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REPUBLIQUE DU BENIN
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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
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UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
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FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCES POLITIQUES
(FADESP)
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CHAIRE UNESCO DES DROITS DE LA PERSONNE HUMAINE ET DE LA
DEMOCRATIE
**********
MASTER PROFESSIONNEL EN MANAGEMENT DES
ELECTIONS MEMOIRE DE FIN DE FORMATION
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS
D'OBSERVATION ELECTORALE
EN AFRIQUE : CAS DE LA CEDEAO
FRANCOPHONE
Présentée par
PADONOU Sonagnon Edwige Christiane
Sous la Direction du :
Professeur Joseph DJOGBENOU Agrégé
des Facultés de Droit
ANNEE ACADEMIQUE : 2017-2018
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN
AFRIQUE : CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
AVERTISSEMENT
LA CHAIRE UNESCO DES DROITS DE LA PERSONNE HUMAINE ET
DE LA DEMOCRATIE DE LA FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCES POLITIQUES DE
L'UNIVERSITE D'ABOMEY N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION, NI IMPROBATION DANS
LES MEMOIRES DE RECHERCHE. LES OPINIONS Y EMISES DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME
PROPRES A LEUR AUTEUR(E).
PADONOU Sonagnon Edwige Christiane Page
i
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page ii
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
DEDICACE
- A l'élite africaine qui se bat chaque jour pour faire
des Etats Africains des Etats crédibles en matière de gouvernance
électorale ;
- A feu mon très cher père François Padonou,
pour son sens de devoir bien accompli. Une honnêteté et une
humilité exemplaires et inoubliables. Que le Père céleste
veille sur lui ;
- A ma très chère mère Georgette
Béhanzin et mes frères et soeurs ;
- A Vérane Lanmafankpotin, Rhonel et Kenneth Padonou
Dassi, des êtres qui me sont très chers. Que Dieu les garde, les
bénisse et les comble.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page iii
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
REMERCIEMENTS
Mes premiers remerciements s'adressent :
- à Mon maître de mémoire, le Professeur
Agrégé Joseph DJOGBENOU ;
- au Titulaire de la Chaire Unesco, le Professeur Noël
GBAGUIDI et à toute l'équipe pédagogique ;
- au Docteur TOTIN Marius de l'Université d'Abomey-
Calavi (UAC) pour son expertise, ses orientations et sa disponibilité
;
- à Monsieur Francis OKE, Chef Division
électorale à la CEDEAO pour ses conseils ; - à Mon jeune
frère le Docteur Eric PADONOU, fonctionnaire international à la
BCEAO -
Dakar pour ses nombreux apports et contributions lors des
échanges familiaux sur le
mémoire ;
- au Professeur Agrégé GLELE KAKAI pour les
références bibliographiques ;
- à Monsieur Jérôme Carlos, pour les
nombreux entretiens et débats à deux sur l'avenir des
élections en Afrique,
- à Me ALAO SADIKOU, pour m'avoir permis de vivre
l'expérience d'observatrice électorale pour les
législatives d'Avril 2015 au Bénin à travers l'ONG GERDDES
- Afrique
- à Mon Cher Professeur Roger GBEGNONVI pour la
relecture.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page iv
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
SIGLES ET ACRONYMES
A.F.D.I : Annuaire Français de Droit
International
CENA : Commission Electorale Nationale
Autonome
CENI : Commission Electorale Nationale
Indépendante
CEI : Commission Electorale
Indépendante
CRE : Commission de Recensement des
Elections
HCE : Haute Commission Electorale
A.J.IL : American Journal of International
Law
BIDDH : Bureau des institutions
démocratiques et des droits de l'homme
CADE : Charte Africaine de la
Démocratie
OIF : Organisation Internationale de la
Francophonie
EU : Union Européenne
FMI : Fond Monétaire International
MOE : Mission d'Observation des Elections
OIG : Organisation Internationale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
UA : Union Africaine
UAC : Université d'Abomey Calavi
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page v
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
GLOSSAIRE
- L'élection, elle est une
modalité crédible de désignation des représentants
du peuple et répandue dans nombre d'organisations de toutes tailles :
- Politiques : municipalité
(Élections municipales), collectivités locales (Élections
régionales ou provinciales), Parlement (Élections
sénatoriales), Élections législatives), Chef de
l'État ( Election présidentielle), partis politiques
(Élections primaires), entités supranationales (Élections
européennes) ;
- Associations : Assemblées
associatives, Assemblées de copropriété ;
- Entreprises : Conseil d'administration,
Assemblées d'actionnaires, représentants du personnel ;
- Syndicats et action syndicale,
élections professionnelles ;
- Églises : conclave
réuni pour la désignation du pape, chapitre
pour désigner
l'abbé...etc.
- La Certification est un concept nouveau et
récent, qui s'est développé au cours des dernières
années dans les pratiques électorales onusiennes. C'est -
à - dire que la certification électorale est une novation
remarquable récemment introduite dans le dispositif électoral
dans le but de mieux renforcer la légitimité électorale.
Elle a été expérimentée pour la première
fois par les Nations unies au Timor Oriental (East Timor) en 2007. La
certification des élections de sortie de crise en Côte d'Ivoire,
qui est une première en Afrique, répond à une demande des
parties ivoiriennes signataires de l'Accord de Pretoria de voir les Nations
unies accompagner le processus électoral de sortie de crise. À
cette invite, le Conseil de sécurité devrait répondre par
la résolution 1765 adoptée le 16 juillet 2007 qui, en son
paragraphe 6, confie au Représentant spécial du Secrétaire
général des Nations unies en Côte d'Ivoire, Son Excellence
CHOI Young-Jin, un mandat de certification de ces élections de sortie de
crise. Contrairement au contrôle international classique des
élections, elle a un caractère contraignant et vise à
garantir la conformité de toutes les étapes du processus
électoral aux normes internationales.
Les missions d'observation classiques ne disposent d'aucun
pouvoir pour faire respecter les conclusions de leurs rapports, alors que le
certificateur mandaté par l'ONU a l'autorité
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page vi
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
et les moyens nécessaires pour imposer les
résultats certifiés aux différents acteurs politiques.
Aucune contestation non démocratique ou compromission ne sont admises
après la certification des résultats, les parties étant
censées se soumettre aux décisions du certificateur.
La certification des processus électoraux intervient
dans des contextes post-conflictuels pour sauvegarder le processus
électoral et les résultats du scrutin. Il ne s'agit donc pas
seulement de contrôler les différentes étapes du scrutin
mais également de s'assurer que les résultats proclamés
reflètent effectivement la volonté populaire.
- L'assistance électorale, «
c'est l'apport technique ou matériel apporté lors du
processus électoral. Il peut s'agir d'un soutien professionnel pour
aider à définir un cadre juridique pour les élections,
d'un coup de pouce général donné à la commission
nationale des élections en fournissant par exemple le matériel et
l'équipement de vote ou en l'aidant à confectionner la liste
électorale et à l'inscription des partis politiques. L'aide
précitée peut aussi se faire sous forme de soutien aux ONG et
à la société civile dans des domaines tels que
l'éducation civique des électeurs ou la formation d'observateurs
locaux ou de soutien aux médias par le biais d'un suivi des
médias et de la formation des journalistes ».1
- L'observation électorale, elle
pourrait être appréhendée comme : « ... le recueil
d'informations concernant le processus électoral et le fait de rendre
des avis autorisés sur la conduite de ce processus sur la base des
informations recueillies par des personnes qui n'ont pas qualité pour
intervenir dans ce processus ».2
La pratique de l'observation des élections renvoie
à la « récolte des données ou à la
recherche des faits saillants sur le site où se déroule
l'élection et qui pourront contribuer à la formulation d'un
jugement éclairé sur la crédibilité, la
légitimité et la transparence du processus électoral
»3.
Ali DIABATE dira : « L'observation nationale ou
internationale a pour fonction de garantir la crédibilité et la
transparence des élections. A ce titre, elle constitue l'un des
éléments de prévention et de résolution des
conflits liés aux élections. En effet, outre la collecte des
informations, la présence des observateurs peut, de façon
dissuasive, réduire les
1 Tiré du Guide méthodologique de la
Commission Européenne sur l'assistance électorale, Commission
Européenne, Octobre 2006.
2 Guide méthodologique de la Commission
Européenne, op. cit.
3 « Principes de gestion, de surveillance et
d'observation des élections dans les pays de la SADC », SADC,
Afrique du Sud, 2004.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page vii
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
intimidations, les arrestations arbitraires et les
assassinats ».4 Il poursuit en ces termes : « la
régularité des opérations de vote, et, le cas
échéant, de la campagne électorale qui les
précède immédiatement. Elle est enfermée dans une
période très brève :
le temps du scrutin. Mais de plus en plus on assiste à
des observations de longue durée qui couvre la majeure partie du
processus. Elle ne doit pas être confondue avec l'assistance
électorale. L'observation électorale fait partie
intégrante de l'assistance électorale ».
- -La surveillance électorale reste le
contrôle et le réajustement des élections. La
présence des surveillants électoraux peut contraindre les acteurs
électoraux à assurer l'intégrité des
élections et du coup faire respecter la volonté des
populations.
La mission d'observation électorale
est l'ensemble des membres de l'équipe
sélectionnée et chargée de vérifier la
régularité des élections ou du scrutin. La mission
d'observation du processus électoral a pour objet de vérifier
qu'il n'y a pas eu de fraude ou de déviation substantielle dans le
processus démocratique, déviation qui pourrait modifier la
vérité des urnes lors de la publication des résultats du
scrutin. La mission d'observation doit donc éclairer sur l'état
de la vérité des urnes. Elle est dirigée par un chef
nommé.
La mission est souvent composée de trois équipes
d'observateurs : l'équipe centrale, les observateurs à long terme
(OLT) et les observateurs à court terme (OCT). Les missions
d'observation en Afrique sont souvent dirigées par les présidents
des institutions d'Etat, des personnalités politiques encore en
activité ou à la retraite, notamment des anciens Chefs d'Etat.
Le petit Larousse illustré de 2007 définit
l'Objectivité comme le caractère de ce qui est
objectif. Objectif, c'est rendre perceptible, impartial une idée ou une
action. Dans le cadre de la rédaction du présent mémoire
c'est pouvoir « composer une équipe neutre et professionnelle
» capable de proposer des observations électorales non
critiquées et non controversées.
La CEDEAO a été établi par le
traité de Lagos signé le 28 Mai 1975 par quinze pays de l'Afrique
de l'Ouest : Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria,
Sénégal, Sierra Leone, Togo. Le Cap-Vert a rejoint la
Communauté en 1976 mais la Mauritanie a décidé de la
quitter en 2000.
4 TADJOUDINE Ali-Diabaté, Directeur Adjoint,
Division d'Assistance Electorale de l'ONU in « La problématique
des élections après un conflit et de la certification »,
Communication présentée lors du Séminaire de
l'Organisation Internationale de la Francophonie à New York, USA, le 11
décembre 2008.
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Son objectif principal est de « promouvoir la
coopération et l'intégration dans la perspective d'une Union
économique de l'Afrique de l'Ouest en vue d'élever le niveau de
vie de ses peuples, de maintenir et d'accroître la stabilité
économique, de renforcer les relations entre les Etats Membres et de
contribuer au progrès et au développement du continent africain
».Si les objectifs initiaux étaient essentiellement
économiques, la Communauté a par la suite pris en charge les
questions politiques.
En 1990, son pouvoir est étendu au maintien de la
stabilité régionale avec la création de l'ECOMOG, groupe
militaire d'intervention suite à la guerre civile qui a
éclaté au Liberia en 1989 et a marqué un tournant
décisif. Une force d'interposition dirigée par un
état-major nigérian et composée de ressortissants de
plusieurs pays membres importants a été créée.
Cette approche musclée a été officialisée par le
protocole de 1999 sur la prévention des conflits, qui établit un
lien explicite entre le développement économique et la paix, et
par le protocole additionnel de 2001 sur la bonne gouvernance, selon lequel
« toute accession au pouvoir doit se faire à travers des
élections libres, justes et transparentes »
Le protocole définit également une série
de principes concernant les élections dans les pays membres et le
rôle d'observation et d'assistance de la CEDEAO en la matière mais
aussi le champ d'action de cette dernière.5 » C'est
l'acte qui a propulsé l'Institution économique dans le domaine
des élections. Au plan politique elle a couvert de 2001 à 2015
plus de quarante (40) missions d'Observation électorale dans la sous -
région. La CEDEAO compte aujourd'hui 15 Etats membres. En 2013, le PIB
global des Etats membres de la CEDEAO s'élève à 674,34
milliards de dollars US, ce qui en fait la 20èmepuissance
économique du monde6.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page viii
5 Article 2 et 3 du Protocole additionnel.
6 Tiré
https://fr.m.wikipedea.org
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page ix
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT i
DEDICACE II
REMERCIEMENTS III
SIGLES ET ACRONYMES IV
GLOSSAIRE V
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE
5
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE 6
CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE 11
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 15
CHAPITRE III : PRESENTATION DES DONNEES 16
TROISIEME PARTIE : PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS 29
CONCLUSION 47
BIBLIOGRAPHIE 49
TABLE DES MATIERES 54
PADONOU Sonagnon Edwige Christiane Page
1
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
INTRODUCTION
Instituée le 28 mai 1975 dans un contexte
politico-économique perturbé par les tensions politiques de la
guerre froide, la CEDEAO s'est fixé comme objectif de combattre le sous
- développement économique de ses États
membres7 à travers la coopération économique et
régionale. Son but principal, tel qu'énoncé par son
traité constitutif, est de « promouvoir la coopération et
l'intégration en vue de la création d'une union économique
en Afrique de l'Ouest pour élever le niveau de vie de ses peuples,
maintenir et accroître la stabilité économique, renforcer
les relations entre les États membres et contribuer au progrès et
au développement du continent africain »8 .
Il ressort de ce but que la CEDEAO devrait être le
catalyseur de l'intégration ouest - africaine et, par ricochet,
favoriser l'intégration économique et promouvoir des interactions
économiques pour le commerce et la libre circulation des personnes, des
biens, services et capitaux dans la sous- région.
Mais à partir de 1990, le monde a assisté
à une révolution partie du Bénin et qui a touché
toute la sous-région. Un printemps ouest- africain9, une
mutation qui s'est exprimée par la volonté des peuples de la
Communauté de choisir désormais les dirigeants politiques
à partir des élections justes, transparentes et libres. Presque
partout en Afrique, de nouvelles constitutions ont été
élaborées et définissent les principes
démocratiques et exigent des acteurs politiques le respect de ces
normes, notamment le respect des lois fondamentales qui régissent les
systèmes électoraux.
Au fil du temps, le recours accru aux urnes observé
à partir de 1990 comme un moyen acquis par droit de choisir le
président de la République connaît des difficultés.
Dans de nombreux
7 La CEDEAO,
Communauté des Etats de l`Afrique de l`ouest est
créée le 28 mai 1975 à Lagos. Elle compte 15 membres
depuis le retrait en 2000 de la république Islamique de la Mauritanie :
Bénin, Burkina Faso, Cap vert, Côte d`Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée - Bissau, Libéria, Mali, Niger,
Nigéria, Sénégal, Sierra - Léone.
8 Cf. Traité
de Lagos de 1975
9 Un printemps ouest
africain, en Comparaison avec le printemps arabe
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 2
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
pays, les élections débouchent sur la violence
malgré les nombreux gardes - fous.10A ce
titre, il peut être aisément cité l'exemple du
Libéria, du Togo, de la Guinée Conakry et de la Côte
d'Ivoire11, qui ont connu des
violences électorales. Le jeu démocratique en Afrique de l'ouest
se retrouve ainsi constamment dans l'impasse.
