Mémoire deMasterde Recherche
Option : Gestion des Ressources
Naturelles
Les facteurs climatiques et
édaphiquesinfluençant la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka (province des
Banwa)
Présenté par :
KONKOBO Jacques
Sous la Direction duet la codirection
du
Professeur DA Dapola Evariste Constant Dr IDANI
Talaridia Fulgence
HDR, Université Joseph KI-ZERBOMaitre-Assistant,
Université
de Ouagadougou Norbert ZONGO de Koudougou
Année académique
2018-2019
DEDICACE
A
KONKOBO Guéswendé
Gédéon
REMERCIEMENTS
Nous n'aurions certainement pas abouti à la
réalisation du présent document sans le concours et le soutien de
nombreuses personnes. Il est donc important de remercier, tous ceux qui ont
contribué d'une manière ou d'une autre à la
réalisation de ce travail.Nos remerciements s'adressent :
- AuPr. Dapola Evariste Constant DA, HDR au Département
de Géographie (université Joseph KI-ZERBO), pour avoir bien voulu
accepter la direction de ce mémoire malgré ses multiples
occupations ;
- Au Dr Talaridia Fulgence IDANI, Maitre-Assistant, au
département de Géographie (Université Norbert ZONGO de
Koudougou) qui en dépitde ses fonctions multiples et déplacements
fréquents, a codirigé cette recherche ;
- À l'ensemble des enseignants du département de
Géographie de l'université de Ouagadougou et de Koudougou, eux,
qui ont assuré notre formation au cours de nos années
d'études en Géographie ;
- A la Mairie de Kouka pour m'avoir aidé dans mes
recherches d'informations ;
- Au chef de Zone d'Appui Technique d'Agriculture de Kouka,
Monsieur NASSA et ses collègues, M. TRAORE et M. SAWADOGO pour m'avoir
permis de comprendre la politique agricole mené par le ministère
en charge de l'agriculture a Kouka. C'est aussi grâce à eux que
nous avons pu avoir les données statistiques sur la production
agricole ;
- A M.SOME N Jean et M.Malo Yaya, pour leur aide
précieuse lors de nos travaux de terrain ;
- A mes collègues du Lycée Départemental
de Kouka, du CEG de Kouka qui m'ont soutenu et encouragé ;
- A Toutes les personnes qui nous ont aidé durant ce
travail ;
Que tous reçoivent ici la bénédiction du
tout puissant !
SOMMAIRE
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
SOMMAIRE
III
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
IV
RÉSUMÉ
V
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIÈRE PARTIE :
3
CADRE THÉORIQUE ET
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE
3
CHAPITRE I: Le cadre théorique et
conceptuel de l'étude
4
CHAPITRE II : MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DE
LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
20
CONCLUSION PARTIELLE
39
DEUXIÈME PARTIE :
40
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
ET DISCUSSION
40
CHAPITRE III: LES VARIABILITÉS
CLIMATIQUES ET LEURS EFFETS SUR LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE
DANS LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
41
CHAPITRE IV: LA DÉGRADATION DES SOLS
ET SES CONSÉQUENCES SUR LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE
DANS LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
63
CONCLUSION PARTIELLE
81
CONCLUSION GÉNÉRALE
82
BIBLIOGRAPHIE
84
ANNEXES
VI
TABLE DES ILLUSTRATIONS
XI
TABLE DES MATIÈRES
XIII
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
BDOT
|
: Base de Données sur l'Occupation des Terres
|
BNDT
|
: Base Nationale de Données Terrains
|
CCNUCC
|
: Convention cadre des nations Unies pour le Changement
Climatique
|
CES/DRS
|
: Conservation des Eaux et des Sols/Défens Restauration
des Sols
|
CNULCD
|
: Convention des Nations Unies pour la Lutte Contre la
Désertification
|
DRAAH
|
: Direction Régionale de l'Agriculture et des
Aménagements Hydrauliques
|
DRASA
|
: Direction Régionale de l'Agriculture et de la
Sécurité Alimentaire
|
FAO
|
: Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
|
FIT
|
: Front Intertropical
|
GIEC
|
: Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat
|
INERA
|
: Institut National d'Études et de Recherche
Agronomique
|
INSD
|
: Institut National des Statistiques et de la
Démographie
|
PANE
|
: Plan d'Action National sur l'Environnement
|
PDC
|
: Plan de Développement Communal
|
RGPH
|
: Recensement Général de la Population et de
l'Habitation
|
UFR/LSH
|
: Unité de Formation et de Recherche en Lettres et
Sciences Humaines
|
ZATA
|
: Zone d'Appui Technique de l'Agriculture
|
ZATE
|
: Zone d'Appui Technique d'Elevage
|
RÉSUMÉ
Cette étude a pour objectif de démontrer
l'influence de la manifestation climatique et de la dégradation des sols
sur la production céréalière, dans la commune rurale de
Kouka. L'approche suivie est systémique. Pour ce faire, des
données quantitatives et qualitatives ont été
collectées auprès de cent cinquante chefs de ménage,
choisis aléatoirement dans neuf villages sur les dix-huit que compte la
commune de Kouka.Les outils utilisés sont le questionnaire individuel,
le guide d'entretien, les images satellitaires Landsat 07 et 08 de 1998, 2007
et 2018 d'une précision de 30 m.Des données
météorologiques, morpho-pédologiques,
socioéconomiques et démographiques ont été aussi
collectées auprès des services compétents.
L'analyse des données a montré que les
conditions de la production céréalière(mil, maïs,
sorgho, riz) se détériorent à cause des
variabilités climatiques et de la dégradation des
sols.L'occupation des sols, pour des activités anthropiques, montre un
recul de la végétation au profit des champs entre 1998 et 2018.
Cette dégradation du couvert végétal amplifie le travail
de l'érosion et par conséquent, les affleurements rocheux, de
mêmeque les zones nues ont gagné en superficie au détriment
des champs. Nonobstant cette situation,l'étude des paramètres
climatiques a permis de démontrer que ces trois dernières
décennies (1988-2017) sont caractérisées par une situation
pluviométrique améliorée, même s'il existe quelques
variabilités interannuelles et intra-annuelles. Ce constatest favorable
pour les activités agricoles de la population de Kouka.
Mots clés :Burkina Faso,
Commune rurale de Kouka, variabilité climatique, dégradation des
sols, production céréalière.
INTRODUCTIONGÉNÉRALE
Si la variabilité du temps est un fait d'observation
courante, celle du climat est plus difficile à appréhender. Son
analyse exige un recueil de données étendues sur le plan spatial
et temporel. Dans l'histoire de l'humanité, certains bouleversements
majeurs avaient bien été perçus (le déluge) comme
des changements majeurs de climats même si leur interprétation
émane d'une manifestation divine(GODARD A., TABEAUD M., 2006). A travers
les étapes majeures de l'histoire du climat, se dessinent très
schématiquement deux modes de fonctionnement du système
climatique planétaire qui alternent à plusieurs reprises :
l'un plutôt chaud et humide et l'autre plus froid, plus sec et plus
contrasté.Cette variation du climat a des impacts directs sur les
sociétés humaines à court ou moyen terme. Ces impacts
peuvent être déroulés à travers trois grands
aspects : la santé publique, les activités
économiques et la dimension géopolitique. Dans les pays du sud,
la menace principale pourrait venir des excès ou manques d'eau. Ces
dérèglements devraient avoir un impact sur l'agriculture car
l'augmentation de la chaleur et de l'ensoleillement est favorable à
certaines cultures, mais cela peut amener à des résultats
désastreux si elle est associée à un fort déficit
pluviométrique (DURAND F., 2007).
Le Burkina Faso est un pays situé en Afrique de
l'Ouest, avec une superficie de 274000 km2, dont environ 33 pour
cent (95650 km2) de cette superficie sont utilisés pour la
production agricole(DEMBELE B, 2011). Dans ce pays, le secteur primaire joue un
rôle prépondérant dans l'économie. L'importance du
secteur agricole dans la stratégie du développement du Burkina
Faso a amené le pays à adopter un programme d'ajustement
structurel du secteur agricole (PASA, 1992) et un plan d'action national pour
l'environnement (PANE, 1992). Dans ces stratégies, l'autosuffisance et
la sécurité alimentaire restent les principales
préoccupations.Cependant, l'agriculture burkinabé, à
l'instar de celle des autres pays de l'Afrique sahélienne rencontre des
difficultés d'ordre technique, économique et physique qui
limitent ses performances. On note entre autres : l'insuffisance et
l'irrégularité des pluies, la pauvreté des sols,
l'insuffisance de formation technique des paysans et la forte
densité de la population dans certaines zones, souvent responsables des
pressions foncières ou de la dégradation des sols.
Pour assurer la sécurité alimentaire dans un
contexte de réduction des superficies cultivables, la stratégie
à mettre en place doitintégrer l'intensification agricole,
notamment dans le domaine vivrier. Elle doitreposer également sur la
diversification des productions végétales à travers la
mise au point de paquets technologiques appropriés aux cultures
visées, adaptés aux conditions des exploitations et à leur
environnement socio-économique.La problématique liée aux
questions de la variabilité climatique, de la dégradation des
sols aux échelles temporelles et de sa traduction sur la production
agricole reste le thème central abordé dans ce travail de
recherche. Ce thème tient compte des interactions des différents
paramètres, physiques et humains. L'étude de cas est
centrée sur la commune rurale de Kouka. La Commune est située
dans la partie Sud de la province des Banwa qui fait partie de la région
de la Boucle du Mouhoun au nord-ouest du Burkina Faso.
Dans la zone d'étude, l'agriculture est la principale
activité socio-économique de la population. Cependant, les
conditions de production ne donnent pas d'assurance car les paysans sont
régulièrement confrontés à une recrudescence des
intempéries naturelles qui sont les manifestations des effets des
variabilités climatiques (les inondations, la persistance des poches de
sécheresse, les vents violentset la pauvreté des sols). Ces
phénomènes affectent le plus les productions, les terres
agricoles à cause de l'érosion, les habitations, rendant ainsi
vulnérable une bonne partie de la population. On se souvient encore des
inondations d'Aout 2015 qui ont affecté près de 80
ménages.
Ainsi, la nécessité d'avoir des connaissances
sur les effets de la variabilité climatique directement sur le terrain,
sur l'ampleur de la dégradation des sols et leurs conséquences
sur la production agricole sont nécessaires pour mieux orienter les
stratégies de gestion et de préservation des ressources
naturelles. C'est dans ce contexte que la présente étude
intitulée « Les facteurs climatiques et
édaphiquesinfluençant la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka (province des
Banwa) » a été initiée.Le
présent document comporte deux grandes parties. La première
partie pose les bases théoriques de l'étude et présente
les caractéristiques physiques et humaines de la zone d'étude et
la seconde porte sur l'analyse des différents facteurs physiques
limitant la production céréalière dans la commune rurale
de Kouka : facteurs climatiques et édaphiques.
PREMIÈRE PARTIE :
CADRE THÉORIQUE ET
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE
Cette partie comporte deux chapitres : le premiertraitant
du contexte théorique de l'étude, aborde succinctement la
problématique, les hypothèses et les objectifs de recherche ainsi
que la démarche méthodologique adoptée et le second
présentant les particularités physiques, humaines et
socio-économiques de la zone d'étude.
CHAPITRE
I:Le cadre théorique et conceptuel de l'étude
Ce chapitre présente les bases de cette
étude : état de connaissance sur le thème
d'étude, la problématique de la recherche, les hypothèses
et les objectifs de l'étude, la démarche
méthodologique.
1.1. Etats de connaissance
sur le thème
1.1.1. La variabilité
climatique
Il ressort dans la littérature que toutes les
études, les analyses faites sur la variabilité climatique visent
à contribuer à un débat sur le phénomène au
sein de la communauté scientifique. La question est de savoir si la
situation climatique que vit le sahel est une manifestation de changement du
climat ou bien une variabilité naturelle du phénomène.Tous
les résultats aboutissent à un consensus au sein de la
communauté scientifique. Un changement est intervenu dans les
années 1990 au Burkina Faso. Il y a un regain de la pluviométrie
comparativement à la décennie précédente et une
hausse de la température. Parmi les auteurs qui ont abouti à ce
résultat, nous avons : DIPAMA J.M., 1997, YANOGO P.I., 2012, OUOBA
A.P.,2013, KONKOBO J., 2013, KOALA S., 2015, SOME N.J., 2018. Cependant, tous
ces auteurs n'ont pas fait le lien entre variabilité climatique et
dégradation des sols.
En dehors du Burkina, des études sur la
variabilité climatique ont été mené dans la
sous-région notamment en Côte d'Ivoire (SORO T.D., 2011), au Niger
(OZERP., 2009), au Sénégal (SARR M. A., 2008). Les
résultats montrent une alternance entre années humides et
années de sécheresse observées au niveau
général au sahel. La persistance de la sècheresse au sahel
est due aux effets conjugués d'un réchauffement global de la
partie intertropicale des océans et d'un renforcement du gradient des
températures de surface de l'océan atlantique (ALI A., 2010).
1.1.2. Impact de la
variabilité climatique sur l'agriculture
Les impacts sont sans équivoques (SARR B., 2010).
Pour cet auteur, la variabilité climatique touche l'agriculture à
travers la dégradation des sols, la baisse de la productivité des
cultures. L'accroissement des températures et la variabilité des
pluies représentent une menacesérieuse pour le
développement agricole et risque de compromettre les efforts
déployés par les pays pour l'atteinte de la
sécurité alimentaire (KAMBOULE R., 2013. Cette menace entraine
des dysfonctionnements des saisons agricoles, des perturbations des cycles
biologiques des cultures et détérioration des productions (TRAORE
S., 2010, KONKOBO J., 2013).A ces effets physiologiquesnégatifs sur le
potentiel de production agricole, s'ajoute d'autres facteurs également
lié à la variabilité climatique comme la
dégradation de la qualité des sols consécutive à la
déforestation, le déboisement, l'érosion (BIZOT S., 2004,
KABORE S.T., 2013, CNULCD, 2015). Les actions anthropiques contribuent donc
à accélérer les effets de la variabilité
climatiques.
1.1.3. La dégradation des
sols et son impact sur la production agricole
De nombreux auteurs ont travaillé sur le sujet de la
dégradation des terres en Afrique en générale et au
Burkina Faso en particulier. Le bilan qui ressort est que les activités
humaines sont le principal moteur de dégradation des terres. Avec une
mauvaise gestion des terres, la variabilité climatique est un vecteur
principal de la dégradation des terres à cause du changement de
température et d'humidité. Et cette dégradation des terres
combinée à la variabilité climatique a le potentiel de
troubler les systèmes écologiques, ce qui peut entrainer une
défaillance de l'approvisionnement de nourriture et en eau et avoir des
conséquences négatives importantes sur la capacité
d'adaptation des moyens de subsistance des ménages (CNULCD, 2015).
La terre est la vraie richesse de l'Afrique subsaharienne.
Cette richesse héberge des ressources telles que les sols, la
végétation, l'eau, la faune (FAO, 2011). Mais la surexploitation
menace sérieusementla terre. Cela est la conséquence directe des
besoins croissants d'une population en pleine expansion, conjuguée
à des pratiques inappropriées de gestion des terres. Cette
pratique de gestion non durable des terres représente une menace pour
l'environnement. Ceci met en danger la sécurité alimentaire et
accroit la pauvreté (YAMEOGO A., 2018). Ce phénomène
observé au Burkina Faso devient préoccupant. La
dégradation des terres qui est visible par une présence de croute
imperméable à l'eau à la surface des lithosols, se traduit
par l'apparition des zones nues de glacis difficile à exploiter (DA
D.E.C, 2008). Les paysans assistent, impuissants, à une baisse continue
des rendements des cultures qu'ils constatent par eux-mêmes. Conscient
à vivre cette situation, ces paysans cherchent à s-y adapter.
C'est le cas notamment des techniques du CES qui tendent à concentrer
les eaux de pluies aux pieds des plants cultivés pour compenser le
déficit et la variabilité pluviométrique. A ces
aménagements s'ajoute une stratégie par laquelle ces paysans
exploitent des unités géomorphologiques de bonne fertilité
telles que les bas-fonds (IDANI T. F.,2009, DA D.E.C et YONKEU S., 2008, KIEMDE
B., 2015).
A défaut de pouvoir définir des
stratégies pour conserver les terres déjà disponible et
exploitées, il y a une extension des surfaces cultivées, car les
agriculteurs sont obligés d'exploiter plus de terres afin de
répondre à une demande alimentaire croissante, conséquence
directe de l'accroissement de la population. Cette extension des terres
cultivées est à l'origine de la destruction du couvert
végétal (KABORE S. T., 2013). A cause de la dégradation du
couvert végétal, le sol est capable de changer totalement de
structure, de texture, de perdre sa réserve en eau, d'être plus
sensible à l'érosion hydrique et éolienne (LECUYER C.,
2012).
1.1.4. Synthèse sur
l'état de connaissance sur le thème
Le thème traité dans ce document émane
de la synthèse d'une revue de littérature. En effet, la question
des variabilités climatiques en général et des
variabilités pluviométriques en particulier est un sujet
d'actualité. Une connaissance de l'évolution et la
variabilité récente du climatau Burkina Faso est
impérieuse pour anticiper sur leurs conséquences dans le milieu
pour la mise au point des politiques d'adaptation durables.En plus des
variabilités climatiques, il ressort que dans de nombreux pays de
l'Afrique sub-saharienne en général, et au Burkina Faso en
particulier, les rendements agricoles sont faibles en certains endroits,
à cause de la pauvreté des sols cultivables. Cet état des
sols est dû à l'action de certains facteurs climatiques et
anthropiques. Cependant, toutes les études menées, qui ressortent
dans notre revue de littérature n'ont pas établies des liens
entre occupation des terres, dégradation des sols et variabilité
climatique.Pourtant,il ya une interrelation/interaction entre les
activités humaines menées sur l'environnement, la
dégradation des sols et la variabilité climatique. Cette
interrelation/interaction influence négativement la production agricole
au Burkina Faso en général et dans la commune de Kouka en
particulier. C'est la raison pour laquelle, une combinaison entre
différentes thématiques et problématiques a
été faite afin de formuler un sujet de recherche qui a
été appliqué à un espace géographique
donné.
1.2. La
problématique
La problématique liée à la question de
la variabilité climatique et de la dégradation des sols est un
enjeu majeur ayant une implication environnementale. Avec une mauvaise gestion
de l'occupation de l'espace, la variabilité du climat est un vecteur
principal de la dégradation des sols. Étant donné les
fortes températures et les fortes variations des précipitations
dont la plupart des espaces sahéliens font déjà
l'expérience, ces régions sont particulièrement sensibles
aux interactions préjudiciables entre la dégradation des terres
et le changement climatique (CNULCD, 2015).En effet, les changements de
température et d'humidité de l'air provoqués par le
climat, associés à des réductions de la matière
organique des sols, de la biomasse et de la fertilité des sols, peuvent
entraver les activités économiques notamment l'agriculture. En
outre, les évènements climatiques extrêmes de plus en plus
fréquents, comme les sécheresses ou les fortes
précipitations, sont susceptibles d'aggraver l'érosion hydrique
et éolienne. Ces évènements peuvent contribuer à la
réduction de la biomasse, à la dégradation physique et
chimique des sols.Cela est devenu une question mondiale avec le changement
climatique (KAMBIRI B.C.N in PRESA, 2016).
Au Burkina Faso, la question de la variabilité
climatique est très importante et se pose avec acuité car les
populations sont dépendantes des ressources naturelles. La
variabilité climatique se traduit par des fluctuations dans les
valeurs météorologiques ressenties comme excessives par rapport
à la référence de normalité et par des
irrégularités dans les dates de début et de fin des
saisons(PINCHEMEL G. et PINCHEME P., 1994, SARR B. et ALI A., 2010, KONKOBO J.,
2013).
Suivant cette idée,on pourrait se rappeler que le
Burkina Faso, à l'instar des autres pays du Sahel, a fait face à
un enchaînement d'événements climatiques «
extrêmes » d'une ampleur et d'une rapidité sans
précédent. On peut penser notamment aux périodes de
sécheresse dont les années les plus touchées furent
1973-74 et 1983-84 et qui ont gravement affecté les
écosystèmes ainsi que les systèmes de production
burkinabés (TOUPET C., 1992). L'examen des totaux enregistrés ces
dernières années ne permet pas d'affirmer que cette
sécheresse est définitivement terminée. Les
enregistrements de 1985, 1990 et 2005 sont nettement déficitaires selon
les données statistiques de la station agro-météorologique
de l'INERA/Saria (KONKOBO J., 2013).Les sécheresses à
répétition, la pluviométrie insuffisante ou mal
répartie dans le temps et dans l'espace, l'abaissement ou
l'assèchement total des nappes d'eau souterraines qui alimentent les
sources, sont des effets de la variabilité et des changements
climatiques du Burkina Faso. Or,les habitants du Burkina Faso dépendent
presque entièrement de l'exploitation du sol pour subvenir à
leurs besoins. Les produits alimentaires, les matériaux de construction,
le bois énergie et la pharmacopée traditionnelle font partie de
cet éventail de ressources naturelles prioritaires à la survie
des populations sahéliennes en général et au Burkina Faso
en particulier. Avec cette situation, non seulement, le pays n'arrive pas
à nourrir ses habitants, mais aussi l'effort qu'il fournit pour essayer
de nourrir un nombre croissant d'hommes commence à épuiser les
terres et compromet ainsi l'avenir (GIRI J., 1983, LECUYER C., 2012, CNULCD,
2015).Cette situation, compromettant les activités
socio-économiques des agriculteurs a conduit, et conduit toujours les
différents acteurs à rechercher de nouvelles stratégies
pour une gestion durable de leurs ressources naturelles (BOKO M. et al., 2010).
