Annexe 1
Grille d'entretien
semi-directif
Actuellement étudiante infirmière en
3ème année, je réalise mon travail de fin
d'études sur la gestion des émotions du soignant face à
l'annonce d'un cancer. J'ai donc décidé d'effectuer des
entretiens semi-directif afin de réaliser mon analyse.
Tout d'abord, je vous remercie pour le temps que vous allez
m'accorder durant cet entretien. De plus, cet entretien sera anonyme.
Etes-vous d'accord pour que j'enregistre notre conversation ?
1) Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
2) Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion ?
3) Etes-vous souvent confronter à l'annonce
d'un diagnostic de cancer ?
4) Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
5) Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à
l'annonce d'un cancer ?
6) Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
7) Lorsque vous avez des difficultés lors de
la gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème
?
8) Comment repérez-vous vos émotions ?
9) Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ?
10) Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
11) (Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
12) (Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au
fil de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
13) Pensez-vous que l'expérience est un point
fort dans la gestion de vos émotions ?
14) D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
II
15) Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ?
III
Annexe 2
IDE 1
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmier(e) ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
Ça fait 4 ans que je suis infirmier, j'ai 26 ans, et
parcours professionnel depuis que je suis infirmier, après le
diplôme j'ai commencé ici à la clinique mais je travaillais
ici à 100% et en plus de ça, comme j'étais en CDD je
travaillais à côté donc j'ai fais HAD, plusieurs services
dans pleins d'endroits, j'ai fais un peu de tout et au bout d'un an que je
travaillais ici ils m'ont proposé de venir en onco et puis ça
fais 3 ans et demi / 4 ans que j'y suis.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion
?
Qu'est-ce qu'une émotion ... bah c'est les ressentis
des ... c'est le ressenti, tout ce qui ne peut pas être vraiment
visible.
Etes-vous souvent confronter à l'annonce d'un
diagnostic de cancer ?
Tout le temps. Après je dis tout le temps, mais ...
surtout en ce moment. Mais souvent ça se fait dans le bureau de
l'oncologue. C'est l'oncologue qui ... enfin généralement c'est
le médecin traitant qui voit le patient, qui fait faire des examens et
ensuite c'est l'oncologue qui le reçoit qui voit les examens et qui
annonce. Après, euh ... généralement, quand c'est
déjà à un certain stade ou qu'il y a déjà
des effets, il l'envoie dans notre service et c'est à ce moment
là qu'on fait l'annonce.
Donc vous êtes présent à ce moment
?
Oui, sauf si c'est fait dans le bureau et qu'il n'y a pas besoin
d'hospitalisation là on ne voit
pas.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
Bin avant on faisait l'annonce, il n'y avait pas de
médecin. Maintenant c'est un petit peu plus réguler, le
médecin l'annonce en notre présence. Généralement
le médecin utilise des mots ... parce qu'on a deux médecins ici
qui annoncent de façon totalement différentes il y en a un qui
est assez ... bin quand il annonce, il annonce quoi, il ne va pas par 4 chemins
alors que l'autre il part un peu dans toutes les directions pour essayer de
faire comprendre au patient. Donc nous on essaie justement ... euh ... bin on
est là, donc on est pas là pour rien donc on essaie de faire
comprendre au patient tout en étant le plus calme possible parce que si
on est déjà énervé nous même ça ne va
pas, on essaie aussi de ...
IV
généralement ils le prennent pas trop trop bien
donc, on essaie d'être présent. Généralement, ils
sont hospitalisés donc on les connait déjà un petit peu
avant l'annonce, et on est encore là après.
Généralement c'est en présence de la famille quand il y a
la famille, donc on donne des petites bouteilles d'eau, on essaie de les mettre
le plus à l'aise possible parce qu'on sait que ce sont pas des annonces
très facile à prendre quoi.
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Oui, si si, je dirai oui. Avant de travailler ici, enfin
ça fais déjà quelques mois mais, quand j'ai
été pris en CDI ici, j'ai eu une formation sur Lille sur les
soins palliatifs donc déjà ça nous prépare
déjà à un certain type de questionnement et de
réponses, donc oui l'annonce on est préparé assez.
Après je pense, qu'il y a pas de formation pour dire de former à
l'annonce ça se fait sur le terrain. La première fois, qu'on doit
faire une annonce parce que malheureusement le collègue est ailleurs et
tout ça bin, ça se fait naturellement puis il y en a qui n'y
arrive pas. Après ça se fait naturellement puis au fur et
à mesure qu'on le fait, ça évolue quoi.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
Oui, bin oui oui, c'est sur. On est quand même euh ...
enfin c'est l'empathie. On est obligé de ressentir des émotions,
on est pas des robots donc oui puis c'est déjà arrivé
qu'on ressentait beaucoup beaucoup plus d'émotions. ça
dépend de la situation du patient, c'est sur que l'annonce à une
personne qui comprend et qui était déjà plus ou moins au
courant ça se passe plutôt bien mais l'annoncer à un
patient qui est là avec ses 2 filles de moins de 10 ans c'est un peu
plus compliqué quoi donc euh on a des émotions c'est
obligé.
Mais du coup quels types d'émotions vous
éprouvez ?
Bin, c'est ce que je dis, ça dépend de la
situation. Euh ... il y a des fois ça peut être de la tristesse
c'est sur, euh ... bin c'est souvent la tristesse. Après ça
serait un peu dégueulasse de dire autre chose.
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
Ça va mes émotions, je n'ai pas trop de mal moi...
(rire)
Bah non, comme je dis, il y a certains situations où on
avait du mal à gérer nos émotions mais après pour
moi, ce n'est pas mal de pleurer devant un patient avec lui, enfin je ne vais
pas dire qu'ils sont contents mais ça leur fait quelque chose.
Après c'est ce que je dis on
V
est des humains, il n'y a pas de raison qu'on cache nos
émotions à fond non plus donc euh, pour moi c'est pas un
problème.
Comment repérez-vous vos émotions
?
Bin, je me connais. En général, je reste assez
calme pour mes annonces, on essaie d'être le plus compréhensible
possible pour essayer de leur donner du courage et tout ça pour la
suite. Mais euh ... repérer mes émotions, je reste à peu
près toujours pareil donc ça va.
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui, énormément ici. On a une équipe
très très soudée, on s'entend tous très très
bien. Les 3/4 sont amis même à l'extérieur de
l'équipe donc il n'y a aucun soucis, on a toujours le soutien et puis
bin on se connait tous par coeur au niveau des émotions, enfin, on
connait même le passé de nos collègues donc s'il y a
quelque chose qu'on sait qui va pas aller on prend le relais. Pour ça
franchement, il n'y a aucun soucis dans l'équipe.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Absolument pas. Je gère même mieux que certains
anciens. Il y en a beaucoup dans ce service qui ont du mal à faire
l'écart avec le patient, je ne sais plus comment ça s'appelle ...
ah une distance professionnelle ! Ils ont beaucoup de mal à faire
ça donc je pense que ... bin après on est une équipe assez
jeune on a 2 / 3 je dirais des anciennes mais on fonctionne tous bien ensemble
après il y en a certains qui n'arrive pas trop à faire la
distance mais moi je n'ai pas de soucis.
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ?
Non. Il faut avoir un minimum d'expérience parce que
quand on arrive ici, on le voit, c'est difficile et tout ça mais
après euh ... il faut le voir quelque fois, après c'est pas au
bout de 15 ans d'expérience qu'on ... après on en voit tous les
jours et on change tous les jours mais je ne dirai pas que c'est
forcément l'expérience qui change. Après, c'est mon point
de vue à moi. Pour moi, l'expérience ça fais pas. J'ai
déjà vu des annonces catastrophiques par des personnes qui
avaient 25 ans d'expérience et qui en avaient ras-le-bol donc non pour
moi c'est pas l'expérience c'est les personnes en elles-mêmes, les
qualités d'infirmières ou d'infirmiers mais pas
l'expérience du tout. Après c'est sur, c'est pas en arrivant que
ça se fait tout de suite, il faut je dirai quelques expériences
avant de le faire mais pas en années quoi ! Quelqu'un qui est là
depuis 1 an, il sait le faire. Et on la ici, les
VI
CDD qui arrivent et qui sont là depuis même pas 1
an, ils font partis de l'équipe et ils savent faire et ça se fait
au fur et à mesure mais je ne dirai pas que l'expérience fait
quelque chose.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
A l'intérieur ???