L'organisation 'frauduleuse 'du
processus électoral et la contestation des résultats issus des
urnes constituent les causes des tensions. Les conflits politiques et les
contentieux électoraux prennent de l'ampleur. L'impact
déstabilisateur des violences électorales furent quantifiables.
La sous-région est devenue «un cloaque de conflits
électoraux.12»
De ce fait, les élections, notamment les
présidentielles pré - citées dans l'espace CEDEAO
francophones sont constamment contestées et ont inversé le
calendrier du développement économique de la Communauté.
Cette réalité l'a obligée à jouer un rôle
dans la gestion des élections, notamment le rôle de l'observation
électorale dans la mesure où il ne saurait y avoir de
prospérité économique sans stabilité politique.
Elle s'est dotée ainsi d'une mission d'assistance électorale qui
regroupe l'observation et la surveillance électorales qui constituent
les indicateurs de mesure de la bonne gouvernance électorale en 1993.
L'apparition de ces nouveaux défis notamment
l'observation électorale13 a amené la CEDEAO à
élargir sa mission. De ce fait, elle tient compte de la situation de
conflictualité en Afrique de l'Ouest générée par
l'organisation des élections présidentielles pour proposer le
maintien de la démocratie et de la paix en passant par le respect des
systèmes politiques et du code électoral.
Cette glissade de la CEDEAO vers la politique notamment
l'observation électorale n'a pas pu régler les problèmes.
Les élections telles qu'elles se pratiquent continuent de menacer la
paix et la sécurité dans certains Etats de l'Afrique. L'absence
de consensus autour de la proclamation des résultats malgré la
présence des observateurs explique l'intérêt d'une
10Gardes - fous
Au début de l'expérience démocratique et dans
certains Etats notamment le Bénin, les actions du Ministère de
l'Intérieur ont été concluantes en ce qui concerne
l'organisation des élections. Mais très tôt,
l'indépendance du Ministère de l'Intérieur dans son
pouvoir de conduite et de gestion des élections a été mise
en doute en raison de son probable appartenance à l'exécutif, et
donc à l'un des compétiteurs électoraux. Ce constat a
permis d'opérer un transfert de compétences des administrations
classiques aux structures dont la dénomination induit le degré
d'autonomie et d`indépendance (CENA - CENI- CEI- CRE - HCE).
La composition de ces nouvelles institutions chargées,
notamment de l'organisation des élections ainsi que de la proclamation
des résultats provisoires est aussi contestée et remise en
cause.
11 : Voir Barry (M.A.), la prévention des conflits
en Afrique de l'ouest, paris, Karthala, 199, p31
12 Un cloaque de conflits
électoraux Pour reprendre l`expression du Secrétaire
Exécutif de la CEDEAO, docteur Mohamed Ibn Chambas
13 L'observation électorale
est la composante essentielle des activités électorales de la
CEDEAO et constitue la principale thématique de notre travail de
recherche.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 3
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
réflexion sur le rôle, l'importance et
l'efficacité des institutions africaines notamment sous -
régionales dans l'observation des élections.
En d'autres termes, ce système novateur qu'est
l'observation électorale pour « dire la vérité »
sur le processus électoral se retrouve sous les feux de la critique. Les
accusations fusent de partout sur la démarche et le fonctionnement des
missions. Il s'observe que ce qui fait le défaut de la CEDEAO
aujourd'hui, c'est la capacité de ses missions à convaincre les
peuples sur l'objectivité des observations électorales. Car le
peuple de la CEDEAO n'a plus confiance aux observateurs électoraux. Les
termes de débat de ce travail de recherche se retrouvent ainsi dans les
interrogations suivantes : Quelle est la pertinence des missions dans la sous -
région ouest - africaine francophone ? Menace t- elle la paix et la
stabilité dans la sous - région ? Ou contribue- t- elle à
l'enracinement d'une gouvernance électorale infaillible ? Et enfin quels
sont les nouveaux défis de la CEDEAO à imprimer aux observateurs
pour un cycle électoral apaisé ?
L'objectif de la présente recherche est
d'apprécier et d'analyser les stratégies utilisées par les
Institutions d'observation électorale en Afrique, notamment la CEDEAO,
pour une élection juste, transparente et consensuelle en Afrique de
l'ouest et de proposer des solutions. Ce qui explique l'importance de ce sujet
de mémoire : « L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION
ELECTORALE EN AFRIQUE : CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE.
Le présent sujet se justifie dans la mesure où
il est inspiré d'un constat. Malgré la présence des
missions d'observation électorale depuis l'avènement des
élections démocratiques en 1990 dans l'espace CEDEAO,
l'organisation des élections est source de périls et ravive
souvent des tensions. La récurrence des conflits post électoraux
et autres crises avaient poussé certains auteurs comme Bakayoko N. dans
leur analyse à décrire l'espace CEDEAO comme une des zones les
plus « tensiogènes » du monde. Et a
décrit ensuite dans le rôle de la CEDEAO dans la gestion des
conflits en Afrique d l'ouest.14
Face à ces préoccupations, la pertinence des
missions d'observation électorale se pose. Il est nécessaire
d'étudier le niveau d'objectivité des observations conduites par
la CEDEAO pour identifier la nature du recentrage qu'il faut pour
améliorer l'image des MOE et faire de l'observation électorale
une mission consensuelle qui est « sûre de ne pas se tromper
»
Cette recherche sera menée selon une démarche en
trois étapes. Ainsi, dans un premier temps, il sera question de la
nécessité et de l'exigence de la participation des observateurs
dans le
14 Guide du maintien de la
paix, 2005, P 141
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 4
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
processus électoral. Puis dans un deuxième
temps, de l'analyse du bilan et de l'intervention des observateurs dans les
processus électoraux en Afrique de l'ouest depuis l'expérience
démocratique et enfin, dans une troisième étape, la
proposition de l'expertise de l'auteur du mémoire pour améliorer
la qualité des élections dans l'espace CEDEAO.
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 5
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
CHAPITRE I : Cadre théorique de la recherche
I- Problématique
1- La Question de l'Objectivité des Missions
Quel modèle d'observation pour les élections
régulières et justes dans l'espace CEDEAO francophone ? Depuis
2001, l'observation des élections est devenue une priorité et un
instrument important pour le système démocratique et les droits
de l'homme. Elle s'est généralisée voire
institutionnalisée. « C'est le passage obligé pour qu'une
élection soit tenue pour valide. »15 Elle s'est
imposée aux Etats qui ont opté pour l'érection du
système de démocratie pluraliste basée sur l'Etat de droit
après le discours de la Baule le 20 juin 1990.
En effet, l'histoire rappelle que le président
français d'alors, François Mitterrand, a réuni les Chefs
d'Etat africains et les a invités à développer la
démocratie dans leur pays à l'image des Européens de l'est
qui venaient de s'affranchir de la tutelle communiste. Il subordonne l'aide
française à l'introduction du multipartisme, déclarant
à ses hôtes : « La France liera tout son effort de
contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de
liberté ». Dès lors, l'organisation des
élections constitue pour les sociétés africaines longtemps
contrôlées par des régimes totalitaires l'instrument
à l'aune duquel la Communauté et les institutions internationales
évaluent, classent et déclassent les Systèmes politiques
en apprentissage démocratique. L'élection est devenue une
caractéristique majeure de la démocratie.
Le déploiement des observateurs électoraux pour
certifier les élections et désigner les bons élèves
en matière d'organisation d'élections pacifiques, justes et
équitables devient une priorité. Cependant et malgré la
présence des observateurs, l'élection comme dévolution du
pouvoir d'Etat ne génère pas seulement des bienfaits, n'est pas
sans risque pour la démocratie. Le
monitoring16 qui est devenue une composante
essentielle des activités de la CEDEAO pour contrôler la tenue des
bonnes élections, renforcer les institutions démocratiques et
instaurer la confiance des citoyens dans les processus électoraux ne
fait plus l'unanimité et alimente les débats sur la
méthodologie et l'authenticité de ses conclusions.
Malheureusement, la CEDEAO dans sa mission d'observation peine
toujours à convaincre la communauté internationale. Presque la
majorité des élections organisées et observées et
surveillées demeure une source majeure de conflits dans les pays
africains.
15 Extrait de la Chronique de
Jérôme Carlos du 26/03/15 :l'observation des élections en
question !
16 Le MONITORING à la
CEDEAO, c`est l`observation des élections
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 7
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Bien des questions inhérentes aux observations
méritent une attention particulière, (celles relatives à
l'efficacité et à l'utilité des missions d'observation
pendant la période électorale). Pourquoi certaines des
déclarations des observateurs sont- elles contestées ? Qu'est ce
qui justifie le manque de consensus autour des délibérations des
missions d'observation de la CEDEAO ? Pourquoi les conflits électoraux
continuent de résister dans certains Etats face aux actions et
mécanismes des missions d'observation électorale ? Quelles
mesures correctives faut- il apporter aux mécanismes actuels des MOE de
la CEDEAO pour en faire un organe légitime et de vérité
sur les élections ?
Voilà autant de questions qui nécessitent des
réponses pour apaiser la crainte des peuples afin qu'ils croient en
l'utilité des observateurs.
En d'autres termes, ce travail de recherche proposera à
la CEDEAO de l'expertise pour faire de l'observation électorale le moyen
de contrôle légitime loin du `'machin des chefs d'Etat `'
qu'on l'accuse d'être.
2. Hypothèses de Recherche
2.1 Enoncé des Hypothèses
L'atteinte des objectifs passe par la vérification des
hypothèses formulées comme suit : Hypothèse
1 : Les conflits post électoraux en Afrique de l'ouest sont
fonction des délibérations des missions d'observation
électorales.
Hypothèse 2 : Le dispositif
institutionnel d'observation électorale de la CEDEAO empiète sur
la crédibilité des observateurs et leur
délibération.
Hypothèse 3 : les missions
d'observation électorales autonomes (détachées du
dispositif institutionnel) constitue la solution objective pour des
élections crédibles dans le futur.
3. Objectif Général
L'objectif général de ce mémoire est
d'analyser les mécanismes procéduraux d'observation des
élections par la CEDEAO.
4. Objectifs spécifiques De façon
spécifique, Il s'agit de :
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 8
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
4.1. Cerner la problématique des Missions
d'observation électorale (Moe) dans l'espace CEDEAO francophone qui
s'exprime par les problèmes et les souhaits des populations ;
4.2. Apprécier le dispositif institutionnel
d'observation électorale de la CEDEAO ;
4.3. Etablir une
corrélation entre l'objectivité des MOE et les défis
démocratiques.
II- Revue de la littérature
1. Etat des lieux
1 - Principaux Instruments juridiques pour les
élections
L'institutionnalisation de l'observation électorale est
relativement récente et rendue possible grâce aux processus
électoraux.
Deux textes universels servent de référence
fondamentale aux observateurs électoraux dans leur travail
d'observation. Il s'agit tout d'abord de l'article 21 de la Déclaration
Universelle des Droits de l'homme, adoptée en 1948 par
l'Assemblée Générale des Nations-Unies et ensuite de
l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de
1976 (adopté en 1966 par l'Assemblée Générale des
Nations-Unies) qui en qualité de Traité, crée des
obligations légales exigeant des Etats le respect de ses
dispositions.
L'article 21 fait état de trois principes a) Toute
personne a le droit de prendre part à la direction des affaires
publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de
représentants librement choisis. b) Toute personne a droit à
accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions
publiques de son pays. c) La volonté du peuple est le fondement de
l'autorité des pouvoirs publics. Cette volonté doit s'exprimer
par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu
périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou
suivant une procédure équivalente assurant la liberté du
vote.
Au niveau sous régional, la CEDEAO apparaît comme
le chef de fil à l'origine des textes fondamentaux en matière
électorale et cela est dû fondamentalement à la guerre
civile qui a éclaté au Liberia en 1989 et qui a marqué un
tournant décisif : une force d'interposition dirigée par un
état-major nigérian et composée de ressortissants de
plusieurs pays membres importants a été créée.
Cette approche a été officialisée par le
protocole de 1999 sur la prévention des conflits, qui établit un
lien explicite entre le développement économique et la paix, et
par le protocole
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 9
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
additionnel de 200117 sur la bonne gouvernance,
selon lequel « toute accession au pouvoir doit se faire à
travers des élections libres, justes et transparentes » Le
protocole définit également une série de principes
concernant les élections dans les pays membres et le rôle
d'observation et d'assistance de la CEDEAO en son article 12.
Par ailleurs, Les Etats africains, dans leur grande
majorité, ont ratifié les différents instruments
juridiques relatifs à la démocratie et à l'Etat de
droit.
Sur le plan régional, la Charte Africaine de la
Démocratie, des Elections et de la bonne Gouvernance (CADEG)
adoptée par la huitième session ordinaire de la conférence
tenue le 30 Janvier 2007 à Addis-Abeba pose en son chapitre VII
l'organisation des élections démocratiques comme l'un des
fondements de la coopération entre les Etats africains.
La déclaration de la Francophonie de Bamako sur le
bilan de la pratique démocratique réitère, non seulement
sa conviction que la francophonie et la démocratie sont indissociables,
mais de plus, exprime clairement et pour la première fois son rejet des
prises du pouvoir par la force, en se donnant les moyens de réagir
vigoureusement à toute interruption du processus démocratique et
aux violations graves des droits de l'Homme dans l'espace francophone.
2. La Genèse de l'Observation Electorale
L'histoire de l'observation électorale est une histoire
de longue date. Le premier cas rapporté dans l'histoire moderne date de
1857, lorsqu'une commission européenne formée par les
représentants de l'Autriche, l'Angleterre, la France, la Prusse, la
Russie et la Turquie a observé les élections
générales tenues dans les territoires controversés de la
Moldavie et de la Wallachie18. Cette pratique s'est
perpétrée au cours du XX ème siècle et s'est
généralisée après la seconde guerre mondiale et la
création de l'ONU.
L'observation était à cette époque
menée par les Nations-Unies seulement dans des pays non souverains
puisque le principe de la stricte non-ingérence dans les affaires
nationales d'un autre Etat était de rigueur. « Ce n'est que depuis
ces deux dernières décennies que l'observation électorale
est devenue une activité régulière, dans le contexte des
mouvements pour la démocratie engagés un peu partout dans le
monde ».
L'essor des missions d'observation électorale
internationale est lié à la nouvelle « vague de
démocratisation » de la fin des années 1980 et du
début des années 1990. A cette période, un
17 : Protocole A/SP1/12/01 sur la
démocratie et la bonne gouvernance, additionnel au Protocole relatif au
mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.
18 0rganisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE), L'observation des
élections, Varsovie, 2006, op. cit. p 8.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 10
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
certain nombre d'Etats totalitaires ou autoritaires, par
exemple les pays d'Europe de l'Est et de l'Afrique se sont peu à peu
démocratisés en adoptant les principes de la démocratie
représentative, du pluralisme politique et bien entendu de la tenue
d'élections périodiques et libres.
Les missions d'observation électorale à
l'initiative d'organisations internationales intergouvernementales ou non
gouvernementales, répondent à l'invitation des pays dans lesquels
se déroulent les élections, pour contrôler les conditions
du processus électoral de manière objective et
indépendante. La pratique de l'observation électorale a
été largement acceptée par la communauté
internationale, au vu du fait qu'elle « contribue à augmenter la
confiance des électeurs et à évaluer la
légitimité d'un processus électoral et de ses
résultats ». Ce n'est qu'en 2005 que la discipline atteint son
degré d'institutionnalisation le plus élevé avec la
publication de l'ONU de la Déclaration des principes pour l'observation
internationale d'élections et le Code de conduite à l'usage des
observateurs électoraux internationaux.
