Sommaire
REMERCIEMENTS
3
I. INTRODUCTION
5
I.1. Intérêt du sujet
5
I.2. Contexte de la recherche
5
I.3.Présentation de la zone de recherche
12
I. 4. OBJET DE LA RECHERCHE OU PROBLEMATIQUE
14
I. 5. QUESTION DE DEPART
14
I. 6. HYPOTHESES
14
I.7. PLAN DE LA RECHERCHE
15
II.2.1.FEMINISME
22
II.2.2.Mouvement social
25
II.2.3.Répertoire de l'action collective
26
II.3.Méthode de collecte des
données
30
II.3.1.Entretiens :
30
II.3.2.Observation :
30
II.3.3.Revue de la bibliographie
31
II.3.4.Méthodes d'analyse des
données
31
II.3.5.Échantillon des associations et le
critère de choix
32
II.3.6.Limite de la recherche
32
III.1.ETAT DES LIEUX
33
III.2.HERITAGE HISTORIQUE DE LA REGION DU NORD
34
III.3.STATUT JURIDIQUE DE LA FEMME MAROCAINE :
ENJEU DE LA DEMOCRATIE
36
III.4.FEMINISME MAROCAIN ET DEFI D'INCLUSION DES
FEMMES
38
III.5. ACTIONS COLLECTIVES LOCALES ET LE STAT DE LA
FEMME
41
IV.1.PROGRES VERS LE RECUL
45
IV.2. REFORMES LIMITEES
47
IV.3. MOUVEMENT FEMINISTE ET LES TABOUS
RESISTANTS
49
IV.3.1. Loi sur l'héritage maintenue par la
religion et la parenté patriarcale
49
IV.3.2. Arguments des féministes islamistes
pour le maintien de la loi
50
IV.3.3.Arguments des féministes
universalistes en faveur du changement de la loi
51
IV.4. Marginalisation au féminin
52
IV.5.PARTICIPATION LIMITEE DANS LA GESTION
LOCALE
55
V.1. EMERGENCE DU MOUVEMENT FEMINISTE ISLAMISTE
59
V.1.1.Naissance du mouvement féministe
60
V.1.2. Apparition du mouvement Féministe
islamiste au Maroc
61
V.1.4. Troisième voie du féminisme
islamiste
64
V.2. REPERTOIRE D'ACTIONS DES FEMINISTES ENTRE
UNIVERSALISME ET ISLAMISME
66
V.3.FEMINISTES CONTRE L'ETAT... NAISSANCE D'UN
FEMINISME D'ETAT...
69
V.3.1.En guise de définition...
70
V.3.2.L'institutionnalisation du féminisme
d'Etat
71
V.3.3.Réforme du secteur religieux et
institutionnalisation d'approche genre
72
V.4.POUVOIR POLITICO-RELIGIEUX BASÉ SUR
L'EXCLUSION FEMININE
73
V.4.1.Les bases de la monarchie marocaine
74
V.5. RAPPORTS D'ALLIANCE ET D'OPPOSITION AUTOUR DU
FEMINISME MAROCAIN
76
VI.CONCLUSIONS
77
VII. BIBLIOGRAPHIE
80
VIII. GLOSSAIRE
84
IX. ANNEXES
86
REMERCIEMENTS
Je voudrais remercier sincèrement tous ceux et celles
qui ont m'accordé leur soutien directement ou indirectement pour que je
puisse réaliser ma recherche.
Je remercie particulièrement ma directrice de
mémoire, Bérengère Marques-Pereira qui a accepté
mon sujet et m'a donné sa confiance et son soutien pour mener à
bien, les démarches de ce travail.
Je remercie également mon assesseur Firouzeh Nahavandi,
pour sa disponibilité à des momentspropices. Merci infiniment
pour avoir répondu àmes questionstout au long de la
rédaction de mon mémoire.
Je tiens à remerciermes amies,Qods, Chloé et
Hind pour leur précieuse aide dans la réalisation de ce
mémoire.
Je remercie aussi, tous les membres des associations
féminines au nord du Marocpour le temps et l'intérêt qu'ils
ont consacré à mon travail.
Je remercie de tout mon coeur, Mohammed, mon mari, ami et
compagnon, qui a toujours été présent à mes
côtés durant cette longue recherche. Merci pour sa présence
et son soutien moral.
Je tiens aussi à remercier en particulier Ali pour son
aide précieuse, sans oublier Khalid.
Je termine en remerciant sincèrement tous ceux que j'ai
pu oublier dans mes remerciements et qui ont contribué à la
réalisation de ce mémoire, que ce soit, de près ou de
loin.
I.INTRODUCTION
I.1. Intérêt du
sujet
Des recherches précédentes sur le
féminisme marocain m'ont amenée à me questionner sur la
situation de la femme marocaine en général et sur le travail de
terrain des associations féminines dans la région du nord du
Maroc en particulier. De ces travaux, de nouvelles interrogations sont
nées qui me poussent aujourd'hui à vouloir continuer la
recherche.
I.2. Contexte de la
recherche
Mon travail, réalisé entre 2000 et 2007,
a mis en exergue la marginalisation de la femme marocaine en
général. En réaction à cet état de fait, la
Région du nord du Maroc a vu se développer un réseau
d'associations féministes oeuvrant à l'émancipation des
femmes de la région. Ce travailm'a, en effet, amenée à
conclureà quel point la femme, au Nord du Maroc,rencontre des obstacles
imposés par la nature traditionnelle et patriarcale1(*) de la société.La
seconde conclusionest celle de la marginalisation de larégion qui
entraîne une féminisation de la pauvreté. La
troisièmeconclusion concerne le statut juridique de la femme qui,
jusqu'à sa reforme en 2004, était lui-même un obstacle
à l'émancipation des femmes.
Des articles que je publierai par la suite (entre 2004 et
2008), il en est ressorti que le mouvement féministe du Nord n'est pas
un mouvement uniforme. Composés de très nombreux types
d'associations, il ne coule en effet pas d'un même flot, dans une seule
direction, mais bien dans des sens qui souvent divergent voir s'opposent et se
contraignent. Et cette fragmentation, affaiblit le mouvement. Les courants
principaux du mouvement et qui le tiraille et l'affaiblisse sont 1) Le
féminisme universaliste2(*) ; 2) Le féminisme islamiste ; 3) Le
féminisme d'Etat3(*).
Le féminisme universaliste renvoie à l'ensemble
des associations féminines qui adoptent le référentiel
universel des Droits humains de la Femme4(*). Concernant le féminisme islamiste, il
émerge avec plus de clarté au début des années
2000. A cette occasion, la fragmentation du mouvement féministe se
marque davantage. Ceci est dû au débat autour du plan d'action
national pour l'intégration de la femme au développement
((PANIFD)5(*). Dans le plan
initial existait une référence universelle aux Droits Humains de
la Femme6(*).Les islamistes
s'y sont opposés. Une telle référence représentant,
selon eux, une menace envers la tradition islamique et, bien plus, constituait
un pas supplémentaire vers l'occidentalisation de la
société marocaine. Cela s'est traduit par des violences urbaines
répétées. Le gouvernement a retiré le plan, et a
appelé à l'arbitrage royal7(*). Enavril 2001, le roidésigneune commissionen
vue de changer le Code du statut personnel (1957). La commissionclôture
ses travaux en octobre 2003, et depuis février 2004,le code
réforméest entré en vigueur etest connusous le nom de Code
de la famille8(*).
Cette intervention royale officielle recouvre une importance
fondamentale dans le développement du paysage du mouvement
féministe marocain. En effet, à partir de ce moment, l'Etat joue
un rôle actif développant une politique interventionniste en la
matière. Mais une question doit ici être posée : si
l'objet de la politique d'Etat en matière de féminisme dans les
pays démocratiques est clairement défini et doté des
instruments nécessaires à sa mise en place (nous pensons ici
à un Ministère, à des budgets, promotions des droits,
égalité entre les hommes et les femmes basée sur
l'approche genre,...), qu'en est-il pour les Etats dits non
démocratiques ou en transition dont le Maroc fait partie ? La
récupération et l'instrumentalisation sont ici, les
pièges. De fait, nous avons observé un constant jeu de
va-et-vient de la politique gouvernementale marocaine en la matière.
Tantôt reprenant les idées des associations universalistes
tantôt celles des associations islamistes, l'Etat contribue tout au
moinsà la dispersion du mouvement.
En outre, d'autres de mes articles publiés
ultérieurement traitaient du sujet de la place de la femme dans la
société marocaine. Il en ressort que les femmes marocaines
souffrent d'une exclusion de la sphère publique et d'une domination
masculine dans la sphère privée. Le constat va plus loin. La
marginalisation se rencontre même au niveau de l'associatif. Les projets
peuvent être pensés sans elles et donc passer à
côtés de leurs besoins et de leurs demandes réelles. Elles
sont par là, exclues de fait des bénéfices des projets.
Tout ceci nous pousse aujourd'hui à étudier
«Le mouvement féminin et féministe au Nord du
Maroc.Objectifs et répertoire d'actions : 1990-2010»,
thème du présent mémoire. L'enjeu : confronter la
situation du mouvement féministe au nord du Maroc et tenter de
comprendre pourquoi ce mouvement n'a pas réussi à construireune
unité et une identité cohérentequiadopte la
référence universelle.
Au moment d'entamer notre recherche, il est bon de passer en
revue les paramètres sociaux, culturels, religieux et politiques qu'il
faudra à chaque instant prendre en compte dans le cadre de notre
analyse ; ces paramètres orientant et conditionnant la
réalité de l'aire étudiée:
- Le poids prégnant de la religion et de la tradition
dans la région du nord du Maroc ;
- Le système de parenté dans la région
fait partie du système patriarcale du pourtour
méditerranéen ;
- La montéedes mouvements conservateurs au sein
d'associations de quartiers ont occasionné un recul des progrès
réalisés par les combats des mouvements
féministesuniversalistes menés depuis les années
1980 ;
- La nature du régime de la monarchie marocaine repose
autant sur le politique que sur le religieux. Cette nature ambivalente encadre
les décisions prises pour développer la condition
féminine ;
- La Multiplicité des intervenants sur la question de
la Femme : l'Etat à travers ses appareils (ministères et
administrations) ; les mouvements sociaux avec les associations
féminines (universalistes et particularistes) ; les organisations
internationales (bailleurs de fonds).
Ces paramètres viennent se greffer sur le tissu d'un
contexte plus large, national et international. Jusqu'en 1956, veille de
l'indépendance du Maroc, la femme marocaine à l'égal de
l'homme a contribué à la résistance dans les rangs des
nationalistes contre le colonisateur. Mais, en 1958, l'élaboration du
Code du statut personnel, a montré que les responsables et les
nationalistes ont tourné le dos à la femme marocaine dans ce que
le statut représentait un recul, excluant désormais les femmes de
la sphère publique, il légitimait la suprématie des hommes
dans la sphère privée.« Un long
hiver »9(*)
commençait qui coïncide avec les années de plomb10(*)
Il faudra attendre 1975, pour qu'à l'aune des
engagements et initiatives internationales en faveur des femmes (les nations
Unies organise des conférences pour les femmes depuis 1975 chaque dix
ans, et pendant chaque décennie, d'importantes décisions sont
prises en faveur des droits de la femme11(*). Au Maroc, la première association
féminine ADFM12(*)
est créée en 1985. Le véritable combat féministe au
Maroc est lancé et fleurissent des associations féminines
fondées par des militantes des partis de gauche. L'espoir d'apporter des
changements au statut juridique de la femme naît.
Dans un double mouvement, des changements juridiques
modifieraient la mentalité de la région marquée par le
patriarcat. L'ouverture politique du Régime, va se couronner par
l'arrivé de la période de transition démocratique avec le
gouvernement d'alternance.
A partir de 1999, les féministes vont être
confrontées à une réalité émergente :
l'islamisme. Cette année, en effet, sera marquée par un
évènement majeur : le gouvernement d'alternance13(*) a élaboré le
PANIFD. La société politique et civile réagit de
façon passionnelle, ce qui provoque une violente scission de la
société marocaine en deux camps : les islamistes /
conservateurs et les universalistes / modernistes.
Des associations et des partis politiques islamistes
vontintégrer la mosaïque politique du Maroc, instauré par le
nouveau roi (Mohammed VI). Le mouvement féministe se trouve alors
confronté à un autre obstacle, celui d'une division qui touche
son unité.Ceciafaitl'échec du PANIFD, « un
échec d'un Islam sexuellement démocrate (Marche de Rabat) face
à un Islam phallocrate (Marche de Casablanca)»14(*). Ce constat va ouvrir un
chantier de mobilisation féminine caractérisée par des
réseaux et des partenariats pour contrer cette nouvelle
réalité qui existait déjà mais qui se
dévoile à haute voix.
Cette tendanceconservatriceva trouver dans la région du
nordun écho et un champ fertile pour une telle stratégie.
L'analyse des programmes mis en place par le gouvernement
marocain en matière de politique sociale destinée aux femmes,
nous révèle l'absence d'une approche globale et cohérente
au niveau des choix sociaux et de leur financement. La «tendance
à cantonner les programmes et les actions ciblant les femmes dans les
départements sociaux, faiblement dotés de ressources humaines et
financières, fait qu'au lieu de contribuer effectivement à la
promotion des femmes, ces programmes ont, tout au contraire, participé
à une construction des identités féminines
étroitement et parfois exclusivement liées à la
famille.»15(*).
Cette politique a donné la place aux idées des traditionalistes
se répandant qui situent la femme dans un rôle étroitement
lié à la famille (mère) active à la sphère
privée, et non à une citoyenne qui jouit de sa place dans la
sphère publique de la société. Une vision partagée
par les associations et les partis islamistes17(*). Il importe maintenant d'approcher les rapports
d'alliances et d'oppositions des acteurs sociaux avec l'Etat. Comment l'Etat
crée un équilibre entre la référence islamique et
la référence universelle des droits humains,
particulièrement le statut juridique de la femme ? Dans cette
perspective, comment les composantes du féminisme marocain
(étatique, islamiste et universaliste) se positionnent par rapport
à la condition féminine ? Pourquoi malgré les luttes
et les mobilisations féminines, le féminismeuniversaliste n'a pas
réussi à construire une théorie cohérente ?
L'analyse du discours sur la condition féminine
révèle les lacunes et les contradictions de tous les discours
visant les droits humains de la femmeproclamés par les institutions de
l'Etatet qui adoptent encore et toujours une tendance patriarcale des
manifestes : «Il faut reconnaître que les hommes
politiques, toutes tendances confondues sont conservateurs. Sur la question de
la femme, force est de constater que la monarchie a été à
l'avant-garde ou, du moins, a eu une double attitude, à la fois
moderniste et conservatrice ».
Nous entrevoyons l'idée qui défend que l'Etat ou
El Makhezen18(*) a toujours essayé de domestiquer les
associations pour qu'elles ne représentent pas un contre-pouvoir. Il a
même, à plusieurs reprises, adapté son discours et ses
projets sociaux19(*). Nous
pouvons aussi remarquer qu'il y a, parfois, dans le chef du mouvement
féministe une avance pratique sur les discours, ou l'inverse. C'est ce
que nous allons tenter de démontrer grâce à des entretiens
réalisés avec des responsables d'un échantillon des
associations féministes comme méthode choisie, mais aussi par des
observations personnelles accumulées pendant une période de
travail au sein d'associations féminines du nord du Maroc.
Notre recherche a pour but alors, d'approcher la mobilisation
des femmes marocaines durant les vingt dernières années et de
montrer que cette mobilisation a été transformée de la
mobilisation sans émancipation 20(*) durant la guerre de
l'indépendance à une participation féminine active pendant
la période étudiée.
Au cours de cette période,qui s'étend de 1990
à nos jours, les politiques d'ajustement structurel ont
été plus lourdes pour la situation de la femme que pour celle des
hommes. Concrètement: une féminisation de la pauvreté, un
taux plus élevé de filles non scolarisées, ou qui
abandonnent le parcours scolaire pour subvenir aux besoins de leurs familles,
un taux de violence conjugale qui augmente de façon significative entre
1990 et 2000. Si cette dernière est basée sur le statut juridique
inégalitaire entre l'homme et la femme au sein du couple,elle
résulte également de problèmes économiques et
sociaux.
Au niveau local, la période particulière qui
s'étend de 1998 à 2001 voit l'émergence de nombreuses
associations de quartiers dont le terreau est islamiste. Ces associations
visent les femmes comme premières bénéficiaires de leurs
activités. Mobilisées par des projets qui répondent
à leurs besoins, les femmes se voyaient en même temps
engagées dans les objectifs religieux de ces associations. C'est ainsi
que l'on voit, le retour marqué du voile parmi elles, une
fréquentation féminine plus massive des mosquées. Le
phénomène se répand d'autant mieux que l'image de la
musulmane pratiquante façonnée au sein des premières
associations facilitera la création d'associations filles à
travers la région21(*).
Simultanément, bien que dans une moindre mesure, ce
phénomène régional de propagation s'observe aussi au
niveau des associations féminines de type universaliste22(*).
Au niveau national, survient « un coup d'Etat
moral »23(*) qui passe inaperçu dans les études
historiques, mais qui a bouleversé la société marocaine
traditionnelle. Il s'agit de l'affaire du commissaire Tabet en 1993, tant
médiatisée. Elle a sollicité pour la première fois,
un débat de société sur les sujets tabous du sexe, de la
violence, des abus de l'Etat.
Tabet, un commissaire haut gradé abuse de son pouvoir
pour violer, torturer et filmer 1060 jeunes filles et femmes mariées
entre 1990 et 1993. Tabet sera condamné à mort.Les associations
féminines seront portéesparties civiles durant le
procès.
L'affaire va ouvrir les yeux des médias et de la presse
mais aussi ceux de l'opinion publique sur les violences faites aux femmes, dans
lesilence, dans le cadre de la sphère publique et de la sphère
privée, et toujours avec la complicité des autorités et
des populations. Des réactions en chaines. En 1993, les premières
réformes du Code du statut personnel sont élaborées ;
le fruit de la mobilisation conduite par UAF (union de l'action
féminine), qui a réussit à rassembler un million de
signature pour l'obtention de cette réforme.Une victoire
mitigée : les modifications de quelques articles du CSP
étant jugées trop timides.
Les associations féminines locales et nationales
mettront en place des centres d'écoute et d'orientation pour les femmes
victimes de violence24(*).
De son côté, l'Etat va élaborer une stratégie de
lutte contre la violence à l'égard des femmes, un peu plus tard
en 2002.
Les mobilisations suivent avec le PANIFD en 1998, et quatre
ans plus tard lors de l'élaboration du nouveau Code du statut personnel
qui devient désormais Code de la famille en 2004. Un nouveau bras de fer
s'engage entre le mouvement féministe marocain et l'Etat dans
l'application du Code de la famille,autrement appelé : Moudawana Al
Osra dont les rapports des associations, principalement de la ligue
démocratique des droits des femmes, prouvent que le Code de la famille a
suscité des problèmes et des obstacles structurels et moraux dans
l'application, six ans de sa mise en place.
Au niveau international, la période
étudiée (1990- 2010) voit un tournant historique : la chute
du bloc socialiste symbolisée par la destruction du mur de Berlin fin
1989. La géographie politique du monde change. Le monde ne sera plus
divisé en deux blocs, certes opposés dans une guerre, la Guerre
Froide mais garant d'un certain équilibre. La fin de la Guerre Froide
rompt l'équilibre, engendrant de nombreuses guerres civiles, des
conflits armés et des génocides ; un changement radical de
régime géopolitique mondial. Paradoxalement, le statut des femmes
dans le monde connait une évolution positive avec l'organisation des
conférences sur la Femme : 4ème conférence
sur la Femme à Pékinqui a été l'occasion d'un
véritable traitement des rapports de l'égalité entreles
sexes et l'adoption de l'approche genre dans le traitement de ces rapports. La
conférence a été organisée en 1995, cette
conférence qui va être suivie des réunions mondiales
pourl'évaluation et le suivi des recommandations de la conférence
de Pékin 199525(*).
C'est aussil'époque des marches mondiales des femmes. En effet, la
première marche mondiale est organisée en 200026(*), sous thématique
spécifique pour chaque région. Ainsi pour le Maroc, la
première marcheest organisée le 12 mars 2000 à Rabat avec
le slogan : « Nous partageons la terre, partageons ses
biens ». 2000 est aussi l'année qui va marquer l'histoire du
féminisme marocain avec les deux marches organisées à
Casablanca et Rabat. Ainsi, les marches mondiales se succédèrent
tout au longde la période étudiée. Parallèlement,
le gouvernement marocain s'engage dans le processus de ratification des
conventions internationales des droits des femmes, avec des réserves, il
est vrai, mais cela motivera le mouvement féministe marocain à
poser d'autres revendications et à mener de nouvelles contestations.
I.3.Présentation de
la zone de recherche
L'espace de la recherche, le Nord du Maroc, est appelée
officiellement « Région Tanger/
Tétouan »27(*). La régioncomprend cinq provinces :
Chefchaouen ou Chefchaouen-Tétouan, Tanger et Larache ou Araich. La
région se situe au carrefour des deux continents, l'Afrique et l'Europe
(à 14 km de la côte espagnole). Cette position géographique
stratégiquea permis à la région d'êtrele pôle
d'investissements majeurs à partir du milieu des années 1990.
Néanmoins, les investissements économiques n'ont pas fait
disparaitre les formes d'exclusions sociales et la pauvreté
féminine, encore fort présentedans les rues des villes de la
région. Ainsi, les études et enquêtes menées durant
les dix dernières années montrent clairement que la région
est loin d'atteindre les objectifs des millénaires du
développement (OMD)28(*) que le Maroc s'est engagé à
réaliser à l'horizon de l'année 2015.
À cela, s'ajoute le phénomène de
l'urbanisation de la région qui pose un réel problème.
L'urbanisation, intimement liée à un exode rural massif, peut se
faire dans deux sens : intra urbain et périurbaine. Dans la
région qui nous intéresse, on observe un élargissement
sauvage de la périphérie. Les quartiers naissent de façon
spontanée, sans aménagement et en dehors des lois.
Pauvreté, analphabétisme des femmes et des filles surtout, manque
d'hygiène et autres augmentent. Les chiffres témoignent de cette
réalité, ainsi les femmesanalphabètes sont plus de94%dans
lequartier périurbain: Ain Haouzi de la ville de Chechaouen29(*). En effet dans certains
quartiers périurbains, le pourcentage de filles non scolarisées
au milieuatteint 60%.
En intra urbain maintenant, de nombreuses constructions
massives, de grands immeubles voient le jour, au centre des villesou sur des
zones vertesqui disparaissent jour après jour30(*). L'enquête31(*) menée en 2003 dans la
ville de Tanger sur la catégorie des femmes de ménages de
Moukef32(*) a
montré que ces femmes vivent dans une extrême pauvreté et
sont toutes chefs de famille, leur mari étant en prison,elles sont
même souvent veuves, divorcées ou parfois le mari ne travaille
pas.A Larache,une enquête réaliséeen 2009 auprès de
femmes ouvrières agricoles33(*) a montré que ces femmes contribuent au revenu
du ménage, et travaillent pour un salaire inférieur au minimum
légal,sans aucune couverture sociale ni mutuelle de
santé34(*).Ainsi,
à partir de ces quelques exemples qui ne recouvrent certes pas toute la
réalité de la condition féminine de la région, nous
avons pour objectif de montrer que l'exclusion des femmes dans la zone est due
à l'absence de structures institutionnalisées chargées du
développement humain des femmes.