Au regard de ce qui précède, une question principale de
recherche se pose : quels sont les effets induits de la variabilité
climatique et de la dégradation des sols sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka ? Les
questions secondaires qui en découlent sont :
- Quelles sont les incidences de lavariation des
paramètres climatiques (pluviométrie, température,
humidité relative et vent) sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka ?
- Quelles sont les conséquences de la
dégradation des sols sur la production céréalière
dans la commune rurale de Kouka ?
- Comment la population locales'adapte-t-elle à la
variabilité climatique et à la dégradation des
sols dans le domaine agricole ?
Pour traiter de ce thème, des hypothèses ont
été formulées avec des objectifs à atteindre afin
de les vérifier.
1.3. Les hypothèses
et les objectifs
1.3.1. Les hypothèses
L'hypothèse principale stipule que les effets induits
par la variabilité climatique et de la dégradation des sols ont
des incidences sur la production céréalière dans la
commune rurale de Kouka.
Spécifiquement il s'agit de vérifier
que :
- Lavariation des paramètres climatiques a des impacts
négatifs sur la production céréalière dans la
commune rurale de Kouka ;
- La dégradation des sols influence négativement
la production céréalière dans la commune rurale de
Kouka ;
- La population de la commune de Kouka s'adaptedifficilement
aux effets induits par la variabilité climatique et de la
dégradation des sols dans le domaine agricole.
1.3.2. Les Objectifs de
l'étude
L'Objectif global est d'analyser les effets induits par la
variabilité climatique etde la dégradation des sols sur la
production céréalière dans la commune rurale de
Kouka
Spécifiquement il s'agit :
- Analyserles incidences des variations des paramètres
climatiques sur la production céréalière dans la commune
rurale de Kouka
- Analyserles conséquences de la dégradation des
sols sur la production céréalière dans la commune rurale
de Kouka.
- Analyserla perception et les stratégies d'adaptation
des ménages face à la variabilité climatique et à
la dégradation des sols dans le domaine agricole.
1.4.La démarche
méthodologique
La méthodologie de recherche est l'ensemble des
démarches à suivre par l'esprit pour découvrir et
démontrer la recherche scientifique. C'est aussi un ensemble de
pratiques particulières qu'une science met en oeuvre pour que le
cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit
clair. Pour ce présent travail, l'approche systémique a
été privilégiée. Celle-ci nous a permis de
recueillir le maximum de renseignements que nous avons stockés,
organisés en donnéesquantifiables sur l'évolution des
phénomènes observables sur le terrain et les processus qui les
alimentent.
Ce choix se justifie par le fait que la production
agricolerésulte, d'une part, des interactions existantes entre les
hommes et leur environnement, et d'autre part, des interrelations et
interactions entre les composantes du milieu
(climat-végétation-sol). Par conséquent, l'application de
l'approche systémique permet non seulement d'analyser les variations des
paramètres climatiques (pluviométrie, température,
humidité relative et vent), de constater l'ampleur de la
dégradation des sols dans la commune de Kouka, mais aussi de
démontrer que ces facteurs constituent des contraintes pour la
production agricole. Dans cette optique, la démarche suivie comprend
les travaux préparatoires, les travaux de terrain, le traitement et
l'analyse des données recueillies.
1.4.1. Les travaux
préparatoires
ü La revue de littérature
Cette étape a commencé depuis
l'élaboration du projet de recherche et a été poursuivie
tout au long de la recherche. Au cours de cette étape, l'état de
connaissance sur la variabilité climatique et son impact sur
l'agriculture, la dégradation des sols et impact sur l'agriculture a
été réalisé. Cela nous a amené à
visiter plusieurs centres de documentation : les bibliothèques des
universités Norbert ZONGO (Koudougou), Pr Joseph KI-ZERBO, de
l'INERA/Saria, les centres des services de l'agriculture, de l'élevage
au niveau local (Kouka), au niveau provincial (Solenzo). Il y a eu aussi de
nombreux sites qui ont été visité pour avoir des
informations sur des organismes travaillant sur notre
problématique : AGRHYMET, CILSS, FAO, CNULCD, GIEC. Cette revue de
littérature a permis de mieux cerner la problématique et de
choisir les outils et méthodes adéquats pour l'étude.
C'est pendant cette phase que le questionnaire individuel, le guide
d'entretienont été élaboré.
Les documents consultés sont de plusieurs
catégories : articles scientifiques, ouvrages, mémoires de
maîtrise et de master, thèses, rapports, données
statistiques (démographie, pluviométrie, température,
vent, humidité relative, cartographie, production agricole, etc.). Les
principales thématiques qui y sont traitées portent sur la
gestion des ressources naturelles (terre, eau, végétation), la
dégradation des ressources naturelles, les changements climatiques, la
variabilité climatique, la production agricole, etc.
Les données démographiques concernent les
effectifs de population du recensement général de population et
de l'habitat 2006 (INSD, 2007) et de leur projection contenue dans le plan
communal de développement. Pour ce qui est des données
climatiques, elles sont collectées auprès de la Direction
régionale de l'agriculture de la région de la Boucle du Mouhoun,
de la station synoptique de Dédougou. Les données
concernées sont la pluviométrie, la température,
l'humidité relative, le vent. En vue d'apprécier
l'évolution de la pluviométrie au cours des différentes
années, la méthode de l'indice pluviométrique a
été appliquée. Cette méthode a l'avantage de mettre
en évidence les périodes excédentaires et
déficitaires. C'est une méthode qui a été
utilisée par KOUASSI A. M. et alen 2010 dans le bassin versant
de N'zi en Côte d'Ivoire et par OUOBAA. P. en 2013 dans le sahel
burkinabé. L'accent est mis ici sur lecalcul de l'indice
standardisé des précipitations ou Standardized Precipitation
Index (SPI). La formule utilisée est : SPI =Xi - Xm /Si
où
- Xi est la valeur de la pluviométrie annuelle de
l'année i ;
- Xm la moyenne de la pluviométrie sur la
période étudiée (dans ce présent document la
période étudiée est 1988-2017) et ;
- Si, l'écart type des pluies annuelles de la
période étudiée.
L'application de cette formule permet de donner une valeur
à SPI. Lorsque l'indice SPI > 2, on a une humidité
extrême ; pour 1 < SPI < 2, on parle d'humidité forte ; pour
0 < SPI < 1, on a une humidité modérée ; pour -1
< SPI < 0, on a une sécheresse modérée ; si -2 <
SPI < -1, on a une sécheresse forte ; si SPI < -2, la
sécheresse est qualifiée d'extrême.
Les données cartographiques concernent les Bases
Nationales de Données Topographiques (BNDT 2000 et 2014) et la Base de
Données sur l'Occupation des Terres (BDOT 1992 et 2002). Ces
données vectrices, obtenues à l'Institut Géographique du
Burkina, ont servi de fond de carte. En plus du format vecteur, des
données rasters ont permis d'analyser la dynamique spatiale dans la zone
d'étude. Il s'agit des images satellitaires de Landsat : Images
Landsat 7 et 8 de 1998, 2007 et 2018. L'analyse diachronique a
été utilisé pour apprécier la dynamique
d'occupation des terres car l'occupation des terres pour les activités
socioéconomiques sont en partie responsable de la dégradation des
sols.
ü Le choix du thème et du site
d'étude
Le choix de ce thème a été guidé
par le souci de satisfaire une curiosité scientifique sur les effets
induits de la variabilité climatique sur les sols et sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka. Le choix de la
commune rurale de Kouka comme zone d'étude s'explique par les
changements environnementaux importants enregistrés au cours des
dernières décennies, tant sur le plan du couvert
végétal que des ressources en eau (PARE L. et TALLET B., 1999).En
plus, la commune de Kouka constitue en fait un cadre géographique
où l'étude de la variabilité climatique et des mutations
paysagères sont pertinentes car la commune possède de nombreuses
spécificités :
- Selon la migration des isohyètes au Burkina Faso, la
commune de Kouka se trouve de nos jours presque sur l'isohyète 900mm,
donc à la limite entre le climat soudanien et le climat
soudano-sahélien selon la récente position des isohyètes
(fluctuation 1981-2010), (cf. carte n°3, p 20). Or, elle se trouvait
pleinement dans le climat soudanien (fluctuation des périodes 1961-1990
et 1971-2000). Ce qui montre que la commune de Kouka a connu un changement de
climat avec la migration des isohyètes vers le sud (cf. carte n°1,
p 6) ;
- La commune de Kouka constitue un cas démographique
original dans la province des Banwa. Sur la base du taux d'accroissement
provincial annuel qui est de 3,1% (INSD, 2006), le nombre d'habitants dans la
commune qui est de 59118 en 2006 serait en 2015 de 74671 personnes et de 83355
habitants, en 2019.Cette augmentation de la population n'est pas sans risque
sur les ressources naturelles.De nos jours, presque tout l'espace du terroir
communal est exploité.Le tableau n°1 donne une idée des
densités de la population communale.
Tableau n°1 :
densité de population
|
Superficie (km²)
|
Population en 2006
|
Densité en 2006
|
Densité en 2015
|
Densité en 2020
|
Kouka
|
700
|
59 118
|
84
|
104
|
116
|
Banwa
|
5 954
|
269 375
|
45
|
56
|
62
|
Région
|
34 497
|
1 442 749
|
42
|
50
|
56
|
Source : INSD, 2006
On constate qu'effectivement, la densité de la commune
est supérieure à celle de la province et de la région. Par
exemple en 2006, sur chaque km², 84 personnes sont installées et en
2015, on estime qu'ellessont passées à 104 au km².Alors,
dans un contexte de variabilités climatiques et la pression de l'homme
sur les sols, il va de soi que dans l'ensemble des villages de la commune,
cette ressource naturelle connaisse une forte dégradation au fil des
ans.
- La production agricole demeure la base essentielle des
activités socio-économiques de la population. En effet, Kouka est
une zone de production agricole surtout cotonnière reconnue depuis les
années 90 et que à partir de 2010, il y a une dynamique des
systèmes de culture survenue à cause probablement des effets de
la variabilité climatiqueet de la dégradation des sols
provoqué par la culture du coton. On constate par conséquent que
cette zone de nos jours se reconvertit en zone de production maraichère.
Ce constat nous a amené d'abord à analyser les effets des
variabilités climatiques et de la dégradation des sols sur la
production céréalière dans ce présent travail, et
à nous appuyer sur ces résultats pour étudier les causes
de la dynamique des systèmes agricoles dans un contexte de
variabilité climatique dans des recherches à venir.
Carte n°1 :
migration des isohyètes 600 mm et 900mm au Burkina Faso
1.4.2. Les travaux de
terrain
ü Les enquêtes
Les enquêtes de terrain ont permis de collecter des
données qualitatives et quantitatives. La population
enquêtée concerne les chefs de ménageparce que vu le
problème posé par le thème, ce sont eux qui
possèdent des informations capitale (leur âge, leur
expérience dans l'agriculture). La taille de la population
consultée est de 150 chefs de ménage. L'échantillonnage de
la population enquêtée est fait selon un choix raisonné,
c'est un échantillonnage de type aléatoire qui a
été privilégié parce qu'il a la possibilité
de représenter l'ensemble de la population. Neuf villages ont
été enquêtés sur les dix-huit que compte la commune
rurale de Kouka à cause de leur position qui permet d'avoir une bonne
couverture de toute la commune. Le Tableau n°3 présente la
répartition des enquêtés par village.
Tableau n°3 :
répartition des enquêtés par village
Villages
|
Bankouma
|
Diontala
|
Fini
|
Kouka
|
Mahouana
|
Liaba
|
Sama
|
Saint-Michel
|
Siwi
|
Effectif
|
15
|
15
|
15
|
30
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
Pourcentage
|
10
|
10
|
10
|
20
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
Source : enquête de terrain, Mars 2018
ü Les activités menées
Pour collecter les données socioéconomiques,
plusieurs actions ontété menées sur le terrain. Au nombre
de celles-ci, on peut citer l'administration du questionnaire aux chefs de
ménage. Outre ces activités, il y ades entretiens avec les
personnes ressources (service en charge de l'agriculture, de l'élevage,
de l'environnement).
ü Les outils utilisés sur le
terrain
De nombreux outils ontété utiliséspour
collecter les données quantitatives et qualitatives. Pour obtenir les
données quantitatives, un questionnaire individuel a été
adressé aux chefs de ménage et unappareil photographique en
a servi pour celles qualitatives.
1.4.3. Le traitement des
données et la rédaction du mémoire
ü Traitement des images satellitaires et
cartographiques
Les données cartographiques concernent les Bases
Nationales de Données Topographiques (BNDT 2000 et 2014) et la Base de
Données sur l'Occupation des Terres (BDOT 1992 et 2002). Ces
données vectrices, obtenues à l'Institut Géographique du
Burkina, ont servi de fond de carte. En plus du format vecteur, des
données rasters ont permis d'analyser la dynamique spatiale dans la zone
d'étude. Il s'agit des images satellitaires de Landsat : Images
Landsat 7 et 8 de 1998, 2007 et 2018. Le choix des images de 2007 s'explique
par la mauvaise qualité de celles de 2008 qui ne permettaient pas une
bonne interprétation. Le mois d'avril est choisi parce que c'est
à cette période que nous sommes allés vérifier sur
le terrain les parcelles d'entrainement. La composition colorée 4-3-2 a
été faite pour les images Landsat 7 et celle 5-4-3 a
été faite pour les images Landsat 8. Ces deux compositions
colorées ont été utilisées à cause des
bandes infra-rouge et proche-infrarouge qui permettent une bonne
réflectance de la végétation. Après le rehaussement
des images, la classification Maximum Likelihood ou maximum de vraisemblance a
été utilisée. Pour la poste classification, l'algorithme
Majority/Minority Analysis est utilisé. En outre, il y a eu
l'étape de la vectorisation. Les vecteurs sont exportés en
fichiers de forme vers un logiciel de cartographie en l'occurrence ArcGis
10.3.1 pour peaufiner et réaliser les différentes cartes. Enfin,
une matrice de transition a été élaboré afin
d'apprécier la dynamique des unités d'occupation des terres dans
la commune rurale de Kouka.
ü Traitement des données
socioéconomiques
Après la phase de collecte, les données
ontété saisies, analysées et interprétées.
Pour ce faire, le logiciel Statistical Package Social Sciences 20 (SPSS 20) a
été utilisé. Le logiciel Excel de Microsoft Office 2016a
servi à élaborer les tableaux, les graphiques et les figures. La
rédaction du document est faite avec le logiciel Word de Microsoft
Office 2016.Le tableau 4 ci-dessous synthétise de la démarche
méthodologique qui a été adoptée au cours de cette
étude. En regroupant les questions de recherche, les hypothèses,
les objectifs, les variables de l'étude, les techniques et les outils,
nous avons obtenula grille conceptuelle suivante (tableau n°4).
Hypothèses
|
Objectifs
|
Variables d'étude
|
Indicateurs
|
Technique utilisée
|
outils
|
HS1
|
La variation des paramètres climatiques a des
incidences sur la production céréalière dans la commune
rurale de Kouka ;
|
OS1
|
Analyser les incidences des variations des paramètres
climatiques sur la production céréalière dans la commune
rurale de Kouka
|
-La température
-La pluviométrie
-Le vent
-l'humidité relative
-rendements agricoles
Production agricole
|
-variation des paramètres climatiques
(pluviométrie, température, vent, humidité relative)
-variation des rendements agricole
-variation de la production agricole
|
- Analyse de l'évolution de la production agricole et des
paramètres climatiques (température, pluviométrie, vent,
humidité relative)
- Elaboration des graphiques et tableaux statistiques
|
- Excel 2016
|
HS2
|
La dégradation des sols influence négativement la
production céréalière dans la commune rurale de
Kouka
|
OS2
|
Analyser les conséquences de la dégradation des
sols sur la production céréalière dans la commune rurale
de Kouka.
|
-Superficie des unités d'occupation des terres,
- productions et rendements céréaliers
|
-variation des superficies des unités d'occupation des
terres
-variation des productions et rendements
céréaliers
|
-Utilisation des images satellitaires
-Matrice de transition
-Observation du milieu et enquête
|
- - - -QGIS
- -Arc GIS
- guide d'entretien
|
HS3
|
La population de la commune de Kouka s'adapte aux effets induits
par la variabilité climatique et de la dégradation des sols dans
le domaine agricole
|
OS3
|
Analyser la perception et les stratégies d'adaptation des
ménages face à la variabilité climatique et à la
dégradation des sols dans le domaine agricole.
|
-Perception locale de la dynamique des différentes
unités d'occupation des terres
-les stratégies d'adaptation locale
|
-dynamique des unités d'occupation des terres
-les types de stratégie d'adaptation
|
- administration de questionnaire,
- entretien
|
- - - - - SPSS
- - -Questionnaire
|
- Tableau 4 : grille
conceptuelle
1.5.
Clarification des concepts
La recherche documentaire a permis d'expliquer et
définir quelques concepts et mots afin d'éviter les
confusions.
Climat : selon FOUCAULT A., (1993), le
climat en un lieu, est la succession des états de
l'atmosphère en ce lieu pendant au moins une année. Ces
états sont caractérisés par des grandeurs physiques,
essentiellement la température, les précipitations, la pression
atmosphérique, l'humidité. Cette définition émane
du climatologue Max Sorre (1943) qui le définitcomme étant la
série des états de l'atmosphère au-dessus d'un lieu dans
leur succession habituelle. Cette série des états de
l'atmosphère est déterminée par la combinaison
passagère des valeurs moyennes des paramètres de
l'atmosphère que sont les précipitations, les
températures, le vent, la pression, l'humidité,
l'évapotranspiration ... le sens donné au climat
émane de ces deux définitions.
Changement climatique : Selon la CCNUCC
(2015), le changement climatique est défini comme étant des
changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement
à une activité humaine altérant la composition de
l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la
variabilité naturelle du climat.Dans les travaux du
GIEC (2007), le terme changement
climatique fait référence à tout changement dans le
temps, qu'il soit dû à la variabilité naturelle ou aux
activités humaines. Le mot changement renvoie au processus de
modification par évolution. Ainsi, l'expression « changement
climatique » peut être comprise comme la modification du climat
pendant une période longue d'évolution.
Variabilité climatique:Pour PINCHEMEL
P. et PINCHEMEL G., (1994), la variabilité
climatique est la variation de l'état moyen du climat à des
échelles temporelles et spatiales. Autrement dit, c'est la variation
naturelle intra et interannuelle du climat. La variabilité climatique se
traduit par :
- Des fluctuations dans les valeurs
météorologiques ressenties comme excessives par rapport à
la référence denormalité (Persistance d'un hiver
rigoureux, de pluies diluviennes). Les calculs des valeurs totales et des
moyennes sur des séries de plus en plus longues tendent à
renforcer la perception des variabilités de chaque année. Par
exemple dans la province des Banwa (chef-lieu Solenzo)situé au
nord-ouest du Burkina Faso, les valeurs enregistrées pour quelques
années sont très variables.
Tableau n°2 :
variation des précipitations annuelles à Kouka
Années
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
Hauteurs d'eau (mm)
|
1144,8
|
741
|
906,4
|
911,7
|
621,8
|
720,2
|
786,1
|
Source : DRAAH/BM, 2017
- Des irrégularités dans les dates de
début et de fin des saisons sèches et des saisons de pluies. Par
exemple dans les localités que la station
agro-météorologique de l'INERA /Saria couvre, pour la
décennie 1980-1989, la saison pluvieuse commençait à la
première décade du mois de mars et prenait fin à la
première décade du mois d'octobre. Pour la décennie
1990-1999, la saison pluvieuse commençait à la première
décade du mois d'Avril et prenait fin à la deuxième
décade du mois d'octobre. Pour la décennie 2000-2009, la saison
pluvieuse commençait à la première décade du mois
de mars et prenait fin à la première décade du mois de
Novembre (KONKOBO J., 2013).
En général, la variabilité climatique se
réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du
climat, alors que les changements climatiques désignent un changement du
climat attribué directement ou indirectement aux activités
humaines qui altèrent la composition de l'atmosphère globale et
qui s'ajoutent à la variabilité climatique naturelle
observée sur des périodes de temps comparables (UNFCCC, 1992).
Les termes « sol » et
« terre » : le terme de
« sol » est très souvent confondu et utilisé
à mauvais escient, tout comme le terme « terre », ne
sachant quelles différences peuvent exister entre les deux termes. Le
terme « terre » désigne un élément
solide qui supporte et où poussent les végétaux alors que
le terme « sol » est défini comme la partie
superficielle de la croute terrestre, à l'état naturel ou
aménagé pour le séjour de l'homme (d'après le petit
Robert, Dictionnaire de la langue française, 1990). Le concept de
« terre » est plus large que celui de
« sol » (BRABANT P., 1991). Par conséquent, c'est au
terme « sol » que nous nous
intéressons pour répondre à la problématique.
Cependant, le terme « terre » est aussi
utilisé pour parler de l'occupation des terres qui est l'une des causes
de la dégradation des sols.
La dégradation des terres :
BRABANT P. (1991) définit la terre comme étant la partie
de la surface terrestre qui englobe toutes les composantes naturelles. Ces
composantes sont le sol, l'atmosphère et le climat, les formes du
modelé, les roches, la faune et la végétation. La
dégradation des terres est un processus qui réduit ou qui
détruit la capacité des terres pour la production agricole,
végétale et animale. Elle résulte des activités
humaines ou des phénomènes naturels aggravés par l'effet
des activités humaines (BRABANT P., 2010).
La dégradation des sols : Selon
la FAO (2003), la dégradation des sols est un processus qui diminue
la capacité actuelle ou potentielle du sol de produire (quantitativement
et qualitativement) des biens et services. La dégradation du sol n'est
pas nécessairement continue. Elle peut avoir lieu
pendant une période relativement brève entre deux états
d'équilibre écologique. Un sol, s'il n'est pas
protégé peut s'appauvrir par la perte de ces
éléments nutritifs ; c'est alors que l'on parlera de la
dégradation du sol. Et cettedégradation des sols résulte
souvent d'une combinaison de facteurs :
- le remplacement de la végétation primitive
diversifiée (dite
climacique)
par une végétation secondaire (
monoculture ), qui
modifie l'
humus et la
formation
du sol.
