Proposition d'un modèle d'intégration de
la marque employeur pour travailler l'attractivité employeur (exemple
cabinet de recrutement)
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Présenté et soutenu publiquement le
12/09/2015
Pour l'obtention du Diplôme ICN Grande Ecole
(avec grade de Master) par
Monsieur Benjamin Leconte-Caseau
Composition du jury :
Président : Madame Krista Finstad-Milion
Benjamin Leconte-Caseau 2
ICN 3A
« J'atteste que ce travail est personnel, cite en
référence toutes les sources utilisées et ne comporte pas
de plagiat »
« J'atteste que mon mémoire est non
confidentiel et j'autorise sa diffusion en ligne par ICN Business School
à des fins pédagogiques, avec accès réservé
à la communauté ICN ».
Benjamin Leconte-Caseau
Remerciements
L'élaboration de ce travail de recherche a
été possible par l'aide de Madame Krista Finstad-Million, et de
l'ICN Business School. Et surtout, je tiens à remercier le cabinet de
recrutement de Michael Page International Luxembourg pour m'avoir offert
l'opportunité d'intégrer ses équipes, et de participer
à ma hauteur à son développement. Enfin, je remercie
toutes les personnes qui de près ou de loin ont participé,
aidé et m'ont soutenu sur le chemin menant à ce rendu.
Benjamin Leconte-Caseau 3
ICN 3A
« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque
opportunité, un optimiste voit une opportunité dans chaque
difficulté »
Winston Churchill
Benjamin Leconte-Caseau 4
ICN 3A
Proposition d'un modèle d'intégration de
la marque employeur pour un cabinet de recrutement
Introduction 6
I. Analyse de la revue litérraire sur le concept
de la marque employeur 9
A. Un concept essentiellement anglophone issu du
Marketing RH 9
a. La controverse ressentie mais l'unanimité sur la mise
en place 9
b. Un consensus sur les composants de la marque employeur 11
B. Une recherche d'un élément fondamental
de la marque employeur 12
a. Un consensus sur la nécessaire attractivité
12
b. Une doctrine partagée sur les conséquences
15
C. Une Réflexion sur les stratégies
d'investissements 19
a. Une littérature fondée sur des observations
empiriques 19
b. Résultats d'études qui expliquent cette
tendance 22
II. Analyse d'une proposition d'investissements dans la
marque employeur au
Luxembourg : cas concret pour un cabinet de recrutement
spécialisé 24
A. Présentations du cabinet de recrutement Michael
Page 25
a. Les valeurs fondatrices de Michael Page 25
b. L'objectif poursuivi par Michael Page dans l'hypothèse
d'un développement de stratégie
marque employeur 27
B. Présentation de la réflexion pour la
mise en place de la stratégie 28
a. Identifications des candidats cibles à haut potentiel
28
b. Déterminations des investissements 32
C. Présentation du plan d'action 37
a. Préconisation des axes de communication 37
b. Proposition d'outils de mesures 40
III. Analyse des résultats d'une confrontation
entre étude théorique et application
pratique 42
A. Méthodologie de l'étude quantitative
42
a. Canaux de distributions de l'enquête 42
b. Informations sur l'échantillon 43
B. Composition du questionnaire 44
a. Composition des réponses 45
b. Questionnaire 46
C. Interprétations des résultats
49
Conclusion 54
Bibliographie 56
Sources littéraires : 56
Sources audiovisuelles : 57
Annexe 1 : Rendu du questionnaire 58
Annexe 2 : Résultats complémentaires de
l'enquête quantitative 61
Benjamin Leconte-Caseau 5
ICN 3A
Introduction
Des recherches en amont sur la marque employeur nous
permettent de dessiner par consensus universitaire, un cadre de
définition que l'on peut désigner comme la reconnaissance
généralisée par les parties prenantes de la promesse d'une
haute expérience professionnelle, en associant qualité de
l'emploi et identité organisationnelle, conférant ainsi aux
salariés valeur, engagement, confiance et volonté de promouvoir
la marque en elle-même auprès des personnes extérieures.
(Martin et Beaumont, 2003 ; Martin, 2009a, b ; Burke, Martin et Cooper 2011 ;
Martin et Groen-in't Woud 2011). L'image de la marque employeur est le reflet
du processus dans lequel les différents concepts du Marketing, de la
Communication et des Ressources Humaines se mélangent entre eux afin de
définir, d'affirmer et de communiquer les valeurs de l'entreprise. La
marque entreprise est une des réponses possibles à la
pénurie de candidats à hauts potentiels aussi appelés
« Talents » venant du terme anglo-saxon. Pénurie, dont les
entreprises internationales font face depuis le début des années
1990. Cette période est notamment appelée «la guerre des
Talents 1».
L'arme créée pour cette guerre est donc la
marque employeur qui a pour but d'attirer et maintenir les candidats à
hauts potentiels au sein des entreprises, mais surtout de faire en sorte que
les Talents actuels ou prospects ne se tournent pas vers les entreprises
concurrentes. Ainsi l'image de la marque entreprise est devenue la figure de
proue, le cheval de bataille, des entreprises multinationales (MNE) en terme de
recrutement, de rétention et de formation des Talents. C'est pour cette
raison que les outils du Marketing et de la Communication se sont vus prendre
une place prépondérante dans le processus de recrutement sur le
marché du travail. Pour illustrer ceci, nous pouvons constater les
investissements faits par les entreprises dans la publicité de
recrutement ou dans des événements d'entreprises
médiatisés et relayés par les réseaux sociaux.
Cette importance de la réputation employeur a été
définie pour concilier les besoins de l'organisation afin de
créer de la valeur stratégique à la fois
simultanément différente des concurrents tout en restant
socialement légitime. Cela permet ainsi, d'obtenir l'estime,
l'approbation, et la reconnaissance générale pour la
délivrance de biens et de services (Deephouse et Carter 2005 de haute
qualité ; Rindova, Williamson, Petkova et Sever 2005 ; Martin et Hetrick
2006, 2009 ; Highhouse, Brooks et Gregarus 2009, 2010 ; Bergh, Ketchen, Boyd et
Bergh 2010).
1 Ou dite « Talent war » : Ed Michaels, Helen
handfield-Jones, Beth Axelrod, 2001. The war for talent, Harvard Business
school press,
Benjamin Leconte-Caseau 6
ICN 3A
Depuis lors, le capital réputation de l'entreprise est
considéré comme une des ressources précieuses
immatérielles aux effets significatifs sur les performances de
l'organisation (Roberts et Dowling 2002 ; Shamsie 2003 ; Boyd, Bergh et Ketchen
2010).
À son tour, le capital de réputation aide les
organisations à rivaliser sur les marchés mondiaux pour les
clients, les Talents, la Finance, les partenaires commerciaux et d'autres
ressources (Rindova et al 2005).
Il faut néanmoins ponctuer ces dires par le fait que,
si une bonne marque employeur favorise des effets positifs sur l'entreprise,
à l'inverse, une image négative peut engendrer des effets
néfastes sur la production de valeur de la corporation. Une bonne
illustration de cette dualité est l'échec de Toyota en 2009-2010
pour gérer son processus de rappel sur sa récente performance
financière.2 Une autre encore, est celle de l'impact sur la valeur de
l'action et sur la réputation mondiale de la société
pétrolière BP, suite à la marée noire du Deepwater
Horizon sur la côte Est d'Amérique en 2010.
Cette recherche sur capital de réputation nous
amène à penser que la protection de la richesse et les
rôles de création de richesse de la gouvernance d'entreprise
(Aguilera, Filatochev, Evangile et Jackson 2008) sont au coeur des programmes
d'innovation et de réputation (Martin et Hetrick 2006). L'image de la
marque employeur a donc un rôle clé à jouer dans la
création et la protection du capital de réputation en facilitant
différents types d'innovation et de création de richesse. Afin de
mieux comprendre les aspects de la marque entreprise, plusieurs questions sont
à se poser afin de diriger ce travail de recherche vers une dimension
mêlant recherches théoriques et aspirations pratiques :
Que définit le terme marque employeur ? De quoi
est-elle composée ? Comment peut-on la mesurer ? Est-ce possible
d'implanter la marque employeur dans tous types d'entreprises ? Qu'en est-il
pour le domaine du recrutement ? Qu'est qui définit la
crédibilité de la marque employeur ? Quels sont les
intérêts d'investir dans celle-ci ? Et pourquoi une entreprise
voudrait-elle investir ? Où et comment investir ? Quels types d'actions
les entreprises peuvent-elles mettre en place ? Quelles en seront les cibles ?
Comment les définir ? Sur quels critères ? Comment et sur quoi
communiquer les actions ? De quelle manière ? Et dans quel but ?
2 Disponible sur <
http://www.economist.com/node/15498249>
Benjamin Leconte-Caseau 7
ICN 3A
Cette phase de questionnements a pour but d'orienter la
recherche afin d'explorer les possibilités de réponses quant
à la problématique suivante : Comment un cabinet de recrutement
peut-il investir dans sa marque Employeur afin d'attirer les Talents à
travailler avec ou pour eux ?
Pour structurer la recherche, il est nécessaire
d'établir un plan en trois parties majeures. Tout d'abord, une
première partie concentrant une revue de littérature offrant une
définition de la marque employeur, des composants de son
attractivité, et des conséquences qu'elle engendre. Puis, il est
question de faire ressortir les préconisations théoriques en
termes d'investissements, enfin une dernière partie confrontant les
outils créés par les universitaires pour mesurer
l'attractivité employeur.
Dans un second temps, en s'appuyant sur nos recherches, il
s'agit effectuer une proposition concrète d'investissements dans la
marque employeur pour un cabinet de recrutement localisé au Luxembourg.
La finalité est de fixer les objectifs de résultats
escomptés et les outils de mesure qui peuvent être mis en place
afin de piloter la stratégie d'attraction de l'entreprise.
Enfin, afin de confronter les propositions faites avec la
réalité des demandes des candidats à hauts potentiels, il
est nécessaire d'effectuer une étude quantitative sur cette
population cible.
Benjamin Leconte-Caseau 8
ICN 3A
I. Analyse de la revue litérraire sur le concept
de la marque employeur
A. Un concept essentiellement anglophone issu du
Marketing RH
a. La controverse ressentie mais l'unanimité sur la
mise en place
Certains auteurs utilisent d'autres formules pour
définir le concept de la Marque Employeur, tel que la marque de l'emploi
(« employment branding », Ewing et al, 2002), l'image de marque
employeur (« employer brand image », Knox et Freeman, 2006) ou
l'attraction de la marque employeur (« attractiveness in employer branding
», Berthon et al, 2005). Toutes ses appellations désignent
néanmoins la même finalité, que nous expliquons par la
suite.
Une des premières définitions de la Marque
Employeur a été faite par Ambler & Barrow (1996). Ils
définissent celle-ci par « un ensemble des avantages fonctionnels,
économiques et psychologiques inhérent à l'emploi et avec
lequel l'entreprise à titre d'employeur, est identifiée (p.187)
». Ils affirment, ainsi, la création d'une valeur ajoutée
par et pour l'entreprise investissant dans la mise en pratique d'un tel
concept.
Puis Collins & Stevens (2002) effectuent des recherches
sur ce même sujet en ajoutant une dimension de communication sur
l'attractivité de la Marque Employeur notamment en la définissant
par l'ensemble des « Attitudes, des efforts d'une entreprise pour
communiquer auprès des employés potentiels ou existants qu'elle
est un lieu de travail attractif3 ». Cette définition fut
empruntée à la recherche de Lloyd sur le sujet en 2002.
Roy (2008), quant à lui, dirige ses travaux sur le fait
de communiquer à la fois en interne et en externe sur la vision que
l'entreprise à d'elle-même et surtout sur celles qu'elle souhaite
communiquer aux parties prenantes de son activité. Elle est
définie ainsi : « Efforts de l'entreprise pour promouvoir, à
l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise, une vision
claire de ce qui fait sa
3 Collins, C. J. et Stevens, C. K. (2002). The relationship
between early recruitment-related activities and the application decisions of
new labor-market entrants: A brand equity approach to recruitment. Journal
of Applied Psychology, vol. 87, n°6, p.153
Benjamin Leconte-Caseau 9
ICN 3A
différence et son attractivité en tant
qu'employeur » 4. Roy a lui aussi repris cette définition issue des
travaux de recherches de Lievens en 2007.
L'étude de Kapoor (2010) ponctue les définitions
précédentes en précisant que la Marque Employeur est le
Processus visant à positionner l'entreprise comme étant un lieu
où «il fait bon travailler» (« great place to work
») 5 (...) pour devenir un «employeur de choix». Il s'agit ainsi
de démontrer l'épanouissement professionnel certain que
représente une accession d'une position au sein de l'entreprise pour les
candidats potentiels.
La marque employeur est donc issu du domaine du marketing RIT,
dont la volonté est « d'appliquer les logiques et les techniques du
marketing et de la communication pour attirer les candidats et fidéliser
les salariés » (Liger, 2007).
Il faut noter que Kapoor (2010), Mandhanya et Shah (2010)
affirment, dans leurs études respectives, que le développement
d'une marque employeur forte constituerait une stratégie proactive
entrainant une différenciation à long terme de l'entreprise, lui
permettant d'avoir un flux continu de bons candidats. La marque emploi semble
ainsi être un atout dans l'attractivité de l'entreprise pour les
candidatures face à la concurrence.
? la marque employeur constituerait un avantage
concurrentiel.
? la marque employeur est un outil de management des
candidats à hauts potentiels pour les entreprises.
La marque employeur se définit donc comme un outil
hybride entre plusieurs domaines d'activité de l'entreprise qui
interagissent entre eux afin d'élever l'attractivité de
l'entreprise aux yeux des candidats potentiels au recrutement mais
également aux yeux des actuels salariés, et par extension
à tout partenaire commercial actuel et potentiel. De plus, elle peut
s'appliquer à tous types d'entreprises ayant une stratégie de
création de valeur souhaitant communiquer sur leurs activités de
manière transparente et claire.
? la marque employeur peut s'appliquer à tous types
d'activités d'entreprises.
4 Roy, S. K. (2008). Identifying the Dimensions of
Attractiveness of an Employer Brand in the Indian Context. South Asian
Journal of Management, vol. 15, n°4, p.110
5 Kapoor, V. (2010). Employer Branding: A Study of Its
Relevance in India. IUP Journal of Brand Management,
vol. 7, n°1/2, p.51
Benjamin Leconte-Caseau 10 ICN 3A
b. Un consensus sur les composants de la marque
employeur
L'image de marque d'une entreprise est composée
d'après l'étude de Backau & Tikoo (2004) de plusieurs
éléments. Ceux-ci sont à la fois indépendants mais
également totalement liés entre eux.
D'abord un des composants fondamentaux est le concept de l'EVP
(Employer Value Proposition). Il peut être décrit comme le solde
des récompenses et des avantages reçus ou perçus par les
salariés ou les candidats en provenance d'une organisation.
