3.4. La dislocation du noyau familial
La famille est l'unité de base de la
société. De celle-ci sont issues les règles d'usage des
terres qui fondent le respect du droit d'aînesse. La prise de conscience
de la valeur économique de la terre et les ambitions financières
des jeunes ont généré des limites de ces règles
d'usage des terres. Les jeunes exigent avoir personnellement leurs parcelles
afin de prendre leur avenir en main. Ce qui motive certains à
réclamer la partition de terres communes à la famille,
créant par endroit une dislocation des concessions et des unités
d'exploitation. Sur le périmètre irrigué, chaque jeune
exploitant souhaite avoir sa propre parcelle d'exploitation pour être
indépendant. De ce fait, les grandes surfaces sont souvent
subdivisées en petites parcelles exploitées par les membres d'une
seule famille. Au bloc N°1, on peut constater une succession de casiers
appartenant à des membres de la famille X. L'idée de champ
familial est aujourd'hui en train d'être abandonnée dans la zone.
Une fois les jeunes mariés, on leur attribue des champs personnels
à partir duquel il prendra en charge sa jeune famille. Cela a conduit
à un morcellement du patrimoine foncier familial et la
déstructuration de la configuration de l'habitat groupé. Dans le
village de Tapoa Gourma, apparaissent des habitations isolées et
dispersées qui se situent généralement à
proximité du périmètre irrigué. Ce morcellement du
foncier favorise l'occupation de l'espace d'habitation et de pâture pour
l'agriculture.
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3.5. L'insécurité foncière sur le
site de la Tapoa
Elle est générée par l'absence de
règles clairement appliquées sur le terrain. C'est le noeud des
problèmes d'insécurité qui subsiste sur le site de la
Tapoa. Elle révèle différentes facettes selon qu'on soit
en zone aménagée ou hors périmètre.
Sur le périmètre de la Tapoa, le recours
à la fois aux propriétaires terriens et à l'administration
par certains exploitants pour se procurer des parcelles est une
inquiétude qui anime les groupes démunies que sont les migrants,
les jeunes et les femmes. Pour eux, il n'existe pas une source de garantie des
parcelles. De ce fait, les revendications peuvent venir de toute part sous
forme légitime (MAHRHA, 2007)32. C'est une
préoccupation que partagent les responsables du périmètre.
Ils considèrent l'instauration des cahiers de charge comme un moyen qui
peut donner plus de quiétude aux exploitants. Ils souhaitent de plus que
l'attribution des parcelles soit accompagnée d'attestations
écrites pour servir de mention fiable pour chaque exploitant sur sa
parcelle.
Par ailleurs, cette sécurité foncière est
plus fragile sur les parties non aménagées car aucune
législation ne s'impose à l'heure actuelle. Ce sont des endroits
où les droits coutumiers sont encore pesants sur les migrants.
L'aménagement hydro-agricole de la Tapoa à
travers l'irrigation sur le périmètre de la Tapoa rapporte des
revenus aux exploitants. La réalisation du barrage a engendré
l'émergence de métiers jusque-là moins
considérés par les populations rurales. Des métiers tels
que les cultures de contre saisons et leurs ventes sur les marchés sont
une source de devises pour les exploitants et la population. Elles ont
créé pour la population de nouveaux besoins de consommation
contribuant ainsi au changement de leur mode de vie.
En plus, la pression foncière est devenue importante
dans la commune du fait de l'arrivée des migrants sur le
périmètre. L'exposition aux produits phytosanitaires, le manque
d'hygiène et de précautions, favorisent l'apparition de
nombreuses maladies telles que les infections respiratoires et digestives.
32 MAHRHA/PNSFMR, 2007, pages 12, 13
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