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Les changements climatiques et insécurité.


par Mohamed Assaleh Ag Mohamed Alkhamis
Université de Bamako  - Maîtrise de sociologie 2017
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR REPUBLIQUE DU MALI

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UN PEUPLE- UN BUT- UNE FOI

UNIVERSITE DES LETTRES ET

DES SCIENCES HUMAINES BAMAKO

Faculté de Sciences Humaines et de Sciences de l'Education
DER : Socio-Anthropologie

Option : Sociologie
Classe : Maitrise

Mémoire de Maitrise

Thème : Les Changements Climatiques et l'insécurité, cas des nomades de la Commune rurale de Gargando

Présenté et Soutenu par : Sous la direction de :

Mohamed Assaleh Dr Nango SAMAKE

AG Mohamed Alkhamis N°Mle : 13F113713Y

Année Universitaire 2016- 2017

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Sigles et Acronymes

AEDD : Agence de l'Environnement et du Développement Durable

Agrhymet : Centre régional du CILSS spécialisé dans l'information et la formation des acteurs en dans les domaines de l'agro climatologie

AMENOKAL : Chef de tribu

CC : Changement Climatique

CILSS : Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel

CEDEAO : Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CTSP : Comité de Transition pour le Salut du Peuple

CSAO : Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest

DNRFFH : Direction Nationale des Ressources Forestières, Fauniques et Halieutiques

Eguewid : Chèche que les Touaregs nouent sur la tête

ETP : Evapotranspiration potentielle

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

GIEC : Groupe International d'Experts sur le Climat

GIZ : Agence de coopération internationale allemande pour le développement

IPS : Indice Pluviométrique Standardisé

KEL TAMACHEKS : Second nom des Touaregs

MS : Matière Sèche

MINUSMA : Mission multidimensionnelle de stabilisation intégrée des Nations Unies au Mali

MEA : Ministère de l'Environnement et de l'Assainissement

ONU : Organisation des Nations Unies

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

OIT : Organisation Internationale du Travail

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

RSE : Responsabilité Sociale des Entreprises

Taguelmoust : Un tissu imbibé d'indigo et mesurant jusqu'à 15 mètres de long dissimule les cheveux

Targuia : Nom donné à la femme Touareg UMA : Union du Maghreb Arabe

UE : Union Européenne

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Dédicace

Je dédie ce mémoire à ma très chère maman, qu'Allah lui donne longue vie.

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Remerciements

Je tiens tout d'abord à remercier Dieu le tout puissant et le tout miséricordieux, qui m'a donné la

force et la patience d'accomplir ce Modeste travail.
En second lieu, je tiens à remercier mon encadreur Mr Nango SISSOKO, lui témoigner ma gratitude pour sa patience et son soutien qui m'a été précieux afin de mener mon travail à bon port.

Mes vifs remerciements vont également aux membres du jury pour l'intérêt qu'ils ont porté à ma recherche en acceptant d'examiner mon travail Et de l'enrichir par leurs propositions. Enfin, je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce travail.

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Résumé

La guerre, le terrorisme, les conflits inter et intracommunautaires ou encore les conflits entre agriculteurs et éleveurs transhumants au Sahel en général et au Mali en particulier sont présentés comme une conséquence du changement climatique, voire une menace pour la stabilité nationale et internationale. Cependant, les changements climatiques ne constituent qu'un facteur parmi de nombreux autres qui sont d'ordre socioéconomiques et/ou surtout politiques. Les prédictions climatiques étayées désormais, ne permettent d'ailleurs pas de tirer de conclusions nettes. Les conflits agro-pastoraux soulèvent ainsi plus de questions qu'ils ne donnent de réponses. Ils n'en ouvrent pas moins un vaste champ d'analyse et d'actions, et l'opportunité d'appréhender le difficile processus d'ajustement des populations sahéliennes aux enjeux environnementaux, sociaux, et politico-économiques contemporains.

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Introduction générale

Depuis un certain temps, plusieurs spécialistes des zones sahéliennes identifient le changement climatique comme une cause profonde au conflit dramatique au Mali. Ils insinuent que les conflits entre les éleveurs nomades et les agriculteurs se sont considérablement exacerbés à la suite de la baisse des pâturages et de l'eau jusqu'à atteindre un niveau pouvant affecter dangereusement la sécurité et la cohésion sociale dans la sous-région. A la question écologique dans cette même zone, s'est ajoutée malheureusement depuis 2012 une autre crise encore plus aigüe liée cette fois à un conflit armée et une présence massive de fondamentalistes religieux qui ont embrasés toutes la région et dont la solution finale n'est toujours pas visible.

En même temps le changement climatique est indiscutablement l'un des enjeux mondiaux les plus importants du 21e siècle. Comme l'indiquait la déclaration de Rio de 1992, « la paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et indivisibles ». Le changement climatique représente donc, selon les Nations Unies à la fois une menace pour l'environnement, la paix et le développement durable.

Mais cette corrélation établie entre la question environnementale et la sécurité ne va pas sans poser question. Si l'enjeu du changement climatique est mondial, ses répercussions au niveau local ne peuvent faire l'objet d'une analyse indifférenciée.

C'est sur la corrélation et sur les conséquences en matière de sécurité des changements climatiques qu'est axé le débat. Pourtant, les phénomènes d'insécurité actuels au sahel ne sauront être tributaires uniquement de la raréfaction de ressources naturelles comme la terre, l'eau ou le bois, importantes sont-elles. Cette raréfaction des ressources ainsi que d'autres contraintes sociopolitiques, économiques et technologiques justifient aisément les processus d'ajustement pour accroitre les capacités de résilience des sociétés sahéliennes pour maintenir leurs moyens de subsistance.

D'un autre côté, la considération systématique des répercussions environnementales ne peut pas faire l'économie d'une prise en compte des facteurs socio-politiques et économiques qui leur donnent sens.

Ainsi se pose la question fondamentale des politiques de développement nationales et locales menées jusqu'à présent face notamment aux impératifs ruraux et particulièrement les activités liées au pastoralisme. Ces impératifs exigent des acteurs et chercheurs de repenser toute la problématique du développement rural et de de l'aide au développement qui s'y rapporte. Motivations/Pertinence

Ce document est le résultat d'un travail effectué pendant près de huit mois dans la région de Tombouctou spécifiquement dans la zone Daouna dont la capitale est la commune rurale de Gargando dans le cercle de Goundam. Il est motivé par les résultats forts mitigés des politiques de développement dans ma région natale suite aux conséquences de catastrophes écologiques de ces dernières années dans les zones sahélo-sahariennes.

Il prend la forme d'un mémoire de sociologie au sein de l'université de Bamako.... Mais, au-delà des préoccupations quotidiennes pour construire des plans de développement économiques et sécuritaires fiables et viables pour ma zone d'origine, ce mémoire est le fruit d'une idée permanente qui a toujours habité le petit nomade Targui, que je suis, natif de la commune rurale de Gargando où j'ai passé toute mon enfance. J'ai porté en effet très tôt un intérêt à la compréhension des liens entre les populations locales, leurs territoires les conflits et l'insécurité de plus en plus croissante avec les effets néfastes des aléas climatiques presque endémiques qui habitent nos zones géographiques. J'espère que cette compréhension permettra d'apporter une certaine lumière sur ces relations afin d'apporter avec l'aide de nos partenaires des solutions à cette problématique qui ne cesse d'inquiéter la sous-région.

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Problématique (questions de recherche, hypothèses)

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La guerre, le terrorisme ou encore les conflits inter et intracommunautaires pour les ressources foncières et hydrauliques, pour l'accès aux pâturages ou pour protéger les zones agricoles, tous ces phénomènes sont-ils réellement les conséquences des dérèglements climatiques opérés dans le milieu nomade?

Les conflits et l'insécurité qui frappent les populations de cette zone aride rompent les équilibres sociaux et environnementaux déjà fragiles. Des groupes rendus extrêmement vulnérables par les changements climatiques et les évolutions économiques perdent rapidement leur « filet de sécurité ». Si d'autres dynamiques, notamment celles de la solidarité clanique, ne se mettent pas en oeuvre, l'accès quotidien à l'alimentation est sérieusement entamé.

Le changement climatique et ses impacts dominent la scène politique internationale ces dernières années et focalisent l'attention de l'opinion publique. L'accent mis sur les incidences sécuritaires du changement climatique contribue notamment à faire entrer le changement climatique dans le champ de la politique internationale, en lui conférant le statut de `menace de premier plan' pour la stabilité des Etats et du monde.

Les événements récents au Sahel, en attirant l'attention sur le développement du terrorisme international et des trafics de tous genres ainsi que sur sa vulnérabilité, le placent au centre des préoccupations sécuritaires mondiales. Les communautés pastorales, qui représentent la majeure partie de la population, semblent particulièrement vulnérables en termes d'exposition aux variables climatiques, de capacité d'adaptation, d'instabilité des moyens de subsistance, d'insécurité et de violence.

Nous faisons alors l'hypothèse que les changements climatiques sont un facteur déterminant à la pauvreté et à l'insécurité en ce sens qu'ils conduisent à une raréfaction des ressources, au chômage et à l'insécurité alimentaire avec souvent la contrainte malheureuse d'opter pour des activités criminelles comme le terrorisme, les braquages, les trafics de drogue et même d'êtres humains, bref à toute sorte d'activité leur offrant les perspectives d'un lendemain meilleur.

Nous affirmons également que les populations nomades sont les plus vulnérables dans la recherche de leur subsistance et celle de leur troupeau vers d'autres horizons et les expose à la tentation de se faire enrôler par les groupes armés de tout genre. L'eau, la terre arable et le pâturage étant des ressources de plus en plus rares, deviennent les causes de plusieurs conflits fratricides qui prennent souvent la connotation raciale ou ethnique

Objectifs de la recherche

Objectifs principal

Nous visons par cette recherche à faire ressortir les nuances ou les corolaires des changements climatiques sans précédents sur l'insécurité résiduelle que connait notre pays depuis 2012 en

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prenant en compte l'aspect écologique ave ses néfastes conséquence auquel font face les populations du nord du Mali de façon générale et particulièrement les nomades de la commune rurale de Gargando qui sont touchés de plein fouet par ces dérèglements climatiques.

Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de cette recherche sont entre autres :

- étudier les liens entre les changements climatiques observés ces dernières décennies et

l'insécurité grandissante en milieu nomade ;

- dégager les conséquences d'un tel dérèglement climatique sur les populations nomades ;

- proposer des solutions à long et à moyen terme au changement climatique et à l'insécurité

- préconiser les politiques de lutte contre le réchauffement climatique avec à la clé les projets

d'un développement durable et harmonieux des populations nomades.

Méthodologie

Les moyens utilisés pour parvenir à atteindre nos objectifs et répondre à ces questions de Recherche comprennent la revue de la littérature, mais principalement une collecte de données effectuée dans la zone d'étude, la commune Rurale de Gargando. Cette collecte a consisté en

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une observation de la réalité et des dynamiques sociales, à des échanges ouverts avec les éleveurs nomades et les intervenants et à des entretiens semi-directifs avec les paysans y' Recherche documentation

Les informations et les documents recueillis à l'occasion de cette étude proviennent de :

> Les thèses des enseignants chercheurs nationaux et internationaux ;

> Les mémoires de fin d'étude ;

> Des rapports nationaux et internationaux des différentes conférences sur le climat ;

> Les enquêtes des ONG et Projets ;

> Sur internet

Les Outils utilisés dans cette Recherche sont entre autres :

* le guide d'entretien

* La prise de notes

* le check List

* l'appareil photo

* Focus groupe

- Taille de l'échantillon

Au cours de cette Recherche, 100 personnes ont été interrogées.

- Caractéristiques de l'échantillon et Mode de tirage de l'échantillon

Dans cet échantillonnage, le tirage avait été fait en fonction des paramètres de sexe et de

catégorie d'âge.

Ledit échantillonnage est composé d'hommes, des femmes, et des jeunes de tout sexe

confondu, et est reparti comme suit :

? 45 hommes de 50 à 75 ans

? 18 femmes de 50 à 75 ans

? 37 jeunes âgés de 18 à 49 ans de sexe confondu

Difficultés rencontrées et solutions adoptées

Les difficultés rencontrées sont surtout d'ordre matériel, par exemple absence de moyen de locomotion pour parcourir les petits hameaux, les sites en un temps record. Pour remédier à cette difficulté, j'alternais mes déplacements à moto, soit à dos chameau ou à d'os d'âne et au pire des cas à pied pour parcourir des dizaines de Km à la rencontre des nomades.

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J'ai eu à faire face aussi à la mobilité constante des nomades qui ne demeurent pas en un endroit fixe pendant plus de 5 ou 6 jours à cause de la quête perpétuelle des pâturages ce qui rend mes déplacements encore plus nombreux et plus difficiles à supporter au vue de la chaleur accablante, et pour cela j'ai collaboré avec un guide professionnel qui me facilite les repérages des zones d'affluence des éleveurs. Il est important que je rappelle mon choix de la période dite de « soudure » pour me rendre sur mon terrain d'étude, et ce parce que, c'est à cette période que les aléas climatiques sont très visibles, ce qui naturellement m'a rendu la tâche difficile car je suffoquais de chaleur avec des fois des pertes d'énergie et pour affronter ces aléas climatiques je me suis fixé des heures où les températures sont plus clémentes pour me déplacer

Cela étant dit, (que c'est à cette période que les sécheresses, les vents violents, la chaleur sont le plus fréquents causant la mort d'animaux, entrainant à cet effet les mouvements des populations nomades.)

Au cours de mon séjour sur le terrain, j'ai aussi eu des difficultés financières parce que j'avais en allant sur mon milieu d'études, des moyennes extrêmement limités, et pour cela je n'ai eu que le seul soutien de ma famille pour combler ces besoins financiers.

Dans le même temps, pendant tout mon séjour, j'avais eu également des problèmes de sécurité, car la zone est plongée dans une insécurité qui n'épargne personne et donc j'étais non seulement exposé à des menaces sur ma propre personne mais aussi je mettais en danger la sécurité des hommes et des femmes qui ont bien voulu m'accordé de leur temps pour recueillir les informations nécessaires à l'élaboration de ce mémoire. Pour minimiser ces dangers, je collaborais avec des chefs de villages et fractions pour me soutenir dans cet effort de sécurité.

1ère Partie : Cadre théorique

Chapitre 1 : Définition des concepts et Revue de la littérature

Qu'est-ce que le réchauffement climatique ?

