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Le néologisme chez les étudiants francophones étrangers des universités de Constantine


par Abdorhamane AG ILJIMIT
Université Frères Mentouri Constantine 1 - Master 2021
  

Disponible en mode multipage

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République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université Frères Mentouri, Constantine 1
Faculté des Lettres et des Langues
Département de Lettres et Langue Française

N° de série :

N° d'ordre :

Mémoire de Master
Spécialité : Sciences du langage
Intitulé

Le néologisme chez les étudiants francophones étrangers des Universités de Constantine

Dirigé par : Présenté par :

Mme ADACI Sana AG ILJIMIT Abdorhamane

Université Frères Mentouri, Constantine 1 Université Frères Mentouri, Constantine 1
Membres du jury :

Président(e) : Dr. BOUSSEBAT Omar, Université Frères Mentouri, Constantine 1 Examinateur : Mme KASSI Asma, Université Frères Mentouri, Constantine 1 Rapporteur : Me. ADACI Sana, Université Frères Mentouri, Constantine 1

Année universitaire 2020/2021

Année universitaire 2020/2021

République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université Frères Mentouri, Constantine 1
Faculté des Lettres et des Langues
Département de Lettres et Langue Française

N° de série :

N° d'ordre :

Mémoire de Master

Spécialité : Sciences du langage
Intitulé

Le néologisme chez les étudiants francophones étrangers des Universités de Constantine

Dirigé par : Présenté par :

Mme ADACI Sana AG ILJIMIT Abdorhamane

Université Frères Mentouri, Constantine 1 Université Frères Mentouri, Constantine 1
Membres du jury :

Président(e) : Dr. BOUSSEBAT Omar, Université Frères Mentouri, Constantine 1 Examinateur : Mme KASSI Asma, Université Frères Mentouri, Constantine 1 Rapporteur : Me. ADACI Sana, Université Frères Mentouri de Constantine 1

Dédicace

...À la mémoire de mes parents.

À ma tante Aîchatou minte Moussa et à mon

tonton Rousmane AG Assilakan auxquels je dois

l'accomplissement de cette réussite.

À cette personne que nul mot ne peut décrire.

À toute personne ayant pris part à cette réalisation.

Remerciements

D'abord je remercie le tout puissant Alah de m'avoir

donné la santé et le courage de finir cette recherche.

Je tiens à remercier en premier lieu mon encadrante, Mme ADACI Sana pour
ses conseils fructueux et formatifs. Ses explications et suggestions ont été
précieuses à l'élaboration de ce mémoire.

Je remercie, également, les personnes dont les noms suivent : Mme Ouarda
Nadia ZERGUINI, Mme BOUMENDJEL Lilia, Mme Soraya BOURAYOU,
Mme KASSI Assia, Mr Yacine DARRADJI, Mr Mehdi BENDIEB, pour leur
courtoisie et conseils judicieux. .

Mes sincères remerciements vont à l'endroit de tout le corps professoral du
département de français de l'université de Constantine 1, je ne suis pas en
mesure de citer tous les noms, je tiens à les remercier pour le savoir qu'ils
m'ont transmis au cours de ces cinq années pleines d'apprentissage et
d'euphorie. Puissiez-vous trouver en ces brèves lignes la gratitude et la
reconnaissance qui animent mon coeur.

Merci aux membres du jury d'avoir accepté d'examiner mon travail sans
hésitation aucune.

Merci à tous ceux qui m'ont soutenu et qui ont apporté leur contribution aussi minime soit-elle à la réalisation de ce travail.

Je ne saurais terminer sans adresser mes humbles remerciements à tous mes parents, camarades, amis(es), enseignants(es) et connaissances.

À vous tous, MERCI.

SOMMAIRE

Introduction générale 1

1. Motivations 2

2. Objectifs 2

3. Problématique 3

4. Hypothèses 3

5. corpus et méthodologie de recherche 3

CHAPITRE I 5

CONCEPTS DÉFINITOIRES DE LA NÉOLOGIE ET PROCÉDÉS DE FORMATION DES

NÉOLOGISMES 5

I. Néologie et néologisme 6

Introduction 6

1. Néologie 6

2. Néologisme 7

3. Néologisme de langue et néologisme de discours 8

3.1. Néologisme de langue 8

3.2. Néologisme de discours 9

II. Classement et typologie de néologismes 9

1. Classement des néologismes 9

1.1. Néologie de forme (formelle) 9

1.2. Néologie de sens (sémantique) 10

1.3. L'emprunt 10

1.3.1. Définition de l'emprunt 10

1.3.2. Typologie d'emprunts 11

1.3.3. Schéma récapitulatif des types d'emprunts linguistiques 14

2. Typologie de Jean François SABLAYROLLES 15

2.1. Les matrices internes 15

2.2. La matrice externe 15

III. Les procédés de formation des néologismes 15

1. Les matrices internes 15

1.1. Construction 15

1.2. Imitation et déformation 18

1.3. Changement de fonction 19

1.4. Changement de sens 21

1.5. Réduction de la forme 22

2. La matrice externe 23

Conclusion 25

CHAPITRE II 26

ÉTUDE LEXICO-SÉMANTIQUE ET CORPUS 26

I. La lexicologie et la sémantique 27

1. La lexicologie 27

2. La sémantique 28

II. Critères de sélection des unités néologiques 29

1. Le critère lexicographique 29

2. Le sentiment néologique 30

3. méthodologie de la collecte du corpus 31

4. Corpus d'exclusion 32

ANALYSE DU CORPUS 33

PREMIÈRE PARTIE 33

1. Déroulement et dépouillement du questionnaire 34

1.1. Identification 34

1.2. Répertoire linguistique 37

1.3. Pratiques linguistiques 38

1.4. Évaluation des compétences 41

DEUXIÈME PARTIE 43

2. Grille d'analyse 44

3. Présentation du corpus d'analyse 45

4. Analyse des néologismes 46

4.1. Grille d'analyse des néologismes selon les procédés de formation 46

5. Étude lexico-sémantique des néologismes 48

6. Les procédés de formation des néologismes 49

6.1. Les matrices internes 50

6.1.1. Les matrices morphosémantiques 51

6.1.2. Les matrices syntactico-sémantiques 56

6.1.3. Les matrices morphologiques 60

6.1.4. La matrice pragmatico-sémantique 61

6.2. La matrice externe 61

6.2.1. Les types d'emprunt 63

6.2.2. Langue d'origine des emprunts 63

7. Inventaire lexical 65

Conclusion 69

Conclusion générale 72

BIBLIOGRAPHIE 77

RÉSUMÉ 82

ANNEXES 86

LES QUESTIONNAIRES 87

- Tableau des abréviations -

Abréviations

Information

L1

Licence première année

L2

Licence deuxième année

L3

Licence troisième année

M1

Master 1

M2

Master 2

E.

Enquêté

1ière, 2ième

Première, deuxième lexie

Nb. de néo.

Nombre de néologismes

Nb. de pro.

Nombre de productions

Total pro.

Total des productions

Aff.

Affixation

Préf.

Préfixation

Suff.

Suffixation

Dér.Inv.

Dérivation inverse

Parasy.

Parasynthétique

Comp.

Composition

Syn.

Synapsie

C.Sav.

Composition savante

C.Hyb.

Composition hybride

Imit.Déf.

Imitation et déformation

Onom.

Onomatopées

F.C

Fausse coupes

Verl.

Verlan

Chang.Form.Sens

Changement de forme et de sens

Conv.

Conversion

Défl.

Déflexivation

Ext.S

Extension de sens

Restr.S

Restriction de sens

Méta.

Métaphore

Méto.

Métonymie

Réd.Form.

Réduction de la forme

Tron.

Troncation

Sigl.

Siglaison

Acro.

Acronymes

Empr.

Emprunts

E.lex.

Emprunt lexical

Xén.

Xénisme

Calq.

Calque

- Liste des figures -

Figure 1 : Échantillon selon la nationalité

.34

Figure 2 : Échantillon selon le sexe

35

Figure 3 : Échantillon selon l'âge

..36

Figure 4 : Échantillon selon le cursus scolaire

36

Figure 5 : Langue maternelle des enquêtés

37

Figure 6 : Maîtrise du français

41

Figure 7 : Enrichissement de la langue française

...42

Figure 8 : Procédés de formation de lexies néologiques

47

Figure 9 : Classement traditionnel des néologismes chez les étudiants étrangers

.48

Figure 10 : Lexies néologiques générées par les matrices lexicogéniques

49

Figure 11 : Lexies néologiques générées par les matrices internes

50

Figure 12 : Lexies néologiques générées par les matrices morphosémantiques

51

Figure 13 : Lexies néologiques générées par les matrices syntactico-sémantiques

56

Figure 14 : Lexies néologiques générées par les matrices morphologiques

..60

Figure 15 : Types des néologismes générés par la matrice externe

63

Figure 16 : Langues d'origines des emprunts

63

- Liste des tableaux -

Tableau n°1 : Les matrices lexicogéniques

24

Tableau n°2 : Liste des néologismes collectés

..45

Tableau n°3 : Grille d'analyse des néologismes selon les procédés de formation

46

Tableau n°4 : La préfixation

..51

Tableau n°5 : La suffixation

..52

Tableau n°6 : Les parasynthétiques

...52

Tableau n°7 : La composition

53

Tableau n°8 : La composition savante

...54

Tableau n°9 : La composition hybride

...54

Tableau n°10 : Le verlan

55

Tableau n°11 : La conversion

56

Tableau n°12 : La métaphore

.59

Tableau n°13 : La métonymie

59

Tableau n°14 : Troncation ; apocope ; aphérèse

60

Tableau n°15 : La siglaison et les acronymes

61

Tableau n°16 : Les emprunts

.62

INTRODUCTION

GENERALE

Introduction générale

« L'âme cherche toujours des choses nouvelles, et ne se repose jamais. »

MONTESQUIEU

D'innombrables études ont été effectuées autour de ce vocable qu'est la néologie mais nous ne pouvons pas nous résoudre au fait qu'une étude serait immuable. Il n y a pas de solutions irrévocables à une problématique quelle qu'elle soit. Toute recherche ne peut clore que par des perspectives qui envisageront des solutions nouvelles à une étude déjà réalisée.

Le contact permanent entre les individus à travers les échanges linguistiques et l'harmonisation socioculturelle, engendre un taux considérable de phénomènes linguistiques tels que le néologisme. De nos jours, nous remarquons une forte nécessité sociale, laquelle s'oriente vers des choses nouvelles. Celle-ci, vise à apporter un changement crucial dans la pensée humaine ainsi qu'au sein de l'ordre mondial. C'est dans cette optique que LOUIS-SEBASTIEN Mercier disait :

« (...) Le français qu'on parlera dans deux cents ans, sera peut-être plus différent de celui qu'on parlait il y a deux cents ans (...) Plus d'un peuple a trouvé par lui-même l'invention de l'écriture par des signes et caractères dont on s'était jamais avisé avant lui. C'est ainsi que tout peuple à naître se fera une langue qui n'a jamais été, et qui ne laissera pas que d'exprimer d'une manière nouvelle, les mêmes choses que nous ».1

La langue est en perpétuelle évolution. Chaque époque, naissent de nouvelles lexies émergeant de différentes communautés linguistiques ayant des pratiques linguistiques différentes. Tout peuple, dispose de fonctionnements socioculturels linguistiques variés, lesquels s'opposent à d'autres langues ; voire au sein d'une même communauté.

1 LOUIS-SEBASTIEN Mercier, Néologisme ou le vocabulaire des nouveaux mots, à renouveler ou pris dans des acceptions nouvelles paru en 1801 à Paris et réédité par Jean-Claude Bonnet en 2009.

1

La néologie joue un rôle crucial dans l'évolution de la langue. Autrement, toute langue qui rejetterait le concept de néologie ne fera qu'objet d'inertie voire même de disparition. La création des nouvelles lexies est l'essence même de la langue, sans cela, elle restera stérile. C'est dans cette perspective que BERNARD QUEMADA affirme :

Qu' « Une langue qui ne connaîtrait aucune forme de néologie serait déjà une langue morte, et l'on ne saurait contester que l'histoire de toutes nos langues n'est, en somme, que l'histoire de leur néologie.» 2

Comme le souligne FERDINAND DE SAUSSURE dans son (Cours de linguistique générale, 1916) « la langue désigne un outil permettant de communiquer »3, la langue est donc un moyen d'inter-échange entre les individus. La langue subit des changements au fil de temps, ainsi différents mécanismes apparaissent pour former des nouvelles unités lexicales.

1. Motivations

Chaque année, l'Algérie reçoit un nombre important d'étudiants étrangers qui sont ensuite répartis dans différentes wilayas. Ils se retrouvent confrontés à des réalités linguistiques variées auxquelles ils doivent remédier en vue de s'intégrer et se fondre dans la masse.

Il est à noter que ces étudiants sont issus de différents pays d'Afrique francophone et donc ne partagent pas la même langue maternelle, ce qui explique leur besoin de créer des lexies dans un but communicatif et ainsi donner naissance à des néologismes.

Cela, est le vif du sujet de notre motivation à opter pour ce thème de recherche afin d'en apporter des détails plus étendus et précis.

2. Objectifs

Au fil des années passées dans les résidences universitaires ainsi qu'au niveau de la faculté, nous avons remarqué et observé chez les étudiants francophones étrangers un flux de créations lexicales. C'est ce qui a suscité une certaine curiosité; qui nous a incité

2 B. QUEMADA, (v. bbg. Infra, p138), https://www.lalanguefrancaise.com. Consulté le 21/02/2021.

3 F. DE SAUSSURE, (Cours de linguistique général, 1916), http://laboiteasaussure.fr consulté, le 19/02/2021.

2

à une visée qui va dégager les différentes formes de néologismes observés chez les étudiants francophones.

3. Problématique

L'intitulé de ce mémoire de recherche qui se présente comme suit : « Le néologisme chez les étudiants francophones étrangers des Universités de Constantine », a pour objet de déterminer : si ces étudiants font recours aux créations lexicales par simple jeu de mots, ou encore plus important pour enrichir la langue française.

Dans cette optique, nous avons formulé une problématique composée de deux questions qui découlent du sujet proposé. À celles-ci, nous allons tenter de répondre :

I Pourquoi les étudiants font-ils recours aux créations lexicales ?

I Quels sont les mécanismes utilisés par les étudiants pour procéder aux créations lexicales ?

4. Hypothèses

Afin de confirmer ou infirmer les questionnements liés à la problématique, nous avons formulé des hypothèses correspondant aux questions. L'analyse du corpus nous permettra d'effectuer un apport plus spécifique et bien précis.

I La création lexicale serait un phénomène social et subjectif obéissant à des exigences communicatives.

I Les procédés de formation de nouvelles lexies par dérivation et ou par emprunt chez les étudiants seraient les plus prolifiques.

5. corpus et méthodologie de recherche

Notre corpus, se construira autour d'un échantillon de 25 étudiants, auxquels nous soumettrons un questionnaire, afin de collecter et analyser les nouvelles lexies. Nous procéderont à des analyses qualitative et quantitative et dégager les différentes formes de créativités lexicales (procédés de formation des néologismes) collectées chez les étudiants. Nous allons constituer un tableau des créativités lexicales et ainsi interpréter les méthodes utilisées par les étudiants dans leurs créations langagières.

3

Notre travail va s'articuler autour de deux chapitres qui présenteront l'analyse du contenu de notre recherche, à savoir :

Chapitre I

Cette partie, sera consacrée à la définition de quelques concepts essentiels sur lesquels se fonde notre recherche, laquelle se réfèrera aux travaux de quelques auteurs qui ont abordé le concept de néologie comme J.-F SABLAYROLLES (1996-1997)4, (2006)5, L. GUILBERT (1973)6, L.-S MERCIER (1901)7 et autres chercheurs. Nous avons subdivisé cette partie en trois grands titres complémentaires. Dans le premier titre, nous allons essayer de définir la « néologie » et le « néologisme » selon les dictionnaires de linguistique et différents théoriciens. Dans le second et le dernier, nous tenteront de déterminer la classification des néologismes et dégager la typologie de procédés de formation des néologismes, inspirée par la typologie de J.-F SABLAYROLLES.

Chapitre II

La deuxième partie, intitulée étude lexico-sémantique et corpus, dans laquelle nous allons aborder les disciplines responsables de l'analyse des mots et des phrases, afin d'analyser la morphologie des nouveaux mots. Il s'agit précisément de la lexicologie, qui est l'étude des structures du lexique d'une langue et de la sémantique, laquelle analysera le sens des nouvelles lexies collectées. Dans cette partie, nous allons établir une grille d'analyse pour rendre compte des néologismes collectés chez les étudiants et donner des éclaircissements sur les processus de leur formation. Outre l'aspect morphologique des néologismes, d'autres phénomènes de créativité peuvent survenir.

