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Villes de la peur
Pratiques et discours sécuritaires au Brésil
Photo : Marco Vitale. La Police Militaire entre dans la Favela de
la Rocinha. Novembre 2017.
UNIVERSITÉ DE BRETAGNE
OCCIDENTALE
Villes de la Peur,
Pratiques et Discours Sécuritaires au Brésil
Auix Macadré
Mémoire de Master 2, présenté à
l'Université de Bretagne Occidentale (UBO), dans le cadre du Master
Civilisations, Cultures et Sociétés (CCS) - Ethnologie et
Ethnographie
Sous la direction de Mme. Géraldine Le Roux
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Mai 2018
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À la mémoire de Marielle Francisco da Silva,
assassinée le 14 mars 2018 à Rio de Janeiro.
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Remerciements
Écrire ce travail n'a pas toujours été
une tâche aisée. Avant de l'entreprendre, il m'a d'abord fallu
dominer la langue portugaise. Cette tâche élémentaire n'a
été possible que grâce à la patience parfois
démesurée de certains de mes amis brésiliens. Je pense
notamment à mes premières rencontres, lors de mon arrivée
sur le continent Sud-Américain en juillet 2015. Je me souviens des
interminables conversations avec Davi et Alesson qui m'écoutaient avec
attention pendant mes longs moments de balbutiements. Il m'a ensuite fallu
appréhender le Brésil dans toute sa complexité. Je me dois
ici de remercier toutes celles et tous ceux qui m'ont permis de m'immerger dans
cette nouvelle culture, toutes celles et tous ceux qui ont pris le temps de
répondre à chacune de mes questions dont certaines devaient
parfois leur paraître absurdes. Je pense encore à mes amis et
amies du Brésil : Ludmila, Kaio, Manu, Gabriela, Emmanuel, Wellington,
Jojo, Cida et ses enfants, Jacinto, Natália, Guilherme,... ; mais aussi
à mes compagnons français expatriés qui, s'ils ne
répondaient pas à mes questions, avaient le mérite d'en
poser d'autres : Thomas, Benoît, Robin, Lucie,... Comme le disait
poétiquement le photographe Sebastião Salgado, les humains sont
« le sel de la terre ». Ce sont ces personnes, et tant d'autres, qui
ont fait le sel du Brésil tel que je l'ai connu.
Ce travail n'aurait pas pu voir le jour sans l'aide des deux
universités qui l'ont parrainé, l'Université de Bretagne
Occidentale et l'Universidade Federal do Rio Grande do Norte, mais surtout sans
l'aide des personnes qui les composent. Je remercie ainsi Djalma Perreira,
Anne-Marie Salvan, Anne-Claire Thierry, Mohamed Saki, Michel Kerjean et
Gabriela Bento qui ont traité avec attention et rapidité toutes
les démarches administratives nécessaires au bon
déroulement de mon séjour à Natal. Il me faut aussi
remercier tous les étudiants et professeurs du Département
d'Anthropologie Sociale de l'UFRN qui m'ont accueilli au sein de l'institution
avec plus de bienveillance et d'enthousiasme que je ne pouvais en
espérer. D'autre part, les cours dispensés par les professeurs
Glebson Viera, Jean Segata et Rozelli Porto méritent ici mention pour
avoir été fondamentaux dans la formation de ma pensée
pendant ces trois dernières années. Mais surtout, il me faut
remercier la professeure Camille Mazé, pour avoir été, du
côté français, à l'origine de l'échange et
pour avoir supervisé ma première année de Master ; la
professeure Géraldine Le Roux pour avoir fait en sorte que je puisse
poursuivre mes études à Natal, pour avoir accepté de
diriger ce travail et pour ses nombreux et pertinents commentaires ; la
professeure Julie Cavignac pour m'avoir reçu, orienté et soutenu
pendant trois ans à
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l'Universidade Federal do Rio Grande do Norte, pour m'avoir
permis de connaître le Sertão brésilien et pour tous les
agréables moments passés à ses côtés ; la
professeure Juliana Melo pour toutes ses indications bibliographiques, pour ses
commentaires essentiels, pour toutes ses réponses à mes
nombreuses questions et pour son amitié. Enfin, ce travail repose sur la
participation des habitants du Conjunto dos Professores et notamment ceux
faisant partie du Conseil communautaire de sécurité du quartier
ainsi que sur la contribution des commandants du cinquième Bataillon de
Police Militaire de Natal. Les uns et les autres ont toujours été
très réceptifs à mes questions et ont accepté ma
présence à leur côté avec beaucoup de bienveillance
et d'enthousiasme. Je leur en suis infiniment reconnaissant. Enfin, mes plus
sincères remerciements vont à ma mère, mon père et
mes deux frères pour leurs encouragements, pour la relecture de mon
travail, pour leur considérable soutien dans tous les domaines de ma vie
et pour la liberté qu'ils m'ont permis d'atteindre.
Résumé :
Depuis la fin des années 70, le Brésil fait face
à un inquiétante augmentation de la criminalité urbaine.
Parallèlement, la peur de la criminalité a progressivement pris
une importance significative dans la vie et le quotidien des individus et donne
aujourd'hui lieu à des pratiques et des discours sécuritaires qui
tentent, matériellement et symboliquement, de restaurer l'ordre dans un
pays souvent jugé chaotique par ses propres citoyens. Perpétuant
des mécanismes hérités de la période esclavagiste,
ces pratiques et discours sécuritaires participent à la
criminalisation d'une certaine frange de la population, actualisent les
différentes formes de ségrégations et, paradoxalement,
entretiennent un cycle de la violence plus qu'ils n'y mettent un terme.
Mots-clés : Brésil ; Violence ;
Criminalité urbaine ; Peur ; Sécurité ; Racisme
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