Le réchauffement climatique désigne l'ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement. Certaines formes

de pollution de l'air, résultant d'activités humaines, menacent de modifier sensiblement le climat, dans le sens d'un réchauffement global. Ce phénomène peut entraîner des dommages importants : élévation du niveau des mers, accentuation des événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, cyclones, ...), déstabilisation des forêts, menaces sur les ressources d'eau douce, difficultés agricoles, désertification, réduction de la biodiversité, extension des maladies tropicales, etc.(Actu-Environnement).

Il se caractérise aussi par un phénomène global de transformation du climat caractérisé par une augmentation générale des températures moyennes (notamment liée aux activités humaines), et qui modifie durablement les équilibres météorologiques et les écosystèmes. Lorsque l'on parle du réchauffement climatique aujourd'hui, il s'agit du phénomène d'augmentation des températures qui se produit sur la terre depuis 100 à 150 ans. Depuis le début de la Révolution Industrielle, les températures moyennes sur terre ont en effet augmenté plus ou moins régulièrement. En 2016, la température moyenne sur la planète terre était environ 1 à 1.5 degrés au-dessus des températures moyennes de l'ère préindustrielle (avant 1850).

De façon plus précise, lorsque l'on parle du réchauffement climatique, on parle de l'augmentation des températures liées à l'activité industrielle et notamment à l'effet de serre : on parle donc parfois du réchauffement climatique dit « d'origine anthropique » (d'origine humaine). Il s'agit donc d'une forme de réchauffement climatique dont les causes ne sont pas naturelles mais économiques et industrielles.

De nombreux scientifiques étudient ce phénomène et tentent de comprendre comment les activités des sociétés humaines provoquent ce réchauffement. (Annuaire des Démarches RSE et Développement durable).

Ces scientifiques sont regroupés au sein du GIEC (Groupe International d'Experts sur le Climat), et ils publient régulièrement des rapports étudiant l'évolution du réchauffement climatique.

Selon le GIEC (1995), ce changement climatique s'accompagnerait :

- d'une perturbation du cycle de l'eau,

- d'une augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles d'origine climatique (sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones),

- d'une menace de disparition de certains espaces côtiers, en particulier les deltas, les mangroves, les récifs coralliens, les plages d'Aquitaine, etc.

- d'une diminution de 17,5 % de la superficie émergée du Bangladesh, de 1 % de celle de l'Egypte,

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- favoriserait la recrudescence du paludisme, et l'extension de maladies infectieuses comme la salmonellose ou le choléra,

- accélérerait la baisse de la biodiversité : disparition d'espèces animales ou végétales,

Pour la France, les simulations réalisées par les experts de Météo France suggèrent que le changement climatique :

- réduirait le caractère tempéré du climat avec un réchauffement moyen de l'ordre de 2° C,

Insécurité

Avant d'expliquer le concept « insécurité » nous avions voulu tout d'abord comprendre ce qui signifie son contraire à savoir la sécurité ; La sécurité.

La sécurité est l'absence de danger, mais plus généralement, il s'agit de l'impression subjective ressentie par celui qui ne perçoit pas de danger. La sécurité et son antonyme l'insécurité sont donc des notions subjectives.

Le besoin de la sécurité est un besoin psychologique fondamental de l'homme. De nombreuses activités humaines sont perturbées voire rendues impossible lorsque règne un climat d'insécurité.

Pour nous, la sécurité est un sentiment de paix, de quiétude, de sérénité de calme, que l'on récent en nous et au lieu où nous sommes installé. S'agissant de l'insécurité, nous pensons que le sentiment d'insécurité peut être individuel ou collectif, il combine le danger et la perception de sa gravité. Les éléments perçus collectivement comme angoissants peuvent varier d'un pays à l'autre d'une période à une autre, d'un segment de population à l'autre.

Certains acteurs politiques n'hésitent pas à jouer sur la peur collective, voire à la susciter, dans l'optique d'assurer un pouvoir sur les populations sensibles à ce discours. Parmi les éléments perçus comme cause d'insécurité, et faisant fréquemment débat, les questions de l'emploi, de retraites, de logement, de délinquance, d'instabilité politico juridique, les problèmes de la santé et, du terrorisme, ...

Dans notre contexte, l'insécurité ou le sentiment d'insécurité peuvent être considères comme des risques au même titre que le risque naturel ou technologique, les conflits armés, à ce titre, certaines études vont tenter de réaliser une cartographie de l'insécurité. Cette approche s'entend surtout dans le cadre de l'insécurité en milieu urbain et confirmé au recensement des lieux ou le sentiment d'insécurité et, ou les «incivilités » ont soit le plus de chance d'arriver soit arrivé le plus souvent.

Insécurité alimentaire

L'insécurité alimentaire désigne la situation des populations qui sont en deçà du seuil requis pour s'alimenter à partir de leur propre production et/ou de leur revenu annuel et qui sont obligées de consommer leur épargne, parfois de vendre leurs moyens de production ou de solliciter la solidarité (CILSS, 2004). Elle regroupe donc l'ensemble des situations où les populations souffrent ou risquent de souffrir des manifestations de la faim. Il existe deux types d'insécurité alimentaire, l'une chronique et l'autre temporaire. Le premier type caractérise les individus et les groupes qui souffrent en permanence d'une alimentation déficiente. Ils ne peuvent satisfaire leurs besoins nutritionnels de manière continue. Ces individus et ces groupes ne peuvent produire ou acheter les denrées dont ils ont besoin, ni en quantité ni en qualité suffisante. L'insécurité temporaire traduit une impossibilité pour les individus et les groupes de satisfaire momentanément leurs besoins nutritionnels. L'instabilité de leur production ou des prix en est très souvent la cause principale.

Nomadisme

Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement ; il est par conséquent un mode peuplement.

La quête de nourriture motive les déplacements des hommes : une économie de cueillette de chasse et de pêche peut en être à l'origine, mais les plus grandes sociétés nomades pratiquent l'élevage pastoral, où la recherche des pâturages et le déplacement des animaux fondent la mobilité des hommes.

Le nomadisme dans notre cas est associé à une organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues appellent « une société segmentaire », c'est-à-dire une société structurée en lignage, clans, tribus et éventuellement confédérations tribales : de nos jours, seul ce type de société pratique une économie nomade ou semi-nomade chez nous.

Pastoralisme :

Le pastoralisme est un mode d'exploitation fondé sur l'élevage extensif intégrant les systèmes où les déplacements d'animaux et/ou d'hommes sont importants : nomadisme, transhumance, semi-transhumance.

Semi-transhumance :

La semi-transhumance est un système de production dans lequel une partie de la famille et/ou du bétail est mobile de façon saisonnière et l'autre partie, sédentaire, cultive dans une des bases saisonnières.

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Transhumance :

La transhumance est un mode d'élevage avec migration saisonnière des troupeaux. Le système est très mobile et il y a retour à des bases saisonnières chaque année. Les éleveurs ont une résidence permanente. Le calendrier et les itinéraires sont réguliers. Les déplacements, le plus souvent prévisibles dans leurs grandes lignes, sont calqués sur les saisons et se font vers des pâturages connus.

Agro-éleveur :

L'agro-éleveur est un agriculteur qui pratique aussi l'élevage.

Agropasteur :

L'agropasteur est un agriculteur qui élève du bétail par tradition et dont les pratiques, dans le domaine des animaux, s'apparentent à celles des pasteurs, comme pour la transhumance.

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Revue de la littérature :

De nombreuses études ont produit des grilles des menaces sécuritaires potentielles liées aux changements climatiques ; d'où parfois la difficulté de se retrouver dans ces études. Leur diversité tant dans l'approche que dans les chaines de causalité mises en avant illustrent à elle-seule la difficulté et l'ambigüité de l'exercice. Comme le soulignent d'ailleurs H. Buhaug, N.P. Gleditsch et O.M. Theisen (2008), la nature subjective du jugement d'un État sur les atteintes à sa sécurité nationale ouvre la voie à diverses interprétations.

Selon une étude du GIZ (???), l'économie du Mali repose essentiellement sur l'exploitation des ressources naturelles. La croissance démographique et les contraintes climatiques, au premier rang desquelles les sécheresses à répétition, ont entraînés une surexploitation et une dégradation de ces ressources, surtout au niveau local. Fait aggravant, le Mali figure parmi les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, dont les effets accélèrent ce phénomène de dégradation. Aussi, selon toujours cette étude du GIZ les effets des changements climatiques se manifestent surtout au plan local, étant donné que la population malienne dépend fortement du secteur agricole et de l'exploitation des ressources naturelles pour assurer sa subsistance. Elles affectent ainsi les activités de subsistance et l'économie locale et par conséquent, l'adaptation aux changements climatiques au niveau local et communal est d'une importance cruciale.

Et de ce fait, selon plusieurs spécialistes des questions climatiques et sécuritaires, l'intégration des enjeux climatiques ainsi que des mesures d'adaptation dans le processus de planification permet de réduire la vulnérabilité de la population locale aux changements climatiques et contribue en même temps à un développement durable qui apporte souvent la sécurité des personnes contre la faim et la malnutrition et permettra la stabilité et la cohésion sociale entre les communautés.

Selon plusieurs études, les modes d'exploitation non durable des ressources naturelles au Mali et la pression démographique accrue ont entrainé leur dégradation à grande échelle. Par exemple, la perte annuelle de superficies forestières est estimée à environ 100 000 hectares par le ministère malien de l'Environnement et de l'Assainissement (MEA). La dégradation des terres constitue également un grand problème pour l'écologie et l'économie du pays. Les coûts en résultant se situeraient entre 20,9 et 26,5 % du PIB (MEA s.d.).

Le Mali étant un pays sahélien, les contraintes climatiques y constituent une préoccupation majeure pour le développement socio-économique, surtout en milieu rural.

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En effet, le Mali est caractérisée par une forte variabilité aussi bien spatiale que temporelle des paramètres climatiques, notamment des précipitations.

Selon toujours l'étude du GIZ, cette situation entraîne fréquemment des déficits pluviométriques récurrents, qui se traduisent souvent par des sécheresses.

Le Mali a connu cinq épisodes majeurs de sécheresse de 1970 à nos jours et se caractérise depuis par des conditions climatiques sévères.

Selon une étude du MEA datant de 2011, le déficit pluviométrique et l'augmentation de la température constituent des facteurs supplémentaires de stress pour les écosystèmes et les systèmes socio-économiques qui entrainent la dégradation des ressources naturelles, comme les terres agricoles et les ressources pastorales. L'insécurité alimentaire, qui concerne aujourd'hui environ 15 % de la population, risque ainsi de s'accentuer.

De ce fait, selon l'Agence de l'environnement et du développement durable (AEDD) et la coopération allemande (GIZ), le Mali figure ainsi parmi les pays particulièrement vulnérables aux changements et à la variabilité climatiques. Cela concerne surtout le niveau rural, où la dégradation des terres et des ressources naturelles ainsi que la pauvreté figurent parmi les facteurs qui font que la population est particulièrement touchée par ces phénomènes.

Le changement climatique pourrait affecter l'agriculture dans certaines régions compte tenu de sa dépendance du climat et des conditions naturelles (FAQ, 1997). C'est ainsi que l'accélération des changements climatiques qui pourrait se traduire en un nombre croissant d'inondations, de sécheresses ou d'ouragans conduirait à d'énormes pertes de terres cultivables (Swarup, 2009. En Afrique, l'agriculture sera affectée par des changements de température et l'augmentation de CO2 (Bals et al, 2009) ainsi que par la grande variabilité intra-annuelle de la répartition des pluies (Janin, 2010).

La plus grande inquiétude, c'est l'ampleur et le rythme auxquels ces changements se produisent (GIEC, 2007).

Par ailleurs, selon certaines prévisions, d'ici à 2020, les récoltes issues de cultures pluviales pourraient diminuer de 50% dans certains pays (Lung'ahi et al., 2009).

D'autres prévoient pour la deuxième moitié du 21ème siècle, des rendements en déclin à cause de températures trop élevées (Esther et al., 2009). Cela causera dans le même temps une baisse de la production mondiale de céréales de 1 à 7% d'ici 2060 (Care, 2011). Cette baisse sera encore plus sévère si le réchauffement de la planète dépasse 2 °C (PNUD, 2010). Dans leur étude, R. Kaplan (1994) parle de migrations massives dégénérant en conflits le plus souvent en conflit en raison de la déforestation et de l'érosion, d'épidémies ou encore de réduction d'eau.

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Thomas Homer-Dixon quant à lui, énumère les impacts sécuritaires du changement climatique : génocide, guérillas, insurrections, terrorisme. Les thèses de GIEC, AR4 sont plus modérées dans leurs analyses ; elles insistent seulement sur les relations du changement climatique avec les composantes sociétales et les retombés sécuritaires. Parmi les résultats du GIEC, H. Buhaug et al. s'attardent sur trois processus au travers desquels le changement climatique peut conduire à l'instabilité sociale et au conflit :

- augmentation du niveau des océans,

- rareté des ressources et désastres naturels, et ce par le biais de trois risques que sont :

- destruction d'infrastructures, risques sanitaires et perte des moyens de subsistance.

Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l'échelle d'adaptabilité, fonction de la soudaineté de l'événement climatique et du contexte des pays affectés, un critère majeur dans la capacité de réponse à une situation conflictuelle. Cet argument est notamment développé par Homer-Dixon et est repris dans notre développement.

Les travaux de H. Buhaug et al. s'intéressent plus particulièrement aux conflits armés et leurs conclusions appellent à une grande précaution dans l'établissement de liens entre ces derniers et le changement climatique notamment par manque de recul et de données statistiques allant dans ce sens. Par exemple, un graphique mettant en parallèle la température et le nombre de conflits armés montre depuis les années 90, une montée de la première variable et une baisse de la seconde. L'analyse proposée sur la zone sahélienne étudie des événements sécuritaires autres que les conflits armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions frontalières, les coups d'Etat, les crises humanitaires et alimentaires.

H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans les mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la montée des océans, aggravation de rareté des ressources et l'intensification des désastres naturels. Les risques associés à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance. Nous retenons également ces trois risques dans notre analyse en faisant l'hypothèse qu'ils puissent mener à des tensions sans toutefois dégénérer en conflit armé.

Le rapport Solana de mars 2008 établi à l'attention du Conseil européen aborde les menaces liées au changement climatique en termes de sécurité internationale et non plus seulement nationale (avec des incidences directes sur les intérêts européens). Il détermine sept menaces liées au changement climatique, en précisant qu'elles ne dégénèrent pas nécessairement en conflit armé : Conflit lié aux ressources ; Préjudice économique et risque pour les villes côtières et les infrastructures essentielles ; Perte de territoire et litiges frontaliers ; Migrations dues à des

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facteurs environnementaux ; Situations de fragilité et radicalisation ; Tensions liées à l'approvisionnement énergétique ; Pression sur la gouvernance internationale. Le changement climatique est posé comme un multiplicateur de menaces qui « renforce les tendances, tensions et instabilités existantes ».

