RESUME
La présente étude trouve son origine dans les
multiples interrogations qui gravitent autour de la question de
l'approvisionnement en eau potable de la ville de Garoua dans le Nord-Cameroun.
Elle a pour objectif d'analyser les difficultés d'approvisionnement en
eau potable dans la ville, d'évaluer la qualité de l'eau et ses
corollaires sanitaires. Pour mener à bien cette étude, des
campagnes de terrain ont été organisées pour relever les
difficultés d'accès à l'eau potable à travers des
enquêtes auprès des ménages, des entretiens à la
Camerounaise Des Eaux de Garoua et à la Communauté Urbaine de
Garoua. Les puits et forages ont été
géoréférencés et les paramètres
physicochimiques in situ des eaux collectés. Ceux-ci ont servi
à l'évaluation de la qualité de l'eau.
Les résultats montrent que la distribution des points
d'eau dans la ville de Garoua laisse entrevoir une discrimination. Il existe
des espaces fortement peuplés et dépourvus de points d'eau ;
tandis que d'autres, de superficie réduite et à habitat
dispersé en possèdent plusieurs. La position des ouvrages, loin
des sites de concentration des populations va conduire de nombreux
ménages à parcourir environ 2,47 km à pied pour joindre le
point d'eau le plus proche. Cette situation perdure tout au long de
l'année et s'accentue pendant les six mois de saison sèche durant
lesquels, la rareté de l'eau conduit certaines familles à
consommer l'eau des mayos.
L'interprétation des paramètres physicochimiques
montre que les eaux les plus polluées se trouvent à
Liddiré et Yelwa. Là, les eaux ont en majorité une
conductivité supérieure à 1000 uS/cm. Ensuite, celles de
qualité excellente se trouvent à Laindé et
Poumpouré où on a une conductivité inférieure
à 600 uS/cm. A grande échelle, les eaux les plus polluées
se situent dans les quartiers de Carrière, Doloré, Bockle,
Pitoyel 1, Babla. La minéralisation importante de ces eaux et les fortes
teneurs en nitrate sont dûes en partie à la
précarité du système d'assainissement. Les données
cliniques issues de la surveillance des Maladies à potentiel
épidémiologique et des centres de santé
intégrés révèlent l'existence de nombreuses
maladies hydriques. Les enquêtes auprès des ménages ont
abouti à une classification de ces pathologies. Par ordre, les
populations sont victimes du paludisme (39,6% des ménages), de la
diarrhée (31,2%), de la dysenterie et de la typhoïde (9,4%
chacune), des amibes et des maladies de la peau (5,2% chacune).
Ainsi, cette étude conclut qu'une redistribution
spatiale efficiente des points d'eau s'impose à l'avenir pour
l'amélioration de l'accès à l'eau potable et la
réduction de la prévalence des maladies hydriques dans la
ville.
Mots clés : Garoua, eau potable,
maladies hydriques, spatialisation, pollution, mayo
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