Le cas de l'Etat d'Haïti est important d'être
souligné. En effet, en décembre 1990, pour la première
fois, une mission d'observation des Nations Unies apporte son soutien à
un processus électoral en dehors des cadres classiques de la
décolonisation ou du règlement d'un conflit, le 19 septembre
1994, les Etats-Unis, avec l'aval du Conseil de Sécurité des
Nations Unies, lancent l'opération « Restaurer la démocratie
». Pour la première fois, une intervention est ainsi
justifiée, sous l'égide de l'ONU, par la nécessité
de rétablir la démocratie dans un pays. 16.000 soldats
débarquent en Haïti1 et, le 15 octobre, le président
Aristide, renversé trois ans plus tôt par un coup d'Etat sanglant,
rentre dans son pays. Le 15 mars 1995, la Mission des Nations.
III- Justification du choix du Sujet et du cadre de la
recherche
1- Justification du choix du Sujet
Malgré la présence des missions d'observation
électorale depuis l'avènement des élections
démocratiques en 1990 dans l'espace CEDEAO, l'organisation des
élections est source de périls et ravive souvent des tensions. La
récurrence des conflits post électoraux et autres crises avaient
poussé certains auteurs dans leur analyse à décrire
l'espace CEDEAO comme une des zones les plus « tensiogènes
» du monde.
Face à ces préoccupations, la pertinence des
missions d'observation électorale se pose. Il est nécessaire
d'étudier le niveau d'objectivité des observations conduites par
la CEDEAO pour identifier la nature du recentrage qu'il faut pour
améliorer l'image des MOE et faire de l'observation électorale
une mission consensuelle qui est « sûre de ne pas se tromper
»
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 11
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
CHAPITRE II : Démarche Méthodologique
1 - Nature de la Recherche
Dans le cadre de la recherche, il a été choisi
une approche participative qui a permis d'identifier les problèmes, de
les analyser et de leur trouver des solutions jugées appropriées.
Cette démarche a conduit à privilégier l'enquête
pour une analyse diagnostique.
2 - Recherche Documentaire
Quant à la recherche documentaire, elle a permis de
réunir tous les documents (les traités, protocoles et manuels
etc.) présentant un intérêt réel par rapport aux
problèmes identifiés. Elle s'est effectuée d'une part sur
la base des documents disponibles après les missions des observateurs
(les déclarations préliminaires et les rapports des missions
exploratrices) et d'autre part à travers la visite des
bibliothèques des organismes et ONG extérieurs (CENA
Bénin, CENI Togo, GERDESS, CEDEAO, Cour Constitutionnelle, UE, la
bibliothèque de la FADESP et de la Chaire UNESCO) et l'internet. La
recherche documentaire a principalement été orientée vers
le centre de documentation d'Abuja. Ce qui nous a permis de consulter les
déclarations préliminaires, les rapports et autres.
3 - Sources Orales
La construction des sources orales pour la recherche s'est
déroulée en trois étapes : la recherche des témoins
via les institutions, les associations ; et les réseaux. Les entretiens
proprement dits ; les discussions sont alors enregistrées pour ensuite
être retranscrites lors d'une opération qui constitue la
troisième étape du recueil des sources orales. Dans le cadre de
la recherche, les témoignages oraux ont été recueillis des
chefs divisions des quatre zones d'observation et de suivi créées
par la CEDEAO et les observateurs des affaires électorales. Ils
constituent des sources à part entière pour compléter les
autres sources de la recherche.
4- Population cible et technique
d'échantillonnage
Les caractéristiques de la base de sondage se
présentent comme suit :
? Au niveau des Etats : Il a été
sélectionné les Organisations non gouvernementales qui traitent
des affaires électorales, notamment les observations électorales.
Un total de Cinquante (50) ONG a été répertorié
;
? Au niveau des personnes ressources analysant les
observations électorales, vingt (20) personnes ont été
répertoriées ;
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 12
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
? Au niveau des spécialistes des questions
électorales ayant reçu une formation universitaire et qui ont
soutenu sur les MOE, soixante-dix (70) ont été ciblés ;
? Au niveau des observateurs électoraux de la CEDEAO,
soixante-dix (70) ont été répertoriés.
Les deux cent dix (210) constituent la population à
enquêter.
A - Justification des Cibles
Les quatre (04) cibles ont été
sélectionnées parce qu'elles constituent des acteurs actifs qui
interviennent dans la gestion des observations électorales. Les ONG qui
participent aux observations électorales dans la sous - région
côtoient souvent les observateurs déployés par la CEDEAO
sur le terrain et vice versa. Quant aux observateurs proprement dits de la
CEDEAO, ils sont régulièrement dans l'action et sont
considérés comme les experts capables de nous fournir des
renseignements sur le sujet de la recherche.
Aux personnes ressources qui analysent, décryptent et
rédigent des chroniques et autres commentaires sur les observations
électorales, leurs opinions et écrits comptent dans les travaux
d'une recherche. Les spécialistes des questions électorales
ciblés ont pour la plupart rédigé et soutenu des
mémoires sur des thématiques conçus autour des
observations électorales. Il est scientifique de les interroger lors
d'une enquête réalisée sur les MOE de la CEDEAO.
B- Principaux types d'informations recueillir auprès
des cibles
Il a été question, de recueillir leur opinion et
l'évaluation qu'elles font des missions déployées par la
CEDEAO pendant les élections. Quel niveau de connaissance ont- elles des
MOE de la CEDEAO francophones ? Quelle lecture font-elles des
délibérations des MOE de la CEDEAO ? Quelles propositions
peuvent-elles - faire à la CEDEAO pour qu'elle améliore sa
stratégie d'observation des élections ?
C- Justification des quotas Obtenus
Prenant la population cible à étudier
(210 personnes), un échantillon représentatif de
cent quatre-vingt (180 personnes) soit plus de 85% ont
été dégagées par hasard et sondées. Mais les
cent quatre-vingt (180) sélectionnés et
enquêtés ont générés que cent (100)
retours soit 47,61% et illustrés dans le
tableau suivant :
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 13
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Titre : Tableau 1 : Justification des quotas
obtenus
Personnes
ressources
Spécialistes électoraux
Observateurs électoraux
Touchés
Groupes Ciblés Effectifs (base
(échantillonnage
de sondage) représentatif)
Société civile
Total
50 20 40% 20 100%
20 20 100% 15 75 %
70 70 100% 35 50 %
70 70 100% 30 42,85%
210 180 85,71% 100 47,61%
Nbre % Nbre %
Retours
Source : Notre enquête
réalisée en juin 2017 auprès de 08 Etats francophones de
la CEDEAO
5- Techniques de collecte des données
Le présent travail a opté pour diverses
méthodes de collecte de données. Ces méthodes sont
constituées principalement de deux (02) techniques (observation et
entretien) et de deux (02) outils (grille d'observation et le guide
d'enquête thématique) :
? L'Observation directe : A l' occasion de
cette observation directe, nous avons pu prendre part à une observation
électorale grâce à l'ONG Gerdess et à la gestion des
élections à la base grâce à la CENA. En
qualité d'observateur des élections législatives d'avril
2015 au Bénin et Assistante du Coordonnateur du 10ème
Arrondissement de la CENA en Mars 2016, nous avons échangé et
partagé des opinions avec les observateurs de la CEDEAO et autres ONG
internationales et recueilli les commentaires et avis.
? Les Entretiens : Cette méthode a
permis d'avoir des contacts formels et informels avec la plupart des acteurs et
observateurs intervenant dans les observations électorales à la
CEDEAO.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 14
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
6- Enquête de terrain
? La Pré-enquête : Elle s'est
basée sur le cadre légal des missions d'observation
électorale et les nombreux documents relatifs aux déclarations
préliminaires sanctionnant les rapports des observateurs.
? Les Enquêtes proprement dites ont
été réalisées : (Bénin - Togo -
Mali - Burkina - Sénégal - Côte d'Ivoire - Niger -
Guinée). Un questionnaire en 08 points a été
administré. Les enquêtes ont été
conduites directement ou envoyées par e-mail.
7- Contraintes et limites de la recherche
Au début de l'enquête, nous avons voulu cibler un
échantillonnage composé de simples citoyens de l'espace CEDEAO
qui se retrouvent dans le corps des électeurs. Mais la tâche a
été difficile. Ils n'ont pas les éléments
d'appréciation pour fournir les renseignements recherchés. Cette
volonté d'avoir l'avis des peuples (de la CEDEAO profonde) sur le
système des observations électorales est resté vaine et
nous a pris banalement deux (02) mois de recherche.
Cette fouille infructueuse nous a conduits vers les acteurs,
les observateurs, les professionnels et toutes les personnalités qui
s'intéressent aux activités des missions d'observation
électorale. A ce niveau, il a manqué une volonté manifeste
de cette couche à remplir le questionnaire. Il a fallu faire de maintes
relances pour recueillir les informations. Le plus prompt parmi les
enquêtés a mis au minimum trois (03) semaines pour
répondre. La quête de renseignements et d'informations pour un
travail de recherche continue d'être un casse - tête chinois au
Bénin et ailleurs.
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET
ANALYSE DES DONNEES
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 15
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
CHAPITRE III : Présentation des
données
Après le dépouillement, les données issues
de notre questionnaire sont présentées et consignées dans
les tableaux ci - après :
Tableau1 : Connaissance des termes
techniques (Assistance électorale, Observation électorale,
Surveillance électorale et Certification)
Mauvaise connaissance et
confusion
Réponses
Effectifs
Pourcentages %
Bonne Connaissance
60
60 %
100 %
100
Total
Source : L'enquête
réalisée et actualisée en juin 2017
Tableau 2 : Quel jugement portez - vous
sur les missions d'observation électorale de la
CEDEAO ?
|
Réponses
|
Effectifs
|
Pourcentages %
|
Figuration
|
20
|
20 %
|
Complicité avec les pouvoirs en place
|
30
|
30%
|
Conspiration contre la démocratie
|
25
|
25%
|
Bonne impression
|
25
|
25 %
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : L'enquête
réalisée et actualisée en juin
2017.
Tableau 3 :Une observation
électorale impartiale et détachée des institutions peut-
elle contribuer à la bonne organisation des élections et à
la promotion de la démocratie ?
Réponses
Effectifs
Pourcentages %
Bien sûr
70
70%
Non
30
30%
Total
100
100%
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 16
Source : L'enquête
réalisée t actualisée en Juin 2017.
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Tableau 4 : Pourquoi un regard
critique et parfois négatif des peuples sur les missions d'observation
?
Réponses
Les déclarations
préliminaires sont vagues et reformulées
par le dispositif institutionnel de la CEDEAO
|
Effectifs
Pourcentages %
L'observation est tronquée dès le
départ
Les observateurs sont peu professionnels
Total
25%
5%
100%
25
5
100
Effectifs
|
Pourcentages %
|
10
|
10%
|
30
|
30%
|
30
|
30%
|
30
|
30%
|
Réponses
Professionnaliser
Autonomiser
Revoir le dispositif de décision de la
CEDEAO
Donner la Force exécutoire aux
déclarations
Source : L'enquête
réalisée en Juin 2017.
Tableau 5 : A quel niveau
s'observent les insuffisances des MOE ?
Réponses
|
|
Effectifs
|
|
Pourcentages %
|
Dispositif institutionnel
|
30
|
30%
|
Choix des observateurs
|
10
|
10%
|
Rapport des missions
|
30
|
30%
|
Durée des missions
|
30
|
30 %
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : L'enquête
réalisée en juin 2017
Tableau 6 : Que proposez- vous pour
rendre les MOE de la CEDEAO plus objectives et crédibles?
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 17
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
authentiques des observateurs
Total
100
100%
Source : L' enquête
réalisée en Juin 2017.
Tableau 7 : Une Observation
électorale objective et crédible peut - elle éviter aux
Etats de la CEDEAO des conflits post - électoraux ?
Réponses
Effectifs
Pourcentages %
Oui
80
80 %
Non
20
20%
Total
100
100%
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 18
Source : L'enquête
réalisée en Juin 2017.
Tableau 8 : Quel est l'avenir des MOE de
la CEDEAO ?
Réponses
|
|
Effectifs
|
|
Pourcentages %
|
Croissant
|
75
|
75 %
|
Décroissant
|
25
|
25 %
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : L'enquête
réalisée en Juin 2017.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 19
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
CHAPITRE IV : Analyse des Résultats et
Vérification des Hypothèses
1-Analyse des données
Cette partie est consacrée à l'analyse de
données issues des tableaux et ensuite à la vérification
des hypothèses.
La majeure partie des enquêtés (60 %)
définissent convenablement le concept de la mission d'observation
électorale, les thèmes similaires et les postures dans lesquelles
elles évoluent (Tableau N°1). Il faut rappeler que
le questionnaire s'est adressé à la cible qui pratiquent les
observations électorales ou s'intéressent aux missions
d'observation de façon générale. L'observation
électorale conduite par la CEDEAO apparaît indéniablement
comme une approche capable de parfaire l'organisation des élections
nonobstant les insuffisances qui lui sont inhérentes et que l'adoption
d'un mécanisme approprié pourrait permettre de corriger. Les
ambigüités relevées sont affichées dans les (Tableaux
N°02 et N°3.) Sur le vif, la plupart des
enquêtés (75%) ont une mauvaise impression des
MOE de la CEDEAO (figuration, complicité et conspiration).
Idéalement, l'observation d'une élection doit couvrir
tous les aspects pertinents de l'organisation et de la conduite
(découpage électoral, recensement, établissement des
cartes d'électeurs, le vote, le dépouillement et la proclamation
des résultats) mais dans la pratique tel n'est pas toujours le cas. Au
cours des échanges, les enquêtés sont convaincus que les
MOE peuvent constituer une « stratégie régionale
» capable derelever les défis démocratiques. Ils
sont convaincus du rôle important que peut jouer la CEDEAO à
travers l'impartialité des dirigeants dans la promotion de la bonne
gouvernance électorale. Pour les sondés, les MOE peuvent
constituer le gage de la reconnaissance de gouvernement démocratique.
Ils suggèrent que la CEDEAO affine la volonté politique qui
placera le choix des électeurs et des peuples au coeur des
élections en Afrique de l'Ouest. Car de plus en plus les rapports
d'observation électorale sont contestés parce qu'ils sont
très vagues et politiques (Tableau N°4) et
provoquent des polémiques au sein des communautés et des partis
politiques.
Pour y remédier, les réponses du Tableau
N°7 affichent le voeu et les souhaits des enquêtés.
Pour ces derniers, une MOE autonome et crédible à l'image de
celle de l'Union Européenne (UE) permettra d'avoir des résultats
acceptés par tous les acteurs.