4 J.-F. SABLAYROLLES, Typologies des néologismes, Cahier du CIEL 1996-1997

5 J.-F SABLAYROLLES, La néologie aujourd'hui. Claude Gruaz. A la recherche du mot : De la langue au discours, Lambert-Lucas, pp.141-157, 2006.

6 L. GUILBERT, Théorie du néologisme. In: Cahiers de l'Association internationale des études françaises, 1973, n°25. pp. 9-29

7 L.-S MERCIER, Néologisme ou le vocabulaire des nouveaux mots, à renouveler ou pris dans des acceptions nouvelles paru en 1801 à Paris et réédité par Jean-Claude Bonnet en 2009.

4

CHAPITRE I

CONCEPTS DÉFINITOIRES DE LA NÉOLOGIE ET PROCÉDÉS DE FORMATION DES NÉOLOGISMES

I. Néologie et néologisme

Introduction

La langue n'est que fruit des innovations lexicales de ses locuteurs. Pour qu'une langue puisse évoluer et sortir de l'inertie, une mise à niveau est nécessaire, laquelle peut s'effectuer dans les pratiques langagières des individus qui la parlent et la partagent sans exclusion d'une éventuelle présence, souvent indispensable d'emprunts à une langue étrangère. L'évolution d'une langue est inéluctable de même que le lexique d'une langue vivante n'est ni stable, ni figé. C'est ainsi que « le lexique n'a jamais pu être défini comme un système clos, en raison de son ouverture sur le référent, l'évolution du monde, de la pensée, sur la transformation de la société »8

Que ce soit au moyen des règles normatives ou non, nous sommes témoins des nouvelles unités lexicales faisant objet d'apparition (par création ou par emprunt) dans la vie quotidienne des locuteurs au sein d'une communauté linguistique. De multiples mécanismes sont en usage pour former des nouvelles lexies répondant à un besoin communicationnel d'un public cultivé ou non. Les spécialistes (néologistes, néologues), qui étudient ces nouvelles lexies, les qualifient de « néologismes » et la « néologie » étant leur processus de création.

1. Néologie

Selon, L. Deroy, « Les langues qui vieillissent et qui finissent par mourir, ce sont celles qui n'évoluent plus »9, Ainsi, pour subsister, la langue française a emprunté énormément au grec et au latin afin de s'enrichir et se renouveler en créant des nouveaux mots à partir des racines gréco-latines.

La néologie est une nouvelle forme d'expression, c'est l'emploi des nouveaux termes par invention ou application. Ce nouveau mode de créativité au détriment de la néologie, va permettre l'enrichissement et l'acquisition des idées nouvelles à une langue.

8 GUILBERT L., La créativité lexicale, coll. Langue et langage, Ed. Larousse, 1975, p.32.

« La néologie est le processus de formation de nouvelles unités lexicales. Selon les frontières qu'on veut assigner à la néologie, on se contentera de rendre compte des

9 DEROY L., Néologie et néologismes : essai de typologie générale, La banque des mots n° 1, 1971, pp. 512.

6

mots nouveaux, ou l'on englobera dans l'étude toutes les nouvelles unités de signification (mots nouveaux et nouvelles combinaisons ou expressions). »10 La néologie est donc, un mécanisme d'innovation linguistique, qui a ses propres lois et règles. L'emploi de ce vocable est, cependant, réservé au domaine du lexique. Ce qui signifie que la néologie est le mécanisme qui enrichit le lexique d'une langue par divers procédés de formation lexicale comme le définit le dictionnaire le Petit Robert (2000) : « (...) 2. (mil. XXe) Ling. Processus par lesquels le lexique d'une langue s'enrichit, soit par la dérivation et la composition, soit par emprunts, calques, ou par tout autre moyen (sigles, acronymes...). Le néologisme est en outre le terme adéquat pour désigner les nouvelles lexies.

2. Néologisme

Selon le dictionnaire, le Petit Robert (2000), le néologisme se définirait comme étant : « (...), 2. (1880) Mod. Emploi d'un mot nouveau (soit créé, soit obtenu par dérivation, composition, troncation, siglaison, emprunt, etc. : néologisme de forme) ou emploi d'un mot, d'une expression préexistants dans un sens nouveau (néologisme de sens). 3. Mot nouveau ; sens nouveau d'un mot. Un néologisme mal formé. Néologisme officiel : terme recommandé par le législateur à la place d'un terme étranger. O Méd. Mot forgé par un malade, incompréhensible pour l'entourage. », D'après cette définition nous constatons que le néologisme est l'emploi d'expressions et de nouvelles unités lexicales par détournement de sens et de leur usage ordinaire. Le néologisme a été longtemps considéré comme terme péjoratif. En psychiatrie par exemple, il désigne des propos nouveaux d'un malade en état de délire, soit par « fusion de mots » ou par « fragment de mots usuels » impossible à comprendre.

En outre, le néologisme est l'acception d'un mot nouveau, qui n'existait pas dans une langue vivante mais qui s'y est intégré par des locuteurs en guise d'unité lexicale en employant des termes nouveaux. Cette nouvelle acception, et certains de ces mots apparaissent dans certains dictionnaires de la langue française et sont ainsi considérés comme des « néologismes officiels ». Cela se confirme dans les propos de (DUBOIS J. 2002) :

10 DUBOIS J. et al, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Larousse-Bordas/ VUEF, 2002, p. 322

7

« Le néologisme est une unité lexicale (nouveau signifiant ou nouveau rapport signifiant-signifié) fonctionnant dans un modèle de communication déterminé, et qui n'était pas réalisée antérieurement. Cette nouveauté correspond en général à un sentiment spécifique chez les locuteurs. Ainsi, certains néologismes, relevant de la néologie de langue, font partie intégrante de la grammaire lexicale de la langue (ex. : surprenamment) »11.

3. Néologisme de langue et néologisme de discours

Étant dotée d'un signifié et d'un signifiant, et ayant des distributions et des fonctions linguistiques, la lexie néologique se veut homogène avec les autres unités de la langue. Précisons que généralement, il existe deux types de néologismes : néologisme de langue et néologisme de discours. Dans notre corpus nous n'aurons affaire qu'au néologisme de langue car les lexies collectées ne sont pas des productions énoncées dans une situation donnée mais des formes linguistiques diffusées socialement.

À titre d'exemple, SABLAYROLLES notera que : « Le surgissement d'une nouvelle lexie et son fonctionnement dans la langue, quel que soit son sort ultérieur, constituent un phénomène langagier intéressant dont tout modèle linguistique qui se veut complet doit rendre compte. On ne peut exclure les hapax et autres mots d'auteur ou de discours ni de la lexicologie ni de l'analyse de discours. Nous tenons pour néologismes relevant de la langue les lexies dès leur création et première apparition parce que c'est la langue qui les a rendues possibles et qu'on ne peut faire qu'elles n'aient jamais été émises »12

3.1. Néologisme de langue

Lorsqu'un grand nombre d'individu dans une société donnée, fait usage d'une nouvelle forme de langue par l'utilisation des lexies nouvelles diffusées socialement, on parle alors de néologisme de langue. Ce sont des lexies non attestées mais qui certainement auraient pu être intégrer dans la lexicographie. Sont appelés alors, néologismes de langue, toutes les éventualités permises par le système linguistique français.

11 DUBOIS J. et al, 2002, op. cit. p. 322

12 ADACI S. (2008), La néologie journalistique : Analyse des néologismes de la presse écrite francophone (Le cas du Quotidien d'Oran), mémoire de magistère, Université de Constantine1, p.37.

8

3.2. Néologisme de discours

Toute production lexicale émise dans une situation donnée par un locuteur, émane d'un discours néologique. ADACI S.13 affirme que MORTUREUX soutient l'idée que les néologismes sont créés dans l'usage spécifique de la langue, elle note « c'est dans le discours que naissent les néologismes », ces unités linguistiques récentes se manifestent en effet, dans les divers énoncés produits par les locuteurs.

II. Classement et typologie de néologismes

1. Classement des néologismes

La créativité lexicale relève du domaine de la néologie en tant que processus de formation lexicale et prouve le dynamisme de chaque langue : «Une théorie de la néologie doit rendre compte du fait d'évidence que la création lexicale est un élément permanent de l'activité langagière» (Guilbert L. 1975), (cité par D. DINC). Le néologisme ne peut se dissocier de la langue, il est ancré dans ses particules linguistiques les plus formelles, car il use de ces dernières pour former des nouveaux procédés de création lexicale.

En dépit de diverses typologies préexistantes, les néologues repartissent généralement les procédés de formation comme suit :

1.1. Néologie de forme (formelle)

Encore connue sous d'autres appellations (néologie flexionnelle, lexicale ou morphologique), la néologie de forme « est la formation de mots qui n'existaient pas auparavant, principalement obtenus par dérivation ou composition » J.-F SABLAYROLLES, autrement c'est l'adoption des nouveaux termes dans une langue à travers un mécanisme d'emprunt ou de fabrication de nouvelles unités lexicales. La formation de nouvelles lexies peut survenir à l'intérieur d'une même langue en se basant sur des mots déjà existant. Les procédés de formation de la néologie formelle, les plus prolifiques sont les procédés morphologiques (préfixation, suffixation, troncation, siglaison, etc.). Nous pouvons donner comme exemples :

? Le mot, déconnecter [?ek?n?k?e], formé par l'adjonction du préfixe de- au verbe connecter.

13 ADACI S. 2008, op. cit. p.37

9

? L'adjonction du suffixe -eur à l'adjectif/nom douce pour former le mot douceur [?usoe?]

? L'abrégement du nom faculté [fakyl?e], pour obtenir la troncation fac.

? La fabrication des sigles (siglaison), à partir des lettres initiales d'un syntagme, avion (appareil volant imitant l'oiseau naturel).

Ces procédés peuvent souvent s'associer et ainsi former des mots par siglaison et suffixation tels que cégétiste ; onusien (respectivement CGT et ONU)14. Excepté, ces procédés morphologiques, d'autres moyens sont appliqués pour la formation de nouvelles unités lexicales.

1.2. Néologie de sens (sémantique)

Unités lexicales préexistantes dans une langue et auxquelles on ajoute une nouvelle acception. C'est l'adjonction d'un nouveau sens « inédit » par apport aux sens répertoriés d'un mot donné « Il s'agit de néologie quand un mot déjà existant dans une langue ajoute un autre sens » (SABLAYROLLES 2000: 150)15.

Prenons, par exemple le mot « handicap » (déficience physique ou mentale), qui a acquis un nouveau sens de « difficulté, obstacle».

1.3. L'emprunt

1.3.1. Définition de l'emprunt

L'emprunt est mot étranger utilisé dans une autre langue. Le dictionnaire de linguistique et des sciences du langage DUBOIS et al., définit l'emprunt comme suit : « il y a emprunt linguistique quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et qu'A ne possédait pas ; l'unité ou le trait emprunté sont eux-mêmes qualifiés d'emprunts »16, ce qui veut dire que toute lexie nouvelle, provenant d'une langue B (source), et intégrée dans une langue A (emprunteuse), est considérée comme un emprunt linguistique. Dès lors, qu'une lexie fait apparition dans le lexique d'une langue cible, le terme d'emprunt lui est alors octroyé, ce que soutien F. NEUVEU :

14 https://www.espacefrancais.com/la-neologie/. Consulté le 19/02/2021.

15 DINC D., La néologie et ses mécanismes de création lexicale ( studylibfr.com), consulté, le 20/02/2021.

16 DUBOIS J. et al, 2002, op. cit. p. 177

10

« Le terme d'emprunt désigne un processus selon lequel une langue acquiert une unité lexicale intégrée au lexique d'une autre langue. L'étendue temporelle de ce processus est très variable et se trouve déterminée, comme le souligne Josette Rey-Debove (La Linguistique du signe, 1998), par la codification plus ou moins rapide d'un fait de discours dans la langue. Le terme d'emprunt a une valeur très large en lexicologie. Elle couvre celle de xénisme (première étape de l'emprunt, correspondant à l'usage d'un mot d'une autre langue exprimant une réalité étrangère à la culture de la langue d'accueil, ou une réalité qui sans lui être étrangère ne fait pas l'objet d'une dénomination spécifique : ex. apartheid, apparatchik). Elle couvre également celle de calque (emprunt résultant généralement d'une traduction littérale : ex. gratte-ciel, calque de l'anglais skyscraper). »17

En tant que procédé externe d'enrichissement linguistique « l'emprunt consiste à importer dans une langue cible des mots appartenant à une langue source. Considérée la solution la plus commode pour remplir les lacunes lexicales d'une langue, il est favorisé par des facteurs extralinguistiques tels que le voisinage, les rapports économiques, politiques et culturels de deux ou plusieurs communautés. »18 En outre l'emprunt se focalise sur les rapports politico-économiques et socio-culturels entre des communautés linguistiques afin de combler les points faibles d'une langue. Emprunter est donc un moyen d'enrichir les langues, mais dans toute société il est soumis à un ensemble de forces sociales motivées par plusieurs facteurs, dont les échanges socio-économiques, les médias, la volonté des pouvoirs publics d'intervenir, l'apprentissage et la formation, les attitudes des locuteurs envers les langues, etc.19

1.3.2. Typologie d'emprunts

À travers les années et les siècles, les langues ont évolué et le lexique qui les compose a subi des changements parfois inspirés de concepts de langues voisines. En fait, les vocables passent d'une langue à une autre selon la mode, les inter-communautés, les guerres, le commerce et l'histoire. Par conséquent, nous utilisons tous les jours dans nos conversations quotidiennes des emprunts sans s'en rendre compte. Ainsi, à partir de nos lectures à travers différents auteurs et théoriciens, nous avons rencontré un nombre assez important d'emprunts, en vue de la simplification du

17 NEVEU F, Dictionnaire des sciences du langage, Armand-Colin, Paris, 2004, p. 222

18 DINC D., 2008, op. cit. p.6

19 www.axl.cefan.ulaval.ca. Consulté le 15/04/2021

11

processus, nous allons nous en tenir à trois types par Mme YETTOU N.20, selon l'emprunt du sens ; de la forme ou de la traduction : l'emprunt lexical ; l'emprunt sémantique et le calque.

1.3.2.1. L'emprunt lexical

La lexie est complètement transférée. La forme et la signification des mots sont empruntées. L'emprunt lexical est principalement lié à la lexie, dans sa relation formelle significative. Exemple: «coach», personne chargée d'entraîner une équipe ou un athlète, emprunté au mot anglais «coach», signifie également entraîneur. Le mot a certainement conservé la même orthographe et la même signification, mais il a subi des changements phonétiques importants. La langue emprunteuse, s'approprie le mot emprunté en y apportant des ajustements plus ou moins importants quant à la forme et à la signification des emprunts lexicaux, lesquels comportent trois sous-catégories.

? L'emprunt non intégré (non assimilé)

Sa forme reste proche de la phonéticité de la langue prêteuse et son orthographe originale est préservée, bien sûr lorsque les deux systèmes alphabétiques sont identiques, parfois avec une adaptation phonétique relative: ex: impresario (italien) - fiesta (espagnol) - hand-ball (allemand). Les lexies qui semblent encore totalement étrangères sont celles qui n'ont pas été complètement assimilée par la langue, soit parce que leur prononciation reste trop éloignée des coutumes phonétiques et graphiques françaises, soit parce qu'elles sont trop rares ou limitées: par exemple moudjahidin (arabe) - geisha (japonais) - tchador (iranien).

? L'emprunt intégré (assimilé)

Les mots sont susceptibles d'être ajustés phonétiquement ou graphiquement, tant que les systèmes phonologiques des différentes langues coïncident rarement. L'exemple ci-dessus, tiré de l'arabe [qahwa], peut expliquer ce fait. Le système de langue française diffère de l'arabe, qui ignore tout du [q] et du [h], il est obligé d'adapter les emprunts à son système réceptif. Le [q] a été remplacé par [k] par le système français, relativement proche de son pour les non formés ([q] pouvant passer pour un allophone de /k/ en

20 Mme YETTOU N. (2013). La néologie dans le journal El Watan, étude lexicosémantique. Mémoire de

magistère. Université EL HADJ LAKHDAR Batna. http://theses.univ-
batna.dz/index.php/component/docman/doc_view/3665-laneologie-dans-le-journal-el-watan-etude-lexicosemantique. pp.70-76. Consulté, le 21 février 2021.

12

français, mais pas en arabe). De son côté le [h], est complètement et simplement rejeté, car il n'existe pas de quasi-phonèmes en français.

? Le xénisme

Selon le Trésor de la Langue Française informatisé, le « xénisme est un subst. masc. introduction de mots étrangers dans une langue donnée, sans altération de la graphie, sans les marques de genre et de nombre de la langue-hôte »21

Le xénisme est une lexie ou un énoncé emprunté à une langue étrangère sans aucune modification ni traduction. Le terme d'emprunt ne sera employé qu'une fois le vocable intronisé dans la lexicographie ou lors de son intégration à la culture d'adoption. C'est sont des réalités qui n'ont pas de correspondant dans la langue du locuteur français, ils sont volontairement intégrés par lui à son élocution comme témoins du cadre étranger22.

