1.4.La démarche
méthodologique
La méthodologie de recherche est l'ensemble des
démarches à suivre par l'esprit pour découvrir et
démontrer la recherche scientifique. C'est aussi un ensemble de
pratiques particulières qu'une science met en oeuvre pour que le
cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit
clair. Pour ce présent travail, l'approche systémique a
été privilégiée. Celle-ci nous a permis de
recueillir le maximum de renseignements que nous avons stockés,
organisés en donnéesquantifiables sur l'évolution des
phénomènes observables sur le terrain et les processus qui les
alimentent.
Ce choix se justifie par le fait que la production
agricolerésulte, d'une part, des interactions existantes entre les
hommes et leur environnement, et d'autre part, des interrelations et
interactions entre les composantes du milieu
(climat-végétation-sol). Par conséquent, l'application de
l'approche systémique permet non seulement d'analyser les variations des
paramètres climatiques (pluviométrie, température,
humidité relative et vent), de constater l'ampleur de la
dégradation des sols dans la commune de Kouka, mais aussi de
démontrer que ces facteurs constituent des contraintes pour la
production agricole. Dans cette optique, la démarche suivie comprend
les travaux préparatoires, les travaux de terrain, le traitement et
l'analyse des données recueillies.
1.4.1. Les travaux
préparatoires
ü La revue de littérature
Cette étape a commencé depuis
l'élaboration du projet de recherche et a été poursuivie
tout au long de la recherche. Au cours de cette étape, l'état de
connaissance sur la variabilité climatique et son impact sur
l'agriculture, la dégradation des sols et impact sur l'agriculture a
été réalisé. Cela nous a amené à
visiter plusieurs centres de documentation : les bibliothèques des
universités Norbert ZONGO (Koudougou), Pr Joseph KI-ZERBO, de
l'INERA/Saria, les centres des services de l'agriculture, de l'élevage
au niveau local (Kouka), au niveau provincial (Solenzo). Il y a eu aussi de
nombreux sites qui ont été visité pour avoir des
informations sur des organismes travaillant sur notre
problématique : AGRHYMET, CILSS, FAO, CNULCD, GIEC. Cette revue de
littérature a permis de mieux cerner la problématique et de
choisir les outils et méthodes adéquats pour l'étude.
C'est pendant cette phase que le questionnaire individuel, le guide
d'entretienont été élaboré.
Les documents consultés sont de plusieurs
catégories : articles scientifiques, ouvrages, mémoires de
maîtrise et de master, thèses, rapports, données
statistiques (démographie, pluviométrie, température,
vent, humidité relative, cartographie, production agricole, etc.). Les
principales thématiques qui y sont traitées portent sur la
gestion des ressources naturelles (terre, eau, végétation), la
dégradation des ressources naturelles, les changements climatiques, la
variabilité climatique, la production agricole, etc.
Les données démographiques concernent les
effectifs de population du recensement général de population et
de l'habitat 2006 (INSD, 2007) et de leur projection contenue dans le plan
communal de développement. Pour ce qui est des données
climatiques, elles sont collectées auprès de la Direction
régionale de l'agriculture de la région de la Boucle du Mouhoun,
de la station synoptique de Dédougou. Les données
concernées sont la pluviométrie, la température,
l'humidité relative, le vent. En vue d'apprécier
l'évolution de la pluviométrie au cours des différentes
années, la méthode de l'indice pluviométrique a
été appliquée. Cette méthode a l'avantage de mettre
en évidence les périodes excédentaires et
déficitaires. C'est une méthode qui a été
utilisée par KOUASSI A. M. et alen 2010 dans le bassin versant
de N'zi en Côte d'Ivoire et par OUOBAA. P. en 2013 dans le sahel
burkinabé. L'accent est mis ici sur lecalcul de l'indice
standardisé des précipitations ou Standardized Precipitation
Index (SPI). La formule utilisée est : SPI =Xi - Xm /Si
où
- Xi est la valeur de la pluviométrie annuelle de
l'année i ;
- Xm la moyenne de la pluviométrie sur la
période étudiée (dans ce présent document la
période étudiée est 1988-2017) et ;
- Si, l'écart type des pluies annuelles de la
période étudiée.