C'est pourquoi les cibles interrogées souhaitent une
rupture catégorique avec les anciennes pratiques des MOE pour qu'elles
s'impliquent davantage dans le processus électoral depuis sa
genèse (découpage électoral et recensement) jusqu'à
la proclamation des résultats et ne plus se contenter de scruter les
élections le jour des élections.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 20
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Si l'observation des élections au début de
l'expérience en 2001 semble contraire à la rigidité du
principe sacro-saint de non-ingérence dans les affaires
intérieures, pour les enquêtés et beaucoup de juristes,
l'ingérence en matière électorale est devenue de nos jours
une pratique internationalement admise et se fonde sur le désordre
électoral qui s'organise de plus en plus et remet en cause la
quiétude des Etats africains. Comme l'a affirmé le Professeur
MELEDJE, « Aujourd'hui, l'élection est devenue, dans les pays
en transition démocratique ou tout simplement en crise, une affaire
internationale, ne serait-ce qu'à travers les opérations de
supervision et d'observation des processus électoraux ; elle n'est plus
la seule affaire de l'État. Les actions qui sont menées dans ce
cadre par les acteurs internationaux visent à améliorer
l'organisation des scrutins, soit par l'allocation de ressources
nécessaires à la bonne organisation pratique de l'élection
ou à l'indication des principes directeurs du suffrage, soit par la
dénonciation des irrégularités, soit enfin par leur
implication dans le règlement des contentieux
».19
L'élaboration de normes ou de principes clairs et forts
et un code de bonne conduite pour l'observation impartiale des élections
constitue aussi des voeux suggérés par les enquêtés.
Ils souhaitent que des critères importants pour la conscience de soi et
la reconnaissance des vérités issues des urnes soient
édictés.
Certains enquêtés ont donné l'information
selon laquelle certains observateurs de la CEDEAO produisent des
déclarations préliminaires très virulentes qui font
ressortir les dysfonctionnements et irrégularités
constatés sur le terrain mais elles sont finalement reformulées
par les pouvoirs de décisions. Ce qui confirme les idées de
Georges BURDEAU qui affirme : « Ce ne sont pas les
articles d'une constitution qui font une bonne démocratie » C'est
l'homme qui organise les bonnes élections.
Pour les résultats issus du guide de l'entretien avec
les fonctionnaires de la division électorale de la CEDEAO, les Etats
africains souhaitent avoir des observateurs pour leur processus
électoral. Les populations de plus en plus se confient aux observateurs
le jour du scrutin.
La présence de la CEDEAO permet de réduire les
craintes et les suspicions des électeurs. Ce qui balise de plus en plus
la voie aux observateurs. Les leçons tirées s'expliquent par le
fait que les MOE peuvent constituer un outil très important pour la
bonne organisation des élections si elles sont bien conduites.
19MELEDJE (D.),« Le contentieux électoral
en Afrique », Pouvoirs 2009/2, N° 129, p.8
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 21
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
2. Vérification des Hypothèses
Suite à l'analyse et à l'interprétation
des données, il convient de vérifier les hypothèses
émises avant de proposer des approches de solutions et des conditions de
mise en oeuvre.
2.1 Vérification de l'Hypothèse N°1
:
L'hypothèse n°1 est libellée comme suit :
« Les conflits post électoraux en Afrique de l'ouest sont
fonction des délibérations des MOE. »
Suite aux résultats des enquêtes, il ressort
clairement que 70 % d'enquêtés portent un regard
critique sur les missions d'observation(Tableau N°4). Ils
attribuent les difficultés et conflits générés par
les élections aux manipulations à la dernière minute des
déclarations préliminaires produites par les observateurs. Car de
plus en plus certains observateurs électoraux tiennent des discours de
fermeté pour le respect des normes admises. Ils décrivent
distinctement les irrégularités constatées qui pourraient
même entacher la régularité du scrutin.
Ces déclarations sont souvent jugées trop
sévères par le dispositif institutionnel de décision qui
prend le risque de les reformuler ou de les refroidir. Il convient de
mentionner que concernant le verdict global de la mission, il est souvent
rappelé aux observateurs d'être prudents dans l'utilisation des
termes « libres et équitables » qui ont trait à une
série de conditions idéales qu'aucune élection ne pourra
vraisemblablement remplir dans leur intégralité. En d'autres
termes, l'organe faitière des missions d'observation électorale
s'attèle à mettre des gardes - fous aux observateurs. In fine les
déclarations finales sont en déphasage avec les
irrégularités observées le jour du scrutin. D'où la
naissance des contentieux. Pour 25% des sondés, les dés sont
pipés à l'avance. Le langage et les formules à utiliser
dans les déclarations sont préalablement définis avant le
vote.
Certains acteurs du scrutin qui se sentent floués et
volés demandent l'annulation du vote et reprochent aux observateurs de
la CEDEAO leur manque de sincérité pour avoir fait basculer les
résultats en faveur d'un candidat.
La partie gagnante n'entend pas céder aux
revendications du camp adverse. Elle cite la présence des institutions
sous régionales (la CEDEAO) et de la communauté internationale le
jour du scrutin et qui constituent le gage de validité du vote. Elle
fonde sa victoire sur les délibérations des observateurs qui
n'ont pas pu discréditer le scrutin et ont confirmé la
légitimité.
Dès lors, la position de la CEDEAO est jugée
partiale et parfois les différents communiqués produits par ses
services de communication donnent la nette impression qu'elle prend partie
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 22
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
pour un camp. La fracture entre les camps en
compétition s'accentue. Le bras de fer s'engage et génère
des contentieux et plus tard des conflits post- électoraux. La
problématique des MOE par rapport aux souhaits des populations est ainsi
cernée.
Par ailleurs, la reconnaissance par la CEDEAO des scrutins
présidentiels dans certains Etats comme correspondant aux normes
universelles malgré les graves irrégularités et les
tripatouillages de la liste électorale (cas du Togo en 2005) a tôt
fait de convaincre les incrédules sur le fait que les décisions
prises par la CEDEAO ne sont souvent pas des solutions pour la stabilité
de la sous - région. D'où l'hypothèse 1 est
confirmée.
A cela s'ajoute la qualité et la compétence des
observateurs qui sont souvent contestées. Certains observateurs sont
sélectionnés sur la base des affinités et du
népotisme. Quant à leur impartialité, elle n'est pas une
évidence. Rien ne garantit que ces observateurs soient
sélectionnés sur des critères objectifs. Sont-ils
qualifiés pour produire des rapports sincères ?
2.2 Vérification de l'Hypothèse N°2
L'hypothèse n°2 est libellée comme suit :
« Le dispositif institutionnel d'observation électorale de
la CEDEAO empiète sur la crédibilité des observateurs et
leur délibération. »
A quel niveau se pose le problème de manque de
crédibilité en matière d'observation électorale ?
Le tableau N°5 affiche clairement l'avis des
enquêtés. 30% affirment que le dispositif institutionnel mis en
place par la CEDEAO pour les observations électorales constitue le
véritable obstacle.
Pour les interviewés, Les observateurs
électoraux sélectionnés par la CEDEAO n'ont pas assez de
marge de manoeuvre. Ils sont en mission pour regarder, voir, noter et rapporter
sincèrement le déroulement d'une
élection. Lorsqu'ils finissent de rédiger le rapport, ils le
déposent au chef de mission qui à son tour le remet au
Secrétaire exécutif qui l'a nommé. Après avoir revu
le fond et la forme du rapport, le Secrétaire Exécutif le soumet
au gouvernement de l'Etat. Et ce n'est qu'après cela que la
déclaration finale est présentée à la presse pour
être connue du public.
Les entretiens ont dévoilé qu'au niveau du
secrétariat Exécutif, les manipulations et les interventions sont
courantes. Des chefs d'Etats forts et puissants de la sous-région,
voisins et amis de l'Etat qui organise l'élection présidentielle
souhaitent souvent prendre connaissance du contenu de la déclaration
finale avant publication. In fine, les observateurs électoraux sont
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 23
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
surpris de la version finale de leur rapport mais ils ne
manifestent malheureusement pas leur désapprobation.
L'hypothèse 2 est ainsi confirmée.
En clair, les observateurs électoraux de la CEDEAO
constituent des pions que le mécanisme institutionnel composé de
la Conférence des Chefs d'Etat, le Conseil de médiation et de
sécurité et toute autre institution créée par la
conférence bouge et déplace à sa guise. La
Conférence des Chefs d'Etat est la plus haute instance de
décision habilitée à prendre toutes les décisions
inhérentes à la vie de l'institution. Les chefs d'Etat profitent
de ce pouvoir pour empiéter sur les grandes actions de
développement et de démocratie en Afrique de l'Ouest.
2.3 Vérification de l'Hypothèse N°3
L'hypothèse 03 :« Une MOE autonome
constitue la solution objective pour des élections crédibles dans
le futur »
A la question, que proposez - vous pour rendre les MOE plus
objectives et crédibles ? 30% des sondés souhaitent que les
observateurs électoraux soient plus autonomes et soustraits à
l'autorité du mécanisme institutionnel. Beaucoup de
fonctionnaires de la CEDEAO suggèrent que la barrière des chefs
d'Etat sur la chaine soit retirée pour permettre aux observateurs
électoraux de mieux accomplir leur mission. Les observateurs sont de
plus en plus frustrés de constater que les déclarations finales
ne peignent en rien les constats relevés sur le terrain. Les
problèmes fondamentaux pour les enquêtés restent
l'autonomisation et la durée des missions pour améliorer la
qualité des élections dans l'espace CEDEAO. La promotion et la
consolidation d'un gouvernement et d'institutions démocratiques dans
chaque Etat membre sont liées à la bonne évaluation des
élections que fera la CEDEAO. Et pour y arriver la mission
déployée doit être désormais autonome et soustraite
à toute autorité capable de l'orienter. D'ou
l'hypothèse N° 3 est confirmée.
Par ailleurs, les enquêtés souhaitent que les
missions à longue durée soient privilégiées. La
fraude et l'injustice électorales débutent
généralement au moment du découpage électoral (le
gerrymandering).20 Pour réparer l'injustice et
légitimer le processus électoral, 30% des enquêtés
(tableau N°5) souhaitent que les observateurs soient
présents depuis la genèse du processus et sur tout le cycle
électoral. Il convient de rappeler que depuis plus de cinq (05) ans la
CEDEAO privilégie les missions à longue durée
précédées des missions exploratrices
20 Le gerrymandering est un terme politique nord -
américain pour désigner le découpage des circonscriptions
électorales ayant pour objectif de donner l'avantage à un parti,
un candidat, ou un groupe donné. C'est une pratique d'optimisation
électorale.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 24
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
qui couvrent la confection de la liste électorale, et
l'ensemble de la campagne mais elle n'est pas présente au moment du
découpage électoral
3- Le bilan des missions d'observation
électorale de la CEDEAO
3.1 Les Atouts des missions d'observation électorale
de la CEDEAO
3.1.1 Un Mécanisme institutionnel de
notoriété.
Après la vérification des hypothèses
énoncées, il convient d'entrevoir les perspectives. Mais avant
cela, il est important de rappeler le bilan des MOE, leurs atouts pour proposer
à la CEDEAO des approches fiables visant à améliorer les
systèmes électoraux.
Les MOE de la CEDEAO jouissent d'une notoriété
acceptée de tous. D'abord l'observation de la CEDEAO tient compte des
réalités de la région, avec des observateurs qui
maîtrisent le fonctionnement des États ; ensuite les États
membres n'ont pas besoin d'adresser une invitation car ils ont
adhéré au protocole additionnel de la CEDEAO sur la
démocratie et la bonne gouvernance.
Les critiques permettent aujourd'hui à la CEDEAO
d'améliorer ses interventions en matière électorale et de
passer de l'observation à court terme à l'observation à
long terme. Les rapports d'observation électorale provoquent des
incidences à la fois politiques et économiques. En effet, les
missions d'observation des élections sont sanctionnées par des
rapports finaux portant appréciations des observateurs sur le
déroulement du scrutin. Ces rapports peuvent donc être positifs ou
négatifs.
Lorsqu'il est positif, c'est-à-dire lorsqu'il affirme
que les élections se sont déroulées de manière
libre et honnête sur le territoire concerné, le rapport suscitera
une forte mobilisation de la communauté internationale en faveur
de cet Etat et une adhésion aux projets de développement
de cet Etat. Les autorités élues acquièrent ainsi une
reconnaissance nationale et internationale. Ce rapport légitime le
gouvernement élu à l'interne et sur la scène
internationale. Le gouvernement élu pourra brandir ce rapport positif
pour montrer qu'il respecte ses engagements électoraux et satisfait aux
critères démocratiques.
Comme prime de la reconnaissance de gouvernement
démocratique, on observe une grande médiatisation internationale
du rôle du gouvernement élu. La participation aux
cérémonies d'investiture des dirigeants légalement
élus confirme cette reconnaissance. Cette présence est
très recherchée par les nouveaux dirigeants élus suivant
le discours d'investiture du Président Olusegun Obasanjo, le 2 juin
2003, à Abuja : « nous apprécions fortement le soutien
constant de nos partenaires étrangers au cours de ces quatre
dernières années. Ayant exprimé leur foi
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 25
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
dans notre transition, ces États nous ont depuis
réadmis dans le concert des Nations, dans lequel notre honneur a
été pleinement restauré. Nous sommes aujourd'hui hautement
respectés, et nous nous acquittons des obligations imposées par
notre politique étrangère...»21.
L'Etat reconnu jouit d'autres privilèges comme
l'accueil chaleureux réservé en Occident à certains chefs
d'État de pays en transition démocratique. Tel fut le cas du
Président John Jerry Rawlings du Ghana à l'égard duquel le
ministre français, délégué à la
Coopération et à la Francophonie, Charles Josselin, eut ces mots
: « Monsieur le Président, vous venez aujourd'hui en France,
non seulement paré de l'onction de légitimité que
confère le suffrage universel, mais également à la
tête d'un pays stabilisé avec lequel la France entend
développer sa coopération »22 Le rapport
positif constitue dans bien des cas la condition sine qua non à
l'adhésion ou à la coopération avec certaines
organisations régionales et internationales. Mise à part les
rapports critiques23, les rapports des MOE peuvent être
négatifs. Dans ce cas, ils déplorent et dénoncent les
nombreuses irrégularités et violations des lois et normes
électorales nationales et internationales.
De ce fait, ils supposent que l'Etat hôte n'est pas
encore engagé dans un véritable processus de transition
démocratique. Les conséquences issues des travaux des MOE
proposent parfois l'annulation pure et simple du scrutin ou le partage
inconditionnel du pouvoir comme l'a suggéré la rencontre
Africaine pour la défense des droits de l'homme au Togo lors de
l'élection présidentielle de 2005.
Un tel rapport conduira l'Etat concerné au banc des
accusés de la communauté internationale en jetant le
discrédit sur le pouvoir mis en place. De même, il dispose d'un
pouvoir symbolique très contraignant par sa capacité à
construire des « États fréquentables »
(rapports positifs) et des « Etats non fréquentables
» (rapports négatifs).
21 Discours d'investiture du Président Olusegun
Obasanjo, 2 juin 2003, Documents d'actualité internationale, n°14,
15 septembre 2003, p. 581.
22 Toast du Ministre délégué à la
coopération et à la Francophonie, M. Charles Josselin, lors du
dîner offert en l'honneur du Président de la République du
Ghana, M. John Jerry Rawlings, le 26 mars 1999 ; Toulabor (C.), Le Ghana de
J.-J. Rawlings : Restauration de l'État et renaissance politique,
Karthala, 2000, (324 p.), p. 58-67 ; Gillet (N.), « Tournée de M.
Schroeder en Afrique. Les ambitions africaines de l'Allemagne »,
Marchés tropicaux, n° 3038, 30 janvier 2004, p. 187-188 ;
Thorin (V.), « Nigeria-France. Lune de miel », Jeune
Afrique/L'Intelligent, n° 2040, du 15 au 21 février 2000, p. 15 ;
Bah (M.), « New-look : Olusegun Obasanjo poursuit son offensive de charme
internationale pour « vendre » une nouvelle image de son pays. Escale
chez les patrons français », Jeune Afrique/L'Intelligent,
n° 1994-du 30 mars au 5 avril 1999, p. 61-62.
