Frère, M-S., Presse et démocratie en
Afrique francophone: les mots et les maux de la transition au Bénin et
au Niger, Karthala Editions, Paris, 2000.
- Gbaguidi, J-E, et al. Presse audiovisuelle et
construction démocratique au Bénin : de la
nécessité de deux niveaux de lecture des mutations en cours,
Rapports de recherche du CODESRIA no. 10, African Studies Centre Leiden, Dakar,
2011.
- Loi n° 2015-07 portant Code de l'information et de
la communication en Rép. du Bénin.
- Martin-Lagardette, J-L., Les secrets de
l'écriture journalistique : informer, convaincre», 2è
Ed, Paris, Lienhart & Cie A, 1987.
- Munzangala-Munziewu, D., « De l'éthique
médiatique et du processus démocratique en Afrique : le cas du
Gabon », in Unesco : Médias et bonne gouvernance en Afrique :
Concept et cas pratiques, Janvier 2010.
- Note n°12/MCTIC/DC/SGM/CTJ/SP-C relative à la
mise en oeuvre du Plan d'action de lutte contre la corruption au sein du
MCTIC.
- Paulhus, E., A., L'influence de la radio communautaire
dans le développement local : Le cas du Mali, Mémoire de
maitrise, Université du Québec en Outaouais, 2010.
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
43
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
- Resenstiel, T., et Kovach, B., Principes du journalisme. Ce
que les journalistes doivent savoir, ce que le public doit exiger,
Gallimard, Paris, 2009.
- Tozzo, E., «La réforme des médias publics en
Afrique de l'Ouest. Servir le gouvernement ou le citoyen?» Politique
africaine 2005/1 (N° 97).
- Unesco, Médias et bonne gouvernance en Afrique :
Concept et cas pratiques, janvier 2010. - Unesco Déclaration de
Dakar, Dakar, Sénégal, 2005.
- Wagner, M., et al. Principes de gouvernance pour les
médias de service public, in Legal focus, mars 2015.
- Yves, A., Y. Manuel de journalisme,
Collection Guides grands repères, La découverte, Paris, 2008.
- Conseil de l'Europe, http://www.coe.int/ 23 avril 2016,
22h10'
30 juil. 2016, 18h 26
- Gonsolin,
www.La-responsabilité-sociale-desmédias.pdf
- La Nation, www.lanationbenin.info 3 sept. 2016, 13h 3
- ACE,
www.aceproject.org Medias et
elections 2013 7 avril. 2016, 01 h 3
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
44
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURE
Tableau 1 : Regroupement des problèmes par centre
d'intérêts 8
Tableau 2 : Tableau de bord de l'étude ..11
Tableau 3 : Sources documentaires parcourues et nature des
documents consultés 16
Tableau 4 : Répartition statistique de
l'échantillon 17
Tableau 5 : Répartition horaire de l'accès
aux médias du service public 19
Tableau 6 : Perception par les lecteurs de
l'équitabilité à « La Nation » 20
Tableau 7 : Nombre de reportages par candidat au 1er tour
22
Tableau 8 : Nombre de reportages par candidat, 2nd tour/
Présidentielle 2016 23
Tableau 9 : Taux genres journalistiques dans « La
Nation », 1990, 2008 et 2016 .24
Tableau 10 : Satisfaction des lecteurs du traitement de
l'information 25
Tableau 11 : Souhait des lecteurs 28
Tableau 12: Journalistes dérangés 33
Tableau 13 : Journalistes optant pour le choix du
Directeur de Publication 34
FIGURES
Figure 1 : Structure hiérarchique de « La Nation
»
|
5
|
Figure 2 : Localisation géographique de « La Nation
»
|
5
|
Figure 3 : Structure schématique de l'analyse SWOT
|
.....6
|
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
i
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien La Nation
ANNEXES
QUESTIONNAIRE (Aux lecteurs)
Je m'appelle Bonaventure AGBON, étudiant en fin de cycle
de journalisme à l'ENSTIC-UAC. Je sollicite votre contribution pour la
rédaction de mon mémoire qui porte sur le thème:
«Traitement de l'information politique dans un média de service
public : cas du quotidien « La Nation ».
Merci pour votre disponibilité !
Veuillez répondre aux questions ci-après en
cochant la case correspondante
1- Êtes-vous satisfait des informations politiques
qu'apporte « La Nation »?
Si oui, pourquoi ?
· « La Nation » ne fait pas du
sensationnel/propagande
· Elle n'a jamais été condamnée pour
une information fausse ou diffamatoire
· Autres :
Non
2- « La Nation », selon-vous a-t-elle cessé
d'être au service des gouvernements pour servir les citoyens
béninois ? Oui
Si oui, qu'est-ce qui le prouve ?
