3.2. Perception de la
variabilité climatique par la population de Kouka
Pour appréhender la perception de la
variabilité climatique par la population locale, un questionnaire a
été administré au chef de ménage de neuf villages
dans la commune rurale de Kouka durant le mois de Févrierà Mars
2018. Cette perception concerne les paramètres climatiques comme les
précipitations, les températures et les vents.Ces trois
paramètres sont plus connus par les agriculteurs à cause de leurs
effets sur les plants cultivés.
3.2.1. La variabilité
pluviométrique
En ce qui concerne cette variabilité, les chefs de
ménage se sont prononcés sur le début précoce ou
tardif, de la fin précoce ou tardive de la saison pluvieuse ; sur
la diminution ou l'augmentation des hauteurs d'eau annuelles.Tous les
enquêtés sont unanimes sur l'effectivité de la question de
la variabilité pluviométrique. Cependant, à quand remonte
le constat, le point de vue diverge. Les années qui ressortent dans la
réponse desenquêtés sont : 2003 (6,66%), 2008 (10%),
2011 (8%), 2012 (11,33%), 2013 (7,33%). 21,33% des enquêtés ont
répondu : « je ne sais pas ».Or, 2008, 2011, et
2013 sont considérées comme des années de
sécheresse modérée par l'indice pluviométrique SPI
(cf. p. 41). Alors, ce qui marque l'esprit de la population, ce sont les
années exceptionnellement déficitaires en hauteur d'eau ou les
années où les pluies s'arrêtent avant la maturation des
plants.
Quant aux caractéristiques de la saison pluvieuse,
67,33% des personnes enquêtées indiquent un début tardif de
la saison et 31,33% indiquent un début précoce.Cette vision des
chefs de ménages enquêtés du début tardif de la
saison est conforme avec l'analyse des données pluviométriques.
En effet, la pluviométrie moyenne mensuelle de la période
1998-2007 et de la période 2008-2017 montre que les mois d'avril et Mai
qui concernent le début de la saison humide enregistraient plus de
quantité d'eau durant la période 1998-2007 que la période
2008-2017. Sur la question, la perception de la population est conforme aux
analyses scientifiques. Cette conformité entre perception paysanne et
données scientifiques est aussi constatée par OUOBA P. A. (2013)
au sahel burkinabé et par YANOGO P. I. à Bagré dans le
Centre-sud du Burkina Faso en 2012 dans le cadre de leur thèse. Quant
à la fin de la saison des pluies, 93,33% des enquêtés
perçoivent une fin précoce(cf. graphique n°11 page. 45).
Pourtant, les quantités d'eau enregistrées en septembre et en
octobre de la décennie 2008-2017 sont nettement supérieures
à celles de la décennie 1998-2007.
Pour ce qui concerne la quantité d'eau annuelle et le
nombre de jours de pluies annuelles, les chefs de ménage
perçoivent une diminution (94% pour la quantité d'eau et 94,66%
pour le nombre de jours de pluies). Là aussi, il y a une discordance car
les analyses scientifiques montrent une tendance à la hausse de hauteurs
d'eau et du nombre des jours de pluies. Cette divergence peut avoir ses racines
dans la récurrence des années à sécheresses
modérées qui marquent l'esprit des populations à cause de
leur conséquence néfaste sur les rendements agricoles. Elle
pourrait être aussi la conséquence de poche de sècheresse
ayant sévi pendant quelques années dans la décennie
(DIPAMA J. M.,1997).
Graphique n°13 :
perception des chefs de ménage sur le début et la fin de la
saison pluvieuse
Source des données : enquête terrain,
2018
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