Ces menaces ou « formes de conflit » couvrent l'ensemble des pays. Les enchainements proposés pour expliquer les impacts du changement climatique sur les menaces, s'articulent autour de trois paramètres : la montée des océans, l'élévation des températures et les désastres naturels. Dans de nombreux cas, des variables environnementales dépendantes du changement climatique sont mis en avant comme facteurs d'influence sur les menaces (désertification, baisse des réserves en eau..). Une première lecture du rapport Solana ne renseigne pas sur les études prospectives ou rétrospectives, études de cas ou statistiques qui auraient conduit à l'identification des menaces. Bien que le changement climatique soit un vecteur récent, un certain nombre des paramètres climatiques et/ou environnementaux mis en avant comme conséquences du changement existent déjà depuis un moment.

L'Afrique est mise en avant comme l'un des continents les plus vulnérables et donc susceptibles de provoquer une insécurité grandissante à l'échelle internationale, avec le changement climatique. Les réponses proposées par le rapport Solana abondent donc dans ce sens. Buhaug et al. décryptent également à travers une grille de facteurs socio-politiques communément reconnus comme facteurs déclencheurs de conflits, les trois principaux effets du changement climatique seuls ou combinés. Les auteurs s'appuient sur de nombreuses sources dans leurs démonstrations qui restent essentiellement théoriques et peu illustrées, et font apparaître les mécanismes intermédiaires à travers lesquels les variables environnementales ont un impact sur la sécurité. Ainsi le facteur socio-politique désigné par `pauvreté et instabilité politique' est affecté à travers l'insécurité alimentaire et la perte des moyens de subsistance.

La multitude de dynamiques intervenant dans le lien entre changement climatique et sécurité et la nature de leurs relations (causales, réciproques, associées, etc..) compliquent toutes projections et scénarios. De plus, la menace sécuritaire liée au changement climatique dépend fortement des spécificités propres à chaque pays et d'autres facteurs contextuels. Les relations particulières entre ces variables constituent autant de catalyseurs de crises possibles qu'il existe d'environnements climatiques et socio-économiques différents. En analysant les mécanismes de certains événements sécuritaires de la zone sahélienne et leur correspondance avec des chocs climatiques tels qu'une sécheresse, notre analyse tente de proposer un moyen d'élargir le spectre

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des recommandations prenant en compte des préoccupations aussi bien sécuritaires qu'environnementales aux pays de l'UE, au-delà de celles contenues dans le rapport Solana.

L'objet de la prochaine partie est d'identifier à partir d'exemples sahéliens si l'on parvient à des conclusions autres que celles des théories de la sécurité environnementale qui bien que mettant en avant des interactions relativisent ces dernières et leur degré. Dans leur étude, R. Kaplan (1994) parle de migrations massives dégénérant en conflits en raison de la déforestation et de l'érosion, d'épidémies ou encore de réduction d'eau. Thomas Homer-Dixon énumère les impacts sécuritaires du changement climatique : génocide, guérillas, insurrections, terrorisme. Les thèses de GIEC, AR4 sont plus modérées ; elles insistent sur les relations du changement climatique avec les composantes sociétales et les retombés sécuritaires.

Parmi les résultats du GIEC, H. Buhaug et al. s'attardent sur trois processus au travers desquels le changement climatique peut conduire à l'instabilité sociale et au conflit : augmentation du niveau des océans, rareté des ressources et désastres naturels, et ce par le biais de trois risques (destruction d'infrastructures, risques sanitaires et perte des moyens de subsistance). Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l'échelle d'adaptabilité, fonction de la soudaineté de l'événement climatique et du contexte des pays affectés, un critère majeur dans la capacité de réponse à une situation conflictuelle.

Cet argument est notamment développé par Homer-Dixon et est repris dans notre développement. Les travaux de H. Buhaug et al. s'intéressent plus particulièrement aux conflits armés. Leurs conclusions appellent à une grande précaution dans l'établissement de liens entre ces derniers et le changement climatique notamment par manque de recul et de données statistiques allant dans ce sens. Par exemple, un graphique mettant en parallèle la température et le nombre de conflits armés montre depuis les années 90, une montée de la première variable et une baisse de la seconde.

L'analyse proposée sur la zone sahélienne étudie des événements sécuritaires autres que les conflits armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions frontalières, les coups d'Etat, les crises humanitaires et alimentaires. H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans les mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la montée des océans, aggravation de rareté des ressources et l'intensification des désastres naturels. Les risques associés à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance.

Nous retenons également ces trois risques dans notre analyse en faisant l'hypothèse qu'ils puissent mener à des tensions sans toutefois dégénérer en conflit armé.

Chapitre 2 : Présentation de l'objet d'étude

Les Kel Tamacheks1, comme ils s'appellent eux-mêmes, sont présents dans cinq pays africains; l'Algérie, la Libye, le Niger et le Burkina Faso et le Mali qui nous intéresse ici (voir carte n°22). Ils sont estimés environ à 2000 0000 d'individus dont près de 900.000 au Mali. Quatre confédérations étaient et sont encore présentes au Nord du Mali, malgré la volonté des différents pouvoirs publics de voir cette forme d'organisation disparaître.

Il s'agit des Kel Adrar ou Kel Adagh (dans la région administrative de Kidal), la branche Kel Ataram des Iwellemmeden dans la zone de Ménaka, (la région administrative de Gao), notamment les Kel Antessar ou Kel Ansar (dans la région administrative de Tombouctou) ainsi que les Tademakkat (Tinguereguef) également dans la région de Tombouctou. Les relations forgées au fil des siècles au sein de ces confédérations, influencent encore aujourd'hui la vie et les pratiques des populations Touarègue(Tamacheks).

Carte1 : Espace Touaregs (source :B. Dupuis , A. Saint Girons )

Dans notre commune expérimentale comme dans tout le Nord du Mali, les Tamacheks sont constitués de deux rameaux une de race blanche et l'autre de race noire.

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1 Le terme « Kel-Tamacheq » ou Tamachek en Français regroupe les groupes ethniques qui parlent la langue tamachèque celle des Tamacheks (littéralement « ceux venant des Tamacheqs »), c'est à dire aussi bien les Tamacheks (fraction blanche) que les Eklans (fraction noire anciennement asservie aux fractions touarègues). Dans le reste du document, nous confondrons les termes « Kel-Tamacheq », « Tamacheq », et Tamachek.

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Ils sont essentiellement éleveurs de bovins, d'ovins, de caprins et de chameaux. La majorité des Tamacheks menaient traditionnellement une vie de nomade dans les zones exondées, autour des points d'eau permanents (puits, mares pérennes et semi permanentes). Ils sont aujourd'hui de plus en plus agriculteurs du fait des difficultés de l'élevage suite aux différentes sécheresses.

Les aléas climatiques pluviométriques les contraignent parfois à descendre jusqu'aux rives du fleuve pour exploiter le pâturage aquatique et pour avoir de l'eau, surtout pendant les périodes de grandes chaleurs. Quant aux Tamacheks de race noire, ceux qui ne sont pas éleveurs s'adonnent à toute sorte d'activité: agriculture, élevage, pêche, exploitation du domaine forestier, artisanat, manutention... Selon l'activité principale qu'ils mènent, ils sont sédentaires, semi sédentaires ou nomades. Les Tamacheks sont présents partout dans la région de Tombouctou. Pour répondre aux différentes sécheresses, ils ont créé plusieurs sites de fixation, où ils commencent à pratiquer une vie de semi-sédentaires avec des écoles et des centres de santé où se retrouvent les familles d'une même fraction ou souvent de plusieurs.

Qui sont les Touaregs ?

Le nom de Touareg est d'origine arabe et inconnu de ceux qu'il désigne : de ce fait, c'est un terme devenu français. Les Touaregs se désignent eux-mêmes comme Kel tamasheq, « ceux qui parlent la langue touarègue », montrant ainsi que leur dénominateur commun est une même culture et avant tout un même langage. Les Touaregs occupent un territoire immense qui joint le Maghreb à l'Afrique noire et qui traverse le Sahara en s'appuyant sur des massifs montagneux où l'altitude corrige les effets de la latitude et permet la vie, grâce à des ressources hydrauliques et végétales absentes des déserts environnants : ce sont le Tassili des Ajjer, l'Ahaggar, l'Aïr et l'Adrar des Ifoghas.

Ainsi, les Touaregs sont-ils dispersés dans de nombreux États - Libye, Algérie, Mali, Niger, Burkina Faso - avec quelques petites communautés au Tchad et en Nigeria.

Leur poids démographique est surtout important au Niger et au Mali, c'est-à-dire au sud du Sahara. Ce sont les étrangers qui leur ont donné le nom « Touareg » à ces hommes du désert. Il signifie « les abandonnés » « les errants ».

A l'époque des explorateurs, avant le début de la colonisation par la France au 19e siècle, on les surnommait aussi "les seigneurs du désert". Leur nom véritable c'est «Imuhar» qui signifie « Hommes libres ».

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Les Touaregs sont des Berbères, peuple qui habite l'Afrique du nord depuis la préhistoire. Ils sont environ 1,3 million, divisés en tribus, chacune sous la conduite d'un chef, l'Amenokal, qui est élu après de longues journées de palabres. Pendant des centaines d'années, les Touaregs furent les maîtres incontestés des routes commerciales du Sahara, ce qui leur procurait profit et autorité.

Mais bientôt les caravanes de chameaux qu'ils emmenaient de part et d'autre des déserts africains disparurent avec l'apparition des pistes et des voitures : transporter des marchandises à dos de bête devint vite obsolète et inefficace. Peu à peu, ces nomades se sont sédentarisés, se fixant à proximité du pâturage ou se faisant embaucher, plus ou moins provisoirement dans les chantiers de prospection pétrolière ou minière. Obligés de se spécialiser dans l'agriculture et l'élevage pour survivre, ils vivent en général dans les montagnes. La gestion des pâturages, rares, implique des déplacements fréquents.

L'identité Touarègue est très forte, et leur civilisation et leurs coutumes les distinguent très nettement des autres peuples d'Afrique. Ce sont avant tout des guerriers, les véritables maîtres du désert avec leur hardiesse légendaire qui n'avait pas d'égale. Les Touaregs s'étaient taillés à la pointe de la lance et de l'épée une fâcheuse réputation et ils avaient su inspirer la terreur à tout le Sahara.

Ils habitent des tentes qui, à l'origine, étaient en peau de chameau. Qu'ils soit sous la tente ou au-dehors, l'homme Touareg garde son voile. Le « Eguewid » ou « taguelmoust», un tissu imbibé d'indigo et mesurant jusqu'à 15 mètres de long dissimule ses cheveux, sa bouche, son nez et même ses yeux sont noircis avec du « sadj-ni », du noir. Le chèche peut être de différentes couleurs, rouge, jaune ou vert, et aussi de deux couleurs qui ont une signification spéciale : le blanc en signe de respect, et l'indigo de lin pour les jours de fête et quand il fait plus froid, car il est plus épais que le coton. Chaque manière de le draper, plus ou moins remonté sur la bouche et le nez, indique une attitude : respectueux, agressif, méfiant, triste, insolent...

Pourquoi les hommes doivent-ils porter ce voile continuellement ?

La première raison invoquée a trait aux mauvais esprits, risquant d'entrer par les orifices du nez ou de la bouche. La deuxième : pour se protéger du sable lors des tempêtes. Peuples de nomades, les femmes se déplaçaient avec leur mari et se protégeaient également le visage lors des tempêtes, toutefois la tempête passée elles se découvraient. Quant à l'homme il n'enlève jamais son voile, lorsqu'il mange ou boit il glisse la main sous son voile.

La troisième explication c'est que le « taguelmoust » cache le visage des hommes devant leur ennemis, afin qu'ils ne soient pas reconnus.

Mais pourquoi le portent-ils continuellement et ne le quittent que pour dormir ?

Le voile, l'élément le plus intrigant de ce climat de légendes qui entoure ce peuple de nomades, est un signe de respect envers les femmes. C'est surtout devant elles qu'il est impoli, irrespectueux voire honteux de se dévoiler.

Les Touaregs sont dans l'ensemble peu arabisés : la femme jouit d'un statut privilégié et bénéficie d'une autonomie et d'une écoute particulière au sein de la société.

La filiation s'établit par les femmes, et l'enfant appartient à la tribu et à la classe sociale de sa mère.

Une grande liberté semble exister entre les sexes et les réunions poétiques et musicales sont l'occasion de rapports très libres entre hommes et femmes. La majeure partie des Touaregs est monogame et chaque futur marié doit apporter une dot composée de dromadaires et de boeufs à la famille de la mariée. La tente et son ameublement est fournie au couple par la famille de la mariée, cette dernière en gardera la propriété en cas de divorce laissant son ex-mari sans toit.

Le statut de la femme Touareg est unique au monde.

Les hommes Touareg réservent à la femme une place d'honneur. Alors que les femmes sont, en général plus ou moins maltraitées et exploitées dans le monde, chez les Touaregs, tout au contraire, elles tiennent un rôle privilégié, unique par rapport à l'homme. Très respectée dans cette société matriarcale, le pouvoir, est toutefois exercé par l'homme et se transmet de façon matrilinéaire.

Le statut de la « Targuia » lui assure d'être libre, libre comme l'air, libre de choisir son mari et de disposer de ses biens. Monogame depuis toujours (ce serait une humiliation pour une femme de partager son mari), l'homme touareg ne se contente pas d'aimer et de chérir son épouse, il l'admire. Ce respect empreint d'admiration que les hommes Touaregs vouent à leurs compagnes ne se retrouve dans aucune autre civilisation moderne ou ancienne.

« Moi, fils du désert, et frère du chameau, Le manque est ma patrie et l'espérance est ma gloire, Et le monde des apparences me donne la nausée et des vertiges qui me tournent le coeur ». Poème de SOUELOUM DIAGHO, Poète touareg

Chapitre 3: Présentation générale de notre zone d'étude

3.1 Localisation du Sahel

Carte n°2: Carte du Sahel (AG Dalla. O et B. Dupuis, 2011)

La ceinture sahélienne recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants :le Sénégal, le sud de la Mauritanie, le Mali, l'extrême sud de l'Algérie, le nord du Burkina Faso, le Niger, l'extrême nord du Nigeria, le centre du Tchad, le centre du Soudan (notamment le Darfour et le Kordofan), le Cap-Vert. On y ajoute parfois l'Éthiopie, l'Érythrée, Djibouti, la Somalie et le Kenya.

Mais, la région géographique formée par le Sahel ne s'enferme pas seulement dans des frontières étatiques, les pays sahéliens s'inscrivent aussi dans un mouvement général d'intégration au sein de l'espace CEDEAO2 (hormis pour le Tchad et la Mauritanie, respectivement insérés dans l'espace

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2 La Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO) est une Organisation intergouvernementale ouest africaine créée le 28 mai 1975.Elle est la principale structure destinée à coordonner les actions des pays de l'Afrique de l'ouest.

CEMAC3 et UMA4). C'est pourquoi, le terme "Sahel" aujourd'hui s'applique aussi bien à une zone agro-climatique qu'à une entité `'géopolitique».

D'un point de vue climatique, le Sahel est défini5 comme étant la zone comprise entre les isohyètes 200 et 600 mm (parfois 150 et 500 mm). Cette bande traverse six pays : la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Elle effleure le Nord Nigeria et le Nord Cameroun.

Politiquement, la zone comprend un certain nombre d'États couramment appelés "sahéliens", regroupés au sein d'une organisation commune : le CILSS6 (Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) qui comprend neuf États membres : Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Mais le Sahel ne recouvre généralement qu'une partie du territoire de ces États et le Soudan ne fait pas partie de ce Comité.

3.1.1 Peuplement

Le Sahel est passé de 17 millions d'habitants en 1950 à 81 millions en 2012 ( à réactualiser ), soit une multiplication par 5 en 60 ans. Les projections moyennes de (G. F. Dumont, 2010) font état de 117 millions d'habitants prévisibles en 2025, puis 208 millions en 2050. Il conviendra d'examiner le fort accroissement de cette population dans les prochaines décennies. On caractérisera ici la population sahélienne à travers cinq pays à savoir le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Soudan.

Dans leur généralité ces pays présentent un peuplement très peu dense, de moins de 11 habitants/km2 et fortement diversifié au total. Ces densités varient selon les territoires des pays, certains ayant de vastes espaces où la densité peut être très faible.

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3 La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale(CEMAC) est une organisation internationale regroupant 06 pays d'Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo( Brazzaville) Gabon Tchad et Guinée Equatoriale )créée pour prendre le relais de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC). Le traité instituant la CEMAC a été signé le 16 mars mars 1994 à N'djamena ( Tchad) est entré en vigueur en juin 1999. Son siège est à Bangui (République centrafricaine.)

4 L'Union du Maghreb (UMA) désigne l'organisation économique et politique formée par les cinq pays du Maghreb arabe à savoir l'Algerie, la Libye, le Maroc, la Tunisie ainsi que la Mauritanie et dont le siège du secrétariat général est situé au à Rabat (Maroc)

5 Cette définition donnée par http://www.oecd.org/dataoecd/22/8/38410487.pdf est en fait supposée être la zone fragile du Sahel

6 Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été créé le 12 septembre 1973 à la suite des grandes sécheresses qui ont frappé le Sahel dans les années 70. Il regroupe de nos jours treize (13) États membres dont : 8 États côtiers (Bénin, Côte d'ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal, Togo) ; 4 États enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad) et 1 État insulaire (Cap Vert). ( http://www.cilss.bf/spip.php?rubrique1)

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Les cinq pays en question se caractérisent par une forte croissance démographique naturelle, partout supérieure à 2% par an, et même à 3% au Mali et au Niger, selon les estimations de l'année 2008, soit des taux nettement plus élevés que la moyenne mondiale (1,2%).

Cette croissance démographie naturelle s'explique essentiellement par une fécondité élevée, allant de 4,5 enfants par femme au Soudan à 7,6 au Niger. A titre d'exemples dans un rapport publié par la FAO en 2005, il ressort qu'avec 6,54 enfants par femme, le Mali possède l'un des taux de fécondité les plus élevés au monde. La croissance très rapide de sa population constitue un problème fondamental pour l'amélioration du niveau de vie des Maliens.

Fig. n°1 : Évolution de la démographie au Mali entre 1961 et 2003 (FAQ, 2005 en milliers d'habitants).

Toutefois, les effets de la fécondité sur la croissance démographique sont limités par des taux encore très élevés de mortalité infantile, allant de 77 décès d'enfants de moins d'un an pour mille naissances en Mauritanie à 106 au Tchad. En conséquence, l'espérance de vie à la naissance est faible, parfois supérieure à la moyenne de l'Afrique subsaharienne (50 ans) comme en Mauritanie (60 ans), parfois inférieure, comme au Tchad (47 ans).

3.1.2 Cadre physique et climat

Je limiterais ici l'étude du cadre physique au climat et à l'hydrographie qui sont directement liés à la vie économique des populations du Sahel.

La zone sahélienne étudiée connaît un climat tropical à deux saisons contrastées: une courte saison7 des pluies irrégulières dans l'espace et dans le temps et une longue saison sèche de 10 à 11 mois (au-dessous du seuil de 100mm). Les pluies conditionnent la vie des populations et du bétail, la survie du nomadisme.

Le Sahel est situé dans le domaine climatique de transition compris entre les zones saharienne au nord et soudanienne au sud. Elle est communément subdivisée en trois sous-zones : nord-sahélienne, sahélienne typique et sud-sahélienne.

Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement d'autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les grands cours d'eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie, Chari, etc.), les cours d'eau non permanents actifs pendant la saison des pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique, est alors variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable, d'autant que l'évaporation est exacerbée par les températures élevées et le vent.

3.1.3 Quelques repères historiques des crises écologiques au Sahel

L'histoire des régions sahéliennes révèle des crises environnementales dramatiques. De nombreuses recherches font état de ces crises. Du 18ème au 20ème siècle, A. M. Bonfiglioli8 a dressé un tableau historique de principales crises écologiques survenues au sahel selon leur nature et leur sévérité (cf. tableau n°1).

Année

Nature

Sévérité

1740

Sécheresse Famine

Très grave

1750

Sécheresse Famine

Très grave

1790

Sécheresse

Moyenne

1855

Sécheresse

Moyenne

1890 - 1895

Peste Bovine

Très grave

1900 - 1903

Sécheresse

Moyenne

1911 - 1914

Sécheresse Famine

Très grave

1931 - 1934

Famine

Très grave

1942

Sécheresse

Grave

1950

Sécheresse

Moyenne

1968 - 1973

Sécheresse Famine

Très grave

1983 - 1985

Sécheresse Famine

Très grave

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7 Les caractères de la pluviométrie de ces dernières années au sahel selon le CILSS

8 Selon cette Source il y a eu dans le sahel des sécheresses qui ont été dévastatrices, car accompagné de famines et de maladies endémiques surtout des populations pastorales qui ont perdu de la quasi-totalité de leur cheptel a

fig2: Les principales catastrophes écologiques au Sahel (XVIIIème - XXème siècles) : Source : Initiation aux sociétés pastorales sahéliennes. N°1. La vie pastorale au Sahel. Dakar, ENDA. A. M. Bonfiglioli (sans date).

Dans le cadre de notre recherche documentaire, des informations non exhaustives, tirées des archives de la période coloniale, font également référence à diverses crises ayant profondément marqué la vie des populations locales. Parmi elles, on relève la récurrence des sécheresses souvent conjuguées ou alternées avec d'autres crises notamment les épidémies animales ou les invasions acridiennes (cf. fig3).

Année

Nature de l'aléa

Dommages

Zone touchée

Source

1891 - 1893

Peste bovine

Non évalués

Tout le Sahel

GALLAIS citant

MALFROY

1892

Epidémie animale

Non évalués

Tombouctou

Mohamed BEN

SAID

1894

Sécheresse

Non évalués

Tombouctou

Du Commandant Supérieur

Tombouctou au

Gouverneur de

Kayes.

1899

Sécheresse

Disette de grains

Haoussa du

Cercle de Gao

Rapport général sur la politique du cercle

1902

Grande sécheresse

Seulement 6 ou 7 chutes de pluies

Cercle de Gao

Capitaine LACROIX

1903

Moyenne Sécheresse

Une vingtaine de chutes de pluies. Grande partie du mil planté a séché sur pieds sans arriver à la maturité.

Cercle de Gao

Capitaine LACROIX

1913

Epidémie de

péripneumonie

Non évalués

Sud du cercle de

Tombouctou.

Télégramme officiel Région Tombouctou

1913 - 14

Sécheresse extrême

Famine dont semblable jamais vu depuis près de 100 ans a fait périr quantité de personnes.

Toute la Région de Tombouctou

Rapport de mission

DEMARET.

1915 - 1917

Peste bovine

 

Tout le Sahel Ouest

GALLAIS citant

MALFROY

1919 - 1920

Peste bovine

 

Tout le Sahel

Ouest.

1926

Sécheresse

Récolte déficitaire

Soudan

Direction Affaires

économiques.

1937

Epidémie animale

Décimation des

troupeaux

Nord de Bourem et de Kidal, canton de Bamba, Ménaka et Ansongo.

Rapport économique 1er trimestre, cercle de Gao.

1940

Insuffisance notable de pluies

Déficit des

récoltes.

Cercle de Gao

 

1955

Sécheresse extrême

Mares et puisards asséchés prématurément et les pâturages très insuffisants. Nombreux nomades déclarent ne pas avoir le souvenir d'une année aussi mauvaise.

Cercle de Gao

Rapport politique 1956 du Commandant du Cercle de Gao. R. GOUTAL.

1958

.

Invasion acridienne

Ampleur jamais connue depuis 6 ans Sur les rives

et dans
l'hinterland, on voyage au milieu des criquets et des sauterelles de tous les âges

Cercle de Gao.

Bulletin mensuel R. GOUTAL

fig n°3 : Quelques crises écologiques de la période coloniale (Source: (Mohamed Gareyanne Lyon3, 2008)

3. 3 Présentation des régions du nord du Mali

Pour mieux cerner la problématique de notre étude, il est important de présenter un aperçu du contexte historico-géographique et socio-économique de notre zone d'expérimentation.

Les régions du nord du Mali couvrent une superficie totale de 934.641 km2 avec une population de 1.097.799 habitants. Il s'agit des 6ème, 7ème et 8ème régions administratives du Mali, (Tombouctou, Gao et Kidal), qui résultent de nombreux découpages et remaniements territoriaux opérés depuis la période coloniale. La plus vaste est la région de Tombouctou avec 497.926 km2, soit 40,12% du territoire national. Sous la première République du Mali (1960-1968), les régions septentrionales étaient toutes regroupées sous le nom de Région de Gao.

A partir de 1977 la région de Gao fut subdivisée9, en régions de Tombouctou et Gao. La région du Kidal quant à elle fut créée10 le 08 aout 1991 sous la transition du CTSP (Comité de Transition pour le Salut du Peuple) issu du renversement du General Moussa Traoré par le Président Amadou Toumani Touré (ATT).

Ces régions sont limitées au nord par la République d'Algérie, au sud par la région de Mopti, à l'ouest par la République Islamique de Mauritanie, à l'est par le Niger. Administrativement ces régions comptent 13 cercles11, quatre dans les régions de Kidal et Gao et cinq pour la région de Tombouctou (voir Tableau n°3 et carte n°8).

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9 Ordonnance N° 77-44/CMLN portant réorganisation territoriale et administrative de la République du Mali

10 Ordonnance N° 91-039/P-CTSP déterminant les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales de la République du Mali qui abroge l'ordonnance N° 77-45/CMLN du 12 juillet 1977

11 Le cercle étant la deuxième niveau des entités administratives après la région ( équivalent de la préfecture de la préfecture )

Carte n°3: Régions administratives de notre zone d'étude (AG Dalla O et B. Dupuis ,2010)

Le 14 décembre 2011, suite à des pressions politico-sociales de la part des leaders communautaires, des élus locaux et des députés du nord du Mali, voulant plus de poids à travers la création de nouvelles entités administratives et politiques, le gouvernement du régime d'ATT adopte un projet de loi12 portant création de deux nouvelles régions dans le Nord du Mali.

Il s'agit des régions de Taoudéni et Ménaka. Le nombre des régions au nord du Mali est ainsi porté à cinq au lieu de trois.

L'objectif de L'Etat est aussi de créer une forme de vie avec des infrastructures socio-économiques dans ces zones désertiques. Ainsi l'État sera mieux représenté et ceci lui facilitera la surveillance et la gestion de ces vastes territoires. Cependant, le déclenchement de la guerre survenue au nord du Mali en janvier 2012 et le coup d'Etat militaire du 22 mars 2012 n'ont pas permis la mise en oeuvre de ce projet qui est jusqu'ici suspendu.

Les régions du septentrion malien sont à la lisière méridionale du Sahara dans la zone sahélo-saharienne et géographiquement situées entre les latitudes 15° et 25°. Les phénomènes liés à la sécheresse ont considérablement affecté les activités agro-agricoles en diminuant périodiquement les surfaces traditionnellement inondables; par exemple les terres inondables du Delta du fleuve Niger sont passées de 30.000 Km2 en 1960, à 5.000 Km2 en 198013. Malgré la présence du fleuve Niger qui traverse deux de ces trois régions (Gao et Tombouctou), les régions du Nord présentent des contraintes physiques alliant l'aridité des sols à une désertification et à un ensablement qui limitent pratiquement l'espace vital à la seule vallée dudit fleuve.

Regions

Cercles

Tombouctou

Diré, Goundam, Gourma-Rharous, Niafunké et Tombouctou

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12 Conseil des Ministres du 7 Décembre 2011 http://www.journaldumali.com/article.php?aid=3960

13 Selon le rapport qui est rédigé par Abdoulaye Bayoko du CNRST de Bamako sous la coordination de Célestin Dembélé, chargé de programme GRN & Climat à la Délégation Intercooperation pour le Sahel. C'est dans le cadre de l'introduction du thème «changements climatiques» comme une des priorités de la Délégation Intercooperation pour le Sahel.

Ce rapport constitue une base préliminaire pour l'élaboration de la stratégie par la fondation suisse pour le développement et la coopération « Intercooperation » au Sahel.

Gao

Ansongo, Bourem, Ménaka et Gao

Kidal

Abeibara, Tessalit, Tin-Essako et Kidal

fig n°4: régions et cercles du nord du Mali , 2010

Carte n°4 Les cercles des régions et cercles du nord du Mali(AG Dalla O. et B. Dupuis , 2011)

3.4. Présentation de notre Commune expérimentale : Gargando

La Commune Rurale de Gargando a été créée par la loi no 96-059 du 04/11/1996. Elle est limitée au nord par la Commune Rurale d'Adarmalane. Au nord-ouest par la Commune Rurale de Râz-El-Mâ. Au nord-Est par la Commune de M'Bouna. A l'est par les communes de Télé et Goundam. A l'Ouest par la Commune Rurale de Tilemsi et celle d'Aljounoub. Au sud-Ouest par les Communes de Djanké et Soumpi. Au sud par la Commune de Soboundou. Au sud-Est par la Commune Rurale de Tonka. La commune n'est pas encore délimitée à cause du morcellement de l'ex arrondissement de Gargando en deux communes : Gargando et Adarmalane.

carte n°5 : Commune rurale de Gargando (Source: AG DALLA O. )

Ce village, essentiellement composé des fractions issues de la tribu Kel Ansar (qui se revendiquent comme des descendants des Ansar de Médine), est le village qui compte le plus de personnes instruites Touaregs au Mali.

La communauté des ressortissants des Gargando est largement répandue sur tout le Mali et comprend les Cherifène, les Kel Razaf, les Idnane, les Kel Tinakawate, Kel-Tich-Ghayen, les Kel Indierene, les Kel Emmimalane etc., bien que les limites géographiques de la commune ne reflètent pas la réalité sociologique des populations.

L'administration de l'État y est représentée par le sous-préfet, la Santé par le chef de poste médical et l'Éducation par les directeurs des écoles. Sa population est très laborieuse et fait preuve de beaucoup de cohésion en dépit des multiples aléas de tous ordres. Le mouvement associatif est en plein essor mais manque cruellement de partenaires pour financer les différentes activités. Dans les années 1970, une partie de la population de Gargando a été plus ou moins chassée à la faveur des réformes agraires du lac Horo vers le Mema, ce qui disloqua des familles entières et participa au dépeuplement de l'arrondissement.

L'élevage transhumant est la principale activité. C'est elle qui fait vivre toute la population. Des activités secondaires sont menées çà et là : artisanat, petit commerce. La commune est très enclavée. Le commerce s'effectue avec les communes voisines. Son relief est marqué par des plaines et des dunes. Son climat se caractérise par des grands écarts de température pouvant se situer parfois entre 9° en hiver et 45° en été. Le vent dominant est le harmattan.

Son réseau hydrographique, alimenté par la nappe phréatique comprend des oueds, des mares, des puits traditionnels et quelques puits pastoraux.

2ème Partie : Cadre pratique

Chapitre 3 : Collecte et interprétation des données

Question N°1

Que pensez-vous être à l'origine des changements climatiques ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

Hommes de 35 ans et plus

45

45 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

37

37 %

Total

100

100 %

Commentaire : Dans cet échantillon de 100 personnes, environ 95 % des personnes interviewées affirment n'attribuer aux changements climatiques que des causes dites « naturelles » c'est-à-dire que les mutations de la nature sont exclusivement l'apanage de la divinité autrement dit d'Allah l'exalté.

Question N°2

Quelle sont selon vous, les conséquences de ces changements climatiques ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

hommes de 35 ans et plus

45

45 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

37

37 %

Total

100

100 %

Commentaire : Selon 90 % de nos enquêtés, la sécheresse, les épidémies, l'insécurité alimentaire, les fortes chaleurs, baisse des précipitations, sous-production fourragère, la transhumance intense de bétails vers des zones humides sont parmi les nombreuses conséquences des changements climatiques.

Question N°3

Que croyez-vous être à l'origine des conflits armés ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

Hommes de 35 ans et plus

45

45 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

37

37 %

Total

100

100 %

Commentaire : Près de 75 % de nos interlocuteurs imputent aux conflits armés et les violences inter et intracommunautaires à la mal gouvernance, à l'absence de l'Etat ou à sa gestion clanique du local basée sur la discrimination ethnique, à l'injustice sociale, à la pauvreté et aux contentieux sociaux.

Question N°4

Quelles sont les conséquences des conflits armés ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

Hommes de 35 ans et plus

37

37 %

Femmes de 35 ans et plus

18

18 %

Jeunes de 18 à 34 ans

45

45 %

Total

100

100 %

Commentaire : Selon 65 % de nos enquêtés, les exécutions extrajudiciaires, les représailles, l'amalgame, la restriction des mouvements de bétails, l'exil ou la précarité des conditions de vie, et le vol de bétails sont parmi les nombreuses conséquences des conflits armés.

Question N°5

Y-aurait-il selon vous un rapport entre les changements climatiques et l'insécurité ?

Genre

Nbre Enquêtés

Pourcentage

hommes plus 35 ans

33

33 %

Femmes plus 35 ans

7

7 %

Jeunes de 18 à 34 ans

60

60 %

Total

100

100 %

Commentaire : A la question de savoir quel est le rapport entre les changements climatiques et l'insécurité, 75 % de nos interviewés estiment que ces changements climatiques ont un rôle de multiplicateur et d'intensificateur des conflits à cause des grandes pressions exercées sur les ressources naturelles qui se raréfient. Nos enquêtés affirment que ces changements climatiques provoquent des mutations sociales profondes qui facilitent l'allégeance des couches sociales les plus pauvres aux groupes armés de tout bord. Ce qui veut évidemment dire que les changements climatiques ne sont pas dans ce contexte une cause de 1er ordre de l'insécurité ou des conflits.

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Chapitre 4 : Causes du phénomène et sa manifestation

4.1 Les causes de changements climatiques au Mali

Il faut certainement décrire ces causes à travers la caractérisation. La caractérisation des pays du sahel par la sécheresse est une étape essentielle de la problématique d'interface nature-sociétés. Mais dans cet esprit, notre analyse est centrée sur les peuplements et les données sur précipitations, qui constituent la ressource immédiatement perçue par les populations. Cette caractérisation passe aussi par la description de l'impact des changements climatiques dans les pays du Sahel et des mesures d'adaptions et d'accompagnement préconisées.

Les différentes problématiques climatiques au Mali peuvent se traduire par :

V' Une décroissance régulière de la quantité de pluie, et une grande variation spatiotemporelle visible le long des lignes de grain caractéristiques du Sahel axées du Nord au Sud sur une distance de 500 à 750 Km s'accompagnant souvent de vents forts et de pluies abondantes parfois catastrophiques. Durant toute l'année, un rayonnement très fort avec des températures moyennes peu différenciées, s'accompagnant d'une augmentation des températures du Sud-Ouest vers le Nord-Est avec des maximales relevées au cours de l'année pouvant atteindre ou dépasser les 45°C tandis que les minimales sont rarement en dessous de 10°C.

V' De fortes valeurs de l'évapotranspiration potentielle (ETP) en raison des températures élevées, des humidités relatives faibles et des vents forts. La persistance des sécheresses à partir des années 1970 entraînant des déficits pluviométriques assez importants et une évolution des isohyètes vers le sud, ce qui fait que la migration est devenue de plus en plus une stratégie face à ces nouvelles conditions climatiques et environnementales précaires.

Les ressources forestières :

Le secteur forestier joue un rôle déterminant dans la vie socio-économique et culturelle des populations maliennes. Il fournit à la société des biens et services que nul autre secteur ne peut offrir (environ 93 % des besoins énergétiques, les produits alimentaires et pharmaceutiques, l'écotourisme, la conservation de la diversité biologique, l'amélioration du cadre de vie, etc.). Les formations naturelles ont subi de profondes modifications, dues essentiellement à l'aridité du climat, aux sécheresses successives et surtout aux activités anthropiques (défrichements agricoles, exploitation du bois de chauffe, surpâturage et émondage, feux de brousse, ...).

Selon la DNRFFH, plus de 100.000 ha de forêts disparaissent chaque année.

Les seuls prélèvements pour le bois de chauffe et le charbon de bois (qui constituent la principale source de l'énergie domestique) sont estimés globalement à 5 millions de tonnes par an, ce qui correspond à l'exploitation de 400.000 ha et devraient atteindre ou dépasser 7 millions de tonnes dans les années 2000 (Stratégie Energie Domestique). Le potentiel de régénération est quant à lui estimé à 7 millions de tonnes par an.

Concernant la biodiversité, on peut affirmer que le patrimoine en ressources biologiques du Mali, riche et varié, est malheureusement menacé de disparition. Cette perte de la biodiversité est liée à un ensemble de facteurs complexes, dont les principaux sont d'ordre climatique, notamment les sécheresses récurrentes et d'ordre anthropique tels que le défrichement, l'exploitation anarchique du bois comme source d'énergie, les feux de brousse, la cueillette abusive de produits ligneux et herbacés (fruits verts, jeunes pousses, mutilation des arbres), le surpâturage, le braconnage, la pêche illicite, l'exploitation minière, la pauvreté, l'utilisation abusive des produits chimiques, l'introduction d'espèces exotiques, etc.

4.1.1 Cadre physique et climat

Je limiterais ici l'étude du cadre physique au climat et à l'hydrographie qui sont directement liés à la vie économique des populations du Sahel. La zone sahélienne étudiée connaît un climat tropical à deux saisons contrastées: une courte saison14 des pluies irrégulières dans l'espace et dans le temps et une longue saison sèche de 10 à 11 mois (au-dessous du seuil de 100mm). Les pluies conditionnent la vie des populations et du bétail, la survie du nomadisme.

Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement d'autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les grands cours d'eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie, Chari, etc.), les cours d'eau non permanents actifs pendant la saison des pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique, est alors variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable, d'autant que l'évaporation est exacerbée par les températures élevées et le vent. 4.1.1.2 La pluviométrie: variable déterminante au Sahel

Le climat d'une zone dans une période donnée peut se référer à l'étude et à la situation de certaines variables naturelles comme la température, la pluie et le vent. L'importance relative accordée à chacune de ces variables dépend de chaque zone.

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14 Les caractères de la pluviométrie de ces dernières années au sahel selon le CILSS

Mais au Sahel, selon (Abdou Ali, 2010) la pluie15 reste véritablement la variable climatique la plus déterminante pour la vie des populations. L'étude de la pluviométrie peut donc être considérée comme le paramètre le plus indiqué pour caractériser ou analyser l'évolution du climat au Sahel.

Aussi selon la (CEDEAO-CSAO/OCDE/ CILSS, 2008), il existe une rapide évolution des températures dans le Sahel, par rapport à la tendance mondiale, avec des augmentations allant de 0,2°C à 0,8°C par décennie depuis la fin des années 1970 dans les zones sahélo-saharienne, sahélienne et soudanienne. Ce qui a une incidence certaine sur les précipitations. Selon le centre AGRHYMET (CILSS), on utilise couramment l'indice pluviométrique standardisé (IPS) pour déterminer le caractère humide ou sec de la saison des pluies. Pour une année donnée, cet indice fait la moyenne des cumuls pluviométriques saisonniers des stations pluviométriques disponibles.

Fig. n°: Indice de variation annuelle des précipitations au Sahel entre 1900 et 2010 (sources: I. Garba, I. Touré, A. Ickowicz, JD. Cesaro)

Ainsi, si l'IPS est positif la saison peut être qualifiée d'excédentaire et de déficitaire (s'il est négatif). Les variations pluviométriques 16 au Sahel de 1900 à 2010 (fig. n°3) oscillent en dents de scie, alternant des périodes humides et des périodes sèches. La période allant de 1900 à 1950 est marquée par une alternance de 3 à 4 années humides suivies d'une année sèche. De 1951 à 1969, on observe une persistance d'années humides. De 1970 à 1993, on note une succession d'années sèches. En revanche, la période allant de 1994 à 2011est caractérisée par une alternance d'une année humide suivie de 3 à 4 années sèches.

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15 Les études on été réalisées par le centre régional Agrhymet qui est une institution spécialisée du CILSS. Il assure l'information et la formation des acteurs dans les domaines de l'agroclimatologie, l'hydrologie, la protection des végétaux dans les pays du CILSS.

16 Les séries pluviométriques utilisées dans figure ci-dessus proviennent de données mesurées (bases de données AGRHYMET) mais certaines sont estimées à partir de données satellitaires (NOAA, NCDC, GPCC).

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Au cours des quatre dernières décennies, le Sahel a connu plusieurs déficits de pluviosité à l'origine des crises majeures de sécheresse (1968-1974,1983-1984, 2002-2003, 2005, 2009) qui ont lourdement affecté les populations humaines et animales. D'autre part l'analyse de la moyenne des précipitations estimées entre 2000 et 2010 au Sahel (carte. n°2) montre une répartition suivant 4 zones :

Carte n°2: Moyenne des précipitations (mm) entre 2000 et 2010 (données estimées): (sources: Data Global Precipitation Climatology Centre (GPCC), 2011)

? La zone de transition sahélo-saharienne avec moins de 150 mm de pluviosité annuelle, permet le développement de plantes à cycle court et des herbacées pérennes éparses que les troupeaux (essentiellement de camelins et caprins) des nomades exploitent dans leur déplacements selon la disponibilité des points d'eau.

? La sous-zone nord-sahélienne (150-300 mm) dispose d'un couvert ligneux ne dépassant guère

2% et une production de biomasse allant jusqu'à 400 kg de MS/ha (Boudet, 1977). Cette zone est généralement la plus convoitée par les éleveurs nomades et transhumants.

? La sous-zone sahélienne typique (300-450 mm) est caractérisée par une végétation très différenciée suivant les principales unités géomorphologiques. Sur les terrains sablonneux, le couvert ligneux ne dépasse guère 5%. La biomasse herbacée annuelle, varie de 500 à 2000 kg MS/ha, en moyenne du nord vers le sud.

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? La sous-zone sud-sahélienne plus arrosée (450-600 mm) avec un taux de recouvrement ligneux variant du nord vers le sud de 5 à 30%.

4.1.1.3. Rappel des principales activités économiques au Sahel

L'agriculture sahélienne constitue la principale source de revenus pour 90% des actifs et procure plus de 50% des recettes d'exportation (FAQ, 2003). La production est déficitaire dans les zones sahariennes, excédentaire dans les régions soudano-sahéliennes (+500 mm d'eau par an) et aléatoire dans la zone sahélienne à proprement parler (200 à 500 mm d'eau).

Les céréales sont prépondérantes dans l'agriculture sahélienne (80% des superficies cultivées) après vient le maraîchage et les oléagineux (arachides) dans les productions vivrières.

L'agriculture pluviale est la technique de production la plus largement répandue au Sahel

(90% des productions). Les cultures sont réalisées pendant les saisons de pluies. L'agriculture pluviale concerne surtout le mil, le sorgho, le fonio et le maïs, mais aussi les cultures de rente comme l'arachide. L'agriculture irriguée est en perpétuelle évolution, cependant pour des raisons techniques (maîtrise de l'eau), financières (coût des investissements) et culturelles (absence de tradition), elle n'est pas encore développée. L'irrigation par submersion contrôlée (riziculture) ou par aspersion est de plus en plus utilisée malgré les difficultés de mise en oeuvre.

Le Sahel est aussi la zone agropastorale par excellence ; l'élevage des bovins, ovins et caprins y est très développé. L'élevage est traditionnellement extensif, mais, avec la croissance démographique les problèmes d'espace pour les pâturages se posent. Aussi, les traditions doivent intégrer les enjeux environnementaux et s'inscrire dans un objectif de développement durable.

L'élevage est une activité essentielle pour le pays et pour la population de Gargando qui est en majorité composée d'éleveurs aujourd'hui sédentarisés dans la ville ou à sa périphérie. Ces familles continuent de pratiquer l'élevage de chameaux, de chèvres et de moutons. La plupart des habitants pratique un élevage de « sécurité économique ». Ils ont souvent deux, trois, voire une dizaine de chèvres ou de moutons qu'ils élèvent chez eux. En cas de période difficile, ils peuvent faire appel à cette « épargne sur pattes ». Tous les matins, des bergers rassemblent ces animaux, moyennant 150 ou 200 francs par mois par tête, pour les emmener pâturer à plusieurs kilomètres en-dehors de la ville : ces chèvres et moutons constituent des troupeaux qui avoisinent les 300 à 400 têtes. À certaines périodes de l'année, il y a beaucoup d'animaux et d'éleveurs sur un espace réduit, ce qui impacte les réserves d'herbes et d'eau qui sont, certaines années, largement dépassées.

Avec les CC les animaux errent, entrent dans les zones de culture, détruisent ou mangent la production agricole, ce qui crée des problèmes avec les agriculteurs.

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De l'autre côté, les agriculteurs empiètent sur les terres pastorales, parce que la population s'accroît et les progrès technologiques permettent aujourd'hui de cultiver des terres arides. C'est difficile d'interdire aux gens de cultiver une terre qui peut leur paraître « inutilisée » parce qu'elle sert de pâturage aux troupeaux une partie de l'année.

Les changements climatiques de ces dernières années ont exacerbé un conflit qui existe depuis des lustres, il s'agit du conflit entre agriculteurs et éleveurs.

Comme on peut le voir, l'élevage intensif et sédentaire occupe un rôle important dans la dégradation de la planète. Le pastoralisme a toujours eu et n'a comme vocation que la préservation de l'environnement, et de la biodiversité, les nomades en ont fait une tradition et une culture qu'ils portent depuis la préhistoire. Il est quasiment impossible de faire comprendre à quel point la préservation de l'environnement est essentielle pour la vie et les espèces, sans le rôle du pastoralisme au Sahel sur l'environnement la vie risque de disparaître de cette région.

4. 2 Les causes de l'insécurité

Ainsi, les racines de l'insécurité et du terrorisme dans l'espace Sahélo-Saharien ne se trouvent pas seulement dans l'absence de développement et dans la fragilité des Etats, mais aussi et surtout dans les contentieux chroniques qui opposent des clans ou des tribus entre eux d'une part ou entre eux et leur Etats d'autre part. En outre, il existe de multiples contentieux qui entretiennent de profonds ressentiments aisément manipulables dans les pays Sahéliens. Une partie de la population locale apporte, directement ou indirectement, une précieuse assistance aux forces du mal qui investissent les espaces non sécurisées pour avoir des soutiens nécessaires à leur sécurité et à leur vie économique quotidienne.

Les enjeux à l'origine de ces conflits et crises au niveau des communautés locales sont multiples et complexes (historiques, économiques, politiques, géopolitiques ou géostratégiques). Dans le cadre des conflits internes, les replis identitaires et des considérations religieuses sont souvent à l'origine des conflits. Dans la plupart des cas l'absence de l'Etat et sa gestion des politiques locales attisent ces conflits, si ce n'est pas fait sciemment. Les communautés s'affrontent alors pour des positionnements politiques et géopolitiques différentes, ce qui se traduit par une lutte entre groupes ou individus en vue d'une suprématie locale.

Cette gestion du local par le pouvoir central entraine la monopolisation du pouvoir par certains individus qui ne sont pas souvent le choix des populations locales.

C'est un système qui perpétue l'injustice sociale et la marginalisation de certaines composantes sociales.

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Ce sont là aussi des origines de certaines tensions et crises qui entraînent des affrontements entre des entités ethniques qui partagent le même espace. L'exemple de certains Etats du Sahel comme le Mali, le Niger, et le Nigeria est typique de cette gestion. C'est un système de gestion politique qui ne laisse aucune place à l'existence d'une société civile susceptible de contribuer à l'apaisement.

L'appareil d'Etat marginalise et rend inopérante la société civile et ne peut constituer aucun contrepouvoir digne de ce nom. Cette situation génère de vives tensions qui se traduisent par des violences et confrontations armées. L'exemple des crises intra-communautaires au sein des groupes Touaregs du Nord du Mali et intercommunautaires entre les sédentaires et les nomades représentent une illustration de cette réalité.

Enfin, la non sécurisation et la porosité des frontières peut faciliter la contagion d'une crise ou d'un conflit par la facilité de circulation d'hommes et d'armes d'un pays à un autre. C'est le cas des affrontements qu'on voit aux frontières du Mali avec le Niger, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et aussi l'Algérie qui ont impliqués les populations et les gouvernements des pays concernés. Il apparaît donc que les enjeux et les causes à l'origine des conflits sont divers et résultent de phénomènes sociaux, politiques, stratégiques et géographiques emboités.

Au Sahel, toutes les communautés, notamment rurales vivent dans des situations de détresse permanente et voient leur condition d'existence se dégrader de jour en jour. La pauvreté jointe à la discrimination ethnique ou régionale constitue une recette omniprésente pour créer des troubles justifiés par une lutte de tous les instants et avec tous les moyens y compris ceux qui proviennent des groupes terroristes.

Au Mali, par exemple depuis 2012, des groupes tribaux nomades et des leaders sédentaires ou de communautés nomades pour exercer ou récupérer une partie de pourvoir sur leur territoire se livrent à une course effrénée dans les recherche d'appuis auprès de toutes entités ou organisations existantes susceptibles de leur procurer assistance pour détenir ou récupérer une certaine hégémonie locale ou régionale.

Les populations maliennes notamment du Nord ont en présence principalement cinq (05) structures qui partagent l'espace politique et économique : L'Etat malien, la MINUSMA (Mission multidimensionnelle de stabilisation intégrée des Nations Unies au Mali), l'opération armée française « Barkhane », les groupes armés (anti et pro-Etat) et les groupes Islamistes-Djihadistes.

Ils se voient alors obliger de pactiser soit avec l'Etat qui est fragilisé depuis 2012 et ne vit qu'avec l'aide internationale. Il est alors démunit et ne peut aider véritablement une population qui manque de tout.

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Soit avec la « MINUSMA» ou avec l'opération « Barkhane » qui ont un mandat d'accompagnement et de stabilisation pour la paix et de protection des populations. Elles ne peuvent non plus offrir qu'une assistance socio-économique limitée en fonction de leur mandat et missions. Soit les mouvements armés dont les deux principaux sont la CMA (coordination des mouvements de l'Azawad) anti-Etat malien et la plateforme regroupant plusieurs mouvements pro-Etat, qui eux non plus ne peuvent aider véritablement les populations locales en raison du fait qu'eux même n'existent et ne tirent leur revenu qu'auprès de l'Etat et des partenaires ci-dessus cités.

Enfin le cinquième acteur local le plus disponible et le plus solvable, qui ne cherche qu'à s'implanter et faire le maximum d'alliance auprès des communautés locales et qui apporte l'aide demandée reste les groupes terroristes dits « islamistes ». En raison de cette aide substantielle, ces derniers finissent par s'implanter dans le milieu en tissant de multiples liens avec les communautés y compris par des liens de mariage et offrent des conditions suffisamment attractives, tout ce que les autres partenaires n'arrivent à offrir. Cette situation décrite notamment pour le nord du Mali vaut également actuellement pour son centre.

Il s'en suit alors que plusieurs individus, notamment jeunes au Mali rejoignent le camp des « terroristes » non pas par affinités idéologiques, mais pour espérer une protection sur tous les plans. Pour certains c'est tout simplement une stratégie de survie dans un univers en perpétuel chaos, nous assistons alors à la naissance de `'pseudos terroristes» mais qui sont autant dangereux que `'les vrais terroristes.»

Les préoccupations sécuritaires, telles que celles liées à l'environnement, à la sécheresse et à l'exclusion sociale, font peser une menace existentielle sur les populations nomades. Paradoxalement, ce sont les stratégies d'adaptation et les possibilités de recours qui donnent de la résilience aux populations cherchant à surmonter ces menaces qui sont considérées par les acteurs étatiques comme représentant de graves menaces pour l'État et résistant à des représailles militaires.

Par extension, la porosité des frontières, qui pourtant constitue un facteur de résilience pour des populations dont l'un des mécanismes d'adaptation est de pouvoir franchir les frontières afin de réduire leur insécurité, est également la source même de la menace qui pèse sur l' État.

Les besoins de survie et de développement humain des personnes et des communautés et le recours à des mécanismes d'adaptation négatifs en réponse à la politique d'exclusion de l'État et aux menaces existentielles a amené certains groupes à collaborer avec des groupes terroristes et des réseaux criminels déclarés.

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Les migrations/mouvements transfrontaliers représentent une source de moyens d'existence, de résilience, d'adaptation et de survie et représentent une source et une forme de menace à la sécurité et les approches régionales de l'intégration pourraient soit aggraver soit réduire cette tension. Malheureusement cette situation décrite ci-dessus au Mali est pratiquement identique dans tout le Sahel, voire tout le continent à l'image du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria, des différents clans en Somalie. En outre, au Sahel, comme d'autres pays d'Afrique, le radicalisme religieux est devenu un moyen efficace pour se positionner en réglant les comptes à ceux qu'on estime être plus présent sur la scène politique. C'est également le meilleur moyen pour se procurer des armes pour mener à bien ces conflits ou simplement pour se protéger des autres. Il est perçu également comme étant un moyen de lutter contre le chômage endémique des jeunes et de gagner en notoriété pour le salut de sa communauté.

Pendant tout mon séjour, les causes immédiates que j'ai pu recueillir lors de mes entretiens sont entre autres :

L'insécurité alimentaire l'insécurité alimentaire est un facteur car, elle conduit à l'exode des populations, mais fragilise leur résistance aux offres des groupuscules qui sévissent dans la zone. Ces populations ont déjà franchi le seuil d'urgence et ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate.

La montée des réseaux djihadistes et des réseaux criminels : les conflits et les formes d'insécurité prévalant dans les pays sahéliens et leurs auteurs se sont transformés de mouvements animés par des griefs en phénomènes complexes, en produisant des incidences sur le plan interne et régional. Cela a été tout particulièrement manifeste au Mali et au Nigéria, avec de graves conséquences pour le Niger.

La corruption et les privations sociales et économiques généralisées tous les pays sahéliens en particulier le Mali possèdent des ressources naturelles considérables. Cependant, il est confronté à des problèmes de gouvernance. Ainsi, il n'a pas pu mettre en place une gestion efficace de l'explosion démographique des jeunes et des problèmes de chômage et de vulnérabilité à la radicalisation qui en découlent. L'incapacité de rompre un cycle, dans lequel l'exclusion et les griefs non résolus produisent une opposition violente à l'État, renforce les discours des mouvements insurrectionnels extrémistes et fournit une justification à leur cause.

La dynamique mondiale et le contexte global de la guerre contre le terrorisme a suscité des discours et des contre-discours présentant les groupes radicaux islamiques comme une menace aux cultures démocratiques et la civilisation occidentale comme une menace à l'Islam.

La mal gouvernance est une cause de conflit, tout comme la pauvreté, l'exclusion le sont tout autant.

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Causes structurelles
·

V' Le stress environnemental : découlant de leur situation géographique expose les pays du Sahel et leurs populations à des conditions telles que la sécheresse, la désertification, les variations de la pluviosité accompagnées d'incidences sur la sécurité alimentaire et les moyens d'existence. Cela conduit à une série de problèmes : tensions internes, déplacements et arrivées/départs de flux de réfugiés, migrations (de jeunes), violence intercommunautaire et relance de l'irrédentisme (touareg) et instabilité politique.

V' Les griefs historiques : à des degrés divers, ils ont compliqué les relations entre groupes et la dynamique politique ainsi que les processus d'édification de l'État dans les pays sahéliens étudiés. L'incapacité des États de répondre de manière appropriée à des griefs profondément enracinés a exacerbé les problèmes existants, qui se sont amplifiés pour se manifester par la propagation du terrorisme, de la criminalité et du djihadisme dans le Sahel.

V' Le processus fracturé de consolidation de l'État : bâtir une identité nationale commune et un destin commun au sein des populations des États sahéliens a été un défi profondément ancré à l'origine des conflits.

V' L'explosion démographique des jeunes : dans tous les pays sahéliens ayant fait l'objet de l'étude, la population se compose en moyenne à plus de 60 % de jeunes de moins de 25 ans. Les implications de cet état de choses sont fort graves, sans compter que s'y ajoutent les défis du stress environnemental, l'exclusion sociale et économique et l'instabilité politique. 6 Les conflits dans la région du Sahel et leurs conséquences pour le développement.

Causes immédiates et facteurs perpétuant les conflits :

V' La migration : dans tous les pays sahéliens, elle fait partie de la vie quotidienne des populations, pour des raisons indépendantes des conditions climatiques.

Les flux de réfugiés, qui se déplacent parfois avec leur bétail hors des zones du Mali, du Niger et du nord-est du Nigéria en proie à la guerre, accroissent l'insécurité.

V' L'insécurité alimentaire : les estimations actuelles relatives à l'insécurité alimentaire indiquent un nombre total de 19,8 millions de personnes, dont au moins 2,6 millions ont

déjà franchi le seuil d'urgence et ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate.