23 Les rapports critiques ne condamnent pas, mais
présentent une analyse équilibrée du processus
électorale avec des recommandations.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 26
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Le label « Etats non fréquentables»
(the shaming power)24, d'humilier les États qui
s'écartent des principes démocratiques comme normes
d'organisation et de fonctionnement des institutions politiques. Il est
observé aussi la rupture des relations diplomatiques. Par ailleurs,
grâce à ces rapports négatifs des MOE, l'Afrique assiste
à l'émergence d'une nouvelle diplomatie de la fraternité
et de l'amitié critiques dans laquelle les chefs d'État africains
ne peuvent s'empêcher de se critiquer publiquement les uns les autres.
L'exemple du débat qui a eu lieu en 2000 entre les présidents
Alpha Oumar Konaré, Blaise Compaoré, Abdoulaye Wade, Thabo Mbeki,
d'une part, et Laurent Gbagbo, d'autre part, sur la transition politique en
Côte d'Ivoire, est bien illustratif.
Des rapports négatifs peuvent provoquer aussi des
sanctions économiques comme la suspension de l'aide au
développement, le gel des avoirs financiers, l'embargo sur la vente des
armes25visant à empêcher le gouvernement de maintenir
un état de terreur face à la société civile. De
même, le non-encouragement des investisseurs étrangers à
créer ou à entretenir une économie de marché avec
l'Etat concerné.
Par ailleurs, les rapports des MOE ne sont dotés
d'aucun effet juridique contraignant. Ces rapports sont
considérés comme des recommandations ayant une simple valeur
déclaratoire. Dès lors, ils ne sont suivis d'effet que dans la
seule mesure où chaque État destinataire consent de
lui-même à les respecter26.
3.1.2 La CEDEAO à l'épreuve des missions
d'observation électorale
La plupart des missions de la CEDEAO à caractère
électoral sont des missions de type hybride, conjuguant des missions
d'assistance électorale et mission d'observation électorale. Les
missions dites d'assistance électorale comprennent toujours un volet
observation électorale qui vient compléter le contrôle des
élections et l'aide allouée au pays hôte. En effet, les
observateurs électoraux fournissent à la fin de leur mission un
certain nombre de recommandations qui concrétisent l'aboutissement de
toute la démarche d'assistance au processus électoral.
L'implication de la CEDEAO dans l'organisation des
élections en Afrique de l'0uest à travers ses structures de
l'observation a fait l'objet de polémiques et de controverses au regard
des résultats obtenus.
24 Yves Alexandre Chouala«
Éthique et politique internationale africaine du XXIe siècle
: les normes de civilité à l'épreuve du jeu
réaliste des États » Politique et
Sociétés, vol. 25, n° 2-3, 2006, p. 183-217
25 Dubois (L.), « L'embargo dans la
pratique contemporaine », AFDI, 1967, p. 90-115 ; Dewost
(J.-L.), « La Communauté, les dix et les sanctions
économiques : de la crise iranienne à la crise des Malouines
», AFDI, 1982, p. 215-232.
26 Decaux (E.), « Coordination et
suivi dans le système de protection des droits de l'homme des Nations
Unies », L'effectivité des organisations internationales :
Mécanismes de suivi et de contrôle, op. Cit. p. 229-246.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 27
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Les dirigeants disposent d'une gamme de moyens de pression
pour instrumentaliser ou influencer les observateurs étrangers. En
effet, la CEDEAO est souvent accusée de ne s'en tenir qu'au programme
défini par les autorités au pouvoir.
Au plan interne, les pouvoirs en place se servent de leur
privilège pour empêcher les observateurs qui leur sont hostiles de
publier leurs rapports. L'exemple le plus probant est celui de
l'élection présidentielle de 1993 au Togo au cours de laquelle
des images télévisuelles ont montré des urnes
confisquées et emportées par les militaires alors que les
rapports de la CEDEAO ont attesté le contraire et déclaré
que l'élection s'est bien déroulée dans de bonnes
condition. Ce qui a suscité un émoi général au sein
de la Communauté. C'est dire que l'Organisation sous - régionale
africaine brille parfois par son mutisme, et très peu de critiques
assorties d'exigences de reprise des scrutins non transparents sont
formulées à l'endroit des États fautifs. La
communauté internationale africaine semble se contenter des
élections formelles comme l'a attesté la
réintégration rapide et sans conditions de Faure Eyadema dans le
concert africain après des élections contestées. D'autre
part, Il faut rappeler des discours de fermeté qui ont été
tenus par la CEDEAO. Cette dernière a vivement critiqué la
transmission du pouvoir de père en fils au Togo qu'elle a
assimilée à un coup d'Etat et exigé le retour à la
légalité et à l'ordre constitutionnel suite au
communiqué officiel du samedi 05 février annonçant le
décès du Général Eyadema Gnassingbé.
La marge de manoeuvre des observateurs électoraux est
souvent soumise aux aléas du contexte politique dans lequel se
déroulent les élections.
Le Mali était récemment une mission
risquée. Le jour des élections, les observateurs craignaient des
attaques par des individus opposés aux processus démocratiques.
Dans certains pays, Les observateurs ont dû se réfugier dans des
cachettes avec les Forces de sécurité locales.
3.1.3 Géolocalisation des observateurs dans
l'espace CEDEAO
Face à la gravité des conflits électoraux
en Afrique, la CEDEAO s'est dotée, en plus de textes juridiques, de
mécanismes devant l'aider dans son nouveau mandat, l'observation des
élections. Les zones d'observation suivantes ont été
établies sur la base de la proximité, de la facilité de
communication. Ces zones sont inscrites dans le tableau ci - après :
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 28
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Tableau N° 9 : Zone d'observation et
de suivi
Zone N°
|
Pays
|
Capitale de la zone
|
1
|
· Cap - Vert
· Gambie
· Guinée Bissau
· Sénégal
|
Banjul
|
2
|
· Burkina Faso
· Côte d'Ivoire
· Mali
· Niger
|
Ouagadougou
|
3
|
· Ghana
· Guinée
· Libéria
· Sierra - Léone
|
Monrovia
|
4
|
· Bénin
· Nigéria
· Togo
|
Cotonou
|
|
Dans cet espace géographique, il s'observe une tendance
croissante à encadrer et organiser l'assistance, l'observation
électorale et le maintien de la paix. Il n'en demeure pas moins qu'un
effort supplémentaire reste à faire pour la mise en place d'un
mécanisme pouvant en garantir une véritable efficacité.
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
TROISIEME PARTIE : PERSPECTIVES ET
SUGGESTIONS
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 29
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 30
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
A- PERSPECTIVES
I- Les nouveaux défis des missions d'observation de
la CEDEAO
Il s'agit des préalables qui contribueront
effectivement à relever le double défi de « probité
» et de la « volonté politique » des chefs d'Etat
à aider les mécanismes mis en place pour améliorer la
démocratie et la bonne gouvernance.
1. Actions prioritaires
L'avenir des élections dans certains pays Africains
est sombre et suscite des réflexions. L'enquête
réalisée a affiché clairement le choix des acteurs pour
faire de l'observation électorale un instrument d'objectivité
pour relever les défis démocratiques dans l'espace CEDEAO. Ils
souhaitent entre autres que les missions de la CEDEAO soient plus autonomes
pour assister les Etats à organiser des élections
apaisées. Il revient comme action prioritaire de se mettre de s'entendre
avec la CEDEAO sur ce qu'est une mission d'observation électorale
objective.
Une mission d'observation électorale objective
est une « mission transparente, impartiale et autonome qui préserve
l'esprit de consensus et offre aux peuples de la CEDEAO un climat apaisé
après les élections ». En d'autres termes,
« Une mission capable de légitimer les élections et
dotée des effets juridiques contraignants ». Le volet
élection de la CEDEAO peut s'offrir ce pouvoir en se fondant sur les
règles déjà établies par les Etats
eux-mêmes.
2. Quelle Observation Electorale pour l'avenir
?
- Les Considérations
Les Etats à travers la CEDEAO, dans leur grande
majorité, ont ratifié les différents instruments
juridiques relatifs à la démocratie et à l'organisation
des élections. Il s'agit des engagements déterminants pour aider
les MOE de la CEDEAO à accompagner les Etats pour l'organisation d'une
élection de qualité. Mais force est de constater que la
quantité des textes juridiques et des fonctionnaires de qualité
au niveau des instances électorales de la CEDEAO ne garantiraient pas
nécessairement de bonnes élections mais plutôt des
élections de plus en plus contestées. Les missions d'observation
électorale de la CEDEAO donnent l'impression d'être
contrôlées par des forces externes qui les empêchent de
jouer convenablement leur rôle et de combler les attentes des peuples et,
dès lors, sont considérées comme des témoins ou
acteurs passifs et souvent soupçonnées d'avoir une part occulte
dans le mauvais déroulement
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 31
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
des scrutins. Cette absence de ''pouvoir contraignant'' qui
donnera une force aux rapports, et recommandations constituent les réels
problèmes des MOE dans l'espace CEDEAO.
Pour certains acteurs, il urge que les MOE exploitent à
l'avenir les traités et les protocoles en vigueur de façon
efficiente pour faire de l'observation électorale une «
Stratégie Régionale » capable d'établir une
corrélation entre l'objectivité des MOE et les défis
démocratiques dans l'espace CEDEAO. Elle serait capable de conduire les
Etats vers l'organisation des élections authentiques dans le but de
rendre les rapports plus consensuels et qu'ils cessent d'être de simples
recommandations ayant une simple valeur déclaratoire et
dépouillés de toute force exécutoire. La stratégie
va s'assurer que l'organisation des élections a suivi les étapes
fondamentales du processus électoral. En outre elle doit
prévoir des procédures rapides pour demander des comptes à
ceux qui commettent des actes criminels affectant les droits
électoraux.
Les MOE devraient dans leur assistance et conseil doivent
apporter une plus - value aux scrutins dans les états africains qui
refusent de grandir et de sortir du cycle infernal des conflits
électoraux. Comme exemple, dans le cadre d'organisations internationales
d'intégration, comme l'Union Européenne, les rapports
d'observateurs jouissent d'une force juridique obligatoire. Cette obligation
découle des engagements pris à l'avance par les Etats membres de
respecter l'organisation d'élections libres et honnêtes.
Pour d'autres, la qualité des élections, c'est -
à - dire la bonne organisation des élections relève de la
volonté politique et de la qualité des hommes au sommet des
organes de gestion des élections (OGE). Ils jugent inconcevables que des
organes ou entités extérieurs viennent légitimer les
scrutins au sein des Etats. Cette option de faire des MOE « un
Gendarme » derrière les Etats pour améliorer
l'image des élections dans l'espace CEDEAO remet incontestablement en
cause la souveraineté des Etats. La souveraineté de l'Etat, ce
caractère suprême, cette identité, cette
indépendance du pouvoir étatique ne peut être restreinte.
Ils poursuivent en affirmant que les élections sont souvent l'oeuvre des
Etats, des organisations gouvernementales. Les rapports concluant les missions
d'observation effectuées ne devraient posséder qu'une valeur
« recommandationelle ».
Il est important de rappeler que la CEDEAO est une institution
sous - régionale qui est régie par des actes additionnels, des
protocoles, des décisions et autres actes ratifiés par les
états membres. Ils sont donc officiellement contraints à les
respecter et à se soumettre. Par ailleurs, les institutions
régionales doivent penser aux réformes pour un changement et une
amélioration.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 32
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Pour d'autres encore, ils soulignent l'utilité des
missions d'observation mais ces missions ne mettent pas assez de garde-fous
pour éviter qu'elles ne deviennent du « tourisme
électoral»27 produisant des rapports
superficiels. Ces missions souffrent d'insuffisances en termes de
capacité et de rigueur dans l'exercice des responsabilités qui
leur incombent. D'où la nécessité de nouveaux
mécanismes pour élever le niveau des élections.
3. L'Enoncé de `' l'Expertise» pour une
Observation Electorale Objective
Au regard de ce qui précède, il apparaît
nécessaire de suggérer des améliorations en vue
d'atteindre l'efficacité souhaitée.
A cet effet, le travail de recherche présentera les
nouveaux défis pour le mécanisme amélioré, sa
philosophie générale et les conditions de son succès.
Ensuite, il exposera les réformes à envisager pour favoriser la
réalisation de ce mécanisme.
En effet, la plaie des élections africaines reste les
pouvoirs mis en place au niveau des Etats africains et concentrés dans
la main des chefs d'Etat de plus et irrespectueux des textes constitutionnels.
En d'autres termes, c'est la qualité du choix des dirigeants et des
décideurs qui constitue les véritables problèmes de
l'Afrique. Certains hommes élus au sommet des Etats africains
constituent les principaux obstacles à l'avancement de leur pays. Les
mentalités et la volonté de ces hommes d'Etats étouffent
de plus en plus les initiatives de développement.
Le rêve, c'est d'affiner la volonté politique qui
placera l'intérêt de la Communauté de la CEDEAO au coeur
des élections pour empêcher les dirigeants d'être des
obstacles à l'avancement de leur pays pour en devenir un moteur de
décollage.
A cet effet, quelles sont les mesures correctives à
apporter aux MOE de la CEDEAO pour en faire un organe de vérité
qui offre des élections vertueuses ?
La première mesure consiste à doter la division
électorale de la CEDEAO d'une autorité et d'un pouvoir
décisionnel. Ce pouvoir aidera les missions à asseoir des
lobbyings et procédé à des sensibilisations pour une
éducation de changement de mentalité et de comportement des chefs
d'Etat.
La deuxième mesure consiste à sensibiliser les
chefs d'Etat sur l'importance du respect des lois et les nombreux protocoles
qu'ils ont eux-mêmes ratifiés notamment le «
Protocole
27 KINGSLEY, J-P., « Surveillance
d'élections : développement de la démocratie ou tourisme
électoral » in VETTOVAGLIA, J-P., et alii (dir),
Démocratie et élections dans l'espace francophone,
Bruxelles, Bruylant, 2010, pp.193-208.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 33
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Additionnel sur la Démocratie et la Bonne
Gouvernance28» qui est une avancée
extraordinaire pour le développement de la démocratie et la
gouvernance électorale.
La probité qui s'illustre dans la ratification des
textes juridiques ne peut continuer à être théorique et
doit se traduire par les actes pour que « les peuples sentent que la
CEDEAO leur sert à quelque chose.»29.
Mais il convient de rappeler que cette idée de
sensibilisation et d'éducation mettra du temps pour avoir des
échos favorables auprès des dirigeants. La CEDEAO dans son
ensemble reste le « machin », la «
chose » des Chefs d'Etat. Toutes les mesures et initiatives
devraient être validées par la conférence des chefs
d'Etats. Aussi pour que les rapports des MOE soient dotés d'effets
contraignants, il faudrait qu'ils soient validés par la
Conférence des chefs d'État et de gouvernement. Ces
considérations valent aussi pour les rapports délivrés par
les ONG. Les chefs d'Etats et de gouvernement ont beaucoup de pouvoir dans le
fonctionnement de la CEDEAO. D'où la nécessité d'une
réforme en faveur de l'observation électorale
».
En d'autres termes, l'implication du concept « la
Cogestion » des observations électorales par les acteurs
de la « société civile consciente des défis
électoraux » encore appelée « la
Nouvelle Conscience Régionale » et les «
Observateurs de la CEDEAO » constitue la réflexion
qu'apporte ce travail de recherche.
