2.2. Les différentes productions
40
il est rare de trouver un exploitant dont toute sa
spéculation se concentre sur une seule parcelle.
2.2.1. La riziculture et le
maraîchage
Le riz, comme dit précédemment, est la
première spéculation à être introduite sur le
périmètre de la Tapoa. Les parcelles qui lui sont
destinées sur le périmètre vont généralement
de 300m2 à 0,1 ha par riziculteur. En dehors des deux
campagnes de1992/ 93 et 1993/94 qui avaient enregistré des rendements
relativement appréciés grâce à l'appui du CNCA en
engrais, les rendements de riz sont faibles (4t/ha). Néanmoins, ils sont
53,49% des exploitants qui s'adonnent à cette culture. Elle est
cultivée uniquement ou combinée à d'autres cultures comme
le maïs (cf photo N°1).
Photographie N°1 : Casier de riz associé au
maïs
![](Limpact-socio-conomique-dun-amnagement-hydroagricole-Le-barrage-de-la-Tapoa13.png)
MALKOUMA, mars 2012
Le maraîchage occupe une place importante sur le
périmètre de la Tapoa. On estime à 39,53% des exploitants
qui pratiquent exclusivement le maraîchage contre 60,47% qui produisent
d'autres cultures en plus du maraîchage. Le chou vient en première
position des cultures maraîchères et occupe 55,81% des
exploitants, suivi de l'oignon (54,65%) et de la tomate (30,23%). Ces
spéculations sont produites à la fois par les mêmes
producteurs, mais avec une prédominance de l'une ou de l'autre. D'autres
cultures y sont pratiquées en faible proportion, car moins
utilisées dans la consommation locale où peu rentables. Ce sont
l'aubergine, le piment, le concombre, les courges, la carotte et le gombo. La
proportion de ces cultures maraîchères est à l'image de
celle de l'ensemble de la commune de Diapaga (cf. Graphique N°7).
41
![](Limpact-socio-conomique-dun-amnagement-hydroagricole-Le-barrage-de-la-Tapoa14.png)
Proportions en tonnes
137,5
Graphique N°6: Proportion des cultures
maraichères dans la commune de Diapaga
90
80
Spéculations
63
30
7,5 3 0,3 0,6
Source : DPAHRH/ Tapoa, 2010
Les trois principales cultures maraîchères du
périmètre de la Tapoa sont bien représentées, mais
avec une prédominance de l'oignon bulbe sur le chou.
Photographie N°2 : Trois principales cultures
maraîchères (choux, oignon, tomate)
![](Limpact-socio-conomique-dun-amnagement-hydroagricole-Le-barrage-de-la-Tapoa15.png)
MALKOUMA, mars 2012
En plus du maraîchage, on note ces dernières
années une prolifération de vergers, surtout sur les deux rives
en amont du barrage. Ces vergers colonisent les abords de la retenue d'eau et
sont de superficies de tailles différentes.
2.2.2. Les plantations
fruitières
Les plantations fruitières sont constituées
essentiellement de bananerais, de goyaviers, de manguiers et de papayers
à côté desquels sont souvent associées des cultures
maraichères. C'est dans ces plantations que l'on retrouve les plus
grandes superficies du périmètre de la Tapoa. La plus petite
exploitation rencontrée est d'environ 0,20 ha et la plus étendue
est à plus de 2,5 ha. Ici, tous les propriétaires
possèdent au moins une motopompe servant à
42
l'irrigation. Ces plantations font la fierté des
propriétaires qui ne cachent pas leurs sentiments de fierté.
Photographie N°3 : Vergers de bananeraie en maturation
![](Limpact-socio-conomique-dun-amnagement-hydroagricole-Le-barrage-de-la-Tapoa16.png)
MALKOUMA, mai 2012
2.2.3. Les techniques de production
La production du périmètre est
caractérisée ici par les différentes activités
agricoles exécutées lors de la campagne agricole. Elle est
déterminée à travers le système de culture et les
techniques mises en oeuvre par les exploitants. Le système de culture
fait intervenir deux notions, à savoir l'organisation des cultures sur
la parcelle et les techniques appliquées. Ces techniques sont
liées aux aptitudes propres à chaque individu ou groupe
d'individus selon le niveau d'adoption des outils et l'itinéraire
appliqué.
2.2.3.1. Le calendrier agricole et la gestion des
travaux
Il est basé sur des connaissances empiriques des
exploitants étroitement liées aux indicateurs naturels comme la
pluviosité et le cycle végétatif, mais aussi sur des
connaissances acquises lors des formations. Il est constitué de
plusieurs séquences qui marquent les étapes des opérations
culturales (cf. Tableau N° 4). Le tableau révèle que les
exploitants ont une bonne maîtrise du temps et que la fin des
activités de cultures pluviales coïncide avec le début des
cultures irriguées.
43
Figure N°2 : Le calendrier agricole des exploitants de la
Tapoa Gourma
Saisons Opérations culturales
|
Début d'hivernage
|
Saison pluvieuse
|
Début de saison sèche
|
Saison sèche
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Récolte de riz, Vente de légume, Préparation
des champs de Cultures pluviales
|
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|
1er labour et Semis
|
|
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Amendement des cultures
Pluviales
|
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2e labour, Désherbage, culture
|
|
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|
|
Traitement des cultures
|
|
|
|
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Récoltes
céréales, Curage des canaux, mise en
pépinière des cultures irriguées (riziculture,
maraîchage)
|
|
|
|
|
Repiquage des légumes et du riz, sarclage
|
|
|
|
|
Entretien des cultures et vente de légumes
|
|
|
|
|
Enquête de terrain Janvier-février 2012 MALKOUMA
HD, Février 2012
2.2.3.2. L'itinéraire
agricole
Les opérations sur le périmètre
commencent avec le nettoyage des canaux de drainage des eaux vers les
parcelles. Au début de chaque campagne, les responsables du
comité mobilisent les exploitants pour qu'ils débarrassent les
ordures pouvant empêcher la desserte normale de l'eau dans les casiers.
Un responsable est également choisi pour l'ouverture et la fermeture des
vannes. Généralement, ce sont les jeudis de chaque semaine qui
sont réservés
Le système d'irrigation utilisé sur
l'aménagement de la Tapoa est gravitaire. Des pentes faibles mais
régulières permettent de répartir l'eau par un
écoulement simple jusqu'aux
44
pour le nettoyage. Il se poursuit durant tout le temps que
dure la campagne irriguée. Après les travaux d'ensemble, les
exploitants se donnent à la préparation de leurs parcelles.
2.2.3.2.1. Le labour et la mise en
pépinière
L'objectif du labour est de préparer les superficies
qui serviront à accueillir les nouveaux plants. Il consiste à
débarrasser les mauvaises herbes de la parcelle. Elles sont
coupées et dessouchées pour permettre l'éclaircissement
des parcelles. Les herbes arrachées sont déposées en tas
sur un même endroit et brulées après séchage.
Certains exploitants les utilisent pour marquer les limites parcellaires. Cette
étape est particulièrement difficile, disent les exploitants, car
elle demande considérablement de l'effort physique. Ceux qui ont les
moyens n'hésitent pas à faire appel aux contractuels qui se
chargent de creuser les parcelles. Sur le périmètre de la Tapoa,
les outils utilisés sont essentiellement la daba et la charrue avec
respectivement 96,51% et 3,48% des exploitants. Lorsque la préparation
des parcelles est terminée et que les pépinières sont
prêtes, le repiquage peut maintenant commencer.
2.2.3.2.2. Le repiquage
Les repiquages se distinguent selon qu'on soit en riziculture
ou en maraîchage. Généralement, c'est une opération
qui nécessite une assistance communautaire (entre-aide). C'est un
travail qui se réalise progressivement suivant le stade de
développement des pépinières. Des enquêtes
réalisées, 84,9% des exploitants négocient l'assistance de
la communauté des exploitants à cette étape des
opérations. Mais ceux qui disposent d'un nombre suffisant d'actifs ou
ceux dont les parcelles ne sont pas assez grandes se contentent de la main
d'oeuvre familiale. La demande d'assistance s'explique par le fait qu'il est
souhaitable qu'une fois les plants sortis de pépinière qu'ils
soient repiqués 48 heures au plus tard; toute chose qui rend difficile
le repiquage individuel.
2.2.3.2.3. L'entretien des
productions
Toute culture a besoin d'un suivi particulier de la part des
producteurs, mais les exigences différent d'une culture à une
autre. Comment les producteurs se prennent-ils pour remplir les conditions
indispensables à la croissance des cultures pratiquées ?
45
parcelles. Par ailleurs, les motopompes installées
à l'abord du canal principal permettent également de drainer
l'eau du canal principal jusqu'aux parcelles.
- Dans les rizières et les parcelles
maraichères
L'approvisionnement des rizières en eau est un
impératif pour garantir une croissance des plants de riz. Après
le repiquage, les riziculteurs veillent à ce qu'il y ait
régulièrement de l'eau dans leurs casiers. L'approvisionnement en
eau est accompagné par l'apport de fertilisants nécessaires au
développement des plants de riz. Cet apport de fertilisants suit deux
modes sur le périmètre irrigués : l'utilisation exclusive
de l'engrais chimique et l'association du chimique à l'organique. Parmi
les riziculteurs enquêtés, 17,5% utilisent exclusivement l'engrais
chimique (urée et NPK) et 82,5% l'alternent avec l'engrais organique.
Différemment au riz, les cultures
maraîchères demandent moins d'eau, mais les fréquences
d'approvisionnement sont beaucoup plus rapprochées. Sur le
périmètre irrigué, chaque maraîcher a établi
son programme d'arrosage en tenant compte de la nature de ses cultures et des
jours de passage des blocs. Là également, l'emploi des engrais
est très capital pour la réussite des cultures. Leurs emplois
sont respectivement représentés comme suit:79,24% pour le
système combiné chimique-organique, 17,24% pour le chimique et
3,45% pour l'organique.
Par ailleurs, il n'existe pas de programme
préétabli pour le sarclage des plants, mais c'est chaque
exploitant qui juge le temps d'intervention. Cela peut s'expliquer par
l'insuffisance des formations dont bénéficient les exploitants.
46,51% des exploitants enquêtés affirment n'avoir jamais
reçu de formation, 32,56% ont au plus bénéficié
d'une formation pendant toute leur vie d'exploitant. C'est sur le terrain que
plusieurs ont reçu les connaissances qu'ils disposent et se contentent
de les appliquer sur leurs cultures. De plus, l'utilisation des produits
phytosanitaires est laissée à la liberté de chaque
exploitant. Le traitement n'est généralement entamé que
s'il y'a des cas de menace des productions.
- Dans les plantations
fruitières
C'est dans les plantations fruitières que le
professionnalisme des exploitants est plus perçu. Les visites sur le
terrain ont permis de constater que tous les propriétaires de
plantations possèdent au moins une motopompe pour l'irrigation des
cultures. Chaque chef d'exploitation dispose d'un programme d'arrosage qu'il
exécute personnellement ou qu'il confie aux contractuels engagés.
Un réseau de sillon parcourt l'ensemble de la parcelle et sert
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de conduit d'eau jusqu'aux cultures (cf. photographie
N°4). Dans ces plantations l'importance de la fumure organique est plus
qu'un complément à l'engrais chimique; d'où la
construction de fosses fumières à côté des jardins
en vue d'obtenir le compost.
Le traitement phytosanitaire est très présent et
régulier dans les plantations fruitières. Des séances de
pulvérisation généralisées sont effectuées
suivant un chronogramme défini. Ces précautions s'expliquent par
la fragilité des cultures fruitières aux parasites qui peuvent
détruire les plantations.
Photographie N°4: Irrigation dans une plantation de
bananeraie
![](Limpact-socio-conomique-dun-amnagement-hydroagricole-Le-barrage-de-la-Tapoa17.png)
MALKOUMA, mai 2012
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