D'après Minchington en 2005, l'EVP doit être pertinente, unique et
convaincante afin d'être effective auprès du public cible interne
et externe à l'entreprise à la fois en ce qui concerne le
recrutement mais aussi dans la rétention du personnel. En des termes
plus simplifiés, il s'agit d'un contrat, d'une offre psychologique
sous-jacente sur lesquels les activités de la Marque Employeur sont
fondées. Elle doit démontrer l'engagement de l'employeur dans sa
volonté d'accompagner le salarié dans son développement
pour atteindre l'épanouissement que l'individu cherche à
atteindre. C'est en quelque sorte la création d'une image
projetée sur le candidat ou l'employé par l'organisation afin que
ces derniers adhèrent aux valeurs de développement et de
croissance de l'entreprise. L'EVP a pour but d'influencer le candidat dans sa
décision de rejoindre l'entreprise notamment en intégrant les
avantages directs et indirects que celle-ci lui offre (salaire,
développement de carrière, adéquation entre valeurs de
l'entreprise et celles du candidats/salariés). Heger a également
effectué des recherches sur l'EVP en 2007, notamment sur l'engagement
des salariés. Les bénéfices qui peuvent en résulter
sont retranscrits dans son ouvrage.6
La promesse de l'entreprise doit s'appuyer sur les besoins
identifiés des postulants afin de créer une image externe
attractive. Celle-ci est notamment composée de plusieurs aspects. Comme
l'indique Lawler, l'attractivité de l'image externe de la marque se
forge par l'association de l'image actuelle que se font les actuels
employés et la façon dont ils l'expriment, mais également
par la perception interne de haute qualité du service ou produits
délivrés (Lawler, 2005). C'est à dire que plus
l'employé a d'affinités avec le type de création de valeur
de l'entreprise, plus il y sera investi et meilleur ambassadeur de la marque il
deviendra.
? les candidats développent des croyances sur leur
futur employeur par les promesses que celle-ci leur communique.
6 Heger BK (2007), Linking the Employment Value Proposition
(EVP) to Employee Engagement and Business Outcomes: Preliminary Findings from a
Linkage Research Pilot Study, Organisation Development Journal, Vol. 25,
No. 2, p. 121-131
Benjamin Leconte-Caseau 11
ICN 3A
Comme pour toute marque ou tout produit, il est important
d'effectuer une veille de concurrence ou « Benchmarking ». En effet,
la marque entreprise doit s'inspirer de ce qui se fait, de ce qui fonctionne et
d'écarter les actions non-bénéfiques en terme d'image de
marque employeur. Dans la guerre des Talents, il est nécessaire
d'observer la concurrence afin de toujours avoir de l'avance concernant la
stratégie d'investissement dans l'attractivité employeur d'une
entreprise.
Une des composantes majeures de la stratégie employeur
est la façon dont est perçue son image par les candidats. En
effet, c'est la résultante de cette image qui induit, ou non, l'acte de
candidater et la volonté de rejoindre cette entreprise. Les travaux de
Cable & Turban (2001) se fondent sur les recherches en Marketing en
abordant les différentes dimensions de l'image d'une marque à
prendre en compte. Il s'agit des dimensions symboliques, instrumentales (ou
fonctionnelle), et expérientielles (Holbrook et Hirschman, 1982). Pour
l'image de marque, Lievens (2003, 2007) s'appuyant sur les travaux de ses
confrères, ne considère que seules, les deux premières
dimensions s'y appliquent. Pour la dimension symbolique, on peut la comparer
avec les attributs subjectifs et intangibles de l'organisation imagée
par le candidat. Cette dernière définit la personnalité
d'une marque comme l'ensemble des caractéristiques humaines qui y sont
associées, et considère qu'un consommateur sera plus
attiré par une marque ayant les mêmes caractéristiques que
lui.
La dimension instrumentale se définit par les
bénéfices objectifs, les attributs tangibles ou encore les
caractéristiques physiques de l'entreprise : dresser la liste des
avantages concrets, visibles et perceptibles de choisir cette entreprise
plutôt qu'une autre.
B. Une recherche d'un élément
fondamental de la marque employeur
a. Un consensus sur la nécessaire
attractivité
Signaux de la marque employeur
Nous avons vu précédemment que la construction
(ou le maintien) d'une bonne image de Marque employeur est primordiale dans la
mise en place de ce type de stratégie d'attraction de candidats. Il est
d'autant plus important d'effectuer des recherches pour repérer les
composants essentiels à la création de signaux adéquats
avec les valeurs que l'entreprise souhaite mettre en avant pour résulter
d'une attraction positive.
Benjamin Leconte-Caseau 12
ICN 3A
La marque se transmet par des signaux à destination des
candidats. Ceux-ci influent sur la perception des employés potentiels
concernant la crédibilité de la marque et l'attraction de
l'entreprise. Si les signaux semblent crédibles, alors la proposition de
valeur associée à l'entreprise sera crédible et
perçue comme telle (Hoeffler & Keller, 2002). On constate ainsi une
dépendance entre la fiabilité des signaux envoyés et la
façon dont les employés potentiels la percevront. Erdem &
Swait (1998) ponctuent cette observation en constatant que la perception est
dépendante de la volonté et de l'habilité de l'entreprise
à délivrer ce qui est promis au candidat. Buss (2002) affirme que
les signaux envoyés au candidat pendant la période de
recrutement, affectent les attentes et les évaluations
ultérieures de l'emploi par les prospects. Ces derniers formulent ainsi
de promesses subjectives par interprétation des signaux envoyés.
La consistance et la crédibilité des signaux sont donc
primordiales dans le concept de marque employeur.
? l'attraction positive de candidat est le but principal
d'une marque employeur.
? l'entreprise communique sur son attractivité par
l'émission de signaux en direction des candidats.
Consistance et
crédibilité
Il a été précédemment
démontré que la marque employeur est divisée en
composantes qui servent de fondations pour la mise en place de cette
stratégie. L'attraction des candidats à hauts potentiels
s'effectue ainsi par l'émission de signaux spécifiques vers ce
public cible. Le schéma conceptuel modifié par d'Erdem &
Swait (figure 1 ci-dessous) informe de l'importance que les deux auteurs
donnent à la crédibilité et à la consistance des
signaux dans leur vision du concept d'attractivité.
Figure : 1 Modèle intégrateur des signaux d'une
marque employeur par d'Erdem & Swait (1998)
Benjamin Leconte-Caseau 13
ICN 3A
Si l'on concentre notre attention sur la partie « signaux
de la marque employeur », on comprend qu'un signal est consistant
lorsqu'il est crédible et clairement défini.
? la proposition de valeur communiquée aux candidats
doit être consistante et crédible.
Pour acquérir cette consistance, la clarté et la
crédibilité doivent être inscrites dans une logique
bidimensionnelle, composée des dimensions substantielles et
temporelles.
La dimension substantielle désigne le fait que les
signaux de la marque employeur dépendent de la façon dont les
valeurs communiquées sont alignées par rapport aux valeurs
présentes au sein même de l'entreprise et de ses produits.
(Backhaus &Tikoo 2004 ; Mitchell en 2002)
La dimension temporelle reflète la capacité de
l'entreprise à pérenniser dans le temps la force de sa marque
employeur et de ses signaux délivrés (Park, Jaworski &
Macinnis, 1986).
De plus, Erdem & Swait réaffirment en 2004 que plus
les signaux de la marque employeur seront consistants, plus grande sera la
crédibilité du futur employeur aux yeux de ses prospects. Il
s'agit ici d'oeuvrer pour que l'évolution dans le temps d'une marque
employeur coïncide avec celle de l'entreprise qui la met en place.
Celle-ci et sa marque employeur doivent évoluer temporellement et
substantiellement ensemble pour atteindre leurs objectifs communs : les
conséquences positives sur l'attractivité de l'entreprise. De
mauvaises promesses peuvent conduire à un mécontentement des
salariés, un « turn over » plus important, résultant
d'une communication orale négative ; l'engagement des employés
peut rapidement décroitre (Miles & Mangold, 2004). On observe ainsi
une création d'un contrat psychologique entre le candidat et
l'entreprise dû à l'envoi de signaux et leurs
interprétations par les candidats.
? la proposition de valeur doit être pérenne
et substantielle aux yeux des candidats pour renforcer la bonne perception de
l'entreprise par ceux-ci.
La conséquence d'une bonne proposition de valeur est
une augmentation de la qualité de perception des employés
prospects pour l'entreprise en tant qu'employeur. Une marque employeur doit
être clairement définie et communiquée pour observer une
attraction positive de l'entreprise pour les candidats.
Benjamin Leconte-Caseau 14
ICN 3A
b. Une doctrine partagée sur les
conséquences Variables individuelles
L'attractivité d'une entreprise pour un candidat selon
Bakchaus dépend de la similarité entre les valeurs que l'un
affirme et que l'autre revendique. On parle alors de « congruence »
ou d'alignement des valeurs entre la personne et l'organisation (Cable et
Graham, 2000 ; Lievens, Decaesteker, Coetsier et Geirnaert, 2001 ; Lievens et
Highhouse 2003 ; Backhaus et Tikoo, 2004). « L'image ou les traits
similaires attireraient ainsi les candidats vers les employeurs partageant
leurs valeurs » 7 rajoutent Lievens & Highhouse, 2003.
Devendorf et Highhouse (2008) examinent, pour leur part,
l'effet de la similarité entre le candidat et les employés
(futurs collègues décrits par une série d'adjectifs) sur
l'attractivité de l'employeur. Leurs résultats montrent que la
similarité perçue et la similarité dite «
prototypique » sont corrélées à l'attraction de
l'employeur (respectivement r = .67 à .79 et r = .15 à .28). Dans
cette étude, la similarité perçue du candidat avec les
salariés de l'entreprise est mesurée avec deux items : « Je
pense que les employés de cette entreprise me ressemblent » et
« Je m'intégrerais bien avec les employés de cette
entreprise ». La similarité prototypique est évaluée
à partir d'une liste de 81 adjectifs pour dire comment les autres
décriraient le répondant. Les auteurs mesurent par ailleurs
l'attraction employeur par trois items dont le fameux : « Pour moi, cette
entreprise serait un bon endroit où travailler ».
? le partage de valeurs communes permet au candidat de se
projeter dans l'avenir au sein d'une entreprise.
Des aspects de la personnalité du candidat, notamment
l'estime de soi et le besoin d'accomplissement, auraient un impact sur l'effet
de caractéristiques organisationnelles composant l'attractivité
selon Turban et Kéon (1993). Ils ponctuent leurs observations en
démontrant qu'un étudiant dont l'estime personnelle est haute,
aura tendance à être attiré par les grandes entreprises
décentralisées. A contrario, l'étudiant ayant un fort
besoin d'accomplissement serait plus attiré par les entreprises dont les
stratégies de rémunération du personnel sont basées
sur le mérite.
7 Lievens, F et Highhouse, S. (2003) the relation of the
instrumental and symbolic attributes to a company attractiveness as an
employer. Personal Psychology, vol 56, n°1, p 75-102
Benjamin Leconte-Caseau 15
ICN 3A
Dans le même contexte, l'étude menée par
Lievens et ses collègues (2001) auprès de jeunes
diplômés montre que les traits de
personnalité des candidats modèrent les effets de certains
attributs organisationnels perçus sur l'attractivité de
l'entreprise. Ils mettent en lumière, le degré de «
conscience professionnelle » (conscientiousness) du candidat qui aurait
pour effet de modérer l'effet de la taille de l'organisation sur
l'attractivité. C'est-à-dire que les étudiants aux
caractères définis comme consciencieux -respect de la discipline
et des obligations- s'avèrent plus attirés par de grandes
entreprises. D'un autre côté, les candidats ayant une ouverture
forte aurait tendance à préférer les organisations
multinationales.
Ces résultats de cette étude sur les traits
individuels d'attraction rejoignent l'argument de Schneider, Smith, Taylor et
Fleenor (1998). Les individus seraient attirés différemment par
des entreprises en fonction de plusieurs facteurs : leurs
intérêts, leurs besoins, leur préférences et de
leurs personnalités.
Si l'on met en aparté le niveau d'expérience du
candidat, il s'avère que l'appartenance à une cohorte
générationnelle influencerait les attentes à
l'égard de la position ou de l'entreprise convoitée. Cet effet
d'appartenance a déjà été avancé dans des
travaux sur le domaine du Marketing, notamment en ce qui concerne les
préférences de consommation des acheteurs (Schewe et Meredith,
2004). Les praticiens et les chercheurs montrent également un
intérêt grandissant et des questionnements spécifiques sur
les attentes des nouvelles générations face aux
précédentes (génération Y contre X ou Y contre Z).
Dans cette perspective, Moroko et Uncles (2009) proposent des critères
de segmentation des différentes stratégies de gestion de la
marque employeur vecteurs de modérateurs potentiels : l'âge ou
appartenance à une cohorte organisationnelle - Baby boomers,
génération X, Y ou Z. .-, le statut familial -célibataire,
marié avec des enfants. .-, le« niveau » hiérarchique -
jeune diplômé, junior, senior, cadre dirigeant -, le type d'emploi
- technique, ressources humaines, marketing, comptabilité, finance. .-,
le type de contrat - CDI, CDD, stage -, l'ancienneté - moins de 6 mois
dans l'entreprise, entre 6 mois et 1 an, plus d'1 an. .-, la localisation
géographique - au siège/filiale, ville, région, pays - ou
encore le choix de carrière - volonté de travailler dans un
secteur/une industrie particulière par exemple-.
? les besoins du candidat influencent sa décision de
rejoindre ou non une entreprise.
? les types de besoins différents en fonction de
l'appartenance du candidat à un type de
génération.
Collins et Stevens (2002) ont emprunté la
théorie de l'image de marque du marketing, l'ont appliquée au
recrutement. Les chercheurs ont essayé de déterminer l'impact des
aspects suivants sur l'attitude des chercheurs d'emploi à l'égard
de l'organisation : les informations diffusées au
Benjamin Leconte-Caseau 16
ICN 3A
sujet de l'organisation (dont la source n'est pas
l'entreprise), les commandites, le bouche à oreille et les
publicités corporatives. Ils ont nommé cette approche «
l'image de marque de l'employeur»
:
« [...} consumers use brand image to make comparisons and
discriminate among similar products or services.[. ..} On the basis of the
finding in the marketing literature, we expected that individuals' application
decision regarding firms in their decision set (i.e., those firms about which
they are making application decisions) may be affected by employer brand image,
which we define as potential applicants' attitudes and perceived attributes
about the job or organization. » 8
Contrairement à la majorité des recherches en
attraction, Collins et Stevens ont interrogé des étudiants qui
s'étaient préalablement inscrits à un centre de placement.
En conséquence, les 133 répondants étaient activement en
recherche d'emploi au moment de l'enquête. Les conclusions ont
démontré qu'il existait une relation entre les perceptions du
chercheur d'emploi vis-à-vis de l'organisation et trois des quatre
variables à l'étude, soit les informations diffusées au
sujet de l'organisation (dont la source n'est pas l'entreprise), le bouche
à oreille et les publicités corporatives. De plus, les auteurs
ont observé que les attitudes du chercheur d'emploi (par exemple, son
degré d'appréciation à l'égard de l'organisation)
ainsi que les attributs organisationnels qu'il perçoit (image de marque
de l'employeur) avaient un effet médiateur entre les pratiques du
recrutement et la décision de soumettre une candidature.
? le candidat se forge une idée de son potentiel
employeur en fonction des informations dont il dispose. ? plus une
entreprise communique vers les candidats, plus elle peut influencer la prise de
décision en sa faveur.