I. 4. Objectif de la
recherche ou problématique
Notre recherche a pour objectifd'aborderles points forts et
les points faibles del'émergence des associations féminines au
nord du Maroc. Et de couvrir, par la même occasion,le champ
d'action,dominé ou gagné, sur le terrain, pardes associations
locales à caractères religieux se référant à
l'Islam, et qui travaillent sur la condition de la Femme. Par ailleurs, nous
travaillerons à mettre en exergue le changement du statut juridique de
la Femme et les enjeux accompagnant cette dynamique à la fois sociale et
politique.Ainsi, la problématique de la recherche se formule autour du
débat qui a accompagné le processus de changement duCode de la
famille.Un débat qui a engendré confrontations et conflits entre
les composantes du féminisme marocain. Nous formulons alors notre
problématique autour des rapports entre les composantes de
féminisme et le rôle de l'Etat dans la qualification de ces
rapports à la fois d'alliance et d'opposition.
I. 5. Question de
départ
Il existe alorsdes divisions au sein du mouvement
féministe marocain. Partant de là,quels sontles rapports entre
les composantes du féminisme au nord du Maroc et comment peut-on
qualifier ces relations à la fois de rapports d'opposition et
d'alliance ?
I. 6. Hypothèses
Par conséquent, l'instance politico-religieuse est
l'instance qui balise les possibilités d'alliance et d'opposition entre
les trois composantes du mouvement féministe marocain. Ainsi, le
changement du statut juridique de la femme (Code de la famille) va être
moduléouadapter selon les intérêts de la monarchie, parfois
plus religieux parfois plus politiques en fonction de l'évolution de la
société et des rapports du pouvoir.
Sous hypothèse 1 :
Dans ces divisions, le rôle du Code de la
famille35(*) est
indéniable. Ce code est une émanation de la jurisprudence
islamique. Par essence, le code est donc religieux, le
référentiel en matière de Droits Humains de la Femme est
religieux. Voilà la fracture avec les universalistes. Mais, la
réalité est plus complexe car les universalistes, bien que
n'adhérant pas au référentiel islamique de la Moudawana,
doivent s'y plier s'ils veulent mener leurs actions dans la
légalité. Et s'ils veulent modifier le code lui-même, ils
devront interpréter les textes sacrés en faveur de la vision
universaliste des Droits Humains de la Femme. Un piège et un défi
pour les universalistes.
Sous hypothèse 2 :
De son côté, l'Etat n'adopte pas une position
claire. À chaque fois qu'il semble annoncer la modernisation de la
société, (rappelons que l'Etat a des engagements vis-à-vis
de la Communauté internationale et qu'il est tenu à des
résultats à de nombreux niveaux),nous observons qu'il fait un pas
en arrière. En effet, l'Etat est fondé sur l'Islam. Le monarque
est le « commandant des croyants »36(*). Si donc l'Etat abandonne son
essence religieuse, quelle raison d'être a encore la monarchie ?
Vidée de son essence, elle serait en péril. Le va et vient
incessant de l'Etat, entre modernisme et tradition, prend son sens.
I.7. Plan de la
recherche
La première partie de notre recherche est
consacrée au cadre conceptuel du sujet, et au contextepolitique et
social des mouvements contestataires au Maroc de l'indépendance à
2004. En effet,le chapitre I comprend la méthodologie et les concepts
étudiés, ainsi que la méthode d'analyse des données
et les constats incitant à une telle recherche. Dans le chapitre II,
l'approche vise à présenter les actions collectives des femmes au
cours de la période étudiée, soit de 1990 à 2010.
Dans ce chapitre, nous visons principalement les mobilisations féminines
dans la région du nord du Maroc ; une région aux
controverses portant les stigmates d'un héritage patriarcal.
La deuxième partie,nous la consacrons à la
discussion sur la problématique : les conflits et obstacles qui ont
marqués les mobilisations du mouvement féministedans le cadre de
l'application du code de la famille depuis son entrée en vigueur en
février 2004 jusqu'à 2010. En effet, la question des droits de la
femme reste toujours, depuis l'indépendance, un enjeu dans le jeu
politique37(*). La
question de la place de la femme dans les deux sphères, privée et
publique, fut, de tous temps, un problème au sein des
sociétés arabes et musulmanes. Ainsi, dans le chapitre III, nous
abordonsla place de la femme dans la sociétémarocaine avec pour
objectif de montrer comment la religion est devenue un champ où se
disputent les revendications contradictoires des universalistes et des
islamistes.Dans le chapitre IV,nous proposerons une définition du
féminisme d'Etat, développerons son histoire, envisagerons sa
manifestation dans les pays démocratiques etprésenterons sa
construction au Maroc. Le Maroc est un pays encadré par une
pensée islamique dans laquelle il est encore plus difficile de
revendiquer une citoyenneté féminine38(*).De cette façon, la
discussion conduira la recherche vers une comparaison entre Féminisme
islamiste, Féminisme d'Etat et Féminisme universaliste. En somme,
la deuxième partie sera consacrée à analyser
l'hypothèse de larecherche et à mesurer la relation entre les
variables de cette hypothèse. Le but final, étant d'essayer
d'approcher les fondements des rapports qui se jouent sur la scène
politique et sociale au Maroc ; d'une part, entre l'Etat et les
islamistes, d'autre part, entre l'Etat et les universalistes. En outre,
l'approche visera à montrer le rôle de la religion et de la
politique dans la construction des alliances et des oppositions dans une
société qui oscille entre la modernisation (démocratie) et
la tradition (l'autoritarisme).
PREMIERE PARTIE
FEMINISME MAROCAIN
UNE MOBILISATION AU FEMININ
II.CHAPITRE I : METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
II.1.REVUE DE LA LECTURE
La littérature traitant le féminisme au Maroc a
révélé un manque crucial d'études sur le sujet.En
effet, les recherches et les études sur le féminisme marocain, et
encoreplus pour la région du nord sont quasi inexistantes. Toutefois, on
trouve une importante étude élaborée par Zakya
Daoud39(*),
intitulée «Féminisme et politique au Maghreb,sept
décennies de lutte »40(*). Cette étude ne traite pas
particulièrement du mouvement féministe marocain, mais apporte
des informations et des analysesen abordantle parcours de ce mouvement à
travers tout le Maghreb. L'ouvrage de Zakia Daoud est la première
étude ayant traité la question du féminisme au Maghreb.
L'étude est une approche critique de la situation de la
femmeau Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) certes. Néanmoins,
l'ouvrage exprime une grande admiration de la lutte des femmes
maghrébines. Selon Daoud, le processus de l'évolution du
féminisme marocain se divise en trois grandes phases : la
première « évolution contrastée » qui
commence en 1900 et s'achève en 1965 ; la seconde phase
« un long hiver » de 1965 à 1985 ; la
troisième et dernière phase : « l'explosion des
potentialités » se déroule entre 1985 et 1992. Le point
clé de cet ouvrageest la relation que fait Zakya Daoud entre la
condition féminine et la politique des trois pays (Algérie, Maroc
et Tunisie) concernés par l'étude.Elles'inspire fortement du
philosophe Avères (Ibn Rochd) qui fîtlien entre la chute des pays
arabo-musulmans et le statut de la femme.
Est-ce là, tout le problème des mouvements
féministes marocains qu'il faut encore régler, et avant tout
étudier ?
La seconde étude «La femme et la politique,
étude sociologique des secteurs féminins des partis
politiques41(*)»de la chercheuse Asma BEADADA42(*), parue en langue arabe n'a pas
pour objectif d'approcher le féminisme marocain avec ses composantes.
Cependant, l'auteure a donné une vision globale et
profonde de la structure des secteurs féminins au sein des partis
politiques. L'étude met en avant le lien entre la mobilisation
féminine actuelle au Maroc et sa participation politique. L'auteure
dénonce le fossé énorme qu'il y a entre la réelle
participation de la femme dans la sphère publique et les données
reprises dans les études et la documentation des divers partis
politiques surcette participation. En effet, les chiffres et les études
ne représentent pas la réalité. Les femmes sont beaucoup
moins présentes dans la sphère publique que ce que les
études veulent bien nous laisser croire.
L'étude n'a pas abordé le féminisme
marocain dans ses dimensions actuelles ou par rapport aux défis
lancés par ce dernier. L'objectif principal de l'étude est de
donner au chercheur un outil pour la compréhension de la structure des
partis politiques marocains avec toutes les tendances (de gauche, de droite et
aussi islamiste) à travers leur perception de la participation politique
des femmes au Maroc.Aussi, l'auteure aborde les
conceptsd'égalité, de parité et d'universalisme.
L'étude «Le Féminisme au Maroc»,
publiée par Abdessamad Dialmy a la spécificité d'aborder
simultanément plusieurs sujets concernant le féminisme
marocain.
Effectivement, l'ouvrage permet au chercheur d'approcher les
différentes formes de féminisme. Pour l'auteur, il y'a trois
composantes du féminisme marocain: Etatique (féminisme
d'Etat) ; associative et partisane. Ces trois composantes sont
présentes essentiellement au sein de deux milieux : les
universités et les associations. Dialmy se rend compteque le
féminisme marocain n'a pas pris racine au sein de milieux populaires. De
plus, les études sur le féminisme et le genre sont encore loin de
se libérer du « monopole féminin sur le
marché scientifique des études
féminines »43(*). Mais aussi, les universitaires n'arrivent pas
à transformer la condition des femmes en objet de recherche.
« Le féminisme d'Etat au Maroc, jeux et
enjeux politiques »44(*) de Houria Alami M'Chichi45(*) est la dernière
étude publiée sur le féminisme marocain. Cette
étude est une analyse de la réalité progressiste d'un
Féminisme d'Etat qui suscite certaines interrogations.Comment les
pouvoirs publiques (l'Etat) peuvent-ils se servir de « la
cause » de la femme et l`instrumentaliser ainsi ? Comment se
manifestent les rapports entre le mouvementsocial féminin et l'Etat et
comment se transforment-elles en alliances ?De quelle manière, les
associations féminines mettent en place leur répertoire d'actions
et leur champ de revendications ?
Alami M'Chichi, affirme que le « Féminisme
d'Etat » peut contribuer au processus de la démocratisation et
encourage « les réflexes de participation et favorise le
changement des mentalités »46(*).
En effet, par exemple, pour l'auteure, le féminisme
d'Etat au Maroc est différent du féminisme d'Etat en Tunisie dans
la mesure où le premier associe la modernisation à la
démocratisation alors que le second a modernisé la condition des
femmes et la société sous l'ancien régime, enabsence de
toute démarche de démocratisation.
Il importe également de mentionner qu'il y'a quatre
études réalisées par Aicha Belarbi, sociologue marocaine,
sur les associations féminines au Maroc. La première étude
« Les associations féminines au Maroc »47(*) est publiée en
français et la seconde, publiée en arabe sous le titre :
«Mouvement féminin et la transition vers la
démocratie »48(*).
La troisième étude a pour titre :
«Affirmation de citoyenneté féminine »49(*) etla quatrième,
s'intitule « le mouvement associatif
féminin »50(*).
Au cours de ces études, la sociologue Aicha Belarbi
développe les actions des associations féminines, les
étapes de l'évolution historique du mouvement féminin au
Maroc et les obstacles que rencontrent ces associations.
Cette lecture a permis de déceler un manque cruel
d'études des rapports dialectiques entre le religieux, le pouvoir et le
statut de la femme marocaine.
Ainsi, notre problématique est construite autour des
rapports entre les trois composantes du féminisme
marocain (féminisme universaliste, féminisme islamiste et
féminisme d'Etat), principaux acteurs chargés de la condition
féminine.
De ce fait, notre question de départ
est« Quels sont les rapports entre les composantes du mouvement
féministe au nord du Maroc, et comment peut-on qualifier ces relations
à la fois de rapports d'opposition et d'alliance ? ».
Nous tenterons d'y répondre à travers, la présente
recherche.
Ce qui est fort marquant est que le travail des organisations
et associations féminines au Maroc, et particulièrement au Nord
n'est pas suffisamment mis en avant dans les diverses revues et études
sur le sujet alors qu'il est primordial dans la condition féminine.
Il y a un manque profond de connaissance du travail de ces
organisations mais surtout une vision erronée des enjeux cruciaux de ces
dernières.
La problématique est d'autant plus complexe que ces
études ne tiennent pas compte des relations que peuvent avoir les
organisations entre elles d'une part et d'autre part entre elles et les femmes
bénéficiaires. Mais aussi entre les organisations et l'Etat.
Alors que la compréhension de ces relations serait un facteur
émanant pour une compréhension des rapports d'alliance et
d'opposition entre les composantes du féminisme marocain.
Aussi, pour répondre à la problématiquede
la présente recherche, il importe d'aborder trois concepts
principaux : le mouvement social, le féminisme marocain et le
répertoire d'actions collectives. Notre recherche vise à les
aborder selon leurs définitions d'après les sociologues
occidentaux, mais aussi,selon le contexte historique, social, culturel et
politique du Maroc.
L'évolution de cette recherche va nous conduire
à traiter d'autres concepts liés à la problématique
principale.
Il s'agit du genre et de la citoyenneté, dans la
mesure où la précarité de la condition des femmes au Maroc
est corolaire au manque de citoyenneté féminine à part
entière basée sur l'approche genre.
II.2.CONCEPTUALISATION
La conceptualisation est une étape importante dans
toute recherche en sciences sociales. Elle est plus qu'une définition,
c'est une construction abstraite qui vise à rendre compte du
réel51(*).Les
concepts sont alors indispensables pour la présente recherche. Nous
allons cerner le concept du féminisme en tant que mouvement social dans
une géographie précise, celle du Maroc et à travers son
répertoire d'action. Notre conceptualisation se penchera sur le
féminisme marocain en tant que mouvement social, possédant un
répertoire d'action et référant au féminisme, un
courant mondial.
II.2.1.FEMINISME
D'après le dictionnaire de la sociologie, le terme
« féminisme » est définit
comme : « Courant d'idées et luttes concernant
les droits des femmes, le féminisme devient, dans certaines
périodes historiques, un mouvement social et politique pour
l'émancipation des femmes. Il désigne aussi un corpus de
différentes théories 52(*)».Le féminisme comme
mouvementd'actions collectivesdes femmes visant à lutter en faveur d'une
reconnaissance de leur statut indépendamment des hommes aura une
visibilité à partir du XIXe siècle.
Ainsi, le féminisme se construit comme un mouvement qui
a pour objectif principal de mener une réflexion surles rapports
hommes-femmes. Ces rapports seront encadrés par une transformation du
naturel au politique53(*).
Nous concluons alors par la définition de Louise Toupin54(*) : « Il
s'agit d'une prise de conscience d'abord individuelle, puis ensuite collective,
suivie d'une révolte contre l'arrangement des rapports de sexe et la
position subordonnée que les femmes y occupent dans une
société donnée, à un moment donné de son
histoire. Il s'agit aussi d'une lutte pour changer ces rapports et cette
situation ».
II.2.2.1.Féminisme marocain
Avant d'aborder le concept du féminisme marocain dans
le cadre de la présente recherche, il est nécessaire d'aborder le
féminisme dans le contexte international etprincipalement en Occident.
En premier lieu, nous aborderons le féminisme comme un courant de
pensée qui comprend des idées philosophiques, politiques,
sociales et culturelles, « leféminismeest un mouvement complexe
à la fois politique, social, culturel et intellectuel, qui s'est
affirmé dans le dernier tiers du XXe siècle au sein de la culture
occidentale (États-Unis et Europe) pour s'étendre ensuite, sous
des formes diverses, à toutes les régions du monde. Il remet
théoriquement et politiquement en question la relation entre les sexes
qui a assuré séculairement «la domination masculine»
ainsi que leurs définitions »55(*). Il défend les droits
des femmes et leurs dividendes dans la société. Il faut dire que
le féminisme n'est pas un courant unique il est plutôt un ensemble
de courants différents. Ainsi, on peut citer les principaux courantsqui
ont marqué l'évolution des théories du féminisme.
Il importe pour cette recherche d'aborder brièvement
les principaux courants du féminisme occidental.
Le but est de mieux cernerl'objet de cette recherche en
relation avec les luttes des femmes marocaines pour leur droit à une
reconnaissance de leur statut indépendamment à celui des hommes
dans la société.
Ainsi, les courants du mouvement féministe occidental
sont connus sous le nom « vague ».
Il comprend trois vagues depuis son émergence au
début du 20ème siècle jusqu'aux
dernières tendances marquant le siècle courant.
La première vague mettait déjà en
scène les luttes des femmes au 19ème siècle et
au début du 20èmesiècle, ce sont les
suffragettes qui luttaient pour le droit de vote, en Grande Bretagne, en
Europe, au Canada, et aux Etats unis. Cette vague qui se nomme aussi
« féminisme égalitaire », revendiquait des
droits égalitaires à ceux des hommes. La principale revendication
de ce courant est le droit de vote, accordé aux femmes en Allemagne et
aux Etas Unis en 1919.
La seconde vague débutera à partir de la
deuxième moitié du 20èmesiècle. Lors de
cette vague, le droit de disposer de son corps est revendiqué. Ainsi, le
débat se déroule autour des questions de fécondité
et de contraception. Le célèbre slogan de la seconde vague
« le privé est politique »56(*) désigne une
articulation entre la sphère privée et la sphère publique.
C'est à cette époque, qu'apparurent les ouvrages, tels que
« le Deuxième sexe » de Simon de Beauvoir
ou « la Politique du mâle » de Kate
Millet.
Dès lors, il y aura une distinction entre les deux
grandes tendances de féminisme, les universalistes et les
différencialistes57(*) ;
La troisième vague du féminisme va naître
au milieu des populations minoritaires aux Etats Unis, et dans le monde
entierà partir des années 1980. Celle-ci revendique les droits
des femmes pour les défavorisées. La plus grosse revendication
est celle liée au droit à la diversité.La diversité
revendiquée renvoi surtout à l'occupation des différentes
places par les femmes au sein de la société, et qui
étaient majoritairement des places masculines.
Cependant, avec cette vague, il y aura une coupure
idéologiqueavec les premières vagues, c'est un courant
incohérent. Incohérent car sa diversité divise les
objectifs des féministes, elles ne mèneront plus
complètement le même combat.
Notre recherche se base et s'intéresse à cette
troisième vague, un féminisme lié au problème
d'identité culturelle, ethnique, religieuse qui marquera les tensions du
féminisme mondial actuel.
En étudiant le féminisme marocain, on ne peut
que se rendre compte que ce sontles deuxième et troisième vagues
du féminisme qui ont influencé les luttes des mouvements des
femmes marocaines. Néanmoins il ne faut pas faire de lien ni d'approche
de réciprocité entre le féminisme occidental et le
féminisme marocain, étant donnéque le concept
féminisme marocain doit être abordé dans le contexte
marocain lié à la géographie
Méditerranéenne, au MOAN58(*) et à la culture musulmane.
Au Maroc, tant que société et régime,
représente un cadre particulier par rapport au concept
« féminisme », qui a provoqué et continue
encore de provoquer des controverses, un débat marqué parfois par
des confrontations entre les courants traditionnels et les modernistes. De
plus, ilimporte d'indiquer que les études et les recherches
concernées par le féminisme n'ont pas donné qu'une seule
définition ou qu'une approche unique au mouvement social
associatifquimène les luttes pour les droits des femmes depuis le
début des années 80 à nos jours.
Selon Zakya Daoud, le féminisme est : «le
fait d'élites urbaines actives et instruites qui s'investissent dans des
luttes d'émancipation dès lors qu'elles constatent les limites
des évolution et des progrès induits par les politiques
étatiques et les menaces de régression»59(*) .
Selon le sociologue Abdessamad Dialmy,« en tant que
mouvement organisé, le féminisme marocain s'est exprimé
sous trois formes majeurs, étatique (féminisme
d'état), partisan et associative. Chacun de ces trois féminismes
a donné une période de l'histoire postcoloniale du Maroc et a
tenté avec plus ou moins du succès de provoquer des
réformes en vue de promouvoir la condition de la
femme. »60(*).
Et ajoute qu': « en effet, la modernité ne peut se
concevoir que dans le cadre d'un droit qui institue et institutionnalise
l'égalité des sexes. »61(*)
Néanmoins, le concept « féminisme
« en désignant le mouvement féministe se
présente sous forme d'associations féministes, travaillant avec
les femmes sur leurs problèmes juridiques, économiques et
sociaux. Le féminisme s'organise autourde la lutte pour une
égalité basé sur un statut juridique égal entre les
hommes et les femmes.
Ces actions placent le féminisme marocain dans le rang
des mouvements sociaux.
II.2.2.Mouvement social
Le concept du mouvement social a été
traité par plusieurs sociologues en sociologie des mouvements sociaux.
En effet, le sociologue Neveu définit le mouvement social en tant
qu': « un agir ensemble intentionnel, marqué par le
projet explicite des protagonistes de se mobiliser de concert. Cet agir
ensemble se développe dans une logique de revendications, de
défense d'un intérêt matériel ou d'une
« cause » »62(*) . Il faut alors selon Neveu décrire chaque
mouvement social dans son contexte historique, culturel et revendicatif dans le
but de défendre une cause.
Alain Touraine, considère la société
comme « action sociale et rapports sociaux » où le
mouvement social est un conflit social défini et limité par un
enjeu culturel commun aux opposants63(*).. Le mouvement social
désigne « la conduite collective d'un acteur de
classe luttant contre son adversaire de classe pour la direction socialede
l'historicité dans une collectivité
concrète »64(*)
Par conséquent, le mouvement social est porteur d'un
projet social qui a pour objectif un changement de situation sociale.
Cependant, ce mouvement est censé être une combinaison de trois
principes pour parvenir à ce changement social :
l'identité ; la totalité et l'opposition.
Le principe d'identité autour duquel se construit
l'identité de l'acteur social « est la définition de
l'acter par lui-même. Un mouvement social ne peut s'organiser que si
cette définition est consciente ; mais la formation du mouvement
précède largement cette conscience.L'identité de l'acteur
ne peut pas être définie indépendamment du conflit
réel avec l'adversaire et de la reconnaissance de l'enjeu de la
lutte »65(*) ; Toujours selon Touraine, le principe
d'opposition qui fait manifester la conscience des acteurs sociaux est
définit comme le conflit qui« fait surgir
l'adversaire ». Et enfin, le principe de totalité qui
désigne le projet social alternatif est perçu selon Touraine
comme un mouvement« dont les adversaires situés dans la double
dialectique des classes sociales, se disputent la
domination »66(*). Ainsi ce qui permet au féminisme d'être
un mouvement social c'est sa durée.67(*)
Le mouvement féministe marocain en tant quenouveau
mouvement social vise à changer les rapports sociaux basés sur le
patriarcat et sur l'inégalité entre les deux sexes.
Ainsi, à partir des années 1980, de nouvelles
revendications vont surgir sur la scène politique et sociale, avec de
nouveaux mouvements sociaux aux côtés des mouvements
féminins. Nous pouvons citer, par exemple, le mouvement des familles des
détenus politiques pendant les années de plomb ou encore le
mouvement des étudiants, et dans lesannées 90, le mouvement des
chômeurs diplômés.
Ces nouveaux mouvements sociaux marocains, dotés de
nouvelles revendications sont exprimées par des nouvelles actions
collectives. Ce qui nous met dans l'obligation de cerner le concept de
répertoire d'actions collectives pour une approche pertinente du sujet
de notrerecherche.
II.2.3.Répertoire de
l'action collective
Les mobilisations collectives menées parles acteurs
dans une société sont au centre des travaux de Charles Tilly,
historien américain. Il désigne un champ bien plus large que ce
qu'un mouvement social peut atteindre. Ainsi, selon lui,les mobilisations
collectives se font à l'intérieur du processus politique de la
protestation. Tillydistingue deux éléments qui éclairent
son approche sur les mobilisations collectives : le premier
s'intéresse à la manière par laquelle se forment les
mouvements et le deuxième s'intéresseaurépertoire de
l'action collective68(*).