Ce concept nouveau « La Cogestion »
qui en fait un « une expertise en ingénierie
électorale » serait une « Veille Citoyenne
» qui est la gestion des observations électorales par la
CEDEAO et les représentants de l'organe «
la Nouvelle Conscience Régionale », et impliquant pour
cette dernière le pouvoir de participer aux décisions
électorales de la CEDEAO sans être nécessairement
actionnaires ou bailleurs de fonds.
La « Nouvelle Conscience Régionale »
formalisée en organe d'intervention sera constituée
d'hommes de qualité et de probité sélectionnés
parmi les leaders des organes de la `'société civile
» sous régionale comme « le balaie citoyen
» du Burkina - Faso, et « y en mare »
du Sénégal et le « Le Collectif pour la
défense de l'Afrique » du Mali pour ne citer que ceux -
la. Cet organe nommé la « Nouvelle Conscience
Régionale » serait un lobbying capable de se constituer en
réseau avec l'appui de la division électorale de la CEDEAO pour
sensibiliser
28 Le protocole additionnel de la CEDEAO sur la
démocratie et la bonne gouvernance (2001) contient des dispositions
légales importantes, des principes généraux qui doivent
gouverner les processus électoraux en vue de préserver la
démocratie et la paix sociale dans la sous-région.
29 Pour reprendre l`expression du professeur Jean
Pierre EZIN, nouveau commissaire à la CEDEAO « sous l`Arbre
à Palabre» du quotidien béninois L`événement
précis numéro 1233 du Mercredi 26 Février 2014
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 34
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
les dirigeants à aller dans la direction du respect des
textes constitutionnels et limiter le non-respect des engagements pris.
La « Nouvelle Conscience Régionale »
interviendra comme protectrice de l'intégrité en
matière des élections. Par leurs activités, elle pourrait
incarner la transparence et la responsabilité de la bonne organisation
des élections.
La «Nouvelle Conscience Régionale »
se veut un organe d'espoir pour la communauté. Une
complicité entre les structures de l'observation électorale de la
CEDEAO et les membres de la « Nouvelle Conscience Régionale
» par exemple établira à coup sûr le garde -
fous d'une observation éthique et autonome des élections.
II- Pistes pour une nouvelle stratégie d'observation
électorale
1- Nécessité d'une réforme en
faveur de l'observation électorale de la CEDEAO Il est
question ici de s'appesantir sur le rôle capital que la «
Nouvelle Conscience Régionale » est appelée
à jouer dans l'observation des compétitions électorales
dans la sous-région. Il s'agira de faire de la « Nouvelle
Conscience Régionale » un 'Cadre d'Analyse et
de Veille Stratégique'' doté de la personnalité juridique
et de l'autonomie d'action et capable d'apporter l'expertise nécessaire
pour relever les défis électoraux.
La « Nouvelle Conscience Régionale »
que propose le mémoire est en fait un « brain
trust », un groupe d'experts, d'activistes, d'acteurs importants
qui projettent être un organe de « Veille Citoyenne
Régionale »30 qui privilégie des actions
directes dans le domaine social politique notamment dans le cadre des
observations électorales. En d'autres termes elle veillera à ce
que le processus électoral dans les Etats francophones de la CEDEAO
obéit aux principes sacro- saints d'une élection transparente.
Cette expertise en ingénierie électorale doit veiller à ce
que le pays qui organise les élections respecte sans faille le cadre
juridique. Il doit procéder au découpage électoral et non
au charcutage électoral. Le recensement électoral doit être
objectif et prend en compte la cartographie électorale issue du
découpage. L'inscription des électeurs sur le fichier
électoral et leur éducation au sujet des opérations de
vote constituent les points essentiels. La Nouvelle Conscience Régionale
doit veiller à ce que les élections soient inclusives et prennent
en compte les candidatures de toutes les formations politiques en règle
de participer au scrutin. La presse doit être plurielle,
équilibrée et équitable dans le traitement des
informations électorales. Les décomptes, les tabulations et la
résolution des contentieux électoraux sont aussi des
étapes importantes du processus
30
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 35
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
électoral qui nécessitent également
l'oeil de contrôle et la vigilance des observateurs. En veillant et en
s'assurant que le processus électoral est passé par ces
opérations de filtrage de façon transparente, objective,
consensuelle et approuvées par les acteurs électoraux, les
missions d'observation électorale contribueraient à
l'avancée notable du processus électoral dans l'espace CEDEAO.
L'implication de `'La Nouvelle Conscience
Régionale» dans la pratique de l'observation
électorale nous parait indispensable dans la bonne organisation des
élections dans l'espace CEDEAO francophone. Les Etats africains
devraient commencer à éviter à reproduire la
démocratie sur le modèle occidental. Le présent
mémoire propose aux Etats de repenser autrement le développement
de l'Afrique en privilégiant la cogestion avec les structures externes.
La gestion des affaires publiques par les élus ne comble plus les
attentes des peuples.
Les structures de chaque Etat qui vont Constituer la
« Nouvelle Conscience Régionale » proposera
une (01) personne pour être représentée au niveau de la
« Cadre d'Analyse et de Veille Stratégique ».
Les Etats francophones étant au nombre de huit (08) dans
l'espace CEDEAO.
La « Nouvelle Conscience Régionale »
sera un cadre de pression et de lobbying disposant d'un
pouvoir capable de modifier les anciennes pratiques en matière de
l'observation électorale sous - régionale. Elle aura une
autonomie financière à travers des téléthons
organisés dans les Etats en vue de ne pas défendre
financièrement des pouvoirs publics.
Ce cadre d'intervention est capable de soutenir et de
compléter les actions des unités électorales de la CEDEAO
pour qu'ensemble, ils interviennent au cours des rencontres et des sommets sous
- régionales. Il peut intervenir dans tous les débats permettant
d'assurer des observations électorales consensuelles.
Les attributions consisteront à coopérer en
bonne et parfaite intelligence avec les organes de l'observation
électorale de la CEDEAO afin qu'ils commencent par faire respecter aux
chefs d'Etats les différents protocoles ratifiés par exemple le
Protocole A/SP1/12/01 sur la
démocratie et la bonne gouvernance additionnel au Protocole relatif au
mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 36
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Un pareil texte pourrait s'identifier à une
constitution31 sous - régionale capable d'améliorer
les élections dans les Etats membres de la CEDEAO parce que pourvu de
principes de valeurs. Mais qui n'est pas respecté convenablement.
S'agissant de l'épineuse question de l'organisation des
élections, le protocole interdit toute réforme importante de la
loi électorale dans les six mois qui précèdent une
élection, sauf si un consensus clair se dessine pour la modification.
Le fichier électoral des Etats doit être tenu
à jour, et sa fiabilité doit être garantie ; les organes de
surveillance des élections doivent être réellement
indépendants et les scrutins eux-mêmes doivent se tenir à
intervalles réguliers et prévisibles. Une fois le verdict des
urnes délivré, celui-ci doit être respecté par tous
les acteurs du jeu politique. Un esprit de « fair-play »
est encouragé, et toute « chasse aux sorcières
» exclue, une fois les résultats connus.
Ce texte prévoit de façon précise
qu'aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit
intervenir dans les six mois précédant l'élection sans le
consentement d'une large majorité des acteurs politiques. Il prescrit la
tenue régulière des élections à date échue,
l'observation des élections et l'assistance de la CEDEAO. Outre les
principes constitutionnels et électoraux, le protocole dégage des
principes de bonne gouvernance et recommande la promotion des droits des femmes
et des enfants. Pour assurer le respect de ces dispositions et éviter la
manipulation malintentionnée des normes constitutionnelles par les
pouvoirs, le protocole prévoit, en cas de non-respect des principes, des
sanctions applicables aux États.
Sur le point particulier des élections, le protocole
dresse une liste de principes dont le respect est requis des Etats. Sur la base
de cet instrument sous régional de garantie des principes
démocratiques qu'est le Protocole, il est souhaitable de mettre en
place, à l'échelle de la CEDEAO, un mécanisme de suivi de
violation des principes fondamentaux régissant les élections par
les Etats qui auraient pour support un format admis par la CEDEAO. La mise en
place de ce mécanisme servira à attirer l'attention sur les pays
critiques dans lesquels la pro-activité s'impose pour éviter les
dérives préjudiciables à la paix civile, à la
démocratisation et au développement. Ce qui justifie l'expertise
de la « Nouvelle Conscience Régionale »
Le protocole est ainsi à la fois une bonne base et une
source de légitimation de l'entreprise de l'adoption de normes et
standards en matière électorale dans la région ouest
africaine. Cela peut se révéler d'autant plus réalisable
si l'on sait qu'il y a ailleurs sur le continent des exemples
d'expériences concluantes d'harmonisation des normes et pratiques
électorales.
31 Tiré d'une analyse d'Ismaila Madior FALL et
Alioune SALL Agrégés des Faculté droit : Une Constitution
Régionale pour l'espace CEDEAO : Le protocole sur la Démocratie
et la bonne Gouvernance de la CEDEAO.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 37
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Au demeurant, le Protocole ne se contente pas d'exprimer ces
« principes de convergence constitutionnelle ». Il
énonce la possibilité, pour tout Etat membre, de solliciter
l'aide et l'assistance de la CEDEAO dans l'organisation d'élections,
« codifiant » ainsi une pratique de l'organisation inaugurée
autour des années 90. Quelques directives sont même
énoncées au sujet de l'organisation de la mission d'observation.
Il est nécessaire qu'elle soit composée de personnes dont
l'indépendance est au-dessus de tout soupçon, qu'elle comporte
des femmes, qu'elle ait un aperçu du « terrain » avant son
déploiement, au besoin en se concertant avec les autorités du
pays. La mission d'observation doit également produire un rapport au
terme de son travail, et le Protocole indique même quelques règles
relatives à la préparation et à l'élaboration de ce
rapport.
Mais force est de constater que rien de ce qui est
stipulé dans le protocole n'est respecté à la lettre par
les Etats. Cet instrument important n'apporte aucune valeur ajoutée
à la bonne organisation des élections. C'est pourquoi la mission
de la « Nouvelle Conscience Régionale » est
proposée comme solution et elle doit être avec la CEDEAO au
commencement et à la fin du processus pour conduire les observations
électorales à des élections transparentes.
La responsabilité de la « Nouvelle
Conscience Régionale » dans l'observation réussie
des élections du président de la République sera pleine et
entière. La « Nouvelle Conscience Régionale »
sera désormais une pratique dissuasive qui essaiera de
dissuader les Chefs d'Etat africains de continuer à faire des
institutions sous régionales et africaines de véritables
patrimoines privés.
Les fonctionnaires nommés au niveau des instances sous
régionales ne peuvent plus à eux seuls propulser le
développement souhaité par les peuples. Ils ont beau avoir des
idées novatrices, elles sont validées par les chefs d'Etat
téléguidés par les enjeux du pouvoir.
Cet organe d'expertise aura son siège à la
CEDEAO pour mieux être intégrer. Elle sera bien structurée
et sélectionnée par les structures activistes pré-
cités de chaque Etat pour être leur 'porte-voix''
auprès des instances électorales de la CEDEAO. L'ensemble des
membres de la « Nouvelle Conscience Régionale »
s'organisent pour proposer un « Bureau Directeur
», soutenu par des cellules de pression de cinq (05) à dix
(10) personnes et implantées dans les huit (08) Etats pour
défendre les intérêts du peuple à la CEDEAO.
Ce travail de recherche se propose de faire de la
« Nouvelle Conscience Régionale » un
système d'ingénierie, un organe déterminant, une
« Force Vive » sous régionale qui contraint
les dirigeants à l'observance des différentes lois
ratifiées sur la gouvernance électorale.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 38
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
1.2 Mise en Place d'un Partenariat pour une meilleure
Observation électorale.
Dans cette perspective, la première clé de la
réussite du système demeure une véritable synergie des
interventions des instances électorales de la CEDEAO et de l'organe que
nous proposons « La Nouvelle Conscience Régionale ».
La création de synergies améliore l'efficacité,
l'efficience et la capacité de négociation avec les Etats
bénéficiaires. Ce partenariat permettra une plus grande marge de
manoeuvre des observateurs électoraux.
En effet, cet organe sera doté de
légitimité et de mécanismes capables de porter
efficacement cette responsabilité. Il revient à ces deux
structures de définir ensemble les orientations stratégiques pour
réussir les élections dans la sous - région. Il s'agira
par exemple de proposer des démarches pour réduire le plein
pouvoir des dirigeants. Car certains Etats invitent le plus souvent les
observateurs pour faire crédibiliser les élections frauduleuses
qu'ils organisent. Les rapports positifs des MOE apportent
légitimité ou crédit à leur processus
électoral.
Par ailleurs, ces mêmes dirigeants disposent d'une gamme
de moyens de pression pour instrumentaliser ou influencer les observateurs
étrangers. En effet, la CEDEAO est souvent accusée de ne s'en
tenir qu'au programme défini par les autorités locales.
Au plan interne, les pouvoirs en place se servent de leur
privilège pour empêcher les observateurs qui leur sont hostiles de
publier leurs rapports. L'exemple le plus probant est celui de
l'élection présidentielle de 1993 au Togo. Il y eut deux groupes
d'observateurs français. Celui du groupe parlementaire et celui des
« invités personnels du chef de l'Etat », qui ont
séjourné au frais de l'Etat togolais. Les rapports du groupe
parlementaire ont été interdits de diffusion, alors que la
conférence du groupe de presse des « invités du chef de
l'Etat » dirigée par le professeur GUYON a été
diffusée sur les chaines nationales du pays. La prise en charge des
observateurs par le gouvernement du pays hôte risque d'entraver
l'indépendance de l'institution qui aurait
bénéficié des faveurs des autorités locales, et,
partant, la crédibilité de la mission d'observation.32
La question de l'origine du financement des MOE est donc déterminante en
ce qui concerne la qualité des rapports et leur impact.
Cette proposition de partenariat entre
« La Nouvelle Conscience Régionale » et
« Les Divisions Electorales » de la CEDEAO aura pour
mission de promouvoir d'une seule et même voix, celle de la
communauté sous régionale, les principes fondamentaux des
élections et la démocratie. Ce partenariat doit veiller à
ce que les résultats issus des urnes soient les résultats qui
figurent dans les faits observés. Il s'agira aussi d'analyser les
difficultés
32 PILON (M), « l'observation des
processus électoraux » : enseignement de l'élection
présidentielle au Togo Aout 1993, politique africaine, Paris Karthala, n
56, doc 1994, pp 137-142.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 39
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
d'application pratique des dispositions et mesures
légales qui seront prises par les deux parties.
L'observation électorale devrait également
s'adapter à l'émergence d'une autre pratique d'observation
électorale. En ce sens, l'observation électorale devient de plus
en plus pertinente dans l'évaluation des élections se
déroulant non plus au niveau national mais au niveau régional ou
local, puisque la consolidation de la démocratie par les
élections doit se faire à tous les niveaux.
Le deuxième levier à actionner
est la répartition judicieuse des rôles des deux partenaires et la
détermination de leurs relations fonctionnelles. Tout ce que la CEDEAO a
laissé faire dans le cadre des observations électorales, au nom
des `'exigences et les désirs des chefs d'Etat»
doit être corrigé et laissé désormais place
à des réformes pouvant aider les Etats à construire des
dispositions légales et réglementaires relatives au fichier
électoral. Le fichier électoral, le fondamental pour disposer
d'une liste électorale fiable. « Une liste électorale fiable
c'est déjà réussir à moitié une consultation
électorale »33. A dit le professeur Théodore
Holo.
