4.1.2. Les causes climatiques de la dégradation des
sols
L'analyse des données climatiques de la station
synoptique de Dédougou permet de suivre l'évolution interannuelle
des paramètres climatiques. L'analyse des cumuls pluviométriques
indique une forte variabilité interannuelle des hauteurs d'eau entre
1988 et 2017. Cette variabilité qui se traduit par des années
déficitaires et d'abondance présente naturellement des
conséquences néfastes sur les sols. Il en est de même pour
la vitesse des vents et de la tendance à la hausse des
températures.
Le sol est la partie superficielle de la terre susceptible
d'être cultivée en raison de ses propriétés
physiques et chimiques. La plupart des plantes cultivées puisent
l'essentiel de leur nourriture dans l'horizon supérieur du sol riche en
matière organique qui lui donne une structure idoine.Le fait même
que cet horizon soit meuble le rend très vulnérable à
l'action des agents d'agression et de transport que sont l'eau et le vent.
L'action des agents d'érosion sur les
sols.
Pour le cas de l'érosion éolienne,
c'est l'enlèvement et le transport des particules de terres ou
des grains de roches hétérogènes par le vent.
L'érosion éolienne est une forme de dégradation qui a
tendance à s'accroitre avec l'accentuation de l'aridité. Comme
dans le cas de l'érosion hydrique, elle comporte aussi une phase de
départ en amont et une phase d'accumulation en aval.
Bien que nettement moins importante, elle ne doit pas pour
autant être sous-estimée. Dès l'instant où un sol
est mis à nu, il devient sujet à ce type d'érosion.Les
sols dégradés par l'érosion hydrique et devenus plus
sablonneux subissent une érosion éolienne. Les sols
rencontrés au centre et au nord de la commune semblent être plus
soumis à l'action du vent du fait de leur état de surface
sablo-argileux et de la faible couverture végétale.
La commune rurale de Kouka est balayée par deux vents
dominants : l'alizé continental qui souffle en saison sèche
et l'alizé maritime qui apporte la pluie en hivernage. Les vents ont une
faible vitesse en général, 2,5m/s en moyenne pour la série
1988-2017. Cependant, on a régulièrement au début de la
saison des pluies des épisodes de vents violents. Cela est
confirmé par 81,33% des chefs de ménage enquêtés,
qui estiment que le régime des vents est devenu violent. Entre les mois
de janvier et juillet, la vitesse des vents est globalement supérieure
à la moyenne. Elle atteint 3m/s durant le mois de Mai
c'est-à-dire en début de la saison des pluies (graphique
n°5). Or ce mois correspond à la période où les
agriculteurs commencent à préparer leur champ pour le
démarrage de la campagne agricole. Ces préparatifs se traduit par
le désherbage, le débroussaillage, le brulis. 54,66 % des
chefs de ménage enquêtés pratiquent cette technique. Ces
pratiques contribuent à rendre le sol nu favorisant ainsi l'action de
l'érosion éolienne. Le vent part donc avec les particules fines
du sol composées de matières organiques et minérales de
l'horizon A et B du sol, le rendant de plus en plus pauvre.
Quant à l'érosion hydrique, elle est très
active dans la commune rurale de Kouka. Elle entraîne des formes de
dégradation spectaculaire. L'intensité des pluies est telle que
souvent, les sols ne peuvent pas absorber la totalité des
précipitations. Dans ces conditions, la plus grande partie de cette eau
ne peut que ruisseler, entrainant avec elle les particules superficielles du
sol. La vitesse d'écoulement des eaux de ruissèlement est
fonction de l'intensité de la pluie, de la durée de celle-ci, de
la pente du terrain, ainsi que du couvert végétal. La
végétation joue un rôle de frein ; ainsi sur le sol nu
et lisse, la vitesse d'écoulement de l'eau sera plus
élevée que sur un sol à couverture herbacée
épaisse. Plus l'eau va vite, plus elle entraine des particules, causant
ainsi une érosion plus importante. L'érosion étant
proportionnelle à la vitesse d'écoulement de l'eau, toute action
qui pourra diminuer cette vitesse d'écoulement diminuera autant
l'érosion hydrique à cet endroit. Les sols peu ou pas du tout
protégés par la végétation sont soumis à
l'action directe des gouttes de pluie. L'énergie cinétique des
gouttes de pluies provoque l'obturation des pores du sol, empêchant ainsi
l'infiltration. Cela conduit à l'accumulation de plasma argileux en
minces couches parallèles à la surface du sol, appelée
croûte de battance. Ce phénomène a été
largement expliqué par DA D.E.C., (1993). D'après ce dernier, les
sols à argile sableuse et à limon sableux, même
parsemés de gravillons, sont les plus affectés par le
phénomène. Sur ces types de sols, l'effet splash des gouttes
d'eau de pluie joue un rôle déterminant dans la formation de la
croûte. Le compactage de la couche superficielle entraîne une
réduction de la rugosité et de la porosité donc, de la
capacité de rétention en eau déjà faible pour ces
types de sols.
Or, les sols à état de surface sableux,
gravillonnaire, limono-argileux occupent toute la partie Centrale, Ouest et
Nord-ouest de la commune. C'est ce qui explique le fait que, les croûtes
de battance (photo n°6 ) sont beaucoup plus développées dans
la commune particulièrement à Kouka, Houna, Siwi, Kouroumani.
Photo n°6 : croûte de battance sur sol
à structure sableux-argileux à Kouka
Cliché : KONKOBO J. (Juin
2018)
Ces surfaces encroutées, associées aux fortes
pentes que connait la commune accélèrent le ruissellement des
eaux de pluie et occasionnent par conséquent, des formes
d'érosion dangereuses et spectaculaires. Le ruissellement en nappe
provoque l'ablation uniforme des fines particules de la surface du sol. Ce
décapage pelliculaire favorise par endroit l'affleurement des cuirasses
situées en profondeur (voir photo n° 7). Ce type
d'érosion est bien développé au niveau des zones nues.
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