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y' Les coups d'État à motivation politique : des coups de force militaires, des mutineries et des ingérences ouvertes ou déguisées dans la vie politique se sont produits régulièrement dans les pays de première ligne. En règle générale, les politiques d'exclusion ainsi que les politiques répressives associées à la politisation des établissements chargés de la sécurité constituent d'importants facteurs d'instabilité et d'insécurité dans le Sahel.

y' La montée des réseaux djihadistes et des réseaux criminels : les conflits et les formes d'insécurité prévalant dans les pays sahéliens et leurs auteurs se sont transformés de mouvements animés par des griefs en phénomènes complexes, en produisant des incidences sur le plan interne et régional. Cela a été tout particulièrement manifeste au Mali et au Nigéria, avec de graves conséquences pour le Niger.

y' L'insécurité et les conflits régionaux et transfrontaliers : la sécurité des États sahéliens est invariablement liée à la dynamique régionale et transnationale relative à la sécurité, certains pays étant plus exposés à cette dynamique que d'autres.

y' La corruption et les privations sociales et économiques généralisées: tous les pays sahéliens considérés dans la présente étude possèdent des ressources naturelles considérables. Cependant, ils sont tous confrontés à des problèmes de gouvernance. Ainsi, ils n'ont pas pu mettre en place une gestion efficace de l'explosion démographique des jeunes et des problèmes de chômage et de vulnérabilité à la radicalisation qui en découlent. L'incapacité de rompre un cycle, dans lequel l'exclusion et les griefs non résolus produisent une opposition violente à l'État, renforce les discours des mouvements insurrectionnels extrémistes et fournit une justification à leur cause.

y' La dynamique mondiale et le rôle des acteurs externes : le contexte global de la guerre contre le terrorisme a suscité des discours et des contre-discours présentant les groupes radicaux islamiques comme une menace aux cultures démocratiques et la civilisation occidentale comme une menace à l'Islam. La dynamique créée ultérieurement dans le Sahel n'a fait qu'accentuer ce phénomène.

La présence d'un éventail d'acteurs extérieurs (y compris ceux chargés de la sécurité et le personnel des industries extractives) dans le Sahel ne va pas nécessairement dans le sens d'une transformation de cette dynamique au profit des populations sahéliennes.

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Chapitre 5 : Conséquences du phénomène

5.1 Aperçu sur les impacts des changements climatiques sur les secteurs clés

Le Mali, à l'instar des pays sahéliens, a toujours subi la variabilité climatique se traduisant par une alternance de périodes sèches et humides.

Les périodes sèches se caractérisent, sur le plan pluviométrique, par une faiblesse des précipitations par rapport à la normale 1961-1990. Le phénomène qui en résulte est la sécheresse dont les effets néfastes sont, entre autres, l'insuffisance des ressources en eau, la destruction des ressources forestières, l'assèchement précoces des mares et lacs, la diminution des ressources halieutiques, la dégradation de l'écosystème.

Les secteurs économiques importants dont l'agriculture sont vulnérables à la sensibilité courante du climat, avec des impacts économiques énormes. Cette vulnérabilité est aggravée par des défis de développement existants comme pauvreté endémique, avec accès limité au capital, y compris des marchés, infrastructures et technologies ; dégradation d'écosystèmes ; et désastres et conflits complexes.

V' Le changement du climat se traduit par la réduction de la durée de la période de végétation. V' De fortes valeurs de l'évapotranspiration potentielle (ETP) en raison des températures élevées, des humidités relatives faibles et des vents forts,

V' La persistance des sécheresses à partir des années 1970 entraînant des déficits pluviométriques assez importants et une évolution des isohyètes vers le sud, ce qui fait que la migration est devenue de plus en plus une stratégie face à ces nouvelles conditions climatiques et environnementales précaires.

V' Une répartition aléatoire et inéquitable de la pluviosité en début de la saison des pluies. La pluviométrie moyenne annuelle est très variable du Nord au Sud.

V' Un rayonnement très fort durant toute l'année avec des températures moyennes peu différenciées.

V' Une augmentation des températures du Sud-Ouest vers le Nord-Est avec des maximales relevées au cours de l'année pouvant atteindre ou dépasser les 45°C tandis que les minimales sont rarement en dessous de 10°C.

V' Une décroissance régulière de la quantité de pluie, et une grande variation spatio-temporelle. V' Des lignes de grain caractéristiques du Sahel axées du Nord au Sud sur une distance de 500 à

750 Km s'accompagnant souvent de vents forts et de pluies abondantes parfois

catastrophiques.

D'après le dernier rapport du GIEC (IPCC, 2007), Les impacts de la variabilité et des changements climatiques sur les écosystèmes de la région sahélienne sont sans équivoque. Les secteurs les plus touchés sont l'agriculture, l'élevage et les ressources en eau. Selon ce rapport, il faut s'attendre en Afrique de l'Ouest à des conditions climatiques de plus en plus difficiles (sécheresses, températures plus élevées...) et à une baisse de la disponibilité des ressources en eau. Dans cette zone sahélienne, le processus de changement climatique se traduira surtout par une augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse.

Les formations naturelles ont subi de profondes modifications, dues essentiellement à l'aridité du climat, aux sécheresses successives et surtout aux activités humaines. Leur dégradation s'est accentuée avec l'accroissement de la population urbaine qui engendre une demande plus élevée des villes en bois énergie

Les enjeux sur le secteur agro-pastoral sont donc importants pour les pays sahéliens car la population agricole atteint 50 à 80% de la population totale selon les pays, contribue entre 25 et 30% de leur PIB et la consommation (OCDE/CSAO, 2008) de céréales contribue pour une part allant de 80 à 85% des besoins caloriques de la population. Face à ces enjeux, il devient important d'anticiper la réaction des agriculteurs dans un contexte de changement climatique.

5.1.1 Impacts des CC sur l'agriculture

L'Afrique a été décrite en tant que grand retardataire du monde dans le progrès technologique dans le secteur de l'agriculture (Sachs et autres, 2004).

L'impact du changement climatique sur les réserves alimentaires mondiales est l'un des effets les plus préoccupants du phénomène. Le pire des scénarios imaginés prévoit la baisse drastique de la production des céréales dans la région sahélienne de l'Afrique.

L'accroissement des températures et la variabilité des pluies représentent une menace sérieuse pour le développement agricole17 du globe, mais plus fortement encore des pays du Sahel et risque de compromettre les efforts déployés par ces pays pour atteindre la sécurité alimentaire. Des études récentes du CILSS/Agrhymet (Sarr et al. 2007, AGRHYMET, 2009) ont montré que les rendements des cultures comme le mil/sorgho baisseraient de plus 10 % dans le cas d'une augmentation des températures de + 2°C.

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17 L'étude de l'impact est réalisée par le Dr. Benoît SARR, et le Dr. Seydou TRAORE, tous deux du Centre Régional AGRHYMET pour la revue mensuelle qualifiée d'édition spéciale

D'ici à 2020, selon M. Ehrhart, les changements climatiques auront contribué au stress hydrique, à la détérioration des terres, à la diminution du rendement des cultures et à l'accroissement du risque d'incendies de forêt, ce qui provoquera une diminution de 50 pour cent de la productivité agricole. Cela se traduira, a-t-il ajouté, par des pénuries graves de vivres et d'eau, et les populations touchées subiront de fortes pressions qui les inciteront à migrer.

Les changements climatiques seront susceptibles de réduire la durée de la période de végétation avec comme conséquence la baisse de la production agricole.

Les réductions projetées du rendement dans quelques pays pourraient être plus de 50% d'ici 2020, et les revenus nets de récolte pourraient tomber près de 90% à l'horizon 2100, les petits exploitants étant les plus affectés. Ceci compromettrait la sécurité alimentaire dans le continent.

Avec les CC, les rendements de l'agriculture pluviale ont pu être réduits de jusqu'à 50%.

Concernant la production agricole, y compris l'accès à la nourriture, on projette que des pays africains parmi lesquels ceux de l'Afrique de l'Ouest seront sévèrement compromis par la variabilité et le changement de climat.

Pour le secteur de l'agriculture, la longueur des périodes de végétation et le potentiel de rendement sont prévus de diminuer, en particulier dans les régions semi-arides et arides. Ceci va compromettre la sécurité alimentaire et aggraver la malnutrition dans le continent.

On projette que des approvisionnements alimentaires locaux sont négativement affectés par les ressources halieutiques décroissantes dans de grands lacs dus à l'augmentation des températures de l'eau de montée, qui peuvent être aggravées par des pêches excessives continues. Le coût d'adaptation pourrait s'élever au moins à 5-10% du produit intérieur brut (PIB).

Les nouvelles études confirment que l'Afrique est l'un des continents les plus vulnérables à la variabilité de climat et au changement en raison des efforts de multiple et de la basse capacité adaptative. Les niveaux faibles de l'innovation technologique et du développement d'infrastructures dans le résultat de l'Afrique dans extraction des ressources naturelles pour les agréments essentiels tels que l'eau propre, la nourriture, le transport, l'énergie et l'abri (Sokona et Denton, 2001). De telles activités dégradent l'environnement et composez la vulnérabilité à une gamme des efforts, incluant effort climat-connexe.

A ces effets physiologiques négatifs sur le potentiel de production agricole, s'ajoutent d'autres facteurs également liés au changement climatique comme la dégradation de la qualité des sols consécutive à la déforestation, le déboisement, l'érosion, la salinisation des terres côtières, des eaux souterraines et de surface du fait de l'élévation du niveau marin et la pollution de l'eau.

Le prélèvement de bois à des fins énergétiques estimé à plus de 7 millions de tonnes /an amplifie davantage la perte de la diversité biologique. L'exploitation pour des fins artisanales et industrielles de certaines espèces entraîne des perturbations dans la dynamique des peuplements.

Aussi, l'élévation de la température est favorable à l'augmentation du taux de fécondité et de croissance des ennemis des cultures et à l'extension de leurs aires géographiques. En conséquence, on peut s'attendre à une extension des zones arides et semi-arides, une réduction des surfaces propres à l'agriculture et du potentiel de production agricole rendant ainsi difficile l'accès à la nourriture dans toute la zone sahélienne.

5.1.1.2 Impacts des changements sur le pastoralisme

La baisse des précipitations dans les régions sahéliennes reconnue comme zones de pastoralismes par excellence entraîne à la fois un problème 18 de sous-production fourragère et un manque d'eau pour l'abreuvement du bétail. Aussi les impacts négatifs sur la dynamique spatiotemporelle des mares, perturbent les axes de transhumance, les sites de campement des éleveurs et l'équilibre des écosystèmes.

Cette situation entraîne une transhumance assez importante caractérisée par un déplacement massif du bétail vers les zones plus humides. Tous ces facteurs concourent à exacerber les conflits entre exploitants agricoles et éleveurs. Par ailleurs, ce nouvel environnement climatique serait favorable à la recrudescence de maladies animales climato-sensibles.

Les sécheresses fréquentes, plus que tout autre facteur, ont contribué à fragiliser davantage les écosystèmes, les rendant plus vulnérables à la moindre perturbation et accélèrent le rythme de dégradation des ressources biologiques.

Les déficits hydriques qui en ont résulté, ont entraîné une réduction de la production primaire, une modification de la structure du couvert végétal et une réduction massive de la faune sauvage et du cheptel.

Des raids de bétail meurtriers ont toujours périodiquement été menés entre groupes d'éleveurs

transhumants pour l'accès aux pâturages ou aux points d'eau stratégiques ; certains affrontement pouvant faire jusqu'à une dizaine de morts. Bien que directement liés aux pratiques pastorales et aux conséquences des changements climatiques qui qui engendrent un climat de plus en plus hostile, ils sont souvent traités en termes identitaires voire instrumentalisés par quelques leaders politiques au sein de débats nationaux fortement marqués par l'ethnicité.

Avant que les conditions ne deviennent difficiles à cause des changements climatiques ces dernières décennies, les pasteurs nouaient des alliances avec les autorités traditionnelles des agriculteurs pour s'approvisionner en céréales et faciliter leurs transhumances et ceci n'est plus possible à cause de la rareté des ressources naturelles.

Cependant, tandis que les agriculteurs ouvrent davantage de fronts de colonisation sur les espaces pastoraux et capitalisent plus dans l'élevage, les pasteurs diversifient leur économie en s'impliquant désormais dans l'agriculture. Cette intégration modifie les termes des échanges socio-économiques, constitue par endroit une contrainte majeure à la mobilité animale, et est à l'origine d'une compétition relativement inédite entre agro-pasteurs et agriculteurs.

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18 Voir le bulletin mensuel (octpbre 2010) du centre regional selon par Issa GARBA, expert en pastoralisme, Centre Régional AGRHYMET

Les changements climatiques ont engendré des nouveaux types de conflits, sur lesquels les institutions traditionnelles n'ont aucune prise, apparaissent avec plus d'intensité.

Ces dernières années, le Nord Mali a connu une crise sans précédent et face aux crises sécuritaires, les pasteurs modifient soudainement leurs parcours vers des couloirs qu'ils connaissent peu, dans lesquels ils ne disposent pas de réseaux sociaux ou d'alliances négociées avec les communautés résidentes, multipliant les risques d'affrontements.

Les CC accentuent la concentration des cheptels et la pression sur les ressources.

Ce dialogue de sourd qui existe entre éleveurs et agriculteurs exacerbe les tensions déjà vives à cause des disputes des terres arables qui sont de plus en plus limitées à cause des changements climatiques sans précédents.

En 2017, des tensions entre les pasteurs de village de Gargando et les agriculteurs de la lac Horo ont éclaté, à cause de la descente des pasteurs de la commune rurale de Gargando plus au Sud dans le horo (suite à une mauvaise pluviométrie) à la recherche de pâturages.

Les changements climatiques avec leur de conséquences ont poussé les pasteurs à s'armer pour protéger leur bétail qui sont pris constamment pour cibles par des voleurs. Cette militarisation des transhumances contribue à l'escalade de la violence, ou du moins renforce le sentiment d'insécurité et l'instabilité dans des zones déjà fragiles. De grands troupeaux sont désormais escortés par des professionnels, lourdement armés, équipés de technologies modernes de communication, qui font fi des codes pastoraux traditionnels et des accords établis localement, et menacent les agriculteurs comme ce fut le cas très récemment au Faty où les éleveurs armés ont contraint sous la puissance de leurs armes à paître leurs animaux de force dans les champs et ce qui conduisit les antagonistes à un affrontement sanglant.

La récente diffusion d'armes à feu parmi les transhumants fait craindre le trafic d'armes, la banalisation de leur location aux criminels et rebelles, et augmente encore la demande chez les pasteurs. Poussés par l'insécurité, ils ont tendance à s'orienter vers certaines zones grises et espaces frontaliers enclavés, vastes territoires longtemps marginalisés, caractérisés par de faibles densités de population et où les États exercent un contrôle extrêmement faible.

