2. ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE
On peut identifier deux types d'autorité qui
régissent la gestion du village de Tapoa Gourma. Il s'agit de celui issu
de la culture et des traditions (l'autorité légitime) et celui
relevant de l'organisation moderne (l'autorité légale).
2.1. Le pouvoir traditionnel
Les croyances religieuses, les valeurs sociales et les
pratiques traditionnelles définissent le pouvoir traditionnel dans la
société gourmantché. Le culte des ancêtres soutenu
par la croyance d'un monde invisible est au centre de toutes les
considérations sociales. C'est le moyen par lequel les vivants
communiquent avec les ancêtres pour leur faire parvenir des
doléances. Raison pour laquelle il faut choisir celui qui est
initié pour comprendre leur langage, et ce grâce à la
géomancie «consultations de sable » très
présente dans la zone. Le pouvoir dans la Tapoa Gourma émane de
la chefferie de Diapaga dont l'autorité s'impose à l'ensemble des
habitants des villages environnants. Néanmoins, tous s'accordent et
reconnaissent le pouvoir foncier et religieux de Odog
Nukpelo17.
Il faut cependant reconnaitre que le pouvoir
décisionnel de celui-ci est réduit aujourd'hui du fait qu'il le
partage avec les élus locaux.
2.2. Le pouvoir moderne
Il est représenté par l'ensemble des
responsables choisis suivant les voies légales du pays. Sont inclus les
conseillers ; le CVD, les différents responsables des groupements, et
l'administration. Ici, toutes les ethnies et sans distinction de sexe sont
concernées et peuvent prétendre à ce pouvoir.
La superposition de ces deux pouvoirs sur le territoire n'est
pas sans conséquence. Il en résulte inévitablement deux
tendances, d'un côté ceux qui se fient plus au premier pouvoir
traditionnel et de l'autre, ceux qui comptent plus sur le pouvoir légal.
Mais, il ne faut pas perdre de vue la collaboration entre les deux pouvoirs qui
aide à lever certaines incompréhensions entre populations
rurales.
2.3. L'Evolution du pouvoir
17 Terme désignant l'ainé issu du
lignage des premiers occupants. Ici ce sont les COULDIATY
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A travers nos enquêtes de terrain, il ressort qu'une
collaboration s'est établie entre les responsables locaux. Ici, la
spécificité c'est que la gestion du terroir est faite de
façon conjointe. Elle est facilitée par la double «
casquette » que portent certains responsables locaux. A des exceptions
près, les élus locaux sont issus du lignage des premiers
occupants ou ont des relations parentales étroites avec celui-ci, de
sorte qu'ils assurent concomitamment les deux rôles sans grandes
difficultés. Mais le principe n'est pas toujours évident, comme
nous le confie un coutumier du village de Tapoa Gourma qui l'exprime en ces
termes: « Ils ne m'informent de rien, c'est quand il y'a des
problèmes qu'ils me font maintenant recours.», en parlant de
certains élus locaux. Toutefois, il arrive que cette option devienne
inefficace et que les autorités légales (communales, judicaires,
etc.) soient saisies pour trancher sur un différend.
La collaboration entre responsables a conduit à la mise
en place d'un comité de gestion des conflits fonciers18 qui
appuient les autorités communales. C'est une structure qui joue un
rôle important dans la commune où les conflits fonciers sont
devenus incessants ces dernières années.
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