La curation de contenu sur les réseaux sociaux
:
Quelle peut être la place allouée à
la curation de contenu dans la stratégie Social Media dans une start-up
B2C de l'edtech ?
Présenté par Jessy Toison
Sous la direction d'Emmanuel Raillard
Promotion 2017-2018
MBA Marketing Digital et E-Business
1
« Les gens ne croient pas en ce que vous leur dites. Ils
croient rarement ce que vous leur montrez. Ils croient souvent ce que leurs
amis leur disent. Ils croient en tout temps ce qu'ils se
disent à eux-mêmes » - Seth Godin
2
Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier l'INSEEC qui m'a
permis de faire une très belle reconversion professionnelle et de
découvrir le monde fascinant du marketing digital. Merci à tous
ces enseignants compréhensifs et de bon conseil grâce à qui
j'ai pu mener à bien ce MBA. Merci également à mes
camarades de promotion pour ces échanges, pour leur soutien, pour leurs
bons conseils et les beaux moments que nous avons pu vivre ensemble. Merci tout
particulièrement à Monsieur Emmanuel Raillard, pour son
investissement en tant que tuteur et sa passion en qualité d'enseignant.
Merci à lui qui a su me révéler le potentiel de ce sujet
de recherche et me guider dans ce travail.
Un très grand et très chaleureux merci à
Frank David Cohen, Diane Lahmy et à toute l'équipe de Klassroom
qui m'a accueillie, qui a cru en moi et qui m'a donné la formidable
opportunité d'intégrer une prometteuse start-up de l'EdTech.
Merci à eux pour leur confiance, leur patience, leur
compréhension, leur écoute, merci pour cette chance incroyable
qui m'a non seulement ouvert les portes du marketing digital et de l'univers
des start-up françaises, mais qui m'a également beaucoup appris
sur moi-même.
Enfin, je ne remercierai jamais assez Thierry et
Béatrice Leuthreau, sans qui cette aventure n'aurait pas
été possible : merci à eux d'avoir cru en moi, de m'avoir
sans cesse encouragée, et de m'avoir donné la confiance en moi
nécessaire et l'opportunité de reprendre mes études. Et
pour finir, merci infiniment à Alexandre, mon compagnon qui m'a toujours
soutenue quels que soient mes choix, mes projets, pour sa présence dans
la vie et au quotidien qui ne faillissent pas, et qui sont mon moteur le plus
précieux.
3
Résumé du mémoire
Communiquer sur les réseaux sociaux peut avoir de
multiples vertus lorsqu'on est une jeune pousse de l'EdTech française :
il s'agit là d'un moyen rapide et efficace de se faire connaître,
de connaître ses potentiels utilisateurs, d'échanger avec eux, de
créer et de favoriser l'émergence d'une communauté en
ligne et d'intégrer ces utilisateurs à la success story de
l'entreprise. Mais quel type de contenu diffuser sur les réseaux sociaux
pour atteindre rapidement ces utilisateurs ? L'étude de notre cible
révèle combien les enseignants du premier degré sont
consommateurs de contenus pédagogiques en ligne, afin de les aider
à créer des séances de cours, à améliorer
leurs pratiques, à s'inspirer des innovations de leurs collègues
qui produisent ce contenu et le diffusent en ligne. Ces derniers
bénéficient d'une renommée qui s'étend bien au
delà de leur blog et de leurs profils sur les réseaux sociaux.
C'est pourquoi il peut s'agir là d'une opportunité à
saisir afin de diffuser régulièrement un contenu de
qualité, pertinent et qui réponde aux besoins de notre cible, au
delà de la promesse de notre produit. Mais ce peut également
être l'occasion de nous rendre visible auprès des enseignants
producteurs de contenu qui peuvent potentiellement encourager les enseignants
qui les lisent à utiliser notre solution, si ces e-influenceurs le font.
A la croisée du content marketing et du marketing d'influence, ce
mémoire propose une réflexion sur ce qu'est la curation de
contenu et comment l'intégrer à sa stratégie social media
lorsqu'on est une start-up B2C de l'edtech.
4
Sommaire
Synthèse des recommandations p. 6
Introduction p. 7
I - Etat des lieux p. 10
A - Le content marketing, définition .. p. 10
1) Définition du «contenu» . p. 10
2) Le marketing de contenu p. 11
B - La curation, définition .. p. 13
C - Curation de contenu et réseaux sociaux p. 16
1) Réseaux, média sociaux et communautés
.. p. 17
2) Curation et sociabilité p. 22
3) Les règles de la curation à respecter .. p.
25
4) Les bénéfices et opportunités de la
curation de contenu sur les réseaux sociaux, une
conclusion .. p. 27
II - Activité et entreprise et étude
empirique . p. 31
A - Klassroom, une start-up française de l'edtech . p.
31
1) Histoire de l'entreprise : deux ans d'activité .. p.
31
2) Klassroom en chiffres p. 33
3) Objectifs de Klassroom .. p. 34
B - Présentation de l'activité et entreprise . p.
35
1) Définition des missions .. p. 35
5
Originalité et complexité de la mission
3) Enjeux de la mission
|
.. p. 39 .. p. 42
|
4) Notre cible, les enseignants du premier degré
|
p. 50
|
|
C - Etude qualitative et quantitative
|
p. 53
|
1) Un échantillon représentatif
|
p. 53
|
2) Les professeurs, de fervents consommateurs de contenu en
ligne
|
. p. 54
|
3) Ce que veulent les «profs», quels sujets les
intéressent
|
. p. 59
|
|
III - Recommandations
|
p. 63
|
A - Stratégie et proposition de démarche
|
p. 63
|
1) Stratégie actuelle de curation de contenu
|
p. 63
|
2) Réponse à la problématique
|
p. 64
|
3) Recommandations opérationnelles
|
p. 70
|
B - Ouverture
|
p. 74
|
1) Des théories à la pratique
|
p. 74
|
2) Le test and learn, ce que ne disent pas les théories
|
p. 75
|
3) Revue des meilleures pratiques
|
.. p. 76
|
Conclusion
|
p. 78
|
Bibliographie
|
p. 81
|
Annexe
|
p. 84
|
6
Synthèse des recommandations
Afin de procéder à une curation de contenu
performante, voici les recommandations à
suivre :
Tout d'abord, la recommandation la plus importante est de ne
pas plagier, ne pas copier-coller ! La curation est acte de création.
Par les choix de sélection et d'organisation de divers contenus,
l'entreprise qui partage le contenu d'un tiers se l'approprie et lui donne un
sens différent en l'intégrant à sa communication.
Ensuite, il est nécessaire de toujours identifier le
créateur original du contenu grâce au taguage et lui exprimer sa
gratitude : non seulement c'est une preuve d'humilité, cela attribue le
contenu à son créateur, mais cela permet à l'entreprise
curatrice de se faire connaître positivement par le créateur
original, qui peut être un e-influenceur !
Le contenu doit faire sens, il faut donc créer du lien
entre le contenu partagé et sa marque, son entreprise, son produit : si
la curation est acte de création, c'est parce qu'elle contribue aussi
à l'élaboration de son «social self». Le contenu
partagé peut être vecteur des valeurs, du discours, des
aspirations, du lien que tend à créer l'entreprise avec ses
consommateurs. Le discours qui va accompagner le contenu partagé doit
être original, personnalisé et cohérent avec la
stratégie définie par l'entreprise.
Enfin, il est important de garder à l'esprit qu'il
s'agit d'un contenu marketing : ce contenu est destiné à une
personne, doit être diffusé sur le bon canal, au bon moment avec
le bon format, afin de répondre à un besoin ou de lui inspirer
une idée. Ce contenu a également un objectif qui entre dans une
ou des strates du tunnel d'achat.
7
Introduction
Questionner la place allouée à la curation de
contenu dans la stratégie Social Media dans une start-up B2C de l'edtech
revient à se poser de nombreuses questions : le présent sujet
présente l'intérêt de se concentrer sur une niche, à
savoir les enseignants du premier degré dans les pays francophones. Qui
sont-ils ? Quelles relations entretiennent-ils avec les réseaux sociaux
? Qu'y cherchent-ils ? En revanche, le type d'entreprise concerné
à le vent en poupe et a bonne presse puisque l'entreprise dont il est
question est une start-up. Ces entreprises qui prétendent bousculer le
monde du travail par leurs méthodes de travail innovantes peuvent
reposer, comme c'est le cas ici, sur une stratégie dite de Growth
Hacking où tous les moyens sont déployés afin d'assurer
une croissance rapide et durable à l'entreprise. Ce mémoire
propose donc aussi une réflexion sur le rôle que peuvent jouer les
réseaux sociaux, et plus particulièrement la curation de contenu,
le content marketing, dans une stratégie de Growth Hacking. Enfin,
grâce à la définition de la notion de curation et à
ses limites, une réflexion sur la façon d'intégrer au
discours d'une entreprise celui de ces consommateurs peut être
ébauchée : comment les réseaux sociaux contribuent-ils
à façonner l'identité sociale d'une entreprise ? Par
quelles pratiques procéder à une curation éthique de
contenus en ligne ?
Le périmètre de recherche est donc assez
restreint, tout comme l'est notre cible : les enseignants ayant accepté
de répondre à cette étude l'ont fait grâce à
un questionnaire diffusé pendant 6 semaines. Ils ont été
78 à répondre, mais ne sont que 58 à être des
enseignants du premier degré. Les enseignants ayant pu y répondre
sont donc ceux qui fréquentent les réseaux sociaux puisqu'il a
été diffusé sur Twitter et dans les groupes Facebook
où se retrouvent les enseignants pour échanger des conseils,
poser des questions, partager des
8
anecdotes liés à leurs pratiques, ce qui peut
fausser les résultats de notre étude, notamment en ce qui
concerne la représentativité de notre échantillon.
Toutefois, grâce aux informations recueillies et
à la littérature à ce sujet, il nous est possible de
répondre à la problématique de ce travail : en effet, le
présent mémoire a pour but d'interroger la place allouée
à la curation de contenu dans la stratégie Social Media dans une
start-up B2C de l'edtech. Les questions suivantes peuvent donc être
posées : Quels réseaux sociaux sont favorables à
l'édition d'un contenu partagé ? Comment s'organisent les
communautés ciblées sur ces réseaux sociaux ? Quelle place
la curation de contenu peut-elle prendre dans la stratégie
éditoriale des réseaux sociaux ? A quelle fréquence
diffuser du contenu produit par un influenceur ? Quelle relation entretenir
avec ses influenceurs et sa communauté grâce à la curation
de contenu ? Quel « social self » peut-on façonner à
travers une telle cette stratégie ? Dans quel but ?
Intitulé «Consommation de contenus
éducatifs en ligne chez les enseignants», le questionnaire de cette
étude se divise en deux rubriques : la première destinée
à étudier les profils ayant répondu à
l'étude, la deuxième concentrée sur le rapport aux
réseaux sociaux qu'ont les enseignants et à leur consommation de
contenus pédagogiques en ligne. Il s'agissait donc de déterminer
:
- si l'échantillon étudié est
représentatif de notre communauté, afin d'évaluer la
pertinence de nos conclusions
- si les enseignants sont plutôt producteurs ou
consommateurs de contenus en ligne
- via quels média les professeurs des écoles et
de maternelle consomment-ils du contenu - quels réseaux sociaux
privilégient-ils pour partager ou pour rechercher du contenu
pédagogique
- s'ils suivent ou non des professeurs blogueurs, et si oui,
lesquels
- s'ils consomment ou non du contenu pédagogique
produit par des entreprises
9
- quels sujets recherchent-ils ou aimeraient-ils voir plus
souvent abordés
A dominante quantitative, cette étude a tout de
même proposé aux enseignants de nous envoyer leur propre verbatim
lorsqu'il s'agissait de déterminer quels professeurs e-influenceur
suivent-ils, via quel média ceux qui diffusent du contenu en ligne le
font-ils, pour quelles raisons (ne) consomment-ils (pas) du contenu
pédagogique produit par des entreprises et quels types de sujets
aimeraient-ils lire plus souvent.
Nous étudierons donc dans un premier temps
l'état de l'art concernant la littérature à ce sujet. Dans
un second temps, nous procéderons à une étude de
l'entreprise concernée, de mes missions et de leurs enjeux avant
d'analyser les résultats de l'étude réalisée.
Enfin, dans un troisième temps, nous répondrons à la
problématique énoncée ci-dessus en proposant des
améliorations de notre stratégie actuelle et en procédant
à des recommandations opérationnelles.
10
I - Etat des lieux
A - Le Content Marketing - définition
1 - Définition du « contenu »
Le « Content Marketing » est un néologisme de
plus en plus fréquemment employé depuis 2011, l'année de
la toute première conférence dédiée au content
marketing (Cohen, 2016)1. En français, cette expression se
traduit tout simplement par « Marketing de Contenu » en
français. Il convient donc, dans un premier temps, de s'interroger sur
ce que désigne le terme « contenu ». Dans son article What
is content anyway, Lauren Pope propose la définition suivante pour
contenu : « Information or an idea that means something to a person in a
specific time and place »2. La notion de contextualisation est
à première vue essentielle pour que le contenu se charge de sens
pour son consommateur. L'auteure précise ensuite comment proposer un
contenu de qualité :
Good content starts with your user/customer/audience. You
identify information they need or an idea they will be engaged by, that has a
meaningful connection to your brand. You choose the right format to convey it
effectively. You select a publishing channel so that it reaches the right
person at the right time.
Le contenu dépend donc de plusieurs facteurs qui
façonnent ce que l'on peut appeler le « contexte » : le canal
de diffusion, le moment de la diffusion, le format du contenu, le lien qui
fasse sens avec la marque. Witold OEwieczak traite des canaux et des formats de
contenus qu'il appelle les outils du content marketing3, sans
opérer de distinction entre les uns et les autres : son étude
nous permet de déterminer que les formats des contenus marketing
peuvent
1 Cohen Heidi, «50 Marketers define Content
Marketing», Heidi Cohen - Actionable Marketing Guide,
https://heidicohen.com/content-marketing-definition/,
consulté le 13/09/18
2 Pope Lauren, « What is content anyway ? »,
Brillant Noise,
https://brilliantnoise.com/ideas/what-is-content-anyway/,
consulté le 23/08/18
3 Witold OEwieczak, « The use of content
marketing strategy tools in the Polish research institutes », Research
Gate,
https://www.researchgate.net/publication/312627570_The_use_of_content_marketing_strategy_tools_in_th
e_Polish_research_institutes, consulté le 30/08/18
11
aussi bien être du texte (articles, livres blancs,
newsletters etc.), que de la video (téléséminaires,
vidéos en ligne etc.), ou encore des supports visuels (bandes
dessinées, infographies) ou audio (comme c'est le cas du podcast).
La définition de Lauren Pope précise que les
besoins du consommateur sont également prépondérants pour
évaluer la pertinence du contenu. C'est donc la convergence entre les
besoins des consommateurs/cibles, entre la marque et entre le contexte qui
détermine le contenu à proposer, à partager avec les
consommateurs. Enfin, Lauren Pope souligne que ce contenu doit avoir un lien
qui fasse sens avec la marque. C'est donc en prenant en compte ce qu'est le
contenu et comment le consommateur interagit avec qu'une entité ou
qu'une organisation est en mesure de faire ce que l'on nomme du « content
marketing ».
2 - Le marketing de contenu
Bien que l'expression ait commencé à être
utilisée en 20114, Heidi Cohen rappelle qu'il ne s'agit pas
là d'une invention récente et que le marketing de contenu a, en
réalité, toujours existé. Elle recense 50
définitions du « content marketing », ce qui permet de le
décrire ainsi : le marketing de contenu diffuse des contenus
variés et de qualité sur différents supports, sur les
plateformes owned d'une organisation, d'une société. Le web
étant particulièrement propice à la diffusion de ce type
de contenu, le marketing de contenu fait partie intégrante de la
stratégie de marketing digital d'une organisation : c'est un levier
marketing à part entière qui s'ancre dans une stratégie
éditoriale ayant elle-même des objectifs business
spécifiques, et qui trouve sa place dans toutes les strates du tunnel
d'achat. Ses objectifs et ses performances sont donc SMART :
spécifiques, mesurables, acceptables, réalistes et temporellement
définis.
45 Cohen Heidi, consulté le 23/03/2018
12
Le marketing de contenu instruit, informe et divertit ses
consommateurs : contrairement au marketing plus traditionnel, il n'a pas
vocation à interrompre ses auditeurs dans le cours de leur
journée, mais plutôt de répondre à un insight,
à un problème, au bon moment, afin de le résoudre. Il
apporte donc quelque chose à son audience, une réponse, une
information, sans exiger de lui une contrepartie quelconque. Il peut toutefois
avoir un impact sur le consommateur, en l'aidant dans sa prise de
décision avant, pendant et/ou après achat/contractualisation.
Contrairement à la publicité, le contenu entend interagir avec le
consommateur, ces interactions pouvant être mesurées grâce
aux outils web de marketing à la performance. Le contenu se doit donc
d'être engageant, inspirant et conversationnel : il se focalise sur
l'expérience d'un consommateur qu'il connaît mieux et en quoi il
cherche à susciter des émotions. Il est empathique, plus
respectueux de ses auditeurs que la publicité traditionnelle.
De plus, le contenu doit mettre en avant le fait que le
produit, l'entreprise répondent aux valeurs, aux aspirations profondes
du consommateur, c'est ce qui compte plus que le produit lui-même : le
marketing de contenu peut donc parfois être aussi du brand content. En
effet, le contenu doit se caractériser par sa valeur, valeur
ajoutée mais aussi porteur de valeur, de sens auprès de
consommateurs que l'on peut qualifier de consommacteurs.
Grâce à la proximité qu'il entretient avec
ses consommateurs et ses prospects, le marketing de contenu crée une
relation avec ses consommateurs, bâtie sur la confiance et sur la
fidélité. C'est donc une stratégie marketing de long terme
puisque son but premier n'est pas de vendre quelque chose, mais de
s'intéresser à ses consommateurs actuels et potentiels, à
leur comportement, leurs centres d'intérêt et à leur
parcours d'achat. En cela, la marketing de contenu est plus efficace que la
publicité traditionnelle car il permet à la marque et/ou à
l'entreprise de se positionner en tête par rapport à ses
concurrents dans l'esprit de consommateur.