Variables organisationnelles
Plusieurs auteurs se sont penchés sur les
conséquences de l'attraction employeur d'une entreprise. En effet,
d'après Cable et Turban (2001), les candidats potentiels
développent des croyances sur des aspects objectifs de l'organisation.
On y inclut la taille, la localisation, le niveau de décentralisation ou
encore la dispersion géographique. Lievens, Van Hoye et Schreurs en 2005
ont conclu que ces croyances influencent la prise de décision des
candidats potentiels de rejoindre une entreprise ou non, et, par
conséquent ont un impact direct sur l'attractivité de
l'entreprise. En 2001, l'étude de Lievens et ses collègues
avaient déjà soulevé le fait que pour les
8 Collins, C. J. et Stevens, C. K. (2002). The relationship
between early recruitment-related activities and the application decisions of
new labor-market entrants: A brand equity approach to recruitment. Journal
of Applied Psychology, vol. 87, n°6, p.1122
Benjamin Leconte-Caseau 17 ICN 3A
jeunes diplômés, le degré
d'internationalisation, jumelé avec les croyances citées
ci-dessus, avait un impact positif sur l'attraction des entreprises. Ces futurs
candidats seraient ainsi plus attirés par des organisations
multinationales, décentralisées, de taille moyenne ou grande. La
taille représente la caractéristique la plus visible de
l'entreprise et la plus importante pour les individus, en conséquence
elle serait vectrice d'attractivité (Lievens et al, 2001). L'importance
de l'internationalisation s'explique par la volonté des
générations Y et Z de vouloir s'expatrier, tout en assurant une
sécurité financière et d'emploi. L'attractivité de
l'entreprise est donc renforcée si celle-ci offre des
opportunités de carrières à l'international.
? l'entreprise doit affiner ses signaux employeur en fonction
de la génération des candidats ciblés.
De la même manière que les croyances
précédentes forgent une projection imagée de l'entreprise
par le candidat, le niveau de décentralisation est un autre
élément important pour les candidats dans la prise de
décision de rejoindre une organisation (Wanous, 1980). Lorsque l'on
parle de décentralisation, on parle surtout de la culture, et des
valeurs véhiculées par l'entreprise (Lievens et al., 2001 ;
Turban et Keon, 1993). Le partage de valeurs communes entre le candidat et
l'entreprise donne naissance à un contrat psychologique, aussi
appelé promesse subjective, qui devient les fondations des futures
relations entre les deux protagonistes. C'est-à-dire que la
compréhension de l'image créée par l'entreprise, permet au
candidat de se projeter au sein de l'entreprise et notamment d'y projeter son
avenir professionnel à moyen et long terme. Ceci est possible par
l'adéquation des valeurs personnelles du candidat avec celles
communiquées clairement par l'organisation.
? le partage de valeurs communes est nécessaire
à l'attractivité.
? le partage de valeurs communes permet une
création d'un contrat psychologique entre le candidat et le
l'entreprise.
L'image de marque et la notoriété de
l'entreprise semblent également pouvoir être des variables
intermédiaires importantes. La construction et le maintien de l'image de
marque employeur, à l'instar de l'image de marque, passe en premier lieu
par sa réputation. Ambler et Barrow (1996) rappellent que la
réputation se développe sur la base de l'observation et le
contrôle d'un comportement cohérent dans le temps. La
réputation serait, selon O'Brien (1995), composée de trois
dimensions : la compétence, la cohérence et
l'intégrité. Venant compléter l'aspect qualitatif de la
réputation à travers l'image de marque, la
notoriété peut être considérée comme son
corolaire quantitatif. La notoriété est définie comme le
degré de présence dans l'esprit des
Benjamin Leconte-Caseau 18
ICN 3A
individus, elle est notamment mesurée par la
notoriété spontanée et assistée. Si la marque
employeur ne bénéficie pas d'une forte notoriété ou
d'une bonne image de marque, elle devrait par conséquent attirer moins
de candidatures et/ou des candidats moins qualifiés. Autrement dit, il y
a moins de chance qu'un candidat postule dans une entreprise qu'il ne connait
pas ou dont il perçoit l'image comme étant mauvaise. La
notoriété et l'image de marque constitueraient ainsi des
variables modératrices entre la marque employeur et ses
conséquences externes, en particulier l'attractivité de
l'entreprise.
? L'image de marque et la réputation d'une entreprise
influencent l'attractivité employeur.
Enfin, d'autres facteurs de contingences, plus «
macro-économiques » peuvent être pris en considération
tels que les conditions du marché du travail (Rynes et Barber, 1990). La
marque employeur pourrait donc être déterminante en cas de
pénurie de main d'oeuvre ou d'un manque de candidat.
? Nécessité de maintenir et de
développer le capitale image de marque et réputation employeur au
coeur de la stratégie d'attraction des candidats.
C. Une Réflexion sur les stratégies
d'investissements
a. Une littérature fondée sur des observations
empiriques
Plusieurs études ont été menées
dans le but de mieux comprendre l'attractivité de la marque employeur.
Dans cette partie, on s'appuiera sur un des modélisations possibles de
ce concept (figure 2)
Benjamin Leconte-Caseau 19
ICN 3A
Figure 2 : concept de marque employeur modifié par
Wilgen
Ce modèle basé sur celui de Erdem (1998)9 permet
de situer la stratégie d'investissement dans le capital marque d'une
entreprise. En effet, le modèle d'inspiration indique que l'attraction
de candidat se fait grâce à une marque employeur forte notamment
par la transmission de signaux crédibles et consistants. Ces deux
paramètres se concrétisent par l'ensemble des actions
menées ayant pour objectif de renforcer l'image de l'entreprise en tant
qu'employeur. On parle ainsi d'investissements dans la marque employeur.
Cette modélisation exprime le concept de l'attraction
d'une entreprise en temps qu'employeur. Notamment si l'on se concentre sur la
partie investissement, on observe que les auteurs positionnent la
stratégie d'investissement au même endroit que la stratégie
de qualité des produits et services de l'entreprise. Erdem et ses
collègues nous informent que l'investissement doit renforcer la
consistance et la crédibilité des signaux de la marque. A la
différence de Wilgen, qui conserve cette stratégie mais
l'implémente au coeur de l'entreprise, et non plus que par ses signaux.
On peut constater que ce que préconise Wilgen et ses collègues,
c'est de positionner la stratégie d'investissement en amont de la marque
employeur en elle-même, à savoir mettre en corrélation la
qualité des produits et services de l'entreprise et la qualité de
l'entreprise en tant qu'employeur. L'adéquation des stratégies
« qualité produit » et « qualité employeur »
tire tout son sens par la satisfaction des employés à participer
au développement d'une entreprise dans laquelle ils partagent valeurs,
fierté du travail accompli, et reconnaissance de leur participation par
l'employeur. En résumé, la stratégie d'investissement a
pour but de crédibiliser l'employeur pour ce qu'il est : un
créateur de valeurs, de produits de qualités mais surtout un
employeur qui prend soin du bien-être de ses employés et de leurs
développement au sein de ses entités. Wilgen et ses
collègues invitent ainsi les entreprises à s'appuyer sur leurs
savoir-faire en terme de qualité de leurs produit et/ou service, afin de
rendre leur marque consistante et crédible. Ceci dans le but d'attirer
les candidats à hauts potentiels à ses entreprises, de les
rejoindre pour ce qu'elles sont : des employeurs attractifs.
? la stratégie d'investissement doit refléter
la qualité de l'activité d'une entreprise
De plus, Dawar en 1998, avait déjà
remarqué qu'il existait un lien direct entre la perception de
crédibilité et la consistance d'une marque employeur. Pour Dawar,
investir dans des actions concrètes vers les candidats, reste le
meilleur moyen de s'assurer de la bonne réception des signaux de la
marque10.
9 Modèle d'Erdem & Swait (1998) analysé dans la
partie I.B.a. Un consensus sur la nécessaire attractivité
10 Dawar, N (1998), Product-harm crises and the signalling
ability of brand, International Studies of management and Organisation
28(3), p 109-119
Benjamin Leconte-Caseau 20
ICN 3A
De plus hauts investissements stratégiques d'attraction
employeur motivent l'entreprise à être fidèle à ses
promesses concernant sa proposition d'emploi et sa motivation d'engagement
(Erdem & Swait 1998, Kirmani & Rao, 2000). L'investissement est donc le
moyen d'affilier des ressources financières, humaines et temporelles
pour que l'entreprise tienne ses promesses., L'entreprise doit, dans un second
temps, communiquer sur le fait qu'elle assume ses engagements envers ses
employés actuels et qu'elle tiendra donc ses promesses envers les
employés potentiels. Une mauvaise tenue de la promesse et/ou une
mauvaise tenue de la communication peuvent engendrer des conséquences
négatives sur l'attraction, voire même sur la rétention du
personnel actuel (Mark & Toelken, 2009).
Pour synthétiser, on peut dire que si les informations
obtenues par les investissements sont rassurantes, les risques perçus
par les candidats diminuent, la promesse de qualité anticipée des
prospects augmente, ce qui induit une augmentation de l'attractivité
entreprise.
Une question subsiste : vers qui les entreprises doivent-elles
diriger leurs investissements ? Une des possibles réponses est celle de
Kapoor 11 qui, par ses études sur le comportement du personnel RE en
Inde face à la marque employeur, nous informe que pour accéder
à une stratégie à long terme d'investissement dans
l'attractivité d'entreprise, il est nécessaire d'orienter
celle-ci vers les viviers de talents. On parle alors des centres
d'études, et plus particulièrement, des étudiants qui
représentent les candidats à hauts potentiels de demain.
Toutefois dans une approche à très court terme, les
investissements peuvent être axés sur les candidats à hauts
potentiels sans différentiation. On est plutôt dans une approche
de masse que dans une approche spécialisée et ciblée. Si
ce type de stratégie est choisi par l'entreprise, alors, des
investissements en communication pure, et non plus en terme d'actions
auprès des cibles, seront préconisés avec une diffusion
sur des canaux de communication à spectre large.
? Orienter vers les étudiants la stratégie
d'investissement dans l'attraction des talents par l'entreprise pour une
stratégie à long terme.
Le dernier point et non pas le moindre, constitue un des
éléments clé pour que l'entreprise investisse dans des
actions lui permettant d'augmenter son attraction en concentrant ses efforts
sur les cibles locales. Celles-ci sont plus sensibles et plus réceptives
de par leur proximité géographique, et parfois sociale avec
l'entreprise. Les acteurs de l'économie locale sont toujours plus
à l`écoute du marché et des besoins locaux que les
multinationales qui ont plus à coeur de
11 Kapoor, V. (2010). Employer Branding: A Study of Its
Relevance in India. IUP Journal of Brand Management, vol. 7,
n°1/2, p 51-75
Benjamin Leconte-Caseau 21 ICN 3A
créer des stratégies d'investissements globaux
afin d'harmoniser dans un premier temps, les disparités internes pouvant
engendrer des faiblesses structurelles internes.
? l'entreprise doit investir localement pour constater des
résultats concrets en terme d'attraction positive des candidats.
b. Résultats d'études qui expliquent cette
tendance
Différents auteurs ont conforté leurs
observations par la création d'outils et d'échelles de mesure
permettant d'expliquer l'enclin et la réceptivité des candidats
face aux développements d'attributs attractifs des entreprises en tant
qu'employeur. En effet, comprendre les besoins des candidats permet de
définir des stratégies d'investissements dans
l'attractivité d'entreprise, et d'élaborer ainsi des plans
d'actions efficaces, adaptés aux publics ciblés.
En 1997, Aaker liste d'abord 5 attributs symboliques auxquels
les candidats sont sensibles. Il est question de la sincérité de
l'entreprise, l'excitation du candidat face à la proposition de
l'entreprise, la compétence de l'entreprise à assurer un
environnent propice au travail de qualité, la sophistication et la
rudesse du travail en perspective12. Ces attributs symboliques n'offrent
malheureusement pas une liste exhaustive des attentes et arguments attractifs
perçus par les
candidats et ne concèdent donc pas une mesure
l'attractivité employeur. Toutefois, cette méthode tire une
tendance ressentie et permet ainsi de piloter dans ses aspects larges des
actions à préconiser pour augmenter l'attractivité d'une
entreprise.
Collins & Stevens (2002) ont mis en lumière deux
dimensions à prendre en compte : celle de l'attitude du candidat
à l'égard de l'organisation et celle des attributs perçus
du travail et de l'organisation. Suite à ses observations, ils ont
élaboré une liste de 10 attributs perçus permettant de
connaître les intérêts attractifs recherchés par les
candidats au recrutement. On les liste ainsi : le salaire/ la
rémunération, la localisation de l'entreprise, les
opportunités de carrière/de promotion, les opportunités
d'apprendre de nouvelles compétences, les programmes de formation de bon
niveau, la bonne culture d'entreprise, la réputation de l'entreprise, un
travail intéressant, une sécurité du travail. Les deux
auteurs se sont appuyés sur une première échelle
créée par Harris et Fink en 1987, de 4 items recueillant les
impressions des candidats telles que : « J'ai une très bonne
impression de cette entreprise »13.
12 Aaker, J. L. (1997). Dimensions of brand personality.
Journal of Marketing research, vol. 34, n°3, p 50
13 Harris, M. M et Fink, L. S 1987. A field study of a
applicant reaction to employment opportunities : does the recruiter make a
difference ? Personal Psychology, vol 40, n°4 p 765-784
Benjamin Leconte-Caseau 22
ICN 3A
Par la suite, Berthon et ses collègues (2005) ont
préféré axer leurs observations sur la perception de
livraison de valeur de l'entreprise à l'égard des candidats. Elle
se décline en 5 dimensions qui offrent une liste d'attributs de
l'entreprise bien moins réductrice que celles de Collins & Stevens.
Il s'agit de la valeur d'attrait englobant la notion d'environnement de travail
innovant et stimulant. Puis la valeur sociale est définie par un
environnement de travail plaisant, amical, accueillant et propice à
l'échange. Ensuite vient la valeur économique qui regroupe les
politiques de salaires, de rémunérations, de
sécurité d'emploi et de promotion au sein d'une entreprise. La
valeur de développement, quant à elle, s'intéresse aux
opportunités de développement personnel des candidats au coeur de
l'activité de l'entreprise. Elle englobe également les
opportunités d'évolution professionnelle et de reconnaissance du
travail. Enfin, la dernière dimension est celle de la valeur de
transmission qui offre l'opportunité d'appliquer ce que l'on a appris et
surtout de pouvoir le transmettre. La valeur de transmission est notamment
importante dans la volonté qu'affiche l'entreprise à s'orienter,
ou non, vers le client et l'humain. La définition de ses 5 dimensions a
permis l'élaboration d'une échelle de 25 items permettant aux
candidats, et aux employés de s'exprimer sur leurs attentes et leurs
ressentis face aux entreprises.
Dans le même registre, Roy14 réutilise les
travaux de Berthon et y rajoute 3 dimensions. Il s'agit d'accentuer la
recherche d'attractivité sur la clarté d'une culture d'entreprise
et de la politique éthique de celle-ci. Roy complète avec deux
autres dimensions, une psychologique et une autre comprenant les
opportunités de carrières. Afin de réactualiser la liste
d'item de Berthon, Roy ajoute deux items pour considérer ses trois
nouvelles dimensions.