· L'information n'est plus en sens unique
· Son contenu est diversifié
· Les aspirations des citoyens sont
rapportées/défendues
· Autres :
3- « La Nation » favorise-t-elle un accès
équitable du gouvernement et de l'Opposition à
Non
ses pages ? Oui
4- Au cours des dix dernières années, « La
Nation » a-t-elle servi tous les acteurs
politiques ? Oui
|
Non
|
Partiellement
|
Totalement
|
5- « La Nation » fournit-elle une analyse approfondie
des sujets politiques ?
6- Souhaiteriez-vous que « La Nation » s'investisse
aussi dans les analyses, enquêtes,
investigations, critiques, etc. sur les sujets politiques ? Oui
Non
7- Les analyses, critiques et enquêtes influencent-t-elles
positivement la gestion de l'Etat
Non
par les gouvernants ? Oui
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
II
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien « La Nation »
Si Oui en quoi
· les mettre en garde contre leurs bévues
· garantir la bonne gouvernance / éveiller les
consciences
· Autre
8- Aimeriez-vous que La Nation :
· relate simplement les faits ?
· qu'elle les analyse aussi ?
Si vous optez pour les analyses, en quoi elles vous seront-elles
utiles ?
· Renforcer notre capacité critique
· Mieux comprendre les faits/événements
politiques afin de nous prononcer sur la gestion
du pays
9- Qu'avez-vous à reprocher à La Nation
?
· Elle est trop institutionnelle
· Elle craint beaucoup de faire des papiers qui
dérangent les gouvernants
· Autres
10- Citez trois sujets d'actualité sur lesquels « La
Nation » ne vous a pas satisfait
11- Que suggérez-vous à La Nation en
matière de traitement des informations politiques ?
· Etre toujours équitable, apolitique et
objective
· Critiquer (objectivement) l'action gouvernementale pour
éveiller les consciences
· Faire de grands dossiers, enquêtes et reportages
sur la politique
· Se contenter des comptes rendus
· Autres
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
III
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien « La Nation »
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
iv
FICHE D'ENQUETE (aux journalistes de « La Nation
»)
Je m'appelle Bonaventure AGBON, étudiant en fin de cycle
de journalisme à l'ENSTIC-UAC. Je sollicite votre contribution pour la
rédaction de mon mémoire qui porte sur le thème:
«Traitement de l'information politique dans un média de service
public : cas du quotidien La Nation ».
Merci pour votre disponibilité !
Veuillez répondre aux questions ci-après en
cochant la case correspondante
1- Depuis combien d'années êtes-vous journaliste
à La Nation ? ..........ans.
2- Les politiciens tentent-ils d'influencer parfois le
traitement des informations ?
3- Avez-vous des craintes parfois à écrire des
articles d'analyses, d'enquêtes ou de commentaires sur la politique ?
non
Oui
Si oui, pourquoi ?
· Risque de sanctions
· Menaces
· Affectation (arbitraire)
· Censure Autres :
4- Avez-vous été au moins une fois
dérangé par des autorités politiques / administratives
à cause de vos articles ? (ou avez-vous connaissance d'un tel cas de
persécution) ?
Si oui, sous quelle forme ?
· Demande d'explication
· Suspension (momentanée) Autres:
5- Avez-vous constaté que vos articles ont
été parfois retouchés ou modifiés par le DP, Red
chef, SR, SRA parce que jugés blessants pour un gouvernant/politicien
?
6- Le compte rendu/reportage est le genre journalistique qui
revient souvent dans le
non
traitement de l'information politique à La Nation
Oui
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien «
La Nation »
Si oui, qu'est-ce qui explique cette fréquence ?
· Souci d'informer
· Ligne éditoriale
· Statut et périodicité du journal
· Manque de temps
· Manque d'initiative de fonds
7- Avez-vous l'impression que la liberté d'écrire
est restreinte dans un média de service public (hormis le respect du
Code de déontologie) ?
8- Les changements de gouvernements influent-ils sur le
traitement de l'information
politique ? Oui Non
9- Les changements de DP influent-ils aussi sur ce traitement
?
10- Auriez-vous préféré choisir vos
dirigeants ? Oui
Si oui, pourquoi ?
11- Quels sont les risques qui pèsent sur les
Médias de service public ?
· Assimilation à un média gouvernemental par
les citoyens
· Volonté persistante de mainmise par le
gouvernement
· Volonté de voir leur contenu favorable aux
gouvernants
· Autres:
Que suggéreriez ou souhaiteriez-vous pour le rayonnement
de votre journal ?