13
Mais la curation peut-elle avoir sa place au sein d'une
stratégie de marketing de contenu ? D'après la définition
qu'en propose Kelly Hungerford5, la curation de contenu a de
multiples vertus :
Content marketing is the opportunity for brands to think
beyond their own original content and messaging to include a mix of original
and curated content to reinforce their position with consumers as the «go
to» brand.
From the smallest «brand me» to industry giants,
organizations of all sizes can benefit from content marketing. Marketing
through curated content reduces time and costs, increases visibility and reach,
and quickly and effectively establishes thought leadership. It is not enough
though to set the workflow to auto pilot and populate the pages of a site with
aggregated feeds.
A winning strategy succeeds when technology and people work
together. Automation and semantics can help to filter, facilitate and uncover
hidden treasures, but it is the human touch - thoughtful selection and
consideration of content - that will create a truly new and engaging brand
experience for audiences to discover, enjoy and share6.
La curation a donc de nombreux atouts qui lui permettent de
trouver sa place au sein d'une stratégie de marketing de contenu : en
diffusant du contenu à la fois original et issu de la curation, une
marque et/ou une entreprise bénéficie d'une pluralité de
voix pour s'exprimer, ce qui contribue à accroître sa
proximité et sa désirabilité auprès de ses
consommateurs et de ses prospects. De plus, cela réduit le temps et les
coûts consacrés à la production de contenu, tout en
augmentant la visibilité et le reach, la rapidité et
l'efficacité de la communication. Ce serait donc un tort de vouloir s'en
passer.
B - La curation, définition
Bien que ce terme réfère aujourd'hui à
une pratique largement utilisée sur le web, la notion de « curation
» a des origines bien plus anciennes. C'est ce qu'explique Laura
Ghebali-Boukhris, dans sa thèse intitulée Analyse de la
contribution d'un nouvel usage des réseaux sociaux numériques
à la connaissance organisationnelle : la curation de contenu.
Réseaux
5 Idem
6 Définition 29, Idem
14
sociaux et d'information7. Ce terme aurait
pour origine le verbe latin « curare », mais aussi le verbe anglais
« to cure » qui signifient tout deux « soigner ». Ce sens
médical a évolué et c'est l'idée d'organisation qui
l'a supplantée. En effet, les curateurs romains « repensaient les
infrastructures et leur organisation »8 de même que plus
tard, les curateurs d'art sélectionnaient les oeuvres d'art et les
organisaient de façon cohérente afin de mieux les
valoriser9.
L'évolution de ce terme nous aide à comprendre
ce qu'est la curation sur le web. D'après B. Bathelot, « la
curation de contenu est l'activité qui consiste à
sélectionner, trier et éventuellement commenter ou enrichir des
contenus plus ou moins spécialisés présents sur Internet
et à les présenter ou diffuser de manière
organisée10 ». Peut-être cette définition
met-elle en relation le sens originel du terme curation puisqu'il s'agit, soit
d'organiser, soit d'enrichir des contenus présents sur le web.
L'activité de curation consiste donc à créer une valeur
ajoutée à un contenu déjà existant, et par
là de rendre plus satisfaisant l'état de ce contenu, comme une
cure améliore l'état de santé d'un patient. Laura
Ghebali-Boukhris parachève cette définition en précisant
que :
Trois aspects essentiels sont soulignés dans la [sa]
bibliographie pour définir la curation : l'idée
d'opérationnalisation dans un but précis, l'objectif d'avoir un
corps informationnel qui aide à la découverte et qui vise
à être réutilisé, puis enfin la
nécessité technique de gérer une masse abondante
d'informations [...] chacune de ces définitions précise
implicitement que cette pratique requiert une capacité d'utiliser
l'information et de la repartager pour que son contenu soit
contextualisé (D. Cohen, 1998)11.
Cette contextualisation est essentielle pour comprendre en
quoi la curation de contenu peut constituer une valeur ajoutée : c'est
à la lumière de ce contexte, créé par
l'entité qui
7 Laura. Analyse de la contribution d'un nouvel usage des
réseaux sociaux numériques à la connaissance
organisationnelle : la curation de contenu. Réseaux sociaux et
d'information [cs.SI]. Conservatoire national des arts et metiers - CNAM,
2018.
8 Op. cit. p. 48
9 Op. cit. p. 47
10 Cohen Heidi, consulté le 22/08/18
11 Ghebali-Boukhris Laura, p. 52
15
partage ce contenu, que celui-ci peut prendre une coloration
nouvelle, une autre valeur. Cette entité peut être une
organisation, une société, qui partage un contenu rigoureusement
sélectionné avec un objectif défini. Mais quels peuvent
être ses objectifs ?
Dans sa définition de la curation de contenu, B. Bathelot
indique ceci :
« A des fins marketing, la curation de contenus est
surtout utilisée par des individus ou sociétés dans le
domaine B to B pour bénéficier d'une audience et se positionner
en tant qu'expert sur la thématique abordée. Elle peut
également être utilisée pour une diffusion interne à
des fins de veille12 ».
L'activité de curation de contenu est donc conjointe
à celle de la veille. Que ce soit pour assurer une communication interne
ou externe, c'est grâce à la veille qu'une organisation peut
être en mesure de partager du contenu. Le site
definitions-marketing.com
recense plusieurs définitions liées à l'activité de
veille, en fonction de ses objectifs. Elle peut avoir des fins commerciale,
concurrentielle, média, conversationnelle, réputationnelle,
mercatique, créative, de crise, de tarif, d'image13. De
manière générale, la veille se caractérise par
l'activité de recherche et de surveillance d'informations afin de les
analyser et de définir un plan d'action en conséquence. C'est
également ce qu'explique Laura Ghebali-Boukhris :
« Le but de la veille (business intelligence) est
finalement d'analyser la performance d'une organisation pour ensuite
améliorer son revenu et sa compétitivité. D'autres auteurs
ont souligné la capacité de la veille à aider à
formuler de nouvelles stratégies visant à augmenter le profit
d'une entreprise (Ayachi, 2008)14 »
Toutefois, il s'agit de bien établir une distinction
entre la pratique de la curation et celle de la veille.
Étape
|
Curateur
|
Veilleur
|
Collecte
|
Collecte libre en fonction des centres d'intérêt
|
Structuration de la collecte, apport d'outils et de
méthodologie
|
Analyse et traitement de
|
Libre et en fonction de la
|
En rapport avec la logique de
|
12 Bathelot B. «Définition : Curation de
Contenu», Définitions Marketing,
https://www.definitions-marketing.com/definition/curation-de-contenus/,
consulté le
13 Bathelot B. «Résultats de recherche pour
`veille»», Définitions Marketing
https://www.definitions-marketing.com/?s=veille,
consulté le
14 Ghebali-Boukhris Laura, p. 53
16
l'information
|
personnalité du curateur
|
l'équipe et l'objectif de la recherche d'information
|
Archivage
|
Pas obligatoirement d'archivage, ou une indexation libre avec le
choix des outils à utiliser
|
Nécessité de mise en conformité avec le
système interne
|
Choix des sources
|
Choix libre
|
Proposition de critères de qualification des sources
|
Diffusion
|
Sur les outils du curateur
|
Structuration de la diffusion
|
Tableau 1 : Comparaison des rôles de veilleur et de
curateur.
Repris par Ghebali-Boukhris (2018) et adapté de Mesguich et
al (2012)
Le curateur n'est donc pas un chargé de content
marketing, mais le chargé de content marketing peut adopter, dans sa
démarche de curation, des caractéristiques de curateur. En effet,
l'organisation ne peut se permettre de partager du contenu en ne prenant en
compte uniquement « la personnalité du curateur » puisque
celui-ci doit s'inscrire dans un contexte particulier, tout en répondant
aux besoins des consommateurs et en faisant sens à leurs yeux. De plus,
puisque le contenu est destiné à être transformé et
à être diffusé auprès d'une audience, tout en
s'inscrivant dans une stratégie éditoriale avec des objectifs
définis, sa « liberté » est par conséquent plus
que discutable. En outre, le choix des sources peut être à
l'origine d'interprétations c'est pourquoi, réalisée dans
le cadre d'exécution d'une stratégie de content marketing ou de
brand content, la curation de contenu s'exerce surtout en fonction de l'image
de marque que se façonne une organisation, et en fonction de la relation
qu'elle tend à construire avec les consommateurs du contenu qu'elle
partage.
C - Curation de contenu et réseaux
sociaux
Il convient, avant de poursuivre, de rappeler l'importance du
contexte en ce qui concerne la curation : le contexte de curation d'un contenu
permet de lui donner un nouvel éclairage, un autre sens et c'est en
cela, en partie, que l'on peut considérer que la curation peut
être acte de création. En outre, le canal de diffusion du contenu
est créateur de contexte :
17
le consommateur, selon s'il interagit avec une entreprise
et/ou une marque en ligne, hors ligne, physiquement ou virtuellement,
n'entretiendra pas la même relation avec l'entreprise et/ou la marque. La
nature de l'interaction n'étant pas la même, la réception
ou l'engagement engendré par la curation ne sera plus la même et
le contenu prendra une autre valeur. Le marketing en ligne étant
particulièrement favorable à l'élaboration d'une
stratégie de contenu, nous nous concentrerons sur la curation de contenu
sur les réseaux sociaux.
1 - Réseaux, média sociaux et
communauté
Sur le site
definition-marketing.com,
B. Bathelot fournit cette définition des « réseaux sociaux
» :
Dans le cadre d'une approche marketing, le terme de
réseaux sociaux désigne généralement l'ensemble des
sites internet permettant de se constituer un réseau d'amis ou de
connaissances professionnelles et fournissant à leurs membres des outils
et interfaces d'interactions, de présentation et de communication.
Les réseaux sociaux les plus connus sont Facebook,
Twitter, Linkedin, Viadeo, Pinterest, etc. Youtube peut également
être considéré partiellement comme un réseau social
dans la mesure ou le service a développé des outils
d'interactions entre ses membres15.
Toutefois, la définition de « Média sociaux
» sur le même site est quasiment identique à celle-ci-dessus.
Cette hésitation sur la terminologie entre « réseaux sociaux
» et « média sociaux » en dit long sur l'évolution
du rôle de ce que l'on nommait d'abord les réseaux sociaux.
Dans leur article L'avènement des «
média sociaux » ? ... Une histoire de
participation16, Alexandre Coutant et Thomas Stenger soulignent
combien les termes abondent pour désigner un même
phénomène, ce qui rend son appréhension plus
délicate :
15 Bathelot B. «Définition : Réseaux
Sociaux», Définitions Marketing,
https://www.definitions-marketing.com/definition/reseaux-sociaux/,
consulté le 03/09/18
16 Alexandre Coutant, Thomas Stenger. L'avènement
des « médias sociaux » ? ... Une histoire de
participation. Le Temps des médias. Revue d'histoire, Nouveau Monde
Editions, 2012, p.76-86, Consulté le 11/09/18
18
Cette définition participe à l'inflation des
termes employés comme quasi synonymes : Web 2.0, Web social, Web
communautaire, Web participatif, médias participatifs, réseaux
sociaux, parfois même réseaux communautaires. Cet emploi
indistinct d'une multitude de termes mobilisant des champs conceptuels
hétéroclites - social, communauté, réseau social,
média, convoquent des formes de lien et de circulation de l'information
pour le moins variés - ne facilite pas l'appréhension du
phénomène (Stenger, Coutant, 2011). On peut supposer ici la
manifestation d'un imperium technologique destiné à
imposer l'évidence de nouvelles formes médiatiques plutôt
qu'à interroger leur réalité, tendance
régulièrement retrouvée dans l'informatique (Robert,
2009).
L'observation de cette définition permet de mettre en
exergue le caractère « social », « communautaire »,
« participatif » de ces sites web, qui peuvent servir à
diffuser de l'information (et qui seront alors considérés comme
étant des « média ») ou bien à tisser un «
réseau » de relations.
Bien que les média traditionnels aient toujours eu plus
ou moins vocation à favoriser les interactions avec leur audience, tant
la télévision que la radio ou encore la presse papier, les web
démocratise les échanges entre internautes et la relation qu'ils
ont au contenu17. Ces derniers ont désormais accès
à des sites, réseaux socionumériques, blogs, forums qui
deviennent des lieux privilégiés d'expression de soi et
d'échanges. En effet, le web accroît les possibilités
d'expression des internautes : ceux-ci peuvent aimer du contenu, le commenter,
le partager sur leur propre « mur » ou en privé,
échanger dans des groupes dédiés à un sujet
précis ... et semblent beaucoup plus accessibles que les média
traditionnels.
La nouveauté réside dans la notion de «
groupe », de « communauté ». Alexandre Coutant et Thomas
Stenger précisent d'ailleurs que le terme « amis » constitue
« le socle terminologique » de Facebook18. L'existence de
ces groupes, de ces « réseaux », de ces «
communautés » semble compartimenter les utilisateurs en fonction de
leur centre d'intérêt, de leur mode de vie, et par
conséquent en fonction de leur culture/contre-culture, de leur
âge, de leur milieu social, de leur catégorie
socio-professionnelle etc. C'est aussi ce que met en avant la définition
de B. Bathelot :
17 Op. cit. p. 6-9
18 Op. cit. p. 9
19
Une communauté est un groupe de personnes qui
interagissent entre elles, partagent et utilisent des informations en relation
avec leurs centres d'intérêts, caractéristiques
démographiques ou activités professionnelles, communes. Une
communauté se caractérise normalement par un sentiment
d'appartenance ressenti par ses membres (voir à ce sujet l'hexagone
de PWC).
Le développement d'Internet a favorisé
l'apparition de nombreuses communautés virtuelles. Les
communautés peuvent donner lieu à une utilisation marketing dans
le cadre d'actions de marketing viral ou tribal [...].
Ce qui crée du lien entre les individus d'un même
réseau, entre « amis », c'est donc le sentiment d'appartenance
à un même groupe, à un même « réseau
». La notion même de sociabilité de ce que l'on nomme les
« média sociaux » mérite donc d'être
interrogée. Les média sociaux sont donc fondamentalement
basés sur ce cloisonnement entre groupes d'individus, qui existait
déjà dans le rapport entre individus et média
traditionnels mais de manière moins flagrante. De même, les usages
des réseaux sociaux mettent en évidence des différences de
comportement en fonction de la classe sociale ou de la catégorie
socioprofessionnelle. En effet, « Les études menées sur les
sites de journalisme citoyen démontrent que ce sont toujours les
mêmes catégories de population ayant déjà
accès aux différentes formes d'expression publique (journalistes,
communicants, enseignants, intellectuels, chercheurs) qui s'expriment sur ces
plateformes » soulignent Coutant et Stenger19. De même
que le niveau d'étude, la catégorie socio-professionnelle
conditionnent les comportements dans la vie physique, il en est ainsi
également sur le web.
Mais il existe aussi sur les réseaux sociaux une
catégorie d'usagers qui se fait prescriptrice de contenus et peut
parfois être amenée à en produire elle-même. Ces
internautes bénéficient même d'une renommée non
négligeable et constituent des noeuds auxquels vont se greffer des
groupes d'internautes, créant ainsi leur propre communauté ;
c'est ce que l'on appelle les influenceurs digitaux. D'après B. Bathelot
:
L'influenceur digital est un individu qui par son audience et
par l'influence qu'il exerce sur cette audience a la faculté de modifier
des comportements de consommation et des perceptions ressenties à
l'égard d'une marque, d'un produit ou d'un service. Au vu de ces
19 Op. cit. p. 11
20
capacités, l'influenceur digital est donc de plus en
plus souvent recherché comme un partenaire par les marques et agences
dans le cadre des actions et dispositifs de marketing d'influence. Les volumes
d'audience mobilisés pouvant être très importants,
l'influenceur digital devient généralement un complément,
voire parfois un concurrent, des autres médias marketing et
publicitaires20.
L'influenceur digital est donc un internaute qui produit
lui-même du contenu quel qu'il soit et qui bénéficie d'une
aura au sein de sa communauté puisqu'il officie sur les réseaux
sociaux :
Les influenceurs digitaux ou sociaux sont
généralement présents sur tous les principaux
réseaux sociaux mais ont le plus souvent un canal de publication
privilégié. Les influenceurs digitaux peuvent ainsi être
considérés comme des blogueurs, youtubeurs ou autres
instagrameurs21.
Ces influenceurs peuvent aussi être appelés
« hubs » ce qui leur confère une autre caractéristique,
celle de créer du lien entre les individus :
Ils se distinguent car ils communiquent plus que la moyenne
des autres. En gestion, ils sont généralement vus comme des
leaders d'opinion et sont l'objet de toute l'attention des marketers. Ils
contribuent également à rendre le monde petit, à leur
mesure. Prenons un cas extrême et imaginons qu'il existe un acteur
dominant auquel la plupart des autres sont liés. Il suffit de passer par
lui pour entrer en contact rapidement avec n'importe quel autre individu. Les
distances entre éléments sont alors forcément très
faibles22.