1.3 Professionnalisation Progressive du Métier
d'observateur Electoral
A voir de près la catégorie et le profil des
personnes qui participent à l'observation électorale dans la sous
- région, la professionnalisation progressive des hommes
sélectionnés commence par être ressentie au fil des
temps.
La singularité de l'observateur électoral
employé par la CEDEAO ne constitue pas une figure homogène mais
il fait au contraire référence à une pluralité
d'acteurs dont le profil n'a rien à voir souvent avec les
élections. En effet, les observateurs électoraux n'ont souvent
pas suivi le même parcours personnel et professionnel et ne disposent pas
des mêmes compétences en matière d'observation des
élections. La diversité des profils et des expériences
permet une palette de connaissances et de qualités essentielles à
ce type de missions. Chaque observateur, grâce à son propre
background, apporte une plus-value au travail d'observation
électorale sous - régionale.
La section de la CEDEAO en charge des questions
électorales en corrélation avec « La Nouvelle Conscience
Régionale » a l'obligation de faire l'effort d'intégrer
à l'avenir dans son cahier de charge la professionnalisation du
métier d'observateur électoral et de confier à l'avenir
l'observation électorale aux professionnels du métier des
élections. Des Etats de la
33 Tiré du discours prononcé par le
président de la Cour Constitutionnelle lors de la prestation de serment
des membres de COS - Lépi le mercredi 26 Août 2015
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
sous - région comme le Ghana et le Bénin dispose
des centres et des facultés de formation des observateurs
électoraux.
Les organes de gestion des élections tels que les CENA,
CENI et autres regorgent des spécialistes des questions
électorales. Il est souhaitable que la CEDEAO lance à l'avenir
des tests de recrutement sous contrôle de la « Nouvelle
Conscience Régionale » pour constituer un
répertoire d'observateurs électoraux plus professionnels avec des
cahiers de charges précis. L'Union Européenne par exemple dans
son rapport sur les missions d'observation des élections,
reconnaît la professionnalisation croissante du travail des observateurs
électoraux internationaux en déclarant que les missions
d'observation électorale de l'Union Européenne sont
dirigées par des professionnels bien formés et
expérimentés, ce qui contribue fortement à l'existence
d'un corps d'experts hautement qualifiés en questions
électorales, et force est de reconnaitre que les missions de l'Union
Européenne offrent des observations plus ou moins consensuelles.
Si la diversité des profils des observateurs de la
CEDEAO explique que le travail d'observateur électoral n'est pas un
« métier » en tant que tel, il faut rappeler
qu'un certain nombre d'observateurs électoraux sous régionaux et
internationaux réussissent à ne vivre que de leur participation
à des missions d'observation électorale. Certains observateurs
électoraux interrogés ont cité plusieurs cas de personnes
dont l'unique source de revenus repose sur les missions d'observation
électorale.
C'est pourquoi la question de reconnaissance d'un statut
particulier de l'observateur devient une priorité. La CEDEAO doit
procéder à des recrutements basés sur le profil et sur la
probité et la vertu pour constituer une base de données et ne
plus continuer à recruter parmi les copains et parents des patrons et
autres responsables de la famille CEDEAO.
Les observateurs doivent avoir un minimum de conscience
citoyenne. Pour cela, une large palette de qualités et de
compétences sont requises. Pour Karel Vasak, « les observateurs
électoraux doivent être des personnalités de haute
moralité et possédant une compétence reconnue dans le
domaine des droits de l'homme et en matière électorale ».
Les observateurs électoraux s'engagent à ne pas s'immiscer dans
le processus électoral. Ils doivent avoir un comportement conforme
à l'éthique d'indépendance, d'impartialité et de
neutralité politique qu'exige l'accomplissement de leur mission. Ils
doivent évaluer notamment à la lumière des normes
internationales relatives à la liberté des élections
»
Le problème de l'Afrique aujourd'hui, c'est les hommes,
la qualité des hommes que les peuples placent aux instances dirigeantes.
D'un autre côté, la pratique de l'observation
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
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électorale ne doit plus apparaître comme «
une chasse gardée », où son efficacité repose sur un
cercle d'hommes qui « tournent » de mission en mission. Et comme le
souligne G Radivoje34 « Nous nous connaissons pour la
plupart car nous sommes comme une caravane qui se retrouve au gré des
élections ».
Pour d'autres enquêtés, les personnes
engagées de mission en mission acquièrent une expérience
de plus en plus riche qui doit leur permettre d'être de plus en plus
compétentes dans leurs fonctions. Mais malheureusement ce n'est souvent
pas le cas. Ils fonctionnent souvent sur la base de la ligne tracée par
le recruteur qui a eu la gentillesse de leur faire appel.
B- SUGGESTION
1. Suggestions aux chefs d'Etats membres de la CEDEAO
L'avenir des élections sous - régionales exige
des acteurs nationaux et des chefs d'Etats une mobilisation et une implication
accrues, si l'on veut que l'objectif tangible d'élections libres,
fiables et transparentes soit atteint. C'est pourquoi les États
hôtes ainsi que les partenaires internationaux qui accompagnent et
assistent les organes d'observation électorales doivent relever un
certain nombre de défis afin de surmonter les obstacles qui
compromettent la mise en oeuvre efficiente des recommandations ou des sanctions
qui s'imposent.
Le défi majeur à relever par l'État
hôte est sans nul doute, celui de l'appropriation réelle et
durable des outils et mécanismes démocratiques conformes aux
standards internationaux. Pour cela, les Chefs d'Etat de l'espace CEDEAO
francophone doivent prioriser le respect des engagements démocratiques
souscrits et oeuvrer à un véritable suivi des rapports à
l'interne. Ils doivent faire preuve de bonne foi et adopter une posture
conforme aux principes auxquels ils ont adhéré au sein de la
CEDEAO. Et dans le but de pallier aux conclusions de rapports dits «
artificiels » ou « partisans », le
mémoire préconise entre autres, que les Etats africains (Les
Chefs d'Etat) priorisent l'intervention du concept que la recherche propose :
la « Nouvelle Conscience Régionale ». Cet
organe aura la prétention d'être totalement impartial et ses
rapports contribueraient d'une manière ou d'une autre, à assurer
une meilleure intégrité du processus.
Il s'avère que certains Etats imposent des restrictions
sévères quant à la reconnaissance des rapports de
l'observation électorale. Par ailleurs, le mémoire souffle aux
Chefs d'Etat que le concept de la « Nouvelle Conscience
Régionale » aura la mission de rappeler à la
communauté internationale qu'elle a le devoir de renouveler son
engagement en faveur du
34 Boris PETRIC, « Observation électorale et
réseaux d'ONG transnationaux : le cas du Kirghizstan ».
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
droit à des élections libres et
honnêtes par son élévation au rang de normes
impératives de droit international. Cette élévation passe
par l'inscription du « droit à des élections libres et
démocratiques » au rang de normes de jus cogens. De cette
manière, les violations graves des droits électoraux des peuples
africains seront considérées comme constituant un crime
international.
Cette proposition est soutenue par Jean Salmon lorsqu'il
écrit que : « Dans le registre de la création de
nouveaux organes, on peut évoquer la possibilité pour le Conseil
de sécurité ou l'Assemblée Générale de
créer, suivant le modèle des tribunaux pénaux
internationaux, un organe subsidiaire, à vocation judiciaire, qui aurait
pour mission de dire que tel ou tel processus électoral est bien
constitutif de violation grave d'obligations découlant de normes
impératives du droit international, et de se prononcer sur les
conséquences qu'il conviendrait d'y attacher ».Tout en
étant conscient du caractère rigide d'une telle proposition, on
pourrait suggérer d'attribuer à l'un des organes de l'ONU un
rôle de procureur.35
Cette élévation du droit des élections
aux normes du jus cogens pourrait être considérée comme une
remise en cause du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes,
c'est-à-dire « le droit inaliénable » qu'a
tout État de « choisir son système politique,
économique, social et culturel sans aucune forme d'ingérence de
la part d'un autre État ». Mais ces deux principes sont
conciliables, dans le sens où l'Etat consent volontairement de
lui-même à ratifier la Convention.
Par ailleurs, hormis leur adhésion aux principes de la
Charte des Nations Unies, il existe également une obligation objective
qui s'impose aux États en dehors de tout lien contractuel en ce qu'il se
fonde sur l'intérêt de la communauté internationale
à agir en vue du respect et de la promotion de normes de droit
considérées comme fondamentales.
Dans la même perspective, certains observateurs
attentifs aux questions électorales préfèrent, pour leur
part, le concept de rapport-modèle appliqué à
l'observation internationale des élections pour mettre fin aux
incertitudes et limites en la matière36. Cependant de tels
35 Cité par BAHOUNON Emmanuel,
« les missions d'observation des élections et la
régularité des élections en Afrique»,
DEA 2004-2005.
36 Cité par Prof. KOKOROKO (D), lire
également Elles (L.), « Utilité d'un
modèle international de rapport d'observation sur le déroulement
des élections », Actes du Colloque de la Laguna, op.
cit., p. 276-279. A ce propos, M. Medina parle « d'une
préférence anglo-saxonne pour l'autoréglementation, en
évitant d'avoir à assumer par la suite des engagements
internationaux. Le point de départ de cet examen, renchérit-il,
est constitué par le mandat approuvé par le Secrétariat du
Commonwealth pour les groupes d'observation électorale. Il est
intéressant de noter qu'il existe également un Manuel
d'observation électorale élaboré par le Comité
d'Helsinki, l'Institut Norvégien des Droits de l'homme I et par certains
ministères des affaires étrangères des États
où sont observés des processus électoraux (Togo, Gabon,
Comores etc.) J », Colloque de la Laguna, op.
cit. p. 322.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
rapports-modèles, ont
échoué37. Il faudra désormais pousser ou
contraindre les chefs d'Etat Africains à intérioriser certaines
valeurs démocratiques : La volonté politique de mieux servir le
peuple.
2. Suggestions aux Organes de Gestion des Observations
Electorales de la CEDEAO
Force est de constater que les institutions sous -
régionales à elles seules ne peuvent plus combler les attentes
des peuples de la CEDEAO en matière de la gouvernance électorale
et de l'amélioration des élections. Elles sont prises en otages
par les Chefs d'Etat. La pratique de
l'observation électorale s'est peu à peu
institutionnalisée grâce au travail d'une multitude d'acteurs
diversifiés. Ces organisations sous régionales et internationales
ont commencé à travailler ensemble afin d'agréger leurs
compétences, parler d'une seule et même voix et ne pas se
concurrencer.
Au fil des années, la pratique de l'observation
électorale a donc progressivement évolué vers des missions
conjointes, ou en tout cas une coopération accrue entre les
différents acteurs.
La Déclaration de principes pour l'observation des
élections établissant un code de conduite à l'usage des
observateurs électoraux est venue sanctifier la pratique. En effet,
toutes les organisations ayant adhéré à la
déclaration de principes s'engagent « à coopérer
» entre elles dans le cadre des missions d'observation électorale.
L'observation peut être effectuée, par exemple, par des missions
individuelles, par des missions d'observation conjointe ad hoc ou des missions
concertées.
Au regard de ce qui précède, il n'y aura point
d'avenir pour les observations électorales si l'élite de la
CEDEAO ne s'inscrit pas dans une rupture radicale face à l'incurie
actuelle. Il apparaît nécessaire pour les élites de la
CEDEAO d'analyser et d'accepter les nouvelles idées et de se doter
d'ambition claire pour relever les défis énormes en vue
d'atteindre l'efficacité souhaitée.
En effet, les fonctionnaires de la CEDEAO placés au
sommet des instances électorales pour améliorer l'organisation
des élections ne peuvent plus se contenter de déployer des MOE
dans les Etats lors des échéances électorales et produire
de simples rapports de plus en plus contestés malgré les efforts
d'amélioration.
L'observation électorale ne doit plus être
symbolique. Elle doit être présente à des étapes
fondamentales. La décision de déployer une MOE ne signifie plus
qu'un processus
37 La cacophonie juridique soulevée par l'observation
internationale des élections présidentielles zimbabwéennes
de 2002 par le Commonwealth constitue un témoignage vivant.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
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problématique ou crédible. Il est
nécessaire pour les élites d'opérer une rupture. Des
préalables constituant des étapes fondamentales pour aboutir
à des élections consensuelles par l'entremise des observations
électorales doivent commencer pas être explorés.
Il s'agit ici pour la CEDEAO d'identifier et
d'intérioriser le concept la « Conscience Citoyenne
Régionale » puis de proposer les relations fonctionnelles
et fusionnelles qui permettent de maximiser l'efficacité des actions au
profit de l'Etat bénéficiaire, tout en sauvegardant une certaine
indépendance des missions d'observation. Il est entendu que, en raison
de l'espace géographique concerné (Afrique de l'Ouest), la CEDEAO
est pressentie pour jouer le rôle central dans le mécanisme.
L'implication du Concept « Nouvelle Conscience
Régionale » apparaît à deux niveaux. D'une
part, elle intervient en synergie avec l'élite de la CEDEAO dans les
actions d'information et de sensibilisation auprès des Chefs d'Etats
afin qu'ils n'opèrent plus de choix en fonction des
intérêts du pouvoir. D'autre part, elle sera très active
sur le terrain de l'observation électorale. Bien organisés,
encadrés et financés, les agents de la « Nouvelle
Conscience Régionale » et de la CEDEAO pourraient produire
des résultats plus probants que les observateurs internationaux moins
nombreux et présents sur une période plus courte.
3. Suggestions aux Peuples de la CEDEAO
Les types de dérive constatés surtout en
période électorale rendent inefficientes les règles
d'égalité et d'équité inscrites dans les textes
régissant les élections. Les dirigeants profitent des confusions
dans ce dispositif principalement pour imposer de nouvelles règles du
jeu. En effet, l'élection étant par essence un acte de
souveraineté de l'État, il est normal que chaque État en
assure en toute indépendance l'organisation et le financement.
Malheureusement, le financement des élections, dans la
plupart des Etats membres de la CEDEAO, est souvent largement tributaire des
ressources extérieures dont la mobilisation est souvent liée
à des conditionnalités que les États
bénéficiaires ne remplissent pas toujours. Il en résulte
des blocages qui entravent l'évolution sereine du processus
électoral laissant le chemin libre aux antis démocrates de
remettre en cause la sincérité du scrutin en déclassant
les Etats. La prise en charge par chaque État du coût financier
des élections est de toute évidence l'objectif à atteindre
et il importe que l'intégralité de ces dépenses soient
inscrites au budget.
Par ailleurs, les MOE déployées lors des
élections pour s'assurer de la sincérité du scrutin dans
les Etats n'ont pas toujours les coudées franches pour un travail
fiable.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
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Quelle est donc la pertinence des missions d'observation
électorale si elles ne peuvent être objectives ?
Le challenge consiste donc à établir les liens
organisationnels et fonctionnels les plus pertinents en vue de
l'établissement d'un mécanisme cohérent et orienté
vers l'efficacité et l'impact durable sur les processus
démocratiques des Etats bénéficiaires. Il revient à
chaque peuple de porter le concept de la « Nouvelle Conscience
Régionale » en vue de préconiser la mise en place des
creusets de pression, de dissuasion et d'action au niveau de chaque Etat membre
de la CEDEAO. Le financement des élections inscrit dans le budget de
l'Etat et la traçabilité des fonds mis à disposition
doivent être analysés à la loupe. Le partenariat du peuple
avec les institutions sous - régionales doit être
revendiqué.