Le répertoire de l'action collective selon
Tilly « se caractérise par l'utilisation des moyens
d'action plutôt autonomes différents de ceux dont font l'usage les
autorités ; l'apparition fréquente d'intérêt
définis comme tels, dans un cadre associatif ou quasi associatif,
(« coalition pour la justice », « citoyens
unis contre », etc) ; les défis directs aux concurrents,
ou aux autorités surtout nationales, et à leurs
représentants, plutôt que des appels à des patrons
puissants ; la tenue délibérée d'assemblées
pour l'élaboration de programmes ; la présentation publique
de programmes, des slogans, l'exhibition d'insignes d'appartenance et de
solidarité ; une préférence pour l'action en espace
publique. »69(*)
Ainsi, Charles Tilly est le premier à inventer ce
concept qui va connaitre une évolution marquante et positive depuis les
années 80 et 90. Le répertoire de l'action collective des
mouvements sociaux va connaitre une évolution avec des théories
de d'autres sociologues, particulièrement de ceux qui ont
étudié les nouveaux mouvements sociaux. Cependant, le
répertoire d'action collective va aussi développer des critiques
et des études d'évaluation.
Ontrouve alors à titre d'exemple, Alberto Melucciqui a
étudié « l'action collective ».
Selon lui, « l'action collective implique
l'existence d'une lutte entre deux acteurs pour l'appropriation et
l'orientation de valeurs sociales et de ressources, chacun des acteurs
étant caractérisé par une solidarité
spécifique»70(*). Toutefois, Mellucci établitune
séparation au sein de ces nouveaux mouvements sociaux, celle-ci se fait
entre le mouvement revendicatif et le mouvement contestataire, en se
référant pour chacun, à son répertoired'action
collective.
Le répertoire de l'action collective désigne
alors un ensemble de moyens mis à disposition des mouvements sociaux
contestataires. Ceci est bien démontré par la diversité du
répertoire de l'action des mouvements sociaux contemporains,
(grèves, manifestation, settings, caravanes, marches, occupation des
endroits publics, débats et discussions sur les réseaux
sociaux,).
Au Maroc, depuis les années 1990 et 2000, les
mouvements contestataires de toutes tendances inventent des actions collectives
de protestation. L'association des chômeurs diplômés est
l'exemple le plus marquant. Il s'agit d'un mouvement social unique au monde et
qui a articulé ses manifestations sur « al waqfa71(*) » (setting),
appelés également: rassemblement debout. Ce settingdeviendra au
répertoire d'action collective des mouvements sociaux marocains ce
qu'était la grève des ouvriers.
L'approche du répertoire d'actions collectives du
mouvement féminin au nord du Maroc que nous aborderons dans notre
recherche, sera pertinente dans la mesure où elle vise à cerner
l'objectifprincipal des mouvements féministes marocains. En effet, les
actions des associations féminines (durant la période 1990- 2010)
se déroulent autour du changement du statut juridique de la femme.
L'importance de ce changement découle dela nature de la subordination et
de l'oppression qu'exerce un tel statut sur les femmes marocaines. Par
ailleurs, le changement du statut de la femme est conditionné par le
changement des politiques qui visent la condition féminine. Ainsi, la
place de la femme dans la sphère privée est fortement liée
à se place dans la sphère publique, « ce qui est
personnel est politique » »72(*). Cette devise est rapidement devenue le
principe fondateur de la pensée et de l'action féminine. L'espace
privée est ainsi réintroduit dans le
politique. »73(*).
Toutefois, il importe de souligner la difficulté qui a
surgit lors de la conceptualisation du féminisme marocain, étant
donné le vide théorique dont souffre le contexte marocain en ce
qui concerne l'associatif et le militantisme féministe. Ce vide renvoi
à des contraintes qui poussent les intervenants et les acteurs de la
condition des femmes au Maroc à véhiculer la politique du
possible. C'est cette stratégie qui va pousser les autorités et
la société à accepter un changement du juste milieu entre
les traditionnalistes et les modernistes. Cependant, ce juste milieu va
engendrer des doutes sur une réelle volonté politique de
répondre à la revendication de l'état de droit pour tous
les marocains et toutes les marocaines.
Nous pouvons présenter le féminisme marocain
comme unmouvement social qui se caractérise par les traits des nouveaux
mouvements sociaux, comme les a identifiéAlain Touraine
(Identité, opposition et totalité).En effet, à partir des
années 80, le mouvement féministe a construit son identité
propre en opposition à des nouveaux conflits autour des questions
féminines.Le mouvement féministe marocain se manifeste par les
valeurs et les principes partagés entre ses membres fondateurs, en se
libérant de la tutelle partisane74(*), qui a dominé le champ (Bourdieu, 1980) social
et politique depuis l'indépendance et même au moment du mouvement
nationaliste pendant la période coloniale.
La présente recherche adoptera les trois formes de
féminisme marocain comme elles ont été
développées par Dialmy. Par ailleurs, il nous semble
nécessaire de souligner que le développement du sujet va
également se faire autour des interactions et des corrélations
entre les trois tendances qui sont les plus actives et qui gagnent du
terrain : Féminisme d'Etat/ Féminisme islamiste /
Féminisme universaliste.
Comment se construisent, les rapports d'alliance et
d'opposition entre les trois composantes citées ?
Pourquoi ces rapports se basent sur le statut juridique de la
femme marocain ?
Comment la condition juridique de la femme marocaine est
devenue à la fois un enjeu et un jeu politique75(*) entre les trois
composantes du mouvement féministe au Maroc ?
« Le sort de la Moudawana peut emprunter plusieurs
voies. On peut considérer que l'Etat, arbitre, gère bien les
contradictions dans un espace très complexe. Il calme le jeu. L'Etat
médiateur traite d'une manière modérée les
problèmes dans leurs difficultés. Et c'est la voie qui est
suivie. »76(*).
En conclusion, étant donné que le
féminisme marocain vit en paradoxe permanent, il crée en tant que
concept encore et toujours des polémiques.
En effet, à partir du moment où l'Etat marocain
s'est engagé dans la question de l'égalité entre les
femmes et les hommes, le féminisme marocain ne peut plus être
présenté uniquement comme un mouvement contestataire.
Selon Alami M'Chichi, il importe de s'interroger:
« comment comprendre le féminisme d'Etat dans un pays à
faible potentiel démocratique ou en transition
démocratique ? »77(*).
La nécessité d'une conceptualisation de la
notion «islamisme » est pertinente dans le cadre de cette
recherche, puisque émerge depuis quelques années un débat
sur un féminisme islamiste. Ainsi,le champ d'action de ce mouvement
s'étend au niveau mondial, il a mêmeété
institutionnalisé en Occident78(*).
Notre recherche adoptera le féminisme marocain pour
désigner tous les mouvements des femmes qui se présentent comme
des organisations non gouvernementales, dites associations féministes,
travaillant avec les femmes et sur les problèmes de discriminations
basées sur le genre dans la région du nord du Maroc et dans leur
diversité idéologique (on peut inclure aussi les associations de
quartiers locales ou de sections locales des associations nationales).
La recherchemènera aussi à uneréflexion
sur le Féminisme d'Etat, sur son apparition, ses tendances en Occident
et dans les pays arabo-musulmans. Comment se manifeste, le concept
« Féminisme d'Etat » dans les pays
démocratiques et dans les pays en transition comme au Maroc?
II.3.Méthode de
collecte des données
II.3.1.Entretiens :
La méthode d'entretien utilisée est
semi-directive. Les personnes interviewées sont :
- Responsables d'associations féminines
(Féministe islamiste et Féministe universaliste pour les villes
de Tanger, Larache, Tétouan et Chefchaouen) ;
- Femmes bénéficiaires des activités des
centres des associations ;
-Chercheurs dans le domaine des droits des femmes et
genre (sur Tanger, Larache, Tétouan)
II.3.2.Observation :
Le but de l'observation est d'analyser les informations et les
faits remarqués pendant la phase d'observation directe (période
de travail s'étalant de 2000 à 2007 dans le nord du Maroc), nous
utiliserons les observations tirées lors des ateliers de formation et
des séances de sensibilisation (particulièrement les ateliers sur
le code de la famille et le rôle des différents intervenants)que
nous avons animées en faveur desdifférents participant(e)s selon
leur place dans la hiérarchie des associations féminines. Nous
explorerons aussi les enquêtes déjà faites lors de notre
travail sur le terrain, surtout dans l'analyse de la violence basée sur
le genre, les lois discriminatoires à l'égard des femmes, ainsi
que l'observation de la progression de la situation pendant la période
de stage sur un terrain limité (deux villes : Tanger et
Larache) et plus particulièrement, sur l'évolution de
l'application du code de la famille et le processus d'inclusion des femmes
depuis 2007 jusqu'à 2010.
II.3.3.Revue de la
bibliographie
Cette étape consiste à faire le tour des
principaux documents traitant le sujet de la recherche, en adoptant l'approche
du développement historique des mouvements féminins au nord du
Maroc. Cette méthode vise aussi à analyser les changements
idéologiques et structurels du mouvement féministe durant la
période étudiée. Les différents documents
utilisés vont permettre de prendre conscience de ce qui reste à
réaliser afin de répondre de la manière la plus
complète possible à la question de la présente recherche,
les conclusions tirées de la problématique des rapports entre les
trois composantes du féminisme marocain, quel genre de rapports, pouvons
nous faire? Et l'impact de ces rapports sur la condition juridique de la femme.
Le but est de construire la problématique, la question de recherche et
de formuler les hypothèses possibles.
II.3.4.Méthodes
d'analyse des données
Le but est d'analyser le contenu des textes tirés des
entretiens semi directifs afin d'en ressortir le maximum d'informations,
particulièrement sur les positions des différentes personnes
rencontrées.
En plus de répondre à l'objectifde cette
recherche, il nous faut analyser les attitudesdans le cadre des rapports
d'oppositions et d'alliances des différentes composantes du mouvement
féministe au nord du Maroc. L'analyse vise, aussi, à relier les
trois concepts de cette étude : mouvement social, féminisme
et répertoire d'actions. Nous tenterons de répondre à la
question : Comment le mouvement féministe construit son
répertoire pour institutionnaliser sa place comme mouvement social,
acteur de changement de la situation de la femme ?
Nous allons utiliser la méthode
hypothético-déductive, comme elle a été
développée chez Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt79(*) afin d'analyserl'intervention
de ce mouvement au niveau du champ religieux (ici le mouvement
fémininiste marocain est pris au piège)80(*).
Pour réaliser une avancée en faveur des droits
de la femme, comment mobiliser le mouvement féminin à travers son
répertoire d'actions collectives (ouakfa: rassemblement debout,
caravanes, marche mondiale, tribunaux des femmes) ? Et, comment l'Etat
instrumentalise les mouvements féministes ? Le contenu des
entretiens seraun matériau dont nous ferons l'analysesystématique
afin de vérifier les hypothèses formulées.
Notre autre méthode d'analyse complémentaire aux
entretiens est la méthode d'observation que nous avons
réalisée sur le terrain durantsept ans de travail et
récemment durant deux mois de stage.
Ces deux méthodes seront complétées par
la revue de documentation qui traite l'objet de la recherche dans sa dimension
historique et du développement du mouvement féministeMarocain.
L'analyse qualitative, critique et historique est pertinente dans l'approche
des idéologies et du système de valeurs des composantes du
mouvement féministe au nord du Maroc durant la période
étudiée (1990-2010).
II.3.5.Échantillon
des associations et le critère de choix
L'échantillon choisi est constitué de huit
associations, dix fonctionnaires dans les projets d'une association
féminine, trente femmes bénéficiaires d'un centre
d'écoute, de soutien et d'orientation pour les femmes victimes de
violence. (En annexes : les associations et guide d'entretiens).
II.3.5.1.Le critère du choix des
associations
Associations féministes avec référence
universaliste ou islamiste ;
La date de création de l'association qui doit se situer
dansla période choisie pour la présente recherche
(c'est-à-dire entre 1990 et 2010) ;
Le siège de l'association, celui-ci doit se trouver au
nord du Maroc;
Approche du genre dans le choix des membres de l'association,
fonctionnaires ou direction.
II.3.6.Limite de la
recherche
Nous qualifions le sujet de cette étudecomme
étant « unegrande aventure ». En effet,la situation
géographique de l'analyse de la situation du féminisme marocainne
se prête pas à extraire le maximum de résultats. Et cela
est dû au terrain d'étude très limité. Les
échantillons sont peu nombreux et pas représentatifs de tout le
mouvement féministe. Ce qu'il faut également retenir, c'est que
les associations dans le nord ne se limitent qu'au travail sur le terrain sans
connaître les enjeux du féminisme marocain.
En conclusion, l'approche du mouvement féministe au
nord parait difficile à cause dumanque de mouvements féministes
locaux cohérents et forts. La limite se présente aussi par la
segmentation du mouvement féministe marocain et la difficulté
d'analyser ses rapports sur le terrain, qui oscillent entre un partenariatet
une guerre froide. Devant ces limites, les efforts de changement et de
développement de la condition féminine paraissent incertains, ce
qui permet à l'Etat d'intervenir pour établir les règles
du jeu dans le but de renforcer ses alliances et d'affaiblir ses opposants.
III.CHAPITRE II : MOBILISATIONS FEMININES FACE AUX
CONTRAINTES DE LA REALITE DU NORD DU MAROC
Dans ce deuxième chapitre, nous aborderons les
contraintes d'exclusion des femmes face aux luttes des associations
féministes dans la zone géographique étudiée.
Comment le combat pour le changement du statut juridique de la femme est au
coeur des revendications des féministes marocaines ? Commentse
manifeste la mobilisation féminine face auxcontraintes de la
réalité d'exclusion des femmes aunord du Maroc ? Et enfin,
comment le combat pour le changement du Code de la famille a fait
émerger de nouvelles associations féministes, a enrichile
répertoire d'actions du mouvement féministeau nord du Maroc, et a
construit des partenariats régionaux, nationaux et
internationaux ?
III.1.ETAT DES LIEUX
La situation de la femme marocaine au nord du Maroc est
fortement liée à l'histoire et à la géographie de
la région. En effet, durant des siècles, l'histoire ne s'est
construite que par les hommes. Les livres d'Histoire et les ouvrages des
orientalistes, toujours rédigés par des hommes, en sont une
preuve. L'image de la femme arabe en général
véhiculée par les orientalistes est à l'intérieur
du Harem81(*) . Un
rôle exclusivement érotique et sensuel. De cette façon, la
femme est exclue de la sphère publique comme acteur social et politique,
et ce malgré le fait qu'elle assume son rôle économique
d'épouse, de mère etde soeur en subvenantaux besoins de la
famille. En effet, la femme au Nord est laborieuse, et, en
réalité, par sa force physique, elle occupe les deux
sphères publique et privée, à l'intérieur de la
maison comme à l'extérieur, en ville comme à la
compagne.Or, cette réalité économique, sociale et
culturelle de la « fille du Nord »82(*) n'était reconnue ni par
la société, ni à travers le statut juridique. Et bien que
l'enseignement ait permis d'améliorer la situation économique des
femmes, « le quotidien demeure toujours aussi
ségrégatif, difficile et
inégalitaires »83(*).
III.2.HERITAGE HISTORIQUE DE LA REGION DU NORD
Après que le Maroc se soit libéré du
protectorat français en 1956, la monarchie marocaine hérite de
l'organisation administrative du régime français. Il importe
ici de signaler que la région du Nord du Maroc était
séparée géographiquement mais aussi structurellement des
autres régions étant elle administrée par les espagnols.
En effet, la région colonisée par les espagnoles (à
l'exception de la ville de Tanger qui a bénéficié d'un
statut international), est marquée par une réalité
économique précaire. Le colon espagnol n'a pas investi dans le
développement de la région. Cettepolitique de marginalisation de
la région continuera après l'indépendance sous le
régimede Hassan II. Il faut soulignerque la vision du colonisateur
français perdurera et se manifestera dans le fait de considérer
la régioncomme sans intérêt ni utilité
économique.Cette vision va se perpétuer avec la monarchie
chérifienne84(*)
jusqu'à l'ouverture politique avec le roi Mohammed VI, succédant
à son père enjuillet 1999.
Au niveau des lois, le Maroc a hérité des codes
de lois français, excepté pour ce qui est du Code du statut
personnel, qui organise les relations hommes-femmes au sein de la famille. Ce
code basé sur « Elfiqh85(*) » (jurisprudence islamique) et
précisément la doctrine Mâlikite86(*), confère aux hommes
l'autorité sur les femmes. Par essence, les rapports de genre dans le
Code du statut personnel sont donc inégalitaires et prouvent une
exclusion des femmes, tantde la sphère publique que de la sphère
privée. Sans entrer dans les détails et à titre
d'exemple : les deux premiers livres du Code du Statut Personnel de 1957,
sont consacrés aux fiançailles. Le mariage estdéfinit
comme suit : « le mariage est un contrat légal par
lequel un homme et une femme s'unissent en vue d'une vie conjugale commune et
durable. Il a pour but la vie dans la fidélité, la
procréation par la fondation, sur les bases stables et sous direction du
mari, d'un foyer permettant aux époux de faire face à leurs
obligations réciproques dans la sécurité, la paix,
l'affection et le respect mutuel »87(*). Ainsi, l'article consacre
l'autorité de l'homme/ mari dans la sphère privée / la
famille, cette autorité est légitimée par le
Coran88(*).
L'autorité du mari, présentée dansle CSP89(*)comme la base du mariage, et la
femme, une mineure à vie90(*).
Autre article frappant et contradictoire qui aura des
répercussions jusqu'à nos jours, malgré les
réformes apportées au Code du statut personnel, est celui de
l'âge minimum au mariage. L'article 8 du code de la famille de 2004
mentionne dorénavant dix-huit ans pour l'homme et pour la femme. Tout de
même, il importe de souligner que le code de la famille marocain, qui se
base sur la doctrine Mâlékite, est plus avancé que d'autres
doctrines islamiques qui, pour certaines stipulent que l'âge minimum du
mariage de la femme n'est pas limité... Ainsi, une fille pourra
être mariée dès sa naissance, une pratique courante au
Moyen Orient. Aussi, l'article concernant l'âge du mariage
révèle deux contradictions: « La
première tient à l'âge de la majorité civile, qui
est, depuis 1992, fixée à20 ans. Comment peut-on
reconnaître àune personne la capacité d'exercer ses droits
à 20 ans, et lui permettre cependant de conclure, avant cette
majorité, un contrat par lequel, elle s'engage sa vie ? La seconde
contradiction tient à l'âge minimum, et cela laisse
présager le peu d'efficacité d'une telle
mesure.»91(*).
III.3.STATUT JURIDIQUE DE
LA FEMME MAROCAINE : ENJEU DE LA DEMOCRATIE
Il importe de souligner que le statut juridique imposé
aux femmes par le Code du statut personnel élaboré à la
veille de l'indépendance (1957), légitime la discrimination
envers les femmes au quotidien. Ce constat fait référence aux
circonstances dans lesquelles, le statut personnel a été produit.
En effet, le premier gouvernement marocain souverain dirigé par le roi
Mohammed V, n'était pas un gouvernement constitué par les partis
nationalistes qui ont conduit la résistance contre le colonisateur.
Certes, il y avait quelques personnalités d'obédience
nationaliste mais ce mouvement, constitué d'une élite d'hommes
etde femmess'estretrouvémarginalisé. Ainsi, le modèle
français était copié dans tous les domaines,
mêmedans le domaine du droit qui était intégralement
français - à l'exception du droit qui organise les rapports
hommes-femmes au sein de la famille et qui lui, demeure inspiré de la
jurisprudence islamique92(*).
Paradoxalement, les nationalistes n'ont pas fait de cette
discrimination, leur principale revendication. Pour eux, l'émancipation
des femmes n'était pas une priorité93(*). Ainsi en 1957, le code du
statut personnel (CSP) est conçu en adoptant une domination des hommes
sur les femmes. Malheureusement, comme le code était basé sur la
Loi islamique, il ne pouvait plus être modifié. Les tentatives de
changement de 1961, de 1968 et de1982 n'ont jamais pu aboutir car elles
visaient à toucher au texte sacré94(*).
L'Histoire demeure encore plus verrouillée quand il
s'agit de la question de la condition féminine. Après
l'indépendance, il n'y avait sur la scène politique que deux
forces représentées par le pouvoir du roi et celui du Parti de
l'Istiqlal95(*). Ces
deuxassociés/rivaux96(*)étaient très
occupésparl'instauration d'un ordre politique qui se voyait
menacépar les adversaires du couple Istiqlal / roi (Mohammed V à
l'époque).Néanmoins, le Roi et son fils Hassan II,
héritier au trône, vontenraciner et fortifier la monarchie
chérifienne, en optant pour la division des partis politiques
nationalistes qui réclamaient un partage du pouvoir97(*).
Notons qu'il existe un lien fort entre la stabilité de
la monarchie chérifienne, basée sur la doctrine Malékite
et celle de ce modèle familial.
A l'époque de Hassan II, la monarchie a réussi
sa souveraineté dans un système politique marqué par
« un schéma circulaire où tout part de la monarchie
et tout revient vers elle »98(*).
Quant aux partis politiques qui ont vu le jour après la
constitution de 1962, particulièrement,ceux de gauche, ils n'ont pas
fait de l'inclusion des femmes dans la sphère publique, ni du changement
de son statut juridique, une priorité ou même une de leurs
revendications. Pourtant la femme marocaine était présente dans
tous les combatsmenés par les opposants au régime de Hassan II
durant les années de plomb99(*).
Elle a été détenue politique mais aussi
torturée parce qu'elle est la mère, l'épouse, la fille,
l'amie ou la soeur d'un détenu.
A partir de là, la femme au nord du Maroc va subir une
double exclusion: économique et sociale, imposée par le
régime central à l'époque de Hassan II qui ne voit pas
d'intérêt stratégique à la région100(*), et une exclusion juridique et
culturelle liée aux rapports de genre instaurés par la culture
patriarcale répandue sur les deux rives de la Méditerranée
et à travers le CSP élaboré par les hommes du gouvernement
marocain. Nousle voyons, ce sont les hommes qui ont élaboré le
statut juridique des femmes, puisque celles-ci, aussi bien à
l'époque de la colonisation qu'après l'indépendance,
n'étaient toujoursqu'une question d'enjeu du pouvoir politique101(*).
III.4.FEMINISME MAROCAIN ET
LE DEFI D'INCLUSION DES FEMMES
Dans les années 90, l'émergence des associations
localesdans la région du nord estle résultat d'une ouverture
politique, imposée par les luttes des années1980 et celles du
début des années 1990. Cela s'explique aussi par le fait
qu'à partir de cettepériode, le gouvernement va reconnaitre les
associations féministes comme actrices du changement prévu dans
le processus démocratique entamé102(*). A ce propos, il importe de
dire que le climat international était favorable à une telle
émergence. En effet, après la conférence de 1995 sur la
Femme, organisée à Beijing, le Maroc a été
contraint d'instaurer davantage d'ouverture politique, et, plus
particulièrement, de considérer lesdroits de la Femme comme l'une
des priorités stratégiques à l'aube du XXIème
siècle. Le Maroc était forcé d'entrer dans une nouvelle
phase de son histoire, une phase de transition démocratique. Cette
transition est marquée par la clôturedu dossier des détenus
politiques et par le retour des exilés politiques103(*). Il est à noter que
cette transition est venue après de grands sacrifices et de combats
menés par les militants et militantes des partis politiques de
gauche104(*). Des
combats accompagnés par l'émergence remarquable d'une
société civile active. Cette
société,constituée d'associations a remplacé les
partis politiques de lagauche radicale pendant les années de plomb.Par
conséquent, les associations ont commencé à gagner du
terrain en tant que mouvement social contestataire et revendicateur. En outre,
les associations féministes étaient parmi les mouvements les plus
actifs et les plus radicaux.