L'influenceur digital ou bien le hub représentent une
opportunité pour une organisation souhaitant atteindre les internautes
qui sont « connectés » à cet influenceur, et qui
constituent un groupe, une communauté agrégée autour de
cet individu avec qui ils partagent les mêmes centres
d'intérêt, aspirations, mode de vie, etc. Ces hubs participent
à ce que Sylvie Chabi appelle les « lois de puissance » : une
poignée d'individus rassemble autour d'elle presque tous les membres
d'une communauté pour deux raisons, identifiées par Barabasi et
Albert (1999)23. La première raison est que « de
nouveaux liens apparaissent régulièrement. La seconde raison est
"l'attachement préférentiel", l'idée que les nouveaux
liens rejoignent (ou
20 Bathelot B. «Définition : Influenceur
Digital», Définitions Marketing,
https://www.definitions-marketing.com/definition/influenceur-digital/,
consulté le 11/09/18
21 Idem
22 Sylvie Chabi, « De l'importance des réseaux
sociaux en marketing », Reflets et perspectives de la vie
économique 2008/2 (Tome XLVII), p. 95-102,
https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2008-2-page-95.html,
Consulté le 11/09/18
23 Idem
21
partent) plus facilement des noeuds qui en ont
déjà beaucoup »24. Ces lois telles que la loi de
Pareto ou encore l'effet mathieu sont nombreuses en marketing et reposent sur
le postulat que « A celui qui a, il sera beaucoup donné et il vivra
dans l'abondance, mais à celui qui n'a rien, il sera tout pris,
même ce qu'il possédait »25
Par conséquent, les membres d'une même
communauté se retrouvent autour de sujets ou de centres
d'intérêt communs, voire autour d'un influenceur produisant du
contenu sur ce sujet ou ce centre d'intérêt, et forment des noeuds
plus ou moins importants ce qui constitue une aubaine pour les marketeurs pour
qui il devient plus facile de les cibler, une fois ces noeuds
identifiés. Pour cela, il convient de prendre en compte le constat
suivant :
Dans le cadre des « médias sociaux », deux
grandes formes d'usage traversant les plateformes ont pu être
identifiés : l'orientation vers un intérêt précis ou
vers ce que Ito & al. ont qualifié d'« amitié » et
la mise en visibilité de soi ou la mise en visibilité de contenus
tiers (textes, vidéos, photos, liens hypertextes...), tel que
proposé par Stenger et Coutant (2011b)26.
Voici donc quelles sont les plateformes sur lesquelles il est
possible d'entrer en relation avec une « communauté » et pour
quel usage, dans quel but :
Cartographie des médias sociaux (Stenger, Coutant,
2011b)27
24 Idem
25 Evangile selon Matthieu 13 :12
26 Op. cit. p. 6
27 Idem
22
Une fois que cela a été pris en compte, alors il
est possible de savoir sur quelle plateforme il est possible de créer,
de rassembler une communauté et de tisser une relation avec elle
grâce à la diffusion et à la curation de contenu.
2 - Curation et sociabilité
La curation peut être déterminée par les
notions de « social self » et d'« interactionnisme symbolique
». C'est le postulat défendu par Kerry Chipp, Carola Strandberg,
Atanu Nath, et Meyser Abduljabber dans leur article Content Curatorship and
Collaborative Filtering: A Symbolic Interactionist Approach28.
Ils se basent sur l'approche de Blumer et Mead pour expliquer comment, à
l'ère des réseaux sociaux, l'interactionnisme symbolique peut
être vecteur de sens pour les groupes sociaux présents sur le web.
En effet, l'interactionnisme symbolique repose sur trois principes :
First, the premise that humans act towards things on the basis
of the meaning these things have to them. These things or objects can be
physical, social or abstract, such as other human beings, material objects,
institutions, guiding ideals, self-concepts, activities or situations. Second,
the meaning assigned to these things stems from the social interaction that the
individual has with others, and third, these meanings are handled and
transformed in an interpretative process that we as humans use in order to make
sense of and deal with the things we encounter in the world29.
Quant au « social self », c'est un principe qui
découle de l'interactionnisme symbolique : puisqu'un objet, pouvant
être une personne, une production, une organisation, se définit
par rapport aux actions et aux interactions qu'il a avec d'autres objets, alors
un objet est fondamentalement social, et par extension, le soi est
forcément social30. C'est une notion qu'il incombe de prendre
en considération à l'heure du content marketing et du brand
marketing : ce sont les interactions qu'une organisation, qu'une
société, qu'une entité a avec ses
28 Kerry Chipp, Carola Strandberg, Atanu Nath, and Meyser
Abduljabber dans leur article Content Curatorship
and Collaborative Filtering: A Symbolic Interactionist
Approach, Mai 2018,
https://www.researchgate.net/publication/321589049,
consulté le 26/08/18
29 Op. cit. p. 4
30 Idem
23
consommateurs qui la définissent. Ce qui signifie
également que les utilisateurs définissent leur « social
self » par leurs interactions entre eux et celles qu'ils ont avec les
organisations via les réseaux sociaux. Et par extension, c'est le
contenu qu'une organisation produit, diffuse, partage qui portent ses valeurs,
son image et participent à la construction de son sens au sein de la
communauté des internautes :
The notion of a social self is fundamental to Web 2.0. Cova, a
long proponent of brand communities and tribal marketing, has demonstrated that
the interactive nature of Web 2.0 has unleashed the power of the social group
(Cova & White, 2010). In their 2010 paper, Cova and White emphasise the
role of meaning which is generated by both companies and active consumers. They
speak of a «linking value» which attaches brands to their consumers.
Such a link is generated by communal relationships to create feelings of
wellbeing and passion, feelings which they then share with
others31.
Il est tout à fait possible de s'approprier le contenu
original d'une entité et, par l'activité de curation, d'en faire
une création nouvelle qui serve à bâtir le « self
» de l'entité curatrice puisque « meanings are used and
modified as instruments in guiding and forming actions32 ».
Cela signifie également que l'organisation peut, en fonction du
réseau social, en fonction de la communauté à laquelle
elle s'adresse, en fonction du contexte, selon si le réseau social est
plus orienté vers le soi, les intérêts, le contenu ou les
amitiés, du moment, présenter d'elle-même un « self
» plus ou moins différent en diffusant du contenu qui
diffèrera aussi en fonction de ces critères :
People present different versions of selves across time and
different networks in productive curation. The compulsion to do so in
consumption curation is not as much driven by the need for self-presentation;
however, this depends on the type of content consumed (Hogan,
2010)33.
C'est pourquoi Kerry Chipp, Carola Strandberg, Atanu Nath, et
Meyser Abduljabber posent la question du choix des contenus à partager
dans la partie « Recommendations » de leur article34 : il
est démontré que les consommateurs sont sensibles à la
personnalisation que
31 Idem
32 Op. cit. p. 5
33 Op. cit. p. 6
34 Op. cit. p. 7
peut engendrer la curation de contenu et qu'il est positif
d'exprimer sa différence à travers la curation de contenu afin
d'affirmer son identité, son caractère unique, voire d'afficher
une émancipation de « la masse » afin d'être socialement
perçu comme étant « cool ». Par le caractère
créatif de la curation de contenu, une organisation peut exprimer son
individualité, se construire une identité forte et ainsi se
démarquer de ses concurrents et rester dans l'esprit de ses
consommateurs. L'affirmation de cette différentiation se doit toutefois
d'être habilement maîtrisée car « the influence of the
others is always present, and thus self-expression is a mix of demonstrating
individualism as well as group membership35 ».
Par ailleurs, les auteurs mettent en lumière plusieurs
constats concernant la sélection des contenus : d'une part, les
systèmes de filtrage collaboratif sont surtout basés sur la
similarité de contenu, d'autre part, les réseaux sociaux
contribuent à isoler les internautes dans des groupes sociaux qui
diffusent et partagent les uns avec les autres des contenus qui les confortent
davantage dans les opinions qu'ils ont en commun36, ce qui fait
écho à la partie « Réseaux, média sociaux et
communauté ». C'est pourquoi la curation de contenu, pour conserver
sa valeur ajoutée, ne doit pas s'éloigner de ses objectifs
stratégiques tout en veillant à rester une pratique
éthique.
24
35 Op. cit. p. 7-8
36 Op. cit. p. 9
25
3 - Les règles de la curation à respecter
Les réseaux sociaux permettent de taguer l'auteur de la
publication originale : ce dernier est ainsi notifié qu'il a
été mentionné dans une publication et peut être
redirigé, via cette notification, vers son contenu partagé par
une autre entité. Il peut donc être intéressant de faire de
la curation du contenu produit par un influenceur, un blogueur ou un internaute
(surtout s'il est connu et bénéficie d'une certaine
visibilité) car cela permet à l'entité partageant son
contenu de se faire connaître par l'auteur original, qui peut s'il le
souhaite, faire bénéficier l'entité curatrice d'une
visibilité auprès de sa communauté, grâce à
un partage, un retweet, un commentaire ou une autre action engageante. Ainsi,
il devient plus facile pour l'entité curatrice de s'agréger au
noeud dont fait partie l'influenceur et de s'intégrer à sa
communauté d'internautes.
De plus, le taguage apparait comme étant une solution
favorisant l'ouverture à autrui de l'internaute, en se présentant
comme une recommandation générée par un autre internaute
:
Therefore, unlike most recommender systems and collaborative
filters, one point of self-identified important contact could be sufficient for
a content offering rather than a statistically or algorithmically deduced k
means contacts across a set of data37.
Un contenu acquiert une visibilité que ne lui auraient
pas permis d'acquérir les algorithmes et peut être perçu
comme ayant plus de valeur puisqu'il est recommandé par un autre
utilisateur.
Cela confère également à l'entité
curatrice une image de « mensch », c'est-à-dire d'« une
personne bienveillante et honorable, qui accomplit de bonnes actions, de la
bonne manière »38, ce qui est profitable tant à
l'entité curatrice qu'à sa communauté. C'est pourquoi Peg
Fitzpatrick et Guy Kawasaki39 conseillent d'être «
reconnaissant ». Dans leur article Réseaux sociaux : apprenez
l'art du partage, ils précisent ceci :
37 Idem
38 Peg Fitzpatrick, Guy Kawasaki, Réseaux sociaux :
apprenez l'art du partage, Harvard Business Review France,
https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2017/01/13953-reseaux-sociaux-apprenez-lart-du-partage/,
consulté le 25/08/18.
39 Idem
26
En aidant les autres de cette façon, vous serez surpris
de la réciprocité qui s'ensuivra. Partagez donc les posts des
autres, faites des commentaires positifs et intelligents, suggérez des
moyens de faire et des solutions40.
Effectivement, le marketing de contenu tend à partager
et/ou à produire du contenu dont l'un des buts peut être d'aider
le consommateur actuel ou potentiel.
Mais la curation doit être tenir compte de certaines
règles qui relèvent tant de l'éthique que de la
propriété intellectuelle. Le taguage est donc utile pour se faire
remarquer par l'auteur original d'un contenu, pour lui montrer sa
reconnaissance pour l'intérêt qu'il revêt, mais surtout pour
lui attribuer le contenu qu'il a lui-même créé :
Soyez reconnaissant. Vos publications originales peuvent ne
pas contenir de liens, mais quand vous faites de la curation, vous utilisez par
définition des sources extérieures. Chaque post se doit donc de
contenir un lien. Les liens réorientent les visiteurs vers la source, en
gage de gratitude, permettent aux lecteurs d'en savoir plus et augmentent votre
visibilité et votre popularité auprès des blogueurs et des
sites Web. Lorsque vous découvrez un contenu grâce au post de
quelqu'un d'autre, rédigez et publiez un post avec un lien renvoyant
à la source, puis ajoutez un petit message de remerciement à la
personne grâce à laquelle vous avez eu connaissance de ce
contenu41.
Pour conserver sa valeur, la curation ne doit surtout pas
être assimilée à du plagiat. Jérome Deiss met en
garde les internautes tentés de faire de la curation :
La curation ne peut vraiment devenir une vertu que si elle
s'accompagne d'une éthique irréprochable. Il ne faut jamais
oublier que l'on manipule le contenu d'autrui, ce qui implique de
considérer l'honnêteté intellectuelle comme une valeur
phare [...] En aucun cas il ne s'agit de copier/coller une partie, ou
l'ensemble d'un article42.
C'est donc véritablement l'action d'agencement, de mise
en valeur, de personnalisation qui confère à l'acte de curation
toute sa valeur. S'il n'est pas un acte de création, s'il ne crée
pas de conversation, alors la curation peut être perçue comme un
acte de «parasitisme économique43» pour reprendre
l'expression formulée par Frédéric Martinet. Dans son
article au titre provocateur, il dénonce surtout les dérives
liées à l'utilisation des plateformes de
40 Idem
41 Idem
42 Thomas Coëffé, «Débat : la
curation, réelle plus-value ou aspirateur à contenus ?», Le
Blog du Modérateur,
https://www.blogdumoderateur.com/debat-curation/
consulté le 30/08/18
43 Frédéric Martinet, «La curation c'est de
la merde», Actulligence,
http://www.actulligence.com/2011/04/08/curation-egal-merde/
consulté le 30/08/18
27
curation, pas tant la curation en soi. La curation ne peut
véritablement être une valeur ajoutée à condition
d'être respectueuse des droits d'auteurs, de permettre un accès
direct vers le contenu original afin de ne pas «noyer
l'information»44, ce que beaucoup de sites ne font pas
d'après l'auteur.
C'est pourquoi, dans l'élaboration d'une
stratégie social media, il est judicieux d'utiliser la curation de
contenu à condition de le faire avec parcimonie :
Il me semble aujourd'hui vital de revenir à un
modèle plus sain et plus raisonné de partage de l'information.
Regardons nous dans le miroir et demandons nous ce que nous apportons en
rediffusant de l'information. Je pense que si nous n'avons rien
d'intéressant à dire, à publier il vaudrait mieux nous
abstenir de rediffuser en tout cas sous la forme de ce que proposent par
défaut les plateformes de curation45.
4 - Les bénéfices et opportunités de
la curation de contenu sur les réseaux sociaux, une conclusion
La curation de contenu est une pratique du web consistant
à sélectionner, personnaliser et diffuser un contenu
déjà existant. Ce peut être un outil marketing relativement
efficace s'il s'ancre dans une stratégie de « content marketing
» avec des objectifs bien définis. Ces objectifs peuvent être
compatibles avec toutes les strates du purchase funnel puisque le content
marketing participe tant à la prise de décision avant achat,
qu'à la notoriété ou encore au service
après-vente.
Le choix des réseaux sociaux pour diffuser du contenu
produit par des tiers n'est pas anodin : les réseaux sociaux sont
organisés autour de groupes fondés sur des passions communes ou
de styles de vie communs, formant une bulle dans laquelle une organisation doit
pénétrer afin de toucher de potentiels ou de réels
consommateurs. Ces communautés peuvent inclure des internautes
influents, produisant plus de contenu que les autres et
44 Idem
45 Idem
28
maîtrisant mieux les codes des réseaux sociaux
qu'eux : il s'agit des influenceurs. Diffuser le contenu d'influenceurs d'une
communauté que l'on veut atteindre, soigner son e-reputation
auprès de ces hubs et établir avec eux une relation de confiance
débouchant potentiellement sur une co-création de contenu peut
donc s'avérer être une stratégie fructueuse pour une
entreprise car, comme le souligne Witold OEwieczak, « Brands that are able
to involve consumers in creating or co-creating content on their behalf can be
most successful46 ». En outre, ce processus est régi par
les « lois de puissances » qui veulent que les internautes influents
soient toujours plus influents et rassemblent toujours plus de monde, plus
rapidement, autour d'eux et de leur contenu. Une stratégie de content
marketing incluant la curation de contenus produit par des influenceurs est par
conséquence une stratégie rapide à mettre en place, qui
réduit les temps et les coûts de production de contenu tout en
accroissant la visibilité et le reach du contenu diffusé, et par
extension de l'organisation qui le diffuse.
L'entreprise édite ainsi un contenu qu'elle se
réapproprie et auquel elle donne un sens nouveau, ce qui contribue
à forger son identité sociale, son « social self » :
non seulement elle diffuse un contenu qui valorise ses utilisateurs, puisque
les influenceurs ont vocation à devenir des consommateurs de ses
produits et services, s'ils n'en sont pas déjà, mais elle peut
également partager un contenu qui a été produit par un
membre de la communauté elle-même, ce qui contribuera à
renforcer la confiance que sa communauté peut avoir en elle. Ce contenu,
destiné à être consommé et partagé, nourrit
davantage les interactions entre l'organisation, ses consommateurs et ses
prospects s'il est produit par les membres de la communauté
elle-même ! C'est ainsi qu'il donnera plus de valeur à
l'organisation curatrice, en favorisant les échanges qui, selon la
théorie de l'interactionnisme symbolique, élaborent
l'identité de l'organisation ou de la marque auprès des autres,
lui créant une identité sociale. Car, par le
46 Witold OEwieczak, The use of content marketing strategy
tools in the Polish research institutes, ResearchGate,
https://www.researchgate.net/publication/312627570_The_use_of_content_marketing_strategy_tools_in_the_Po
lish_research_institutes, consulté le 30/08/18
29
procédé de curation, une organisation ne se
contente pas de procéder à une création autour d'un
contenu existent, elle l'intègre à son discours, elle le fait
sien et l'inscrit dans sa propre histoire à laquelle elle intègre
sa communauté :
Curation refers to elements of social culture that are seized
by the brand into its own history. These are pre-existing elements appealing to
the audience, the brand or both of them. Creation and curation together form
the basis for content development47.
Le contenu issu de la curation valorise donc non seulement le
contenu lui-même et son auteur original, mais aussi l'organisation qui le
diffuse puisqu'en lui donnant une coloration nouvelle, un angle nouveau, elle
se l'approprie et procède donc à un acte de création :
recréation du contenu et création de son identité sociale
sur un réseau défini. L'organisation peut donc constamment
travailler à se créer une identité sociale grâce au
contenu produit par ses utilisateurs, ce qui engendrera un mimétisme
favorable à l'intégration de l'organisation au sein de la ou des
communautés ciblées.
Enfin, l'entreprise propage ainsi un contenu produit par un
connaisseur de sa communauté et de ses besoins, connaisseur qui peut
également se révéler être un expert des sujets qui
rassemblent les membres de cette communauté. Ce contenu est donc
abondant et varié, c'est pourquoi il est aisé d'y puiser celui
qui sera le plus instructif possible aux consommateurs réels et
potentiels de l'entreprise curatrice, tout en étant à la fois le
plus divertissant possible. Ainsi, l'entreprise favorise le plaisir et le
bien-être de sa communauté et crée une expérience de
consommation d'un contenu, assurant un lien qui fasse sens entre les
consommateurs et la marque.
Maintenant que les notions fondatrices de la stratégie
éditoriale ont été définies, il convient de
s'interroger sur les modalités concrètes de mise en place : en
effet, le présent mémoire a pour but de questionner la place
allouée à la curation de contenu dans la stratégie
47 Idem, p. 10
30
Social Media dans une start-up B2C de l'edtech. C'est pourquoi
il conviendra d'aborder, dans la partie suivante, les questions relatives
à l'entreprise : qu'est-ce que Klassroom ? Quelle stratégie
marketing peut-il être judicieux de choisir lorsqu'on est une start-up ?