Par la suite, Kapoor sur son étude en Inde, a pris en
considération certains attributs de ses prédécesseurs
comme le système de rémunération, l'environnement de
travail, la réputation externe de l'entreprise, la politique de valeurs.
Mais il a également constaté que la gestion des performances, le
recrutement, la communication interne et externe, la personnalité de
l'entreprise, l'équité et la collaboration, la vision et le
leadership ou encore la relation post-emploi sont des attributs essentiels
à prendre en compte dans la stratégie d'attractivité de
l'entreprise. Il a ainsi proposé de mesurer ses attributs par une
échelle quantitative partant de chiffre « 1 », associé
à « pas du tout important », jusqu'au chiffre «5 »
définissant le terme « très important ». Cette
échelle bien que subjective permet de quantifier l'importance de
certains attributs d'une entreprise dont il est nécessaire mettre en
avant dans la stratégie d'attraction des candidats.
14 Roy, S. K. (2008). Identifying the Dimensions of
Attractiveness of an Employer Brand in the Indian Context. South Asian
Journal of Management, vol. 15, n°4, p110-130
Benjamin Leconte-Caseau 23
ICN 3A
D'autres auteurs ont également adapté des
attributs en fonction de leurs sujets d'étude comme ce fut le cas pour
Lievens & al en 2007, concernant leur étude sur
l'attractivité de l'armée belge15 pour les candidats à
l'enroulement. Cependant, leurs attributs étant trop
spécialisés, il est difficile de les considérer dans cette
étude.
Les différentes méthodes de classification des
attributs des entreprises à mettre en avant dans une marque employeur,
et leurs échelles de mesures, permettent d'établir que certains
attributs sont redondants dans certaines études, et que d'autres
permettent de mesurer des facteurs d'attractivité spécifiques
à certains secteurs d'activités.
=' les attributs de l'attractivité
communiqués doivent être en adéquation avec le secteur
d'activité de l'entreprise.
=' l'échelle de mesure de l'attractivité d'une
entreprise doit être cohérente avec les attributs choisis.
Les résultats des recherches littéraires sur la marque
employeur peuvent être synthétisés de la manière
suivante :
Postulat 1 : la marque employeur :
|
=' =' =' =' ='
|
Est un avantage concurrentiel
Est un outil de management des candidats à hauts
potentiels Peut s'appliquer à tous types d'activité
d'entreprise
Est composée de l'image de marque et de la
réputation Reflète l'attractivité en tant
qu'employeur
|
Postulat 2 : les croyances :
|
?
|
les candidats développent des croyances sur leur
futur employeur par les promesses que celle-ci leur communique.
|
Postulat 3 : l'attractivité se fait par
|
?
|
Crédibles et consistants
|
l'émission de signaux, ceux-ci doivent
|
?
|
Pérennité et substantialité
|
être :
|
='
|
En adéquation avec les besoins
générationnels des candidats et les attributs de
l'entreprise
|
|
='
|
Forts pour influencer le candidat
|
Postulat 4 : le partage de
|
?
|
Est nécessaire à l'attractivité
|
valeurs communes :
|
='
|
Permet la projection du candidat au sein de
l'entreprise
|
|
?
|
Influence la décision de rejoindre
l'entreprise
|
|
='
|
Créer un contrat psychologique entre candidat et
entreprise
|
Postulat 5 : la stratégie d'investissements
|
?
|
Refléter la qualité de produits/service de
l'entreprise
|
doit :
|
?
|
Etre mise en place localement
|
|
?
|
S'orienter vers les étudiants pour des
résultats long terme
|
Postulat 6 : mesure de l'attractivité
|
?
|
L'échelle de mesure de l'attractivité doit
être cohérente avec les attributs communiqués
|
II. Analyse d'une proposition d'investissements dans la
marque employeur au Luxembourg : cas concret pour un cabinet de recrutement
spécialisé
15 Lievens, F. (2007). Employer branding in the Belgian Army:
The importance of instrumental and symbolic beliefs for potential applicants,
actual applicants, and military employees. Human Resource Management,
vol. 46, n°1, p. 51-69
Benjamin Leconte-Caseau 24 ICN 3A
La suite de ce travail s'intéresse à une des
possibles applications des propositions qui a été mise en
lumière dans la partie précédente. Elle s'intéresse
au développement de l'attractivité employeur pour un cabinet de
recrutement localisé au Luxembourg. En effet, ma participation, pendant
mon stage de fin d'étude, à la vie de Michael Page International
Luxembourg, cabinet de recrutement spécialisé, a conforté
mon choix de travailler sur cette possible application de marque employeur.
A. Présentations du cabinet de recrutement Michael
Page
a. Les valeurs fondatrices de Michael Page
Pour comprendre les enjeux et les intérêts d'une
entreprise internationale dans la mise en place de plans d'actions en faveur du
développement de son attractivité employeur, il est
nécessaire de connaître l'entreprise et ses valeurs.
Michael Page est un cabinet de recrutement
spécialisé et international, faisant partie de Page Group. Cette
entité du groupe est la marque historique qui a été
créée au Royaume-Uni, il y a une quarantaine d'années.
Historiquement précurseur dans le domaine du recrutement, l'entreprise
s'est alors différentiée de ses concurrents en offrant une
expertise dans le domaine financier à ses clients. Le business model est
« qui, à part un comptable peut recruter un bon comptable ? »
16. La force de l'entreprise réside dans le fait que ses recruteurs sont
issus du monde professionnel où ils recrutent. C'est à dire
qu'ils ont été employés dans une entreprise du secteur,
puis candidat auprès du cabinet avant de devenir recruteur pour
celui-ci. Michael Page désigne ses profils de personnes comme des «
Potentiel Recruiter Candidate, ou PRC ». Cette stratégie de
recrutement confère à Michael Page une légitimé sur
le marché de recrutement spécialisé. Elle permet de
comprendre à la fois les problématiques des entreprises clients,
mais également celles des candidats au recrutement.
Fort d'environ quarante ans d'expansion de manière
géographique, mais également en terme de secteurs
d'activités, Michael Page est désormais reconnu comme un cabinet
de recrutement international et surtout multi spécialiste. En effet,
l'entreprise jouit aujourd'hui d'une présence dans 36 pays avec une
masse salariale de plus de 5500 collaborateurs à travers le monde, ce
qui lui confère le statut de leader mondial du recrutement
spécialisé.
16 Discours de Michael Page cofondateur du cabinet de recrutement
portant son nom sa son lancement en 1976
Benjamin Leconte-Caseau 25
ICN 3A
Cependant, l'entreprise a vu son activité se
réduire au fur et à mesure de l'arrivée sur le
marché de nouveaux concurrents, tel que Hays, Morgan Phillips ou encore
Badenoch & Clark. Bien que le marché mondial du recrutement
spécialisé ait connu un essor fulgurant, il arrive aujourd'hui
à une certaine maturation. Ce fait a engendré une féroce
combativité de protagonistes du marché tant sur le plan
commercial que sur celui de la recherche de l'engagement des candidats dans
leur fidélité à un cabinet. Il est important de savoir que
la règle d'appartenance d'un candidat entre plusieurs cabinets de
recrutement commence lorsque le premier cabinet présente le profil du
candidat à un client. Le cabinet concurrent ne peut plus ni
présenter ni réclamer les frais de facturation d'un candidat
placé par une autre agence, même si celui-ci était en
contact avec un autre cabinet de recrutement. La recherche de l'engagement et
la fidélité à la fois des candidats et des clients,
représentent ainsi la quintessence du métier de recruteur.
Michael Page est fier de ses valeurs de travail qui
reflètent l'importance que l'entreprise donne aux échanges et
interactions humaines. L'activité du recrutement est centrée sur
l'Humain, que ce soit du côté client ou de celui du candidat.
Plusieurs facteurs peuvent entrer en compte dans le choix d'un candidat
à poursuivre un processus de recrutement d'un cabinet plutôt que
d'un autre. Il peut s'agir de l'affinité particulière d'un
candidat avec son recruteur, de la réputation du cabinet ou encore du
partage de valeurs communes.
Les valeurs que Michael Page affiche clairement sont celles-ci
: « Work as a team, Be passionate, Never give up, Have fun, Be pride
»17. Elles participent à l'élaboration de l'image de marque
de l'entreprise, mais également à la réputation employeur
de celle-ci. Ses valeurs sont basées sur l'Humain, l'esprit
d'équipe, la fierté d'appartenance et du travail accompli, la
conscience sociale et solidaire mais aussi sur l'abnégation, dans
lesquelles les candidats et les recruteurs peuvent s'y retrouver et y
adhérer.
Il est à noter que Page Group a déjà
élaboré des actions en interne en faveur de leur marque
employeur. Celles-ci sont généralement plus axées sur le
maintien des Talents actuellement employés que pour les candidats
prospects. On peut citer en exemple les différents
événements mensuels récompensant les meilleurs
employés en offrant une récompense lorsque l'objectif fixé
est atteint sur la période définie : gain d'un repas en
restaurant gastronomique, voyage à gagner pour les meilleures
performances individuelles, possibilité de partager sa vision
personnelle de l'avenir de l'entreprise.... Ces actions ont pour but de
conserver une motivation chez l'employé mais également de retenir
les Talents au sein de l'entreprise. Toutefois, il s'avère que pour
recruter
17
www.michaelpage.lu
Benjamin Leconte-Caseau 26 ICN 3A
à la fois des PRC (potentiels recruteurs) et des
candidats pour les processus de recrutement client, il est nécessaire
que cette attractivité soit orientée et communiquée vers
l'extérieur.
b. L'objectif poursuivi par Michael Page dans
l'hypothèse d'un développement de stratégie marque
employeur
Les postulats synthétisés ci-dessus et les
observations faites dans la revue de littérature en partie 1, nous
renseignent sur les intérêts de la mise en place ou du
développement d'une marque employeur. Cette analyse induit une
réflexion quant aux bénéfices de l'implémentation
d'une stratégie d'attractivité et des types d'actions à
mettre en place pour un cabinet de recrutement comme Michael Page.
Les cabinets de recrutements ne sont pas des entreprises
ordinaires. En effet, ils représentent un intermédiaire entre les
candidats au recrutement et les entreprises clientes. L'offre de ce type
d'entreprises est une offre de service. Elle a pour but d'analyser et de
comprendre les besoins spécifiques en recrutement d'un client pour son
activité mais bien entendu d'y répondre en cherchant des
candidats potentiels au poste définis en utilisant des ressources dont
le client ne dispose pas. C'est notamment le cas sur des problématiques
de recrutement spécialisé nécessitant un vivier de talent
entretenu et à l'écoute du marché. Une base de
données candidats représente la majeure partie de la valeur
intrinsèque d'un cabinet de recrutement. La problématique
employeur n'est pas d'attirer le candidat à travailler pour le cabinet,
mais bien de créer un engagement, une confiance du candidat avec son
recruteur. Le but est de faire passer le message au candidat que le recruteur
veut instaurer une relation « gagnant-gagnant » avec lui. En effet,
le cabinet est rémunéré quand un de ses candidats est
arrivé en bout de processus avec une entreprise cliente et que celui-ci
à accepter leur proposition d'emploi. L'entreprise cliente verse alors
un pourcentage du salaire brut annuel du candidat placé au cabinet, qui
lui confère une garantie du placement du candidat sur une période
définie, 3 à 6 mois en générale. Le processus sera
relancé gratuitement pour remplacer un candidat qui démissionne
de son nouveau poste avant la fin de la période de garantie
définie.
L'engagement, la confiance des candidats et des clients sont
donc au coeur de la problématique du recrutement
spécialisé. C'est en ça que la marque employeur peut jouer
un rôle d'avantage concurrentiel dans l'attraction des candidats mais
également des potentiels futurs recruteurs. Par extension, une autre
conséquence recherchée en investissant dans l'attractivité
entreprise, est celle de l'augmentation de la bonne réputation
auprès des clients, et ainsi, augmenter le nombre de positions
confiées par ceux-ci au cabinet.
Benjamin Leconte-Caseau 27
ICN 3A
On sait que la confiance et l'engagement se créent
entre candidat et entreprise principalement par le partage de valeur et la
proximité. Il est indispensable de corréler les valeurs et
attributs de l'entreprise avec les signaux qu'elle envoie vers les candidats.
On a pu constater qu'une mauvaise définition ou communication
d'attributs de l'entreprise non alignée avec les besoins des candidats,
conduisait à une répulsion de celui-ci pour cette organisation.
Il est donc important de bien définir les signaux que l'entreprise
souhaite communiquer.
Pour Michael Page possédant des valeurs claires et
définies, la stratégie la plus logique est d'appuyer la mise en
place des actions basées sur les valeurs humaines, d'échanges, de
partage, de dépassement de soi et de responsabilité sociale que
le cabinet préconise. De plus, investir dans une stratégie
à long terme d'attraction de candidat offrirait au cabinet un flux
quantitatif de candidats qualitatifs permanent. Cela lui confèrerait le
maintien de sa réputation qualitative auprès de ses clients et
encouragerait une attractivité à court termes des candidats
actuellement présents sur le marché. Par conséquent, il
convient d'investir sur le long terme tout assurant des résultats
à court, moyen et long terme concernant l'attractivité et la
réputation de l'entreprise.
C'est dans ce but que les propositions d'investissements qui
suivent ont été formulées. Il est question de se
rapprocher et d'investir dans le potentiel des viviers locaux de jeunes
Talents. Ceux-ci représentent les centres d'études et de
formations des cycles secondaires, on parle des candidats post
baccalauréat jusqu'aux doctorants. Ces cibles représentent les
candidats de demain pour les cabinets de recrutement et par conséquent
les potentiels futurs placements. La force de stratégie d'investissement
proposée est l'accompagnement et l'entretien d'une relation proche avec
ces potentiels candidats qui seront plus enclin à la
fidélité et à l'engagement envers un cabinet qu'ils
connaissent et échangent depuis leurs études. Pour résumer
: investir en amont pour que découlent les résultats en aval.
B. Présentation de la réflexion pour la
mise en place de la stratégie
Après avoir établi les objectifs poursuivis pour
une stratégie d'investissement dans l'attractivité employeur d'un
cabinet de recrutement spécialisé, il est nécessaire de
définir les actions et les cibles préconisées. Cette
proposition d'un modèle intégrateur de la marque employeur pour
un cabinet de recrutement localisé au Luxembourg, se construit sur 3
types d'actions majeures auprès des étudiants des centres
d'études ciblés dans la partie suivante.
a. Identifications des candidats cibles à haut
potentiel Critères géographiques
Benjamin Leconte-Caseau 28
ICN 3A
Le Luxembourg est une place financière
stratégique où l'on observe une concentration géographique
de richesses et de Talents. Essentiellement basé sur les domaines de la
finance et notamment des fonds d'investissements qui en ont fait sa
renommée mondiale, le Luxembourg est un petit pays frontalier des 3
nations européennes. Cette proximité engendre un flux de
frontaliers venant de France, d'Allemagne, et de Belgique mais aussi d'Hollande
par extension, qui traverse quotidiennement les frontières pour y
travailler. Les grilles salariales et la taxation étant plus favorables
au Luxembourg que dans ses pays voisins, plus de 300 000 frontaliers
participent au développement économique du pays.
