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L’impact socio-économique d’un aménagement hydroagricole. Le barrage de la Tapoa.


par Hassane Dabiemo MALKOUMA
Université Ouaga I, Joseph Ki Zerbo - Maîtrise en Géographie 2014
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS BURKINA FASO

SECONDAIRE ET SUPERIEUR

Unité-Progrès-Justice

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

..........................................

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES

..........................................

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MAITRISE
Option:Géographie Rurale
Thème

L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE D'UN
AMENAGEMENT HYDROAGRICOLE:
LE BARRAGE DE LA TAPOA

Présenté par

MALKOUMA Hassane Dabiemo

Sous la Direction de :

Frédéric O. Koulanswonthé PALÉ

Maître de conférences

Année académique : 2013-2014

II

I

Je dédie ce mémoire.

DEDICACE

A la mémoire de Feu ma Grand-mère Feue Boualihamou TINDANO
Vous qui m'avez accordé tant d'affection,

A mon père et à ma mère,

A tous mes frères et soeurs,

A toute la famille MALKOUMA

II

REMERCIEMENTS

Nous adressons nos remerciements à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail.

- A notre Directeur de mémoire le Professeur O. Koulanswonthé PALÉ pour sa disponibilité et sa compréhension dans l'encadrement.

- A tous les enseignants du département de Géographie, pour les conseils qu'ils ont su nous donner.

- A notre famille pour son soutien et sa patience durant toutes ces nombreuses années d'études.

- A la Direction Provinciale de l'Agriculture de la Tapoa et en particulier à l'agent technique d'agriculture M. YONLI avec qui nous avons souvent effectué des sorties de terrain sur le périmètre irrigué de la Tapoa.

- Nos remerciements s'adressent à M. Lamoudi LOMPO qui a bien voulu nous héberger durant tout notre séjour.

- Aux responsables des exploitants du périmètre pour avoir fourni les informations utiles que nous leur avons sollicitées.

- A tous les camarades étudiants pour les échanges constructifs et enrichissants.

Nos remerciements vont enfin à tous ceux ou celles qui ont bien voulu nous apporter un soutien quelconque dans la réalisation de ce travail. Acceptez chacun l'expression de notre profonde reconnaissance.

III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ADELE : Appui au Développement Local de l'Est

ACF : Action Contre la Faim

ASECNA: Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar

BF : Burkina Faso

BUC : Bibliothèque Universitaire Centrale

CERCI : Centre d'Etude et de Recherche en Cultures Irriguées

CGCT : Code Général des Collectivités Territoriales

CMA : Centre Médical avec Antenne chirurgicale

CNCA : Caisse Nationale de Crédit Agricole

CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale

CVD : Comité Villageois de Développement

DGRE : Direction Générale des Ressources en Eau

DPA : Direction Provinciale de l'Agriculture

DPAHA: Direction Provinciale de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources

Halieutiques

DPE: Direction Provinciale de l'Environnement

DPRA: Direction Provinciale des Ressources Animales

FAO: Food and Agriculture Organization

FCFA : Franc de la Communauté Financière d'Afrique

FEER: Fond de l'Eau et de l'Equipement Rural

FED: Fond Européen de Développement

FIT : Front Inter Tropical

IRD: Institut de Recherche pour le Développement

MAHRHA: Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques

MEE : Ministère de l'Environnement et de l'Eau

NPK: Azote minérale Phosphore Potassium

IV

ONBAH : Office National des Barrages et des Aménagements Hydro-agricole ONBI : Office National des Barrages et de l'Irrigation

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PCD-AEPA : Plan Communal de Développement sectoriel Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement

PDRI : Projet de Développement Rural Intégré

PIB : Produit Intérieur Brut

PNSFMR : Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural RAF : Réforme Agraire et Foncière

SCADD : Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable SOFITEX : Société burkinabè des Fibres et Textiles

V

SOMMAIRE

DEDICACE .I

REMERCIEMENT II

SIGLE ET ABREVIATION III

SOMMAIRE V

RESUME VI

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE: LE CONTEXTE PHYSIQUE, HUMAIN DE

L'AMENAGEMENT .10

Chapitre I : Le milieu physique et les aspects socioéconomiques 11

Chapitre II: Historique et caractéristiques techniques de l'aménagement hydro-agricole 32

DEUXIEME PARTIE : LES TRANSFORMATIONS SOCIOECONOMIQUES

CONSECUTIVES A L'AMENAGEMENT DE LA TAPOA 52

Chapitre III : L'impact économique et social 54

Chapitre IV: Les conséquences des problèmes d'eau sur le périmètre de la Tapoa . 76

Conclusion générale 81

VI

RESUME

Le Burkina Faso s'est investi dans la réalisation des aménagements hydro-agricoles depuis les années 1960 avec pour objectif de répondre aux besoins des populations, du cheptel et intensifier l'agriculture. Le barrage de la Tapoa situé dans la commune urbaine de Diapaga en est un exemple. Cette étude a été réalisée en vue d'apprécier l'impact économique et social de cet aménagement sur la vie des populations bénéficiaires.

Les chefs d'exploitation et les responsables locaux constituent la population cible, auxquels nous avons soumis des questionnaires et des guides d'entretien. L'analyse a d'abord consisté à examiner les caractéristiques techniques de l'aménagement, puis s'est intéressée spécifiquement à l'impact du barrage sur l'économie et les structures sociales du milieu.

Il ressort de cette étude que le barrage a été réfectionné à plusieurs reprises suivi de l'aménagement progressif des superficies irriguées. Le périmètre irrigué a permis une diversification des sources de revenus des exploitants à travers la création de nouvelles activités économiques sur le site. Ainsi, le niveau de vie des populations s'est vu amélioré. Leurs capacités de prise en charge sanitaire et éducative se sont renforcées. En plus, les nouveaux modes de vie, le pouvoir financier des migrants et les règles modernes qui régissent la gestion des terres aménagées ont entrainé une désorganisation des structures sociales traditionnelles.

Par ailleurs, les inondations et l'insuffisance d'eau sur le périmètre entrainent des dégâts des cultures et rendent pénibles le travail des exploitants.

Mots clés : Impact, socio-économique, aménagement hydro-agricole, barrage, Tapoa, Burkina Faso

1

INTRODUCTION GENERALE

La disponibilité de l'eau pour l'agriculture constitue un véritable problème pour les populations africaines du fait des besoins alimentaires croissants.

En 1999, l'UNICEF estimait à plus de 55% de la population rurale des pays de l'Afrique qui souffrait de manque d'eau pour l'alimentation. Faut-il présumer que les initiatives de mobilisation de l'eau manquent dans ces pays? Il serait absurde de répondre par l'affirmatif. Les réalisations des ouvrages de maitrise d'eau ont été engagées depuis les années 1920 en Afrique subsaharienne par l'administration coloniale. Les efforts ont été poursuivis après les indépendances dans les pays pour faire face à la précarité climatique que subissent les populations et leurs cultures.

L'accès à l'eau devient de plus en plus critique au point de susciter un intérêt particulier pour les dirigeants et les leaders d'opinion du monde. A la faveur du Sommet du Millénaire tenu en septembre 2000, les dirigeants du monde entier prirent la mesure du problème et se fixèrent comme objectif de «mettre fin à l'exploitation irrationnelle des ressources en eau» pour réduire de moitié d'ici à 2015, la proportion des personnes qui n'ont pas accès à l'eau. L'une des stratégies de gestion de l'eau qui a été définie est la maitrise d'eau par les aménagements hydro-agricoles.

Au Burkina Faso, cette stratégie venait consolider les efforts de réalisation et d'aménagement des plans d'eau (Bas-fonds, barrages, périmètres irrigués) déjà entrepris pour soutenir l'agriculture. Ce secteur est incontournable au développement économique du pays car plus de 80% des utilisations d'eau lui sont destinées et 90% de la population en dépend.

Après 1970, la réalisation des barrages, l'aménagement des plaines et bas-fonds ont fait partie des actions privilégiées du pays pour sécuriser et moderniser l'agriculture. En 2006, on comptait déjà plus de 100 retenues d'eau en exploitation, dispersées sur le territoire burkinabé (MAHRH, 2006).

2

I. PROBLEMATIQUE

Pays sahélien situé dans la boucle du fleuve Niger, le Burkina Faso est soumis à des contraintes climatiques défavorables au développement des activités agricoles. On constate une régression progressive des quantités de pluies, de grandes sècheresses (1971, 19731974,1983-1984) et des arrêts précoces des pluies, qui affectent les performances de la principale activité économique du pays qu'est l'agriculture. Les rendements des cultures pluviales connaissent une baisse significative dans plusieurs zones de production du pays.

Dans l'optique de soutenir l'agriculture et les économies des ménages ruraux, les aménagements hydro-agricoles se présentent comme l'alternative privilégiée au Burkina Faso (MAHRH, 2009). Ainsi, plusieurs barrages et périmètres irrigués sont réalisés sur l'étendue du territoire burkinabè. Les premières réalisations des retenues d'eau datent des années 1920. Les premiers périmètres irrigués quant à eux datent des années 1950. Il a fallu attendre la période 1970- 1984 pour que l'irrigation prenne un essor important.

La région de l'Est est l'une des régions bénéficiaires des opérations d'aménagement des périmètres irriguées autour des retenues d'eau du pays (Kompienga, Dakiri, Tapoa, etc.). Les potentialités qu'elles offrent sont importantes, car les volumes d'eau stockés, le plus souvent destinés à satisfaire les besoins des hommes et des animaux, permettent également le développement des cultures irriguées, notamment le riz, le maraîchage. Mais, les problèmes fonciers sur les zones aménagées constituent des sources potentielles de conflits entre les exploitants. En plus, les barrages d'eau dans la région Est, sont des facteurs de changements sociaux souvent moins favorables pour les populations rurales. De ce fait, leurs contributions dans la vie des populations sont diversement appréciées.

Le barrage de la Tapoa est un cas illustratif des aménagements hydro-agricoles dont les usages sont multiples en milieu rural burkinabé.

Situé dans la commune de Diapaga, le périmètre irrigué de la Tapoa a connu sa première opération d'aménagement une dizaine d'années après la construction de la digue en1961. Il est localisé géographiquement à 12°07' de latitude Nord et 1°43'de longitude Ouest. L'objectif de l'aménagement de ce périmètre est l'augmentation de la production alimentaire, la diversification des sources de revenus des populations locales à travers le développement de la culture irriguée et la pêche.

Une trentaine d'années après les travaux d'aménagement du périmètre irrigué et de nombreuses réfections de ces infrastructures qui ont mobilisé des moyens humains et financiers considérables, il serait important de s'interroger sur ce qu'il a pu apporter dans la

3

vie des populations riveraines. En raison de l'intérêt qu'il a suscité de la part des communautés locales, cet aménagement a-t-il créé un changement réel en matière de développement des activités agricoles? Quelles sont les mutations sociales qu'il a imprimées dans le milieu ? Existe-t-il un manque d'eau sur le périmètre irrigué qui puisse compromettre les rendements des cultures?

Ces interrogations nous ont conduits à formuler les objectifs de travail suivants:

II. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'objectif principal de cette étude est d'analyser la contribution de la retenue d'eau de la Tapoa au développement des activités économiques des ménages, à l'amélioration des conditions de vie des exploitants et les transformations sociales dans le terroir.

De façon spécifique, nous formulons les objectifs spécifiques suivants:

> examiner les activités économiques des exploitants sur le périmètre et leurs apports sur le niveau de vie des ménages;

> analyser les transformations sociales et l'évolution de l'accès à la terre sur le site de la Tapoa;

> identifier les difficultés liées au manque d'eau qui entravent le développement des cultures irriguées sur le périmètre.

III. LES HYPOTHESES DE TRAVAIL

L'hypothèse principale stipule que l'aménagement du périmètre de la Tapoa participe à la promotion d'activités économiques variées et modifie l'organisation sociale traditionnel au sein des communautés rurales. Cela a conduit à la formulation des hypothèses secondaires suivantes:

> Le barrage de la Tapoa a créé de nouvelles activités économiques qui génèrent des revenus aux exploitants et soutiennent les cultures pluviales;

> L'aménagement du site de la Tapoa a entrainé un bouleversement des structures sociales traditionnelles et accroît la pression humaine sur les terres;

> les exploitants sont confrontés à un problème d'eau qui réduit significativement la productivité sur le périmètre de la Tapoa.

4

Afin de vérifier les hypothèses et les objectifs formulés, la démarche méthodologique suivante a été mise en oeuvre.

IV. LA METHODOLOGIE

Notre démarche méthodologique a consisté à associer deux approches: qualitative (observations et appréciation sur le terrain) et quantitative (recueil de données mesurables). Elle prend en compte les points suivants: la recherche documentaire, la définition des concepts et les enquêtes de terrain.

1. LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

Elle a consisté en la consultation de documents traitant des aménagements hydro-agricoles au Burkina Faso et dans le monde.

Ainsi, nous avons consulté des documents dans la Bibliothèque Universitaire Centrale (BUC), la bibliothèque du département de Géographie de l'Université de Ouagadougou. Nous nous sommes rendus également au centre de documentation de la Direction de la Gestion des Ressources en Eau du Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH). Les services comme les Directions provinciales de l'Agriculture et de l'Environnement de la Tapoa, la préfecture et la Mairie de Diapaga ont servi à compléter nos informations. Toutes ces sources ont été accompagnées par des recherches sur Internet et des discussions avec les différents responsables locaux. La revue de lecture est composée d'ouvrages généraux, de thèses, de mémoires de fin de cycle, d'articles, de rapports et de publications de résultats de recherches. Ils portent sur les techniques associées à la construction des barrages, l'historique et le fonctionnement des aménagements hydro-agricoles, leurs apports économiques pour les populations rurales et les mutations sociales induites sur les milieux d'accueil.

Cette recherche documentaire nous a permis aussi de bien circonscrire la problématique de recherche, de donner une orientation précise aux objectifs de recherche que nous nous sommes fixés. Elle a en outre aidé à appréhender le sens des mots et expressions courants et importants relatifs aux aménagements hydro-agricoles et leurs répercussions sur les populations locales.

Irrigation: Elle consiste à apporter artificiellement de l'eau à des végétaux cultivés pour augmenter la production, et permettre leur développement normal en cas de déficit d'eau dû à

5

2. LA DEFINITION DES CONCEPTS

Pour l'analyse du thème « Impact socioéconomique d'un aménagement hydro-agricole: le barrage de la Tapoa», la compréhension de certains termes récurrents semble nécessaire. Ce sont entre autres l'impact, aménagement hydro-agricole, barrage, irrigation, technique de cultures, et ménage.

Impact: Selon le dictionnaire français Encarta 2009, l'impact est l'ensemble de répercutions de quelque chose sur une autre chose. Dans la présente étude, nous nous intéressons aux impacts bénéfiques et négatifs induits par le barrage de la Tapoa dans la vie des populations riveraines. Cette étude analyse spécifiquement l'impact économique (sources de revenus, amélioration des conditions financières des exploitants, création de nouveaux marchés, etc.) et social (le changement des coutumes, la dislocation du noyau familial, l'affaiblissement du pouvoir traditionnel, l'état de santé, la scolarisation, etc.).

Aménagement hydro-agricole: Un aménagement hydro-agricole est toute création sur une terre agricole d'ouvrages hydrauliques et de terres, à but multiple dont la culture irrigué (MEE, 2001). Généralement un aménagement hydro-agricole est associé à un périmètre irrigué du fait que le type d'aménagement est déterminé en partie par le choix des productions et de la saison. Il comporte sur le plan infrastructures une source (retenue d'eau), une digue érigée artificiellement (barrage), des infrastructures de transports et de distribution d'eau (canaux), une terre aménagée, et d'un collecteur principal de rejet des eaux excédentaires et usées. Le plus souvent l'expression aménagement hydro-agricole et assimilée au terme barrage.

Barrage : selon DIPAMA J. M. (2005) cité par NAPON K, 2013, « un barrage est une barrière sous forme de digue, érigée à l'exutoire d'un bassin collecteur, communément appelé le bassin versant. Il est destiné à stocker les eaux de ruissellement ou celles d'un cours d'eau en amont de la digue ».

Le barrage est un ouvrage artificiel qui coupe le lit d'un cours d'eau. Il sert soit à pourvoir à l'alimentation des villes en eau ou à l'irrigation des cultures, ou bien à produire de l'énergie. La retenue d'eau crée va permettre de stocker les eaux de pluie, de ruissellement et produire une réserve destinée ensuite à leur utilisation domestique et à leur valorisation agricole.

6

une insuffisance pluviométrique (Wikipédia français 2013). Elle se présente sous plusieurs formes dont la petite irrigation qui concerne l'exploitation des périmètres de petites tailles où les techniques d'exploitations et de production, et les moyens d'approvisionnement d'eau sont à faibles coûts. Elle a un but commercial pour ce qui concerne le maraichage et semi marchand pour les céréales (BAMOGO S. 2008).

Techniques de cultures: La technique est l'ensemble des procédés et des moyens mis en oeuvre dans la pratique d'un art, d'un métier, d'une industrie. Dans ce travail, nous définissions les techniques comme l'ensemble des moyens et des procédés dans l'entretien des cultures irriguées (riz, cultures maraichères, maïs, vergers, etc.).

Ménage: Selon une étude du MAHRH (2005) « un ménage est un groupe de personnes généralement unies par des liens de sang ou de mariage, logeant habituellement ensemble, produisant ensemble, et dont l'autorité budgétaire relève au moins théoriquement d'une seule personne appelée chef de ménage ». De cette définition nous retenons que le ménage est un groupe de personnes ayant un budget de survie commun et vivant ensemble dans le même habitat. Les membres assurent deux fonctions principales: économique et sociale.

3. LES ENQUETES DE TERRAIN

Les enquêtes de terrain ont porté sur l'échantillon spatial et démographique. Elles ont consisté également à mettre au point les méthodes et les techniques de collecte des données sur le terrain.

3.1. Echantillonnage spatial

Le choix de la commune de Diapaga s'explique par le fait qu'elle abrite le barrage qui fait l'objet de notre étude. Afin de mieux cerner les changements qui s'opèrent dans le milieu et évaluer les effets sur l'économie des ménages, nous avons choisi trois (03) localités (Tapoa Gourma, Touaga et Diapaga) qui représentent l'environnement immédiat du périmètre aménagé. Les villages de Tapoa Gourma et Touaga sont rattachés à la commune urbaine de Diapaga et abritent la majorité des exploitants installés sur le périmètre irrigué.

En plus de notre échantillon spatial principal, nous avons mené des recherches supplémentaires sur d'autres périmètres irrigués de la province de la Tapoa afin d'avoir une idée large des transformations sociales dans le milieu.

Le cadre opératoire de l'étude ci-dessous (cf. tableau n°2) donne une vue d'ensemble des méthodes de collecte des données utilisées au cours des enquêtes de terrain.

7

3.2. Echantillon démographique

Les exploitants qui interviennent sur le périmètre de la Tapoa ont été la population cible de notre étude. Au total 112 personnes ont fait l'objet de nos enquêtes dont 86 chefs d'exploitation, 10 ouvriers agricoles, et 8 commerçants. Ils exercent tous des activités de production et de commercialisation.

Nous nous sommes entretenus avec le Préfet, le Secrétaire de la mairie, les conseils et le chef terre de Tapoa Gourma, les responsables des services provinciaux de l'agriculture et de l'environnement, et les responsables des exploitants du périmètre, soient au nombre de 8 personnes.

Le tableau ci-dessous donne la répartition des chefs d'exploitation par sexes, statuts, et par villages.

Tableau n°1 : Répartition des chefs d'exploitation

Exploitants

Villages

Hommes

Femmes

Statuts des exploitants

Total enquêté

Autochtones

M.

sédentaires

M.

temporaires

Diapaga

10

02

08

03

01

12

Touaga (hameaux)

11

0

05

06

0

11

Tapoa Gourma

49

14

37

24

02

63

Total

70

16

45

38

03

86

Enquête de terrain Janvier-Février 2012 MALKOUMA HD, Février 2012

3.3. Les techniques de collecte des données

Pour collecter les données, une première phase a été consacrée à la recherche documentaire. La seconde a permis d'administrer le questionnaire individuel, le guide d'entretien aux responsables et aux exploitants du périmètre aménagé de la Tapoa. Les données collectées ont été complétées par les observations sur le terrain, portant sur les cultures irriguées, les infrastructures du barrage, les espaces de commercialisation et les réalisations faites à partir des revenus des cultures irriguées.

8

Tableau n°2 : Cadre opératoire de l'étude

Hypothèses

Variables d'études

Echelle d'analyse

Méthode de collecte

Populations cibles

Le barrage de la Tapoa a créé de nouvelles activités économiques qui génèrent des revenus aux exploitants et soutiennent les cultures pluviales.

- Nouvelles activités sur le site -Economie des exploitants - Les modes de consommation - Investissements dans les cultures pluviales

-Site du périmètre aménagé

- Villages concernés

-Entretiens

- Enquêtes,

- Focus groups

- chefs d'exploitation - ouvriers

- ménages

- Organisation locales

L'aménagement du site de la Tapoa a entrainé un bouleversement des structures sociales traditionnelles et accroit la pression humaine sur les terres

-Changement dans la gestion des terres

- Modification de l'organisation sociale traditionnelle

- Habitudes individuelles

- Site du périmètre

- commune de Diapaga - Villages concernés

-Entretien et enquêtes - Focus groupes

- Observations sur le terrain

-Exploitants du périmètre,

- Responsables administratifs et coutumiers

-Associations présentes sur le périmètre

les exploitants sont confrontés à un problème d'eau qui réduit significativement la productivité sur le périmètre de la Tapoa

- Disponibilité de l'eau,

- Conditions d'accès à l'eau,

- Les rendements des productions sur le site.

- Retenue d'eau

- Zones exploitées

- Entretiens, enquêtes - Observations, - Focus groups - Documentation

-Chefs d'exploitation

- Responsables du périmètre - Responsables techniques de l'agriculture, Directeur de l'environnement

- Maire de Diapaga

9

3.4. Le traitement des données

Les données recueillies ont été soumises à un traitement à l'ordinateur à l'aide des logiciels suivants:

? WORD » pour le traitement de texte, à savoir la saisie et la mise en forme ; ? EXCEL » pour organiser les données recueillies, la réalisation des tableaux

statistiques, le traitement des données et leur représentation graphique ;

? « SIG ARC VIEW 3.2 » pour importer la base de données du logiciel Excel et la

réalisation des cartes thématiques.

V. LES DIFFICULTES RENCONTREES

Les difficultés majeures rencontrées pendant le déroulement du travail se résument à :

- problème d'accès des documents dans les centres de documentation. Ils se consultent sur place, toute chose qui n'a pas facilité leur exploitation judicieuse.

- L'indisponibilité de certains responsables coutumiers et administratifs très souvent occupés par leurs activités ou en déplacement.

- La réticence des populations sur certaines questions portant sur le foncier et leurs revenus qu'elles estiment sensibles. Plusieurs éprouvent des difficultés à quantifier le rendement annuel de leurs différentes productions.

Néanmoins, nous avons pu collecter des données nécessaires à la rédaction de ce mémoire qui s'articule autour de deux reparties:

- la première partie présente le milieu physique, humain et économique de la zone d'étude et les caractéristiques techniques de l'aménagement de la Tapoa.

- la deuxième traite des transformations de l'économie traditionnelle (nouvelles activités et les revenus générés, le rôle des cultures irriguées dans le développement des cultures pluviales et l'élevage, les contraintes liées au manque d'eau) consécutives à l'aménagement hydro-agricole et les mutations sociales du milieu (les changements dans la gestion des terres, la modification de l'ordre traditionnel et les nouveaux modes de vie des ménages).

10

PREMIERE PARTIE:

LE CONTEXTE PHYSIQUE ET HUMAIN DE L'AMENAGEMENT HYDROAGRICOLE DE LA TAPOA

La première partie présente les composantes du milieu physique et les activités économiques menées par les groupes humains. Aussi, traite-t-elle des caractéristiques techniques de l'aménagement de la Tapoa.

11

CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE ET LES ASPECTS
SOCIOECONOMIQUES

Le milieu physique est composé d'un certain nombre de facteurs naturels tels que le relief, l'hydrographie, les sols, le couvert végétal, le substratum géologiques. Les aspects humains et économiques abordés sont la population, le régime foncier et les activités secondaires

I. LA SITUATION GEOGRAPHIQUE

Le village de Tapoa Gourma qui doit son nom au cours d'eau, est situé à une distance d'environ 5km du chef-lieu de la province. Il s'étend entre 11°22' et 12°50' de latitude Nord et les méridiens1°10' et 2°25' de longitude Est. Ce village est traversé par la route nationale N°19, sur l'axe Kantchari- Diapaga, constituant l'unique voie terrestre principale d'accès au site. Sur le plan administratif, le village de Tapoa Gourma est limité au Nord par les villages de Kanda et de Bagbossoali, au Sud par le village de Fouambou et la ville de Diapaga, à l'Est par le village de Gounda et à l'Ouest par les villages de Kountiangou et Koadangou.

12

Carte N°1 : Situation de la zone d'étude

13

II. LE MILIEU PHYSIQUE

Le milieu physique regroupe le climat, les sols, la géologie, la végétation et l'hydrographie. La synthèse des facteurs climatiques tels que la pluviométrie, les températures et le vent.

1. LE CLIMAT

Le climat est caractérisé par plusieurs paramètres. Afin de décrire le climat de la commune de Diapaga les données climatiques telles que la pluviométrie, la température et le vent ont été analysés. Ces données proviennent de la station synoptique de Diapaga qui couvre toute la province de la Tapoa.

1.1. La pluviométrie et la température

La commune de Diapaga à l'instar des autres communes de la province, appartient à la zone Nord soudanien caractérisée par deux saisons : une saison humide qui s'étale sur 4 à 5 mois et une longue saison sèche. Les pluies s'étendent en général de mai à Octobre avec un léger décalage entre les parties nord et Sud. Au Nord, la saison pluvieuse s'installe en début juin et prend fin en mi-septembre, tandis qu'au Sud on observe des pluies dès mars à fin Septembre1 (Graphique N°1). Le diagramme pluvio-thermique donne un aperçu de la durée de la saison sèche et celle pluvieuse. Il montre également que la répartition temporelle des températures moyennes et des hauteurs d'eau connaissent une irrégularité au cours de l'année. Dans cette région, les premières pluies sont caractérisées par des averses qui tombent sur un sol presque nu dont l'impact est visible sur le terrain. Le début et la fin des pluies sont commandés par le déplacement du front inter tropical (FIT)2 qui détermine les deux saisons.

1 Données de la Direction météorologique nationale de 1970 à 2011

2 Front intertropical est encore appelé Convergence intertropical

14

Précipitations(mm)

250

200

150

100

50

0

Grahique N°1:Diagramme pluvio-thermique de

Diapaga

Précipitations (mm) Température

0,0

75,0

50,0

25,0

125,0

100,0

Températures mensuelles (°C)

Sources: Direction de la météo nationale, 2011 MALKOUMA HD, Février 2012

Les hauteurs d'eau des dix dernières années ont varié entre 654,4 mm et 1072,9 mm, soit une amplitude de 418,5mm, la moyenne étant estimée à 859,1 mm. Si l'on remarque au cours des quatre dernières années une baisse des hauteurs d'eau annuelles, l'observation de la droite de tendance des pluviométries annuelles présente une stabilisation (Graphique N°2).

Pluviomètries annuelles (mm)

1200,0

1000,0

800,0

400,0

600,0

200,0

Graphique N°2:Varaitions inter-annuelle de la pluviomètrie et de la

0,0

y = -1,1079x + 3082,1

température à Diapaga

pluviométries annuelles

températures moyennes annuelles

29,6

29,4

29,2

29,0

28,8

28,6

28,4

28,2

28,0

27,8

27,6

Températures moyennes an un uelles

(°C)

Sources : Direction de la météorologie nationale, 2011 MALKOUMA HD, Février 2012

Les températures sont dans l'ensemble élevées, avec une moyenne annuelle de 28°9. Elles varient considérablement au cours de l'année, faisant distinguer deux périodes. Une, relativement froide avec des moyennes maxima de 34°5 et des minima de 23°2. Les basses températures enregistrées s'expliquent par l'action de l'alizé de l'anticyclone saharien

15

soufflant du Nord-est vers le Sud-ouest du pays. Les fortes températures de l'année s'observent entre Mars et Avril et la moyenne des maxima atteint jusqu'à 39°6 ; celle des minima est estimée à 37°3.

Cette fluctuation temporelle des pluies et des températures permet de saisir l'attitude des agriculteurs dans leur système de production. En outre, on remarque que les périodes de faibles pluviométries s'ébauchent avec les mois les plus chauds de l'année ; ce qui peut traduire le degré de stress hydrique que subissent les cultures dans la région.

1.2. Humidité relative et évapotranspiration potentielle

L'humidité relative enregistre sa valeur la plus basse en période froide, soit 8% en janvier ; et la période des pluies correspond à sa valeur la plus élevée, et se situe dans le mois Août à 81% (DAHANI D 2011). A l'opposé, l'évapotranspiration potentielle atteint sa valeur maximale de 349,4mm en saison sèche. Elle se situe entre les mois de mars et mai. Ces deux variables évoluent inversement comme nous l'indique le graphique N°3.

 
 

Graphique N°3: Variation de l'humidité relative et de l'ETP PENMAN De Diapaga

 

Humidité relative(%)

ETP -(mm)

300,0 250,0 200,0 150,0 100,0 50,0

0,0

 

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

 
 
 
 

ETP (mm) Humidité relative (%)

 
 
 
 
 
 
 
 

Sources : Direction de la météorologie nationale, 2011 MALKOUMA HD, Février 2012

A cette période sèche, les plantes négocient davantage l'eau du fait de la photosynthèse et les plans d'eau subissent de même une forte évaporation. Ceci influence sur la croissance des plantes et des cultures irriguées.

16

1.3. Les vents et l'insolation

Les vents et l'insolation sont deux facteurs qui influent sur la durabilité des eaux de surface. Aussi, déterminent-ils l'intensité de la photosynthèse, donc de la croissance des plantes. La durée moyenne de l'insolation est estimée à 8,2 heures par jour pour les dix dernières années et la vitesse moyenne des vents estimée à 1,6 m/s3. Deux types de vents régulent l'activité climatique dans la zone:

? la pseudo-mousson qui s'étale de mi-avril à octobre dans la direction Sud-ouest

vers Nord-est, chargée d'humidité, qui génère les pluies sous l'effet du front inter tropical.

? l'harmattan quant à lui est un vent sec d'origine désertique. Il souffle de
décembre à mars et sa vitesse moyenne est de 2 m/s, mais atteint des vitesses souvent supérieures à 2 m/s4. Le graphique N°4 illustre l'évolution des vitesses moyennes mensuelles des vents au cours des 30 dernières années.

Graphique N°4: VITESSES MOYENNES MENSUELLES DES

VENTS

Nov.

1,0

Oct.

Mars

Avr

Sep

0,0

Mai

At

Juin

Déc

Jan 3,0

Fev

2,0

Juil

vitesse moyenne mensuelle

Sources : Direction de la météorologie nationale, 2011 MALKOUMA HD, Février 2012

Les fortes vitesses sont enregistrées au mois de Mai où la maximale se situe au-delà de 2m/s). On note une différence importante de la vitesse moyenne mensuelle des vents estimée à 1m/s entre la valeur maximale et minimale. Il y'a donc une forte variabilité des vitesses de vents au cours d'une même année. Le mois de Septembre connait la plus faible vitesse avec moins de 1m/s. Le polygone, met en évidence deux phases de basculement remarquables qui situent deux périodes de forts vents, correspondant au début et à la fin de la saison sèche (Mai et Janvier).

3 Données de la Direction Nationale de la météorologie, 2011 4Données de l'ASCNA, 2012

17

2. LE SUBSTRATUM GEOLOGIQUE

La Tapoa appartient à l'immense pénéplaine dont les roches datent du cambrien, caractérisée par le birrimien (roches ortho-métamorphiques basiques et neutres, les schistes et les quartzites). Il se subdivise en trois sous-ensembles5 :

? le socle précambrien supérieur dont les formations sont constituées pour l'essentiel de grès localisés dans la zone du Gobnangou ; de roches amphibolo-pyroxénites, méta-gabro noritiques et volcano-sédimentaires, caractérisant le Birrimien ;

? le socle précambrien est représenté par des glacis d'érosion avec des altitudes qui varient entre 200 à 260 m, de glacis granitiques (310 à 320 m) et de reliefs Birrimiens, caractérisés par des ruptures de pentes. Il se situe dans la partie sud de la province. Les formations rocheuses en présence sont du Précambrien supérieur et de l'anté-Birrimien6. C'est dans cette formation que se localise notre site d'étude,

? le socle antécambrien occupe la majeure partie de la Tapoa et est formé de quelques dômes granitiques alcalins post-tectoniques, et Birrimiens (schistes, quartzites).Sa formation est représentée par les migmatiques (granites syntectoniques, leptinites, etc.).

3. LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE

La province de la Tapoa à l'Est du Burkina Faso, dispose d'un réseau hydrographique dense dans son ensemble. Sa particularité se distingue à travers la présence de deux grands bassins versants. Il s'agit du bassin du Niger et celui de la Pendjari, qui drainent l'ensemble des eaux de ruissellement de la province. Leur ligne de partage se situe dans les environs de la latitude de Tansarga7. Le bassin du Niger occupe la partie Nord de la province et est drainé par les eaux des principales rivières que sont le Tyénétiagal, la Mékrou, le Diamangou, le Goulbi et son affluent le Bargou, la Tapoa et ses deux affluents (Kpenboanga et Bulfuanou).

5 LOMPO O, 2005, Dynamiques et enjeux de la gestion participative à la périphérie du Parc Régional W: cas de la Zovic de Kabougou / Burkina Faso, page 19

6 BOULET R. (1968), cité par LOMPO O.....

7 OUEDRAOGO M, 1993. Elément d'analyse préliminaire de la différenciation socio-écologique dans la province de la Tapoa, 63 pages.

18

Carte N°2: L'Hydrographie de la commune de Diapaga

19

4. LES SOLS

Les unités pédologiques constituent l'expression des actions combinées des facteurs climatiques, de la végétation et de l'homme sur la roche mère d'une région donnée8. C'est donc la combinaison de ces paramètres qui donne lieu à la mise en place d'une variété de sols que l'on peut classer selon leurs origines (nature de la roche mère) ou leurs profondeurs.

La Tapoa est l'une des rares provinces du pays où se juxtaposent roches cristallines et roches sédimentaire9. On distingue : sur les formations cristallines et sédimentaires schisto-grésseuses de l'anté-Birrimien et du Birrimien se sont développés des sols minéraux bruts (cristallins), des sols sesquioxydes riches en fer et en manganèse et des sols peu évolués. Par contre, sur les métavolcanites du Birrimien, des sols brumifiés. Et sur les schistes, les grès et les dolomites détritiques de l'anté-Birrimien et du Continental Terminal, apparaissent des sols hydromorphes et des vertisols.

En fonction de la profondeur, deux grands groupes de sols sont à distingués : les sols peu profonds localisés dans la partie Est, Ouest et dans la zone de la falaise du Gobnangou. Ce sont généralement des sols de types ferrugineux tropicaux lessivés, souvent gravillonnaires sous lesquels repose de la cuirasse. Malheureusement ces sols s'épuisent après quelques années d'exploitation, poussant ainsi ceux qui les exploitent à les mettre en jachère. Il s'agit des sols argilo-sableux, des sols sablo-argileux et des sols argileux. Ils sont très sensibles à l'érosion hydrique et éolienne, et leur imperméabilité augmente en profondeur10. Quant aux sols argileux ou Vertisols, à la différence des deux premiers ci-dessus décrits, ils se composent de fines particules très serrées, justifiant leur lourdeur. Ils sont assez riches en éléments nutritifs, donc aptes à l'agriculture ; mais difficile à travailler11. Leur exploitation judicieuse nécessite des équipements agricoles modernes. Cet ensemble édaphique dans lequel se situent la province de la Tapoa, la commune de Diapaga en particulier, pourrait justifier la proportion forte des agro-pasteurs. En outre, la qualité appréciable des sols entraine par ricochet le développement d'un couvert végétal assez dense sur l'ensemble de la province.

8 TERSIGUEL, 1992 ; cité dans monographie de l'Est, page 25.

9 Idem, 6.

10 Georges S, 1993; cité par ZOUNGRANA BJ. Boso, 2004

11 GUINKO S., 1983

20

5. LE COUVERT VEGETAL

La province de Tapoa appartient à l'ensemble phytogéographique soudanien qui se subdivise en deux sous-secteurs : le soudanien méridional et le soudanien septentrional ou le district de la Pindjari12. La zone dans laquelle est circonscrite notre étude fait partie du sous-secteur soudano méridional. Son couvert végétal est composé essentiellement de deux grandes formations naturelles de type savane arborée et savane boisée, caractérisée par une diversité floristique composée de grands arbres tels que le Diospyros mespiliformis, Adansonia digitata, Isoberlinia doka, Vitelaria paradoxum, et d'un tapi herbacé assez dense colonisé par l'Andropogon gayanus. On note la présence de forêts galeries qui se développent tout le long des cours d'eau.

Un quart (1/4) de la superficie totale de la province est couverte de parcs et de réserves partielles (Parc National W sur 235000 km2, Parc de Tapoa Djerma sur 22500 km2, etc.)13. Ce qui permet d'avoir un aperçu de la proportion des terres non encore emblavées dans la zone (carte N°2). La densité du couvert végétales et la proportion importantes des terres encore exploitables constituent un atout pour les populations rurales. Celles-ci peuvent encore compter sur la nature pour soutenir une partie de leurs besoins alimentaires.

12 GUINKO S, 1993, La végétation et la flore du Burkina Faso, MET, 118 pages.

13 FAO, 1983

21

Carte N°3 : Occupation des terres dans la commune de Diapaga

22

L'analyse du milieu physique laisse voir d'énormes potentialités favorables au développement de l'agriculture et de l'élevage. La présence de sols riches et variés sur l'ensemble de la province, maintenue par une pluviométrie appréciable du point de vue global, permet de dire que les communautés rurales peuvent espérer un futur meilleur. En outre, le milieu physique reste un facteur d'incitation à l'installation de nombreux allochtones venus de plusieurs contrées dans l'espoir de profiter des biens faits de la nature.

Mais, les fortes températures ne permettent pas la pérennisation des retenues d'eau, limitant le prolongement des cultures de contre saison sur toute l'année. Il faut par conséquent contrôler le potentiel naturel existant afin qu'il soit durable.

Que peut-on dire de l'environnement humain et des activités économiques dans la

zone?

III. LE CADRE HUMAIN ET LES ACTIVITES

SOCIOECONOMIQUES

Toute communauté humaine a une organisation sociopolitique qui régule les rapports entre les différents groupes d'individus d'une part, et ceux existants entre les individus d'autre part. Elle aide aussi à comprendre les attitudes qu'adoptent les populations d'un milieu pour répondre aux équations permanentes de la vie.

L'examen des données démographiques, du mode de mise en valeur des potentialités humaines et celles relatives aux activités économiques permet de mieux appréhender la logique qui anime chaque groupe humain pris dans sa spécificité.

1. HISTORIQUES ET CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION

Le village de Tapoa Gourma tire son nom du cours d'eau qu'il abrite. Traduit littéralement, le terme Tapoa désigne « une femme appartenant à la famille des TAABA ou TANKOANO14 ». De mémoire d'homme, des chasseurs haoussa originaires de Bornou auraient retrouvé au bord du cours d'eau Kpentenga (actuel Tapoa) une vieille femme appartenant à cette famille, qui s'était égarée et qu'ils ramenèrent dans la famille royale. C'est en référence à cette femme que le cours d'eau épousa pour la première fois le nom Tapoa.

14 Informations issues de l'entretien avec M. Miyieba COULDIATY, responsable coutumier du Village de Tapoa Gourma

23

1.1. Origine et mouvements de peuplement

Selon MADIEGA G, 1982, l'origine du peuplement de cette partie du pays dont relève l'actuelle province de la Tapoa, occupée majoritairement par les Gourmantchés, remonte au 15e siècle. Elle est liée aux perpétuels mouvements nés des guerres tribales et de la menace des glossines et simulies. L'histoire du village de Tapoa Gourma est dépendante de celle de la ville de Diapaga. A l'origine ce village était un hameau de culture habité par des populations agriculteurs et chasseurs venant de l'agglomération actuelle de Diapaga. Ils rejoignaient leurs champs pendant la saison des pluies afin de se rapprocher de leurs champs. Par la suite, certains d'entre eux s'installèrent définitivement.

Il faut mentionner que Diapaga à sa création au 17e siècle, a constitué un point de rencontre entre Gourmantché de Partiaga et les Haoussa venus de Bornou du Tchad. Le village de Tapoa Gourma n'échappe pas à cette donne car faisant partie de la même entité traditionnelle. En effet, l'actuelle ville de Diapaga est le village mère d'où est parti le peuplement de Tapoa Gourma. C'est surtout dans les années 1951, avec la réalisation du barrage et l'aménagement du périmètre que l'arrivée des populations va connaitre une accélération sur le site. C'est ainsi que des migrants, venus d'autres régions du pays, notamment le Plateau central et le Sahel, et de l'extérieur du pays (Mali, Niger, Nigeria, etc.); vont s'installer progressivement dans la localité.

1.2. Les caractéristiques de la population

La commune est habitée par plusieurs ethnies dont les Gourmantchés qui sont majoritaires (95%), des Peulhs (3%), et des Mossis (2%)15. D'autres groupes minoritaires cohabitent avec ces derniers et sont d'origines étrangères : les Djerma du Niger, les Haoussa et yoruba venant du Nigeria, et les Marka du Mali. Ces proportions ethniques sont représentées dans la figure ci-dessous (Graphique N°5).

15 Nous utilisons les données de la commune par manque de chiffre à l'échelle du village.

24

Graphique N°4: REPARTITION ETHNIQUE DE LA COMMUNE DE DIAPAGA

Gourmantché Peulhs Mossis

3%

2%

95%

Source : Mairie de Diapaga, 2011 MALKOUMA HD, Février2012

Le diagramme circulaire révèle une large domination de l'ethnie gourmantché sur les autres qui dépassent à peine les 5% de la population totale. Cet ensemble hétérogène de la population est caractérisé par des traits démographiques qui leur sont communs.

La commune de Diapaga en 2004, avait une population estimée à 25 635 habitants. En 2006, cet effectif atteignait les 32 260 habitants dont 1098 habitants pour le village de Tapoa Gourma, soit 3.4% de l'effectif. Son taux d'accroissement naturel est estimé à 3,63 contre 3,2 au plan national16. Si l'on s'en tient à ces chiffres, on peut dire que cette population croît rapidement ; et plusieurs facteurs y concourent. Ce sont entre autres la fécondité élevée et les flux migratoires d'agriculteurs et d'éleveurs, en provenance d'autres zones moins humides et emprunts à une forte pression humaine. Une poussée démographique qui est accompagnée d'une répartition spatiale qui tient compte des priorités de chaque groupe d'arrivants. Elle est exacerbée par une faible migration des autochtones vers d'autres régions du Burkina Faso ou vers les pays limitrophes. La faiblesse de ces migrations peut s'expliquer par les nombreuses opportunités qu'offre la nature, excluant le poids des contraintes qui puissent les pousser au déplacement vers des destinations étrangères.

A l'image de l'ensemble du pays, la population de la zone d'étude est caractérisée par la forte proportion de sa jeunesse et de sa population féminine. En effet, 50% ont moins de 25 ans et les femmes occupent plus de la moitié de la population totale. Cependant, cette supériorité des femmes cache des réalités. Pour ce qui concerne le village de Tapoa Gourma, l'effectif des femmes est un peu en dessous de celui des hommes (49,54% contre 50,45%). L'importance de la population jeune implique la présence d'une main d'oeuvre abondante.

16 Recensement Général de la Population et de l'Habitat(RGPH), 2006 et SANOU BW, 2006

25

2. ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE

On peut identifier deux types d'autorité qui régissent la gestion du village de Tapoa Gourma. Il s'agit de celui issu de la culture et des traditions (l'autorité légitime) et celui relevant de l'organisation moderne (l'autorité légale).

2.1. Le pouvoir traditionnel

Les croyances religieuses, les valeurs sociales et les pratiques traditionnelles définissent le pouvoir traditionnel dans la société gourmantché. Le culte des ancêtres soutenu par la croyance d'un monde invisible est au centre de toutes les considérations sociales. C'est le moyen par lequel les vivants communiquent avec les ancêtres pour leur faire parvenir des doléances. Raison pour laquelle il faut choisir celui qui est initié pour comprendre leur langage, et ce grâce à la géomancie «consultations de sable » très présente dans la zone. Le pouvoir dans la Tapoa Gourma émane de la chefferie de Diapaga dont l'autorité s'impose à l'ensemble des habitants des villages environnants. Néanmoins, tous s'accordent et reconnaissent le pouvoir foncier et religieux de Odog Nukpelo17.

