Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.par Raphael Mbumba Muamba Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018 |
Section II : LES FONDEMENTS OU HERITAGES DOCTRINAUX DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINELapolitique étrangère des USA est plus vieille que le monde. Son héritagedoctrinal est certainement vaste. Elle est largement émaillée par l'isolationnisme que nous avons déjà circonscrit dans la première section de notre premier chapitre. Sans pour autant oublier d'autres doctrines, nous nous intéresserons aux trois qui répondent au moins à l'idéologie de notre démarche. Il s'agit de la destinée manifeste, de l'idéalisme et de réalisme. §1. La destinée manifesteL'idée de la destinée manifeste tire sa substance de l'exceptionnalisme américain selon lequel ce pays représenterait un gouvernement fédéral dont la mission serait de diffuser son système des valeurs et construire le monde selon l'image américaine124(*).C'est le postulat de la mission civilisatrice des USA justifiée par lesmodèles de développement basé sur : la démocratie libérale et la foi chrétienne que le publiciste et journaliste américain John O Sullivan, directeur de la démocratie Review créa le concept de destinée manifeste, formulant ainsi : « notre destinée manifeste consiste à nous étendre sur tout continent que nous a loué la providence pour le libre développement de nos millions d'habitants qui se multiplient chaque année 125(*)». Pour Yves Lacoste126(*), la destinéemanifeste est un destin, le rôle que Dieu auraitmanifestement confié à l'Amérique de développer les valeurs de liberté, de justice et de progrès, de les étendre le plus possible et les défendre contre toute tyrannie. Soit que la destinée manifeste se conjugue de différence, selon les deux grandes orientations qui forment le socle de la politique étrangère américaine à savoir le réalisme et l'idéalisme.D'ailleurs, Joseph Nye ne se trompe pas lorsqu'il recommande le soft power ou puissance douce127(*) Les grands spécialistes de la politique étrangère des Etats-Unis s'accordent pour distinguer trois grands héritages fondamentaux : la destinée manifeste, le réalisme représenté par Théodore Roosevelt (Président de 1901 à 1909), et l'idéalisme du Président Woodrow Wilson (Présidente 1913 à 1921)128(*).Le concept de la « Destinée Manifeste » était pour affirmer la mission quasi-divine des Etats-Unis de démocratiser le monde, John O Sullivan affirmait notamment :« Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté »129(*).Contrairement aux réalistes, les idéalistes tiennent un discours fondé sur la morale, revendiquant un changement du monde à leur image, afin de le faire progresser. L'Amérique est perçue comme le meilleur modèle démocratique du monde, la démocratie libérale, qui s'appuie sur les libertés publiques, mais aussi l'économie de marché. A la même époque (années 1920-1930), l'Union Soviétique naissante se construisait sur une idéologie à vocation universelle dont les valeurs étaient fondamentalement différentes et opposées à celles des Etats-Unis : athéisme, démocratie populaire, communisme, et rejet de l'économie de marché.Cette opposition idéologique sur la vision du monde de l'URSS et des USA est essentielle à une bonne compréhension de la vision du monde des Etats-Unis durant la Guerre Froide, de 1947 à 1991. Enfin, pour affirmer ses positions, Wilson reprenait les théories de Kant, selon lesquelles les démocraties ne se font pas la guerre. Le modèle démocratique américain était donc considéré comme le plus vertueux, garant de liberté, prospérité et sécurité : « L'Amérique est la seule nation idéale dans le monde (...), l'Amérique a eu l'infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde (...), nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant la liberté et la justice.»130(*). * 124 Tshiyembe Mwayila, Op.cit. p.83. * 125 Nouailhat, Y.-H., les Etats-Unis et le monde de 1898 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2003, p.45. * 126Lacoste, Y., « les Etats-Unis et le reste du monde », in revue s Hérodote, n°85, p.5. * 127 Nye, J., Bound to lead, the changing nature of America power, New York, Basic book, 1990, p.56. * 128 http://lemmings.unblog.fr/2017/04/09/etats-unis-realisme-et-idealisme-en-matiere-de-politique-etrangere/ consulté le 12/01/2019 à 12h06. * 129 Lacoste Y., Idem, p.46. * 130 Vincent, B., La Destinée Manifeste, Paris, Messène, 1999, p.58. |
|