Qu'est-ce que le Growth Hacking ? Comment une stratégie social media
peut-elle impacter cette stratégie ? Grâce à quels moyens
et pour quels enjeux ?
31
II - Activité en entreprise et étude
empirique
A - Klassroom, une start-up française de l'EdTech
1 - Histoire de l'entreprise : 2 ans d'activité
Klassroom est une start-up hébergée à la
Station F à Paris, spécialisée dans le secteur
d'activité de l'édition de logiciels applicatifs. Active depuis
Mai 2016, Klassroom a été fondée par Frank-David Cohen et
Damien Rottemberg sur les cendres de Room, une start-up créée par
le même duo en 2014. C'est en voyant une professeure qui se servait de
leur application mobile avec ses élèves que les deux start-uppers
décident d'exploiter les fonctionnalités de Room dans le secteur
de l'EdTech. Après quelques ajustements, Room est devenue Klassroom, un
cahier de liaison 2.0 visant à révolutionner la communication
parents-professeurs.
En Mars 2016, la start-up signe une convention
d'expérimentation avec le ministère de l'Education
Nationale48. L'application travaille à se mettre en
conformité avec les exigences définies par la DNE et le
ministère avant d'être testée pendant plusieurs semaines
tant en zone rurale qu'urbaine ainsi que dans les REP (Réseaux
d'éducation prioritaire) à partir de Septembre 2016. Afin
d'accroître le déploiement les classes créées, une
chargée des relations professeurs et partenariats, Diane Lahmy, vient
compléter et renforcer l'équipe au cours de l'année
scolaire 2016-2017.
Avec la rentrée scolaire de Septembre 2017,
l'application se dote de nouvelles fonctionnalités et change de
modèle économique : il devient désormais un modèle
freemium fonctionnant ainsi :
|
Webapp
|
Application iOS et Android
|
Parents
|
Gratuit
|
Payant : 1,99€ par mois par enfant
|
Professeurs
|
Gratuit
|
Gratuit
|
48 Challenges, Klassroom, la start-up adoubée par
l'Education Nationale,
https://www.challenges.fr/start-up/klassroom-la-start-up-adoubee-par-l-education-nationale_464545,
consulté le 03/09/18
32
Klassroom doit pour cela peaufiner sa stratégie
marketing en France : le programme « ambassadeurs » voit le jour
grâce à Diane Lahmy, complété par une
stratégie de contenus sur les réseaux sociaux
élaborée que j'ai élaborée durant mon stage
alterné. Les réflexions qui seront donc étayées
dans le présent travail prennent racines dans l'élaboration de ce
travail mené conjointement avec Frank-David Cohen et Diane Lahmy, mes
supérieurs hiérarchiques directs et tuteurs de stage.
Grâce à une levée de fonds de 500
000€49 réalisée en Janvier 2018, Klassroom
concrétise son projet de développement à l'international
et agrandit son équipe. Elle recrute ainsi deux chargées de
communication dans les régions anglophones et hispanophones, Elena
Poulain et Tania Arellano, une content manager (moi-même), un
développeur full stack, Nicolas Brondin-Bernard, ainsi qu'un UX/UI
designer, Alexis Huet. En parallèle, elle développe et lance la
version beta de Klassboard, le site web dédié aux directeurs
d'école afin de gérer les classes de l'école
créées sur Klassroom.
Ainsi, la version 3 de Klassroom a pu voir le jour à la
rentrée scolaire 2018, favorisant la création et le
déploiement de nouvelles classes. Le modèle économique
évolue lui aussi, permettant l'accès gratuit à une partie
de l'application mobile :
|
Webapp
|
Application iOS et Android
|
Gratuit
|
La consultation de toutes les
publications et les autres
fonctionnalités gratuites de l'application
|
La consultation de la dernière publication ; L'envoi de
notifications au professeur ;
La possibilité de répondre aux conversations
privées ;
La réception de notifications push et/ou mobile
|
Payant pour les parents
|
Idem
|
|
Idem plus :
La consultation de toutes les publications ; La
possibilité d'initier des conversations privées ;
Télécharger les photos et les vidéos postées dans
la classe ;
L'archivage de la classe en fin d'année.
|
49 Russel Géraldine, Klassroom lève 500 000
euros pour accélérer son déploiement à
l'international, Maddyness,
https://www.maddyness.com/2018/01/16/edtech-klassroom-leve-500-000-euros/,
consulté le 03/09/18
33
Les parents peuvent dorénavant avoir le choix entre une
formule avec et sans engagement, proposant un forfait à 1,67€ par
mois/enfant ou à 2,49€ par mois/enfant.
2 - Klassroom en chiffres
Klassroom compte à ce jour50 plus de 75 000
utilisateurs, membres de la communauté éducative et familles
confondus.
Klassroom a un peu plus de 5 000 classes actives dans le monde
et plus de 4600 en France. Nous relevons plus de 2 000 classes
déployées dans le monde dont plus de 1 900 en France. Klassroom
recense plus de 30 000 élèves concernées par Klassroom et
plus de 2 800 abonnements Klassroom Prime, dont plus de 2 000 abonnements
grâce à leur école qui a pris Klassroom Prime.
Le nombre de téléchargement n'a pas
été pris en compte pour plusieurs raisons : d'une part, une large
majorité d'utilisateurs utilise la version web, d'autre part, de
nombreux téléchargements de l'application ne conduisent pas
forcément à une utilisation récurrente de l'application.
Certaines classes se créent et ne se déploient pas, des
utilisateurs créent des classes pour tester l'appli et parfois par
erreur, en tentant de rejoindre une classe existante.
Le CA 2017 de Klassroom n'a pas de sens non plus puisque
l'application n'a commencé à être monétisée
que depuis septembre 2017. En effet, lors de la phase d'expérimentation,
l'application et le site web était tous deux gratuits. Klassroom a donc
un CA pour 2017 d'environ 10k€ seulement. A l'heure actuelle, l'entreprise
a un revenu récurrent mensuel de 4K€ et ambitionne de faire 10 fois
plus lors de l'année scolaire 20182019.
Pour le moment, le trafic vers le site web vitrine n'a pas
été mesuré. Toutefois, nous savons que l'utilisation de la
version web de Klassroom concerne 80% des utilisateurs
50 Relevé réalisé le 20/09/18 à
18h.
34
environ. Avec le changement de modèle économique,
nous prévoyons d'atteindre plus
d'utilisateurs via l'application mobile.
3 - Objectifs de Klassroom
Klassroom a pour objectif de se développer à
l'international en 201851. La stratégie établie par
Klassroom pour commencer son déploiement est d'abord de commencer
à s'implanter dans des écoles francophones grâce à
des professeurs français expatriés pour se faire connaître
et pour ensuite s'installer dans d'autres écoles du pays. Le recrutement
de chargées de communications des zones anglophones et hispanophones
témoigne de cette volonté de déploiement.
De plus, Klassroom aspire à développer sans
cesse la solution proposée par l'enrichissement de nouvelles
fonctionnalités et de solutions complémentaires. En effet, il est
prévu que la version définitive de Klassboard soit accessible
pour Janvier 2019. En outre, de nouvelles fonctionnalités ont
été annoncées auprès des communautés
enseignantes et sont en cours de développement pour être
disponibles dès la rentrée 2019-2020 :
l Klassblog, le blog créé par Klassroom dont
j'aurai la charge, proposant des réflexions pédagogiques à
destination des parents et des enseignants. Il sera accessible depuis
l'application Klassroom et renforcera la communauté d'utilisateurs en
facilitant les échanges entre parents et professeurs au-delà de
la limite de la classe.
l Klassroom Store, la plateforme d'achat de ressources
pédagogiques alimentée par les enseignants utilisant Klassroom,
est prévue pour permettre aux parents de se procurer, gratuitement ou
non, des exercices ou leçons produits par des enseignants appartenant
à la communauté d'utilisateurs de Klassroom.
51 Idem
Ces nouvelles fonctionnalités sont pensées pour
réaliser un autre objectif : proposer un nouveau modèle
économique à nos utilisateurs afin de devenir les leaders de
notre activité en France.
B - Présentation de l'activité en
entreprise 1 - Définition des missions
Les missions qui m'ont été confiées ont
évolué au fur et à mesure en fonction de
développement de mes compétences et des nouveaux besoins de
l'entreprise. Je présenterai dans un premier temps mes missions
permanentes, que j'approfondirai davantage dans cette partie, et mes missions
ponctuelles sur lesquelles je ne m'attarderai pas mais qu'il convient de
mentionner étant donné qu'elles enrichissent la pratique de mes
missions permanentes.
a) Les missions permanentes
Le community management : J'ai postulé à
Klassroom en qualité de Community Manager, c'est pourquoi il s'agit de
ma mission principale. Je suis donc chargée de développer la
présence de Klassroom sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter
auprès de notre cible, les professeurs des écoles. Je dois donc
pour cela :
- Elaborer du contenu à diffuser sur ces plateformes,
en fonction du calendrier éditorial et de la stratégie
éditoriale définie.
- Modérer les conversations et répondre aux
commentaires de nos utilisateurs, qu'il s'agisse de questions relatives
à notre produit et/ou à sa réglementation ou alors de
remarques positives, des suggestions de nouvelles
fonctionnalités par exemple.
J'ai également des missions plus stratégiques
telles que :
35
- L'élaboration du calendrier éditorial
36
- Le reporting des publications payées et non
payées afin de mesurer la rentabilité des publications
payées. Il nous est ainsi permis de nous représenter, pour chaque
publication sponsorisée : combien de classes ont été
créées, combien d'entres elles ont été
déployées et combien la publication nous a-t-elle
coûté par classe créée et par classe
déployée.
- Le test and learn des publications anciennes, permettant de
sans cesse adapter le contenu en fonction des performances des publications en
termes de ratio impressions / engagement. Il en va de même pour les
publications sponsorisées que pour les publications non
payées.
- La veille à la fois sociale et concurrentielle : la
veille est permanente et concerne tant notre e-reputation que les centres
d'intérêt et questionnements de notre communauté en passant
par les innovations de nos concurrents. C'est également grâce
à la veille qu'il nous est possible de déterminer les tendances
et de les intégrer à notre stratégie éditoriale, et
de confirmer nos intuitions grâce à la pratique du test and
learn.
Le community management consiste donc à travailler sur
le discours de Klassroom et à lui façonner une identité
sociale : grâce aux réseaux sociaux, la marque interagit avec ses
utilisateurs actuels et potentiels, créé et participe à
des conversations dont elle peut être le sujet, soigne son image,
peaufine son e-réputation, se rend digne d'intérêt en
diffusant du contenu dans le but de gagner en visibilité et en
notoriété tout en consolidant la relation qu'elle a avec ses
utilisateurs. C'est donc sur toutes les strates du purchase funnel que la
stratégie social media se déploie, ce qui lui confère une
place de choix dans l'élaboration de la stratégie marketing
globale de l'entreprise.
Le content management : L'élaboration de la
stratégie éditoriale est à la base de la mission de
content management. C'est grâce à la veille sociale et au test and
learn qu'il nous est permis de connaître le type de contenu que
préfèrent les enseignants, les hashtags les plus
37
performants, les sujets qui les intéressent le plus,
les meilleurs moments pour publier. C'est également grâce à
la veille sociale que nous pouvons déterminer qui sont nos utilisateurs
les plus actifs sur les réseaux sociaux, quels influenceurs sont plus ou
moins proches de notre produit, lesquels d'entre eux sont les plus
appréciés sur les réseaux sociaux etc. afin d'affiner
notre stratégie de curation de contenu. Enfin, toutes ces informations
nous permettent de déterminer quelles questions se posent nos
utilisateurs, non seulement par rapport à notre produit, mais par
rapport à d'autres sujets éducatifs qui ont une relation, de
près ou de loin, avec notre produit : c'est ainsi que Klassroom veillera
à proposer à sa communauté un contenu original afin de
répondre à des questions que se posent les enseignants et qui ne
trouvent pas encore de réponses claires, ou de méthode
prête à emploi, telles que « comment communiquer avec les
parents allophones ? ». Cette analyse des tendances au sein de nos
communautés est donc déterminante pour l'élaboration de la
stratégie de contenu, tant sur les réseaux sociaux que sur le
futur blog de l'application.
b) Les missions ponctuelles
La contribution à la stratégie marketing en
France : il s'agit de participer aux réflexions communes sur le
développement de la stratégie, au cours de réunions avec
l'ensemble de l'équipe, ou bien en répondant à une
question spécifique concernant notre stratégie. Par exemple, bien
que je n'aie pas la charge du programme ambassadeurs, j'ai participé
à la réflexion commune en imaginant des critères de
sélections et les récompenses qui pourraient être
attribuées à ces utilisateurs particuliers, car la question des
ambassadeurs est à étudier en prenant en compte les
e-influenceurs des communautés enseignantes en ligne. Mes missions de
community et content manager sont donc pensées en fonction de la
stratégie marketing en France et en sont indissociables.
Le phoning : il s'agit de missions ponctuelles dont les
objectifs varient en fonction des besoins et des périodes. Ce peut
être pour aider au téléphone un utilisateur dans la prise
en
38
main de l'outil, comme pour appeler les utilisateurs n'ayant
pas déployés leurs classes, en passant par la recherche de
professeurs volontaires pour être interviewés. Mais ce sont
surtout des campagnes de prospection et de relation-client auprès de nos
utilisateurs dans le but d'avoir un feedback : pourquoi certains enseignants ne
déploient-ils pas leurs classes ? Pourquoi un utilisateur de
l'année 2017-2018 n'a-t-il pas encore créé de classe pour
l'année 2018-2019 ? Ces feedbacks sont très utiles pour savoir ce
que pensent les utilisateurs de l'application, pour connaître les
questions qu'ils se posent, voire pour être avoir connaissance des
fausses informations auxquelles l'utilisateur a pu être exposé :
dans le cadre de ma mission de production et de diffusion de contenu sur les
réseaux sociaux, cela nous permet d'adapter nos messages en fonction de
ce qu'il s'agit de répondre à l'ensemble de nos utilisateurs,
tout en respectant la stratégie social media.
Animation événementielle : Il s'agit des
missions les plus ponctuelles. Au cours de salons et autres
événements liés à l'éducation, j'interviens
avec les autres membres de l'entreprise pour rencontrer des prospects, leur
présenter nos solutions, répondre à leurs questions et
leur remettre la documentation prévue à cet effet. C'est donc une
mission de relation-client et de démonstration de produit dans un
périmètre défini par un stand, dans le but
d'acquérir de nouvelles classes. Pourtant, cette mission est
également liée au community management, puisque c'est l'occasion
de produire des photos, des vidéos, des lives tweets et/ou vidéo
afin de gagner en visibilité non seulement grâce à un stand
décoré par nos soins, mais aussi en communiquant sur Twitter sur
l'événement, grâce à l'utilisation de hashtags
spécifiques (par exemple : #Ludivia15 ou encore #EducaticeTech).
39
2 - Originalité et complexité de la
mission
Ces missions diverses et variées présentent un
grand intérêt et ne sont dénuées ni
d'originalité, ni de difficultés. En effet, le fait de travailler
en start-up est à la fois très stimulant et pas toujours
évident, mais c'est justement ce qui rend cette expérience si
riche et si intéressante.
Tout d'abord, lorsque je suis arrivée au sein de
l'équipe Klassroom, il n'y avait pas de stratégie des
réseaux sociaux définie au préalable, mais une
communauté d'utilisateurs était pourtant assez active : il
s'agissait donc d'élaborer une stratégie, de peaufiner une
identité social média à Klassroom alors qu'elle avait
déjà une existence sociale. C'est pourquoi j'ai commencé
par analyser le langage déjà utilisé, le type de
publications diffusées, les références à la pop
culture utilisées etc. afin de renforcer l'image que Klassroom avait
déjà tout en lui assurant une plus grande visibilité.
L'étude de la communication de la concurrence a été
très enrichissante pour déterminer les points positifs et
négatifs, et réfléchir à de nouveaux types de
publications en employant :
- Les hashtags journaliers : ceux-ci permettent de nous
positionner sur des hashtags grandement utilisés par les
communautés Twitter et peuvent être inspirants pour décider
du type de publication à produire. Ex : le #MardiConseil a connu un
grand succès qui n'a jamais faibli car il permet de diffuser des
conseils d'utilisation, de montrer des fonctionnalités de
l'application.
- Le test and learn : au bout de deux mois d'activité,
j'ai mesuré les taux d'engagement sur Facebook et Twitter afin de
déterminer quels hashtags étaient performants, lesquels
l'étaient moins, et pour quelles raisons. C'est ainsi que le
#ThrowbackThursday a été abandonné au profit du
#JeudiConfession, qui nous a permis de diffuser les conseils d'utilisation
produits par notre communauté elle-même.
40
- La curation d'articles présents sur le web : les
sources, plus variées lors de mes premiers mois d'activité, se
sont peu à peu réduites au contenu produit par les enseignants,
ou à des initiatives liées à l'éducation positive
car c'étaient les contenus qui suscitaient le plus fort engouement
auprès de nos communautés.
Cependant, j'ai dû composer avec une autre
difficulté liée à ma mission de community management : il
m'a été demandé de ne pas produire moi-même des
visuels à diffuser sur les réseaux sociaux. C'est pourquoi j'ai
beaucoup utilisé des captures d'écran pour illustrer les
publications, notamment celles liées à l'utilisation des
fonctionnalités de Klassroom. Il est malheureusement probable que ces
images peu travaillées aient eu un impact sur le taux d'engagement, du
fait qu'elles rendaient les publications moins attractives et moins
qualitatives. Fort heureusement, grâce à une
sérendipité, une peluche licorne a pris place dans nos bureaux et
a rapidement donné un visage à Klassroom. Désormais, des
visuels de licorne sont régulièrement publiés sur les
réseaux sociaux ce qui confère une identité forte à
Klassroom et nous assure de diffuser des visuels travaillés et
affirmés, grâce au travail d'une graphiste en freelance.