1.3.2.2. L'emprunt sémantique

L'emprunt sémantique est une lexie française qui prend une nouvelle signification sous l'influence de l'anglais. Généralement, le mot français et le mot anglais ont tendance à avoir la même forme ou une forme similaire, par exemple: l'adjectif portable a reçu le sens de «portatif» de l'anglais, (ordinateur portable et un téléphone mobile), « to realize » d'où le verbe « réaliser » a acquis le sens de (se rendre compte de quelque chose). Parfois, un mot français prend le sens de son équivalent anglais « souris » en informatique reprend le sens de l'anglais « mouse ».

Comme emprunt sémantique, nous pouvons citer quelques exemples :

- Avoir les bleus [to have the blues];

- Ce n'est pas ma tasse de thé [it's not my cup of tea];

- Gratte-ciel [skyscraper];

- Gouvernement [administration].

21 Trésor de la Langue Française informatisé, TLFi ( atilf.fr). Consulté le 28/05/2021

22 GUILBERT L., La créativité lexicale, coll. Langue et langage, Ed. Larousse, 1975, p.92.

13

1.3.2.3. Le calque

Par conséquence de l'influence d'une langue étrangère, on parle de calque lorsqu'on attribue une nouvelle signification à un contenu d'une forme déjà existante. Par exemple le cas des mots : « habit de lumière », emprunté à l'espagnol « traje de luz », « pot-pourri », de l'espagnol « olla-podrida » ou encore le mot « marie-jeanne » de l'espagnol « marihuana ». GAUDIN et GUESPIN23, attestent qu'on parle de calque lorsque des locuteurs utilisent, dans une langue cible, un signifiant qui existe en lui attribuant un signifié nouveau, par emprunt d'une valeur sémantique présente dans une langue source, ou quand un signe emprunté est intégré formellement par une traduction littérale. Il y a alors transposition d'un mot ou d'une construction d'une langue dans une autre, par traduction. Ils repartissent deux types de calques :

? Le calque formel

? Le calque sémantique

1.3.3. Schéma récapitulatif des types d'emprunts linguistiques24

Emprunt intégré Emprunt non intégré Xénisme calque sémantique calque formel

ou ou

assimilé non assimilé

Emprunt lexical Emprunt sémantique Calque

(Transfert de forme et du sens) (Transfert du sens uniquement) (Traduction de forme ou du sens)

(Transfert d'une forme et/ou d'un sens)

Emprunt linguistique

Schéma 1

23 GAUDIN. F et GUESPIN. L., Initiation à la lexicologie française : de la néologie aux dictionnaires, Coll. Champs linguistiques. 1re édition. 2e tirage, Édition Duclot, 2002, p. 298

24 Mme YETTOU Naïma., 2013, op. cit. p.77

14

2. Typologie de Jean François SABLAYROLLES 2.1. Les matrices internes

2.1.1. Les matrices morphosémantiques

La préfixation ; la suffixation ; la dérivation inverse (ou régressive) ; les parasynthétiques ; la flexion ; la composition ; les synapsies ; la composition savante ; l'hybride ; les mots valises ; la compocation ; les onomatopées ; la paronymie ; les fausses coupes.

2.1.2. Les matrices syntactico-sémantiques

La conversion ; la conversion verticale ; la déflexivation ; la néologie combinatoire (la combinatoire syntaxique et la combinatoire lexicale) ; les extensions de sens ; les restrictions de sens ; la métaphore ; la métonymie ; autres figures.

2.1.3. Les matrices morphologiques

La troncation ; la siglaison ; les acronymes.

2.1.4. La matrice pragmatico-sémantique

Le détournement.

2.2. La matrice externe

L'emprunt.

III. Les procédés de formation des néologismes

1. Les matrices internes

1.1. Construction

1.1.1. Affixation

a. La préfixation

Le préfixe est un ensemble de lettres (affixes), placées avant un mot appelé racine ou radical, ce qui implique la formation d'un nouveau mot et la modification du sens du mot de base.

15

Prenons par exemple le radical « scolaire » auquel nous allons ajouter le préfixe « pré », nous obtenons ainsi le nouveau mot « préscolaire », lequel donne le sens contraire du mot de base « scolaire ». L'adjonction du préfixe « pré » a alors modifié le sens du radical.

b. La suffixation

La suffixation est l'adjonction d'un affixe à un radical ou mot de base pour la formation d'un mot nouveau. De ce fait, le suffixe peut changer la nature grammaticale du mot de base et en modifier le sens.

Si l'on ajoute le suffixe « âtre » au radical « jaune », un nouveau mot se forme «jaunâtre » donnant un nouveau sens (qui tire sur le jaune) au mot ainsi obtenu. Outre la nouvelle acception du mot obtenu, nous avons par ailleurs, à partir d'un nom commun, recueilli un adjectif qualificatif.

c. La dérivation inverse

Consiste à former des mots simples à partir des mots plus longs en supprimant des affixes (préfixe ou suffixe), d'une lexie déjà existante dans la langue.

? Accorder = accord

d. Les parasynthétiques

Action qui constitue à la fois en l'ajout d'un préfixe et d'un suffixe simultanément à un radical. Le mot ainsi obtenu résulte d'une autre catégorie grammaticale.

? Courage = encourager

e. La flexion

Modification linguistique d'un radical sous une forme flexionnelle. Nous avons affaire alors à des variations et non à des créations lexicales. Notons que SABLAYROLLES caractérise deux types de flexions :

16

Le premier types réside dans « la fabrication ou réfection analogique (volontaire ou involontaire) de formes «normale» pour les verbes défectifs ou irréguliers : ils closirent, ils acquériront, et un plus inattendu ils aisseront («ils essaieront»), etc. »25

Tandis que « l'autre type a trait à des changements de genre, surtout la création de substantifs féminins pour des activités, professions pour lesquelles seule une appellation masculine était disponible, et un exemple un peu isolé de la création d'un adjectif masculin tiré de la forme féminine : gladiatrice... »26

1.1.2. La composition

f. La composition

C'est la juxtaposition de deux unités lexicales libres pour former un mot à partir d'autres éléments. L'une des unités combinées peut résulter d'une composition préalable.

Les mots composés peuvent se combiner comme suit :

? En deux mots séparés par un trait d'union ;

? En deux mots séparés par un espace ;

? En deux mots collés.

Exemple : un casse-tête ; bleu ciel ; hydroélectricité.

g. Les synapsies ou composé par particule

Unités lexicales composées de plusieurs lexies autonomes reliées par des prépositions.

? Chemin de fer

h. La composition savante

C'est la combinaison de particule radicale avec l'addition possible d'un suffixe (grec ou latin). La plupart des mots composés de la langue française sont issu des emprunts aux langues anciennes telles que le grec et le latin. Appelés aussi quasi-

25 SABLAYROLLES J.-F., La néologie en français contemporain : Examen du concept et analyse de

productions néologiques récentes, Collection LEXICA Honoré Champion, Paris, 2000, p.219.

26 ibidem

17

morphèmes et pseudo-morphèmes, ceux-ci forment des mots savants et ou de spécialités (médicaux ; techniques ; scientifiques ; philosophiques etc.).

? Anthropologie ; homicide ; topographie...

i. La composition hybride

C'est le métissage des lexies de deux langues différentes, l'une locale et l'autre étrangère.

? Hypercorrection ; bronzing

j. Les mots-valises

C'est le résultat d'une opération de télescopage qui s'opère en fusionnant plusieurs lexies (généralement deux), par la combinaison du début d'un mot et la fin d'un autre ou de deux parties de deux mots différentes, afin de fusionner en une seule lexie deux mots préexistants.

? Informatique = information + automatique

k. La compocation

1.2. Imitation et déformation

l. Les onomatopées

Formation de lexies par imitation d'un son ; un bruit ou un cri des réalités extralinguistiques. Les mots créés sont censés évoquer la chose ou l'être que l'on veut ainsi nommer.

? ding-dong ; paf ; bam

m. La paronymie

La paronymie est un procédé qui affecte la graphie et la sonorité des lexies. C'est la déformation de la forme concrète d'un mot par reproduction d'une mauvaise transcription de manière consciente ou inconsciente.

? Illusion au lieu de « allusion »

18

n. Les fausses coupes

Il s'agit d'une transformation ordinaire de lexies mal analysées quant à leurs morphèmes. En d'autres mots, c'est une erreur de découpage inattendue entre les différents morphèmes. Cela dit, la fausse coupe peut être involontaire ou parfois voulue.

? Aux ados ozado ; [le]zenfant les enfants

Plus précisément, selon ROGER BERNARD27, L'on appelle fausse coupure le phénomène qui consiste à séparer par une analyse différente de l'analyse structurelle un mot unitaire. C'est ce que l'on constate, par exemple, lorsque le vieux français m'amie (= mon amie) est devenu ma mie, ou lorsque l'anglais a napron (du vieux français naperon, dérivé de ïàðå, en français moderne nappe) est devenu an apron « un tablier

».

o. Le verlan

C'est la création des mots argotiques à partir des procédés formels. Le verlan, ne consiste pas seulement en la permutation des syllabes, il peut aussi se porter sur l'inversion des phonèmes ou des lettres normalement non prononcées.

? Reuf frère ; zic musique

1.3. Changement de fonction

p. La conversion

C'est le processus de formation de mots par lequel une lexie déjà existante se voit attribuer une catégorie grammaticale différente de celle originelle. Cette transcatégorisation, s'effectue sans changement de signifiant du mot initial.

? Les pourquoi et les comment (des adverbes transformés en noms communs)

? Le pour et le contre (prépositions en noms communs)

27 Bernard Roger. Observations sur le N résultant d'un phénomène de fausse coupure en bulgare. In: Revue des études slaves, tome 64, fascicule 3, 1992. p.527.

19

q. La déflexivation

C'est une opération permettant la construction d'unités lexicales (noms ou adjectifs) à partir de formes fléchies (infinitifs et participes)28. Par exemple, « le dîner »

r. La combinatoire syntaxique

C'est la modification des constructions syntaxiques conventionnelles : la construction intransitive d'un verbe ayant normalement un complément, l'emploi transitif d'un verbe intransitif, la construction personnelle des verbes défectifs...etc., relèvent de la néologie29.

? Ça bouge

s. La combinatoire lexicale

Ce procédé permet de combiner des unités lexicales qui ne s'emploient pas ensemble. Le locuteur dans ce cas innove en utilisant des mots autres que ceux normalement attendus30.

? La prise de train31

t. Extensions et restrictions de sens 1. Extensions de sens

Le passage du signifiant d'une lexie à une nouvelle, peut résulter d'un emploi plus étendu et ainsi entrainer l'élargissement de son sens. Les nouvelles unités significatives qui s'ajoutent à la lexie vont alors designer plus d'objets et ainsi restreindre et appauvrir son sens.

? Allumer [I- mettre le feu à. Allumer du bois sec, la mèche d'un

explosif. Par ext. Allumer le feu, le faire. ; II- (lumière) rendre lumineux en enflammant, ou par l'électricité (courant, pile). Allumer les bougies. Allumer un lampadaire, une lampe de poche. Par ext. Allumer la lumière.]32

28 ADACI S. 2008, op. cit. p.42

29 Ibidem

30 Ibidem

31 Ibidem

32 https://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/polysemie.htm#_ftn8. Consulté le 28-05-2021.

20

2. Restrictions de sens

Ce procédé permet l'enrichissement et la spécialisation de la lexie en élargissant son usage. L'élargissement du sens de la lexie va entrainer une signification plus étroite et moins étendue de son emploi.

? Homme [1- « être humain » ; 2- « être humain de sexe

masculin », « homme » étant le sens générique qui se rapporte à « humain » exprime la signification de base, la restriction de sens étant le résultat de l'addition du trait de sens spécifique « de sexe masculin ».]33

1.4. Changement de sens

u. La métaphore

C'est un procédé qui consiste à employer des termes pour désigner une idée « le coucher du soleil »34 par d'autres termes « l'or du soir ». De ce fait, il s'agit d'assigner de nouvelles significations à des lexies déjà existantes dans la langue35. Ainsi, SABLAYROLLES précise qu'« une lexie est utilisée pour dénommer un nouveau référent qui présente des similitudes avec celui qu'elle dénommait primitivement »36.

v. La métonymie

La métonymie exprime une réalité au détriment d'une autre par glissement de sens. Autrement, elle représente le tout par la partie. Avec cette figure de style « il y a un rapport de contiguïté entre le signifié originellement dénommé et le second »37. Ce procédé établit des relations distinctes : la partie et le tout ; l'objet et sa matière ; le contenu et le contenant ; le lieu et l'activité ; l'effet et la cause etc.

? Les quatre coins la maison.

w. Autres

33 https://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/polysemie.htm#_ftn8. Consulté le 28-05-2021.

35 ADACI S. 2008, op. cit. p.43

34 Terme employé par Victor Hugo dans son poème « demain dès l'aube..., 1856 »

36 SABLAYROLLES J.-F., La néologie en français contemporain : Examen du concept et analyse de productions néologiques récentes, Collection LEXICA Honoré Champion, Paris, 2000, p.228.

37 Ibidem

21

1.5. Réduction de la forme

x. La troncation, l'apocope, l'aphérèse

La troncation est le procédé qui consiste en la suppression d'une ou de plusieurs syllabes à l'initial ou en fin de mots. Généralement, la troncation survient à la fin d'un mot fac[ulté], et rarement l'initial [auto]bus.

Dans plusieurs cas, nous assistons à une finale en -o qui s'ajoute à la troncation :

? dict[ionnaire] dico ; apér[itif] apéro ; mécan[icien] mécano

? L'apocope : auto pour automobile ? L'aphérèse : blème pour problème

y. La siglaison

C'est la réduction d'un mot à la suite des initiales des lexies qui le composent. Nous distinguons d'après leur prononciation les sigles et les acronymes.

y.a. Les sigles

Les sigles sont une succession d'initiales articulés avec les noms des lettres.

? C.E.P [ceEpe] = « certificat d'étude primaire »

y.a. Les acronymes

Les acronymes sont une succession d'initiales articulés comme un mot ordinaire.

? D.O.M.-T.O.M. (les) [domtom] « les départements d'outre-mer et territoires d'outre-mer.

z. Le détournement

C'est une association d'éléments figés et nouveaux au sein d'une unité linguistique. Mais, sauf dans les cas de détournements purement ludiques et sémantiquement gratuits, la mise en relation de la lexie nouvelle avec la lexie détournée est nécessaire à sa bonne interprétation. Cela exige une compétence lexicale et culturelle partagée sous peine d'incompréhension38.

38 SABLAYROLLES J-F. « Fondements théoriques des difficultés pratiques du traitement des néologismes », Revue française de linguistique appliquée, 2002/1 (Vol. VII), p.104.

22

Cette néologie consiste à faire du neuf avec du vieux39 par contre on repère parfois des détournements de citations anciennes, peu connues ou oubliées qui risquent de ne pas être identifiées par tout le monde, et donc interprétées de manière satisfaisante40.

Quant à MORTUREUX41, il s'agit d'une manipulation d'expressions figées : « en commutant un seul élément d'une de ces expressions, on obtient une phrase dont la valeur en discours repose sur l'actualisation simultanée du sens de l'expression figée et du sens de l'expression obtenue par manipulation ».

? Sauver le soldat Moubarak42. [Sauver le soldat Rayan]

2. La matrice externe aa. L'emprunt

D'après GAUDIN et GUESPIN : « on parle d'emprunt quand un signe s'installe dans un système linguistique en étant emprunté à un autre, sans subir de modifications formelles »43. La néologie par emprunt selon L. GUILBERT44, « consiste [...] non dans la création du signe mais dans son adoption ».

? Easy, meskine, wallah, crush.

Précisons que dans notre corpus, nous avons recensé des néologismes créés en combinant deux ou plusieurs procédés de formation. Il est dans ce cas question d'une successivité et non simultanéité des opérations45.

Dans le tableau récapitulatif ci-dessous sont présentées les matrices lexicogéniques proposées par SABLAROLLES J-F46.

39 SABLAYROLLES J-F., 2002, op. cit. p.104.

40 Ibidem.

41 ADACI S. 2008, op. cit. p.44.

42 Mme YETTOU N., 2013, op. cit. p.45.

43 GAUDIN F., GUESPIN L., (2000), Initiation A La Lexicologie Française, De La Néologie Aux Dictionnaires, Bruxelles, Ducolot. p.295

44 GUILBERT L., (1975), La Créativité Lexicale, Larousse. p.92

45 ADACI S. 2008, op. cit. p.44

46 SABLAYROLLES J.-F., La néologie en français contemporain : Examen du concept et analyse de productions néologiques récentes, Collection LEXICA Honoré Champion, Paris, 2000, p.262.

