3.2. La complémentarité entre Cultures
irriguée et cultures pluviales
En réalité les campagnes agricoles de saison
pluvieuse et celles de saison sèche se complètent pour les
exploitants. On constate que chacune fonctionne dépendamment des
ressources tirées de l'autre. En effet, après les récoltes
des cultures pluviales, les paysans prélèvent une partie des
récoltes qu'ils vendent afin d'acheter des intrants pour les cultures
irriguées. Pour les exploitants du périmètre de la Tapoa,
ce sont surtout l'achat des engrais et des semences qui sont le plus
priorisés dans les dépenses. La main d'oeuvre est
également dans une certaine mesure une des causes de la vente des
productions pluviales. Certains producteurs de coton qui possèdent des
parcelles sur le périmètre, détournent une partie des
engrais subventionnés par la SOFITEX qu'ils mettent au profit des
cultures irriguées. Quelque fois, des populations rurales cultivent de
petites superficies de coton pour bénéficier des
62
engrais qu'ils vont ensuite utiliser sur les parcelles du
périmètre; d'autres les revendent aux exploitants. Cela peut
occasionner des pertes de rendement sur les champs de cotons liés au
non-respect des doses prescrites. Ils ne voient pas le risque, mais
plutôt l'occasion de se procurer des engrais. En plus, chez les
exploitants disposant de fosses fumières, les résidus de
récoltes comme les tiges et les épis de mil interviennent dans la
mise en place des fosses fumières. Les investissements
réalisés par les exploitants à partir des cultures
pluviales s'expliquent par le fait qu'ils sont convaincus de pouvoir les
récupérer. Ce sont les revenus issus de la vente des cultures
pratiquées sur le périmètre qui serviront à
récupérer l'argent dépensé en début de
campagne sèche.
Pendant la saison pluvieuse, les exploitants utilisent le
bénéfice financier des cultures de la saison sèche pour
s'approvisionner en intrants (engrais, main d'oeuvre, dabas, charrues,
semences, etc.). L'interdépendance entre ces cultures pratiquées
de façon alternée démontre que le succès de l'une
dépend de l'autre (campagne précédente).
3.3. Les nouvelles formes de productions
Les nouvelles cultures introduites sur le
périmètre irrigué exigent l'utilisation de nouveaux
matériels agricoles qui sont plus commodes pour la réussite du
calendrier agricole et des méthodes culturales.
3.3.1. Les nouvelles pratiques
agricoles
Les populations locales ont longtemps utilisé la daba
comme outil principal dans les cultures. Mais, la donne a changé avec
l'aménagement du périmètre de la Tapoa. Leur
intérêt est tourné vers la charrue, et pour cause le gain
en temps et en énergie. Ceux qui disposent de moyens financiers
n'hésitent plus à se la procurer, surtout les exploitants dont
les labours ne se limitent pas aux cultures pluviales. En outre, l'usage des
motopompes s'est accru sur le périmètre irrigué. Il
remplace progressivement les seaux, les arrosoirs et les bidons qui servaient
de moyens de prélèvement de l'eau. D'autres équipements
agricoles comme les pulvérisateurs, les râteaux et les brouettes
sont achetés par les exploitants pour faciliter l'accomplissement des
tâches sur les parcelles.
Avec l'insuffisance des terres sur le périmètre
irrigué, les exploitants n'ont pas le choix que d'exploiter les
mêmes parcelles. Par conséquent, la rotation et l'association des
cultures sont devenues des pratiques courantes sur le périmètre
de la Tapoa. Par ailleurs, l'utilisation des engrais y est très
présente. Même ceux qui ne possèdent pas suffisamment de
moyens
63
financiers s'efforcent toujours d'apporter la moindre
quantité à leurs cultures. Il faut noter également que
l'emploi des herbicides par les exploitants est une étape indispensable
sur certaines parcelles. Il est lié à la l'envahissement des
mauvaises herbes qui exigent une aération préalable avant les
labours.
3.3.2. Les nouvelles techniques de stockage des
productions
La gamme des cultures sur le périmètre de la
Tapoa montre l'exigence de la diversification des techniques de stockage. Pour
ce qui est des céréales cultivées, les paysans les
égrainent et les conservent dans des sacs de 50 et 100 kg afin de
faciliter l'usage en famille ou la mise sur le marché. Ces
céréales sont traitées au préalable afin
d'éviter les attaques des rongeurs et des insectes. Elles sont ensuite
placées dans les magasins du périmètre. Toutefois,
certains producteurs préfèrent conduire directement leurs
récoltes en familles.
Contrairement aux céréales, la conservation des
légumes est très délicate pour les maraichers.
Généralement, ce sont des cultures qu'ils ont du mal à
garder au-delà de 48 heures après récoltes. Pour ce faire,
les légumes revenus du marché sont versés sous des abris
frais et spacieux pour ralentir leur pourriture. Malgré les formations
en séchage des légumes au profit des femmes, elles ont toujours
de la peine à les appliquer.
Néanmoins, les techniques de conservation de l'oignon
à bulbes ont connu des progrès. Après les récoltes,
les bulbes d'oignons sont d'abord gardés à l'air libre. Elles
sont ensuite placées sur des paillottes construites, alternées
à la paille sèche. Enfin, de petites quantités d'eau sont
régulièrement répandues sur la paille afin d'apporter de
la fraicheur aux bulbes. Ainsi, la durée de conservation peut atteindre
7 à 9 mois.
La pratique de l'élevage est un passage
nécessaire pour les exploitants du périmètre. Il est donc
important de comprendre son mode d'intervention et son utilité dans la
production des cultures irriguées. Quel est l'apport de
l'aménagement à la modernisation du système
d'élevage dans la zone ?
|