- une diminution des constituants du sol induite par une
surexploitation du
sol (non-retour, ou retour insuffisant de la matière exportée),
son lessivage...
- la destruction de l'
humus et des
complexes
argilo-humiques insolubles par le
labour qui enfouit et
détruit les couches supérieures vivantes du sol, ou par un
travail excessif (trop intensif ou trop fréquent) du sol.
- l'
érosion
(hydrique ou éolienne) ; elle est facilitée par le
labour et/ou désherbage
qui laissent les sols nus trop longtemps. Ces sols sont alors
déstructurés et dégradés par l'action des
sécheresses et/ou l'impact des pluies qui les lessivent au lieu de les
pénétrer.
- Le tassement du sol. Le tassement qui induit une forte
baisse de la porosité naturelle du sol est une des formes les plus
graves et les plus courantes de la dégradation des sols. Cette
compaction qui est le plus souvent due aux
surpâturages
et la
sur-fréquentation
d'un milieu par l'homme peut y contribuer localement. Enfin, l'utilisation
excessive ou inadaptée d'engrais chimiques et d'amendements (alors que
les
fumiers,
composts,
et autres engrais organiques amélioraient la qualité des sols)
contribuent-ils à déstructurer et tasser les sols.
La dégradation du couvert
végétal : on entend par dégradation du
couvert végétal, la diminution ou la disparition progressive des
différentes espèces d'arbres et de plantes qui poussent dans une
région géographique donnée. La dégradation du
couvert végétal est perceptible à travers la disparition
d'espèces, la réduction de la superficie des zones couvertes de
végétation, la présence de zones nues. Les causes peuvent
être d'origine naturelle, comme la baisse de la pluviométrie sur
plusieurs décennies ou d'origine humaine comme la déforestation,
les feux de brousse, la surexploitation des champs agricoles ou la
contamination chimique des sols. (MEAM, 2005).
Stratégies d'adaptation : L'adaptation
est définie par le Groupe d'expertsintergouvernemental sur
l'évolution du climat (GIEC,2007) comme : « L'ajustement des
systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli
climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin
d'atténuer les effets néfastes ou d'exploiter
desopportunités bénéfiques». Les
stratégies d'adaptation représentent l'ensemble des actions qu'un
individu ou qu'un groupe met en oeuvre afin de résoudre les
problèmes auxquels il est confronté. Dans le domaine des
variabilités climatiques, les stratégies d'adaptations se
réfèrent à tout ajustement dans les systèmes
naturels ou dans les activités humaines, en réponse aux impacts
du changement opéré ou prévu. Ce processus permet de
réduire la vulnérabilité des populations aux
phénomènes météorologiques extrêmes.
Savane arborée : selon FONTES J.
et GUINKO S., (1995), une savane est une formation dont le tapis
herbacé, dominé par des espèces pérennes, est
supérieur à 0,80 m de hauteur, suffisamment dense pour assurer
une couverture totale du sol. Les strates ligneuses, arbustives ou
arborées, y sont des composantes régulières. Sur ce, une
savane arborée est une formation herbeuse piquetée d'arbres
éparpillé. La hauteur moyenne des arbres est de 8 m. Sur le plan
taxonomique, la strate arborée est dominée par les espèces
suivantes : Vitellaria paradoxa, Lannea microcarpa, Sclerocarya
birrea, Parkia biglobosa, Lannea acida. Quant au tapis herbacé, il
est dominé par Cymbopogon schoenanthus et Andropogon
gayanus. Dans les savanes arborées, l'action anthropique est
marquée par la coupe du bois. Les animaux séjournent dans ces
formations pour exploiter les pâturages. Sur le plan des
aménagements, certaines d'entre elles ont été enrichies
par les plantations d'espèces exotiques (Azadirachta indica et
Eucalyptus camaldulensis).
Savane arbustive : en se basant sur la
définition de savane ci-dessus de FONTES J. GUIKO S., une savane
arbustiveest une formation herbeuse piquetés d'arbustes
éparpillé.Ces arbustes ont entre 4 à 7 m de hauteur. Sur
le plan taxonomique, la savane arbustive est dominée par Guiera
senegalensis et Piliostigma thonningii. Les espèces
compagnes sont Combretum micranthum, Combretum nigricans, Balanites
aegyptiaca, Saba senegalensis, Ximenia americana et Ziziphus
mauritiana.
CHAPITRE II : MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DELA COMMUNE RURALE DE
KOUKA
Ce chapitre présente les facteurs physiques et humains
de la commune rurale de Kouka.
2.1. Milieu physique
2.1.1. Présentation de la
zone d'étude : la commune rurale de Kouka
La Commune rurale de Kouka est située dans la partie
Sud de la province des Banwa qui fait partie de la région de la Boucle
du Mouhoun. Elle est située entre 11°42'01''et 12° 7'30'' de
Latitude Nord et 4°14' et 4°30' de Longitude Ouest. La commune
s'étend selon le Plan de Développement Communale (PCD, Kouka
2015) sur une superficie d'environ 700 km2 soit 11,76% du territoire
provincial (5 954 km2) et 2,03% de la Région (34 497
km2). Elle est limitée par les cinq communes suivantes :
· Solenzo au Nord et au Nord-Est ;
· Sami au Nord-Ouest ;
· Fô et Faramana à l'Ouest ;
· Koundougou au Sud et au Sud-Ouest ;
· Padéma de l'Est au Sud-Est.
Kouka, le chef-lieu de la Commune est situé à
45 Km au Sud-Ouest de Solenzo, chef-lieu de la province sur l'axe
Solenzo-Koundougou (Route Régionale N°24 joignant la Route
Nationale N°9), comme indiqué sur la carte n°2
Avec la politique de communalisation, Kouka
fut érigé en commune rurale sous la loi N°2005-0055 /AN du
21 Décembre 2004, portant Code général des
Collectivités territoriales. La Commune compte 18 villages
administratifs que sont : Saint-Michel, Koulakou, Bourawalé,
Bankouma, Diontala, Fini, Kelworé, Houna, Kouroumani, Liaba, Mawana,
Mollé, Sallé, Siwi, Sama, Sélinkoro, Sirabadala et Kouka
(PCD, Kouka, 2015).
Carte n°2 :
localisation de la zone d'étude
2.1.2. Caractéristiques
climatiques
Le climat est un ensemble de paramètres
interdépendants, ayant des interactions dont lesmoyennes permettent de
caractériser une région, une zone, un pays. Parmi ces
paramètres,ressortent la pluviométrie et les
précipitations en général, la température, les
vents.Selon la répartition des hauteurs d'eau annuellement recueillies,
le territoire du Burkina Faso connaît une subdivision en trois domaines
climatiques. Il s'agit du domaine sahélien, soudano-sahélien et
soudanien, inDIPAMA J.M.,2004. Chaque domaine présente des
caractéristiques qui lui sont propres.
- Le domaine Sahélien : c'est un domaine peu
arrosée car la moyenne des hauteurs d'eau annuellement recueillie est de
500mm. La durée de la saison pluvieuse n'excède pas 3 mois tandis
que les températures extrêmes (minima, maxima) sont très
élevées ;
- Le domaine soudano-sahélien : il est
délimité par les isohyètes 600 mm et 900 mm. C'est le plus
vaste domaine climatique du pays par son étendue. Il reçoit en
moyenne 800 mm de pluie par an, répartis sur 4 à 5mois ;
- Le domaine soudanien : il concerne toute la partie sud
du pays où on enregistre annuellement plus de 1000 mm de pluies qui
tombent pendant plus de cinq mois.
La commune rurale de Kouka subit l'influence des
caractéristiques du climat soudano-sahélien selon le
découpage thermo-climatique du Burkina Faso (carte n°3) avec une
pluviométrie moyenne annuelle de 826,5 mn pour la période
1988-2017.
Carte n°3 :
localisation de la commune de Kouka dans le découpage thermo-climatique
du Burkina Faso.
0
ü Pluviométrie
La pluviométrie est sous l'influence du Front
intertropical (FIT) dont la fluctuation du Sud vers le Nord et du Nord vers le
Sud caractérise les deux saisons (sèche et pluvieuse). La saison
sèche qui dure de Novembre à Marsest caractérisée
par un vent chaud et sec venant du Nord-Est appelé harmattan. La saison
pluvieuse qui s'étale d'Avril à Octobre est dominée par un
vent frais et humide venant du Sud-Ouest appelé mousson.Selon FRANQUIN
P. et COCHEME J. (1967), il y a une différence entre saison pluvieuse et
saison humide. La saison pluvieuse s'étend de la première
à la dernière pluie tandis que la saison humide tient compte du
bilan des apports des pertes d'eau du sol. Autrement dit, la saison est
considérée humide lorsqu'il y a suffisamment d'eau dans le sol.
Dans ces conditions, la courbe des températures est en dessous des
sommets des histogrammes des précipitations.Selon le diagramme
pluvio-thermique de la série allant de 1988 à 2017 de la station
Synoptique de Dédougou, la saison pluvieuse va de mars à octobre,
soit sept mois et la saison humide de mai à Septembre soit cinq mois.
ü
Pluviométrie
La pluviométrie est sous l'influence du Front
intertropical (FIT) dont la fluctuation du Sud vers le Nord et du Nord vers le
Sud caractérise les deux saisons (sèche et pluvieuse). La saison
sèche qui dure de Novembre à Mars est caractérisée
par un vent chaud et sec venant du Nord-Est appelé harmattan. La saison
pluvieuse qui s'étale d'Avril à Octobre est dominée par un
vent frais et humide venant du Sud-Ouest appelé mousson. Selon FRANQUIN
P. et COCHEME J. (1967), il y a une différence entre saison pluvieuse et
saison humide. La saison pluvieuse s'étend de la première
à la dernière pluie tandis que la saison humide tient compte du
bilan des apports des pertes d'eau du sol. Autrement dit, la saison est
considérée humide lorsqu'il y a suffisamment d'eau dans le sol.
Dans ces conditions, la courbe des températures est en dessous des
sommets des histogrammes des précipitations.Selon le diagramme
pluvio-thermique de la série allant de 1988 à 2017 de la station
Synoptique de Dédougou, la saison pluvieuse va de mars à octobre,
soit sept mois et la saison humide de mai à Septembre soit cinq mois.
Graphique n° 1:
diagramme pluvio-thermique deKouka (1988-2017)
Source desdonnées : Station Synoptique de
Dédougou, 2018
Selon les données des relevés
pluviométriques, les précipitations moyennes annuelles se
caractérisent par des fluctuations inter et intra-annuelles. Durant la
période1988 à 2017, on note une variation comprise entre 1149,2
mm pour l'année 2015 et 580,7 mm d'eau en 2000.La moyenne de la
période se situant à 826,5 mm d'eau. Toutefois, cette moyenne
cache des disparités. En effet, les années comme 1994, 2003, 2010
et 2015 présentent des pics exceptionnels supérieurs à la
moyenne. Pendant ce temps, les années 1996, 2000, 2011 et
2013possèdent des moyennes exceptionnellement inférieures
à celle de la série (graphique n°2). Cela dénote des
variations interannuelles de la pluviométrie.Ces modifications de la
variation des hauteurs d'eau de pluie influencent le cycle
végétatif des plants à cause du manque ou excès
d'eau. Ce qui constitue un obstacle pour la production agricole.
Néanmoins, pour l'ensemble de la série concernée, on
constate une tendance à la hausse de la pluviométriepuisque le
coefficient directeur de la droite de tendance est positif (graphique
n°2).
Graphique n°2 :
hauteur d'eau de Dédougou (1988 à 2017)
Source desdonnées :Station synoptique de
Dédougou, 2018
Aussi, la répartition desjours pluvieux pourraient-ils
être des facteurs qui influencent leclimat dans une localité.
ü Nombre de jours de pluie
Selon la Direction Générale de la
Météorologie (DGM), un jour est dit de pluie lorsqu'il tombe 0,1
mm d'eau. La courbe représentative de la variation du nombre de jours de
pluie de la série 1988 à 2017présente un aspect en dents
de scie (Graphique 3). Cela signifie qu'il y a une variation interannuelle du
nombre de jours de pluie dans la localité.
Graphique n°3 :
évolution du nombre de jours de pluie de 1988 à 2017
Sources de données : Station synoptique de
Dédougou, 2018
En effet, l'importance de la variation de la courbe du nombre
de jours de pluies laisse entrevoir une grande variation de ce nombre d'une
année à l'autre. Pour la série de 1988 à 2017, le
nombre maximum de jours de pluie est de 82 (en 2010) et le nombre minimum de 55
(en 2004).En moyenne, le nombre de jours pluvieux est de 67. D'après la
droite d'équation y = 0,1502x + 64,839, d'une manière
générale, une légère croissance est observée
sur toute la série. Aux années de nombre de jours
supérieurs à la moyenne telles que 1991, 1994, 1999, 2003, 2006,
2010 et 2016, s'opposent ainsi des années comme 1989, 1993, 2002, 2004
et 2017 dont le nombre de jours pluvieux est inférieur à la
moyenne. Cette variation du nombre de jours de pluie influence fortement le
cycle végétatif des plans.
ü Température
La température est l'un des facteurs qui influence le
plus la disponibilité de l'eau dans une localité donnée.
La courbe représentative des températures moyennes annuelles de
la série de 1988 à 2017présente un aspect en dents de
scie. Cela traduit une forte variabilité interannuelle des
températures. La moyenne de la série est de 29°Cet la
tendance est à la hausse puisque le coefficient directeur de la droite
de tendance est positif. Toutefois, cette moyenne cache des disparités.
En effet, les années comme 2004, 2005, 2010,2015et 2016
présentent des picssupérieurs à la moyenne.Pendant ce
temps, les années 1994, 1999 et 2013 possèdent des moyennes
exceptionnellement inférieures à celle de la série (voir
graphique n°3). Il y a une tendance au réchauffement du climat dans
la zone couverte par la station synoptique de Dédougou (cf droite de
tendance, graphique n°4). Cette situation impacte la disponibilité
de l'eau ce qui pourrait entraver la production agricole et la satisfaction des
besoins hydriques des populations à cause de la forte
évaporation.
Graphique n°4 : variation interannuelle de la
température moyenne annuelle de 1988 à 2017
Source desdonnées : Station synoptique de
Dédougou, 2018
ü Vents
Les vents sont le facteur qui régule le climat et
assure l'alternance des saisons. On en distingue deux types. L'harmattan vent
sec, soufflant du Nord-est vers le sud-ouest. Il est responsable de
l'installation de la saison sèche. La mousson, vent humide, soufflant du
Sud-ouest vers le Nord-est, elle apporte la pluie. Au contact de ces deux
masses d'air, on a le Front Inter Tropical (FIT).En général, ces
deux masses d'air n'ont pas une grande vitesse (2 m/s). Le graphique n°5
ci-dessus présente l'évolution de la vitesse des vents de
l'année 1988 à 2017.
Graphique n°5 :
radar des vents à la station synoptique de Dédougou
(1988-2017)
Source desdonnées : station synoptique de
Dédougou
Les vents ont une faible vitesse en général,
2,5m/s en moyenne pour la série 1988-2017. Cependant, on a
régulièrement au début de la saison des pluies des
épisodes de vents violents. Entre les mois de janvier et juillet, la
vitesse des vents est globalement supérieure à la moyenne. Elle
atteint 3m/s durant le mois de Mai c'est-à-dire en début de la
saison des pluies.
2.1.3. Géomorphologie et
sols
Le relief et le sol sont des facteurs qui permettent de
comprendre l'implantation des hommesdans certaines zones de la région.
Ils expliquent la forte concentration par endroit et le sous- peuplement de
certaines terres. La Boucle du Mouhoun à l'instar du reste du Burkina,
est une région peu accidentée. Elle est plate sur près de
4/5 de sa superficie. Le relief est assez monotone. Cette monotonie du relief
est quelques fois interrompu par des affleurements de grès parfois
fortement escarpés (sud du Mouhoun, nord-est des Balé et le
centre des Banwa).La morphologie de la zone est tributaire du substratum
géologique et de la nature des matériaux sur lesquels agit
l'érosion.Cela est dû à une action érosive
très ancienne (PCD, Kouka 2015).
La pénéplaine qui occupe environs 3 / 4 du pays
concerneaussi la commune de Kouka. L'altitude moyenne de la zone d'étude
est de 360 m, avec quelques collines qui se présentent aux limites Ouest
de la commune, culminant à 400 m.Le point culminant (400 m) se trouve
dans le village de Siwi au nord-ouest de la commune, tandis que le point le
plus bas (292 m) se localise dans le talweg du cours d'eau situé au sud
de la commune. Le différentiel entre les deux extrêmes est de 108
m. (Carte n°4).Ce différentiel montre la présence d'une
forte pente et plusieurs lignes de partage des eaux, ce qui est à
l'origine d'une importante érosion hydrique dans les endroits où
il y a absence de couverture végétale.
Carte n°4 :
Topographie de la commune de Kouka
Au cours de l'étude, un transect long de sept
kilomètres de direction nord-est / sud-ouest a été
réalisé dans la partie centre-est de la commune a permis de
connaitre la structuration du paysage (graphique n°6). Le paysage est
dominé par un glacis d'altération qui a pour relief de
commandement une butte cuirassée. Cette butte est en train d'être
exhumé à cause de l'érosion. Le glacis a une pente douce et caractérisé par un état de
surfacegravillonnaire, sableux et un remblai alluvial constitué de
matériaux limono-sableux à limono-argileux-sableux lorsqu'on se
dirige vers le lit mineur du cours d'eau. Tout au long de ce transect, on
constate la présence de l'occupation des sols par la population en
fonction des types de sols rencontrés et des modelés. En effet,
les lithosols sur la butte cuirassée sont occupés par des
plantations d'Anacardium occidentale, les sols ferrugineux tropicaux
au niveau des versants et des glacis sont occupés par des champs de
culture pluviale, des habitations et des vergers. Quant aux sols hydromorphes
dans les lits majeurs des cours d'eau, ils sont colonisés pour les
cultures maraichères.
Graphique n°6 : transect dans le village de
Kouka
La nature des sols est le reflet des facteurs
géomorphologiques, de la nature du substrat d'altération et du
climat. Selon la carte n°5, quatre classes distinctes de sols sont
rencontrées dans la commune de Kouka et selon l'Atlas du Burkina
Faso, chaque type de sol a ses aptitudes agricoles :
- Les sols minéraux bruts : ils sont
localisés dans la partie nord-ouest (Liaba, Sélenkoro,
Bourawalé), et ouest(Kouroumani) de la commune. Ce type de sols
représente environ à peine 1% de la superficie totale de la
commune et se situe en contre bas des hauts reliefs. Il ne se prête
qu'aux cultures peu exigeantes comme le sésame, le petit mil et le
voandzou.
- Les sols ferrugineux ousols à sesquioxydes : ce
type de sol qui occupe environ 72 % de la superficie de la commune et est
dispersé sur tout le territoire communal. Il est propice aux cultures du
sorgho, du mil et de l'arachide.
- Les sols peu évolués qui concernent environ 9
% de la commune occupent la partie nord-est, est sud et centre-ouest de la
commune.
- Les sols hydromorphes : ces sols correspondent aux
plaines inondables, aux bas-fonds et aux vallées. Ils se localisent au
Nord et à l'Est, le long des cours d'eau de la commune et
représentent environ 18 % de la superficie de la commune. Ils sont
propices à toutes les cultures exigeantes en fertilité et en
eau.
Tous les types de sols connaissent un fort niveau de
dégradation.Les causes de cette dégradation sont les actions
conjuguées de l'homme, des animaux, des facteurs climatiques et de la
topographie du milieu. La surexploitation des champs, le surpâturage, le
déboisement sont à l'origine d'une érosion hydrique
intense des hautes terres, des berges des cours d'eau. La carte n°5 montre
les types de sols rencontrés dans la commune rurale de Kouka.
Carte n°5 :types de
sols de la commune rurale de Kouka
2.1.4. Réseau
hydrographique
Il est relativement dense sur tout le territoire, mais est
majoritairement composé de cours d'eau secondaire et tertiaire, à
assèchement rapide dès la fin de la saison pluvieuse. Localement,
les cours d'eau plus importants sont appelés le Ki, le
Kawalé, le Djoyaga, le Wadoumapa, le Paaki et Barr. Le principal
cours d'eau est le Téréqui traverse la commune du nord
au sud. Cependant il est menacé par l'ensablement, provoqué par
les exploitations agricoles à proximité des berges. D'une
manière générale, la majorité des cours d'eau
coulent du Nord vers le Sud. L'écoulement des eaux est assez
modéré en raison des faibles pentes et des larges lits
réduisant ainsi l'érosion par ravinement. Les zones à
réseau hydrographique dense touchent les villages de Bankouma, kelworo,
Mawana, Liaba, Saint-Michel, Mollé (carte n°2).
2.1.5.
Végétation
La commune de Kouka appartient au domaine
phytogéographique nord soudanien marqué par la
prédominance des savanes arborées et arbustives (FONTES J. et
GUINKO S., 1995). Il existe de nombreux ilots de forêts
résiduelles dispersées dans les différents terroirs
villageois (bosquets sacrés). On note aussi la présence de
forêts galeries le long des grands cours d'eau. Les principales
espèces rencontrées sur la base d'un transect (graphique
n°6, p. 28) réalisé sont :
ü Au niveau de la strate
arborée :Vitellaria paradoxa, Parkia biglobosa, Acacia seyal,
Bombax costatum, Sclerocarya birrea, Lannea acida, Lannea microcarpa, Detarium
microcarpum, Mitragyna inermis.
ü Au niveau de la strate arbustive : Combretum
micranthum, Combretum ghasalense, Combretum nigricans, Guiera senegalensis,
Piliostigma thonningii, Saba senegalensis.
