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Investissement, croissance économique et création d’emploi dans le secteur industriel au Mali de 1990 à  2018.


par Check Oumar TRAORE
Université de Bamako - Master II en Economie Appliquée au Développement 2016
  

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IV. Politique de Développement Industriel (PDI) et d'emploi au Mali

Le développement industriel a toujours été placé au centre des préoccupations des différents gouvernements successifs. Celui-ci devrait permettre la modernisation des différents secteurs de l'économie et la valorisation des principales productions brutes de l'agriculture, de l'élevage, et de la pêche et des mines.

1. Politique de Développement Industriel (PDI)

L'actuel document de Politique de développement Industriel (PDI) a été adopté en mars 2010, avec son plan opérationnel 2010-2012. Ce plan d'action a été évalué en 2014 et un nouveau plan d'action 2015-2017 a été adopté en mai 2015.

L'objectif général de la PDI demeure un développement industriel ordonné, rapide, durable et équilibré, générateur d'emplois, permettant au secteur secondaire d'atteindre une contribution à la formation du produit intérieur brut (PIB) de 20% en 2012 et 42% en 2025. Il s'articule autour de trois objectifs spécifiques, à savoir :

Objectif spécifique 1 : Améliorer l'environnement des entreprises industrielles pour attirer les investisseurs et faire du secteur privé le vecteur de la croissance économique.

Objectif spécifique 2 : Améliorer la compétitivité des unités industrielles existantes afin qu'elles puissent poursuivre leur modernisation industrielle et pénétrer des marchés d'exportation avec des produits à plus forte valeur ajoutée.

Objectif spécifique 3 : Encourager la création de nouvelles unités industrielles et l'utilisation des meilleures idées, technologies, techniques et méthodes en s'appuyant sur les actifs de la propriété intellectuelle.

2. Politique d'emploi au Mali (PE)

L`emploi est une priorité du gouvernement malien. C'est souligné dans les deux documents de référence de la politique économique, le Programme d'Actions du Gouvernement (PAG 20132018) et le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP 20122017). L'adoption par le Conseil des Ministres du 18 mars 2015 d'une nouvelle Politique Nationale de l'Emploi (PNE) et de son Plan d'Actions Opérationnel (PAO) pour la période 2015-2017 est une autre expression de cette priorité. La politique de l'emploi contribue à l'efficacité économique et la justice sociale. Elle a deux fonctions principales. La première est d'augmenter le nombre d'actifs (occupés et non occupés) et d'améliorer les compétences et la productivité des participants aux dispositifs de l'emploi. Par là-même, la politique de l'emploi concourt à l'augmentation de la croissance économique et du PIB. La seconde fonction est d'aider les groupes rencontrant des difficultés à accéder à un travail et à une rémunération.

2.1. Structure et dynamique de l'emploi du Mali

Le Mali connait une forte croissance démographique qui se traduit par une augmentation rapide de la population active. La majeure partie des actifs travaille dans le secteur primaire et le secteur tertiaire, 63% et 25% respectivement et le reste dans le secteur secondaire. Et le secteur formel, privé et public, n'emploie que 6% des actifs occupés.

Selon les projections du BIT, la population active au Mali croître à un rythme soutenu et devras continuer de croître au cours des années à venir, entre 2,9 % et 3 % par an, soit environ 150 000 actifs. Ce chiffre prend en compte les entrées sur le marché du travail ainsi que les sorties pour raison d'âge ou autres raisons. Le nombre brut d'entrées est bien sûr beaucoup plus élevé. Il était estimé à 278 000 en 2010 et devrait atteindre 434 000 en 20132. Les données de l'EMOP confirment que le chômage touche plus les jeunes que les actifs plus âgés.

2.2. Les défis et les dispositifs de la Politique de l'Emploi au Mali 2.2.1. Les défis majeurs

Le premier défi concerne l'augmentation rapide de la population en âge de travailler et les grandes difficultés d'insertion professionnelle des jeunes.

Le deuxième défi concerne l'importance des emplois informels, c'est-à-dire des emplois qui ne sont pas soumis aux dispositions de la législation du travail ou qui sont exercés dans des entreprises sans comptabilité ou sans immatriculation fiscale. Au Mali, selon les données les plus récentes de l'EMOP, les emplois informels constituent plus de 9 emplois sur 10. La

2 Beaujeu et al. (2011), p. 175.

majeure partie de ces emplois se trouve dans l'agriculture, même si une part non négligeable se trouve dans le secteur des services et à un degré moindre dans l'industrie.

Le troisième défi, l'autre face de la même pièce, est la faible proportion d'emplois formels dans le secteur privé ou public. Ces emplois constituent moins d'un emploi sur dix ! Le secteur public est le plus grand pourvoyeur d'emplois formels (5 % de l'emploi total contre 4 % pour les entreprises privées).

Le quatrième défi concerne la faible accumulation de capital humain (éducation et acquis de compétences professionnelles sur le tas) et le fait que les qualifications acquises dans le système de formation initiale (secondaire, technique et professionnelle et supérieure) soient insuffisantes, et le plus souvent mal adaptées aux demandes des entreprises et autres acteurs économiques.

Le cinquième défi majeur concerne les fortes inégalités de genre et les inégalités dans l'espace. Les inégalités de genre reflètent d'abord les différences d'accès à l'emploi avec de grands écarts entre les taux d'activité des femmes et des hommes, en défaveur des premières. Une répartition inégale des activités domestiques au sein des ménages explique en partie ces différences dans les taux d'activité. Les inégalités de genre concernent ensuite le fait que les femmes et les hommes sont répartis de manière très inégale entre les secteurs d'activités économiques (ségrégation horizontale) et à l'intérieur de ces secteurs plus on s'élève dans la hiérarchie des postes (ségrégation verticale).

Le sixième défi, enfin, concerne la situation de quasi post-conflit dans laquelle se trouve le pays depuis le déclenchement de la crise sécuritaire en 2012. La crise s'est traduite par une contraction du secteur formel, une augmentation de l'informel et des emplois précaires, une augmentation de la pluriactivité et une augmentation du chômage. Une illustration de la contraction du secteur formel est la forte diminution du nombre d'offres d'emploi enregistrées par l'ANPE et les bureaux de placement privés entre 2012 et 2013. Selon les données collectées par l'ANPE, le nombre d'offres d'emploi enregistrées par les bureaux de placement (public et privés) a quasiment été divisé par deux en passant de 3 583 en 2010 à 1 972 en 20133. Les données de l'EMOP sur le chômage pour 2011 et 2014 (octobre-décembre) confirment l'augmentation du chômage suite à la crise, surtout pour les jeunes et les femmes en milieu urbain.

3 Les données sur les offres d'emploi enregistrées par l'ANPE et les bureaux de placement privés sont disponibles dans les rapports d'analyse situationnelle annuelle du marché du travail du DOEF de l'ANPE.

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