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Isolationnisme et la géoéconomie des états-Unis d'Amérique sous Donald Trump. Enjeux et perspectives.


par Raphael Mbumba Muamba
Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence en Relations Internationales 2018
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« La guerre commerciale est la continuité de la politique par d'autres moyens».

Edward Luttwak

« La géoéconomie n'est pas une guerre commerciale à somme nulle, mais plutôt une compétition internationale au cours de laquelle chaque Etat cherche à y sortir vainqueur ».

Paul Gkruman

« Qui domine la géoéconomie, détient les richesses du monde, qui détient les richesses du monde, domine le monde ».

Raphael Mbumba

IN MEMORIAM

Quand tout semble marcher, la mort surgit. Elle sépare les hommes et sème la confusion. Elle entraine la prolifération des orphelinats et réduit au silence l'amour que l'on a envers un être cher.

A toi petite soeur Jacqueline Kapinga Muamba Mutoke qui nous a laissé élisant domicile dans le séjour de mort ; le destin n'a pas voulu que tu vives ce résultat.

Raphael Mbumba Muamba.

DEDICACE

A mon très cher père Charles Muamba Mutoke et ma tendre mère Chantal Kapinga.

Mbumba Muamba Raphael

REMERCIEMENTS

Dans ce mémoire de licence, nous analysons la fameuse question de l'isolationnisme et la géoéconomie des Etats-Unis d'Amérique sous Donald Trump : enjeux et perspectives qui, au demeurant, est devenue problématisante au sein de la société américaine. Isolationnisme-géoéconomie, cette question pour autant qu'elle fasse sens, aussi bien sur le plan théorique que sur le plan pratique, dans ce contexte de la mondialisation, est souvent soulevée et très souvent banalisée alors qu'elle est un débat incontournable dans les Relations Internationales contemporaines.

C'est à partir d'un examen minutieux sur la question, grâce à notre technique documentaire, une méthode historique et la théorie réaliste que nous expliquons pourquoi et comment la volonté pour Trump d'opter pour l'isolationnisme et la géoéconomie afin de retrouver la puissance américaine perdue par ses prédécesseurs. Pour y parvenir, il serait ingrat de notre part de ne pas remercier très vivement tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, de loin ou de près, ont contribué à la finalisation de cette oeuvre.

Gloire et honneur à l'Eternel Tout puissant qui nous a fait grâce dans ce cursus académique sur tous les jalons de notre vie. Il est un Dieu de splendeur, que nous ressentons dans notre coeur, non temporel et non spatial, il est pourtant adoré par le temps et l'espace.

Nous pensons au Professeur Ordinaire, l'internationaliste intègre et Maître de l'école Kadonienne, Kadony Nguway Kpalaingu, qui n'a pas un seul instant hésité à accepter de diriger ce mémoire, cela au regard de ses qualifications et expériences académico-scientifiques. Nos mots de remerciements vont tout droit à monsieur le Chef de Travaux Kakez Kayeb Dieudonné, pour avoir codirigé ce travail et formulé des remarques savantes qui nous ont permis de modifier, finaliser et élaborer ce travail scientifique.

A toute notre grande famille Charles Muamba Mutoke et Chantal Kapinga en occurrence, le grand-frère Jean-Marie Tshibola Muamba, Théodore Lushisku Muamba, petité soeur Sophia Kalela Muamba, Jacqueline Kapinga Muamba, Clément Tshibuabua Muamba, Marie Mujinga Muamba, Charlotte Muamba, Mado Masengu Muamba, qui ne cessait de faire preuve de sa solidarité en notre faveur. Que ce travail soit pour vous une fierté et une référence.

Il convient de faire une mention spéciale à la Famille Clément Nyengele Dibanda dit Satshio et Souzanne Ngalula, Lufu Mbungi Kabasele et Mado Kayaya, la famille de notre grand-frère Jean-Marie Tshibola Muamba et Helene Mbombo, pour leurs encouragements dans l'édification de cette oeuvre scientifique.

A tous nos camarades de lutte respectivement : Chito Bahati Neville, Muyumba Mastaki Tresor, Muteba Mwimbo Nelly, Pibwe Mabo Tina, Evelyne Nzanzi, Julie Nkulu, Clément Kazadi, Jacques Mulowa, Ricky kayombo, Emery Muyaya, Nsapu Benjamin ... pour vos soutiens et conseils tant dans le bonheur que dans le pire.

Sans réserve nous pensons à notre tantine Jina Mujinga Kabasele, qui n'a pas cédé à la jalousie dans ses conseils et ses encouragements et dans notre parcours universitaire.

A tous ceux dont les noms échappent à l'esprit : oncles, tantes, amis, amies, combattant(e)s, écolier(e)... de recevoir l'expression de notre profonde reconnaissance.

douceurbini@yahoo.fr

Raphael Mbumba Muamba

SIGLES ET ABREVIATIONS

ü ALENA  : Accord de libre-échange Nord-Américain 

ü BCS   : Boston consulting group

ü COP : Conference de Paris

ü EPA : Agence de protection de l'environnement

ü GATT  : Accord général sur le tarif douanier

ü NPF  : Nation la plus favorisée

ü OCDE  : Organisation pour la coopération et le développement économique

ü OEA  : Organisation des Etats américains 

ü OMC : Organisation mondiale du commerce 

ü ONU: Organisation des Nations Unies 

ü OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord 

ü PTCI  : Partenariat transatlantique du commerce et de l'investissement 

ü PUF  : Presses Universitaires de France 

ü SDN  : Société des Nations

ü TPP  : Trans-Pacific partenership 

ü UE  : Union Européenne 

ü Unesco : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et culture 

ü USA  : United States Of America 

INTRODUTION

1. Construction de l'objet d'étude

Ce début du 21ième siècle constitue un risqueimportant pour la principale et actuelle grande puissance du monde qui sont les Etats-Unisd'Amérique. La conceptualisation de la puissance s`est déplacée de son champ traditionnel qui était essentiellement basé sur l'emploi de la force, symbolisant ainsi la primauté du politique comme moyen de survie d'un Etat, pour s'incliner aujourd'hui sur une domination douce(le soft power). C'est ainsi que, dans le cadre de cette étude, nous avons voulu nous focaliser beaucoup plus sur l'économie internationale.

Le nouveau contexte mondial se caractérise par des situations pluscomplexes que par le passé. Dans ces conditions à l'évidence, la puissance américaine est confrontée au problème de penser une nouvelle stratégie « intégrale » en ayant déjà réellement identifié ses nouveaux adversaires et sans courir le risque de provoquer les autres puissances du globe. C'est dans ces circonstances, comme le rappelle A., Del valle. Que « pour atteindre les buts de leur concept, les chefs politiques ont besoin d'une méthode et des moyens, c'est la stratégie ». Cette dernière est « l'ensemble des méthodes et moyens permettant d'atteindre les fins exigées par le politique »1(*).

En reprenant l'analyse de C. Layne, la grande stratégie serait alors un processus en trois temps:

1. la détermination des intérêts vitaux d'un Etat ;

2. l'identification des menaces envers ces intérêts et ;

3. la décision de comment employer au mieux les ressources politiques, militaires et économiques de l'Etat afin de protéger ces intérêts2(*).

La stratégie chère des Etats-Unis de Donald Trump face aux puissances émergentes et autres puissances voire le reste du mondes'articule ainsi sur la sécurité extérieure aux facteurs d'ordre interne que sont tant les ressources économiques et la capacité de production des acteurs nationaux que leur culture ou idéologie et les institutions politiques qui les expriment.

La grande stratégie des Etats-Unis d'Amérique de Donald Trump qui représente une feuille de route délimitant les grands objectifs de la politique étrangère américaine serait navigante entre l'isolationnisme et la géoéconomie. Bien que cela ne soit pas officiellement déclarée, il est fondamental de lire le mariage de ces deux stratégies dans le pragmatisme du 45ième président américain.

L'actuel locataire de la maison blanche s'incline partiellement au-devant de la lecture isolationniste dès lors que beaucoup de ses actions font sentir cette odeur ; c'est notamment les différents retraits des USA des accords multilatéraux en l'occurrence l'accord de Paris sur le réchauffement climatique, l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le retrait des financements étatsuniens à l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, le retrait des USA au traité du partenariat transpacifique (...). Trump s'est montré constant dans sa critique du libre-échange qu'il accuse d'avoir porté préjudice aux ouvriers américains. Il a insisté pendant sa campagne sur le fait que son objectif de placer « l'Amériqued'abord »impliquerait la renégociation des accords avec les partenaires commerciaux des USA, afin d'obtenir des termes plus favorables aux intérêts économiques américains.

Trump a affirmé que l'« américanisme », et non le « mondialisme » sera son crédo, exprimant ainsi qu'il est favorable à une certaine forme de protectionnisme3(*). Il est intéressant de noter que la campagne de Trump a même réussi à changer l'opinion des électeurs républicains au sujet du libre-échange : En 2016, 61% d'entre eux pensent que le libre-échange est une « mauvaise » chose contre seulement 32%en 20144(*). Durant sa campagne, Trump s'est engagé à remettre en cause le fondement même de la politique commerciale des USA en renégociant ou, au besoin, en se retirant d'une large série d'accords, comme l'ALENA, le partenariat transpacifique (TPP en anglais), et même de l'organisation mondiale du commerce(OMC). Tout ceci dessine la cartographie isolationniste de l'Administration trumpienne.

Par ailleurs, l'Administration Trump est aussi émaillée d'une certaine dose de la géoéconomie, dont nous avons eu à constater les effets dans le déroulement de ladite Administration. Dans cet ordre d'idées, nous avons eu à le remarquer lors de la récente guerre commerciale déclarée contre l'acier Chinois, contre le Mexique avec la problématique de la construction du fameux mur entre leurs deux frontières. Nos recherches renseignent que Donald Trump avec son protectionnisme accru a déclaré une guerre commerciale contre le monde entier5(*).

L'heure est au changement du champ traditionnel de la guerre internationale pour le placer dans le vocable commercial. Ainsi, l'Administration Trump table sur cette politique et faitintervenirla vieille doctrine de la politique étrangère qui est l'isolationnisme donnant ainsi une feuille de route au nationalisme économique. C'est pour cette raison que nous avons voulu jeter notre dévolu sur l'isolationnisme et la géoéconomie des USA sous Donald Trump.

L'honneur est aux USAd'établir une stratégie navigante entre l'isolationnisme et la géoéconomie, une grille de lecture sur le long terme qui leur permettra de définir ou de redéfinir leurs priorités par rapport au monde. En l'absence d'un tel cadre conceptuel structurant, les réponses aux faits sont incohérentes et réactives et les ressources allouées à ces mêmes réponses les sont en général à court terme. Mais, la façon de déterminer la grande stratégie dépend de la puissance militaro-géoéconomique américaine.D'où la nécessité de problématiser cette question de l'isolationnisme et la géoéconomie des Etats-Unis d'Amérique dans les lignes suivantes.

