Conclusion
En définitive, ce chapitre portant sur la
qualité des eaux nous a permis d'apprécier la qualité de
l'eau et d'établir le lien avec la santé des populations dans la
ville de Garoua. A l'exception de quelques quartiers (Carrière,
Doloré, Pitoyel 1, Babla centre, Babla camp, Bockle) les forages
produisent dans l'ensemble des eaux de bonne qualité propices à
la consommation directe. Seulement, l'usage généralisé des
eaux des puits, certaines ayant une conductivité supérieure
à 2000 mS/cm (présence de nombreux éléments
chimiques nocifs dissous) fait des ravages au sein de la population. Cette
dernière est victime des maladies hydriques telles que la dysenterie, la
typhoïde, le paludisme, la diarrhée, le choléra, la
fièvre jaune. Il existe cependant des méthodes de traitement
efficace de l'eau à coût réduit voire nul, pouvant aider
les populations à se prémunir de ces désagréments
sanitaires.
CONCLUSION GENERALE
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La ville de Garoua, zone de notre étude, est
limitée au Nord-Ouest par l'arrondissement de Demsa, à l'Ouest
par l'arrondissement de Bardanke et à l'Est par l'arrondissement de
Pitoa. Plus précisément, elle est située entre le 9°
3' et 9° 5' de latitude Nord et le 13° 4' et 13° 6' de longitude
Est. Dans cette étude intitulée « Problématique
d'approvisionnement en eau potable dans la ville de Garoua (Nord-Cameroun)
», nous nous sommes fixés pour objectif de contribuer à
l'amélioration de l'approvisionnement en eau potable des ménages
dans la ville de Garoua. Dans cette optique, elle s'est construite sous
l'hypothèse selon laquelle, les difficultés d'approvisionnement
en eau potable des populations de la ville de Garoua tiendraient à une
mauvaise répartition des points d'eaux potables existants. La question
de recherche quant à elle interroge les facteurs responsables des
difficultés d'approvisionnement en eau potable dans la ville de Garoua.
Dans le souci d'apporter des éléments de réponse à
la question, le travail a été structuré en quatre
chapitres. D'abord, nous avons procédé à la
présentation sommaire de la ville de Garoua, ainsi que les
différentes sources d'approvisionnement en eau; ensuite, nous avons
présenté les difficultés d'approvisionnement en eau pour
finir avec l'analyse de la qualité de l'eau et ses corollaires
sanitaires.
Dans ce travail, nous avons utilisé la méthode
hypothético-déductive. Pour vérifier nos
hypothèses, nous avons eu recours à des observations de terrain
et aux enquêtes auprès des ménages, aux entretiens à
la CDE de Garoua, à la Communauté Urbaine de Garoua et aux
centres de santé intégrés. Enfin, la qualité de
l'eau a été évaluée à travers
l'appréciation des paramètres physicochimiques obtenus
in-situ grâce à un conductimètre et un
pH-mètre.
Les résultats obtenus montrent que l'insuffisance des
points d'eau potable et la concentration de ceux existants sur une zone
donnée, contraignent de nombreux ménages à parcourir de
très longues distances pour se ravitailler. D'autres encore, pour
éviter ces longues marches, s'approvisionnent chez les vendeurs d'eau.
Ainsi, la majorité des ménages enquêtés, dont 56,25
% à Poumpouré, 52,5 % à Laindé, 45,5 % à
Liddiré et 34,3 % à Yelwa achètent l'eau potable chez les
« maïroua » et par là même, dépensent 7 fois
plus que ceux ayant les forages, les bornes fontaines et le réseau
public comme sources principales d'approvisionnement en eau potable.
Les entretiens à la CDE de Garoua
révèlent que l'incapacité de la société
fermière à satisfaire les besoins en eau potable des
abonnés provient de la vétusté du matériel de
production. Celui-ci, datant de 1987 est sujette à de pannes
récurrentes. De plus, l'absence d'entretien du matériel
entraîne des fuites d'énormes quantités d'eau
destinées à la population. Les contraintes climatiques et
principalement la longue durée de la saison sèche amplifie les
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difficultés d'approvisionnement en eau des populations.
Durant cette période, les puits et certains forages tarissent, les mayos
s'assèchent et obligent les ménages à s'agglutiner autour
des ouvrages ayant résisté à la sécheresse, ou de
creuser le lit des mayos à la recherche de l'eau. Cette dernière
est directement consommée et utilisée pour toutes les
activités domestiques.