ü Au niveau de la strate herbacée :
Andropogon gayanus, Cymbopogon sp.
Cette végétation, assez florissante et
diversifiée offre de nombreux produits forestiers composés de
bois mort, fruits, noix, amandes et feuilles utiles pour la consommation et la
commercialisation. Les produits forestiers non ligneux commercialisables les
plus abondants sont les noix de karité, les graines de
néré. Cependant l'anthropisation du milieu entraine la
dégradation de la végétation. Pourtant les populations y
tirent l'essentiel de leurs moyens de subsistance. Dans ces conditions, la
destruction du couvert végétal compromet la production
agricole.
2.1.6. Les ressources
fauniques
En raison de la très forte pression anthropique et de
la dégradation des conditions climatiques et écologiques qui ont
détruit le biotope, la réserve faunique de la commune est
très fortement dégradée. Néanmoins, les
espèces existantes se résument à la petite faune
composée des lièvres, porc-épic, singes, pintades,
écureuils, varans, rongeurs, reptiles et oiseaux. Les plus grandes
espèces se composent de quelques têtes de biches, antilopes,
hippopotames, phacochères (PDC, Kouka).
2.2. Milieu humain
2.2.1. Données
démographiques
Selon les résultats définitifs du RGPH 2006, la
population de la commune était estimée à 59118 habitants
avec 51.08% de femmes. Le nombre de ménages était estimé
à 9406. C'est une population qui est très inégalement
répartie dans l'espace communal. Les villages les plus peuplés
sont : Bankouma, Diontala, Houna, Kouka, Mawana, Mollé, Sama et
Siwi. Sur la base de la projection de l'INSD 2007-2020, le nombre d'habitants
dans la commune serait de 74671 personnes en 2015 et 81097 habitants en 2018.
Cette augmentation de la population n'est pas sans risque sur les ressources
naturelles. De nos jours, presque tout l'espace du territoire communal est
exploité et il n'existe pratiquement plus de jachère, ni de zone
de pâturage. La densité de population était de 84 habitants
au km² en 2006 et 104 en 2015.
2.2.2. Mouvements de
population
La commune de Kouka fait partie du bassin cotonnier du
Burkina Faso. La plupart de ceux qui y viennent sont attirés par les
bonnes terres de production et la pratique de la coton-culture et de
l'élevage. Elle constitue depuis les années 1975 une zone de
prédilection pour de nombreux migrants venant des provinces telles que
le Yatenga, le Passoré, le Nayala à la recherche de bonnes terres
pour l'agriculture. L'immigration a été forte entre 1975 et 1985
selon la monographie de Boucle du Mouhoun réalisée par le MEF en
2010. Ce mouvement de population a eu donc un impact négatif sur
l'environnement dans la commune.
Les villages de la commune sont classés selon
l'importance du phénomène migratoire en deux grands blocs qui
sont le bloc Est où le phénomène migratoire est
très ancien, et le bloc Ouest qui regorge d'important réseaux
hydrographiques et de nombreux bas-fonds aménageables. De nos jours,
cette zone se caractérise véritablement par une forte pression
démographique, une dégradation accélérée.En
retour, la commune connait une émigration de sa population surtout les
jeunes garçons et jeunes filles en direction des grands centres du pays
que sont Ouagadougou et Bobo Dioulasso, auxquels s'ajoutent les pays
frontaliers comme le Mali et la Cote d'Ivoire.
2.2.3. Activités
socioéconomiques
ü Agriculture
L'agriculture est la principale activité
socioéconomique de la population. Cette activité occupe environ
90 % de la population active (PDC Kouka, 2015). Le mode de production
dominant est traditionnel, de type extensif. Les outils de production jadis
rudimentaires se modernisent peu à peu car on note de plus en plus
l'usage d'outils modernes de production (tracteurs, charrues, charrettes,
motopompe) et l'application de nouvelles techniques agricoles notamment les
techniques de conservation des eaux et des sols. Les différentes
exploitations sont : la production céréalière, les
cultures de rente, la production maraichère. L'agriculture est
dominée par la culture céréalière et les autres
cultures vivrières qui constituent la base de l'alimentation de la
population. Les principales spéculations agricoles produites dans la
commune sont le mil, le sorgho, le maïs, le riz, le voandzou, le
niébé, la patate et le manioc. La culture
céréalière représente 50% des superficies
emblavées selon la ZAT/kouka. Selon cette même source, les
superficies des exploitations de mil, de sorgho, de maïs, de riz sont
passées de 27121 ha en 2010 à 40596 ha en 2013, soit une
augmentation moyenne de 37,42% par an.
Pour ce qui concerne les cultures de rente,
c'est-à-dire le coton, l'arachide, le soja et le sésame, leur
production connait un engouement particulier à cause de la forte demande
sur le marché. Lasuperficie emblavée pour la production du
sésame a presque doublée entre 2010 et 2013. De 1442 ha en 2010,
la superficie est passée à 2250 ha en 2013. Quant au coton, il
est la culture de rente la plus dominante en terme de superficie. En 2013, la
superficie emblavée était de 9000 ha contre 6261 ha en 2010, soit
un accroissement de 43,74% (PCD, Kouka 2015). De toutes les filières de
production agricole, la filière cotonnière est la mieux
organisée. Une union des producteurs de coton de la commune a
été mise en place avec l'appui de la SOFITEX en 1996. Elle est
dénommée Union Départementale des Producteurs de Coton
(UDPC). Les principales productions maraichères dans la commune sont
l'oignon, la tomate, le chou. Elles se pratiquent dans les bas-fonds et aux
abords des points d'eau, surtout en saison sèche et la participation des
femmes est plus marquée.
Cependant, de l'ensemble des exploitations agricoles dans la
commune rurale de Kouka, il ressort que, sous l'action conjuguée de
l'homme et de l'érosion, la fertilité des sols dans l'ensemble
des villages de la commune connait une forte dégradation physique au fil
des ans. Pour faire face à ce problème, la population
aidée par des partenaires (services déconcentrés,
partenaires techniques et financiers), a adopté et applique des
techniques de fertilisation des sols (l'utilisation de la fumure organique dans
les champs). Par ailleurs, l'encadrement des producteurs est assuré par
une ZATA (Zone d'Appui Technique de l'Agriculture) qui est située dans
le chef-lieu commune, Kouka. Cet encadrement est animé par quatre
agents. Selon eux, les producteurs adoptent les techniques de vulgarisation,
mais ils restent confrontés par le manque de moyens financiers et
matériels.
ü Elevage
L'élevage est la seconde activité
socio-économique de la commune après l'agriculture. C'est une
importante activité économique qui occupe presque tous les
ménages ruraux auxquels elle procure des revenus considérables.
Cependant, il est tributaire des pratiques traditionnelles et des aléas
climatiques. On rencontre principalement trois systèmes d'élevage
dans la commune : l'élevage extensif, semi-intensif et
transhumant.
Malgré son rôle indéniable,
l'élevage demeure traditionnel et de type extensif. Les intrants
utilisés pour l'alimentation sont par conséquent
constitués principalement de pâturage naturel. Il faut dire que
l'agriculture extensive a des conséquences négatives sur les
aires de pâtures qui se réduisent au fil du temps. En plus de
cela, l'obstruction des pistes à bétail existantes, rend
difficile l'accès du cheptel à certaines infrastructures (point
d'eau, parcs de vaccination).Le mode semi-intensif concerne surtout
l'élevage des bovins et caprins. Ce type d'élevage est mieux
encadré par rapport à l'élevage extensif, avec une
alimentation plus riche. L'intervention des partenaires à travers des
appuis multiformes et les difficultés de la transhumance contraignent de
plus en plus les éleveurs à amorcer un début
d'intensification de leurs productions qui se pratiquent sous la forme
d'embouche et « d'élevage de case ». Les principales
espèces sont les bovins, les caprins, les ovins et la volaille.
Quant à l'abreuvement des animaux, en saison
pluvieuse, il s'effectue dans les marigots. En saison sèche, les
ruminants sont toujours gardés dans le système d'élevage
peulh. Mais une bonne partie des animaux est laissée en divagation dans
l'espace communal. L'approvisionnement en eau s'effectue dans les marigots et
au niveau des forages ou encore à domicile lorsque le
propriétaire dispose d'une main d'oeuvre importante et de moyens
adéquatspour cela. L'alimentation du bétail devient difficile en
saison sèche et les éleveurs sont souvent contraints à la
transhumance, vers le Sud-Ouest du pays. Une partie du bétail se
déplace également dans la zone de Sidéradougou, de
Kénédougou et vers la frontière avec la
Côte d'Ivoire à Niangoloko.Une ZATE (Zone d'Appui Technique de
l'Elevage) est située à Kouka et couvre toute la commune. Elle
est animée par trois agents. Les agents sont limités dans leurs
actions par l'insuffisance de matériel d'intervention. Et selon eux, les
principales maladies animales dans la commune sont : la pasteurellose qui
s'attaque aux bovins et aux petits ruminants, la trypanosomiase animale
africaine, la maladie de Newcastle, la fièvre aphteuse.
ü Pêche
La rareté des retenues et cours d'eau permanents
limitent la disponibilité des ressources halieutiques. Les principaux
sites de pêche sont les rivières et mares relativement importants
(Téré, Ki, Djoyaga, Wadoumapa, Paaki, Barr, Diria). La
pêche est pratiquée de manière artisanale surtout dans les
eaux des mares qui se trouvent dans le territoire communal. Elle concerne
exclusivement les poissons tels que les carpes, les silures et le poisson
cheval.
ü Exploitation des produits forestiers non
ligneux
Elle s'exerce dans un cadre traditionnel et repose sur
l'exploitation des feuilles, des fruits et des graines ou amandes de certaines
espèces végétales tels que le néré, le
karité, le tamarinier (Tamarindus indica). Cette
activité constitue une source de revenus substantiels pour les femmes
à travers la fabrication du soumbala et de l'extraction du beurre de
karité. Pour la production du beurre de karité, le ramassage des
amandes se fait de juin en aout. Mais on constate de nos jours que le nombre
d'arbre à karité a diminué à cause de l'attaque des
arbres par les parasites, les actions anthropiques, les vents violents qui les
terrassent.
ü Artisanat
Le secteur de l'artisanat est diversifié mais peu
développé dans la commune. On peut recenser des forgerons, des
fabricants de meubles traditionnels, des potières, des maçons,
des couturiers, des soudeurs, etc. Les principaux freins au
développement de l'artisanat dans la commune sont les difficultés
d'accès aux crédits et la faiblesse de l'encadrement des acteurs
(PCD, Kouka 2015).
CONCLUSION PARTIELLE
La commune rurale de Kouka bénéficie de
l'influencedu climatsoudano-sahélien selon le découpage des zones
climatiques au Burkina Faso.Ce type de climat est caractérisé par
une forte variabilité des paramètres climatiques
(pluviométrie, température). Les cours d'eau sont en grande
partie temporaires ;ce qui pose le problème de disponibilité
d'eau de surface surtout en saison sèche dans la commune. L'étude
morpho-pédologique a montré plusieurs types de sol qui sont
surexploités et fortement dégradés. Quant à la
végétation, elle est fortement dégradée du fait du
type d'agriculture et d'élevage pratiqué.Les facteurs humains
indiquent une forte croissance démographique. La majorité de
cette population pratiquel'agriculture et l'élevage comme principales
activités socioéconomiques.
Cependant, la gestion des ressources naturelles est peu
satisfaisante dans la commune.Ces ressources font l'objet d'une
surexploitation, souvent anarchique, pour les besoins de production, de
transformation et de satisfaction des besoins domestiques. A cela s'ajoute
l'occupation anarchique des terres qui a pour conséquences la
réduction de la biodiversité, l'ensablement des cours d'eau.
Cette situation est aggravée par la variabilité climatique qui a
pour conséquence directe la dégradation des sols à cause
de l'érosion.Dans ces conditions l'on se demande comment les populations
de la commune rurale de Kouka arrivent-elles à produire ?Autrement dit,
quels sont les effets induits de la variabilité climatique et de la
dégradation des sols sur la production
céréalière ?
DEUXIÈME PARTIE :
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET DISCUSSION
La seconde partie de ce travail aborde ces aspects en deux
chapitres. Dans le premier, il est question des variabilités climatiques
et ses effets sur la production céréalière dans la commune
rurale de Kouka. Quant au second chapitre, il traite de la dégradation
des sols et ses conséquences sur la production
céréalière dans la commune de Kouka.
CHAPITRE
III: LES VARIABILITÉS CLIMATIQUES ET LEURS EFFETS SUR LA PRODUCTION
CÉRÉALIÈRE DANS LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
Ce chapitre traite les caractéristiques des
paramètres climatiques et leurs incidences sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka. Une analyse
est faite d'abord sur la variation des précipitations, des
températures, de l'humidité relative de l'air ; ensuite une
relation est établie entre les variations des paramètres
climatiques et la variation de la production
céréalière.Dans ce présent chapitre, l'étude
reconnaît aussi l'importance d'appréhender la vision paysanne des
variabilités climatiques et la contribution de ces perceptions à
l'adaptation à la variabilité climatique.
3. 1.
Caractéristiquesde la variabilité climatique
Le climat d'une période, au sens utilisé dans
la présente analyse, se réfère aux moyennes et à
l'irrégularité des variables comme la pluviométrie, la
température, l'humidité relative. L'importance relative
accordée à chacune de ces variables dépend de la
région du globe considérée. Au Sahel, la pluie est de loin
la variable climatique la plus déterminante pour la vie des populations
; certains auteurs considèrent qu'elle permet à elle seule de
déterminer l'évolution de l'environnement dans cette
région du monde. La pluviométrie peut donc être
considérée comme le paramètre le plus indiqué pour
caractériser ou analyser l'évolution du climat au Sahel(ALI A.,
2010 ; OUOBA A. P., 2013).Autant de raisons qui font que la plupart des
études et analyses portent sur les précipitations bien plus que
sur d'autres paramètres du climat.Ainsi au cours de cette étude,
les paramètres climatiques tels que la pluviométrie, la
température de l'air, l'humidité relative de l'air sont
analysés afin d'étudier leur impact sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka au Nord-ouest
du Burkina Faso.
Par sa position géographique dans la zone
intertropicale, le Burkina Faso connait un climat tropical de type soudanien,
avec une alternance de deux saisons : une saison humide et l'autre
sèche, fraiche et chaude. De ce fait, à l'instar des autres
localités du pays, la commune de Kouka connait une variation de ses
paramètres climatiques au fil du temps.
3.1.1. Variabilité
interannuelle de la pluviométrie
3.1.1.1. Evolution de la
pluviométrie de 1988 à 2017
Les variations interannuelles de la pluviométrie
sont caractérisées par une alternance
d'années où les hauteurs d'eau fluctuent en dents de scie.
La moyenne des hauteurs d'eau est de 826,5mm pour la série 1988-2017
selon les données de la station synoptique de Dédougou. Sur le
diagramme ombro-thermique (graphique n°1, page n°24), on distingue
une période humide qui va de Mai à Septembre, une période
sèche allant d'Octobre à Mars. La courbe de la variation de la
pluviométrie de cette même série, graphique n°7, nous
montre une variabilité interannuelle de la pluviométrie, durant
cette période.Il ressort de ce graphique une variabilité
pluviométrique interannuelle basée sur lesfluctuations entre les
années sèches, les années humides et les années
dites normales. Grâce à cette succession d'années
déficitaires, d'années excédentaires et d'années
normales, il est mis en exergue des périodes de hausse et de baisse
continue de la pluie.En effet, sur le graphique n°7, l'Ecartype+1 et
l'Ecartype-1 permet de distinguer les années sèches, les
années humides et les années normales. L'Ecartype+1 est obtenu en
additionnant la moyenne de la série considérée à
l'Ecartype. Quant à l'Ecartype-1, il est la différence entre la
moyenne de la série et l'Ecartype. Les années situées
au-dessus de l'Ecartype+1 sont considérées comme des
années humides. C'est le cas de 1994, 2003, 2010 et 2015. Les
années situées en dessous de l'Ecartype-1 sont des années
sèches. Il s'agit ici particulièrement de l'année 2000.
Toutes les autres années situées entre l'Ecartype+1 et
l'Ecartype-1 sont considérées comme des années normales.
Graphique n°7 :
évolution des précipitations de 1988 à 2017
Sources de données : station synoptique de
Dédougou, 2018
La tendance de la pluviométrie de la série
considérée connait en général une hausse (voir
graphie n°2, p25). Il y a donc une amélioration de la
pluviométrie qui a commencé surtout à partir de 1990. Le
constat d'une tendance à la hausse de la pluviométrie d'une
période (1986-2016) est aussi fait dans la province de Fada N'Gourma
(SOME N. J., 2018) et dans la Kompienga au sud-est du Burkina Faso (DIPAMA J.
M., 1997) qui a constaté une amorce de relèvement du niveau
pluviométrique. De façon générale, DIPAMA J. M. a
souligné en 2004 que : « la décennie 1990-1999 a
été globalement la plus arrosée au niveau de toutes les
stations du pays.
3.1.1.2. Evolution du
SPI
L'indice standardisé des précipitations, ou en
anglais Standardized precipitation index
(SPI) s'écrit selon la formule suivante :
I = Xi - Xm/Si Où Xi
est le cumul de la pluie pour une année i; Xm et
Si, sont respectivement la moyenneet l'écartype des pluies
annuelles observées pour une série donnée. Cet indice a
été créé par MVKEE T.B. et al., (1993). Il
a été utilisé par plusieurs auteurs comme ALI A.,
(2010), SORO T. D. et al., (2011) dans le sud-ouest de
Côte-D'ivoire, OUOBA A.P., (2013) dans le sahel burkinabé,
MOUHAIMINI et al (2014) au Niger.Le calcul de cet indicepermet de
déterminer la sévérité de la sécheresse
selon différentes classes.
La représentation graphique de l'évolution du
SPI de 1988 à 2017 indique une variabilité d'années
humides et sèches selon les relevés de la station synoptique de
Dédougou. Plusieurs phases d'évolution se dégagent. Il y a
des années de sécheresse modérée, des années
de sècheresses fortes, des années d'humidité
modérée, forte et extrême. Les années de forte et
extrême humidité sont respectivement 1994, 2010 et 2015.La
période 1988 à 1997 estcaractérisée par une
sécheresse modérée et l'année 2000 est
particulièrement qualifiée d'année sèche de la
série. En dehors des années sèches, 1994 et 2015 sont
aussi des années de forte et extrême d'humidité à
Fada N'Gourma à l'Est du Burkina Faso (SOME N. J., 2018). Dans
l'ensemble, il y a une amélioration du climat avec une tendance à
la hausse de la pluviométrie (Cf. graphique n°8, droite de
tendance). Cette tendance à la hausse de la pluviométrie est
aussi observée à partir de 1990 parMAURIZIO B.et MOUHAIMINI
M.dans la région de TILLABERI au Niger en 2014.Ce constat,
démontré dans notre analyse à travers les analyses
descriptives,est assez rassurante pour les agriculteurs ainsi que
l'économie du pays d'une manière générale.
Graphique n°8 :
évolution du SPI dans la station synoptique de Dédougou
Source des données : station synoptique de
Dédougou, 2018
3.1.1.3.
Variationmoyenne mensuelle des hauteurs d'eau
La période 1988-2017 se caractérise par une
variation des hauteurs d'eau moyennes mensuelles. Dans l'ensemble les hauteurs
d'eau ont connu une hausse en amplitude dans les mois de juin, juillet, Aout et
Septembre (graphique n°9).La décennie 2008-2017 est la
période la plus arrosée comparativement aux décennies
1988-1997 et 1998-2007 pour les mois de Juin, Juillet, Aout, septembre et
octobre. Par contre est moins pour le mois de Mai, Avril et Mars par rapport
aux décennies 1998-2007 et 1988-1997. Cela est à l'origine du
retard de l'installation de la saison pluvieuse et surtout du décalage
de la saison agricole constaté dans la décennie 2008-2017.
Graphique n°9 :
variationmoyenne mensuelle des hauteurs d'eau
Source desdonnées : station synoptique de
Dédougou, 2018
3.1.2. Variabilité de la
température
3.1.2.1. Les variations
moyennes inter- mensuelles de la température
Les valeurs moyennes mensuelles de la température de la
période 1988-2017 représentées dans le tableau
n°5permettent de voir l'évolution moyenne du régime
thermique au niveau de la zone couverte par la station synoptique de
Dédougou.
Tableau n°5 :
température moyenne mensuelle à la station synoptique de
Dédougou
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Moyenne
|
T (°c)
|
25,5
|
28,7
|
32,0
|
33,4
|
32,4
|
29,7
|
27,4
|
26,36
|
27,1
|
29,1
|
28,8
|
26,8
|
29
|
Source : station synoptique de Dédougou
Les températures moyennes mensuelles varient entre
25,5 °C (janvier) et 33,47 °C (Avril). Les moyennes mensuelles
maximales s'observent en général pendant le mois de Mars, Avril
et Mai. En considérant la même période, il y a une
variation de la température mensuelle en fonction des décennies.
Le graphique n°10 montre les variations inter mensuelles de la
température. Parmi les trois décennies considérées
(1988-1997, 1998-2007 et 2008-2017), il ressort que la décennie
2008-2017 est la décennie où tous les mois ont connu une hausse
de température par rapport aux autres décennies, exception faite
au mois de janvier qui a connu une baisse. Le mois le plus chaud n'a pas subi
de changement. Il est resté le même mois, c'est-à-dire
Avril. Il en est de même pour le mois le plus frais qui n'a connu de
changement. Durant les trois décennies passées le mois le plus
frais est le mois de janvier.
Graphique n°10 :
variation des températures moyennes des trois dernières
décennies
Source desdonnées : station synoptique de
Dédougou, 2018
3.1.2.2. Les variations
interannuelles de la température.