2. problématique et hypothèse

2.1. Problématique

L'entrée au pouvoir du 45ième président américain en son nom Donald Trump est problématisante dès lors qu'il a eu à recourir à la plus vieille doctrine de la politique étrangère américaine qu'est l'isolationnisme. Cependant, cette dernière n'est nullement la bienvenue de nos jours et ne semble pas être la mieux adaptée face à l'ampleur actuelle des Etats-Unis. Lors de sa campagne, Donald Trump reprend la vieille phrase de James Monroe «  l'Amérique d'abord » ou « l'Amérique aux américains », ce qui poussait les analystes à conclure que Trump est isolationniste. Ainsi élu, Trump a institué un nouvel ordre économique qui est l'isolationnisme avec des recommandations précises parmi lesquelles étaient en bonne place, les mesures géoéconomiques au sens d'Edouard Lutwak6(*).Suite à cela, il fut mis en place une série de décrets qui fut l'état des lieux de l'isolationnisme et de la géoéconomie pendant ce mandat de règne trumpien. C'est notamment le retrait des USA du cop 21, la déractification de l'ALENA, de l'Unesco et la menace de réduire les financements à l'Otan si les Etats membres ne songeraient à consacrer 2% de leur produit intérieur brut au financement dudit traité de l'Atlantique nord. Toutes ces mesures prouvent à combien l'isolationnisme est d'une grande ampleur dans la géoéconomie américaine d'une part, et d'autre part, la géoéconomie symbolisée par un protectionnisme accru traduisant la déclaration d'une série de guerres de nature commerciale contre les partenaires étatsuniens notamment : la guerre commerciale contre la Chine, contre le Mexique, contre l'Union Européenne mais aussi et surtout la remise en question du multilatéralisme et du libre-échangisme. Ladite guerre vise pour l'administration Trump à faire payer des droits douaniers exorbitants à ses partenaires traditionnels précités, afin de restaurer le messianisme de la puissance américaine perdu par ses prédécesseurs.

Poursuivant les efforts pour une Amérique puissante et superpuissante même, Donald Trump nourrit son Administration d'une bonne dose de protectionnisme au nom du nationalisme économique et en défaveur des industriels provenant de ces régions. Tout ceci dans le but de créer de l'emploi pour les américains qui sont favoris.Au fil du temps, le protectionnisme américain fait ressentir ses effets et réactions dans les chefs des concernés. Isolationnisme-géoéconomie, cette question pour autant qu'elle fasse sens, aussi bien sur le plan théorique que sur le plan pratique dans ce contexte de la mondialisation, elle est souvent soulevée et très souvent banalisée alors qu'elle est un débat incontournable dans les Relations Internationales contemporaines. D'où nous avons voulu problématiser cette réalité de manière la plus profonde de sorte à mener une étude minutieuse y relative.

Sur ce, nous ne pouvons pas prétendre être le premier à avoir jeté notre dévolu sur l'isolationnisme et la géoéconomie des USA sous Donald Trump. Le vocabulaire lui-même de l'état de la question désigne un inventaire critique des études et travaux antérieurs en précisant l'apport et les limites de chacun, afin de dégager l'originalité de sa propre étude, par la stigmatisation des points de rupture7(*). En effet, le sujet a été abordé dans les différentes publications, mais pour la précision et concision, les écrits des auteurs suivants ont retenu notre attention, il s'agit de :Jack Thompson, Didier Lucas et Nicolas Dignoire, Bruno Desjardins, Thomas Comart et Laurence Mardon.

Dans son article intitule : « L'Administration Trump et la grande stratégie géoéconomique américaine : Politique de sécurité»8(*), Jack Thompson, pense que Donald Trump, est partisan d'un nationalisme conservateur et populiste, ce qui conduirait Washington à tourner le dos à l'ordre mondial libéral. S'il y a un domaine qui préoccupe les dirigeants américains actuels affirme l'auteur, c'est au moins autant que la géopolitique, c'est l'évolution de l'économie internationale.

L'auteur démontre comment le libre-échange a profité à des millions d'Américains, surtout dans les agglomérations et sur les côtes, et a contribué à une croissance économique nationale relativement constante. Mais, il pense aussi que le développement du libre-échange (et son cousin, l'évolution technologique) a aussi son revers. De nombreux Américains ont vu leurs revenus stagner ou même leurs emplois disparaître, et les inégalités n'ont jamais été aussi grandes. Ces phénomènes ont suscité une forte opposition à la libéralisation des échanges (et à l'immigration) et ont créé de la méfiance vis-à-vis des élites politiques et économiques.

Nous épousons la position de l'auteur, surtout quand il estime que le succès de la campagne présidentielle de Trump a replacé le nationalisme populiste dans la pensée conservatrice. De fait, Trump a désigné le libre-échange et l'immigration comme les responsables du sort de la classe ouvrière blanche, remis en cause des alliances de sécurité scellées de longue date. Trump a replacé le nationalisme populiste dans la pensée conservatrice et a privilégié le protectionnisme.

Plus qu'une excuse, les arguments de l'auteur sont de nature très politico-économique, surtout les conséquences qu'ont apporté les administrations précédentes ayant donné beaucoup plus d'importance au libre-échange porteur de l'effondrement de la puissance économique des Administrations d'avant Trump. Notre analyse se démarque de son étude, dès lors qu'elle aborde l'aspect géoéconomique pour voir le poids de l'isolationnisme dans la géoéconomie des USA sous Donald Trump. Notre analyse estime aussi que l'isolationnisme de Trump impacte sur la géoéconomie de ce pays.Nous sommes d'avis que l'isolationnisme est porteur des conséquences positives que négatives dans la géoéconomie américaine surtout quand il est l'espoir des emplois pour les nationaux, mais privant aussi l'Amérique de ses marchés traditionnels au sein desquels les Etats-Unis avaient une très large influence.

Dans son article « La géoéconomie : stratégie des Etats Unis : Pourquoi Washington tente de déstabiliser les entreprises françaises ? »,9(*) Didier Lucas et Nicolas Dignoire, démontrent comment le XXIè siècle n'a pas seulement accouché d'un Empire, il a par ailleurs affirmé l'émergence d'un nouveau bipolarisme économique. Du moins, c'est la thèse défendue par Washington depuis les évènements de septembre 2008. Pour Washington, la France serait à l'origine de financement de terrorisme en Irak. D'où il faudrait lui déclarer une guerre commerciale pour la contrecarrer de financer la reconstruction de l'Irak ennemi Juré des USA à cause de son terrorisme.

Les auteurs analysent comment le nouvel ordre a vu potentiellement s'affronter la première puissance économique et technologique de la planète face à des Etats émergents, parmi les plus pauvres du globe, coupables d'encourager le développement du terrorisme international. De son côté parce qu'elle s'opposée ouvertement aux Etats-Unis à propos de la guerre en Irak, la France s'est rendue coupable de trahison selon Condozella Rice. La nouvelle Secrétaire d'Etat estimait à l'époque que surviendrait le temps de la punition. L'éviction des entreprises hexagonales, des appels d'offres dans les marchés de reconstruction de l'Irak a signifié la volonté de sanctionner les sociétés françaises. Cela s'apparente bel et bien à une stratégie de guerre commerciale.

Contrairement à ce que ces auteurs pensent dans leur réflexion, nos analyses géoéconomiques ne ciblent pas seulement les entreprises francaises, mais elles prennent en compte les Etats entiers et les entreprises. Par ailleurs, les auteurs analysent les faits géoéconomiques sous Obama, alors que nous, nous décryptons ceux ayant trait à l'Administration Trump. Ils font des analyses géoéconomiques sous l'ordre économique libéral, par contre nous, nous faisons la remise en question de cet ordre libéral car, incompatible à l'idéologie trumpienne.

Dans leur article intitulé : « La stratégie de la guerre commerciale : le pire est à l'avenir 10(*)», Thomas Comart et Laurence Mardon font une analyse futurologique de la stratégie de guerre commerciale annoncée par Donald Trump. Ils abordent les promesses de campagne de Donald Trump dont ils évaluent la pertinence et la chance de réussite. Les auteurs démontrent comment Trump a réalisé son rêve de retirer les USA du partenariat transpacifique(PPT). Ils mettent l'accent sur les conséquences que peut apporter ce retrait sur ces partenaires notamment : le Japon, Vietnam ou l'Australie et affirment que ces conséquences peuvent être effectives si les USA ne développent pas des relations bilatérales avec le Japon.

Les analyses des auteurs s'éloignent de notre étude, quand ils estiment que le retrait des USA du traité transpacifique prive l'occident d'un instrument de pressions sur la Chine et redonne du souffle à celle-ci de détenir une longue marge de manoeuvre pour assurer un rôle central dans l'économie mondiale. Pour les auteurs, le retrait des USA de l'ALENA vise à installer la peur dans leurs partenaires nord-américains.

Les auteurs nous rencontrent quand ils estiment que l'isolationnisme des USA ou le repli sur soi de ce pays met en difficulté les exportateurs américains qui ont pour marchés traditionnels le Canada, le Mexique la Chine. Nous estimons ensemble avec les auteurs que la remise en cause de l'ALENA priverait aux producteurs américains d'un accès privilégié aux marchés canadien et celui mexicain et pourra entrainer des pertes énormes chez les agriculteurs américains. Cela pourra une fois de plus entraîner un esprit de compétitivité aux produits américains sur les marchés traditionnels.

Notre analyse quant à elle, se démarque de celle de ces auteurs en ceci que les retraits des différents accords par les USA, ne sont pas à interpréter comme une faiblesse de leur part, ou encore moins le signe d'une solitude, mais bien au contraire l'expression d'une hégémonie américaine sur leurs partenaires pour les inviter aux aises économiques des USA. En plus, les analyses des auteurs sont futurologiques et relativistes, la nôtre quant à elle est imminente et pragmatique, car elle fait voir les conséquences de la guerre commerciale contre l'acier chinois grande source de revenu du côté chinoisque américain dès lors quela plupart de son économie et investissements sont tournés vers les USA, alors que les USA ont un grand marché qui est l'Europe.

Dans son article : « la montée du protectionnisme américain et les perspectives d'une guerre commerciale »11(*), Bruno Desjardins fait une analyse des risques de la guerre commerciale déclenchée par les USA sur l'économie mondiale. Il pense que ces risques ont de toutes évidences augmentées aux cours de ces derniers mois. Les premières salives américaines suivies par les représaillesdes autres pays sont sources de tension.

L'auteur nous inspire dès lors qu'il estime que la géoéconomie américaine a comme arme le protectionnisme économique symbolisé par la hausse exagérée des barrières tarifaires. L'auteur rencontre notre assentiment surtout quand il s'incline au-devant de l'argument selon lequel, le penchant protectionniste clamé haut et fort par Trump traitant l'ALENA de pire accord commercial jamais signé nulle part dans le monde l'a aidé à gagner les élections en 2016.

Au regard de tout ce qui précède, notre problématique est formulée de la manière suivante : Comment l'isolationnisme influe-t-il sur la géoéconomie des USA sous Donald Trump ? Cette question constitue même l'ossature même de notre étude et nous permet ainsi d'aborder dans les lignes qui suivent nos hypothèses.

2.2. Hypothèse du travail

L'organisation d'une recherche autour des hypothèses du travail scientifique, constitue le meilleur moyen de la mener avec ordre et rigueur sans sacrifier pour autant l'esprit de la découverte et de curiosité propre à tout effort intellectuel digne de son nom. Bien plus, un travail scientifique ne peut être à notre avis considéré comme une véritable recherche s'il ne se structure pas autour d'une ou de plusieurs hypothèses. Nous notons à ce propos, que l'hypothèse est un esprit de découverte qui caractérise tout travail scientifique. L'hypothèse ainsi fondée sur une réflexion théorique et sur une connaissance préparatoire du phénomène étudié, elle se présente comme une présomption non gratuite bien-sûr portant sur le comportement du phénomène étudié.