C'est donc en toute logique que l'on retrouve une
concentration de centres d'études dans un périmètre
d'environ 200 km autour du pays. Ceux-ci ont plus ou moins
développé une expertise dans le domaine de la finance et
favorisent leurs étudiants à venir travailler au Luxembourg
après l'obtention de leur diplôme. C'est le cas pour ICN Business
School et sa très bonne réputation sur la formation des profils
financiers, connue et reconnue au Luxembourg.
C'est également le cas pour d'autres centres
études comme les IAE et les Universités de Metz et Nancy,
Institut de formation Bancaire au Luxembourg ou IFBL, l'Université
Catholique de Louvain et HEC Liège en Belgique, l'Université de
Trier en Allemagne. Il ne faut pas oublier de citer les autres acteurs
cependant bien moins représentés dans le flux de candidatures que
l'agence de Michael Page au Luxembourg reçoit. On peut alors citer la
Solvay Business School de Bruxelles ou encore IMC European Business à
Metz.
Les cibles principales des investissements proposés
ci-dessous sont ainsi les étudiants des établissements belges,
français, allemands et luxembourgeois majoritairement
représentés dans le panel de candidats du cabinet de
recrutement.
Critères sociaux
La définition de la zone géographique
d'influence de l'attractivité du Luxembourg permet de cibler des centres
d'études servant de viviers de candidats à hauts potentiels pour
les entreprises du Grand Duché, et par conséquent, pour Michael
Page. Toutefois, tout membre de ces centres de formations n'est pas une cible
directe pour le cabinet. En effet, l'articulation des activités de
l'agence luxembourgeoise est basée sur 3 pôles majeurs : celui dit
des « Sales & Marketing » qui s'intérresse au profils de
commerciaux, de responsable marketing ou de communication, puis le pôle
dit de « Finance, Tax & Legal » dont les profils sont ceux des
comptables généraux ou spécialisés, de
conseillés en taxation, et des profils juridiques (avocats, juristes,
compliance officer...) ou encore tout profil experimenté en lien avec
l'activité financière de sociétés
Benjamin Leconte-Caseau 29
ICN 3A
commerciales, industrielles et liés à
l'industrie des fonds d'investissement (asset management, fiduciaires...). Le
dernier pôle est « Banking & Financial Services ». Celui-ci
a pour candidats cibles tout profil bancaire ou lié aux assurances,
partant du back office jusqu'au front office sans oublier les autres profils
spécifiques liés à l'activité bancaire des fonds
d'investissements. Il faut ajouter que la majorité des profils
recherchés sont des profils seniors. Cependant le marché
luxembourgeois étant restreint de part sa taille, le cabinet s'occupe
aussi de recherches pour des position à profils plus juniors. C'est une
ctivité qui dans le groupe Page est ordinairement confié à
la marque Page Personnel quand la taille du marché le permet.
Ses trois pôles d'activités du cabinet
luxembourgeois orientent le ciblage de cette stratégie. En effet,
l'optimisation des investissements dans l'attractivité se doit
d'être restreinte aux profils de candidats recherchés afin de ne
pas gaspiller des ressources. Certains profils pouvant être les candidats
recherchés par d'autres bureaux de Michael Page en Europe par exemple en
France ou en Belgique, ne font pas l'objet de ce ciblage comme c'est le cas
pour les profils d'ingénieurs ou de cadres hôtelliers. Cependant,
ceux-ci seraient à considérer dans l'application de cette
stratégie d'attractivité d'employeur sur un marché avec
une taille permettant de les prendre en compte.
Pour synthétiser on sait que le cabinet de Michael Page
Luxembourg considère actuellement, et majoritairement, des profils
seniors diplomés d'établissements d'études
supérieurs qui justifient d'une expérience professionnelle dans
les domaines de la vente, du maketing, de la communication, ceux des domaines
bancaires, des assurances et réassurances, de la finance et de la
fiscalité mais aussi dans le domaine juridique. Il est donc
nécessaire d'orienter l'émission de signaux d'attractivité
vers les étudiants ayant pour interêts ses domaines
d'activités professionnels dans les centres d'études
identifiés précédement.
Critères comportementaux
Les critères comportementaux sont
particulièrement importants dans ce ciblage, ce sont eux qui permettent
de distinguer un candidat engagé, d'un candidat plus volatile en terme
de fidélité par rapport à un cabinet de recrutement ou
même d'un futur employeur.
Les postulats de la recherche littéraires affirment que
le partage de valeurs est essentiel à l'attractivité employeur.
Il est question de création d'un contrat psychologique entre le candidat
et l'entreprise. Dans le cas d'un cabinet de recrutement, le candidat s'engage
dans la fidélité et la confiance auprès de son recruteur,
et celui-ci s'engage à défendre son candidat auprès de ses
clients et surtout à faire de son maximum afin de trouver une position
la plus proche des souhaits énoncés par le candidat.
Benjamin Leconte-Caseau 30
ICN 3A
Le partage de valeurs communes avec celles du cabinet est
ainsi un critère de ciblage nécessaire et suffisant à la
sélection de candidats cibles. Pour rappel, les valeurs du cabinet de
Michael Page sont basées essentiellement sur l'Humain, l'esprit
d'équipe, la fierté d'appartenance et du travail accompli, la
conscience sociale et solidaire et l'abnégation. Les candidats cibles
doivent donc faire partie de cercles étudiants de partage que l'on peut
retrouver dans le monde associatif. Les centres d'études, de
manière générale, favorisent ce type de regroupement
associatif, comme c'est le cas pour les écoles de commerce. Par exemple
dans le programme Grandes Ecoles de l'ICN Business School Nancy, la vie
associative fait partie intégrante de la vie étudiante et du
parcours diplômant. Il est donc aisé de repérer les
étudiants investis dans des associations aux valeurs communes à
celles de Michael Page en fonction de la nature des associations dont les
étudiants sont membres. Les thèmes associatifs sont d'une
importance cruciale dans le repérage des cibles potentiels au sein des
centres d'études localisés dans la zone d'influence du Grand
Duché.
En ce qui concerne les critères comportementaux des
cibles potentielles, on sait qu'elles doivent être vecteur de partage de
valeurs humaines et solidaires. Ce sont les valeurs que l'on peut retrouver
dans les associations de types caritatifs ou à orientation humanitaires
ou dans les associations à caractère sportif et plus
particulièrement dans les sports d'équipe. En dernier point, on
peut également considérer les associations à vocation de
« vie » et d'animation du centre d'études qui permettent
l'ouverture vers l'extérieur des étudiants et le
développement de leurs réseaux professionnels ainsi que de celui
de l'établissement. C'est le cas avec les associations d'anciens
élèves ou dites associations Alumnis.
En conclusion de cette phase de ciblage, on peut affirmer
qu'il existe en réalité plusieurs cibles de différents
degrés dans l'élaboration de la stratégie
d'attractivité de Michael Page. Bien évidemment, le premier
degré représente les cibles définies ci-dessus, le
deuxième degré est celui de tout candidat haut potentiel qui sera
sensible à l'émission de signaux de communication qui sera
implémentée. Puis les cibles par extension sont
représentées par les futurs clients du cabinet.
On peut schématiser (figure 3) le ciblage de la
stratégie d'augmentation de l'attractivité entreprise d'un
cabinet de recrutement au Luxembourg de la façon suivante :
Benjamin Leconte-Caseau 31
ICN 3A
Figure 3 : Ciblage de la stratégie d'investissement
dans l'attractivité d'un cabinet de recrutement
au Luxembourg
b. Déterminations des investissements
Le ciblage précédemment effectué ouvre
des possibilités de mise en place d'actions significatives pour que le
cabinet de recrutement puisse émettre des signaux d'attraction positifs
vers les candidats à hauts potentiels. Trois types d'associations
étudiantes se distinguent par leurs partages de valeurs communes avec
Michael Page. L'élaboration de la stratégie s'appuie sur ses
concentrations de profils ciblés au sein des centres d'études.
L'objectif du cabinet est d'accompagner les étudiants sur certains
projets associatifs reflétant les valeurs communes, avec pour but
principal le développement et la concrétisation d'actions offrant
la possibilité d'accomplissement personnel des étudiants. Les
retombées espérées à moyen ou long terme pour le
cabinet peuvent être le gain de la confiance, de l'engagement et de la
fidélité des futurs candidats envers celui-ci, ceci avec
contrepartie d'investissements des ressources financières, humaines et
temporelles dans ces projets.
Associations sportives
Benjamin Leconte-Caseau 32
ICN 3A
Le sport est connu pour être porteur de valeurs humaines
telles que le dépassement de soi, l'atteinte d'objectif ou encore
l'abnégation. Le sponsoring et/ou le mécénat sportif est
un moyen de populaire pour les entreprises d'investir dans leur image de
marque. On peut citer les noms de grandes entreprises telles que Rolex ou Ralph
Lauren qui associent leur image à des événements sportifs.
Le choix des sports dans lesquels investir des ressources est très
important. En effet, les entreprises citées ci-dessus choisissent des
événements sportifs dans lesquels leurs clientèles se
rencontrent et adhèrent aux valeurs que le sport véhicule. C'est
le cas de Rolex pour certains tournois de golf ou de régates maritimes,
de championnats de horse polo pour Ralph Lauren.
Michael Page prône des valeurs d'esprit d'équipe,
d'abnégation et de dépassement de soi. On les retrouve dans la
majorité des sports d'équipes comme pour le rugby, le football,
le basketball, le handball et bien d'autres sports. Ceux cités ont
l'avantage d'être les sports les plus répandus dans les centres
d'études à l'échelle mondiale. Investir des ressources
dans ses sports reste le meilleur moyen d'atteindre une majorité non
négligeable de cibles potentielles. En investissant des ressources dans
les sports d'équipes au-delà d'atteindre les pratiquants par le
soutien de Michael Page dans leur évolution sportive, il est aussi
question d'augmenter la visibilité du cabinet auprès des
supporteurs des équipes ciblées.
Dans cette stratégie on parle bien de
mécénat sportif et non pas de sponsoring. En effet, le sponsoring
demande une contrepartie à l'aide financière apportée
alors que le mécénat n'en réclame pas. Le
mécénat donne une image altruiste au cabinet, ce qui peut
renforcer les sentiments de confiance, fidélité et engagement
recherchés auprès des étudiants dans leurs avenirs
professionnels. Il est évident que lorsqu'aucune contrepartie n'est
demandée pour un investissement de moyens financiers, temporels ou
humains, la véracité des bonnes intentions de l'entreprise est
renforcée aux yeux des futurs candidats.
Quelles allocations de ressources ?
L'allocation de ressources financières reste le moyen
le plus simple à mettre en place pour une entreprise d'envergure
internationale comme Michael Page, par exemple une participation
financière dans l'achat de maillots, de matériels ou encore dans
l'allocation d'aides financières à l'organisation
d'événements sportifs, comme cela peut être le cas pour
l'organisation du challenge Ecricom par l'ICN Business School en 2016.
Mais il est possible d'élever le niveau d'engagement de
l'entreprise en créant un comité qui aura pour but d'être
l'interlocuteur direct des associations étudiantes venant
présentées leurs projets et leurs demandes. Le but est de
favoriser le contact. Si l'étudiant est invité à
présenter un projet associatif, le futur candidat qu'il
représente, n'aura aucun mal dans l'avenir à venir
Benjamin Leconte-Caseau 33
ICN 3A
présenter son projet professionnel auprès du
cabinet. De plus, c'est un moyen pour le cabinet de détecter
précocement les profils forts et à haut potentiel, qui seront
à suivre dans leurs parcours professionnels. C'est également le
cas pour les profils de futurs recruteurs (PRC). Il s'agit ainsi
d'investissements temporels et humains de la part du cabinet.
Ce principe de comité fonctionne également pour
les investissements préconisés au sein des associations
étudiantes à but caritatif et humanitaire présenté
ci-dessous.
Associations caritatives et
humanitaires
La partie d'investissement proposé au sein des
associations caritatives et humanitaires est semblable dans les grandes lignes
à la partie investissement sportives. C'est à dire que la nature
des ressources allouées peut être financière, humaine et
temporelle. Basée également sur le principe de
mécénat, elle confirme la stratégie d'accompagnement dans
la poursuite d'accomplissement personnel des étudiants cibles.
De par l'essence même de ce type d'associations
étudiantes, le partage de valeurs communes est de rigueur. Les
étudiants cibles seront d'autant plus sensibles aux investissements
altruistes d'un cabinet de recrutement international dans sa volonté
d'affirmer sa responsabilité sociale d'entreprise (RSE18). Une politique
d'investissement dans l'attractivité entreprise par des actions en
faveur des plus démunis répond à la volonté de
Michael Page de s'investir dans la construction d'un monde aux
inégalités moins fortes. L'entreprise a déjà agi en
tant que mécène par le passé en récoltant des fonds
afin de fournir des bancs et diverses fournitures scolaires pour une
école en Afrique. Puis dans un second temps ce genre d'investissements
répond à une problématique légale qui oblige les
entreprises à favoriser ce type d'actions.
L'entreprise ne s'occupe plus de rechercher les actions
à mener dans ce sens mais fait confiance aux associations caritatives et
humanitaires qui viennent soutenir et défendre les projets pour lesquels
elles souhaitent associer Michael Page. Au-delà d'augmenter
l'attractivité entreprise du cabinet, il est surtout important
d'associer valeurs prônées et actions concrètes.
Tout comme c'est le cas pour les investissements sportifs, le
comité d'allocation de ressources peut avoir un double objectif, celui
d'être le partenaire impliqué dans la vie des associations
étudiantes, mais également d'être un point de contact
direct des futurs candidats. Mieux comprendre les besoins de ces
générations permettra de mieux y répondre à
l'avenir.
18 Egalement nommée « Corporate Social Responsability
» (CSR) en anglais
Benjamin Leconte-Caseau 34 ICN 3A
Augmenter les échanges directs augmente
l'attractivité de l'entreprise, surtout si les premiers contacts avec
ces candidats potentiels semblent désintéressés d'un but
commercial.
Si on prend l'exemple de l'ICN Business School, certains
projets humanitaires tels que ceux de l'association Mékong ou Latina,
ont pour objectifs annuels de récolter des fonds afin de financer le
voyage des étudiants en Asie et en Amérique du Sud. Cela permet
d'aider au développement d'écoles dans certaines contrées
pauvres et reculées de ces continents. Une possibilité
d'investissements pour Michael Page dans de tels projets, peut être
l'aide financière dans un premier temps. Mais, dans un deuxième
temps, c'est également de favoriser la communication de ces projets
auprès de ses partenaires commerciaux afin de faire connaître le
projet à d'autres entreprises qui souhaiteraient participer à cet
élan solidaire. On observe alors un double bénéfice pour
le cabinet : l'augmentation de son attractivité employeur et
l'augmentation de sa bonne image et réputation auprès de ses
partenaires commerciaux.
