2.1.3. Taux de chômage
Selon le BIT, le taux de chômage est le pourcentage de
chômeurs dans la population active. Il s'obtient en rapportant le nombre
de chômeurs à l'effectif de la population active.
Effectif de la population au chômage
Taux de chômage = 100
Effectif de la population active
|
La mesure du chômage telle qu'elle est effectuée
par le BIT est simple et permet de suivre son évolution en
permanence.
2.1.4. Ménage
Selon le dictionnaire universel Larousse, un ménage est
une unité élémentaire de population (d'une ou plusieurs
personnes) habitant un même logement.
L'institut national de statistique (INSAE) dans ses
différents travaux définit un ménage comme étant,
un ensemble de personnes apparentées ou non reconnaissant
l'autorité d'un même individu appelé chef de ménage
et dont les ressources et les dépenses, notamment celles relatives
à la nourriture, sont généralement communes. Elles
habitent sous un même toit, dans la même cour ou la même
concession. Un ménage peut aussi être constitué d'un seul
individu. C'est cette définition qui a été retenue pour
l'enquête portant sur : « Activités économiques,
Partage des ressources et Planification familiale au sein des ménages de
l'arrondissement de Tchaourou » réalisée par les
étudiants de l'ENSPD au cours des mois de juin-juillet 2015.
9
2.2. Revue de la littérature
Dans le monde, plusieurs travaux ont été
menés sur le chômage. Schonholzer, J. (2008) dans ses travaux
intitulés les déterminants de l'accès à l'emploi
chez les jeunes diplômés de la formation professionnelle au Maroc,
ont fini par conclure que les déterminants de l'accès à
l'emploi des jeunes sont de deux catégories. D'une part, les
déterminants macroéconomiques comprenant la démographie,
le cadre institutionnel du marché du travail marocain,
l'inadéquation entre la demande et l'offre de travail et la faible
croissance économique. D'autres parts les déterminants
microéconomiques dont l'âge, le sexe, le niveau de formation, le
domaine de formation, le manque d'expérience professionnelle et la
profession du père. Dans le même ordre d'idée, Freyssinet,
J. (2004) et Gautier, J. (2015) respectivement dans la collection «
Repères » onzième édition et la version
complètement refondue et mise à jour du livre le chômage,
ont classé en deux catégories les facteurs explicatifs du
chômage. Dans la première catégorie, on note les facteurs
individuels qui regroupent l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, la
catégorie socioprofessionnelle et l'origine nationale ou ethnique
attestée par l'expérience de testing réalisée sous
l'égide du Bureau International du Travail (BIT). Dans la
deuxième catégorie, il y a les facteurs contextuels au nombre
desquels nous avons la croissance des activités économiques, la
rigidité des salaires (Salaire minimum), l'inflation, les progrès
techniques, l'immigration et le chômage naturel qui est le niveau de
chômage compatible avec une inflation stable, soit un taux de
chômage qui n'accélère pas l'inflation, en anglais le
NAIRU. Dans ses travaux, Freyssinet, J. (2004) a étudié trois
facteurs explicatifs du chômage dont l'afflux de nouveaux arrivants sur
le marché du travail ou la présence injustifiée de
certaines catégories de population sur ce marché ; la mauvaise
volonté, la mauvaise information, l'inaptitude, les exigences
excessives, voire la paresse qui expliquent pourquoi certains restent sans
emploi et enfin, le progrès technique, l'instrument d'explication
universelle de tout phénomène social.
En plus de Schonholzer, J. (2008), Freyssinet, J. (2004) et
Gautier, J. (2015), les chercheuses Englert, M. (2013) et Lenka, K. (2010) ont
aussi classé en deux types les déterminants du chômage.