Les variations interannuelles de la température
montrent que la température de l'air connaît une hausse
régulière sur toute la période 1988-2017. Au niveau de
cette station, la température est restée inférieure
à la moyenne (29°C) entre 1988 et 2003 et supérieure
à la moyenne entre 2004 et 2017. C'est entre 2004 et 2017 que les
températures ont atteint leur plus forte valeur avec des pics en 2005 et
2015. Le diagramme pluvio-thermique sur la période 1988-2017 (graphique
n°1page 24) permet d'observer, en général, de faibles
valeurs de température pendant les mois de fortes pluviométries
et de fortes valeurs pendant les mois de faibles pluviométries. Dans
l'ensemble, on constate une tendance à la hausse des températures
traduisant un réchauffement important et persistant duclimat en
perpétuel changement(graphique n°3). Cette tendance à la
hausse de la température est aussi observée dans d'autres
localités du Burkina Faso et hors du Burkina Faso. C'est le cas dans le
Boulkièmdé (KONKOBO J. et KABORE S. T., 2013) ; à
Fada N'Gourma (SOME N. J. 2018)6.Ce constat a été fait
également à Bouaké et à Dimbokro en Côte
d'Ivoire (KOUASSI A.M., et al) et parMAURIZIO B. et M MOUHAIMINIM. dans la
région de TILLABERI au Niger. Cela est donc conforme au
réchauffement global du climat au niveau mondial.
3.1.3. Variabilité
interannuelle et inter mensuelle de l'humidité relative (1988-2017)
L'humidité relative s'exprime en pourcentage et se
définit comme le rapport entre la quantitéd'eau effectivement
contenue dans l'air et la capacité d'absorption à une
température donnée. Elle constitue un paramètre important
dans la répartition des végétaux.Le niveau relativement
élevé de l'humidité relative de l'air semble
déterminant dans le débourrement des bourgeons et la floraison de
nombreuses espèces ligneuses (KABORE T.S., 2013).Le
graphiquen°9 permet de suivre l'évolution moyenne mensuelle de la
vapeur d'eau contenu dans l'air pour la période 1988-2017. L'analyse du
graphique montre que l'humidité relative de l'air est supérieure
à 50% pendant la saison des pluies, tandis que pendant la saison
sèche, elle reste inférieure à 50%. La valeur maximale
d'humidité relative moyenne mensuelle s'enregistre au mois d'août
(79,50%) qui correspond au mois le plus arrosé de l'année. La
valeur minimale s'observe au cours de février (20%). Le mois d'octobre
qui est un mois sec enregistre une humidité relative supérieure
à 50%. Ce constat pourrait s'expliquer par le fait que le mois d'octobre
est le mois sec le plus arrosé. La moyenne de la série est de
48%.
Graphique n°11 : humidité relative moyenne
mensuelle à la station synoptique deDédougou (1988-2017)
Source des données : station synoptique de
Dédougou, 2018
Les variations interannuelles de l'humidité relative
sur la période 1988-2017 montrent une variation en dents de scie
(graphique n°10). Les années 1989,1993,1996, 2002 et 2008 sont des
années nettement sèches tandis que les années 1994,
1999,2003,2012 et 2014 sont des années humides. Dans l'ensemble, une
tendance à la hausse de l'humidité relative est
observée.
Graphique n° 12 :
variations interannuelles de l'humidité relative sur la période
1988-2017
Source des données : station synoptique de
Dédougou, 2018
L'évolution de la courbe montre que la
variabilité climatique est vraiment une réalité selon les
données de la station synoptique de Dédougou. La
variabilité climatique se manifeste par une dynamique temporelle
progressive des pluies annuelles, des températures annuelles et de
l'humidité relative annuelle. Le climat de la zone couverte par la
station synoptique de Dédougou connait une amélioration. On note
aussi une corrélation entre les paramètres climatiques à
savoir la pluviométrie, la température et l'humidité
relative. En effet, les années 1994, 1999,2003,2012 et 2014 qui sont des
années à humidité relative élevée
correspondent aux années à hauteur d'eau avec des pics. 1994,
1999, 2003 et 2012 correspondent des années où la
température est inférieure à la moyenne de la série
étudiée. Alors comment la population locale perçoit-elle
cette variation des paramètres climatiques ?
3.2. Perception de la
variabilité climatique par la population de Kouka
Pour appréhender la perception de la
variabilité climatique par la population locale, un questionnaire a
été administré au chef de ménage de neuf villages
dans la commune rurale de Kouka durant le mois de Févrierà Mars
2018. Cette perception concerne les paramètres climatiques comme les
précipitations, les températures et les vents.Ces trois
paramètres sont plus connus par les agriculteurs à cause de leurs
effets sur les plants cultivés.
3.2.1. La variabilité
pluviométrique
En ce qui concerne cette variabilité, les chefs de
ménage se sont prononcés sur le début précoce ou
tardif, de la fin précoce ou tardive de la saison pluvieuse ; sur
la diminution ou l'augmentation des hauteurs d'eau annuelles.Tous les
enquêtés sont unanimes sur l'effectivité de la question de
la variabilité pluviométrique. Cependant, à quand remonte
le constat, le point de vue diverge. Les années qui ressortent dans la
réponse desenquêtés sont : 2003 (6,66%), 2008 (10%),
2011 (8%), 2012 (11,33%), 2013 (7,33%). 21,33% des enquêtés ont
répondu : « je ne sais pas ».Or, 2008, 2011, et
2013 sont considérées comme des années de
sécheresse modérée par l'indice pluviométrique SPI
(cf. p. 41). Alors, ce qui marque l'esprit de la population, ce sont les
années exceptionnellement déficitaires en hauteur d'eau ou les
années où les pluies s'arrêtent avant la maturation des
plants.
Quant aux caractéristiques de la saison pluvieuse,
67,33% des personnes enquêtées indiquent un début tardif de
la saison et 31,33% indiquent un début précoce.Cette vision des
chefs de ménages enquêtés du début tardif de la
saison est conforme avec l'analyse des données pluviométriques.
En effet, la pluviométrie moyenne mensuelle de la période
1998-2007 et de la période 2008-2017 montre que les mois d'avril et Mai
qui concernent le début de la saison humide enregistraient plus de
quantité d'eau durant la période 1998-2007 que la période
2008-2017. Sur la question, la perception de la population est conforme aux
analyses scientifiques. Cette conformité entre perception paysanne et
données scientifiques est aussi constatée par OUOBA P. A. (2013)
au sahel burkinabé et par YANOGO P. I. à Bagré dans le
Centre-sud du Burkina Faso en 2012 dans le cadre de leur thèse. Quant
à la fin de la saison des pluies, 93,33% des enquêtés
perçoivent une fin précoce(cf. graphique n°11 page. 45).
Pourtant, les quantités d'eau enregistrées en septembre et en
octobre de la décennie 2008-2017 sont nettement supérieures
à celles de la décennie 1998-2007.
Pour ce qui concerne la quantité d'eau annuelle et le
nombre de jours de pluies annuelles, les chefs de ménage
perçoivent une diminution (94% pour la quantité d'eau et 94,66%
pour le nombre de jours de pluies). Là aussi, il y a une discordance car
les analyses scientifiques montrent une tendance à la hausse de hauteurs
d'eau et du nombre des jours de pluies. Cette divergence peut avoir ses racines
dans la récurrence des années à sécheresses
modérées qui marquent l'esprit des populations à cause de
leur conséquence néfaste sur les rendements agricoles. Elle
pourrait être aussi la conséquence de poche de sècheresse
ayant sévi pendant quelques années dans la décennie
(DIPAMA J. M.,1997).
Graphique n°13 :
perception des chefs de ménage sur le début et la fin de la
saison pluvieuse
Source des données : enquête terrain,
2018
3.2.2. La variabilité de
la température
Pour la population enquêtée, à l'instar
de la variabilité pluviométrique, Il y a aussi une variation de
la température. La température connait une variation, mais
à quand remonte le début de cette variation, 28,66% ne le savent
pas ; les autres réponses divergent et ne permettent pas
d'établir des statistiques. Mais les chefs de ménage arrivent
à caractériser cette variation. En effet, l'augmentation de la
température est mentionnée par 54% des personnes
interrogées contre 24% pour celles qui pensent que la température
diminue et 20% pour celles qui constatent qu'elle reste inchangée. Cette
augmentation de la température perçue par la population est en
congruence avec les analyses scientifiques qui montrent effectivement une
tendance à la hausse de la température.
Pour le mois le plus chaud, la population (68,66%) pense
qu'il reste inchangé et 30,66% remarque un changement. Parmi les
enquêtés qui constatent qu'il y a un changement au niveau du mois
le plus chaud, 41,30% soulignent qu'avant le mois le plus chaud était le
mois de Mars, et de nos jours c'est le mois d'Avril. 26% pensent que c'est
plutôt l'inverse. Il en est de même pour le mois le plus frais. 38%
des enquêtés constatent un changement. Parmi eux, 35%
relèvent le mois de Janvier comme le mois le plus frais avant et le mois
de Décembre maintenant. Ceux qui pensent l'inverse représentent
22,80%. Alors, ceux qui ont constaté qu'il n'y a pas de changement au
niveau du mois le plus chaud et le mois le plus frais, ont eu une bonne
perception car le graphique n°10 montre effectivement qu'il n'y a pas de
changement.Le mois le plus chaud est le mois d'Avril et le mois le plus frais
est le mois de Janvier.
3.3. Impact de la
variabilité climatique et production céréalière
dans la commune rurale de Kouka.
Le Burkina Faso est un
pays agricole où plus de 80% de la population tirent ses moyens de
subsistance de l'exploitation de la terre et des autres ressources de
l'environnement. Malgré les efforts fournis par les agriculteurs, le
bilan céréalier ressort presque toujours déficitaire
posant ainsi des problèmes de sécurité alimentaire au
niveau local, régional et national. La saison agricole 2017-2018 en
témoigne. Sur les 45 provinces que compte le Burkina Faso 22 sont
classées déficitaires en terme de production agricole
(Ministère en charge de l'agriculture, 2018). Cette
insécurité alimentaire est la conséquence des
variabilités climatiques, de la mauvaise répartition
spatio-temporelle des pluies, de la faible fertilité des sols, de la
diminution des ressources naturelles et de la croissance
démographique.
En terme de production
céréalière, la population de Kouka produit du mil, du
sorgho, du maïs, du riz.Et par ordre d'importance, le maïs est la
principale culture vivrière dans la commune de Kouka, suivent ensuite le
sorgho, le riz et le mil (cf. graphique n°14). La superficie des
exploitations de mil, de sorgho, de maïs, de riz est passée de 27
121 ha en 2010 à 40 596 ha en 2013 pour connaitre une baisse très
sensible en 2015 et 2016 avec respectivement 18170 ha et 18084 ha. Quant
à la production en tonnes des céréales, il n'y a pas une
corrélation entre les superficies cultivées et la production. En
effet, la production céréalière a connu son pic en 2016
avec 18084 ha pour 79804,7 tonnes contre 63244 ha pour 60461 tonnes en
2011.Cette production céréalière varie beaucoup en
fonction des saisons agricoles. Et à la question de savoir comment
évolue votre production agricole au cours des années, 80% des
chefs de ménage répondent en disant qu'il y a régression.
26,66% d'entre eux pensent que la cause de cette régression est à
mettre au compte des variabilités climatiques. Et 38,60% estiment que
les causes sont à la fois dues aux variabilités climatiques et la
pauvreté des sols. La variabilité de la production
céréalière est à mettre donc en rapport avec la
variabilité pluviométrique. Mais, y a -t'il une
corrélation entre production céréalière et
variabilité climatique ?
Graphique n°14 :
production céréalière dans la commune de Kouka
Source des données : ZAT/Kouka, 2018
Il est ressorti dans l'analyse des paramètres
climatiques que, la pluviométrie, la température,
l'humidité relative ont une tendance à la hausse. Pour DURAND F.,
2007, le réchauffement du climat laisse présager des
sècheresses plus fréquentes au nord de la zone subtropicale,
ainsi qu'un renforcement de la désertification dans les zones arides et
semi-arides, accompagné de pénurie d'eau. Ce
dérèglement devrait avoir un impact sur l'agriculture
particulièrement sur la production céréalière. Par
exemple, l'augmentation de la chaleur et de l'ensoleillement est favorable
à certaines cultures, mais cela peut amener à des
résultats désastreux si elle est associée à un fort
déficit pluviométrique, ajoute-t-il. Et pour AMAT J.P., (2008),
le changement climatique ne signifie pas uniquement une augmentation de la
température dans le siècle à venir, mais aussi des
variations importantes des précipitations. Cela se confirme avec nos
analyses sur les variabilités pluviométriques en 2013 à
Saria (centre-ouest du Burkina Faso) et dans cette présente
étude.Dans la littérature, les modèles prédictifs
restent très prudents car les corrélations entre
températures et précipitations ne sont pas linéaires et
leurs interactions sur le sol sont complexes. Un réchauffement du climat
peut augmenter l'évaporation au sol et aggraver les déficits en
eau. AMAT J.P. ajoute que, « toutefois la température de l'air
détermine à la fois sa capacité de rétention de
vapeur d'eau et sa stabilité, donc la possibilité de
pluie. ». C'est pourquoi un réchauffement du climat ne
signifie pas nécessairement son aridification. Alors, les
caractéristiques du climat actuel dans la commune de Kouka ne devraient
pas être défavorables à la production
céréalière. Mais, pourquoi, l'incertitude alimentaire
perdure dans de nombreuses régions du monde particulièrement en
Afrique sub-saharienne ?
Le problème viendrait plus dans la perturbation de la
saison humide par le « faux départ » de FRANQUIN P.,
des poches de sécheresses qui surviennent inopinément. Car,
lorsque nous calquons la production céréalière sur la
variation de la pluviométrie, il y a des discordances qui se
dégagent. En effet, la moyenne des précipitations entre 1988 et
2017 est de l'ordre de 800mm. Cette moyenne devraitêtre suffisante pour
la production du mil, du sorgho, du maïs si les pluies sont bien
réparties dans le temps et dans l'espace et si les dates de début
et de fin de la pluviométrie étaient moins erratiques. Même
en dessous de cette moyenne calculée, la pluviométrie ne devrait
pas avoir de conséquences néfastes, si les pluies sont bien
réparties durant la saison humide avec un début bien
défini par rapport aux semis et une fin qui coïncide avec la
maturation des plants. Des hauteurs d'eau supérieures à la
moyenne n'offrent pas non plus de bons rendements agricoles si les pluies sont
mal réparties.
Pour OUEDRAOGO F. C., (2006), le sorgho et mil sont peu
exigeantes en eau, respectivement environ 600mm de pluie en 90-100 jours et
entre 400-700 mm durant 60-90 jours. Alors une saison agricole de durée
inférieure à la saison végétative des plants
diminue probablement les rendements agricoles.Le graphique n°15montre
effectivement que la variation de la production céréalière
n'a pas forcement de corrélation avec la variation des hauteurs d'eau
tombées annuellement.
Graphique n°15 :
pluviométrie et production céréalière dans la
commune de Kouka.
Source des données : ZATA/ Kouka et DRAAH/BM,
2018.
En effet, la production du sorgho enregistre des pics en 2011
et 2013 alors que la pluviométrie enregistrée est
inférieure à 800 mm. Et sur la période 2010 à 2017,
la production du mil et du sorgho connait une baisse. Cela peut avoir des
explications dans l'exigence de ces plants en eau évoquée plus
haut. Effectivement, la pluviométrie enregistrée depuis 2010
dépasse la quantité d'eau qu'ils ont besoin. Le stress(hydrique)
peut être donc à l'origine de la mauvaise production de ces deux
cultures. Il en est de même pour la production du maïs qui
enregistre son bas niveau avec une pluviométrie exceptionnelle
(1149,2mm) en 2015 et un pic exceptionnel en 2016 avec une pluviométrie
de l'ordre de 808mm suivie d'une baisse brutale en 2017 ; comme le
témoigne un enquêté à
Kouka : « j'ai semé mon maïs dans la
première semaine du mois de juillet 2017, et je n'ai rien
récolté car la pluviométrie était capricieuse et
que le maïs n'aime pas cela ». Les creux que montre
l'évolution de la courbe de la production du maïs s'explique par
les inondations qu'a connu la localité en 2015 et la mauvaise
répartition temporelle des pluies en 2017. En 2015, la saison agricole
s'est installée tardivement par rapport aux autres années et dans
les mois de Juillet, Août et Septembre, il y a eu plus de
précipitations enregistrées que dans les mêmes mois des
autres années. Il a été enregistré 411.5mm d'eau en
Août, 322.6 en Septembre pour l'année 2015. Par contre, pour les
années 2014 et 2016, dans les mêmes mois, il a été
enregistré respectivement 284.8 mm, 291.2 mm pour les mois
d'Aoûtet 101 mm, 86.4 mm pour les mois de Septembre. Alors, les hauteurs
d'eau tombée ne suffisent pas pour expliquer les
irrégularités de la production céréalière.
Le problème se pose donc dans la répartition temporelle de la
pluviométrie, mais aussi de la question de la capacité des
agriculteurs à relever le défi des poches de sécheresse au
cours de la saison agricole comme l'a souligné OUEDRAOGO F.C.
(2006).Face à cette problématique, quelles stratégies
d'adaptation, les agriculteurs de la commune de Kouka adoptent t- ils dans le
contexte de la variabilité climatique ?
3.4. Stratégies
d'adaptation des agriculteurs face aux variabilités
pluviométriques
Le changement climatique représente une menace sans
précédent pour les populations des pays en développement
qui luttent déjà pour maintenir leur sécurité
alimentaire et leurs conditions de vie.L'augmentation de la fréquence et
de l'intensité de phénomènes météorologiques
extrêmestels que les inondations, les sécheresses, sont des
conséquences du changement climatique (DE FELICE P., 1999). Des
changements moins dramatiques tels que la hausse des températures et les
variations dans le volume et les périodes des pluies annuelles ont
autant d'importance car ils affectent sérieusement les moyens de
subsistance et la sécurité alimentaire d'un très grand
nombre de personnes (DURAND F., 2007).L'adaptation est un processus qui
nécessite l'engagement d'un grand nombre de parties prenantes qui
agissent à différents niveaux.
En effet, pour SOME L., DEMBELE Y.et OUEDRAOGO M.,
2010 ; l'adaptation aux changements des précipitations rencontre
des contraintes qui résident dans la capacité des agriculteurs
à mettre en oeuvre des solutions appropriées. Cette
capacité est conditionnée par des facteurs comme les moyens
financiers et techniques dont dispose l'agriculteur, son niveau
d'éducation, les informations qu'il reçoit, ses
compétences et son accès aux ressources. Les différentes
stratégies d'adaptation recensées au Burkina Faso demandent des
intrants spécifiques pour leur mise en oeuvre.
Les paysans ont adopté une gamme variée de
stratégies d'adaptation aux changements des précipitations dont
les plus répandues sont : l'adaptation variétale, l'utilisation
des techniques de CES, l'utilisationde la fumure organique, la modification des
dates de semis, l'association des cultures (KONKOBO J., 2013). Les
stratégies d'adaptation sont plus adoptées dans les zones les
plus vulnérables particulièrement dans la zone sahélienne
et soudano-sahélienne. La nature de l'adaptation diffère
également selon les zones : l'adaptation variétale est plus
utilisée en zone soudano-sahélienne, le zaï en zone
sahélienne et l'exploitation des bas-fonds en zone soudanienne. Les
principaux déterminants de l'adoption des stratégies sont les
variables de perception (baisse des hauteurs d'eau, raccourcissement de la
saison, les poches de sècheresse).Par exemple, le choix des technologies
et des variétés de cultures peut modifier considérablement
l'impact de l'insuffisance d'eau sur l'activité agricole. L'adaptation
se rapporte aux stratégies adoptées par les agriculteurs, dans le
cadre de leurs activités, pour faire face aux variabilités
climatiques.C'est le cas des agriculteurs dans la commune rurale de Kouka. Pour
faire face aux incidences des variabilités sur la production
céréalière, certains ont optés pour l'utilisation
des semences améliorées, d'autres pour les labours à plat
ou billons.
3.4.1. Adaptation
variétale
La recherche agronomique a créé des
variétés à haut potentiel de production et à cycle
court et moyen au Burkina Faso. On observe cependant que cette technologie
n'est pas toujours utilisée par les principaux acteurs de la production
agricole pour la culture des céréales. Cela peut être
synonyme d'inadéquation entre ce qui est proposé et le
système de production des paysans. Pratiquée par 65,33 % des
exploitants de l'échantillon considéré dans la commune
rurale de Kouka, l'adaptation variétale consiste en l'utilisation de
variétés nouvelles ou
amélioréesgénéralement précoces et à
potentiel de rendement acceptable. Les variétés à cycle
court s'adaptent au raccourcissement de la saison des pluies et aux poches de
sécheresse. Ces variétés sont plus adoptées en zone
soudano-sahélienne du fait de la plus grande vulnérabilité
de cette zone aux facteurs climatiques. L'importance de l'adaptation
variétale en zone soudano-sahélienne s'explique aussi par des
facteurs non climatiques, telles que la pression démographique et/ou
pression foncière, qui a imposé la nécessité
d'intensifier la production agricole dans cette zone afin de pouvoir nourrir
une famille nombreuse.Il est important desouligner que presque tous les chefs
de ménage (96,66%) interrogés sur la question des semences
améliorées, connaissent l'existence de celles-ci. Seulement,
plusieurs d'entre eux déplorent le manque de moyen et le problème
d'accessibilité de cette technologie.
En effet, le manque de moyen constitue un obstacle pour
l'appropriation de cet intrant agricole.Pour les particuliers, par exemple pour
la variété du maïs, 1kg coûte 550 FCFA et il faut
environ 20kg pour un hectare soit 11000 F pour un hectare. Pour le sorgho, 1kg
coûte 700 FCFA et il faut environ 15kg pour un hectare soit 10500 F.