L'application de cette formule permet de donner une valeur
à SPI. Lorsque l'indice SPI > 2, on a une humidité
extrême ; pour 1 < SPI < 2, on parle d'humidité forte ; pour
0 < SPI < 1, on a une humidité modérée ; pour -1
< SPI < 0, on a une sécheresse modérée ; si -2 <
SPI < -1, on a une sécheresse forte ; si SPI < -2, la
sécheresse est qualifiée d'extrême.
Les données cartographiques concernent les Bases
Nationales de Données Topographiques (BNDT 2000 et 2014) et la Base de
Données sur l'Occupation des Terres (BDOT 1992 et 2002). Ces
données vectrices, obtenues à l'Institut Géographique du
Burkina, ont servi de fond de carte. En plus du format vecteur, des
données rasters ont permis d'analyser la dynamique spatiale dans la zone
d'étude. Il s'agit des images satellitaires de Landsat : Images
Landsat 7 et 8 de 1998, 2007 et 2018. L'analyse diachronique a
été utilisé pour apprécier la dynamique
d'occupation des terres car l'occupation des terres pour les activités
socioéconomiques sont en partie responsable de la dégradation des
sols.
ü Le choix du thème et du site
d'étude
Le choix de ce thème a été guidé
par le souci de satisfaire une curiosité scientifique sur les effets
induits de la variabilité climatique sur les sols et sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka. Le choix de la
commune rurale de Kouka comme zone d'étude s'explique par les
changements environnementaux importants enregistrés au cours des
dernières décennies, tant sur le plan du couvert
végétal que des ressources en eau (PARE L. et TALLET B., 1999).En
plus, la commune de Kouka constitue en fait un cadre géographique
où l'étude de la variabilité climatique et des mutations
paysagères sont pertinentes car la commune possède de nombreuses
spécificités :
- Selon la migration des isohyètes au Burkina Faso, la
commune de Kouka se trouve de nos jours presque sur l'isohyète 900mm,
donc à la limite entre le climat soudanien et le climat
soudano-sahélien selon la récente position des isohyètes
(fluctuation 1981-2010), (cf. carte n°3, p 20). Or, elle se trouvait
pleinement dans le climat soudanien (fluctuation des périodes 1961-1990
et 1971-2000). Ce qui montre que la commune de Kouka a connu un changement de
climat avec la migration des isohyètes vers le sud (cf. carte n°1,
p 6) ;
- La commune de Kouka constitue un cas démographique
original dans la province des Banwa. Sur la base du taux d'accroissement
provincial annuel qui est de 3,1% (INSD, 2006), le nombre d'habitants dans la
commune qui est de 59118 en 2006 serait en 2015 de 74671 personnes et de 83355
habitants, en 2019.Cette augmentation de la population n'est pas sans risque
sur les ressources naturelles.De nos jours, presque tout l'espace du terroir
communal est exploité.Le tableau n°1 donne une idée des
densités de la population communale.
Tableau n°1 :
densité de population
|
Superficie (km²)
|
Population en 2006
|
Densité en 2006
|
Densité en 2015
|
Densité en 2020
|
Kouka
|
700
|
59 118
|
84
|
104
|
116
|
Banwa
|
5 954
|
269 375
|
45
|
56
|
62
|
Région
|
34 497
|
1 442 749
|
42
|
50
|
56
|
Source : INSD, 2006
On constate qu'effectivement, la densité de la commune
est supérieure à celle de la province et de la région. Par
exemple en 2006, sur chaque km², 84 personnes sont installées et en
2015, on estime qu'ellessont passées à 104 au km².Alors,
dans un contexte de variabilités climatiques et la pression de l'homme
sur les sols, il va de soi que dans l'ensemble des villages de la commune,
cette ressource naturelle connaisse une forte dégradation au fil des
ans.
- La production agricole demeure la base essentielle des
activités socio-économiques de la population. En effet, Kouka est
une zone de production agricole surtout cotonnière reconnue depuis les
années 90 et que à partir de 2010, il y a une dynamique des
systèmes de culture survenue à cause probablement des effets de
la variabilité climatiqueet de la dégradation des sols
provoqué par la culture du coton. On constate par conséquent que
cette zone de nos jours se reconvertit en zone de production maraichère.
Ce constat nous a amené d'abord à analyser les effets des
variabilités climatiques et de la dégradation des sols sur la
production céréalière dans ce présent travail, et
à nous appuyer sur ces résultats pour étudier les causes
de la dynamique des systèmes agricoles dans un contexte de
variabilité climatique dans des recherches à venir.
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