Associations des anciens élèves :
Alumnis
Le dernier style d'investissement proposé engendre des
bénéfices à la fois sur le court et le long terme, pour le
cabinet. En effet, dans la partie ciblage il est question d'investissement
auprès des associations participant à la vie et à
l'animation des centres d'études, comme c'est le cas pour les
associations d'anciens élèves ou communément
dénommé associations Alumnis. Celles-ci ont pour vocation de
tenir à jour le registre des anciens élèves qui, avec une
cotisation symbolique annuelle, participent au développement du
réseau professionnel du centre d'études. Ce réseau
représente une richesse pour le centre d'études lui permettant de
rester en contact avec ces anciens élèves par divers moyens de
communication (envoie de newsletter, invitation aux évènements du
centre d'études...).
Les diplômés peuvent ainsi apporter à leur
centre d'études un soutien à la fois financier et de
réputation. Lorsque qu'un diplômé développe son
parcours professionnel et arrive à des postes clefs d'entreprises
renommées, il participe à la bonne réputation de
l'école et de la formation qui y est prodiguée. L'activité
principale de ce genre d'associations réside en le maintien et le
développement du réseau du centre d'études et en
l'organisation d'événements offrant la possibilité aux
anciens diplômés de se rencontrer, d'échanger, de
développer leurs réseaux professionnels avec comme but final le
développement de relation d'affaires. Dans ce genre
d'événements les anciens diplômés sont plus ouverts
aux rencontres dans un cadre plus décontracté que celui de leurs
quotidiens professionnels. C'est un moment propice aux échanges en
raison des attaches communes au centre d'études identiques entre
interlocuteurs.
Benjamin Leconte-Caseau 35
ICN 3A
Ce type d'investissement nécessite une démarche
plus proactive de la part de Michael Page par rapport aux investissements
sportifs, caritatifs et humanitaires présentés ci-dessus. De
plus, il est ici question de sponsoring parce que l'on considère une
demande de contrepartie par rapport à l'allocation des ressources de
l'entreprise dans la réalisation des actions proposées. Il s'agit
pour le cabinet de rentrer en contact avec ces associations afin de devenir un
partenaire dans l'organisation d'événements, de rencontres soit
entre anciens élèves, soit entre étudiants actuels et
anciens élèves.
Devenir partenaire d'événements de rencontre
entre étudiants actuels et anciens élèves permet
d'accompagner les futurs candidats dans leurs démarches de
développement de leurs parcours secondaires. Que ce soit dans
l'orientation que ceux-ci souhaitent donner à leurs parcours
d'apprentissage théorique ou dans la facilitation de trouver des stages
professionnels tout au long de la scolarité de ses futurs candidats,
l'accompagnement en amont des futurs candidats a toujours comme objectif de
créer chez eux, confiance, fidélité et engagement sur le
long terme vis-à-vis du cabinet.
Dans une réflexion plus à court terme, le
partenariat proposé dans l'organisation d'évènements entre
anciens diplômés a pour but de valoriser les actions du cabinet
envers les étudiants actuels auprès des anciens. La
présence de recruteur de Michael Page dans de tels
événements aurait également pour but de favoriser les
rencontres commerciales et le développement des réseaux de
clients prospects du cabinet. Celles-ci se déroulent dans une
atmosphère moins stricte et donc plus propice aux échanges, par
opposition à la recherche quotidienne du développement des
portefeuilles clients des recruteurs.
Dans un aspect beaucoup plus pragmatique, le rapprochement
possible avec des associations Alumnis des centres d'études
ciblés, peut avoir des bénéfices directs. La
récupération de bases de données comprenant les contacts
des anciens diplômés, incluant leurs localisations, les noms de
leurs entreprises respectives et leurs postes actuels en est un exemple. Ce
recueil d'informations apporterait une plus-value instantanée ou du
moins une mise à jour des bases de données candidats et clients
de Michael Page.
Benjamin Leconte-Caseau 36
ICN 3A
Le schéma (figure 4) ci-dessous synthétise
l'ensemble des actions et investissements proposés dans le but
d'augmenter l'attractivité entreprise de Michael Page International.
Figure 4 : Synthèse de la stratégie
d'investissements dans la marque employeur sur les 3 axes
proposés
C. Présentation du plan d'action
a. Préconisation des axes de communication
Suite à la présentation de la stratégie
d'investissements basés sur 3 axes et les résultats
escomptés de sa mise en place théorique, il est d'ordinaire
d'accompagner la mise en place d'actions en faveur de l'attractivité
employeur avec une stratégie de communication adéquate. Pour
corroborer avec l'analyse littéraire, les actions proposées
représentent la dimension substantielle de la marque employeur, la
communication de ses mêmes actions est l'émission des signaux
à destination des cibles.
Il existe deux types de communication à mettre en place
pour finaliser cette proposition de modèle intégrateur d'une
marque employeur, la communication externe et celle interne.
Communication Externe
La communication externe représente une part
essentielle dans l'émission de signaux vers les futurs candidats,
faisant partie intégrante de la stratégie marque employeur. Les
propositions
Benjamin Leconte-Caseau 37
ICN 3A
faites dans la partie précédente
représentent le contenu du message à délivrer aux cibles,
la forme du message et les canaux de communications à utiliser restent
à définir.
Plusieurs canaux sont à privilégier. En effet,
en raison du ciblage précis et du caractère spécifique et
orienté des actions proposées, tout médias n'est pas bons
à utiliser. Il faut éviter les canaux de communication à
spectre de masse comme la télévision, ou les médias
papiers non spécialisés qui pourraient avoir l'effet inverse de
celui souhaité. Trop d'expositions nuira à l'aspect altruiste des
actions orientées sport, humanitaire et caritatif. Il est
nécessaire de privilégier les canaux de communication locaux et
internes aux centres d'études ciblés. C'est à dire les
newsletter, l'affichage interne aux établissements ou encore les pages
ou groupes sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google +...)
consacrés à l'activités des centres d'études. En
préconisant ce type de canaux, il est possible d'atteindre les cibles
choisies et ainsi augmenter la réputation, la bonne image et la
présence de Michael Page dans l'esprit des futurs candidats. De plus,
augmenter la visibilité, augmentera la proximité des
étudiants avec le cabinet et réduira ainsi le coût de
transmissions d'informations sur l'entreprise, observé par Erdem &
Swait19.
Un autre réseau social à caractère plus
professionnel qu'il faut préconiser est Linkedin. Celui-ci est
désormais devenu un référent dans le développement
de réseaux professionnels des étudiants, employés,
salariés et indépendants, mais également des entreprises.
Celles-ci ont dernièrement beaucoup investi dans ce réseau social
pour augmenter leur communication et leur réputation auprès de
leurs employés, des candidats prospects et de leurs partenaires
commerciaux prospects ou actuels. La création et le poste d'articles sur
Linkedin, liés à l'implémentation des actions
proposées, sont ainsi fortement recommandés.
Un média presse est tout de même à
préconiser pour le cabinet luxembourgeois. Il s'agit du journal
Paperjam. Sortant à la fois sur support défragmenté, il
est quotidiennement envoyé gratuitement aux abonnés du club
regroupant aux minima plus de 600 entreprises, environ 4000 membres et tous les
abonnés à newsletter20. Le journal est aussi un bimensuel
populaire auprès les professionnels du Grand Duché. Paperjam est
une référence fiable et un bon indicateur du marché
luxembourgeois qu'il est nécessaire de considérer dans la
stratégie d'émissions de signaux.
Communication interne
19 cf voir partie I.A.b explication du Modèle
intégrateur des signaux d'une marque employeur par d'Erdem & Swait
(1998)
20 chiffres issus du site internet :
http://club.paperjam.lu/info-club
Benjamin Leconte-Caseau 38
ICN 3A
Le mode de communication interne a pour but de renforcer
l'image employeur des salariés de l'entreprise et de les inciter
à s'engager dans des actions du groupe Page. Une communication claire et
transparente dans une grande entreprise, n'a d'autre résultat que la
rétention du personnel. Celui-ci considère qu'il doit être
informé des activités de l'entreprise, étant lui
-même un acteur du développement de l'entreprise21. Il est
question de s'assurer du partage de valeurs entre salariés et
entreprise, et surtout de renforcer le sentiment de fierté
d'appartenance des salariés à leur entreprise. Pour corroborer
les observations faites en partie I, les employés d'une entreprise
restent ses meilleurs ambassadeurs en ce qui concerne sa bonne
réputation et surtout son attractivité employeur.
Michael Page est une entreprise qui communique beaucoup avec
ses employés. Le cabinet, bien que d'envergure mondial, est
fragmenté par un management de grandes régions, celle du
Bénelux (regroupant Belgique et Luxembourg) pour le Grand duché.
Toutefois, la stratégie globale de communication interne est similaire
d'une région à une autre, et certaines informations sont
même communiquées dans l'ensemble du groupe.
Michael Page dispose de plusieurs canaux de communication
interne pour varier la forme de ses messages. Le canal le plus utilisé
est celui de l'emailing dans les boites emails professionnelles des
salariés. Simple, Rapide et quasiment gratuit, cette méthode
reste le moyen de s'assurer de la bonne réception des messages
émis auprès des employés. Toutefois, l'utilisation
répétée de ce canal a pour résultat la diminution
de la réceptivité du personnel pour les messages envoyés.
C'est un canal à spectre large qui peut émettre des signaux
interrégionaux ou au contraire, ne sélectionner que les
protagonistes locaux.
Un autre canal de transmission de l'information est celui
utilisé de manière hebdomadaire et mensuel par les managers au
sein de l'entreprise. On parle de « weekly meeting » et de «
monthly meeting ». Il s'agit de réunions de suivi des portefeuilles
recruteur par département. C'est un moyen d'effectuer une revue de
résultats de chacun mais également de transmettre des
informations de vive voix provenant de la hiérarchie. La communication
en face à face est très appréciée par les
employés. Elle permet des échanges spontanés et
réguliers sur des sujets qui peuvent être propre à chaque
recruteur ou plus issus d'un contexte plus général. De plus,
l'agence organise par grande région, deux évènements
annuels appelé «Cream Cake » regroupant toutes les
équipes dans une ambiance festives. Ce genre d'événements
de rassemblement représente aussi une possibilité de communiquer
à l'ensemble du personnel d'une grande région.
21
https://www.lesechos-etudes.fr/etudes/communication-media/nouvelles-pratiques-communication-/
Benjamin Leconte-Caseau 39
ICN 3A
Le cabinet dispose également d'un service marketing et
communication, qui élabore des visuels destinés à
être affichés au sein des différents bureaux du groupe.
Cette méthode permet l'émission de signaux internes de la marque
tout en affichant une charte graphique dite « corporate ». Il faut
ponctuer ceci par le fait que l'information ne peut être que
limitée quantitativement, cette méthode ne permet pas de rentrer
dans les détails.
Le dernier canal de communication présent au sein de
Michael Page est un réseau social interne à Page Group. Il a pour
nom Yammer et fonctionne comme tout réseau social. On peut y chater,
déposer articles et photos ou encore aimer, commenter et partager de
postes à d'autres utilisateurs. Cet outil est à la fois un outil
de communication interne, un outil de management mais aussi un outil de travail
de par sa nature d'échange d'informations globales.
Tous les canaux de communication internes peuvent et doivent
être utilisés pour diffuser les ambitions des actions en faveur de
l'attractivité employeur afin de connaître la tendance
d'approbation des employés. Mais surtout, dans un second temps, la
communication sur les actions proposées peut valoriser l'employé
et renforcer son sentiment de fierté d'appartenance à
l'entreprise.
b. Proposition d'outils de mesures
De manière générale, lorsqu'une
entreprise investit des ressources financières temporelles et humaines,
elle souhaite que ce pari soit payant et surtout qu'elle puisse en mesurer les
bénéfices. C'est dans ce but qu'il est nécessaire
d'effectuer des proposions d'outils de mesure des retombées d'une mise
en place d'une stratégie d'investissements dans l'attractivité de
l'entreprise.
Michael Page utilise déjà la méthode du
questionnaire pour juger de la satisfaction de ses candidats quant à la
qualité de travail de ses recruteurs. Cet outil sert de base
d'observation et travail sur la pertinence et l'efficience des méthodes
de travail des recruteur. Les candidats qui répondent à ce type
de questionnaires, sont, en général, déjà en
relation avec des recruteurs. Ce questionnaire n'informe pas sur la
façon dont Michael Page est perçu par les prospects. Cette
dimension est à prendre en compte dans l'élaboration d'outils de
mesure de la performance attractive.
L'outil questionnaire est donc possible à mettre en
place dans les centres d'études visés. Dans un premier temps, il
aura pour objectif de connaître la proportion des étudiants
sensibles au partage de valeurs, le taux de reconnaissance spontanée de
Michael Page et le niveau de confiance qu'ils ont envers l'entreprise. Suite
à la création de lien de proximité tel que proposé
dans les parties précédentes, il est possible de renvoyer un
questionnaire similaire aux premiers afin de
Benjamin Leconte-Caseau 40
ICN 3A
comparer les résultats. Mais surtout on recueille les
impressions et les améliorations à apporter aux actions mises en
place, du point de vue des futurs candidats. Ce type d'outil de mesure est
très simple et efficace dans sa mise en place, cependant cela reste une
méthode peu fiable par l'interprétation des résultats, le
nombre des répondants pouvant influencer l'enquête.
Les actions étant ciblées sur des
générations n'étant actuellement pas sur le marché
du travail, on peut dès lors proposer d'intégrer une étape
de questionnement rapide pendant la phase de candidature en ligne que le
cabinet utilise pour récolter les curriculum vitae des candidats. Cette
étape de questionnement permet de récolter des informations sur
la localisation du centre d'études du candidat et sur la façon
dont il a été amené à contacter Michael Page.
L'analyse de l'évolution de ces données dans le temps permettra
d'observer, ou non, l'influence des actions proposées dans
l'attractivité des candidats.
Il est difficile d'élaborer des outils de mesure
concrets en ce qui concerne l'évaluation de la confiance et l'engagement
des futurs candidats vis-à-vis du cabinet, de par la subjectivité
du ressenti mais également par le fait que le but de la stratégie
d'attraction et de faire venir le candidat à travailler avec le
recruteur. De là, la nature de la relation, la confiance et l'engagement
qui se créent sont influencés par le comportement du recruteur
à l'égard de la candidature du prospect. La pertinence de la
stratégie d'attraction n'est ainsi plus le facteur le plus
déterminant dans le ressenti du candidat.
Il est important de conclure cette partie en insistant sur le
fait que la stratégie d'investissement dans la marque employeur et de
son attractivité, est basée sur des actions favorisant les
échanges humaines et le partage de valeurs communes. Elle
n'empêche pas la volatilité des futurs candidats. Il est plus
question de semer une graine de confiance dans l'esprit des étudiants en
espérant y voir germer un arbre de collaborations fructueux avec le
cabinet dans son futur professionnel, ce qui reste difficile à
quantifier sur le court terme et que l'on ne pourra constater que sur le long
terme.
Benjamin Leconte-Caseau 41
ICN 3A
III. Analyse des résultats d'une confrontation
entre étude théorique et application pratique
A. Méthodologie de l'étude
quantitative
Dans le but de confronter recherches théoriques et
application pratique, l'outil de mesure le plus commun reste le questionnaire.