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
V
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien « La Nation »
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
vi
GUIDE D'ENTRETIEN (PERSONNES RESSOURCES)
I- Equitabilité
II- Différence entre le traitement de l'information
politique dans un média de service public et les médias
privés
III- Les articles de fond (analyses, investigations...)
IV- Contrôle citoyen des gouvernants et information
politique
V- Nomination du DP et indépendance éditoriale
VI- Financement des médias publics
VII- Autocensure, peur, garage, etc.
VIII- Médias publics et médias gouvernementaux
IX- Regards sur le contenu de La Nation
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien «
La Nation »
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
vii
PRODUCTION DE FIN DE FORMATION
Contexte
En vertu de ce que la formation à l'ENSTIC-UAC est
professionnelle, une production a été exigée pour
accompagner le mémoire. Pour cela, nous les cinq (05) étudiants
qui avons fait notre stage académique à « La Nation »,
avons choisi de constituer une rédaction pour produire un journal de 12
pages dénommé Les Etoiles Info. Dans ce
journal, chacun dispose de deux (02) pages format A4. Pour ce qui nous concerne
particulièrement, il s'agit des pages 4 et 7.
I- LES ARTICLES
1. Pages 4, rubrique « Démocratie
»
ARTICLE 1er : « Médias
et démocratie : Le quotidien « La Nation » au service des
citoyens béninois » (analyse)
Domaine : La mission de service public
Angle : Comment le quotidien « La Nation
» sert les aspirations des citoyens et contribue au renforcement de la
démocratie béninoise.
Objectif : Convier les journalistes de « La
Nation » à plus d'engagement et mettre fin aux liens
hiérarchiques asservissants
Personnes interviewées ou citées
:
- Emile Tozzo (écrivain), Ousmane Batoko
(Président de la Cour Suprême), Maurice Chabi (Ancien Directeur de
Publication de « La Nation »), Wilfried Léandre
Houngbédji (journaliste à « La Nation »), Siméon
Assoba (Agent à la Fondation Friedlich Ebert Stiftung), I. Adjaho
(Ancien administrateur de l'Onip), Guy C. Ehoumi (Président de l'Odem)
et Célestine Zannou (lectrice de « La Nation »).
ARTICLE 2e : «
Sécurité internationale : L'eau, nouveau motif des guerres
prochaines » (analyse)
Domaine : La sécurité
internationale
Angle : Les bassins transfrontaliers comme
facteur de conflit interétatique
Objectif : Prévenir les guerres
liées à l'eau en promouvant la gestion concertée et
pacifique des eaux transfrontalières par la création
d'Autorité de bassin comme l'ABN (Autorité du bassin du Niger),
l'ABV (Autorité du bassin de la Volta) et l'ABM (Autorité du
bassin du Mono).
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien « La Nation »
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
VIII
Personnes ou sources citées : Nafeez
Ahmed (journaliste spécialiste des questions de sécurité
internationale), American Water Works Association, Journal français
« Le Figaro ».
2. Pages 7, rubrique « Politique »
ARTICLE 1er : « Piraterie
des oeuvres littéraires et artistiques : Un crime économique
très rentable pour les faussaires » (Analyse) / Y2 page
Domaine : L'économie culturelle
Angle : Revoir et renforcer les
stratégies de lutte contre la piraterie des oeuvres littéraires
et artistiques
Objectif : Contribuer à faire des
créateurs et artistes Béninois de véritables agents
économiques
Personnes ou sources citées :
Dieudonné Sokpo, Directeur des Affaires juridiques et de la
coopération (Dajc) au Bubedra (Bureau béninois du droit
d'auteurs) ; Anice Pépé, artiste-chanteur ; Théophile
Montcho, ancien ministre de la culture, des sports et des loisirs ;
Fédération internationale de l'industrie phonographique ;
Commission nationale de lutte contre la piraterie des oeuvres
littéraires et artistiques (Cnlp) et la Loi n°2005-30 du 10 avril
2006 relative à la protection du droit d'auteur et des droits voisins en
République du Bénin.
ARTICLE 2e : « Patrice
Talon/Désert de compétences : Le vrai sens d'une
déclaration mal digérée » (Commentaire) Y2 page
Domaine : La gestion des ressources humaines
Angle : Comprendre les mots du
président Talon comme la dénonciation de la mauvaise gestion des
compétences humaines qui entraine la fuite des cerveaux.
Objectif : Appeler à la bonne gestion des
ressources humaines formées au Bénin.
Personnes ou sources citées : Kassa
Mampo, Secrétaire général adjoint de la
Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb),
Nicolas Sarkozy, ancien président de la République
française, Wilfried Léandre Houngbédji, analyste politique
à « La Nation ».