23

syntactico-sémantiques

Affixation

a. préfixation

 
 
 

e. flexion

Tableau n°1 : Les matrices lexicogéniques

morpho-sémantiques

morphologiques

réduction de la forme

m a t

r i

c e

s

i

n

t e

r n e

s

construction

Composition

imitation et déformationLI

changement de

fonction

changement de

sens

f. composition

g. synapsie

h. composition savante

i. composition hybride

j. mot valise

k. compocation

l. onomatopée

m. paronymie

n. fausse coupe

o. verlanLI

p. conversion

q. déflexivation

r. combinatoire syntaxique

s. combinatoire lexicale

t. Extens° et restrict° sens

u. métaphore

v. métonymie

w. autres

x. troncation

y. siglaison/acronyme

pragmatique

matrices externe

z. détournement

emprunt

24

Conclusion

Le langage humain est une recréation des combinaisons du sens et de la forme d'éléments nouveaux, pouvant ainsi générer une nouvelle nomenclature du lexique selon la conjoncture diachronique et synchronique. Face à la technologie et au sentiment de rénovation, une langue ne peut qu'évoluer et se renouveler, mais dans son hétérogénéité, elle se doit d'éviter la corruption que peuvent engendrer les innombrables créativités volatiles auxquelles elle est confrontée. En effet, le contact permanent entre les individus à travers les échanges linguistiques et l'harmonisation socioculturelle, engendre un taux considérable de phénomènes linguistiques comme les néologismes, lesquels méritent une attention particulière et minutieuse.

Le traitement des néologismes est une tâche hardie qui présente des difficultés théoriques liées à la définition du statut de néologisme. Cette notion de néologisme, varie suivant la nature ; la fonctionnalité ; et la pertinence des lexies. Qu'elles soient un néologisme de langue ou de discours, des unités créées selon la norme ou pas, des créations formelles ou sémantiques, les créativités lexicales, participent à l'enrichissement de la langue. Le plus important c'est de les étudier et les contrôler.

L'emprunt constitue également un procédé d'enrichissement des langues, par ailleurs, dans chaque société, il est régi par l'influence de divers facteurs d'une tactique d'acteurs sociales (échanges socio-économiques, l'importance des médias, la volonté d'intervention des pouvoirs publics, les moyens d'apprentissage et de formation, les attitudes des locuteurs à l'égard des langues, etc.)47. D'après cette remarque, les conséquences des emprunts peuvent paraître dissemblables. Ils sont acceptés facilement ou au contraire avec de fortes réticences; ils s'intégreront rapidement ou lentement, ou demeureront intacts dans la langue d'arrivée48.

En outre, l'emprunt linguistique est un phénomène tout à fait normal et universel résultant des contacts des cultures et dont se servent les langues pour élargir leur vocabulaire.

47

www.axl.cefan.ulaval.ca . Consulté le 15/04/2021

48 ibidem

25

CHAPITRE II

ÉTUDE LEXICO-SÉMANTIQUE ET CORPUS

I. La lexicologie et la sémantique

« Un mot neuf vous réveille plus que des sons, et fait vibrer chez vous la fibre inconnue. Quand une idée pourra être exprimée par un mot, ne souffrez jamais qu'elle le soit par une phrase.»

L. S. MERCIER

Introduction

Dans cette deuxième partie de notre recherche, il est question d'exposer les disciplines responsables de l'analyse des mots et des phrases. Il s'agit notamment de la lexicologie qui va s'intéresser aux structures du lexique de la langue et de la sémantique qui en analysera le sens. Outre ces disciplines, nous essayerons de concrétiser notre corpus ; de l'analyser et de l'interpréter.

D'une part, nous allons non seulement décrire notre questionnaire mais aussi expliciter notre grille d'analyse. D'autre part, nous évoquerons le vif de notre recherche, autrement, l'analyse des nouvelles lexies collectées (néologismes).

1. La lexicologie

Le dictionnaire de l'académie française, définit la lexicologie comme suit :

« XVIIIe siècle. Composé de lexico-, tiré du grec lexikos, « qui concerne les mots », et de -logie, tiré du grec logos, « discours, traité ». Étude du vocabulaire, des mots et des locutions, considérés dans leur forme, leur histoire, leurs combinaisons à l'intérieur de la langue. »49

La lexicologie est typiquement l'étude de l'acception des unités sur lesquelles se fonde le lexique d'une langue. Cette discipline se donne pour objet, l'analyse des mots ; leur nature ; leur étymologie et touche également aux liens systémiques (particulièrement la sémantique) qui les déterminent.

49 LEXICOLOGIE : Définition de LEXICOLOGIE ( cnrtl.fr). Consulté le 18/04/2021.

27

Par suite, selon DUBOIS J. et al, dans le dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, « la lexicologie est l'étude du lexique, du vocabulaire d'une langue, dans ses relations avec les autres composants de la langue, phonologique et surtout syntaxique, et avec les facteurs sociaux, culturels et psychologiques. »50.

L'apprentissage du vocabulaire se réfère non seulement aux mots simples sous tous leurs aspects, mais aussi aux mots complexes et aux mots composés, unités de sens du langage. Étant donné que ces unités doivent être analysées à la fois sous leur forme et dans leur sens, la lexicographie est basée sur des informations issues de la morphologie, étudiant les formes des mots et leurs composants, et la sémantique, en étudiant leur signification. Le troisième domaine d'intérêt particulier dans les études lexicales est l'étymologie, l'étude de l'origine des mots. Par contre, la lexicologie ne doit pas être confondue avec la lexicographie qui est l'écriture ou la compilation de dictionnaires, qui est une technique spécifique plutôt qu'un niveau de recherche linguistique.51

2. La sémantique

La sémantique a toujours été définie selon son objet d'analyse. De ce fait, les sémanticiens se sont entendus du fait que ce concept qu'est la sémantique est l'étude du sens. Par conséquent, la notion de sens n'a pas été délimitée.

Prenons comme exemples ces définitions tirées de « survol historique de la sémantique » de (TAMBA Irène 2005)52 :

a- Lyons : 1978 : la sémantique est l'étude du sens. Chez Lyon l'objet d'analyse est trop vaste on ne peut vraiment pas délimiter les disciplines qui y interviendraient : sémantico-pragmatique ; philosophico-logique ; psycho-sociologique.

b- Guiraud : 1955 : la sémantique est l'étude du sens des mots. Chez Guiraud paradoxalement l'objet d'analyse est trop restreint : une sémantique lexicale = analyse des mots simples (équivalence).

c- Lerat : 1983 : la sémantique est l'étude du sens des mots, des phrases et des énoncés. La pragma-sémantique inclut un niveau de structuration lexicale ; un niveau de structuration grammaticale et un niveau pragmatique.

50 DUBOIS J. et al, Dictionnaire de Linguistique et des Sciences du Langage, Larousse-Bordas/ VUEF, 2002, p. 281.

51 Apprendre la lexicologie: l'étude du lexique ( greelane.com) Consulté le 19/04/2021.

52 Survol historique de la sémantique ( studylibfr.com). Consulté le 18/04/2021.

28

L'acception qu'un mot peut avoir, résulte des contextes : culturel (le mot est un élément d'une langue qui a ses propres codes de définition du monde.) ; syntaxique (un mot est associé à un groupe de mots qui affectent sa signification dans une phrase.) ; stylistique (un mot peut révéler différentes significations en fonction de son utilisation. Les concepts de sens abstrait, de sens pictural et de polysémie y font référence).

D'après, Georges Mounin53, chaque mot a sa propre signification. Mais l'usage ne lui attribue pas toujours ce sens propre et primitif, qui est en combinaison avec le sens des divers éléments et le sens de la racine. Au fur et à mesure que les formes changent, les sens changent aussi; change à l'infini, resserre, améliore, nuance; Les mots ont des significations figuratives ainsi que leur vraie signification, souvent attachées à eux par des fils invisibles, et cela ne peut que révéler une analyse approfondie. Cette analyse est l'objet de la science grammaticale que nous appelons sémantique; Le mot sémasiologie a également été suggéré.

II. Critères de sélection des unités néologiques

1. Le critère lexicographique

Tout d'abord, il est impératif de donner une définition à ce vocable qu'est la lexicographie. Il s'agirait d' « une technique rédactionnelle des dictionnaires. Le mot lexicographie composé des éléments lexico-, du grec ëåîéêï ìí (lexique) et -graphie (graphe). Ces mots, qui, d'après l'étymologie, expriment l'étude des règles à suivre dans la composition des dictionnaires, ont été employés par quelques grammairiens pour désigner la première partie de la grammaire, celle qui traite des mots considérés en eux-mêmes, de leurs différentes espèces, de leurs modifications ou inflexions. »54

Dans la mesure où la lexicographie a pour objectif la réalisation des dictionnaires, notamment des ouvrages pratiques à la portée de tout type de public. Il est donc primordial de consulter un nombre exhaustif d'ouvrages et de dictionnaires français à usage courant pour déterminer le caractère néologique ou non néologique d'une unité linguistique55, car ceux-ci ne reproduisent pas exactement le répertoire linguistique.

53 Georges Mounin, La sémantique, Payot, 2010. http://www.cosmovisions.com/semantique.htm. Consulté le 02/05/2021.

54 La lexicographie - EspaceFrancais.com. Consulté le 29/04/2021.

55 ADACI S., 2008, op. cit. p.25.

29

De ce fait, SABLAYROLLES56, soutient qu'il est important de « se référer à des dictionnaires d'usage courant, remis à jour régulièrement et contemporains des énoncés sur lesquels on effectue le relevé, tout en gardant en tête leur imperfection et leur retard dans l'introduction de nouvelles unités dans leur nomenclature ».

2. Le sentiment néologique

Il est difficile, voire quasi impossible pour un individu ne possédant pas les connaissances requises ou assez larges en lexicologie, de repérer un néologisme. Certains, par manque de savoir et de culture générale, attribuent à leur incompétence lexicale, les lexies auxquelles ils se confrontent pour la première fois. C'est pourquoi, SABLAYROLLES affirme que « l'identification des néologismes est en grande partie liée aux compétences lexicologiques, qui connaissent des grands écarts socioculturels ».57

Il avance ainsi « plus on est instruit et cultivé, plus on est apte à reconnaître ce qui n'est pas attesté conventionnellement : on développe une sorte d'intuition lexicologique qui permet de décider - non sans risque d'erreurs bien sûr - si une lexie rencontrée pour la première fois est un mot existant dont on ignorait accidentellement l'existence ou si c'est une création ».58

En ce qui nous concerne, nous avons déjà conscience d'un nombre exhaustif de néologismes dont font usage nos enquêtés et nous avons également connaissance de l'intégration de quelques-uns dans les dictionnaires, et qui par conséquent ne font plus office de néologismes. Nous avons aussi remarqué que, certains enquêtés ne font pas la différence entre les néologismes déjà attestés et les nouvelles créations lexicales. De ce fait, nous avons collecté un nombre important des néologismes qui existent dans la nomenclature lexicographique.

56 ADACI S., 2008, op. cit. p.25.

57 SABLAYROLLES J-F., 2002, op. cit. p.104.

58 Ibidem

30

3. méthodologie de la collecte du corpus

Le corpus de ce travail de recherche est basé sur des néologismes collectés chez les étudiants francophones étrangers des universités de Constantine. Les données recueillies ont été saisies manuellement et individuellement. Bien que cette méthode aboutit à des résultats nécessairement limités, étant donné la très faible proportion de productions qu'un individu seul peut effectivement dépouiller59 mais l'intérêt réside dans l'homogénéité de la méthode60.

Les démarches que nous avons suivies durant notre recherche se présentent comme suit :

> Nous avons élaboré un questionnaire destiné aux étudiants francophones étrangers afin de collecter les lexies néologiques.

> Pour faciliter la collecte et l'organisation des néologismes, nous avons établi un tableau renfermant toutes les lexies collectées (néologiques et attestées) ;

> Nous avons consulté toutes les réponses des enquêtés afin d'écarter toute lexie qui ne fait pas objet de néologisme ;

> Un logiciel de correction étant nécessaire pour détecter tout écart à la norme, nous a permis de procédé à une deuxième lecture pour garantir l'exactitude des résultats ;

> D'une part, nous avons réalisé une révision des lexies collectées à l'aide des dictionnaires d'usage courant ; spécialisés ; d'expressions et autres ;

> D'autre part, nous allons repartir les néologismes selon les procédés de formation en nous référant à notre tableau des lexies néologiques ;

> Nous allons par la suite analyser les néologismes en nous basant sur la partie théorique (chapitre I) et aux données citées supra.

59 SABLAYROLLES J-F. « Fondements théoriques des difficultés pratiques du traitement des

néologismes », Revue française de linguistique appliquée, 2002/1 (Vol. VII), p.98.

60 Ibidem.

31

4. Corpus d'exclusion

Le corpus d'exclusion est constitué de l'ensemble des ouvrages lexicographiques, notamment, les dictionnaires de langue tels que les dictionnaires d'usage courant, dictionnaires d'usage spécialisés, dictionnaires d'expressions et autres sur lesquels va se reposer notre corpus d'exclusion. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer :

? LAROUSSE P. (1993), Dictionnaire Encyclopédique Illustré pour la Maîtrise de

la Langue Française la Culture Classique et Contemporaine, Paris Cedex.

? LAROUSSE P. et AUGÉ C. (1968), Dictionnaire Encyclopédique pour Tous, Nouveau Petit LAROUSSE, Librairie Larousse, Paris.

? Le ROBERT. (2016), Dictionnaire de Français, nouvelle édition, EDIF2000, Paris.

? Trésor de la Langue Française informatisé, TLFi ( atilf.fr).

? Dictionnaire Français En Ligne, Dictionnaire Français en ligne - Larousse.

? Dictionnaire Nouveau Larousse Illustré, Tome 4, Paris, Librairie Larousse, 2003. http://www.archive.org/details/nouveaularoussei04laro.

? Le Dictionnaire de la Zone. Tout l'argot des banlieues. (c) 2000 - 2021 Cobra le Cynique. Consulté le 02/06/2021,

? Les grands et petits dictionnaires, https://www.dictionnaires.com/verlan/. Le 27/04/2021.

32

ANALYSE DU CORPUS PREMIÈRE PARTIE

1. Déroulement et dépouillement du questionnaire

Notre recherche s'effectuera dans la wilaya de Constantine d'où son intitulé, elle concernera uniquement les étudiants étrangers francophones des différentes universités de Constantine. En effet, notre échantillon repose sur un certain nombre d'étudiants étrangers qui font recours aux créations lexicales (néologismes) dans leurs conversations quotidiennes.

Nous avons choisi cet échantillon afin d'en déterminer les causes et dégager les procédés de formation qui ont été utilisés pour former ces nouvelles lexies. Pour cela, à défaut de réaliser des enregistrements audio à cause de la pandémie COVID19, et vu notre incapacité à accéder aux cités universitaire en raison d'ordre sanitaire. Nous avons opté pour la formulation d'un questionnaire, lequel, nous a permis de conduire à bien la collecte des unités lexicales nouvelles observées chez nos enquêtés.

1.1. Identification

Pour connaître le profil de nos enquêtés, nous avons élaboré un formulaire de renseignements contenant différentes options sur (la nationalité ; le sexe ; l'âge ; le cursus scolaire).

1.1.1. Nationalité

Figure 1 : échantillon selon la nationalité

Nationalités

Malienne Nigerienne Congolaise Guinéenne

4%

32%

12%

52%

34

Dans cette figure, nous remarquons la présence de quatre nationalités ayant participé à notre recherche. Ces dernières, se répartissent comme suit : la nationalité malienne qui constitue un pourcentage de cinquante-deux pour cent (52%) prend la tête de ce classement devant la nationalité nigérienne représentée par trente-deux pour cent (32%) soit un effectif de huit (08) participants. Les autres nationalités, congolaise et guinéenne ont un taux de participation plus bas que les précédentes. Trois (03) enquêtés congolais et un (01) guinéen, ont pris part à cette enquête soit un pourcentage de douze pour cent (12%) pour le Congo et quatre pour cent (04%) pour la Guinée.

1.1.2. Le sexe

Figure 2 : échantillon selon le sexe

feminin

32%

Sexe

 

masculin

 
 

68%

 

Nous constatons que nos enquêtés font preuve d'homogénéité suite à cette figure ci-dessus, mais le taux de participation diffère selon le genre. En effet, le pourcentage de garçons est plus élevé (68%) que celui des filles qui se présentent avec seulement trente-deux pour cent (32%) soit la moitié de l'effectif.