Il permet d'évaluer la réceptivité des cibles
prédéfinies, le potentiel du plan d'action proposé, et la
pertinence de celui-ci. On parle dans ce cas d'étude quantitative
à sujet orienté.
a. Canaux de distributions de l'enquête
Concernant la distribution du questionnaire, dans une
volonté de pertinence de l'étude quantitative en rapport avec les
propositions d'investissements faites dans la partie précédente,
il est nécessaire de favoriser la distribution vers les cibles
prédéfinies22. Cependant, il est impératif d'orienter
celle-ci vers deux centres d'études préalablement ciblés.
Pour cette étude, le choix s'est porté sur les centres
d'études secondaires de l'ICN Business School Nancy, et celle de
l'Université Catholique de Louvain en Belgique. Ces choix se sont
précisés en fonction de plusieurs critères, d'abord celui
de la proximité. Ces deux centres d'études constituent la majeure
partie du vivier de candidats à hauts potentiels pour le Luxembourg, de
par leur localisation. Le deuxième critère de choix a
été la taille de leurs effectifs, avec plus de 27 000
étudiants en 201123, pour l'université de Louvain, et un
réseau d'anciens diplômés de L'ICN Business School de plus
de 10 000 personnes, et l'accueil annuelle de plus de 2 600 étudiants.
Ces deux centres d'études s'avèrent être les plus
représentés sur le marché du travail luxembourgeois. Cette
observation a été faite sur le terrain en fonction de la
réception des candidatures au sein du cabinet de recrutement Michael
Page Luxembourg.
Le troisième critère de sélection est le
fait que l'on retrouve les associations étudiantes cibles de la
proposition du modèle intégrateur de la marque employeur dans ses
deux centres d'études. La possibilité de mettre en place les
investissements préconisés dans les centres d'études de
Louvain et de Nancy renforcent la crédibilité des réponses
des interviewés, et leurs permettent une projection concrète des
investissements présentés, au coeur de leur vie
étudiante.
22 Voir partie : B.a. Identifications des candidats cibles
à haut potentiel
23 Faits et chiffres office de
tourisme-Louvain-la-Neuve-Inforville 2012. Disponible sur <
www.tourisme-olln.be/...pdf/faits-et-chiffres-louvain-la-neuve-2012.pdf>
Benjamin Leconte-Caseau 42
ICN 3A
Le dernier critère est celui de la langue
utilisée dans ces centres études. En effet, la pertinence de
l'étude passe par la définition exacte des questions. L' ICN
Business School et l'Université Catholique de Louvain étant des
établissements à majorité francophone, aucune
ambiguïté de traduction ne peut donc faussée
l'étude.
Toutefois il reste intéressant d'ouvrir cette
enquête à un maximum de diplômés francophone, afin
d'avoir un aperçu de l'impact de l'attractivité des entreprises
sur des sujets de tous âges et d'horizons universitaires
différents. De plus, connaître le niveau de conscience des sujets,
concernant la mise en place de stratégie d'investissement dans la
réputation employeur, est une donnée à ne pas
négliger.
Le canal de diffusion choisi est celui du «
webinterviewing », méthode auto-administrative dite de type CAWI,
ou Computer-Assisted Web Interviewing. La diffusion CAWI désigne «
un système d'administration d'enquêtes en ligne : les
interviewés répondent aux questionnaires via Internet».24 Le
questionnaire est ainsi construit sur un support immatériel permettant
d'orienter la distribution vers les cibles locales prédéfinies,
tout en ouvrant le questionnaire à d'autres interviewés.
b. Informations sur l'échantillon
L'enquête s'effectue sur un échantillon de 83
répondants appartenant à des catégories sociaux
professionnelles et à des générations diverses. Le
graphique ci-dessous synthétise cette observation.
Figure 5: Répartion de l'échantillon en
fonction de la catégorie sociaux professionnelle et de l'appartenance
à une génération type des
répondants
pensionné / sans-emploi ouvrier indépendant
étudiant employé
|
|
|
|
Babyboomer génération X génération Y
génération Z
|
cadre
|
|
|
|
|
|
|
0 5 10 15 20 25 30 35
Les étudiants et les cadres issus de la
générations X (nés entre 1960 et 1980) et la
génération Y (nés entre 1980 et 1995) représentent
la majorité des répondants avec 47 interviewés sur les
83
24 définition disponible sur <
http://www.upf.edu/dcpis/_pdf/2009-2010/programes_ccpp/QualitativeResearch10.pdf>
Benjamin Leconte-Caseau 43
ICN 3A
de l'échantillon total. Les employés issus de la
génération Y sont également bien représentés
avec 20 répondants. D'autres profils tels que les ouvriers, les
pensionnés et les indépendants, de toutes
générations confondues ne symbolisent que 5 répondants au
total. La génération Z (née après 1995) et les
« babyboomers » (né avant 1960) ne sont qu'au nombre de 9. Il
se répartissent ainsi : 1 cadre babyboomer, 6 étudiants, 1
employé et 1 ouvrier issus de la génération Z.
La distribution de l'enquête ayant été
orientée vers les centres d'études de Louvain et de l'ICN
Business School de Nancy, on observe une majorité des répondants
issus de ceux-ci. Ce qui crédibilise les résultats de
l'enquête. La répartition de l'échantillon en fonction de
la localisation de leurs centres d'études est ainsi faite :
Figure 6 : Répartion de l'échantillon en
fonction de leurs centres d'études
ICN Business School, Nancy
32%
Université de Rouen
17%
Ecoles de commerce
Parisiennes 17%
Divers centres d'études Haut-
Normand 11%
Université Catholique de Louvain 23%
Il faut rajouter que les femmes sont les répondants
majoritaires avec 59% contre 41% de répondants de sexe masculin. De
plus, les répondants diplômés sont à 60,2%
titulaires ou en cours d'obtention de Master.
Pour résumer l'échantillon cible est
composé à majorité de cadres issus de la
génération X et d'étudiants en master appartenant à
la génération Y. ceux-ci ont pour centres d'études
l'université catholique de Louvain et ICN Business School. On est en
présence des deux profils types. Celui des candidats actuels du cabinet
de recrutement du Luxembourg, et celui des futurs candidats cibles de la
stratégie d'investissement dans l'attractivité employeur
proposée. Les résultats de l'enquête peuvent être
ainsi qualifiés de significatifs.
B. Composition du questionnaire
Afin de construire le questionnaire, il est important de
fragmenter le sujet abordé en plusieurs dimensions. Ceci offre une
meilleure vision de ce que l'on cherche à connaître en passant par
la méthode quantitative. Ici le sujet de la marque employeur est
décomposé en 4 dimensions majeures permettant d'aborder les
différents aspects souhaités.
Benjamin Leconte-Caseau 44
ICN 3A
Les dimensions sont ainsi classées : Marque,
Attractivité, Confiance, et Echantillon. Puis chaque dimension
possède ses propres composantes, qui permettent de spécifier et
cibler les questions, tout en évitant les paraphrases des questions. Ce
qui fausserait l'enquête.
La dimension Marque englobe 3 composantes offrant un
aperçu de la perception générale du sujet de recherche par
l'interviewé. On cherche notamment à connaître le savoir
que l'interviewé dispose sur le sujet choisi, et s'il a conscience
d'être au coeur des stratégies marque employeur misent en place
par les entreprises. Dans un second temps, on recherche à mesurer
l'importante que l'interviewé donne à ce concept.
L'attractivité de l'entreprise est la seconde
dimension, elle fait ressortir 3 composantes majeures que l'on cherche à
mesurer. Il s'agit de la Promesse, on veut connaître le niveau de
conscience, ou non, de la création d'un contrat psychologique25 entre le
candidat / salarié et l'employeur. Puis, il s'agit de confronter
l'importance de différents attributs avec les ressentis de
l'interviewé. Les échelles de mesures sont basées sur les
différents attributs définis par certains auteurs abordés
en première partie. Le dernier composant est ainsi appelé
Projection. Il permet de rechercher la façon dont l'interviewé
assimile les signaux envoyés par l'entreprise pendant le processus de
sélection du candidat.
Les composantes de la dimension Confiance sont le partage de
valeur, la proximité de l'employeur, et l'engagement ressenti de
l'interviewé pour son (futur) employeur. On recherche à savoir si
les effets espérés, dans la mise en place de stratégie
d'investissement dans la réputation, sont concret au niveau de
l'interviewé. L'interviewé se sent-il proche et engagé
dans le développement d'une entreprise ? A t'il confiance en son
employeur et ses valeurs partagées ?
La dernière dimension est celle dite de l'Echantillon.
Elle permet de récolter des informations sur l'échantillon
étudié afin de créer des groupes à la fois
homogènes mais également distincts entre eux, notamment en
fonction du sexe, de la tranche d'âge, du niveau d'étude, ou
encore en fonction la localité du centre d'études de l'ensemble
de l'échantillon.
a. Composition des réponses
Plusieurs types de réponses sont présents dans
le questionnaire pour le rendre le plus crédible, juste et valable
possible. On utilise alors :
o La réponse unique :
25 Backhaus, K. et Tikoo, S. (2004). Conceptualizing and
researching employer branding. Career Development International, vol.
9, n°5, p. 501-517
Benjamin Leconte-Caseau 45 ICN 3A
Une liste de propositions de réponses est disponible
pout l'interviewé, celui-ci ne peut répondre que par une seule
réponse. L'intérêt de cette réponse est de pouvoir
catégoriser les individus de l'échantillon en groups
homogènes mais distinct entre eux. Ces types de réponses,
notamment celles de la dimension «Echantillon», sont basés sur
les critères IFOP de rédaction de questionnaire.
o La réponse à choix multiples:
Une liste de propositions de réponses est disponible
pour l'interviewé. Celui peut choisir de une à toutes les
réponses. Certaines listes de réponses à choix multiples
sont construites sur les observations faites au préalable pendant la
phase de recherches.
o La réponse à échelle subjective
Le principe est simple et se calque sur celui utilisé
dans les échelles d'attitude. Aux quatre adverbes quantificateurs, on
adjoint un adjectif exprimant ce que l'on demande au répondant
d'évaluer. Il est nécessaire que l'échelle soit
symétrique pour que les résultats ne soient pas
faussés.
o La réponse dite à « texte court »
Celle-ci permet de poser des questions ouvertes, où
l'interviewé n'est pas assisté dans sa réponse par une
liste non-exhaustive de réponses. Elle permet de recueillir autant de
réponses diverses que d'interviewés. Elle individualise les
réponses et permet de faire ressortir les tendances subjectives et non
des faits quantifiables par échelle.
b. Questionnaire
Le tableau ci-dessous synthétise l'articulation du
questionnaire en fonction des dimensions et de leurs composantes, ainsi que des
questions et du type de réponses qui y sont affiliés.
Dimensions
|
Composantes
|
Questions
|
Types de réponses
|
Marque
|
Concept Conscience Importance
|
Connaissez vous le concept de marque employeur ?
|
(réponse unique)
o Oui
o Non
|
|
(question ouverte) Texte court
|
|
(échelle subjective)
o Tout a fait
o Plutôt oui
o Plutôt non
o Pas du tout
|
|
Benjamin Leconte-Caseau 46
ICN 3A
|
|
Etes vous favorable défavorable ou indifférent aux
actions des entreprises pour développer/améliorer/ maintenir leur
réputation employeur?
|
(échelle subjective)
o Favorable
o Défavorable
o Indifférent
|
Attractivité
|
Promesse Attributs Projection
|
Quels attributs motivent votre choix entre plusieurs employeurs
?
|
(choix multiples, basé sur les attributs de
Collins& Steven, 2002)
o la réputation
o la qualité des produits/services délivrés
par l'entreprise
o la localisation
o le plan de carrière et formation
o le partage de valeurs
o la sécurité de l'emploi
o le salaire
|
|
(échelle subjective)
o Tout a fait
o Plutôt oui
o Plutôt non
o Pas du tout
|
|
(choix multiples, basés sur les 3 dimensions de
Amber & Barrow 1996)
o une reconnaissance du travail
o des récompenses financières
o un accompagnement professionnel
o un développement personnel
o une fierté d'appartenance
|
Confiance
|
Partage de valeurs Proximité Engagement
|
Quelle importance attribuer vous aux partage de valeurs commune
avec vos partenaires professionnels (cabinet de recrutement / (futur)
employeur/ partenaire commercial ?
|
(échelle subjective)
o Tout a fait important
o Plutôt important
o Plutôt pas important
o Pas du tout important
|
|
Benjamin Leconte-Caseau 47
ICN 3A
Vous sentez-vous engagé vis à vis de votre
(futur) employeur ?
Feriez-vous confiance à une entreprise/un cabinet de
recrutement qui investit pour être plus proche de ses
candidats/prospects ?
(échelle subjective)
o
Tout a fait
o Plutôt oui
o Plutôt non
o Pas du tout
(choix unique)
o oui
o non
|
|
Quels types d'actions vous permettrez de ressentir le partage de
valeurs avec un employeur /cabinet de recrutement / partenaire commerciale ?
|
(Choix multiples)
o Mécénat sportif
o Mécénat caritatif
o Partenariat avec votre centre d'études (faciliter les
stages)
o Organisation d'événements et de rencontres
(salons / rencontre ancien et
futur diplômé
o Rien du tout
|
Quels types de lien entretenez vous avec votre (futur)
employeur ?
|
(choix multiples)
o Tout a fait proche
o Plutôt proche
o Plutôt distant
o Tout a fait distant
|
Echantillon
|
Sexe
Age
Ecole
Niveau d'études
|
Etes vous ?
|
(choix unique)
o Une femme
o Un homme
|
|
(choix unique)
o avant 1960
o de 1960 à 1980
o de 1980 à 1995
o après 1995 (choix unique)
o Sans diplôme
o Diplôme professionnel (CAP/BEP/Bac pro...)
o Baccalauréat
o Licence
o Master
o Doctorat
texte cours
(choix unique)
o étudiant
o employé
|
|
Benjamin Leconte-Caseau 48
ICN 3A
|
|
|
o
|
ouvrier
|
|
|
|
o
|
cadre
|
|
|
|
o
|
indépendant
|
|
|
|
o
|
pensionné / sans-emploi
|
C. Interprétations des résultats
La partie qui suit est l'expression du croisement de certaines
données collectées par le biais du questionnaire. Dans
l'intérêt et la pertinence de l'étude, les expressions des
résultats de ces données sont faites sous forme de graphiques.
Tout d'abord, l'importance de la connaissance du concept de la
marque employeur par les répondants est essentielle dans leurs
perceptions de l'attractivité de l'entreprise. Il est possible
d'observer que les générations X et Y, hommes et femmes
confondus, connaissent à 63 % ce concept 26 . Les répondants le
définissent par des termes tels que : « marketing du recrutement
», « attractivité employeur » ou « marketing RH, et
management des Talents ».
Il est nécessaire d'ajouter que 59 % de
l'échantillon est conscient des efforts des entreprises pour attirer les
candidats27 à travailler pour eux. De plus, 84,3 % des répondants
de l'enquête sont favorables à une mise en place d'action pour
développer l'attractivité employeur des entreprises28.
