CHAPITRE 3 : ANALYSE DE L'INCIDENCE DE LA
POLITIQUE MONETAIRE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN RDC
Dans ce chapitre nous chercherons à évaluer
l'apport qu'a la politique monétaire menée par la Banque Centrale
du Congo sur l'évolution du PIB. Pour ce faire, nous utiliserons
l'économétrie pour le traitement de nos variables via le
modèle ARIMA sur logiciels Eviews. L'évaluation de la politique
monétaire se fera par l'analyse de l'un de canaux de transmissions
utilisés par la BCC à savoir, le canal du crédit. Nous
avons opté pour ce dernier car c'est par lui que sont transmis les
effets de la politique monétaire à l'économie
réelle (via l'optique de la demande) en jouant sur le niveau des
crédits.
Le crédit bancaire à un impact
considérable sur la croissance économique, il permet de stimuler
la demande (investissement et consommation), qui à son tour stimule la
production. La politique monétaire via ses différents taux
(directeur, de réserve obligatoire) impacte les taux
d'intérêts des banques commerciales qui, à leur tour
influent sur le niveau des emprunts.
Pour notre étude, nous avons allons analyser le lien
entre le taux directeur, le coefficient de réserve obligatoire, les taux
des Bon BCC, le niveau des crédits à l'économie et la
variation du PIB.
Le taux directeur est le taux de refinancement des banques de
second rang. Ce dernier est plus ou moins étroitement
corrélé aux taux de crédit et d'épargne. En effet,
les banques commerciales empruntent aux banques centrales au taux directeur si
elles en ont besoin. Le taux directeur fixé par la banque centrale
influence indirectement les taux d'intérêts qui seront
proposés aux ménages et aux entreprises par les banques
commerciales. Le taux d'intérêt étant un des
déterminants des décisions d'investissement (lorsqu'elles sont
financées par un crédit), la banque centrale régule
l'investissement lorsqu'il y a lieu, ou encourage l'investissement dans les
périodes de creux économiques. Les autorités
monétaires peuvent faire varier le montant des réserves
obligatoires en fonction de leur volonté de limiter l'expansion du
crédit.
La politique monétaire peut influencer la
quantité des crédits accordés à l'économie
en jouant sur ses différents taux, principalement le coefficient de
réserve obligatoire et le taux directeur. Les crédits bancaires
quant à eux, ont un effet direct sur la demande qui, peut influencer
positivement ou négativement le niveau de production.
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3.1. SPECIFICATION DU MODELE
L'une des hypothèses du modèle classique de
régression linéaire, l'hypothèse 9, est que le
modèle utilisé dans l'analyse est « correctement »
spécifié. Si ce n'est pas le cas, on rencontre le problème
de l'erreur de spécification du modèle ou biais de
spécification du modèle (Damodar, 2003).
3.1.1. FORME FONCTIONNELLE
Comme vu précédemment, selon la théorie
de la synthèse classico-keynésienne représentée par
le modèle IS -LM, les chocs monétaires sont transmis à la
sphère réelle à travers le taux d'intérêt. Il
existe une relation décroissante entre masse monétaire et taux
d'intérêt : plus les taux sont hauts, plus la masse
monétaire est basse et réciproquement. Il y a diverses origines
à cela, la première étant ce que font les agents de leur
épargne, la seconde étant que la création monétaire
par l'emprunt dépend des taux d'intérêts.
En premier lieu, les taux influencent la manière dont
les agents répartissent leur patrimoine entre monnaie et actifs. Pour
simplifier les explications, on suppose que l'argent des agents
économiques se répartit entre obligations et monnaie, la
répartition dépendant des taux en vigueur. Si les taux varient,
les agents vont alors remplacer de la monnaie par des obligations
(rémunérées par un intérêt), ou
inversement.
Dans les faits, il existe une relation entre les taux
directeurs et ceux pratiqués par les banques commerciales. Rappelons
quelques faits : les banques commerciales font face à une demande de
crédits de la part des agents économiques souhaitant emprunter.
Elles répondent à cette demande en fournissant une partie des
emprunts demandés. Autrement, une demande de crédits fait face
à une offre bancaire de crédits. L'intersection entre cette offre
et cette demande donne le volume total de crédit circulant dans
l'économie, c'est -à -dire la masse monétaire.
Le taux directeur va moduler l'offre de crédit et les
taux d'intérêts bancaires, par deux mécanismes : le premier
mécanisme impose un taux plancher, tandis que l'autre impose un taux
plafond.
Commençons par expliquer pourquoi les taux de la banque
centrale servent de plancher. Cela provient du fait suivant : les banques
commerciales prêtent l'argent qu'elles empruntent à la banque
centrale. Prenons l'exemple d'une entreprise qui souhaite emprunter 100.000 CDF
à sa banque. Si la banque n'a pas les fonds nécessaires pour ce
prêt, elle les emprunte sur le marché monétaire. Et seule
la banque centrale peut créer la monnaie demandée si celle-ci
vient à
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manquer dans le système économique. La banque
commerciale va donc emprunter de l'argent à la banque centrale et le
prêter à des entreprises ou des ménages. Évidemment,
la banque centrale ne prête pas ses réserves à taux
zéro, mais charge ses prêts au taux directeur. Ce système
n'est rentable que si le taux du prêt est plus important que le taux
directeur. Emprunter à 1% pour prêter à 2 ou 3% est
rentable, mais emprunter à 2% pour le prêter à 1% signifie
une perte pour la banque.
L'existence d'un taux plafond est lié au fait que les
banques commerciales sont toutes en concurrence, ce qui les pousse à
baisser leurs taux ou tout au moins à les garder proches des taux des
autres banques. Une banque ne peut pas augmenter ses taux trop haut, sous peine
de perdre ses clients, partis voir la concurrence. Cela impose en quelque sorte
des taux les plus bas possibles, le plus bas possible étant très
proche des taux directeurs.
Etant donné que le niveau de crédits à
l'économie a un impact considérable sur la consommation et
l'investissement (PIB par la demande), notre analyse se chargera d'analyser
cette relation à deux niveaux.
Premièrement (notre première équation),
nous allons évaluer l'effet des instruments directs (le taux directeur,
le coefficient de réserve obligatoire et le Bon BCC) de la politique
monétaire de la Banque Centrale du Congo sur le niveau des
crédits à l'économie. Signalons que nous avons opté
pour le canal étroit du crédit et non celui large (du bilan) du
fait que les marchés des capitaux ne sont pas développés
en République Démocratique du Congo.
Equations mathématiques
Equation 1: Lcred = f (lro, ltdir, lbnbcc)
Equation 2: Css=f (lcred)
Equation économétrique
Lcred t = C(1) + C(2)*lrot + C(3)*ltdirt - C(4)*lbnbcct + Et
Signalons que :
o Lcred t = logarithme des crédits
accordé à l'économie au temps t
o lrot = logarithme du coefficient de
réserve obligatoire au temps t
o ltdirt = logarithme du taux directeur au
temps t
o Css = la croissance économique
o ?t = erreurs du modèle
o C(1) = Constante
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o C(2), C(3) et c(4) = respectivement les
élasticités des crédits accordé à
l'économie, du coefficient de réserve obligatoire et du taux
directeur en l'absence des retards qui sont analysés dans la
quatrième partie de ce chapitre.
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