Pour notre part,Donald n'hésiterait jamais de fustiger le multilatéralisme en qualifiant l'Organisation mondiale du commerce comme un « désastre », appelant à renégocier l'Accord du libre-échange nord-américain, qui aurait couté des millions d'emplois à la classe moyenne américaine, et l'abandon de trans pacific partenership (TPP) tout fraichement signé, mais non encore ratifié par le congrès12(*).Trump serait favorable au libre-échange, à condition que ça soit sur des bases loyales. Les analystes jugeraient les propos de l'actuel locataire de la maison blanche d'incontestable protectionniste et isolationniste. Trump s'opposerait au libre-échange traditionnel. Il promet l'isolationnisme économique si et seulement si le libre-échange ne serait de nature loyale.Pour faire revenir beaucoup plus d'emplois sur le territoire américain, Trump déclare le payement des droits de douane exorbitant de 25% à 45% sur tous les produits provenant du Mexique et de la Chine. C'est sur la seconde qu'il concentre ses critiques allant au nom de la sauvegarde de l'indépendance économique américaine jusqu'à déclarer une guerre commerciale contre Pékin, qu'il accuse de se livrer en toute impunité à une manipulation de sa devise pour gagner en compétitivité.Après s'être retiré de l'ALENA, Donald Trump proposerait encore des mesures pour se retirer de l'OMC, il protège sa posture de la guerre commerciale contre la Chine13(*).

Nous pensons ensemble avec Alexandra de Hoop Scheffer que le fil conducteur de la politique étrangère de Trump qui est l'isolationnisme ou « AmericaFirst », aurait pour mission de satisfaire à ceux qui ont voté pour lui et pousserait les États-Unis à se retirer partiellement des affaires mondiales et des guerres ; cela aurait comme impact de mettre fin aux déficits commerciaux avec les pays tant critiqués par Trump pendant sa campagne (ALENA, Union européenne, Japon, Chine)14(*).Or, l'isolationnisme oeuvrerait en faveur du principe de « la paix par la puissance », et du nationalisme économique passant par leprotectionnistepour restaurer le messianisme géoéconomique des USA longtemps perdu, en travaillant avec des alliés au sein de la Maison blanche.

Nous constaterons que l'isolationnisme influerait sur la géoéconomie américaine tant négativement que positivement. Négativement dans le sens où il laisserait à d'autres puissances économiques mondiales un champ livre leur permettant d'exercer une hégémonie économique dans les pays où l'Amérique était seule maîtresse du point de vue économique. Positivement parce que l'isolationnisme trumpien aurait permis à l'Amérique à renégocier plus d'un accord pour obtenir des termes plus favorable aux intérêts américains en l'occurrence l'ALENA devenu désormais l'accord des Etats-Unis-Mexique-Canada.

3. Choix et intérêts du sujet

3.1. Choix du sujet

De nos jours, l'un des sujets qui font polémique sur la scène internationale et qui risque d'empêcher la marche à bon port de l'ordre économique mondial en grande partie libéral estl'isolationnisme et la géoéconomique qu'affiche l'Administration Trump. De ce fait, nous n'avons pas voulu passer inaperçu cette question d'autant plus qu'elle est une partie intégrante des relations internationales contemporaines. C'est en ceci que nous y avons fixé notre oeil en tant que chercheur internationaliste en émergence.

3.2. Intérêt de l'étude

3.2.1 Intérêt scientifique

Scientifiquement parlant, étant donné que la science demeure toujours universelle, il nous est difficile de nous approprier la connaissance. C'est ainsi que la présente étude est une mise à jour à la disposition des autres chercheurs d'une analyse documentée sur l'isolationnisme et la géoéconomie des Etats-Unis d'Amérique sous Donald Trump, c'est-à-dire cette étude est un apport indéniable qui sert de référence à tout chercheur intéressé de mener ses investigations dans le domaine précité.

3.2.2 Intérêt sociétal

Sur le plan sociétal, cette étude est d'une importance considérable dans la mesure où elle actualise le débat sur l'isolationnisme et la géoéconomie des USA, mettant ainsi en lumière les défis et les opportunités de ces deux grandes stratégies de l'Administration trumpienne. Par cette même occasion, notre souci est celui d'interpeller la conscience et mettre à la disposition de la population du monde et particulièrement celle des Etats-Unis d'Amérique les résultats vérifiés de nos investigations, ceci étant donné qu'elle est souvent victime des désinformations méritant un éclaircissement digne d'un chercheur émergent en Relations Internationales que nous sommes.

3.2.3. Intérêt académique

A ce niveau, les instructions académiques veulent qu'à l'issue de chaque cycle, l'étudiant confectionne un travail scientifique dans son domaine qui sanctionnera la fin de ce dernier. C'est donc en amont pour répondre à cette exigence académique et en aval, pour concilier notre rêve à la réalité qui est celui de l'exercice à la réflexion et à la rédaction d'un travail scientifique.Il en découle que l'intérêt est aussi à puiser dans le parachèvement de notre cycle de licence en Relations Internationales.

4. Méthodologie de la recherche

La méthodologie de la recherche s'avère être incontournable pour celui qui entend s'initier à une science, car elle renvoie à la connaissance des règles, étapes et procédures auxquelles les scientifiques recourent pour faire de la science et expliquer l'univers scientifique15(*). Cette méthodologie s'étale sur la méthode et une technique dans le cadre de notre étude.

4.1. Méthode de travail

En ce qui nous concerne,nous optons pour la méthode historique, qui comble les lacunes des faits et événements dans le temps et dans l'espace bien précis. Pour cette méthode, il ne s'agit nullement de raconter l'histoire comme son nom l'indique, mais au contraire de faire un état de lieu critique sur l'isolationnisme dans la géoéconomie des Etats-Unis d'Amérique sous le règne trumpien, tout en démontrant leurs faits radiateurs, leurs forces et leurs faiblesses en s'appuyant sur un temps précis.

4.2. Technique de recherche

Quant à nous, nousrecourons à la technique documentaire, pour consulter certains documents écrits et publiés en rapport avec notre sujet en étude. C'est notamment : des ouvrages, publications officielles, des encyclopédies, des articles et revues, des thèses, des mémoires de DEA et certaines données webographiques.

5. Délimitation de l'étude

Toute recherche scientifique doit s'effectuer dans un cadre limité. Ainsi, pour ce travail il nous est impossible d'examiner au fond notre sujet en étude sans avoir dégagé au préalable une délimitation dans le temps, dans l'espace et celle typologique. Le but poursuivit étant celui qui consiste à éviter de donner à notre étude une connotation vague et ambiguë.

5.1. Délimitation temporelle

Chronologiquement, il faut noteravec Emmanuel Mounier que « la délimitation temporelle n'est restrictive, car, pour bien comprendre son origine, on a tout intérêt de faire appel aux phénomènes et à la période comme point de départ. Pour autant, restreindre son champ d'investigation ne devait pas être interprété comme une attitude de faiblesse et de fuite de responsabilité de la part du chercheur, mais bien au contraire comme une contrainte de la démarche scientifique ».16(*)

Temporellement, cette étude couvre la fourchette de temps allant de l'année 2016 en 2019.

Ø 2016 : c'est l'année qui correspond respectivement à l'élection de Donald Trumpavec après une campagne électorale marquée par l'argumentaire isolationniste et protectionniste.

Ø 2019 : l'année voit les USA envisager une guerre commerciale déclarée contre l'acier Chinois, contre le Mexique avec la problématique de la construction du fameux mur entre leurs deux frontières. Donald Trump a, au cours de la même année envisagé un protectionnisme accru et a déclaré une guerre commerciale contre le monde entier tout en remettant en cause le libre-échangisme et le multilatéralisme17(*).

5.2. Délimitation spatiale

Notre champ d'investigation sont les Etats-Unis d'Amérique car, au lendemain de son élection à la magistrature suprême des Etats-Unis, Donald Trump s'approprie du slogan « America first », littéralement, l'Amérique d'abord, ce qui va innover un débat houleux dans les chefs de chercheur, arrivant même à qualifier l'actuel locataire de la maison blanche d'un isolationniste ou néo-isolationniste avisé.Poursuivant sa gouvernance, Donald Trump, nourrit sa vision antipode au libre-échangisme en déclarant une série des guerres commerciales dont : la guerre commerciale contre la Chine, le Mexique, l'Union Européenne. Tout ceci porte à croire à combien la géoéconomie a sa raison d'être dans le déroulement de règne Trump.

Ces deux angles innovateurs rencontrent mieux notre étude, raison pour laquelle, nous avons choisi, les USA comme une référence de notre étude.

5.3. Délimitation typologique

Les exigences de l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine épousent mieux l'économique internationale. Cela revient à relever que la géoéconomie est et reste la stratégieprivilégiéeet occupe une place de choix dans le débat des Relations Internationales contemporaines surtout en ce qui concerne sa filière de l'économie internationale.

6. Théorie explicative de l'étude

Pour conduire à bon port cette recherche, nous optons pour la théorie réaliste. Le réalisme plonge sans doute ses racines dans une longue tradition qui remonte à l'Antiquité, avec notamment Thucydide, Nicolas Machiavel18(*), et prend une forme particulièrement structurée dans des oeuvres telles que celle de Thomas Hobbes, au XVIIe siècle, privilégiant la dimension conflictuelle des relations internationales et insistant sur l'anarchie caractéristique de la société internationale19(*).Cependant, le réalisme contemporain, en tant que paradigme des relations internationales, émerge comme le rejet d'une vision idéaliste de ces relations, apparue au lendemain de la première Guerre mondiale.

Le courant réaliste des relations internationales, représenté notamment par George Kennan, George Schwartzenberger, Kenneth Thompson, Arnold Wolfers, E. H. Carr, Henri Kissinger, a eu comme chefs de file aux États-Unis Hans Morgenthau et en France Raymond Aron.Pour Hans Morgenthau, dont l'ouvrage clé Politics among Nations paraît en 1948, les relations internationales sont marquées du sceau du conflit, en raison des pulsions agressives inscrites dans la nature humaine, ainsi que de la nature anarchique et non intégrée du système international, caractérisé par l'absence de toute autorité capable d'imposer à ses membres un ordre contraignant. Selon lui, l'humanité n'a pu engendrer que des solidarités politiques partielles sous forme d'États souverains, la société internationale restant fragmentée.

Dans cette perspective, le comportement des États est mû par la recherche de l'intérêt national exprimé en termes de puissance. L'État est l'acteur central des relations internationales, et ces dernières ont pour dynamique l'évolution du rapport des forces entre les États. La politique étrangère a pour préoccupation principale la sécurité de l'État et les choix en matière de politique étrangère sont des choix rationnels qui sont opérés en fonction de l'intérêt national.Pour Morgenthau, « la politique internationale peut être définie [...] comme un effort continuel pour maintenir et accroître la puissance de sa propre nation et pour restreindre ou réduire la puissance des autres nations »20(*). Sans parvenir à effacer la nature profondément anarchique du système international, la politique étrangère des États peut toutefois assurer la recherche d'un certain ordre minimal, un équilibre dans le rapport des forces, notamment à travers la diplomatie, l'économie, le développement du droit international et celui des organisations internationales.

