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I.INTRODUCTION
Depuis plusieurs années, la situation économique
de l'Afrique s'est accélérée, impulsant au continent une
nouvelle dynamique de croissance. Parmi les mutations les plus spectaculaires
observées, le secteur bancaire est sans doute l'un de ceux qui ont connu
les plus importantes transformations.
Pourtant, la majeure partie des africains ne possède
toujours pas des comptes bancaires classiques et doit encore trop souvent
compter sur des paiements en espèces ou passer par des services
informels, afin de réaliser quotidiennement leurs transactions et autres
paiements. (Pfaff SA. et Ndambu J, 2018).
Face à ce faible niveau d'inclusion financière,
une opportunité a vu le jour pour les oubliés du système
bancaire : le mobile money ou l'argent mobile. Lancé pour la
première fois au Kenya en 2007 par l'opérateur Safaricom (filiale
du groupe britannique de télécommunication Vodafone), le mobile
money est aujourd'hui un franc succès, dont le modèle est
désormais reproduit dans 89 pays à travers le monde.
Ce « succès story » de l'opération
kenyane eût un écho retentissant et les plus importants
opérateurs mobiles du continent, accompagnés
d'établissements bancaires se sont successivement lancés sur ce
qui est considéré aujourd'hui comme l'une des plus importantes
innovations africaines de l'histoire.
Ainsi, un an après sa cousine kenyane,
l'opérateur mobile français Orange lance lui aussi son service
« Orange money » présent aujourd'hui dans 14 pays dans
le monde dont 11 en Afrique. Comme elle, une liste très longue de
groupes de télécommunications propose désormais des
services similaires à travers le continent. C'est le cas
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notamment de l'indien Airtel, de l'Emirati Etisalat, du
Sud-Africain MTN et de plusieurs autres opérateurs nationaux et
internationaux.
(Dias D et Stochen S, 2018) estiment
aujourd'hui à 2 millions les utilisateurs actifs des services financiers
à partir du téléphone en RDC sur un total de 35 millions
d'abonnés à la téléphonie cellulaire.
II. PHENOMENE OBSERVE
Comme dans d'autres pays en voie de développement,
l'économie de la République Démocratique du Congo (RDC)
est dominée par les activités informelles, c'est-à-dire,
des PME qui n'ont pas d'existence juridique et qui échappent au
contrôle des services de l'Etat.
A cause de la faiblesse des revenus de leurs
d'activités et le manque des garanties réelles, cette tranche de
la population est exclue des services financiers (épargne,
crédit, assurance, etc.), offerts par le système financier
classique. Et cela constitue un frein au développement de leurs
activités et à l'amélioration de leurs conditions de
vie.
Les Institutions de Micro Finance ont vu le jour pour
résoudre le problème d'accès aux services financiers par
la population à faibles revenus. C'est pourquoi la micro finance est
considérée par ses partisans comme un outil efficace de lutte
contre la pauvreté.
Aujourd'hui encore, l'accès à un compte bancaire
reste difficile pour l'essentiel de la population des pays africains. Les
facteurs sont multiples : conditions d'ouverture de compte strictes, frais
récurrents élevés et rareté des agences contribuent
à limiter le taux de bancarisation de la région. Dans la
majorité des pays émergents, les espèces sont donc
toujours le mode de paiement dominant. (Chevrier N, 2018).
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La téléphonie mobile est par ailleurs devenue un
outil indispensable de la vie quotidienne, là où les grandes
distances et le manque d'investissements empêchent le bon
développement d'infrastructures des réseaux de transfert
d'argent.
Avec l'introduction de la monnaie électronique,
appelée Mobile-money, une part importante des épargnes et
transferts échappent aux Institutions de Micro Finance (IMF) parce que
la population et certains clients des sociétés de
télécommunication préfèrent garder leurs
épargnes dans le téléphone pour une utilisation future
(porte-monnaie électronique).
Pour (Bashonga Murhula D, 2016) Cette
nouvelle technologie impacte négativement les activités des IMF
dans la mesure où les épargnes de la population à faible
revenus sont collectées par les sociétés de
télécommunication via des agents qui offrent des services
financiers de base à la population, privant ainsi les IMF les moyens
d'accorder les microcrédits à cette population.
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