Les associations féministes émergentes vont
être confrontées à un héritage lourd au moment de
lutter pour l'émancipation de la Femme ; héritage qui se
manifeste par « des blocages issus de la société
traditionnelle »105(*). Ainsi, l'héritage d'un système
patriarcal, lié au rapport de parenté répandu dans la
région méditerranéenne, fut renforcé par les
traditions liées à la religion, fortement présente dans le
nord du Maroc. Dans un tel système de parenté,lepuissant, qui
détient tout le pouvoir au sein d'une communauté, est toujours
masculin. « Ce rapport de soumission, au lieu d'une relation
complémentaire entre les deux sexes, explique l'absence des femmes dans
les prises de responsabilités et de
décisions »106(*). Ceci explique, le combat du mouvement
féministe marocain qui vise entre autre chose, larevendication d'une
citoyenneté à part entière des femmes, comme
l'égalité des droits et des libertés de base. Sans oublier
d'inclure les droits fondamentaux, comme le droit à choisir le conjoint,
le droit au divorce, le droit à une égalité dans
l'héritage107(*).
Cette transition politique108(*) va être couronnée par le projet du
PANIFD, élaboré par le gouvernement d'alternance en 1998. Le plan
part du constat d'échec des politiques publiques destinées
à la promotion de la femme depuis l'indépendance109(*) Le plan comprenddivers
domaines : économiques, sociaux, juridiques, liés à
la situation de la femme. Voici les dispositions juridiques110(*) concernant le statut de
la Femme:
- Elever l'âge du mariage pour les deux sexes à
18 ans ;
- Supprimer la tutelle matrimoniale ;
- Transformer toute dissolution de mariage en un divorce
juridique ;
- Enregistrer l'enfant naturel de la mère
célibataire sous le nom de famille de celle-ci ;
- Le juge qui prononce le divorce doit partager les biens
accumulés au cours de la vieconjugale, et offrir à la femme la
moitié des biens dont elle a participé à l'acquisition,
soit parson travail domestique, soit par son travailde salarié ;
- Créer des tribunaux familiaux ;
- Reconnaître aux femmes, le droit d'être
jugée en matière du statut personnel.
Le projet va être le centre d'intérêts de
mobilisations pro et anti PANIFD qui créera, sur la scène
marocaine, des alliances inattendues111(*), La principale initiative contre le PANIFD fut
« la ligue nationale de la protection de la
famille »112(*), avec le slogan « une famille
soudée équivaut à une saine
société ». Cette initiative a réuni le
Parti de la Justice et du Développement (PJD)113(*), des membres du parti
USFP114(*)avec des
membres de parti Istiqlal115(*), et a été encadrée par le
Ministère des affaires islamiques. Le parti d'Union Socialiste des
Forces Populaires (USFP) était alors à la tête du
gouvernement qui a élaboré le projet du PANIFD. Cette
divisionà l'intérieure même du front qui lutte pour la
promotion des droits de la femme et le changement de son statut juridique
vacréer une tension entre marocainsmusulmans pratiquants et marocains
musulmans occidentalisés selon les termes consacrés par les
partis islamistes et traditionalistes. Et pour ces derniers, il est bien
entendu que «le référentiel reste le pôle central
de toutes les critiques que font (les islamistes) du projet du plan d'action
et, de manière générale, de toute politique concernant les
femmes »116(*).
Le 12 mars 2000, deux manifestationsfurentorganisées,
la première à Rabat, dans le cadre de la marche mondiale contre
la pauvreté, et à l'initiative des associations
féminines.La seconde à Casablanca oùse retrouvent les
opposants au PANIFD. Toutes deux ont été organisées le
même jour, à la même heure. La grande différence dans
lenombre de participants entre les deux marches, (six à dix fois plus de
participants à celle de Casablanca qu'à celle de Rabat), fut le
symbole d'une opposition populaire massive au PANIFD117(*). Mais cette
différence du nombre s'explique facilement si l'on considère tout
simplement, les acteurs à l'origine des manifestations. En effet,
cefront dur représenté à Casablanca fut soutenu par le
Ministère des affaires islamiques avec tous ses organismes (les
lauréats de « dar Hadite Hassaniya118(*) », la ligue des
oulémas du Maroc119(*), les imams des mosquées du Royaume). En plus,
il y avait également la présence d'organisations non
étatiques, comme le parti islamiste « justice et
développement » et le mouvement d'unification et de
réforme120(*).De
l'autre côté, on retrouve le front qui a soutenu le PANIFDjusqu'
à ce que le gouvernement déclare son intention de mettre le
dossier du plan entre les mains du commandeur des croyants le 13 janvier
2000.
Finalement, le plan a été retiré, mais a
laissé la place à une stratégie nationale pour
l'intégration de la femme dans le développement présentant
un changement radical dans la structure du document. Dorénavant, il
s'agit de séparer le domaine juridique des autres domaines politiques,
sociaux et économiques. La charge du juridique est prise en main par le
Roi Mohammed VI qui va créer «une commission consultative
chargée de la révision de la moudawana ». Cette
commission est le fruit du pouvoir du roi qui a joué le rôle
d'arbitre : «le recours à l'arbitrage royal a trahi les
limites de l'exécutif, pire, il a montré que l'exécutif
n'est qu'une partie du conflit incapable de trancher au profit de son propre
plan»121(*).
Nous allons aborder, dans les chapitres suivants, les causes
et les conséquences de cette nouvelle réalité qui
s'annonce sur la scène politique marocaine. Une réalité
aux origines de l'émergence du mouvement féministe islamiste au
nord du Maroc et du féminisme d'Etat.
III.5. ACTIONS COLLECTIVES
LOCALES ET LE STAT DE LA FEMME
La région du Nord a aussi été
mobilisée pour participer à des actions variées
(manifestations, caravanes, sittings, conférences, tables rondes, etc.),
et ce, dans le but de faire pression sur la commission.
Il faut dire que la condition de la femme dans la
région du nord, a plus d'une raison d'inciter les associations
féminines locales à s'engager dans cette mobilisation. Ceci est
survenu grâce et malgré un climat de transition
démocratique.A cette occasion, de nouvelles associations
féminines verront le jour.
Le but premier de la mobilisation était
d'élaborerdes partenariats et des réseauxentre les associations
féminines locales et les associations au niveau national,
régional et international.L'objectif ultime étant de donner la
voix aux femmes dans le cadre des travaux de la commission et d'empêcher
que les résultatsn'aboutissent une fois de plus à la
ségrégation des femmes mais aille bien dans le sens d'une
société plus égalitaire.
Entre autre réseaux, nous relèverons le grand
réseau national : « Printemps de
l'égalité » créé en mars 2001, il
possède un site web consacré à la femme :
www.marocaufeminin.com.122(*)
Au niveau régional, mentionnons par exemple
« Le Conseil de coordination régionale pour l'action
féminine », fondé en 2002 dans la région
comprise entre Chefchaouen et Larache. Parmi ses actions : la caravane qui
a défilé à travers le
nord(Chefchaoun-Tétouan-Tanger-Larache), organisée en mars 2003,
à l'occasion de la journée mondiale de la femme123(*).
Tous les réseaux et toutes les activités du
mouvement féministe universaliste ont contribués activement aux
actions des réseaux nationaux créés pour la campagne en
faveur d'un code de la famille égalitaire.
En même temps, le mouvement féministe islamiste
du nord,a également contribué aux réseaux nationaux afin
de faire pression sur la commission royale dans le but de faire respecter les
décrets de la « Charia 124(*)».Pour ce mouvement, il s'agit de
protéger la cellule familiale qui constitue le noyau de la
société marocaine musulmane, et de faire du
référentiel religieux islamique la seule référence
pour les droits humains. Ainsi, pour le mouvement féministe islamiste,
il faut s'adapter à la Charia pour organiser la relation entre les
hommes et les femmes. Cette relation doit se baser sur trois principes :
complémentarité, coopération et affection»125(*). Tout comme pour la
mobilisation universaliste, la mobilisation du mouvement féministe
islamiste a aussi été marqué par la création d'un
réseau national « Montada Zahrae pour la femme marocaine et
l'orientation familiale »126(*)en 2002. Autour de lui, les associations
féminines islamistes vont se mobiliser pour organiser des
activités dans le but de véhiculer à leur tourla vision du
mouvement islamiste sur le changement du statut des femmes ; et ce
changement ne doit pas dépasser la référence islamiste et
la particularité de la société marocaine.
L'importance du changement du statut juridique de la femme
part du constat que la femme marocaine ne peut pas exercer ses droits civils
comme une citoyenne à part entière, tant qu'elle est
obligée d'être sous la tutelle d'un parent masculin. Même si
la femme peut être ministre ou juge, elle est soumise à des lois
discriminatoires régies par le Codedu statut personnel.
Le Code de la famille de 2004a certes été un
tournant historique dans la vie des femmes marocaines, mais d'autres lois
existent encore par lesquelles la femme peut être la victime de
violations de ses propres droits. Ainsi, à ce jour, la violence
conjugale à l'égard des femmes n'est pas pénalisée
dans le code pénal marocain127(*). L'injustice et la discrimination dans la loi sur
l'héritage reste aussi au coeur du débat entre le mouvement
féministeuniversaliste d'un côté et le mouvement
féministe islamiste, les autorités et les Oulémas d'un
autre côté.
Afin de bien comprendre les points d'opposition entre les
trois composantes du féminisme marocain (féminisme universaliste,
féminisme islamiste et féminisme d'Etat), il importe d'approcher
dans la deuxième partie, les lacunes du code et les obstacles
d'application. En effet, sept ans après la réforme du Code de la
famille, les questions liées au statut de la femme dans un contexte
politique, social et juridique restent encore à l'ordre du jour. Ainsi,
où en est la question de l'inclusion des femmes dans la sphère
publique dans un système régi par la loi islamique ? Comment
peut-on parler d'une citoyenneté des femmes si une partie des lois qui
organisent les rapports entre les femmes et les hommes se basent sur la
Charia ? Comment alors se manifestent les rapports entre les trois
composantes du féminisme marocain dans une monarchie encadrée par
les valeurs de l'Umma128(*) (communauté musulmane) et
dirigée par l'Amir Moumenine129(*) (commandeur des croyants).
DEUXIEME PARTIE
ETAT, FEMINISME, ISLAM
QUELS RAPPORTS ?
IV.CHAPITRE III : DE LA LIBERATION DES FEMMES ...A
LA LIBERTE DESFEMMES
« En orient, on voile la femme sous le
joug de l'homme et l'homme sous le joug
du gouvernement : là où les
femmes jouissent de leur liberté individuelle,
les hommes jouissent de leur liberté
politique, les deux situations sont interdépendantesQasim
Amin, la libération de la femme, 1899130(*)
IV.1.PROGRES VERS LE
RECUL
Au 19ème siècle, à l'époque de
Nahda (renaissance arabe), les penseurs réformateurs ont
déclenché le signal d'alarme quant à la situation de la
femme arabe (musulmane et chrétienne). Cette dernière vivait dans
l'ignorance, privée de tous ses droits fondamentaux.À cette
époque, les voix des réformateurs arabes s'élèvent
pour revendiquer l'égalité sur le plan éducatif des filles
et des garçons. Parmi eux, Rafaha Tahtawi, Mohamed Abdu, Jamal Dine
Alafghani, et d'autres.
Néanmoins pour la question de l'émancipation des
femmes,il importe de citer le libérateur de la femme arabe, Qasim Amine,
qui a publié : « l'émancipation de la
femmes » en 1899 et« la nouvelle
femme » en 1900. Avec ces deux livres, Qasim Amine
représentait la pensée des lumières européennes
dans le monde arabe. Pour lui, l'émancipation de la femme
équivaut à la libération de la Umma (communauté
musulmane)et à son développement131(*). Sa pensée
est influencée parles idées des penseurs et philosophes
occidentaux, particulièrement en France où il a fait ses
études. Cette pensée se base sur deux principes : la science
et la raison. « La femme est privée de tout ce dont
l'homme jouit : le plaisir est réservé à l'homme et la
peine pour la femme ; l'homme vit dans la liberté et elle dans
l'esclavage ; l'homme acquiert et détient le savoir, la femme reste dans
l'ignorance ; l'homme peut prétendre à l'intelligence, la femme
est proie à la sottise ; l'homme commande et ordonne, la femme ne peut
qu'obéir et endurer »132(*).
D'autres voix se sont élevées pour revendiquer
le dévoilement des femmes. Ainsi, de retour au Caire d'une
conférence en Italie sur la condition des femmes, la
féministeégyptienne Hoda Chaaraoui133(*) accompagnéed'un
groupe des femmes descendirent du train, toutes dévoilées.
Au Maroc en 1947, lors de la manifestation organisée
à l'occasion de la première visite du souverain marocain sous le
protectorat à Tanger (ville de statut international à
l'époque), la fille du roi Mohammed V a pris la parole non
voilée. Les femmes présentes sur place ont commencé
à se découvrir la tête: un véritable symbole de la
libération des femmes marocaines.
Il importe également de signaler qu'à
l'époque du protectorat, le leader du mouvement nationaliste et
réformateur Allal Elfassi134(*) a revendiqué l'interdiction de la polygamie
et la réglementation de la répudiation135(*).
En 2002, les résultats des élections des
représentants à la chambre des députés ont
montré que le jeune partipolitique islamiste PJD136(*) a tripléses
sièges au parlement, ils sont passés de 14 à 42
sièges137(*). Il
faut souligner que le processus électoral a
« respecté dans l'ensemble, les règles de
transparence »138(*). Ceci montre que la société a
changé et que la pensée religieuse a gagné du terrain par
rapport aux partis de gauche traditionnellement populaires. De 1993
à2004, les débats n'ont pas changé. Le combat est toujours
le même entre les universalistes et les particularistes autour de la
question des droits de la femme dans le code de la famille et autour de
l'égalité entre les hommes et les femmes.Toutefois, ce
débat a montré que la condition de la femme a
régressé et ce, partout au Maroc. En effet, comme le souligne
Isabel Taboada Leonetti : « De dévoilement en
revoilement, le corps des femmes n'a cessé d'être symboliquement
manipulé par les hommes et leur statut modifié au gré des
événements et des rapports de force, nationaux ou
internationaux ».139(*)
IV.2. REFORMES LIMITEES
Le régimepolitique accorde aux femmes une certaine
place au sein de postes politiques mais ces derniers demeurent sans importance
décisive140(*).
Les militantes du mouvement féministe universaliste ont
été convaincues que le changement des mentalités
discriminatoires envers les femmes ne peut être réalisé
qu'à travers une réforme du statut juridique de la
femme141(*). Ensuite, il
importe de souligner que l'ambition des militantes du mouvement
féministe universaliste a subi un choc, vu la réalité
d'application du nouveau code de la famille, mais aussi à cause des
lacunes existants encore dans le texte tant décrit progressiste
(LDDF142(*)).En effet,
les rapports que publie la ligue démocratique des droits de la femme sur
l'application du code de la famille, attestent d'une dure
réalité. Certains articles de ce code restent encore
inégalitaires ou ouvrent une possibilitéd'interprétation
d'un juge, qui dans la majorité des cas décide en faveur d'une
vision patriarcale. Ainsi, l'âge du mariage est souvent une violation des
droits humains. Cette interprétation abusive touche
particulièrement les adolescentesâgées de 12 à
16ans. Dans la région du Nord, le mariage des mineures demeure encore
une réalité choquante. Malheureusement, selon les rapports des
centres d'écoutequi accueillent des mineures victimes de violence
conjugale, le nombre des mariages de ces dernières après la
réforme de la moudawana (Code de la famille 2004) a connu une hausse
remarquable.
Ainsi, juste après l'entrée en vigueur du code
de la famille,le rapport de la LDDF sur les mariages précoces
(entre5/2/2004 et 31/12/ 2005) a enregistré pour la ville de Larache 400
demandes de mariages des mineures autorisées des 406 demandes de mariage
déposées.
Cela signifie que l'appréciation du juge dans la
majorité des cas entraine l'accord. Force est de constater que laisser
une marge d'interprétation dans une loi n'est en faveur que de la
mentalité conservatrice. Ce sujet entraîne des débats
continuels, la loisur l'âge du mariage régit par le code de la
famille anime encore des polémiques entre les particularistes (les
islamistes) et les universalistes. Les articles 20 et 21143(*)du code de la famille ouvre
au juge la possibilitéd'autoriser le mariage d'un mineur avec l'accord
de son tuteur, et même parfois, sans l'accord de celui-ci dans certaines
circonstances. Le nombre de mariages de mineures sous l'autorité d'un
juge a dépassé toutes les limites lors de l'entrée en
vigueur du Code de la famille. Il est donc alors primordial de prendre au
sérieux la déclaration de la secrétaire
générale de la Ligue démocratiquedes Droits de la Femme
(LDDF) Fawzia Assouli lors d'une interview donnée au journal
marocain « Aujourd'hui le Maroc »144(*): « le mariage
des mineurs a connu une hausse de plus de 10% ». On peut donc en
conclure que le juge abuse de son pouvoir et ce en toute
légalité. « Comment empêcher alors ce dernier
d'user largement (voir arbitrairement) de son pouvoir pour transgresser la
règle juridique ?145(*)». Il faut rappeler que le Code de la
famille régit d'autres domaines qui demeurent discriminatoires envers
les femmes. Ainsi, il comprend des articles sur les domaines suivants: la
polygamie, l'héritage et la répudiation (rapport2010, rapport
annuel du centre d'écoute de l'association Mains Solidaires pour le
droit à la dignité et à la citoyenneté146(*).
La présidente de la section de la LDDF à Larache
a souligné lors de notre entretien que « l'article sur
l'âge du mariage a constitué un piège, puisqu'il y'a
desjugesqui ont une vision patriarcale et qui abusent de leur pouvoir, et
autorisent la majorité des demandes de mariages des mineures. Ce qui
constitue un recul par rapport à la situation avant le nouveau Code de
la famille »147(*).
Les articles du Code de la famille posent problème dans
la société marocaine.
En effet, les articles cités ci-dessus sont plus que
conflictuels entre les islamistes et les universalistes. Pour bien comprendre
les points de vue des trois composantes du Féminisme marocain (Etatique,
islamiste et universaliste), il importe d'approcher la question de
l'héritage puisque c'est une loi qui découle du Coran, donc
sacrée et intouchable, mais aussi qui est basée sur la nature de
la filiation d'une société patriarcale. Mais la loi
surl'héritage est également fortement liée àla
nature de la monarchie marocaine. C'est une évidence qui explique
pourquoi le Code de la famille n'a pas apporté de changement à la
loi sur l'héritage.L'approche de cette loi dans lecadre de
notrerecherche a pour objectif d'analyser les rapports entre les composantes du
féminisme marocain (féminisme d'Etat, féminisme islamique
et féminisme universaliste). L'objectif est aussi de montrer que le
statut juridique de la femme est fortement lié aux rapports d'alliance
et d'opposition qui sont basés sur le pouvoir politico-religieux.
IV.3. MOUVEMENT FEMINISTE
ETLES TABOUS RESISTANTS
IV.3.1. Loi sur
l'héritage maintenue par la religion et la parenté
patriarcale
La région du Norddu Maroc fait partie de la
région Méditerranée ou encore appelée selon la
géographie-politique, MOAN (Moyen Orient et Afrique du Nord).Cette
région est historiquement connue pour l'organisation de la filiation
selon la famille patrilinéaire; ce qui explique la nature patriarcale
des sociétés arabes et musulmanes qui suivent toutes, ce lignage.
Cette filiation impose aux femmes, une domination masculine de la part du
groupe de lignage en plus de la domination masculine au sein de la
famille.Aussi, pour renforcer la place et la légitimité du
lignage, les femmes étaient exclues de l'héritage.
Ce processus ne sera pas totalement aboli par l'Islam car
celui-ci préserve toujours la base des relations de
parenté148(*).
Avant la naissance de l'Islam, dans le nord du Maroc comme dans toute l'Afrique
du Nord d'ailleurs, la femme n'avait pas droit à l'héritage.
Cependant, avec l'Islam, la femme a acquis ce droit mais elle n'a que la
moitié de l'homme héritier. En effet, dans le Coran149(*),la succession et le partage
de l'héritage montre quela femme reçoit toujours une part deux
fois inferieure à celle de l'homme150(*). Force est de constater, l'importance d'approcher
les différents points de vue des trois composantes du féminisme
marocain sur la loi sur l'héritage qui n'a pas été
reformée dans le Code de la famille de 2004.
Selon le code de la famille151(*), le principe de la tradition patriarcale est
maintenu. En effet, comme précisé ci-dessus, la part de
l'héritier est le double de celle de
l'héritière.Cependant, contre toute attente,
l'inégalité de cette loi a engendré très peu de
contestations ou de revendications de la part des féministes Seule la
Ligue Démocratique des Droits de la Femmea remis la
légitimité de cette loi en question à l'époque.
Plus récemment, en mai 2008, ADFM a pris l'initiative de discuter la
réforme de la loi mais sans sortir du cadre islamique152(*). C'est un combat qui tient
très à coeur à la présidente de la section de LDDF
à Larache, Soudia Touatiqui a déclaré: « la
ligue maintient encore et toujours sa détermination de pousser en avant
le processus de l'égalité àpart entière entre les
femmes et les hommes, en se basant sur les conventions
internationales ».Toutefois, il ne faut pas négliger le
fait que le changement de cette loi ne serait pas perçu comme un
changement favorable par toute la population. Il importe donc, d'approcher les
arguments présentés par les défenseurs de la loi sur
l'héritage et ceux, présentés par les revendicateurs de la
réforme de cette loi.
IV.3.2. Arguments des
féministes islamistespour le maintien de la loi
Sur le sujet de l'héritage, sujet très sensible
au sein de la société marocaine, les féministes islamistes
appuient l'importance du maintien de cette loi. Elles prônent le cadre
islamique pour le partage de l'héritage. Leur principal argument est
évidemment le Coran, à travers l'exemple suivant: «
Devant la loi divine, l'homme est obligé de prendre en charge
les femmes de sa famille : mères, soeurs, filles, épouses.
C'est une obligation juridique et non un octroi d'aumône alors que cette
obligation ne concerne pas la femme. La part d'héritage de cette
dernière constitue un capital dont elle n'usera que pour ses extras
(habits, bijoux, achats de biens, etc) et non pour le dépenser à
ses besoins primaires. »153(*). Cependant, pour les féministes islamistes,
il y'a des cas où la part d'héritage d'une femme est
égaleou même supérieureà celle de l'homme.
Le texte coranique est clair et détaillé sur la
succession et l'héritage. Les inégalités sont claires
certes,mais elles sont liées à la période et les
circonstances de vie des arabes et des autres peuples.Ainsi, il est
nécessaire que les textes religieux soient compatibles avec le temps et
non l'inverse. Ne nous pouvons donc pas nier que si les situations historiques
changent, le discours et les textes religieux doivent être
interprétés pour en sortirce qui est encore applicable et ce qui
peut être changé en fonction de l'époque154(*).
En clair, il s'agit d'interpréter les textes religieux
selon l'époque. Il n'est pas sans importance de souligner que le courant
chiite par exemple, à l'inverse du courant sunnite malékite
adopte une loi plus égalitaire envers les femmes en matière
d'héritage. Cette loi bien plus égalitaire est notamment
appliquée depuis 1963 en Irak. Celle-ci est appliquée aux deux
communautés qui y vivent: sunnites et shiites155(*)». (Deux doctrines
islamiques (voir Glossaire).