Les pasteurs armés sont difficiles à distinguer des groupes armés, et leurs interactions présumées avec les groupes rebelles les désignent comme protagonistes actifs des conflits.

Cependant, il faut analyser l'adaptabilité s institutions traditionnelles, qui (compte-tenu des changements de climatiques, de la pression démographique et du rythme de renouvellement générationnel des populations de pasteurs) doivent pouvoir répondre aux aspirations des nouvelles générations d'éleveurs, en termes de gouvernance, de services et de représentativité, pour retrouver une légitimité fondée sur de nouvelles compétences et sur leur capacité à dialoguer avec les administrations.

5.1.1.3 Impacts sur les ressources en eau

Selon le quatrième rapport d'évaluation du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC, 2007), l'écoulement annuel des rivières et la disponibilité en eau sont appelés à s'amoindrir 19 de 10 à 30% dans certaines régions sèches du Sahel des moyennes latitudes et dans les tropiques secs. Les communautés pauvres seront les plus vulnérables du fait de leurs capacités d'adaptation limitées.

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19 Voir le bulletin mensuel (octpbre 2010) du centre regional selon le par Dr. Abou AMANI, Unesco et le Dr. Abdou ALI, Centre Régional AGRHYMET

L'impact du Déficit pluviométrique20 selon (C. OUEDRAOGO, 2012) se traduit par le glissement des isohyètes vers le sud d'environ 100 mm depuis 50 ans, et par la diminution des écoulements des grands cours d'eau sahéliens de 20 à 40 %. Par exemple, selon. (A. AMANI et A. ALI, 2012) respectivement de l'UNESCO du centre AGRHYMET, depuis la sécheresse des années 1970 le lac Tchad a perdu la moitié de sa superficie entre 1970 et 1997.

· Les phénomènes liés à la sécheresse ont considérablement affecté les surfaces traditionnellement inondables du Delta (30.000 Km2 en 1960, 5.000 Km2 en 1980).Par ailleurs, la dégradation du couvert végétal contribue à l'ensablement des cours d'eau et des mares limitant ainsi les possibilités de culture et d'alimentation en eau des hommes et du bétail.

· D'ici 2020: entre 75 million et 250 millions de personnes sont susceptibles d'être exposés à un manque accru d'eau dû au changement climatique.

· La modification du système naturel des crues suite aux changements climatique entre autres engendre une transformation importante dans les systèmes de production traditionnels basés sur les cultures de décrue et diminue également les zones de pâturages naturels entraînant ainsi des conflits fonciers entre agriculteurs et éleveurs.

· Ces ressources en eaux de surface et souterraines sont fortement menacées, entre autres par les gaspillages et/ou la gestion non rationnelle et/ou l'ensablement des cours d'eau, des lacs et des mares et/ou les pollutions diverses: pertes annuelles estimées à 30.000 milliards de m3 d'eau dans le delta intérieur du Niger; dépôt annuel de 13 millions de tonnes de limon chaque année au niveau des grands cours d'eau.

· Le dessèchement et l'ensablement constituent les principaux facteurs de dégradation des oasis, et de leur mutation.

· Malgré l'existence d'un potentiel considérable en eaux souterraines, son exploitation est confrontée à une répartition spatiale très irrégulière, aux difficultés de mobilisation et aux contraintes d'accès à l'eau (profondeur des nappes).

A tout cela s'joute Le phénomène de désertification se manifeste aussi par l'ensablement qui affecte les habitations, les terres agricoles, les voies de communication, routières et fluviales, ainsi que les cours et points d'eau dont particulièrement le fleuve Niger.

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20 Coalition mondiale sur l'eau au sahel ; RPCA Novembre 2012 - OUAGADOUGOU Présenté par Clément OUEDRAOGO coordonnateur PRAME/ Secrétariat Exécutif du CILS

Carte n°3: Pluviométrie et zones climatiques au Sahel (Sources: Centre Régional Agrhymet (CRA), CSAO / OCDE (2005) (c) Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest / OCDE 2007)

Selon (P. Heinrigs et C. Perret, 2005) entre les isohyètes 200 et 600 mm se situe «la limite des cultures sous pluie». Au nord de cette ligne s'étend la « zone nomade » où chaque année la repousse des plantes herbacées témoigne ou non de la qualité de la saison des pluies et détermine l'activité pastorale (carte n°3).

De l'avis de certains experts21 relancer les agricultures sahéliennes pourrait être possible « à la condition d'un véritable plan Marshall nécessitant un transfert de ressources de l'ordre d'un milliard d'euros par an pendant 15ans.». Cependant la restauration de l'activité agricole est une priorité absolue. Elle implique l'accès à l'eau, à l'électricité, la restauration de l'hydraulique rurale, et une réhabilitation de populations qui ont parfois tout perdu, en particulier les réfugiés suite aux différents conflits.

5.1.1.4 Une situation humanitaire aggravée par l'insécurité

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21 Cf. «Le nord du Sahel a besoin d'un plan Marshall pour sortir de la violence», Serge Michailof, Le Monde.fr, 29 mars 2012

Comme dans nombreux cas, ce sont bien les populations civiles qui font les frais de l'instabilité sécuritaire. Dans la période dite «de soudure»22 aussi bien pour les agriculteurs que pour les éleveurs, le nombre des personnes en besoin d'assistance23 alimentaire immédiate par exemple au Mali est maintenant estimé à environ 1,4 million et celui des personnes à risque à environ 3,5 millions. Dans les trois régions du nord du Mali, la même source affirme qu'un foyer sur cinq fait face à la pénurie alimentaire.

Malgré une bonne récolte et une meilleure production céréalière dans la plupart des zones du Sahel en 2012, l'accès à la nourriture demeure un problème sérieux. Les prix des denrées alimentaires restent élevés et les ménages pauvres et très pauvres peinent à reconstituer leur capital et à se remettre des effets des crises combinées qui affectent la région.

Les Agences des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont lancé début 2013 un appel pour plus de 1,6 milliard de dollars afin d'aider les personnes touchées par la crise alimentaire et nutritionnelle à travers la région du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Gambie, Cameroun et Nigeria). En 2013, on estime que plus de 10 millions24 de personnes sont touchées par l'insécurité alimentaire, dans neuf pays d'Afrique de l'Ouest et centrale (voir carte n°4), du Sénégal au Tchad. Environ 4,5 millions d'enfants sont menacés par la malnutrition, dont 1,4 million d'enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition aiguë.

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22 La période de soudure désigne la période difficile que traverse les agriculteurs comme les éleveurs dans l'attente de la situation pluvieuse .Les populations vivent uniquement de leur réserve car aucune production n'est possible dans cette période.

23 Rapport de Bert Koenders, chef de la MINUSMA (mission des NU au Mali) devant le Conseil de sécurité des Nations Unies le 25 juin 2013

24 OCHA, 31 janvier 2013

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Conclusion générale :

Les changements climatiques constituent un des défis majeurs pour l'Humanité. Les pays du monde entier se sont entendus sur des objectifs de réduction des Gaz à effet de serre.

Les changements des événements extrêmes, tels que des sécheresses et les inondations, ont des implications importantes pour de nombreux Africains et exigent davantage d'attention. Les sécheresses ont longtemps contribué à la migration humaine, à la séparation culturelle, à la dislocation de population et l'effondrement des sociétés.

L'élevage est une activité essentielle pour le pays et la population de Gargando qui est en majorité composée d'éleveurs aujourd'hui sédentarisés dans la ville ou à sa périphérie. Ces familles continuent de pratiquer l'élevage chameaux, chèvres et moutons. La plupart des habitants pratiquent un élevage de « sécurité économique ». Ils ont souvent deux, trois, voire une dizaine de chèvres ou de moutons qu'ils élèvent chez eux. En cas de période difficile, ils peuvent faire appel à cette « épargne sur pattes ». Tous les matins, des bergers rassemblent ces animaux, moyennant 150 ou 200 francs par mois par tête, pour les emmener pâturer à plusieurs kilomètres en-dehors de la ville : ces chèvres et moutons constituent des troupeaux qui avoisinent les 300 à 400 têtes. À certaines périodes de l'année, il y a beaucoup d'animaux et d'éleveurs sur un espace réduit, ce qui impacte les réserves d'herbes et d'eau qui sont, certaines années, largement dépassées.

Avec les CC les animaux errent, entrent dans les zones de culture, détruisent ou mangent la production agricole, ce qui crée des problèmes avec les agriculteurs. De l'autre côté, les agriculteurs empiètent sur les terres pastorales, parce que la population s'accroît et les progrès technologiques permettent aujourd'hui de cultiver des terres arides. C'est difficile d'interdire aux gens de cultiver une terre qui peut leur paraître « inutilisée » parce qu'elle sert de pâturage aux troupeaux une partie de l'année.

Les changements climatiques de ces dernières années ont exacerbé un conflit qui existe depuis des lustres, il s'agit du conflit entre agriculteurs et éleveurs.

Comme on peut le voir, l'élevage intensif et sédentaire occupe un rôle important dans la dégradation de la planète. Le pastoralisme a toujours eu et n'a comme vocation que la préservation de l'environnement, et de la biodiversité, les nomades en ont fait une tradition et une culture qu'ils portent depuis la préhistoire. Il est quasiment impossible de faire comprendre à quel point la préservation de l'environnement est essentielle pour la vie et les espèces, sans le rôle du pastoralisme au Sahel sur l'environnement la vie risque de disparaître de cette région.

61

Grâce à ma recherche, j'ai pu comprendre que les changements climatiques n'ont pas lien direct sur l'insécurité des nomades de Gargando autrement l'hypothèse selon laquelle les changements climatiques conduisent à l'affrontement direct entre les groupes d'éleveurs est infirmée grâce aux résultats obtenus sur le terrain.

Les changements climatiques provoquent la désertification, l'exode des populations, l'érosion du sol, l'élévation des températures, les désastres naturels, la migration.

Les migrations massives dégénérant souvent en conflits en raison de la déforestation et de l'érosion, d'épidémies ou encore de réduction d'eau.

Les changements climatiques peuvent conduire à la montée des océans, aggravation de rareté des ressources et l'intensification des désastres naturels. Les risques associés à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance mais rarement à un affrontement direct.

Les CC climatiques sont un multiplicateur de conflits et aussi à l'origine des multiples sécheresses qu'ont connu depuis 1973 jusqu'à aujourd'hui le septentrion malien et qui par conséquent, ont rendu des familles entières pauvres en décimant tout leur cheptel qui est la 1ère source de revenu pour les éleveurs.

La pauvreté, la mal gouvernance, les litiges fonciers, les successions de chefferies traditionnelles, les sentiments d'injustice, sont entre des facteurs qui exacerbent les conflits entre les communautés. Tous ces facteurs ont rendu la tâche facile aux mouvements radicaux pour enrôler en masse la population locale en leur promettant des meilleures conditions sociales mais aussi une justice sociale.

Le vol de bétail, l'exploitation des ressources pastorales sont aussi des causes des conflits inter et intracommunautaire.

Les objectifs fixés au départ de ma recherche sont plus ou moins atteints dans les chapitres 4 et 5 de ce document et les détails de phénomène de changements climatiques y sont exposés.

62

Références bibliographiques

+ Grain de sel n° 73-74 -- juillet 2016 - juin 2017

+ 1 Voir le bulletin mensuel (octobre 2010) du centre régional selon par Issa GARBA, expert en pastoralisme, Centre Régional AGRHYMET

+ Voir le bulletin mensuel (octobre 2010) du centre régional selon le par Dr. Abou AMANI, Unesco et le Dr. Abdou ALI, Centre Régional AGRHYMET

+ Dr. Abdou ALI, Centre Régional AGRHYMET

+ 1 Rapport de Bert Koenders, chef de la MINUSMA (mission des NU au Mali) devant le Conseil de sécurité des Nations Unies le 25 juin 2013

+

+ Changements climatiques en Afrique de l'Ouest, Daouda Zan DIARRA, Chef de la Division Agro météorologie Direction Nationale de la Météorologie Bamako -MALI.

+ 1 Coalition mondiale sur l'eau au sahel ; RPCA Novembre 2012 - OUAGADOUGOU

Présenté par Clément OUEDRAOGO coordonnateur PRAME/ Secrétariat Exécutif du CILS

+ DEVAUTOUR H. (1980) Monographie du cercle de Goundam / Rapport de synthèse de l'enquête socio-économique.

+ DIARRA A. (1999) Appui à l'inventaire des normes et coutumes en matière de foncier pastoral.

+ GRUNEWALD F. (1998). Le désert, l'eau, la guerre. Le courrier No 172. Nov-Dec 1998

+ IDIART, P (1961). Métayage et régimes fonciers dans la région de faguibine (cercle de Goundam, Soudan) Etudes rurales. Cahier No 3

+ Dr Fodié Tandjigora, Insécurité au Mali, formes et manifestations article publié le 10/10/2017 sur « Contre-discours radical »

+ Maïga, M .T.F (1997) Le Mali de la sècheresse à la rébellion nomade : chronique d'un

double phénomène du contre-développement en Afrique sahélienne, Collection Alternatives rurales, le Harmattan, Paris, 297p

+ Kamil H (2003) Elevage, environnement et paix au Nord Mali

63

+ Hélène Claudot-Hawad. Nomadisme chez les Touaregs. Encyclopédie Berbère, Aix-en-Provence: IREMAM-MMSH, 2012, XXXIV, pp.5590-5602.

+ Ousmane Ag Dalla. Construction participative de l'information géographique pour le développement local au Sahel: Propositions méthodologiques dans une commune rurale du Nord du Mali. Géographie. Université Jean Monnet - Saint-Etienne, 2015. Français

Annexes : Les cartes ; les questionnaires et guides d'entretien ; les listes des personnes clés

rencontrées ;

A l'issu de cette recherche j'ai eu à rencontrer des personnalités clés :

> Mohamed Ag Mohamed ABOUBACRINE, Maire de la commune rurale de

Gargando

> Mohamed Attaher AG Mohamed Elmoctar, Secrétaire général de la commune ;

> Mohamed Ag litni, Directeur du second cycle de Gargando ;

> Abdoullahi AG Mohamed Elmoaouloud, Chef de village Gargando,

> Alkhamis Ag Mohamed Acheick, chef de fraction et chef de village

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Figure 1, situation sécuritaire au mali, zone en proie à l'insécurité

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Figure 2 Evolution de l'indice pluviométrique dans la zone CILSS de 1895 à 2000






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry