MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR REPUBLIQUE DU MALI
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UN PEUPLE- UN BUT- UNE FOI
UNIVERSITE DES LETTRES ET
DES SCIENCES HUMAINES BAMAKO
Faculté de Sciences Humaines et de Sciences de
l'Education DER : Socio-Anthropologie
Option : Sociologie Classe : Maitrise
Mémoire de Maitrise
Thème : Les Changements Climatiques et
l'insécurité, cas des nomades de la Commune rurale de Gargando
Présenté et Soutenu par : Sous la direction de :
Mohamed Assaleh Dr Nango SAMAKE
AG Mohamed Alkhamis N°Mle : 13F113713Y
Année Universitaire 2016- 2017
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Sigles et Acronymes
AEDD : Agence de l'Environnement et du
Développement Durable
Agrhymet : Centre régional du CILSS
spécialisé dans l'information et la formation des acteurs en dans
les domaines de l'agro climatologie
AMENOKAL : Chef de tribu
CC : Changement Climatique
CILSS : Comité Inter-états de Lutte contre la
Sécheresse au Sahel
CEDEAO : Communauté Économique Des
États de l'Afrique de l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CTSP : Comité de Transition pour le Salut du Peuple
CSAO : Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest
DNRFFH : Direction Nationale des Ressources
Forestières, Fauniques et Halieutiques
Eguewid : Chèche que les Touaregs nouent
sur la tête
ETP : Evapotranspiration potentielle
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
GIEC : Groupe International d'Experts sur le Climat
GIZ : Agence de coopération internationale allemande pour
le développement
IPS : Indice Pluviométrique
Standardisé
KEL TAMACHEKS : Second nom des Touaregs
MS : Matière Sèche
MINUSMA : Mission multidimensionnelle de
stabilisation intégrée des Nations Unies au Mali
MEA : Ministère de l'Environnement et de
l'Assainissement
ONU : Organisation des Nations Unies
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
OIT : Organisation Internationale du Travail
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
RSE : Responsabilité Sociale des
Entreprises
Taguelmoust : Un tissu imbibé d'indigo et
mesurant jusqu'à 15 mètres de long dissimule les cheveux
Targuia : Nom donné à la femme
Touareg UMA : Union du Maghreb Arabe
UE : Union Européenne
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Dédicace
Je dédie ce mémoire à ma très
chère maman, qu'Allah lui donne longue vie.
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Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier Dieu le tout puissant et
le tout miséricordieux, qui m'a donné la
force et la patience d'accomplir ce Modeste travail. En
second lieu, je tiens à remercier mon encadreur Mr Nango SISSOKO, lui
témoigner ma gratitude pour sa patience et son soutien qui m'a
été précieux afin de mener mon travail à bon
port.
Mes vifs remerciements vont également aux membres du
jury pour l'intérêt qu'ils ont porté à ma recherche
en acceptant d'examiner mon travail Et de l'enrichir par leurs propositions.
Enfin, je tiens également à remercier toutes les personnes qui
ont participé de près ou de loin à la réalisation
de ce travail.
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Résumé
La guerre, le terrorisme, les conflits inter et
intracommunautaires ou encore les conflits entre agriculteurs et
éleveurs transhumants au Sahel en général et au Mali en
particulier sont présentés comme une conséquence du
changement climatique, voire une menace pour la stabilité nationale et
internationale. Cependant, les changements climatiques ne constituent qu'un
facteur parmi de nombreux autres qui sont d'ordre socioéconomiques et/ou
surtout politiques. Les prédictions climatiques étayées
désormais, ne permettent d'ailleurs pas de tirer de conclusions nettes.
Les conflits agro-pastoraux soulèvent ainsi plus de questions qu'ils ne
donnent de réponses. Ils n'en ouvrent pas moins un vaste champ d'analyse
et d'actions, et l'opportunité d'appréhender le difficile
processus d'ajustement des populations sahéliennes aux enjeux
environnementaux, sociaux, et politico-économiques contemporains.
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Introduction générale
Depuis un certain temps, plusieurs spécialistes des
zones sahéliennes identifient le changement climatique comme une cause
profonde au conflit dramatique au Mali. Ils insinuent que les conflits entre
les éleveurs nomades et les agriculteurs se sont considérablement
exacerbés à la suite de la baisse des pâturages et de l'eau
jusqu'à atteindre un niveau pouvant affecter dangereusement la
sécurité et la cohésion sociale dans la
sous-région. A la question écologique dans cette même zone,
s'est ajoutée malheureusement depuis 2012 une autre crise encore plus
aigüe liée cette fois à un conflit armée et une
présence massive de fondamentalistes religieux qui ont embrasés
toutes la région et dont la solution finale n'est toujours pas
visible.
En même temps le changement climatique est
indiscutablement l'un des enjeux mondiaux les plus importants du 21e
siècle. Comme l'indiquait la déclaration de Rio de 1992, «
la paix, le développement et la protection de l'environnement sont
interdépendants et indivisibles ». Le changement climatique
représente donc, selon les Nations Unies à la fois une menace
pour l'environnement, la paix et le développement durable.
Mais cette corrélation établie entre la question
environnementale et la sécurité ne va pas sans poser question. Si
l'enjeu du changement climatique est mondial, ses répercussions au
niveau local ne peuvent faire l'objet d'une analyse
indifférenciée.
C'est sur la corrélation et sur les conséquences
en matière de sécurité des changements climatiques qu'est
axé le débat. Pourtant, les phénomènes
d'insécurité actuels au sahel ne sauront être tributaires
uniquement de la raréfaction de ressources naturelles comme la terre,
l'eau ou le bois, importantes sont-elles. Cette raréfaction des
ressources ainsi que d'autres contraintes sociopolitiques, économiques
et technologiques justifient aisément les processus d'ajustement pour
accroitre les capacités de résilience des sociétés
sahéliennes pour maintenir leurs moyens de subsistance.
D'un autre côté, la considération
systématique des répercussions environnementales ne peut pas
faire l'économie d'une prise en compte des facteurs socio-politiques et
économiques qui leur donnent sens.
Ainsi se pose la question fondamentale des politiques de
développement nationales et locales menées jusqu'à
présent face notamment aux impératifs ruraux et
particulièrement les activités liées au pastoralisme. Ces
impératifs exigent des acteurs et chercheurs de repenser toute la
problématique du développement rural et de de l'aide au
développement qui s'y rapporte.
Motivations/Pertinence
Ce document est le résultat d'un travail
effectué pendant près de huit mois dans la région de
Tombouctou spécifiquement dans la zone Daouna dont la
capitale est la commune rurale de Gargando dans le cercle de
Goundam. Il est motivé par les résultats forts mitigés des
politiques de développement dans ma région natale suite aux
conséquences de catastrophes écologiques de ces dernières
années dans les zones sahélo-sahariennes.
Il prend la forme d'un mémoire de sociologie au sein de
l'université de Bamako.... Mais, au-delà des
préoccupations quotidiennes pour construire des plans de
développement économiques et sécuritaires fiables et
viables pour ma zone d'origine, ce mémoire est le fruit d'une
idée permanente qui a toujours habité le petit nomade Targui, que
je suis, natif de la commune rurale de Gargando où j'ai passé
toute mon enfance. J'ai porté en effet très tôt un
intérêt à la compréhension des liens entre les
populations locales, leurs territoires les conflits et
l'insécurité de plus en plus croissante avec les effets
néfastes des aléas climatiques presque endémiques qui
habitent nos zones géographiques. J'espère que cette
compréhension permettra d'apporter une certaine lumière sur ces
relations afin d'apporter avec l'aide de nos partenaires des solutions à
cette problématique qui ne cesse d'inquiéter la
sous-région.
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Problématique (questions de recherche,
hypothèses)
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La guerre, le terrorisme ou encore les conflits inter et
intracommunautaires pour les ressources foncières et hydrauliques, pour
l'accès aux pâturages ou pour protéger les zones agricoles,
tous ces phénomènes sont-ils réellement les
conséquences des dérèglements climatiques
opérés dans le milieu nomade?
Les conflits et l'insécurité qui frappent les
populations de cette zone aride rompent les équilibres sociaux et
environnementaux déjà fragiles. Des groupes rendus
extrêmement vulnérables par les changements climatiques et les
évolutions économiques perdent rapidement leur « filet de
sécurité ». Si d'autres dynamiques, notamment celles de la
solidarité clanique, ne se mettent pas en oeuvre, l'accès
quotidien à l'alimentation est sérieusement entamé.
Le changement climatique et ses impacts dominent la
scène politique internationale ces dernières années et
focalisent l'attention de l'opinion publique. L'accent mis sur les incidences
sécuritaires du changement climatique contribue notamment à faire
entrer le changement climatique dans le champ de la politique internationale,
en lui conférant le statut de `menace de premier plan' pour la
stabilité des Etats et du monde.
Les événements récents au Sahel, en
attirant l'attention sur le développement du terrorisme international et
des trafics de tous genres ainsi que sur sa vulnérabilité, le
placent au centre des préoccupations sécuritaires mondiales. Les
communautés pastorales, qui représentent la majeure partie de la
population, semblent particulièrement vulnérables en termes
d'exposition aux variables climatiques, de capacité d'adaptation,
d'instabilité des moyens de subsistance, d'insécurité et
de violence.
Nous faisons alors l'hypothèse que les changements
climatiques sont un facteur déterminant à la pauvreté et
à l'insécurité en ce sens qu'ils conduisent à une
raréfaction des ressources, au chômage et à
l'insécurité alimentaire avec souvent la contrainte malheureuse
d'opter pour des activités criminelles comme le terrorisme, les
braquages, les trafics de drogue et même d'êtres humains, bref
à toute sorte d'activité leur offrant les perspectives d'un
lendemain meilleur.
Nous affirmons également que les populations nomades
sont les plus vulnérables dans la recherche de leur subsistance et celle
de leur troupeau vers d'autres horizons et les expose à la tentation de
se faire enrôler par les groupes armés de tout genre. L'eau, la
terre arable et le pâturage étant des ressources de plus en plus
rares, deviennent les causes de plusieurs conflits fratricides qui prennent
souvent la connotation raciale ou ethnique
Objectifs de la recherche
Objectifs principal
Nous visons par cette recherche à faire ressortir les
nuances ou les corolaires des changements climatiques sans
précédents sur l'insécurité résiduelle que
connait notre pays depuis 2012 en
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prenant en compte l'aspect écologique ave ses
néfastes conséquence auquel font face les populations du nord du
Mali de façon générale et particulièrement les
nomades de la commune rurale de Gargando qui sont touchés de plein fouet
par ces dérèglements climatiques.
Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques de cette recherche sont entre
autres :
- étudier les liens entre les changements climatiques
observés ces dernières décennies et
l'insécurité grandissante en milieu nomade ;
- dégager les conséquences d'un tel
dérèglement climatique sur les populations nomades ;
- proposer des solutions à long et à moyen terme au
changement climatique et à l'insécurité
- préconiser les politiques de lutte contre le
réchauffement climatique avec à la clé les projets
d'un développement durable et harmonieux des populations
nomades.
Méthodologie
Les moyens utilisés pour parvenir à atteindre nos
objectifs et répondre à ces questions de Recherche comprennent la
revue de la littérature, mais principalement une collecte de
données effectuée dans la zone d'étude, la commune Rurale
de Gargando. Cette collecte a consisté en
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une observation de la réalité et des dynamiques
sociales, à des échanges ouverts avec les éleveurs nomades
et les intervenants et à des entretiens semi-directifs avec les paysans
y' Recherche documentation
Les informations et les documents recueillis à l'occasion
de cette étude proviennent de :
> Les thèses des enseignants chercheurs nationaux et
internationaux ;
> Les mémoires de fin d'étude ;
> Des rapports nationaux et internationaux des
différentes conférences sur le climat ;
> Les enquêtes des ONG et Projets ;
> Sur internet
Les Outils utilisés dans cette Recherche sont
entre autres :
* le guide d'entretien
* La prise de notes
* le check List
* l'appareil photo
* Focus groupe
- Taille de l'échantillon
Au cours de cette Recherche, 100 personnes ont été
interrogées.
- Caractéristiques de l'échantillon et Mode de
tirage de l'échantillon
Dans cet échantillonnage, le tirage avait
été fait en fonction des paramètres de sexe et de
catégorie d'âge.
Ledit échantillonnage est composé d'hommes, des
femmes, et des jeunes de tout sexe
confondu, et est reparti comme suit :
? 45 hommes de 50 à 75 ans
? 18 femmes de 50 à 75 ans
? 37 jeunes âgés de 18 à 49 ans de sexe
confondu
Difficultés rencontrées et solutions
adoptées
Les difficultés rencontrées sont surtout d'ordre
matériel, par exemple absence de moyen de locomotion pour parcourir les
petits hameaux, les sites en un temps record. Pour remédier à
cette difficulté, j'alternais mes déplacements à moto,
soit à dos chameau ou à d'os d'âne et au pire des cas
à pied pour parcourir des dizaines de Km à la rencontre des
nomades.
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J'ai eu à faire face aussi à la mobilité
constante des nomades qui ne demeurent pas en un endroit fixe pendant plus de 5
ou 6 jours à cause de la quête perpétuelle des
pâturages ce qui rend mes déplacements encore plus nombreux et
plus difficiles à supporter au vue de la chaleur accablante, et pour
cela j'ai collaboré avec un guide professionnel qui me facilite les
repérages des zones d'affluence des éleveurs. Il est important
que je rappelle mon choix de la période dite de « soudure »
pour me rendre sur mon terrain d'étude, et ce parce que, c'est à
cette période que les aléas climatiques sont très
visibles, ce qui naturellement m'a rendu la tâche difficile car je
suffoquais de chaleur avec des fois des pertes d'énergie et pour
affronter ces aléas climatiques je me suis fixé des heures
où les températures sont plus clémentes pour me
déplacer
Cela étant dit, (que c'est à cette
période que les sécheresses, les vents violents, la chaleur sont
le plus fréquents causant la mort d'animaux, entrainant à cet
effet les mouvements des populations nomades.)
Au cours de mon séjour sur le terrain, j'ai aussi eu
des difficultés financières parce que j'avais en allant sur mon
milieu d'études, des moyennes extrêmement limités, et pour
cela je n'ai eu que le seul soutien de ma famille pour combler ces besoins
financiers.
Dans le même temps, pendant tout mon séjour,
j'avais eu également des problèmes de sécurité, car
la zone est plongée dans une insécurité qui
n'épargne personne et donc j'étais non seulement exposé
à des menaces sur ma propre personne mais aussi je mettais en danger la
sécurité des hommes et des femmes qui ont bien voulu
m'accordé de leur temps pour recueillir les informations
nécessaires à l'élaboration de ce mémoire. Pour
minimiser ces dangers, je collaborais avec des chefs de villages et fractions
pour me soutenir dans cet effort de sécurité.
1ère Partie : Cadre théorique
Chapitre 1 : Définition des concepts et Revue de
la littérature
Qu'est-ce que le réchauffement climatique
?
Le réchauffement climatique désigne l'ensemble
des variations des caractéristiques climatiques en un endroit
donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement.
Certaines formes
de pollution de l'air, résultant d'activités
humaines, menacent de modifier sensiblement le climat, dans le sens d'un
réchauffement global. Ce phénomène peut entraîner
des dommages importants : élévation du niveau des mers,
accentuation des événements climatiques extrêmes
(sécheresses, inondations, cyclones, ...), déstabilisation des
forêts, menaces sur les ressources d'eau douce, difficultés
agricoles, désertification, réduction de la biodiversité,
extension des maladies tropicales, etc.(Actu-Environnement).
Il se caractérise aussi par un phénomène
global de transformation du climat caractérisé par une
augmentation générale des températures moyennes (notamment
liée aux activités humaines), et qui modifie durablement les
équilibres météorologiques et les
écosystèmes. Lorsque l'on parle du réchauffement
climatique aujourd'hui, il s'agit du phénomène d'augmentation des
températures qui se produit sur la terre depuis 100 à 150 ans.
Depuis le début de la Révolution Industrielle, les
températures moyennes sur terre ont en effet augmenté plus ou
moins régulièrement. En 2016, la température moyenne sur
la planète terre était environ 1 à 1.5 degrés
au-dessus des températures moyennes de l'ère
préindustrielle (avant 1850).
De façon plus précise, lorsque l'on parle du
réchauffement climatique, on parle de l'augmentation des
températures liées à l'activité industrielle et
notamment à l'effet de serre : on parle donc parfois du
réchauffement climatique dit « d'origine anthropique »
(d'origine humaine). Il s'agit donc d'une forme de réchauffement
climatique dont les causes ne sont pas naturelles mais économiques et
industrielles.
De nombreux scientifiques étudient ce
phénomène et tentent de comprendre comment les activités
des sociétés humaines provoquent ce réchauffement.
(Annuaire des Démarches RSE et Développement durable).
Ces scientifiques sont regroupés au sein du GIEC
(Groupe International d'Experts sur le Climat), et ils publient
régulièrement des rapports étudiant l'évolution du
réchauffement climatique.
Selon le GIEC (1995), ce changement climatique s'accompagnerait
:
- d'une perturbation du cycle de l'eau,
- d'une augmentation de la fréquence et de
l'intensité des catastrophes naturelles d'origine climatique
(sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones),
- d'une menace de disparition de certains espaces
côtiers, en particulier les deltas, les mangroves, les récifs
coralliens, les plages d'Aquitaine, etc.
- d'une diminution de 17,5 % de la superficie
émergée du Bangladesh, de 1 % de celle de l'Egypte,
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- favoriserait la recrudescence du paludisme, et l'extension
de maladies infectieuses comme la salmonellose ou le choléra,
- accélérerait la baisse de la biodiversité
: disparition d'espèces animales ou végétales,
Pour la France, les simulations réalisées par
les experts de Météo France suggèrent que le changement
climatique :
- réduirait le caractère tempéré du
climat avec un réchauffement moyen de l'ordre de 2° C,
Insécurité
Avant d'expliquer le concept « insécurité
» nous avions voulu tout d'abord comprendre ce qui signifie son contraire
à savoir la sécurité ; La
sécurité.
La sécurité est l'absence de danger, mais plus
généralement, il s'agit de l'impression subjective ressentie par
celui qui ne perçoit pas de danger. La sécurité et son
antonyme l'insécurité sont donc des notions subjectives.
Le besoin de la sécurité est un besoin
psychologique fondamental de l'homme. De nombreuses activités humaines
sont perturbées voire rendues impossible lorsque règne un climat
d'insécurité.
Pour nous, la sécurité est un sentiment de paix,
de quiétude, de sérénité de calme, que l'on
récent en nous et au lieu où nous sommes installé.
S'agissant de l'insécurité, nous pensons que le sentiment
d'insécurité peut être individuel ou collectif, il combine
le danger et la perception de sa gravité. Les éléments
perçus collectivement comme angoissants peuvent varier d'un pays
à l'autre d'une période à une autre, d'un segment de
population à l'autre.
Certains acteurs politiques n'hésitent pas à
jouer sur la peur collective, voire à la susciter, dans l'optique
d'assurer un pouvoir sur les populations sensibles à ce discours. Parmi
les éléments perçus comme cause
d'insécurité, et faisant fréquemment débat, les
questions de l'emploi, de retraites, de logement, de délinquance,
d'instabilité politico juridique, les problèmes de la
santé et, du terrorisme, ...
Dans notre contexte, l'insécurité ou le
sentiment d'insécurité peuvent être considères comme
des risques au même titre que le risque naturel ou technologique, les
conflits armés, à ce titre, certaines études vont tenter
de réaliser une cartographie de l'insécurité. Cette
approche s'entend surtout dans le cadre de l'insécurité en milieu
urbain et confirmé au recensement des lieux ou le sentiment
d'insécurité et, ou les «incivilités » ont soit
le plus de chance d'arriver soit arrivé le plus souvent.
Insécurité alimentaire
L'insécurité alimentaire désigne la
situation des populations qui sont en deçà du seuil requis pour
s'alimenter à partir de leur propre production et/ou de leur revenu
annuel et qui sont obligées de consommer leur épargne, parfois de
vendre leurs moyens de production ou de solliciter la solidarité (CILSS,
2004). Elle regroupe donc l'ensemble des situations où les populations
souffrent ou risquent de souffrir des manifestations de la faim. Il existe deux
types d'insécurité alimentaire, l'une chronique et l'autre
temporaire. Le premier type caractérise les individus et les groupes qui
souffrent en permanence d'une alimentation déficiente. Ils ne peuvent
satisfaire leurs besoins nutritionnels de manière continue. Ces
individus et ces groupes ne peuvent produire ou acheter les denrées dont
ils ont besoin, ni en quantité ni en qualité suffisante.
L'insécurité temporaire traduit une impossibilité pour les
individus et les groupes de satisfaire momentanément leurs besoins
nutritionnels. L'instabilité de leur production ou des prix en est
très souvent la cause principale.
Nomadisme
Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le
déplacement ; il est par conséquent un mode peuplement.
La quête de nourriture motive les déplacements
des hommes : une économie de cueillette de chasse et de pêche peut
en être à l'origine, mais les plus grandes sociétés
nomades pratiquent l'élevage pastoral, où la recherche des
pâturages et le déplacement des animaux fondent la mobilité
des hommes.
Le nomadisme dans notre cas est associé à une
organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues
appellent « une société segmentaire »,
c'est-à-dire une société structurée en lignage,
clans, tribus et éventuellement confédérations tribales :
de nos jours, seul ce type de société pratique une
économie nomade ou semi-nomade chez nous.
Pastoralisme :
Le pastoralisme est un mode d'exploitation fondé sur
l'élevage extensif intégrant les systèmes où les
déplacements d'animaux et/ou d'hommes sont importants : nomadisme,
transhumance, semi-transhumance.
Semi-transhumance :
La semi-transhumance est un système de production dans
lequel une partie de la famille et/ou du bétail est mobile de
façon saisonnière et l'autre partie, sédentaire, cultive
dans une des bases saisonnières.
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Transhumance :
La transhumance est un mode d'élevage avec migration
saisonnière des troupeaux. Le système est très mobile et
il y a retour à des bases saisonnières chaque année. Les
éleveurs ont une résidence permanente. Le calendrier et les
itinéraires sont réguliers. Les déplacements, le plus
souvent prévisibles dans leurs grandes lignes, sont calqués sur
les saisons et se font vers des pâturages connus.
Agro-éleveur :
L'agro-éleveur est un agriculteur qui pratique aussi
l'élevage.
Agropasteur :
L'agropasteur est un agriculteur qui élève du
bétail par tradition et dont les pratiques, dans le domaine des animaux,
s'apparentent à celles des pasteurs, comme pour la transhumance.
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Revue de la littérature :
De nombreuses études ont produit des grilles des
menaces sécuritaires potentielles liées aux changements
climatiques ; d'où parfois la difficulté de se retrouver dans ces
études. Leur diversité tant dans l'approche que dans les chaines
de causalité mises en avant illustrent à elle-seule la
difficulté et l'ambigüité de l'exercice. Comme le soulignent
d'ailleurs H. Buhaug, N.P. Gleditsch et O.M. Theisen (2008), la nature
subjective du jugement d'un État sur les atteintes à sa
sécurité nationale ouvre la voie à diverses
interprétations.
Selon une étude du GIZ (???), l'économie du Mali
repose essentiellement sur l'exploitation des ressources naturelles. La
croissance démographique et les contraintes climatiques, au premier rang
desquelles les sécheresses à répétition, ont
entraînés une surexploitation et une dégradation de ces
ressources, surtout au niveau local. Fait aggravant, le Mali figure parmi les
pays les plus vulnérables aux changements climatiques, dont les effets
accélèrent ce phénomène de dégradation.
Aussi, selon toujours cette étude du GIZ les effets des changements
climatiques se manifestent surtout au plan local, étant donné que
la population malienne dépend fortement du secteur agricole et de
l'exploitation des ressources naturelles pour assurer sa subsistance. Elles
affectent ainsi les activités de subsistance et l'économie locale
et par conséquent, l'adaptation aux changements climatiques au niveau
local et communal est d'une importance cruciale.
Et de ce fait, selon plusieurs spécialistes des
questions climatiques et sécuritaires, l'intégration des enjeux
climatiques ainsi que des mesures d'adaptation dans le processus de
planification permet de réduire la vulnérabilité de la
population locale aux changements climatiques et contribue en même temps
à un développement durable qui apporte souvent la
sécurité des personnes contre la faim et la malnutrition et
permettra la stabilité et la cohésion sociale entre les
communautés.
Selon plusieurs études, les modes d'exploitation non
durable des ressources naturelles au Mali et la pression démographique
accrue ont entrainé leur dégradation à grande
échelle. Par exemple, la perte annuelle de superficies
forestières est estimée à environ 100 000 hectares par le
ministère malien de l'Environnement et de l'Assainissement (MEA). La
dégradation des terres constitue également un grand
problème pour l'écologie et l'économie du pays. Les
coûts en résultant se situeraient entre 20,9 et 26,5 % du PIB (MEA
s.d.).
Le Mali étant un pays sahélien, les contraintes
climatiques y constituent une préoccupation majeure pour le
développement socio-économique, surtout en milieu rural.
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En effet, le Mali est caractérisée par une forte
variabilité aussi bien spatiale que temporelle des paramètres
climatiques, notamment des précipitations.
Selon toujours l'étude du GIZ, cette situation
entraîne fréquemment des déficits pluviométriques
récurrents, qui se traduisent souvent par des sécheresses.
Le Mali a connu cinq épisodes majeurs de
sécheresse de 1970 à nos jours et se caractérise depuis
par des conditions climatiques sévères.
Selon une étude du MEA datant de 2011, le
déficit pluviométrique et l'augmentation de la température
constituent des facteurs supplémentaires de stress pour les
écosystèmes et les systèmes socio-économiques qui
entrainent la dégradation des ressources naturelles, comme les terres
agricoles et les ressources pastorales. L'insécurité alimentaire,
qui concerne aujourd'hui environ 15 % de la population, risque ainsi de
s'accentuer.
De ce fait, selon l'Agence de l'environnement et du
développement durable (AEDD) et la coopération allemande (GIZ),
le Mali figure ainsi parmi les pays particulièrement vulnérables
aux changements et à la variabilité climatiques. Cela concerne
surtout le niveau rural, où la dégradation des terres et des
ressources naturelles ainsi que la pauvreté figurent parmi les facteurs
qui font que la population est particulièrement touchée par ces
phénomènes.
Le changement climatique pourrait affecter l'agriculture dans
certaines régions compte tenu de sa dépendance du climat et des
conditions naturelles (FAQ, 1997). C'est ainsi que l'accélération
des changements climatiques qui pourrait se traduire en un nombre croissant
d'inondations, de sécheresses ou d'ouragans conduirait à
d'énormes pertes de terres cultivables (Swarup, 2009. En Afrique,
l'agriculture sera affectée par des changements de température et
l'augmentation de CO2 (Bals et al, 2009) ainsi que par la grande
variabilité intra-annuelle de la répartition des pluies (Janin,
2010).
La plus grande inquiétude, c'est l'ampleur et le rythme
auxquels ces changements se produisent (GIEC, 2007).
Par ailleurs, selon certaines prévisions, d'ici
à 2020, les récoltes issues de cultures pluviales pourraient
diminuer de 50% dans certains pays (Lung'ahi et al., 2009).
D'autres prévoient pour la deuxième
moitié du 21ème siècle, des rendements en déclin
à cause de températures trop élevées (Esther et
al., 2009). Cela causera dans le même temps une baisse de la production
mondiale de céréales de 1 à 7% d'ici 2060 (Care, 2011).
Cette baisse sera encore plus sévère si le réchauffement
de la planète dépasse 2 °C (PNUD, 2010). Dans leur
étude, R. Kaplan (1994) parle de migrations massives
dégénérant en conflits le plus souvent en conflit en
raison de la déforestation et de l'érosion,
d'épidémies ou encore de réduction d'eau.
19
Thomas Homer-Dixon quant à lui, énumère
les impacts sécuritaires du changement climatique : génocide,
guérillas, insurrections, terrorisme. Les thèses de GIEC, AR4
sont plus modérées dans leurs analyses ; elles insistent
seulement sur les relations du changement climatique avec les composantes
sociétales et les retombés sécuritaires. Parmi les
résultats du GIEC, H. Buhaug et al. s'attardent sur trois processus au
travers desquels le changement climatique peut conduire à
l'instabilité sociale et au conflit :
- augmentation du niveau des océans,
- rareté des ressources et désastres naturels, et
ce par le biais de trois risques que sont :
- destruction d'infrastructures, risques sanitaires et perte des
moyens de subsistance.
Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l'échelle
d'adaptabilité, fonction de la soudaineté de
l'événement climatique et du contexte des pays affectés,
un critère majeur dans la capacité de réponse à une
situation conflictuelle. Cet argument est notamment développé par
Homer-Dixon et est repris dans notre développement.
Les travaux de H. Buhaug et al. s'intéressent plus
particulièrement aux conflits armés et leurs conclusions
appellent à une grande précaution dans l'établissement de
liens entre ces derniers et le changement climatique notamment par manque de
recul et de données statistiques allant dans ce sens. Par exemple, un
graphique mettant en parallèle la température et le nombre de
conflits armés montre depuis les années 90, une montée de
la première variable et une baisse de la seconde. L'analyse
proposée sur la zone sahélienne étudie des
événements sécuritaires autres que les conflits
armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions
frontalières, les coups d'Etat, les crises humanitaires et
alimentaires.
H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans
les mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la
montée des océans, aggravation de rareté des ressources et
l'intensification des désastres naturels. Les risques associés
à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation
du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance. Nous retenons
également ces trois risques dans notre analyse en faisant
l'hypothèse qu'ils puissent mener à des tensions sans toutefois
dégénérer en conflit armé.
Le rapport Solana de mars 2008 établi à
l'attention du Conseil européen aborde les menaces liées au
changement climatique en termes de sécurité internationale et non
plus seulement nationale (avec des incidences directes sur les
intérêts européens). Il détermine sept menaces
liées au changement climatique, en précisant qu'elles ne
dégénèrent pas nécessairement en conflit
armé : Conflit lié aux ressources ; Préjudice
économique et risque pour les villes côtières et les
infrastructures essentielles ; Perte de territoire et litiges frontaliers ;
Migrations dues à des
20
facteurs environnementaux ; Situations de fragilité et
radicalisation ; Tensions liées à l'approvisionnement
énergétique ; Pression sur la gouvernance internationale. Le
changement climatique est posé comme un multiplicateur de menaces qui
« renforce les tendances, tensions et instabilités existantes
».
Ces menaces ou « formes de conflit » couvrent
l'ensemble des pays. Les enchainements proposés pour expliquer les
impacts du changement climatique sur les menaces, s'articulent autour de trois
paramètres : la montée des océans,
l'élévation des températures et les désastres
naturels. Dans de nombreux cas, des variables environnementales
dépendantes du changement climatique sont mis en avant comme facteurs
d'influence sur les menaces (désertification, baisse des réserves
en eau..). Une première lecture du rapport Solana ne renseigne pas sur
les études prospectives ou rétrospectives, études de cas
ou statistiques qui auraient conduit à l'identification des menaces.
Bien que le changement climatique soit un vecteur récent, un certain
nombre des paramètres climatiques et/ou environnementaux mis en avant
comme conséquences du changement existent déjà depuis un
moment.
L'Afrique est mise en avant comme l'un des continents les plus
vulnérables et donc susceptibles de provoquer une
insécurité grandissante à l'échelle internationale,
avec le changement climatique. Les réponses proposées par le
rapport Solana abondent donc dans ce sens. Buhaug et al. décryptent
également à travers une grille de facteurs socio-politiques
communément reconnus comme facteurs déclencheurs de conflits, les
trois principaux effets du changement climatique seuls ou combinés. Les
auteurs s'appuient sur de nombreuses sources dans leurs démonstrations
qui restent essentiellement théoriques et peu illustrées, et font
apparaître les mécanismes intermédiaires à travers
lesquels les variables environnementales ont un impact sur la
sécurité. Ainsi le facteur socio-politique désigné
par `pauvreté et instabilité politique' est affecté
à travers l'insécurité alimentaire et la perte des moyens
de subsistance.
La multitude de dynamiques intervenant dans le lien entre
changement climatique et sécurité et la nature de leurs relations
(causales, réciproques, associées, etc..) compliquent toutes
projections et scénarios. De plus, la menace sécuritaire
liée au changement climatique dépend fortement des
spécificités propres à chaque pays et d'autres facteurs
contextuels. Les relations particulières entre ces variables constituent
autant de catalyseurs de crises possibles qu'il existe d'environnements
climatiques et socio-économiques différents. En analysant les
mécanismes de certains événements sécuritaires de
la zone sahélienne et leur correspondance avec des chocs climatiques
tels qu'une sécheresse, notre analyse tente de proposer un moyen
d'élargir le spectre
21
des recommandations prenant en compte des
préoccupations aussi bien sécuritaires qu'environnementales aux
pays de l'UE, au-delà de celles contenues dans le rapport Solana.
L'objet de la prochaine partie est d'identifier à
partir d'exemples sahéliens si l'on parvient à des conclusions
autres que celles des théories de la sécurité
environnementale qui bien que mettant en avant des interactions relativisent
ces dernières et leur degré. Dans leur étude, R. Kaplan
(1994) parle de migrations massives dégénérant en conflits
en raison de la déforestation et de l'érosion,
d'épidémies ou encore de réduction d'eau. Thomas
Homer-Dixon énumère les impacts sécuritaires du changement
climatique : génocide, guérillas, insurrections, terrorisme. Les
thèses de GIEC, AR4 sont plus modérées ; elles insistent
sur les relations du changement climatique avec les composantes
sociétales et les retombés sécuritaires.
Parmi les résultats du GIEC, H. Buhaug et al.
s'attardent sur trois processus au travers desquels le changement climatique
peut conduire à l'instabilité sociale et au conflit :
augmentation du niveau des océans, rareté des ressources et
désastres naturels, et ce par le biais de trois risques (destruction
d'infrastructures, risques sanitaires et perte des moyens de subsistance).
Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l'échelle
d'adaptabilité, fonction de la soudaineté de
l'événement climatique et du contexte des pays affectés,
un critère majeur dans la capacité de réponse à une
situation conflictuelle.
Cet argument est notamment développé par
Homer-Dixon et est repris dans notre développement. Les travaux de H.
Buhaug et al. s'intéressent plus particulièrement aux conflits
armés. Leurs conclusions appellent à une grande précaution
dans l'établissement de liens entre ces derniers et le changement
climatique notamment par manque de recul et de données statistiques
allant dans ce sens. Par exemple, un graphique mettant en parallèle la
température et le nombre de conflits armés montre depuis les
années 90, une montée de la première variable et une
baisse de la seconde.
L'analyse proposée sur la zone sahélienne
étudie des événements sécuritaires autres que les
conflits armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions
frontalières, les coups d'Etat, les crises humanitaires et alimentaires.
H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans les
mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la
montée des océans, aggravation de rareté des ressources et
l'intensification des désastres naturels. Les risques associés
à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation
du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance.
Nous retenons également ces trois risques dans notre
analyse en faisant l'hypothèse qu'ils puissent mener à des
tensions sans toutefois dégénérer en conflit
armé.
Chapitre 2 : Présentation de l'objet
d'étude
Les Kel Tamacheks1, comme ils s'appellent
eux-mêmes, sont présents dans cinq pays africains;
l'Algérie, la Libye, le Niger et le Burkina Faso et le Mali qui nous
intéresse ici (voir carte n°22). Ils sont estimés environ
à 2000 0000 d'individus dont près de 900.000 au Mali. Quatre
confédérations étaient et sont encore présentes au
Nord du Mali, malgré la volonté des différents pouvoirs
publics de voir cette forme d'organisation disparaître.
Il s'agit des Kel Adrar ou Kel Adagh (dans la région
administrative de Kidal), la branche Kel Ataram des Iwellemmeden dans la zone
de Ménaka, (la région administrative de Gao), notamment les Kel
Antessar ou Kel Ansar (dans la région administrative de Tombouctou)
ainsi que les Tademakkat (Tinguereguef) également dans la région
de Tombouctou. Les relations forgées au fil des siècles au sein
de ces confédérations, influencent encore aujourd'hui la vie et
les pratiques des populations Touarègue(Tamacheks).
Carte1 : Espace Touaregs (source :B. Dupuis , A. Saint Girons
)
Dans notre commune expérimentale comme dans tout le
Nord du Mali, les Tamacheks sont constitués de deux rameaux une de race
blanche et l'autre de race noire.
22
1 Le terme « Kel-Tamacheq » ou Tamachek en
Français regroupe les groupes ethniques qui parlent la langue
tamachèque celle des Tamacheks (littéralement « ceux venant
des Tamacheqs »), c'est à dire aussi bien les Tamacheks (fraction
blanche) que les Eklans (fraction noire anciennement asservie aux fractions
touarègues). Dans le reste du document, nous confondrons les termes
« Kel-Tamacheq », « Tamacheq », et Tamachek.
23
Ils sont essentiellement éleveurs de bovins, d'ovins,
de caprins et de chameaux. La majorité des Tamacheks menaient
traditionnellement une vie de nomade dans les zones exondées, autour des
points d'eau permanents (puits, mares pérennes et semi permanentes). Ils
sont aujourd'hui de plus en plus agriculteurs du fait des difficultés de
l'élevage suite aux différentes sécheresses.
Les aléas climatiques pluviométriques les
contraignent parfois à descendre jusqu'aux rives du fleuve pour
exploiter le pâturage aquatique et pour avoir de l'eau, surtout pendant
les périodes de grandes chaleurs. Quant aux Tamacheks de race noire,
ceux qui ne sont pas éleveurs s'adonnent à toute sorte
d'activité: agriculture, élevage, pêche, exploitation du
domaine forestier, artisanat, manutention... Selon l'activité principale
qu'ils mènent, ils sont sédentaires, semi sédentaires ou
nomades. Les Tamacheks sont présents partout dans la région de
Tombouctou. Pour répondre aux différentes sécheresses, ils
ont créé plusieurs sites de fixation, où ils commencent
à pratiquer une vie de semi-sédentaires avec des écoles et
des centres de santé où se retrouvent les familles d'une
même fraction ou souvent de plusieurs.
Qui sont les Touaregs ?
Le nom de Touareg est d'origine arabe et inconnu de ceux qu'il
désigne : de ce fait, c'est un terme devenu français. Les
Touaregs se désignent eux-mêmes comme Kel tamasheq, « ceux
qui parlent la langue touarègue », montrant ainsi que leur
dénominateur commun est une même culture et avant tout un
même langage. Les Touaregs occupent un territoire immense qui joint le
Maghreb à l'Afrique noire et qui traverse le Sahara en s'appuyant sur
des massifs montagneux où l'altitude corrige les effets de la latitude
et permet la vie, grâce à des ressources hydrauliques et
végétales absentes des déserts environnants : ce sont le
Tassili des Ajjer, l'Ahaggar, l'Aïr et l'Adrar des Ifoghas.
Ainsi, les Touaregs sont-ils dispersés dans de nombreux
États - Libye, Algérie, Mali, Niger, Burkina Faso - avec quelques
petites communautés au Tchad et en Nigeria.
Leur poids démographique est surtout important au Niger
et au Mali, c'est-à-dire au sud du Sahara. Ce sont les étrangers
qui leur ont donné le nom « Touareg » à ces hommes du
désert. Il signifie « les abandonnés » « les
errants ».
A l'époque des explorateurs, avant le début de
la colonisation par la France au 19e siècle, on les surnommait aussi
"les seigneurs du désert". Leur nom véritable c'est
«Imuhar» qui signifie « Hommes libres ».
24
25
Les Touaregs sont des Berbères, peuple qui habite
l'Afrique du nord depuis la préhistoire. Ils sont environ 1,3 million,
divisés en tribus, chacune sous la conduite d'un chef, l'Amenokal, qui
est élu après de longues journées de palabres. Pendant des
centaines d'années, les Touaregs furent les maîtres
incontestés des routes commerciales du Sahara, ce qui leur procurait
profit et autorité.
Mais bientôt les caravanes de chameaux qu'ils emmenaient
de part et d'autre des déserts africains disparurent avec l'apparition
des pistes et des voitures : transporter des marchandises à dos de
bête devint vite obsolète et inefficace. Peu à peu, ces
nomades se sont sédentarisés, se fixant à proximité
du pâturage ou se faisant embaucher, plus ou moins provisoirement dans
les chantiers de prospection pétrolière ou minière.
Obligés de se spécialiser dans l'agriculture et l'élevage
pour survivre, ils vivent en général dans les montagnes. La
gestion des pâturages, rares, implique des déplacements
fréquents.
L'identité Touarègue est très forte, et
leur civilisation et leurs coutumes les distinguent très nettement des
autres peuples d'Afrique. Ce sont avant tout des guerriers, les
véritables maîtres du désert avec leur hardiesse
légendaire qui n'avait pas d'égale. Les Touaregs s'étaient
taillés à la pointe de la lance et de l'épée une
fâcheuse réputation et ils avaient su inspirer la terreur à
tout le Sahara.
Ils habitent des tentes qui, à l'origine,
étaient en peau de chameau. Qu'ils soit sous la tente ou au-dehors,
l'homme Touareg garde son voile. Le « Eguewid » ou «
taguelmoust», un tissu imbibé d'indigo et mesurant jusqu'à
15 mètres de long dissimule ses cheveux, sa bouche, son nez et
même ses yeux sont noircis avec du « sadj-ni », du noir. Le
chèche peut être de différentes couleurs, rouge, jaune ou
vert, et aussi de deux couleurs qui ont une signification spéciale : le
blanc en signe de respect, et l'indigo de lin pour les jours de fête et
quand il fait plus froid, car il est plus épais que le coton. Chaque
manière de le draper, plus ou moins remonté sur la bouche et le
nez, indique une attitude : respectueux, agressif, méfiant, triste,
insolent...
Pourquoi les hommes doivent-ils porter ce voile
continuellement ?
La première raison invoquée a trait aux mauvais
esprits, risquant d'entrer par les orifices du nez ou de la bouche. La
deuxième : pour se protéger du sable lors des tempêtes.
Peuples de nomades, les femmes se déplaçaient avec leur mari et
se protégeaient également le visage lors des tempêtes,
toutefois la tempête passée elles se découvraient. Quant
à l'homme il n'enlève jamais son voile, lorsqu'il mange ou boit
il glisse la main sous son voile.
La troisième explication c'est que le «
taguelmoust » cache le visage des hommes devant leur ennemis, afin qu'ils
ne soient pas reconnus.
Mais pourquoi le portent-ils continuellement et ne le quittent
que pour dormir ?
Le voile, l'élément le plus intrigant de ce
climat de légendes qui entoure ce peuple de nomades, est un signe de
respect envers les femmes. C'est surtout devant elles qu'il est impoli,
irrespectueux voire honteux de se dévoiler.
Les Touaregs sont dans l'ensemble peu arabisés : la
femme jouit d'un statut privilégié et bénéficie
d'une autonomie et d'une écoute particulière au sein de la
société.
La filiation s'établit par les femmes, et l'enfant
appartient à la tribu et à la classe sociale de sa
mère.
Une grande liberté semble exister entre les sexes et
les réunions poétiques et musicales sont l'occasion de rapports
très libres entre hommes et femmes. La majeure partie des Touaregs est
monogame et chaque futur marié doit apporter une dot composée de
dromadaires et de boeufs à la famille de la mariée. La tente et
son ameublement est fournie au couple par la famille de la mariée, cette
dernière en gardera la propriété en cas de divorce
laissant son ex-mari sans toit.
Le statut de la femme Touareg est unique au
monde.
Les hommes Touareg réservent à la femme une
place d'honneur. Alors que les femmes sont, en général plus ou
moins maltraitées et exploitées dans le monde, chez les Touaregs,
tout au contraire, elles tiennent un rôle privilégié,
unique par rapport à l'homme. Très respectée dans cette
société matriarcale, le pouvoir, est toutefois exercé par
l'homme et se transmet de façon matrilinéaire.
Le statut de la « Targuia » lui assure d'être
libre, libre comme l'air, libre de choisir son mari et de disposer de ses
biens. Monogame depuis toujours (ce serait une humiliation pour une femme de
partager son mari), l'homme touareg ne se contente pas d'aimer et de
chérir son épouse, il l'admire. Ce respect empreint d'admiration
que les hommes Touaregs vouent à leurs compagnes ne se retrouve dans
aucune autre civilisation moderne ou ancienne.
« Moi, fils du désert, et frère du
chameau, Le manque est ma patrie et l'espérance est ma gloire, Et le
monde des apparences me donne la nausée et des vertiges qui me tournent
le coeur ». Poème de SOUELOUM DIAGHO,
Poète touareg
Chapitre 3: Présentation générale
de notre zone d'étude
3.1 Localisation du Sahel
Carte n°2: Carte du Sahel (AG Dalla. O et
B. Dupuis, 2011)
La ceinture sahélienne recouvre, entièrement ou
en partie, les pays suivants :le Sénégal, le sud de la
Mauritanie, le Mali, l'extrême sud de l'Algérie, le nord du
Burkina Faso, le Niger, l'extrême nord du Nigeria, le centre du Tchad, le
centre du Soudan (notamment le Darfour et le Kordofan), le Cap-Vert. On y
ajoute parfois l'Éthiopie, l'Érythrée, Djibouti, la
Somalie et le Kenya.