Bien que partageant l'essentiel de la vision réaliste de Morgenthau et de son rejet de l'illusion idéaliste, Raymond Aron, philosophe sceptique, refuse d'élaborer une théorie de la nature humaine et se livre à une analyse sociologique du champ « diplomatico-stratégique » mettant l'accent sur la nature non intégrée de ce dernier. Pour lui, le trait spécifique des relations internationales réside dans « la légitimité et la légalité du recours à la force de la part des acteurs»21(*). Il considère que les réalistes américains ne prennent pas suffisamment en compte la différence existant entre la politique interétatique et la politique intraétatique. Il note que les États « n'ayant pas renoncé à se faire justice eux-mêmes et à demeurer seuls juges de ce qu'exige leur honneur, la survie des unités politiques dépend, en dernière analyse, de l'équilibre des forces et, les hommes d'État ont le devoir d'être soucieux d'abord de la nation dont le destin leur est confié.

La nécessité de l'égoïsme national dérive logiquement de ce que les philosophes appelaient l'état de nature qui règne entre les États »22(*).En outre, Aron se dissocie de Morgenthau, car il considère la notion de puissance à laquelle recourt ce dernier comme imprécise, et la notion d'intérêt national comme dépourvue de signification, car variant d'une situation et d'un État à l'autre.

Au moins les postulats de ces auteurs(Hans Morgenthau et Raymond Aron) rencontrent l'assentiment de notre étude, surtout qu'ils posent que :

ü L'Etat est le seul ou le principal acteur le plus important des relations internationales.23(*) Ce postulat épouse mieux notre étude, car toutes les actions que mène l'administration Trump prime la nation américaine.

ü Pour Hans Morgenthau la puissance et la quête de la puissance constitue le fondement de toute politique entre Etat24(*). Ce deuxième postulat du réalisme, rencontre mieux notre étude dès lors que toute série des mesures protectionnistes de l'administration Trump  est pour restaurer la puissance américaine perdue par ses prédécesseurs et son leadership.

ü L'intérêt national est le principe monteur de toute politique étrangère et ce concept d'intérêt se définit en termes de puissance25(*). Dans ce troisième postulat, nous tirons comme leçon que l'isolationnisme économique de Trump est pour apporter beaucoup d'emplois aux américains afin de garantir l'intérêt national.

7. Subdivision du travail

Hormis l'introduction et la conclusion, cette réflexion se structure en quatre chapitres qui se subdivisent en sections et paragraphes.

Ø Le premier chapitre s'articule autour du cadre conceptuel. il s'agit de revisiter les notions sur l'isolationnisme, la géoéconomie et leurs notions connexes.

Ø Le deuxième chapitre se voue de présenter le cadre d'étude, c'est une présentation tablant sur le cadre géographique, politique et économique.

Ø Le troisième circonscrit la politique étrangère des USA. le gros de ce chapitre est d'élucider les institutions et histoire de la politique étrangère des USA, quelques fondements théoriques de ladite politique et livrer les analyses de cette politique étrangère sous Georges Bush fils, Barack Obama et Donald Trump.

Ø Le quatrième et dernier chapitre va évaluer l'impact de l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine sous Donald Trump.Il s'agit de faire l'état de lieu de l'isolationnisme et de la géoéconomie pour mesurer le poids du premier sur le deuxième.

CHAPITRE I :LE CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE

Avant d'entrer dans le vif de cette dissertation, il importe de saisir ses contours notionnels. Il s'agit des notions sur l'isolationnisme et la géoéconomie.

Section. I. LES NOTIONS SUR l'ISOLATIONNISME

Cette section circonscrit l'origine de l'isolationnisme, son contenu et son évolution.

§1. L'origine du concept

L'idée de « non engagement » fut exprimée d'abord par le premier président américain Georges Washington (de 1789-1797) dans son discours d'adieu prononcé en 1796 : « notre grande règle de conduite envers les nations étrangères est d'étendre nos relations commerciales afin de n'avoir avec elles qu'aussi peu des liens politiques qu'il est possible. Autant que nous avons déjà formé des engagements remplissons-les, avec une parfaite bonne foi. Et tenons-nous-en là. L'Europe a un ensemble d'intérêts primordiaux, qui avec nous n'ont aucun rapport ou alors très lointain. Par conséquent elle est engagée dans les fréquentes polémiques dont les causes sont essentiellement étrangères à nos soucis. Par conséquent donc il est important pour nous de s'impliquer, à cause des liens artificiels, dans les vicissitudes ordinaires de sa politique ou les combinaisons et les conflits ordinaires de ses amitiés ou des inimitiés 26(*)». Pour Georges W., un certain nombre des questions mérite d'être posé :27(*)

ü Pourquoi renoncer aux avantages d'une situation aussi particulière ?

ü Pourquoi quitter notre propre sol pour nous tenir une terre étrangère ?

ü Pourquoi, en entrelaçant notre destin avec celui d'une quelconque part de l'empire, empêtrer notre paix et notre prospérité dans les labeurs des ambitions, des rivalités, intérêts ou caprices européens ?

L'idée de l'isolationnisme a été reprise par Jefferson (deuxième président des USA de 1801-1809) et puis par Monroe(troisième président américain des USA de 1817-1825), qui en fin fonde une doctrine appelée « l'isolationnisme », pour faire entendre « l'Amérique aux américains ». L'origine de l'isolationnisme nous permet d'aborder par la suite son contenu.

§2. Le contenu de l'isolationnisme

L'isolement géographique des États-Unis a amené dès sa création un courant isolationniste, incitant le pays à rester à l'écart des relations internationales. Ce courant isolationniste s'est maintenu jusqu'à l'acquisition de la bombe atomique par l'Union Soviétique, rendant illusoire la croyance en la protection des océans qui était toujours dans les esprits. George Washington, dans son « discours d'adieu » de 1787, affirme ne pas vouloir créer de liens artificiels avec l'Europe afin de ne pas laisser dépendre la paix et la prospérité américaines de l'ambition, de la rivalité, de l'intérêt, de l'humeur ou du caprice des Européens.

Toujours dans l'optique de ne pas avoir à traiter avec les Européens, la doctrine de Monroe, telle qu'interprétée vers 1850, donne aux États-Unis la fonction de défendre le continent américain contre les empiétements des puissances européennes. Cet aspect moraliste de leur politique étrangère, soit la défense des peuples face à la domination européenne par la protection des États-Unis, affirme leur hégémonie sur le continent et implique que celui-ci devienne une zone d'influence américaine. Ainsi, même à cette époque, les intérêts nationaux étaient défendus dans la politique étasunienne.

À la fin du XIXième siècle, avec la naissance de l'impérialisme américain, les principes moraux sont évoqués au même titre que les intérêts nationaux pour justifier l'expansionnisme américain28(*).L'isolationnisme devient une tendance de lapolitique étrangère des États-Unis pour une intervention minimale dans les affaires du monde. Il a longtemps été l'un des fondements de la politique étrangère des États-Unis, érigé en doctrine par le président James Monroe en 1823. Il a été historiquement défendu par les deux franges de l'échiquier politique américain, mais il a été mis à mal aux XXième et XXIième siècles.

Avec George Washington : partisan de l'isolationnisme.À l'origine historique de l'isolationnisme américain était la volonté de maintenir une politique consensuelle vis-à-vis des anciennes puissances colonisatrices (surtout le Royaume-Uni et la France). En effet, le président George Washington, lors de son second mandat, devait faire face à deux courants. Le premier courant, défendu par le secrétaire au Trésor, Alexander Hamilton, voulait un rapprochement avec le Royaume-Uni au détriment de la France. Le second courant, mené par Thomas Jefferson, qui était sympathique à la France, s'opposait à toute concession aux ex-colonisateurs, surtout au Royaume-Uni.

Un extrait du « message d'adieu » de Washington, écrit par Hamilton, explique le principe : « La grande règle vis-à-vis des nations étrangères est, en étendant nos relations commerciales, de n'avoir avec elles qu'aussi peu de liens politiques qu'il est possible.... L'Europe a toute une série d'intérêts de premier plan qui ne nous concernent pas ou qui ne nous touchent que de très loin.... Notre véritable politique doit être d'éviter des alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du monde étranger »29(*). La souveraineté absolue et la liberté entière des États-Unis sont ainsi postulées.

A travers cette doctrine, les USA promettaient de ne pas s'engager dans les affaires européennes alors qu'ils regardaient toute intervention des Etats européens sur le continent américain comme une agression. Cette clause était prévue pour protéger les Etats indépendants d'Amérique latine des prisées coloniales des Etats Européens.Au demeurant, l'isolationnisme ou la doctrine Monroe dont Jefferson et Monroe furent les fondateurs sinon les défenseurs devient un véritable courant de la politique étrangère américaine défendu jusqu'aujourd'hui par la bonne partie de l'opinion et des décideurs américains. C'est une forme déguisée d'interventionnisme ou impérialisme limité au continent américain, géostratégiquement découpé de l'Europe continental et des visées impériales. Il s'agit en filigrane, de défendre la thèse du continent américain «  chasse gardée des USA », dont sa politique étrangère a décliné sa facette au cours la guerre froide.C'est une sorte d'impérialisme dirigé d'abord vers l'Amérique latine qui donne lieu à une formulation théorique avec corollaire Roosevelt de la doctrine Monroe en 1904 soulignent Pascal Gauchon et Jean-Marc Huissoud30(*). L'isolationnisme ainsi né et connu comme une véritable doctrine de la politique étrangère américaine devrait connaitre une évolution d'autant plus que les réalitéssociales restent mouvantes.

§3. L'évolution de la doctrine Monroe ou l'isolationnisme

Le 02 décembre 1823, lors d'un discours auCongrès, le président Monroe énonce le principe de ce qui deviendra la doctrine Monroe. Il annonce que le continent américain est fermé à toute tentative de colonisation européenne, et aucune intrusion dans la politique américaine de la part des États européens ne sera tolérée. En contrepartie, les Américains ne feront pas d'intrusion en Europe.

Au fil du temps, il y a interruption de l'isolationnisme par Woodrow Wilson. Avec le retour des démocrates à la Maison Blanche en 1912, l'isolationnisme devient la base de la politique étrangère américaine. Après s'être opposé à toute grande intervention extérieure, Woodrow Wilson est réélu en 1916 avec le slogan « Il nous a gardé hors de la guerre »31(*).Plus de 115 000 soldats américains auront perdu la vie pendant le conflit de la Première Guerre mondiale, et plus de 200 000 seront blessés, après que Wilson décide que son pays doit se joindre à la guerre.

Avec la rédaction des quatorze points de Wilson et la signature des traités de paix après la guerre, Wilson effectue la première visite à l'étranger d'un président des États-Unis en exercice et tente de promouvoir sa doctrine d'une diplomatie ouverte et pacifique. Pour cela, il compte sur la Société des Nations dont il soutient la création32(*).Le Congrès refuse de se joindre et ne ratifie pas le traité fondateur de l'organisation. Cela aurait supposé mettre un terme à l'isolationnisme américain, qui était encore très populaire.

