VI. Cadre de référence théorique :
Théorie constructiviste
Le conflit est un phénomène social complexe et
apparait comme la résultante d'interactions entre des acteurs d'un
environnement social donné. Cela suppose d'une part, l'existence
d'acteurs sociaux et d'autre part, un environnement social dans lequel ces
acteurs sont intégrés. Chercher donc à rendre
théoriquement compte des conflits fonciers, reviendrait dans le cadre de
ce travail, à se fonder sur la théorie constructiviste (Delcourt,
1991 ; Vellas, 2003 ; Bourdieu, 1972) qui unifie l'acteur social et son
environnement dans l'explication du social. Les constructivistes restent
à la jonction de l'objectif et du subjectif et postulent en effet, que
les faits qui sont censés constituer les problèmes sociaux, sont
inséparables des acteurs sociaux.
Dès lors, pour les constructivistes, (Delcourt, 1991 ;
Vellas, 2003 ; Bourdieu, 1972), étudier un phénomène
social donné, suppose intégrer dans la sphère explicative
les facteurs dépendants ou internes aux acteurs sociaux et des facteurs
indépendants ou externes aux acteurs sociaux.
L'intégration de l'ensemble des facteurs
endogènes et exogènes aux acteurs permet d'éclairer le
phénomène étudié.
Les démembrements de cette théorie
constructiviste concernent notamment les théories individualistes ou
actionnistes (1) et les théories multifactorielles (2) que nous
exposerons.
6.1. Théories actionnistes
6.1.1. Théorie de l'individualisme
méthodologique de Boudon
Selon le principe d'individualisme méthodologique,
Boudon (1970) énonce que pour expliquer un phénomène
social quelconque, il est indispensable de reconstruire les motivations des
individus concernés par le phénomène en question et
d'appréhender ce phénomène comme le résultat de
l'agrégation de comportements individuels dictés par ces
motivations.
Les comportements individuels constituent selon l'auteur, la
source des conflits de tout genre. Et, dans les systèmes
d'interdépendance et d'interaction que constituent les
sociétés, les conflits seraient autant de dysfonctionnements.
L'agrégation des conduites des différents acteurs, dans un cadre
donné (une usine, une administration,
88
un Etat...), conduit à toute une série d'effets
non désirés et pervers, parfois violents. L'intérêt
de cette théorie est de comprendre globalement les facteurs de
l'échec de la gestion des conflits fonciers à partir des choix,
motivations et actions des acteurs sociaux.
6.1.2. Théorie de l'acteur de Blumer
Pour Blumer (1969), le comportement humain ne peut se
comprendre et s'expliquer qu'en relation avec les significations que les
personnes donnent aux choses et à leurs actions. Dans le cas
d'espèce, pour comprendre les antagonismes actuels sur le foncier
ivoirien et particulièrement à Sinfra, il faut chercher à
connaître ou comprendre la valeur ou la signification des choses ou dans
le cas d'espèce, de la terre selon les acteurs intégrés
dans le système foncier.
On ne pourra donc comprendre la question des conflits fonciers
à Sinfra, que par la recherche des significations que la terre et les
actions de consolidation ou d'appropriations des uns, représentent pour
les autres.
|