Mais, la région géographique formée par
le Sahel ne s'enferme pas seulement dans des frontières
étatiques, les pays sahéliens s'inscrivent aussi dans un
mouvement général d'intégration au sein de l'espace
CEDEAO2 (hormis pour le Tchad et la Mauritanie, respectivement
insérés dans l'espace
26
2 La Communauté Économique Des
États de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO) est une
Organisation intergouvernementale ouest africaine créée le 28 mai
1975.Elle est la principale structure destinée à coordonner les
actions des pays de l'Afrique de l'ouest.
CEMAC3 et
UMA4). C'est pourquoi, le terme "Sahel" aujourd'hui
s'applique aussi bien à une zone agro-climatique qu'à une
entité `'géopolitique».
D'un point de vue climatique, le Sahel est
défini5 comme étant la zone comprise entre les
isohyètes 200 et 600 mm (parfois 150 et 500 mm). Cette bande traverse
six pays : la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso,
le Niger et le Tchad. Elle effleure le Nord Nigeria et le Nord Cameroun.
Politiquement, la zone comprend un certain nombre
d'États couramment appelés "sahéliens", regroupés
au sein d'une organisation commune : le CILSS6 (Comité
Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) qui comprend
neuf États membres : Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie,
Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad.
Mais le Sahel ne recouvre généralement qu'une partie du
territoire de ces États et le Soudan ne fait pas partie de ce
Comité.
3.1.1 Peuplement
Le Sahel est passé de 17 millions d'habitants en 1950
à 81 millions en 2012 ( à réactualiser ), soit une
multiplication par 5 en 60 ans. Les projections moyennes de (G. F. Dumont,
2010) font état de 117 millions d'habitants prévisibles en 2025,
puis 208 millions en 2050. Il conviendra d'examiner le fort accroissement de
cette population dans les prochaines décennies. On caractérisera
ici la population sahélienne à travers cinq pays à savoir
le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Soudan.
Dans leur généralité ces pays
présentent un peuplement très peu dense, de moins de 11
habitants/km2 et fortement diversifié au total. Ces densités
varient selon les territoires des pays, certains ayant de vastes espaces
où la densité peut être très faible.
27
3 La Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale(CEMAC) est une
organisation internationale regroupant 06 pays d'Afrique centrale (Cameroun,
Centrafrique, Congo( Brazzaville) Gabon Tchad et Guinée Equatoriale
)créée pour prendre le relais de l'Union douanière et
économique de l'Afrique centrale (UDEAC). Le traité instituant la
CEMAC a été signé le 16 mars mars 1994 à N'djamena
( Tchad) est entré en vigueur en juin 1999. Son siège est
à Bangui (République centrafricaine.)
4 L'Union du Maghreb (UMA) désigne
l'organisation économique et politique formée par les cinq pays
du Maghreb arabe à savoir l'Algerie, la Libye, le Maroc, la Tunisie
ainsi que la Mauritanie et dont le siège du secrétariat
général est situé au à Rabat (Maroc)
5 Cette définition donnée par
http://www.oecd.org/dataoecd/22/8/38410487.pdf
est en fait supposée être la zone fragile du Sahel
6 Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la
Sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été créé
le 12 septembre 1973 à la suite des grandes sécheresses qui ont
frappé le Sahel dans les années 70. Il regroupe de nos jours
treize (13) États membres dont : 8 États côtiers
(Bénin, Côte d'ivoire, Gambie, Guinée,
Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal, Togo) ; 4 États
enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad) et 1 État insulaire
(Cap Vert). (
http://www.cilss.bf/spip.php?rubrique1)
28
Les cinq pays en question se caractérisent par une
forte croissance démographique naturelle, partout supérieure
à 2% par an, et même à 3% au Mali et au Niger, selon les
estimations de l'année 2008, soit des taux nettement plus
élevés que la moyenne mondiale (1,2%).
Cette croissance démographie naturelle s'explique
essentiellement par une fécondité élevée, allant de
4,5 enfants par femme au Soudan à 7,6 au Niger. A titre d'exemples dans
un rapport publié par la FAO en 2005, il ressort qu'avec 6,54 enfants
par femme, le Mali possède l'un des taux de fécondité les
plus élevés au monde. La croissance très rapide de sa
population constitue un problème fondamental pour l'amélioration
du niveau de vie des Maliens.
Fig. n°1 : Évolution de la
démographie au Mali entre 1961 et 2003 (FAQ, 2005 en milliers
d'habitants).
Toutefois, les effets de la fécondité sur la
croissance démographique sont limités par des taux encore
très élevés de mortalité infantile, allant de 77
décès d'enfants de moins d'un an pour mille naissances en
Mauritanie à 106 au Tchad. En conséquence, l'espérance de
vie à la naissance est faible, parfois supérieure à la
moyenne de l'Afrique subsaharienne (50 ans) comme en Mauritanie (60 ans),
parfois inférieure, comme au Tchad (47 ans).
3.1.2 Cadre physique et climat
Je limiterais ici l'étude du cadre physique au climat
et à l'hydrographie qui sont directement liés à la vie
économique des populations du Sahel.
La zone sahélienne étudiée connaît
un climat tropical à deux saisons contrastées: une courte
saison7 des pluies irrégulières dans l'espace et dans
le temps et une longue saison sèche de 10 à 11 mois (au-dessous
du seuil de 100mm). Les pluies conditionnent la vie des populations et du
bétail, la survie du nomadisme.
Le Sahel est situé dans le domaine climatique de
transition compris entre les zones saharienne au nord et soudanienne au sud.
Elle est communément subdivisée en trois sous-zones :
nord-sahélienne, sahélienne typique et sud-sahélienne.
Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les
pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais
proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement
d'autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se
raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les
grands cours d'eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie,
Chari, etc.), les cours d'eau non permanents actifs pendant la saison des
pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique, est alors
variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable,
d'autant que l'évaporation est exacerbée par les
températures élevées et le vent.
3.1.3 Quelques repères historiques des crises
écologiques au Sahel
L'histoire des régions sahéliennes
révèle des crises environnementales dramatiques. De nombreuses
recherches font état de ces crises. Du 18ème au 20ème
siècle, A. M. Bonfiglioli8 a dressé un tableau
historique de principales crises écologiques survenues au sahel selon
leur nature et leur sévérité (cf. tableau n°1).
Année
|
Nature
|
Sévérité
|
1740
|
Sécheresse Famine
|
Très grave
|
1750
|
Sécheresse Famine
|
Très grave
|
1790
|
Sécheresse
|
Moyenne
|
1855
|
Sécheresse
|
Moyenne
|
1890 - 1895
|
Peste Bovine
|
Très grave
|
1900 - 1903
|
Sécheresse
|
Moyenne
|
1911 - 1914
|
Sécheresse Famine
|
Très grave
|
1931 - 1934
|
Famine
|
Très grave
|
1942
|
Sécheresse
|
Grave
|
1950
|
Sécheresse
|
Moyenne
|
1968 - 1973
|
Sécheresse Famine
|
Très grave
|
1983 - 1985
|
Sécheresse Famine
|
Très grave
|
29
7 Les caractères de la pluviométrie de
ces dernières années au sahel selon le CILSS
8 Selon cette Source il y a eu dans le sahel des
sécheresses qui ont été dévastatrices, car
accompagné de famines et de maladies endémiques surtout des
populations pastorales qui ont perdu de la quasi-totalité de leur
cheptel a
fig2: Les principales catastrophes écologiques au Sahel
(XVIIIème - XXème siècles) : Source : Initiation aux
sociétés pastorales sahéliennes. N°1. La vie
pastorale au Sahel. Dakar, ENDA. A. M. Bonfiglioli (sans date).
Dans le cadre de notre recherche documentaire, des
informations non exhaustives, tirées des archives de la période
coloniale, font également référence à diverses
crises ayant profondément marqué la vie des populations locales.
Parmi elles, on relève la récurrence des sécheresses
souvent conjuguées ou alternées avec d'autres crises notamment
les épidémies animales ou les invasions acridiennes (cf.
fig3).
Année
|
Nature de l'aléa
|
Dommages
|
Zone touchée
|
Source
|
1891 - 1893
|
Peste bovine
|
Non évalués
|
Tout le Sahel
|
GALLAIS citant
MALFROY
|
1892
|
Epidémie animale
|
Non évalués
|
Tombouctou
|
Mohamed BEN
SAID
|
1894
|
Sécheresse
|
Non évalués
|
Tombouctou
|
Du Commandant Supérieur
Tombouctou au
Gouverneur de
Kayes.
|
1899
|
Sécheresse
|
Disette de grains
|
Haoussa du
Cercle de Gao
|
Rapport général sur la politique du cercle
|
1902
|
Grande sécheresse
|
Seulement 6 ou 7 chutes de pluies
|
Cercle de Gao
|
Capitaine LACROIX
|
1903
|
Moyenne Sécheresse
|
Une vingtaine de chutes de pluies. Grande partie du mil
planté a séché sur pieds sans arriver à la
maturité.
|
Cercle de Gao
|
Capitaine LACROIX
|
1913
|
Epidémie de
péripneumonie
|
Non évalués
|
Sud du cercle de
Tombouctou.
|
Télégramme officiel Région Tombouctou
|
1913 - 14
|
Sécheresse extrême
|
Famine dont semblable jamais vu depuis près de 100 ans a
fait périr quantité de personnes.
|
Toute la Région de Tombouctou
|
Rapport de mission
DEMARET.
|
1915 - 1917
|
Peste bovine
|
|
Tout le Sahel Ouest
|
GALLAIS citant
MALFROY
|
1919 - 1920
|
Peste bovine
|
|
Tout le Sahel
|
Ouest.
|
1926
|
Sécheresse
|
Récolte déficitaire
|
Soudan
|
Direction Affaires
économiques.
|
1937
|
Epidémie animale
|
Décimation des
troupeaux
|
Nord de Bourem et de Kidal, canton de Bamba, Ménaka et
Ansongo.
|
Rapport économique 1er trimestre, cercle de Gao.
|
1940
|
Insuffisance notable de pluies
|
Déficit des
récoltes.
|
Cercle de Gao
|
|
1955
|
Sécheresse extrême
|
Mares et puisards asséchés
prématurément et les pâturages très insuffisants.
Nombreux nomades déclarent ne pas avoir le souvenir d'une année
aussi mauvaise.
|
Cercle de Gao
|
Rapport politique 1956 du Commandant du Cercle de Gao. R.
GOUTAL.
|
1958
.
|
Invasion acridienne
|
Ampleur jamais connue depuis 6 ans Sur les rives
et dans l'hinterland, on voyage au milieu des criquets et des
sauterelles de tous les âges
|
Cercle de Gao.
|
Bulletin mensuel R. GOUTAL
|
fig n°3 : Quelques crises
écologiques de la période coloniale (Source: (Mohamed Gareyanne
Lyon3, 2008)
3. 3 Présentation des régions du nord du
Mali
Pour mieux cerner la problématique de notre
étude, il est important de présenter un aperçu du contexte
historico-géographique et socio-économique de notre zone
d'expérimentation.
Les régions du nord du Mali couvrent une superficie
totale de 934.641 km2 avec une population de 1.097.799 habitants. Il s'agit des
6ème, 7ème et 8ème régions administratives du Mali,
(Tombouctou, Gao et Kidal), qui résultent de nombreux découpages
et remaniements territoriaux opérés depuis la période
coloniale. La plus vaste est la région de Tombouctou avec 497.926
km2, soit 40,12% du territoire national. Sous la première
République du Mali (1960-1968), les régions septentrionales
étaient toutes regroupées sous le nom de Région de Gao.
A partir de 1977 la région de Gao fut
subdivisée9, en régions de Tombouctou et Gao. La
région du Kidal quant à elle fut créée10
le 08 aout 1991 sous la transition du CTSP (Comité de Transition pour le
Salut du Peuple) issu du renversement du General Moussa Traoré par le
Président Amadou Toumani Touré (ATT).
Ces régions sont limitées au nord par la
République d'Algérie, au sud par la région de Mopti,
à l'ouest par la République Islamique de Mauritanie, à
l'est par le Niger. Administrativement ces régions comptent 13
cercles11, quatre dans les régions de Kidal et Gao et cinq
pour la région de Tombouctou (voir Tableau n°3 et carte
n°8).
32
9 Ordonnance N° 77-44/CMLN portant
réorganisation territoriale et administrative de la République du
Mali
10 Ordonnance N° 91-039/P-CTSP déterminant
les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales
de la République du Mali qui abroge l'ordonnance N° 77-45/CMLN du
12 juillet 1977
11 Le cercle étant la deuxième niveau
des entités administratives après la région (
équivalent de la préfecture de la préfecture )
Carte n°3: Régions administratives
de notre zone d'étude (AG Dalla O et B. Dupuis ,2010)
Le 14 décembre 2011, suite à des pressions
politico-sociales de la part des leaders communautaires, des élus locaux
et des députés du nord du Mali, voulant plus de poids à
travers la création de nouvelles entités administratives et
politiques, le gouvernement du régime d'ATT adopte un projet de
loi12 portant création de deux nouvelles régions dans
le Nord du Mali.
Il s'agit des régions de Taoudéni
et Ménaka. Le nombre des régions au
nord du Mali est ainsi porté à cinq au lieu de trois.
L'objectif de L'Etat est aussi de créer une forme de
vie avec des infrastructures socio-économiques dans ces zones
désertiques. Ainsi l'État sera mieux représenté et
ceci lui facilitera la surveillance et la gestion de ces vastes territoires.
Cependant, le déclenchement de la guerre survenue au nord du Mali en
janvier 2012 et le coup d'Etat militaire du 22 mars 2012 n'ont pas permis la
mise en oeuvre de ce projet qui est jusqu'ici suspendu.
Les régions du septentrion malien sont à la
lisière méridionale du Sahara dans la zone
sahélo-saharienne et géographiquement situées entre les
latitudes 15° et 25°. Les phénomènes liés
à la sécheresse ont considérablement affecté les
activités agro-agricoles en diminuant périodiquement les surfaces
traditionnellement inondables; par exemple les terres inondables du Delta du
fleuve Niger sont passées de 30.000 Km2 en 1960, à
5.000 Km2 en 198013. Malgré la présence du
fleuve Niger qui traverse deux de ces trois régions (Gao et Tombouctou),
les régions du Nord présentent des contraintes physiques alliant
l'aridité des sols à une désertification et à un
ensablement qui limitent pratiquement l'espace vital à la seule
vallée dudit fleuve.
Regions
|
Cercles
|
Tombouctou
|
Diré, Goundam, Gourma-Rharous, Niafunké et
Tombouctou
|
33
12 Conseil des Ministres du 7 Décembre 2011
http://www.journaldumali.com/article.php?aid=3960
13 Selon le rapport qui est rédigé par
Abdoulaye Bayoko du CNRST de Bamako sous la coordination de Célestin
Dembélé, chargé de programme GRN & Climat à la
Délégation Intercooperation pour le Sahel. C'est dans le cadre de
l'introduction du thème «changements climatiques» comme une
des priorités de la Délégation Intercooperation pour le
Sahel.