Il faut cependant reconnaitre que le pouvoir décisionnel de celui-ci est réduit aujourd'hui du fait qu'il le partage avec les élus locaux.

2.2. Le pouvoir moderne

Il est représenté par l'ensemble des responsables choisis suivant les voies légales du pays. Sont inclus les conseillers ; le CVD, les différents responsables des groupements, et l'administration. Ici, toutes les ethnies et sans distinction de sexe sont concernées et peuvent prétendre à ce pouvoir.

La superposition de ces deux pouvoirs sur le territoire n'est pas sans conséquence. Il en résulte inévitablement deux tendances, d'un côté ceux qui se fient plus au premier pouvoir traditionnel et de l'autre, ceux qui comptent plus sur le pouvoir légal. Mais, il ne faut pas perdre de vue la collaboration entre les deux pouvoirs qui aide à lever certaines incompréhensions entre populations rurales.

2.3. L'Evolution du pouvoir

17 Terme désignant l'ainé issu du lignage des premiers occupants. Ici ce sont les COULDIATY

26

A travers nos enquêtes de terrain, il ressort qu'une collaboration s'est établie entre les responsables locaux. Ici, la spécificité c'est que la gestion du terroir est faite de façon conjointe. Elle est facilitée par la double « casquette » que portent certains responsables locaux. A des exceptions près, les élus locaux sont issus du lignage des premiers occupants ou ont des relations parentales étroites avec celui-ci, de sorte qu'ils assurent concomitamment les deux rôles sans grandes difficultés. Mais le principe n'est pas toujours évident, comme nous le confie un coutumier du village de Tapoa Gourma qui l'exprime en ces termes: « Ils ne m'informent de rien, c'est quand il y'a des problèmes qu'ils me font maintenant recours.», en parlant de certains élus locaux. Toutefois, il arrive que cette option devienne inefficace et que les autorités légales (communales, judicaires, etc.) soient saisies pour trancher sur un différend.

La collaboration entre responsables a conduit à la mise en place d'un comité de gestion des conflits fonciers18 qui appuient les autorités communales. C'est une structure qui joue un rôle important dans la commune où les conflits fonciers sont devenus incessants ces dernières années.

3. LE REGIME FONCIER

Dans la société gourmantché la terre appartient au premier occupant des lieux, et elle est transmise à la descendance patrilinéaire. La tenure foncière dans le milieu est diversifiée et fait appel aux modes de gestion et de transmission des droits fonciers.

3.1. L'organisation du terroir et la gestion des terres

L'organisation du terroir est conduite par les autorités coutumières. Dans la zone, ce sont les ainés issus du lignage des Couldiaty qui en ont la charge. Ils sont les représentants du chef de Diapaga qui est l'autorité suprême; c'est à lui qu'ils doivent rendre compte. Il revient à l'ainé de gérer les questions inhérentes à la terre telles que les sacrifices pour demander la bénédiction ou l'indulgence des ancêtres dans l'exploitation de la terre. C'est à lui que reviennent le respect des règles coutumières de gestion des eaux du barrage de la Tapoa.

A Tapoa Gourma, la terre est léguée sans procédure de spéculation. Néanmoins, les populations elles sont tenues de se soumettre aux règles et principes coutumiers de la localité.

18 Dans ce comité figure des membres du conseil municipal, des responsables coutumiers, la Direction Provinciale d'agriculture, des membres des CVD.

27

Quant aux migrants, il leur est interdit de planter des arbres sur les terres qui leur sont cédées parce que planter un arbre sur un terrain peut se traduire par une intention d'appropriation.

En outre, les méthodes de valorisation des terres dans la zone sont influencées par deux principaux facteurs. Il s'agit de la valeur des sols et de la proximité aux zones d'habitation. En effet, l'espace cultivé se divise d'une part en champs cultivés de façon permanente, situé à proximité des concessions et les champs plus ou moins permanents qui nécessitent par moment une mise en jachère. Ils sont de vastes superficies héritées du lignage qui accorde à chaque responsable de famille une superficie pour son besoin et celui de siens.

3.2. Les formes de garantie foncière

La notion de premier défrichement est capitale pour l'agriculteur gourmantché. Il pose les fondements d'une appropriation de l'espace défriché. L'étendue ainsi concernée est désormais la propriété de la personne auteurs, et celle-ci acquiert le plein pouvoir de les attribuer à qui il désir ou de les léguer à sa descendance. C'est la raison pour laquelle la zone est quasiment constitué d'anciens défriches, en dehors des aires de réserves. Il est difficile de trouver un tinjari19. Cela démontre l'importance et le poids des propriétaires coutumiers dans les formes de garantie foncières.

Les arbres épargnés lors de la coupe certifient l'appropriation et les limites des aires définies. Les espèces épargnées sont d'une utilité sociale reconnue par les communautés locales (Vitellaria paradoxa, Parkia biglobosa, etc.). La transmission des droits fonciers passe essentiellement par l'héritage et le droit d'usage ou de prêt.

4. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES

Les activités socioéconomiques qui riment la vie des populations rurales reposent essentiellement sur l'agriculture et l'élevage. Ils emploient plus de 90% des actifs et leur génèrent des revenus substantiels. Par ailleurs, la pêche, la chasse, l'artisanat et le commerce bien que secondaires constituent des sources de revenus non négligeables.

4.1. L'agriculture et l'élevage

19 Un espace libre, propice à l'agriculture qui ne soit la propriété d'une personne

28

L'agriculture et l'élevage représentent les principales activités dans les villages. On estime qu'environ 83,5% de la population y tirent leurs revenus. Elles permettent aux paysans de subvenir à leurs besoins quotidiens.

4.1.1. L'agriculture

L'agriculture est pratiquée surtout en saison pluvieuses. Elle regroupe les cultures vivrières (sorgho, maïs, mil et riz) et les cultures de rentes (coton, sésame, arachides). Les zones humides proches des points d'eau sont le lieu du maraichage et de la riziculture. Les champs de case sont le lieu privilégié pour la culture du maïs, tandis que les champs de brousse (hautes terres et bas-fonds) sont dominés par la culture du sorgho et du petit mil.

Sur les champs, la main d'oeuvre est essentiellement familiale. Tous les membres qui sont sous la tutelle du chef de famille ont un devoir de participer aux différentes activités champêtres. La main d'oeuvre contractuelle occupe un second rang dans les exploitations familiales. Toutefois, certains y ont recours quand ils ne peuvent plus répondre à toutes les sollicitations d'entretien des cultures. De nos enquêtes, il ressort que 20% des exploitants enquêtés utilisent ce type de main d'oeuvre. L'assistance communautaire (entre-aide) est pratiquée par plus de 80% de la population de la zone.

Tableau N°3: Evolution de la production céréalière de la commune entre 2003 et 2005

Désignation

2003

2004

2005

Superficie en

ha

Rendement en
Tonnes/ha

Production en
Tonne

Superficie en

ha

Rendement en Tonne/ha

Production en
Tonne

Superficie en

ha

Rendement en
Tonne/ha

Production en Tonne

Mil

967

0,85

822

2114

0,65

1374

7870

0,7

2174

Sorgo

3023

0,9

2721

3080

0,8

2464

3314

0,9

2982

Mais

1946

1,10

2140

1674

0,9

1507

2047

1,1

2149

Total

5936

 

5683

6868

 

5345

13231

 

7305

Source : DPAHRH Tapoa, Février2006

29

L'examen du tableau montre que les rendements des différentes productions sont faibles et changent d'une année à l'autre. Cela s'explique par le fait que bon nombre de producteurs ne recourent pas aux services techniques de l'agriculture.

L'utilisation des engrais vise l'amélioration de la fertilité d'un sol en vue de modifier ses caractéristiques biologiques et physico-chimiques. Elle a pour finalité d'assurer les nutriments nécessaires au développement des cultures. Leurs utilisations sont courantes dans le milieu d'étude. Elles concernent aussi bien les zones aménagées que les hors périmètres. Environ 78% des enquêtés disent utiliser les engrais seulement dans la culture du coton, du maïs et du riz pluvial. Parmi les paysans faisant usage d'engrais, 76% utilisent uniquement de l'engrais chimique, 14 % l'engrais organique et 10% combinent les deux types d'engrais.

4.1.2. L'élevage

L'élevage est la deuxième activité économique exercée par les populations dans la zone d'étude. Cette activité est favorisée par la disponibilité de pâture relativement appréciable et l'existence de points d'eau. En considérant les données du PCD-AEPA de la commune de Diapaga, 6,2% des chefs de ménage exercent l'élevage comme activité principale. Trois systèmes d'élevage y sont pratiqués: le semi-nomadisme, l'embouche et le système extensif des autochtones sédentaires.

En ce qui concerne le système extensif des semi-nomades, le troupeau est conduit quotidiennement en pâture sur des distances de 4 à 5 km et ne rentre que les soirs. Ce système fait intervenir la grande transhumance, mouvement saisonnier qui est dirigé vers les points d'eau permanents et les pays voisins (Bénin et Togo).

Pour le système extensif des autochtones sédentaires, il diffère du premier par le système de parcage du cheptel. Il est pratiqué au début de saison sèche après les récoltes. Il permet au bétail d'utiliser les résidus agricoles et les points d'eau non encore taris. Le gardiennage est organisé en famille par les enfants ou confié aux éleveurs Peuhls.

Pour le système d'embouche, il est récent dans la zone et est généralement pratiqué par les femmes comme activité génératrice de revenus. Dans le même cadre, l'élevage des petits ruminants, des porcins et de la volaille occupe aussi une place importante dans la commune.

4.2. Les activités secondaires

30

Ce sont entre autre l'exploitation forestière, la pêche, le commerce et l'artisanat. L'exploitation des ressources forestières est liée à leurs diverses utilités sociales. En réalité, c'est la proximité des habitants des espèces végétales utiles qui leur permet de bénéficier des produits de cueillette et forestiers non ligneux20. Leur exploitation n'est pas toujours libre, et ce sont les femmes qui jouissent plus de l'usufruit. Les espèces concernées sont le plus souvent le tamarinier, le baobab, le karité et le néré dont les produits (feuilles, graines ou amandes, et.) servent dans les besoins ménagers ou pour la vente sur le marché. Ils présentent donc plusieurs avantages sur les plans alimentaire, médical et énergétique. D'autres produits comme la gomme arabique, les jujubes, le bois mort servent de sources de revenus pour les femmes. Dans la zone, 4% des populations rurales dépendent de l'exploitation forestière. En 2010, les revenus moyens étaient évalués à 24368 FCFA /an pour les petits exploitants de bois et des produits de la forêt, et 394271 FCFA /an pour ceux qui ont des activités annuelles continues21.

La pêche, le commerce et l'artisanat sont exercées par les populations rurales. Elles sont favorisées respectivement par l'existence de retenues d'eau, de marchés hebdomadaires dans les villages et le centre urbain et l'abondance de la matière première (ressources naturelles).

5. LES INFRASTRUCTURES SOCIO-ECONOMIQUES

On a coutume de dire que la « route du développement » passe par le développement de la route. Cette présomption traduit l'importance des voies de communication dans tout processus de développement économique. Elles facilitent les échanges entre les acteurs commerciaux et augmentent les flux d'une localité à l'autre. Le site du barrage de la Tapoa est accessible par une seule route nationale. C'est la nationale N° 19 qui relie Kantchari à la frontière du Benin.

En plus de ces infrastructures routières, plusieurs marchés constituent des centres de rencontres et d'échanges entre les populations locales. Les plus fréquentés par les paysans sont ceux de Diapaga, de kantchari, de Boudiéri et de Namouno.

20 Selon SO, 2001, cité par Doussa S, les produits forestiers non ligneux regroupent les parties des plantes utilisées dans l'alimentation, la médecine, le fourrage, et les fibres mais également les mammifères, les oiseaux, les poisons les insectes, etc.

21 Plan Communal de Développement sectoriel Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement-PCD AEPA de Diapaga, 2010, page 26.

31

Le cadre humain dans lequel est inscrit le barrage de la Tapoa présente des faveurs, mais aussi des contraintes pour le développement des activités agricoles. Le nombre important des agropasteurs dans la zone laisse apercevoir à première vue une population disposée à adhérer aux opportunités d'intensification agricole par la réalisation de retenues d'eau. Mais, les valeurs culturelles qui y prévalent constituent souvent des obstacles du fait de l'insécurité foncière qu'elles génèrent. Ce qui ne permet pas un investissement réel de la part des producteurs. A cette contrainte, s'ajoutent l'étroitesse et l'état défectueux du réseau routier dans le milieu. En dépit des contraintes de la zone d'étude, on peut se poser les questions suivantes : Qu'est ce qui a réellement guidé la construction du barrage de la Tapoa ? Quelle était l'environnement social pendant sa réalisation et comment a- t- il surmonté aux intempéries du temps ?

De là, on comprend qu'il a fallu du temps et de la maturation d'esprit pour atteindre cette étape d'adhésion réelle des paysans. C'est en cela que nous adhérons à la pensé de Guy

32

CHAPITRE II : HISTORIQUE ET CARACTERISTIQUES DE L'AMENAGEMENT HYDRO-AGRICOLE

Le barrage de la Tapoa est localisé dans le village de Tapoa Gourma, à quelque encablure de la ville de Diapaga (environ 5km). La construction de la première infrastructure sur le cours d'eau de la Tapoa date de 1951. Depuis les premières initiatives qui ont précédé

la construction du barrage proprement dit à nos jours, les objectifs qui ont soutenus les différentes réalisations n'ont cessé de changer. Ce qui a conduit par conséquent à la modification continue de ses caractéristiques et du mode de gestion mis en place. Son fonctionnement hydrologique lui, dépend directement du régime du cours d'eau sur lequel il a été construit.

I. HISTORIQUE ET OBJECTIFS DE L'AMENAGEMENT

L'histoire du barrage de la Tapoa est un fait qui remonte d'avant l'indépendance du pays, donc liée à la colonisation.

1. L'HISTORIQUE

C'est en 1951 que le premier pont a été construit sur le cours d'eau de la Tapoa. Il fut en perche de bois, et est l'oeuvre des colons français qui s'étaient installés dans la région. Un an plus tard, notamment 1952, un renforcement en béton est intervenu par l'action d'un commandant de cercle colonial. Il a fallu attendre une dizaine d'années plus tard, notamment en 1961 pour que la première digue du barrage soit construite. Et le tout premier aménagement avec maîtrise totale de l'eau a vu le jour en 1972 (YONLI, 1997). Ce qui a nécessité la mise sous pieds d'une vanne et de canaux principaux et secondaires. Il a été réalisé avec l'aide de la Chine populaire dans le cadre de la coopération entre les deux pays. Tous les travaux d'aménagement ont été exécutés avec la participation volontaire des populations locales. Ce qui n'était pas le cas avec les précédentes réalisations où chaque responsable de famille était obligé de se faire représenter par un membre de sa famille dans les différents travaux coloniaux.

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BELLONCE,1985; qui soutient qu' « il y'a des maturations sociales qu'il est indispensable de respecter pour avoir les sacrifices des paysans dans la mise en oeuvre des plans d'aménagements hydro-agricoles, et qu'à ce stade il faut savoir perdre du temps pour gagner ». Il note à cet effet l'importance de l'engagement volontaire des communautés rurales aux projets d'aménagements hydro-agricoles, condition sine qua non à leur succès. Après cet aménagement, suivra les extensions de 1978 et de 1995. Le dernier n'ayant été possible qu'après la reconstruction du barrage suite aux dégâts causés par les crues du 16 Août 1994. Depuis lors les travaux sur l'aménagement hydro-agricole se sont limités à des interventions ponctuelles pour la réparation des canaux d'irrigation grâce aux multiples soutiens des partenaires financiers de la commune de Diapaga.

2. L'EVOLUTION DES OBJECTIFS : ENTRE REUSSITES ET ECHECS

Le premier objectif qui a guidé les premières réalisations a été une nécessité de désenclavement de la zone. En effet, les commandants de cercles de l'époque coloniale, installés dans la région étaient confrontés à un obstacle spécifique qui rendait difficile leurs déplacements vers la partie Sud : c'était la présence du cours d'eau de la Tapoa. Ce qui a conduit à la construction d'une perche en bois qui sera renforcé un an plus tard avec du béton.

Dans le même contexte colonial, étaient initiées les premières formes d'exploitation agricole (la riziculture) dans le bas fond de la Tapoa par des commandants de cercle de noms de ZAMBER et GUIGUINE. Il apparait clairement que le souci principal des colons à cette époque était de faciliter la liaison des localités de la zone de l'actuelle province de la Tapoa. Aussi, cette culture devrait contribuer à garantir leurs provisions et instaurer dans l'esprit des paysans les possibilités de maîtrise de l'eau pour des fins agricoles. Mais, les débuts étaient sans un véritable consentement des populations locales. Chaque chef de famille était ténu d'envoyer un représentant dans les noyaux d'exploitants formés par le colon et mis à la supervision des surveillants agricoles. Les premières formes d'exploitations se sont faites uniquement en amont.

Il a fallu attendre les résultats de la coopération chino-burkinabè pour voir une nouvelle phase d'évolution de l'histoire du périmètre. L'intervention chinoise a été une phase d'encouragement et d'apprentissage pour les exploitants volontaires qui ont suivi les travaux d'aménagement en aval, mais également une période d'illusion de la culture irriguée. Les subventions accordées aux producteurs en ce temps les ont donné l'occasion de comprendre les exigences de la riziculture en intrants, équipements, encadrement, etc. Par contre, elles

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n'ont pas permis de mesurer les charges de la culture irriguée qu'ils devraient assumer individuellement, d'où les nombreuses difficultés après le départ des chinois. L'intervention du Fond Européen de Développement (FED) avait pour but de favoriser le retour massif des exploitants qui ont déserté le site et d'accroitre les superficies. D'autres projets qui étaient animés par le même objectif ont également agit à travers des soutiens financiers. Cependant, un problème de variété de riz convenable demeurait. Le souci de trouver des variétés adaptées au site afin d'accroitre les rendements était ce qui a guidé l'action du Centre d'Etude et de Recherche des Cultures Irriguées (CERCI). C'est ainsi que les variétés de riz, le IR 20 et le IR 15, furent introduites par ce centre quelques années après au profit des exploitants. De nos jours, deux principales variétés de riz sont cultivées sur le périmètre irrigué de la Tapoa : le FKR 56N et le FKR 19. Ce sont des variétés que les paysans maitrisent mieux, et qu'ils réservent une partie à la fin de chaque campagne comme semences. D'autres s'approvisionnent à la Direction provinciale de l'agriculture et de l'hydraulique.

Au fil du temps, d'autres objectifs se sont ajoutés aux premiers et ont donné un sens élargi à la mobilisation des eaux de la Tapoa. Ce sont surtout la mise à la disposition par l'Etat de nouvelles sources de revenus pour les paysans afin de leur permettre de faire face aux fléaux grandissants de la pauvreté et des déficits alimentaires. Ils sont orientés vers un accroissement de la production et une diversification des produits agricoles. Les intérêts de pêche sur la retenue d'eau ne sont pas à négligés dans la mise en eau, puisque la production de poissons des années 1996 sont marquantes (131 tonnes). Depuis 2000 cette production a fortement chutée après les inondations qui ont endommagées les infrastructures du barrage22.

3. L'AMENAGEMENT HYDRO AGRICOLE DE LA TAPOA

Il concerne ici la présentation des données techniques à travers la description des conditions physiques et la variation des superficies aménagées qui ont résulté de l'accompagnement des différents partenaires.

3.1. Caractéristiques techniques du barrage

Le site du barrage est localisé sur la latitude 12°04' Nord et à la longitude 1°47' Est. Il est situé à l'extrême Nord de la ville de Diapaga et fait partie de la rive droite du grand bassin du fleuve Niger. La topographie du bassin versant de la Tapoa est assez marquée, avec des

22 SANOU BW, (2006). Monographie de la commune urbaine de Diapaga, mars 2006

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ondulations de terrain, des pentes transversales supérieures à 2%, et l'ensemble s'étendent sur une superficie de 240000 ha23. Sa cuvette présente un encaissement moyen peu profond. En période de crue, le volume maximal d'eau stocké par ce barrage est évalué à 8 615 000 de m3 qui peut s'étendre sur une surface de 120 ha. Ces eaux sont retenues par une diguette longue de 350 m, ayant un déversoir d'évacuation de 250 m. Le canal principal qui draine les eaux issues de la vanne est long de 7000 m, sur lequel sont construits des canaux secondaires en « parings » et les tertiaires en terre24. La partie aménagée est parcourue par une digue de protection et de pistes de desserte seulement matérialisées à certains endroits. On note aussi des ouvrages de collecte et d'évacuation des eaux. A ce jour, il n'existe pas un plan parcellaire permettant de déterminer le nombre exact des parcelles disponibles sur la surface aménagée.

3.2. Les partenaires techniques et financiers

Depuis sa construction jusqu'à nos jours, de nombreux partenaires ont intervenu dans les projets de construction, de réhabilitation et d'aménagement du barrage de la Tapoa. Le premier partenaire technique et financier qui a toujours accompagné les exploitants du périmètre est l'Etat. Aux premières années de l'aménagement hydro-agricole, des structures étatiques comme l'ONBI, devenus par la suite l'ONBAH et le CERCI se sont illustrées dans les travaux d'aménagement et la mise à la disposition des exploitants des semences adaptées.

En plus de l'Etat, des projets de développement interviennent dans la localité. Il s'agit de la Chine populaire, le projet Liptako-Gourma, le PDI/Tapoa, le PAM, la FAO, ADELE et ACF. Avec la décentralisation, la mairie de Diapaga est devenue le partenaire indispensable dans toutes les décisions qui concernent le périmètre irrigué de la Tapoa.

3.3. L'évolution des superficies aménagées et de l'effectif des exploitants du

périmètre de la Tapoa

Le tout premier aménagement du périmètre a concerné une superficie de 15 ha dont 7,5 ha exploitables. Les premiers exploitants du périmètre étaient des volontaires qui ont participé aux travaux d'aménagement avec les chinois qui étaient venus pour la circonstance.

23 MEE/DGH, (1999). Etude de réfection du barrage de la Tapoa

24 YONLI (M.), 1997, Fonctionnement des organisations paysannes autour des périmètres irrigués (cas de la

Tapoa), rapport de stage, Matourkou / Bobo Dioulasso, 36 Pages.