Le Retour de l'isolationnisme pendant les années 1920 et 1930 était causé par le fait que la Société des Nations n'est pas respectée par les régimes autoritaires, et son échec lors de laseconde guerre italo-éthiopienne scellera son sort. Les États-Unis entrent alors dans une période d'isolationnisme. Cette tendance se renforcera avec la crise de 1929 et le présidentFranklin Roosevelt ne parviendra pas à intéresser ses concitoyens au conflit qui se déroule en Europe et en Asie pendant les années 1930.Il faudra attendre la Charte de l'Atlantique et l'attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 prétexte pour entrer en guerre. Les États-Unis reviennent aux affaires du monde. À partir de ce moment-là, le retour à l'isolationnisme américain semble impossible.

ü La fin de l'isolationnisme

Le 11 juin 1948, le Sénat des États-Unis adopte la résolution Vandenberg, qui permet au gouvernement américain de conclure des alliances militaires en temps de paix, ce qui confirme l'abandon de la doctrine isolationniste traditionnelle33(*).Partisans modernes ou l'extrême droite de l'échiquier politique, les isolationnistes fondent leur conviction sur un point de vue moral voire religieux du monde et de la place que doivent y occuper les États-Unis.Ainsi, les fondamentalistes chrétiens pensent que seuls les États-Unis peuvent leur offrir un cadre au niveau de leur exigence morale. C'est pourquoi ils s'opposent à l'ONU, et le pasteurPat Robertson, par exemple, affirme qu'il y a un complot onusien pour étouffer la première puissance mondiale.

Cette tendance peut, à l'instar de leurs pendants libéraux, s'ajouter à une critique du libre-échange. C'est ainsi que l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a été la cible de leurs critiques. De même, Ross Pérot, candidat à la présidence en 1992, et Pat Buchanan,candidat à la présidence en 2000, dénoncent le commerce avec le Mexique et défendent un repli de l'Amérique sur elle-même et ses valeurs.

Cette tendance se traduit enfin par une opposition à ce que les États-Unis paient leur contribution aux Nations Unies. Lorsque Jesse Helms, sénateur de Caroline du Nord et président du comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, bloque cette contribution, déclare : « Les Américains sont alarmés par les prétentions de la part de l'ONU d'exercer un monopole de légitimité internationale. Ils y voient une menace aux libertés qui viennent de Dieu, une exigence politique sur l'Amérique et ses dirigeants élus sans le consentement de la population34(*). »

Pour le Centre droit, le programme de George W. Bush en 2000 se veut isolationniste : il souhaite que l'Europe fournisse davantage d'efforts pour sa propre sécurité et envisage un désengagement rapide des États-Unis des conséquences des Guerres de l'ex-Yougoslavie, dans les Balkans35(*).

Après les attentats du 11 septembre 2001, l'Administration Bush se rapproche de la lignenéo-conservatrice et applique une politique interventionniste, qui est appuyée sur le principe de guerre préventive (guerred'Afghanistan, guerre d'Irak)36(*).En 2015 et 2016, Donald Trump fait campagne sur le thème non-interventionniste et devient président isolationniste voir néo-isolationniste37(*).

Le Centre gauche pour sa part, à partir de la fin du XIXe siècle, un mouvement contre les politiques impérialistes de l'époque oppose les moyens engagés dans ces politiques aux politiques sociales internes et aux valeurs de démocratie. William Jennings Bryan est à la tête de ce mouvement et se porte trois fois à la candidature de la présidence.Pour l'historien William Appleman Williams, les États-Unis ont bâti leur prospérité sur ce qu'ils ont pris des autres pays. Il dénonce un« empire comme manière de vivre »38(*). L'extrême gauche rejette souvent le capitalisme mondial et la politique extérieure actuelle et souhaite consacrer une part importante du PIB aux programmes sociaux plutôt qu'aux programmes de défense. C'est une partie de la ligne de Ralph Nader, candidat du parti vert en 2000.

De nos jours, le 45ième président américain Donald de Trump reprend l'isolationnisme comme fondement de sa politique étrangère. Il s'oppose au mondialisme et prône l'américanisme. Donald Trump va matérialiser son isolationnisme en annonçant les différents retraits des USA aux accords internationaux, notamment : l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA), l'accord de Paris sur le réchauffement climatique(COP21),(...)39(*). Trump renauve son isolationnisme en y accordant beaucoup plus une nature économique. Dans sa fameuse phrase : « america first » ou « l'Amérique d'abord », Trump dénonce les accords signés par ses prédécesseurs qu'il accuse d'avoir profité aux rivaux des USA. Pour lui, il faut soit se désengager de ces accords, soit les renégocier à condition qu'ils accordent des dividendes importantes aux américains.C'est ainsi qu'il va mettre en oeuvre trop de mesures protectionnistes.

La particularité de l'isolationnisme trumpien, réside en ceci qu'il s'oppose à toute intervention des USA dans le multilatéralisme et le libre-échangisme. Ainsi, Trump, préconise le bilatéralisme et les retraits du multilatéralisme. L'isolationnisme des trumpien est très économique, financier que politique contrairement à Georges W., Jefferson et James Monroe. C'est en ceci qu'il a innové cette doctrine de longue haleine de la politique étrangère américaine. Trump est pour certains chercheurs un néo-isolationniste dans le sens où il évoque l'isolationnisme pas au sens du continent américain comme ce fut le cas avec ses prédecesseurs, mais au sens des intérêts américains en tant qu'Etat souverain. Ceci étant, nous abordons la deuxième notion de cette analyse qui est la géoéconomie dans la suite.

Section II. LA GEOECONOMIE

Avec la fin de l'antagonisme bipolaire et l'effondrement du communisme sur l'échiquier international, les chercheurs, les chefs politiques et les Etats devraient se trouver une nouvelle stratégie leur permettant d'expliquer la domination du monde. C'est la géoéconomie.

Ainsi, cette section se veut une lecture d'une approche définitionnelle de la géoéconomie, de son contenu et son évolution et ses précurseurs.

§1. L'approche définitionnelle

Selon Pascal Lorot, « la géoéconomie analyse les stratégies d'ordre économique notamment commerciales, décidées par les États dans le cadre de politiques visant à protéger leur économie nationale ou certains pans bien identifiés de celle-ci, à aider leurs "entreprises nationales" à acquérir la maîtrise de technologies et/ou à conquérir certains segments du marché mondial relatifs à la production ou à la commercialisation d'un produit ou d'une gamme de produits sensibles, en ce que leur possession ou leur contrôle confère à son détenteur « État ou entreprise « nationale » un élément de puissance et de rayonnement international et concourt au renforcement de son potentiel économique et social »40(*).Il précise que « La géoéconomie s'interroge sur les relations entre puissance et espace, mais un espace "virtuel" ou fluidifié oùses limites bougent sans cesse, c'est-à-dire donc un espace affranchi des frontières territoriales et physiques caractéristiques de la géopolitique41(*).La géoéconomie est en outre une analyse des stratégies économiques diligentées par les États dans le cadre de la défense ou de l'aide au développement au sens de protégerleurs entreprises nationales vis-à-vis du contexte concurrentiel mondial42(*).

Selon Nicolas Firzli, directeur du Forum Mondial des Fonds de Pension, la géoéconomie opère à l'aide des «lois de la gravitation géoéconomique» qui régissent les rapports entre les nations depuis la fin de la Guerre froide, s'articulant autour de cinq éléments essentiels : autosuffisance financière, existence d'infrastructures de transport modernes et d'unsystème de retraite solide , attractivité territoriale et capacité à projeter le `soft power ' diplomatique et culturel au-delà des frontières nationales et/ou régionales43(*).

Edward Luttwak quant à lui, la cerne comme étant «l'analyse des stratégies d'ordre économique décidées par les Etats qui peuvent agir en liaison avec les entreprises de leur pays, pour protéger et développer leur économie nationale et maitriser les technologies sensibles, améliorer leur compétitivité commerciale, conquérir des marchés extérieurs et définir les secteurs d'activités économiques considérés comme stratégiques44(*) ».

Pour notre part, la géoéconomie est une guerre des Etats menée au moyen du commerce par la conquête des marchés étrangers et la protection des marchés locaux. Après l'avoir définie, nous passons en revue de son contenu dans les lignes qui suivent.

§2. Le contenu de la géoéconomie

A la fin de la guerre froide, il a été suggéré que la géoéconomie pouvait succéder à la géopolitique : il n'y avait des perspectives d'affrontement militaire entre les deux blocs. Place à la rivalité économique.

Le géopolitologue américain Edward Luttwak évoquait un nouvel ordre mondial ou l'arme économique aurait remplacé l'arme militaire comme principale instrument de puissance au service des Etats. Selon lui, « les menaces militaires et les alliances ont perdu leur importance avec la pacification des échanges internationaux dès lors que les priorités économiques ne sont plus occultées et passent au premier plan. ». La géoéconomie serait l'analyse des stratégies d'ordre économique décidées par les Etats qui peuvent agir en liaison avec les entreprises de leur pays, pour protéger et développer leur économie nationale et maitriser les technologies sensibles, améliorer leur compétitivité commerciale, conquérir des marchés extérieurs et définir les secteurs d'activités économiques considérés comme stratégiques45(*).

Le fait de définir une nouvelle discipline qui allait s'ajouter, voire supplanter la géopolitique, était très caractéristique d'une époque où le monde occidental ayant gagné la guerre froide, nourrissait la chimère d'un monde pacifié et vivant sous sa domination tranquille. C'était l'époque de la théorie de la fin de l'histoire développé par Francis Fukuyama, selon laquelle le monde occidental ayant désormais imposé son modèle d'économie de marché et démocratie libérale, il n'y aurait d'affrontement46(*). Il en était fini de l'histoire au sens hégélien du terme. La suite des évènements a fait voler en éclat cette théorie occidentale triomphaliste. Des affrontements stratégiques, pour prendre d'autres formes que ceux dominant pendant la guerre froide, n'en ont pas moins subsisté lourdement.

Par ailleurs, les rivalités économiques ont toujours fait partie de stratégies d'affrontement géopolitique ; de blocus aux sanctions de la clause de la nation la plus favorisée dont l'attribution a toujours été un enjeu stratégique, à la construction d'un marché commun en Europe très largement suscité par la peur de l'Union soviétique, des batailles pour le contrôle des matières premières, de la politique de la canonnière destinée à couvrir de force les marchés, en passant par la conquête coloniale, économie et stratégie ont toujours étroitement mêlées. Les rivalités économiques font parties intriquèrent des rivalités géoéconomiques.

La compétition entre Etats se plaçant de plus en plus sur le terrain économique, il était temps de disposer d'un outil permettant de saisir les différentes facettes de cette forme de rivalité. C'est désormais chose faite avec la géoéconomie de sortir du cercle restreint des spécialistes dans lequel elle était jusqu'à présent confinée.La mondialisation n'a pas gommé les affrontements économiques entre puissances.Les puissances s'affrontent de nouveau au grand jour pour la maîtrise des sources d'énergie, la conquête des marchés ou le contrôle des innovations technologiques. La guerre en Irak a été le premier rappel significatif des fondamentaux historiques sur les liens indissociables entre la maîtrise d'une énergie vitale telle que le pétrole, et la préservation de la puissance d'un empire comme les États-Unis. L'émergence de la chine comme deuxième puissance économique sur l'échiquier international explique à combien les affrontements armés deviennent chose désormais révolue. Les guerres commerciales prenant de plus en plus de l'ampleur sur la scène internationale, s'inscrivant ainsi dans ce qu'il convient d'appeler le soft power et le smart power au sens de Joseph Nye.

