1.3.2. Définitions
Il est difficile de donner une définition
précise de la géopolitique qui, bien que rattachée aux
sciences humaines ne dispose pas des lois générales strictement
définies et ne peut donc être considérée comme
une
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science. Celle-ci aura d'ailleurs connu une
interprétation différente selon ses théoriciens, les pays
et les époques.
Et si elle n'obéit pas à des lois
générales, elle dépend de la combinaison des multiples
facteurs (économique, politique, militaire, idéologique,
religieux...) à chaque fois différents.
A cet effet, il serait très intéressant
d'adjoindre à cette définition celles des géopoliticiens
pour avoir une meilleure acceptation claire et nette de ce concept clé
qui sera tout le temps utilisé tout au long de ce travail. Pour ce, deux
spécialistes de la géopolitique peuvent bien nous éclairer
à ce sujet, il s'agit de Serge CORDELLIER et de Aymeric CHAUPRADE
d'autres viendront sans doute compléter la compréhension de ce
concept. Pour le premier en effet, il considère que la
géopolitique est une approche en tant que telle, elle vise,
essentiellement à élucider les interactions entre les
configurations spatiales et ce qui relève: du politique34. Il
récuse la prétention selon laquelle la géopolitique se
présentait comme étant l'influence des milieux de la
géographie sur les jeux politiques, qu'il qualifie d'ailleurs de «
déterminants ».
Cependant, CORDELLIER considère que l'analyse
géopolitique ne se limite pas à l'étude des
rivalités territoriales .et de leurs répercussions sur
l'opinion.
Ce n'est pas une conflictologie, prévient-il, qui
aurait pour prémisses que les représentations territoriales
seraient contradictoires et antagonistes. Ce dualisme, poursuit-il, limite
l'objet de l'étude des rivalités de pouvoir sur les territoires.
Si avec CORDELLIER l'on peut considérer que la géopolitique
constitue une simple démarche, une analyse, une approche, pour Aymeric
CHAUPRADE, en revanche, le concept géopolitique est élevé
au rang d'authentique discipline scientifique à l'égale de la
géographie et de l'histoire 35.
34 CORDELLIER S, cité par LUNANGA BUSANGA,
Géopolitique et conflit identitaire en RDC, Ed.
Compodor Kinshasa, 2009, p, 38.
35 LUNANGA BUSANYA, Op.cit., p. 38.
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En effet, selon cet universitaire français, l'approche
géopolitique accorde une primauté à la
compréhension des phénomènes plutôt qu'à leur
description en détail. Elle se concentre sur les dynamiques de
puissances en cherchant des acteurs internationaux qu'ils soient
étatiques ou non. C'est pour cette raison qu'il lui
préfère la définition selon laquelle, elle est
l'étude des relations politiques entre deux types de pouvoirs :
? Les pouvoirs intra étatiques (mouvement
sécessionnistes, rebellions), ? Les pouvoirs transatlantiques
(réseaux criminels, terroristes, multinationales) à partir des
critères de la géographie
Sur le plan national, BIYOYA MAKUTU affirme qu'il ne faut pas
confondre la géopolitique avec la géographie physique ou encore
la géostratégie, cette dernière résultant non pas
des rapports entre la géographie des Etats et leurs politiques, mais des
données de la stratégie issue strictement de la géographie
physique, économique, ou démographique. Toutefois, les
différentes analyses de la géopolitique permettent de
déduire qu'il s'agit d'une discipline visant à étudier les
projets politiques des différents acteurs présents sur la
scène internationale en fonction de leur rapport à,
l'espace36.
Pour Henry MOVA SAKANYI, «la géopolitique n'est
qu'une étude des multiples influences à la fois de la
géographie, de la- culture, de la société et de
l'économie qui orientent le comportement d'une nation et le type de
relation que cette dernière entretient avec ses semblables».
Pour ZAKI LAIDI, «La géopolitique n'est qu'une
approche de la politique des Etats. Or, à l'époque où elle
était apparue, il y a près d'un siècle, la
géopolitique ne se limitait pas à l'analyse objective, mais au
contraire «tendait orienter la politique au bénéfice de l'un
ou l'autre Etat. Sur ce, il définit la géopolitique comme une
science qui prend en compte la politique de puissance `des `Etats en rapports
de leur situation géographique37.
Pour BANYAKU LUAPE EPOTU : cerner le concept
«géopolitique' pose une série de problèmes et il le
retient à deux. Premièrement, `la racine
36 BIYOYA MAKUTA, Op. cit.
37 ZAKI LAIDI, Malaise de la mondialisation,
Ed. Complexe, Paris, 1997, p. 78.
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sémantique à la quelle ce mot se
réfère «politique» fait l'objet des controverses quant
à sa propre définition. Deuxièmement, le préfixe
«géo» du grec «qui» renvoie à la terre,
à l'espace planétaire. Il a connu un franc succès car il
fait référence à un élément fixe (terre) et
la géographie comme une science qui étudie la
société par l'espace, quant au concept «politique» il
le définit comme étant un projet qu'un Etat conçoit, pour
atteindre une finalité dans l'action envisagée. `En d'autres
termes, il s'agit d'une aspiration à parvenir un but. C'est ainsi qu'il
définira la géopolitique comme l'étude de la
complexité de la situation internationale et sa situation de
conflictualité38.
Mais pour Patrick O'SULLIVAN, la géopolitique moderne,
intégrant dans ses analyses toutes les données de la vie
internationale contemporaine, il estime que «la géopolitique»
n'est que la manifestation d'un certain bon sens, guidée par la
géographie, permettant de comprendre les relations entre les peuples et
les groupements des peuples39.
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