IV. Politique de Développement Industriel (PDI) et
d'emploi au Mali
Le développement industriel a toujours
été placé au centre des préoccupations des
différents gouvernements successifs. Celui-ci devrait permettre la
modernisation des différents secteurs de l'économie et la
valorisation des principales productions brutes de l'agriculture, de
l'élevage, et de la pêche et des mines.
1. Politique de Développement Industriel
(PDI)
L'actuel document de Politique de développement
Industriel (PDI) a été adopté en mars 2010, avec son plan
opérationnel 2010-2012. Ce plan d'action a été
évalué en 2014 et un nouveau plan d'action 2015-2017 a
été adopté en mai 2015.
L'objectif général de la PDI demeure un
développement industriel ordonné, rapide, durable et
équilibré, générateur d'emplois, permettant au
secteur secondaire d'atteindre une contribution à la formation du
produit intérieur brut (PIB) de 20% en 2012 et 42% en 2025. Il
s'articule autour de trois objectifs spécifiques, à savoir :
Objectif spécifique 1 : Améliorer
l'environnement des entreprises industrielles pour attirer les investisseurs et
faire du secteur privé le vecteur de la croissance économique.
Objectif spécifique 2 : Améliorer la
compétitivité des unités industrielles existantes afin
qu'elles puissent poursuivre leur modernisation industrielle et
pénétrer des marchés d'exportation avec des produits
à plus forte valeur ajoutée.
Objectif spécifique 3 : Encourager la
création de nouvelles unités industrielles et l'utilisation des
meilleures idées, technologies, techniques et méthodes en
s'appuyant sur les actifs de la propriété intellectuelle.
2. Politique d'emploi au Mali (PE)
L`emploi est une priorité du gouvernement malien. C'est
souligné dans les deux documents de référence de la
politique économique, le Programme d'Actions du Gouvernement (PAG
20132018) et le Cadre Stratégique pour la Croissance et la
Réduction de la Pauvreté (CSCRP 20122017). L'adoption par le
Conseil des Ministres du 18 mars 2015 d'une nouvelle Politique Nationale de
l'Emploi (PNE) et de son Plan d'Actions Opérationnel (PAO) pour la
période 2015-2017 est une autre expression de cette priorité. La
politique de l'emploi contribue à l'efficacité économique
et la justice sociale. Elle a deux fonctions principales. La première
est d'augmenter le nombre d'actifs (occupés et non occupés) et
d'améliorer les compétences et la productivité des
participants aux dispositifs de l'emploi. Par là-même, la
politique de l'emploi concourt à l'augmentation de la croissance
économique et du PIB. La seconde fonction est d'aider les groupes
rencontrant des difficultés à accéder à un travail
et à une rémunération.
2.1. Structure et dynamique de l'emploi du Mali
Le Mali connait une forte croissance démographique qui
se traduit par une augmentation rapide de la population active. La majeure
partie des actifs travaille dans le secteur primaire et le secteur tertiaire,
63% et 25% respectivement et le reste dans le secteur secondaire. Et le secteur
formel, privé et public, n'emploie que 6% des actifs occupés.
Selon les projections du BIT, la population active au Mali
croître à un rythme soutenu et devras continuer de croître
au cours des années à venir, entre 2,9 % et 3 % par an, soit
environ 150 000 actifs. Ce chiffre prend en compte les entrées sur le
marché du travail ainsi que les sorties pour raison d'âge ou
autres raisons. Le nombre brut d'entrées est bien sûr beaucoup
plus élevé. Il était estimé à 278 000 en
2010 et devrait atteindre 434 000 en 20132. Les données de
l'EMOP confirment que le chômage touche plus les jeunes que les actifs
plus âgés.
2.2. Les défis et les dispositifs de la Politique de
l'Emploi au Mali 2.2.1. Les défis majeurs
Le premier défi concerne l'augmentation rapide de la
population en âge de travailler et les grandes difficultés
d'insertion professionnelle des jeunes.
Le deuxième défi concerne l'importance des
emplois informels, c'est-à-dire des emplois qui ne sont pas soumis aux
dispositions de la législation du travail ou qui sont exercés
dans des entreprises sans comptabilité ou sans immatriculation fiscale.
Au Mali, selon les données les plus récentes de l'EMOP, les
emplois informels constituent plus de 9 emplois sur 10. La
2 Beaujeu et al. (2011), p. 175.
majeure partie de ces emplois se trouve dans l'agriculture,
même si une part non négligeable se trouve dans le secteur des
services et à un degré moindre dans l'industrie.
Le troisième défi, l'autre face de la même
pièce, est la faible proportion d'emplois formels dans le secteur
privé ou public. Ces emplois constituent moins d'un emploi sur dix ! Le
secteur public est le plus grand pourvoyeur d'emplois formels (5 % de l'emploi
total contre 4 % pour les entreprises privées).
Le quatrième défi concerne la faible
accumulation de capital humain (éducation et acquis de
compétences professionnelles sur le tas) et le fait que les
qualifications acquises dans le système de formation initiale
(secondaire, technique et professionnelle et supérieure) soient
insuffisantes, et le plus souvent mal adaptées aux demandes des
entreprises et autres acteurs économiques.
Le cinquième défi majeur concerne les fortes
inégalités de genre et les inégalités dans
l'espace. Les inégalités de genre reflètent d'abord les
différences d'accès à l'emploi avec de grands
écarts entre les taux d'activité des femmes et des hommes, en
défaveur des premières. Une répartition inégale des
activités domestiques au sein des ménages explique en partie ces
différences dans les taux d'activité. Les
inégalités de genre concernent ensuite le fait que les femmes et
les hommes sont répartis de manière très inégale
entre les secteurs d'activités économiques
(ségrégation horizontale) et à l'intérieur de ces
secteurs plus on s'élève dans la hiérarchie des postes
(ségrégation verticale).
Le sixième défi, enfin, concerne la situation de
quasi post-conflit dans laquelle se trouve le pays depuis le
déclenchement de la crise sécuritaire en 2012. La crise s'est
traduite par une contraction du secteur formel, une augmentation de l'informel
et des emplois précaires, une augmentation de la pluriactivité et
une augmentation du chômage. Une illustration de la contraction du
secteur formel est la forte diminution du nombre d'offres d'emploi
enregistrées par l'ANPE et les bureaux de placement privés entre
2012 et 2013. Selon les données collectées par l'ANPE, le nombre
d'offres d'emploi enregistrées par les bureaux de placement (public et
privés) a quasiment été divisé par deux en passant
de 3 583 en 2010 à 1 972 en 20133. Les données de
l'EMOP sur le chômage pour 2011 et 2014 (octobre-décembre)
confirment l'augmentation du chômage suite à la crise, surtout
pour les jeunes et les femmes en milieu urbain.
3 Les données sur les offres d'emploi
enregistrées par l'ANPE et les bureaux de placement privés sont
disponibles dans les rapports d'analyse situationnelle annuelle du
marché du travail du DOEF de l'ANPE.
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