Puis l'enquête s'est intéressée aux
attributs d'une entreprise motivant le choix du candidat entre plusieurs futurs
employeurs potentiels. Le graphique ci-dessous synthétise les
réponses des interviewés sur ce sujet :
Figure 7 : Importance des attributs des entreprises dans la
prise de décision des candidats
26 voir annexe 2 : résultats complémentaire du
questionnaire figure 22
27 voir annexe 2 : résultats du questionnaire figure 12
28 voir annexe 2 : résultat du questionnaire figure 16
Benjamin Leconte-Caseau 49
ICN 3A
L'étude de ses données nous permet
également de dire ni la génération, ni la catégorie
socioprofessionnelle, ni le sexe des répondants n'influence les
résultats de cette observation. On peut ainsi dire que la
réputation de l'entreprise, la politique de plan de carrière et
de formation, et le salaire arrivent significativement à une hauteur
supérieure à 70 %. On peut constater que le partage de valeur
arrive juste après le 3 premiers attributs avec une présence dans
67,5 % des réponses données. La réputation d'une
entreprise et le partage de valeurs communes avec les candidats sont ainsi deux
facteurs sur lesquels il est possible d'investir dans le développement
de l'attractivité employeur.
L'enquête fait ressortir un aspect important de ce
travail de recherche, celui du partage de valeurs communes entre candidats et
(futur) employeur. Afin de mieux comprendre les facteurs influents de cette
observation, le croisement de données est nécessaire. Dans la
figure 8, l'importance du partage de valeurs a été
corrélé en fonction de l'appartenance des répondants
à
Nombre de répondants
14
12
10
4
8
6
2
0
Babyboomer
Figure 8: Importance partage de valeurs en fonction de la
génération et de leur catégorie socioprofessionnelle des
répondants
cadre
génération X
génération Y
génération Z
employé
génération X
génération Y
génération Z
étudiant
génération X
indépendantouvriersans-emploi
Babyboomer
génération X
génération Z
génération X
Pas du tout important Plutôt pas important Plutôt
important Tout à fait important
une génération types, et de leur
catégories sociaux professionnelles. On remarque que la
générations Z, toutes catégories sociales confondues, sont
de candidats très peu portés sur le partage de valeurs. Cette
observation fait partie des traits typiques de cette génération
née après
Benjamin Leconte-Caseau 50
ICN 3A
1995.29 A contrario, les génération X et Y,
étudiants, employés et cadres sont, quant à eux,
portés sur le partage de valeurs communes. Observations qui confortent
les fondements de la stratégie d'investissement dans la marque employeur
proposé pour un cabinet de recrutement.
Une autre observation faite est la conscience des candidats
des génération X et Y issus d'un parcours diplômant de
master vis-à-vis de la création d'un contrat psychologique entre
l'entreprise et celui-ci. L'importance de cette observation est que les
candidats cibles sont conscient des attentes qu'ils transmettent à
l'entreprise. Et celle-ci s'engage a tenir ses promesses prenant en compte
l'adéquation entre ses propres besoins et ceux du candidats cibles. La
création de ce contrat engendre une attractivité du candidat, et
la tenue de ses promesses une rétention de l'employé. Ces
observations sont synthétisées dans le graphique ci-dessous.
génération Z
génération Y
20
15
10
5
0
Figure 9: Conscience d'une création de contrat
psychologique entre candidat et entreprise en fonction de leurs
générations et de leurs catégories
socioprofessionnelles
25
Nombre de répondants
Diplôme
professionnel...
Licence
Diplôme
professionnel...
Master
Licence
Doctorat
Baccalauréat
Baccalauréat
génération X
Master
Baccalauréat
Licence
Sans diplôme
Pas du tout Plutôt non Plutôt oui Tout à
fait
Un autre point intérréssant dans ce sujet
d'étude est le fait que les candidats sont favorables à plus de
95 %, dans la mise en place d'actions en faveur du développement de la
proximité entre candidats et recruteurs. La figure 10 ci-dessous
synthétise cette observation.
Figure 10 : pourcentage de réponse favorable
à la stratégie d'investissement
L'observation suivante réuni les réponses
données par l `échantillon sur les propositions d'investissements
dans la marque employeur. Tout comme les attributs motivant le choix d'un
candidat pour un employeur, les réponses faites quant aux propositions
d'investissements sont unamimes et intergénérationnelles. On peut
observer que le partage de valeur par le mécénat sportif regroupe
44,8% des intentions favorables aux investissements des entreprises dans ce
29
http://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/ressources-humaines/recrutement/0204100328491-la-generation-z-expliquee-aux-drh-107448.php
Benjamin Leconte-Caseau 51 ICN 3A
domaines. Avec 54,2% des répondants favorables au
mécénat caritatif et humanitaire, et 73,5% en faveur
d'organisation d'événements de rencontre entre anciens et futurs
diplômés, ces propositions d'investissements sont ainsi
plébisités par l'échantillon.
Il faut rajouter à cette observationn, que les
repondants sont également favorables de manière significative
(75,5%) au developpement de partenariats entreprises avec les centres
d'études afin de favoriser les stages professionalisants. Ceci offre un
nouvel axe d'investissement stratégique pour un cabinet de recrutement
en faveur de l'attractivité de futurs candidats sur le long terme. On
peut imaginer le développement d'une collaboration entre Michael Page et
ses partenaires commerciaux allant dans ce sens. Toutefois, il faut ponctuer
cette proposition par la difficulté de mettre en place de tels
investissement. La figure 11 ci-dessous rassemblent les réponses de
l'échantillon sur ce sujet.
Figure 11 : Ressenti des répondants en faveur
d'actions d'investissements proposées
Benjamin Leconte-Caseau 52
ICN 3A
On peut conclure cette phase de d'interprétation des
résultats en affirmant que les candidats actuels et les futurs candidats
du cabinet de recrutement localisé au Luxembourg ont répondu
positivement à la proposition de stratégie enoncée. En
effet, par la confirmation du partage de valeurs et la conscience de
l'echantillon d'une création de contrat entre entreprise et candidat
indiquent que les recherches littéraires sont basées sur des
observations avérées. De plus, l'intérêt des
répondants pour les propositions d'investissements dans des actions
favorisant la proximité et le partage de valeurs est constaté. Ce
qui crédibilise l'entièreté de la stratégie, et des
propositions décrites dans ce travail de recherche.
Benjamin Leconte-Caseau 53
ICN 3A
Conclusion
Pour conclure ce travail de recherche, il est important de
constater que les recherches littérraires définissent le sujet de
la marque employeur comme un concept contemporain et d'origine anglosaxone.
Elles s'appuie sur le développement d'une nécessaire
attractivité des candidats basés sur des attributs en lien avec
la nature des entreprises. Cette stratégie peut s'appliquer à
tous types d'entreprise. L'émission de signaux envers les candidats
doivent etre crédibles, consistants substentiels et temporels. Tout en
étant en adéquation avec les besoins générationnels
des candidats. L'attractivité est réellement constatée
lorsque qu'elle engendre une création de contrat psychologique,
notamment par un partage de valeurs communes entre candidats et entreprises.
Ces deux composants de la marque employeur influencent la décision du
candidat de rejoindre ou non une entreprise. Il faut ajouter que pour maintenir
une forte attractivité entreprise, des investissements financiers
humains et temporels doivent être defini de manière locale et
surtout orientés vers les cibles définies par l'entreprise. Une
stratégie d'attractivité efficiente peut resulter une
augmentation qualitative et quantitative, cependant une mauvaise conduite de
cette stratégie engendre des effets inverses, voir une repulsion de
candidats à hauts potentiels. On peut mesurer les efforts
d'investissements d'une organisation par la mise en place d'échelle de
mesure. Celles-ci doivent être en totale cohérence avec les
attributs de l'entreprise pour justifier d'une entière veracité
et de resultats concrets.
Dans un deuxième temps, il a été question
de proposer pour un cabinet de recrutement spécialisé au
Luxembourg une stratégie de développement de sa marque employeur.
Cette proposition s'appuie sur les postulats tirés des recherches
littéraires. C'est avec une volonté développement sur le
long terme de l'attraction de futurs candidats et recruteurs, en
adéquation avec les valeurs affichées de Michael Page
International, que cette stratégie est élaborée.
Préalablement définies, les cibles de cette stratégie
d'attraction sont les étudiants actuels, et ceux diplômés,
des centres d'études présents dans la zone d'influence
géographique du Grand Duché. Les étudiants cibles ont tous
un profil commun celui d'être adhérant à des associations
prônant le partage de valeurs Humaines, d'échange, de partage, de
dépassement de soi, d'esprit d'équipe, d'accomplissement
personnel et de responsabilité sociale.
Les propositions portent sur 3 types d'investissements
financiers, temporels et humains reflétant les valeurs du cabinet de
recrutement : il s'agit de mécénat sportif, caritatif et
humanitaire, et de sponsoring orienté vers les associations d'anciens
élèves des centres d'études. Ces investissements ont pour
but de créer une relation de proximité avec les futurs candidats
et recruteurs potentiels afin de créer fidélité,
confiance, et engagement dans leurs relations
Benjamin Leconte-Caseau 54
ICN 3A
professionnelles futures. De plus, l'organisation
d'événements de rencontre entre anciens et nouveaux
diplômés des centres d'études cibles, permet de
récolter à court terme des bénéfices directs pour
l'attractivité et la compétitivité du cabinet de
recrutement. La deuxième phase de la stratégie proposée
est celle de la communication en externe et en interne. La communication
externe a pour but la valorisation des actions du cabinet envers la prochaine
génération et ses futurs partenaires commerciaux. Elle doit se
transmettre par des canaux spécialisés et orientés afin
d'optimiser la réceptivité des cibles. Pour la communication
interne, l'utilisation des moyens de communication actuels de Michael Page est
recommandée. La transmission de la volonté d'investissement du
cabinet a pour but de valoriser l'entreprise aux yeux des employés
actuels qui représentent les meilleurs ambassadeurs de l'entreprise.
Enfin, la proposition d'outils de mesure du succès de la mise en place
de la stratégie proposée ponctue cette partie.
La dernière partie de ce travail entreprend de comparer
stratégique théorique et mise en place pratique. La
méthode quantitative du questionnaire à distribution
orientée vers les centres d'études de L'ICN Business School, et
de l'Université Catholique de Louvain permet d'établir la
faisabilité de la stratégie proposée. Il a
été observé que les deux profils cibles de la
génération X et Y (étudiants actuels, et cadres actifs)
sont enclins aux partages de valeurs. Ils sont également favorables aux
investissements proposés, et une volonté de proximité avec
leurs futurs employeurs ou cabinet de recrutement. L'enquête conclu sur
une ouverture à un autre type d'investissement pouvant améliorer
l'attractivité pour le cabinet : devenir un lien entre étudiant
et entreprise dans leurs volontés de construction de leurs parcours
professionnels. Cependant, on peut ponctuer cette ouverture par le fait qu'il
est difficile de gérer totalement un processus de recrutement stagiaire
pour les entreprises sans contrepartie. Cela monopolise trop de ressources,
pour une trop forte volatilité à la fois des futurs candidats et
des entreprises potentiellement ouverte à ce partenariat.
Pour terminer ce travail, il est important de dire que le
concept de marque employeur n'est pas un concept récent. En effet, on
parlait de paternalisme entrepreneurial dans la première moitié
du XXème siècle. La différence entre ces deux concepts
c'est que l'un était dicté par l'entreprise, et l'autre est plus
issu d'une collaboration conjointe vers un but commun. Temps que l'humain sera
placé au coeur d'une entreprise, celle-ci continuera à se
développer dans le respect et la volonté d'accomplissement de ses
employés. Henri Ford disait : « Vivre ensemble est un commencement,
rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est un succès
». Pour terminer ce travail de réflexion, il est naturel de se
questionner sur ce fait : dans un monde en perpétuel perte de
repères et de valeurs, une entreprise engagée auprès de
ses salariés peut elle offrir une alternative ?
Benjamin Leconte-Caseau 55
ICN 3A
Bibliographie
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https://www.youtube.com/watch?v=qqE4RyXw0mY
https://www.youtube.com/watch?v=dr3ZHrQf36E
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ICN 3A
Annexe 1 : Rendu du questionnaire
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ICN 3A
|
|
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59
|
111 Feriez-vous confiance â une entrepriserun minet
de recrutement qui investit polir etre pais proche de ses coi h 1 .cispiect3 ?
-
Une seule reoans=e passrbie.
cuti non
11. Quels-types d'actions vous permettraient de
ressentir le partage de valeurs aveo un employeur !cabinet de recrute
rrI€n( ·1 partenaire commerciale ?
·
F& +ee~rs re{c1ns s
pas.srbie3.
I I 1 nat sportif
Mecenat contalif
Partenariat avec voire centre d'etudes (faciliter ties
stages)
€lig arion d'ëvërrenterrts et de reno
itres isaiorrs F rencontre ancien et futur
diplorné
Rien du tout
1a Quels types de lien entretenez vans avec vi e
(futurs employeur ? Lorre . euie rëioafr.=e pass hie.
-fout .5 fait distant
Flirtât distarrt
Flutât proche
Tout a fait pioche
13 Etes-voIs ? t
Une seule rgiparese possible.
f urre femme CD.un 1-kin ne
14. A quelle catégorie crége appartenez ?
Une serle réponse pas bfe.
amant 188ü die 1980 a 19.88 die19OUa199ti }
aprës 1996
15. Quel est votre niveau d tude ?
Une eue report-se passibe.
C-- Sans dipaôrne
Diplârrre professiornel;CAP06EP16ac
c. Bac-calame-st
Lioenioe
N
Balmat
1d. Quels sont le norm et la localité de votre
centre dretudes ?
17. glatis étes ?
Urie seule rëparrsepas:Aie.
} é1vdiant
errr pc
ouvrier
cadre
) irdëpendart
pensionne r sans-erntic
60
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Annexe 2 : Résultats complémentaires de
l'enquête quantitative
Figure 11 : Attentes des candidats de la part de leur (futur)
employeur
Figure 12 : Conscience d'une création de contrat
psychologique entre candidat et entreprise par les répondants
Figure 13 : Sentiment engagement des candidats
répondant vis-à-vis de leur futur employeur
Figure 14 : Répartition de l'échantillon en
fonction de leur catégorie d'âge
Benjamin Leconte-Caseau ICN 3A
61
Figure 15: Importance de l'échantillon face au partage
de valeurs communes avec leur partenaires professionnels
Figure 16 : Recueil des répondants face la
possibilité des entreprises d'investir dans leur réputation
employeur
Figure 17 : Répartition de l'échantillon en
fonction du sexe des répondants
Figure 18 : Répartition de l'échantillon en
fonction de la catégorie socioprofessionnelle des répondants
Figure 19 : Répartition de l'échantillon en
fonction de leur niveau d'étude
62
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génération Z
génération Y
génération X
Baby boomer
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Figure 20 : Ressenti des candidats face aux investisments des
entreprises par rapport à leurs générations
Favorable Indifférent
un homme
une femme
20
15
10
5
Axis Title
0
Master
Doctorat
Figure 21: Engagement des candidats envers leurs
futur employeur en fonction de leurs sexe et leurs catégorie
socioprofessionnelle
25
Licence
Licence
Diplôme
professionnel...
Baccalauréat
Sans diplôme
Diplôme
professionnel...
Baccalauréat
Plutôt non Plutôt oui Tout à fait
Master
Figure 22 : Connaissance de l'échantillon face au
concept de marque employeur
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