Nous sommes donc forcés de conclure que le
problème des islamistes est que leur discours est passé de
discours de Nahda (renaissance) avecles réformistes fin
19èmesiècles vers un discours de Azma (Crise)avec les
fondamentalistes islamistes au début des années 1990156(*)
IV.3.3.Arguments des
féministes universalistes en faveur du changement de la loi
Les féministes universalistes
représentées par les associations féminines revendiquent
la nécessité de changer la loi sur l'Héritagedu fait que
le Maroc a levé toutes les réserves sur l'article de la
convention CEDAW qui prône l'égalité en matière
d'héritage .Toutefois, il importe de dire que lors des entretiens
pour la présente recherche, les interviewésn'avaient aucune
idée de l'état d'avancement et de la mise en oeuvre du contenu de
la lettre royale157(*)
daté du 10 décembre 2008 qui ordonne la levé de toutes les
réserves sur la convention CEDAW. Ainsi la présidente de
l'association Mains Solidaires pour le droit à la citoyenneté et
à la dignité, Asma Elbaghdadi explique qu' « il n'y
a jusqu'à ce jour, aucune procédure d'opérationnalisation
du contenu de la lettre royale, ni un communiqué officiel sur le
levé des réserves sur la convention CEDAW »158(*).
Les féministes universalistes mettent en avant diverses
raisons pour revendiquer le changement de la loi sur l'héritage. En
effet, la situation de la femme au Maroc a tellement changé ces
dernières années. Le changement s'est surtout opéré
au niveau du rôle de la femme dans le foyer. Elles prennent de plus en
plus de place dans la famille. Par exemple, plusieurs chefs de familles sont
des femmes, que ce soit dans le milieu rural ou dans le milieu urbain. On
estime alors qu'entre 1960 et 2000, le nombre de femmes actives est
passé de moins de 1 millions à 2,4 millions159(*). Parmi ces femmes actives,
la majorité participe aux dépenses liées aux besoins
primaires du ménage. Cette réalité contredit
l'idéologie que le principal chef de famille est l'homme. Au nord du
Maroc, beaucoup de jeunes femmes célibataires immigrent à Tanger
pourtravailler dans le domaine du textile (une de formes d'exploitation des
multinationales) dans les zones industrielles de la ville. La majorité
de ces ouvrières prennent en charge leurs familles restées
à la campagne ou dans les autres villes marginalisées160(*). En conclusion,
l'utilisation de l'Islam n'est qu'un prétexte qui justifie
l'inégalité dans la loi sur l'héritage.
IV.4. MARGINALISATION AU
FEMININ
L'observation des cas de violence des centres d'écoute
d'associations féminines oeuvrant dans la région du Nord a
révélé la tolérance de la société
envers les souffrances des femmes. Ceci montre à quel point, la
société est marquée par les traditions, souvent
très dures. L'approche de la violence basée sur le genre dans la
régionmontre qu'il existe deux approches contradictoires qui encadrent
les associations féministes islamistes et les associations
féministes universalistes. En effet, le principe de
complémentaritéqu'adoptentles féministes islamistes
entraine une approche àla violence conjugale très
particulière. Ainsi, la présidente de l'association Mawada estime
que l'unité de la famille est l'objectif primordial de l'association.
« C'est pour cette raison que l'on préfère
régler le problème de la violence conjugale en premier lieu par
un dialogue et une tentative de réconciliation entre les époux,
car notre centre est un centre d'orientation familiale. On travaille alors
pourla protection de l'unité familiale et plus particulièrement
quand celle-ci est composée d'enfants afin de les protéger de
vagabondage et de clochardisation qui sont les conséquences du
divorce.».161(*)
Alors que l'approche des associations féministes
universalistes se base sur le principe de l'égalité dans la vie
de couple. Elles mettent en avant le droit de la femme à une vie sans
violence et à la protection de sa personne contre toute forme de
violence.Il importe de rappeler que la déclaration sur
l'élimination de la violence faite à l'égard des femmes
(AGNU)162(*) de 1993
désigne dans son premier article, le terme de la violence à
l'égard des femmes, comme : « Tout acte
dirigé contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux
femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou
psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la
privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou
dans la vie privée. ». En effet, lors de l'entretien avec
la directrice du centre d'écoute de l'association Mains Solidaires et du
soutien juridique et psychologique, l'association revendiquant son statut de
mouvement féministe universaliste, celle-ci a expliqué que
« la dignité et la sécurité de la femme tant
dans la sphère publique que dans la sphère privée font
partie des droits humains fondamentaux. Ainsi, le travail au sein de notre
centre se base sur les conventions des droits humains de la femme.Les femmes
marocaines mariées, célibataires, divorcées ou veuves ont
le droit à une protection et à la justice de leur droits qui sont
garantis par la législation nationale ou par les conventions
internationales »163(*).
Le point essentiel qui encadre les travaux au sein des centres
d'écoute est la protection de la femme et la punition de l'agresseur.
Cela pose un gros problème dans l'application des lois marocaines et
plus particulièrement, dans les cas de violences conjugales164(*).La directrice du
centreCAFMAT165(*) de
l'associationARFEDEC166(*) de Tétouan,Mariam Moussa a insisté
sur «l'importancede l'approche genre dans le traitement
desinégalités dont souffrent les femmes au Nord du Maroc et
particulièrementdans la région de
Tétouan »167(*). De plus, les féministes universalistes
insistent sur le travail de la justice et de la pression qu'il faut lui mettre
pour intégrer la violence conjugale dans le code pénal
maisaussiafin de changer le texte de ce code qui discrimine au sein même
des femmes victimes de violence, ces dernières selon leur statut social.
Nous avons pu constater l'importance du réseau
« printemps de la dignité » créé par
des associations féminines du mouvement des féministes
universaliste à Rabat, pour les associations féminineslocales du
Nord.
Zakia ELBaghdadi(Mains Solidaires) a expliqué
que:« le réseau du printemps de la dignité a pour but
de changer les dispositions qui réduisent les femmes à des corps
à surveiller, et les privent de leur droit d'en disposer. Ces
dispositions sont différentes, selon que la femme est mariée ou
non, vierge ou non»168(*).Ainsi, le travail de plaidoirie est plus que
nécessaire dans le cadre du partenariat et de réseautage. Le
mouvement féministe universaliste du Nordestaussi engagé dans le
cadre du Réseau ANARUZ169(*).
Il est primordial deremarquer que la violence basée sur
le genre est devenue plusvisible pour la combattre. Nous nous devons de
souligner qu'il existe d'autres catégories de femmes
marginalisées au Maroc. Malheureusement, la loi du silence telle qu'elle
est appliquée dans la société traditionnelle, maintient
ces femmes dans l'obscurité et dans une souffrance profonde, une
souffrance silencieuse. De fait, dans une société qui se
transforme mais qui vit toujours entre la modernité et les traditions,
le célibat est mal vécu pour les femmes. C'est pourquoi,les
structures juridiques politiques et sociales de la société, ne
permettent pas à la femme célibataire, divorcée,
mère célibataire, prostituée ou femme abandonnées
d'avoir une place digne puisqu'elle n'a de véritable statut que
lorsqu'elle est mariée ou mère170(*).
En tout cas, la double marginalisation de ces femmes est le
résultat d'une structure politique et sociale créée par
l'Etat qui se désengage complètement de sa responsabilité
à l'égard de ces femmes laissées sur les bans de la
société. En effet, celui-ci féminise la pauvreté,
refuse de subvenir aux besoins fondamentaux de ces victimes d'une
société machiste. Sans oublier que l'Etat est également
responsable de l'échec de la majorité des projets de
développement mis en place par les associations en collaboration avec
des bailleurs de fonds.
La question de la professionnalisation et dufinancement des
associationsféminines au Nord du Maroc a été à
l'ordre du jour de diverses discussions avec leurs membres (responsables,
fonctionnaires, bénéficiaires). Aussi, lors des entretiens avec
les fonctionnaires et les responsables d'associations du mouvement
féministe universaliste, un sentiment dedéprime est ressenti au
vu des problèmes que rencontrent ces dernières au quotidien pour
mener à bien leurs projets.
Par ailleurs, il importe de dire que le travail de terrain de
ces associations a été « un palliatif au
désengagement de l'Etat »171(*). Cependant la tâche
est lourde pour les associations féministes. En effet, le
désengagement de l'Etat a poussé les associations
féministes à mettre en place des projets contribuant à
aider les femmes pauvres à surmonter les difficultés
financières et sociales du quotidien. Par conséquent, cet
engagement a entrainé un recul auniveau du combat de ces associations
pour la défense des femmes au niveau juridique. L'idée de mettre
la pression sur la justice pour changer les lois discriminatoires à
l'égard des femmes a été peu à peu
abandonnée. Cependant, les projets des associations ont contribué
à absorber les chômeurs diplômés
particulièrement au sein des femmes universitaires. Paradoxalement, la
nature des projets à durée déterminée sur lesquels
travaillent les jeunes diplômés n'offre à ceux-ci qu'une
phase de transition dans l'attente d'un poste au sein d'une administration
publique. Ainsi les associations ne forment pas de cadresdont le but serait de
s'investir à fond dans une association mais dans le but de renforcer au
maximum, leurs capacités institutionnelles. Donc, nous pouvons en
conclure que, les associations sont toujours en manque de ressources humaines
et de volontaires.172(*)
IV.5.PARTICIPATION LIMITEE
DANS LA GESTION LOCALE
La conquête forcée des femmes de l'espace
publique à travers une activité professionnelle et un
investissement colossal de l'espace associatif n'a pas empêché
leur exclusion perpétuée de la sphère publique. Mais, il
importe d'appuyer l'idée qui considère que la participation des
femmes à la gestion locale permet d'opérer les changements dans
le statut de celles-ci.C'est pourquoi, leurs interventions actives dans les
décisions politiques sont de plus en plus présentes. C'est bien
souvent grâce aux associations féministes locales qui ont un
rôle primordial dans cette participation que les femmes peuvent
élever leurs voix173(*). Et pourtant, nous avons pu constater à
travers nos recherches et notre terrain d'étude que la participation
politique des femmes dans la gestion des collectivités locales dans le
Nord du Maroc est encore très limitée et même quasi
inexistante.Cette triste réalité peut notamment s'expliquer par
l'enjeu de l'époque qui présente un prétextepour les
autorités mais aussi et surtout pour les partis politiques. Ainsi dans
la pensée politique marocaine, il y'a un double temps,
« le temps politique et l'époque des
femmes »174(*). Le changementdu statut des femmes n'est donc pas
une urgence. En effet, la participation politique réelle des femmes ne
tient qu'à une succession de projets et de décisions peu
importantes et sans grande influence.Il existe tout de même un
partenariat entre les politiques et les associations, plus
particulièrement avec les associations féministes locales. Une
bonne gestion locale prend en considération trois principes : le
genre, l'associatif local et politique publique.L'entréedes femmes dans
une citoyenneté à part entière se jouealors en premier
lieu, dans une dimension locale dans la mesure où
« l'inclusion par le bas à travers la participation locale
met en lumière, l'importance de cet espace où les femmes sortent
effectivement de la sphère domestique pour se frayer un passage entre la
sphère productive, la sphère reproductive et les associations
volontaires de la société civile »175(*) .
Ce que nous pouvons ajouter est que les associations
féministes marocaines (universalistes et islamistes) dans le nordsont
confrontées au constat d'une trop grande absence de femmes au sein de la
vie politique et de la gestion des collectivités locales de la
région.
En effet,les études et les enquêtes menées
auprès des femmes176(*) ont montré que les rapports de genre et les
inégalités dans la sphère privée ne laissent pas
place à l'inclusionde femmes au sein dela vie politique et dans la
gestion des communes. Voilà, encore, une contradiction de la
référence entre les universalistes et les particularistes
(islamistes).
Cette contradiction agit sur le déséquilibre des
rapports de genre dans la vie politique. Toutefois,le slogan « le
privé est politique »177(*) a pour but une démocratisation dans la
sphère privée pour atteindre une démocratisation dans la
sphère publique. Ainsi, l'inégalité entre les époux
au sein de la famille ou du couple renvoie l'image d'une
inégalité entre les sexes au sein de la société
marocaine. Effectivement, le déséquilibre vient de ce double sens
d'un même discours destiné à la femme.
Par exemple, beaucoup d'islamistes dissocient la sphère
publique de la sphère privée et considèrent que la famille
doit se baser sur le principe de complémentarité et non sur celui
de l'égalité. Tandis que les universalistessont partagés
entre deux opinions, l'une qui met en avant que le moment actuel n'est pas le
moment propice pourla participation des femmes puisque les élections
sont encore truquées. Ils seraient donc plus sensibles à un
boycott des élections.
Ensuite, la seconde opinion qui suit plutôt la voie du
« Silencesur la religion, silence sur les orientations en
matière de genre ». Entre le silence des universalistes
et le discours religieux des islamistes, les résultats des
élections communales révèlent encore une faible
représentation de femmes aux collectivités locales. De plus,
selon une publication de l'association ADFM178(*), les partis politiques n'ont pas respecté
leurs engagements tantau niveau des campagnes électorales qu'au niveau
des candidatures « le scrutin du 12 septembre 2003 à a
été marqué par le caractère masculin de la
démocratie marocaine »179(*).
Aussi, la forte présence des mouvements islamistes au
Nord et la culture patriarcale répandueécarte la participation
féminine à la vie politique. Celle-ci reste encore loin des
priorités.En effet, les inégalités sociales et
économiques et plus particulièrement la féminisation de la
pauvreté fait encore de la sensibilisation aux droits humains de la
femme un défi majeur.De plus, la mentalité patriarcale ne va pas
céder facilement à une participation féminine dans la
gestion des collectivités locales. Ils refusent que la femme puisse
avoir une responsabilité sur la gestion locale car ce droit donnera
l'occasion aux femmes d'aménager une sphère publique moins
agressive et moins violente envers elles180(*).
En conclusion, le combat n'est pas encore gagné car la
société marocaine est encore ancrée de pratiques et de
mentalités machistes, pour ne pas dire archaïques.
Après l'analyse des différentes formes de
violences et de marginalisations que subissent les femmes dans le Nord du
Maroc, notre recherche approchera dans le chapitre suivant, les actions
collectives des mouvements féministes modernistes et les mobilisations
féminines. Nous y présentons également,les enjeux d'une
réelle intégration des femmes au Nord du Maroc.Toutes fois cette
analyse va conduire l'étude à approcher l'existence d'un
féminisme d'Etat, certes mais aussi d'un féminisme islamiste. Le
dernier chapitre tentera alors, d'approcher l'hypothèse de la recherche
en répondantaux questions suivantes :
Comment se construisent les rapports d'alliance ou
d'opposition entre le féminisme d'Etat et le féminisme islamiste,
au point qu'on puisse affirmer l'existence d'un féminisme islamiste
d'Etat ?
Est ce que le féminisme universaliste est pris au
piège lorsqu'il revendique les droits de la femme à partir du
champ religieux au point qu'il risque de s'éloigner de son
référentiel qui a été la base deson
émergence et de sa lutte ?
Et enfin, comment le pouvoir politico-religieux oriente les
rapports d'alliance entre les trois composants du féminisme
marocain ?
V.CHAPITRE IV : SEGMENTATION DU FEMINISME MAROCAIN
« Je ne rêve
pas d'un monde où la religion n'aurait plus de place, mais d'un monde
où le besoin de spiritualité serait dissocié du besoin
d'appartenance. Séparer l'Eglise de l'Etat ne suffit plus ; tout
aussi important serait de séparer le religieux
de l'identitaire. »
Amine Maalouf dans les identités meurtrières
Dans le chapitre suivant, nous analysons, à travers une
réflexion personnelle,les débats agités et parfois
conflictuels que vit le féminisme Marocain. Cependant, dans ce monde
caractérisé par un conflit civilisateur et de guerre où
chacun cherche à se protéger d'un danger inconnu, est-il logique
de se demander à quelles identités les féministes
appartiennent ?
V.1. EMERGENCE DU MOUVEMENT
FEMINISTE ISLAMISTE
Le concept « féminisme islamiste »
peut désigner tout mouvement social qui travaille sur la condition
féminine en tenant compte des références islamiques.Ce
mouvement peut se faire entendre à travers des associations
féminines,des groupes de recherches, des associations de
développement, des associations de quartiers, des réseaux sociaux
et des forums de discussions. Le féminisme islamiste adopte la
référence islamique pour traiter les problèmes liés
à l'exclusion de la femme et les inégalités des rapports
entre les hommes et les femmes dans le contexte du terrain d'étude.On
confond souvent ce concept avec celui de « féminisme
islamique » qui, lui, renvoi à un mouvement adopté par
des féministes musulmanes, certes, mais qui ont comme
référence la charte universelle des droits humains. Ce mouvement
peut être constitué de femmes de différentes
appartenancespolitiques, philosophiques, sociales ou culturelles.
Ainsi, la distinction est claire entre féminisme
islamiste et féminisme islamique. Le premier est un courant social,
politique et culturel qui se base sur la religion islamique et en fait son
idéologie, notamment dans le domaine de la politique. Tandis que le
deuxième est composé de membres musulmans mais qui
n'intègrent pas forcément la religion dans leurs actions et dans
leurs politiques.Le mouvement féministe islamique ou musulman est ancien
par contre le féminisme islamiste a émergé à la fin
des années 1990 et va connaitre une expansion mondiale à partir
de 2005181(*).
V.1.1.Naissance du
mouvement féministe islamiste
En effet, le féminisme islamique est apparu pour la
première fois dans les écrits de féministes iraniennes
à partir de 1990. Dans le milieu intellectuel et universitaire iranien,
des travaux ont été entamés pour prouver les droits
délégués aux femmes par l'Islam.Ces travaux ont
interpelé l'importance de l'utilisation de l'instrument
« ijtihad 182(*)» pour interpréter les textes religieux
en faveur des droits de la femme.
Ainsi, est né le « féminisme
islamique » en tant que mouvement intellectuel en Iran à
travers la publication de ses travaux dans la revue
«ZÂNAN » (les femmes) crée en 1992. En
effet, la sociologue Ziba Mir-Hosseini publie une étudedu débat
entamé sur la question du genre entre les théologiens183(*).
A travers la religion alors, les féministes islamiques
d'Iran contestent les politiques discriminatoires pratiquées par l'Etat
islamique et au nom de l'Islam envers les femmes. Elles revendiquent une
conciliation entre l'islam et la démocratie (KIAN-THIEBAUT, 2002, 284).
Le féminisme islamique comme courant intellectuel a
connu son extension grâce auxtravaux d'Amina Wadud, une intellectuelle
afro-américaine convertie à l'Islam en 1972, avec son livre
« le Coran et la femme » en 1992.
Dix ans plus tard, Asmae Barles, une Américaine
d'origine Pakistanaise publie son livre « Femmes croyantes" dans
l'Islam : Déconstruire les interprétations patriarcales du
Coran »184(*).
Ce livre a également comme but de défendre les droits de la
femme à travers le Coran.
Aussi, il faut souligner que le féminisme islamique a
émergé également en Malaisie avec le mouvement
féminin « Sisters of islam ». Ce mouvement avait
pour but de contrer l'hégémonie des lois islamiques basées
sur la discrimination à l'encontre les femmes.A l'inverse des deux
exemples précédents, ce mouvement n'a de féministe
islamique que le nom. En étudiant leurs actions, on peut se rendre
compte qu'on peut qualifier les « Sisters of Islam » de
féministe islamiste.En effet, le mouvement se penche sur les textes
religieux pour les interpréter en faveur des droits des femmes.
L'apparition du féminisme islamiste en Occident et
surtout en Europe de l'Ouest a émergé récemment au seindes
nouvelles générations des communautés musulmanes.Ces
dernières vivent dans une nouvelle réalité marquée
par la contribution des femmes au revenu familiale et au partage des
décisions et des responsabilités à l'intérieur de
la sphère privée.
Cette nouvelle réalité pousse les intellectuels,
les femmes instruites etles hommes à chercher dans l'Islam, des textes
qui soient compatibles avec l'égalité que vivent en
réalitéces personnes-là, partagés entre deux
cultures. La grande contradiction constatée est que ces textes
n'existent pas, ni même dans l'interprétation des
oulémas185(*) du
Coran et des hadiths et pourtant les gens continuent de vivre dans
l'égalité hommes, femmes tout en continuant à pratiquer
l'Islam.
Il est important de noter que l'existence des
différents courants de doctrines islamiques engendre la naissance
deplusieurs mouvements de féminisme islamique suivants les doctrines
auxquels ils appartiennent. Ces doctrines sont adoptées par les
protagonistes en Occident. Le féminisme islamique en Occident est alors
encadré parau moins trois courants sont :les Wahabites, les
salafistes et les traditionalistes186(*).
V.1.2. Apparition du
mouvement Féministe islamiste au Maroc
Depuis les années 80, les travaux de Fatima
Mernissi187(*)ont pour
but d'analyser les textes religieux afin de montrer que la situation
arriérée des femmes marocaines n'est pas dû à
l'Islam, mais surement à une interprétation patriarcale du Coran
et des Hadiths188(*).
Dans le contexte marocain, et particulièrement sur le
terrain de la présente recherche, le féminisme islamiste a
intégré la scène associative au Nord du Maroc à
travers les actions menées par des associations de quartiers. La
majorité d'entre elles ont émergé à travers
l'exécution des projets de développement destinés aux
femmes habitants les quartiers défavorisés des villes du Nord du
Maroc.
De manière officielle, ces associations ne travaillent
que dans le but de socialiser, d'instruire les femmes
défavorisées. Et ce, par exemple, à travers des cours
d'alphabétisation et des ateliers de formation professionnelle. Ces
projets sont financés par des bailleurs de fonds principalement
espagnols(AECI189(*) et
fondation CODESPA190(*)).
On retient donc que les associations porteuses de ces projets
sont des associations de quartiers mais toujours avec une
référence islamique.
En effet, les cours d'alphabétisation se
déroulent autour de la lecture et de l'apprentissage du Coran. On
inculque aux femmes les principes religieux et le comportement à adopter
afin d'être de bonnes musulmanes. (Qui porte le voile, qui veille
à protéger l'unité familiale, celle qui est une bonne
épouse obéissante et une mère idéale qui se
sacrifice pour ses enfants. La femme valorisée est la femme activedans
la sphère privée)191(*).
Ainsi, émerge un courant islamiste dans la
société civile marocaine, encouragé et soutenu par le
parti islamiste légale (PJD) et le mouvement islamique « Adel
wa- Al-Ihssan192(*) ». Ce dernier a une forte présence
sur le terrain mais est interdit officiellement.
V.1.2.1.Le mouvement féministe islamiste
marqué par l'année 2000
L'année 2000 est une année forte pour le
mouvement féministe islamiste.En effet, cette année-là,
comme expliqué dans le chapitre deux, le mouvement a pris une ampleur
inattendue. Le 12 mars 2000, à l'occasion de la journée des
femmes fêtée quatre jours plus tôt, une grande marche a
été organisée à Rabat en faveur de l'adoptiondu
PANIFD193(*).Cette
marche a été mise en place par les associations appartenant au
courant féministe universaliste, elle coïncidait avec l'adoption du
PANIFD par le gouvernement marocainen faveur des droits de la femme.
En parallèle, à Casablanca, une autre marche a
lieue. Mais celle-ci, à l'inverse de la marche de Rabat, est contre
l'adoption du PANIFD, notamment à cause de la composante juridique de ce
plan car selon, ses manifestants, celle-ci déforme les textes
religieux.Cette initiative vient des associations du mouvement féministe
islamiste. Cette marche a mobilisé énormément de monde,
plus que ce que le gouvernement avait prévu.