Alors, avec la superficie des champs que possèdent ces agriculteurs, il
serait effectivement difficile pour eux d'adopter efficacement les semences
améliorées. Ceux qui les adoptent se contentent de payer 2
à 5 kg pour un essai. Ces derniers, témoignent d'engranger de
bons résultats.Un autre obstacle à relever est lecoût
élevé des semences et la non maîtrise des techniques
culturales qui accompagnent ces variétés. Une fiche technique
accompagne chaque type de variété améliorée que les
agriculteurs ne maitrisent pas à cause de leur niveau d'instruction.
Parmi les enquêtés, il y a 54 % qui n'ont pas un niveau
d'instruction, 30% ont été alphabétisé, 9 % ont
connu le niveau primaire.
Il y a également un problème
d'accessibilité physique des semences améliorées dû
au manque et/ou insuffisance de communication sur l'arrivée et/ou la
distribution des semences dans la commune. Comme le témoigne un chef de
ménage : « lorsque j'ai appris l'arrivée des
semences à Kouka, je suis allé pour m'en procurer et je n'ai
même pas eu 1kg ». Cette situation s'explique par le fait que
la quantité de semences améliorées qui rentre dans la
commune est insuffisante pour la demande. Par exemple pour la saison agricole
2016-2017, la ZAT a reçu 216 sacs de 50kg de semences de maïs, 16
pour le sorgho et 4 pour le mil pour toute la commune. Alors, la politique du
ministère en charge de l'agriculture est de diviser chaque commune en
trois groupes de village. Et les semences qui arrivent dans chaque commune sont
distribuées de façon cyclique pour une durée de trois ans
renouvelable. Aussi, le fait que ces semences sont subventionnées par
l'Etat sont moins onéreuses. Pour le maïs de même que le mil,
le sorgho il en faut 15kg pour 1ha en raison de 1000 FCFA.
3.4.2. Techniques de labours
à plat et billonnage.
L'eau est une ressource vitale, intervenant
considérablement dans le développement de la plante. La
disponibilité de cette ressource naturelle pour les cultures pluviales,
devient de plus en plus rare. Par ailleurs les sols connaissent une
dégradation intensive à cause des pluies sporadiques et les
vents. Au vu de cette dégradation (des conditions climatique et
édaphique), des mesures sont mises en application. Dans le domaine
agricole, les recherches s'orientent d'une part vers les techniques
d'amélioration variétale et d'autre part vers la conception de
techniques culturales adéquates et adaptées à un milieu
donné d'où les labours à plat et le billonnage. Ces
techniques consistent respectivement à retourner le sol à l'aide
d'une charrue à traction bovine ou à l'aide d'un tracteur et
à réaliser des levées de terre tous les 80 cm dans les
interlignes de semis. Ces techniques culturales conduisent à la
modification de la structure du sol et se montrent bénéfiques,
quant à l'amélioration de la réserve hydrique du sol.Elles
conduisent aussi à un aménagement physique de l'espace dont
l'objectif est d'augmenter la rétention de l'eau dans le sol et de
stopper l'érosion du sol ou de faciliter sa reconstitution.
Les agriculteurs de Kouka ont adopté cette technique
culturale. Pour faire face à la sécheresse récurrente, aux
poches de sècheressedurant la saison agricole, ils labourent d'abord le
champ avant de semer. Le labour donne une surface ondulée couverte
d'agrégats dont la taille dépend du type de sol (photo n°
1). Cette méthode permet de briser la croute du sol ; ce qui
améliore l'infiltration et diminue le ruissellement. Elle permet donc
une meilleure économie de l'eau dans la parcelle et un amoindrissement
des effets des déficits et des variations pluviométriques.La
porosité du sol permet un meilleur et profond enracinement des plantes
et même en cas d'une poche de sécheresse d'environ une semaine,
les plants gardent leur verdure sur les billons. 55,33% des chefs de
ménage enquêtés pratiquent le billonnage. Ces derniers
soutiennent que les labours (sarclage tracté, buttage tracté)
permettent de lutter contre les mauvaises herbes envahissant les champs.
Photo n°1 : labour
à plat motorisé
Sol labouré
Cliché : KONKOBO J.
Juin 2018
Photo n°2 :
billons
Billon
Cliché : KONKOBO J.
Juin 2018
3.4.3. Autres stratégies
d'adaptation
D'autres stratégies d'adaptation sont faiblement
utilisées par les paysans. Ce sont : la diversification des cultures,
les cultures de contre-saison, l'agroforesterie. En générale, les
principales stratégies d'adaptation aux changements des
précipitations mises en oeuvre par les agriculteurs à Kouka
s'intègrent dans les options d'adaptation rencontrées dans la
littérature par les paysans burkinabè. On constate donc une
dynamique des systèmes de production. La population se tourne de plus en
plus dans l'utilisation des bas-fonds durant la saison sèche. A partir
du mois de novembre commence la production des tomates, des ognons. Dans
cette production de cultures maraîchères, sont associées
d'autres cultures comme le maïs, le gombo, les aubergines (photo
n°3). Ces pratiques s'expliquent par le fait que les agriculteurs veulent
profiter de la présence d'eau encore dans les rivières enfin de
saison et surtout de la nappe phréatique peu profonde dans les
bas-fonds. Ces pratiques ont connu une recrudescence à partir de 2015.
Cette diversité des systèmes de production s'inscrit en droite
ligne dans les systèmes de stratégies d'adaptation aux
variabilités climatiques. C'est une façon de compenser le manque
à gagner dans la production céréalière durant la
saison pluvieuse. En effet, du mois de novembreau mois de juin, il y a
suffisamment de tomates, des ognons, des aubergines, du maïs frais pour la
population de la commune et des villes environnantes (Bobo Dioulasso) et ses
produits sont exportés même en dehors des frontières du
Burkina Faso (Mali, Cote d'Ivoire).
Photo n°3 :
association de cultures en saison sèche : ognon et Gombo
Cliché : KONKOBO J.
Juin 2018
Photo n°4 :
association de cultures en saison sèche : oignon, aubergine,
maïs
Oignon
0
Cliché : KONKOBO J.
Juin 2018
3.5. Synthèse :
rétroactions entre variabilité climatique et dégradation
des sols
Les rétroactions entre la variabilité
climatique et la dégradation des sols sont extrêmement complexes.
Ces processus peuvent être auto-renforcés. Par exemple, la
dégradation des sols et de la végétationpeut contribuer
à renforcer la variabilité climatique. En effet, la
dégradation causée par la réduction de la couverture
végétale influence le microclimat local en diminuant
l'humidité de l'air et en augmentant la température du sol. Dans
le même temps, la réduction de la couverture
végétale augmente généralement la quantité
de rayonnement solaire reflété par la surface du sol (effet
albédo).
Alors, si le lien entre variabilité climatique et
l'état des sols semble être complexe, l'évaluation de
l'impact de la dégradation des sols sur la production
céréalière est rendueencore plus complexe par l'influence
d'autres facteurs qui sont difficilement quantifiables : ce sont les
facteurs anthropiques. C'est la raison pour laquelle, pour mieux
appréhender cette relation, nous analysons l'évolution des
espaces culturaux, d'une part en terme de dynamique d'occupation des sols en
multi-dates et d'autre part en terme d'évolution temporelle à
l'aide d'images satellitaires. Le milieu physique de la commune rurale de Kouka
connait une forte dégradation à cause des activités qui
sont menées.
CHAPITRE IV: LA DÉGRADATION
DES SOLSETSES CONSÉQUENCES SUR LA PRODUCTION
CÉRÉALIÈRE DANS LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
Ce chapitre présente les effets induits de la
dégradation des sols sur la production céréalière.
4.1. Les causes de la
dégradation des sols
Un sol, s'il n'est pas protégé peut s'appauvrir
par la perte de ces éléments nutritifs ; c'est alors que
l'on parle de la dégradation du sol. Qu'est-ce qui peut causer cette
dégradation ? Les facteurs qui semblent être à
l'origine de la dégradation des sols, selon nos enquêtes sont
multiples. Ces facteurs sont climatiques et surtout anthropiques.
4.1.1. Les actions anthropiques
à l'origine de la dégradation des sols
Ils constituent les principales causes de la
dégradation du couvert végétal dans la commune rurale de
Kouka
4.1.1.1. Le
pâturage
Il est une cause de dégradation des sols. Ce sont
surtout le bétail (les bovins, les ovins et les caprins) qui
dégradent la couverture végétale puisque ces animaux
broutent les herbes, voire les arrachent, et que les chèvres
détruisent également les végétaux ligneux. La
charge en herbivores d'un pâturage est la masse de bétail que peut
supporter un terrain sans risquer de voir son sol détruit. L'empreinte
de l'élevage est perceptible un peu partout dans les villages de la
commune. Selon les statistiques de la ZATE/Kouka, le cheptel a connu une
croissance durant ces dix dernières années.L'effectif des bovins
est passé de 18308 têtes en 2010 à 21068 en 2017. Celui des
ovins et caprins est passé respectivement de 13623 et 19831 en 2010
à 16815 et 24803 en 2017. L'élevage pratiqué dans la
commune est de type extensif. Pendant la saison des pluies, l'alimentation du
bétail est assurée par le fourrage naturel ; ce qui a
conduit à l'ouverture de couloir de passage. En saison sèche, les
éleveurs font paître leur troupeau dans les champs où les
tiges de mil sont encore présentes (photo n°5). Lorsque le fourrage
herbacé devient rare, les espèces ligneuses sont fortement
affectées.Cette augmentation du nombre des animaux dans les villages
augmente la charge sur le sol, accentue la désertification puisque la
maigre végétation, détruite dès qu'elle pousse, ne
peut en aucun cas protéger les sols. Tous ces animaux qui
détruisent le couvert végétal et leurs piétinements
sont des facteurs de dégradation des sols.
Photo n°5 :
présence de bétail dans un champ à Kouka
Cliché : KONKOBO J. (Juin 2018)
4.1.1.2La dynamique de
l'occupation des terres
Pour quelque raison que ce soit, le défrichement est
évidemment le principal agent initiateur de l'érosion des sols.
La déforestation pratiquée depuis la sédentarisation de
l'homme et les débuts de l'agriculture est la cause essentielle de la
destruction des surfaces cultivables.Cette situation est à rapprocher
d'un contexte général de pression démographique sur le
sol. La commune rurale de Kouka appartient à un espace plus large de
colonisation agricole au Burkina Faso qui est un mouvement de populations
paysannes à la recherche de terres plus favorisées sur le plan
écologique que celles de leur région d'origine. Dans le
département de Kouka, entre 1952 et 1993, la densité de la
population est passée de 12 à 43,5 hbts/km2 ; le fort
accroissement démographique est surtout dû à un important
courant migratoire. La dynamique migratoire a été
favorisée par un système foncier très souple permettant
l'installation des étrangers (PARE L. et TALLET B., 1999). Cette
densité dépasse de nos jours 100 hbts/km². En trois ou
quatre décennies, les équilibres naturels et
démographiques ont été bouleversés. La
transformation rapide des paysages témoigne du changement radical de
situation démographique. L'évolution des formes d'occupation des
sols de la communerurale de Kouka est appréhendéeen trois dates
différentes : 1998, 2007, 2018, correspondant à des images
satellitaires traitées.L'objectif est de cerner la dynamique dudit
terroir dans le temps et dans l'espace car cela permet de mieux évaluer
les variations spatiotemporelles du couvert végétal, des champs,
des zones nues et des affleurements rocheux.
Une présentation des cartes d'occupation du sol de
1998, 2007 et 2018 est faite, ensuite les résultats des statistiques
sont fournis et enfin les variations spatiales des classes d'occupation du sol
de 1998, 2007 et 2018 et leur impact sur la production
céréalière sont analysés.
La carte n°6 est un ensemble de trois planches
présentant les cartes d'occupation des sols dans la commune rurale de
Kouka en 1998, 2007 et 2018. Il met en évidence sept unités
d'occupation des sols. Le regroupement des cartes permet de mieux percevoir la
dynamique des sols au cours de l'intervalle de temps considéré.
Carte n°6: cartes de l'occupation des terres en 1998,
2007 et 2018
ü Etat de l'occupation des terres en
1998
En 1998, la savane arborée est
prépondérante et se présente dans l'ensemble de la
commune. Mais cette savane est parsemée par des champs, des zones nues,
des affleurements rocheux, de la savane arbustive surtout dans la partie
centrale et nord de la commune (carte n°6). On peut dire qu'en 1998 la
commune de Kouka était bien couverte par une végétation
assez dense car plus de la moitié du territoire était
occupée par des plantes. En effet, la savane arborée occupe 52,19
% de la commune. Elle est suivie par la savane arbustive (22,04%) puis les
champs (18,80%). Le reste de la commune est couvert par des affleurements
rocheux (3,36%), des zones nues (1,90%), des formations ripicoles (1.16%) et
des habitats (0,55%). Les affleurements rocheux sont un ensemble de roche non
séparée du sous-sol, étant mis à nu par un ensemble
de facteur sans être masqué par des formations superficielles. En
d'autre terme, un affleurement rocheux est une zone où la roche du
sous-sol est visible. Ici, c'est particulièrement la cuirasse
ferrugineuse qui est surtout mise en exergue à cause de l'ampleur de
l'érosion hydrique.
ü Etats de l'occupation des terres en
2007
En 2007, les savanes arborées et
arbustivesforment désormais un espace quasi continu. On constate une
régénération du couvert végétal dû
à une amélioration du climat à partir des années
2000 et à une action collective de la population pour la protection de
l'environnement (action des agents des eaux et forêt en partenariat avec
la population). C'était une politique locale qui a consisté
à délimité une zone de pâturage à l'ouest de
la commune. Les champs constituent des unités éparses dans les
formations végétales. Mais de façon
générale, on constate une régression de la savane
arbustive et une progression de la savane arborée et des champssur toute
l'étendue de la commune. Au nord-est de la commune, la savane arbustive
a été grignotée significativement par les champs tandis
qu'à l'ouest, la savane arbustive a laissé la place à la
savane arborée au cours des 9 années (raisons, ci-dessus
expliquées). En effet, la savane arborée reste toujours
dominante. Elle occupe désormais 67,15% de la superficie totale de la
commune, donc elle a connu une progression. Les autres unités qui ont
connu une progression sont : les champs (20,44%), l'habitat (0,72%) et les
zones nues (1,94%). Quant aux unités qui ont connu une régression
sont : la savane arbustive (6,79%), les affleurements rocheux (2,61%) et
les formations ripicoles (0,32%). Les formations ripicoles sont une bande de
végétation située le long des cours d'eau. C'est
particulièrement des vergers composés essentiellement de
manguiers, des bananerais, des citronniers et des orangers.
ü Etat de l'occupation des terres en
2018
En ce qui concerne l'état de l'occupation du sol en
2018, la carte montre une physionomie très différente par rapport
en 1998 et 2007. Il y a une très forte dégradation de la
végétation et une forte apparition des zones nues et des
affleurements rocheux. Ce qui montre donc une forte dégradation des
sols. L'analyse des résultats des statistiques permet de mieux cerner la
dynamique régressive du couvert végétal et de la
dégradation des sols.En effet, les statistiques indiquent toujours la
prédominance de la savane arborée qui occupe plus de la
moitié de la superficie communale, soit 51,64%. Mais cette proportion
est en baisse comparativement en 2007. Les champs et la savane arbustive ont
connu aussi une régression. Par contre, les zones nues et les
affleurements rocheux ont connu une forte progression entre 2007 et 2018. De
1,94% à 18,75% pour les zones nues et de 2,61% à 6,75% pour les
affleurements rocheux. Les zones nues sont des espaces à couverture
végétale faible voire nulle. C'est particulièrement les
sols encroutés, les sols dégradés laissés en
jachère. Les états de surface aux différentes dates sont
représentés dans le tableau n°6.
Tableau n° 6 :
états de surface aux différentes dates
Date
|
1998
|
2007
|
2018
|
Unités
d'occupation
des sols
|
Superficie en ha
|
Superficie en %
|
Superficie en ha
|
Superficie en %
|
Superficie en ha
|
Superficie en %
|
Affleurement rocheux
|
2643,29
|
3,36
|
2048,54
|
2,61
|
5143,91
|
6,54
|
Champ
|
14778,60
|
18,80
|
16088,80
|
20,47
|
11737,60
|
14,93
|
Formation ripicole
|
912,41
|
1,16
|
249,17
|
0,32
|
1201,18
|
1,53
|
Habitat
|
431,89
|
0,55
|
567,79
|
0,72
|
1679,10
|
2,14
|
Savane arborée
|
41025,80
|
52,19
|
52785,90
|
67,15
|
40590,20
|
51,64
|
Savane arbustive
|
17322,90
|
22,04
|
5338,31
|
6,79
|
3515,48
|
4,47
|
Zone nue
|
1489,76
|
1,90
|
1526,11
|
1,94
|
14737,10
|
18,75
|
Total
|
78604,66
|
100,00
|
78604,63
|
100,00
|
78604,57
|
100,00
|
D'après les images Landsat 7 et 8 de 1998 ; 2007 et
2018
Toutes ces unités ont connu une évolution entre
1998 et 2018. Le tableau n°7 et le graphique n°14 permettent de
suivre l'évolution des types d'occupation du sol de 1998 à 2018.
Le tableau n°7 donne le bilan de l'évolution des unités
d'occupation du sol. Les résultats consignés dans ce tableau
indiquent que les différentes unités d'occupation du sol ont subi
une évolution au cours de l'intervalle de temps considéré.
Deux tendances se dessinent : une progression des affleurements rocheux,
des zones nues, des habitats, des formations ripicoles et une régression
de la végétation naturelle (savane arborée et arbustive)
et des champs.
Tableau n°7 :
évolution des unités d'occupation des terres
Date
|
1998-2007
|
1998-2018
|
2007-2018
|
Occupation des terres
|
Evolution des superficies en hectare
|
Evolution des superficies en hectare
|
Evolution des superficies en hectare
|
Affleurement rocheux
|
-594,7485
|
2500,6203
|
3095,3668
|
Champ
|
1310,2483
|
-3040,9644
|
-4351,21658
|
Formation ripicole
|
-663,241588
|
288,7713
|
952,00948
|
Habitat
|
135,899788
|
1679,102
|
1111,3114
|
Savane arborée
|
11760,112
|
-435,573
|
-12195,6298
|
Savane arbustive
|
-11984,621
|
-13807,41
|
-1822,8326
|
Zone nue
|
36,351
|
13247,348
|
13210,9913
|
D'après les images Landsat 7 et 8 de 1998 ; 2007 et
2018
Graphique n° 16 :
évolution de l'occupation des sols entre 1998 et 2018
Source des données : Images Landsat 7 et 8 de
1998 ; 2007 et 2018
ü Dynamique des champs
Entre 1998 et 2007, la superficie des
champs est passée de 14778,60 ha à 16088,80 ha, soit une
progression de 1310,2483 ha (+1,66% dans la superficie totale de la commune).La
superficie des champs a progresséet cela s'est faite au détriment
des affleurements rocheux, des formations ripicoles et des savanes arbustives
(cf.tableau n°8 matrice de transition 1998-2007). La progression des
champs est à analyser avec la forte croissance démographique que
connaît la commune. La croissance de la population engendre
l'augmentation des besoins en terres cultivables dans les
sociétés qui ne vivent que de l'agriculture de subsistance.
Cependant, La superficie des champs est passée de 16088,80 ha en
2007à 11737,60 ha en 2018 soit une diminution de 4351,21658 ha (-5,53%
dans la superficie totale de la commune). Cette diminution s'est faite au
profit surtout des zone nues, des affleurements rocheux, des habitats et des
formations ripicoles. La diminution des superficies des champs entre 2007 et
2018 est à mettre en rapport avec l'intensité de
l'activité agricole dans les champs. Cette intense activité
associée à l'amélioration de la pluviométrie
surtout à partir de 2010 et le fait que les champs sont nus à
cause des désherbages et des débroussaillages, ces
éléments ont amplifié l'action de l'érosionqui
dégrade ainsi les sols à travers l'apparition des zones nues et
des affleurements rocheux.Le tableau n°8 montrant la Matrice de transition
des unités d'occupation des sols de 1998-2018 révèle que
les champs ont perdu en superficie au profit des zones nues, de la savane
arborée. Cette diminution de la superficie couverte par les champs est
à mettre en rapport avec la forte pression des activités
anthropiques sur les ressources naturelles. Cette situation a pour
conséquences l'abandon des champs dégradés (mis en
jachère), l'apparition des zones nues.
Tableau n°8 :
matrice de transition des unités d'occupation des terres en hectare de
1998-2007
1998
2007
|
Affleurement rocheux
|
Champ
|
Formation ripicole
|
Habitat
|
Savane arborée
|
Savane arbustive
|
Zone nue
|
Affleurement rocheux
|
395,642
|
43,9865
|
133,083
|
3,96
|
1204,26
|
263,382
|
4,23
|
Champ
|
56,52
|
5644,61
|
7,74
|
85,2878
|
6007,96
|
3813,08
|
473,633
|
Formation ripicole
|
6,12
|
17,73
|
52,0778
|
0,27
|
131,934
|
40,14
|
0,9
|
Habitat
|
1,71
|
143,845
|
0,0185879
|
82,35
|
238,355
|
100,795
|
0,72
|
Savane arborée
|
2177
|
7392,11
|
719,494
|
242,116
|
31485,8
|
10342,6
|
426,79
|
Savane arbustive
|
4,5
|
1102,37
|
0
|
17,91
|
1814,46
|
2175,52
|
223,55
|
Zone nue
|
1,8
|
433,931
|
0
|
0
|
143,029
|
587,414
|
359,932
|
D'après les images Landsat 7 et 8 de 1998 ; 2007 et
2018
ü Dynamique des savanes arbustives
Les savanes arbustives qui occupaient 17322,90 ha en 1998 ont
régressé de 11984,621 ha (soit -15,24%) pour n'occuper que
5338,31 ha en 2007. Cette régression est faite au profit de la savane
arborée, des champs, des habitats, des zones nues. Cette unité a
continué sa régression et se retrouve avec 3515,48 ha en 2018.