De plus, mes missions de community management sont
étroitement liées à celles de Diane Lahmy, responsable du
Programme « ambassadeurs » : en effet, c'est grâce à une
veille sociale et conversationnelle qu'il est permis de détecter qui
sont les e-influenceurs. La difficulté est surtout humaine : il s'agit
de bien déterminer quelles sont les missions de chacune d'entre nous
afin de ne pas empiéter sur les missions de l'autre, ou encore de ne pas
confier à l'autre nos propres missions. En effet, la souplesse et
l'adaptabilité requises en startup amène chaque membre de
l'équipe à s'investir dans plusieurs missions à la fois et
à oeuvrer tous ensemble sur des projets communs, ce qui doit rendre
assez commune cette difficulté à ébaucher les limites de
ses propres missions.
41
En outre, la diversité de mes missions les
amènent à souvent trouver des échos les unes dans les
autres, ce qui est d'un grand intérêt. Pouvons-nous dire que la
stratégie social média de Klassroom s'élabore grâce
à une communication multi canal ? Dans le sens où mes missions de
phoning me mènent à régulièrement entrer en contact
avec nos utilisateurs, qui ne s'expriment pas forcément sur les
réseaux sociaux quant à leur expérience avec Klassroom, il
m'est possible de recueillir l'opinion d'utilisateurs qui n'ont que cette
occasion de s'exprimer. Régulièrement j'ai pu prendre note de
leurs interrogations, de leurs difficultés, qui concernent tant les
fonctionnalités, que le parcours utilisateur ou encore des
à-prioris sur l'application afin d'y répondre non seulement au
téléphone, mais aussi sur les réseaux sociaux en proposant
des conseils d'utilisation, en diffusant des informations etc. Ce sont
d'ailleurs des publications qui ont très souvent eu un meilleur
engagement que les autres (#MardiConseil, puis #JeudiConfession). Le phoning
permet donc de connaître certaines interrogations de nos utilisateurs et
de préparer des publications pour les réseaux sociaux qui sont
des réponses adaptées à leurs difficultés.
Une autre originalité de ma mission mérite
également d'être relevée car elle interroge le lien
existant entre mes missions de community et de content manager : en effet, les
questions posées sur les réseaux sociaux, les remontées de
bugs et les commentaires négatifs sont tous traités sur une
plateforme commune, nous permettant de centraliser les demandes de tous les
utilisateurs, formulées tant sur les réseaux sociaux en public
qu'en privé ou encore via notre site web. Nous avons tous pour mission
de répondre à ces messages, sans prendre en compte leur
provenance, ce qui pose la question des limites de mes missions de community
manager. De plus, notre CEO est très actif sur les comptes Facebook,
surtout Twitter, de Klassroom afin d'interagir avec nos communautés
d'utilisateurs, notamment avec certains dont il est plutôt proche :
peut-on alors vraiment parler d'un seul Community Manager quand nous
répondons tous à leur demande ? Ma mission la plus importante est
donc celle de production
42
de contenu en fonction de la stratégie
éditoriale que j'ai définie, ce qui explique l'évolution
de ma mission vers le Content Management pur.
L'évolution de ma mission, liée à la
création et au perfectionnement de la stratégie social media a
déclenché l'idée de Klassblog, un blog consultable sur
l'application web et mobile, destiné à la fois aux enseignants et
aux parents utilisateurs de Klassroom. L'objectif est de produire
nous-mêmes un contenu original qui fasse sens avec notre produit, afin de
permettre à des parents et à des professeurs ne se connaissant
pas, d'échanger et d'interagir en commentant nos articles. Actuellement,
les communautés de parents s'adressent aux parents et les enseignants
aux enseignants. La but de ce blog serait de permettre de rassembler ces deux
communautés toutes deux soucieuses du développement des
enfants-élèves, grâce à une réflexion
commune. Il s'agit là de poursuivre la mission de Klassroom dont la
promesse est « la communication parents-professeurs
réinventée ». De plus, la comparaison de Klassroom avec un
réseau social fait sens avec cette utilisation nouvelle de Klassroom et
lui confère une valeur ajoutée tout en créant un besoin
nouveau : celui de conseil de la communauté enseignante à
l'adresse des parents, besoin que peut combler ainsi Klassroom afin
d'élargir sa base d'utilisateurs.
3 - Enjeux de mes missions
Mes missions ont pour enjeu principal la croissance rapide de
Klassroom qui est une start-up. Les objectifs et les techniques
appliquées sont celles de ce que l'on nomme depuis peu le «Growth
Hacking». D'après La Fabrique du Net :
Le Growth Hacking a pour objectif la croissance rapide,
exponentielle si possible, d'un produit ou d'un service. Dans « Growth
Hacking », il y a « Growth ».
43
Le Growth Hacking utilise tous les moyens pour arriver
à ces fins - la croissance. Des moyens non conventionnels parfois
à la limite de la légalité ou de la « décence
». D'où le terme « Hacking » contenu dans « Growth
Hacking52.
Car en effet, l'enjeu de ma mission première sur les
réseaux sociaux est bel et bien d' «accroître le plus
rapidement possible une base d'utilisateurs»53 selon un
modèle que l'on appelle «AARRR» et qui se rapprocherait du
plus classique «Purchase Funnel» :
Source : La Fabrique du net
L'enjeu de mes missions sera donc expliqué à la
lumière du modèle présenté ci-dessus :
1) L'acquisition de trafic
C'est ce que l'on appelle la
«Notoriété» dans le tunnel d'achat. Il s'agit de se
faire connaître de notre cible, mais surtout, de faire connaître
notre proposition de valeur :
«Pour réussir à faire de l'acquisition, il
faut que la proposition de valeur du service proposé
soit suffisamment pertinente et que l'internaute la visualise
très rapidement»54
C'est l'un de mes enjeux de ma mission concernant la
communication Social Media : atteindre des prospects qui ne nous connaissent
pas. Cela peut passer par des publications
52 La Fabrique du net, Comprendre le Growth
Hacking en 5 minutes,
https://www.lafabriquedunet.fr/blog/comprendre-growth-hacking-5-minutes/,
consulté le 12/10/18
53 Idem
54 Idem
44
sponsorisées ou non. Les publications
sponsorisées sont justement des publications expliquant ce qu'est
Klassroom et qui peuvent se décliner en plusieurs formats. Nous avons
jusqu'à présent payé pour diffuser des reportages
télévisés sur Klassroom, des articles de presse, des
témoignages vidéo d'enseignants utilisateurs ou encore des
articles de blogs d'enseignants utilisateurs faisant des retours favorables de
l'application.
La curation peut avoir sa place afin de gagner en
visibilité auprès de nos potentiels utilisateurs par
l'intermédiaire des e-influenceurs et grâce à l'utilisation
des hashtags populaires (daily hashtags, newsjacking, trending topics) : en
diffusant un contenu produit par un influenceur, tagué sur notre
publication, celui-ci est notifié par le réseau social et prend
ainsi connaissance de l'existence de Klassroom. Un clic sur notre profil lui
permet d'accéder à notre proposition de valeur : «La
communication parents-professeurs réinventée». En effet, le
positionnement sur les hashtags populaires ou ceux utilisés par notre
communauté (par exemple : #TeamPE, #TeamMaternelle, #TeamDirlo,
#EcoleNumerique, #Enseigner Autrement ou encore #TeacherLife) nous permettent
d'atteindre sur Twitter des utilisateurs potentiels et de faire connaître
ainsi Klassroom, sa valeur ajouté et les services que nous proposons.
Sur Facebook, les communautés se rassemblent dans des groupes
privés que l'on peut rejoindre sur demande, afin d'y communiquer
gratuitement ... sous réserve que nos publications soient
acceptées par les modérateurs ! C'est pourquoi nous y publions
peu, mais nous y sommes actifs pour répondre aux questions de
professeurs souhaitant avoir plus d'informations sur l'applications et ses
fonctionnalités.
2) Transformer le prospect en utilisateur
Généralement, les utilisateurs potentiels qui
entendent parler de nous, grâce aux réseaux sociaux et autres
médias, créent une classe sur Klassroom, soit en étant
déterminés à utiliser l'outil, soit dans le but de le
tester avant d'en parler avec leurs collègues (pour étendre
45
la solution à l'ensemble de l'établissement) ou
aux parents d'élèves de leur classe. C'est en effet ce que l'on
peut déduire de nos nombreuses heures de prospection
téléphonique.
C'est donc à ce moment qu'il est impératif que
l'utilisateur sente combien il est facile d'utiliser l'application, combien
cette expérience est différente de ce à quoi il peut
être habitué sur les ENT (espaces numériques de travail) et
surtout, combien cela est attractif pour les parents. Comme le précise
La Fabrique du Net, «Pour réussir cette étape
(d'activation), il faut faire en sorte que l'utilisateur ait une
première expérience satisfaisante du produit ou du service».
Et pour cela, je peux intervenir sur les réseaux sociaux, mais aussi en
contactant par téléphone les enseignants ayant créé
leur classe.
Sur les réseaux sociaux, les #MardiConseil et
#JeudiConfession ont été choisis pour diffuser du contenu produit
par Klassroom pour informer les membres de nos communautés Facebook et
Twitter des fonctionnalités existantes, comment les utiliser ... ou
encore sur la façon dont nos utilisateurs peuvent recourir à
notre application. Le #JeudiConfession est d'ailleurs beaucoup plus propice
à cela et se prête donc au jeu de la curation de contenu : par
exemple, un retweet d'un professeur utilisateur expliquant comment il se sert
de la fonctionnalité «sondage», une capture d'écran
d'un commentaire d'un enseignant, accompagné d'un texte produit par
Klassroom.
Le phoning intervient pour des missions plus ponctuelles : il
est par exemple très pertinent d'y recourir pendant les vacances
scolaires pour contacter les enseignants ayant créé une classe
mais s'étant arrêtés à cette étape. On
considère alors que la classe n'est pas
«déployée». Ce sont les professeurs ayant moins de cinq
membres dans leur classe que l'on va contacter afin de comprendre les raisons
pour lesquelles ils se sont arrêtés à ce stade. La
dernière campagne de prospection, menée durant la première
semaine du mois d'octobre, nous a permis de déterminer (sur 20
professeurs contactés) que :
46
- 35% n'ont «pas eu le temps» de s'y pencher et ont
soit oublié, soit reporté le déploiement de leur classe
à plus tard
- 20% ont finalement opté pour des solutions
concurrentes, soit de leur plein gré, soit après concertation
avec les autres membres de leur établissement
- 15% ont rencontré une interdiction émanant
d'un supérieur hiérarchique (généralement, leur
inspecteur, appelé IEN).
Ces conclusions sont très intéressantes et nous
permettent de mieux cibler les 35% de professeurs que nous pouvons convertir en
utilisateurs grâce à des campagnes de relances, par email et/ou
par téléphone, en adaptant notre message au canal utilisé
et en assurant une cohérence de nos communication sur nos
différents canaux. Etant donné que le facteur «manque de
temps» est souvent évoqué, la période des vacances
scolaires est la plus judicieuse pour entrer en contact avec ces enseignants.
Il ne nous est pas permis de savoir si les classes créées
antérieurement se déploient mieux à la période des
vacances mais nous savons que 20% des classes créées pendant les
vacances de la Toussaint en 2017 se sont déployées, ce qui est
légèrement inférieur du pourcentage de déploiement
de 22,36% de la période d'Avril 2017 à Juin 2018.
3) La rétention d'utilisateurs
Si l'on considère que le marketing de contenu a pour
but de garantir une meilleure expérience avec le produit où le
service, alors il s'agit de l'un des enjeux les plus importants de la mission
de création de contenu. En effet :
Le Growth Hacker doit faire en sorte que les utilisateurs du
service deviennent actifs et l'utilisent régulièrement, via par
exemple des mises à jour régulières, des
nouveautés, la proposition de nouvelles fonctionnalités,
l'organisation d'événements, les bons de réduction, les
programmes fidélité, le drip marketing, etc.55
55 Idem
47
C'est pourquoi le contenu créé et diffusé
sur les réseaux sociaux dans une stratégie de Growth Hacking n'a
pas uniquement vocation à aider l'utilisateur à se servir de
Klassroom, il doit aussi lui faire aimer tout ce que représente
Klassroom, c'est-à-dire le produit, la marque, qui nous sommes etc.
Dans un premier temps, ma mission consiste surtout à
animer et alimenter presque quotidiennement les réseaux sociaux en
contenu :
- Le lundi, grâce à #MondayMotivation, il s'agit
de faire de la curation de contenu positif et engageant, encourageant pour les
enseignants (ex : Parce que vous êtes passionnés, que vous leur
avez tendu la main, que vous avez eu un rôle déterminant
dans leur vie, vos anciens élèves ont
créé #LesProfsDeMaVie
https://bit.ly/2IWVwX8 Parfait pour
bien commencer la semaine
#MondayMotivation #TeamPE #TeacherLife).
- Le mercredi, nous avons le choix entre partager du contenu
à peu près similaire (avec #WednesdayMotivation) ou alors
#WednesdayWisdom, afin de partager une initiative
inspirante, une citation par exemple (ex : #WednesdayWisdom
#EnseignerAutrement Embarquer les parents afin d'initier leur
enfant à la lecture, c'est ce que fait avec succès Maitresse
Evie. Les parents sont ainsi invités à encourager leur
enfant et à prendre en compte ses ambitions de lecteur
)
- Le vendredi, il est possible de faire la curation d'un
article (ou d'en produire un nous-même) et de le diffuser avec le
#VendrediLecture ou #VendrediPedagogie, voire les deux (ex : Le #professeur de
votre #enfant prépare une sortie scolaire et vous
souhaitez en faire partie Une fois que vous aurez lu cet
article
https://bit.ly/2A4EFyJ vous saurez
tout de ce qu'il peut attendre de vous #VendrediLecture #VendrediPedagogie
#Parents #TeamPE)
48
- Ces hashtags peuvent être manipulés avec une
grande souplesse et intégrer le hashtag du jour (trending topic,
journée mondiale/nationale par exemple. Ex : En cette Journée
Internationale de la #Paix, nous vous partageons cette jolie réflexion
que nous livre
@sagebooker sur la #bienveillance
https://bit.ly/2Die4Sh Très
bon week-
end à tou.te.s #PeaceDay #VendrediLecture #TeamPE
#TeamMaternelle #TeacherLife) tout en veillant à constamment
intégrer les hashtags utilisés par les communautés
enseignantes tels que #TeamPE #TeamMaternelle #TeacherLife ou encore d'autres
plus ciblés comme #EcoleNumérique, #EnseignerAutrement ou encore
#BougeTaClasse qui réfèrent à des pratiques
pédagogiques précises telles que les classes flexibles, les
innovations pédagogiques etc.
Toute cette stratégie a été
consolidée par l'émergence d'une communication de
marque de plus en plus affirmée (grâce à
l'arrivée d'une licorne mascotte, du #TeamKlassroom fièrement
arboré par nos utilisateurs les plus fidèles sur Twitter) et par
l'aspect conversationnel de nos relations avec nos communautés. En
effet, #TeamKlassroom sur Twitter et le groupe fermé «Team
Klassroom FR» sur Facebook renforcent la proximité avec nos
utilisateurs que l'on encourage à nous soumettre de nouvelles
fonctionnalités, intégrées ensuite dans les mises à
jour. Cette même écoute des suggestions de fonctionnalités
se fait également par téléphone, au cours des campagnes de
phoning, ou encore dans les messages reçus via notre site web.
4) Faire de nos utilisateurs des ambassadeurs de Klassroom
Comme précisé précédemment, cette
mission ne me revient pas directement, mais j'oeuvre avec Diane Lahmy dans ce
but : l'enjeu de ma mission consiste à cette étape à
détecter les e-influenceurs de la communauté enseignante et de
faire de la curation de leur contenu, de détecter les sujets de
conversations qui les intéressent, mais aussi de produire un
49
contenu original sur un sujet peu abordé
qu'eux-même vont avoir ensuite envie de partager. Car, comme le
précise La Fabrique du Net :
C'est la viralité qui va permettre à la base
utilisateurs de grossir de manière exponentielle ou par croissance
géométrique. Le Growth Hacker peut utiliser toute une palette
d'actions pour accroître le refferal : offres de parrainage, codes
promos, jeux-concours, etc.56
Nous organisons également des jeux concours afin
d'offrir le Prime à toute une classe gratuitement pendant un an. Ces
opérations ponctuelles ont parfois pu être réalisées
avec d'autres entreprises telles que Wakatoon, Epopia, Botaki ou encore
Nintendo Labo ce qui nous a permis de bénéficier d'une
visibilité accrue et d'affirmer notre légitimité.
Cependant, le programme ambassadeur mis en place par Diane
Lahmy vise à récompenser les e-influenceurs vantant les vertus de
Klassroom en ligne ou les influenceurs physiques, qui contribuent à
installer et à déployer Klassroom dans leur école, en
offrant à leur classe le Prime à vie.
5) «Transformer les utilisateurs actifs en chiffre
d'affaires»
Comme le précise La Fabrique du Net, «C'est
l'étape de monétisation (pub, souscription...) au cours de
laquelle les prospects deviennent de véritables
clients»57. Cette étape n'arrive qu'en tout dernier
recours car il s'agit d'abord de faire de nos utilisateurs des utilisateurs
qualifiés. C'est pour cela que dans le modèle de Klassroom, le
professeur, qui bénéficie de Klassroom gratuitement,
créé sa classe et convainc les parents de s'y inscrire. Les
parents, quant à eux, peuvent devenir des utilisateurs de la version
gratuite de Klassroom ou bien souscrire au Prime et bénéficier
d'options supplémentaires telles que le téléchargement des
photos et des vidéos, l'accès à
l'intégralité de l'application ... et d'autres
fonctionnalités qui vont être développées par la
suite.
56 Idem
57 Idem
50
Toute la difficulté liée à notre
modèle économique consiste à proposer à des
enseignants un service gratuit, qu'ils proposent ensuite aux parents qui eux,
ont le choix de payer ou non. L'enjeu ici consiste à communiquer sur la
gratuité de notre solution, tout en suscitant le désir
d'accéder au Prime, en lui donnant une valeur ajoutée. C'est
pourquoi j'interviens ici :
- Sur les réseaux sociaux, en diffusant des
témoignages positifs d'enseignants utilisant Klassroom : la curation a
donc sa place même dans cette étape. Mais la modération est
surtout ce qui nous permet de rassurer notre communauté sur notre
modèle économique.