II- MOYENS TECHNIQUES DE PRODUCTION, NOMS ET
QUALIFICATIONS
DE L'EQUIPE DE PRODUCTION
1- Moyens techniques utilisés :
- Enregistreur Olympus ;
- Ordinateur Toshiba, Intel ;
Traitement de l'information politique dans un média de
service public : cas du quotidien « La Nation
»
- Logiciel Adobe In design CC ;
2- Equipe de production
Correction : Alain ALLABI, journaliste à
« La Nation »
Rédaction :
- Arias ADIKPONSI, journaliste ;
- Bonaventure AGBON, journaliste ;
- Charnok GBAGUIDI, journaliste ;
- Nadège PALRA, journaliste ;
- Pélagie TOUKO, journaliste.
Montage :
- Maurice SIANHODE,
scénariste-multimédia ;
- Bonaventure AGBON, journaliste.
III- BUDGET GENERAL
Le présent budget comprend les dépenses
liées à la production du journal
· Enregistreur : 65 000 F (100 euros)
· Appareil photo : 5 000 F
· Communication et déplacement : 5000 F
· Montage (2 jours) : 14 000 F (dépense
collective)
· Correction : 5000 F (dépense collective)
· Impression : 70 000 F (dépense collective)
Total : 164 000 F
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
ix
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien «
La Nation »
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
X
TABLE DES MATIERES
IDENTIFICATION DU JURY ...II
SOMMAIRE III
DEDICACE ...IV
REMERCIEMENTS V
SIGLES ET ACRONYMES VI
RESUME/ABSTRACT VII
INTRODUCTION 1
CHAPITRE PREMIER : DU CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ETUDE A LA
DETERMINATION DE LA PROBLEMATIQUE 3
Section 1. De la présentation à la restitution
des observations relatives au quotidien « La
Nation » ....3
Paragraphe 1. Historique et présentation du quotidien
« La Nation » 3
1- Historique du quotidien de service public « La Nation
» 3
2- Fonctionnement et personnel de « La Nation »
4
Paragraphe 2. Observations relatives au quotidien « La
Nation » 6
Section 2. Ciblage de la problématique de
l'étude 6
Paragraphe 1. Bilan des forces et faiblesses (analyse SWOT)
6
1- Les forces et les faiblesses (facteurs internes)
|
....6
|
2- Les menaces et les opportunités (facteurs externes)
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7
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Paragraphe 2. Spécification de la problématique
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...8
|
1- Choix de la problématique
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.8
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2- Spécification de la problématique choisie
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8
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CHAPITRE DEUXIEME: CONCEPTION ET MISE EN APPLICATION DU CADRE
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THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
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10
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Section 1. Cadre théorique
10
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Paragraphe 1. Des objectifs de l'étude aux
hypothèses
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10
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1- Objectifs de recherche et hypothèses
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10
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2- Construction du tableau de bord de l'étude
11
|
|
Paragraphe 2. Clarification conceptuelle et revue de
littérature
|
11
|
1- La clarification conceptuelle
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11
|
2- Revue de littérature
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13
|
Traitement de l'information politique dans un
média de service public : cas du quotidien «
La Nation »
Section 2 : Méthodologie adoptée
Paragraphe 1. Collecte des données
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15
15
|
1- La recherche documentaire
|
15
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2- Les enquêtes de terrain
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16
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Paragraphe 2. Méthodes de traitement et d'analyse des
données
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17
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1- L'approche de l'Agenda Setting
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.18
|
2- La théorie de Lasswell
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18
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CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE DES DONNEES ET VERIFICATION DES
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HYPOTHESES
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19
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Section 1. Equitabilité et genres journalistiques
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19
|
Paragraphe 1. Un traitement plus ou moins équitable
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..19
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1- Temps ordinaire
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20
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2- Période électorale (Présidentielles de
2011 et 2016)
|
22
|
Paragraphe 2. Genres journalistiques dominants
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.23
|
1- 1990 : liberté d'expression au service de la
moralisation de la vie publique
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25
|
2- Début de l'année 2008 : déclin des
articles de fond
|
26
|
|
Section 2. Environnement de « La Nation » et
suggestions
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30
|
Paragraphe 1. Facteurs internes et externes
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30
|
1- Les facteurs internes
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30
|
2- Les facteurs externes
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.....33
|
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Paragraphe 2. Vérification des hypothèses et
suggestions
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...37
|
1- Vérification des hypothèses
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37
|
2- Suggestions
....40
|
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CONCLUSION
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42
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIE
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44
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LISTES DES TABLEAUX ET FIGURE
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i
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ANNEXES
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...ii
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PRODUCTION DE FIN DE FORMATION
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vii
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TABLE DES MATIERES
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x
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xi
Mémoire rédigé et
présenté par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON /
ENSTIC-UAC
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