En 20 ans cette unité a subi une régression de 17,56% dans la
superficie totale de la commune. Cette dégradation peut être
liée à la coupe du bois de chauffe ou le défrichement pour
de nouveaux champs. Cette régression a été faite surtout
au profit de l'apparition des zones nues et des champs.
ü Dynamique des savanes
arborées
La superficie des savanes arborées est passée
de 41025,80 ha en 1998 à 52785,90ha en 2007, soit une progression de
11760,112 ha (+14,96%).Cette progression est faite au détriment de la
savane arbustive, des affleurements rocheux, des formations ripicoles. Dans la
partie ouest de la commune, on constate que la savane arbustive a
évolué pour devenir une savane arborée et des champs sont
aussi devenus des savanes arborées. Les causes de ce changement trouvent
ses origines dans le fait qu'une bonne partie de la limite ouest est devenue
une zone de pâturage, ce qui a obligé certaines familles qui
avaient leurs champs à les abandonner et migrer vers le sud-ouest
à la recherche d'autres contrées à coloniser. Mais la
régénération de cette végétation est surtout
due à l'amélioration du climat à partir de 2006.
Cependant, entre 2007 et 2018 la savane arborée a
connu une régression et couvre maintenant 40590,20 ha soit une
régression de 12195,6298 ha (-15,54%). Cette baisse a été
faite au profit des zones nues, des habitats, des formations ripicoles et des
affleurements rocheux.
De façon générale, entre 1998 et 2018 la
savane arborée a connu une régression de 435,573 ha soit -0,55 %.
Cette régression est liée à plusieurs raisons : les
activités agricoles, la forte consommation du bois par la population.
ü Dynamique des zones nues et des affleurements
rocheux
Les zones nues couvraient 1489,76 ha en
1998. En 2007, la superficie des zones nues est passée à 1526,11
ha, soit une progression de 36,351 hacorrespondant à une augmentation de
0,04%. Cette superficie a été multipliée par 400 entre
2007 et 2018.Cela correspond à une progression de 13210,9913 ha, soit
+18,75% de la superficie du terroir communal. Au total, les zones nues ont
progressé de 13247,348 ha (soit +16,80%) au détriment surtout des
champs, des savanes arborées, des savanes arbustives et des autres
unités comme l'habitat, l'affleurement rocheux et la formation
ripicole.Quant aux affleurements rocheux, ils ont aussi gagné en
superficie au détriment des champs, des savanes. Entre 1998 et 2018, on
est passé de 2643,29ha à 5143,91 ha soit une augmentation de
2500,6203 ha (tableau n°9).
Cette augmentation des zones nues et des affleurements
rocheux s'explique par les conséquences de l'érosion. En effet,
le fait que la végétation (savane arborée et arbustive)
s'est dégradée surtout entre 2007 et 2018, l'érosion a
pris de l'ampleur d'où la présence des zones nues et des
affleurements rocheux.
ü Dynamique de l'habitat et des formations
ripicoles
L'habitat et les formations ripicoles ont
connu une augmentation en superficie à cause de l'augmentation de la
population pour le besoin de logement et de l'augmentation des activités
aux bords des cours d'eau (jardinage, verger). L'habitat est passé de
431,89 ha en 1998 à 1679,10 ha en 2018 soit une hausse de 1679,102 ha.
Quant à la formation ripicole, sa superficie est passée de 912,41
ha à 1201,18 ha soit une augmentation de 288,7713 ha.
Tableau n°9 :matrice de
transition des unités d'occupation des terres en hectare de
1998-2018
1998
2018
|
Affleurement rocheux
|
Champ
|
Formation ripicole
|
Habitat
|
Savane arborée
|
Savane arbustive
|
Zone nue
|
Affleurement rocheux
|
834,602
|
294,824
|
133,828
|
16,74
|
3292,78
|
563,751
|
7,38
|
Champ
|
65,3503
|
4187,36
|
14,5214
|
55,35
|
5425,79
|
1947,83
|
41,4169
|
Formation ripicole
|
37,7114
|
98,73
|
184,438
|
1,44
|
739,018
|
138,767
|
1,08
|
Habitat
|
15,906
|
248,948
|
8,01
|
102,163
|
1046,81
|
244,404
|
12,861
|
Savane arborée
|
1624,18
|
6413,58
|
559,25
|
161,995
|
25057,6
|
6717,9
|
55,71
|
Savane arbustive
|
10,71
|
404,001
|
0
|
2,52
|
1719
|
1278,11
|
101,131
|
Zone nue
|
54,825
|
3131,14
|
12,3657
|
91,6862
|
3744,79
|
6432,12
|
1270,18
|
D'après les images Landsat 7 et 8 de 1998 ; 2007 et
2018
La dégradation des formations naturelles est aussi
bien perçue par les populations de la commune de Kouka. 92% des
personnes enquêtées attestent que le couvert végétal
a subi une dégradation. Globalement, elles affirment que la
dégradation du couvert végétal est due à des causes
naturelles, anthropiques ou les deux à la fois. Et cela, à cause
des besoins pour le bois de chauffe, de nouveau champs, du bois de construction
et d'artisanat. En ce qui concerne la dégradation des champs, tous les
chefs de ménage enquêtés sont unanimes sur l'ampleur du
phénomène.
En conclusion, les ressources naturelles (couvert
végétal, sol) de la commune de Kouka ont subi une forte
dégradation importante entre 1998 et 2018. Cette dégradation se
traduit par la diminution des superficies couvertes par la
végétation d'où une tendance à l'appauvrissement de
la biodiversité végétale et à l'apparition des
unités comme les zones nues et les affleurements rocheux. Quelles sont
alors les conséquences de la dégradation du couvert
végétal, de l'apparition des zones nues et des affleurements
rocheux sur la production céréalière dans la commune
rurale de Kouka ?
4.1.2. Les causes climatiques de la dégradation des
sols
L'analyse des données climatiques de la station
synoptique de Dédougou permet de suivre l'évolution interannuelle
des paramètres climatiques. L'analyse des cumuls pluviométriques
indique une forte variabilité interannuelle des hauteurs d'eau entre
1988 et 2017. Cette variabilité qui se traduit par des années
déficitaires et d'abondance présente naturellement des
conséquences néfastes sur les sols. Il en est de même pour
la vitesse des vents et de la tendance à la hausse des
températures.
Le sol est la partie superficielle de la terre susceptible
d'être cultivée en raison de ses propriétés
physiques et chimiques. La plupart des plantes cultivées puisent
l'essentiel de leur nourriture dans l'horizon supérieur du sol riche en
matière organique qui lui donne une structure idoine.Le fait même
que cet horizon soit meuble le rend très vulnérable à
l'action des agents d'agression et de transport que sont l'eau et le vent.
L'action des agents d'érosion sur les
sols.
Pour le cas de l'érosion éolienne,
c'est l'enlèvement et le transport des particules de terres ou
des grains de roches hétérogènes par le vent.
L'érosion éolienne est une forme de dégradation qui a
tendance à s'accroitre avec l'accentuation de l'aridité. Comme
dans le cas de l'érosion hydrique, elle comporte aussi une phase de
départ en amont et une phase d'accumulation en aval.
Bien que nettement moins importante, elle ne doit pas pour
autant être sous-estimée. Dès l'instant où un sol
est mis à nu, il devient sujet à ce type d'érosion.Les
sols dégradés par l'érosion hydrique et devenus plus
sablonneux subissent une érosion éolienne. Les sols
rencontrés au centre et au nord de la commune semblent être plus
soumis à l'action du vent du fait de leur état de surface
sablo-argileux et de la faible couverture végétale.
La commune rurale de Kouka est balayée par deux vents
dominants : l'alizé continental qui souffle en saison sèche
et l'alizé maritime qui apporte la pluie en hivernage. Les vents ont une
faible vitesse en général, 2,5m/s en moyenne pour la série
1988-2017. Cependant, on a régulièrement au début de la
saison des pluies des épisodes de vents violents. Cela est
confirmé par 81,33% des chefs de ménage enquêtés,
qui estiment que le régime des vents est devenu violent. Entre les mois
de janvier et juillet, la vitesse des vents est globalement supérieure
à la moyenne. Elle atteint 3m/s durant le mois de Mai
c'est-à-dire en début de la saison des pluies (graphique
n°5). Or ce mois correspond à la période où les
agriculteurs commencent à préparer leur champ pour le
démarrage de la campagne agricole. Ces préparatifs se traduit par
le désherbage, le débroussaillage, le brulis. 54,66 % des
chefs de ménage enquêtés pratiquent cette technique. Ces
pratiques contribuent à rendre le sol nu favorisant ainsi l'action de
l'érosion éolienne. Le vent part donc avec les particules fines
du sol composées de matières organiques et minérales de
l'horizon A et B du sol, le rendant de plus en plus pauvre.
Quant à l'érosion hydrique, elle est très
active dans la commune rurale de Kouka. Elle entraîne des formes de
dégradation spectaculaire. L'intensité des pluies est telle que
souvent, les sols ne peuvent pas absorber la totalité des
précipitations. Dans ces conditions, la plus grande partie de cette eau
ne peut que ruisseler, entrainant avec elle les particules superficielles du
sol. La vitesse d'écoulement des eaux de ruissèlement est
fonction de l'intensité de la pluie, de la durée de celle-ci, de
la pente du terrain, ainsi que du couvert végétal. La
végétation joue un rôle de frein ; ainsi sur le sol nu
et lisse, la vitesse d'écoulement de l'eau sera plus
élevée que sur un sol à couverture herbacée
épaisse. Plus l'eau va vite, plus elle entraine des particules, causant
ainsi une érosion plus importante. L'érosion étant
proportionnelle à la vitesse d'écoulement de l'eau, toute action
qui pourra diminuer cette vitesse d'écoulement diminuera autant
l'érosion hydrique à cet endroit. Les sols peu ou pas du tout
protégés par la végétation sont soumis à
l'action directe des gouttes de pluie. L'énergie cinétique des
gouttes de pluies provoque l'obturation des pores du sol, empêchant ainsi
l'infiltration. Cela conduit à l'accumulation de plasma argileux en
minces couches parallèles à la surface du sol, appelée
croûte de battance. Ce phénomène a été
largement expliqué par DA D.E.C., (1993). D'après ce dernier, les
sols à argile sableuse et à limon sableux, même
parsemés de gravillons, sont les plus affectés par le
phénomène. Sur ces types de sols, l'effet splash des gouttes
d'eau de pluie joue un rôle déterminant dans la formation de la
croûte. Le compactage de la couche superficielle entraîne une
réduction de la rugosité et de la porosité donc, de la
capacité de rétention en eau déjà faible pour ces
types de sols.
Or, les sols à état de surface sableux,
gravillonnaire, limono-argileux occupent toute la partie Centrale, Ouest et
Nord-ouest de la commune. C'est ce qui explique le fait que, les croûtes
de battance (photo n°6 ) sont beaucoup plus développées dans
la commune particulièrement à Kouka, Houna, Siwi, Kouroumani.
Photo n°6 : croûte de battance sur sol
à structure sableux-argileux à Kouka
Cliché : KONKOBO J. (Juin
2018)
Ces surfaces encroutées, associées aux fortes
pentes que connait la commune accélèrent le ruissellement des
eaux de pluie et occasionnent par conséquent, des formes
d'érosion dangereuses et spectaculaires. Le ruissellement en nappe
provoque l'ablation uniforme des fines particules de la surface du sol. Ce
décapage pelliculaire favorise par endroit l'affleurement des cuirasses
situées en profondeur (voir photo n° 7). Ce type
d'érosion est bien développé au niveau des zones nues.
Photo n°7 :
affleurement de cuirasses au Centre-nord de Kouka
Cliché : KONKOBO J. (Juin
2018)
En plus de l'encroutement du sol, des affleurements de
cuirasse, l'érosion régressive est très active dans la
commune de Kouka. Elle conduit à la mise en place de rigoles et de
ravines. Sur les sols sablo-argileux rencontrés à Kouka, Houna,
Siwi, Liaba, Mahouana, les pratiques culturales accentuent l'érosion par
rigole. Cela favorise la naissance de ravines. (photo n°8). Les dimensions des ravines sont très variables.
Elles se développent sur des sols argileux et présentent des
berges abruptes, liées à la structure du sol. Ce type de
ravinement se rencontre dans les villages cités ci-dessus. Le ravinement
a abouti à la dénudation des terres agricoles.
Photo n°8 :
érosion en ravine au centre-ouest de Kouka
Cliché : KONKOBO J. (Juin 2018)
Tout facteur susceptible de mettre le sol à nu est par
là même générateur d'érosion puisque c'est la
couverture végétale qui limite le plus la circulation des eaux
superficielles et l'impact du vent.
4.2. Les
conséquences de la dégradation des sols sur la production
céréalière dans la communerurale de Kouka
4.2.1. Les conséquences
causées par les facteurs climatiques
La variabilité climatique observée à
Kouka à travers l'analyse des données statistiques
présente naturellement des conséquences sur les sols et sur la
production agricole. L'analyse des données thermiques de la station de
Dédougou montre que la température de l'air connaît une
forte variabilité interannuelle sur la période 1988 à
2017. On constate que la tendance globale est à la hausse comme
l'atteste la droite de tendance. Cependant, les fortes températures
augmentent la transpiration des plantes. De plus, elles rendent
déficitaire le bilan hydrique du sol car elles provoquent une forte
évaporation physique des eaux de surface et des eaux contenues dans les
sols.Cette situation a pour conséquences le dépérissement
des plantes et la mort sélective de plants cultivés en cas de
poche de sécheresse.
Quant aux vents, ceux qui sont forts entraînent
souvent le déracinement de certains arbres et accentuent le
desséchement de l'air et l'évaporation des plans d'eau privant
ainsi le sol d'eau. Ces vents forts sont aussi à l'origine de la
dégradation du sol à travers le transport des particules fines du
sol.
Pour ce qui concerne la pluviométrie,
l'eau à travers son action érosive contribue à la
dégradation du sol. L'effet de l'érosion ressenti très
rapidement par les paysans est l'appauvrissement progressif des terrains
cultivés, suivi d'une baisse rapide des rendements agricoles. Les
terrains appauvris sont abandonnés et de nouvelles superficies
exploitées au détriment de la végétation car elle
est détruite. A défaut de terrains cultivables disponibles, les
champs sont alors cultivés en permanence, sans apport de fumure
organique pour améliorer la qualité du sol et favoriser
l'infiltration d'où les rendements céréaliers faibles.
Parmi les conséquences aussi de l'érosion des
sols, on peut noter le tassement des sols et la perte de matière
organique due à la disparition de la partie vivante ou biocénose
de l'écosystème.La mise à nu de la roche-mère
entraîne logiquement la stérilisation du sol pour la production
agricole du fait que la partie meuble a été transportée.
Cette érosion ne conduit pas toujours à l'exhumation de la
roche-mère. Dans certains cas, l'ablation de l'horizon A et la mise
à nu de l'horizon B conduit à la précipitation des
hydroxydes de fer grâce au phénomène
d'oxydo-réduction, entraînant la formation d'une cuirasse
ferrugineuse (photo n°7). Cette cuirasse latéritique
stérilise le sol. De ce fait, l'érosion du sol provoquée
par les facteurs climatiques compromet la production
céréalière car le sol devient de plus en pauvre.
4.2.2. Les conséquences
des actions anthropiques
Le couvert végétal joue un rôle important
dans la fertilisation des sols par l'apport de matières organiques. La
matière organique permet de maintenir et/ou d'accroître le niveau
de fertilisation des sols. Elle favorise le développement des plantes et
améliore les propriétés physico-chimiques, biologiques et
biochimiques des sols(BONZI M., 1995).Or, la superficie occupée par les
formations végétales a connu une baisse de 14242,983 ha entre
1998 et 2018 soit 712,14915 ha/an. Cette dynamique régressive du couvert
végétal réduit donc la capacité de renouvellement
de la matière organique du sol. Ce processus entraîne une baisse
permanente des éléments nutritifs nécessaires à la
production notamment céréalière. Les conséquences
de ce phénomène sont l'insécurité alimentaire, la
vulnérabilité de la population car la production
céréalière est compromise.
Ce qui est encore plus grave dans cette situation, est que la
superficie des champs diminue au profit de l'espace occupé par les zones
nues et les affleurements rocheux. L'augmentation des superficies des zones
nues et des affleurements rocheux est due à la pression des
activités agricoles dans les champs. La végétation
étant absente dans les champs, les rend vulnérable à
l'action des agents érosifs qui déblaient l'horizon Adu sol. Or,
la mise à nu de la roche-mère entraîne logiquement la
stérilisation du sol. Et la reconquête est très lente
puisqu'il ne se forme qu'environ deux centimètres de sol par
millénaire (PAUTROT C., 2012). Les agronomes considèrent qu'une
perte supérieure à 1 t/ha/an est irréversible
au-delà d'une cinquantaine d'années. Le problème est donc
hautement préoccupant pour des surfaces considérables et pour une
population rurale vivant d'une agriculture de subsistance.Cela compromet
davantage la production céréalière. En plus dans un
contexte de forte croissance démographique et une situation où la
superficie des champs diminue dans une agriculture peu modernisée, la
commune sera confrontée à de sérieux problèmes pour
nourrir sa population. Pourtant les stratégies d'adaptation des paysans
ont des limites face à l'ampleur du phénomène car
insuffisantes et inadaptées. En effet, peu de chef de ménage
utilise les techniques de fertilisation et de restauration des sols. Le
graphique n°16 montre la proportion des chefs de ménage qui
utilisent les techniques de CES.
Graphique n°17 :
proportion de chefs de ménage utilisant les CES
Source des données : données terrain,
mars 2018
Ces techniques ne sont pas bien pratiquées par les
agriculteurs dans la commune rurale de Kouka. Parmi toutes ces techniques,
c'est la technique des demi-lunes qui n'est pas bien connue. Selon eux, cette
faible utilisation des CES est due à un manque de formation, à la
vulgarisation de ces techniques. Par contre, l'engrais chimique est très
bien utilisé, car disent-ils, « il faut mettre de l'engrais
pour espérer récolter quelque chose ».
Que faut-il donc faire pour aider la population à
restaurer ou à fertiliser les champs afin de lutter contre la
dégradation des sols ? quels préventions et remèdes
faudrait-il ?La prévention peut être orientée dans
deux directions : il s'agit avant tout de laisser le moins de surface de sol nu
le moins longtemps possible d'une part et d'autre part de ralentir la vitesse
des agents érosifs que sont l'eau et le vent. En ce qui concerne la
réduction du temps de dénudation des sols cultivés, le
mélange de cultures à cycles végétatifs
différents est une solution que l'on peut utiliser traditionnellement
sur les petites parcelles. Cette technique consisteà conduire des
cultures de telle sorte que les plantes cultivées exercent une
protection efficace contre l'érosion, en assurant une occupation du
sol aussi étendue que possible dans l'espace et dans le temps. Elle
permet également d'entretenir et d'améliorer les réserves
organiques du sol et par là d'améliorer la structure du sol, donc
la résistance à l'érosion. Il existequelques
procédés biologiques allant dans ce sens :
ü Assolement et rotation des cultures ;
ü Fertilisation du sol à l'aide de la fumure
organique sous forme de paillage car cela permet de rendre le sol poreux tout
en favorisant son infiltration ;
ü Cultures associées come mil/arachide ;
sorgho/haricot, maïs/gombo.
Pour le ralentissement de l'écoulement des agents
érosifs, le maintien permanent d'une couverture végétale
est le moyen le plus efficace, mais il est impossible dans les champs
cultivés. Toutefois, diverses pratiques permettent une limitation de la
vitesse d'écoulement des eaux de ruissellement.Tout d'abord, le sens du
labour parallèle aux courbes de niveau et un hersage tardif,
après la saison hivernale. Cela permet de retenir deux techniques
essentielles que sont :
- Le labour à plat selon les courbes de niveau (qui
est efficace pour une faible pente)
- La culture en billon (qui remplace la culture à
plat lorsque la pente est trop forte toujours selon les courbes de niveau.
Il est aussi important de souligner la
nécessité des aménagements des bas-fonds. Dans la commune
rurale de Kouka, il n'y a que deux villages sur les dix-huit que l'on retrouve
des bas-fonds aménagés. Il s'agit du village de Sallé avec
300 ha aménagés et de Bankouma avec 150 ha. Hors, la commune
dispose au moins six bas-fonds aménageables d'environ 1300 ha dans les
villages de Houna, Siwi, Kelworo, Selenkoro, Mollé, Sallé et
Bankouma (ZATA de Kouka, 2014). Cela constitue une potentialité non
négligeable pour les activités agricoles.La valorisation de ce
potentiel passe par le développement des aménagements
hydro-agricoles, le renforcement des capacités des producteurs et la
modernisation des outils de production. Le défi auquel la commune doit
faire face, est de non seulement s'adapter aux effets des variabilités
climatiques pénalisant énormément la production, mais
aussi, de lutter contre l'appauvrissement de la qualité des sols. Pour
ce faire, l'aménagement des bas-fonds pour l'irrigation constitue un axe
stratégique en matière de développement agricole.
Toutefois, pour protéger et restaurer les sols, il
faut donc l'intervention de tout le monde. Les mesures à prendre doivent
viser aussi bien les composantes naturelles que les facteurs humains car
l'homme est censé se plier aux dures lois de l'écologie.Savoir
protéger un sol, c'est savoir mettre en oeuvre des moyens
destinés à prévenir les causes de la dégradation de
ce sol. Savoir restaurer les sols, c'est savoir mettre un terme à la
dégradation des sols en améliorant la gestion de ces sols.