La compétition internationale a dorénavant un nouveau terrain, c'est l'économie politique internationale. La géoéconomie devient donc une guerre menée au moyen du commerce. L'argent, la délocalisation industrielle, le commerce devront servir des armes47(*).

Le contenu de la géoéconomie étant désormais connu, notre suite aborde son évolution.

§3. L'évolution des idéesgéoéconomiques

Le XXIième siècle n'a pas seulement accouché d'un Empire, il a par ailleurs affirmé l'émergence d'un nouveau bipolarisme. Du moins, c'est la thèse défendue par Washington depuis les évènements de septembre 2001. Cette opposition entre idéologies n'est plus celle des idéaux démocratiques face à l'expansionnisme communiste. Pour les néo-conservateurs américains, il s'agit d'un affrontement autrement plus noble, tant la lutte contre les fondamentalismes relevant d'une croisade.

Durement éprouvés dans leurs chairs et dans leurs certitudes affectives en 2001, les Américains ont signifié au monde qu'ils soutenaient la politique de Georges Bush.Le nouvel ordre voit potentiellement s'affronter la première puissance économique et technologique de la planète face à des Etats parmi les plus pauvres du globe, coupables d'encourager le développement du terrorisme international.

Les analyses géoéconomiques se sont singulièrement développées au cours de la décennie écoulée. Si historiquement, les premiers travaux du genre peuvent être attribués à T. Renner48(*), l'approche contemporaine retient les publications d'Edward Luttwak49(*)comme point de départ d'une réflexion relative aux nouveaux objets de conflictualité entre les Etats. Interpréter et commenter les stratégies discursives du Center for Security Policy dans une perspective géoéconomique, nécessite de revisiter les questionnements fondamentaux et le champ d'investigation de la discipline.

Dépassant l'approche exploratoire américaine, « l'Ecole française » rassemblée autour de Pascal Lorot pose l'effectivité d'une réalité internationale où les interactions entre espace, puissance et économie apparaissent comme les déterminants de la compétition. L'un des grands intérêts de l'analyse géoéconomique est de ressusciter une réalité volontairement ignoré par les auteurs néolibéraux : la recherche de puissance. Yannick Mireur50(*) rappelle que « l'économie politique analyse l'articulation et l'interaction entre le système économique et l'architecture politico-institutionnelle d'un pays pour la création de richesse nationale et son utilisation, tandis que la géoéconomie se préoccupe davantage de l'interface internationale et de son caractère concurrentiel, par rapport au critère de puissance ».

Pour Susan Strange51(*), trois interactions caractérisent la nouvelle grammaire des relations (et rivalités) internationales : les rapports entre nations, les rapports entre les Etats et les firmes multinationales, et ceux entre les Entrepriseselles-mêmes. Ce qui nous intéresse présentement relève de la deuxième catégorie.La libéralisation des marchés couplée à l'avènement de l'Organisation Mondiale duCommerce, la généralisation de doctrine de sécurité économique dont le volet offensif induitla mobilisation des administrations au profit des conquêtes commerciales, concourent à penserle monde, c'est penser la puissance, c'est matérialiser en acte ses représentations et c'est lesfaire partager.

Après avoir scruté l'isolationnisme et la géoéconomie comme concepts de base de notre analyse, nous abordons dans la suite des notions connexes. Il s'agit de la géostratégie, géopolitique et le protectionnisme.

Section III. LES NOTIONS CONNEXES

Cette section aborde les notions connexes à l'isolationnisme et la géoéconomie qui symbolisent en réalité notre étude. Ainsi, il est question de la géopolitique, de la géostratégie et en fin du protectionnisme.

§1. De la géostratégie

1.1. De la définition

La géostratégie est l'ensemble du facteur en liaison avec la géographie et la démographie52(*). Elle implique donc la géographie de chaque Etat, et sa situation historique et politique en regard de ses voisins, examinés par les biais d'étude stratégiques. Son étude relève de la géopolitique, bien que son point de vue se réduise aux aspects militaires et leurs conséquences sur l'enjeu des ressources naturelles, fréquemment objets des conflits d'intérêts.

Dans le même ordre d'idées, voici donc les différentes conceptions de certains auteurs sur le terme géostratégie : Pascal Boniface cerne par la géostratégie une détermination d'une stratégie par des donnés géographique53(*).Pour André Vigarié, la géostratégie est l'ensemble de comportement de défense à des plus vastes dimensions et avec la plus grande variété de moyens d'action.

Ainsi, nous pouvons de notre part, considérer la géostratégie comme étant l'ensemble de comportements qu'un Etat affiche dans un espace géostratégique donné, en vue d'assurer sa sécurité54(*).

1.2. La généalogie historique du concept de géostratégie

L'origine de la géostratégie est longtemps restée obscure. Jusqu'aux années très récente, on eut était réduit aux hypothèses quant à la rédaction du vocable : l'analyste américain colin, S. Gray en aurait revendiqué la paternité, mais le général Gallois laisse entendre que l'animal Castex l'aurait utilisé dès les années 1940. Peut-être d'ailleurs est-il vain de vouloir assigner au concept de géostratégie un développement diachronique, l'histoire des idées offre, en effet, de nombreux exemplesde développement synchroniques.

La démarche géostratégie a fort bien pu s'imposer à des penseurs isolés les uns des autres, mais confrontés aux mêmes problèmes, ce qui constituerait un puissant argument en faveur de son originalité. Quoi qu'il en soit, bien avant colin S Gray, les pères fondateurs de la géostratégie allemande avaient confusément pressenti la nécessité de la méthode géostratégique.

La généalogie historique de la géostratégie relève donc que «  le terme est né dans les parages immédiats de la géopolitique, sous la plume d'universitaires ou de grands capitaines investis de lourdes responsabilité, non de journalistes à effets »55(*). Mais cette caution ne suffit pas à établir la validité conceptuelle de la géostratégie dans la mesure où celle de la géopolitique n'a rien d'évident. Elle a, au contraire, fait l'objet de violents débats que l'enquête sur la géostratégie ne sauraient ignorer.

1.3. Les caractéristiques de la géostratégie

La géostratégie est caractériséepar plusieurs points importants :

ü Le gouvernement d'un Etat et la définition de sa politique dépend de manière permanente de la considération de sa situation géostratégique ;

ü La géographe politique des pays voisins et ses éléments sont pris obligatoirement en considération par les stratèges.

ü Pour la stratégie terrestre, la géographie militaire influe sur le déroulement potentiel des plans des guerres, par l'intermédiaire des cours d'eau, du relief et la présence de cols. Pour passer les barrières montagneuses ; il faut veiller sur ses frontières.

Les aspects militaires entrent en considération au moment de définir les objectifs, tels qu'évaluer le potentiel militaire de la puissance adverse. Tant en quantité, par le contenu de sesarsenaux, qu'en qualité, en tentant d'obtenir la suprématie par la technologie militaire, ses informations obtenues notamment par les services secrets permettent de jauger, et décider du passage à l'action guerrière dans les salles d'opérations, ou à l'action diplomatique. Du point de vue conceptuel, il y a lieu de relever un lien entre la géostratégie et la géopolitique, d'où nous abordons cette notion de la géopolitique dans la suite.

§.2. De la géopolitique

La géopolitique, devient un champ de connaissance indispensable pour un professionnel du milieu diplomatique, consultant international, journaliste, conseiller dans une multinationale. La formation prend en compte les aspects aussi bien politiques, économiques et stratégiques de la géopolitique contemporaine, avec des notions de géostratégie, géoéconomie des grandes régions, analyse juridique des conflits, géopolitique des marchés financiers.

Ce paragraphe est une mise en débat de la définition de la géopolitique, de son objet d'étude, de ses concepts fondamentaux, de son analyse et de certains précurseurs de la pensée géopolitique.

2.1. De la définition

Géopolitique est selon Johan Rudolf Kjell une science de l'Etat en tant que qu'organisme géographique tel qu'il se manifeste dans l'espace.56(*)Friedrich Ratzel la cerne comme étant la science qui n'établit que les caractéristiques et conditions géographiques, et plus spécialement les grands espaces, jouant un rôle décisif dans la vie des Etats, et que l'individu et la société humaine dépendant du sol sur lequel ils vivent ayant son destin déterminé par la loi de la géographie57(*).

Selon Karl Haushofer, la géopolitique est la nouvelle science nationale de l'Etat, une doctrine sur le déterminisme spatial de tout processus politique basé sur des larges fondations de la géographie et notamment de la géographie politique58(*).

Nous la comprenons avec Ives Lacoste qui fait le développement du concept en le saisissant comme une étude des différents types des rivalités des pouvoirs sur le territoire, la puissance se mesurant en fonction de potentialités territoriales internes et de la capacité à se projeter à l'extérieur de ses territoires et à des distances de plus en plus grandes. Il précise : le terme de géopolitique dont on fait de nos jours des multiples usages désignant de fait tout ce qui concerne les rivalités de pouvoir ou d'influence sur le territoire et les populations qui y vivent : rivalité entre les pouvoirs politiques de toutes sortes et pas seulement des Etats, mais aussi entre les mouvements politiques ou des groupes armés plus ou moins clandestins, les vérités pour le contrôle où la domination du territoire de grandes ou des petites taille. C'est pour lui la combinaison de la science politique et de la géographie59(*).

Pour Pierre-Marie Gallois, la géopolitique est l'étude des relations qui existent entre la conduite d'une politique de puissance portée sur le plan internationale et le cadre géographique dans lequel elle s'exerce60(*).La géopolitique devient une «  l'étude des rapports entre les données géographique naturelle et la politique des Etats »61(*).

La géopolitique peut être définie aussi comme étant « l'étude des effets de la géographie sur la politique internationale et les relations internationales ». C'est une méthode d'étude de la politique étrangère pour comprendre, expliquer et prédire le comportement politique internationale à travers les variables géographiques62(*).

Pascal Boniface pense que la géopolitique se distingue de la géographie politique en ceci que la deuxième se concentre sur les phénomènes géographiques et leur donne une interprétation politique. La géopolitique quant à elle se concentre sur les phénomènes politiques pour en donner une interprétation géographique et étudie les aspects géographiques de ces phénomènes63(*).Il s'agit notamment des études régionales, du climat, de la topographie, de la démographie et des ressources naturelles. Quant à nous, la géopolitique peut être considérée comme la science de l'Etat comme entité dans l'espace géographique.

2.2. L'objet de la géopolitique

Si la géopolitique peut être un savoir scientifique qui combine les apports de différentes disciplines, elle se définit par son objet d'étude qui la distingue des autres branchesde la géographie.Une formation générale consiste à définir la géopolitique comme l'étude des différents types d'enjeux de pouvoir et d'identité sur des territoires, et sur la représentation qui leur sont associées.

Selon Alexandre Defay, professeur au centre de géostratégie de l'ENS, la géopolitique a pour objet d'étude «  des interactions entre l'espace géographique et les rivalités de pouvoir qui en découlent 64(*)» . Elle est le terrain de manoeuvre de la puissance locale, régionale ou mondiale. L'approche géopolitique ne tente pas seulement de décrire et d'analyser des enjeux et conflits (objectifs), elle traite de conflits relatifs à des territoires représentés, c'est-à-dire des territoires qui, pour ceux qui les habitent, qui les convoitent ou encore qui les décrivent sont imaginés. Autrement dit, on peut aller jusqu'à affirmer comme le fait Thierry de Montbrial que la géopolitique est la partie de la géographie politique qui s'occupe des idéologies relatives aux territoires65(*).