35

1.1.3. L'âge

Figure 3 : échantillon selon l'âge

 
 
 
 

Age

 

16%

20%

 
 
 

18-20

 
 

21-25

 
 

26-30

64%

 
 

Nous avons reparti l'âge en trois tranches : de 18 à 20 ans pour les nouveaux universitaires (ayant fait un cursus normal ou non), de 21 à 25 ans et de 26 à 30 ans pour les licences ; master et doctorat. Nous avons obtenu un pourcentage de 64% pour les enquêtés âgés de 21 à 25 ans et de vingt pour cent (20%) pour ceux ayant de 18 à 20 ans. Les seize pour cent (16%) restant représentent les enquêtés de plus de 26 à 30 ans. Ce qui veut dire que le plus grand nombre des néologismes qui constituent notre corpus est fourni par des enquêtés âgés de 21 à 25 ans soit (64%) de notre échantillon.

1.1.4. Le cursus scolaire

Figure 4 : échantillon selon le cursus scolaire

 
 

Cursus scolaire

licence 1

8%

master 2

28% licence 2

12%

master 1 licence 3

16% 36%

36

Comme il a été mentionné dans le titre de cette recherche, nos enquêtés sont tous des étudiants et donc ont une certaine maîtrise de la langue française. Et comme nous pouvons le constater selon la figure ci-dessus, ces derniers ont un niveau d'instruction qui leur permet de détecter certains écarts linguistiques à la norme et aussi faire recours aux créations lexicales. Les étudiants de la troisième année licence utilisent davantage de créativités lexicales que les autres niveaux avec un pourcentage de trente-six pour cent (36%), devant ceux du master deux (2) et du master un (1) avec respectivement vingt-huit pour cent (28%) pour le M2 et seize pour cent (16%) pour le M1. Viennent ensuite la deuxième année et la première année licence avec un pourcentage de douze pour cent (12%) pour la L2 et huit pour cent (08%) pour la L1.

1.2. Répertoire linguistique

Comme nous l'avons précisé plus haut, nos enquêtés ne partagent pas la même langue maternelle, par contre nous savons qu'ils sont issus de pays d'Afrique francophone, ainsi pour connaître leurs langues maternelles, lesquelles peuvent générées des créativités lexicales, nous leur avons posé l'unique question :

? quelle est votre langue maternelle ?

La langue maternelle, est la première langue que l'on acquiert à la maison avec les parents et particulièrement avec la maman. Elle est donc apprise de façon naturelle et spontanée.

Figure 5 : langue maternelle des enquêtés

kituba

8%

Langues maternelles

soninké

tamacheq

4%

24%

songhay

12% lingala

4%

bambara

peulh 24%

4% haussa

20%

37

La langue tamasheq et le bambara constituent quarante-huit pour cent (48%) de nos enquêtés et se répartissent à part égal vingt-quatre pour cent (24%) chacune. Le haussa occupe la deuxième place avec vingt pour cent (20%) au-dessus des autres langues qui se présentent avec seulement vingt-huit pour cent (28%) de chiffrage, (songhay (12%) ; kituba (08%) ; lingala (04%) ; peulh (04%).

Nous n'avons pas jugé nécessaire de formuler une seconde question sur la connaissance des langues étant donné que notre public d'enquêtés, viennent tous de pays francophones et donc ont comme langue seconde le français. Par ailleurs, c'est la partie qui constitue l'objet de notre étude (la langue française).

1.3. Pratiques linguistiques

La tâche que nous nous sommes imposée afin d'analyser les pratiques langagières de nos enquêtés repose sur le choix linguistique de ces derniers. C'est pourquoi, les questions qui ont été posées à nos enquêtés consistent à dégager les lexies néologiques (créativités lexicales) dont ils font usage dans leur conversations quotidiennes et de savoir quelles sont les raisons qui les poussent à recourir à cette méthode (néologisme).

Ainsi, les questions se répartissent comme suit :

? Faites-vous recours aux créations lexicales (néologismes) ?

Il s'agit de savoir si les enquêtés en questions emploient des néologismes dans leurs conversations ou non. Dans le cas échéant il serait inutile de remplir le questionnaire car seuls les enquêtés qui font recours aux créations lexicales, font objet de notre étude.

? Si oui, lesquelles ?

Ceci, permettrait de recueillir toutes les lexies utilisées par nos enquêtés. Celles-ci, sont censées être des mots nouveaux (néologismes) pratiqués par les enquêtés et qui vont nous servir de corpus d'étude.

? Qu'est-ce qui vous contraint (pousse) à les employer ?

Selon cette question, l'idée est de connaître la raison de l'émission de ces lexies nouvelles dont se servent les étudiants. Est-ce dans le but de faire passer un

38

message ; par manque de compétence linguistique ou par simple jeu de mots ? De ce fait, nous avons rencontré plusieurs raisons émanant des réponses données par les enquêtés :

Pour les enquêtés (E1 ; E2 ; E3 : E16 ; E18 ; E19 ; E23 et E25), le recours aux créations lexicales rend le contenu de l'énoncé plus drôle et amusant. Ils avancent ainsi :

E1 : « pour le fun, ça permet de plaisanter entre amis ».

E2 : « [...] amusant et facile pour moi... »

E3 : « pour une communication plus amusante »

E16 : « [...] j'utilise ces mots car c'est amusant, mais des fois pour éveiller la curiosité de mon interlocuteur (pour des nouveaux mots)... »

E18 : « [...] quand il m'arrive de les utiliser, je trouve ça magnifique et très amusant »

E19 : « [...], d'un autre côté pour rendre le contenu plus drôle »

E23 : « par le simple plaisir, nous le faisons pour rigoler, souvent aussi nous le faisons juste pour avoir notre propre langage »

Pour les enquêtés (E2 ; E6 ; E7 ; E20 ; E22 ; E24 ; E25), il s'agirait d'un moyen assurant l'intercompréhension entre les amis/es et servant également d'identification entre les individus de la nouvelle génération. Cela, leur permet de rester à jour dans leur époque et simultanément de faire obstruction à la norme.

Les enquêtés (E8 ; E9 ; E11 ; E17), trouvent la création lexicale facile d'emploi « ils sont facile à employé [...] »61, et qu'il est question de mots codés que l'on communique sans qu'ils ne soient compris par les autres « c'est des mots codés la plupart de temps pigés par les initiés »62, « [...] et aussi pour pouvoir communiquer sans que les autres ne puissent comprendre ce que nous disons... »63. Et dont ils se servent pour restreindre leur cercle d'amis/es « je les utilise pour limiter mon cercle

62 Termes employés par l'enquêté « E8 »

61 Termes employés par l'enquêté « E11 »

63 Termes employés par l'enquêté « E17 »

39

d'interlocuteurs [...] »64, ce qui permettrait également une compréhension rapide « [...], et pour une compréhension rapide »65. Les enquêtés (E4 et E5), ajoutent à ces raisons :

E4 : « pour mieux passer le message. Se sentir à l'aise avec les gens. Pour passer un message clé entre nous »

E5 : « quelques fois c'est pour faire passer le message à bien, afin que mon interlocuteur me comprenne »

D'après ces enquêtés (E10 ; E13 ; E14 ; E15), la société et l'entourage ne passent pas inaperçu face aux créativités lexicales. L'une des raisons qui incitent les étudiants à faire recours aux néologismes serait le milieu côtoyé et l'influence sociale.

E10 : « le milieu et les personnes avec lesquelles je suis amené cottoyé quotidiennement »

E13 : « primo, c'est la société, mais on fait aussi recours à la comédie visionner dans les chaines de télévision »

E14 : « l'entourage, la société »

E15 : « l'évolution sociétale de la linguistique, l'influence du rap, le niveau de compréhension de l'interlocuteur, l'influence de la jeunesse sur le rap »

En dépit des raisons de créations lexicales citées supra, diverses contraintes peuvent paraître comme chez ces enquêtés : E16 « [...] pour paraître juste cool (pour les mots inversés) auprès d'un groupe de personnes » ; E19 « pour diversifier et enrichir mon vocabulaire » ; E21 « ça permet le développement et l'enrichissement d'un dialogue entre les individus et aussi de s'exprimer librement ».

65

64 Termes employés par l'enquêté « E9 »

«E11», op. cit. p.23

40

1.4. Évaluation des compétences

Cette partie vise à connaître les compétences linguistiques de nos enquêtés. Il est question de se renseigner sur la maîtrise de la langue afin de savoir si ces créations lexicales sont faites de façon volontaire ou involontaire, de manière consciente ou inconsciente. Il est important d'avoir connaissance des compétences et incompétences linguistiques de nos enquêtés car cela, va refléter la crédibilité des énoncés néologiques dont ils font usage. Sinon, d'autres phénomènes peuvent survenir tel que l'incapacité de formuler des mots tout à fait appropriés. C'est le cas d'une personne ayant des troubles de parole ou une amnésie temporaire.

? De quelle manière estimez-vous parler la langue française ?

Très bien ? couramment ? moyennement ?

Bien ? mal ?

 
 

Maîtrise du français

bien très bien

44% 40%

courammen

t

16%

 
 

Figure n°6

Ont tendance à utiliser les néologismes, les locuteurs maitrisant parfaitement la langue dans l'unique but de faire croire le contraire. Par contre, quelques utilisateurs de créativités lexicales, les emploient pour séduire un interlocuteur ou un public. Par ailleurs, d'autres les utilisent pour repousser autrui.

41

La deuxième question se référant aux compétences linguistiques de nos enquêtés, se veut une analyse sur la manière dont les étudiants perçoivent les créativités lexicales par apport à la langue française. L'objectif est de savoir si les lexies néologiques enrichissaient la langue française ou elles font simplement objet d'une réalité éphémère. La question est formulée comme suit :

? La majeure partie des étudiants utilisent les créations lexicales pour enrichir la langue française. Êtes-vous ?

Tout à fait d'accord U pas du tout d'accord U plutôt d'accord U

Plutôt pas d'accord U je ne sais pas U

Pour d'éventuels éclaircissements, les résultats obtenus peuvent être observé dans le graphique ci-dessous :

Plutôt pas d'accord

8%

lexies néologiques, enrichissement de la langue française ou non

Je ne sais pas

16%

Plutôt d'accord

44%

Tout à fait d'accord

24%

Pas du tout d'accord

8%

Figure n°7

Nous constatons que les enquêtés qui sont plutôt d'accord que les créativités lexicales enrichissent la langue française, s'affichent avec un pourcentage de 44%, plus élevé que les autres suggestions. En seconde place nous avons recensé une proportion de 24%, pour les enquêtés étant tout à fait d'accord avec cette proposition. Les trente-deux pour cent (32%) restant, se répartissent entre ceux ayant opté pour les choix, (pas du tout d'accord, plutôt pas d'accord et je ne sais pas), soit respectivement : 8% pour pas du tout d'accord, 8% pour plutôt pas d'accord et 16% pour je ne sais pas.

42

DEUXIÈME PARTIE

2. Grille d'analyse

Avant tout, nous tenons à préciser que les lexies néologiques que nous avons collectées, sont extraites d'un corpus élaboré par un groupe d'enquêtés à partir d'un questionnaire. Par conséquent, notre objectif vise à dégager les procédés de formation auxquels font recours nos enquêtés issus des pays francophones étudiant dans la wilaya de Constantine. De ce fait, nous allons nous fonder sur les matrices lexicogéniques élaborées par SABLAYROLLES, qui s'est lui-même inspiré de celles de J. TOURNIER.

Ainsi, nous n'avons retenu que les procédés responsables des créativités lexicales recueillies chez les enquêtés :

1. nombre de néologismes collectés,

2. Affixation : préfixation ; suffixation ; flexion ; dérivation inverse ; parasynthétiques,

3. Composition : composition ; synapsies ; composition savante ; composition hybride,

4. Imitation et déformation : onomatopées ; fausse coupes ; verlan,

5. Changement de forme et de sens : conversion ; déflexivation ; extension de sens ; métaphore ; métonymie,

6. Réduction de la forme : troncation ; siglaison ; acronymes,

7. Emprunts : emprunt lexical ; xénisme ; calque

8. nombre de productions de néologismes.

44

3. Présentation du corpus d'analyse

Tableau n°2 : Liste des néologismes collectés

- moudj

- tu dead ça

- avion de chasse

- pécho

- moudjette

- zider

- dechirer

- vénere

- makanda

- keuf

- footation

- kebri / quebri

- makandaise

- meuf

- tekleur

- chers-frais

- makamoudj

- zarbi

- teklation

- revenation

- makamoudjette

- de ouf

- ya dra

- yencli

- targui

- sans dec

- cablé

- moula

- sique-mu

- PTDR

- taf-taf

- zipette

- koumbeterre

- pecha

- calé

- gova

- ingnefognable

- wesh

- passe crème

- fouma

- kabakomatique

- moula

- connecteur (un mec)

- bigo

- dormation

- incouptiser

- JPP

- chapchap

- tuation

- incouation

- seum

- une caillera

- zilai

- gnogonbolo

- base aérienne

- blème

- celipo

- tema

- easy

- dragologie

- reuf

- poucave

- saucé

- diatance

- le kilo

- hetiste

- chiller

- maindé

- zicmu / zic

- teuf

- allô

- bala

- les quatre coins

- magantapation

- duper

- askip

- femeu

- tekle

- jourbon

- zbeul

- ya R

- renoi

- brecham

- la go

- oklm

- sapologie

- leki

- tej

- turfu

- ive

- teubé

- belek

- crush

- mangeation

- reuf

- relou

- tosma

- jouation

- monko

- dép

- badass

- genance

- s'enjailler

- PLS

- khabta

- mayonner

- soum-soum

- tiser

- faire le canard

- togué

- peclo

- ragnagna

- psartek

- mamene

- bails

- péta

- tchoin

- zaef

- asticologie

- les shit

- zibulateur

- les lovés

- charbonner

- halalisé

- crari

- facebooker

- enjaillement

- n'enfant

- charlatanisé

- nawak

- oilpé

- chéper

- auche

- tepu

- chanmé

- fait ièch

- zouz

- chelou

- zenfant

- meskine

- BAE

- quécho

- B.D.R

- Balec

- bro

- louja

- casse-toi

- wallah

- babtou

- janviose

- déter

- bif

- gamos

- la mif

-GG

- cassos

- yolo

- goumin

- gbassé

- hess

45

4. Analyse des néologismes

4.1. Grille d'analyse des néologismes selon les procédés de formation

Nb.
de
néo.

Aff.

Comp.

Imit. Déf.

Chang.Form.Sens

Réd.For

m.

Empr.

160

Préf.

3

Dér. inv.

9

Comp.

8

C. Sav.

3

Onom

.

5

Con

v.

5

méta

.

5

Tron

.

9

E.Lex.

25

Suff.

18

Para sy.

3

Syn.

3

C.Hyb

7

F.C.

3

Défl

.

1

mét o.

2

Sigl.

5

Xén..

8

 
 
 
 
 
 
 
 

Verl.

45

Ext. S

2

Rest r. S

3

Acr o.

7

Calq.

8

Nb.
de
Pro.

33

21

53

18

21

41

Tot.
Pro.

187

 

Tableau nO3

L'étude des nouvelles unités lexicales est un processus diversifié et productif utilisé par les locuteurs d'une langue afin de l'enrichir et souvent faire entrave à la norme. De ce fait, nous avons collecté 160 lexies néologiques, lesquelles génèrent 187 procédés de formation. Cela peut s'expliquer par le fait qu'une seule lexie peut intervenir dans plusieurs procédés de formation. ADACI S.66 affirme que « ce décalage est dû au fait que l'émetteur, dans certains cas, a recouru à deux ou plusieurs procédés pour créer une seule unité néologique, cela rend de plus en plus difficile la décision du procédé de formation responsable de l'innovation ».

SABLAYROLLES67 justifie que « c'est l'examen du système morphologique de la langue, ainsi que celui du sens de la lexie dans son cotexte, qui permettent très souvent de prendre une décision plausible pour la ou les deux matrices à l'oeuvre ».

En ce qui a trait à nos statistiques, tous les procédés générés par les matrices concernées ont été pris en compte. Les procédés de formation de néologismes se repartissent comme suit :

Affixation :

Notre corpus est composé de 3 préfixations (2%) ; 18 suffixations (10%) ; 9 dérivation inverse (5%) ; 3 parasynthétiques (2%).

66 ADACI S., 2008, op. cit. p.100

67 ibidem

46

Composition :

Elle est répartie comme suit : 08 compositions (4%) ; 03 synapsies (2%) ; 03 composition savante (2%) ; 07 composition hybride (4%).

Imitation et déformation :

Nous avons recensé : 05 onomatopées (3%) ; 03 fausse coupes (2%) : 45 verlan (24%).

Changement de forme et de sens :

Les matrices innovatrices sont les suivantes : 05 conversion (3%) ; 01 déflexivation (1%) ; 02 extension de sens (1%) ; 03 restriction de sens (2%) ; 05 métaphores (3%) ; 02 métonymie (1%).

Réduction de la forme :

Nous comptons, 09 troncations (5%), 05 siglaisons (3%), 07 acronymes (4%). Emprunt :

Les emprunts représentent 21% de notre corpus soit un total de 41 lexies. Ils se départagent entre, emprunt simple 22 lexies, (12%) ; emprunt composé 6 lexies, (3%) et enfin l'emprunt hybride 13 lexies, (7%).