- Au téléphone, au cours de campagnes de phoning
: en effet, il arrive que des enseignants ne déploient pas leur classe,
croyant que Klassroom est payant. Un entretien téléphonique
suffit souvent à clarifier les choses et à susciter l'envie
à l'enseignant de déployer sa classe.
Au regard de notre stratégie de Growth Hacking et des
enjeux qui en découlent, se pose la question de la place allouée
à la curation de contenu dans la stratégie Social Media : Quels
type de contenu est-il opportun de partager ? Quelles sont ses
opportunités dans le secteur de l'EdTech, dans une communication BtoC ?
Quelles peuvent être ses limites ? Avec quels objectifs marketing la
curation de contenu peut-elle être compatible ? Qu'est-ce que ne
précisent pas les théories ?
4 - Notre cible, les enseignants du premier
degré
Afin de mieux comprendre comment cibler nos
communautés, il convient de mieux appréhender ce qui
caractérise les enseignants en France. De plus, cela nous aidera
à vérifier
51
si l'échantillon d'enseignants ayant accepté de
participer à notre étude est représentatif de ceux qui
constituent le corps enseignant en France.
a) Les professeurs des écoles
Le Monde58 a brossé un portrait-robot de
l'enseignant en France. Une large majorité d'entre-eux travaille dans le
Primaire et dans le Secondaire, et ils travaillent essentiellement dans des
établissements publics.
Les enseignants du premier degré représentaient
donc en 2014 environ 41,4% du personnel enseignant de France, soit 393 073
professeurs sur un total de 949 236. Les professeurs du premier degré
travaillant dans le public sont majoritaires : ils représentent 88,3%
des professeurs des écoles primaires.
58 Durand Anne-Aël, Age, sexe, salaire : portrait
robot des enseignants en France, Le Monde,
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/09/04/portrait-robot-des-enseignants-en-france-une-femme-agee-de-43-ans-gagnant-2-461-euros-par-mois_5180636_4355770.html,
consulté le 24/10/18
52
C'est un métier qui est très féminin. En
effet, les femmes dans le premier degré représentaient en 2014
entre 82,26% et 91,32%. Ce phénomène est d'ailleurs remarquable
en primaire.
Enfin, «L'âge moyen des enseignants en France
s'établit à 43 ans. Il est légèrement moins
élevé dans les établissements publics (42,8 ans) que dans
le privé (44,4 ans), avec une proportion plus importante de jeunes
recrues : les moins de 35 ans représentent 22,4 % dans le public, contre
19,1 % dans le privé». De plus «Les « professeurs des
écoles » (...) qui exercent en maternelle et primaire sont
généralement plus jeunes (42,4 ans en moyenne) que leurs
homologues de collège ou de lycée». Les professeurs
étant les plus jeunes seraient donc ceux qui exercent dans les
écoles primaires publiques. Cet article nous offre donc le portrait
robot du professeur type : une femme «avec un âge moyen de 43 ans et
une rémunération de 2 332 euros».
b) Les professeurs e-influenceurs
Ce phénomène est difficile à quantifier.
Bien qu'une soixantaine de professeurs blogueurs aient créé
« La Communauté des Profs Blogueurs »59 , il est
hautement probable que nombreux soient les enseignants producteurs de contenus
pédagogiques qui soient peu
59 Voir sur : http://cyberprofs.forumactif.org/
53
connus et/ou qui n'aient pas fait la démarche de se
rapprocher de cette communauté (parce qu'ils n'ont pas de blog et
oeuvrent seulement sur les réseaux sociaux tels que Facebook, YouTube ou
Instagram par exemple).
Toutefois, il y a fort à parier que les professeurs
blogueurs les plus actifs aient désiré se rapprocher de ce qui
s'appelle maintenant l' ACPB afin de bénéficier d'une
reconnaissance de leurs pairs. Le site de l'ACPB compte à ce jour 311
professeurs blogueurs, ce qui représenterait 0,008% des enseignants du
premier degré.
Bien que ce pourcentage puisse sembler dérisoire, ces
enseignants touchent de nombreux pairs. Par exemple, la blogueuse Desperate
Maîtresse est suivie par 76 822 personnes sur Facebook : si toutes ces
personnes sont exclusivement des enseignants du Premier degré de France,
alors cela représente 19,5% de ces enseignants, soit presque 1
enseignant sur 5 ! C'est pourquoi ces professeurs sont une cible de choix
puisqu'ils peuvent atteindre rapidement d'autres enseignants qui ont confiance
en leur travail.
C - Etude qualitative et quantitative
1) Un échantillon représentatif
De tous les enseignants ayant participé à cette
étude, nous recensons 44,5 professeurs des écoles et 13,5
professeurs de maternelle sur un total de 78 enseignants (une enseignante
travaille en classe unique). Ce sont donc les éléments de
réponses fournis par ces enseignants que nous allons étudier ici
(voir annexe 2). Parmi ces enseignants :
- La majorité des professeurs ayant participé
à l'étude ont entre 25 et 34 ans (41,4%), suivis par les 16
professeurs ayant entre 35 et 44 ans (27,6%). Viennent ensuite les professeurs
agés de 45 à 54 ans (17,2%), puis ceux de 18 à 25 ans
(8,6%) et enfin ceux de 55 à 64 ans (5,2%).
- Nous comptons également une écrasante
majorité de professeurs femmes : 4 professeurs sont des hommes (soit
6,9%) une personne n'a pas souhaité se prononcer et tout le reste des
professeurs ayant participé sont des femmes (93,1%).
- La différence entre professeurs du privé et du
public est encore plus flagrante : seuls 3,4% des enseignants interrogés
enseignent dans le privé.
54
Ces enseignants sont donc plus jeunes que l'âge moyen
observé (42,4 ans) mais restent représentatifs de la population
étudiée, bien que cet échantillon voie les
caractéristiques du corps enseignant davantage exacerbées.
2) Les professeurs, de fervents consommateurs de contenu en
ligne
Les professeurs interrogés ont surtout une attitude de
consommateurs de contenus plutôt que de producteurs de contenus en ligne
: en effet, ils sont 44 à dire qu'ils ne diffusent pas de contenu en
ligne (soit 75,9%) et 43 des professeurs interrogés suivent au moins un
professeur qui diffuse du contenu pédagogique en ligne, qu'ils soient
eux-mêmes producteurs de contenu ou non (soit 74,1%).
Dans leurs recherches de contenus pédagogiques en ligne,
ils privilégient :
- d'abord les blogs : ils sont 37,5 à répondre
qu'ils s'y rendent souvent (soit 64,6%) et 7 à répondre qu'ils
s'y rendent toujours (soit 12,1%).
55
- ensuite les réseaux sociaux : ils sont 30 à
répondre qu'ils s'y rendent souvent (soit 51,7%) et 11 à
répondre qu'ils s'y rendent toujours (soit 19%).
- ce n'est qu'après qu'ils consultent les articles de
sites spécialisés : ils sont 27,5 à répondre qu'ils
s'y rendent souvent (soit 47,4%) mais sont aussi 21,5 à répondre
qu'ils ne s'y rendent que parfois (soit 37,1%).
Quant aux forums de discussions, aux vidéos en lignes,
aux newsletters et aux podcasts, ils semblent beaucoup moins attractifs : les
professeurs répondent essentiellement qu'ils ne les consultent que
parfois, voire jamais.
Les professeurs producteurs de contenus en ligne semblent
suivre cette tendance : la seule différence notable est que ceux de cet
échantillon préfèrent les réseaux sociaux pour
consommer du contenu pédagogique. Ils sont 5 à dire y aller
toujours et 9 à dire s'y rendre souvent. La consultation des blogs
arrive en seconde préférence chez cette population : ils sont 4
à affirmer ne s'y rendre que parfois, 9 souvent et seulement 1 à
affirmer y aller toujours.
56
Mais quels réseaux sociaux privilégient-ils ? Il
est intéressant de constater que les enseignants partageant du contenu
pédagogique en ligne n'ont pas les mêmes affinités avec les
mêmes réseaux sociaux que les professeurs qui consomment ce
contenu :
Facebook reste le réseau social que privilégient
les enseignants aussi bien pour partager que pour consommer du contenu
pédagogique : ils sont 50% (7 sur 14) à l'utiliser pour le
partage et 87,9% (51 sur 58) à l'utiliser pour consommer du contenu.
Le format du blog est très apprécié par
les enseignants qui diffusent leurs ressources pédagogiques : ils sont
35,5% à évoquer la tenue d'un blog (5 sur 14). Un pourcentage
57
quasiment similaire d'enseignants consommant du contenu semble
privilégier le réseau social YouTube : en effet, 32,8% des
enseignants indiquent s'y rendre pour consommer du contenu pédagogique
(19 sur 58), ce qui en fait le 2ème réseau social
préféré des enseignants ... alors que les professeurs qui
partagent du contenu ne l'utilisent que très peu (1 pour 14, soit
7,1%).
Viennent ensuite les réseaux sociaux Twitter et
Instagram. Tandis que 21,4% des enseignants produisant du contenu en ligne
préfèrent se rendre sur Twitter (soit 3 sur 14) puis sur
Instagram (2 sur 14, soit 14,3%), ceux qui consomment leur contenu se dirigent
d'abord sur Instagram (14 sur 58, soit 24,1%) et ensuite seulement sur Twitter
(11 sur 58, soit 19%). Ceci peut être expliqué par les
préférences de réseaux sociaux en fonction des
générations : les jeunes enseignants préfèrent
sûrement Instagram et leurs ainés préfèrent Twitter,
et ce sont ces professeurs plus expérimentés qui seront à
même de conseiller les jeunes recrues. En effet, la majorité des
professeurs interrogés se rendant sur Twitter ont entre 35 et 44 ans,
tandis que les enseignants utilisateurs d'Instagram ont pour la majorité
entre 25 et 34 ans.
Pinterest et Linkedin arrivent en dernier choix et Snapchat
n'est pas du tout utilisé : seul un enseignant (soit 1,8%) dit se rendre
sur LinkedIn et 3 enseignants (soit 5,8%) affirment s'y rendre pour consommer
du contenu éducatif, alors que ces réseaux sociaux ne sont pas
évoqués par les professeurs produisant du contenu
pédagogique.
Mais les enseignants consomment-ils du contenu produit par des
entreprises ? Ils sont nombreux à affirmer que non : 68,2% (soit 30
enseignants sur 58) des professeurs consommateurs ont répondu non
à cette question, ce taux grimpe à 92,9% (soit 13 enseignants sur
14) chez les enseignants produisant eux-mêmes du contenu éducatif.
Les raisons de ce rejet sont multiples, les commentaires explicatifs des
professeurs producteurs de ressources pédagogiques peuvent être
résumés ainsi : ces contenus ne sont pas toujours adaptés
(pas Montessori, ou pas pertinents) ou ne sont pas connus des enseignants. Les
autres motifs sont politiques (les entreprises n'ont pas leur place à
l'école) ou personnels (le travail d'un autre
enseignant inspire davantage la confiance). Les enseignants
consommateurs complètent ces arguments en ajoutant qu'ils n'ont pas
forcément le temps de les consulter ou qu'ils n'aiment pas ces contenus.
Les 31,8% des enseignants qui consultent les contenus pédagogiques
produits par les entreprises (soit 14 sur 58) consomment ces contenus car ils
les trouvent ludiques, sérieux, complets et qu'il est facile de les
utiliser. Pour eux, tous les conseils sont bons à prendre. Mais le
principal frein semble tout de même être la non-connaissance de ces
contenus :
58
Ce qui nous amène à nous demander : qui sont les
professeurs e-influenceurs préférés des professeurs ? Ceux
qui ont été cités spontanément par les enseignants
interrogés sont : Bout de Gomme (10 fois), Charivari (9 fois), Maikresse
72 (8 fois), Lutin Bazar (7 fois) et Mais que fait la Maîtresse (5 fois),
dont au moins une fois par un professeur diffusant lui-même ses
ressources pédagogiques en ligne. Ces enseignants e-influenceurs
seraient donc en mesure d'impacter entre 8,6% et 17,2% des enseignants du
premier degré.
59
3) Ce que veulent les «profs», quels sujets les
intéressent
Les sujets qui intéressent davantage les professeurs ne
semblent pas être ceux qui sont les plus partagés et/ou les plus
produits, ce qui peut être une opportunité dans le cadre d'une
stratégie de contenu. En effet, les sujets préférés
de cette étude sont :
- Les «do it yourself» et rituels organisationnels :
Les enseignants interrogés sont 26 à être plutôt
intéressés (soit 44,8%) et 27 (soit 46,5%) à être
tout à fait intéressés par ce type de contenu qui
rassemblerait tout ce qui est classe flexible, cartes et étiquettes par
exemple. Il est d'ailleurs très intéressant de remarquer que les
professeurs diffusant en ligne leurs ressources pédagogiques sont 7
à être plutôt intéressés (soit 50%) et 6 (soit
42,8%) à être tout à fait intéressés par ce
contenu !
- Les préparations de séances et de
séquences : Les professeurs ayant participé à cette
étude sont 25,5 à être plutôt
intéressés (soit 44%) et 24,5 (soit 44,2%) à être
tout à fait intéressés par ce type de ressources. En
revanche, les professeurs diffusant en ligne leurs contenus pédagogiques
sont 6 à être plutôt intéressés (soit 42,9%)
et 5 (soit 35,7%) à être tout à fait
intéressés par ce contenu, sûrement car c'est ce qu'ils
doivent produire essentiellement eux-mêmes.
- Les dispositifs pédagogiques adaptés aux
élèves DYS, autistes ou en ULIS par exemple : 50,8% des
enseignants ayant participé à cette étude se disent
plutôt intéressés (soit 29, 5 sur 58) par ce sujet 22,4%
affirment être tout à fait intéressés par ce type de
ressources (soit 13 sur 58). Chez les professeurs diffusant en ligne leurs
contenus pédagogiques, 35,7% sont plutôt intéressés
par ces dispositifs (soit 5 sur 14) et 42,9% semblent être tout à
fait intéressés par ce sujet (soit 6 sur 14).
- Les anecdotes d'enseignants, conseils personnels et tranches
de vies de professeurs : 58,6% des enseignants ayant participé à
cette étude se disent plutôt intéressés (soit 34 sur
58) par ce sujet mais seulement 13,8% affirment être tout à fait
intéressés par cette
60
thématique (soit 8 sur 58). Ce sujet est beaucoup moins
demandé par les professeurs diffusant en ligne leurs contenus
(sûrement parce que eux-mêmes l'abordent), 57,1% sont plutôt
intéressés par ce sujet (soit 8 sur 14) et 14,3% semblent
être tout à fait intéressés par cette
thématique (soit 2 sur 14).
- Les projets pédagogiques type voyages scolaires,
escape games par exemple : Les enseignants interrogés sont 22 à
être plutôt intéressés (soit 37,9%) mais seulement 16
(soit 27,6%) à être tout à fait intéressés
par ces projets. Quant aux enseignants diffusant en ligne leurs ressources
pédagogiques, ils sont 5 à être plutôt
intéressés (soit 35,7%) et 6 (soit 42,8%) à être
tout à fait intéressés par ce contenu !
- Les pédagogies alternatives telles que Montessori ou
l'Ecole dans la Forêt suivent de très près les projets
pédagogiques avec 39,6% des professeurs ayant répondu
révélant être plutôt intéressés (soit
23 sur 58) mais seulement 24,1% (soit 14 sur 58) à être tout
à fait intéressés par ces projets. Les enseignants
créateurs de contenus pédagogiques sont 5 à être
plutôt intéressés (soit 35,7%) et 7 (soit 50%) à
être tout à fait intéressés par ces
pédagogies. Il est intéressant de souligner que ces enseignants
chevronnés sont plus intéressés par les innovations
pédagogiques que leurs collègues ne diffusant pas leurs
ressources.
- Le Numérique à l'Ecole : Avec 34,5% des
professeurs ayant répondu révélant être plutôt
intéressés (soit 20 sur 58) et 22,4% à être tout
à fait intéressés par ce sujet (soit 20 sur 58), le
numérique à l'école semble être la thématique
qui intéresse le moins les enseignants du premier degré.
Même chez les professeurs diffusant leurs contenus pédagogiques,
ces chiffres sont plus faibles : ils sont seulement 2 à être
plutôt intéressés (soit 14,3%) mais sont 7 (soit 50%)
à être tout à fait intéressés par ce sujet.
Ces chiffres sont en cohérence avec le verbatim de ces enseignants
à qui il a été
demandé, en guise de conclusion, «quels types de
contenus aimeriez-vous voir plus souvent» :
61
le premier besoin évoqué fut les ressources
concernant la gestion de la classe et/ou des élèves particuliers
(évoqués 9 fois). Ensuite, viennent les «pratiques
innovantes», «innovations» pédagogiques et «projets
innovants» (évoqués 7 fois) ainsi que du contenu
«applicable tout de suite», motivés par l'urgence de certains
besoins (évoqué également 7 fois). Dans la même
veine que les innovations, les professeurs interrogés ont
évoqué 5 fois les «projets collaboratifs»,
«dispositifs alternatifs», «pour enseigner autrement». Ce
n'est qu'après qu'arrivent les conseils et retours sur expérience
(évoqués 4 fois).
62
C'est donc à la lumière de ces observations,
qu'il convient de considérer avec une certaine distance au vu du petit
échantillon et de son approximative ressemblance avec ce qui constitue
le corps professoral du premier degré en France, que nous pourrons
proposer des recommandations concernant les sujets à partager, les
contenus à produire nous-mêmes afin de retravailler la
stratégie social media déjà existante et de voir comment
cette stratégie peut être en adéquation avec notre
stratégie de growth hacking basée sur le modèle AARRR.