Les paramètres physicochimiques de l'eau obtenus
in-situ montrent que les eaux utilisées ne sont pas toujours de
bonne qualité. Les quartiers Liddiré et Yelwa sont
identifiés comme zones à risques, parce que les seuils limites
des paramètres physicochimiques des eaux y sont largement
dépassés. On y rencontre des eaux avec une conductivité
allant au delà de 2000 mS/cm. A l'opposé, Poumpouré et
Laindé produisent des eaux de bonne qualité même si la
minorité des ouvrages ont des eaux fortement chargées en
matières dissoutes. A grande échelle, la partie Nord de la ville
est la zone où les valeurs observées sont les plus
élevées, traduisant ainsi la mauvaise qualité de l'eau. La
consommation desdites eaux ont des répercussions sanitaires
préjudiciables à l'Homme.
Les entretiens dans les centres de santé
intégrés et les données recueillies ont attestés de
la présence des maladies hydriques. Dans l'ordre décroissant, les
ménages ont été victimes des maladies suivantes : le
paludisme (39,6 % des ménages enquêtés), la diarrhée
(31,2 %), la dysenterie et la typhoïde (9,4% chacune), les maladies de la
peau et les amibes (5,2%) chacune. Ces pathologies ont aussi été
recensées dans les centres de santé de la ville (centre de
santé de Laindé et de Liddiré). Toutefois, la
pauvreté des ménages conduit une bonne partie à
l'automédication traditionnelle. L'analyse spatiale de la
répartition des points d'eau a abouti à la proposition des zones
indiquées pour l'implantation des futurs points d'eau potable.
D'après notre hypothèse 1, les populations de la
ville de Garoua associeraient plusieurs sources d'approvisionnement pour
satisfaire leurs différents besoins en eau. En effet, chaque
ménage adopte une stratégie d'adaptation pour l'approvisionnement
en eau potable en recherchant une source alternative. Ainsi par exemple, les
ménages disposant d'un branchement au réseau public suite aux
fréquentes coupures d'eau sont obligés de s'orienter soit vers
les forages ou alors de se munir des fûts de stockage. Ensuite, les
multiples disputes (dues au surnombre) autour des forages pendant la saison
sèche, contraignent les uns à l'usage des eaux issues des mayos.
De même, les « maïroua », en période de
pénurie ne livrent que chez les plus offrant d'où la
nécessité pour les ménages de trouver une source
d'approvisionnement alternative vérifiant ainsi l'hypothèse 1.
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L'hypothèse 2, quant à elle, stipule que,
l'insuffisance des points d'eau potable, l'accroissement démographique,
la vétusté du matériel de production de l'eau potable, et
le climat soudanien constitueraient des obstacles à l'approvisionnement
en eau dans la ville de Garoua. Or, ces quatre facteurs ne constituent pas les
seuls obstacles à l'approvisionnement en eau. En effet, comme l'ont
déclaré certains enquêtés, on note aussi une lenteur
administrative dans le traitement des dossiers de branchement à la
CAMWATER. En plus, le coût de branchement au réseau public est
considéré comme exorbitant alors qu'à long terme, il est
moins couteux par rapport aux « maïroua ». L'urbanisation
anarchique, caractérisée d'une part par l'enchevêtrement
des « sarés » ne permet pas une extension efficiente du
réseau public de distribution d'eau potable dans les quartiers
précaires. Enfin, on note les longues distances à parcourir par
les ménages de façon quotidienne pour s'approvisionner en eau
potable. Ceux-ci s'ajoutent aux obstacles de l'hypothèse 2. Cette
dernière fait juste ressortir les principales difficultés
d'approvisionnement en eau potable.
Enfin, l'hypothèse 3 stipule que, l'eau utilisée
dans la ville de Garoua serait de mauvaise qualité et a des
conséquences néfastes sur la santé des populations. Dans
l'ensemble, excepté quelques petites zones, les forages produisent des
eaux dont la conductivité est comprise entre 0 et 500 uS/cm ; et dont
sans concentration excessive des éléments chimiques nocifs pour
la santé humaine. La forte prévalence des maladies hydriques
serait dûe soit à la consommation des eaux des puits, soit
à celles issues des mayos ou encore dûe à la consommation
des eaux polluées à la source ou lors de diverses manipulations
à domicile.
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