4.1.1.2La dynamique de
l'occupation des terres
Pour quelque raison que ce soit, le défrichement est
évidemment le principal agent initiateur de l'érosion des sols.
La déforestation pratiquée depuis la sédentarisation de
l'homme et les débuts de l'agriculture est la cause essentielle de la
destruction des surfaces cultivables.Cette situation est à rapprocher
d'un contexte général de pression démographique sur le
sol. La commune rurale de Kouka appartient à un espace plus large de
colonisation agricole au Burkina Faso qui est un mouvement de populations
paysannes à la recherche de terres plus favorisées sur le plan
écologique que celles de leur région d'origine. Dans le
département de Kouka, entre 1952 et 1993, la densité de la
population est passée de 12 à 43,5 hbts/km2 ; le fort
accroissement démographique est surtout dû à un important
courant migratoire. La dynamique migratoire a été
favorisée par un système foncier très souple permettant
l'installation des étrangers (PARE L. et TALLET B., 1999). Cette
densité dépasse de nos jours 100 hbts/km². En trois ou
quatre décennies, les équilibres naturels et
démographiques ont été bouleversés. La
transformation rapide des paysages témoigne du changement radical de
situation démographique. L'évolution des formes d'occupation des
sols de la communerurale de Kouka est appréhendéeen trois dates
différentes : 1998, 2007, 2018, correspondant à des images
satellitaires traitées.L'objectif est de cerner la dynamique dudit
terroir dans le temps et dans l'espace car cela permet de mieux évaluer
les variations spatiotemporelles du couvert végétal, des champs,
des zones nues et des affleurements rocheux.
Une présentation des cartes d'occupation du sol de
1998, 2007 et 2018 est faite, ensuite les résultats des statistiques
sont fournis et enfin les variations spatiales des classes d'occupation du sol
de 1998, 2007 et 2018 et leur impact sur la production
céréalière sont analysés.
La carte n°6 est un ensemble de trois planches
présentant les cartes d'occupation des sols dans la commune rurale de
Kouka en 1998, 2007 et 2018. Il met en évidence sept unités
d'occupation des sols. Le regroupement des cartes permet de mieux percevoir la
dynamique des sols au cours de l'intervalle de temps considéré.
Carte n°6: cartes de l'occupation des terres en 1998,
2007 et 2018
ü Etat de l'occupation des terres en
1998
En 1998, la savane arborée est
prépondérante et se présente dans l'ensemble de la
commune. Mais cette savane est parsemée par des champs, des zones nues,
des affleurements rocheux, de la savane arbustive surtout dans la partie
centrale et nord de la commune (carte n°6). On peut dire qu'en 1998 la
commune de Kouka était bien couverte par une végétation
assez dense car plus de la moitié du territoire était
occupée par des plantes. En effet, la savane arborée occupe 52,19
% de la commune. Elle est suivie par la savane arbustive (22,04%) puis les
champs (18,80%). Le reste de la commune est couvert par des affleurements
rocheux (3,36%), des zones nues (1,90%), des formations ripicoles (1.16%) et
des habitats (0,55%). Les affleurements rocheux sont un ensemble de roche non
séparée du sous-sol, étant mis à nu par un ensemble
de facteur sans être masqué par des formations superficielles. En
d'autre terme, un affleurement rocheux est une zone où la roche du
sous-sol est visible. Ici, c'est particulièrement la cuirasse
ferrugineuse qui est surtout mise en exergue à cause de l'ampleur de
l'érosion hydrique.
ü Etats de l'occupation des terres en
2007
En 2007, les savanes arborées et
arbustivesforment désormais un espace quasi continu. On constate une
régénération du couvert végétal dû
à une amélioration du climat à partir des années
2000 et à une action collective de la population pour la protection de
l'environnement (action des agents des eaux et forêt en partenariat avec
la population). C'était une politique locale qui a consisté
à délimité une zone de pâturage à l'ouest de
la commune. Les champs constituent des unités éparses dans les
formations végétales. Mais de façon
générale, on constate une régression de la savane
arbustive et une progression de la savane arborée et des champssur toute
l'étendue de la commune. Au nord-est de la commune, la savane arbustive
a été grignotée significativement par les champs tandis
qu'à l'ouest, la savane arbustive a laissé la place à la
savane arborée au cours des 9 années (raisons, ci-dessus
expliquées). En effet, la savane arborée reste toujours
dominante. Elle occupe désormais 67,15% de la superficie totale de la
commune, donc elle a connu une progression. Les autres unités qui ont
connu une progression sont : les champs (20,44%), l'habitat (0,72%) et les
zones nues (1,94%). Quant aux unités qui ont connu une régression
sont : la savane arbustive (6,79%), les affleurements rocheux (2,61%) et
les formations ripicoles (0,32%). Les formations ripicoles sont une bande de
végétation située le long des cours d'eau. C'est
particulièrement des vergers composés essentiellement de
manguiers, des bananerais, des citronniers et des orangers.
ü Etat de l'occupation des terres en
2018
En ce qui concerne l'état de l'occupation du sol en
2018, la carte montre une physionomie très différente par rapport
en 1998 et 2007. Il y a une très forte dégradation de la
végétation et une forte apparition des zones nues et des
affleurements rocheux. Ce qui montre donc une forte dégradation des
sols. L'analyse des résultats des statistiques permet de mieux cerner la
dynamique régressive du couvert végétal et de la
dégradation des sols.En effet, les statistiques indiquent toujours la
prédominance de la savane arborée qui occupe plus de la
moitié de la superficie communale, soit 51,64%. Mais cette proportion
est en baisse comparativement en 2007. Les champs et la savane arbustive ont
connu aussi une régression. Par contre, les zones nues et les
affleurements rocheux ont connu une forte progression entre 2007 et 2018. De
1,94% à 18,75% pour les zones nues et de 2,61% à 6,75% pour les
affleurements rocheux. Les zones nues sont des espaces à couverture
végétale faible voire nulle. C'est particulièrement les
sols encroutés, les sols dégradés laissés en
jachère. Les états de surface aux différentes dates sont
représentés dans le tableau n°6.
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