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Au nombre de 110 exploitants au départ, seulement 33 étaient restés jusqu'à la fin des travaux. Les raisons principales justifiant les nombreux abandons constatés sont l'ardeur des tâches exécutées et le temps que cela nécessitait. Les premières parcelles ont été distribuées à la même année (1972) et 25 exploitants ont reçu des parcelles sur une superficie réelle de 5,50 ha. En 1978, avec le soutien financier du Fond Européen de Développement (FED), un second aménagement est intervenu. L'objectif était de porter la superficie aménagée à 76,10 ha. A cette extension, l'effectif a atteint 45 exploitants et les travaux ont été exécutés par l'Office National des Barrages et de l'Irrigation(ONBI). A partir de 1995, une autre extension d'environ 12 ha est ajoutée à la surface déjà aménagée sur financement du projet Liptako-Gourma. L'exécution des travaux d'aménagement est attribuée à l'Office National des Barrages et des Aménagements Hydro-agricoles (ONBAH). Au total 105 paysans ont été les bénéficiaires des parcelles d'exploitation. Sur la surface totale attribuée, 44,75 ha était mis en culture de riz. Les arrivés des producteurs de la Gnagna et du plateau central dans les années 2000 a été sans conteste une opportunité qui a impulsé un nouvel dynamisme au périmètre irrigué. Pour encourager ces nouveaux arrivants, le Projet de Développement Rurale Intégré de la Tapoa (PDRI) entreprit la réfection du canal principal et le labour total de la zone aménagée au profit des nouveaux exploitants. Ces derniers reçurent aussi le soutien de la Caisse National de Crédit Agricole (CNCA) qui a mis à leur disposition des engrais chimiques (urée, NPK). De nos jours, l'effectif des exploitants est estimé à 120 exploitants dont 40 femmes.

D'après la Direction provinciale de l'Agriculture, 45 ha sont exploités en moyenne pendant la campagne de saison sèche et 10 ha en saison pluvieuse. Les superficies prévues pour la présente campagne en aval sont de 30 ha pour la riziculture, 15 ha de maïs et 15 ha de maraichage. En amont nous avons sur les deux rives du barrage des exploitations d'environ 50 ha où l'on combine maraîchage et plantations fruitières. Si on s'en tient à ces estimations, on évalue à 110 ha la superficie exploitée autour du barrage de la Tapoa pour la campagne 2011/2012. (cf. Graphique N°5).

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250

200

150

100

50

0

1972 1978 1995 2012

Graphique N°5: Evolution des superficies et du nombre d'exploitants sur le périmètre

Superficies (ha) Nbre dexploitants

Années

Source : DPAHA, 2012 MALKOUMA HD, Février 2012

Les superficies aménagées ont connu une augmentation continue au cours du temps, mais elles n'ont jamais été exploitées dans leur totalité. Par ailleurs, le nombre d'exploitants a suivi la même tendance. Les causes fondamentales, comme le soulignent NDOUTORLEN M (1994)25 et BATIONO A.G (2005)26 sont l'immaturation organisationnelle des populations rurales et le poids de leur tradition qui régit leur perception.

II. ORGANISATION DU PERIMETRE DE LA TAPOA

L'organisation sur le site est fonction de la manière dont est faite la préparation et le déroulement des activités, et leur mode de constitution. Nous analyserons ici l'organisation en vigueur sur la partie aménagée du périmètre. La deuxième étant constituée de producteurs de vergers. Leur action commune est moins visible sur le terrain et se résume essentiellement à une présence du premier responsable dans les rencontres les concernant. Il s'agit ici d'étudier la structuration du périmètre irrigué et son mode de gestion.

1. LES AMENAGEMENTS SUR LE PERIMETRE IRRIGUE

Les premières années qui ont suivi la construction du barrage, seule la partie en aval était aménagée et exploitée. A l'heure actuelle, les deux rives en amont du barrage sont parsemées de plantations fruitières.

25 NDOUTORLEN Médard, 2002, Impact des projets de développement agricole dans le processus de transformation du monde rural : cas du département de Ziniaré dans la province d'Oubritenga.

26 Le groupement NAAM, 2005, une expérience de développement rural en milieu sahélien : cas du département de Koubri dans la province du Yatenga

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L'aval du barrage est divisé en deux parties. L'une est constituée de l'ensemble des parcelles aménagées sur laquelle sont installés des exploitants riziculteurs et maraîchers. La seconde est une zone occupée par des exploitants qui associent plantations de bananes et maraîchage; elle est située sur la rive gauche en aval.

2. LE SYSTEME DE PRODUCTION SUR LE PERIMETRE

Le système de production traditionnel (utilisé en cultures pluviales) demeure sur le périmètre irrigué, mais a pris des formes évoluées qui diffèrent d'un producteur à l'autre. Il est construit autour de trois points dont le statut de l'exploitant, les types de cultures pratiqués et la performance de l'équipement.

2.1. Les Typologies de producteurs

Les chefs d'exploitations sont classés dans trois groupes. Le premier groupe est constitué d'autochtones qui sont les anciens occupants du périmètre irrigué. Ils sont originaires de trois localités à savoir Diapaga, Tapoa Gourma et Touaga. Ils représentent 55,81% des exploitants. Parmi eux, 72,09% résident à Tapoa Gourma, 15,12% à Touaga et 12,79% à Diapaga. Le deuxième groupe, avec 40,7% des exploitants, sont des migrants sédentaires qui sont venus pour exercer la culture irriguée. Le troisième groupe est formé de migrants temporaires qui viennent exploiter le périmètre pendant la saison sèche. Ces derniers repartent dans leurs villages d'origine à l'amorce de la saison des pluies.

L'origine des exploitants et la nature des activités exercées au tour de l'aménagement sont représentées sur le schéma ci-dessous (figure N°1).

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Figure N°1: Origine et catégorie des exploitants du barrage de la Tapoa

Plateau central

Tapoa Gourma (cultivateurs)

Diapaga

Gnagna

Touaga

Botou

Etrangers (pécheurs)

Barrage de Tapoa

Gourma: site de production

Bazéga

Région du Sahel (éleveurs)

Plus de 44% exploitants + + 10%des exploitants

4 à 6% des exploitants 1 à 2% des exploitants

Ouargaye

Logobou

Sanguié

Légende

Les différentes productions du site de la Tapoa sont variées. On y pratique de la riziculture, le maraîchage et la production fruitière. La monoculture est moins pratiquée et

Source : enquête de terrain Janvier-Février, 2012 MALKOUMA HD, Février 2012

Suivant les classes d'âge, les exploitants ont en majorité un âge compris entre 20 et 50 ans (70,92%). Les moins de 20 ans sont très minoritaires et atteignent à peine 2% des exploitants. Ceux qui ont un âge supérieur à 50 ans sont environ 16,28% des enquêtés. En outre, les chefs d'exploitations issus du monde agricole représentent 65,12%. Ce sont des exploitants qui alternent cultures pluviales et cultures irriguées. Parmi eux, 61,63% des chefs d'exploitation sont analphabètes;16,63% ont au plus été dans une école non formelle; 10,4% n'ont fait que des études primaires, 9,63% les études secondaires. Les superficies qu'ils exploitent sont généralement de petites tailles. 48,84% des enquêtés sont installés sur des parcelles inferieures ou égale à 0,25 ha; 46,51% possèdent des superficies comprises entre 0,25 et 1ha. Les parcelles ayant plus de 1ha sont faiblement représentées (4,65%).

2.2. Les différentes productions

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il est rare de trouver un exploitant dont toute sa spéculation se concentre sur une seule parcelle.

2.2.1. La riziculture et le maraîchage

Le riz, comme dit précédemment, est la première spéculation à être introduite sur le périmètre de la Tapoa. Les parcelles qui lui sont destinées sur le périmètre vont généralement de 300m2 à 0,1 ha par riziculteur. En dehors des deux campagnes de1992/ 93 et 1993/94 qui avaient enregistré des rendements relativement appréciés grâce à l'appui du CNCA en engrais, les rendements de riz sont faibles (4t/ha). Néanmoins, ils sont 53,49% des exploitants qui s'adonnent à cette culture. Elle est cultivée uniquement ou combinée à d'autres cultures comme le maïs (cf photo N°1).

Photographie N°1 : Casier de riz associé au maïs

MALKOUMA, mars 2012

Le maraîchage occupe une place importante sur le périmètre de la Tapoa. On estime à 39,53% des exploitants qui pratiquent exclusivement le maraîchage contre 60,47% qui produisent d'autres cultures en plus du maraîchage. Le chou vient en première position des cultures maraîchères et occupe 55,81% des exploitants, suivi de l'oignon (54,65%) et de la tomate (30,23%). Ces spéculations sont produites à la fois par les mêmes producteurs, mais avec une prédominance de l'une ou de l'autre. D'autres cultures y sont pratiquées en faible proportion, car moins utilisées dans la consommation locale où peu rentables. Ce sont l'aubergine, le piment, le concombre, les courges, la carotte et le gombo. La proportion de ces cultures maraîchères est à l'image de celle de l'ensemble de la commune de Diapaga (cf. Graphique N°7).

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Proportions en tonnes

137,5

Graphique N°6: Proportion des cultures maraichères dans la commune de Diapaga

90

80

Spéculations

63

30

7,5 3 0,3 0,6

Source : DPAHRH/ Tapoa, 2010

Les trois principales cultures maraîchères du périmètre de la Tapoa sont bien représentées, mais avec une prédominance de l'oignon bulbe sur le chou.

Photographie N°2 : Trois principales cultures maraîchères (choux, oignon, tomate)

MALKOUMA, mars 2012

En plus du maraîchage, on note ces dernières années une prolifération de vergers, surtout sur les deux rives en amont du barrage. Ces vergers colonisent les abords de la retenue d'eau et sont de superficies de tailles différentes.

2.2.2. Les plantations fruitières

Les plantations fruitières sont constituées essentiellement de bananerais, de goyaviers, de manguiers et de papayers à côté desquels sont souvent associées des cultures maraichères. C'est dans ces plantations que l'on retrouve les plus grandes superficies du périmètre de la Tapoa. La plus petite exploitation rencontrée est d'environ 0,20 ha et la plus étendue est à plus de 2,5 ha. Ici, tous les propriétaires possèdent au moins une motopompe servant à

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l'irrigation. Ces plantations font la fierté des propriétaires qui ne cachent pas leurs sentiments de fierté.

Photographie N°3 : Vergers de bananeraie en maturation

MALKOUMA, mai 2012

2.2.3. Les techniques de production

La production du périmètre est caractérisée ici par les différentes activités agricoles exécutées lors de la campagne agricole. Elle est déterminée à travers le système de culture et les techniques mises en oeuvre par les exploitants. Le système de culture fait intervenir deux notions, à savoir l'organisation des cultures sur la parcelle et les techniques appliquées. Ces techniques sont liées aux aptitudes propres à chaque individu ou groupe d'individus selon le niveau d'adoption des outils et l'itinéraire appliqué.

2.2.3.1. Le calendrier agricole et la gestion des travaux

Il est basé sur des connaissances empiriques des exploitants étroitement liées aux indicateurs naturels comme la pluviosité et le cycle végétatif, mais aussi sur des connaissances acquises lors des formations. Il est constitué de plusieurs séquences qui marquent les étapes des opérations culturales (cf. Tableau N° 4). Le tableau révèle que les exploitants ont une bonne maîtrise du temps et que la fin des activités de cultures pluviales coïncide avec le début des cultures irriguées.

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Figure N°2 : Le calendrier agricole des exploitants de la Tapoa Gourma

Saisons Opérations culturales

Début
d'hivernage

Saison
pluvieuse

Début de
saison
sèche

Saison sèche

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Janvier

Février

Mars

Avril

Récolte de riz, Vente de légume, Préparation des champs de Cultures pluviales

 
 
 
 

1er labour et Semis

 
 
 
 

Amendement des cultures

Pluviales

 
 
 
 

2e labour, Désherbage, culture

 
 
 
 

Traitement des cultures

 
 
 
 

Récoltes

céréales, Curage des canaux, mise en pépinière des cultures irriguées (riziculture, maraîchage)

 
 
 
 

Repiquage des légumes et du riz, sarclage

 
 
 
 

Entretien des cultures et vente de légumes

 
 
 
 

Enquête de terrain Janvier-février 2012 MALKOUMA HD, Février 2012

2.2.3.2. L'itinéraire agricole

Les opérations sur le périmètre commencent avec le nettoyage des canaux de drainage des eaux vers les parcelles. Au début de chaque campagne, les responsables du comité mobilisent les exploitants pour qu'ils débarrassent les ordures pouvant empêcher la desserte normale de l'eau dans les casiers. Un responsable est également choisi pour l'ouverture et la fermeture des vannes. Généralement, ce sont les jeudis de chaque semaine qui sont réservés

Le système d'irrigation utilisé sur l'aménagement de la Tapoa est gravitaire. Des pentes faibles mais régulières permettent de répartir l'eau par un écoulement simple jusqu'aux

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pour le nettoyage. Il se poursuit durant tout le temps que dure la campagne irriguée. Après les travaux d'ensemble, les exploitants se donnent à la préparation de leurs parcelles.

2.2.3.2.1. Le labour et la mise en pépinière

L'objectif du labour est de préparer les superficies qui serviront à accueillir les nouveaux plants. Il consiste à débarrasser les mauvaises herbes de la parcelle. Elles sont coupées et dessouchées pour permettre l'éclaircissement des parcelles. Les herbes arrachées sont déposées en tas sur un même endroit et brulées après séchage. Certains exploitants les utilisent pour marquer les limites parcellaires. Cette étape est particulièrement difficile, disent les exploitants, car elle demande considérablement de l'effort physique. Ceux qui ont les moyens n'hésitent pas à faire appel aux contractuels qui se chargent de creuser les parcelles. Sur le périmètre de la Tapoa, les outils utilisés sont essentiellement la daba et la charrue avec respectivement 96,51% et 3,48% des exploitants. Lorsque la préparation des parcelles est terminée et que les pépinières sont prêtes, le repiquage peut maintenant commencer.

2.2.3.2.2. Le repiquage

Les repiquages se distinguent selon qu'on soit en riziculture ou en maraîchage. Généralement, c'est une opération qui nécessite une assistance communautaire (entre-aide). C'est un travail qui se réalise progressivement suivant le stade de développement des pépinières. Des enquêtes réalisées, 84,9% des exploitants négocient l'assistance de la communauté des exploitants à cette étape des opérations. Mais ceux qui disposent d'un nombre suffisant d'actifs ou ceux dont les parcelles ne sont pas assez grandes se contentent de la main d'oeuvre familiale. La demande d'assistance s'explique par le fait qu'il est souhaitable qu'une fois les plants sortis de pépinière qu'ils soient repiqués 48 heures au plus tard; toute chose qui rend difficile le repiquage individuel.

2.2.3.2.3. L'entretien des productions

Toute culture a besoin d'un suivi particulier de la part des producteurs, mais les exigences différent d'une culture à une autre. Comment les producteurs se prennent-ils pour remplir les conditions indispensables à la croissance des cultures pratiquées ?

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parcelles. Par ailleurs, les motopompes installées à l'abord du canal principal permettent également de drainer l'eau du canal principal jusqu'aux parcelles.

- Dans les rizières et les parcelles maraichères

L'approvisionnement des rizières en eau est un impératif pour garantir une croissance des plants de riz. Après le repiquage, les riziculteurs veillent à ce qu'il y ait régulièrement de l'eau dans leurs casiers. L'approvisionnement en eau est accompagné par l'apport de fertilisants nécessaires au développement des plants de riz. Cet apport de fertilisants suit deux modes sur le périmètre irrigués : l'utilisation exclusive de l'engrais chimique et l'association du chimique à l'organique. Parmi les riziculteurs enquêtés, 17,5% utilisent exclusivement l'engrais chimique (urée et NPK) et 82,5% l'alternent avec l'engrais organique.

Différemment au riz, les cultures maraîchères demandent moins d'eau, mais les fréquences d'approvisionnement sont beaucoup plus rapprochées. Sur le périmètre irrigué, chaque maraîcher a établi son programme d'arrosage en tenant compte de la nature de ses cultures et des jours de passage des blocs. Là également, l'emploi des engrais est très capital pour la réussite des cultures. Leurs emplois sont respectivement représentés comme suit:79,24% pour le système combiné chimique-organique, 17,24% pour le chimique et 3,45% pour l'organique.

Par ailleurs, il n'existe pas de programme préétabli pour le sarclage des plants, mais c'est chaque exploitant qui juge le temps d'intervention. Cela peut s'expliquer par l'insuffisance des formations dont bénéficient les exploitants. 46,51% des exploitants enquêtés affirment n'avoir jamais reçu de formation, 32,56% ont au plus bénéficié d'une formation pendant toute leur vie d'exploitant. C'est sur le terrain que plusieurs ont reçu les connaissances qu'ils disposent et se contentent de les appliquer sur leurs cultures. De plus, l'utilisation des produits phytosanitaires est laissée à la liberté de chaque exploitant. Le traitement n'est généralement entamé que s'il y'a des cas de menace des productions.

- Dans les plantations fruitières

C'est dans les plantations fruitières que le professionnalisme des exploitants est plus perçu. Les visites sur le terrain ont permis de constater que tous les propriétaires de plantations possèdent au moins une motopompe pour l'irrigation des cultures. Chaque chef d'exploitation dispose d'un programme d'arrosage qu'il exécute personnellement ou qu'il confie aux contractuels engagés. Un réseau de sillon parcourt l'ensemble de la parcelle et sert

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de conduit d'eau jusqu'aux cultures (cf. photographie N°4). Dans ces plantations l'importance de la fumure organique est plus qu'un complément à l'engrais chimique; d'où la construction de fosses fumières à côté des jardins en vue d'obtenir le compost.

Le traitement phytosanitaire est très présent et régulier dans les plantations fruitières. Des séances de pulvérisation généralisées sont effectuées suivant un chronogramme défini. Ces précautions s'expliquent par la fragilité des cultures fruitières aux parasites qui peuvent détruire les plantations.

Photographie N°4: Irrigation dans une plantation de bananeraie

MALKOUMA, mai 2012

3. ORGANISATION DES PRODUCTEURS ET L'INVESTISSEMENT DANS LA PRODUCTION

L'organisation des producteurs du périmètre date des premières heures de l'aménagement. Elle a connu une évolution au cours du temps et s'est inscrite dans une perspective de perfectionnement.

3.1. Evolution du groupement des exploitants

Dans le souci d'assurer une bonne gestion du périmètre irrigué, un groupement a été mis en place après l'aménagement du périmètre de la Tapoa. Le bureau comportait trois postes dont un président, un secrétaire et son adjoint et deux conseillers leaders issus du village de Tapoa Gourma. Un poste de trésorerie fut créé par la suite en lieu et place de celui de Conseiller. Pour constituer le futur fond du groupement, une contribution de 500f/an était demandée à chaque exploitant. Parallèlement, la gestion de l'eau sur le périmètre constituait une préoccupation pour le groupement. D'où la mise en place d'un comité regroupant des

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responsables d'exploitants au sein du groupement, chargé de la gestion du périmètre aménagé. C'est donc les insuffisances cumulées depuis la mise en place du groupement qui ont guidé la création du comité.

? Le comité des exploitants

Il est formé essentiellement d'exploitants installés dans la zone aménagée. Il est dirigé par des responsables dont un Président, un Secrétaire et un Trésorier, soutenu par 4 chefs de blocs27 et leurs adjoints. Au total 13 personnes sont responsabilisées pour conduire et guider les exploitants membres et assurer la quiétude sur le périmètre.

Au début de chaque campagne, des séances de nettoyage des caniveaux sont organisées sous la direction des responsables de blocs qui sont les représentants du bureau du comité au sein des blocs. Ces travaux se poursuivent durant toute la campagne sèche et ont lieu généralement les jeudis. Une pénalité de 1000 FCFA est instaurée pour les absences sans motifs valables. En plus, une redevance en eau de 500 FCFA est demandée à chaque exploitant et par campagne, mais ceux qui payent sont très peu nombreux. Le comité est chargé également de gérer les conflits sur le périmètre, de convoquer les rencontres d'échanges entre exploitants. Mais, la mobilisation des exploitants reste difficile tant que les agents d'agriculture ne sont pas impliqués. Mis à part les responsables, les membres du comité ne sont pas très engagés pour les activités d'intérêts communs.

3.2. Les efforts d'acquisition des parcelles sur le périmètre

Les demandeurs utilisent des procédures diverses pour l'acquisition des parcelles sur le périmètre. Certains exploitants qui avaient bénéficié des parcelles les ont cédées à des proches (1,16% des exploitants soumis à notre enquête).

L'option la plus utilisée par les exploitants est le prêt. Le nouvel arrivant est dirigé vers les responsables du comité d'irrigants. Ces derniers le confient aux responsables de blocs qui contactent les membres de leurs blocs afin de lui trouver une parcelle non exploitée. Une fois la parcelle trouvée, il doit accepter faire partie du comité d'irrigants en payant une somme de 2000 FCFA et s'engager à participer aux différents travaux d'entretiens du périmètre. Ils représentent 29,07% des exploitants qui ont obtenu leurs parcelles par ce procédé. D'autres

27 Les chefs de blocs sont des personnes désignées pour représenter les exploitants de chaque bloc que constitue le périmètre aménagé

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paysans (60,47%) adoptent une option plus stratégique qui est semblable à la précédente, mais qui leur donne plus de chance. Ils passent directement par des personnes influentes sur le périmètre pour négocier avec les propriétaires des parcelles. Ce n'est qu'après ces clauses qu'ils se rendent vers les responsables du comité pour leur tenir au courant afin qu'il prenne acte de la situation.

A notre connaissance, la vente de parcelles n'existe pas encore sur le périmètre irrigué de la Tapoa, mais ceux qui les prêtent affirment que des actes d'allégeance sont par moment accordés aux propriétaires.

L'acquisition des parcelles sur le périmètre ne suit pas une procédure clairement prédéfinie. Chaque prétendant opte pour la voie qui lui semble avantageuse. Ce qui est fondamental ici c'est que le paysan qui a le désir d'obtenir une parcelle doit se montrer dévouer et engager. En outre, des inégalités sont aussi constatées dans l'accès aux parcelles car les affinités surplombent souvent le rôle des responsables du comité d'irrigants. On retrouve certains exploitants dont les parcelles triplent celles des pairs qui se contentent d'exploiter des parcelles où l'eau a de la peine à parvenir. Ils sont 34,88% des exploitants enquêtés qui se disent être marginalisés.