Ce rapport constitue une base préliminaire pour
l'élaboration de la stratégie par la fondation suisse pour le
développement et la coopération « Intercooperation » au
Sahel.
Gao
|
Ansongo, Bourem, Ménaka et Gao
|
Kidal
|
Abeibara, Tessalit, Tin-Essako et Kidal
|
fig n°4: régions et cercles du nord
du Mali , 2010
Carte n°4 Les cercles des régions et
cercles du nord du Mali(AG Dalla O. et B. Dupuis , 2011)
3.4. Présentation de notre Commune
expérimentale : Gargando
La Commune Rurale de Gargando a été
créée par la loi no 96-059 du 04/11/1996. Elle est limitée
au nord par la Commune Rurale d'Adarmalane. Au nord-ouest par la Commune Rurale
de Râz-El-Mâ. Au nord-Est par la Commune de M'Bouna. A l'est par
les communes de Télé et Goundam. A l'Ouest par la Commune Rurale
de Tilemsi et celle d'Aljounoub. Au sud-Ouest par les Communes de Djanké
et Soumpi. Au sud par la Commune de Soboundou. Au sud-Est par la Commune Rurale
de Tonka. La commune n'est pas encore délimitée à cause du
morcellement de l'ex arrondissement de Gargando en deux communes : Gargando et
Adarmalane.
carte n°5 : Commune rurale de Gargando
(Source: AG DALLA O. )
Ce village, essentiellement composé des fractions
issues de la tribu Kel Ansar (qui se revendiquent comme des descendants des
Ansar de Médine), est le village qui compte le plus de personnes
instruites Touaregs au Mali.
La communauté des ressortissants des Gargando est
largement répandue sur tout le Mali et comprend les Cherifène,
les Kel Razaf, les Idnane, les Kel Tinakawate, Kel-Tich-Ghayen, les Kel
Indierene, les Kel Emmimalane etc., bien que les limites géographiques
de la commune ne reflètent pas la réalité sociologique des
populations.
L'administration de l'État y est
représentée par le sous-préfet, la Santé par le
chef de poste médical et l'Éducation par les directeurs des
écoles. Sa population est très laborieuse et fait preuve de
beaucoup de cohésion en dépit des multiples aléas de tous
ordres. Le mouvement associatif est en plein essor mais manque cruellement de
partenaires pour financer les différentes activités. Dans les
années 1970, une partie de la population de Gargando a été
plus ou moins chassée à la faveur des réformes agraires du
lac Horo vers le Mema, ce qui disloqua des familles entières et
participa au dépeuplement de l'arrondissement.
L'élevage transhumant est la principale
activité. C'est elle qui fait vivre toute la population. Des
activités secondaires sont menées çà et là :
artisanat, petit commerce. La commune est très enclavée. Le
commerce s'effectue avec les communes voisines. Son relief est marqué
par des plaines et des dunes. Son climat se caractérise par des grands
écarts de température pouvant se situer parfois entre 9° en
hiver et 45° en été. Le vent dominant est le harmattan.
Son réseau hydrographique, alimenté par la nappe
phréatique comprend des oueds, des mares, des puits traditionnels et
quelques puits pastoraux.
2ème Partie : Cadre pratique
Chapitre 3 : Collecte et interprétation des
données
Question N°1
Que pensez-vous être à l'origine des
changements climatiques ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
Hommes de 35 ans et plus
|
45
|
45 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
37
|
37 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Dans cet
échantillon de 100 personnes, environ 95 % des personnes
interviewées affirment n'attribuer aux changements climatiques que des
causes dites « naturelles » c'est-à-dire que les mutations de
la nature sont exclusivement l'apanage de la divinité autrement dit
d'Allah l'exalté.
Question N°2
Quelle sont selon vous, les conséquences de ces
changements climatiques ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
hommes de 35 ans et plus
|
45
|
45 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
37
|
37 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Selon 90 % de nos
enquêtés, la sécheresse, les épidémies,
l'insécurité alimentaire, les fortes chaleurs, baisse des
précipitations, sous-production fourragère, la transhumance
intense de bétails vers des zones humides sont parmi les nombreuses
conséquences des changements climatiques.
Question N°3
Que croyez-vous être à l'origine des
conflits armés ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
Hommes de 35 ans et plus
|
45
|
45 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
37
|
37 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Près de 75 % de
nos interlocuteurs imputent aux conflits armés et les violences inter et
intracommunautaires à la mal gouvernance, à l'absence de l'Etat
ou à sa gestion clanique du local basée sur la discrimination
ethnique, à l'injustice sociale, à la pauvreté et aux
contentieux sociaux.
Question N°4
Quelles sont les conséquences des conflits
armés ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
Hommes de 35 ans et plus
|
37
|
37 %
|
Femmes de 35 ans et plus
|
18
|
18 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
45
|
45 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : Selon 65 % de nos
enquêtés, les exécutions extrajudiciaires, les
représailles, l'amalgame, la restriction des mouvements de
bétails, l'exil ou la précarité des conditions de vie, et
le vol de bétails sont parmi les nombreuses conséquences des
conflits armés.
Question N°5
Y-aurait-il selon vous un rapport entre les changements
climatiques et l'insécurité ?
Genre
|
Nbre Enquêtés
|
Pourcentage
|
hommes plus 35 ans
|
33
|
33 %
|
Femmes plus 35 ans
|
7
|
7 %
|
Jeunes de 18 à 34 ans
|
60
|
60 %
|
Total
|
100
|
100 %
|
Commentaire : A la question de savoir
quel est le rapport entre les changements climatiques et
l'insécurité, 75 % de nos interviewés estiment que ces
changements climatiques ont un rôle de multiplicateur et
d'intensificateur des conflits à cause des grandes pressions
exercées sur les ressources naturelles qui se raréfient. Nos
enquêtés affirment que ces changements climatiques provoquent des
mutations sociales profondes qui facilitent l'allégeance des couches
sociales les plus pauvres aux groupes armés de tout bord. Ce qui veut
évidemment dire que les changements climatiques ne sont pas dans ce
contexte une cause de 1er ordre de l'insécurité ou des
conflits.
40
Chapitre 4 : Causes du phénomène et sa
manifestation
4.1 Les causes de changements climatiques au Mali
Il faut certainement décrire ces causes à
travers la caractérisation. La caractérisation des pays du sahel
par la sécheresse est une étape essentielle de la
problématique d'interface nature-sociétés. Mais dans cet
esprit, notre analyse est centrée sur les peuplements et les
données sur précipitations, qui constituent la ressource
immédiatement perçue par les populations. Cette
caractérisation passe aussi par la description de l'impact des
changements climatiques dans les pays du Sahel et des mesures d'adaptions et
d'accompagnement préconisées.
Les différentes problématiques
climatiques au Mali peuvent se traduire par :
V' Une décroissance régulière de
la quantité de pluie, et une grande variation spatiotemporelle visible
le long des lignes de grain caractéristiques du Sahel axées du
Nord au Sud sur une distance de 500 à 750 Km s'accompagnant souvent de
vents forts et de pluies abondantes parfois catastrophiques. Durant toute
l'année, un rayonnement très fort avec des températures
moyennes peu différenciées, s'accompagnant d'une augmentation des
températures du Sud-Ouest vers le Nord-Est avec des maximales
relevées au cours de l'année pouvant atteindre ou dépasser
les 45°C tandis que les minimales sont rarement en dessous de
10°C.
V' De fortes valeurs de l'évapotranspiration
potentielle (ETP) en raison des températures élevées, des
humidités relatives faibles et des vents forts. La persistance des
sécheresses à partir des années 1970 entraînant des
déficits pluviométriques assez importants et une évolution
des isohyètes vers le sud, ce qui fait que la migration est devenue de
plus en plus une stratégie face à ces nouvelles conditions
climatiques et environnementales précaires.
Les ressources forestières :
Le secteur forestier joue un rôle déterminant
dans la vie socio-économique et culturelle des populations maliennes. Il
fournit à la société des biens et services que nul autre
secteur ne peut offrir (environ 93 % des besoins énergétiques,
les produits alimentaires et pharmaceutiques, l'écotourisme, la
conservation de la diversité biologique, l'amélioration du cadre
de vie, etc.). Les formations naturelles ont subi de profondes modifications,
dues essentiellement à l'aridité du climat, aux
sécheresses successives et surtout aux activités anthropiques
(défrichements agricoles, exploitation du bois de chauffe,
surpâturage et émondage, feux de brousse, ...).
Selon la DNRFFH, plus de 100.000 ha de forêts disparaissent
chaque année.
Les seuls prélèvements pour le bois de chauffe
et le charbon de bois (qui constituent la principale source de l'énergie
domestique) sont estimés globalement à 5 millions de tonnes par
an, ce qui correspond à l'exploitation de 400.000 ha et devraient
atteindre ou dépasser 7 millions de tonnes dans les années 2000
(Stratégie Energie Domestique). Le potentiel de
régénération est quant à lui estimé à
7 millions de tonnes par an.
Concernant la biodiversité, on peut affirmer que le
patrimoine en ressources biologiques du Mali, riche et varié, est
malheureusement menacé de disparition. Cette perte de la
biodiversité est liée à un ensemble de facteurs complexes,
dont les principaux sont d'ordre climatique, notamment les sécheresses
récurrentes et d'ordre anthropique tels que le défrichement,
l'exploitation anarchique du bois comme source d'énergie, les feux de
brousse, la cueillette abusive de produits ligneux et herbacés (fruits
verts, jeunes pousses, mutilation des arbres), le surpâturage, le
braconnage, la pêche illicite, l'exploitation minière, la
pauvreté, l'utilisation abusive des produits chimiques, l'introduction
d'espèces exotiques, etc.
4.1.1 Cadre physique et climat
Je limiterais ici l'étude du cadre physique au climat
et à l'hydrographie qui sont directement liés à la vie
économique des populations du Sahel. La zone sahélienne
étudiée connaît un climat tropical à deux saisons
contrastées: une courte saison14 des pluies
irrégulières dans l'espace et dans le temps et une longue saison
sèche de 10 à 11 mois (au-dessous du seuil de 100mm). Les pluies
conditionnent la vie des populations et du bétail, la survie du
nomadisme.
Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les
pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais
proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement
d'autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se
raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les
grands cours d'eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie,
Chari, etc.), les cours d'eau non permanents actifs pendant la saison des
pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique, est alors
variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable,
d'autant que l'évaporation est exacerbée par les
températures élevées et le vent. 4.1.1.2 La
pluviométrie: variable déterminante au Sahel
Le climat d'une zone dans une période donnée
peut se référer à l'étude et à la situation
de certaines variables naturelles comme la température, la pluie et le
vent. L'importance relative accordée à chacune de ces variables
dépend de chaque zone.
41
14 Les caractères de la pluviométrie de
ces dernières années au sahel selon le CILSS
Mais au Sahel, selon (Abdou Ali, 2010) la pluie15
reste véritablement la variable climatique la plus déterminante
pour la vie des populations. L'étude de la pluviométrie peut donc
être considérée comme le paramètre le plus
indiqué pour caractériser ou analyser l'évolution du
climat au Sahel.
Aussi selon la (CEDEAO-CSAO/OCDE/ CILSS, 2008), il existe une
rapide évolution des températures dans le Sahel, par rapport
à la tendance mondiale, avec des augmentations allant de 0,2°C
à 0,8°C par décennie depuis la fin des années 1970
dans les zones sahélo-saharienne, sahélienne et soudanienne. Ce
qui a une incidence certaine sur les précipitations. Selon le centre
AGRHYMET (CILSS), on utilise couramment l'indice pluviométrique
standardisé (IPS) pour déterminer le caractère humide ou
sec de la saison des pluies. Pour une année donnée, cet indice
fait la moyenne des cumuls pluviométriques saisonniers des stations
pluviométriques disponibles.
Fig. n°: Indice de variation annuelle
des précipitations au Sahel entre 1900 et 2010 (sources:
I. Garba, I. Touré, A. Ickowicz, JD. Cesaro)
Ainsi, si l'IPS est positif la saison peut être
qualifiée d'excédentaire et de déficitaire (s'il est
négatif). Les variations pluviométriques 16 au Sahel
de 1900 à 2010 (fig. n°3) oscillent en dents de scie, alternant des
périodes humides et des périodes sèches. La période
allant de 1900 à 1950 est marquée par une alternance de 3
à 4 années humides suivies d'une année sèche. De
1951 à 1969, on observe une persistance d'années humides. De 1970
à 1993, on note une succession d'années sèches. En
revanche, la période allant de 1994 à 2011est
caractérisée par une alternance d'une année humide suivie
de 3 à 4 années sèches.
42
15 Les études on été
réalisées par le centre régional Agrhymet
qui est une institution spécialisée du CILSS. Il assure
l'information et la formation des acteurs dans les domaines de
l'agroclimatologie, l'hydrologie, la protection des végétaux dans
les pays du CILSS.
16 Les séries pluviométriques utilisées
dans figure ci-dessus proviennent de données mesurées (bases de
données AGRHYMET) mais certaines sont estimées à partir de
données satellitaires (NOAA, NCDC, GPCC).
43
Au cours des quatre dernières décennies, le
Sahel a connu plusieurs déficits de pluviosité à l'origine
des crises majeures de sécheresse (1968-1974,1983-1984, 2002-2003, 2005,
2009) qui ont lourdement affecté les populations humaines et animales.
D'autre part l'analyse de la moyenne des précipitations estimées
entre 2000 et 2010 au Sahel (carte. n°2) montre une répartition
suivant 4 zones :
Carte n°2: Moyenne des
précipitations (mm) entre 2000 et 2010 (données estimées):
(sources: Data Global Precipitation Climatology Centre (GPCC), 2011)
? La zone de transition sahélo-saharienne avec moins de
150 mm de pluviosité annuelle, permet le développement de plantes
à cycle court et des herbacées pérennes éparses que
les troupeaux (essentiellement de camelins et caprins) des nomades exploitent
dans leur déplacements selon la disponibilité des points
d'eau.
? La sous-zone nord-sahélienne (150-300 mm) dispose d'un
couvert ligneux ne dépassant guère
2% et une production de biomasse allant jusqu'à 400 kg
de MS/ha (Boudet, 1977). Cette zone est généralement la plus
convoitée par les éleveurs nomades et transhumants.
? La sous-zone sahélienne typique (300-450 mm) est
caractérisée par une végétation très
différenciée suivant les principales unités
géomorphologiques. Sur les terrains sablonneux, le couvert ligneux ne
dépasse guère 5%. La biomasse herbacée annuelle, varie de
500 à 2000 kg MS/ha, en moyenne du nord vers le sud.
44
? La sous-zone sud-sahélienne plus arrosée (450-600
mm) avec un taux de recouvrement ligneux variant du nord vers le sud de 5
à 30%.
4.1.1.3. Rappel des principales activités
économiques au Sahel
L'agriculture sahélienne constitue la principale source
de revenus pour 90% des actifs et procure plus de 50% des recettes
d'exportation (FAQ, 2003). La production est déficitaire dans les zones
sahariennes, excédentaire dans les régions
soudano-sahéliennes (+500 mm d'eau par an) et aléatoire dans la
zone sahélienne à proprement parler (200 à 500 mm
d'eau).
Les céréales sont prépondérantes
dans l'agriculture sahélienne (80% des superficies cultivées)
après vient le maraîchage et les oléagineux (arachides)
dans les productions vivrières.
L'agriculture pluviale est la technique de production la plus
largement répandue au Sahel
(90% des productions). Les cultures sont
réalisées pendant les saisons de pluies. L'agriculture pluviale
concerne surtout le mil, le sorgho, le fonio et le maïs, mais aussi les
cultures de rente comme l'arachide. L'agriculture irriguée est en
perpétuelle évolution, cependant pour des raisons techniques
(maîtrise de l'eau), financières (coût des investissements)
et culturelles (absence de tradition), elle n'est pas encore
développée. L'irrigation par submersion contrôlée
(riziculture) ou par aspersion est de plus en plus utilisée
malgré les difficultés de mise en oeuvre.
Le Sahel est aussi la zone agropastorale par excellence ;
l'élevage des bovins, ovins et caprins y est très
développé. L'élevage est traditionnellement extensif,
mais, avec la croissance démographique les problèmes d'espace
pour les pâturages se posent. Aussi, les traditions doivent
intégrer les enjeux environnementaux et s'inscrire dans un objectif de
développement durable.
L'élevage est une activité essentielle pour le
pays et pour la population de Gargando qui est en majorité
composée d'éleveurs aujourd'hui sédentarisés dans
la ville ou à sa périphérie. Ces familles continuent de
pratiquer l'élevage de chameaux, de chèvres et de moutons. La
plupart des habitants pratique un élevage de «
sécurité économique ». Ils ont souvent deux, trois,
voire une dizaine de chèvres ou de moutons qu'ils élèvent
chez eux. En cas de période difficile, ils peuvent faire appel à
cette « épargne sur pattes ». Tous les matins, des bergers
rassemblent ces animaux, moyennant 150 ou 200 francs par mois par tête,
pour les emmener pâturer à plusieurs kilomètres en-dehors
de la ville : ces chèvres et moutons constituent des troupeaux qui
avoisinent les 300 à 400 têtes. À certaines périodes
de l'année, il y a beaucoup d'animaux et d'éleveurs sur un espace
réduit, ce qui impacte les réserves d'herbes et d'eau qui sont,
certaines années, largement dépassées.
Avec les CC les animaux errent, entrent dans les zones de
culture, détruisent ou mangent la production agricole, ce qui
crée des problèmes avec les agriculteurs.
45
De l'autre côté, les agriculteurs
empiètent sur les terres pastorales, parce que la population
s'accroît et les progrès technologiques permettent aujourd'hui de
cultiver des terres arides. C'est difficile d'interdire aux gens de cultiver
une terre qui peut leur paraître « inutilisée » parce
qu'elle sert de pâturage aux troupeaux une partie de l'année.
Les changements climatiques de ces dernières
années ont exacerbé un conflit qui existe depuis des lustres, il
s'agit du conflit entre agriculteurs et éleveurs.
Comme on peut le voir, l'élevage intensif et
sédentaire occupe un rôle important dans la dégradation de
la planète. Le pastoralisme a toujours eu et n'a comme vocation
que la préservation de l'environnement, et de la biodiversité,
les nomades en ont fait une tradition et une culture qu'ils portent
depuis la préhistoire. Il est quasiment impossible de faire comprendre
à quel point la préservation de l'environnement est essentielle
pour la vie et les espèces, sans le rôle du pastoralisme au Sahel
sur l'environnement la vie risque de disparaître de cette
région.
4. 2 Les causes de l'insécurité
Ainsi, les racines de l'insécurité et du
terrorisme dans l'espace Sahélo-Saharien ne se trouvent pas seulement
dans l'absence de développement et dans la fragilité des Etats,
mais aussi et surtout dans les contentieux chroniques qui opposent des clans ou
des tribus entre eux d'une part ou entre eux et leur Etats d'autre part. En
outre, il existe de multiples contentieux qui entretiennent de profonds
ressentiments aisément manipulables dans les pays Sahéliens. Une
partie de la population locale apporte, directement ou indirectement, une
précieuse assistance aux forces du mal qui investissent les espaces non
sécurisées pour avoir des soutiens nécessaires à
leur sécurité et à leur vie économique
quotidienne.
Les enjeux à l'origine de ces conflits et crises au
niveau des communautés locales sont multiples et complexes (historiques,
économiques, politiques, géopolitiques ou
géostratégiques). Dans le cadre des conflits internes, les replis
identitaires et des considérations religieuses sont souvent à
l'origine des conflits. Dans la plupart des cas l'absence de l'Etat et sa
gestion des politiques locales attisent ces conflits, si ce n'est pas fait
sciemment. Les communautés s'affrontent alors pour des positionnements
politiques et géopolitiques différentes, ce qui se traduit par
une lutte entre groupes ou individus en vue d'une suprématie locale.
Cette gestion du local par le pouvoir central entraine la
monopolisation du pouvoir par certains individus qui ne sont pas souvent le
choix des populations locales.
C'est un système qui perpétue l'injustice
sociale et la marginalisation de certaines composantes sociales.
46
Ce sont là aussi des origines de certaines tensions et
crises qui entraînent des affrontements entre des entités
ethniques qui partagent le même espace. L'exemple de certains Etats du
Sahel comme le Mali, le Niger, et le Nigeria est typique de cette gestion.
C'est un système de gestion politique qui ne laisse aucune place
à l'existence d'une société civile susceptible de
contribuer à l'apaisement.
L'appareil d'Etat marginalise et rend inopérante la
société civile et ne peut constituer aucun contrepouvoir digne de
ce nom. Cette situation génère de vives tensions qui se
traduisent par des violences et confrontations armées. L'exemple des
crises intra-communautaires au sein des groupes Touaregs du Nord du Mali et
intercommunautaires entre les sédentaires et les nomades
représentent une illustration de cette réalité.
Enfin, la non sécurisation et la porosité des
frontières peut faciliter la contagion d'une crise ou d'un conflit par
la facilité de circulation d'hommes et d'armes d'un pays à un
autre. C'est le cas des affrontements qu'on voit aux frontières du Mali
avec le Niger, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et aussi
l'Algérie qui ont impliqués les populations et les gouvernements
des pays concernés. Il apparaît donc que les enjeux et les causes
à l'origine des conflits sont divers et résultent de
phénomènes sociaux, politiques, stratégiques et
géographiques emboités.
Au Sahel, toutes les communautés, notamment rurales
vivent dans des situations de détresse permanente et voient leur
condition d'existence se dégrader de jour en jour. La pauvreté
jointe à la discrimination ethnique ou régionale constitue une
recette omniprésente pour créer des troubles justifiés par
une lutte de tous les instants et avec tous les moyens y compris ceux qui
proviennent des groupes terroristes.
Au Mali, par exemple depuis 2012, des groupes tribaux nomades
et des leaders sédentaires ou de communautés nomades pour exercer
ou récupérer une partie de pourvoir sur leur territoire se
livrent à une course effrénée dans les recherche d'appuis
auprès de toutes entités ou organisations existantes susceptibles
de leur procurer assistance pour détenir ou récupérer une
certaine hégémonie locale ou régionale.
Les populations maliennes notamment du Nord ont en
présence principalement cinq (05) structures qui partagent l'espace
politique et économique : L'Etat malien, la MINUSMA (Mission
multidimensionnelle de stabilisation intégrée des Nations Unies
au Mali), l'opération armée française « Barkhane
», les groupes armés (anti et pro-Etat) et les groupes
Islamistes-Djihadistes.
Ils se voient alors obliger de pactiser soit avec l'Etat qui
est fragilisé depuis 2012 et ne vit qu'avec l'aide internationale. Il
est alors démunit et ne peut aider véritablement une population
qui manque de tout.
47
Soit avec la « MINUSMA» ou avec l'opération
« Barkhane » qui ont un mandat d'accompagnement et de stabilisation
pour la paix et de protection des populations. Elles ne peuvent non plus offrir
qu'une assistance socio-économique limitée en fonction de leur
mandat et missions. Soit les mouvements armés dont les deux principaux
sont la CMA (coordination des mouvements de l'Azawad) anti-Etat malien et la
plateforme regroupant plusieurs mouvements pro-Etat, qui eux
non plus ne peuvent aider véritablement les populations locales en
raison du fait qu'eux même n'existent et ne tirent leur revenu
qu'auprès de l'Etat et des partenaires ci-dessus cités.
Enfin le cinquième acteur local le plus disponible et
le plus solvable, qui ne cherche qu'à s'implanter et faire le maximum
d'alliance auprès des communautés locales et qui apporte l'aide
demandée reste les groupes terroristes dits « islamistes ». En
raison de cette aide substantielle, ces derniers finissent par s'implanter dans
le milieu en tissant de multiples liens avec les communautés y compris
par des liens de mariage et offrent des conditions suffisamment attractives,
tout ce que les autres partenaires n'arrivent à offrir. Cette situation
décrite notamment pour le nord du Mali vaut également
actuellement pour son centre.
Il s'en suit alors que plusieurs individus, notamment jeunes
au Mali rejoignent le camp des « terroristes » non pas par
affinités idéologiques, mais pour espérer une protection
sur tous les plans. Pour certains c'est tout simplement une stratégie de
survie dans un univers en perpétuel chaos, nous assistons alors à
la naissance de `'pseudos terroristes» mais qui sont autant dangereux que
`'les vrais terroristes.»
Les préoccupations sécuritaires, telles que
celles liées à l'environnement, à la sécheresse et
à l'exclusion sociale, font peser une menace existentielle sur les
populations nomades. Paradoxalement, ce sont les stratégies d'adaptation
et les possibilités de recours qui donnent de la résilience aux
populations cherchant à surmonter ces menaces qui sont
considérées par les acteurs étatiques comme
représentant de graves menaces pour l'État et résistant
à des représailles militaires.
Par extension, la porosité des frontières, qui
pourtant constitue un facteur de résilience pour des populations dont
l'un des mécanismes d'adaptation est de pouvoir franchir les
frontières afin de réduire leur insécurité, est
également la source même de la menace qui pèse sur l'
État.
Les besoins de survie et de développement humain des
personnes et des communautés et le recours à des
mécanismes d'adaptation négatifs en réponse à la
politique d'exclusion de l'État et aux menaces existentielles a
amené certains groupes à collaborer avec des groupes terroristes
et des réseaux criminels déclarés.
48
Les migrations/mouvements transfrontaliers représentent
une source de moyens d'existence, de résilience, d'adaptation et de
survie et représentent une source et une forme de menace à la
sécurité et les approches régionales de
l'intégration pourraient soit aggraver soit réduire cette
tension. Malheureusement cette situation décrite ci-dessus au Mali est
pratiquement identique dans tout le Sahel, voire tout le continent à
l'image du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria, des différents clans en
Somalie. En outre, au Sahel, comme d'autres pays d'Afrique, le radicalisme
religieux est devenu un moyen efficace pour se positionner en réglant
les comptes à ceux qu'on estime être plus présent sur la
scène politique. C'est également le meilleur moyen pour se
procurer des armes pour mener à bien ces conflits ou simplement pour se
protéger des autres. Il est perçu également comme
étant un moyen de lutter contre le chômage endémique des
jeunes et de gagner en notoriété pour le salut de sa
communauté.
Pendant tout mon séjour, les causes immédiates
que j'ai pu recueillir lors de mes entretiens sont entre autres :
L'insécurité alimentaire
l'insécurité alimentaire est un facteur car, elle conduit
à l'exode des populations, mais fragilise leur résistance aux
offres des groupuscules qui sévissent dans la zone. Ces populations ont
déjà franchi le seuil d'urgence et ont besoin d'une assistance
alimentaire immédiate.
La montée des réseaux djihadistes et des
réseaux criminels : les conflits et les formes
d'insécurité prévalant dans les pays sahéliens et
leurs auteurs se sont transformés de mouvements animés par des
griefs en phénomènes complexes, en produisant des incidences sur
le plan interne et régional. Cela a été tout
particulièrement manifeste au Mali et au Nigéria, avec de graves
conséquences pour le Niger.
La corruption et les privations sociales et économiques
généralisées tous les pays sahéliens en particulier
le Mali possèdent des ressources naturelles considérables.
Cependant, il est confronté à des problèmes de
gouvernance. Ainsi, il n'a pas pu mettre en place une gestion efficace de
l'explosion démographique des jeunes et des problèmes de
chômage et de vulnérabilité à la radicalisation qui
en découlent. L'incapacité de rompre un cycle, dans lequel
l'exclusion et les griefs non résolus produisent une opposition violente
à l'État, renforce les discours des mouvements insurrectionnels
extrémistes et fournit une justification à leur cause.
La dynamique mondiale et le contexte global de la guerre
contre le terrorisme a suscité des discours et des contre-discours
présentant les groupes radicaux islamiques comme une menace aux cultures
démocratiques et la civilisation occidentale comme une menace à
l'Islam.
La mal gouvernance est une cause de conflit, tout comme la
pauvreté, l'exclusion le sont tout autant.
49
Causes structurelles ·
V' Le stress environnemental :
découlant de leur situation géographique expose les pays du Sahel
et leurs populations à des conditions telles que la sécheresse,
la désertification, les variations de la pluviosité
accompagnées d'incidences sur la sécurité alimentaire et
les moyens d'existence. Cela conduit à une série de
problèmes : tensions internes, déplacements et
arrivées/départs de flux de réfugiés, migrations
(de jeunes), violence intercommunautaire et relance de l'irrédentisme
(touareg) et instabilité politique.
V' Les griefs historiques : à des
degrés divers, ils ont compliqué les relations entre groupes et
la dynamique politique ainsi que les processus d'édification de
l'État dans les pays sahéliens étudiés.
L'incapacité des États de répondre de manière
appropriée à des griefs profondément enracinés a
exacerbé les problèmes existants, qui se sont amplifiés
pour se manifester par la propagation du terrorisme, de la criminalité
et du djihadisme dans le Sahel.
V' Le processus fracturé de consolidation de
l'État : bâtir une identité nationale commune et
un destin commun au sein des populations des États sahéliens a
été un défi profondément ancré à
l'origine des conflits.
V' L'explosion démographique des jeunes
: dans tous les pays sahéliens ayant fait l'objet de
l'étude, la population se compose en moyenne à plus de 60 % de
jeunes de moins de 25 ans. Les implications de cet état de choses sont
fort graves, sans compter que s'y ajoutent les défis du stress
environnemental, l'exclusion sociale et économique et
l'instabilité politique. 6 Les conflits dans la région du Sahel
et leurs conséquences pour le développement.
Causes immédiates et facteurs perpétuant
les conflits :
V' La migration : dans tous les pays
sahéliens, elle fait partie de la vie quotidienne des populations, pour
des raisons indépendantes des conditions climatiques.
Les flux de réfugiés, qui se déplacent
parfois avec leur bétail hors des zones du Mali, du Niger et du nord-est
du Nigéria en proie à la guerre, accroissent
l'insécurité.
V' L'insécurité alimentaire :
les estimations actuelles relatives à l'insécurité
alimentaire indiquent un nombre total de 19,8 millions de personnes, dont au
moins 2,6 millions ont
déjà franchi le seuil d'urgence et ont besoin d'une
assistance alimentaire immédiate.