Dans son rapport sur l'analyse des déterminants du chômage urbain
et politique de rééquilibrage entre l'offre et la demande de
travail en Région de
10
Bruxelles-Capitale (N°13-03. RR), la chercheuse Englert,
M. (2013) a mis en relief deux approches. D'une part, l'approche
microéconomique ou des facteurs individuels qui lui a permis
d'identifier le niveau de diplôme, l'âge, le sexe, la
nationalité, le milieu de résidence et la situation familiale
comme les principales caractéristiques ayant d'effet sur la
probabilité qu'une personne active soit au chômage. D'autres part,
l'approche macroéconomique qui lui a permis de conclure que le
chômage n'est pas dû aux caractéristiques de l'offre de
travail mais plutôt à celles de la demande. Lenka, K. (2010) dans
son mémoire portant sur le chômage en France a obtenu des
résultats similaires à ceux obtenus sur la Belgique sur le plan
microéconomique. Sur le plan macroéconomique par contre on
observe quelques différences entre les deux pays : la faiblesse de la
compétitivité française (les prélèvements
fiscaux supérieurs à la moyenne de l'Union européenne) et
le salaire minimal élevé par rapport aux autres pays, d'un point
de vue libéral.
Comme dans le reste du monde, il existe aussi dans la
littérature des études scientifiques sur le chômage dans
beaucoup d'autres pays. En Afrique de l'ouest, il y a par exemple le travail de
Cisse, M. (2005) sur le Sénégal qui relève dans un
contexte semblable à celui du Bénin les déterminants du
chômage dans ce pays. On peut remarquer dans leurs travaux que, plus la
personne est instruite, moins il a des chances d'être au chômage ;
ce qui contraste avec les résultats observés au Bénin.
Aussi, la probabilité d'être au chômage est une fonction
décroissante de l'âge ; c'est-à-dire plus la personne est
âgée, moins il est enclin à être au chômage.
Mais au Bénin comme au Sénégal, les femmes semblent
être plus exposées au chômage que les hommes et habiter en
zone urbaine augmente le risque d'être au chômage que d'être
en zone rurale. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par
Bouriche, L. (2013) dans sa thèse de doctorat portant sur les
déterminants du chômage en Algérie : une analyse
économétrique de 1980 à 2009. Dans ses travaux, il obtient
les résultats suivants sur les caractéristiques du chômage
en Algérie. D'abord, le chômage touche plus les femmes que les
hommes. Alors qu'il était de 31,4% chez les femmes en 2001 et 18,10 % en
2009, il était de 26,6 % et 8,6% respectivement en 2001 et en 2009 chez
les hommes. Il affecte également les jeunes avec un taux plus
élevé (21% chez les 16-24 ans) que celui des adultes (7,2% chez
les 25 ans et plus). Enfin, en Algérie, le niveau d'instruction semble
affecter
11
positivement le statut socioprofessionnel des personnes
puisqu'en examinant le taux de chômage par niveau d'instruction en 2008,
l'auteur remarque que c'est la population du niveau secondaire qui enregistre
le plus fort taux (21,1%).
Wambugu et al. (2009) ont identifié les principales
causes du chômage des jeunes au Kenya. Ils attribuent à celui-ci
les facteurs suivants : croissance rapide de la population, manque
d'information sur le marché du travail, la baisse de la croissance
économique et les effets des politiques d'ajustement structurel.
Kingdon et Knight (2000) ont montré que le
chômage est très inégalement réparti entre les
différentes couches de la société sud-africaine. Les
jeunes vivant en milieu rural sont plus vulnérables que ceux du milieu
urbain. Les caractéristiques du capital humain telles que le niveau
d'éducation constituent les principales raisons de leur souffrance d'un
taux élevé de chômage.
Traoré, F. (2005) a mis en évidence la
rareté des études en matière de chômage et du
sous-emploi au Mali. En utilisant des données d'enquête, il a
montré que le jeunes ont deux fois plus de risque de se retrouver
chômeurs par rapport aux jeunes.