Euh... bin déjà si jamais il y a des
émotions, et c'est mit en place normalement ici on peut voir un
psychiatre pour nous, on peut l'utiliser mais on en a jamais eu besoin car on
arrive à gérer au sein de l'équipe après une
équipe soudée ça fait mais des moyens autres que ça
... je dirai une direction compréhensive ça c'est pas tout le
temps le cas, quoi que c'est des services quand même compliqués
que même la direction sait que, puis il y a des moments aussi où
on nous attaquait un petit peu, on répondait assez vite.
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ?
Ici, on a une psychologue, qui est normalement tout le temps
là mais là elle est en arrêt. Elle est censée
être tout le temps là. Une fois que l'annonce est faite on
l'envoie tout de suite vers le patient et elle est là assez rapidement
dans les chambres donc c'est hyper important et je pense que dans tout les
services d'onco il y en a et il devrait y en avoir parce que ça permet
de ... bin déjà nous on a le médecin qui passe, on repasse
après pour remettre des mots sur la maladie on va dire pour leur
réexpliquer, quelles sont les solutions s'il y en a et après il y
a encore la psychologue qui vient avec ses mots et avec son expérience
de psychologue parce que on est pas psychologue même si on le fait
parfois.
Après c'est aussi le médecin qui doit travailler
sur lui-même pour dire de l'annoncer bien quoi.
Après je pense que ça dépend vraiment des
situations des gens, comment ils réagissent, s'ils sont plus ou moins
fort psychologiquement.
VII
IDE 2
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
Je suis ici depuis 23 ans. J'ai 46 ans et en faite j'ai
commencé euh ... On est sorti avec notre diplôme en poche au mois
de Décembre, il n'y avait pas de place dans tout le Nord-pas-de-Calais
parce qu'en faite les Belges avaient pris un peu la place avant, c'était
la 1ère reforme en faite. Donc je suis partie en
géronto-psychiatrie quelques mois et puis après j'ai
été embauché ici donc je suis revenue j'ai fais du SSR
pendant 19 ans après j'ai passé un DU de soins palliatifs et donc
maintenant je suis en oncologie depuis que c'est ouvert.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion
?
Alors là ... C'est quelque chose de bien difficile
à définir ... une émotion ... ça peut être
tellement pleins de choses ... c'est un ressenti je dirai plus un ressenti en
faite. Ça peut être négatif, ça peut être
positif. Ça peut être pleins de choses et ça peut se
traduire de pleins de façon différentes.
Etes-vous souvent confronter à l'annonce d'un
diagnostic de cancer ?
Alors très peu, par contre on est souvent confronter
à l'annonce de métastases, de pleins de choses qui sont
plutôt négatives ... de récidive, mais la première
annonce de cancer nous non puisque les gens sont déjà
prévenus normalement. Donc c'est plus des récidives, des
traitements qui ne fonctionnent pas très bien ... Après ça
peut arriver quand c'est un tout début de prise en charge mais il est
rare que le patient ne soit pas au courant mais il y en a certains qui n'ont
pas compris, ça ça peut nous arriver. Il y a quand même des
gens qui viennent de l'hôpital parce qu'ils ont eu des examens, on leur a
peut être annoncé là-bas mais ils ont pas forcément
entendu, voulu entendre ou bien compris les mots qui ont été
utilisé, donc on reprend souvent avec eux ici quand c'est des
débuts de prise en charge.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
Euh ... Bin dans la mesure où on en a assez peu, ce qui
peut être difficile pour nous c'est quand on annonce, bin, qu'il y a une
métastase ou bien que la chimiothérapie n'a pas fonctionné
donc c'est assez compliqué parce que là derrière, il y a
des questions qui sont posées et c'est souvent à nous qu'ils le
posent... On essaie souvent de les renvoyer vers le médecin mais en
général le 1er acteur, c'est nous !
VIII
Mais du coup, quelle est votre réaction à
vous ? Au niveau personnel ? Oui.
Ça me touche à chaque fois. Même si
maintenant avec les années, on a tendance un petit peu à «
se blinder » comme on dit mais ...
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Non, on n'a pas formation.
Vous pensez qu'il devrait y en avoir ?
Je ne sais pas si une formation peut permettre à
quelqu'un d'être préparé à ce genre de chose. Je ne
vois même pas ce qui pourrait nous aider en faite parce que c'est
tellement compliqué ce genre de situation et chaque personne est
différente, réagit différemment en plus ; que ça
soit au niveau du personnel qu'au niveau du patient. Il y a des gens qui vont
se taire et ne plus jamais en parler, il y a des gens qui vont tout de suite
rebondir dessus et dire « je suis foutu ». il y a vraiment tout un
éventail de comportement.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
Oui, je pense qu'on a toujours des émotions, tout au
long de la journée, on a toujours des émotions même si on
essaie parfois de ne pas les montrer. Parce que des fois, même il arrive
que les médecins disent certaines choses et nous on le sait pas
toujours. Donc quand c'est découvert, on le découvre en
même temps que le patient, des fois c'est plus compliqué.
Quels types d'émotions vous éprouvez
?
Déjà de la tristesse. On essaie de ne pas trop
se mettre à la place des gens mais de rester bien à
côté d'eux et pas à leur place à eux parce que
ça il y a personne qui peut se mettre à leur place. Donc on
essaie vraiment de faire de l'accompagnement.
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
Moi, je n'ai pas trop de difficulté avec ça.
Après on a du s'adapter au départ aux différents types
d'annonce des médecins. Parce qu'il y a 4 médecins donc chacun
l'annonce de différentes façons donc il a peut être
plutôt fallu s'adapter à ça, la façon dont
c'était annoncé. Certains personnes sont un peu plus ... pas
brutale mais ... plus directive on va dire et d'autres c'est un peu plus dit en
douceur ou les mots sont pas forcément dit mais on
IX
essaie de leur faire comprendre. Maintenant, une fois que l'on
connait, il y a moins de soucis.
Comment repérez-vous vos émotions ?
Je sais comment je suis ... Je sais comment je vais
réagir devant telle ou telle situation. Mais avec le temps ça va
...
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ? Je ne fais pas spécialement un
travail là-dessus,
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui, en général, on en parle rapidement quand il
y a quelque chose qui ne va pas, par rapport aux émotions, je parle, je
ne parle pas par rapport au contexte du travail. On dit « on est eu du mal
avec cette personne » parce que bin, on s'attache à certaines
personnes donc il est certain que quelqu'un de jeune qui a des enfants, on va
se transposer plus facilement parce que nous même on est jeune, on a des
enfants donc là c'est plus compliqué, il faut faire attention de
ne pas faire un transfert.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Je pense que quand on prend un petit d'âge, qu'on a un
petit peu d'année derrière nous, on gère les choses
différemment.
Et donc du coup, pour vous, quelles peuvent être
les raisons ?
Je pense que c'est l'expérience en faite.
L'expérience des relations humaines tout simplement.
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ?
Oui, je pense vraiment que oui. Même les personnes
soignées, on se rend compte que quand on est plus âgé, ils
viennent plus facilement vers nous et nous poser des questions qu'à
quelqu'un qui est plus jeune, peut être avec un peu moins
d'expérience.
X
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
(A ce moment, il y a une pause, une réflexion de la part
de l'IDE)
Je ne saurai pas dire ...
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ? C'est tellement vaste que,
ça me parait bien compliqué.
Après, les patients sont biens entourés, enfin je
parle par rapport à quand j'ai commencé. Il y a pas mal de
structures à côté, beaucoup de réseaux, et tout
ça pour le cancer donc les gens arrivent quand même a toujours
avoir quelqu'un.
Avant il n'y avait pas de psychologue et maintenant on en a, on a
des associations.
Si vous vous avez des problèmes au niveau des
émotions, pouvez-vous consulter le psychologue ?
Oui, on en parle. On ne va pas faire une séance
exprès pour ça mais ne serait-ce que dans le bureau, durant les
transmissions, même dans un couloir ... mais si c'est personnel
après on peut lui en parler.
XI
IDE 3
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
Alors, ça fait 36 ans que je suis infirmière.
J'ai 57 ans. J'ai fais 29 ans en pôle nuit : 3 ans dans le roulement, 4
ans en réa et 22 ans en soins intensifs cardio. Et donc là,
ça fait 7 ans que je suis dans le service d'oncologie. Je m'en vais en
retraite la semaine prochaine !