CONCLUSION PARTIELLE
Les paramètres climatiques comme la
pluviométrie, la température de l'air, le vent, l'humidité
relative de l'air connaissent une forte variation interannuelle,
intra-annuelle, inter-mensuelle, intra-mensuelle avec tous, une tendance
à la hausse. Cette variation des paramètres climatiques
combinée à d'autres facteurs comme la dégradation des sols
et la pression démographique sur les ressources naturelles influencent
fortement la production céréalière (maïs, mil, riz,
sorgho). Ainsi, la capacité des populations à produire des moyens
de subsistance (nourriture) est limitée dans la commune rurale de Kouka.
Les agriculteurs qui sont capables de s'adapter, tirent leur épingle du
jeu grâce à une flexibilité et une mobilité spatiale
dans l'utilisation du capital naturel qu'est le sol. Lorsqu'ils sont incapables
de s'adapter, ils deviennent plus vulnérables, ce qui peut
entraîner une augmentation de la pauvreté, de la malnutrition, de
l'émigration.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Partie d'un but qui est de rechercher l'influence des
facteurs physiques sur la production céréalière dans la
commune rurale de Kouka et d'une hypothèse principale à
savoir que les effets induits par la variabilité climatique et de la
dégradation des sols auraient des incidences sur la production
céréalière dans la commune rurale de Kouka, les
résultats attendus sont atteints: la variation des
paramètres climatiques (pluviométrie, température, vent,
humidité relative) est constatée ; les facteurs de la
dégradation des sols sont connus ; l'impact des variations des
paramètres climatiques et de la dégradation des sols sur la
production céréalière dans la commune rurale de Kouka est
analysé.
Au cours de cette étude, le contexte
général de l'étude a été défini,le
contexte géographique du site d'étude a été
décrit, la variabilité climatique et la
dégradation des sols et leurs impacts sur la production
céréalière dans la commune rurale de kouka ont
été analysés. Il ressort donc que tous les
paramètres climatiques connaissent une variation en dents de scie avec
une tendance à la hausse par rapport à la série
considérée (1988-2017). Au regard de ce résultat,
l'hypothèse spécifique 1 qui stipule que les paramètres
climatiques subissent une variation et cette variation a des incidences sur la
production céréalière dans la commune de Kouka est en
partie vérifiée car la production céréalière
varie aussi en dent de scie en fonction des caractéristiques des
paramètres climatiques annuels. Avec une mauvaise gestion des sols, la
variabilité du climat est un vecteur principal de la dégradation
de ces sols. Étant donné les fortes températures et la
variation des précipitations dont la plupart des localités du
Burkina Faso en général et Kouka en particulier fontle constat
que ces localités sont particulièrement sensibles aux
interactions entre la dégradation des sols et la variabilité
climatique.Les évènements climatiques extrêmes de plus en
plus fréquents, comme des sécheresses ou de fortes
précipitations aggravent l'érosion due au vent et à l'eau
et contribuent à la réduction de la biomasse, et à la
dégradation physique et chimique des sols avec comme résultat
final, la dégradation des sols. L'interprétation des images
satellites Landsat 7 et 8 a permis de constater une dynamique progressive des
zones nues et des affleurements rocheux entre 1998 et 2018 au détriment
des champs et de la végétation naturelle.De plus, les
dégradations causées par les réductions de la couverture
végétale influencent le microclimat local en diminuant
l'humidité de l'air et en augmentant la température du sol.Cette
situation fait que la production céréalière a du mal
à se maintenir à un niveau acceptable pour permettre aux
populations de Kouka d'être à l'abri de l'insécurité
alimentaire. Ce qui vérifie partiellement l'hypothèse
spécifique 2, car les techniques et les méthodes culturales, les
aménagements dans les champs, le niveau de modernisation de
l'agriculture explique en partie le niveau actuel des rendements agricoles.
Face à cette réalité que sont les
variabilités climatiques et la dégradation des sols, il existe un
certain nombre de manières d'améliorer les capacités
d'adaptation et de conserver l'intégrité des
écosystèmes tout en maintenant des moyens de subsistance durables
face aux effets interactifs des variabilités climatiques et de la
dégradation des sols. L'adaptation comprend le fait de faire face,
l'ajustement et la transformation. C'est ce que la population de Kouka tente de
faire face selon leur savoir-faire mais leurs stratégies d'adaptation
ont des limites face à l'ampleur des facteurs influençant leurs
productions céréalières ; ce qui vérifie aussi
en partie l'hypothèse spécifique 3.
Toutefois, la dégradation des sols combinée aux
variabilités climatiques ont le potentiel de troubler les
systèmes écologiques, ce qui peut entraîner une
défaillance de l'approvisionnement en nourriture, en eau et avoir des
conséquences négatives importantes sur la capacité
d'adaptation des moyens de subsistance des populations surtout celles rurales.
En raison de leurs répercussions immédiates et durables sur le
milieu naturel et sur l'homme, les questions de variabilité climatique
et de dégradation des sols sont placées depuis quelques temps au
centre des préoccupations des scientifiques et des décideurs
politiques dans le monde. Certes, il existe déjà plusieurs
solutions qui émanent des chercheurs, des praticiens et des responsables
politiques mais ces solutions peuvent devenir une réalité
grâce à des politiques plus efficaces et des conditions
favorables. L'agroécologie ou l'agriculture de conservation est
particulièrement pertinente surtout dans les localités du Burkina
Faso pour augmenter la fertilité des sols.Pour bien mesurer l'ampleur
des incidences des facteurs physiques sur les activités anthropiques, il
faudrait que d'autres études à une plus grande échelle que
la commune, notamment à l'échelle d'un bassin versant, soient
réalisées.
Cette étude pourrait permettre de mieux comprendre et
suivre les interactions entre la variabilité climatique, la
dégradation des sols et les activités anthropiques. Pour cela, il
conviendrait d'intégrer de nombreux types de connaissances : des
connaissances spécifiques aux connaissances générales, des
connaissances empiriques aux connaissances scientifiques. La mise en commun des
connaissances à partir de différentes sources peut aider à
comprendre les processus impliqués, afin d'explorer les options de
réponses probables. Cette démarche pourrait permettre
d'identifier les zones plus vulnérables nécessitant de nouvelles
recherches pour combler les lacunes et compléter les connaissances
locales.Il s'agira d'étudier comme thème :
« Evolution de la désertification dans le bassin versant du
Mouhoun supérieur au Burkina Faso : approche par
télédétection ».
BIBLIOGRAPHIE
AKIBE A. (2012) : Analyse
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102p.
ANNEXES
Annexe 1 : Enquête sur la perception de la
population sur la variabilité climatique et la dégradation des
sols
Enquêteur :.........................................Date :.................
Numéro de fiche:......
Province :.........................Département :........................Village :...........................
I. Identification du ménage
- Nom et prénom(s) du chef de
ménage :............................................................
- Statut du ménage : Autochtone Migrant
- Durée de
résidence : 10-20 20-30 30-40 40 ans
et plus
- Niveau d'instruction du
répondant : aucun
alphabétisé primaire secondaire
- Principale activité du
ménage : agriculture élevage agropastorale
autres (à
préciser) :.............................................................................................................................
II- perception de la population sur la
variabilité climatique
1- Avez-vous constaté une variation du climat? : 1) Oui 2) Non
2- Si oui, ce constat remonte-t-il
à quand ou à combien d'années ? :......................
La saison de pluie dans l'année :
3- Caractéristiques des précipitations
a- Début : 1. Précoce 2. Inchangé 3. Tardif
b- Fin : 1. Précoce 2. Inchangé 3.
Tardif
c- Nombre de pluie : 1. Diminué
2.Inchangé 3. Augmenté
d- Fréquence des poches de sècheresse : 1.
Diminuée 2. Inchangée 3. Augmentée
e- Quantité totale des pluies : 1. Diminuée 2. Inchangée 3.
Augmentée
4- Quelles sont vos stratégies d'adaptation ou vos
réponses face à l'insuffisance ou à l'installation tardive
des pluies ?
La température
5- Avez-vous constaté un changement au niveau de la
température ? : 1) Oui 2) Non
6- Si oui, ce constat remonte
à quand ou combien d'années
?..................................
7- Caractéristiques de la température :
a- Température en général :
1.Diminuée 2. Inchangée 3. Augmentée
b- Mois le plus chaud : 1. Changé 2. Inchangé
c- S'il ya changement quel mois avant
1.............et maintenant 2...........
d- Mois le plus frais 1. Changé 2. Inchangé
e- S'il y a changement quel mois avant1 .............et
maintenant 2...........
Le vent
8- Avez-vous constaté des changements dans le
régime des vents ? 1) Oui 2) Non
9- Si oui, ce constat remonte
à quand ou à combien d'années
?..................................
10- Caractéristiques des vents Changement
a- Régime des vents en général : 1. Stable
2.Diminuée 3.Violente
b- Mois le plus agité par la force du vent :
1.Changé 2.Inchangé
c- S'il ya changement quel mois
avant....... et maintenant................
d- Mois le moins agité par la force du vent :
1.Changé 2.Inchangé
e- S'il ya changement quel mois avant...... et
maintenant.................................
III- connaissance sur la dynamique du couvert
végétal et l'occupation des sols
11- Que pensez-vous de l'évolution du couvert
végétal ?
1.régression 2.Stable 3.progression 4.Ne sait pas
12- Si régression, quelles sont les causes ?
1.naturelle 2.anthropique 3.les deux Ne sait pas
13- À quelle occasion coupez-vous du bois ?
1.un nouveau champ 2.bois d'énergie 3.bois de
construction 4.artisanat
14- Y a- t-il des champs en jachère dans la
commune ? 1.oui 2.non
15- Si oui, comment évolue la superficie des champs en
jachère ?
1.Diminué 2.Stable 3.Augmenté 4.Ne sait pas
16- Comment évolue la
superficie des zones nues ?
1.Diminué 2.Stable 3.Augmenté 4.Ne
sait pas
17- Comment évolue la superficie des bas-fonds ?
1.Diminué 2.Stable 3.Augmenté
4.Ne sait pas
18- Constatez-vous une dégradation des sols de votre
champ ? 1.oui 2.non
19- Si oui, quelles sont les causes ? 1.naturelle
2.anthropique 3.les deux autre----------------------------
20- Que faites-vous face à la dégradation du
couvert végétal ?
21- Que faites-vous face à la dégradation des
sols dans vos champs ?
Système, technique et facteurs de
production
22- Comment préparez-vous vos champs avant les semis
?
1.Désherbage 2.Débroussaillage 3.Brûlis 4.Labour Autres à
préciser........................................................................
23- Quels outils agricoles utilisez-vous ?
1.tracteur2.charrue3.houe 4.charrette5.daba 6.pioche
autre------------------------------------------
24- Quels animaux de trait utilisez-vous ?
1.boeuf2.âne3.cheval4.aucun
25- Quelle technique culturale utilisez-vous ? 1.zai
2.paillage3.cordons pierreux4.demi-lune 5.haie
autre--------------------------------------------------
26- Quelles sont les techniques d'entretien de vos champs ?
a- 1.Sarclage manuel b- 2.sarclage tracté c-
3.sarclage motorisé
d- 4.Buttage manuel e- 5.buttage tracté d- 6.buttage
motorisé
27- Utilisez-vous du fumier organique ? 1.oui 2. non
28- Utilisez-vous des engrais chimiques ? 1.oui 2.non
29- Comment évolue votre production agricole au cours des
années ?
1.régression 2.Stable 3.progression 4.Ne sait pas
30- si régression, quelles sont les causes ?
1.Variabilité climatique 2. pauvreté des sols
Autres-----------------------------------------
31- Que proposez-vous pour résoudre les
problèmes que vous rencontrez dans le domaine de
l'agriculture---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
32- Avez-vous entendu parler de semences
améliorées ? Oui non
33- Avez-vous déjà semé les semences
améliorées ? Oui non
34- Si oui, quels ont été les
résultats-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
35- Si non, pourquoi ?
---------------------------------------------------------------------------------
Guide d'entretien adressé au service
déconcentré de l'Etat : service en charge de la protection
de l'environnement.
1. Comment la végétation de la commune a-t-elle
évoluée depuis votre arrivée ?
Progression Stable Régression Ne
sait pas
2. S'il y a régression du
couvert végétal, quelles sont les causes ?
RA :..........................................................................................................................................................................................................
3. Y a -t-il des mesures répressives contre la coupe
abusive du bois ?
RA :.................................................................................................................................................................................................
4. Au sein de votre service, que faites-vous face à la
dégradation du couvert végétal ?
RA :
...............................................................................
Guide d'entretien adressé au service
déconcentré de l'Etat : service en charge de
l'élevage.
1- Quels sont les types d'élevage pratiqués par
la population dans la commune rurale de Kouka ?
2- Quelle catégorie d'animaux est plus
élevée ?
3- Comment évolue le cheptel ces dix dernières
années ?
4- Avez-vous des données statistiques qui justifient ce
que vous dites ?
5- Comment le pâturage est -il pratiqué dans la
commune ?
Guide d'entretien adressé au service
déconcentré de l'Etat : service en charge de
l'agriculture
1. Quelles sont les différentes exploitations ou
spéculations en terme de production agricole dans la commune de
Kouka ?
2. Quelles sont les céréales cultivées par
les agriculteurs ?
3. Comment évolue cette production agricole ?
4. Comment évolue la superficie des champs ?
5. Existe-t-il des statistiques qui confirmeront ce que vous
dites ?
6. Quels sont les facteurs qui influencent la production
céréalière ?
7. Quels sont les principaux problèmes que vous avez
constatés dans la production agricole dans la commune de Kouka ?
8. Que faites-vous pour aider les agriculteurs à
améliorer leur production ?
9. Les agriculteurs sont-ils réceptifs à vos
conseils ?
Annexe 2 : Situation production
céréalière de dix dernières années province
des Banwa
Annexe 3 :Matrice de transition des unités
d'occupation des terres de 2007-2018
2007
2018
|
Affleurement rocheux
|
Champ
|
Formation ripicole
|
Habitat
|
Savane arborée
|
Savane arbustive
|
Zone nue
|
Affleurement rocheux
|
932,209
|
410,706
|
24,84
|
20,8074
|
3626,23
|
127,586
|
1,53
|
Champ
|
58,9358
|
4352,37
|
8,42982
|
66,1888
|
6658,57
|
409,704
|
183,42
|
Formation ripicole
|
37,1335
|
36,63
|
102,748
|
0,09
|
1022,42
|
1,35
|
0,81
|
Habitat
|
16,9053
|
234,707
|
3,15
|
219,811
|
938,977
|
260,064
|
5,49
|
Savane arborée
|
860,546
|
5375,38
|
92,9942
|
144,723
|
32712,8
|
1273,12
|
130,654
|
Savane arbustive
|
43,65
|
580,862
|
1,17
|
33,1484
|
1497,88
|
1136,44
|
222,321
|
Zone nue
|
99,162
|
5098,18
|
15,84
|
83,0243
|
6328,97
|
2130,04
|
981,882
|
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Liste des cartes
Carte n°1 : migration des isohyètes
600 mm et 900mm au Burkina Faso
2
Carte n°2 : localisation de la zone
d'étude
21
Carte n°3 : localisation de la commune de
Kouka dans le découpage thermo-climatique du Burkina Faso.
23
Carte n°4 : Topographie de la commune de
Kouka
29
Carte n°5 : types de sols de la commune rurale
de Kouka
33
Carte n°6: cartes de l'occupation des sols en
1998, 2007 et 2018
66
Liste des tableaux
Tableau n°1 : densité de
population
2
Tableau n°3 : répartition des
enquêtés par village
13
Tableau
4 : grille conceptuelle
15
Tableau n°2 : variation des
précipitations annuelles à Kouka
17
Tableau n°5 : température moyenne
mensuelle à la station synoptique de Dédougou
46
Tableau n° 6 : états de surface aux
différentes dates
68
Tableau n°7 : évolution des
unités d'occupation des terres
69
Tableau n°8 : matrice de transition des
unités d'occupation des terres en hectare de 1998-2007
70
Tableau n°9 : matrice de transition des
unités d'occupation des terres en hectare de 1998-2018
72
Liste des photos
Photo n°1 : labour à plat
motorisé
2
Photo n°2 : billons
60
Photo n°3 : association de cultures en
saison sèche : ognon et Gombo
61
Photo n°4 : association de cultures en
saison sèche : oignon, aubergine, maïs
61
Photo n°5 : présence de
bétail dans un champ à Kouka
64
Photo n°6 : croûte de battance sur
sol à structure sableux-argileux à Kouka
75
Photo n°7 : affleurement de cuirasses au
Centre-nord de Kouka
75
Photo n°8 : érosion en ravine au
centre-ouest de Kouka
76
Liste des graphiques
Graphique n° 1: diagramme pluvio-thermique de
Kouka (1988-2017)
2
Graphique n°2 : hauteur d'eau de
Dédougou (1988 à 2017)
25
Graphique n°3 : évolution du nombre
de jours de pluie de 1988 à 2017
26
Graphique n°5 : radar des vents à
la station synoptique de Dédougou (1988-2017)
28
Graphique n°7 : évolution des
précipitations de 1988 à 2017
43
Graphique n°8 : évolution du SPI dans la
station synoptique de Dédougou
44
Graphique n°9 : variation moyenne
mensuelle des hauteurs d'eau
45
Graphique n°10 : variation des
températures moyennes des trois dernières décennies
46
Graphique n° 12 : variations
interannuelles de l'humidité relative sur la période
1988-2017
49
Graphique n°13 : perception des chefs de
ménage sur le début et la fin de la saison pluvieuse
51
Graphique n°14 : production
céréalière dans la commune de Kouka
53
Graphique n°15 : pluviométrie et
production céréalière dans la commune de Kouka.
55
Graphique n° 16 : évolution de
l'occupation des sols entre 1998 et 2018
69
Graphique n°17 : proportion de chefs de
ménage utilisant les CES
79
TABLE DES MATIÈRES
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
SOMMAIRE
III
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
IV
RÉSUMÉ
V
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
PREMIÈRE PARTIE :
3
CADRE THÉORIQUE ET
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE
3
CHAPITRE I: Le cadre théorique et
conceptuel de l'étude
4
1.1. Etats de connaissance sur le thème
4
1.1.1. La variabilité climatique
4
1.1.2. Impact de la variabilité climatique
sur l'agriculture
4
1.1.3. La dégradation des sols et son impact
sur la production agricole
5
1.1.4. Synthèse sur l'état de
connaissance sur le thème
6
1.2. La problématique
6
1.3. Les hypothèses et les objectifs
8
1.3.1. Les hypothèses
8
1.3.2. Les Objectifs de l'étude
8
1.4. La démarche méthodologique
9
1.4.1. Les travaux préparatoires
9
1.4.2. Les travaux de terrain
13
1.4.3. Le traitement des données et la
rédaction du mémoire
13
1.5. Clarification des concepts
16
CHAPITRE II : MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN DE
LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
20
2.1. Milieu physique
20
2.1.1. Présentation de la zone
d'étude : la commune rurale de Kouka
20
2.1.2. Caractéristiques climatiques
22
2.1.3. Géomorphologie et sols
28
2.1.4. Réseau hydrographique
34
2.1.5. Végétation
34
2.1.6. Les ressources fauniques
35
2.2. Milieu humain
35
2.2.1. Données démographiques
35
2.2.2. Mouvements de population
35
2.2.3. Activités socioéconomiques
36
CONCLUSION PARTIELLE
39
DEUXIÈME PARTIE :
40
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
ET DISCUSSION
40
CHAPITRE III: LES VARIABILITÉS
CLIMATIQUES ET LEURS EFFETS SUR LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE
DANS LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
41
3. 1. Caractéristiques de la
variabilité climatique
41
3.1.1. Variabilité interannuelle de la
pluviométrie
42
3.1.1.1. Evolution de la pluviométrie de 1988
à 2017
42
3.1.1.2. Evolution du SPI
43
3.1.1.3. Variation moyenne mensuelle des
hauteurs d'eau
45
3.1.2. Variabilité de la
température
45
3.1.2.1. Les variations moyennes inter- mensuelles
de la température
45
3.1.2.2. Les variations interannuelles.
47
3.1.3. Variabilité interannuelle et inter
mensuelle de l'humidité relative (1988-2017)
47
3.2. Perception de la variabilité climatique
par la population de Kouka
49
3.2.1. La variabilité
pluviométrique
50
3.2.2. La variabilité de la
température
51
3.3. Impact de la variabilité climatique et
production céréalière dans la commune rurale de Kouka.
52
3.4. Stratégies d'adaptation des agriculteurs
face aux variabilités pluviométriques
56
3.4.1. Adaptation variétale
57
3.4.2. Techniques de labours à plat et
billonnage.
58
3.4.3. Autres stratégies d'adaptation
60
3.5. Synthèse : rétroactions
entre variabilité climatique et dégradation des sols
62
CHAPITRE IV: LA DÉGRADATION DES SOLS
ET SES CONSÉQUENCES SUR LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE
DANS LA COMMUNE RURALE DE KOUKA
63
4.1. Les causes de la dégradation des
sols
63
4.1.1. Les actions anthropiques à l'origine
de la dégradation des sols
63
4.1.1.1. Le pâturage
63
4.1.1.2 La dynamique de l'occupation des terres
64
4.1.2. Les causes climatiques de la
dégradation des sols
73
4.2. Les conséquences de la
dégradation des sols sur la production céréalière
dans la commune rurale de Kouka
77
4.2.1. Les conséquences causées par
les facteurs climatiques
77
4.2.2. Les conséquences des actions
anthropiques
78
CONCLUSION PARTIELLE
81
CONCLUSION GÉNÉRALE
82
BIBLIOGRAPHIE
84
ANNEXES
VI
TABLE DES ILLUSTRATIONS
XI
Liste des cartes
XI
Liste des tableaux
XI
Liste des photos
XII
Liste des graphiques
XII
TABLE DES MATIÈRES
XIII
|
|