Nous terminons cette revue en Afrique en présentant une
autre façon d'aborder la question du chômage. Elle consiste
à s'intéresser plutôt à l'insertion professionnelle
comme l'a fait le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en
Education (ROCARE, 2011) à travers « Les déterminants de
l'insertion socioprofessionnelle des diplômés des institutions
d'enseignement supérieur guinéen ». Cette étude a
montré qu'au seuil de 5%, le statut des établissements de
formation, la maîtrise d'une langue internationale autre que le
français, le stage, la formation en technique de recherche d'emploi, la
spécialité, le groupe d'âge et la position sociale des
parents, influencent significativement l'accès à un emploi.
Au Bénin, les écrits sur le chômage
même s'ils ne sont pas nombreux, ne manquent pas et peuvent bien servir
de référence pour faire une analyse exploratoire comme dans notre
cas. Par exemple, le rapport final de l'Enquête Modulaire
Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages (EMICoV,
(2011)) en l'occurrence le chapitre 2
12
portant sur l'emploi, le chômage et les conditions de
travail, indique que le taux de chômage était de 2,7 % (2,5% chez
les hommes et 2,9% chez les femmes). Ceci sous-entend que le chômage
atteignait plus les femmes que les hommes sur cette période. Selon ce
même rapport, les jeunes de la tranche d'âge 20-24 ans semblent
être les plus touchés sur la période étudiée
car ayant un taux plus élevé avoisinant les 7% (6,8%),
suggérant ainsi que l'âge pourrait bien être un facteur
déterminant du chômage. On note aussi que le taux de chômage
augmente avec le niveau d'instruction. Il atteint 12,5% pour les personnes
ayant effectué des études universitaires et 8,4% pour ceux dont
le niveau d'étude ne dépasse pas le secondaire 2. Donc plus on
est instruit, plus la probabilité d'être chômeur est grande.
Cette observation est assez inquiétante d'autant plus qu'elle semble
suggérer de ne pas faire de grandes études. Ce même rapport
révèle qu'en 2011, le taux de chômage en milieu urbain est
de 4,3 % contre 1,5 % en milieu rural ; et donc le chômage s'exprime plus
en milieu urbain qu'en milieu rural. Dans cette même logique, le rapport
du quatrième Recensement Général de la Population et de
l'Habitation (RGPH4-2013), nous révèle que le taux de
chômage était au Bénin de 2,3 % en 2013. Une
répartition selon le milieu de résidence montre que ce taux est
de 2,8% en milieu urbain contre 1,9 % en milieu rural. Ces chiffres viennent
renforcer les conclusions de l'Enquête Modulaire Intégrée
sur les Conditions de Vie des ménages selon lesquelles le chômage
est plus élevé en milieu urbain et touche plus les femmes.
Au regard de tous ces écrits et remarques, on observe
que le sexe, le niveau d'instruction, le type de diplôme, le milieu de
résidence et l'âge sont généralement les facteurs
mis en exergue dans l'explication du chômage. En se basant sur les
résultats de ces différents auteurs et organismes, nous pouvons
formuler les hypothèses de recherche suivantes :
? Hypothèse 1 : Les femmes sont plus
enclines à être au chômage que les hommes dans
l'arrondissement de Tchaourou.
? Hypothèse 2 : Le chômage
sévit plus chez les jeunes que chez les adultes dans l'arrondissement de
Tchaourou.
13
? Hypothèse 3 : La probabilité
d'être au chômage est plus élevée en milieu
semi-urbain (Tchaourou centre) qu'en milieu rural dans l'arrondissement de
Tchaourou.
? Hypothèse 4 : Le chômage est une
fonction croissante du niveau d'instruction dans l'arrondissement de
Tchaourou.
? Hypothèse 5 : Le chômage
sévit plus chez les personnes détentrices d'un diplôme
d'enseignement général que ceux de l'enseignement technique dans
l'arrondissement de Tchaourou.
14
|