3.3. L'approvisionnement en intrants agricoles

Les intrants utilisés lors de la production s'acquièrent par achat. Chaque exploitant se charge personnellement de s'approvisionner sur le marché. Depuis quelques années, il n'y a plus de subventions accordées aux exploitants, ce qui les expose à des risques dans la mesure où ces intrants peuvent être inaccessibles, de mauvaise qualité ou venir à manquer à une période cruciale.

3.3.1. Les semences

Il n'existe pas une organisation fonctionnelle mise en place pour assurer l'approvisionnement en semences aux exploitants, à l'exception de quelques semences comme le maïs et le riz qui s'acquièrent souvent à la Direction provinciale de l'agriculture. Les lieux auxquels les exploitants se réfèrent sont les marchés locaux de Diapaga, Kantchari et de Namounou. D'autres s'efforcent de faire leurs commandes à partir de Ouagadougou ou auprès de leurs collègues.

49

3.3.2. Le matériel agricole (l'outillage)

Les outils de travail dont disposent les exploitants de la Tapoa sont acquis de façon individuelle. Ils affirment les avoir achetés avec leurs propres argents. Mais, il arrive qu'un exploitant négocie de façon ponctuelle les outils (daba, pulvérisateur, groupe, etc.) de son voisin pour exécuter certaines opérations sur sa parcelle. Le propriétaire ne réclame aucune somme sinon que le retour de son outils en bon état. C'est une pratique courante sur le site et est considérée par les exploitants comme des services que l'on peut rendre à son prochain.

3.3.3. L'approvisionnement des engrais et des produits phytosanitaires

Par l'intermédiaire du comité d'irrigants, des crédits d'engrais étaient mis à la disposition des exploitants du périmètre irrigué de la Tapoa dans le souci de les accompagner dans la production. Les exploitants devraient rembourser les crédits à chaque fin de récoltes. Depuis 2008, ils ne bénéficient plus de ces crédits d'engrais du fait des retards accusés dans le remboursement des crédits octroyés et surtout les arriérés que plusieurs n'ont pas pu réglés.

A l'heure actuelle, l'acquisition des engrais est devenue un parcourt du combattant pour les exploitants. En effet, il faut débourser son propre argent pour se les procurer alors que les moyens financiers font souvent défaut et les prix sont élevés pour les paysans (14500 et 13500FCFA respectivement pour les sacs d'urée et de NPK). De plus, la Direction Provinciale de l'Agriculture qui fournit 93,02% des exploitants n'en dispose pas suffisamment.

L'approvisionnement des produits phytosanitaires n'est pas contrôlé sur le périmètre de la Tapoa. Certains exploitants utilisent les restants des produits qui ont servi dans les champs de coton et d'autres les acquièrent sur les marchés locaux. La plupart de ces produits ne sont pas conseillés dans le traitement des cultures destinées à l'alimentation, mais les exploitants ne trouvent pas d'inconvénients à les utiliser.

3.3.4. La main d'oeuvre contractuelle

La main d'oeuvre contractuelle est constituée des jeunes locaux ou originaires de la Gnagna qui prêtent leurs forces aux exploitants moyennant une rémunération. Sur le périmètre irrigué, on peut distinguer deux types de main d'oeuvre contractuelle. Le premier est conclu pour un temps relativement long et implique tous les travaux sur la parcelle, et ce durant toute

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la période du contrat. Le deuxième est ponctuel et dépend de la tâche pour laquelle l'exploitant souhaite bénéficier le service. Il n'y a pas un prix fixe qui est déterminé à l'avance, mais ce sont les deux acteurs qui discutent en fonction du travail demandé. La charge estimative en main d'oeuvre contractuelle par campagne est consignée dans le tableau N°4.

Tableau N°4 : Charges de main d'oeuvre contractuelle

 

Coût de la main d'oeuvre extérieure par campagne (en milliers)

 

Valeurs en F CFA

Non utilisée

?5

[5-20[

[20-35[

[35-50[

[50-65[

=65

 

Exploitants

37

9

17

6

2

9

5

86

Pourcentage (%)

43,02

10,47

19,77

6,98

2,33

10,47

5,81

100

Source : Enquête de terrain janvier-février 2012 MALKOUMA HD, Février 2012

Le nombre de chefs d'exploitation qui se contente de la main d'oeuvre familiale reste encore élevé sur le périmètre irrigué de la Tapoa. Néanmoins, ils en font souvent recourent pour couvrir certains travaux. 56,98% utilisent la main d'oeuvre contractuelle dans l'exploitation de leurs parcelles. Le tableau révèle deux catégories dominants à savoir ceux qui dépensent entre 50000 et 65000FCFA, et ceux dont la charge est en dessous de 20000f par campagne. Le premier groupe concerne les chefs d'exploitants qui font appel à la main d'oeuvre contractuelle pour toute la campagne.

CONCLUSION PARTIELLE

L'analyse sur cette première partie révèle que le barrage de la Tapoa bénéficie d'un environnement favorable qui lui permet de créer des changements sur la vie des populations riveraines. L'étude du milieu physique indique que la pluviométrie, en dépit des irrégularités constatées, est suffisante pour couvrir le cycle végétatif des cultures. Les sols sont appréciables dans leur ensemble et se prêtent à une gamme de cultures aux destinations diversifiées. En outre, les cours d'eau présents dans la zone sont des atouts pour le développement des cultures de contre saison et des sites d'abreuvement pour le bétail.

La population résidente est constituée d'agropasteurs dont le souci est plus tourné vers la satisfaction des besoins alimentaire et sanitaire. Mais la diversification des activités économiques leur permet d'élargir les domaines d'investissement pour plus d'épanouissement. Le barrage construit sur la Tapoa a connu des interventions de réhabilitations suite à des dégâts occasionnés par des inondations. A plusieurs reprises, la

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superficie aménagée a été augmentée dans le but d'accroitre la production du site. L'organisation des exploitants sur le périmètre a également évolué dans le temps à travers la mise en place du comité des exploitants et son accompagnement par plusieurs partenaires techniques et financiers. Quelles sont les transformations économiques et les mutations sociales produites au sein de la population ?

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DEUXIEME PARTIE :
LES TRANSFORMATIONS SOCIO-ECONOMIQUES
CONSECUTIVES A L'AMENAGEMENT DE LA TAPOA

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Les transformations générées par le barrage dans la vie des populations sont diverses. Dans cette deuxième partie, nous analysons l'impact économique, les retombées de l'irrigation sur l'agriculture pluviale. Nous abordons également les mutations sociales sur le site et les conséquences créées par le problème d'accès à l'eau sur le périmètre.

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CHAPITRE III: L'IMPACT ECONOMIQUE ET SOCIAL

Dans ce chapitre il s'agit d'étudier l'impact économique et les conséquences sociales du barrage sur le site. L'aménagement de la Tapoa occupe une place de premier ordre dans les occupations de la population, génère des revenus financiers, et implique toutes les couches sociales. De nouvelles activités apparaissent et les retombées sur l'agriculture pluviale sont énormes.

I. L'IMPACT ECONOMIQUE

Les incidences sur les économies des populations reposent entre autre sur l'amélioration du système de commercialisation, l'augmentation des revenus des exploitants et l'élargissement de l'investissement sur les activités économiques traditionnelles (agriculture et élevage).

1. LA COMMERCIALISATION DES PRODUCTIONS DU PERIMETRE

La commercialisation d'un produit suppose la présence de deux acteurs principaux : l'auteur du produit (le vendeur) qui est prêt à le livrer et le preneur ou l'acheteur qui négocie le produit selon un prix raisonnable.

1.1. La notion de système de commercialisation

La commercialisation englobe un ensemble d'étapes qui permettent au produit de quitter le stade initial à la consommation finale. Le système construit se compose des éléments organisés en interaction active pour l'aboutissement d'un but. Selon ROSNAY, 1975, cité par TRAORE Y, 2008, « c'est une succession d'intermédiaires et de lieux par lesquels transitent, pendant une période définie des flux de produits (allant du producteur au consommateur), d'informations sur l'offre et la demande (circuit dans les deux sens).» Il est spécifique à chaque espace, et dépend de la nature du produit et/ou du temps.

L'introduction des cultures irriguées dans la vie des paysans de la Tapoa a créé une nécessité d'évaluer les bénéfices de la vente de leurs cultures. Cela est lié à un besoin de mesurer la rentabilité de ces cultures au bout du processus. Dans ce cas, il ne s'agit plus d'un échange direct de produits, mais d'une recherche de profit. Mais pour arriver à cette évaluation, il faut indispensablement l'existence de cadres d'échange entre vendeurs des cultures et acheteurs. A la Tapoa, les acheteurs ne sont pas toujours des consommateurs

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finaux. En effet, certains sont des intermédiaires pour atteindre ces consommateurs. En raison de la quantité des cultures produites et de leurs natures (légumes, fruits, céréales, etc.), les exploitants de la Tapoa ne peuvent pas les écouler sans risques. Pour éviter les pertes liées à la pourriture et à la flétrissure des cultures, ils forment des contrats avec des intermédiaires (commerçants). Par contre, certains exploitants choisissent de prendre en charge la vente de leurs cultures. Ils sont contraints de se rendre sur les marchés pour exposer leurs cultures aux clients.

Le système de commercialisation a conduit à une diversification des acteurs (exploitants, commerçants, consommateurs). Ils interviennent simultanément dans la vente des cultures et des intrants agricoles (semences, engrais chimiques, motopompes, charrues, etc.). Quel est la place de chacun de ces acteurs dans la circulation des productions du site de la Tapoa et comment sont-ils organisés ?

1.2. Typologie des acteurs et les circuits de commercialisation

Trois principaux acteurs interviennent dans la commercialisation des productions du site de la Tapoa. Nous essayerons de les situer dans le circuit de commercialisation.

1.2.1. Les acteurs de la commercialisation

Les exploitants sont ceux qui se situent à l'amont de la production. Ils s'identifient par leur présence permanente sur le périmètre irrigués ou souvent par leur double titre de producteurs-vendeurs. Sur le périmètre de Tapoa, plusieurs exploitants se retrouvent dans ce double rôle. Ils saisissent les occasions favorables comme les fêtes et les jours de marché pour écouler directement leurs cultures aux consommateurs. Certains intermédiaires choisissent aussi ces jours de marchés pour s'approvisionner. Les produits de ce circuit sont les aubergines, les choux et quelques fois le maïs frais et le riz. Parmi les producteurs, 95% estiment que la vente directe est plus rentable mais elle ne leur permet pas d'écouler facilement toutes les cultures. Dans ce cas, les légumes et le maïs frais sont déposés en tas et les céréales dans des boites de différentes tailles.

Les intermédiaires que l'on peut appeler les «grossistes » sont situés dans un circuit mieux organisé. Ils ont été identifiés par les exploitants comme étant des partenaires sûrs. En réalité, ils formulent des contrats verbaux que chaque partie se donne le devoir de respecter. L'exploitant reçoit la garantie de l'achat de sa culture contre l'engagement de ne vendre à personnes ses cultures jusqu'à ce que l'intermédiaire vienne les récupérer. Les grossistes sont

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majoritairement des commerçants de Pouytenga qui attendent la période des récoltes pour venir acheter les productions. Ils s'intéressent généralement aux céréales et particulièrement le riz conditionné dans des sacs de 50kg.

D'autres grossistes interviennent dans l'achat de l'oignon et de la tomate, et ce sont les femmes qui s'illustrent le mieux dans le domaine. Elles viennent de Diapaga ville et leurs moyens de transport sont des vélos, des charrettes et quelques fois des motos. On note que pour le cas de l'oignon et de la tomate, quelques femmes bien connues des exploitants viennent de Mogtédo. Ces femmes font leurs commandes auprès des exploitants dès le début de la saison sèche, qui s'investissent pour produire les quantités demandées. Elles représentent les grossistes qui déboursent les plus grosses sommes dans l'achat des cultures maraîchères. Quant aux consommateurs, ils se situent à l'autre bout de la chaine de commercialisation. Ils se composent essentiellement des ménages locaux et d'ailleurs (Mogtédo, Poytenga) qui achètent les cultures pour diversifier leurs alimentations. Pour les fruits, ce sont les femmes de la localité, des villes et pays voisins qui constituent la principale clientèle.

1.2.2. La fixation des prix

Les prix des différentes cultures connaissent une instabilité sur le marché au cours de l'année. Ils sont fixés en fonction de la qualité des légumes, de la variété des céréales, et de la quantité disponible sur le marché. On note une hausse des prix au moment des premières récoltes pour les légumes. Le riz est vendu en moyenne à 12500FCFA le sac de 50 kg. Le prix minimal de 11500FCFA le sac de 50 kg entre Octobre et Novembre s'explique par la coïncidence avec les récoltes des céréales de la saison pluviale. Ce prix atteint 13000FCFA en Mai et Juin. Quant au maïs frais, il est vendu en détail, entre à 50 et 100FCFA l'unité. Le prix du sac de maïs de 100 kg fluctue entre 11000 et 14000FCFA. Pour les fruits comme la banane, le prix est presque stable, et le kilogramme est vendu à 125FCFA, mais peut atteindre à certaines occasions 150f/kg. Les papayes sont vendues par fruit et le prix varie généralement entre 100 et 250FCFA selon la période. Ce fruit n'est pas très abondant sur le marché local car peu cultivé par les exploitants. Le chou est vendu à l'unité (125, 150FCFA) ou dans des sacs de 50 kg en moyenne à 6000FCFA, l'oignon à 1500FCFA le panier et 3500 à 4000FCFA le sac de 50 kg. La tomate se vend à 4500FCFA le sac de 50 kg. Les mesures se font parfois avec le plat qui est une unité locale de mesure de la tomate et de l'oignon.

57

2. ANALYSE DES REVENUS DES CULTURES IRRIGUEES

Les revenus des cultures irriguées sont estimés en mettant en rapport les dépenses effectuées pour les semences et l'entretien des plants, et les montants acquis après les ventes des cultures. Les sommes dépensées représentent les coûts de production qui sont estimés en comptabilisant tous les montants en intrants et en mains d'oeuvre salariée. Les dépenses en intrants renferment les frais d'achat d'engrais, les semences, la fumure organique ou minérale, le matériel, les produits phytosanitaires, etc.

2.1. Estimation des revenus

Dans la pratique, l'évaluation des revenus des exploitants s'est avérée difficile, puisque plusieurs d'entre eux ne disposent pas de cahier de notes pour suivre les dépenses et les ventes réalisées. C'est un exercice qui reste très délicat en raison des réserves entretenues par les exploitants en la matière. Néanmoins, nous avons cerné des mécanismes de calcul des revenus par les paysans. De l'enquête de terrain, il ressort que les exploitants de la Tapoa ont des difficultés pour prendre en compte dans les calculs les dépenses élémentaires et les petites sommes acquises lors des ventes en détail. Ils ne considèrent que celles qui retiennent leur attention, surtout en valeur. Il s'agit notamment du coût des semences, des engrais, des produits phytosanitaires, des frais de carburant des motopompes pour ceux qui en possèdent. Le coût de la main d'oeuvre est négligé chez plusieurs d'entre eux, et cela nous le lions à la prédominance de la main d'oeuvre familiale sur les exploitations.

D'un exploitant à l'autre le système de calcul diffère. Les valeurs qui seront avancées sont tirées de ce que nous ont confié les exploitants. Cependant, le rationnel a servi à vérifier les affirmations avancées par les exploitants. La dépense annuelle est très fluctuante d'une année à l'autre et dépend du degré d'investissement de chaque exploitant et des cultures pratiquées. Pour les campagnes 2009/2010 et 2010/2011, la charge annuelle des exploitants est comprise entre 5000FCFA et 240000FCFA. La dépense moyenne annuelle pour l'ensemble des exploitants soumis à l'enquête est de 79444FCFA. Cette moyenne semble être élevée au vu de la petitesse des parcelles d'exploitation, mais se comprend quand on se rend compte qu'au cours d'une campagne les exploitants exécutent continuellement des dépenses. Plusieurs d'entre eux après la première récolte ressèment d'autres cultures qu'ils doivent encore entretenir.

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Quant aux sommes engrangées après ventes, la plus basse est estimée à 10000FCFA, et la plus élevée est estimée à 1200000FCFA. Mais, on se rend compte que ses valeurs sont sous estimées pour plusieurs raisons. De l'entretien réalisé avec les exploitants, plusieurs affirment ne pas comptabiliser l'argent des achats ponctuels ou ceux perçus lors des travaux parce que ces sommes sont aussi vite redéployées dans les charges d'entretien de la production. De telle sorte que les exploitants ne se souviennent plus de la valeur exacte. La moyenne annuelle des revenus des exploitants enquêtés est évaluée à 104000FCFA. C'est une marge positive que les exploitants de la Tapoa reçoivent à chaque campagne annuelle.

Le tableau ci-dessous donne un aperçu des revenus moyens annuels des exploitants du périmètre (cf. Tableau N°6).

Tableau N°5: Revenus moyens annuels des exploitants

Revenus(en

?25

[25-

[50-

[75-

[100-

[200-

[300-

=400

TOTAL

milliers)

 

50[

75[

100[

200[

300[

400[

 
 

Effectifs

24

13

8

10

18

5

1

7

86

%

27,91

15,12

9,30

11,63

20,93

5,81

1,16

8,13

100

Source: enquête de terrain janvier-fevrier2012 MALKOUMA HD, Février 2012

Selon le tableau ci-dessus, le nombre d'exploitants qui a un revenu moyen annuel en dessous de 25000FCFA est le plus élevé (27,91%). Ce faible revenu s'explique par le fait que la grande partie dans cette catégorie se sert des productions pour satisfaire les besoins alimentaires de la famille. Leur priorité n'est pas l'argent, mais la satisfaction de la famille. La proportion des exploitants ayant un revenu moyen annuel compris entre 300000FCFA et 400000FCFA se révèle être la plus basse (1. 16%). Ces exploitants sont ceux qui bénéficient le mieux de la production parmi les maraichers du périmètre de la Tapoa. Paradoxalement, 8,13% des exploitants ont un revenu supérieur ou égal à 400000FCFA. Ce pourcentage concerne les exploitants du périmètre dont les revenus proviennent de deux types de cultures (maraichage et plantation fruitière). C'est un groupe d'exploitants qui a une large avance dans l'usage des moyens modernes par rapport aux autres du périmètre. Ces exploitants sont également ceux qui font plus appel à la main d'oeuvre salariée et qui s'investissent plus dans les cultures irriguées. C'est dans cette catégorie que l'on retrouve un nombre élevé de fonctionnaires et de commerçants. En effet, ils disposent plus de moyens d'investissement dans les cultures irriguées.

L'agriculture et l'élevage sont les deux principaux secteurs économiques qui animent la vie des communautés rurales de la zone de Tapoa. La construction du barrage de la Tapoa a

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2.2. L'utilisation des revenus

Les revenus tirés des cultures irriguées sont utilisés sous diverses manières et dans plusieurs domaines tels que le réinvestissement et la satisfaction des besoins sociaux.

2.2.1. L'épargne

L'épargne n'est pas perçue de la même manière par tous les exploitants du périmètre irrigué de la Tapoa. Les uns considèrent qu'elle est réservée aux plus nantis. De ce fait, 36,05% des exploitants affirment ne pas faire de l'épargne parce que l'argent obtenu est directement déployés pour régler des urgences sociales. D'autres le font, mais sans recourir à un organisme financier. L'achat des animaux est l'option à laquelle les exploitants de la Tapoa adhèrent fortement (44,19%). Cela se justifie par la forte proportion des agropasteurs pour qui la possession des animaux est un moyen d'appréciation de leurs capacités financières. Ceux qui ont recourt aux organismes financiers (banque, caisse populaire) sont minoritaires (10,4%). L'épargne collective est également moins développée en raison des difficultés d'organisation des associations présentes sur le périmètre de la Tapoa.

2.2.2. L'utilisation des revenus

L'argent issu de la commercialisation des cultures irriguées est réinvesti dans l'agriculture pluviale, les cultures de contre saison, l'achat et l'entretien des animaux. Ce sont ces deux secteurs économiques qui bénéficient largement des gains réalisés par les exploitants du périmètre. Ils occupent 46,51% des revenus des personnes interrogées. Dans l'agriculture, l'achat des semences, engrais et la main d'oeuvre occupe une grosse part des sommes allouées au secteur. Les dépenses destinées à l'élevage concernent surtout l'achat des animaux sur pieds et l'achat des résidus de récoltes pour bétail. La satisfaction des besoins sociaux concerne l'achat des vivres pour la famille, des biens d'équipements, la santé, la scolarisation des enfants et les cérémonies. Sur l'ensemble des exploitants questionnés, 76,15% ont déclaré avoir injecté des fortes sommes au cours des deux dernières années dans les domaines sus cités. Cela a changé leur niveau de vie.

3. LA CONTRIBUTION DE L'IRRIGATION A L'EVOLUTION DES

ACTIVITES AGRICOLES

28DAHANI D, 2011.Décentralisation et mobilisation des ressources hydrauliques à Diapaga province de laTapoa

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apporté un changement notable dans les activités agricoles des paysans. Ce changement se traduit par l'amélioration des connaissances des pratiques paysannes qui sont relatives à la complémentarité entre l'agriculture et l'élevage.

3.1. La valorisation du secteur de l'agriculture dans la zone

Généralement, les populations rurales attendent essentiellement de l'agriculture la satisfaction de leurs besoins alimentaires familiaux. De ce fait, la saison sèche est considérée comme une période de consommation des récoltes emmagasinées en saison pluvieuse, justifiant ainsi la période morte après les pluies.

3.1.1. Promotion des cultures de contre saison

L'aménagement du périmètre de la Tapoa a favorisé la promotion des cultures de saison sèche dans la zone. En effet, les revenus et le soutien alimentaire des cultures irriguées aux exploitants ont montré aux populations locales qu'elles peuvent se servir des cultures irriguées pour améliorer leur qualité de vie. Leur présence sur le périmètre irrigué de la Tapoa est de plus en plus remarquée à chaque fin de saisons pluvieuses. Ces cultures sont aujourd'hui répandues dans les villages environnants au tour des zones humides (bas-fonds aménagés) et des points d'eau (puits, puisards). Elles permettent à bon nombre d'individus ou de groupements de s'occuper en saison sèche et participent à la progression vers une autosuffisance alimentaire qui est l'une des priorités de la SCADD (DAHANI, 2011)28. Elles ont permis également de trouver en tout temps des légumes frais sur la place des marchés locaux qui sont utilisés pour la préparation des sauces et d'autres menus à valeurs nutritionnelles élevées. L'appréciation des populations rurales est l'une des raisons de la diversification constatée des produits de saison sèche dans la zone. Conscients des multiples intérêts liés aux cultures irriguées, les bénéficiaires les utilisent comme un appoint capital pour les cultures pluviales.