50
y' Les coups d'État à motivation
politique : des coups de force militaires, des mutineries et des
ingérences ouvertes ou déguisées dans la vie politique se
sont produits régulièrement dans les pays de première
ligne. En règle générale, les politiques d'exclusion ainsi
que les politiques répressives associées à la politisation
des établissements chargés de la sécurité
constituent d'importants facteurs d'instabilité et
d'insécurité dans le Sahel.
y' La montée des réseaux djihadistes et
des réseaux criminels : les conflits et les formes
d'insécurité prévalant dans les pays sahéliens et
leurs auteurs se sont transformés de mouvements animés par des
griefs en phénomènes complexes, en produisant des incidences sur
le plan interne et régional. Cela a été tout
particulièrement manifeste au Mali et au Nigéria, avec de graves
conséquences pour le Niger.
y' L'insécurité et les conflits
régionaux et transfrontaliers : la sécurité des
États sahéliens est invariablement liée à la
dynamique régionale et transnationale relative à la
sécurité, certains pays étant plus exposés à
cette dynamique que d'autres.
y' La corruption et les privations sociales et
économiques généralisées: tous les pays
sahéliens considérés dans la présente étude
possèdent des ressources naturelles considérables. Cependant, ils
sont tous confrontés à des problèmes de gouvernance.
Ainsi, ils n'ont pas pu mettre en place une gestion efficace de l'explosion
démographique des jeunes et des problèmes de chômage et de
vulnérabilité à la radicalisation qui en découlent.
L'incapacité de rompre un cycle, dans lequel l'exclusion et les griefs
non résolus produisent une opposition violente à l'État,
renforce les discours des mouvements insurrectionnels extrémistes et
fournit une justification à leur cause.
y' La dynamique mondiale et le rôle des acteurs
externes : le contexte global de la guerre contre le terrorisme a
suscité des discours et des contre-discours présentant les
groupes radicaux islamiques comme une menace aux cultures démocratiques
et la civilisation occidentale comme une menace à l'Islam. La dynamique
créée ultérieurement dans le Sahel n'a fait qu'accentuer
ce phénomène.
La présence d'un éventail d'acteurs
extérieurs (y compris ceux chargés de la sécurité
et le personnel des industries extractives) dans le Sahel ne va pas
nécessairement dans le sens d'une transformation de cette dynamique au
profit des populations sahéliennes.
51
Chapitre 5 : Conséquences du
phénomène
5.1 Aperçu sur les impacts des changements
climatiques sur les secteurs clés
Le Mali, à l'instar des pays sahéliens, a
toujours subi la variabilité climatique se traduisant par une alternance
de périodes sèches et humides.
Les périodes sèches se caractérisent, sur
le plan pluviométrique, par une faiblesse des précipitations par
rapport à la normale 1961-1990. Le phénomène qui en
résulte est la sécheresse dont les effets néfastes sont,
entre autres, l'insuffisance des ressources en eau, la destruction des
ressources forestières, l'assèchement précoces des mares
et lacs, la diminution des ressources halieutiques, la dégradation de
l'écosystème.
Les secteurs économiques importants dont l'agriculture
sont vulnérables à la sensibilité courante du climat, avec
des impacts économiques énormes. Cette
vulnérabilité est aggravée par des défis de
développement existants comme pauvreté endémique, avec
accès limité au capital, y compris des marchés,
infrastructures et technologies ; dégradation
d'écosystèmes ; et désastres et conflits complexes.
V' Le changement du climat se traduit par la
réduction de la durée de la période de
végétation. V' De fortes valeurs de
l'évapotranspiration potentielle (ETP) en raison des températures
élevées, des humidités relatives faibles et des vents
forts,
V' La persistance des sécheresses à
partir des années 1970 entraînant des déficits
pluviométriques assez importants et une évolution des
isohyètes vers le sud, ce qui fait que la migration est devenue de plus
en plus une stratégie face à ces nouvelles conditions climatiques
et environnementales précaires.
V' Une répartition aléatoire et
inéquitable de la pluviosité en début de la saison des
pluies. La pluviométrie moyenne annuelle est très variable du
Nord au Sud.
V' Un rayonnement très fort durant toute
l'année avec des températures moyennes peu
différenciées.
V' Une augmentation des températures du
Sud-Ouest vers le Nord-Est avec des maximales relevées au cours de
l'année pouvant atteindre ou dépasser les 45°C tandis que
les minimales sont rarement en dessous de 10°C.
V' Une décroissance régulière de
la quantité de pluie, et une grande variation spatio-temporelle. V'
Des lignes de grain caractéristiques du Sahel axées du Nord
au Sud sur une distance de 500 à
750 Km s'accompagnant souvent de vents forts et de pluies
abondantes parfois
catastrophiques.
D'après le dernier rapport du GIEC (IPCC, 2007), Les
impacts de la variabilité et des changements climatiques sur les
écosystèmes de la région sahélienne sont sans
équivoque. Les secteurs les plus touchés sont l'agriculture,
l'élevage et les ressources en eau. Selon ce rapport, il faut s'attendre
en Afrique de l'Ouest à des conditions climatiques de plus en plus
difficiles (sécheresses, températures plus
élevées...) et à une baisse de la disponibilité des
ressources en eau. Dans cette zone sahélienne, le processus de
changement climatique se traduira surtout par une augmentation de la
fréquence des épisodes de sécheresse.
Les formations naturelles ont subi de profondes modifications,
dues essentiellement à l'aridité du climat, aux
sécheresses successives et surtout aux activités humaines. Leur
dégradation s'est accentuée avec l'accroissement de la population
urbaine qui engendre une demande plus élevée des villes en bois
énergie
Les enjeux sur le secteur agro-pastoral sont donc importants
pour les pays sahéliens car la population agricole atteint 50 à
80% de la population totale selon les pays, contribue entre 25 et 30% de leur
PIB et la consommation (OCDE/CSAO, 2008) de céréales contribue
pour une part allant de 80 à 85% des besoins caloriques de la
population. Face à ces enjeux, il devient important d'anticiper la
réaction des agriculteurs dans un contexte de changement climatique.
5.1.1 Impacts des CC sur l'agriculture
L'Afrique a été décrite en tant que grand
retardataire du monde dans le progrès technologique dans le secteur de
l'agriculture (Sachs et autres, 2004).
L'impact du changement climatique sur les réserves
alimentaires mondiales est l'un des effets les plus préoccupants du
phénomène. Le pire des scénarios imaginés
prévoit la baisse drastique de la production des céréales
dans la région sahélienne de l'Afrique.
L'accroissement des températures et la
variabilité des pluies représentent une menace sérieuse
pour le développement agricole17 du globe, mais plus
fortement encore des pays du Sahel et risque de compromettre les efforts
déployés par ces pays pour atteindre la sécurité
alimentaire. Des études récentes du CILSS/Agrhymet (Sarr et al.
2007, AGRHYMET, 2009) ont montré que les rendements des cultures comme
le mil/sorgho baisseraient de plus 10 % dans le cas d'une augmentation des
températures de + 2°C.
52
17 L'étude de l'impact est
réalisée par le Dr. Benoît SARR, et le Dr. Seydou TRAORE,
tous deux du Centre Régional AGRHYMET pour la revue mensuelle
qualifiée d'édition spéciale
D'ici à 2020, selon M. Ehrhart, les changements
climatiques auront contribué au stress hydrique, à la
détérioration des terres, à la diminution du rendement des
cultures et à l'accroissement du risque d'incendies de forêt, ce
qui provoquera une diminution de 50 pour cent de la productivité
agricole. Cela se traduira, a-t-il ajouté, par des pénuries
graves de vivres et d'eau, et les populations touchées subiront de
fortes pressions qui les inciteront à migrer.
Les changements climatiques seront susceptibles de
réduire la durée de la période de végétation
avec comme conséquence la baisse de la production agricole.
Les réductions projetées du rendement dans
quelques pays pourraient être plus de 50% d'ici 2020, et les revenus nets
de récolte pourraient tomber près de 90% à l'horizon 2100,
les petits exploitants étant les plus affectés. Ceci
compromettrait la sécurité alimentaire dans le continent.
Avec les CC, les rendements de l'agriculture pluviale ont pu
être réduits de jusqu'à 50%.
Concernant la production agricole, y compris l'accès
à la nourriture, on projette que des pays africains parmi lesquels ceux
de l'Afrique de l'Ouest seront sévèrement compromis par la
variabilité et le changement de climat.
Pour le secteur de l'agriculture, la longueur des
périodes de végétation et le potentiel de rendement sont
prévus de diminuer, en particulier dans les régions semi-arides
et arides. Ceci va compromettre la sécurité alimentaire et
aggraver la malnutrition dans le continent.
On projette que des approvisionnements alimentaires locaux
sont négativement affectés par les ressources halieutiques
décroissantes dans de grands lacs dus à l'augmentation des
températures de l'eau de montée, qui peuvent être
aggravées par des pêches excessives continues. Le coût
d'adaptation pourrait s'élever au moins à 5-10% du produit
intérieur brut (PIB).
Les nouvelles études confirment que l'Afrique est l'un
des continents les plus vulnérables à la variabilité de
climat et au changement en raison des efforts de multiple et de la basse
capacité adaptative. Les niveaux faibles de l'innovation technologique
et du développement d'infrastructures dans le résultat de
l'Afrique dans extraction des ressources naturelles pour les agréments
essentiels tels que l'eau propre, la nourriture, le transport, l'énergie
et l'abri (Sokona et Denton, 2001). De telles activités dégradent
l'environnement et composez la vulnérabilité à une gamme
des efforts, incluant effort climat-connexe.
A ces effets physiologiques négatifs sur le potentiel
de production agricole, s'ajoutent d'autres facteurs également
liés au changement climatique comme la dégradation de la
qualité des sols consécutive à la déforestation, le
déboisement, l'érosion, la salinisation des terres
côtières, des eaux souterraines et de surface du fait de
l'élévation du niveau marin et la pollution de l'eau.
Le prélèvement de bois à des fins
énergétiques estimé à plus de 7 millions de tonnes
/an amplifie davantage la perte de la diversité biologique.
L'exploitation pour des fins artisanales et industrielles de certaines
espèces entraîne des perturbations dans la dynamique des
peuplements.
Aussi, l'élévation de la température est
favorable à l'augmentation du taux de fécondité et de
croissance des ennemis des cultures et à l'extension de leurs aires
géographiques. En conséquence, on peut s'attendre à une
extension des zones arides et semi-arides, une réduction des surfaces
propres à l'agriculture et du potentiel de production agricole rendant
ainsi difficile l'accès à la nourriture dans toute la zone
sahélienne.
5.1.1.2 Impacts des changements sur le pastoralisme
La baisse des précipitations dans les régions
sahéliennes reconnue comme zones de pastoralismes par excellence
entraîne à la fois un problème 18 de
sous-production fourragère et un manque d'eau pour l'abreuvement du
bétail. Aussi les impacts négatifs sur la dynamique
spatiotemporelle des mares, perturbent les axes de transhumance, les sites de
campement des éleveurs et l'équilibre des
écosystèmes.
Cette situation entraîne une transhumance assez
importante caractérisée par un déplacement massif du
bétail vers les zones plus humides. Tous ces facteurs concourent
à exacerber les conflits entre exploitants agricoles et éleveurs.
Par ailleurs, ce nouvel environnement climatique serait favorable à la
recrudescence de maladies animales climato-sensibles.
Les sécheresses fréquentes, plus que tout autre
facteur, ont contribué à fragiliser davantage les
écosystèmes, les rendant plus vulnérables à la
moindre perturbation et accélèrent le rythme de
dégradation des ressources biologiques.
Les déficits hydriques qui en ont
résulté, ont entraîné une réduction de la
production primaire, une modification de la structure du couvert
végétal et une réduction massive de la faune sauvage et du
cheptel.
Des raids de bétail meurtriers ont toujours
périodiquement été menés entre groupes
d'éleveurs
transhumants pour l'accès aux pâturages ou aux
points d'eau stratégiques ; certains affrontement pouvant faire
jusqu'à une dizaine de morts. Bien que directement liés aux
pratiques pastorales et aux conséquences des changements climatiques qui
qui engendrent un climat de plus en plus hostile, ils sont souvent
traités en termes identitaires voire instrumentalisés par
quelques leaders politiques au sein de débats nationaux fortement
marqués par l'ethnicité.
Avant que les conditions ne deviennent difficiles à
cause des changements climatiques ces dernières décennies, les
pasteurs nouaient des alliances avec les autorités traditionnelles des
agriculteurs pour s'approvisionner en céréales et faciliter leurs
transhumances et ceci n'est plus possible à cause de la rareté
des ressources naturelles.
Cependant, tandis que les agriculteurs ouvrent davantage de
fronts de colonisation sur les espaces pastoraux et capitalisent plus dans
l'élevage, les pasteurs diversifient leur économie en
s'impliquant désormais dans l'agriculture. Cette intégration
modifie les termes des échanges socio-économiques, constitue par
endroit une contrainte majeure à la mobilité animale, et est
à l'origine d'une compétition relativement inédite entre
agro-pasteurs et agriculteurs.
54
18 Voir le bulletin mensuel (octpbre 2010) du centre regional
selon par Issa GARBA, expert en pastoralisme, Centre Régional
AGRHYMET
Les changements climatiques ont engendré des nouveaux
types de conflits, sur lesquels les institutions traditionnelles n'ont aucune
prise, apparaissent avec plus d'intensité.
Ces dernières années, le Nord Mali a connu une
crise sans précédent et face aux crises sécuritaires, les
pasteurs modifient soudainement leurs parcours vers des couloirs qu'ils
connaissent peu, dans lesquels ils ne disposent pas de réseaux sociaux
ou d'alliances négociées avec les communautés
résidentes, multipliant les risques d'affrontements.
Les CC accentuent la concentration des cheptels et la pression
sur les ressources.
Ce dialogue de sourd qui existe entre éleveurs et
agriculteurs exacerbe les tensions déjà vives à cause des
disputes des terres arables qui sont de plus en plus limitées à
cause des changements climatiques sans précédents.
En 2017, des tensions entre les pasteurs de village de
Gargando et les agriculteurs de la lac Horo ont éclaté, à
cause de la descente des pasteurs de la commune rurale de Gargando plus au Sud
dans le horo (suite à une mauvaise pluviométrie) à la
recherche de pâturages.
Les changements climatiques avec leur de conséquences
ont poussé les pasteurs à s'armer pour protéger leur
bétail qui sont pris constamment pour cibles par des voleurs. Cette
militarisation des transhumances contribue à l'escalade de la violence,
ou du moins renforce le sentiment d'insécurité et
l'instabilité dans des zones déjà fragiles. De grands
troupeaux sont désormais escortés par des professionnels,
lourdement armés, équipés de technologies modernes de
communication, qui font fi des codes pastoraux traditionnels et des accords
établis localement, et menacent les agriculteurs comme ce fut le cas
très récemment au Faty où les éleveurs armés
ont contraint sous la puissance de leurs armes à paître leurs
animaux de force dans les champs et ce qui conduisit les antagonistes à
un affrontement sanglant.
La récente diffusion d'armes à feu parmi les
transhumants fait craindre le trafic d'armes, la banalisation de leur location
aux criminels et rebelles, et augmente encore la demande chez les pasteurs.
Poussés par l'insécurité, ils ont tendance à
s'orienter vers certaines zones grises et espaces frontaliers enclavés,
vastes territoires longtemps marginalisés, caractérisés
par de faibles densités de population et où les États
exercent un contrôle extrêmement faible.
Les pasteurs armés sont difficiles à distinguer
des groupes armés, et leurs interactions présumées avec
les groupes rebelles les désignent comme protagonistes actifs des
conflits.
Cependant, il faut analyser l'adaptabilité s
institutions traditionnelles, qui (compte-tenu des changements de climatiques,
de la pression démographique et du rythme de renouvellement
générationnel des populations de pasteurs) doivent pouvoir
répondre aux aspirations des nouvelles générations
d'éleveurs, en termes de gouvernance, de services et de
représentativité, pour retrouver une légitimité
fondée sur de nouvelles compétences et sur leur capacité
à dialoguer avec les administrations.
5.1.1.3 Impacts sur les ressources en eau
Selon le quatrième rapport d'évaluation du
Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC,
2007), l'écoulement annuel des rivières et la
disponibilité en eau sont appelés à s'amoindrir
19 de 10 à 30% dans certaines régions sèches du
Sahel des moyennes latitudes et dans les tropiques secs. Les communautés
pauvres seront les plus vulnérables du fait de leurs capacités
d'adaptation limitées.
55
19 Voir le bulletin mensuel (octpbre 2010) du centre regional
selon le par Dr. Abou AMANI, Unesco et le Dr. Abdou ALI, Centre Régional
AGRHYMET
L'impact du Déficit pluviométrique20
selon (C. OUEDRAOGO, 2012) se traduit par le glissement des isohyètes
vers le sud d'environ 100 mm depuis 50 ans, et par la diminution des
écoulements des grands cours d'eau sahéliens de 20 à 40 %.
Par exemple, selon. (A. AMANI et A. ALI, 2012) respectivement de l'UNESCO du
centre AGRHYMET, depuis la sécheresse des années 1970 le lac
Tchad a perdu la moitié de sa superficie entre 1970 et 1997.
· Les phénomènes liés à la
sécheresse ont considérablement affecté les surfaces
traditionnellement inondables du Delta (30.000 Km2 en 1960, 5.000
Km2 en 1980).Par ailleurs, la dégradation du couvert
végétal contribue à l'ensablement des cours d'eau et des
mares limitant ainsi les possibilités de culture et d'alimentation en
eau des hommes et du bétail.
· D'ici 2020: entre 75 million et 250 millions de
personnes sont susceptibles d'être exposés à un manque
accru d'eau dû au changement climatique.
· La modification du système naturel des crues
suite aux changements climatique entre autres engendre une transformation
importante dans les systèmes de production traditionnels basés
sur les cultures de décrue et diminue également les zones de
pâturages naturels entraînant ainsi des conflits fonciers entre
agriculteurs et éleveurs.
· Ces ressources en eaux de surface et souterraines sont
fortement menacées, entre autres par les gaspillages et/ou la gestion
non rationnelle et/ou l'ensablement des cours d'eau, des lacs et des mares
et/ou les pollutions diverses: pertes annuelles estimées à 30.000
milliards de m3 d'eau dans le delta intérieur du Niger;
dépôt annuel de 13 millions de tonnes de limon chaque année
au niveau des grands cours d'eau.
· Le dessèchement et l'ensablement constituent
les principaux facteurs de dégradation des oasis, et de leur
mutation.
· Malgré l'existence d'un potentiel
considérable en eaux souterraines, son exploitation est
confrontée à une répartition spatiale très
irrégulière, aux difficultés de mobilisation et aux
contraintes d'accès à l'eau (profondeur des nappes).
A tout cela s'joute Le phénomène de
désertification se manifeste aussi par l'ensablement qui affecte les
habitations, les terres agricoles, les voies de communication, routières
et fluviales, ainsi que les cours et points d'eau dont particulièrement
le fleuve Niger.
56
20 Coalition mondiale sur l'eau au sahel ; RPCA
Novembre 2012 - OUAGADOUGOU Présenté par Clément OUEDRAOGO
coordonnateur PRAME/ Secrétariat Exécutif du CILS
Carte n°3: Pluviométrie et zones
climatiques au Sahel (Sources: Centre Régional Agrhymet (CRA), CSAO /
OCDE (2005) (c) Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest / OCDE
2007)
Selon (P. Heinrigs et C. Perret, 2005) entre les
isohyètes 200 et 600 mm se situe «la limite des cultures sous
pluie». Au nord de cette ligne s'étend la « zone nomade »
où chaque année la repousse des plantes herbacées
témoigne ou non de la qualité de la saison des pluies et
détermine l'activité pastorale (carte n°3).
De l'avis de certains experts21 relancer les
agricultures sahéliennes pourrait être possible « à la
condition d'un véritable plan Marshall
nécessitant un transfert de ressources de l'ordre d'un milliard
d'euros par an pendant 15ans.». Cependant la restauration de
l'activité agricole est une priorité absolue. Elle implique
l'accès à l'eau, à l'électricité, la
restauration de l'hydraulique rurale, et une réhabilitation de
populations qui ont parfois tout perdu, en particulier les
réfugiés suite aux différents conflits.
5.1.1.4 Une situation humanitaire aggravée par
l'insécurité
57
21 Cf. «Le nord du Sahel a besoin d'un plan
Marshall pour sortir de la violence», Serge Michailof, Le Monde.fr, 29
mars 2012
Comme dans nombreux cas, ce sont bien les populations civiles
qui font les frais de l'instabilité sécuritaire. Dans la
période dite «de soudure»22 aussi bien pour les
agriculteurs que pour les éleveurs, le nombre des personnes en besoin
d'assistance23 alimentaire immédiate par exemple au Mali est
maintenant estimé à environ 1,4 million et celui des personnes
à risque à environ 3,5 millions. Dans les trois régions du
nord du Mali, la même source affirme qu'un foyer sur cinq fait face
à la pénurie alimentaire.
Malgré une bonne récolte et une meilleure
production céréalière dans la plupart des zones du Sahel
en 2012, l'accès à la nourriture demeure un problème
sérieux. Les prix des denrées alimentaires restent
élevés et les ménages pauvres et très pauvres
peinent à reconstituer leur capital et à se remettre des effets
des crises combinées qui affectent la région.
Les Agences des Nations Unies et leurs partenaires
humanitaires ont lancé début 2013 un appel pour plus de 1,6
milliard de dollars afin d'aider les personnes touchées par la crise
alimentaire et nutritionnelle à travers la région du Sahel
(Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Gambie,
Cameroun et Nigeria). En 2013, on estime que plus de 10 millions24
de personnes sont touchées par l'insécurité alimentaire,
dans neuf pays d'Afrique de l'Ouest et centrale (voir carte n°4), du
Sénégal au Tchad. Environ 4,5 millions d'enfants sont
menacés par la malnutrition, dont 1,4 million d'enfants de moins de cinq
ans atteints de malnutrition aiguë.
58
22 La période de soudure désigne la
période difficile que traverse les agriculteurs comme les
éleveurs dans l'attente de la situation pluvieuse .Les populations
vivent uniquement de leur réserve car aucune production n'est possible
dans cette période.
23 Rapport de Bert Koenders, chef de la MINUSMA
(mission des NU au Mali) devant le Conseil de sécurité des
Nations Unies le 25 juin 2013
24 OCHA, 31 janvier 2013
59
60
Conclusion générale :
Les changements climatiques constituent un des défis
majeurs pour l'Humanité. Les pays du monde entier se sont entendus sur
des objectifs de réduction des Gaz à effet de serre.
Les changements des événements extrêmes,
tels que des sécheresses et les inondations, ont des implications
importantes pour de nombreux Africains et exigent davantage d'attention. Les
sécheresses ont longtemps contribué à la migration
humaine, à la séparation culturelle, à la dislocation de
population et l'effondrement des sociétés.
L'élevage est une activité essentielle pour le
pays et la population de Gargando qui est en majorité composée
d'éleveurs aujourd'hui sédentarisés dans la ville ou
à sa périphérie. Ces familles continuent de pratiquer
l'élevage chameaux, chèvres et moutons. La plupart des habitants
pratiquent un élevage de « sécurité économique
». Ils ont souvent deux, trois, voire une dizaine de chèvres ou de
moutons qu'ils élèvent chez eux. En cas de période
difficile, ils peuvent faire appel à cette « épargne sur
pattes ». Tous les matins, des bergers rassemblent ces animaux, moyennant
150 ou 200 francs par mois par tête, pour les emmener pâturer
à plusieurs kilomètres en-dehors de la ville : ces chèvres
et moutons constituent des troupeaux qui avoisinent les 300 à 400
têtes. À certaines périodes de l'année, il y a
beaucoup d'animaux et d'éleveurs sur un espace réduit, ce qui
impacte les réserves d'herbes et d'eau qui sont, certaines
années, largement dépassées.
Avec les CC les animaux errent, entrent dans les zones de
culture, détruisent ou mangent la production agricole, ce qui
crée des problèmes avec les agriculteurs. De l'autre
côté, les agriculteurs empiètent sur les terres pastorales,
parce que la population s'accroît et les progrès technologiques
permettent aujourd'hui de cultiver des terres arides. C'est difficile
d'interdire aux gens de cultiver une terre qui peut leur paraître «
inutilisée » parce qu'elle sert de pâturage aux troupeaux une
partie de l'année.
Les changements climatiques de ces dernières
années ont exacerbé un conflit qui existe depuis des lustres, il
s'agit du conflit entre agriculteurs et éleveurs.
Comme on peut le voir, l'élevage intensif et
sédentaire occupe un rôle important dans la dégradation de
la planète. Le pastoralisme a toujours eu et n'a comme vocation
que la préservation de l'environnement, et de la biodiversité,
les nomades en ont fait une tradition et une culture qu'ils portent
depuis la préhistoire. Il est quasiment impossible de faire comprendre
à quel point la préservation de l'environnement est essentielle
pour la vie et les espèces, sans le rôle du pastoralisme au Sahel
sur l'environnement la vie risque de disparaître de cette
région.
61
Grâce à ma recherche, j'ai pu comprendre que les
changements climatiques n'ont pas lien direct sur l'insécurité
des nomades de Gargando autrement l'hypothèse selon laquelle les
changements climatiques conduisent à l'affrontement direct entre les
groupes d'éleveurs est infirmée grâce aux résultats
obtenus sur le terrain.
Les changements climatiques provoquent la
désertification, l'exode des populations, l'érosion du sol,
l'élévation des températures, les désastres
naturels, la migration.
Les migrations massives dégénérant
souvent en conflits en raison de la déforestation et de
l'érosion, d'épidémies ou encore de réduction
d'eau.
Les changements climatiques peuvent conduire à la
montée des océans, aggravation de rareté des ressources et
l'intensification des désastres naturels. Les risques associés
à ces processus sont la destruction des infrastructures, l'augmentation
du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance mais rarement
à un affrontement direct.
Les CC climatiques sont un multiplicateur de conflits et aussi
à l'origine des multiples sécheresses qu'ont connu depuis 1973
jusqu'à aujourd'hui le septentrion malien et qui par conséquent,
ont rendu des familles entières pauvres en décimant tout leur
cheptel qui est la 1ère source de revenu pour les
éleveurs.
La pauvreté, la mal gouvernance, les litiges fonciers,
les successions de chefferies traditionnelles, les sentiments d'injustice, sont
entre des facteurs qui exacerbent les conflits entre les communautés.
Tous ces facteurs ont rendu la tâche facile aux mouvements radicaux pour
enrôler en masse la population locale en leur promettant des meilleures
conditions sociales mais aussi une justice sociale.
Le vol de bétail, l'exploitation des ressources
pastorales sont aussi des causes des conflits inter et intracommunautaire.
Les objectifs fixés au départ de ma recherche
sont plus ou moins atteints dans les chapitres 4 et 5 de ce document et les
détails de phénomène de changements climatiques y sont
exposés.
62
Références bibliographiques
+ Grain de sel n° 73-74 -- juillet 2016 - juin 2017
+ 1 Voir le bulletin mensuel (octobre 2010) du centre
régional selon par Issa GARBA, expert en pastoralisme, Centre
Régional AGRHYMET
+ Voir le bulletin mensuel (octobre 2010) du centre
régional selon le par Dr. Abou AMANI, Unesco et le Dr. Abdou ALI, Centre
Régional AGRHYMET
+ Dr. Abdou ALI, Centre Régional AGRHYMET
+ 1 Rapport de Bert Koenders, chef de la MINUSMA
(mission des NU au Mali) devant le Conseil de sécurité des
Nations Unies le 25 juin 2013
+
+ Changements climatiques en Afrique de l'Ouest, Daouda Zan
DIARRA, Chef de la Division Agro météorologie Direction Nationale
de la Météorologie Bamako -MALI.
+ 1 Coalition mondiale sur l'eau au sahel ; RPCA
Novembre 2012 - OUAGADOUGOU
Présenté par Clément OUEDRAOGO
coordonnateur PRAME/ Secrétariat Exécutif du CILS
+ DEVAUTOUR H. (1980) Monographie du cercle de Goundam /
Rapport de synthèse de l'enquête socio-économique.
+ DIARRA A. (1999) Appui à l'inventaire des normes et
coutumes en matière de foncier pastoral.
+ GRUNEWALD F. (1998). Le désert, l'eau, la guerre. Le
courrier No 172. Nov-Dec 1998
+ IDIART, P (1961). Métayage et régimes fonciers
dans la région de faguibine (cercle de Goundam, Soudan) Etudes rurales.
Cahier No 3
+ Dr Fodié Tandjigora, Insécurité au
Mali, formes et manifestations article publié le 10/10/2017 sur «
Contre-discours radical »
+ Maïga, M .T.F (1997) Le Mali de la sècheresse
à la rébellion nomade : chronique d'un
double phénomène du contre-développement
en Afrique sahélienne, Collection Alternatives rurales, le Harmattan,
Paris, 297p
+ Kamil H (2003) Elevage, environnement et paix au Nord Mali
63
+ Hélène Claudot-Hawad. Nomadisme chez les
Touaregs. Encyclopédie Berbère, Aix-en-Provence: IREMAM-MMSH,
2012, XXXIV, pp.5590-5602.
+ Ousmane Ag Dalla. Construction participative de
l'information géographique pour le développement local au Sahel:
Propositions méthodologiques dans une commune rurale du Nord du Mali.
Géographie. Université Jean Monnet - Saint-Etienne, 2015.
Français
Annexes : Les cartes ; les questionnaires et
guides d'entretien ; les listes des personnes clés
rencontrées ;
A l'issu de cette recherche j'ai eu à rencontrer des
personnalités clés :
> Mohamed Ag Mohamed ABOUBACRINE, Maire de la commune rurale
de
Gargando
> Mohamed Attaher AG Mohamed Elmoctar, Secrétaire
général de la commune ;
> Mohamed Ag litni, Directeur du second cycle de Gargando ;
> Abdoullahi AG Mohamed Elmoaouloud, Chef de village
Gargando,
> Alkhamis Ag Mohamed Acheick, chef de fraction et chef de
village
64
Figure 1, situation sécuritaire au mali, zone en proie
à l'insécurité
65
Figure 2 Evolution de l'indice pluviométrique dans
la zone CILSS de 1895 à 2000
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