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion ?
C'est un sentiment que l'on ressent qui est plus ou moins facile
à gérer. Etes-vous souvent confronter à
l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Oui mais en général, c'est une autre
équipe qui gère ça. Moi, je suis un petit plus «
protégée ». On a plus les patients quand ils sont en
3ème ou 4ème cure, quand c'est un peu plus
light.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
Il faut l'écouter, moi je le laisse dire ce qu'il a
à dire, lui laisser dire les mots qu'il veut dire, s'il emploi le mot
cancer ou pas, tumeur ou pas, le laisser dire ce qu'il a envie de dire, le
laisser dire ce qu'il ressent et de moins intervenir possible pour se laisser
donner l'occasion de parler.
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Oui, j'ai fais une formation sur l'accompagnement
post-annonce. Après suffisante ... ce n'est pas jamais suffisant parce
qu'on t'apprend des choses mais après il faut mettre tout les jours en
place et ce n'est pas toujours évident quoi. Après, je pense que
plus on en fait plus ça se passe, plus tu connais plus c'est facile
enfin c'est pas facile mais t'es à l'aise. Ce n'est jamais facile.
Après j'ai des collègues qui ont plus de facilité, parce
qu'ils sont plus à l'aise que moi étant donné qu'ils en
ont fait plus que moi.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
Il y en a toujours dans le sens où soit tu te mets
à sa place, soit c'est quelqu'un qui pourrait avoir l'âge de ton
père, ta mère ou tes enfants enfin voilà ... donc il y a
toujours un moment
XII
où ça t'interpelle sur quelque chose. Enfin moi,
c'est comme ça que je le vis. Après, il y a des gens avec qui on
vit des choses différemment.
Et donc, quels types d'émotions avez-vous
?
Ça dépend comment la personne le vit aussi. Si
elle se met à pleurer ... c'est quand même plus compliqué
que si la personne a bien compris ou tu sens qu'elle va essayer d'y aller, elle
est prête à jouer le jeu. Si il commence à s'effondrer ou
s'il n'y a pas d'accompagnement, des fois, il n'y a pas de famille qui
accompagne tout ça, c'est quand même compliqué. Tu sens
qu'ils vont être tout seul.
Je ne vais pas dire de la tristesse mais je me dis mince c'est
pas possible qui est-ce qui va les aider quoi. Donc un petit peu de
colère. Je n'ai pas de mot ...
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
Quelque fois, je m'identifie et surtout par rapport à
l'âge du patient aussi ... Comment repérez-vous vos
émotions ?
Si je sens que je commence à rougir, c'est que je suis
un peu embêtée quoi tu vois ... Je suis moins à l'aise.
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ? Non.
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui. On en parle. Parce que c'est vrai, qu'il y a des fois on
est bien, donc ça va aller pour travailler, pour faire ce que tu as
à faire et puis il y a des fois, tu es moins bien. Et on est pas non
plus contre le fait de remplacer quelqu'un qui a du mal à gérer
parce que ce jour on est pas bien et puis qu'on sent qu'il a besoin, bon on
passe à l'autre. On est une équipe donc il y a toujours
quelqu'un. On est pas des sauvages ... Il faut aussi se sentir
épaulé par les collègues. On a de la chance, on s'entend
bien dans l'équipe. Puis il y a la psychologue, je pense que si on a
besoin elle peut aussi nous aider.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
XIII
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Oui, parce qu'après on connait certaines choses, on
sait comment on va réagir. Après quand on suit nos patients,
à force les suivre, quand ils arrivent en bout de course, c'est parfois
compliqué. Enfin, moi je sais qu'il y a certaines personnes à qui
on s'attache. Après, c'est plus ou moins facile à
gérer.
Après quand j'étais jeune diplômée
et maintenant, je ne peux pas dire qu'il y a forcément une
différence, après on ressent toujours les mêmes choses.
Après, il y a aussi notre caractère, notre tempérament.
C'est pas parce qu'on a appris des choses qu'on a une carapace ... ce n'est pas
vrai ! Moi je pense que chacun a aussi sa capacité à apprendre
des choses et puis si tu es sensible, tu es sensible quoi ! Après c'est
à nous à savoir gérer notre sensibilité pour ne pas
en être malheureuse. Il faut savoir aussi se connaître pour savoir
comment, et puis certaines situations, certains moments, ne pas se mettre dans
des mauvais moments quand on est pas bien, si on sent qu'aujourd'hui ce n'est
pas le moment il faut pas aller ! On est des êtres humains, on a
vécu des choses chez nous aussi où on est pas prêt. Par
exemple, dans sa famille, on a eu un cancer, la personne vient de mourir on est
pas prêt à revivre la même chose. Je pense qu'il y a des
moments où il faut savoir aussi dire bin écoute aujourd'hui je ne
pourrais pas le faire !
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ?
Certainement, je pense que oui ! après, il y a
certaines situations qu'on a vécu et qu'on se dit bon bin ça,
ça ne m'a pas été, peut être ne pas me remettre dans
le même contexte ou là c'était pas top, je peux peut
être faire ça, parce qu'on a réfléchit
forcément sur ce qui s'est passé donc je pense que oui
forcément, c'est comme pourtant dans la vie ! L'expérience peut
aider aussi.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Ah bin certainement. Mais quoi, je ne sais pas ... Après,
il y a des gens qui savent.
Il y en a qui font de la sophrologie ou qui savent « se
déconnecter » ... ça peut aider, mais moi je ne sais pas
faire.
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ?
Bin je pense que quelque fois, on aurait besoin d'être
suivi par la psychologue mais après c'est plus pour les patients. Peut
être qu'on pourrait de temps en temps savoir quand on a
XIV
bien vécu une situation, qu'on puisse aller voir
quelqu'un, après moi je ne sais pas si j'irai. Il y a 2 ans avec ma
collègue, on a vécu un moment très difficile, on a eu du
mal toutes les 2 à s'en remettre. C'est un monsieur qui était
plus ou moins en fin de vie, qui a eu une transfusion et à la fin de sa
transfusion, il nous a fait un arrêt. Il avait eu un nouveau protocole la
veille. Mais tu vois, ça a été très difficile, on
était en train de le changer quoi ! Il avait uriner, il nous a
demandé de le changer, je le maintiens, ma collègue était
en train de faire le change et il est resté dans mes bras quoi ... On a
pas réussi à le réanimer, ça on a eu du mal
à gérer. Au départ, on ne s'y attendait pas, on a eu du
mal à gérer toutes les deux ... Un lendemain de Noël en
plus, je vais te dire ... c'était un monsieur de 62 ans, on a eu
beaucoup de mal. Et puis la femme était dehors quoi ... Non franchement,
on a eu du mal à vivre ça. Tu cherches toujours ce qu'il se passe
et puis bin ...donc là on aurait peut être eu besoin d'une prise
en charge, pour nous aider. On a eu un petit peu mais peut être pas
assez.
Sinon, pour les annonces, c'est vraiment compliqué
quand même. Le médecin ne dit pas toujours tout ...
Comme un patient que j'ai encore vu ce matin, il a dit
à la psychologue, c'est bon je suis arrivé au summum de ce que je
peux entendre comme mauvaise nouvelle ! Moi, je ne leur en parle pas,
après si c'est eux qui veulent en parler, on en parle. Ce n'est pas moi
qui aborde le sommet la première.
Pour ce monsieur... le médecin nous a dit qu'il en a
plus que pour 1 mois ... et lui il croit qu'il va guérir, il
espère, il a des jeunes enfants. On a parlé que j'allais partir
en retraite la semaine prochaine et il m'a dit ah super vous allez faire quoi !
Donc je lui ai dis que j'allais profiter et voyager, il dit ah ! j'aimais bien
voyager ... Ce que j'espère c'est guérir pour partir en voyage !
Bin qu'est ce que tu veux lui dire ! Je ne vais pas lui dire non non dans 1
mois vous êtes plus là ... Je suis restée sur une note
positive, il parlait de ses voyages quand il faisait de la plongée ...
donc je l'ai laissé parler dessus, tant qu'il souriait bin c'est bien !
Tu vois ça c'est très compliqué ! Parce que je pars du
travail avec tout ça dans ma tête ! Il a des gamins de 8 ans et 10
ans ... Avec tout ça, on ne peut pas faire abstraction. J'essaie de me
protéger comme je peux. C'est pas évident ! Il faut prendre une
certaine distance !
Lorsque l'infirmière me raconte cette situation, elle ne
peut retenir ses larmes...
XV
IDE 4
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
Je suis infirmière depuis le 27 Juillet 2018. J'ai
commencé dans le service d'oncologie le 1er Aout 2018 et je n'ai pas
bougé. Après je vais de temps en temps dans les étages
mais sinon je suis attitrée à ce service. Sinon j'ai 23 ans.
En stage, en 1ère année, j'ai fais
SSIAD, ensuite j'ai fais chirurgie. En 2ème année,
j'ai fais SSR, EHPAD et en 3ème année, j'ai fais
chimiothérapie, chirurgie ambulatoire, oncologie et soins palliatifs.
Donc ma 3ème année était vraiment fixée
sur mon projet professionnel sauf chirurgie ambulatoire mais j'ai quand
même vu tout ce qui était pose de PAC. C'était mon projet
professionnel et du coup j'ai fais ma 3ème année en
fonction.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion
?
Alala ... bin ... c'est un truc en nous ! Qui provoque un ...
comment dire ... j'arrive à dire, il n'y a pas vraiment une
définition. C'est propre à chacun, et ... aaah elles sont dures
quand même les questions !!! Euh ... bin c'est un truc qui va toucher une
personne en fonction de son vécu et une chose qui ne va pas provoquer la
même chose d'une personne à une autre. C'est propre à
chacun quoi.
Etes-vous souvent confronter à l'annonce d'un
diagnostic de cancer ?
Oui ! Après moi je ne fais pas les consultations
d'annonce ! Donc moi les personnes quand elles arrivent, elles savent
déjà qu'elles ont un cancer. Donc voilà, disons qu'il y a
une consultation d'annonce aussi mais disons qu'elles ont déjà eu
un premier abord avant.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
Bin, pendant les 1ères cures, il y en a qui sont encore
dans le déni donc on leur explique. Après ils sont dans le
déni mais ... comment expliquer ... ils ne posent pas de question ! Puis
après les patients qui ne sont pas dans le déni, ils ne posent
pas de question, en faite, les gens qui sont ici ils ne posent pas de question.
Si ils ne parlent pas de leur maladie, on ne leur en parle pas ou alors si on
en parle c'est entre les chimios pour savoir comment ça s'est
passé ou alors quand ils ont un scanner : « alors le scanner a
donné quoi ? ». Quand on leur annonce que le traitement fonctionne
bien, bin du coup, on est content avec eux ! Par contre quand ce n'est pas bon
et du coup là c'est sur c'est moins évident, du coup ils sont
plus négatifs on va dire.
XVI
Et du coup, quand le patient est négatif quelle
est votre réaction face à lui ?
Bin, on essaie de le rassurer. On lui explique que le
médecin va tout faire pour trouver un autre traitement, qu'il n'est pas
tout seul quoi ...
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Bin personnellement, je suis là depuis Août et
j'ai encore eu 0 formation sur ça donc je dirai non !
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
Oui, parce qu'on est humain mais après on met des
barrières.
Je vais pas dire de la tristesse ou ... enfin ... comment dire
... euh ... je ne sais plus le mot exact ! Pas qu'on se met à leur place
mais enfin ... Je suis empathique !
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
Après, je n'ai pas encore assez d'expérience !
Comment repérez-vous vos émotions ?
Alors là ... ah et puis moi je ne suis pas expressive
alors ... Moi je vais toujours dire tout va bien ! Moi je n'ai pas tellement
d'émotions dans l'annonce d'un diagnostic de cancer, c'est plus lorsque
j'apprends des décès de mes patients, tu vois comme cette
semaine, j'ai appris deux décès de mes patients et donc là
oui j'ai réagi, j'étais triste ! Mais sinon dans l'annonce d'un
diagnostic, je n'ai pas l'impression d'avoir déjà eu des
émotions. Après, je travaille ici en chimiothérapie et je
sais très bien que le patient va mourir ! Donc ce n'est pas pareil comme
si que tu travailles dans un service ou un EHPAD et que tu apprends qu'un de
tes patients à un cancer ! Ce n'est pas la même chose ! On le sait
là ! Puis on ne les connait pas vraiment, on les connait PARCE QU'ILS
ont le cancer ! On ne les connait pas à l'avance en fait !
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ?
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
XVII
Ah oui ! Franchement ici oui ! Même les médecins
!
Je vais même expliquer une petite anecdote : j'ai un
patient qui est décédé à cause d'une chimio, et
c'était une chimio que j'avais posé donc je me sentais un peu
coupable, et le médecin m'a carrément rassuré, puis il y a
une psychologue et tout ici ! Donc le médecin m'a rassuré, il m'a
dit que ce n'était pas de ma faute. Même si je le sais que ce
n'est pas de ma faute mais pour déculpabiliser, il m'a dit de toute
façon, ça aurait été toi qui l'aurait mis ou pas il
serait décédé. Donc même les médecins ici
sont bien franchement ici tout le monde est bien. C'est un bon service ici.
Même avec les patients.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Oui, parce que moi je n'ai pas encore assez de recul.
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ?
Oui ! Puisque moi comme je suis jeune diplômée,
je prends encore toutes les choses à coeur qu'eux ils en ont tellement
vus que à force, bin c'est pas qu'ils s'en foutent, je ne vais dire
qu'ils s'en foutent mais ils prennent moins sur eux en faite. Il arrive
à mettre des barrières. Alors que moi quand je rentre chez moi,
je pense encore à mes patients tu vois ! Et eux ils rentrent chez eux,
ils pensent à leur vie quoi.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Bin, peut-être sûrement, mais je ne les connais pas
en tout cas.
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ? Moi je n'annonce pas
forcément le cancer.
Ah pour contre là, oui, quand ce sont des patients qui
sont déjà venus et qui reviennent là oui, ça me
touche un peu plus ! Parce qu'ils ont été guéris et pour
finir ils reviennent donc je les revois, je suis forcément un peu
déçue de les revoir parce que je me dis ah punaise il va falloir
se battre à nouveau. Que les nouveaux qui ont un premier cancer, bin on
ne les connait pas donc ce n'est pas pareil. Que nos anciens qui reviennent euh
...
XVIII
IDE 5
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
? Je suis infirmier depuis 2006, j'ai 41 ans.
Mon parcours professionnel, bon, déjà avant
d'être infirmier, j'ai eu d'autres emplois, j'ai travaillé un peu
dans l'enseignement mais pas beaucoup et beaucoup par contre en
hôtellerie.
Mon parcours infirmier donc, j'ai d'abord commencer aux
urgences, puis en chirurgie uro-viscéral ensuite dans le pôle de
remplacement médecine et en hôpital de jour ensuite donc
oncologie, depuis maintenant, bin depuis le début d'année je suis
infirmier de coordination en cancérologie. Donc dans la coordination,
ça inclut le dispositif d'annonce.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion
?
Une émotion, c'est un ressenti, enfin ça part
toujours d'un ressenti qui peut plus ou moins prendre des proportions
étrangères à d'habitude. Par exemple : en entendant
quelque chose ou en voyant quelque chose, on ressent donc c'est ce que j'ai dis
ça part d'un ressenti, on ressent quelque chose face à ce que
l'on a vu ou entendu ou toucher enfin tous les sens sont en action et cette
émotion peut prendre plus ou moins des proportions différentes
selon les personnes.
Etes-vous souvent confronter à l'annonce d'un
diagnostic de cancer ?
Ah bin oui, moi tout le temps, je rencontre chaque patient. Je
rencontre plusieurs patients par jour.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
Bin, moi mon rôle consiste à l'annonce et
à l'explication donc alors je ne vais pas dire que je ne ressens pas
d'émotion mais moi, ce n'est pas trop des émotions liées
à l'annonce proprement dites, ce sont plus des émotions
liées à l'histoire de vie, à l'histoire de la maladie.
Alors l'histoire de vie bin ça peut être euh, alors ça va
de tout, moi j'ai les confessions des patients dans ces moments-là ! Les
gens transfèrent beaucoup lors d'une annonce, leurs problèmes
personnels enfin ils font des transferts de leurs problèmes personnels
vers leur maladie. Je prends deux exemples qui ce sont déroulés
là ces jours-ci, une dame qui s'est écroulée, en pleurant,
avec des signes de colère, qui peuvent être
XIX
associé à une des phase de la maladie, mais qui
pour le coup était plus, en discutant avec elle bien-sûr, on
s'aperçoit de ça ; elle c'était plus une libération
de la parole parce que en faite, c'était une femme battue donc, elle
s'est écroulée plus par rapport à son ... bin l'annonce de
la maladie a fait qu'elle a eu besoin de parler de ça et de
réagir par rapport à ce problème, qui, jusqu'à lors
était un problème interne à elle, elle conservait tout en
elle, ses enfants, sa famille, ses amis n'étaient pas au courant, les
voisins non plus. Et là elle a eu le besoin d'exploser ça.
Un autre exemple, c'est euh, une personne isolée qui
vit dans la plus grande précarité voire plus que la
précarité donc ça ce sont des éléments qui
me touche. Et moi mes émotions, elles sont accès vers des choses
comme ça que vers l'annonce en faite, proprement dites. Je pense que
c'est pour ça, enfin ce n'est pas pour ça mais c'est une des
raison je pense, pour laquelle j'ai été choisi à un moment
donné pour faire ça. C'est que ... Alors je ne peux pas dire que
je n'ai pas d'émotion en annonçant tout ça à des
gens mais euh, je le fais de la manière la plus simple possible,
adaptée à la personne mais moi c'est plus vraiment tout le
contexte qui m'apporte des émotions mais pas l'annonce même. C'est
bizarre de penser mais, c'est comme ça !
Mais du coup vous avez quels types d'émotions
?
Bin, c'est contrariant ! C'est triste quand même de voir
tout ça et de voir que bin, euh, des gens ont la parole
libérée justement, pas quand il le faudrait mais quand il y a un
déclic comme la maladie qui fait que les gens ont besoin de parler de
leur problème en faite ! C'est limite dommage d'attendre ça pour
essayer de trouver des solutions et c'est toujours des contextes très
délicats alors bon, bin heureusement on n'est pas tout seul, il y a des
assistantes sociales, il y a des psychologues, voilà tout un tas de
professionnels qui peuvent intervenir après c'est à moi, c'est
une de mes fonction d'orienter le patient vers le bon professionnel qui va
l'aider à régler les problèmes annexes pour pouvoir au
mieux gérer sa maladie et son traitement après c'est ça,
ça en découle finalement.
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Non. Je crois qu'on ne peut jamais être
préparé à tout. Ce n'est pas possible je pense. Et
à chaque fois, moi j'ai souvent dit, moi je crois que là j'ai
fais le tour, j'ai tout vu, j'ai tout entendu et bin j'ai toujours des
surprises quand même. Il y a quelque temps aussi j'ai eu une patiente par
exemple qui, euh... donc pareil c'était un conflit familial, et le mari
téléphonait dans le service parce qu'il ne voulait pas croire que
sa femme faisait de la chimio parce qu'avec son protocole, elle ne perdait pas
ses cheveux. Et comme elle allait bien, tolérait bien ses cures et ne
perdait pas ses cheveux, donc lui il pensait qu'elle mentait et
XX
qu'elle voyait un amant ! Donc il a débarqué
ici, pour voir si elle était vraiment là à son
rendez-vous. Et bon, elle était vraiment là à son
rendez-vous. Et voilà, et elle bin, forcément pareil quoi, elle
nous a parlé de lui et ça ne se passait pas très
très à la maison non plus. Il y a tout un contexte comme
ça, nous les gens ici on a la chance c'est qu'on les connait, on les
suit pendant tout leur parcours de l'annonce jusqu'à la guérison
ou la rémission ou les deux ou bin jusqu'au décès par
exemple aussi et on crée avec eux, une vraie relation et du coup les
gens nous parlent plus facilement que lorsqu'ils sont hospitalisés dans
un secteur conventionnel.
Je voulais savoir aussi pour rentrer donc dans la
consultation d'annonce, vous avez eu une formation ?
Alors j'ai eu une formation il y a quelques années
déjà : dispositif d'annonce mais en faite en formation, on nous a
surtout appris, qu'il n'y avait pas de formation pour ça. Donc on a plus
exploré des exemples, des choses un peu basiques qu'on peut apprendre
par exemple : il y a des patients qui ne veulent pas entendre le mot cancer,
bon bin voilà, on se met à leur niveau et on parle de ce que les
gens connaissent et on ne va pas très loin et finalement je me suis
rendu compte avec le temps que tout ça, ça n'existe pas en faite,
les gens pour eux c'est très très clair au final. Et moi, je n'ai
jamais eu de toute ma carrière depuis 2006, un patient, jamais un seul
qui me dit qu'il n'était pas au courant.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
Comme j'ai dis tout à l'heure, c'est plus vraiment tout
le contexte qui fait que j'ai des émotions.
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
Ah mais tout à fait ! Alors moi, quand j'ai
commencé en 2006 dans le service, j'ai commencé en même
temps qu'une autre personne, on a commencé à deux. Et, euh, quand
on a commencé, donc la 2ème personne par exemple,
c'est vrai qu'elle ne voulait pas venir travailler ici, ça
c'était déjà très clairement exprimé. Et en
sortant, elle pleurait beaucoup par exemple. Ce n'était pas du tout le
service dans lequel elle se voyait. Donc forcément, oui je peux
comprendre qu'il y a des gens pour qui c'est plus difficile de venir travailler
ici émotionnellement oui, je peux le comprendre.
Comment repérez-vous vos émotions
?
PAR LA RAGE !!! (rires) Je crois qu'on peut le dire !
XXI
Euh, c'est un peu compliqué, je crois que c'est
après, enfin je crois que c'est plus quand on en parle entre
collègues. Quand on se raconte une anecdote avec les collègues,
parce qu'on en parle, on fait le tour, et je pense que quand on en parle
ça prouve qu'il y a un ... bin nous on discute beaucoup entre nous,
dès qu'il y a un soucis par exemple on en parle, dès qu'il y a
une situation problématique on s'en parle et je pense qu'à partir
du moment où on est poussé à en parler, c'est que pour
moi, c'est ça, c'est le côté j'ai repéré
qu'il y a un problème émotionnel en moi euh, quand j'ai besoin
d'en parler en faite.
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ?
Oui, je déteste rentrer chez moi après le
travail. Parce que chez moi je ne suis pas infirmier. Chez moi je suis chez moi
quoi. Et donc du coup, quand j'ai terminé mon poste bin j'aime bien
toujours faire une activité tous les jours. Je fais ça tous les
jours. Après le travail, donc ça peut être des trucs
basiques, je vais aller faire des courses ou je vais aller faire du sport ou je
vais aller faire une promenade ou je vais aller voir quelqu'un de la famille,
des amis ou je ne sais pas mais je ne rentre jamais chez moi directement chez
moi après très rarement. Bon des fois oui, parce que comme tout
le monde, j'ai rien envie de faire mais je coupe en faite. J'ai besoin d'un
« SAS » un peu.
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui. Il n'y a pas de soucis avec ça.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Bin oui, euh, l'expérience fait que on gère ses
émotions différemment. L'exemple qui se posait avant, bon, avant
je terminais mon poste, je rentrais chez moi, j'étais en train de
ressasser ma journée mais ça je pense qu'on la tous fait, jeune
diplômé, on la tous fait ! Je rentrais chez moi, et je me
refaisais le film de la journée dans la tête pour voir si je
n'avais rien oublié, pour voir si ce qu'on m'avait dit été
noté, si c'était bien compris. Déjà ça
aujourd'hui, je ne fais plus. Et puis, bin les situations interpellantes me
suivaient un petit peu à la maison par exemple et c'est pour ça
que j'ai mis en place le fait de ne pas rentrer chez moi mais de m'occuper la
tête à faire autre chose. Je l'ai fais assez rapidement, et
ça a très bien marché. Don bin je continue ça et
puis bin l'expérience oui bien sur fait que on
XXII
... avant par exemple quand on parlait de cancer à
quelqu'un, la personne pleurait parce que ça arrive souvent, enfin je ne
savais pas forcément quoi dire puisqu'on est pas préparé
à ça, on est pas formé à tout ça, et
aujourd'hui, avec l'expérience, bin je sais que le patient a le droit de
pleurer, je sais que alors voilà je parle plus des émotions du
patient là. Donc du coup par rapport à ça comment moi je
gère ses émotions et les miennes en même temps du coup,
parce que moi les miennes c'étaient de « l'émotion du
patient je pleure, l'émotion du soignant je ne sais plus quoi faire,
quoi dire ». et bin l'expérience, au total, donne que bin les temps
de pleurs et les temps de silence, bin c'est important ! Et bin, il faut
laisser pleurer le patient, il faut laisser le temps de silence, si il ne parle
pas il ne parle pas, voilà. Et ça c'est important et c'est comme
ça qu'on gère nos émotions ensemble, le soignant et le
soigné.
Et ça vous ai déjà arriver
d'avoir des émotions devant le patient et qu'il s'en rende compte
?
Je n'en ai pas le souvenir. Mais je pense que ça a
dû peut être arriver mais que je ne m'en suis pas rendu compte mais
que peut être que la famille et/ou le patient s'est rendu compte de
quelque chose. Parce que on reste humain je veux dire. Mais, là comme
ça je n'aurai pas d'exemple, ou je ne l'ai pas remarqué ou je ne
m'en souviens plus mais je pense que ça a dû arriver à tout
le monde !
Alors si ! Si c'est vrai, si ! Parce que l'on parle des
émotions tristes, mais il y a aussi les émotions joyeuses aussi,
donc ça dans les émotions joyeuses oui bin là, tout le
temps. Nous on rigole beaucoup avec nos patients, c'est la joie de vivre ici,
on me dit toujours tu travailles dans un service comme ça, ça
doit être triste, bin je dis bin non c'est pas du tout triste quoi on
rigole bien ! Et donc ça oui forcément, bon ça ils s'en
rendent compte de cette joie de vivre, machin tout ça ... Par contre
euh, il y a aussi des ... pas ici pas dans le service ici, mais dans d'autres
secteurs par exemple, oui j'avais des moments de frustrations, de colère
et ça je pense que oui, ils ont du se rendre compte de certaines
choses.
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ? Oui,
complétement.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Bin, je pense que la préparation avant, elle est
importante. Alors, moi j'aime bien c'est, me préparer un peu avant une
annonce, mais surtout après. Je ne vais jamais, alors, après
XXIII
chaque annonce, on a un rapport à écrire, et je
n'écris jamais mon rapport tout de suite après l'annonce. Alors
est-ce que c'est lié aux émotions, bin oui peut être, c'est
peut être pour rester le plus neutre possible. Mais c'est surtout
qu'après une annonce on pourrait écrire un roman quoi et je pense
qu'il faut être synthétique quand même parce que sinon bin,
il faut penser à nos collègues après qui lisent justement
le compte rendu de l'annonce et qui ont besoin de choses très
concrètes. Et ça permet, pour moi en tout cas, c'est ma
méthode, attendre un peu, alors quand je dis attendre un peu ce n'est
pas 15 jours, ça se fait dans la journée bien-sûr. Attendre
un peu ça permet aussi d'être un peu plus synthétique et de
pouvoir écrire un rapport peut être un peu plus professionnel sans
laisser transparaitre d'émotions et plus carrément des actions.
Pour reprendre les actions de tout à l'heure, bon, bin, simplement noter
que l'assistante sociale a été prévenue parce que la dame
souhaite trouver un logement parce qu'elle est battue chez elle, enfin
voilà. Donc qu'il y a des actions, en tout cas, sociales qui sont mises
en place. Ce sont plus des choses comme ça.
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ?
Bin, je crois que, non c'est vraiment ça en faite,
c'est ce que je disais tout à l'heure c'est vraiment d'insister sur le
point que on croit toujours être passé par toutes les
émotions et d'avoir tout entendu, et à chaque fois il y a des
nouveautés et qu'on ne sait pas comment un jour on pourrait avoir,
à gérer une émotion de quelques choses d'inconnu quoi.
Bon, pour aller plus loin, on a nos patients mais on a aussi
nos proches ... Et moi, j'ai dû annoncer le cancer de ma soeur par
exemple aussi dans le cadre de ma profession mais c'est quand même ma
soeur donc, et comme bin en coordination, bin on est tout seul, (petit soupir)
bin ce n'est pas quelqu'un d'autres, ce n'est pas un de mes collègue qui
peut le faire quoi donc voilà. Et du coup, bin oui il faut faire
ça aussi. J'ai mis beaucoup plus de temps à lui annoncer et j'ai
fais la consultation d'annonce dans son salon plutôt que dans mon bureau
ça a été la seule différence après
l'accompagnement a été très différent aussi parce
que là on est plus infirmier, on est frère, on est
accompagnant.
XXIV
IDE 6
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
Ça fais 18 ans que je suis infirmière, j'ai 40
ans et puis bin parcours professionnel, j'ai commencé en maison de
retraite pendant une petite dizaine d'année, après j'ai
intégré le pôle médecine de l'hôpital quand
j'ai souhaité revenir et j'ai été en pneumologie sur
l'ancien hôpital pendant 5 / 6 ans enfin jusqu'au
déménagement et là je suis en cardiologie pneumologie
depuis l'ouverture du nouvel hôpital.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion
?
C'est un sentiment que l'on ressent sur un moment, un instant
devant une situation qui peut nous poser problème, qui nous ravis. C'est
difficile à dire une émotion, c'est difficile à
décrire, c'est un ressenti, c'est une sensation plus ou moins bonne
selon le type de situation.
Etes-vous souvent confronter à l'annonce d'un
diagnostic de cancer ?
Oui, dans le service on en a régulièrement.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
C'est différent, ça dépend si on est
là le jour de l'annonce ou après si ça a été
annoncé au matin et puis que je travaille l'après-midi.
Après tout dépend aussi, moi je fonctionne beaucoup au «
feeling » avec la personne donc il y a des situations qui vont me toucher
certainement plus que d'autres ; selon la jeunesse, selon la gravité.
C'est assez variable, c'est sur il y a certaines situations qui nous toucheront
plus d'autres qui, ne nous laisserons pas insensible mais je serai moins
marquée. Tout dépendra de la personne qui est dans le lit et de
son vécu, de comment on l'a géré avant, quelle
était notre relation avec elle avant cette annonce ...
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Des formations, il y en a pas vraiment, il en existe mais moi
je ne les ai pas vraiment faites. C'est surtout avec l'expérience, au
fur et à mesure des années que je me suis formée et que je
me suis « habituée », préparée à ce type
d'entretien, de situations. Après oui, si j'en ressentais le besoin je
pense qu'il y aurait certainement des formations qui sont proposées
XXV
par l'hôpital après il n'y a une formation
spécifique « comment réagir face à l'annonce d'un
cancer pour un patient ». Je ne m'y pas inscrite quoi, il y a
différentes groupes, parfois différentes formations qui
reviennent sur ce sujet.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
C'est que je disais un peu tout à l'heure, il y a des
situations qui vont me marquer plus que d'autres ! Tout dépend si la
personne c'est quelqu'un de jeune, une mère de famille, un père,
enfin ils nous marquent tous plus ou moins mais ... les émotions vont
être de différents degrés donc oui je ressens, on n'est pas
insensible après on se protège par rapport à ça
mais oui les émotions on les a, elles sont plus ou moins importantes et
plus ou moins fortes en fonction de la personne qu'on a en face.
C'est de la compassion, de la tristesse, de l'empathie
vis-à-vis de la personne. Ce n'est pas de l'identification, on ne se met
pas à la place de la personne mais ... on fait un transfert sans en
être vraiment un car si on commence à faire des transferts, on ne
s'en sort plus ... mais bon on peut se mettre pendant quelques minutes,
quelques instants. Ça m'est déjà arrivé de me dire
« bin mince, si c'est moi qui étais dans le lit, ou dans le
fauteuil, et que j'avais le médecin en face de moi ... » donc oui
c'est un transfert sur le coup parce que ... mais bon ... après il faut
savoir passer à autre chose. Enfin moi j'arrive à le faire, tout
le monde ne le fera peut-être pas pareil mais c'est surtout ça, de
l'empathie, de la compassion et puis ne pas se retrancher que derrière
le rôle de soignant, d'infirmière surtout pour les mauvaises
nouvelles.
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
C'est par rapport à l'âge du patient, si le
patient est jeune. Même si là ça fait un moment que je n'en
ai pas vu vraiment des jeunes jeunes, c'est vrai que quand j'étais
à l'ancien hôpital et que j'avais moi-même 33 ans et puis
que tu te retrouves avec un patient qui a 33 ou 34 ans et bien tu te dis
ça pourrais être moi, donc on s'identifie. Je suis plus
frappée lorsque c'est quelqu'un de jeune.
Comment repérez-vous vos émotions
?
Je me connais et puis la situation me marque, ça me
prend un peu à la gorge et j'aurai peut-être envie de verser une
larme, mais après vraiment repérer une émotion, ce n'est
pas évident.
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ?
XXVI
Le travail émotionnel ... c'est l'expérience qui
le donne au fil du temps. C'est abstrait pour moi, c'est l'expérience
qui fait que oui au fil des années, tu te forges une carapace et puis
voilà tu prends et tu rejettes certains choses. Je sais où sont
mes limites, jusqu'où je peux aller dans une relation avec le patient
qui a eu cette annonce. Quand c'est trop lourd ... et puis parfois tu n'as pas
envie, tu n'es pas disposé à ça, parfois tu as plus envie
de t'investir donc bon ... pour moi un travail émotionnel, c'est
abstrait, je le fais peut-être naturellement sans m'en rendre compte. Je
le vis au fil au feeling. Pour moi franchement, c'est l'expérience.
C'est le feeling qui fait que je me lance sur certaines choses, d'autres je
suis plus en retrait.
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui, si quelque chose nous touche plus qu'une autre oui c'est
sûr que l'on trouvera toujours une collègue pour en discuter, une
aide-soignante, une infirmière parfois même les médecins
... Après on est certaines à bien se connaitre depuis un certain
temps donc on parle de toutes ces choses là naturellement et ça
dédramatise la chose et parfois ça part sur le ton pas de
l'humour, pas de la plaisanterie non plus parce qu'on ne peut pas rire de tout
mais voilà on essaie de dédramatiser à fond sur ces
situations là qui nous posent un peu problème parce que sinon on
encaisse tout et la soupape saute tôt ou tard ! Il n'y a pas de soucis si
on veut en discuter.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Oui oui. L'âge faisant et les années de
métier font que ... bin oui, je m'améliore enfin améliorer
c'est un bien grand mot mais on apprend à se protéger, on apprend
à se préserver, on apprend à prendre les émotions
des patients, à les accepter donc oui. Ou même si on apprend
ça reste toujours quand même au moment ou la situation qui fait
qu'il y aura toujours une mise en difficulté par rapport à une
situation et là je me dis mince, je n'aurai pas du faire ça ou
j'y réfléchis après. Parfois, il y a encore des choses
plusieurs années après qui peuvent te faire
réfléchir et te dire « ah bin oui si j'avais fait à
l'époque ... ». Voilà, c'est l'expérience qui fait
que...
XXVII
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ?
Oui, pour moi ça c'est indéniable et maintenant
même comme je suis l'une des plus ancienne du service en tant
qu'infirmière, c'est vrai qu'on a beaucoup de jeunes
diplômées et souvent c'est notre rôle aussi de leur dire
« bin ne t'inquiète pas, oui ça te fait mal au coeur mais tu
verras avec le temps, tu seras moins ... pas moins touché » parce
qu'il faut quand même qu'il y est encore cette émotion-là,
que ça nous touche quand même sinon après on devient
insensible mais oui l'expérience c'est sur c'est quelque chose
important.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Peut-être que oui, mais lesquels ...
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ?
Il n'y a pas vraiment de recette miracle, le tout c'est
d'être bien à l'écoute et aussi accepter que le patient ne
veuille pas discuter, ne soit pas capable de discuter parce que lui il a un
trop plein d'émotions et il faut aussi accepter la colère du
patient, mais il faut rester à sa place et selon toi tes
capacités émotionnelles puisque c'est le sujet du jour, ta
capacité toi d'acceptation et puis respecter le rythme de la personne
sur le travail d'écoute, son temps de parole. Alors ce n'est pas
toujours évident surtout dans des services de soins traditionnels comme
nous, on n'est pas une unité dédiée à la
cancéro ou aux soins palliatifs ou à l'annonce du diagnostic ...
Il faut savoir ménager du temps, il n'y a pas de relation miracle et de
prise en charge que l'on trouve dans ces services. Je reviens toujours sur
ça, c'est l'expérience qui fera que tu respecteras le rythme de
ton patient et ton rythme à toi et son rythme à toi et en
principe ça devrait coller... Nous on est touché par certaines
émotions, certains types comme je disais en début d'entretien des
gens nous touchent plus que d'autres, qui nous rappellent quelqu'un de la
famille, un ami ... et eux aussi on ne peut pas les obliger à se confier
quand ils n'ont pas envie ou quand la relation n'est pas instaurée et
fiable. Ça il faut avoir l'expérience, pour moi c'est le terme.
C'est les années qui font ...
XXVIII
IDE 7
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
? Depuis Août 2018, j'ai 24 ans.
J'ai fais beaucoup de stages différents : en
traumatologie, en EHPAD, aux urgences, en pédiatrie, en
maternité, en néonat et ensuite j'ai travaillé en EHPAD
pendant 2 mois, ensuite je suis allée en gériatrie et là
je suis en pneumologie depuis 1 mois.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion ?
C'est quelque chose que l'on ressent qui peut être positif
comme négatif. Etes-vous souvent confronter à
l'annonce d'un diagnostic de cancer ? Comme je suis jeune
diplômée, j'ai très peu été confronté
à cela.
Mais ça vous ai déjà arrivé
de rencontrer un patient qui avait reçu un diagnostic de cancer ou qui
avait le cancer ?
Oui.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ? Euh ... bin ... comme
avec tous les autres patients.
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Non, pas pour moi déjà.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce d'un
diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
C'est plus des émotions lorsqu'il commence à parler
de sa famille, de comment sa famille va devenir après si il
décède ... C'est dur moralement quand même.
Je ressens de la tristesse.
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
C'est le devenir du patient qui me pose problème.
XXIX
Comment repérez-vous vos émotions
?
Je ne sais plus quoi dire, je ne parle plus. Et je
préfère prendre la main de la personne ou faire un geste
plutôt que parler.
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ?
Je pense que ça revient ce que je viens de dire, je ne
parle pas, je fais des gestes.
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui, on en parle. On va boire un café et on en
parle.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Je pense que ça dépend aussi du caractère
de la personne déjà. Après l'expérience c'est sur
ça y fait mais je pense que c'est plutôt déjà la
personne comment elle est à l'extérieur du travail.
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Pensez-vous que l'expérience est un point
fort dans la gestion de vos émotions ? Ça peut
être oui.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Il y a toujours où l'on montre quand même ce que
l'on ressent, on est quand même des personnes humaines donc ... mais oui
par le geste, par le regard. Par la parole aussi, on peut apaiser les mots
...
Avez-vous des informations supplémentaires
à m'apporter à ce sujet ? Comme je débute
c'est un peu compliqué.
XXX
IDE 8
Depuis quand exercez-vous le métier
d'infirmière ?
Quel est votre âge ?
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel
?
J'ai 29 ans, ça fait 6 ans que je suis
infirmière. J'ai d'abord fait le CS c'est-à-dire que j'ai fais un
peu tout les services pendant 2 ans et après je suis arrivée en
cardio pneumo ç fais 4 ans maintenant.
Pour vous, qu'est-ce qu'une émotion ?
C'est un ressenti, ça peut être triste, heureux.
C'est le ressenti sur une situation à un moment donné.
Etes-vous souvent confronter à l'annonce d'un
diagnostic de cancer ?
Tout le temps ! Surtout en pneumo tout le temps.
Comment réagissez-vous lorsque le patient
reçoit son diagnostic de cancer ?
Je suis compatissante tout en restant à ma place et
j'essaie de reformuler les choses, réexpliquer au patient ce qu'il va
lui arriver, quel traitement il va avoir, le pronostic, et toujours repasser
derrière le médecin pour pouvoir bien lui expliquer ce qu'il va
se passer après il ne faut pas non plus être la copine, il ne faut
pas non plus pleurer tout ça parce que bon justement ils ont besoin de
quelqu'un de costaud à ce moment là après ils vont devoir
l'annoncer à leur famille.
Bénéficiez-vous suffisamment de
formation vous permettant d'être préparé à l'annonce
d'un cancer ?
Bin moi j'avoue que j'avais été accepté
sur une formation qui se passait à Paris pendant 3 jours ce
n'était pas forcément sur le cancer mais c'était sur
l'annonce d'un diagnostic difficile mais bon j'ai été enceinte
donc ce n'est pas moi qui y est allée, c'est un collègue à
moi mais sinon si on le demande en général la formation est
acceptée.
Avez-vous des émotions lors de l'annonce
d'un diagnostic de cancer au patient ? Si oui, quelles sont les types
d'émotions que vous éprouvez ?
En général, c'est plutôt la tristesse et
un peu de colère quand même parce que les gens ne méritent
pas ça et puis de l'incompréhension. Après, on en voit
tellement que ... je ne dis pas qu'on est insensible ; il y a beaucoup de
facteurs qui rentrent en compte, je ne dis pas
XXXI
que si c'est une personne âgée c'est moins triste
mais je veux dire l'impact n'est pas le même quand c'est un jeune qui a
encore des enfants, qui va subir un traitement...qu'une personne
âgée qui ne va pas subir de traitement et qui va continuer la fin
de sa vie qui a déjà vécue 80 ans ... c'est
différent pour moi.
Lorsque vous avez des difficultés lors de la
gestion de vos émotions, comprenez-vous ce qui pose problème ?
Ça m'est déjà arrivé plusieurs
fois, donc quand c'est comme ça, de toute façon on est seul, on
est toujours avec le médecin, on ne comprend pas beaucoup de choses mais
bon ... Parce qu'eux, ils sont plutôt stoïque quand ils annoncent un
diagnostic. Donc heureusement qu'on a nos collègues tout ça parce
que c'est vrai qu'on n'a pas d'aide nous les soignants parce que parfois on a
quand même des situations assez difficile, après on a notre
vécu aussi parce que le cancer ça n'arrive pas qu'aux autres ! Et
donc c'est vrai que parfois ça nous rapporte à des situations un
petit peu difficiles.
Comment repérez-vous vos émotions
?
(rires) Ah bin moi ça monte tout de suite ! Moi je
pleure vite alors ... Puis je le sens tout de suite quand ça ne va pas
aller donc j'ai le temps de sortir de la pièce et de laisser le
médecin continuer ou de trouver une excuse et m'en aller.
Faites-vous un travail émotionnel ? Si oui,
comment faites-vous ?
Je ne sais pas si je fais vraiment un travail
émotionnel mais je pense qu'avec le temps déjà aussi on se
forge mais parce qu'au début j'allais aux enterrements des
décès et tout ... Donc je me suis fais un peu disputer par un
médecin donc je tairais le nom parce qu'il m'a dit qu'il faut vraiment
séparer ... bon c'est difficile eux, ils y arrivent plus que nous. Parce
que déjà nous on a plus contact avec la famille et on connait
plus l'intérieur, encore maintenant à l'extérieur, on
rencontre des familles voilà, ils reconnaissent tout de suite, ce sont
nous les derniers visages qu'ils voient au décès de leur proche
donc c'est pas évident.
Si vous éprouvez des émotions
négatives durant votre poste de travail, êtes-vous soutenue par
vos collègues ?
Oui, on parle ensemble.
(Si l'IDE a moins de 5 ans dans le domaine),
pensez-vous que vous avez plus de difficultés à gérer vos
émotions qu'une infirmière ayant plus d'expérience que
vous lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
XXXII
(Si l'IDE a plus de 5 ans dans le domaine), au fil
de vos postes de travail, avez-vous remarqué une amélioration
dans la gestion de vos émotions ? Si oui, quelle(s) peut(vent)
être la(les) raison(s) ?
Oui c'est sûr, parce qu'avec l'expérience
déjà et aussi avec l'expérience on apprend à faire
la part des choses avec les pathologies qui peuvent être guéris et
les pathologies où il ne faut pas faire souffrir les gens. Quand les
gens nous disent je veux partir parce que j'ai vécu ça, ça
et ça ... Donc on apprend à faire la différence surtout
avec les cancers, les gens qui sont en bout de course, je ne dis qu'on
préfère les voir partir mais c'est différent, c'est un
accompagnement. Quand on les accompagne, c'est plus facile pour nous de
gérer nos émotions que quand c'est un décès
subit.
Pensez-vous que l'expérience est un point fort
dans la gestion de vos émotions ? Oui je pense qu'avec le
temps on se forge.
D'après vous, existe-il des moyens de
gérer vos émotions lors de l'annonce d'un diagnostic de cancer ?
Franchement je ne pense pas à moins d'avoir un coeur de
pierre mais non je ne pense pas. Avez-vous des informations
supplémentaires à m'apporter à ce sujet ?
Ce qui serait pour nous les soignants c'est aussi d'avoir un
... ça existe dans les unités de soins palliatifs ils font des
« palliatocafé » mais sur des moments difficiles on n'a pas
trop le temps de voir claire et on n'a pas de suivi nous les soignants. Je
trouve que parfois c'est bien aussi, puis nos collègues médicaux,
les médecins, ils ne nous disent pas est-ce que ça a
été ... On ne se sent pas très entouré quoi ...
puis après eux ils sortent de la chambre puis c'est nous qui devons
réexpliquer à la personne et toute la journée c'est nous
qui « subissons » l'annonce à la famille donc, les pleurs des
familles, les incompréhensions. C'est à nous de faire l'annonce
à la famille, heureusement maintenant il y a l'équipe mobile de
soins d'accompagnement qui permet aussi de faire les annonces aux familles,
mais ils veulent toujours que l'on soit présent donc au final on est
toujours là ...
On peut consulter la psychologue mais il faut faire appel
à la médecine du travail.
Pour revenir à l'équipe mobile de soins
d'accompagnement, après 17 heures, elle n'est plus là donc il
faut gérer les gens, le week-end, elle n'est pas là non plus,
donc ça fais beaucoup de moment où on se retrouve seul devant le
patient qui est démuni.
Résumé
|
Abstract
|
Durant mes trois années d'études, j'ai pu
|
During my three years of study, I noticed that
|
remarquer que j'étais plus ou moins affectée par
des situations, notamment sur le plan
|
I was more or less affected by situations,
especially emotionally. Thus, the
|
émotionnel. Ainsi, l'annonce d'un diagnostic
|
announcement of a diagnosis of cancer
|
de cancer m'a plus particulièrement touché,
c'est donc pour cela que j'ai décidé de réaliser
|
particularly affected me, so that's why I decided to do my
final work on this topic.
|
mon travail de fin d'étude sur ce sujet.
|
So I asked the following question : "How
|
J'ai donc posé la question de départ suivante :
|
does the announcement of a cancer diagnosis
|
« en quoi l'annonce d'un diagnostic de cancer
|
have an impact on the patient - nurse
|
a un impact sur la relation soignant -
|
relationship ? "
|
soigné ? »
|
To carry out this work, I conducted research
|
Pour effectuer ce travail, j'ai réalisé des
|
on differents topic areas : cancer, the
|
recherches sur différentes notions : le cancer, le
dispositif d'annonce, la relation soignant-
|
announcement device, the patient - nurse relationship, the
emotions, the experience, the
|
soigné, les émotions, l'expérience, la
distance
|
professional distance ...
|
professionnelle ...
|
As a result of this research, I was able to make
|
À la suite de ces recherches, j'ai pu émettre
|
a general hypothesis that "the experience
|
une hypothèse générale qui est «
l'expérience
|
would have an impact on the caregivers
|
aurait une influence sur la gestion des
|
management of emotions, when announcing a
|
émotions du soignant lors de l'annonce d'un
|
cancer diagnosis".
|
diagnostic de cancer ».
|
To validate or reject this hypothesis, I
|
Afin de valider ou de rejeter cette hypothèse,
j'ai effectué des entretiens semi-directifs
|
conducted semi-structured interviews with eight nurses with a
little or a lot of experience.
|
auprès de huit infirmiers ayant plus ou moins
|
To concluded, the results show that having
|
d'expérience.
|
more experience, is a strong point in
|
En effet, ceux-ci nous démontrent que
|
caregivers being able to manage their own
|
l'expérience est un point fort dans la gestion des
émotions du soignant.
|
emotions.
|
Mots-clés : cancer, dispositif d'annonce,
relation soignant-soigné, distance
|
Keywords : cancer, announcement device, patient - nurse
relationship, professional
|
professionnelle, expérience, émotions.
|
distance, experience, emotions.
|
|