3.1.2. Les cultures irriguées: un appoint aux cultures pluviales

Les exploitants de la Tapoa ont assigné aux cultures irriguées un rôle de soutien aux cultures pluviales. En effet, les achats de vivres pendant les périodes de soudures sont courants ces dernières années dans les familles. Pour éviter ces achats répétés, les paysans de la localité s'investissent sur le périmètre irrigué à partir duquel ils se nourrissent pendant une

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grande de la période post hivernage. A partir des revenus obtenus, ils arrivent à préserver les récoltes de la saison pluvieuse. Celles-ci ne seront utilisées qu'aux débuts de la saison pluvieuse pour nourrir les membres de la famille. Ainsi, les récoltes gardées arrivent à supporter les besoins alimentaires des 3 à 4 mois de travaux pendant la saison pluvieuse. Les cultures du périmètre participent considérablement à supporter les charges familiales des chefs de familles et les aident à compléter les déficits céréaliers. C'est la raison principale qui a poussé plusieurs nouveaux exploitants à négocier des portions de parcelles sur le périmètre de la Tapoa. Un chef d'exploitation nous confiait ceci pour justifier sa présence sur le périmètre irrigué: « Comme je savais que la campagne agricole de cette année a été mauvaise, je suis venus sur le périmètre pour chercher de quoi manger. » Ces propos dénotent l'espoir que celui-ci porte sur les cultures irriguées. C'est la situation de plusieurs nouveaux exploitants installés autour de l'aménagement.

Plusieurs cultures produites sur le périmètre de la Tapoa sont d'abord destinées à la consommation en famille, surtout pour ce qui est du maïs et du riz. Les ventes ne sont enregistrées qu'en cas d'excédents céréaliers. Certains producteurs échangent une partie de leurs céréales produites avec les légumes afin de diversifier l'alimentation de la famille. L'argent reçu de la vente des légumes sert à l'achat d'autres provisions pour les membres de la famille. Généralement, les achats s'exécutent au fur et à mesure que les légumes sont vendus sur le marché. De la sorte, il supporte les besoins alimentaires de la famille pendant tout le temps que dure la saison sèche. La question c'est de savoir le niveau d'interdépendance entre les cultures pluviales et les cultures irriguées.

3.2. La complémentarité entre Cultures irriguée et cultures pluviales

En réalité les campagnes agricoles de saison pluvieuse et celles de saison sèche se complètent pour les exploitants. On constate que chacune fonctionne dépendamment des ressources tirées de l'autre. En effet, après les récoltes des cultures pluviales, les paysans prélèvent une partie des récoltes qu'ils vendent afin d'acheter des intrants pour les cultures irriguées. Pour les exploitants du périmètre de la Tapoa, ce sont surtout l'achat des engrais et des semences qui sont le plus priorisés dans les dépenses. La main d'oeuvre est également dans une certaine mesure une des causes de la vente des productions pluviales. Certains producteurs de coton qui possèdent des parcelles sur le périmètre, détournent une partie des engrais subventionnés par la SOFITEX qu'ils mettent au profit des cultures irriguées. Quelque fois, des populations rurales cultivent de petites superficies de coton pour bénéficier des

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engrais qu'ils vont ensuite utiliser sur les parcelles du périmètre; d'autres les revendent aux exploitants. Cela peut occasionner des pertes de rendement sur les champs de cotons liés au non-respect des doses prescrites. Ils ne voient pas le risque, mais plutôt l'occasion de se procurer des engrais. En plus, chez les exploitants disposant de fosses fumières, les résidus de récoltes comme les tiges et les épis de mil interviennent dans la mise en place des fosses fumières. Les investissements réalisés par les exploitants à partir des cultures pluviales s'expliquent par le fait qu'ils sont convaincus de pouvoir les récupérer. Ce sont les revenus issus de la vente des cultures pratiquées sur le périmètre qui serviront à récupérer l'argent dépensé en début de campagne sèche.

Pendant la saison pluvieuse, les exploitants utilisent le bénéfice financier des cultures de la saison sèche pour s'approvisionner en intrants (engrais, main d'oeuvre, dabas, charrues, semences, etc.). L'interdépendance entre ces cultures pratiquées de façon alternée démontre que le succès de l'une dépend de l'autre (campagne précédente).

3.3. Les nouvelles formes de productions

Les nouvelles cultures introduites sur le périmètre irrigué exigent l'utilisation de nouveaux matériels agricoles qui sont plus commodes pour la réussite du calendrier agricole et des méthodes culturales.

3.3.1. Les nouvelles pratiques agricoles

Les populations locales ont longtemps utilisé la daba comme outil principal dans les cultures. Mais, la donne a changé avec l'aménagement du périmètre de la Tapoa. Leur intérêt est tourné vers la charrue, et pour cause le gain en temps et en énergie. Ceux qui disposent de moyens financiers n'hésitent plus à se la procurer, surtout les exploitants dont les labours ne se limitent pas aux cultures pluviales. En outre, l'usage des motopompes s'est accru sur le périmètre irrigué. Il remplace progressivement les seaux, les arrosoirs et les bidons qui servaient de moyens de prélèvement de l'eau. D'autres équipements agricoles comme les pulvérisateurs, les râteaux et les brouettes sont achetés par les exploitants pour faciliter l'accomplissement des tâches sur les parcelles.

Avec l'insuffisance des terres sur le périmètre irrigué, les exploitants n'ont pas le choix que d'exploiter les mêmes parcelles. Par conséquent, la rotation et l'association des cultures sont devenues des pratiques courantes sur le périmètre de la Tapoa. Par ailleurs, l'utilisation des engrais y est très présente. Même ceux qui ne possèdent pas suffisamment de moyens

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financiers s'efforcent toujours d'apporter la moindre quantité à leurs cultures. Il faut noter également que l'emploi des herbicides par les exploitants est une étape indispensable sur certaines parcelles. Il est lié à la l'envahissement des mauvaises herbes qui exigent une aération préalable avant les labours.

3.3.2. Les nouvelles techniques de stockage des productions

La gamme des cultures sur le périmètre de la Tapoa montre l'exigence de la diversification des techniques de stockage. Pour ce qui est des céréales cultivées, les paysans les égrainent et les conservent dans des sacs de 50 et 100 kg afin de faciliter l'usage en famille ou la mise sur le marché. Ces céréales sont traitées au préalable afin d'éviter les attaques des rongeurs et des insectes. Elles sont ensuite placées dans les magasins du périmètre. Toutefois, certains producteurs préfèrent conduire directement leurs récoltes en familles.

Contrairement aux céréales, la conservation des légumes est très délicate pour les maraichers. Généralement, ce sont des cultures qu'ils ont du mal à garder au-delà de 48 heures après récoltes. Pour ce faire, les légumes revenus du marché sont versés sous des abris frais et spacieux pour ralentir leur pourriture. Malgré les formations en séchage des légumes au profit des femmes, elles ont toujours de la peine à les appliquer.

Néanmoins, les techniques de conservation de l'oignon à bulbes ont connu des progrès. Après les récoltes, les bulbes d'oignons sont d'abord gardés à l'air libre. Elles sont ensuite placées sur des paillottes construites, alternées à la paille sèche. Enfin, de petites quantités d'eau sont régulièrement répandues sur la paille afin d'apporter de la fraicheur aux bulbes. Ainsi, la durée de conservation peut atteindre 7 à 9 mois.

La pratique de l'élevage est un passage nécessaire pour les exploitants du périmètre. Il est donc important de comprendre son mode d'intervention et son utilité dans la production des cultures irriguées. Quel est l'apport de l'aménagement à la modernisation du système d'élevage dans la zone ?

3.4. L'intégration de l'élevage

Les paysans de la Tapoa sont des agropasteurs pour lesquels la présence du barrage a induit des changements notables dans leurs systèmes traditionnels de production animalière. Ces changements sont constatés dans l'apport à l'agriculture et sa modernisation.

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3.4.1. L'élevage dans le nouveau circuit de production

Pour le bon fonctionnement de deux campagnes, les exploitants de la Tapoa pratiquent l'élevage (embouche surtout) qui représente un moyen par lequel ils convertissent les bénéfices des cultures sèches et des cultures de saison des pluies en numéraire ou en services pour satisfaire leurs dépenses. L'initiative de ces derniers se justifie par plusieurs raisons. La fumure animale est utilisée pour être rependue sur leurs parcelles d'exploitation et les animaux mis en embouche sont vendus pour satisfaire les charges financières de la campagne agricole.

Pour plusieurs exploitants, c'est la vente du bétail qui est l'étape cruciale car ils ne disposent pas de revenus nécessaires pour le démarrage des travaux sur le périmètre irrigué. Le bétail représente donc une garantie financière pour le début des campagnes agricoles de saison sèche. Les exploitants de la Tapoa ont compris de nos jours que la prise en compte de l'élevage dans la culture irriguée est l'une des conditions indispensables pour faire une bonne campagne agricole. Il s'agit d'une révolution des mentalités différente de celle qui considèrent que l'agriculture et l'élevage sont deux secteurs non conciliables.

Par ailleurs, plusieurs exploitants disposent de charrues à traction animale qu'ils utilisent pour le labour des parcelles et des champs. Cela démontre davantage l'importance de l'énergie animale pour les paysans et son rôle dans la production. Plus qu'un prestige, l'animal est devenu incontournable dans la production. Il contribue énormément à la réussite des cultures irriguées et pluviales. Le développement des cultures irriguées et la présence de la retenue d'eau a également induit des changements dans le système d'élevage de la zone d'étude. Comment ces changements ce sont-ils opérés ?

3.4.2. La participation de l'aménagement à la modernisation de l'élevage

Le système d'élevage traditionnel est caractérisé par une très grande mobilité du bétail à la recherche de pâtures abondantes et de points d'eau d'abreuvement. Ce système d'élevage a pendant longtemps était pratiqué par les communautés rurales, particulièrement les peulhs. C'est à ces derniers que les paysans de la Tapoa confiaient leurs troupeaux, moyennant une récompense en nature ou en espèce. De nos jours, plusieurs exploitants ont décidé de retirer leurs propriétés qu'ils confient à leurs enfants. Ils ont abandonné cette pratique au profit d'un nouvel système d'élevage dont les sources d'alimentation ne se limitent plus aux pâturages naturels.

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Ici, les résidus de récoltes et les Sous-Produits Agro-Industriels interviennent en complément à l'alimentation du bétail. Ces paysans ce sont inspirés de l'expérience des exploitants du périmètre de la Tapoa qui ont su mieux utiliser les revenus et les résidus des récoltes du périmètre pour prendre soins de leurs bétails. En effet, ils nourrissent leurs bétails avec les résidus agricoles (paille de riz, tiges de maïs) et les sous-produits agroindustriels achetés grâce à l'argent acquis dans la culture irriguée. Cela permet de nous rendre compte qu'ils n'attendent plus tout de la nature pour nourrir leurs bétails.

Ces soins pour le bétail s'expliquent en partie par les services qu'il rend aux propriétaires dans l'agriculture pluviale et irriguée. De plus, la présence de la retenue d'eau de la Tapoa a soulagé les éleveurs de la zone. Cet environnement dans lequel s'effectue l'élevage lui donne une nouvelle configuration qui est autre que celui qu'il était au paravent. C'est un élevage de plus en plus tourné vers la stabilisation du bétail où les propriétaires d'animaux cherchent à rapprocher au mieux l'aliment de leur bétail.

Les activités agricoles ont connu une progression dans la zone de la Tapoa. A la suite de la construction du barrage de nombreuses pratiques telles l'apport des résidus agricoles et des Sous-Produits Agro-Industriels ont été introduites dans le système d'élevage. L'amélioration a été possible grâce à l'intégration de l'élevage à l'agriculture. Le barrage de la Tapoa a participé au prolongement du calendrier agricole des paysans et le développement des cultures de contre saison. De ce fait, la survie du site est devenue une préoccupation majeure pour les populations riveraines. Le développement des cultures irriguées a accru les quantités des cultures produites annuellement dans la province. Le système d'élevage a également connu une avancée notable grâce à l'introduction de nouvelles considérations sur le rôle de l'animal. Ces transformations produites dans l'agriculture et l'élevage ont eu des répercussions sur la vie quotidienne des populations de la zone.

II. L'IMPACT SOCIAL

L'accroissement des revenus des exploitants a introduit des transformations sociales dans la vie des populations de la Tapoa. Ces changements concernent plusieurs domaines sociaux tels que la santé, l'éducation, les moeurs et la gestion foncière.

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1. NOUVEAUX TERMES ET VIE COLLECTIVE

Les expressions employées par les exploitants de la Tapoa sont ponctuées de mots techniques empruntées au français. Cela peut sembler moins important, mais très significatif dans la vie des sociétés rurales Les exploitants les ont introduits dans les langues locales et leur usage est devenu quotidien dans la zone. Il est très fréquent d'entendre dans les échanges l'emploi des mots comme engrais, dépense, parcelle, motopompe, jardin bien que la plupart d'entre eux soit des analphabètes. Il faut noter que les populations riveraines au périmètre les ont vraiment intégrés avec un grand succès. L'aménagement de la Tapoa a donc permis d'enrichir le champ linguistique des communautés locales.

L'initiative d'une action commune a été observée dès le premier aménagement du site. Les paysans qui s'étaient impliqués dans la mise en valeur du périmètre formaient déjà un groupement qui leur permettait de mener leurs activités. Cela a renforcé la communion et la collaboration entre les premiers exploitants de la Tapoa. Elles ont été consolidées par la mise en place du comité des exploitants qui a mobilisé les exploitants autour d'un intérêt commun. Grâce à son rôle de coordination et des concertations, il a créé au sein des paysans l'esprit d'équipe toujours souhaité par les projets locaux. Ce qui justifie l'esprit de groupe qui prévaut lors de l'exécution des travaux et de transfert des parcelles entre exploitants du périmètre. Nonobstant, cette vie collective n'a pas occulté le développement de l'individualisme à travers lequel chaque exploitant espère relever son niveau de vie.

2. L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE DES EXPLOITANTS

L'amélioration des conditions de vie d'une population est une conjugaison de plusieurs paramètres tels que la consolidation de la sécurité alimentaire, la modernisation de l'habitat et des moeurs, l'alphabétisation.

2.1. Les conditions alimentaires

Le développement du maraichage, des cultures céréalières et fruitières a rendu possible la diversification de l'alimentation des paysans, en particulier les exploitants de la Tapoa. Ces derniers réservent une partie de leurs productions pour l'autoconsommation. Les céréales récoltées sont prioritairement destinées à nourrir les membres de la famille. Ils contribuent ainsi à assurer une autosuffisance alimentaire aux paysans. Par ailleurs, les quantités mises sur le marché contribuent à faciliter l'accès des ménages aux céréales. De plus, l'argent acquis par les exploitants leur permet de se procurer d'autres aliments.

MALKOUMA, mai 2012

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L'introduction des légumes dans les paniers des ménagères a considérablement amélioré la ration alimentaire des familles. En plus, les revenus issus de la vente de ces légumes permettent l'accès à d'autres aliments diversifiés et riches en nutriments (dolo, viande, poissons, sucreries, liqueurs, etc.). En conséquence, la monotonie alimentaire souvent observées dans les familles rurales tend à disparaitre.

2.2. L'impact sur l'habitat

La modernisation progressive de l'habitat est une réalité à la Tapoa. Elle s'est traduite par la construction d'un nouveau type d'habitat avec des matériaux durables. Ces matériaux sont entre autre les tôles, les portes et fenêtre métalliques, etc. A la place des cases à toits de chaume (Andropogon gayanus) ou en terres battues fait suite à des maisons en tôles plus spacieuses, auxquelles sont souvent joints des murs pour délimiter la cours (cf. photo N°5).

Cette modernisation de l'habitat touche également l'équipement ménager des familles à travers l'achat d'ustensiles de cuisine et autres objets de décoration à l'intérieur des maisons. Plusieurs de ces objets achetés constituent plus un prestige social qu'une nécessité pour les femmes. Ces maisons construites par les populations rurales se présentent généralement sous une forme rectangulaire et leurs toits servent par moment de lieux de stockage des résidus de récoltes pour l'alimentation des animaux gardés à la maison.

Photographie N° 5 : Modernisation de l'habitat

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2.3. Les cérémonies

Les communautés rurales de la Tapoa réservent une place importante pour les cérémonies traditionnelles (mariage, sacrifices, etc.). Elles se passent en grande partie au cours de la saison sèche. Lors de ces cérémonies, d'importantes sommes d'argent sont dégagées généralement pour acheter le dolo, le riz, la viande les liqueurs frelatées, etc. Les exploitants n'hésitent pas à y dépenser le fruit de leurs efforts. La participation de ces cultures irriguées aux cérémonies annuelles varie entre 10.000 et 100000FCFA. Ce qui représente des sommes énormes pour les populations locales de la Tapoa.

2.4. La situation éducative et sanitaire

Ce sont deux domaines très importants qui influencent la vie sociale des populations rurales et constituent une préoccupation majeure dans la zone d'étude. Quels changements l'aménagement a-t-il apporté dans ces domaines de la vie paysanne ?

2.4.1. L'alphabétisation et l'éducation.

La Tapoa est l'une des provinces du pays où le taux d'alphabétisation est le plus bas. Seulement 10,1%29 de la tranche d'âge des moins de 15ans est alphabétisées dans la province contre 38,37% dans les familles des exploitants de la Tapoa. Un pourcentage nettement au-dessus de la moyenne provinciale. En outre, les formations reçues par les exploitants du site depuis la construction du barrage ont relevé le niveau des exploitants.

Par ailleurs, les revenus engendrés par ces cultures irriguées servent à assurer la scolarisation, le déplacement et la prise en charge alimentaire des enfants.

2.4.2. La santé des populations

En termes d'accessibilité aux centres médicaux, la zone d'étude a une certaine faveur compte tenu de sa proximité à la ville de Diapaga et de l'existence de la route Nationale N°19. Mais, les moyens financiers sont déterminants pour les populations rurales dans la fréquentation des formations sanitaires. Les exploitants de la Tapoa, en raison de la diversité des sources financières, sont plus aptes à faire face aux prises en charge sanitaires.

En dépit de ces avantages offerts par l'aménagement, il ne faut pas perdre de vue les risques sanitaires qu'encourent les riverains du périmètre. C'est un lieu de prolifération

29 Donnée tirée de la Monographie de l'Est, Pages 55

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d'agents pathogènes responsables de nombreuses maladies nuisibles à la santé humaine (paludisme, choléra, etc.). Ces maladies constituent la première cause de décès dans la commune de Diapaga. Le risque est encore élevé chez les maraichers et les riziculteurs du périmètre de la Tapoa qui sont permanemment en contact avec les eaux souillées par les produits chimiques. Sur l'ensemble des malades reçus dans le district sanitaire de Diapaga au cours de l'année 2009-2010, 37% des cas concernent les maladies d'origine hydrique.

En outre, l'utilisation des produits phytosanitaires dans le traitement des cultures comporte des risques de contamination pour les populations alors que des mesures de protection ne sont pas observées. Les emballages de pesticides et les eaux de rinçage sont abandonnés sans aucune précaution. Ces produits peuvent être emportés par les enfants et les animaux et constitués une menace aussi bien pour les hommes que le bétail. D'après les services techniques des eaux et forêts de la province, ils ont été à l'origine de la disparition de plusieurs espèces de poisson dans le lac. Les exploitants souffrent d'autres pathologies telles que les affections respiratoires et pulmonaires, des affections de la peau, des infections oculaires dues aux produits utilisés dans la pulvérisation, le traitement et la conservation des productions. Les mauvaises conditions d'hygiène du « yaars », l'exposition des légumes et fruits de consommation causent aux populations des maux de ventre et des affections digestives. (cf. photo N°6).

Photographie N°6: Emballages de pesticides abandonnés dans la nature

MALKOUMA, Mai 2012

Le barrage de la Tapoa tout en participant au progrès des conditions alimentaire et sanitaires des populations, présente des risques pour la santé des populations.

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3. LE BOULEVERSEMENT DES STRUCTURES SOCIALES TRADITIONNELLES

L'aménagement de la Tapoa a entrainé un affaiblissement du pouvoir traditionnel, méthodes d'acquisition des terres et la dislocation du noyau familial.

3.1. L'affaiblissement du pouvoir traditionnel

Le contexte dans lequel se sont inscrites les premières initiatives de la construction du barrage de la Tapoa annonce les changements qui devraient se produire après sa construction En effet, le colon français a souvent fait sien les prestiges dont jouissaient les responsables coutumiers des villages avant son arrivée. La main d'oeuvre exigée par les nouveaux maîtres dans l'exploitation des parcelles coloniales était sans le consentement de ces responsables coutumiers. Ils étaient contraints dans certains cas de respecter l'exigence au su de leurs sujets. Ces derniers découvrent à cet effet une nouvelle autorité supérieure à celle qu'ils accordaient tant de respect et de considération. En outre, les surveillants agricoles qui avaient été désignés par les commandants de cercle pour la supervision des activités sur leurs parcelles devraient tirer leur légitimité de la nouvelle autorité. Toute chose qui échappe au contrôle de l'autorité traditionnelle.

Les nouvelles charges attribuées aux responsables du comité d'irrigants montrent que sa gestion échappe aux responsables coutumiers. Les décisions qui jadis étaient prises par ces derniers sont partiellement transférées à ces nouveaux responsables qui collaborent directement avec les autorités administratives locales.

Dans la société gourmantché, c'est aux chefs coutumiers que revenait la résolution des conflits fonciers. L'enquête menée auprès des exploitants a révélé que les différends fonciers sur le périmètre irrigué se résolvent généralement sans qu'on n'ait appel aux voies coutumières. C'est aux responsables du comité d'irrigants, soutenu par les chefs de blocs, que les exploitants se confient quand ils n'arrivent pas à s'entendre sur les questions de parcelles. Pour les cas qui dépassent la compétence du comité, ils doivent être transférés aux autorités judiciaires. Bien qu'à certaines occasions les coutumiers soient impliqués, ils sont de plus en plus écartés de la gestion des questions foncières du périmètre irriguées.

De plus, leurs interventions sur les zones aménagées ne sont plus indispensables dans la législation foncière en cours30 Sur le périmètre de la Tapoa, plus de 82,36% des exploitants

30 La Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rurale, 2007: loi n°034-2009/AN portant régime foncier rural, adopté le 16 juin 2009 par l'Assemblée Nationale

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détiennent des parcelles qu'ils ont acquises sans aucune intervention de coutumier. D'où la chance des migrants de posséder des parcelles au même titre que les autochtones.