63
III - Recommandations
A - Stratégie et proposition de
démarche
1) Stratégie actuelle de curation de contenu
Actuellement, sur une semaine, la curation de contenu sur les
réseaux sociaux Facebook et Twitter représente 2 à 3
publications sur un total de 5 publications environ, soit 40 à 60% de
nos publications. Le contenu issu de la curation s'est, avec le temps, de plus
en plus centré sur le contenu produit par les enseignants : il est
surtout diffusé les lundis, mercredis et vendredis avec les hashtags
#MondayMotivation, #WednesdayWisdom, #WednesdayMotivation, #VendrediPedagogie
ou #VendrediLecture mais aussi avec les hashtags des journées mondiales,
internationales, les fêtes tels que #chandeleur,
#journéedelamusique ou encore
#journéeinternationaledudroitdesfemmes. Les contenus diffusés
sont essentiellement des préparations de séances et/ou de
séquences et des articles concernant des pédagogies alternatives
ou des projets pédagogiques originaux. Ces publications ne sont pas
sponsorisées sur Facebook, contrairement aux :
- reportages concernant Klassroom. Qu'ils soient textuels ou
vidéos, les reportages servant à décrire l'application,
à diffuser des témoignages positifs d'utilisateurs sont
sponsorisés.
- articles de blogueurs utilisant Klassroom. Ces
e-influenceurs (devenant ainsi nos ambassadeurs) écrivent de leur propre
chef un ou des article(s) décrivant notre application, leur utilisation
en classe et les bénéfices qu'ils en tirent pour eux, leurs
élèves et les parents de ces derniers.
Ces contenus sont issus de la curation également et
sont diffusés sur une durée pouvant aller d'une semaine à
plusieurs mois, selon la saisonnalité (périodes de cours ou de
vacances scolaires) et nos objectifs marketing : par exemple, l'objectif durant
les vacances d'été est
64
l'acquisition de trafic, tandis que la période de
rentrée est une période surtout propice à l'activation et
à la rétention de nos utilisateurs.
Sur Instagram, un réseau social davantage visuel, ce
pourcentage est moindre car la stratégie éditoriale est davantage
basée sur la création d'une proximité avec l'équipe
et sur la diffusion de messages inspirants et motivants. A ce jour, Elena
Poulain avait la main sur ce réseau social car notre communication y est
bilingue. Cependant, son départ très récent et les
conclusions de ce présent travail nous amènent à repenser
notre stratégie sur ce réseau social.
Quant à LinkedIn, réseau peu
fréquenté par les enseignants, il sert à communiquer
surtout sur Klassroom en tant que société auprès de nos
investisseurs, futurs employés et partenaires. Il traite de sujets tels
que les levées de fonds, présences à un
événement, annonces d'une nouvelle version, messages de
remerciement à nos partenaires etc. Le contenu issu de la curation
provient donc non pas de la communauté enseignante mais des articles de
médias en ligne : Capital, Frenchweb, L'express, Maddyness par
exemple.
Grâce à l'état de l'art et à
l'étude menée, il nous est désormais possible de
répondre à la problématique afin de déterminer
quelle place allouer à la curation dans la stratégie social media
de Klassroom afin de repenser notre stratégie de contenu actuelle.
2) Réponse à la problématique
La problématique est la suivante : Quelle
peut-être la place allouée à la curation de contenu dans la
stratégie Social Media dans une start-up B2C de l'edtech ? Cette
problématique soulève plusieurs autres questions auxquelles il
convient de répondre pour avoir une idée globale de ce que doit
être cette «place».
Les communautés ciblées se regroupent, comme le
formulent les lois de puissance dont traite Sylvie Chabi, autour de ses
influenceurs qui appartiennent majoritairement à la Communauté
des Profs Blogueurs. Ces enseignants possèdent un blog sur lesquels
ils
65
diffusent leurs travaux mais également un compte sur
les réseaux sociaux. En effet, Facebook est encore plus utilisé
que le blog, qui arrive en deuxième place, pour partager du contenu
éducatif d'après les réponses de notre échantillon.
Ces communautés échangent à l'aide de hashtags
spécifiques sur les réseaux Twitter et Instagram (#TeamPE
#TeamMaternelle #EnseignerAutrement #Teacherlife par exemple) et dans des
groupes privés sur Facebook (pouvant être plus ou moins
spécialisés, comme «800 000 feignasses», «Tous les
professeurs des écoles» ou encore «Professeurs des
écoles en cycle 2»).
Les réseaux sociaux étant les plus favorables
à l'édition d'un contenu partagé sont, pour la
majorité d'enseignants consommateurs de contenus, Facebook, Youtube,
puis Instagram et ensuite Twitter. La curation de contenu peut occuper une
place de choix dans la stratégie éditoriale des réseaux
sociaux, s'il s'agit de curation de contenu produit par des professeurs, en
raison de la méfiance de la majorité des enseignants
interrogés à l'égard des entreprises. Toutefois, il s'agit
de déterminer, en fonction des besoins formulés par les
enseignants, quel contenu il peut être préférable de curer,
et quel est celui que l'on peut produire nous-mêmes. En effet, les
enseignants sont plus intéressés par certains sujets que par
d'autres et ont des besoins plus pressants, plus importants que d'autres.
L'étude des réponses de notre échantillon nous permet de
dresser un tableau des besoins/intérêts :
Besoin/Intérêt
|
DIY/rituels organisationnels
|
Préparation séances / séquences
|
Dispositifs pédagogiques adaptés
|
Anecdotes
|
Projets et pédagogies alternatives
|
Innovation
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
Cours prêts à emploi
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
Dispositifs alternatifs
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
Conseils et retours d'enseignants
|
|
|
|
X
|
|
66
Puisque, d'après Lauren Pope, un bon contenu marketing
doit faire converger le besoin d'un consommateur ou l'idée qui va
l'engager avec un lien qui fasse sens avec notre marque, le texte et les images
qui accompagnent ce contenu ont alors pour objectif d'établir ce lien
mais aussi de façonner «social self» de l'entreprise.
Elle précise ensuite qu'il convient de choisir le bon
format pour le contenu : ici, comme le contenu est produit par un tiers, la
question ne se pose pas. En revanche, elle se posera pour les contenus que
produit et diffuse Klassroom sur les réseaux sociaux.
Elle finit en énonçant qu'il est
nécessaire de choisir le bon canal, afin de cibler la bonne personne au
bon moment. Puisque l'on sait que les professeurs vont surtout chercher du
contenu pédagogique (et donc qui a une relation avec l'activité
de notre entreprise) sur les réseaux sociaux, et que l'on sait quels
réseaux sociaux ils privilégient, il ne nous reste plus
qu'à y découvrir à quel moment les atteindre.
Cette information est accessible sur les réseaux
sociaux eux-mêmes, dans les paramètres. Il nous est donc possible
d'identifier des pics d'activités sur les réseaux sociaux et de
nous imaginer une journée type de l'enseignant actif sur les
réseaux sociaux, voire la semaine type :
67
Ainsi, nous pouvons voir que sur Facebook, le réseau
social le plus fréquenté par les enseignants, qu'ils sont
connectés entre 8h et 22h, avec des pics d'activités vers 9h, 13h
et un pic de 17h à 22h. Nous pouvons donc imaginer que le pic
d'activité le soir est le moment durant lequel l'enseignant sera
à la recherche de ressources pédagogiques sur Facebook, et que
les connexions de 9h et de 13h, plus courtes, sont davantages
récréatives car les enseignants ont peu de temps à
consacrer à la préparation de leurs cours. Mais ces moments sont
tout de même à ne pas négliger pour répondre
à d'autres besoins de nos utilisateurs.
Il est donc judicieux de diffuser du contenu
pédagogique, qu'il soit issu de la curation ou non, pendant ces heures
où les enseignants préparent leurs cours, et de
privilégier les autres heures de pics d'activité pour diffuser un
contenu plus récréatif ou informel, issu ou non de la curation de
contenu.
Ainsi donc, la curation de contenu nous permettra de
façonner pour Klassroom une identité sociale qui dépasse
celle du Mensch que décrivent Peg Fitzpatrick et Guy Kawasaki, celle
d'une entreprise dynamique, qui est soucieuse de ses utilisateurs, qui les
connaît et
68
s'intéresse à eux et les met en avant, qui
manifeste un intérêt sincère pour l'éducation
suscitant la confiance de ses utilisateurs, qui est de bon conseil et une
experte de l'EdTech, désireuse d'améliorer l'expérience
qu'ils ont avec Klassroom notamment grâce à la production et
à la diffusion de contenu intéressant, divertissant et inspirant
sur les réseaux sociaux.
Car le manque de confiance est le premier argument en
défaveur des contenus éducatifs produits par les entreprises,
suivi par la non-adéquation avec ce que recherche l'enseignant puis, en
troisième lieu, le fait que les enseignants ne connaissent pas ce
contenu. Partager le contenu d'un professeur blogueur reconnu et
apprécié est un bon moyen d'acquérir aux yeux de nos
utilisateurs humilité, confiance et expertise. De plus, le fait
d'être recommandé par des professeurs blogueurs qui
apprécient notre produit et nos services (dont on partage les articles
élogieux) renforce la confiance que peuvent nous accorder nos prospects
et nos utilisateurs, ce qui est mis en exergue lors du partage de ces
contenus-là. Une reconnaissance mutuelle s'installe et se crée,
ce qui est très bénéfique pour l'e-réputation de
notre marque et de notre société, mais aussi pour nos
e-influenceurs qui deviennent nos ambassadeurs.
Ce processus de valorisation à double-sens crée
un cercle vertueux au niveau de notre stratégie de growth hacking :
grâce à la curation d'articles vantant les mérites de
Klassroom (referral), l'acquisition de trafic et de prospects est
renforcée, car nous avons été recommandés par un
tiers en lequel la communauté que nous ciblons a confiance. L'enseignant
prospecté télécharge donc l'application et la teste. En
trouvant sur les réseaux sociaux du contenu adapté qui le guide
dans son utilisation de Klassroom (et non issu de la curation) mais aussi du
contenu pédagogique lui faisant connaître un nouveau professeur
blogueur (articles issus de la curation), l'utilisateur a une première
expérience positive sur Klassroom et sur les réseaux sociaux et y
revient pour trouver des réponses à toutes sortes de
69
questions concernant la pratique de son métier : la
curation a donc sa place dans l'activation et dans la rétention
d'utilisateurs, dont la confiance en Klassroom se renforce, de même que
le sentiment d'appartenance à une communauté grâce aux
échanges que peuvent provoquer les partages d'articles en commentaires.
Convaincus de l'intérêt du produit et confiant en l'entreprise, il
déploie sa classe avec succès et y publie
régulièrement du contenu, ce qui motive certains parents à
souscrire au Prime pour télécharger les photos et vidéos
de leurs enfants (revenu). Il partage nos publications et contribue ainsi
à faire connaître notre marque, notre entreprise (referral). Un
autre professeur, souvent exposé aux contenus de Klassroom que partagent
ses collègues qu'il apprécie et en qui il a confiance,
s'intéresse ainsi à l'application, la télécharge et
la teste (activation) ... et ainsi de suite.
Quant à la fréquence de diffusion de contenu
produit par des enseignants e-influenceurs, elle peut être variable.
L'essentiel est de partager à notre communauté du contenu qui
peut l'intéresser, c'est-à-dire qui peut répondre à
un besoin, une envie à un moment T : cela passe donc également
par des tutoriels d'utilisation de Klassroom, par des invitations à des
événements auxquels nous nous trouvons, mais aussi par des
articles pédagogiques que nous pouvons nous-mêmes produire. Il
convient donc de trouver un juste équilibre entre les contenus que nous
produisons et les contenus que nous partageons, dans l'intérêt des
utilisateurs et de notre «social self». Mais il est nécessaire
de garder à l'esprit que le contenu produit par une entreprise suscite
majoritairement la méfiance du corps enseignant, contrairement au
contenu produit par un autre enseignant.
C'est pourquoi il est particulièrement
recommandé de soigner la relation que l'on peut avoir avec les
professeurs blogueurs et autres e-influenceurs de la communauté
enseignante : d'une part parce qu'ils représentent une
opportunité importante pour atteindre les professeurs que nous ciblons,
et d'autre part parce que le contenu qu'ils produisent nous est profitable pour
plusieurs raisons : c'est du contenu produit par un professionnel ce qui
l'assure de son
70
expertise, c'est un gain de temps et de ressources humaines
considérable, enfin l'acte de création que favorise la curation
de contenu permet à la marque d'intégrer le discours de
l'enseignant à son propre discours, ce qui crée une
proximité avec le corps enseignant. En faisant des professeurs
e-influenceurs des ambassadeurs de Klassroom, nous augmentons
considérablement nos chances pas seulement d'atteindre notre cible, mais
de susciter en elle la confiance favorable à l'acquisition de trafic et
à l'activation du processus de clientélisation.
3) Recommandations opérationnelles
La répartition entre les sujets à produire
nous-mêmes et ceux à curer peut donc se faire
ainsi :
Contenu à curer sur les réseaux sociaux
|
Sujets à curer sur
|
Facebook
|
Youtube
|
Instagram
|
Twitter
|
DIY et rituels organisationnels
|
Régulièrement
|
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
Préparation de séances/séquences
|
Régulièrement
|
|
Régulièrement
|
|
Dispositifs pédagogiques particuliers
|
Régulièrement
|
|
Régulièrement
|
|
Projets pédagogiques
|
|
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
Pédagogies alternatives
|
|
|
|
Régulièrement
|
Vies de profs, anecdotes
|
Régulièrement
|
|
|
|
Numérique à l'école
|
|
|
|
Régulièrement
|
Articles de blogueurs utilisant Klassroom
|
Occasionellement
|
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
Articles de presse concernant Klassroom
|
Occasionellement
|
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
|
Contenu à produire pour les réseaux sociaux
Sujets à produire pour
|
Facebook
|
Youtube
|
Instagram
|
Twitter
|
DIY et rituels organisationnels
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
Tutoriels pour Klassroom
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
|
Régulièrement
|
Tutoriels pour Klassboard
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
|
Régulièrement
|
Articles sur le lien parents-profs
|
Régulièrement
|
|
Régulièrement
|
Régulièrement
|
Témoignages vidéos d'enseignants
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
Interviews vidéos événements
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
Occasionellement
|
71
Sur Facebook, il s'agit de partager des sujets variés,
en prenant en compte les préférences de sujets que l'étude
nous a révélées, c'est-à-dire de privilégier
les quatre premiers sujets préférés des enseignants de
notre échantillon. Toutefois, il ne faut pas pour autant omettre le
contenu produit par Klassroom afin d'accompagner l'utilisateur dans sa
manipulation du produit, et de créer une expérience
complète en produisant et en diffusant sur les réseaux sociaux
des articles sur le lien parents professeurs et du contenu vidéo mettant
en avant nos utilisateurs.
Sur Youtube, il ne nous est pas permis de procéder
à de la curation de contenu, mais seulement à de la production.
C'est pourquoi nous pouvons y diffuser des «Do it yourself» et
rituels organisationnel élaborés par Klassroom et autres
vidéos tels que des tutoriels pour utiliser nos produits et des
vidéos de témoignages et d'interviews.
Les professeurs consultant du contenu pédagogique sur
Instagram doivent avoir accès à des contenus les plus visuels
possibles, tout en étant en adéquation avec les sujets qu'ils
préfèrent : les 17 enseignants consultant Instagram cherchent
surtout :
- des DIY et rituels organisationnels : ils sont 12 à
être tout à fait intéressés par ce sujet et 5
à être plutôt intéressés par ce type de
contenu.
- des projets pédagogiques et des préparations
de séances et de séquences : on obtient les mêmes chiffres
quasiment en regardant ces deux thématiques. Les professeurs de notre
étude sont 10 à être tout à fait
intéressés par ce sujet et 5 à être plutôt
intéressés par ce type de contenu.
- les dispositifs particuliers pour les élèves
DYS, autistes etc. Les enseignants interrogés sont 7 à être
tout à fait intéressés par ce sujet et 7 à
être plutôt intéressés par ce type de contenu.
- les pédagogies alternatives ont moins de
succès sur ce réseau social : bien que les professeurs de cette
étude sont 8 à être plutôt intéressés
par cette thématique, ils sont 4
72
à n'être plutôt pas intéressé
par ce type de contenu et 4 à se dire tout à fait
intéressés par ce sujet.
- les vies et anecdotes de professeurs y sont également
moins recherchées : les enseignants ayant répondu à cette
étude sont 9 à être plutôt intéressés
par cette thématique, ils sont 5 à n'être plutôt pas
intéressé par ce type de contenu. Ils ne sont que 2 à se
dire tout à fait intéressés par ce sujet.
- enfin, le numérique à l'Ecole parait peu
attrayant pour ces enseignants : les enseignants de notre échantillon
sont 4 à être plutôt intéressés par cette
thématique et 5 à n'être plutôt pas
intéressé par ce type de contenu. Cependant, ils sont 6 à
se dire tout à fait intéressés par ce sujet.
Sur Twitter, où la moyenne d'âge est plus
élevée, les sujets susceptibles d'intéresser
les enseignants ne sont pas tout à fait les mêmes.
En effet, ces professeurs-là privilégient :
- le numérique à l'Ecole : les enseignants
consultant ce réseau social sont 8 à se dire
tout à fait intéressés par ce sujet et 4
à être plutôt intéressés par cette
thématique.
- les DIY et rituels organisationnels : ils sont 6 à
être tout à fait intéressés par ce sujet et 5
à être plutôt intéressés par ce type de
contenu.
- les pédagogies alternatives suivent de très
près cette thématique : les professeurs de notre
échantillon sont 6 à être tout à fait
intéressés par ce sujet et 4 à être plutôt
intéressés par ce type de contenu.
- Les projets pédagogiques (escape game, voyages
scolaires) intéressent tout à fait 4 enseignants et
intéressent plutôt 4 enseignants, ce qui en fait un sujet
susceptible de rencontrer un certain succès sur Twitter
- Les dispositifs particuliers peuvent également
être partagés mais ils n'intéressent tout à fait que
5 professeurs et intéressent plutôt 6 enseignants.
73
- les préparations de séances et de
séquences intéressent plutôt 7 enseignants mais n'en
intéressent tout à fait que 3 sur les 12 utilisateurs de Twitter
de notre panel.
- Les vies de professeurs et anecdotes personnelles
intéressent plutôt 8 enseignants mais n'en intéressent tout
à fait que 2 sur les 12 utilisateurs de Twitter de cet
échantillon.
Ce qu'il est intéressant de souligner, c'est combien
les DIY et rituels organisationnels peuvent être intéressants :
ils intéressent toutes les communautés en ligne et c'est un
contenu que nous pouvons produire nous-mêmes et diffuser sur notre
chaîne YouTube.
Il existe toutefois deux autres types de contenu que nous
pouvons curer, ce que nous faisons déjà : ce sont les articles
d'enseignants utilisateurs de Klassroom qui partagent avec leurs lecteurs leur
expérience avec notre produit, mais aussi les articles de presse qui
peuvent être explicatifs ou qui abordent l'actualité de
l'entreprise (levée de fonds, fonctionnalité de traduction
automatique, signature de la convention d'expérimentation avec
l'Education Nationale par exemple).
La diffusion de ces contenus s'intégre dans notre
stratégie de growth hacking. A chaque sujet partagé ou produit
correspond un ou des objectifs du modèle AARRR :
Contenu à curer sur les réseaux sociaux
|
Sujets à curer sur
|
Objectifs de growth hacking
|
DIY et rituels organisationnels
|
Retention
|
Préparation de séances/séquences
|
Retention
|
Dispositifs pédagogiques particuliers
|
Retention
|
Projets pédagogiques
|
Retention
|
Pédagogies alternatives
|
Retention
|
Vies de profs, anecdotes
|
Retention
|
Numérique à l'école
|
Retention
|
Articles de blogueurs utilisant Klassroom
|
Referral / Acquisition de trafic
|
Articles de presse concernant Klassroom
|
Acquisition de trafic
|
|
Contenu à produire pour les réseaux sociaux
|
74
Sujets à produire pour
|
Objectifs de growth hacking
|
DIY et rituels organisationnels
|
Retention
|
Tutoriels pour Klassroom
|
Activation
|
Tutoriels pour Klassboard
|
Activation
|
Articles sur le lien parents-profs
|
Retention
|
Témoignages vidéos d'enseignants
|
Referral / Acquisition de trafic
|
Interviews vidéos événements
|
Acquisition de trafic
|
Concernant le format à privilégier, il nous est
déjà possible d'affirmer que 32,8% de nos enseignants
interrogés consomment de la vidéo puisqu'ils cherchent du contenu
sur Youtube. Mais ils ne sont que 10 sur 58 à affirmer consommer souvent
du contenu en ligne via ce média (soit 17,2%), 34 sur 58 à dire
en consommer parfois (soit 58,6%) et 14 sur 58 à n'en consommer jamais
(soit 24,1%). Est-ce en raison de la non-attractivité du format
vidéo ou bien n'est-il pas très utilisé par les
enseignants diffusant leurs ressources ? Seul le test and learn nous permettra
de déterminer si oui ou non il s'agit d'un problème lié au
format ou au contenu en soi.
B - Ouverture
1) Des théories à la pratique
Comme dans toutes les disciplines, il existe parfois des
fossés plus ou moins importants entre les théories et la
pratique. En effet, bien que les enseignants aient répondu aux questions
de notre étude tout en pouvant s'exprimer librement sur ce qu'ils
recherchaient comme sujets encore peu existants, il est fort probable qu'ils
aient été influencés par les propositions de
réponses précédentes, ce qui a laissé peu de part
à leur imagination. De plus, bien qu'un enseignant ait pu cliquer sur
«plutôt intéressé» en voyant le sujet
«DIY», rien ne
75
nous confirme que ce même enseignant va cliquer sur une
de nos publications lui proposant précisément ce type de
contenu.
En outre, en partageant ce type de contenu produit par des
enseignants grâce à la curation, il faut prendre en compte que les
chiffres nous permettant de mesurer l'engagement de nos utilisateurs peuvent ne
pas être tout à fait révélateurs de
l'intérêt que va finalement susciter ce contenu : entre les
utilisateurs qui ne seront pas atteints par notre contenu, ceux qui cliqueront
dessus et que le contenu n'intéressera pas, ceux qui cliqueront dessus,
aimeront le contenu, mais ne reviendront pas poster un commentaire, une
réaction ou partager l'article, ceux qui réagiront (j'aime,
j'adore etc.) sans cliquer dessus, il est nécessaire de garder à
l'esprit qu'un certain recul est nécessaire par rapport aux
théories.
De même, comment nous assurer que le contenu qui va
être curé le sera «au bon moment» pour l'utilisateur ?
Selon la date à laquelle on regarde le taux d'engagement d'un post, nous
pouvons voir l'engagement décroitre, ce qui ne nous garantit pas que la
publication n'a pas été postée au bon moment.
Ces interrogations nous amènent à prendre du
recul par rapport aux généralités que l'on peut lire dans
la littérature à ce sujet et à se recentrer sur la
pratique du test and learn.
2) Le test and learn, ce que ne disent pas les théories
Le test and learn nous permet de répéter
plusieurs actions et de mesurer leur impact afin de vérifier leur
efficacité et de soit les réitérer, soit de corriger les
actions futures. Par exemple, en arrivant à Klassroom, je partageais
chaque mercredi une citation inspirante sur le thème de
l'éducation grâce à #WednesdayWisdom. Après deux
mois de test, j'y ai renoncé : bien que les premières citations
aient suscité un certain engouement, celui-ci est allé
décroissant avec le temps, il a lassé rapidement notre
communauté. Il est donc nécessaire d'accepter que ce n'est pas
parce qu'un format ou un sujet rencontre un certain succès que
ça
76
sera toujours le cas, et qu'il est nécessaire de
trouver d'autres idées à mettre en pratique et à essayer
afin de vérifier si elles rencontrent l'approbation de notre
communauté.
Bien qu'il y ait des conseils applicables à toutes les
communautés, seules l'observation et l'analyse nous permettent de
connaître précisément ce qui fonctionne, sur quel
réseau social, vers quelle heure etc. En effet :
Si l'on voulait ramasser un peu son travail, on pourrait dire
qu'un Growth Hacker, fondamentalement, est un expérimentateur. C'est une
personne qui va tester des actions (mettre en place des features), et analyser,
via une méthode A/B Testing, le résultat de ces actions. Les
indicateurs suivis pour l'analyse des tests peuvent être très
divers : taux de rebond, temps passé par les utilisateurs sur le
service, actions des utilisateurs sur le service. Des méthodes pour
mieux analyser les résultats ont vu le jour, dont la méthode des
cohortes. Expérimentateur et fin analyste, le GH est la pierre angulaire
d'un long travail d'affinement du service menant de l'acquisition de trafic
à la génération de revenus60.
Se fier aux conseils généraux que l'on trouve en
ligne peut donc être un bon point de départ pour élaborer
une stratégie de communication sur les réseaux sociaux mais il
convient de garder à l'esprit que chaque communauté a ses
spécificités, surtout si elle constitue une niche comme c'est le
cas ici. Il convient donc d'apprendre à la connaître non seulement
par le test and learn, mais par l'observation et l'analyse de ses sujets de
discussion, de ses préoccupations dans les groupes privés sur
Facebook et sur les hashtags grâce auxquels ses membres communiquent
entre eux.
3) Revue des meilleures pratiques
Voici donc une revue des meilleures pratiques pour une
stratégie de curation efficace : - L'observation et la connaissance des
espaces sur lesquels les communautés se
retrouvent : forums de discussions, groupes privés,
commentaires de publications
concernant l'éducation, hashtags spécifiques
etc.
60 La Fabrique du net, Comprendre le Growth
Hacking en 5 minutes,
https://www.lafabriquedunet.fr/blog/comprendre-growth-hacking-5-minutes/,
consulté le 12/10/18
77
- La connaissance des e-influenceurs et de leurs propres
communautés dont les pages sur les réseaux sociaux et les blogs
constituent également des lieux d'échanges permettant une
connaissance plus fine de ce milieu et de cette communauté.
- Partager le contenu produit par ces e-influenceurs aux
bonnes personnes, sur le bon canal, au bon moment dans le but de
répondre à un besoin de la communauté enseignante, tout en
étant respectueux de la stratégie éditoriale
définie en amont : ce contenu a donc un objectif qui entre dans une ou
des strates du tunnel d'achat (acquisition, activation, retention, revenue ou
referral) tout en créant une expérience positive pour nos
consommateurs et en valorisant notre e-reputation
- Toujours accompagner ce contenu produit par un tiers par une
ou plusieurs phrases personnalisées, créant du lien entre le
contenu partagé et notre marque : il ne s'agit donc surtout pas de faire
du copier-coller mais de procéder à un acte de création.
Création de notre «social self», création de valeur,
création d'une connexion, d'une affinité entre le consommateur et
Klassroom.
- Toujours taguer le créateur original du contenu et
lui exprimer notre reconnaissance pour la qualité de son travail : par
cette mise en avant de l'auteur, l'entreprise curatrice crée un lien
avec cette personne qui a vocation à être ou est
déjà un e-influenceur. Ce lien peut à terme se transformer
en une véritable relation donnant-donnant en faisant de ce hub un
ambassadeur de la marque.
- Enfin, ne surtout pas plagier un contenu déjà
existant en nous l'attribuant : si les enseignants ont peu confiance en les
entreprises, alors il vaut mieux mettre en avant le fait que nous avons
à coeur de diffuser du contenu produit par des professionnels et des
pairs de notre cible.
78
Conclusion
Nous pouvons donc en conclure que la curation de contenu
pédagogique produit par des enseignants est une véritable aubaine
pour une entreprise de l'EdTech afin de communiquer sur les réseaux
sociaux. Non seulement, cela réduit le temps et les coûts
consacrés à la production de contenu, tout en augmentant la
visibilité et le reach, la rapidité et l'efficacité de la
communication, mais cela permet également d'accroître la
proximité et la désirabilité de la marque auprès de
ses consommateurs et de ses prospects.
C'est donc une composante importante de la stratégie
social media qui garantit la diffusion de contenus variés et de
qualité sur différents supports, sur les pages des réseaux
sociaux sur lesquels se rendent nos consommateurs. Il participe à
l'animation de nos pages en engageant et en inspirant les utilisateurs de
Klassroom par la connaissance de pratiques élaborées par des
enseignants, ce qui peut favoriser des questionnements, des recherches, des
ajustements dans la pratique professionnelle de chacun.
Les réseaux sociaux se veulent plus ou moins
conversationnels, c'est pourquoi ce type de contenu favorise non seulement la
création de liens entre les enseignants eux-mêmes, qui peuvent
échanger sur ce contenu, mais aussi avec la marque qui, en interagissant
avec ses consommateurs, renforce la relation qu'elle entretient avec eux et les
met en valeur. L'entreprise montre ainsi combien elle est soucieuse de ses
utilisateurs, combien elle s'intéresse à eux et à leurs
préoccupations, voire leurs centres d'intérêts.
Elle confère ainsi au contenu produit par ces
enseignants de la valeur mais lui donne également une valeur
ajoutée en se l'appropriant et en l'intégrant à sa
communication, à son langage, à son social self. La marque peut
ainsi façonner son identité sociale en se nourrissant de ce que
ses utilisateurs lui apportent, montrant à ces derniers combien les
interactions qu'ils
79
ont sont riches et sont vecteurs de sens. Car la marque n'a de
sens que celui que lui donnent ses utilisateurs, par leur confiance, par leurs
échanges, leurs retours. C'est ainsi qu'elle peut avoir une existence et
se créer, mais aussi s'enrichir et s'améliorer afin de toujours
proposer à ses utilisateurs une expérience toujours plus
satisfaisante, un produit toujours plus conforme à leurs attentes et
à leurs besoins.
Parce que ces contenus partagés contribuent surtout
à renforcer la rétention, ils s'agencent et prennent leur place
de façon harmonieuse de cohérente dans la stratégie social
media qui ne perd pas de vue ses autres objectifs : l'acquisition, l'activation
et le referral. L'entreprise doit donc veiller à produire
elle-même son propre contenu en aidant son futur consommateur dans sa
prise de décision, dans son utilisation de nos produits et services,
mais aussi afin de diffuser du contenu relatif à l'actualité de
l'entreprise afin de travailler sur l'acquisition et l'activation. La curation
de contenu a donc ses limites puisque l'entreprise se doit de diffuser un
contenu adapté afin de s'assurer de répondre à tous les
besoins de ses consommateurs.
Toutefois, les articles de presse concernant
l'actualité de l'entreprise, qui peuvent être coécrits par
Klassroom sont à intégrer dans notre stratégie social
media. S'ils sont sponsorisés, ils sont susceptibles de renforcer
l'acquisition de trafic vers notre site produit et vers nos pages social
media.
Enfin, la diffusion et la sponsorisation de contenus produits
par nos consommateurs concernant leur utilisation de Klassroom fait de ses
utilisateurs des ambassadeurs de notre marque et s'intégrent dans le
referral et l'acquisition de trafic.
La curation de contenu trouve donc sa place dans toutes les
étapes du tunnel d'achat mais ne doit pas constituer à elle seule
la totalité des publications diffusées sur les réseaux
sociaux. C'est pourquoi une coécriture de contenu avec les enseignants
et les médias digitaux doit être envisagée. Dans le cadre
de l'élaboration d'une véritable stratégie de contenu,
80
Klassroom peut prévoir de produire un contenu original
afin de répondre au besoin de tous ses utilisateurs et de tenir sa
promesse qui est le renforcement de la relation parents-professeurs. Ainsi,
grâce au savoir-faire des enseignants et grâce à la
participation des parents, Klassroom sera en mesure de découvrir
d'autres questions que se pose l'ensemble de ses utilisateurs et, en y
répondant, réellement favoriser la relation entre parents et
enseignants, au-delà même de ce que promet sa solution. Car ce
sont les parents qu'il convient de cibler lorsqu'il s'agit de travailler sur la
génération d'un revenu. En élaborant un contenu
inédit qui met en relation parents et professeur afin de répondre
à des questions communes, Klassroom garantit une plus grande
proximité avec la globalité de ses utilisateurs, et peut
même amener les parents à être ses futurs ambassadeurs.
81
Bibliographie
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Leclercq. Apports des réseaux sociaux pour la gestion de la relation
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82
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février 2015. [consulté le 23/08/18]
https://brilliantnoise.com/ideas/what-is-content-anyway/
83
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euros pour accélérer son déploiement à
l'international, Maddyness,
https://www.maddyness.com/2018/01/16/edtech-klassroom-leve-500-000-euros/,
consulté le 03/09/18
Witold OEwieczak, The use of content
marketing strategy tools in the Polish research institutes, ResearchGate,
Décembre 2016,
https://www.researchgate.net/publication/312627570
The use of content marketing strateg y tools in the Polish research
institutes, consulté le 30/08/18
84
Annexe
Consommation de contenus éducatifs en ligne chez les
enseignants . p. 85
Résultats de l'étude qualitative et
quantitative (voir fichier Excel)
85
Consommation de contenus éducatifs en ligne chez
les enseignants
Etudiante en M2 Marketing digital et E-business, je
réalise un MRA sur le content marketing dans l'edtech. Je souhaiterais
donc mieux connaître la relation aux contenus en ligne (réseaux
sociaux, blogs, emailing ...) qu'ont les enseignants : quels types de contenus
consomment-ils ? A quelle fréquence ? Via quels média ? Que
recherchent-ils ? Quelles sont leurs attentes ? etc.
Ce court questionnaire me permettra dans un 1er temps de
savoir qui vous êtes, puis dans un second temps de mieux connaître
votre relation aux contenus en ligne et quel type de contenus destinés
aux enseignants consommez-vous.
*Obligatoire
1. Vous êtes *
2. Une seule réponse possible.
Une femme
Un homme
Je ne souhaite pas le préciser
Autre :
3. Votre tranche d'âge *
4. Une seule réponse possible.
18-25 ans
25-34 ans
35-44 ans
45-54 ans
55-64 ans
Je ne souhaite pas le préciser
Autre :
5. Vous enseignez *
6. Une seule réponse possible.
A l'Ecole Maternelle
A l'Ecole Elementaire
86
Au Collège et/ou au Lycée
Autre :
7. Vous enseignez
8. Une seule réponse possible.
Dans une école publique
Dans une école privée
9. Enseignez-vous dans un réseau
d'éducation prioritaire ?
10. Une seule réponse possible.
Oui
Non
11. Via quels média consommez-vous du contenu en
ligne relatif à l'éducation ? *
12. Plusieurs réponses possibles.
Jamais Parfois Souvent Toujours
Réseaux sociaux
E-newsletters
Blogs
Articles de sites spécialisés
Vidéos en ligne
Podcasts
Forums de discussion
13. Sur quels réseaux sociaux cherchez-vous ou
partagez-vous du contenu éducatif ? *
14. Plusieurs réponses possibles.
Youtube
Facebook
Twitter
Instagram
Snapchat
LinkedIn
87
Autre :
15. Suivez-vous des professeurs influenceurs via leurs
blogs et/ou leurs réseaux sociaux ? *
16. Une seule réponse possible.
Oui
Non
17. Si oui, lesquels ?
18. Produisez-vous vous-même du contenu
éducatif que vous partagez en ligne ? *
19. Une seule réponse possible.
Oui
Non
20. Si oui, via quel média ? Dans quel but
?
21. Quels sujets vous intéressent principalement
? *
22. Plusieurs réponses possibles.
Pas du tout Plutôt non Plutôt oui Tout à
fait
Préparation de leçons, de séquences
Projets pédagogiques (ex : escape game, voyages scolaires
...)
DIY et rituels organisationnels (ex : étiquettes, cartes,
classes flexibles etc.)
Numérique à l'école
Dispositifs pédagogiques
particuliers (ex : DYS, ulis, autisme ...)
Pédagogies alternatives
(Montessori, Ecole dans la forêt ...)
Vie de prof (anecdotes, conseils personnels ...)
23.
88
Consommez-vous du contenu pédagogique produit par
des entreprises (ex : Beneylu, MAIF ...) *
24. Une seule réponse possible.
Oui
Non
25. Pour quelles raisons ?
26. Êtes-vous ambassadeur d'une entreprise
produisant du matériel pédagogique (ex : Genially, Edumoov ...)
*
27. Une seule réponse possible.
Oui
Non
28. En quoi ce partenariat consiste t-il ?
29. Et pour finir, quels types de contenu ou sujets
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