3.3. Impact de la
variabilité climatique et production céréalière
dans la commune rurale de Kouka.
Le Burkina Faso est un
pays agricole où plus de 80% de la population tirent ses moyens de
subsistance de l'exploitation de la terre et des autres ressources de
l'environnement. Malgré les efforts fournis par les agriculteurs, le
bilan céréalier ressort presque toujours déficitaire
posant ainsi des problèmes de sécurité alimentaire au
niveau local, régional et national. La saison agricole 2017-2018 en
témoigne. Sur les 45 provinces que compte le Burkina Faso 22 sont
classées déficitaires en terme de production agricole
(Ministère en charge de l'agriculture, 2018). Cette
insécurité alimentaire est la conséquence des
variabilités climatiques, de la mauvaise répartition
spatio-temporelle des pluies, de la faible fertilité des sols, de la
diminution des ressources naturelles et de la croissance
démographique.
En terme de production
céréalière, la population de Kouka produit du mil, du
sorgho, du maïs, du riz.Et par ordre d'importance, le maïs est la
principale culture vivrière dans la commune de Kouka, suivent ensuite le
sorgho, le riz et le mil (cf. graphique n°14). La superficie des
exploitations de mil, de sorgho, de maïs, de riz est passée de 27
121 ha en 2010 à 40 596 ha en 2013 pour connaitre une baisse très
sensible en 2015 et 2016 avec respectivement 18170 ha et 18084 ha. Quant
à la production en tonnes des céréales, il n'y a pas une
corrélation entre les superficies cultivées et la production. En
effet, la production céréalière a connu son pic en 2016
avec 18084 ha pour 79804,7 tonnes contre 63244 ha pour 60461 tonnes en
2011.Cette production céréalière varie beaucoup en
fonction des saisons agricoles. Et à la question de savoir comment
évolue votre production agricole au cours des années, 80% des
chefs de ménage répondent en disant qu'il y a régression.
26,66% d'entre eux pensent que la cause de cette régression est à
mettre au compte des variabilités climatiques. Et 38,60% estiment que
les causes sont à la fois dues aux variabilités climatiques et la
pauvreté des sols. La variabilité de la production
céréalière est à mettre donc en rapport avec la
variabilité pluviométrique. Mais, y a -t'il une
corrélation entre production céréalière et
variabilité climatique ?
Graphique n°14 :
production céréalière dans la commune de Kouka
Source des données : ZAT/Kouka, 2018
Il est ressorti dans l'analyse des paramètres
climatiques que, la pluviométrie, la température,
l'humidité relative ont une tendance à la hausse. Pour DURAND F.,
2007, le réchauffement du climat laisse présager des
sècheresses plus fréquentes au nord de la zone subtropicale,
ainsi qu'un renforcement de la désertification dans les zones arides et
semi-arides, accompagné de pénurie d'eau. Ce
dérèglement devrait avoir un impact sur l'agriculture
particulièrement sur la production céréalière. Par
exemple, l'augmentation de la chaleur et de l'ensoleillement est favorable
à certaines cultures, mais cela peut amener à des
résultats désastreux si elle est associée à un fort
déficit pluviométrique, ajoute-t-il. Et pour AMAT J.P., (2008),
le changement climatique ne signifie pas uniquement une augmentation de la
température dans le siècle à venir, mais aussi des
variations importantes des précipitations. Cela se confirme avec nos
analyses sur les variabilités pluviométriques en 2013 à
Saria (centre-ouest du Burkina Faso) et dans cette présente
étude.Dans la littérature, les modèles prédictifs
restent très prudents car les corrélations entre
températures et précipitations ne sont pas linéaires et
leurs interactions sur le sol sont complexes. Un réchauffement du climat
peut augmenter l'évaporation au sol et aggraver les déficits en
eau. AMAT J.P. ajoute que, « toutefois la température de l'air
détermine à la fois sa capacité de rétention de
vapeur d'eau et sa stabilité, donc la possibilité de
pluie. ». C'est pourquoi un réchauffement du climat ne
signifie pas nécessairement son aridification. Alors, les
caractéristiques du climat actuel dans la commune de Kouka ne devraient
pas être défavorables à la production
céréalière. Mais, pourquoi, l'incertitude alimentaire
perdure dans de nombreuses régions du monde particulièrement en
Afrique sub-saharienne ?
Le problème viendrait plus dans la perturbation de la
saison humide par le « faux départ » de FRANQUIN P.,
des poches de sécheresses qui surviennent inopinément. Car,
lorsque nous calquons la production céréalière sur la
variation de la pluviométrie, il y a des discordances qui se
dégagent. En effet, la moyenne des précipitations entre 1988 et
2017 est de l'ordre de 800mm. Cette moyenne devraitêtre suffisante pour
la production du mil, du sorgho, du maïs si les pluies sont bien
réparties dans le temps et dans l'espace et si les dates de début
et de fin de la pluviométrie étaient moins erratiques. Même
en dessous de cette moyenne calculée, la pluviométrie ne devrait
pas avoir de conséquences néfastes, si les pluies sont bien
réparties durant la saison humide avec un début bien
défini par rapport aux semis et une fin qui coïncide avec la
maturation des plants. Des hauteurs d'eau supérieures à la
moyenne n'offrent pas non plus de bons rendements agricoles si les pluies sont
mal réparties.
Pour OUEDRAOGO F. C., (2006), le sorgho et mil sont peu
exigeantes en eau, respectivement environ 600mm de pluie en 90-100 jours et
entre 400-700 mm durant 60-90 jours. Alors une saison agricole de durée
inférieure à la saison végétative des plants
diminue probablement les rendements agricoles.Le graphique n°15montre
effectivement que la variation de la production céréalière
n'a pas forcement de corrélation avec la variation des hauteurs d'eau
tombées annuellement.
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