3.2. L'apparition de nouveaux acteurs

La construction du barrage a permis l'arrivée de nombreux migrants. Leur installation dans la zone a été guidée par des intérêts divers tels que l'acquisition de terres pour leurs cultures et la pêche. Ces différentes activités ont créé des échanges entre autochtones et migrants qui ont entrainé l'établissement de relations d'amitié. Ces relations ont permis à certains d'avoir des liens sociaux solides avec les anciens occupants, ce qui a affaibli l'isolement dont sont souvent victimes les migrants dans les zones d'accueil. Les cas de mariages entre individus issus des deux communautés témoignent du niveau de confiance quand on sait que dans la société gourmantché ce type de mariage n'est pas fréquent.

Le nombre croissant des migrants sur le site de la Tapoa a contribué à leur donné un poids dans les décisions. Sur le périmètre irrigué, ils occupent 44,12% de l'effectif des exploitations. Ce poids démographique s'illustre par la proportion qu'ils occupent dans les blocs 2 et 3 de la zone aménagée, soient plus de 60% des membres. Cela leur a accordé une position influente, surtout que dans l'acquisition des parcelles les relations et les connaissances jouent un rôle important. De ce fait, il peut avoir quelques fois des frustrations au sein des exploitants autochtones qui se voient pénaliser dans l'acquisition des parcelles. Le pouvoir des migrants sédentaires s'étend également sur le secteur de la pêche où ils sont majoritaires et bénéficient du respect des populations autochtones grâce à leur professionnalisme dans le domaine. Ils sont indispensablement associés dans tous les travaux et rencontres qui y sont relatifs. C'est dans leur rang qu'on a l'habitude de choisir les guides des missions d'étude techniques du barrage, car ils connaissent mieux la retenue d'eau. D'ailleurs, la dernière étude technique à laquelle nous avons participé a été guidée par deux jeunes migrants désignés par les autorités locales.

3.3. La naissance de nouvelles formes d'acquisition des terres

La préoccupation première des paysans ruraux de la Tapoa c'est de posséder des terres riches pour les cultures afin de subvenir aux besoins alimentaires de ses membres. Chaque paysan use de ses moyens pour les obtenir (les dons, l'assistance, et la recherche de tuteur influent dans les villages.

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3.3.1. Les différents modes d'acquisition des terres sur le site

La lutte pour l'acquisition des terres concernent aussi bien les champs de brousse que les parcelles irriguées.

Le migrant qui arrive cherche en premier lieu une tutelle qui peut l'aider à acquérir un champ de brousse avant de s'intégrer sur le périmètre irrigué. C'est une étape primordiale pour le migrant parce que c'est de là qu'il acquiert le minimum vital pour les siens. Par la suite, il s'investit pour obtenir une parcelle sur le périmètre irrigué. Si la tutelle possède des parcelles libres, il peut lui céder immédiatement. Dans le cas échéant, elle le conduit vers une connaissance ou directement vers les responsables du comité d'irrigants. Une fois que la première parcelle lui est donnée, il poursuit la recherche d'autres parcelles sur le périmètre. De la sorte, il peut devenir propriétaire de plusieurs parcelles sur le périmètre. Ce qui n'est pas apprécié par certains exploitants autochtones qui pensent que c'est une usurpation des parcelles par les migrants. Il en résulte une course au foncier entre migrants et population autochtone.

L'augmentation du nombre de demandeurs des terres cultivables dans la zone a créé un besoin de sécuriser les espaces personnels chez les populations résidentes. En effet, sur les terres hors périmètre elle se traduit par une préservation ou des plantations d'arbres sur les terres prêtées. On note également de fréquentes récupérations de champs prêtés à des migrants. Dans la zone, il devient rare de trouver des terres propices à l'agriculture qui ne soient considérées comme une propriété d'autrui car les défrichages se sont accrus ces dernières années. Ils justifient en partie les différends entre agriculteurs et éleveurs, et entre agriculteurs eux-mêmes. De nos jours, les propriétaires coutumiers n'acceptent pas qu'un champ soit cédé à une tierce personne plus de cinq ans pour éviter les revendications. Mais, certains bénéficiaires sont tentés d'obtenir l'approbation des autorités locales pour confisquer les terres qui leur ont été prêtées.

Sur le périmètre irrigué, elle se traduit par la construction de réseaux d'exploitants. Ce sont au fait les amitiés entre exploitants qui régissent l'acquisition des parcelles. Ces amitiés sont construites autour d'un même centre d'intérêt. Par ailleurs, il peut s'agir de liens de famille qui existent entre exploitants. Quoique les responsables du comité d'irrigants soient au courant des jeux de complicité dans le transfert des parcelles entre exploitants, ils demeurent impuissants. La cause se situe à deux niveaux lesquels sont les défaillances constatées dans son fonctionnement et la force des liens établis entre exploitants. Toujours est-il que les propriétaires des parcelles sont des individus qui détiennent de très grandes superficies qu'ils

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partagent avec leurs connaissances. La terre perd de plus en plus sa valeur de bien communautaire sur les sites aménagés et on assiste à la dissolution progressive des structures communautaires au profit de la recherche individuelle de bien-être (OUEDRAGO S, 2009)31. Quelles considérations revêt aujourd'hui le foncier dans la zone de la Tapoa ? Comment est-il compris par les populations, en particulier les exploitants du périmètre irrigué?

3.3.2. La perception du foncier par les exploitants du périmètre irrigué

Le foncier est un maillon central de la vie communautaire des populations rurales. La gestion du foncier est plus qu'aujourd'hui perturbée par la redéfinition des droits fonciers coutumiers négociés en droits administratifs. Toutefois, ils sont appliqués à tort ou à raison suivant les intérêts égoïstes des propriétaires terriens. Ces droits sont gérés par deux autorités qui se substituent sur le site de la Tapoa: l'Etat à travers ses structures déconcentrées et les chefs coutumiers.

S'agissant de savoir à qui appartient la terre, 46% des enquêtés pensent qu'elle est la propriété de l'Etat. Ces derniers n'excluent pas l'influence du coutumier, mais supposent que la supériorité des moyens étatiques lui permet de contrôler le foncier. Par contre, 54% affirment que c'est à l'autorité coutumière que revient la gestion du foncier. Plus, ils imputent aux Réformes Agraires et Foncières la source des conflits fonciers dans la zone.

Pourtant, l'autorité de l'Etat est difficile à contester aujourd'hui et les réalités quotidiennes convainquent plus d'un parmi les paysans. C'est la raison pour laquelle ils n'écartent aucune des options dans l'acquisition des terres. Ils ont compris qu'il faut désormais aller au-delà des préférences pour se conformer à la réalité qui s'impose. De plus, avec les nombreuses attributions de parcelles par les autorités communales, le caractère sacré du foncier interdisant sa vente se désagrège progressivement dans l'esprit des populations rurales. Elles sont convaincues que la coutume est devenue une formalité que les responsables administratifs utilisent pour obtenir leur adhésion aux activités qu'ils initient.

31 OUEDRAOGO (I.), 2009, La territorialisation hydraulique autour du lac Bazéga, Mémoire de Maitrise en Géographie, Université de Ouagadougou, 103 pages.

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3.3.3. L'accès des parcelles sur le périmètre irrigué

Les droits traditionnels de transmission foncière ont subi des changements dans la zone d'étude, en particulier sur le périmètre de la Tapoa. L'aménagement du périmètre a introduit de nouvelles conditions dans la distribution des terres situées dans la limite du périmètre. En effet, la participation aux travaux d'intérêt communs est obligatoire pour tous les exploitants installés et les attributions de parcelles sont gérées par les responsables du comité d'irrigants. En outre, le droit d'héritage n'est plus une garantie pour accéder aux parcelles d'exploitation comme cela se passe sur les champs hors périmètre. Mais de façon officieuse des exploitants continuent de tenir des parcelles en prévalant indirectement des droits coutumiers. Cela est lié à l'absence de documents qui certifient les attributions aux différents exploitants. Cependant, on note un resserrement dans la transmission de ces parcelles à travers l'usage du droit coutumier. Les exploitants ne sont plus prêts à abandonner leurs parcelles quand ce droit est mis en avant. Entre exploitants d'une famille c'est une source de différends entre ainés et plus jeunes.

3.4. La dislocation du noyau familial

La famille est l'unité de base de la société. De celle-ci sont issues les règles d'usage des terres qui fondent le respect du droit d'aînesse. La prise de conscience de la valeur économique de la terre et les ambitions financières des jeunes ont généré des limites de ces règles d'usage des terres. Les jeunes exigent avoir personnellement leurs parcelles afin de prendre leur avenir en main. Ce qui motive certains à réclamer la partition de terres communes à la famille, créant par endroit une dislocation des concessions et des unités d'exploitation. Sur le périmètre irrigué, chaque jeune exploitant souhaite avoir sa propre parcelle d'exploitation pour être indépendant. De ce fait, les grandes surfaces sont souvent subdivisées en petites parcelles exploitées par les membres d'une seule famille. Au bloc N°1, on peut constater une succession de casiers appartenant à des membres de la famille X. L'idée de champ familial est aujourd'hui en train d'être abandonnée dans la zone. Une fois les jeunes mariés, on leur attribue des champs personnels à partir duquel il prendra en charge sa jeune famille. Cela a conduit à un morcellement du patrimoine foncier familial et la déstructuration de la configuration de l'habitat groupé. Dans le village de Tapoa Gourma, apparaissent des habitations isolées et dispersées qui se situent généralement à proximité du périmètre irrigué. Ce morcellement du foncier favorise l'occupation de l'espace d'habitation et de pâture pour l'agriculture.

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3.5. L'insécurité foncière sur le site de la Tapoa

Elle est générée par l'absence de règles clairement appliquées sur le terrain. C'est le noeud des problèmes d'insécurité qui subsiste sur le site de la Tapoa. Elle révèle différentes facettes selon qu'on soit en zone aménagée ou hors périmètre.

Sur le périmètre de la Tapoa, le recours à la fois aux propriétaires terriens et à l'administration par certains exploitants pour se procurer des parcelles est une inquiétude qui anime les groupes démunies que sont les migrants, les jeunes et les femmes. Pour eux, il n'existe pas une source de garantie des parcelles. De ce fait, les revendications peuvent venir de toute part sous forme légitime (MAHRHA, 2007)32. C'est une préoccupation que partagent les responsables du périmètre. Ils considèrent l'instauration des cahiers de charge comme un moyen qui peut donner plus de quiétude aux exploitants. Ils souhaitent de plus que l'attribution des parcelles soit accompagnée d'attestations écrites pour servir de mention fiable pour chaque exploitant sur sa parcelle.

Par ailleurs, cette sécurité foncière est plus fragile sur les parties non aménagées car aucune législation ne s'impose à l'heure actuelle. Ce sont des endroits où les droits coutumiers sont encore pesants sur les migrants.

L'aménagement hydro-agricole de la Tapoa à travers l'irrigation sur le périmètre de la Tapoa rapporte des revenus aux exploitants. La réalisation du barrage a engendré l'émergence de métiers jusque-là moins considérés par les populations rurales. Des métiers tels que les cultures de contre saisons et leurs ventes sur les marchés sont une source de devises pour les exploitants et la population. Elles ont créé pour la population de nouveaux besoins de consommation contribuant ainsi au changement de leur mode de vie.

En plus, la pression foncière est devenue importante dans la commune du fait de l'arrivée des migrants sur le périmètre. L'exposition aux produits phytosanitaires, le manque d'hygiène et de précautions, favorisent l'apparition de nombreuses maladies telles que les infections respiratoires et digestives.

32 MAHRHA/PNSFMR, 2007, pages 12, 13

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CHAPITRE IV: LES CONSEQUENCES DES PROBLEMES D'EAU

SUR LE PERIMETRE DE LA TAPOA

L'eau est une ressource naturelle dont l'importance n'est plus à démontrer dans tous les domaines sociaux et économiques. Sur le site de la Tapoa, elle est à l'origine du développement de plusieurs activités économiques qui sont rentables pour la population rurale. Nous essayerons d'analyser les conditions d'accès à l'eau et leurs conséquences sur les cultures irriguées du périmètre de la Tapoa.

I. L'ETAT DE LA RETENUE D'EAU

Depuis la construction du barrage de la Tapoa proprement dit à nos jours, les interventions sur les infrastructures sont fréquentes. Ce qui a conduit par conséquent, à la modification continue de ses caractéristiques. Son fonctionnement hydrologique lui, dépend directement du régime du cours d'eau sur lequel il a été construit.

1. L'ETAT DES INFRASTRUCTURES HYDRAULIQUES

La retenue d'eau de la Tapoa est soumise aux intempéries du temps et des aléas climatiques. Après de multiples réhabilitations, le barrage présente de nouveau un état critique. Fragilisées par la dernière grande crue du 16 Août 1994, les infrastructures hydrauliques sont sous la menace des crues successives des saisons de pluies. Les travaux d'entretien sur l'aménagement hydro-agricole sont très rares et se limitent à des interventions

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ponctuelles de réparation des canaux d'irrigation, leurs curages. Cela a entrainé une détérioration progressive de la digue principale et de la digue de protection.

La digue qui sert à retenir les eaux du cours d'eau avait était renforcée et allongée afin de répondre à la demande croissante en eau autour du barrage. Ces travaux n'ont véritablement pas atteint leur but puisque le problème a demeuré. Les eaux débordent très vite de la digue très basse, occasionnant la perte d'une quantité énorme d'eau du lac. C'est l'une des causes des multiples inondations enregistrées en aval du barrage, surtout en saisons de pluies (DPA, 2012).

2. L'ENSABLEMENT DU BARRAGE

La construction du barrage de la Tapoa a occasionné le développement des cultures sur les rives en amont, exacerbant l'ensablement du barrage. Les labours qui sont pratiquées sur les parcelles et le phénomène du ruissellement trainent le sable et les autres particules dans le lit de la retenue d'eau. De plus, l'extension des champs sur les terres hautes a augmenté l'apport des résidus dans le barrage. Ces résidus s'entassent progressivement et diminuent sa capacité de rétention, d'où la régression de la limite des eaux de la Tapoa. Mais, un espoir se dessine à l'horizon puisqu'une étude technique a été réalisée en Janvier 2012 en vue d'un curage et d'une réhabilitation des infrastructures du barrage.

II. LES REPERCUSSIONS SUR LES CULTURES

La baisse de la quantité d'eau dans la retenue conjuguée avec la demande croissante en eau sur le périmètre irrigué est à l'origine des perturbations enregistrées dans la production des différentes cultures. Elle occasionne des dégâts de plusieurs cultures dont l'ampleur varie selon qu'on soit en amont ou en aval du barrage.

1. SUR L'AMONT DU BARRAGE

Le manque d'eau en amont du barrage est moins vécu par les exploitants qui y sont installés. En effet, toutes les parcelles exploitées sont situées à proximité du point d'eau. On trouve rarement des parcelles d'exploitation situées à plus 100 m du point d'eau. Ce qui facilite la prise d'eau grâce aux motopompes. Mais quand l'eau vient à diminuer dans le lac, les propriétaires des plantations doivent faire face à d'autres exigences. Cela demande des efforts supplémentaires de la part de ces exploitants.

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Les motopompes étant le moyen d'exhaure dominant, les pannes et l'approvisionnement en carburant deviennent leurs difficultés majeures. Il faut avoir les moyens financiers afin de s'approvisionner régulièrement en carburant et être apte à réparer les motopompes en cas de panne. C'est justement à cette étape que certains exploitants trouvent des difficultés pour assurer les charges financières. Or sans eau les cultures sèchent, et on aboutit à des pertes considérables qui peuvent dans des cas extrêmes toucher toute la plantation. C'est dans cette situation que s'est retrouvé M. Y, propriétaire d'une bananerais située sur la rive gauche en amont du barrage. Suite à une panne prolongée de sa motopompe, sa plantation a été complètement endommagée. Faire fonctionner sa motopompe de façon permanente et régulière se présente comme un défi pour les exploitants parce que cela engendre des coûts financiers lourds à supporter. En période de décrue, ces exploitants subissent énormément les effets du manque d'eau dans la retenue et des efforts (temps et dépenses supplémentaires,) sont déployés pour surmonter le problème. Les exploitants de l'aval du barrage vivent des conditions pareilles.

2. SUR L'AVAL DU BARRAGE

Les exploitants de l'aval du barrage sont confrontés à deux problèmes majeurs. Il s'agit des inondations des parcelles situées dans les zones basses et du manque d'eau. Les observations sur le terrain et les entretiens avec les exploitants laissent comprendre que cette partie du périmètre irrigué de la Tapoa se retrouve à chaque campagne dans l'une ou l'autre difficulté.

Les inondations sont constatées durant les périodes de forte pluviométrie. La digue de protection des cultures irriguées est aujourd'hui devenue une préoccupation pour les exploitants. En effet, sur la partie aménagée le système d'évacuation des eaux est devenu défaillant de telle sorte que plusieurs lacs se sont formés. Ils occupent temporairement ou permanemment de nombreuses parcelles d'exploitation. Certains exploitants sont obligés de démarrer tardivement la préparation de leurs parcelles. Ces lacs rendent aussi compliquer l'exploitation des parties basses en saison pluvieuse. Dès les premières pluies l'eau se stagne et occupent les parcelles. C'est la raison pour laquelle certains exploitants abandonnent le périmètre en saison de pluies et se consacrent aux champs hors périmètres. Les inondations répétées ont été à l'origine du retrait de plusieurs exploitants du périmètre après des campagnes infructueuses. D'où la baisse de la production des cultures de saison pluvieuse sur le périmètre.

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Le déficit d'eau est surtout constaté sur les parcelles situées au-delà du bloc N°2. Dans les deux premiers, la proximité évite le risque de manque d'eau, mais la répartition des jours d'ouverture des vannes entre exploitants des blocs limitent la liberté des exploitants dans l'utilisation de l'eau. Ce qui peut influencer les rendements des certaines cultures aux exigences hydriques élevées, surtout le riz. Le manque d'eau dans les blocs supérieurs est à l'origine de nombreux abandons de parcelles par les exploitants du périmètre. Seulement 1/5 des parcelles est aujourd'hui exploitée dans cette partie. Les cultures qui y sont pratiquées ont souvent de la peine à achever leur cycle de maturation. C'est une perte pour les exploitants qui sont installés dans ces parcelles. Il arrive même que des exploitants du bloc 3 et 4 vendent ou abandonnent leurs cultures vertes par insuffisance d'eau pour attendre la campagne suivante. Certains exploitants affirment que ce problème d'eau est l'une des causes principales qui limitent les rendements ou l'occupation des parcelles dans ces blocs.

Il est donc impératif d'envisager des solutions pour résoudre ce problème d'eau si l'on veut que l'aménagement hydro-agricole de la Tapoa participe efficacement à l'amélioration des conditions de vie des populations de la zone, partant de la région.

III. LES PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS

L'exploitation du périmètre prend de l'ampleur sur le site de la Tapoa et dans la commune avec ses effets corollaires sur l'environnement des populations. Après quelques années de mise en valeur du site, une grande partie des parcelles aménagées en aval est à terme inapte à toute activité agricole à cause du manque d'eau. La situation ira de mal en pis si aucune action de réhabilitation n'est entreprise. Pour cela, il est urgent de trouver des solutions appropriées. En effet, des mesures urgentes sont à envisager pour une amélioration socio-économique dans le site de la Tapoa, du travail des exploitants et leurs conditions sanitaires.

La population du village de Tapoa Gourma et ses environs immédiats sont bénéficiaires de la présence de la retenue d'eau. En plus des revenus tirés des diverses activités liées aux cultures irriguées et leurs commercialisations sur les marchés, l'Etat devrait augmenter la capacité de la retenue d'eau, réhabilité les parcelles abandonnées et procédée à la mise en place de micro-crédits au profit des exploitants afin de leur permettre d'acquérir du matériels de travail (motopompes, charrues). Les interventions des techniciens d'agriculture, des agents de santé sont nécessaires afin de mieux surveiller la qualité des produits phytosanitaires et consolider le respect des consignes de sécurité. Les techniciens d'agriculture auraient la lourde tâche de mettre en place sur le site un cahier de charge d'exploitation des parcelles. En

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plus, des règles d'attribution des parcelles doivent clairement être établies pour éviter la confiscation des parcelles par certains exploitants. La Mairie de Diapaga doit, en collaboration avec ses partenaires, mobiliser davantage pour assurer un accompagnement financier au profit des exploitants du périmètre. Ils doivent promouvoir et encourager le retour sur les parcelles abandonnées et faciliter l'écoulement des productions du site. La culture irriguée devrait être une source principale de revenus et non une activité complémentaire aux cultures pluviales pour les exploitants.

L'amélioration des conditions de travail des exploitants passe par la réduction de leur charge de travail. Le labour des parcelles, l'irrigation des cultures devraient être mécanisée car le manque de ressources financières de la plupart des exploitants les oblige à l'utilisation de matériels très rudimentaires (daba, bidons).

Dans le souci d'améliorer l'organisation des exploitants du site les formations sur les techniques de cultures, de gestion doivent être multipliées au profit des responsables des exploitants et des chefs d'exploitation.

CONCLUSION PARTIELLE

Le barrage de la Tapoa a engendré l'essor de l'irrigation jusque-là relégué au second plan. C'est une source de devises et de diversité alimentaire pour la population, contribuant ainsi au changement de leur mode de vie.

Mais, cet apport est limité par les problèmes d'eau de l'aménagement qui causent de nombreux dégâts aux cultures. L'ensablement de la retenue d'eau a baissé la capacité de rétention des eaux du cours d'eau. Cela a eu énormément des conséquences sur les cultures du périmètre. En outre, les inondations représentent une menace permanente pour les parcelles situées en aval du barrage. Paradoxalement, plusieurs de ces parcelles ont été abandonnées à cause des difficultés d'accès à l'eau qui entament sur la maturation et les rendements des cultures. Par ailleurs, les petits lacs situés en aval du barrage constituent une inquiétude pour les exploitants.

Pour que le barrage participe efficacement à de développement économique local il est indispensable d'envisager des solutions durables telles que la réhabilitation du barrage, du périmètre aménagé et le renforcement des capacités techniques des exploitants du périmètre.

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CONCLUSION GENERALE

Les activités agricoles restent tributaires des aléas climatiques au Burkina Faso. Malgré le développement des aménagements hydro-agricoles et de la culture irriguée ces dernières années, leurs impacts dans la vie des populations est sujet à discussion. Cela n'empêche pas l'engouement des populations rurales sur les périmètres aménagés considérés comme un facteur de réduction de la pauvreté en milieu rural.