Dans ce cadre, le Sénégal donne depuis 2011 un
exemple de « Cadre d'Action et de Pression » qui
regroupe des acteurs de la société civile et qui pourrait
être amélioré et étendu aux autres Etats de la
CEDEAO. Ce cadre a contribué énormément à la
réalisation de consensus importants sur les questions électorales
et, partant, à la prévention de potentiels conflits
électoraux.
En effet, ces dernières années, des pans
importants de la société civile sont soucieux de marquer leur
identité et leur autonomie par rapport aux partis politiques et
manifestent une propension à prendre leurs distances et à assumer
une certaine équidistance par rapport aux acteurs politiques en
compétition pour l'exercice du pouvoir. Ces dynamiques tendent à
montrer que les citoyens, à travers leurs organisations et mouvements,
sont déterminés aujourd'hui à se positionner comme acteurs
du processus afin de contribuer à déterminer, non pas qui doit
assumer le pouvoir politique (c'est l'objet des élections), mais les
règles minimales auxquelles doivent se soumettre tout acteur de la
« classe politique » pour une dévolution du
pouvoir et une gouvernance légitime. C'est ainsi, par exemple, que sont
nées les plateformes comme Nchoof en Tunisie (2011)38,
EDNA-DIAPOL au Sénégal
38 Nouvel outil citoyen à la disposition des Tunisiens
démocrates, la plateforme Nchoof, lancée par l'association Sawty,
l'association "conscience politique" et l'association "Société de
l'Internet en Tunisie (ISOC Tunisie)" se propose de contrôler le
processus électoral tunisien par internet. Le site propose
également des éclairages, en français et en arabe, sur les
textes juridiques et les procédures réglementaires relatifs au
processus électoral, ainsi que des analyses publiées dans la
presse sur ce thème. Destiné à publier toutes les
réclamations des citoyens au cours de la période
électorale, ce site a pour mission de rendre le plus transparent
possible le déroulement du processus électoral dans les
différentes régions du pays. Contrairement à l'observation
classique des élections dont les résultats ne seront
révélés qu'à la fin du dépouillement, ce
site permet de contrôler l'opération électorale de
façon quotidienne et instantanée. Au-delà de son
utilité de contrôle, la plate-forme incite clairement les
Tunisiens à s'impliquer dans le processus démocratique en marche
et de décider de l'avenir du pays. Elle se présente
également comme un outil collaboratif de détection des fraudes en
demandant aux citoyens de former une chaîne de vigilance.
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
(2012)39, APEM40 ou Réseau
Plaidoyer et Lobbying au Mali (2013). Il est nécessaire maintenant que
chaque peuple de la CEDEAO prenne les dispositions de mobilisation utiles en
vue de soutenir les réformes induites par le modèle
suggéré.
En dépit des mécanismes mis en place par la
CEDEAO pour observer les Etats membres, les processus électoraux restent
relativement peu crédibles dans la sous-région et les risques de
conflits électoraux demeurent élevés.
Il convient dès lors de réinventer l'observation
électorale et d'en faire un instrument permettant d'une part
d'améliorer la crédibilité des élections et de
prévenir les conflits dans l'espace CEDEAO et, d'autre part, de faire
progressivement reprendre en main par les Etats eux-mêmes la
maîtrise et le contrôle de leurs processus électoraux.
Dans cette perspective, la première clé de la
réussite du système demeure une véritable coordination des
interventions des différents acteurs par une structure comme la
« Nouvelle Conscience Régionale » qui
regroupera tous les Etats de cet espace sous régional et qui est
doté d'organes et de mécanismes capables de porter efficacement
cette responsabilité.
39 L'Organisation Edna Prospective et Dialogue politique
(Diapo), en partenariat avec la Plateforme des acteurs non étatiques
pour le suivi de l'action de contrôle, a mobilisé 250 observateurs
et 28 superviseurs sur l'ensemble du territoire national pour la
présidentielle du 26 février 2012. En dehors des moyens
mobilisés pour ces observateurs, Edna-Diapol fera aussi appel à
des volontaires pour étoffer son effectif. Observateurs à long
terme (OLT) d'Edna-Diapol, les superviseurs ont pour tâche de
façon continue d'assurer l'observation électorale, la
sensibilisation et la mobilisation des électeurs jusqu'aux
élections. Deux niveaux de coordination sont mis en place pour
travailler avec les observateurs étrangers sur le terrain, d'abord avec
les observateurs de l'Union Européenne et ensuite avec ceux
déployés par la Communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
40 Réseau d'Appui au Processus Electoral du
Mali.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
CONCLUSION
L'observation des élections est une sorte
d'enquête sous - régionale et internationale qui a pour but
l'établissement et la vérification de certains faits dont seront
tirées des conséquences politiques et juridiques. Et en tant que
procédure d'établissement des faits, elle devrait être vue
comme un des éléments constitutifs du contrôle de
l'exécution par les Etats de leurs obligations internationales. Les
appels réitérés en faveur d'une ouverture
démocratique par les partenaires au développement, avaient
laissé présager qu'on aboutirait à une consolidation de la
démocratie en Afrique. Toutes ces espérances se sont
avérées bien illusoires, car dans la pratique ces normes ne
s'imposent pas de la même manière à tous les États.
Et si certains en font des règles de la pratique politique, d'autres,
par contre, s'y réfèrent tout simplement comme un camouflage des
pratiques politiques décivilisées.
Par ailleurs, la mise à l'écart des rapports
d'observation constitue une restriction à la promotion du principe de
légitimité démocratique. Les sanctions censées
être dissuasives et correctives s'appliquent de manière
sélective, déterminées par les intérêts
égoïstes des États occidentaux ainsi que les calculs
cyniques des élites africaines.
Cette situation rend très difficile le contrôle
de l'effectivité des normes internationales relatives à la
liberté des élections et leur sanction en cas de manquement
à travers les mécanismes de suivi des rapports des observateurs
internationaux.
Il s'ensuit, à l'échelle sous - régionale
et régionale, un important déficit démocratique ayant pour
corollaire la restauration de la « démoc rature
»41.
Dans ces régimes survivraient des
éléments de démocratie (élections) amalgamés
avec des pratiques autoritaires.
Les missions de délégations «
d'observateurs électoraux » en deviennent quasiment
inutiles. Elles sont accusées à tort ou à raison d'oeuvrer
à conforter les dictatures mises en place dans leurs logiques de
confiscation des systèmes électoraux ou de mise en place de
systèmes institutionnels décriés pour organiser leur
pérennité au pouvoir.
Certains observateurs attentifs aux questions politiques des
États du Tiers-Monde vont jusqu'à préconiser sa
suppression pure et simple tant son inefficacité devient de plus en plus
frappante. Faut-il pour autant céder à ces condamnations au
risque de porter préjudice à un
41 Marc Liniger-Goumaz, « la
democrature, dictature camouflée, démocratie truquée
», Paris, L' Harmattan, 1992, 364 p.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 48
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
processus de démocratisation encore bien fragile dans
les États du Tiers-Monde, notamment de l'espace CEDEAO ?
Nous considérons, pour notre part que l'observation des
élections doit être poursuivie dans la mesure où elle est
un instrument susceptible de faire faire des progrès rapides à la
promotion et à la consolidation de la démocratie pluraliste.
Cependant, la pratique de l'observation des élections conduite par la
CEDEAO doit subir un « toilettage conceptuel
».42
En effet, si des progrès significatifs sont
observés dans certains pays, d'autres en revanche, connaissent encore
des dysfonctionnements révélant la difficulté qu'ils
éprouvent à s'approprier réellement et durablement les
règles et les mécanismes électoraux de base. Que ce soit
dans l'un ou l'autre cas, la pratique démocratique semble dès
lors s'inscrire, sans frontière, dans l'ordre du «
nécessaire », et la politique internationale africaine ne peut
que s'y conformer.
Toutefois, le fait qu'aucun État ne puisse se
revendiquer « non démocratique », est un indice du
succès ne serait-ce que symbolique de ces valeurs et de ces
principes.
Et, si l'État souverain doit se conformer au droit
international, il lui appartient d'apprécier quelles sont les exigences
de ce droit dans chaque situation, et dans chaque cas
d'espèce43. Aussi, seule une réflexion approfondie
permettra aux partenaires internationaux et aux États africains
eux-mêmes de définir de nouvelles perspectives et priorités
pour leurs actions en faveur de la démocratie afin que celle-ci
s'enracine profondément.
Mais en attendant cette réflexion qui mettra du temps
à se concrétiser pour des raisons égoïstes des
dirigeants africains, le présent mémoire propose un «
Système d'Ingénierie » capable de formaliser le concept la
« Nouvelle Conscience Régionale » en une
stratégie de décision sous régional très active
capable de corriger les abus des Chefs d'Etat africains en matière de
gouvernance électorale.
Cependant, la démocratie a-t-elle des chances de survie
dans un environnement de réseaux minés par des
intérêts des Chefs d'Etat qui sacrifient les besoins des
populations ? A la seule et unique condition que les peuples africains
décident de prendre leur destin en main et constituer une ligne de
front. C'est à ces conditions seules que l'Afrique de l'Ouest
francophone pourrait pacifier et sécuriser ses élections.
42 Contribution de DODZI KOKOROKO, «
La portée de l'observation internationale des élections
in VETTOVAGLIA JP., Jean du Bois de GAUDUSSON, Albert BOURGI, Christine
DESOUCHES, Joseph MAILA, Hugo SADA et André SALIFOU (éds),
Démocratie et élections dans l'espace francophone, Bruxelles,
Bruylant, 2010, pp.755-765.
43El Mekkaki (A.), Le
consentement des États membres dans le processus décisionnel des
Organisations internationales, Thèse, Nancy II, 1994, p.
200-205.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 49
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGE GENERAUX
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pluralisme, Paris, Economica, 517 p.1
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Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
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(324 p.), p. 58-67 ;
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relatives aux élections et leur mise en oeuvre » in RJP, P
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Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
- Roland Pourtier, « Les élections de 2011 en
RDC, entre cafouillage et tripatouillage », EchoGéo [En
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- SOREL J.-M.(2001), « Sur quelques aspects
juridiques de la conditionnalité du FMI et leurs conséquences
», EJIL, vol. 7, n°1, p. 78
- Yves Alexandre Chouala « Éthique et
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civilité à l'épreuve du jeu réaliste des
États » Politique et Sociétés, vol. 25, n°
23, 2006, p. 183-217
JOURNAUX
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», Journal of Democracy, 9(2), 1998.
- Thorin V. « Nigeria-France. Lune de miel
», Jeune Afrique/L'Intelligent, n° 2040, du 15 au 21 février
2000, p. 15.
MEMOIRES ET THESES
- ADELOUI J., «Transition démocratique et
coopération au développement : cas du Benin, Mali, Niger et Togo
», mémoire de thèse de doctorat, 2006.
- BAHOUNON Emmanuel, « les missions d'observation des
élections et la régularité des élections en Afrique
», mémoire de DEA 2005.
- DAKO S., «Processus électoraux et
transitions démocratiques en Afrique Noire francophone. Etude des cas du
Bénin, du Cameroun, du Gabon, du Sénégal et du
Togo» ; mémoire de thèse de Doctorat, Université
d'Abomey-Calavi, 2008.
- SODINKE Atsou, « contribution de l'OIF au droit
international de la démocratie », mémoire de DEA Chaire
UNESCO, 2010.
DIRECTIVES REQUETES ET RAPPORTS
- Charte africaine de la Démocratie, des Elections et
de la Gouvernance du 27 février 2O1O
- Directives pour les missions d'observation et de suivi des
élections de l'Union africaine de 2002.
- Principes de gestion, de surveillance et d'observation des
élections dans les Pays de la SADC.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
- Rapport de la mission d'observation des élections du
parlement panafricain pour le deuxième tour des élections
présidentielles et législatives partielles en République
du Zimbabwe.
- Rapport final sur l'observation des élections
présidentielles 2012 de l'Union Européenne au
Sénégal
- Requête en contestation des résultats
provisoires de l'élection présidentielle du 28 novembre 2011
publiés par la CENI le vendredi 09 décembre 2011
Webgraphie
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http://www
univ-reins.fr
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http://www.onuci.org/pdf/faqcertification.pdf
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http://www.onuci.org/pdf/declarationyjchoifr.pdf
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c
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www.droits-fondamentaux.org
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www.afrilex.u-boreaux4.fr
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http://echogeo.revues.org/13119
; DOI : 10.4000/echogeo.13119
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www.democratie.francophonie.org
-
http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html
ANNEXE
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT I
DEDICACE II
REMERCIEMENTS III
SIGLES ET ACRONYMES IV
GLOSSAIRE V
SOMMAIRE IX
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE
5
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE 6
I- Problématique 6
1- La Question de l'Objectivité des Missions
6
2- Hypothèses de Recherche 7
2.1 Enoncé des Hypothèses 7
3- Objectif Général 7
4- Objectifs spécifiques 7 4.1. Cerner la
problématique des Missions d'observation électorale (Moe) dans
l'espace
CEDEAO francophone qui s'exprime par les problèmes et
les souhaits des populations ; 8
4.2. Apprécier le dispositif institutionnel
d'observation électorale de la CEDEAO ; 8
4.3. Etablir une corrélation entre l'objectivité
des MOE et les défis démocratiques. 8
II- Revue de la littérature 8
1. Etat des lieux 8
1 - Principaux Instruments juridiques pour les
élections 8
2. La Genèse de l'Observation Electorale 9
III- Justification du choix du Sujet et du cadre de la
recherche 10
1- Justification du choix du Sujet 10
CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE 11
1 - Nature de la Recherche 11
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
2 - Recherche Documentaire 11
3 - Sources Orales 11
4- Population cible et technique d'échantillonnage
11
A - Justification des Cibles 12
B- Principaux types d'informations recueillir
auprès des cibles 12
C- Justification des quotas Obtenus 12
5- Techniques de collecte des données 13
6- Enquête de terrain 14
7- Contraintes et limites de la recherche 14
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
15
CHAPITRE III : PRESENTATION DES DONNEES 16
1-Analyse des données 19
2. Vérification des Hypothèses 21
2.1 Vérification de l'Hypothèse N°1 :
21
2.2 Vérification de l'Hypothèse N°2
22
2.3 Vérification de l'Hypothèse N°3
23
3- Le bilan des missions d'observation électorale de la
CEDEAO 24
3.1 Les Atouts des missions d'observation
électorale de la CEDEAO 24
3.1.1 Un Mécanisme institutionnel de
notoriété. 24
3.1.3 Géolocalisation des observateurs dans
l'espace CEDEAO 27
TROISIEME PARTIE : PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS 29
A- PERSPECTIVES 30
I- LES NOUVEAUX DEFIS DES MISSIONS D'OBSERVATION DE LA CEDEAO
30
1. Actions prioritaires 30
2. Quelle Observation Electorale pour l'avenir ?
30
3. L'Enoncé de `' l'Expertise» pour une
Observation Electorale 32
Objective 32
II- PISTES POUR UNE NOUVELLE STRATEGIE D'OBSERVATION
ELECTORALE 34
1- Nécessité d'une réforme en faveur
de l'observation électorale de la CEDEAO 34
1.2 Mise en Place d'un Partenariat pour une meilleure
Observation électorale. 38
1.3 Professionnalisation Progressive du Métier
d'observateur Electoral 39
B- SUGGESTION 41
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
1. Suggestions aux chefs d'Etats membres de la CEDEAO
41
2. Suggestions aux Organes de Gestion des Observations
Electorales de la CEDEAO 43
3. Suggestions aux Peuples de la CEDEAO 44
CONCLUSION 47
BIBLIOGRAPHIE 49
TABLE DES MATIERES 54
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