3%

Procédés de formation de lexies néologiques

2%

3%

7%

10% 5%

2%

12% 4%

2% 2%

4%

3% 4%

5% 3%

1% 2%

2% 24%

1% 3%
1%

préf.

Suff.

dér.inv. para. compo. synap. compo.sav. compo.hyb. onoma. f.coupe verlan conv. déflex. ext.sens restr.sens méta. méto. tron. sigl.

acro. empr.s empr.c empr.hyb.

Figure n°8

47

5. Étude lexico-sémantique des néologismes

L'analyse lexicosémantique des néologismes se base sur les corrélations qui existent entre la forme des lexies et leur sens. De ce fait, pour une analyse lexicosémantique claire des lexies néologiques, le lexique et la sémantique doivent être indissociables.

Les procédures de formation des créativités lexicales ont été déjà exposées dans le chapitre I, paragraphe III. Par ailleurs, les procédés de formation, qui se rapportent aux nouvelles lexies collectées, seront étudiés en maintenant le même ordre que les matrices lexicogéniques élaborées par SABLAYROLLES J-F.

L'existence d'une typologie traditionnelle, classique des lexies néologiques, laquelle s'appuie sur la nature du signifiant nous laisse désiré. Cette catégorie que SABLAYROLLES caractérise de trichotomie classique68 concerne la néologie formelle ; sémantique et la néologie par emprunt. Nous allons brièvement exposer les données de notre corpus selon cette typologie car elle a antérieurement été utile dans les études classiques néologiques.

Notre corpus est constitué de 162 lexies néologiques dont 129 néologismes de forme, 22 néologismes de sens et 40 emprunts. Pour plus de précisions, les résultats sont répartis sous forme de graphique à secteur présenté comme suit :

néologismes de sens

11%

Classement traditionnel des néologismes collectés chez les étudiants étrangers

emprunts

21%

néologismes de forme

68%

Figure nO9

Comme indiqué dans le graphique ci-dessus, la proportion des créativités lexicales de forme (formelles), est la plus élevée avec un pourcentage de 68% par

68 J.-F. SABLAYROLLES - Typologies des néologismes, Cahier du CIEL 1996-1997., Université de LIMOGES. 1sablayrollestexte.pdf ( univ-paris-diderot.fr). p.26. Consulté le 24/12/2020

48

rapport aux emprunts qui occupent la seconde place avec un pourcentage de 21%. Les néologismes sémantiques (de sens), ont une faible apparition dans notre corpus, ils constituent un pourcentage de 11% soit le tiers de la néologie formelle.

La néologie morphologique étant le procédé le plus prolifique des créations lexicales, au sein du système de la langue française se caractérisant par une perpétuelle réinvention des mots, explique le taux exhaustif des néologismes formels. Bien que comportant des règles assez vastes se conformant à la norme, ce système qui à l'origine a été une manoeuvre de créations constantes et qui facilite le réaménagement des nouvelles lexies, semble flexible morphologiquement.

Après avoir analysé notre corpus selon la trichotmie classique des néologismes, nous allons procéder à l'étude des lexies néologiques morphosémantiquement. Cette corrélation entre la forme et le sens s'explicite du fait que la morphologie lexicale porte en elle-même un sens après interprétation des néologismes.

6. Les procédés de formation des néologismes

Les procédés de formation se répartissent entre les matrices internes (morphosémantiques ; syntactico-sémantiques ; morphologiques et pragmatique) et la matrice externe (l'emprunt). Notre corpus est constitué de 120 lexies néologiques générées par les matrices internes et 41 lexies néologiques générées par la matrice externe. Les résultats sont graphiquement répartis comme suit :

Lexies néologiques générées par les matrices léxicogéniques

matrice externe

26%

matrices internes

74%

Figure n°10

49

6.1. Les matrices internes

Elles renferment quatre matrices dont les lexies néologiques sont représentées graphiquement ci-dessous :

Lexies néologiques générées par les matrices

internes

matrice

pragmatique

0%

matrices
morphologiques

14%

matrices

syntaxico-
sémantiques
13%

matrices
morphosémantiq
ues
73%

Figure n°11

Nous constatons qu'en matière de création de lexies néologiques, les matrices morphosémantiques font état d'une prépondérance hors norme avec un pourcentage de 73%. Cela se justifie par l'hétérogénéité des procédés de créativité morphosémantiques, dont font preuve ces matrices constituant le fondement de la néologie. Les matrices morphologiques occupent la deuxième place dans ce chiffrage avec 14% et les matrices syntaxico-sémantiques avec un faible pourcentage de 13%. Nous n'avons enregistré aucune lexie néologique dans la matrice pragmatique.

Pour étudier et mettre en relation la morphologie et le sens des lexies néologiques générées par les matrices lexicogéniques, nous avons élaboré des grilles d'analyse dont les colonnes seront reparties selon chaque procédé responsable de l'émission des lexies concernées. Nous précisons que les éléments d'analyse diffèrent d'une grille à l'autre, c'est pourquoi il nous est difficile de dresser une grille exacte qui va rendre compte de toutes les informations recueillies.

50

6.1.1. Les matrices morphosémantiques

Lexies néologiques générées par les matrices

 

morphosémantiques

préfixation
suffixation

 

3%

dérivation inverse parasynthétique

 

17%

composition

42%

 

synapsie

 

8%

composition savante

 

3%

5% 7%

composition hybride onomatopées

 

3% 3%

fausse coupe

 

3%

 
 

6%

verlan

Figure n°12

Nous remarquons d'après cette figure que le verlan est le procédé de formation le plus affluant chez nos enquêtés avec un pourcentage de 42% suivie de la suffixation qui se présente avec 17%, les autres procédés dans leur globalité s'affichent avec seulement un pourcentage de 41%, un pourcentage encore plus faible lorsque nous repartons les procédés chacun dans sa particularité. En dehors du verlan qui est le procédé le plus utilisé par les jeunes, la composition et la dérivation (dérivation inverse ; préfixes et suffixes), restent les procédés les plus productifs de la langue français ils font office de 35% dans notre corpus. Cependant, ce constat est d'autant plus surprenant puisque ces procédés qui sont censé être les plus prolifiques linguistiquement ont un faible taux d'apparition dans notre corpus. Ce qui s'explique par le fait que nos enquêtés sont tous des étudiants qui sans doute, se penchent plus sur la verlanisation de la langue influencé par le rap, que sur la création normative.

Tableau n° 4 : La préfixation

Néologismes créés par préfixation

Préfixes

Racine

Néologismes

in-

Du bambara « gnefo »

ingnefognable

in-

coup

incouptiser

in-

coup

incouation

51

Tableau n°5 : La suffixation

Néologismes créés par suffixation

Suffixes

Racine

Néologismes

-able

« gnefo »

ingnefognable

-er

un coup

incouptiser

-tion

un coup

incouation

-tique

du bambara « kabako »

kabakomatique

-tion

dormir

dormation

-tion

tuer

tuation

-er

de l'arabe « zid »

zider

-tion

du bambara « lamagan »

magantapation

-tion

manger

mangeation

-tion

jouer

jouation

-tion

foot

footation

-eur

du tamasheq « teklé »

tekleur (un mec)

-tion

« teklé »

teklation

-ance

gêner

genance

-ment

« enjailler »

enjaillement

-teur

du kikongo « zibula »

zibulateur

-ose

« janvier »

janviose

-er

« facebook »

facebooker

Les tableaux supra des néologismes par préfixation et suffixation, prouvent que les normes des créativités lexicales dont font preuve nos enquêtés, sont strictement respectés. Bien que cette procédure soit fautive, elle suit les règles de construction des nouvelles unités lexicales auxquelles fait recours le système de la langue française.

La dérivation inverse

- zic renvoie à [mu]sique - déter pour déter[miné]

- blème pour [pro]blème - gamos signifie gam[melle]

- sans dec pour sans dec[onner] - bif renvoie à bif[ton]

- dép renvoie à dép[ression] - la mif pour mif[a], famille

- bro pour bro[ther]

Tableau n°6 : Les parasynthétiques

Néologismes créés par parasynthétique

Préfixe

Racine

Suffixe

Néologismes

in-

« gnefo »

-able

ingnefognable

in-

un coup

-er

incouptiser

in-

un coup

-tion

incouation

52

Nous avons enregistré trois lexies néologiques par parasynthétique, l'une d'elles semble se conformer aux règles de créations lexicales. Les deux autres « incouptiser » et « incouation », sont enregistrées comme verbe et nom à partir d'une locution « un coup ». Cette création ne respecte pas les règles de la langue française, elle ne figure pas dans les manuels grammaticaux du système français. La règle, veut qu'on construise des verbes à partir de noms et adjectifs et non pas à partir de locutions.

Tableau n°7 : La composition

Néologismes créés par composition

1ière lexie

2ème lexie

Fusion des lexies

Néologismes

Sens des lexies

Ya

R

L'une à côté de l'autre

Ya R

Il n y a rien

sans

dec

L'une à côté de l'autre

sans dec

Sans déconner, sans rire

passe

crème

L'une à côté de l'autre

passe crème

Parfait, impeccable, très appréciable

base

aérienne

L'une à côté de l'autre

base aérienne

 

mec (un)

connecteur

L'une à côté de l'autre

(un) mec connecteur

Quelqu'un qui est toujours connecté aux réseaux sociaux

quatre (les)

coins

L'une à côté de l'autre

(les) quatre coins

La maison, une habitation

fait

iéch

L'une à côté de l'autre

fait iéch

Fait chié

Ya

dra

L'une à côté de l'autre

Ya dra

Il y a une dispute, une querelle

La composition comme nous l'avons exposé plus haut fait appelle à diverses formes comme le montre le tableau ci-dessus. La plus part des lexies générées par la composition sont des locutions parmi lesquelles on retrouve des structures variées : n+n « un mec connecteur », n+adj « base aérienne », v+n « passe crème », adj+n « les quatre coins » etc.

Les synapsies

> avion de chasse une fille belle physiquement

> de ouf faire quelque chose de fou

> à oilpé à poil

53

Tableau n°8 : La composition savante

Néologismes créés par composition savante

1ière lexie

2ème lexie

Néologismes

sape

-logie

sapologie

drague

-logie

dragologie

asticot

-logie

asticologie

Nous avons relevé trois lexies néologiques formé à partir du suffixe grec « - logie » qui exprime le nom d'une science, ou l'étude scientifique d'un sujet. La « sape » qui veut dire société des ambianceurs69 et des personnes élégantes, donc la « sapologie » désigne un mouvement d'identité vestimentaire qui détourne et réinvente les codes de la mode. La structure qui s'opère dans cette composition est n+n. C'est aussi le cas pour les deux autres lexies, excepté le fait que ces dernières signifient : « dragologie » science de la drague et « asticologie » science qui étudie les asticots.

Tableau n°9 : La composition hybride

Néologismes créés par composition hybride

Préfixes/suffixes

Racine (mot de base)

néologismes

-tion

« teklé »

teklation

in- / -able

« gnefo »

ingnefognable

-tique

« kabako »

kabakomatique

-er

« zid »

zider

-eur

« teklé »

tekleur (un mec)

-ance

« diata »

diatance

-er

facebook

facebooker

La composition hybride met deux langues autonomes en juxtaposition. Dans notre cas c'est le français qui se combine à d'autres langues et vice-versa. Les règles de la langue française sont appliquées au mot de la langue étrangère.

Le tableau supra, indique que les radicaux de nouvelles lexies sont pris à d'autres langues (arabe ; tamasheq ; bambara ; anglais ; lingala), mais les affixes (préfixe et suffixe), sont invariablement pris à la langue française. Cela est d'autant plus vrai que les néologismes par hybridation se conforment aux normes de la langue française.

69 (Afrique), personne qui met de l'animation dans une fête.

54

Néologismes créés par onomatopées

> Taftaf d'une manière hâtive

> Chapchap rapidement

> Ouf soulagement ; sensation d'avoir chaud

> Ragnagna les menstrues (règles)

> Soum-soum marque la discrétion, faire quelque chose de manière discrète

Les fausses coupes

> n'enfant un enfant

> zenfant les/des enfants

> koumbeterre pomme de terre

Tableau n°10 : Le verlan

Néologismes créés par verlan

Verlan

Lexies originales

Verlan

Lexies originales

targui

guitare

monko

comment

zicmu

musique

kebri/quebri

briquet

zilai

à l'aise

chairs-frai

fraîcheur

celipo

police

yencli

client

pécho

chopé

turfu

futur

tosma

matos

caillera

racaille

zarbi

bizarre

maindé

demain

téma

maté

bala

là-bas

renoi

noire

relou

lourd

ive

vie

chelou

louche

jourbon

bonjour

chanmé

méchant

brecham

chambre

chéper

perché

leki

clé

péta

tapé

nawak

n'importe quoi

tepu

pute

togué

ghetto

à oilpé

à poil

peclo

clope

auche

chaud

teubé

bête

femeu

femme

quécho

choqué

louja

jaloux

askip

à ce qu'il paraît

reuf

frère

meuf

femme

keuf

un flic ; policier

tej

jeter

vénere

énervé

duper

perdu

babtou

toubab

mayonner

monnayer

 
 

Au vu de ce tableau plus haut, nous remarquons que le verlan tend à devenir l'un des procédés les plus productifs de créativités lexicales françaises. L'utilisation de ce procédé par nos enquêtés est plutôt impressionnante vu le nombre important que

55

nous avons collecté. Cette créativité est responsable de plusieurs mots qui sont par la suite entrés dans le langage courant.

6.1.2. Les matrices syntactico-sémantiques

 

Lexies néologiques générées

métonymie

11%

métaphore

26%

restriction de
sens

16%

syntactico-sémantiques

par les matrices

conversion

26%

déflexivation

5%

extension de sens

16%

 

Figure n°13

Dans cette figure, les lexies néologiques produites par les matrices syntaxico-sémantiques, affichent en résultat un pourcentage de 26% pour la conversion et la métaphore, qui prennent la tête de ce classement. L'extension de sens et la restriction de sens s'affichent avec 16% chacune et occupent la seconde place. Les seize pour cent (16%) restant se répartissent entre la métonymie 11% et la déflexivation 5%.

Tableau n°11 : La conversion

Néologismes créés par conversion

Conversion

néologismes

Sens des lexies

De l'adjectif « hallal » au verbe

halalisé

[islam], qui est permis, licite

Du nom « charlatan » au verbe

charlatanisé

Envouter quelqu'un par des belles paroles

Du nom « cale » à l'adjectif

calé

Instruit dans un domaine, Difficile à résoudre (problème)

Du nom « sauce » à l'adjectif

saucé

Content, satisfait, enthousiaste

Du nom « câble » à l'adjectif

cablé

Quelqu'un de coincer

Tout écart catégoriel au sein d'une lexie a des conséquences quant à la représentation sémantique. Comme nous pouvons le constater dans ce tableau, les néologismes créés par conversion ont des signifiants qui existent préalablement dans

56

la langue française, de même que le mot « halalisé » qui vient de l'arabe « hallal », qui a aussi subi une nuance au niveau du sens. Ces signifiants ont subi une altération au niveau catégoriel, ainsi nous assistons à la modification de leur aspect intrinsèque à la catégorie grammaticale.

Par conséquent, nous obtenons comme résultat, des nouvelles lexies construites sémantiquement et identiques au mot déjà existant. Le mot « charlatan » par exemple est un nom, qui existe déjà dans la langue française, mais dans notre corpus, il apparaît comme étant un adjectif formé à partir d'un participe passé « charlatanisé », de même que les autres lexies « halalisé » ; « câblé » ; « calé » et « saucé ».

Déflexivation

Dans notre corpus, nous avons recensé une seule lexie néologique obtenue par déflexivation « les lovés », nom formé à partir d'une forme fléchie, le « participe passé » du verbe « lover ».

Extension de sens

Ce procédé, qui permet d'élargir le sens d'une lexie par l'adjonction de nouveaux sèmes, enregistre deux lexies néologiques, « déchirer » et « facebooker », lesquelles donnent les significations ci-dessous :

Dans notre corpus, le verbe « déchirer » a le sens de assurer, gérer, réussir, tandis que le Dictionnaire Français en ligne - Larousse, lui donne les définitions suivantes :

Déchirer : (verbe transitif)

- Diviser du papier, du tissu, etc., en morceaux, les mettre en pièces, en lambeaux, en tirant dessus : Déchirer une vieille facture.

- Faire un accroc à un vêtement, une pièce de tissu.

- Blesser superficiellement une partie du corps en arrachant un peu de peau ; écorcher : Les épines lui ont déchiré les jambes.

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- En parlant d'un bruit, briser brusquement le silence, ou, en parlant d'une lumière, apparaître brusquement dans un endroit sombre : Un cri déchira la nuit.