L'objectif principal de notre étude intitulée « L'impact socio-économique de l'aménagement hydro-agricole: le barrage de la Tapoa» était d'analyser les incidences économiques et les transformations sociales liées à la réalisation du barrage. Pour atteindre cet objectif principal la méthodologie adoptée a consisté en la réalisation d'enquête par questionnaire et guides d'entretien ainsi qu'à des observations sur le terrain.

La présence de l'aménagement a généré de nouvelles activités jusque-là mises au second plan. Elles sont exercées par les exploitants et la population. L'exercice de ces activités est bénéfique pour les cultures pratiquées hors du périmètre et assure des revenus aux différents acteurs. Cela confirme donc la première hypothèse selon laquelle le barrage de la Tapoa a créé de nouvelles activités économiques qui génèrent des revenus aux exploitants et soutiennent leurs cultures pluviales.

Les revenus acquis par les populations sont réalisés pendant la vente des spéculations sur le marché. Ils occasionnent de nouvelles habitudes de consommation, diversifient l'alimentation des populations (légumes, fruits, alimentaires, poisson, etc.) et instaurent des modes de vie dans la zone. Le niveau de vie des exploitants a connu une amélioration et

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profite à l'essor de l'économie locale. Les localités rurales connaissent un désenclavement et un afflux de produits manufacturés. Les revenus apportent également une assistance à la modernisation de l'agriculture et l'élevage. Les intrants, les boeufs et des ânes de labours pendant l'hivernage, les charrues sont acquis par les populations grâce aux revenus financiers issus des cultures irriguées. La deuxième hypothèse qui stipule que l'aménagement du site de la Tapoa a entrainé un bouleversement des structures sociales traditionnelles et accru la pression humaine sur les terres est vérifiée.

L'arrivée des migrants, les nouvelles formes d'accès à la terre sur les terres aménagées et l'essor de l'esprit du profit individuel sur le site ont bouleversé les structures sociales traditionnelles. La présence du barrage a affaibli le pouvoir traditionnel en donnant une autorité au pouvoir financier des individus et des groupes d'individus. En plus, les valeurs sociales telles que l'entraide, le respect de l'autorité traditionnelle et des personnes âgées s'affaiblissent de plus en plus dans le milieu. Au niveau de la cellule familiale, le droit d'aînesse est menacé par l'influence des idées des membres financièrement nantis.

L'essor des cultures irriguées de contre saison a accru la ration des exploitants en leur donnant des possibilités de varier les denrées alimentaires. Les revenus des exploitants leur permettent de prendre en charge les besoins de santé, d'éducation de leurs ménages.

La troisième hypothèse qui postule que les exploitants sont confrontés à un problème d'eau qui réduit significativement la productivité sur le périmètre de la Tapoa est également confirmée. La gestion et la maitrise totale de l'eau sur le périmètre irrigué demeure une inquiétude majeure pour les exploitants. L'insuffisance d'eau sur les parcelles, particulièrement dans les blocs supérieurs, affecte sérieusement les cultures. Elle a entrainé des abandons de parcelles et une pression foncière sur les parcelles bien approvisionnées en eau. La réhabilitation de la retenue d'eau se présente comme incontournable pour résoudre le problème du périmètre. Les contraintes de production créées sur le périmètre irrigué sont au-delà du manque d'eau. Des inondations répétées ont également rythmé l'histoire du périmètre irrigué et continuent de porter un coup aux cultures. A chaque saison de pluies, les périodes de fortes pluviométries sont marquées par des débordements des eaux du cours d'eau sur les parcelles en aval du barrage, causant des dégâts énormes sur les cultures. De toutes les façons, il y a lieux de dire que le périmètre n'échappe pas aux problèmes liés à l'eau et cela réduit la productivité.

Au vu des opportunités de développement économique qu'offre l'aménagement hydro-agricole et des contraintes qui limitent son impact réel, faut-il s'attendre nécessairement à une

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action particulière de la part de l'Etat pour dépasser ces contraintes? L'implication réelle des élus locaux, dans ce contexte de communalisation doit prendre le dessus pour l'intérêt des paysans.

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ANNEXES

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QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHEFS D'EXPLOITATION

Identification des exploitants

1. Nom du village N° du ménage

2. Nom et prénom Age ans

3. Niveau d'éducation :

4. Ethnie Origine

Autochtone Migrant Sédentaire Migrant temporaire

5. Nombre de personnes en charge

Nombre d'actifs
Activités socioéconomiques Agriculture-Élevage

1) Quelle est la place de l'agriculture dans vos activités ?

2) Exercez-vous d'autres activités en dehors de l'agriculture ? Si oui, lesquelles ?

3) Utilisez-vous de l'engrais ? Si oui, quels types ?

Engrais chimiques Engrais organiques

4) Pratiquez-vous la rotation de cultures ? Si oui, pour combien de temps ?

5) Quels sont vos équipements agricoles ?

Daba Charrue Tracteur Houe Autres

6) Avez-vous du bétail ? Quelles sont vos moyens d'entretien ?

7) Utilisez-vous des moyens de protection pour vos cultures ? Lesquels ?

8) Les productions sont-elles destinées à l'alimentation ou à la vente ?

9) Depuis combien de temps pratiquez-vous la culture irriguée ?

10) Quelles étaient vos activités antérieures ?

11) Quels moyens utilisez-vous pour mettre en valeur vos parcelles lors du défrichement ?

Hachette....... Daba .Hache Autres

12) Utilisez-vous la main d'oeuvre ? si oui, est-elle familiale ou salariée ?

13) Avez-vous contractez un prêt ?

14) Avez-vous reçu des formations sur les nouvelles techniques de production ? Lesquelles

15) Quelle est la quantité produite par campagne agricole

16) Quels sont vos circuits commerciaux?

17) Qui sont vos partenaires dans l'écoulement de vos produits agricoles ? Mutations du système agraire

18) Comment avez-vous obtenu votre parcelle d'exploitation ?

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? Héritage.... Don..... Métayage Achat Autres

19) Qui se charge de l'attribution des terres ?

20) Y'a-t-il des conditions à remplir pour obtenir une parcelle ?

21) Quelle est la place des responsables coutumiers dans la gestion du périmètre irrigué ?

22) Quel est l'apport des produits maraîchers dans vos habitudes alimentaires ?

23) Y'a t- il souvent des conflits fonciers sur le périmètre aménagé ?

24) Est-ce qu'il y' a eu des abandons de parcelles suite à des conflits fonciers ?

25) Quel changement avez-vous constatez dans les systèmes de production ? Lesquelles ?

26) Existe-t-il des spéculations autour des parcelles d'exploitation ? Modernisation des pratiques agropastorales

27) Quels sont vos équipements agricoles ?

28) Comment les avez-vous acquis ?

Achat Location Don

29) Quels types d'engrais utilisez-vous ?

Organiques Chimiques Les deux

30) Utilisez-vous de la main d'oeuvre extérieure ? Si oui combien vous coûte t elle ?

31) Utilisez-vous la traction animale ? Retombées sociaux et conflits fonciers

32) Sentez-vous une sécurité foncière ? Si non, que préconisez-vous ?

33) Les migrants ont il accès aux parcelles d'exploitation ?

34) Quelle est la fréquence des conflits sur le périmètre aménagé ? Qui s'opposent t ils ?

35) Comment se résolvent les conflits sur le périmètre irrigué ?

36) Que suggérez-vous pour améliorer les attributions des parcelles ?

37) Quelle est la place de la famille dans la gestion de votre parcelle d'exploitation ?

38) Quelle appréciation faites-vous de votre niveau de vie ? Quelles appréciations faites-vous des cultures irriguées ?

39) Comment trouvez-vous les revenus qui y sont issus ?

40) Bien Moyen .Insuffisant

41) La culture irriguée a telle contribué à améliorer votre condition de vie ? Comment le saviez-vous ? Affectation des revenus

42) Quelle est la proportion des produits vendus ?

43) Quelles sont vos dépenses liées à la production irriguées des trois dernières campagnes?

44) Avez-vous empruntez de l'argent pour cette campagne agricole ?

45) Qu'est ce qui régit la fixation des prix sur le marché ?

46) A combien estimez-vous votre revenu moyen par campagne ?

47) Comment approvisionnez-vous en intrants agricoles ?

48) Quels sont les domaines d'investissement de vos revenus ?

96

49) Y'a-t-il des domaines prioritaires ?

50) Faites-vous des épargnes ? Si oui dans quelle(s) structure(s) ?

51) Quelle est la valeur moyenne des épargnes faites par campagnes ? Incidences sur l'agriculture et l'élevage

52) Quels sont les apports techniques des cultures irriguées dans l'agriculture pluviale ?

53) Quelle est la part des revenus d'exploitation dans l'achat des équipements agricoles ?

54) Quel est la part d'investissement dans les différents moyens agricoles ?

 

Quantité (en milliers)

Années

Moyens

2011

2010

2009

Traitement phytosanitaire

 
 
 

Main d'oeuvre

 
 
 

Outils et engrais

 
 
 

Semences

 
 
 

Total

 
 
 
 

55) Quelle est la part des revenus d'exploitation dans l'achat des animaux ?

56) Combien avez-vous investi dans l'entretien de vos animaux ? Disponibilité et gestion de l'eau

57) Quels sont les différents utilisateurs de l'eau du barrage ?

58) Quel sont vos rapports avec les autres usagers du barrage ?

59) Le volume d'eau stockée par le barrage est-il en baisse ou en hausse ?

60) Comment le constatez-vous ?

61) Comment s'organise la distribution d'eau sur le périmètre ?

62) Y'a-t-il suffisamment de l'eau pour la production ?

63) Quels sont vos moyens d'approvisionnement en eau ?

64) Sont-ils satisfaisants ?

65) Comment les contraintes qui influencent les productions ?

66) Comment vous y prenez quand il y'a déficit en d'eau ?

67) Quels sont vos rapports avec les autres exploitants des périmètres irrigués ?

68) Que préconisez-vous pour résoudre les problèmes liés à l'eau ? Modalités d'accès à la terre

69) Que représente la terre pour vous ?

70) Quels sont les modes d'accès à la terre ?

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Héritage Don Achat ocation Mayage Aues

71) A qui appartient la terre ? A quel âge peut-on prétendre avoir une terre ?

72) Peut-on déposséder la terre à un exploitant ? si oui, dans quelles circonstances ?

73) Avez-vous entendu parler de la RAF ?

74) Quelle est votre appréciation ?

75) Vous sentez vous en sécurité sur vos terres ? Si non pourquoi ?

76) Que peut-on faire pour résoudre les problèmes fonciers ?

77) Quelle est l'influence des nouveaux arrivants ?

GUIDE D'ENTRETIEN

Aux services techniques

1) Nom : Prénoms :

2) Quelles sont les charges vous concernant sur l'aménagement hydro agricole ?

3) Avez-vous une idée sur l'historique de l'aménagement hydro agricole?

4) Quels étaient les objectifs premiers de l'aménagement hydro agricole ?

5) Y' a-t-il eu des déplacements de villages à la construction du barrage ?

6) Quelle est la superficie de l'ensemble des parcelles aménagées ?

7) Quelles sont les productions annuelles des exploitants du site ?

8) Comment sont organisées les actions d'encadrement et de suivi sur le terrain ?

9) Comment sont organisés les producteurs ?

10) Comment se fait l'attribution des parcelles ?

11) Quelle est l'évolution des parcelles sur la surface aménagée (superficies) ?

12) Qui sont les autres utilisateurs de l'eau du barrage ?

13) Existent-ils des déficits hydriques qui affectent les productions ? Si oui comment ?

14) Y'a-t-il eu des travaux de réhabilitation depuis sa construction ?

15) Jouez-vous un rôle particulier dans la résolution des conflits sur le périmètre ?

16) Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les producteurs ?

17) Comment appréciez-vous les rendements des différentes spéculations ?

Bon Moyen .Insuffisant

18) Quelles sont les difficultés que vous rencontrées personnellement dans la gestion du périmètre ? Aux autorités coutumières

1) Nom : Prénoms :

2) Nom du village :

3) Que signifie-t-il ?

4) Quelles sont vos tâches dans le village ?

5) Quels sont les rapports entre autochtones et migrants ?

98

6) Existent-ils des conflits liés à la terre ? Qui s'opposent-ils ?

7) Y'a-t-il des interdits dans l'exploitation de la terre ?

8) Les exploitants les respectent- ils ? Si non pourquoi ?

9) L'aménagement en est-il pour quelque chose ?

10) Quelle place occupez-vous dans la gestion des périmètres irrigués ?

11) Comment appréciez-vous la présence du barrage dans le territoire ?

12) Connaissez-vous l'historique du barrage ?

13) La construction a-t-il entrainé des déplacements de population ou autres inconvénients ?

14) Y'a-t-il eu des migrations suite à la construction du barrage ? Qui sont-ils ?

15) Pensez-vous avoir perdu de l'autorité avec l'aménagement du périmètre ?

16) Y'a-t-il des transactions foncières dans le village ?

17) Qu'est ce qui a changé dans le contexte culturel et économique ? Aux responsables administratifs

1) Nom : Prénoms :

2) Combien de villages comptent votre zone d'administration ?

3) Y' a-t-il une collaboration avec les responsables de l'aménagement hydro agricole ?

4) Connaissez-vous l'histoire du barrage ?

5) Y' t -il eu des déplacements de population lors de la construction du barrage ?

6) Quel est l'impact de cet aménagement sur la vie des populations rurales ?

7) Y'a-t-il des conflits autour de la zone aménagée ? Si oui, comment les gérez-vous ?

8) Les paysans sont-ils informés de la RAF ?

9) Y'a-t-il des projets qui accompagnent les exploitants ?

10) Quelles relations avez-vous avec les responsables coutumiers dans la gestion du périmètre ? Au groupement/associations

1) Nom N° et date de reconnaissance

2) Quel est l'essentiel de votre règlement intérieur ?

3) Quels sont vos motivations et quels types d'activités menez-vous ?

4) Qui sont vos partenaires techniques ?

5) Quelles sont les formations que vous bénéficiez ?

6) Que proposez-vous pour améliorer les conditions d'exploitation sur le site ?

7) Quel est le rôle du groupement dans la gestion du périmètre aménagé ?

8) Votre structure joue telle un rôle particulier dans la résolution des conflits ?

9) Quels sont vos liens avec les autres associations exploitants le site ?

10) Exercez-vous d'autres activités génératrices de revenus ?

11) Quelle est la contribution des cultures irriguées dans le développement de ses activités économiques ?

12) Y'a-t-il des problèmes d'eau dans l'exploitation du périmètre aménagé ?

99

13) Comment écoulez-vous vos productions ?

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Liste des graphiques Pages

Graphique N°1: Diagramme pluvio-thermique de Diapaga ... 15

Graphique N°2: Variation inter annuelle de la pluviométrie et de la température 15

Graphique N°3:variation de l'humidité relative et de l'ETP PENMAN de Diapaga . 16

Graphique N°4: vitesse moyenne des vents 17

Graphique N°5:Répartition ethnique de la commune de Diapaga 25

Graphique N°6: Evolution des superficies et du nombre d'exploitants sur le périmètre 38

Graphique N°7: Proportion des cultures maraichères dans la commune 42

Liste des tableaux pages

Tableau N°1: Répartition des chefs d'exploitations . 7

Tableau N°2: Cadre opératoire de l'étude . 9

Tableau N°3: Evolution de la Production céréalière de la commune de Diapaga ..... 30

Tableau N°4: Charge en main d'oeuvre contractuelle des exploitants par campagne . 51

Tableau N°5: Revenus moyens annuels des exploitants 59

Liste des figures pages

Figure N°1: Origine et catégories des exploitants du barrage ... 40

Figure N°2 : Le calendrier agricole des exploitants à Tapoa Gourma .. 44

Liste des photographies pages

Photo N°1: Casier de riz associé au maïs 41

Photo N°2: Les trois principales cultures maraichères (choux, oignon, tomate) 42

Photo N°3: Vergers de bananerais en maturation . 43

Photo n°4: Irrigation dans une plantation de bananeraies .. 47

Photo N°5: Modernisation de l'habitat 68

Photo N°6: Emballages de pesticides abandonnés dans la nature 70

Liste des cartes pages

Carte N°1: Découpage administratif de la commune de Diapaga .. 13

Carte N°2: Hydrographie dans la commune de Diapaga 19

100

Carte N°3: Occupation des terres dans la commune de Diapaga 22

TABLE DES MATIERES

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS III

SOMMAIRE V

RESUME VI

INTRODUCTION GENERALE 1

II. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE 3

IV. LA METHODOLOGIE 4

1. La recherche documentaire 4

2. La Définition des concepts 5

3. Les enquêtes de terrain 6

3.1. Echantillonnage spatial 6

3.2. Echantillon démographique 7

3.3. Les techniques de collecte des données 7

3.4. Le traitement des données 9

PREMIERE PARTIE: 10

LE CONTEXTE PHYSIQUE, HUMAIN DE LA ZONE D'ETUDE ET LES

CRACTERISTIQUES TECHNIQUES DE 10

CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE ET LES ASPECTS SOCIOECONOMIQUES

 
 
 

11

I.

 

LA SITUATION GEOGRAPHIQUE

11

II.

 

LE MILIEU PHYSIQUE

13

 

1.

LE CLIMAT

13

 

1.1.

La pluviométrie et la température

13

 

1.2.

Humidité relative et évapotranspiration potentielle

15

 

1.3.

Les vents et l'insolation

16

2.

 

LE SUBSTRATUM GEOLOGIQUE

17

 

3.

LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE

17

 

4.

LES SOLS

19

 

5.

LE COUVERT VEGETAL

20

III.

LE CADRE HUMAIN ET LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES

22

1.

HISTORIQUES ET CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION

22

101

1.1. Origine et mouvements de peuplement 23

2. ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE 25

2.1. Le pouvoir traditionnel 25

2.2. Le pouvoir moderne 25

2.3. L'Evolution du pouvoir 25

3. LE REGIME FONCIER 26

3.1. L'organisation du terroir et la gestion des terres 26

3.2. Les formes de garantie foncière 27

4. LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES 27

4.1. L'agriculture et l'élevage 27

4.1.1. L'agriculture 28

4.1.2. L'élevage 29

4.2. Les activités secondaires 29

5. Les infrastructures socio-économiques 30
CHAPITRE II : HISTORIQUE ET CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DE

L'AMENAGEMENT HYDRO-AGRICOLE 32

I. HISTORIQUE ET OBJECTIFS DE L'AMENAGEMENT 32

1. L'historique 32

2. L'évolution des objectifs : entre réussites et échecs 33

3. L'aménagement hydro agricole de la Tapoa 34

3.1. Caractéristiques techniques du barrage 34

3.2. Les partenaires techniques et financiers 35

3.3. L'évolution des superficies aménagées et de l'effectif des exploitants du

périmètre de la Tapoa 35

II. ORGANISATION DU PERIMETRE DE LA TAPOA 37

1. Les aménagements sur le périmètre irrigué 37

2. Le système de production sur le périmètre 38

2.1. Les typologies de producteurs 38

2.2. Les différentes productions 39

2.2.1. La riziculture et le maraichage 40

2.2.2. Les plantations fruitières 41

2.2.3. Les techniques de production 42

2.2.3.1. Le calendrier agricole et la gestion des travaux 42

2.2.3.2. L'itinéraire agricole 43

3. Organisation des producteurs et l'investissement dans la production 46

102

3.1. Evolution du groupement des exploitants 46

3.2. Les efforts d'acquisition des parcelles sur le périmètre 47

3.3. L'approvisionnement en intrants agricoles 48

3.3.1. Les semences 48

3.3.2. Le matériel agricole (l'outillage) 49

3.3.3. L'approvisionnement des engrais et des produits phytosanitaires 49

3.3.4. La main d'oeuvre contractuelle 49

DEUXIEME PARTIE : 52
LES TRANSFORMATIONS SOCIO ECONOMIQUES CONSECUTIVES A

L'AMENAGEMENT DE LA TAPOA 52

CHAPITRE III: L'IMPACT ECONOMIQUE ET SOCIAL 54

I. L'IMPACT ECONOMIQUE 54

1. La commercialisation des productions du périmètre 54

1.1. La notion de système de commercialisation 54

1.2. Typologie des acteurs et les circuits de commercialisation 55

1.2.1. Les acteurs de la commercialisation 55

1.2.2. La fixation des prix 56

2. Analyse des revenus des cultures irriguées 57

2.1. Estimation des revenus 57

2.2. L'utilisation des revenus 59

2.2.1. L'épargne 59

2.2.2. L'utilisation des revenus 59

3.1. La valorisation du secteur de l'agriculture dans la zone 60

3.1.1. Promotion des cultures de contre saison 60

3.1.2. Les cultures irriguées: un appoint aux cultures pluviales 60

3.2. La complémentarité entre Cultures irriguée et cultures pluviales 61

3.3. Les nouvelles formes de productions 62

3.3.1. Les nouvelles pratiques agricoles 62

3.3.2. Les nouvelles techniques de stockage des productions 63

3.4. L'intégration de l'élevage 63

3.4.1. L'élevage dans le nouveau circuit de production 64

3.4.2. La participation de l'aménagement à la modernisation de l'élevage 64

II. L'IMPACT SOCIAL 65

1. Nouveaux termes et vie collective 66

2. L'amélioration des conditions de vie des exploitants 66

103

2.1. Les conditions alimentaires 66

2.2. L'impact sur l'habitat 67

2.3. Les cérémonies 68

2.4. La situation éducative et sanitaire 68

2.4.1. L'alphabétisation et l'éducation. 68

2.4.2. La santé des populations 68

3.1. L'affaiblissement du pouvoir traditionnel 70

3.2. L'apparition de nouveaux acteurs 71

3.3. La naissance de nouvelles formes d'acquisition des terres 71

3.3.1. Les différents modes d'acquisition des terres sur le site 72

3.3.2. La perception du foncier par les exploitants du périmètre irrigué 73

3.3.3. L'accès des parcelles sur le périmètre irrigué 74

3.4. La dislocation du noyau familial 74

3.5. L'insécurité foncière sur le site de la Tapoa 75

I. L'ETAT DE LA RETENUE D'EAU 76

1. L'état des infrastructures hydrauliques 76

2. L'ensablement du barrage 77

II. LES REPERCUSSIONS SUR LES CULTURES 77

1. Sur l'amont du barrage 77

2. Sur l'aval du barrage 78

CONCLUSION GENERALE 81

BIOBLIOGRAPHIE 88

TABLE DES MATIERES 100






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault