II. REVUE DE LA LITTERATURE
La revue de la littérature est une méthode de
travail scientifique dont l'objectif premier est de résumer
l'état de la question, de la connaissance dans un domaine précis
et pour une période ou un territoire. Il s'agit donc dans le cas
d'espèce de faire le tour de la question sur la notion de participation
citoyenne d'une part, et d'autre part sur la communication communale.
II.1
Revue De La littérature sur la participation citoyenne
Les notions de participation et de participation citoyenne
ont déjà fait l'objet de réflexion scientifique par
plusieurs auteurs.
Pour ce qui est de la participation en elle-même,
BENNOUR A. fait le constat mitigé selon lequel bien que
dans le langage du développement le mot participation ait le vent en
poupe et soit très utilisé, « plus on en
parle, moins on en fait ». Il fait le constat selon
lequel, quelques soient les lieux où l'on se trouve et les
méthodes employées par les institutions publiques, il est
difficile de faire participer les habitants à des actions qui pourraient
améliorer leurs conditions de vie. Dans ce même ordre
d'idée, il est rejoint par J.C. KAUFMANN qui s'en va
jusqu'à se poser la question de savoir s'il n'y aurait pas
« une malédiction inhérente à la
participation des habitants ? » dans le même
article. Or, il se trouve souvent, que l'habitant vers qui est dirigée
l'offre de participation n'est pas toujours demandeur. Cette
réalité rend paradoxale la sollicitation de participation
faite à l'endroit de personnes qui n'ont formulées aucune demande
dans ce sens.
Pour ce qui est de la participation citoyenne, c'est une
notion difficile à cerner aujourd'hui parce qu'elle est issue de la
conjugaison de plusieurs sens qui lui sont donnés. Toutefois, retenons
peu importe l'appréhension qui lui est donnée, qu'en fond de
toile, se cache l'idée d'une citoyenneté active et
engagée, soit dans une forme simpliste et réductrice qui
est l'exercice du droit de vote, mais davantage dans des formes dynamiques
d'engagement individuel et collectif ayant pour objectif une certaine
transformation sociale de son milieu et de la société. Elle
exprime une idée d'implication du citoyen dans les processus
décisionnels le concernant au niveau local et national, et dans une
forme plus individuelle, avec l'insertion de la personne dans les projets
communautaires.
FRIEDRICH EBERT STIFTUNG (2017 : 25)
dans une étude menée sur la citoyenneté active au Cameroun
disait :
La citoyenneté active doit être la
force motrice pour tout changement politique, ou le citoyen lambda est au
centre de toute prise de décision politique. Le mot d'ordre ici est
l'exigence et l'extension de la participation de la majorité de la
population à la prise de décision politique.
Ici, une participation à grande échelle de la
population est le gage d'un changement de cap non seulement dans la vie
politique, mais aussi dans toutes les politiques qui ont pour objectif,
l'amélioration des conditions de vie des populations. Elle
responsabilise la population et la tient garante de son propre devenir, de son
avenir collectif.
GBWAH Emilie Laure (2012) parlant de la
participation des populations dans la mise en oeuvre de projets dans la Vina
aboutissait à la conclusion selon laquelle la participation est un
concept complexe et essentiellement dynamique et ouvert. On ne saurait parler
de développement sans la participation populaire, et que le
développement engendre des problèmes qui sont de l'ordre de la
participation. Ces problèmes vont de l'ordre de la simple
participation-intégration, à la
participation-démocratisation, ou de la dynamique de changement.
Marie HURAR (2011) dans un article
publié dans le Groupe Européen pour La Solidarité, tout en
reconnaissant que la participation citoyenne est un élément
essentiel du renouveau démocratique et donc d'une importance
indéniable, mais elle se limite beaucoup plus à un droit de
parler plutôt qu'à un droit d'agir. Elle insiste sur la
nécessité de combiner les approches « top
down » et « bottom
up ». Elle pose une observation sur la limite de la
participation en terme de représentativité qui amène
à se demander si les instances créées ne sont pas tout
simplement celles de la démocratie représentative et donc ne sont
pas suffisamment fiables non seulement dans la reddition des comptes, mais
aussi dans la transmission fidèle de la pensée populaire.
Pour Marcel Z.K (2011), l'approche
participative est une démarche qui peut être appliquée
à tout programme de développement rural. Elle conduit à
une gestion concertée des solutions retenues en vue de répondre
aux besoins et attentes des populations locales.
CAILLOUETTE et MORIN (2007)
parlant du développement communautaire disait que ce dernier fait appel
à deux types de participation : politique et
sociale. Dans la même lancée, LEMIEUX (2004),
THIBAULT et Al (2000) renchérissent en
précisant que :
- L'objet de la participation politique est
l'exercice du pouvoir direct ou indirect de décision dans l'espace
public...c'est également le fait de s'associer à des
autorités décisionnelles ou consultatives, d'intervenir dans une
commission parlementaire par exemple. Participer, c'est aussi s'impliquer dans
les élections, non pas comme électeur, mais comme candidat!
- L'objet de la participation sociale pour sa
part vise à transformer et à agir sur les politiques, les
structures sociales et les normes sociales, ce qui la relie à la
société civile par l'implication.
Toujours dans le même ordre d'idée, lors du
Sommet de Rio (1992 : 214) sur le développement
durable, le principe 10 relatif au principe de la participation renseigne
que :
La meilleure façon de traiter les questions
d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens
concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque
individu..., et avoir la possibilité de participer au processus de prise
décision.
On ne saurait donc traiter des questions d'environnement en
faisant abstraction de ceux qui modifient ledit environnement.
André DUMAS (1991 : 54) parlant
de la participation populaire affirmait quant à lui
que :
Et pourtant, la transformation d'une société
et le développement de son économie dépendent moins de
l'élaboration des plans et projets de développement techniquement
corrects que de la capacité des groupes sociaux et des masses populaires
à impulser et animer un développement qu'ils ont eux-mêmes
défini.
Cela témoigne à suffisance du caractère
de facteur limitant de la participation des bénéficiaires d'un
projet qui s'inscrit dans le changement ou l'amélioration continue des
conditions de vie d'une communauté. Dans le même ordre
d'idée, il reconnait que :
La plupart des centres de décision restent en fait
relativement anonymes et les populations directement concernées ne
participent que rarement à la définition des finalités de
la société, des objectifs des plans et des projets concrets de
développement.
Ainsi, tout projet sociétal ne doit être
pensé et mis en oeuvre sans que les entités qui interagissent ne
soient associées tant à la réflexion, qu'à la mise
en oeuvre dudit projet.
Ainsi donc, pour toute initiative de développement, que
ce soit dans le champ politique, communautaire, tous ces auteurs s'accordent
sur le fait que les résultats escomptés ne sauraient être
atteints s'ils ne sont pas le fruit de la co-production des acteurs locaux,
sont non seulement les initiateurs, mais aussi dans la limite de la ressource
locale disponible notamment en matière de développement local,
les compétences mises à contribution. Ceci est donc la traduction
d'une réelle appropriation des enjeux qui sont rattachés au
devenir commun.
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