- Causer une grande peine ou un grave problème de conscience ; meurtrir, tourmenter : Ça le déchire, d'avoir à renoncer à elle.

- Diviser tragiquement un groupe, en troubler douloureusement l'unité : Guerre civile qui déchire le pays.

- Littéraire. Dire du mal de quelqu'un, le critiquer férocement : Il s'est fait déchirer par tous les critiques.

Quant au mot « facebook », c'est un réseau social qui a donné récemment naissance au verbe « facebooker » ayant comme sens le fait d'utiliser le réseau social faccebook, autrement se connecter à ce réseau. Contrairement à « facebooker », le mot « déchirer » est une lexie qui existe déjà dans la langue française tout comme son signifiant.

Restriction de sens

La restriction de l'emploi et de la signification plus étroite d'une lexie résulte du passage d'une signification à l'autre. Par conséquent, le sens de la lexie s'applique à un nombre plus vaste d'objets.

Comme restriction de sens nous avons recensé trois lexies néologiques, les shits ; charbonner ; le kilo, qui ont respectivement pour sens mauvaise qualité, seconde main (la merde) ; travailler dur et la drogue. Ils sont par ailleurs définit par le Dictionnaire Français en ligne - Larousse, comme suit :

1- shit : (nom masculin) - Haschisch

2- charbonner : (verbe transitif)

- Noircir avec du charbon : Charbonner un visage.

- Dessiner au charbon : Charbonner un croquis, une esquisse.

58

3- le kilo : (nom masculin)

- Abréviation de kilogramme

- En informatique, préfixe qui multiplie par 210, soit 1 024, la quantité d'information désignée par le mot qu'il précède (abréviation K) : Kmots, Koctets, Kbits.

Tableau n°12 : La métaphore

Néologismes créés par métaphore

métaphores

Sens des métaphores

Avion de chasse

Une fille belle physiquement

Base aérienne

 

Faire le canard

Être derrière une personne (suivre quelqu'un)

Le kilo

La drogue

casses-toi

Va-t'en ; pars d'ici

La métaphore est un procédé fondé sur l'analogie, elle utilise des termes complexes, difficiles à comprendre. Par ailleurs, elle permet d'énoncer un message le plus clairement possible ; de simplifier une idée abstraite en la comparant à quelque chose de plus concret. Afin d'interpréter le sens des lexies néologiques métaphorisées, nous nous sommes intéressés au contexte de production des néologismes concernés.

Tableau n°13 : La métonymie

Néologismes obtenus par métonymie

Métonymie

Sens de la métonymie

Les quatre coins

La maison ; une habitation

Allo

Le téléphone

En ce qui concerne ce procédé, nous n'avons relevé que deux lexies néologiques. Ces deux expressions représentent le tout par la partie : « les quatre coins » pour désigner une maison ; une habitation et « allo » qui signifie le téléphone.

59

6.1.3. Les matrices morphologiques

lexies néologiques générées par les matrices
morphologiques

apocope

33%

acronyme

33%

siglaison

24%

aphérèse

10%

Figure n°14

Les néologismes par troncation à savoir l'apocope et l'aphérèse, ont une proportion plus élevée avec un pourcentage de 43%, soit 33% pour l'apocope et 10% pour l'aphérèse, suivies par l'acronyme avec 33% et la siglaison qui occupe la troisième position avec 24% devant l'aphérèse.

Tableau n°14 : Troncation ; apocope ; aphérèse

Néologismes obtenus par troncation

Lexies originales

Types de formation

Néologismes

musique

aphérèse

zic

sans déconner

apocope

sans dec

problème

aphérèse

blème

dépression

apocope

dép

brother

apocope

bro

déterminé

apocope

déter

bifton

apocope

bif

gamelle

apocope

gamos

la mifa ; famille

apocope

la mif

La troncation est un procédé dans lequel sont classés l'apocope et l'aphérèse, parmi ces deux catégories, l'apocope est le procédé le plus productif au dépend de l'aphérèse. Cette créativité néologique à laquelle font recours les étudiants, s'explique par le besoin d'économiser du temps, de communique plus brièvement et même de gérer l'espace dans un document.

Nous avons notifié supra III, paragraphe 1.5, qu'une finale en -o peut survenir dans plusieurs cas de la troncation. C'est le cas par exemple de la lexie néologique « gamos » qui vient de gamelle désignant les cylindres du moteur d'une voiture.

60

Tableau n°15 : La siglaison et les acronymes

Néologismes formés par siglaison et acronymes

Formes allongées des sigles

Néologismes

Types de création

pété de rire

PTDR

sigle

au calme

OKLM

acronyme

ne pas être bien

PLS

sigle

à ce qu'il paraît

ASKIP

acronyme

au bord du rouleau

BDR

sigle

s'en battre les couilles (s'en foutre)

Balec

acronyme

before anyone else

BAE

acronyme

n'importe quoi

NAWAK

acronyme

j'en peux plus

JPP

sigle

good game

GG

sigle

on se casse

cassos

acronyme

You only live once

yolo

acronyme

Il est évident que prononcer des lettres en un mot est plus simple que de les épeler l'une après l'autre. Le tableau ci-dessus qui présente le taux le plus élevé de néologismes par acronyme confirme ce constat. Nous remarquons aussi que la siglaison se conforme aux règles de création du système français.

6.1.4. La matrice pragmatico-sémantique

Concernant, la matrice pragmatico-sémantique, responsable des lexies obtenues par détournement et dont les lexies concernées peuvent être des locutions, un proverbe ou expression figée subissant des changements de l'un de ces éléments constitutifs. Nous n'avons collecté aucune créativité lexicale.

6.2. La matrice externe

Les emprunts linguistiques représentent 26% de notre corpus soit 41/160 des lexies collectées. Nous les avons répartis dans le tableau ci-dessous. Afin d'en dégager la typologie, nous les avons étudié sous forme de graphique.

61

Tableau n°16 : Les emprunts

Néologismes formés par emprunts

Types d'emprunts

Emprunts

Langue source

lexical

moudj

arabe standard

lexical

koumbeterre

français

lexical

ingnefognable

bambara

lexical

kabakomatique

bambara

lexical

cruch

anglais

calque

tu dead ça

anglais

lexical

zider

arabe algérien

lexical

wesh

arabe algérien

calque

gnogonbolo

bambara

lexical

hettiste

arabe algérien

lexical

magantapation

bambara

xénisme

teklé

tamasheq (targui)

lexical

tekleur

tamasheq (targui)

lexical

teklation

tamasheq targui)

xénisme

easy

anglais

xénisme

fouma

peulh

lexical

zaef

arabe algérien

xénisme

khapta

arabe algérien

lexical

hallalisé

arabe standard

lexical

zouz

arabe algérien

lexical

meskine

arabe algérien

xénisme

wallah

arabe standard

lexical

BAE

anglais

lexical

zbeul

arabe algérien

lexical

badass

anglais

lexical

chiller

anglais

calque

mamene

anglais

xénisme

tchoin

nouchi

calque

bro

anglais

lexical

belek

arabe algérien

calque

shit

anglais

lexical

zibulateur

kikongo

lexical

enjailler

anglais

lexical

enjaillement

anglais

xénisme

goumin

nouchi

xénisme

gbassé

nouchi

lexical

hess

arabe algérien

calque

babtou

malinké/wolof

calque

poucave

romani

lexical

moula

espagnol

calque

yolo

anglais

62

6.2.1. Les types d'emprunt

xénismes

19%

Types de néologismes générés par la matrice

externe

emprunts sémantiques

0%

calques

20%

emprunts lexicaux

61%

Figure n015

Les emprunts de type lexical, sont majoritairement présents dans notre corpus, leur pourcentage de création est de 61%. Les emprunts sémantiques ne figurent pas dans cette proportion. Par ailleurs, le calque et le xénisme constituent 39% des emprunts collectés, soit un pourcentage de 20% pour le calque et 19% pour le xénisme. Le sens et la forme comme nous l'avons remarqué dans le tableau plus haut sont entièrement transférés dans la langue cible.

6.2.2. Langue d'origine des emprunts

Langue d'origine des emprunts

autres

nouchi 15%

7%

anglais

bambara

10%

29%

arabe algérien

25%

tamasheq

7%

arabe standard

7%

Figure n016

La langue d'origine des emprunts, est déterminée par la réalité des langues maternelles de nos enquêtés. Car ceux-ci, ne partageant pas la même langue utilisent le français comme moyen de communication et nous assistons à des créativités de

63

part et d'autre émanant de plusieurs langues. De ce fait, l'anglais occupe la première place de ce classement avec 29% devant l'arabe algérien qui le seconde avec 25%. Le bambara70 vient en troisième place suivie de l'arabe standard, de tamasheq71 et le nouchi72 qui ont respectivement comme pourcentage 7% chacune. Nous avons également enregistré d'autre langues avec une proportion de 1% par langue

(espagnol, romani, malinké73, peulh74, kikongo75, français76).

70 Le bambara est une des langues nationales du Mali. Elle fait partie du principal groupe en nombre de locuteurs, à savoir le groupe des langues mandingues. Le bambara est une langue très utilisée comme langue véhiculaire et commerciale en Afrique de l'Ouest.

71 Le tamasheq (autonyme : t?maj?q) est une langue touarègue parlée principalement par les Touaregs du Mali.

72 Le nouchi est une forme d'argot présente en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'ouest. Le nouchi est un mélange de français et de plusieurs langues de Côte d'Ivoire, il est apparu au début des années 1970.

73 malinké, langue ou macrolangue parlée en Afrique de l'Ouest, aussi appelé mandingue.

74 Le peul, parfois orthographié peulh et aussi appelé aussi fulfulde ou pular, est la langue maternelle des ethnies peules et apparentées, et aussi une langue seconde employée en Afrique de l'Ouest notamment comme langue véhiculaire par d'autres ethnies africaines.

75 Le kikongo ou kongo est une langue bantoue parlée par les Kongos vivant en Angola, en république démocratique du Congo, en république du Congo, et au sud du Gabon.

76 Il s'agit d'un mot français utilisé en langue tamasheq comme emprunt, « koumbeterre », qui signifie « pomme de terre ».

64

7. Inventaire lexical

- Moudj : troncation du mot « moudjahid », lexie employé par les étudiants subsahariens pour dénommer en général la population algérienne. En Algérie, moudjahid est le titre officiel du combattant qui a participé à la guerre de libération nationale de manière effective (1er novembre 1954 au 19 mars 1962).

- Moudjette : féminin de moudj

- Makanda : flexion de « makanda », nom d'une ville aux États Unis dans l'Illinois, utilisé comme nouvelle lexie par laquelle les étudiants étrangers en Algérie s'identifient afin de se différencier des autochtones. Ils lui donnent aussi le sens de tout ce qui se rapporte à couleur noire ou au teint. Il forme son féminin en « -aise » (makandaise).

- Makamoudj : composition du mot « makanda + moudj », appellation donnée aux algériens du Sud (habitants du Sahara) dû à leur teint métissé. Le mot « makamoudjette » forme son féminin.

- sapologie : Est un mouvement d'identité vestimentaire qui détourne et réinvente les codes de la mode parisienne. Transgression des codes vestimentaires européens, notamment au Congo.

- dragologie : science qui apprend à faire la cour à une personne dans le but d'obtenir ses faveurs amoureuses

- asticologie : science qui étudie les asticots. Notamment la larve des mouches et autres insectes volants de l'ordre de diptères.

- ingnefognable : (bambara), « gnefo » = dire, que l'on ne peut pas dire.

- incouptiser : verbe. un coup + les affixes « in- » et « -er », et qui désigne faire plusieurs choses en un instant et en même temps.

- incouation : Nom. provenant du verbe « incouptiser » définit plus haut.

- kabakomatique : (bambara), « kabako » = étonnement + matique de (problématique) = gravissime, impressionnant.

- dormation : En état de dormance, personne qui dort.

- tuation : Éliminer le pion d'un adversaire dans un jeu (Ludo).

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- zider : (arabe algérien) « zid » = ajoute, employé comme verbe « zider » = ajouter, par les étudiants francophones subsahariens.

- magantapation : Action de frapper, de redresser une personne.

- jouation : c'est le fait de jouer à un jeu ou de la musique. Désigne l'action produite par ce joueur ou ce musicien.

- mangeation : action de manger.

- footation : exprime le fait de jouer au football.

- tékleur : (tamasheq/targui), « teklé » = partir + suffixe « -eur » = partant ; marcheur. Quelqu'un qui marche ou qui se promène beaucoup.

- teklation : fait de marcher, de partir.

- genance : sentiment de malaise ou d'embarras ressentis par une personne pour elle-même ou pour autrui traversant une période de solitude.

- enjailler : (anglais), « enjoy » terme utilisé en Côte d'Ivoire pour désigner une fête ou des manifestations publiques de joie ; s'amuser.

- zibulateur : (Afrique centrale) Outil permettant de déboucher une bouteille, décapsuleur ; ouvre bouteille.

- crari : faire croire, faire semblant

- diatance : un art de bouger que les sapeurs appellent « diatance », spécialement pour mettre en valeur les vêtements, les chaussures et autres.

- facebooker : le fait d'utiliser le réseau social facebook, également utilisateur de ce réseau.

- crush : (anglicisme), sentiment passager d'attirance ; de pulsion que l'on éprouve à l'égard d'une personne. Désigne aussi la personne pour laquelle on éprouve du désir.

- tu dead ça : Expression popularisée par la chanteuse Aya Nakamura ; cela signifie que" vous avez tout tué", que vous avez donc assuré et que vous avez un talent particulier dans l'action que vous venez d'effectuer.

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- wesh : (Arabe), « wach » = quoi, est un mot qui marque la salutation (comment ça va). Utiliser également pour demander ce qui se passe.

- gnogonbolo : (Bambara), exprime la solidarité, littéralement (on est ensemble).

- hettiste : (arabe algérien), « hit » = mur; (1990), personne désoeuvrée qui passe sa journée adossée à un mur. De nos jours ce terme est employé pour désigner les hommes qui courent après les jeunes filles.

- easy : (Anglais), facile, aisé.

- fouma : (Guinée Conakry), quelque chose de banal.

- zaef : (Arabe), « zeâf » = colère, qualifie une personne énervée, en colère.

- khapta : c'est une fête, plus particulièrement une soirée alcoolisée. Par glissement, s'emploi avec le sens de ivresse.

- zouz : (Arabe), « zùdj » qui signifie deux et qui fait donc référence à la deuxième personne composant le couple après l'homme. La « zouz », ou deuxième personne du couple, fait donc référence à la femme, ou la fille.

- meskine : De l'arabe, « meskîn » = pauvre, expression de compassion par apport à quelqu'un. Marque également la pitié.

- wallah : Interjection arabe « wAllah », signifiant littéralement « par Allah » (sous-entendu « [je le jure] par Allah »). Serment qui consiste à prendre à témoin Allah, pour prétendre que les propos d'un locuteur ne sont pas mensongers.

- BAE : Expression anglo-saxonne « before anyone else » personne ou quelque chose à laquelle on prête énormément d'attention dans sa vie. Ceci s'emploi aussi bien dans un contexte amoureux qu'amical.

- zbeul : Signifie « ordure » en arabe. Quand vous mettez ou que vous allez mettre le « zbeul » chez quelqu'un, c'est que vous avez l'intention de mettre la pagaille.

- badass : (anglais americain), personne possédant certaines qualités à un degré hors normes, balèze. Autrement, un dire à cuire, quelqu'un qui déchire.

- chiller : (anglais familier), « «to chill » = se détendre, se relaxer, passer du bon temps.

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- mamene : (anglicisme), formé à partir de « my man » qui signifie mon pote, mon gars ou encore mon ami.

- tchoin : (nouchi), une fille facile. Une femme qui se donne facilement aux hommes. - bro : En anglais, bro signifie frérot, un diminutif affectif de brother, frère en anglais.

- shit : Haschisch, cannabis. De l'argot anglo-américain shit qui désigne la marijuana et qui issu de l'anglais vulgaire shit « merde ».

- gbassé : (nouchi), faire des fétiches, envoûter une personne.

- hess : Vient de l'arabe « hessd », qui signifie « volonté de nuire ». Employée par les jeunes, cette expression désigne le fait d'être dans la galère.

- goumin : C'est l'appellation en verlan ivoirien (nouchi) du chagrin d'amour. C'est lorsqu'on aime vraiment et qu'on est rejeté par notre partenaire.

- babtou : Du malinké « toubabou » et du wolof « tubaab », terme utilisé en Afrique de l'Ouest pour désigner les européens, la peau blanche.

- poucave : Provient d'un verbe romani (la langue des Roms) ; désigne une personne à qui on ne peut pas faire confiance, en raison de son penchant pour la trahison et la délation.

- moula : Argent. De l'espagnol « mula » signifie « mule » en rapport avec ceux qui transportaient l'argent, la drogue.