Face à un tel dilemme, le gouvernement a
décidé de faire appel au roi pour arbitrer la situation. Ce
dernier a décidé de séparer la composante juridique du
PANIFD et de constituer une commission royale chargée de la
réforme du code de statut personnel (la composante juridique). En 2004,
est né le code de la famille tel qu'expliqué dans le chapitre
précédent.
Ce qui est frappant, c'est que la commission royale n'a
finalement pas apporté de grands changements à la composante
juridique du PANIFD. Et pourtant, elle était en grande partie
composée de membres du mouvement islamistes et conservateurs. On
pourrait se demander pourquoi avoir fait un tel chahut si au final, ils ont
eux-mêmes gardés les principales idées de la composante
juridique. Est-ce par stratégie politique ? Est-ce pour avoir une
idée de l'ampleur du nombre de leurs partisans ? Ces
questionnements sont plus que légitimes quand on sait qu'ils
préparaient les élections politiques 2002.
Ainsi, le féminisme islamique connu en tant que
féminisme islamiste vu sa référence religieuse et sa
participation au sein de partis politiques gagne du terrain et se
présente comme une alternative au féminisme universaliste sur la
scène associative du Nord du Maroc.
En conclusion, nous pouvons dire que l'année 2000a
marqué un tournant majeur au sein d'organisations islamistes commele
mouvementjustice et bienfaisance etle parti de la justice et du
développement, (PJD). Effectivement, celles-ci, s'engagèrent
publiquement sur la « question féminine en
défilant dans la capitale économique du Pays(EDDOUADA et
PEPICELLI, 2010).Ensuite, cette année-là,a fait sortir les
associations islamistes de l'ombre.
Ce qui est marquant dans la naissance et la montée des
mouvements féministes islamistes au Maroc, c'est que contrairement
à l'Iran, le Pakistan ou même l'Occident,l'émergence de ce
mouvement a été réalisée sur le terrain. Autrement
dis, par le baset pas au niveau des universitaires et intellectuels. Cette
réalitéa été constatée lors de nos
entretiens.
Ainsi, lors de l'entretien avec la présidente de
l'association « Mawadda pour le développement de la femme
et la protection de la famille » Latifa Bousaid,à la
question suivante : «Est-ce que vous connaissez le féminisme
islamiste ou islamique ? » a
répondu: « Je n'en ai jamais entendu parler, nous
travaillons avec la référence islamique, mais je n'ai jamais
entendu parler d'une quelconque émergence dece féminisme
».
Surprises de sa réponse car cette association fait
partie officiellement des mouvements féministes islamistes, nous avons
tenté d'éclaircir notre question à travers la
réflexion suivante : «Le « Forum Fatima
Zahrae » de Rabat dont fait partie votre association Mawadda
travaille en réseautage national dans le but d'étendre
nationalement le féminisme islamiste. L'une de ses fondatrices,Asmae
Merabet est même présidente du réseau international
GIERFI194(*) dont le
combat est d'imposer une troisième voie basée sur des valeurs
islamiques tout en tenant comptede la référence universelle des
droits humains de la femme».
La présidente de l'association Mawadda n'avait pas
l'air de comprendre. Est-ce par stratégieou pouvons-nous en
déduire que les motivations desdécisions prises par les
intellectuels du pôle marocain (Rabat et Casablanca) ne sont pas celles
des petites associations locales ?
En effet, Latifa Bousaid, nous a réponduqu'elle n'avait
jamais entendu parler du mouvement islamiste. Cet entretien nous a permis de
constaterqu'au Nord du Maroc, comme dans d'autres régions
(horsCasablanca-Rabat), le travail se fait directement sur le terrain, et le
débat intellectuel est laissé aux leaderships, qui pour la plus
part, sont installés dans la capitale ou à Casablanca. Force est
donc, de constater que l'idéologie est encore loin d'être
généralisée. En effet, même si le travail est le
même partout, les motivations ne le sont sans doute pas.Cependant, au
niveau de la pratique, les idées des féministes islamistes sont
largement diffusées sur tout le territoire marocain.
Les recherches précédentes, nous ont permis de
prendre connaissance de la base théorique du féminisme
islamistequi se résume en l'invention d'une troisième voie.
V.1.4. Troisième
voie du féminisme islamiste
Selon Asma Lamrabet195(*), qui représente le féminisme islamiste
au Maroc, le mouvement a adopté une troisième voie, celle-ci est
bien plus nuancée que les principesdu féminisme universalisteet
que la perception islamique traditionnelle des droits de la
femme. « Ce féminisme islamique se présente
donc comme une alternative entre une option religieuse traditionaliste rigide
et un mimétisme aveugle du modèle occidental érigé
comme unique voie de libération possible et imaginable. C'est entre ces
deux voies qu'il a fallu trouver une troisième, à même, de
concilier les privilèges et les acquis de l'un et de
l'autre»196(*).
Pourtant, cette troisième voie a été à
plusieurs reprises dérivée vers une approche basée sur le
référentiel uniquement religieux.
En effet, les observations directes et participatives
accumulées lors de montravail sur le terrain etl'analyse de l'approche
que prônentles centres d'écoute pour les femmes victimes de
violence (la majorité est victime de violence conjugale), ont pu montrer
que l'approche appropriée par ces centres varie selon la vision des
responsables et leurs appartenances politiques.
De plus, comme expliqué dans le chapitre
précédent, les associations islamistes adoptent l'approche qui a
pour objectif l'unité de la famille et ce quelque soit, la
gravité de la situation. Selon cette vision, la priorité est
donnée à une réconciliation entre l'agresseur
(l'époux) et la victime (l'épouse). La punition et la
criminalisation de la violence conjugale ne sont donc pas au premier plan.
Forceestde constater que malgré les discours tenus par
ces centres, leur combat quotidien rejoint celui des féministes
islamistes.Leur visionestconstruitesur le principe de
« complémentarité » entre les hommes et les
femmes et pas sur le principe de l'égalité197(*). Par ailleurs, l'instrument
IJTIHAD198(*) reste
très restreint car plusieurs islamistes insistent sur la nature
sacrée de quelques versets coraniques comme celui sur
l'héritage.L'ORCF, rapporte « Nous n'acceptons pas une
lecture moderne mais une lecture correcte qui respecte notre
référence islamique etl'identité de notre
société »199(*)selon la charte de l'organisation renouvellement
de la conscience féminine.
L'analyse des objectifs du féminisme islamiste nous a
conduits à nous poser des questions sur leur vision desthéories
fondamentales du féminisme universaliste.Comment le mouvement
féministe universaliste perçoit les problématiques de la
société marocaine ? Est-ce de la même manière
que les féministes islamistes ?
Prenons comme exemple,la dichotomiedans le domaine du
privée/publique. Le féminisme islamiste marocain doit encore
répondre à une question importante dans la démocratisation
de la société : « l'inégalité au
sein de la famille est-elle compatible avec la démocratie dans la
sphère publique ? »200(*).Ainsi, la visibilité
des femmes dans la sphère publique en tant que participantes au sein des
associations caritatives est très forte. Mais, en tant que citoyennes
à part entière, la participation des femmes dans la sphère
publique est peu marquée, pour ne pas dire, inexistante.
Le féminisme islamiste prône la
complémentarité au sein de la sphère privée et
rejette toute égalité homme-femme au sein de celle-ci. Il est
important de retenir que par
« complémentarité », les adeptes du mouvement
pensent hiérarchie au sein du couple avec l'homme comme maître
à bord et garant de son foyer. À l'inverse, les
universalités prônent l'égalité autant au sein de la
sphère privée que dans la sphère publique. C'est à
partir du slogan « le privé est politique »
revendiqué par les féministes universalistes que le
progrès de la condition des femmes a pu être
réalisé. Ces progrès se sont fait ressentir au niveau de
l'adoption du Code de la famille, au niveau du droit de vote des femmes,
etc.
En conclusion et selon des féministes islamistes
européennes, le féminisme islamique est «un
féminisme à l'intérieur du « féminisme»
et qui part d'une appartenance religieuse pour arriver à des principes
universels »201(*). Cela explique donc pourquoi le féminisme
islamiste n'a de féminisme que le nom et n'est pas un mouvement
féministe comme on pourrait le définir en Occident.
V.2. REPERTOIRE D'ACTIONS
DES FEMINISTES ENTRE UNIVERSALISME ET ISLAMISME
Au cours de nos recherches et surtout lors de notre
étude de terrain, nous avons pu constater que dans la région du
norddu Maroc, il y a une forte présence de deux courants de
féminisme marocain, ces deux derniers sont totalement différents
l'un de l'autre. En effet,l'approche des problèmes sociaux,
économiques, juridiques et culturels des femmes se fait de
manière différente selon le courant.
Pour rappel, dans les faits, le premier mouvement a pour
objectif de se baser sur les textes religieux, tandis que le second a pour seul
référence, les textes universels des droits de l'Homme
malgré qu'ils prétendent l'un et l'autre avoir comme
référence la religion et les textes universels.
Le peuple marocain est en grande partie partagé entre
les deux courants et ces derniers semblent cohabiter parfaitement ensemble,
voire même être complémentaires. Toutefois, malgré
des apparences de paix et même d'une coordination entre les deux
courants, leurs rapports sont continuellement et quotidiennement en opposition.
Et parfois même, en confrontation quipeut se manifester par une guerre
froide et silencieuse. Par exemple, à Larache, ville à forte
activité associative, les courants sont souvent en opposition. Ils
doivent même faire face à des débats et à des
conflits pouvantaller jusqu'à la destruction dutravail associatif.Aussi,
les réponses données par les responsables des associations
féminines par rapport au travail de coordination et de réseautage
local sont plus que décevantes.
Par conséquent, lors de l'entretien avec la directrice
du centre d'écoute (Mains Solidaires) de Larache, cette dernière
a expliqué « Malgré que l'association organise des
activités auxquelles sont invitées toutes les associations
travaillant avec les femmeset ce, quelque soit leur référence, la
coordination ne va pas plus loin quela simple présence aux
activités. En plus, au sujet du travail quotidien, il y a une
contradiction de visions des associations vis-à-vis des
différents problèmes dont doit faire face une association. Par
exemple, pour la violence conjugale, selon le courant auquel appartient
l'association, le problème est traité différemment. Nous
pouvons donc dire qu'en pratique il n'y a pas
decoordination »202(*).
Cette divergence pose un gros problème d'orientation
pour les femmes, allant même jusqu'à une déstabilisation
pour elles, et plus particulièrement, chez les femmes victimes de
violence. Par exemple, cette problématique sera abordée de
manière totalement différente en fonction du mouvement auquel
s'adresse la femme violentée. Les membres du mouvement universaliste
tenteront de déculpabiliser la femme quant à l'acte commis et sur
l'utilité de dénoncer l'acte de violence. Leur
préoccupation majeure est la sécurité de la femme. Alors
que les membres du mouvement islamiste auront tendance à directement
tenter une réconciliation au sein du couple. Leur préoccupation
majeure est à l'inverse des universalistes, de préserver une
unité familiale alors que le rôle des centres est censé
être de protéger les victimes des menaces de l'agresseur (le
mari), qui doit être jugé.
L'observation des divergences au sein des actions des
mouvements féminins marocains nous conduit à constater que
la multiplicité des actions ne joue pas en faveur de l'unité du
mouvement féministe marocain.
« La segmentation du mouvement féministe
au Nord du Maroc, n'est pas due uniquement au problème du
référentiel entre les universalistes et les islamistes mais
aussi, à une aliénation politique au sein même des
universalistes »203(*).
L'échec des expériences de réseautage et
de partenariat témoigne de la densité des conflits
idéologiques qui détruisent l'unité et même
l'identité du féminisme marocain comme un mouvement social selon
la conceptualisationde Touraine204(*).En effet, l'obsession idéologique peut
détruire l'unité du féminisme marocain, et nuire à
son identité commune. Force est de constater que le féminisme
universaliste perdra de vue le véritable adversaire et le meilleur
allié. Ainsi, au printemps 2000, « les alliances contre le
PANIFD étaient marquées par une contradiction de
référentiel, mais étaient unifiées sur le but de
préserver les traditions d'une société
patriarcale »205(*).Cependant, nous ne nous attarderons pas sur les
autres causes de ces divergences car ce n'est pas le but de cette
présente recherche.
En conclusion, ces conflits ont produit une segmentation du
féminisme marocainalors que les universalistes venaient à peine
de construire une identité propre, indépendamment des partis
politiques et de toute autre institution étatique ou religieuse. Il est
également important de noter pour la suite de la présente
recherche que les changements de lois, (code de la famille, levé des
réserves sur CEDAW, la loi sur la nationalité, une loi contre le
harcèlement sexuel) ainsi que lespolitiques publiques d'Etat
basées sur l'approche genre ont pu créer une relation de
réciprocité entre les tendances du féministe et l'Etat.
De ce fait, cela a permis la renaissance du féminisme
d'Etat déjà inauguré la veille de l'indépendance
par le code du statut personnel visant à instaurer l'autorité du
Makhzenà travers la cellule familiale.
V.3.FEMINISTES CONTRE
L'ETAT... NAISSANCE D'UN FEMINISME D'ETAT...
Durant la période de 1965 à 1985, les questions
de la condition féminine vivaient dans un long hiver comme aime tant le
dire, Zakya Daoud.
Cependant, le féminisme marocain connaîtra un
événement remarquable à partir de 1985, cette
période est fortement marquée par des luttes féministes
majoritairement de gauche et qui viennent de se libérer de la tutelle
directe des partis politiques.
Les confrontations avec les autorités marocaines ont
donné au féminisme marocain, le caractère d'un mouvement
social uni avec une identité et un répertoire de contestations
certes, mais aussi d'un mouvement revendicateur, créateur
d'activités et de mobilisations au niveau local, national et
international.
Ces confrontations ont lieu car « cette perspective
dérange de manière frontale non seulement les valeurs
traditionnelles mais aussi les segmentations entretenues par la
modernité, spécialement celles qui séparent sphère
publique et sphère privée ». à
chercher ????
À cette époque, le mouvement féministe se
présente en tant que porteur d'un projet social moderne. La
société change, les femmes se dévoilent, le mouvement
symbolise la libération de la femme.Les oeuvres écrites
féministes se développent (journal 8 mars- Revue Kalima-
...), l'action féministe devient alors un militantisme politique
s'opposant au régime.
Nous avons constaté, comme dis
précédemment, que les féministes sont toutes issues de
partis de gauche qui représentent la seule opposition politique à
cette époque.Malgré tout,l'Etat continue de jouer son rôle
de garant de la monarchie basée sur la religion. Le régime est le
conservateur du code de la famille, inspiré de la jurisprudence
islamique.
Toutefois, il faut impérativement souligner que
l'arrivée du roi Mohammed VI représente l'engagement de l'Etat
dans les problèmes sociaux et juridiques et dans l'adoption d'une
approche genre dans les politiques publiques.
Force est de constater qu'un Féminisme d'Etat
prendplace au sein de la mosaïque politique de la monarchie. Celle-ci se
retrouve malgré elle, dans l'obligation de s'engager dans le processus
de développement de la femme, et ce à l'échelle nationale
mais aussi, internationale.
V.3.1.En guise de
définition...
Le « Féminisme d'Etat » fut
l'objet de recherches dès le début des années 90.
Cependant, celui-ci, reste encore un domaine nouveau et renvoi à des
définitions multiples206(*)
Il importe de souligner que le « féminisme
d'Etat » a d'abord été étudié aux Etats
unis sous l'appellation : «State feminisms » par
Dorothy Stetson et Amy Mazur (THEBAUT, 2005), avant d'intégrer les
recherches en Europe, principalement en France.
Pouvons-nous faire un lien entre la démocratie et le
féminisme d'Etat ? Fort probablement que oui. Si on se penche sur
l'application de sa théorie, le féminisme d'Etat a
été fortement présent dans certains pays
démocratiques. En effet, le terme a été utilisé et
surtout appliqué au départ dans les pays scandinaves, au Canada
et en Australie, au sein des politiques nationales concernant les
femmes.207(*)
Si nous faisons un lien entre la démocratie et
l'adoption du féminisme d'Etat, pouvons-nous alors en
déduire que le Maroc est un pays démocratique depuis qu'y est
installé, un féminisme d'Etat ? Ou encore, le Maroc
est-il un état démocratique de par son féminisme d'Etat
mais à sa manière, qui n'est sans doute pas celle de la vision
occidentale ?
Force est de constater alors, la difficulté
d'étudier la notion d'un féminisme d'Etat dans un pays comme le
Maroc, qui oscille encore entre une démocratisation réelle et un
trompe-l'oeil de démocratie.
Ce qui est surtout important à retenir est que le
féminisme d'Etat désigne les politiques publiques entreprises par
les autorités en faveur de l'amélioration de la condition
féminine. Or, le terme Féminisme d'Etat peut engendrer des
ambiguïtés dans un pays comme le Maroc, vu qu'il comprend deux
termes pouvant être contradictoires si on conçoit le
féminisme comme un concept qui renvoi à un mouvement social
contestataire des politiques publiques mises en place par l'Etat.
Le terme prend sans doute sa place dans des pays
démocratiques où l'Etat « fonctionne sur la base de
la cohérence avec les demandes sociales »208(*).
Devant cette ambiguïté, les féministes
américaines et australiennesont inventéle concept de
« Fémocrates » afin de désigner les
militantes féministes qui luttent à l'intérieur même
de l'Etat en faveur des revendications des femmes. « Tout en
travaillant dans et pour l'État, elles ont pu chercher à remettre
radicalement en cause la structure inégale des rapports de genre, y
compris - et en premier lieu peut être- tels qu'ils s'incarnent dans les
discours et pratiques de l'État »209(*). Or, auMaroc, peu de femme
sont représentées au sein de l'Etat. Et pour la faible
élite de femmes représentées, seuls les postes peu
décisives leur sont accordés. Cela signifie donc que le concept
« fémocrates » est loin d'être
opérationnel au Maroc.
Le Féminisme d'Etat aurait pu se présenter comme
un allié des féministes revendiquant la modernisation de la
société et l'égalité entre les hommes et les femmes
à travers le PANIFD210(*).
Par conséquent, le féminisme d'Etat marocain
n'est pas comparable à celui que l'on retrouve en Occident car le
gouvernement marocain cherche à contrôler les mouvements sociaux,
et particulièrement le mouvement féministe qui se positionne
parmi le mouvement le plus contestataire et revendicateur à
côté du mouvement des chômeurs diplômés.
Toutefois, un tel contrôle limite la libertédes
demandes sociales réclamant une révolution contre la structure
patriarcale sur laquelle s'est construite, le fondement du régime de la
monarchie.
V.3.2.L'institutionnalisation du féminisme
d'Etat
L'Etat marocain par l'institutionnalisation de la question
de la femme seprésente en tant que« promoteur le plus
efficace des droits des femmes »211(*). Ainsi, plusieurs
départements ministériels, hauts conseils et stratégies
adoptés par le gouvernement particulièrement, sous le roi
Mohammed VI, témoignent d'une volonté du régime, de
domestiquer les acteurs de la société civile tout en s'accaparant
leurs projets sociaux. Aussi, les mobilisations sociales pour changer le code
de la famille, les débats ouverts ont fait surgir des conflits et
même des confrontations entre les conservateurs et les modernistes.
Ces confrontations dans la société civile entre
1999 et 2003 auraient pu atteindre une avancée à travers un
changement plus moderne s'il n'y avait pas eu l'intervention de l'arbitrage
royal suite à l'échec du gouvernement à faire passer son
projet du PANIFD. Force est deconfirmerle pouvoir spirituel, religieux et
politique de la monarchie à travers ladomination des hommes sur les
femmes dans la société marocaine.
V.3.3.Réforme du
secteur religieux et institutionnalisation d'approche genre
Le 16 mai 2003, des attentats terroristes secouent Casablanca.
Ces événements ne vont pas rester sans conséquences et
sans changements politiques. Le changement le plus important est
l'accélération de réformes majeures dans le champ
religieux. Le roi Mohammed VI voit dans ces attentats une réelle menace
àla monarchie marocaine.
Ceci s'explique par la montée de l'intégrisme
islamiste au Maroc qui émanerait de nombreux
« Oulemas » formés à l'extérieur du
Maroc et surtout en Arabie Saoudite qui adopte la doctrine Wahabite,
jugée très fondamentaliste et traditionnelle. Ainsi, la
réforme du champ religieux va intégrer les femmes pour la
première fois dans l'histoire du Maroc dans « un champ
exclusivement masculin ».212(*)De ce fait, deux projets majeurs ont marqué
l'ère du Féminisme d'Etat du roi Mohammed VI : le
premier concerne toujours le champ religieux qui prévoit la
féminisationdes mosquées du royaume, en désignant des
morchidates213(*) dans
le but d'animer des séances d'information et d'enseignement en faveur
des femmes qui viennent aux mosquées. Même au sein de ce projet,
existait encore une discrimination.
En effet, une Fatwa214(*)duconseil supérieur des oulemas du Maroc a
interdit à ces morchidates d'exercer en tant qu'imams (présider
les prières). « Or le décret qui régitles
conditions de contractualisation de certains mission religieuses, celles
d'Imams ou des mourchidines et mourchidatesne contient aucune disposition
interdisant l'accès des femmes à la fonction
d'imam ! »215(*) .
Le second projet est de nommer des ministères
chargés de la condition féminine et d'adopter des lois visant
à intégrer l'approche genre (En 2000, a été
créé un ministère délégué,
chargé de la condition féminine, de la famille, de l'enfance et
de l'intégration des personnes handicapées. La première
loi de finance intégrant l'approche genre a
étéadoptée en 2006 ; le 30 mai 2008, est né,
le lancement de TAMKINE « programme multisectoriel de lutte
contre les violences fondées sur le genre par l'autonomisation des
femmes et des filles au Maroc »)216(*).
V.4.POUVOIR
POLITICO-RELIGIEUX BASÉ SUR L'EXCLUSION FEMININE
Au Maroc, la transition d'une société des
communautés à une société souveraine est
caractérisée par uneoscillation entre la modernité et la
tradition. Pourtant, le plus marquant dans cette période de transition
est le débat politisé sur le code de la famille.Ainsi, pour
éviter toute anomie, un retour à la religion patriarcale est la
seule solution217(*).
Dans le but d'apporter une réponse à notre
hypothèse de départ, il importe d'approcher les fondements du
régime marocain. Pour cela, il est primordial de comprendre les
interactions entre le pouvoir politique et la religion d'une part et les formes
d'exclusion des femmes dans les sphères privée et publique
d'autre part. Comme a été développé dans le second
chapitre, à la veille de l'indépendance, le Maroc a
élaboré le code de statut personnel comme l'un des projets
prioritaires pour la souveraineté. Le rapprochement entre la
stabilité du régime et la stabilité de la famille dans
leMaroc indépendant a été officiellement instauré
à travers le code du statut personnel. Autrement dit, la base de la
société marocaine comme toute société arabe est la
cellule de la famille. Néanmoins, les femmes marocaines subirent un
grand choc à l'époque de l'indépendance. Alors que
celles-ci ont toujours été actives au sein de la
société marocaine à travers leurs participations à
la résistance aux côtés des hommes, à la veille de
l'indépendance, elles ont été contraintesde retourner au
foyer et n'ont plus eu le droit de participer à la vie politique.