2.3. Les concepts fondamentaux de l'analyse géopolitique

L'analyse géopolitique se penche bien évidemment sur des lieux, des espaces. Ces espaces sont vécus, appréhendés, revendiqués, exploités par des acteurs, sans lesquels l'analyse géopolitique n'a pas de sens, car sans acteurs, il n y a pas de dynamique des territoires, pas des rivalités de pouvoir sur ces territoires. La géopolitique dépend donc étroitement des «décisions des acteurs et non des qualités immanentes à l'espace« ce sont ces espaces appropriés symboliquement ou concrètement, qui deviennent d'une reconnaissance juridique( Etat, mais aussi région, municipalité, territoire supra étatique comme l'Union Européenne...), des espaces pratiques, exploite revendiqués représentés.

L'espace mondial est ainsi divisé en territoires politiques, les Etats, fondement de l'approche réaliste en géopolitique. Mais, l'espace n'est pas discriminé uniquement en fonction de cette appropriation politique : il est aussi marqué par des espaces, qui peuvent parfois interagir avec les espaces linguistique ou religieux n'entrainant pas de nécessaire tension : celle-ci nait de la perception de cette discordance et de l'idée de son illégitimité.Les acteurs agissent dans et sur l'espace. Un acteur n'est pas forcément un Etat. Il peut être un individu, un groupe, ou une structure. La cohérence de sa démarche est variable, dans les temps comme vis-à-vis d'autres acteurs.

Au-delà des acteurs directement liés à des territoires (Etat, collectivités locales), la société produit aussi des espaces qui peuvent interagir avec le territoire politique : des aires culturelles, des espaces appropriés, des réseaux qui entrent en concurrence avec le maillage territorial. Les acteurs, qu'ils soient sociaux, économiques ou politiques, forment un objet d'étude fondamental en géographie politique. En effet, les acteurs développent des pratiques spéciales, qui découlent des stratégies qui peuvent parfois les opposer.La géostratégie et la géopolitique ne sont pas seuls concepts connexes à la géoéconomie, il va falloir aborder le protectionnisme.

§3. Les notions sur le protectionnisme

3.1. De la définition

Le protectionnisme est une politique économique interventionniste menée par unÉtat ou un groupe d'États, consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs étrangers. Les buts peuvent être le maintien de l'emploi dans certains secteurs d'activité, la diminution du déficit commercial, ou la défense du niveau de vie. Les mesures protectionnistes consistent essentiellement à freiner les importations (barrières douanières,normes contraignantes, freins administratifs...), encourager les exportations (subventions diverses, incitations fiscales, dévaluation, dumping comme le « protectionnisme offensif »), privilégier les entreprises nationales dans les appels d'offres de marchés publics, ou empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d'entreprises nationales.

Des Institutions internationales comme le GATT puis l'OMC ont été créées pour abaisser les barrières protectionnistes et en limiter autant que possible l'usage.

3.1.2. Les conséquences et justifications du protectionnisme

a. Les aspects positifs

Les activités économiques protégées peuvent s'abstraire au moins en partie des pressions et contraintes de toutes natures en provenance du contexte concurrentiel. Elles bénéficient de ce fait d'une plus grande liberté de manoeuvre et d'une plus grande certitude concernant leur rentabilité et développement futur.Le protectionnisme apparaît comme le moyen nécessaire pour protéger en particulier les activités ou industries naissantes : L'économiste Friedrich List auXIXe siècle a défendu les bienfaits d'un « protectionnisme éducateur ». Les États (même libéraux) ayant recours au protectionnisme (États-Unis, Japon, Angleterre du XVième au XVIIIièmesiècle) invoquent une concurrence déloyale ou des pratiques de dumping.« Dumping environnemental» lorsque la réglementation environnementale est moins contraignante qu'ailleurs. C'est en partie, pour cela que de nombreuses entreprises occidentales implantent leurs activités polluantes dans les pays émergents. « Dumping fiscal » qui consiste, pour un État, à imposer faiblement (c'est-à-dire plus faiblement que ce que font les autres pays), les sociétés et les personnes présentes sur son territoire. Exemples : Le taux d'imposition des entreprises est de zéro en Estonie et de 12 % en Irlande.

En 2006, la moyenne du taux d'imposition des entreprises dans les pays de l'OCDE était de 28,6 %. Les paradis fiscaux profitent de leurs politiques de dumping fiscal66(*). Le « Dumping social », c'est lorsqu'un gouvernement réduit (ou supprime) les cotisations sociales, ou bien que les autorités d'un pays conservent des normes sociales très basses (par exemple, en Chine, la réglementation du travail est moins contraignante pour les employeurs que des réglementations en vigueur ailleurs)67(*).

Certains États en position conjoncturelle ou structurelle fortement défavorable revendiquent clairement le protectionnisme pour limiter les effets de la mondialisation : délocalisation, tassement des salaires. Selon Henry Charles Carey, il s'agit de créer ou de développer les industries par le protectionnisme, afin de protéger ses matières premières de l'export, pour empêcher l'esclavagisme par le manque d'industries en créant alors plus de nourriture de meilleure qualité, parce que les industries permettent de favoriser la créativité humaine par l'économie de travail. Ainsi le salarié devient un producteur68(*).

D'après l'économiste coréen Ha-joon Chang, le protectionnisme a fait la démonstration de son efficacité dans l'histoire. Pendant les années 1960 et 1970, quand il existait bien davantage de protections et autres régulations, le revenu par tête dans les pays développés croissait d'environ 3 % par an, contre 2,3 % au cours des décennies 1980 et 1990. En Amérique latine, cette croissance est devenue pratiquement nulle : 0,6 %, contre 3,1 % de 1960 à 1980. Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, elle est tombée de 2,5 % à - 0,2 %, et en Afrique subsaharienne de 2 % à - 0,7 %69(*).

b. Les aspects négatifs

Selon le journaliste économique français Éric Le Boucher, « le protectionnisme n'est pas une solution contre la chute des emplois industriels », et notant qu'il a fait perdre 2millions d'emplois en France dans les trente dernières années. Contrairement au régime de libre-échange, Il fait baisser la variété des produits offerts à la consommation et empêche le pays d'acquérir son importance commerciale selon le principe d'avantage comparatif, car les agents économiques ne sont pas incités en l'absence de pression concurrentielle à développer au maximum leurs points forts de production70(*).

Selon l'économiste Daniel Cohen, « le protectionnisme aggraverait la crise » et constitue un danger dans la mesure où si un pays A met en place un protectionnisme à l'import sur un bien d'un pays B, ce pays B peut en retour mettre en place un protectionnisme sur un bien provenant du pays A. Le protectionnisme induit alors un cercle vicieux. L'exemple du boeuf aux hormones américain et du fromage européen illustre ce mécanisme. En effet, depuis 1989, l'Union européenne a mis en place un protectionnisme sur le boeuf aux hormones d'origine américaine, en retour les États-Unis ont mis en place un protectionnisme sur les fromages européens.71(*)

3.1.3. L'historicité du protectionnisme

Dans l'histoire de la pensée économique, lelibre-échange a longtemps été la règle, et le protectionnisme était perçu comme étant une anomalie nuisible au bon développement de l'économie. Mais à partir du XVIiemesiècle, les pensées économiques vont justifier la légitimité du protectionnisme.

3.1.3.1. Le mercantilisme

Selon les auteurs mercantilistes, la richesse d'un pays dépend positivement du stock de métaux précieux qu'il possède. La quête de ces ressources, provenant des nouveaux territoires découverts, est comparable à une véritable guerre. Le commerce est considéré comme un jeu à somme nulle : celui qui importe gagne, et celui qui exporte perd. Les États vont donc mettre en place des mesures afin à la fois de capter le maximum de ressources minières provenant du nouveau monde, afin d'en exporter le minimum, car si l'État exporte ses richesses, il les perd même contre toute autre compensation.L'État interdit l'exportation de monnaie du pays ainsi que les métaux précieux (or, argent...), et essaye de faciliter au maximum ses importations (par l'intégration des marchés nationaux par exemple).

3.1.4. Le protectionnisme dans la Richesse des Nations

Dans son ouvrage maître, Adam Smith justifie le libre-échange, en développant l'idée que, contrairement à ce qu'affirmaient les mercantilistes, le commerce est synonyme de paix et d'enrichissement mutuel. Toutefois, Smith n'est pas contre l'idée d'instaurer des droits de douane, pour deux cas bien spécifiques : en cas de présence d'industries stratégiques pour la défense nationale et en réaction à des taxations opérées par des pays sur les exportations nationales. Le protectionnisme est donc selon Smith une mesure exceptionnelle, mais qui, en règle générale, nuit au bon fonctionnement de l'économie.

Selon l'historien économiste Paul Bairoch, avant les années 1840, « le protectionnisme est la règle, le libre-échangisme l'exception » : le décollage industriel de la Grande-Bretagne et de la France au début du XIXième siècle bénéficie de fortes barrières douanières, le Zollverein de la Prusse est une union douanière allemande72(*).

3.1.4.1. Les mesures protectionnistes

Le protectionnisme peut recourir à plusieurs mesures ; on distingue les mesures tarifaires des mesures non tarifaires.

a. Les mesures tarifaires

1. Le droit de douane exorbitant

Imposer des droits de douane consiste à taxer les produits importés afin d'augmenter leur prix, et ainsi de diminuer la quantité achetée par les consommateurs.

Exemples :73(*)En janvier 2009, les États-Unis ont triplé les droits de douane qu'ils appliquent sur le roquefort, tout en portant à 100 % les droits de douane sur d'autres produits européens (chocolats, jus de fruit, légumes, fruits, chewing-gums...).En décembre 2008, l'Inde a augmenté ses droits de douane sur le soja, le fer et l'acier; pour les porter à 20 %.

b. Les mesures dites non tarifaires

1. Les procédures de dédouanement

Il s'agit d'alourdir les procédures administratives pour les importations (obligation de remplir des documents administratifs compliqués, longue période de blocage en douane, etc.).

2. Les normes techniques ou sanitaires

Ces normes correspondent à un cahier des charges (types de traitements autorisés ou obligatoires pour les produits agricoles, etc.) qu'un produit doit remplir pour pouvoir être vendu dans un pays.

3. Les autres normes professionnelles

Les statuts des professions "protégées" et autres réglementations / normes faisant barrière à l'accès à ces activités, présentées comme apportant des garanties de compétence et rigueur aux utilisateurs, sont des domaines où le corporatisme tend à rejoindre le protectionnisme.Dans le même ordre d'idées se situe la protection des monopoles de certaines entreprises et institutions publiques. Quotas qui visent à limiter la quantité de produits importés.

4. Les lois limitant les investissements étrangers

Les autorités d'un pays peuvent chercher à protéger certaines activités (considérées comme stratégiques) contre les prises de participation par des investisseurs étrangers.