- belek : Vient de l'arabe : attention, il s'agit le plus souvent d'un conseil amical pour prévenir quelqu'un d'un danger potentiel.

- gamos : Vient du mot gamelle désignant les cylindres des voitures. Utiliser par les rappeurs pour désigner une voiture haut de gamme.

- Janviose : (Cameroun), maladie du mois de janvier. Maladie rare qui a la particularité de n'apparaitre que durant le mois de janvier.

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Conclusion

L'examen des néologismes collectés chez les étudiants francophones, que nous venons de réaliser avait pour objectif d'étudier les procédés de formation auxquels font recours ces étudiants. Le nombre exhaustif des nouvelles lexies collectées, montre le besoin qu'éprouvent les étudiants à vouloir être bref et concis.

D'après l'analyse lexicosémantique des néologismes recensés, la néologie qui s'affirme comme étant un nouveau mode d'expression à travers le monde linguistique, révèle une transgression des règles du bon usage de la langue française. D'abord, elle permet aux étudiants de créer des nouvelles unités linguistiques en jouant avec la langue. Ensuite, nous constatons dans cet enjeu créatif, le respect des règles de création du mot.

Malgré la présence de quelques emprunts hybrides relatifs à la néologie, nous les avons étudiés sous un autre angle (emprunt lexical, emprunt sémantique, le xénisme et le calque), au dépend de la typologie évoqué dans la théorie. Néanmoins, la néologie par hybridation démontre, la capacité extraordinaire qu'ont les langues à se combiner avec aisance en créant des lexies néologiques.

L'étude morphologique des néologismes, justifie la minutieuse tâche réalisée sur le lexique de la langue française par les étudiants. Cela signifie que les enquêtés maîtrisent plus ou moins la langue française et ressentent le besoin de se l'approprier.

Quant à l'analyse du sens des nouvelles unités recensées par les matrices lexicogéniques, nous nous sommes référés aux propos de GEORGE Mounin, « Tout mot a une signification propre. Mais l'usage ne lui attribue pas toujours exclusivement cette signification propre et primitive, qui réside dans la combinaison du sens de divers éléments avec celui de la racine. De même que les formes se modifient, de même varient les sens; ils s'altèrent, se resserrent, se développent, se nuancent à l'infini; outre leur sens propre, les mots ont des sens figurés qui s'y rattachent par des fils souvent invisibles, qu'une analyse pénétrante peut seule faire découvrir. Cette analyse est l'objet d'une science grammaticale à laquelle on a donné le nom de sémantique (science des significations); le mot sémasiologie a été

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également proposé »77. À partir de là, d'autres phénomènes sont entrés en jeu (dictionnaires français à usages courant).

L'emprunt qui constitue une proportion assez importante de notre corpus montre à nouveau le mouvement constant que maintiennent les mots entre les langues. YETTOU Naima78 atteste que « les mots ressemblent à de véritables voyageurs, qui transportent avec eux leur culture et racontent leur histoire dans un autre pays que le leur ».

En fin de compte, cette étude nous a révélé les capacités qu'ont les étudiants à recourir aux créativités lexicales de façon spécifique et stratégique. Cette capacité est attisée par la volonté de s'identifier par apport à une génération, un groupe restreint d'amis(es), de faire passer un message codé que seuls les initiés peuvent décoder. D'autres, utilisent ces créativités lexicales pour enrichir leur vocabulaire et faire entrave à la norme.

77 Georges Mounin, La sémantique, Payot, 2010. http://www.cosmovisions.com/semantique.htm. Consulté le 02/05/2021.

78 Mme YETTOU N. (2013). La néologie dans le journal El Watan, étude lexicosémantique. Mémoire de magistère. Université EL HADJ LAKHDAR Batna. p.147. http://theses.univ-batna.dz/index.php/component/docman/doc_view/3665-laneologie-dans-le-journal-el-watan-etude-lexicosemantique. Consulté, le 21 février 2021.

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CONCLUSION

GÉNÉRALE

Conclusion générale

« Si vous ne pensez pas, créez de nouveaux mots »

VOLTAIRE

L'objectif de cette étude était de dégager les différentes formes de néologismes représentés par un corpus d'étudiants étrangers francophones pour une recherche sociolinguistique. Cette recherche a pour objet de déterminer les raisons pour lesquelles les étudiants francophones font recours aux créations lexicales et d'analyser l'ensemble des néologismes collectés chez ces derniers, à savoir : les créativités lexicales aussi bien que les emprunts.

Premièrement, à l'essor de cette recherche, le concept de la néologie et du néologisme constituent des éléments clés qui ont écarté toute ambiguïté par apport à notre sujet. Pour cela, nous nous sommes référé aux travaux de quelques auteurs tels que SABLAYROLLES J-F, L. GUILBERT, L-S MERCIER et autres. D'après les définitions données par les dictionnaires de linguistiques et différents théoriciens, ces deux termes démontrent implicitement l'évolution du français moderne. En second lieu, nous avons classifié et dégagé la typologie de procédés de formation des néologismes inspirée par celle de J-F SABLAYROLLES.

Par la suite, pour analyser la morphologie des lexies néologiques, nous avons évoqué les disciples responsables de l'analyse des mots et des phrases. Il est question de la lexicologie responsable de l'étude de la structure d'une langue et de la sémantique qui a servi à analyser les sens des nouvelles unités collectées. Une grille d'analyse a été établie pour rendre compte des lexies collectées et donner des explications sur le processus de leur formation.

Notre méthodologie reposait sur une double analyse du corpus à savoir : une étude quantitative et qualitative. La première étant centré sur une analyse statique tâchait de lister des affinités d'ensembles tels que : les procédés créatifs les plus fréquents que d'autres, le nombre de créativités lexicales par apport aux emprunts, les matrices lexicogéniques les plus productives, les langues d'origines des

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emprunts etc. l'analyse qualitative en second lieu, nous a permis d'examiner les lexies néologiques isolées de leurs cotextes, d'étudier leurs caractéristiques selon un aspect morphologique, sémantique et pragmatique.

Les néologismes ont été recensés manuellement et de façon semi-automatique à l'aide d'un logiciel de correcteur « druide antidote 8 », afin de garantir les résultats. Malgré son efficacité dans le repérage et l'identification des néologismes sémantiques, il est évident que la méthode manuelle peut par inattention laisser passer des néologismes potentiels. C'est pourquoi, nous avions convenu pour la semi-automatisation du repérage. Par contre, cette méthode pratique quant à l'identification des néologismes formels autorise amplement les néologismes de sens tel que des noms employés comme adjectifs. Nous avons choisi cette méthode afin de garantir un maximum de précisions dans notre recherche.

Le premier constat auquel, a abouti cette étude, est que la majorité des lexies néologiques recensées sont formées au strict respect des règles de la création du mot français. Sauf, deux lexies « incouptiser » et « incouation », enregistrées comme verbe et nom et qui sont formées à partir d'une locution « un coup ». C'est une création qui ne figure pas dans les règles de la langue française. La règle se veut une construction de verbes à partir de noms et adjectifs et non au détriment de locutions.

La deuxième remarque que nous avions pu dégager concernant les néologismes collectés est qu'ils proviennent de langues différentes. Nous les avons réparties dans un graphique selon la dominance des néologismes par langue comme suit : anglais, arabe algérien, arabe standard, bambara, tamasheq, nouchi et autres (espagnol, romani, malinké, peulh, kikongo, français).

Le résultat de l'analyse des créativités lexicales montre que les néologismes émus par les étudiants étrangers francophones reflétant la langue française pratiquée dans divers pays d'Afrique de l'ouest, que les lexies néologiques ne sont pas exclusivement construites à partir du formant de la langue française. Les étudiants étrangers utilisent plusieurs langues, qu'ils alternent tout en puisant les règles de leurs combinaisons aux sources de la langue française.

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Le nombre exhaustif des néologismes collectés prouve l'importance de ce vocable qu'est la néologie. La néologie n'est pas un fait insignifiant mais un concept qui use de toutes les disciplines de la linguistique afin d'analyser le lexique d'une langue. Le produit de ce concept qui est à même d'être étudié est le néologisme.

Un certain nombre de questions se posait au cours de cette recherche : la plus justifiée qui se pose, est qu'est-ce qu'un néologisme ? N'importe qui semble connaitre la réponse « un nouveau mot ». Par contre, tout s'obscurcit lors de la recherche, ce concept si banal, se complexifie. En plus de celle-ci, d'autres questions se formulaient, pourquoi les étudiants, font-ils recours aux créativités lexicales ? Est-ce un simple jeu de mots ? Est-ce pour enrichir la langue par l'intégration des nouvelles unités ? Quels sont les procédés de formation utilisés dans les créations ? Quels sont les procédés les plus productifs ?

L'analyse des néologismes selon les procédés de créations montre que les matrices morphosémantiques sont les plus prolifiques dans la production de nouvelles unités lexicales. Mais dans cette étude le verlan occupe une place importante avec une proportion plus élevée par apport aux procédés censés être les plus productifs de la langue française. Il est notamment question de la composition et de la dérivation. L'emprunt par contre reste incontournable il fait office d'une présence considérable dans cette étude. L'hybridation néologique du français avec d'autres langues, produit une variété de mots très vaste contribuant ainsi à la richesse de langue.

Pour montrer comment ont été fabriquées les lexies néologiques, il nous a fallu les étudier sur une dimension lexicologique. Comme résultat, nous avons enregistré des néologismes obtenus par affixation (préfixation, suffixation, parasynthétiques), par combinaison des lexies généralement autonomes, composition (savante, hybride), verlan, extension et restriction de sens etc. ainsi que les figures de styles qui se révèlent productives en néologie sémantique. Ce qui veut dire que la néologie chez nos enquêtés n'intervient pas uniquement sur la forme mais aussi sur l'élargissement du sens et de sa restriction.

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Sémantiquement, nous avons analysé le sens des néologismes en replaçant l'unité néologique dans son cotexte et contexte de production et en nous référant à divers dictionnaires d'usage courant et d'autres manuels lexicographiques. Ceux-ci, nous ont facilité l'interprétation des nouvelles lexies.

Le travail effectué au niveau des emprunts a démontré que les types d'emprunts les plus dominants, sont les emprunts lexicaux, lesquels font objet d'une importation morphosémantique. Cela témoigne de la fainéantise de l'être humain renonçant à son ingéniosité créative au dépend des mots d'une langue étrangère. Certes, ces mots ne peuvent pas toujours être remplacés donc on se voit contraint de les employer telle quelle. MICHEL BREAL79 dans son ouvrage, Essai de sémantique, les a qualifiés : « des mots qui ne s'inventent pas deux fois, mais ils se propagent de peuple à peuple, pour devenir le bien commun de toute l'humanité ».

Les néologismes ont été brièvement accompagnés de commentaires qui démontrent que leur usage a été fait délibérément. Ils ont été créés à des fins voulues afin de répondre à un besoin communicationnel et à une forte envie de transgresser les règles normatives de la langue française. Certains étudiants les utilisent pour créer leur propre vocabulaire et codifier leur langage, auquel ils recourent uniquement avec un groupe restreint d'amis(es).

Les nouvelles unités lexicales recensées, prouvent que la néologie qui s'opère chez les étudiants étrangers francophones, est structurée autour d'un lexique certifié et non certifié, c'est-à-dire que les nouvelles lexies enregistrées existent éventuellement dans le système linguistique français. Nous assistons simplement à des modifications morphosémantiques des unités lexicales déjà contenues dans la langue.

Ces propos rejoignent la distinction s'établissant entre la production et la création d'une lexie néologique que B. Fradin (cité par CUSIN-BERCHE F.), présente comme suit : « la productivité est la capacité à créer des expressions, qui ont pour vocation à devenir des unités lexicales, en recourant aux moyens formels qu'offre la langue pour construire des lexèmes ou des expressions [...] La créativité en revanche s'affranchit des règles servant à la construction des unités lexicales.

79 BREAL M. Essai de Sémantique : «sciences des significations », Paris, Hachette, 1897, p.362.

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Elle ne met pas en oeuvre -- ou pas uniquement -- des procédés appartenant à la grammaire de la langue (analogie, verlan, etc.) ».

Au terme de cette analyse, il est important de rappeler les propos de quelques chercheurs ayant abordé le concept de néologie :

« La définition très large, très ouverte du phénomène de la néologie est si accueillante qu'en fin de parcours elle cerne mal la nouveauté par rapport au vocabulaire lexicalisé et par rapport à la norme ».80

« Les néologismes, toujours aussi nombreux, sont en outre formés selon de nouveaux modèles » et « il faut accepter qu'une langue vivante change de norme »81

Il est certain que ce champ d'études ne sera jamais mené à son terme, vu que le corpus de données se renouvelle incessamment avec l'émergence de nouvelles lexies. Ces études ne se limitent pas qu'au cadre de la lexicologie ou de la lexicographie, elles concernent en effet, toutes les branches de la langue et celles des sciences du langage en particulier.

80 Sablayrolles, J.-F. (2000) : La néologie en français contemporain. Examen du concept et analyse de productions néologiques récentes, Paris, Honoré Champion éditeur, coll. « Lexica », no 4, 589 p.

81 Alain Rey et Josette Rey-Debove dans l'introduction du Nouveau Petit Robert, p. XIV.

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RÉSUMÉ

Résumé

Cette recherche, qui relève de la sociolinguistique, porte sur les créativités lexicales chez les étudiants francophones en Algérie. Depuis notre arrivée dans les universités algériennes notamment celles de Constantine, nous avons côtoyé un certain nombre d'étudiants étrangers venus de différents pays d'Afrique francophone. À partir de cette fréquentation, nous avons remarqué des faits nouveaux dans l'utilisation de la langue française plus précisément des créativités lexicales. En effet, le flux de néologismes qui provenait des conversations de ces étudiants attirait notre curiosité et nous nous sommes posé des questions sur la pratique de ces nouveaux mots.

Faute de ne pouvoir faire des enregistrements audio à cause de la pandémie COVID19, nous avons élaboré un questionnaire afin de collecter les lexies néologiques auxquelles font recours ces étudiants. Pour analyser notre corpus, le concept de la néologie, de la lexicologie, de la sémantique et celui de la lexicographie font l'objet de notre étude en nous basant sur des travaux de quelques chercheurs.

L'objectif de ce travail par la suite, est de déterminer les procédés de formation des néologismes collectés suivant la typologie élaborée par SABLAYROLLES J-F tout en tenant compte de la corrélation entre la forme et le sens (analyse lexicosémantique), des lexies néologiques.

Mots-clés : néologie - néologismes - lexicologie - sémantique - lexicographie - analyse lexicosémantique

Abstract:

This research contributes to sociolinguistic studies on lexical creativities among francophone students in Algeria. Since our arrival in the Algerian universities, particularly those of Constantine, we have worked with a number of foreign students from different francophone African countries. From this attendance, we noticed new developments in the use of the French language specifically lexical creativities. Indeed, the flow of neologisms that came from the conversations of these students attracted our curiosity and we wondered about the practice of these new words.

Unable to make audio recordings due to the COVID19 pandemic, we developed a questionnaire to collect the neological lexicons used by these students. To analyze our corpus, the concept of neology, lexicology, semantics and lexicography are the subject of our study based on the work of some researchers.

The aim of this work subsequently is to determine the processes of formation of neologisms collected according to the typology elaborated by SABLAYROLLES J-F while taking into account the correlation between form and meaning (lexicosemantic analysis), of neological lexicons.

Keywords: neology - neologisms - lexicology - semantics - lexicography - lexicosemantic analysis.

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.-40.4.j#11 sL4.11II

ANNEXES

LES QUESTIONNAIRES

- Table des matières des questionnaires -

Enquêté 1 .101

Enquêté 2 .102

Enquêté 3 .103

Enquêté 4 .104

Enquêté 5 .105

Enquêté 6 106

Enquêté 7 .107

Enquêté 8 .108

Enquêté 9 .109

Enquêté 10 ..110

Enquêté 11 111

Enquêté 12 ..112

Enquêté 13 113

Enquêté 14 114

Enquêté 15 115

Enquêté 16 116

Enquêté 17 117

Enquêté 18 118

Enquêté 19 119

Enquêté 20 120

Enquêté 21 121

Enquêté 22 122

Enquêté 23 123

Enquêté 24 124

Enquêté 25 125

1

Enquêté 1

2

Enquêté 2

3

Enquêté 3

4

5

Enquêté 4

Enquêté 5

6

Enquêté 6

7

Enquêté 7

8

Enquêté 8

9

Enquêté 9

10

Enquêté 10

11

Enquêté 11

12

Enquêté 12

13

Enquêté 13

14

Enquêté 14

15

Enquêté 15

16

Enquêté 16

17

18

Enquêté 17

Enquêté 18

19

Enquêté 19

20

Enquêté 20

21

Enquêté 21

22

Enquêté 22

23

Enquêté 23

24

Enquêté 24

25

Enquêté 25

26






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