IV.5 : DISCUSSION
Alors que Younsa (2011) étudie la qualité de
l'eau à Niamey par un aperçu des facteurs de contamination de la
ressource (déchets solides et liquides déversés partout,
incinération des déchets, durée de stockage, distance
à parcourir pour ramener de l'eau, et la qualité des ustensiles
utilisés pour la conservation), nous l'avons fait à travers
l'analyse des paramètres physicochimiques des eaux mesurés in
situ (conductivité, température, Potentiel
Hydrogène). Cependant, l'interprétation de ces paramètres
physicochimiques est mitigée. Pendant que Léocardie (2009) trouve
que l'augmentation de la température de l'eau est sans danger pour la
santé humaine parce qu'elle ralentit le développement des
bactéries, Nya (2013) affirme plutôt que cette augmentation
favorise le développement des bactéries et entraîne des
problèmes de couleur, de saveur et de corrosion. Dans notre
étude, les conditions climatiques de la ville (forte chaleur) ne nous
permettent pas de statuer objectivement sur ce paramètre ; tous les
points d'eau ayant des températures largement supérieures aux
seuils préétablis. Quant à la conductivité, elle
n'est qu'un paramètre indicatif car, bien qu'elle puisse permettre de
détecter les eaux polluées, elle ne peut cependant pas identifier
l'élément chimique dont le niveau de concentration peut porter
atteinte à la santé humaine. Les données cliniques donnent
juste un aperçu de la prédominance des maladies hydriques dans la
ville. Elles ne sont tout à fait pas exhaustives, car une grande partie
de la population a recours à l'automédication traditionnelle
comme l'indique le tableau 31.
Tableau 31: Proportion des
ménages par type de traitement.
Quartiers
|
Traitement traditionnel
|
Traitement moderne
|
Total
|
Effectif
|
Pourcen- tage
|
Effectif
|
Pourcen tage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Poumpouré
|
12
|
9,9 %
|
4
|
3,4 %
|
16
|
13,3 %
|
Laindé
|
35
|
28,9 %
|
5
|
4,2 %
|
40
|
33,1 %
|
Liddiré
|
24
|
19,8 %
|
9
|
7,4 %
|
33
|
27,2 %
|
Yelwa
|
26
|
21,5 %
|
6
|
4,9 %
|
32
|
26,4 %
|
Total
|
97
|
80,1 %
|
24
|
19,9 %
|
121
|
100 %
|
Source: enquête de terrain, 2016
112
IV.6: QUELQUES PROPOSITIONS
IV.6.1 Aux ménages
Il est possible de lutter efficacement contre les maladies
hydriques par l'application de certaines méthodes
élémentaires de traitement de l'eau et par l'amélioration
de l'assainissement.
? Le traitement par ébullition et par
chloration
Le traitement de l'eau par ébullition permet de tuer la
totalité des germes et microorganismes présents dans l'eau. Elle
doit pour cela être préalablement filtrée ou
décantée, puis bouillie à gros bouillons. L'eau
traitée par ébullition peut avoir un goût fade. Ce
problème peut être réglé en la secouant
vigoureusement pour la réoxygéner ou en y ajoutant un peu de sel.
Cette façon de procéder est facile dans sa mise en oeuvre
(Wikiwater, 2016). Le traitement par chloration est efficace pour rendre une
eau potable. Elle consiste à introduire des produits chlorés
(pastille de chlore, eau de javel...) dans l'eau pour tuer les microorganismes
qu'elle contient (trois gouttes d'eau de javel par litre d'eau). Après
un temps d'action de 30 minutes, l'eau est potable et le reste quelques jours
(en fonction des conditions de stockage) grâce à l'effet
rémanent du chlore. Si le traitement est parfaitement effectué,
tous les germes pathogènes sont éliminés. La chloration
est suffisante pour purifier les eaux souterraines comme c'est le cas dans la
ville de Garoua ; car sont moins polluées à la source par rapport
à celles de surface et ont un pH pas loin de la neutralité
(Fondation Eau Potable Sure, 2014).
Tableau 32: Agents chimiques de
purification de l'eau
Agents chimiques
|
Spécialités
|
Dose
|
Temps de contact en
minutes
|
Hypochlorite de sodium
|
Drinkwell Chlore
|
3 gouttes/L
|
60
|
Tosylchloramide (Chloramine)
|
Hydroclonazone
|
1 cp : 12,2 mg/L
|
60
|
Dichloroisocyanurate de
sodium [DCCNa]
|
Aquatabs
|
1 cp : 3,5 mg/L
|
30
|
Ion argent
|
Micropur
|
1 cp : 0,1 mg/L
|
120
|
Ion argent
|
Drinkwell argent
|
1 goutte/L
|
120
|
Alcool iodé à 2%
|
|
5 gouttes/L
|
30
|
Source : Aubry P., Gaüzere B.A., (2012)
113
? La filtration sur tissu et la méthode des
trois récipients
On peut facilement traiter l'eau avec du tissu. Cela permet
d'éliminer ses principales impuretés solides et les laves
d'insectes susceptibles de s'y trouver. Ici, le tissu utilisé de
préférence en coton doit être suffisamment épais
pour bien retenir les impuretés et lavé avant chaque utilisation.
La filtration est en effet un moyen de traitement dont la mise en oeuvre est
simple, très utile voire indispensable en prétraitement et d'un
coût quasi nul. Seulement, elle effectue un traitement sommaire ne
pouvant pas rendre l'eau potable si elle est contaminée par les
éléments chimiques.
La méthode des trois récipients, joue le
même rôle que la filtration et permet d'enlever les principales
impuretés solides se trouvant dans l'eau. Cette méthode consiste
tout simplement à transvaser l'eau (décantée) d'un
récipient à un autre en lavant à chaque fois le
récipient vide. Pour plus d'efficacité, cette méthode peut
être utilisée en complément d'une filtration. Tout comme la
précédente, c'est une méthode simple avec un coût de
réalisation nul (Direction Nationale de l'eau Potable et de
l'Assainissement Haïti, 2012).
? Le traitement par filtration sur sable
Le filtre à sable est une méthode
écologique de traitement des eaux. Son principe est de faire percoler
l'eau à travers une couche de sable. Il en existe deux types : le filtre
à sable de prétraitement qui a le même rôle que la
filtration sur tissu. Il est efficace et adapté aux situations
d'urgence. Quant aux filtres à sable biologique, il constitue à
lui seul un moyen de filtration et de décontamination. Correctement
entretenu, le filtre à sable biologique est efficace sur une longue
durée et peu coûteux (Eau de Paris, 2006).
? La méthode SODIS
La méthode SODIS se prête parfaitement au
traitement de l'eau de boisson dans les pays en développement, car ne
requiert que la lumière solaire et des bouteilles en plastique
transparent légers appelé PET (polyéthylène
téréphtalate). Ces bouteilles incolores sont remplies d'eau et
exposées au soleil pendant six (06) heures. Les rayons UV A contenus
dans la lumière solaire tuent les germes infectieux : virus,
bactéries et parasites. C'est une méthode de traitement facile
à mettre en oeuvre à un coût nul et est efficace (Wash
Plus, 2014).
114
|