En conséquence, les pouvoirs politiques et religieux
représentés par le nationaliste Allal Fassitémoignent de
la réalité que la femme est dores et déjà exclue de
la sphère publique, espace libéré et par les hommes, et
par les femmes. Ainsi, selon la vision royale marocaine, la stabilité
politique passe parune stabilité sexuée218(*) . Aussi, le maintien de
l'indépendance et la souveraineté nationale passe par le
rôle de la femme dans la famille. Ce rôle se limite dans le devoir
d'éduquer les enfants et dans l'obéissance au mari, chef de la
famille selon le CSP élaboré par les nationalistes à la
veille de l'indépendance.Actuellement, la famille demeure toujours
« un élément centrale à l'identité
politique »219(*). La monarchie marocaine se base sur ce constat,
certes mais aussi sur le lien de parenté qui garde les mêmes
relations de lignages depuis les tribus (patrilinéaires).Ainsi, l'Etat
national n'a pas construitune vision del'inclusion des femmes de la
citoyenneté féminine.
V.4.1.Les bases de la
monarchie marocaine
Le fondement du régime de la monarchie se construit sur
une conception de la démocratie assez particulière. En effet,
pour Mohammed V, fondateur de la monarchie moderne, la démocratie est
« celle qu'on ne va pas importer de l'occident comme une
marchandise importée malgré ses défauts. Notre
démocratie est celle que nous inspire notre réalité, nos
valeurs spirituelles et les principesde notre
religion »220(*).Dès lors, le référentiel
religieux a été utilisé comme fondement de l'Etat et
d'organisation des rapports sociaux.
Par conséquent, la nature d'un tel Etat se
caractérise par l'autoritarisme221(*), dont le roi tient à la fois, le pouvoir
religieux, en tant que « commandeur des croyants », et
à la fois, le pouvoir politique en tant que
« arbitre » dans les conflits sociaux, économiques,
juridiques, ou politiques. Autrement dit, ce pouvoir d'arbitrage est garanti au
roi par la constitution depuis 1962222(*), etl'est toujours par la nouvelle constitution de
2011223(*). Cependant,
si la société marocaine est marquée par la religion et les
traditions, force est de constater que le pouvoir dominant du roi est celui de
commandeur des croyants, (Amir Almoumenine).Dans un tel régime, imaginer
une citoyenneté a part entière pour les femmes ne serait
qu'illusion. Nous ne pouvons que constater que la citoyenneté pour tous
les marocains, hommes et femmes n'est qu'un rêve.
En effet, une monarchie religieuse est encadrée par une
pensée politique islamique avec laquelle, une démocratie n'est
pas compatible. Nous constatons donc que la vision traditionnelle du Roi est
partagée avec les islamistes d'aujourd'hui. Ainsi, pourAli Benhaj l'un
des dirigeants de FIS224(*) algérien, « le concept de
démocratie est absent dans le Coran et étranger à la
langue et à la culture arabe, ceux qui l'auraient importé
viseraient à affaiblir la umma (communauté musulmane) et
anéantir la religion. ».225(*)Paradoxalement, et pour maintenir les valeurs
traditionnelles, l'Etat n'hésite pas à s'allier à des
mouvements traditionalistes et instrumentalise la religion pour protéger
l'ordre patriarcal.
En effet, sous la pression des mouvements islamistes, le
gouvernement marocain a retiré le PANIFD dans le soi-disant but de
préserver l'unité de la umma, et ce, au détriment des
femmes.En conséquence, l'exclusion ou l'inclusion des femmes devient un
enjeu et un jeu polico-religieux qui permet aux autorités et à la
société patriarcale de conserver ses valeurs marquées par
la domination masculine pour reprendre la formulation de Bourdieu.
Le Code de la famille qui se base sur la charia
(jurisprudence islamique) et pour lequel militent les féministes
universalistes depuis les années 80 est comparable aucontrat social que
Pateman considère comme : « un moyen par lequel le
patriarcat moderne s'est constitué »226(*).
V.5. RAPPORTS D'ALLIANCE ET
D'OPPOSITION AUTOUR DU FEMINISME MAROCAIN
L'étude de la nature du régime marocain parait
pertinente afin de réaliser l'analyse de rapports d'alliance et
d'opposition autour du féminisme marocain.
De ce fait, comme souligné dans le point
précédent, il est évident que les rapports d'alliance et
d'opposition autour du féminisme sont fortement liés à la
situation de l'ordre politique de la société marocaine. Afin de
débattre des problématiques liées à la condition
féminine, les féministes universalistes sont obligéesd'y
intégrer la religion car l'intervention de l'Etat nese faitqu'à
travers le principe de l'autorité d'Amir Almoumenine (commandeur des
croyants).
Autrement dit, la condition féminine,
intrinsèquement liée aux problèmes sociaux, politiques, et
économiques est toujours intégrée dans le champ religieux.
Cette situationplace le problème de l'inclusion des femmes dans un
encadrement limité à la religion. Le dilemme alors pour le
mouvement féministe universaliste est qu'il estpris au piège, il
est forcé de reculer unpeu sur son référentiel, et
d'adopterle référentiel islamique.
Le but est alors de ne pas resteren marge du débat sur
le statut de la femme, puisque l'Etat a fait son choix en se penchant sur le
projet de réformer le secteur religieux, adopter un féminisme qui
a une tendance islamique.Par conséquent, les rapports sociaux qui
encadrent la condition féminine, se manifestent par des relations
à la fois contradictoires / oppositionnelles, ou identiques voire
même alliés. Néanmoins,les instances de la religion etde la
politiquejouent le rôle de manipulateur de ces rapports.Par ailleurs, le
féministe universaliste marocain a été obligé de
cacher son identitéséculaire devant les islamistes mais aussi
devant la monarchie.
En effet,la monté des mouvements islamistes depuis 2000
ont poussé les partis politique de gauche et les féministes
universalistes à affirmer la référence islamique dans
leurs projets et leurs déclarations227(*). D'autant plus que la monarchie a adopté un
discours islamique à propos des droits humains de la femme, cette
situation place le projet d'inclusion des femmes dans les deux sphères
privée et publique sur liste d'attente. En effet, les féministes
universalistes sont censées attendre un environnement politique plus
démocratique mais aussi plus civil pour avoir des conditions favorables
à des revendications plus avancées sur l'égalité et
la citoyenneté à part entière pour les femmes
marocaines.
VI.CONCLUSIONS
Notre objectif par la présente étude
était de répondre à la question générale des
divisions existant au sein du mouvement féministe marocain : quels
sont-ils ? Quelles sont leurs causes ?Quelles sont leurs
conséquences sur les relations entre les différentes composantes
du mouvement et sur la condition de la femme dans la région du
nord ?
Une de nos hypothèses était que la lutte pour
apporter des modifications au statut juridique des femmes aurait
créé au sein du mouvement féministe des groupes aux
antagonismes forts. Une autre de nos hypothèses, qui pourrait être
complémentaire à la première, serait le rôle de
l'autorité nationale qui, détenant à la fois les pouvoirs
temporel et spirituel, aurait joué un double jeu, tantôt
favorisant certains groupes, tantôt favorisant les autres.
En 1999, le gouvernement a élaboré le Plan
d'action nationale pour l'intégration de la femme au
développement. Le PANIFD prouve la volonté de l'Etat marocain
d'améliorer la condition féminine. Cette volonté est
encouragée par l'adhésion du Maroc aux conventions
internationales relatives aux Droits de la Femme, et par la pression du
mouvement féministe marocain. Mais c'est sans compter sur la double
nature de l'Etat, spirituelle et temporelle. Résultat : le plan
sera un échec. En effet, sa teneur trop moderniste déplut aux
composantes islamistes. Un féminisme islamiste se développe. De
son côté, l'Etat se prend à jouer un double jeu. Cherchant
la stabilité, il maintientl'équilibre entre les deux composantes
du mouvement féministe que nous appellerons désormais :
les universalistes, prônant l'égalité femmes-hommes et les
islamistes prônant la complémentarité entre les hommes et
les femmes. Divisé, le mouvement féministe se trouve affaibli.
Un autre phénomène contemporain à celui
que nous venons d'évoquer est le manque d'un réseautage et de
coordination forte chez les universalistes. La coordination étant
essentielle et nécessaire à tout travail depression et plaidoyer
en faveur du changement du statut de la femme.
Une fois le PANIFD retiré, l'Etat opte pour la
référence islamiste en matière de Droit des Femmes. Les
universalistes doivent s'y plier. Un piège. Ils n'ont plus d'autre choix
que de passer par l'interprétation des textes religieux pour parvenir
à convaincre le régime d'apporter des changements juridiques aux
articles encore inégalitaires envers les femmes. Du fait de la
difficulté de l'exercice, les changements seront maigres.
De fait, des exclusions manifestes subsistent comme la
marginalisation et la faible participation politique locale des femmes. Et ceci
nous permet d'aborder la problématique de la citoyenneté
féminine.
La citoyenneté féminine reste un enjeu que nous
avons traité dans ce travail. Dans la pensée politique islamiste,
le concept de citoyenneté à proprement parlé n'existe pas.
Les musulmans font eux appel à « la Umma » qui
limite la présence des femmes dans la sphère publique. L'Etat
selon qu'il possède une nature spirituelle suit également
« La Umma ». Ceci a pour conséquence que bien que la
constitution donne à la femmele droit de vote et le droit d'être
élue, elle ne peut en disposer.Nous le voyons, les femmes n'ont pas la
pleine jouissance de la citoyenneté. Dans la sphère
privée, la femme demeure sous la domination de l'homme, domination
entérinée par le Code de la famille depuis sont entrée en
vigueur en 2004.
Pistes de recherche complémentaires
D'après nos conclusions, de pistes nouvelles de
recherche s'ouvrent. Notre attention en effet a été retenue par
le phénomène de l'émergence d'un féminisme
islamiste. Nous avons vu que cette émergence a automatique
été suivie d'un gonflement du mouvement. Or, nous observons le
même phénomène dans de nombreux pays du monde arabe, dans
des pays islamiques non-arabes et en Occident. Sans trop nous avancer,
peut-être pourrait-on parler d'un mouvement mondial. La question que nous
aimerions alors poser : Est ce que les mouvements sociaux dans le monde
actuel et dans l'avenir seront des mouvements qui se replient sur
l'identité religieuse ?Et au-delà, est ce qu'on ne peutpas
envisager une autre exclusion des femmes surtout marocaines, arabes et
musulmane de l'espace associatif qui est le seul espace de jouissance
féminine ?...Enfin, si l'islam associé entre Etat et
religion, est ce le destin des femmes musulmanes de subir les effets d'une
inégalité instaurée au nom de l'Islam ?...
VII. BIBLIOGRAPHIE
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VIII.GLOSSAIRE
AMIR: Littéralement, le chef suprême des
musulmans.
MOUMENINE Le monarque marocain n'est un simple roi, il
règne sur l'une des plus vieilles monarchies du monde en tant que
descendant du Prophète de l'Islam, et le prince des croyants.
CHARIA : loi islamique
Chiite : Les chiite se basent sur le principe que la direction de
la communauté musulmane revient aux descendants du
prophète.
CSP : code du Statut personnel de 1957
Ijtihad : Effort d'interprétation
Foqh : droit musulman
MAKHZEN : Au départ la maison royal et par
extension, tout l'appareil de l'Etat
Malékite : musulman sounite appliquant les
règles de droit du juriste médiéval arabe Malek Ibn
anas (715-795).
Ouléma : L'ouléma est le pluriel de Alem (savant)
un savant effectuant ses recherches dans le domaine de la tradition
musulmane, la Sunna, mais son savoir peut aller bien au-delà de la
connaissance théologique. Généralement indépendant
du pouvoir séculier, il est gardien de la tradition musulmane et un
homme de référence docteur en droit musulman. Au Maroc les
Oulema sont les gardiens de la monarchie.
MOUDWANA : La Moudawana signifie littéralement en
arabe code. Le Code du Statut personnel adopté en 1957
appelé en arabe Moudawana Al Ahwal Achakhsiya a ainsi gardé le
nom Moudawana avec le temps. Après la réforme de 2004, on parle
de « nouvelle Moudawana », Moudawana AlOussra, le Code de
la famille. Ce code renvoie au droit applicable au sujet marocain, en
matière de mariage, dissolution de mariage, filiation, testament,
succession en considération de sa religion. Au cours de notre
recherche on parle alors de Code du Statut personnel de 1957 à 2004 et
de Code de la famille de 2004 à nous jours.
MONARCHIE : Le charife c'est celui qui descendant du
Prophète.
CHERIFFIENNE
MALEKITE : doctrine de l'école Sounite qui suit les
traditions de Prophète lors de son séjour à la Medina.
UMMA : Communauté musulman au sens large ;
c'est-à-dire tous les musulmans.
Sunnite : selon les sunnites L'Islam est basé sur
deux principes juridiques : le Coran, la tradition du
Prophète.
IX. ANNEXES
IX.1. Annexe I : Carte du nord ouest du Maroc.
IX.2. Annexe II : Guide des entretiens pour les
associations.
IX.3. Annexe III : Répertoire des associations.
ANNEXE I
Carte de la région nord ouest du
Maroc (zone de la recherche)
![](Le-mouvement-feminin-et-feministe-au-nord-du-Maroc-Objectifs-et-repertoire-dactions-1990-2011.png)
ANNEXE II :Guide d'entretien pour les
associations
1. Historique de l'association
- Quand et comment est née l'association ?
- Quels sont les objectifs ?
- Quelles ont été les premières
activités ?
- Combien de femmes concernées ?
- Quels sont les financeurs des projets de
l'association ?
2. L'organisation des activités de
l'association
- Quels sont les fonds propre de l'association ?
- Quelles sont les ressources humaines de l'association ?
leurs tâches ?
- Quelles sont les ressources humaines de l'association ?
leurs tâches ?
- Comment l'association élabore, gère et
exécute ses projets ?
3. La perception de l'égalité
hommes-femmes ?
- Quelles est la vision de l'association sur la participation
politique locale des femmes ?
- Quel est le niveau de coordination de l'association avec
d'autres associations : locales ; régionales et
nationales ?
- Quelle est la perception de l'association de la
coopération internationale ?
4. La participation à la marche mondiale de
l'égalité
- Est-ce que l'association est membre de la coordination de la
marche mondiale des femmes ?
- Comment l'association plaidoyer pour les droits de la
femme ?
- Quelles sont les activités de sensibilisation
qu'organise l'association en faveur des droits humains de la femme ?
5. Point de vue sur le féminisme
islamiste
- En tant que présidente de l'association, est ce que
vous avez entendu parler de féminisme islamiste ? Comment vous
l'évaluez ?
- Le féminisme islamiste prône selon ses
dirigeantes une troisième voie entre la tendance traditionaliste et
fondamentaliste des droits de la femme et les conventions internationales des
droits humains de la femme, quel est votre opinion sur cette voie ?
- Quelle est votre référence que vous adoptez
pour plaidoyer pour les droits humains de la femme ?
6. L'évaluation du travail de
l'association
- Comment vous évaluez votre travail en faveur des
droits humains de la femme ?
- Comment vous évaluez les projets dans le cadre de la
coopération internationale destinés aux femmes ?
Annexe III : Répertoire des
associations
Association
|
Date de création
|
Zone d'intervention
et bénéficiaires
|
Objectifs
Et stratégies
|
Activités et bénéficiaires
|
Partenariats, réseaux et financement
|
Mawadda pour le développement de la femme et la protection
de la famille
|
2005
|
-Ville de Larache et les quartiers préurbains.
- La femme, la famille et l'enfant
|
-protection de la famille ;
-Formation professionnelle des femmes ;
- Soutien les femmes et les enfants en situation difficile.
|
- Alphabétisation
- Couture
-Formation artisanale
-Ateliers de sensibilisation
- Femmes, familles , enfants
|
-Cotisation des membres
-partenariat avec la délégation de l'Entraide
Nationale
-Conseil des Oulemas local
- Forum Fatima Zahrae
|
Mains Solidaires pour le Droit à la Dignité et
à la Citoyenneté
|
2000
|
Ville de Larache, les quartiers préurbains et les zones
rurales
|
Militer pour les droits de la Femme en se basant sur les
conventions internationales ;
Militer pour changer les législations nationales
discriminatoires à l'égard des Femmes
Les stratégies adoptées sont : le travail
socio-éducatif et le lobbying et le plaidoyer.
|
-Centre d'écoute,
-Alphabétisation juridique
-Ateliers de formation,
-Séminaires, caravanes,
- Compagnes de sensibilisation aux zones rurales
- Femmes, élèves,
Animatrices des associations
|
-Délégation d'éducation nationale,
-Délégation de la justice,
-Délégation d'entraide nationale,
-Acsur las ségovias
- ANARUZ
- Chabaka
-Acsur Las segovias
Ministère des affaires sociales
|
La Ligue Démocratique de Droits de la Femme (section
Larache)
LDDF
|
2003
|
-ville de Larache :
Quartiers défavorisés
|
-Militer contre l'idéologie discriminatoire à
l'égard des femmes
- changer les législations nationales
-Ecoute et soutien pour les femmes
Victimes de violence
|
- Centre d'écoute
- Caravanes
- compagnes de sensibilisation
-Bénéficiaires :
Femmes
|
-Pas de partenariat directe pour la section de Larache, les
partenariats se font par
Le bureau national de l'association
|
L'Association de Recherche Féminine pour le
Développement et la Coopération
|
1996
|
Province de Tétouan
|
- Alphabétisation et formation professionnelle pour les
femmes.
- Soutien pour les enfants victimes d'abus
Sexuel
|
-Séminaires
- ateliers de formation :
Sur Approche genre
- Enquêtes
- Cours de sensibilisation juridique
- Bénéficiaires :
Femmes, enfants
|
-Délégation d'éducation nationale
- Cordaid
-Save the shildren
- Intermon Oxfam
-Fo-Nord
|
Centre d'Assistance pour les Femmes Maltraitées
|
1998
|
Province de Tétouan
|
Ecoute, soutien et orientation pour les
Victimes de violence
|
Ecoute, orientation et assistance
Bénéficiaires : les femmes
maltraitées.
|
Délégation de la santé
Conraid
Fo-Nord
ANARUZ
|
* 1La région fait
partie du système patriarcal répandu en
méditerranée
* 2Universaliste = qui adopte
le référentiel des conventions internationales des droits humains
conclues par
les nations unies.
* 3Le nom qu'a donné
le sociologue marocaine Dialmy pour désigner toutes les interventions de
l'Etat marocain dans la condition féminine.
* 4 Représentés
par la charte internationale des droits humains, les pactes, les conventions et
les déclarations émanant de l'ONU et des organisations
concernées traitants les droits humains de la femme.
* 5Le Plan d'Action National
pour l'Intégration de la Femme dans le Développement
* 6En particulier la
convention internationale d'élimination de toutes formes de
discrimination à l'égard des femmes
* 7Cette tâche garantie
au Roi depuis la première constitution de 1962, et demeure encore dans
la nouvelle constitution de 2011.
* 8Aussi connu sous le nom
moudawana AlOusra (voir Glossaire pour plus d'explication).
* 9Expression
empruntée à Zakya Daoud, (1996), le féminisme et politique
au Maghreb : sept décennies de lutte, Casablanca : EDDIF
* 10Période des
violations graves des droits humains commis par le régime, elle a
durée plus de 30 ans (début des années 1960 jusqu'à
début des années 1990).
* 11La Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes, (CEDAW) a adopté par l'assemblée
générale des Nations Unies en décembre 1979.
* 12Association
Démocratique des Femmes du Maroc, première association
indépendante créée par des militantes de gauche à
Rabat.
* 13Cette expérience
qui n'a pas été prolongé, a été
marquée par la nomination du premier ministre departi socialiste de
l'opposition en 1997pour la première fois après les années
de plomb.
* 14DIALMY, A. (2004),
« Le féminisme marocain et la modernisation du droit de la
famille », in femmes et Etat de droit, sous la direction
de F. GHISSASSI & A. MOULAYRCHID, 121- 135, Rabat : Dar
Al Qalam.
* 15ADFM.(2004),Le processus
d'examen et d'évaluation des progrès réalisés dans
la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing en Afrique (Beijing +
10) : Rapport des ONG au Maroc, p 5.
16 Pour les islamistes, la famille reste la cellule
de la société, il faut alors mener des projets en faveur de la
femme et l'enfant, ainsi comme le construit la politique du gouvernement, en
mettant en place un ministère des affaires socialespour traiter les
problèmes liés au genre et la femme.
* 17 RAJI, H. (2005),
l'injustice faite aux femmes en terre d'Islam,
www.mediterranéas.org,
Consulté le 20novembre 2010.
* 18L'ordre jugé
nécessaire et consolidé par un recours illimité à
la violence. Il exprime la nudité de l'exercice de l'autorité et
de la raison politique, dénué de toute morale ou
sentiment », inTOZY, M.(1999), Monarchie et islam politique au Maroc,
Paris : L'Harmattan, p 43.
* 19 Exemple : La
réforme du code de la famille, la stratégie de lutte contre la
violence faite aux femmes, Initiative nationale de développement
humain.
* 20MOLYNEUX, M. (2000),
« mobilisation sans émancipation ?Participation des
femmes, Etat et révolution au Nicaragua », in Le
genre : un outil nécessaire, cahier genre et
développement, sous la direction de J, Basilliat & C,
Vershcuur, 123-131,Paris : L'Harmattan, Paris.
* 21Observation directe
pendant la période de travail, à cette époque il y'a une
émergence des associations de quartiers à Tanger qui se lancent
dans des grands projets de développement. Ces associations ont toutesune
tendance islamiste, exemple : association Mesnana Rahrah, association
Deradeb ain Hayani, association Hay ben Kirane) ces noms sont aussi des noms
des quartiers défavorisésde Tanger.
* 22Parmi ces associations,
les associations de notre échantillon qui ont été
créées entre 1996 et 2003
* 23 DAOUD, Z.
(1996),Féminisme et politique au Maghreb : sept décennies de
lutte,Casablanca : EDDIF
* 24Les deux premiers
centres sont créés à Casablanca en 1996 par l'association
UAF et en 1997 par ADFM
* 25 Les conférences
sont : Pékin + 5, Pékin +1O, Pékin + 15
* 26La première
marche mondiale des femmes a été décidée lors de la
conférence de Pékin de 1995 à l'initiative de la
délégation du Canada. En 2000 les marches ont été
organisées à travers 143 pays, entrele 8 mars, journée de
la femme et le 17 octobre, journée mondiale contre la
pauvreté.
* 27Voir la carte en annexe
4.
* 28Principalement en ce qui
concerne les femmes : promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation desfemmes, réduire la mortalité infantile et
améliorer la santé maternelle.
* 29 Enquête
réalisée par l'association Saida AlHorraen 2004 sous
thème : « Ces femmes pauvres ! Qui se battent
pour le bien être de leurs familles » dirigée par Hakima
Naji.
* 30OUAIAOU, F. (2005),la
société civile marocaine : entre la vision de
développement et les droits humains,
ttpp://www.tanmia.ma/article.php3?id_article
* 31Réalisée
dans le cadre de mon travail comme coordinatrice avec l'organisation
internationale Global Rihgtspour l'association AMNA pour la protection des
femmes victimes de violence à Tanger, en mars 2003.
* 32 Moukef désigne
des endroits précis dans une ville où la femme attend qu'une
personne vienne la chercher pour qu'elle fasse le ménage à la
maison pour un paiement journalier qui ne dépasse pas 5 euro sans
prendre en considération la durée du travail, peut être une
journée, ou plusieurs heures. Ces endroits sontde plus en plus
peuplés par ces femmes. (Selon notre enquête menée en mars
2003).
* 33Enquête
réalisée par l'association Mains Solidaires en coordination avec
Intermon Oxfam
* 34 L'enquête avait
pour objectifde monter un projet en faveur de ces femmes pour pousser les
patrons à les enregistrer dans la caisse nationale de la
sécurité sociale.
* 35On le désigne en
arabe par Moudawana AlOssera (voir Glossaire pour plus d'explications)
* 36En arabe Amir
Almoumenine qui est une appellation chargée de significations
politiques et religieuses (voir Glossaire)
* 37ALAMI M'CHCICHI, H.
