III.5.1 : L'impact global du climat sur les ressources en
eau
On observe aujourd'hui, une grande différence entre le
cycle saisonnier d'hier et celui de nos jours. L'Afrique est le continent qui
contribue le moins aux émissions globales de gaz à effet de
serre. Pourtant, elle est particulièrement vulnérable aux effets
du changement climatique. Les effets du changement climatique (réduction
de la production agricole, détérioration de la
sécurité alimentaire, incidence accrue des inondations et de la
sécheresse, propagation des maladies et augmentation du risque de
conflits en raison de la raréfaction des terres et de l'eau) sont d'ores
et déjà évidents.
D'après le Ministère
Délégué chargé de l'Eau du Royaume du Maroc (2016),
les conséquences sur le cycle de l'eau concernent essentiellement la
modification de la moyenne et de la répartition géographique des
précipitations, l'accroissement de l'évapotranspiration, la
recrudescence des périodes de sécheresse et de fortes
précipitations. En effet, les impacts du changement climatique dans le
domaine de l'eau sont déjà visibles un peu partout à
travers le monde, en Californie, au Brésil, dans les pays du Sahel
où des réductions des précipitations sont
enregistrées avec une accentuation des phénomènes
climatiques extrêmes. De même, le réchauffement climatique a
un impact négatif sur la régularité des débits des
rivières. D'un autre côté, les changements climatiques
réduisent le pouvoir auto-épurateur des cours d'eau, ce qui
accentue les problèmes de pollution de l'eau. Toutes ces
conséquences entraînent des pressions supplémentaires sur
les ressources en eau qui subissent déjà des pressions en termes
de surexploitation dans beaucoup de régions du monde. Selon le dernier
rapport du GIEC, les tendances de changement du cycle de l'eau se manifestent
par :
? l'augmentation des températures, et ce depuis le
milieu du 19e siècle
Les températures plus élevées vont
affecter la nature des précipitations (pluies ou neige) ce qui aura un
impact sur le régime de ruissellement. Le réchauffement de la
planète est aujourd'hui une certitude entraînant un
dérèglement du climat affectant le cycle de l'eau et les
ressources en eau. Le Groupe d'experts Intergouvernemental sur
l'Évolution du Climat (GIEC) a clairement mentionné dans le
5e Rapport d'évaluation que les changements climatiques
impacte quatre secteurs particuliers : l'eau ; les écosystèmes,
aussi bien en eau douce qu'en milieu marin ; les rendements des cultures ; la
santé par l'accroissement des risques de maladies hydriques.
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? la modification de la moyenne et de la répartition
géographique des précipitations avec des disparités
importantes au niveau régional :
Les changements climatiques ont tendance à modifier la
distribution spatiale et temporelle des précipitations. Ainsi, certaines
régions devraient devenir plus humides, et d'autres plus sèches.
C'est au Sahel et en Afrique de l'Ouest que la tendance à la baisse des
précipitations est la plus forte.
? la recrudescence des périodes de sécheresse et
de fortes précipitations
Les changements climatiques entraînent des changements
dans la fréquence, l'intensité, l'étendue spatiale, la
durée et le timing des événements climatiques
extrêmes. Les événements climatiques extrêmes
représentent un sérieux risque pour la population, les
infrastructures et les écosystèmes ; et ont un impact sur la
quantité et la qualité de l'eau. Les projections montrent qu'il
est très probable que la fréquence des pluies intenses augmente
avec le temps, spécialement dans les hautes altitudes et les
régions tropicales, ainsi que dans l'hémisphère nord. Des
augmentations généralisées des épisodes de fortes
précipitations sont observées même dans les zones où
les précipitations annuelles moyennes diminuent. Les observations
montrent que certaines régions, en particulier l'Afrique, connaissent
des tendances vers des périodes de sécheresses plus intenses et
plus longues depuis 1950.
? La modification du ruissellement, du débit fluvial et
de l'écoulement souterrain
Les changements dans les volumes des précipitations
annuelles et les évènements extrêmes vont impacter le
ruissellement et le taux de recharge des nappes d'eau souterraine.
L'écoulement peut également être affecté par
l'augmentation de l'évapotranspiration. La baisse de la
disponibilité de la ressource en eau dans les régions qui
connaîtront une baisse du ruissellement aura pour conséquence
l'accroissement des conflits entre les différents usages de l'eau. Ces
régions, qui connaissent déjà des pénuries, seront
le plus fortement impactées, avec l'augmentation de la fréquence
et de l'intensité des sécheresses dans les zones arides, et des
épisodes de fortes précipitations destructrices. Dans ces
régions, les populations se rabattront sur les ressources en eau
facilement accessibles, telles les puits privés, présents en
grand nombre dans la ville de Garoua.
? L'augmentation des niveaux des mers
L'augmentation continue des températures
atmosphériques s'est traduite par la fonte progressive des glaciers, la
dilatation thermique de l'eau et par conséquent l'augmentation du niveau
des mers, ce qui menace les villes côtières et les petites
îles qui sont juste au-dessus ou au niveau de la mer. La moyenne globale
du niveau de la mer a augmenté entre le 19e et le
20e siècle et continue encore. La distribution spatiale du
changement n'est pas homogène.
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L'autre impact du changement climatique est l'augmentation des
catastrophes naturelles liées à l'eau. Au niveau mondial, le
nombre de catastrophes par décennie provoquées par les crues
continentales au cours de la période 1996-2005 a doublé par
rapport à la période 1950-1980 et les pertes économiques
ont été multipliées par 5. Ce qui a été le
cas en 2008 dans les régions du Nord et de l'Extrême-Nord
Cameroun. Il est prévu que les risques d'inondations augmentent
notamment en Afrique tropicale. Si l'augmentation de la fréquence et de
l'intensité des catastrophes naturelles liées à l'eau peut
être en grande partie attribuée au changement climatique,
l'augmentation des pertes liées à ces catastrophes s'explique
essentiellement par des facteurs socio-économiques qui contribuent
à accroître la vulnérabilité des populations :
croissance démographique, pauvreté, précarité,
absence ou manque de planification et d'aménagement urbain, habitat
informel, constructions en zones inondables, absence de systèmes de
surveillance et d'alerte et de gestion des crises, exemple typique de la ville
de Garoua. Avec les changements climatiques, les écosystèmes
d'eau douce sont particulièrement menacés. Enfin, le
réchauffement climatique entraînerait une augmentation de la
demande en eau domestique, industrielle, touristique et pour l'irrigation.
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