(2010), Le féminisme d'Etat au Maroc : jeux et enjeux
politiques, Paris : L'Harmattan.
* 38La Umma
(communauté) est une forme de citoyenneté plutôt masculine,
car la présence des femmes dans la sphère publique est
très limitée selon la pensée islamique qui encadre le
fondement d'Umma
* 39Journaliste,
écrivain et militante
* 40Éditions Eddif,
Casablanca, 1996, 409p
* 41Edition L'institut
universitaire de la recherche sociale, Rabat, 2007, 251p
* 42Sociologue chercheuse et
féministe
* 43 DIALMY, A, 2008, P
31-36.
* 44Edition
L'Harmattan,Paris, 2010.
* 45Professeure en science
politique et en relations internationales à la faculté de droit
de Casablanca, université Hassan II.
* 46ALAMI M'CHCIHCI, 2010,
p....
* 47 En 1989 dansAnnuaire de
l'Afrique du Nord, tome XXVIII, Éd. du CNRS
* 48Dans l'ouvrage
collectif « Les femmes et la société
civile » publié par l'organisation allemande Fréderic
Edberg
* 49Dans l'ouvrage
collectif« La société civile consciente
d'elle-même, la société civile au Maghreb », en
1998 édition Toubkal à Casablanca.
* 50 Dans la revue
«PROLOGUES » revue maghrébine du livre, Numéro 9,
Mai 1997
* 51VAN CAMPENHOUDT, Q.
(2006), Manuel de recherche en sciences sociales, Paris : DUNOD,
p 115
* 52Zaidman Claude,
« Féminisme », in Dictionnaire de
sociologie, Akoun P. et Ansart P. (dir.), Le Robert/Seuil, 199.Paris,
p ....
* 53HIRATA, H., LABORIE, F.,
LE DOARE H., Dictionnaire critique du féminisme, Paris, PUF, 2000, 315
p.p 138
*
54TOUPIN,L.http://classiques.uqac.ca/contemporains/toupin_louise/courants_pensee_feministe/courants_pensee
* 55 COLLIN. F,
http://geographica.danslamarge.com/Le-feminisme.html?var_recherche=sens
*
56REVILLARD,A.http://ecoledoctorale.sciences-po.fr/actu_scientif/2006_07/genre/PapierRevillardBereni.pdf
consulté en ligne le 15 septembre 2010.
* 57MARQUES-PEREIRA, B.
(2003),La citoyenneté politique des femmes, Paris : ARMAND
COLIN.
* 58Moyen Orient et Afrique
du Nord.
* 59DAOUD Z.(2004), in
Sous la direction de GUBIN E. Le siècle des
féministes, p.371.
* 60DIALMY A, (2008),P
199.
* 61 Ibidem.
* 62NEVEU, E. (2005),
Sociologie des mouvements sociaux,Paris : La Découverte, p
8-9.
* 63TOURAINE A. (1978),
La voix et le regard, Paris,Le Seuil. p.9
* 64TOURAINE, (1993),La
production de la société, p.322 -327.
* 65ibidem
* 66FELLIEULE, MATHIEU,
PECHU, (2009), Dictionnaire des mouvements sociaux, Paris : Presse de la
Fondation nationale des sciences politiques, P 455-461.
* 67HIRATA, H., LABORIE, F.,
LE DOARE H.( 2000), Dictionnaire critique du féminisme,
Paris : PUF, p.146.
* 68ibedem
* 69 TILLY, C, (1986),
La France conteste de 1600 à nos jours, Paris, Fayard, 1986, p
.87
* 70 MELLUCCI, A en ligne
http://www.crasc-dz.org/article-530.html
consulté le 12 février 2010.
* 71Waqfa
signifie « rassemblement debout » une action
inventée par les militants et militantes des droits humains au Maroc.
Elle s'organise devant les tribunaux, les parlements, les sièges des
ministères concernés et sur les grandes places des villes.
* 72 ALAMI M'CHICHI, H,
(2002), Genre et politique au Maroc : les enjeux de
l'égalité hommes-femmes entre islamisme et modernisme,
Paris : L'harmattan, p 24.
* 73 COMBE, J,( 2001),La
conditionde la femme marocaine, Paris : L'Harmattan, p 8.
* 74NACIRI, R, (2006),
Le mouvement féminin au Maroc, Rabat : Publication
ADFM.
* 75ALAMI M'CHICHI, H,
(2010), Le féminisme d'Etat au Maroc: Jeux et enjeux politiques,
Paris : L'Harmattan.
* 76 MY RCHID, A, (2003) la
Moudawana en question in Condition féminine au Maroc sous
direction de Abdelkrim Gherib, Casablanca : NAJAH EL JADIDA, p 21.
* 77(Alami M'Chichi, 2010,
p13).
* 78Exemple : femme
musulmane en Europe, groupe international d'étude et de réflexion
sur la femme en Islam (GIERFI) et Europe Forum of Muslim Women (EFOMW).
* 79VAN CAMPENTOUTH, Q.
(2006), p 126-135.
* 80Par l'Etat religieux et
par les mouvements islamistes qui prennent du terrain et par la population pour
quila religion constitue un pilier important de la société.
* 81Expression qui
désigne le lieu où résident les femmes (épouses
concubines) du roi, du maitre du château ou un seigneur qui a du pouvoir
et de l'argent, le Harem est plutôt une traditionrépandue chez les
arabesau Moyen Orient, plus qu'au Maghreb.
* 82Une expression dialecte
qu'utilise les marocains pour désigner la femme de la région du
Nord du Maroc, (en dialecte marocain : Bente chamal)
* 83 MINCES, J. (1980), la
femme dans le monde arabe, Paris : MAZARINE, p 30.
* 84Descendant du
Prophète (voir Glossaire)
* 85Voir Glossaire
* 86Voir glossaire
* 87Code du statut
personnel, (1958), Livre I, article 1.
* 88DAMMAME, A, (2005), Le
genre à l'épreuve du développement au Maroc :
discours et pratiques concernant la place des femmes dans les projets,
Thèse de doctorat présenté à l'université
d'Orleans, p 65.
* 89Voir Glossaire
* 90COMBE, J, ( 2001) ,La
condition de la femme marocaine, Paris : L'Harmattan, P 31-32.
* 91 Ibidem.
* 92DAMMAME, A, (2005), p
63.
* 93 ALAMI M'CHICHI, H,
(2002),Genre et politique au Maroc : les enjeux de l'égalité
hommes-femmes entre islamisme et modernisme, Paris : L'Harmattan, p 37.
* 94RHIWI,L,(2006),Code
de la famille :enjeu des luttes des femmes, publié sur le
site :
http://grittransversales.org/(page
consulté le 13 mars 2011).
* 95SANTUCCI, J. (2001),
« les partis politiques marocains à l'épreuve du
pouvoir », REMALD, manuels et travaux universitaires, 24
.
* 96SANTUCCI, J,( 2006),
http://remmm.revues.org/index2864.htmlconsulté
le 13 novembre 2010
* 97EUZZIERE,P, (2006
),« Tunisie et Maroc : de la colonisation à la
mondialisation »inRecherches internationales,
77,(3),49-64.
* 98ibidem
* 99La période
commence dès l'indépendance jusqu'à la mort de Hassan II
en 1999, car pour nous les bombardements de la région du rif par les
autorités marocaines pour calmer la révolution contre la
monarchie, étaient déjà le début des années
de Plomb. Et même avec le gouvernement d'alternance en 1997, Hassan II,
continuent,d'interdire les journaux, d'emprisonner les opposants. Mais dans les
livres d'histoires la période se situe entre 1960 et 1994.
* 100Durant tout
l'époque de Hassan II, la région du Nord n'a jamais
bénéficié des projets de développement ni des
infrastructures, la région est laissée marginalisée
jusqu'à l'avènement de roi Mohammed VI, qui fait la
première visite du roi du Maroc en 2000 depuis l'indépendance.
* 101ALAMI M'CHICHI, H,
(2002),p 36.
* 102ALAMI M'CHCICHI, H,
(2010), Le féminisme d'Etat au Maroc : Jeux et enjeux
politiques, Paris : L'Harmattan, p 47.
* 103 C'est le dossier noir
des années de Plomb, qui été validé en 1994, ainsi
les exilés politiques sont retournés au Maroc, et les
procès symboliques ouverts pour entendre les témoignages des
exilées, des détenus et aussi leurs familles.
* 104Violations des droits
humains, les tortures, les disparitions ainsi que les assassinats
politiques.
* 105 COMBE, J.
(2001),p114.
* 106LAALA HAFDANE, H.
(2003),Les femmes marocaines une société en mouvement,
Paris : l'Harmattan, P 36.
* 107 CHARRAD, M. 2003.
* 108 La période de
transition (1994-1999), est marqué par la réforme de la
constitution en1996, liquidation limitéede dossier des violations des
droits, et l'arrivé de gouvernement d'alternance en 1998.
* 109 SAADI, S. (1998),
PANIFD,Rabat : Secrétaire d'Etat de la famille
* 110 Secrétariat
d'Etat chargée de la protection sociale, de la famille et de l'enfance,
(1999), PANIFD, (47- 49).
* 111DAMMAME, A. 2005, P
200.
* 112 Ibidem.
* 113Parti Justice et
Développement né le 2 juin 1996, d'après une unification
avec un autre parti politique mouvement national populaire est qui va adopter
un nouveau nom : PJD, cette stratégie est adopter par les islamiste
car l'Etat n'accord pas d'autorisation pour des partis politiques qui se base
sur une référence religieuse. Mais ça n'a pas
empêché le parti de dévoiler sa référence
à travers des discours qui revendique le retour à la charia.
(BENADADA, A. (2007), La femme et la politique : Etude sociologique des
secteurs des femmes au sein des partis politique, Rabat : IURS,p134.
* 114Union socialiste des
forces populaires, un ancien parti du gauche crée en 1972, etqui a
été élu
Pour la première fois au gouvernement d'alternance en
1997.
* 115Parti du mouvement
nationaliste il est sur la scène politique avant l'indépendance,
il a une référence réformiste salafiste basée sur
la religion islamique.
* 116ALAMI M'CHICHI,
H.(2002)P 66.
* 117DAMMAME, A, (2005),P
202
* 118Institut qui forme les
savants en sciences de la religion et la charia se trouve à Rabat sous
la tutelle du Ministère des Habous et les affaires islamiques.
* 119La ligue des
Oulémas du Maroc (la ligue des savants religieux du Maroc)
* 120BENADADA, A. (2007),
La femme et la politique : Etude sociologique des secteurs des femmes au
sein des partis politiques,Rabat : IURS, 236-237.
* 121DIALMY,A. (2004), P
121-135.
* 122DIALMY, A, (2008),Le
féminisme au Maroc, Casablanca : Toubkal, P 205.
* 123 OUAIAOU, F,
2003,Rapport du comité d'organisation de la caravane.
* 124La loi d'origine
islamique ou la jurisprudence islamique.
* 125MOSSALI, J, 2011,
Le mouvement féminin contemporain au Maroc : tendances et
questions, Rabat : CEMERC, P 278 ( en arabe). Ces principes
sont de ma traduction (les nuancer le terme arabe et français)
* 126Réseau des
associations féminines islamistes crée en 2002 à Rabat.
* 127 Il y'a un projet de
loi pour la violence contre les femmes mais la nature hiérarchique du
code n'est pas encore changée pour plus d'égalité et de
justice envers les femmes.
* 128 Nation mais aussi un
terme qui est chargé des valeurs politiques dans la pensée
islamique comme le terme citoyenneté dans la pensée
occidentale.
* 129ABOU ZAID, N. (2004),
Les cercles de la peur : lecture dans le discours de la
femme,Rabat :le centre culturel arabe, p 164-167. (en arabe).
* 130 AMIN, Q. (1899),
libération de la Femme, nouvelle édition en 1993,
Caire : Office Egyptien général du livre. (En arabe).
* 131SAID, K. (1991),
« Femme, liberté,innovation », sous direction de
MERNISSI, F in Femmes maghrébines à l'horizon
2000,Casablanca : Le Fennec, p 13 - 62 (en arabe).
* 132AMINE, Q.(1993), p 20
* 133L'une des
premières féministes égyptiennes
* 134 Fondateur du parti
Istiqlal et coordinateur du projet du premiercode du statut personnel en 1957
(loi de la famille).
* 135DAOUD, Z. (1996), P
257.
* 136Le Parti Justice et
Développement (le seul parti politique islamique qui siège le
parlement comme groupe d'opposition depuis les deux élections
précédentes : en 2002 et en 2007
* 137ZAGHAL, M. (
2003),Religion et politique au Maroc aujourd'hui,consulté en
ligne sur la page : http://www.ifri.org/files/Moyen_Orient/DT_3_Zeghal.pdf
le 12 juin 2011.
* 138Ibidem.
* 139 TABOADA LEONETTI, I.,
sous la direction de(2004), Les femmes et l'Islam : entre modernité
et intégrisme, Paris : L'Harmattan, p 10-11.
* 140ALAMI M'CHCHI, H.
(2002), p 41.
* 141COMBE, J. (2001), p
195.
* 142La Ligue
Démocratique des Droits de la Femmes, une association féminine
nationale qui publie chaque année un rapport sur l'application du code
de la famille depuis son entrée en vigueur en février 2004, sa
section de Larache fait partie de notre échantillon. (rapport de
2009).
* 143Les articles 19, 20 et
21, (2004), Code de la famille,ministère de la justice :
http://www.justice.gov.ma/fr/documentation/documentation
* 144 Aujourd'hui le Maroc
13 octobre 2008
* 145 ALAMI M'CHICHI, H.
(2010), P 85.
* 146 Une association
féminine qui fait partie denotre échantillon.
* 147Entretien avec Mme
Soudia Touati présidente de la section LDDF à Larache
réalisé en décembre 2010
* 148MAYA CHARRAD, M.
(2007), Citoyenneté inégale. Enjeux de justice de genre au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord, publié sur le
site :
http://network.idrc.ca/fr/ev-111820-201
consulté le 15 mai 2011.
* 149 TALBI, M. (1997),
« Lecture historique des versets 34 et 35 de la sourate du Coran
Intitulée « les femmes » »,
PRROLOGUES, 9(5-7) :89-106.
* 150 MINCES, J. (1980),
98.
* 151Code de la famille,
2004,Articles : de 315jusqu'à l'article320.
* 152EDDOUADA, S &
PEPECILLI, R (2010), «Maroc: vers un «féminisme islamique
d'Etat» », Critiques internationales, 46 :
67-100.
* 153Explication recueillie
de l'entretien avec Mrini Mohammed, journaliste et chercheur dans la question
des mouvements islamistes à Tanger en octobre 2010.
* 154 ABOU ZAID, N. (2004),
p 122-123 (en arabe)
* 155 MINCES,J. (1980), p
100.
* 156ABOU ZAID, N. (2004),
p 40-44 (en arabe)
* 157La lettre royale
envoyée au conseil consultatif des droits de l'homme organisé
à l'occasion de la déclaration universelle des droits de l'homme
le 10 décembre 2008.
* 158L'entretien s'est
déroulé le 12 décembre 2010 à Larache.
* 159ZIRARI, H. (2006),
« Femmes au Maroc : entre hier et aujourd'hui quels
changements ? », Critiques internationales,
77 :65-80.
* 160 Les observations
personnelles tirées lors de la période de travail sur terrain,
entre 2000 et 2007.
* 161Entretienque nous
avons réalisé avec réalisé dans le cadre la
présente recherche.
* 162Assemblée
Générale des Nations Unies
* 163Entretien
réalisé dans le cadre de la présente recherche.
* 164 Manque de loi
pénalisant la violence conjugale dans le code pénal marocain
* 165 Centre d'Assistance
pour les Femmes MalTraitées de l'association ARFEDEC de
Tétouan
* 166 Association de la
recherche féminine pour le développement et la
coopération.
* 167Entretien avec la
directrice du centre et la présidente de l'associationARFEDEC le 7
janvier 2011
* 168Entretien avec
directrice de centre d'écoute de l'association mains solidaires le 18
novembre 2010.
* 169Nom en amazight qui
désigne Lumière, (Réseau national des centres
d'écoute des femmes victimes de violence crée le 24 avril 2004
à l'initiative de 19 associations des différentes régions
du Maroc.
* 170COMBE,J. (2001), p
120-121.
* 171Ibidem p 184
* 172 Les observations
personnelles recueillieslors des ateliers de formation que nous avons
animée durant la période du travail.
* 173MARQUES-PEREIRA, B.
& P, MEIER, sous le direction de (2005), Genre et gestion locale du
changement : quelle méthode comparative ? in Genre et
politique en Belgique et en francophonie, Louvain-la-Neuve : ACADAMIA
BRUYLANT p 102
* 174ALAMI M'CHICHI, H.
(2002), P 88.
* 175 MARQUES-PEREIRA, B.
(2003), La citoyenneté politique des femmes, Paris :
AEMANS COLIIN, p 138
* 176 Àtitre
d'exemple : recherche -action menée par : L'Institut
International de Recherche et de Formation des Nations Unies pour
· la
Promotion de la Femme (UN-INSTRAW) ET Le Centre de la Femme Arabe pour la
Formation et la Recherche (CAWTAR), en 2009sur Le renforcement des
capacités des femmes en matière de leadership et de participation
à la vie politique et à la prise de décision en
Algérie, au Maroc et en Tunisie, réalisée par Houria
* 177Alami M'chichi. -
aussi une étude du rôlesur le l'Etat dans l'évolution des
systèmes de genre au Maroc de
Nadira BARKALLIL en 2000.
* 178Dans ce scrutin les
candidatures féminines n'ont pas dépassé 5% du nombre
total des candidatures.
* 179ADFM, (2004),
Elections du 12 septembre 2003 problématique de la représentation
féminine : les espoirsavortés, 2004 publication
del'Association Démocratique des Femmes du Maroc.
* 180OUAIAOU,F. (2005), la
société civile marocaine : entre la vision de
développement et les droits
humains,ttpp://www.tanmia.ma/article.php3?id_article.
* 181L'année ou le
mouvement aatteint sa maturité, la preuve le nombre des participants au
premier congrès desféministes islamistes du monde entierà
Barcelone.
* 182 Instrument
utilisé pourune interprétation avancée des textes
religieux
* 183LATTE ABDALLAH, S.
(2010), « le féminisme islamique, vingt ans
après : économie d'un débat et nouveaux chantiers de
recherche » in Critiques internationales sous la direction
de L, LOUËR, 9-23. Paris : SiencesPo.
* 184Jean VOGEL, Du
féminisme islamique, articulation n° 44, publié le 26
février 2011 sur
www.cesep.beconsulté le 15 juin
2011.
* 185Savant musulmans
chargés d'expliquer et d'interpréter les textes religieux
* 186 Les musulmans et la
laïcité, Tariq RAMADAN, Islam et Laïcité, 2005, p
93-113,
* 187Sociologue et
écrivain marocaine qui amené des enquêtes la place de la
femme dans la pensée islamique à travers l'analyse les paroles du
Prophète.
* 188Les paroles du
prophète dans lesquelles a expliqué la pratique de la l'Islam
* 189L'Agence Espagnole de
Coopération Internationale.
* 190Fondation espagnole
qui travail dans le domaine de développement internationale voir :
www.codespa.org
* 191Réalités
requit lors de la phase de l'observation entre 2000 et 2007.
* 192 Mouvement islamique,
dont fait parti Nadia Yassine (fille du comandant du mouvement Cheikh Yassine)
fondatrice de section femme au sein du mouvement.
* 193 Voir chapitre
III ?
* 194Groupe international
d'Etude et de Réflexion sur la Femme en Islam voir :
www.gierfi.wordpress.com
* 195Présidente du
réseau GIERFI.
* 196Asma Lamrabet, Le
Coran et les femmes : une lecture de libération, Lyon. Tawhid,
2007
* 197Margo BADRAN,
où en est le féminisme islamique ?, critique international,
n° 46, janvier-mars 2010,Paris, sciences Po les Presses, p :
25-44.
* 198Interprétation
avancée ces textes religieux.
* 199ORCF : la vision
et la charte in « le mouvement féminin au Maroc contemporain,
tendances et questions, Jamila MOSALI,Rabat. Top Presse, 2011, p 289.
* 200BERKALILI, N, 2003
P 13.
* 201HAMIDI, M,
Féministes musulmanes : De la réappropriation du religieux aux
stratégies de libération fidèles aux valeurs
universelles.
* 202 Entretien
réalisé le 28 décembre 2010 à Larache.
* 203 L'entretien avec la
présidente de la section de Larache de LDDF le 27 décembre
2010.
* 204Alain Touraine, la
voix et le regard, Paris, Seuil. 1978.
* 205 Propos accueillis de
l'entretien avec la présidente de la section de LDDF à Larache le
27 décembre 2010
* 206REVILLARD (2006),
féminisme d'Etat
www.melissa.ens.cachan.fr
* 207ALAMI M'CHICHI. (2010)
p 12-16
* 208ibidem
* 209L'action
discrète des fémocrates, Laure BERENI, Publié dans
laviedesidees.fr, 14janvier 2011,consulté le 20 juillet 1011.
* 210L'échec du
PANIFD était un échec du projet de féminisme d'Etat comme
il estconçu dans les pays démocrates
* 211ALAMI M'CHICHI, H,
(2010) P 49
* 212Ibidem p 71
* 213 Nom en arabe qui
désigne les prédicatrices
* 214 Consultation
juridique sur un point de la religion
* 215 ALAMI M'CHICHI, (
2010) p 72
* 216Ibidem, p 158.
* 217 Bruno ETIENNE,
division sexuelle du travail religieux : le cas islamique actuel, in
Femmes du Maghreb au
présent : la dot, le travail, l'identité,
sous la direction de : Monique GADANT et Michèle KASRIEL, 1990,
Paris, NRS, p : 245- 261.
* 218 Femme et
citoyenneté dans le monde arabe, Suad JOSEPH, publié sur :
www.mediterraneas.org, le 17
novembre 2004, consulté le 15 septembre 2010.- le rôle de l'Etat
dans l'évolution des systèmes de genre au Maroc, Nadira
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www.ined.fr, juillet 2001,
consulté le 11 mai 2011- Féminisme et politique au Maghreb, sept
décennies de lutte, Zakya DAOUD, 1996, Casablanca, EDDIF, p 262.
* 219JOSEPH, S. femmes
et citoyenneté dans le monde arabe, publié sur :
www.mediterraneas.org, le 17
novembre 2004, consulté le 15 septembre 2010.
* 220 Discours du roi
Mohammed V à l'occasion de fête de 20 août 1958, in DARIF,M.
l'histoire de la pensée politique au Maroc Casablanca,
Ifrikya-charq, 1988, p293. La référence estarabe, il s'agit de ma
traduction.
* 221 DARIF, M.
histoire de la pensée politique au Maroc, Casablanca,
Ifrikya-Charq,1988, p 297-304. ( en arabe)
* 222L'année de la
première constitution après l'indépendance.
* 223Article 42 de la
nouvelle constitution de 2011.
* 224Front Islamique du
Salut en Algérie.
* 225 KIAN-THIEBAUT, A. Les
femmes et les mouvements islamistes : actrices aliénées ou
contestatrices « de l'intérieur » ? Sous
direction Isabel TABOADA LEONETTI, les femmes et l'islam, entre
modernité et intégrisme, Paris, l'Harmattan, 2004, p :
111-144.
* 226JESEPH, S, Femme et
citoyenneté dans le monde arabe, publié sur
www.Mediterraneas.orgle 1
novembre 2004, consulté le 15 septembre 2010.
* 227 ALAMI M'CHICHI H,
(2002)p 96-97.