LA CONCLUSION PARTIELLE

Dans le cadre conceptuel de notre analyse, nous sommes partis de l'observation selon laquelle, la maîtrise des notions de base offre la philosophie de l'étude en fournissant au chercheur la vision générale de ce qu'il entend étudier.

Le chapitre a circonscrit les notions de l'isolationnisme et de la géoéconomie. Il en découle que l'isolationnisme est une tendance de la politique étrangère qui a connu son ère de gloire pendant certaines présidences jusqu'à être innové aujourd'hui par l'actuel locataire de la maison blanche Donald Trump. Celui a articulé sa gouvernance autour de deux stratégies : d'une part, l'isolationnisme et d'autre part, la géoéconomie. Si l'isolationnisme a pour fondement le désintéressement aux affaires du monde, la géoéconomie quant à elle prend les guerres commerciales comme son mode d'expression. Elle est utilisée comme un instrument de la puissance qui a remplacé partiellement la géopolitique et la géostratégie au lendemainde la fin de la guerre froide.

Eu égard à ce qui précède, nous notons que l'idéal n'est pas d'opter pour l'un ou l'autre concept, mais de profiter de ce qui a du mieux en eux. Comme pour Mackinder, il y a lieu de conclure avec la maxime : qui domine la géoéconomie, détient les richesses du monde, qui détient ces richesses, domine le monde.

CHAPITRE II : LES ETATS-UNIS D'AMERIQUE (USA : UNITED STATES OF AMERICA)

Le chapitre est une mise au point de la présentation des Etats-Unis d'Amérique dans sa totalité géographique, sa globalité économique et sa quintessence politique.

Section I : LE CADREGEOGRAPHIQUE

Etant donné que la géographie est une partie importante dans la recherche de puissance des Nations et qu'elle participe aussi à ce que nous appelons le hard power ou la puissance traditionnelle en Relations Internationales. En nous inclinant à ce précité postulat, nous abordons cette question géographique pour faire une cartographie de la géographie physique, humaine et culturelle.

§1. La géographie physique

1.1. La localisation

1.1. Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Les Etats-Unis sont encadrés par l'océan Atlantique à l'Est et l'océan Pacifique à l'Ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud par le Mexique. Leur superficie est de 9.363.353 km2 avec une population qui dépasse officiellement 226 million d'habitants depuis 198074(*).

Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé à l'ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu dans l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique.

La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays méga divers de la planète75(*).La capitale fédérale, Washington est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.

1.2. Le Relief et le climat

L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'Est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. La partie nord (Nouvelle-Angleterre) est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts76(*).

Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical.À l'Est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Se trouve aux États-Unis la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.

L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4.401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au Nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (Désert des Mojave vallée de la Mort).

La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon sont en climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.L'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord est enclimat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.La plupart des volcans en activité se situent à l'Ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï. Après avoir traité de la géographie physique des USA, il nous revient ici de marier cette géographie physique à celle humaine dans le paragraphe suivant.

§2. La géographie humaine

2.1. La démographie des États-Unis

Avec plus de 300 millions d'habitants depuis 2006, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 53877(*) ».La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %78(*). L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines79(*).

En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions). Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants80(*).

Finalement, le recensement de 2010 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2011, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle.

Depuis les années 1950, il est observé un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas.

Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %81(*).

La démographie des États-Unis diffère, sur certains points de celle des autres pays industrialisés et développés : Ils sont le premier pays d'immigration du monde : en 1991, ils ont accueilli plus de 1,8 million d'immigrants et, en 2005, ils comptent officiellement 36 millions d'habitants nés à l'étranger, soit 12,4 % de la population.La natalité y est plus forte et dynamique que dans les autres pays riches. Ils sont au troisième rang des pays les plus peuplés, derrière la Chine et l'Inde. Un tiers environ des habitants se réclament aujourd'hui d'ancêtres appartenant à une minorité. Il existe une cinquantaine d'agglomérations de plus d'un million d'habitants82(*).Onze ou douze millions de clandestins travailleraient aux États-Unis, provenant essentiellement d'Amérique latine. La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains.

2.1.2. La répartition de la population par groupe ethnique (1940-2015)

En 2016, les États-Unis comptent environ 324 millions d'habitants et constituent le troisième pays le plus peuplé du monde après la Chine et l'Inde. La superficie du pays est de 9,6 millions de km 2, ce qui en fait le troisième ou quatrième pays le plus vaste du monde après la Russie, le Canada et la Chine. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée83(*).

2.1.3. Les villes et population urbaine

Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants84(*). Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.

2.1.3. La répartition des activités et environnement

La politique environnementale des États-Unis et Transport aux États-Unis se présentent comme suit :les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement.

Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXième siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste85(*).De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine86(*).

2.2. Les langues aux États-Unis

Anglais américain 229,7 millions en parlent dans le 32 Etats fédérés. Cependant il y a développement de certaines langues dans certaines régions du pays. Espagnol (incl. créole) 37,0 millions, Chinois 2,8 millions, Français (incl.caddie et créole francophone), 2,1 millions, Tagalog 1,6 million, Vietnamien 1,4 million, Coréen 1,1 million, Allemand 1,1 million87(*).Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais américain comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 201688(*). En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane.

Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolingien dans les Îles Mariannes du Nord.

Au XXIième siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.

En 1968, le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXième siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF). Les éléments culturels s'ajoutent sur la géographie humaine des Etats-Unis dans la partie suivante.

§3. La culture des États-Unis

Le statut de la Liberté est l'un des symboles des États-Unis et de manière plus générale un symbole de liberté, de démocratie et du rêve américain89(*).La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel : l'héritage amérindien se lit dans certains mots et toponymes.

L'influence hispanique est forte en Californie, au Nouveau-Mexique et au Texas ainsi que dans plusieurs grandes villes ailleurs (New York, Miami en Floride, Hartford dans le Connecticut).L'influence française, mais surtout acadienne, est forte en Louisiane. Les immigrants européens ont également marqué la culture du pays.

3.1. La Religion

Depuis la fin du XVIIIième siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits, il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence90(*). Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God we Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse91(*).

Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte. La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays.

Aujourd'hui encore, les différentes églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis92(*). Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, l' Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays. La composante chrétienne se voit renforcer aux États-Unis de par l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.

D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)93(*).Les catholiques des États-Unis sont représentés par la Conférence des évêques catholiques des États-Unis94(*) et les anglicans, protestants conservateurs qui ont quitté l'Église épiscopale des États-Unis (la plus grande Communion anglicane du pays), sont pour leur part représentés au sein de l'Église anglicane en Amérique divisée en 5 diocèses95(*). Le cadre géographique ne suffit pas pour qu'on parle des Etats-Unis, pour cela il nous revient ici d'ajouter l'aspect économico-financier dans la suite.

Section II :LE CADRE ECONOMICO-FINANCIER

L'économie et les finances sont des parents riches pour le développement du pays. Ils sont aussi un instrument de la quête de puissance et permettent de dominer le monde s'il nous faut reprendre la thèse de Joseph Nye et Edward Luttwak. Pour être beaucoup plus concret, cette section est une mise à jour de bilan récent de l'économie américaine, de ses secteurs prometteur et de son commerce extérieur.

§1. La lecture économique récente

L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015, et est alimentée par une productivité du travail élevée. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, l'industrie de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde96(*). Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale, et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique.

Les États-Unis sont membres de l' Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l' Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l' Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l' Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G8 , du G20 , et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies . Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.La 1ière puissance économique du monde (environ 1/4 du PIB mondial); le 3ème pays d'accueil des investissements directs étrangers (reçoit 1/5 des flux d'IDE mondiaux) ; le 2e exportateur et le 1e importateur mondial.

Le pays dispose d'une position favorable dans les différents secteurs économiques. C'est le troisième producteur agricole et la première puissance industrielle mondiale. Le secteur des services est cependant la principale composante de l'économie américaine (79,4 % du PIB). Les États-Unis se sont en effet établis comme un leader mondial dans les télécommunications, les services financiers, les TIC et l'informatique.

L'économie américaine reste robuste en dépit de la crise. Le PIB a progressé de 2,4 % en 2014 et la dernière prévision du Coface pour 2015 s'établit à 2,9 %, un taux bien supérieur à celui de la plupart des autres pays développés. Le taux de chômage, impacté par le ralentissement économique des années précédentes, est désormais orienté à la baisse. Estimé à 6,7 % en décembre 2014, il devrait reculer jusqu'à 5,4% en 2018 d'après les projections du FMI97(*). La réussite et l'attractivité des États-Unis s'expliquent par 8 atouts majeurs :98(*)

ü Un développement de pointe dans le secteur scientifique et de haute technologie ;

ü Une articulation entre concurrence au sein des firmes et incitations à l'innovation ;

ü Des marchés financiers très développés qui ont assuré, jusqu'à la crise de 2008, le financement des entreprises et le contrôle de leur management ;

ü Un marché du travail flexible, ayant une très grande capacité à employer la main-d'oeuvre disponible, en particulier celle qui est issue de l'immigration ;

ü Une dette publique détenue à 60% par les résidents américains;

ü Une politique macro-économique active favorisant le plein emploi, en incitant les habitants concernés à la reprise d'une activité plutôt qu'un revenu de substitution ;

ü Une prédominance du dollar dans l'économie mondiale ;

ü Un secteur énergétique de plus en plus auto-suffisant, notamment au sujet du gaz de schiste.

Les perspectives de l'économie américaine demeurent supérieures à celles de ses principaux partenaires de l'OCDE, en particulier par rapport à la zone euro. La taille des déficits commerciaux et budgétaires, la stagnation des salaires des familles à faible revenu, une hausse rapide des coûts médicaux et de retraite d'une famille vieillissante, et le niveau élevé tant de la dette publique que de celle des ménages peuvent néanmoins constituer un risque à terme.

L'économie américaine a eu une activité soutenue en 2014, créant une dynamique favorable à la consommation et à l'accroissement des investissements. Suite à la crise de 2008, le Président Obama a promu des programmes de relance, notamment avec le « National Export Initiative » de janvier 2010 dont l'objectif était de doubler les exportations américaines d'ici 2016, ainsi que « Medicaid » en mars 2010 qui étend la couverture sociale à 32 millions de citoyens américains99(*). Lors de son discours sur l'état de l'Union en janvier 2015, le président Obama a précisé que la crise économique de 2008 était à présent terminée. Il en a profité pour accentuer les nouvelles priorités économiques du gouvernement, axées sur l'enrichissement des classes moyennes, la hausse du revenu minimum fédéral (actuellement à 7,25 dollars de l'heure), et l'égalité des rémunérations entre les hommes et les femmes.

Le secteur financier a été lui aussi très fragilisé par la crise des subprimesdéclenchée en 2007. Pour aider à stabiliser les marchés financiers, un plan de 700 Mds USD a été adopté par le Congrès en octobre 2008. En juillet 2010, le Président Obama a lancé deux réformes visant à promouvoir la stabilité financière en protégeant les consommateurs contre les abus financiers et en améliorant la responsabilisation et la transparence du système financier. Selon la Coface, l'environnement des affaires aux États-Unis est très satisfaisant. La suite est consacrée aux secteurs porteurs de l'économie américaine par régions.

§2. Les secteurs porteurs par régions

Le grand New York (New-York, New Jersey et Connecticut) : services (assurances, nouveaux médias), innovation, haute technologie, chimie, pharmacie, distribution de gros. La Pennsylvanie : agriculture (produits laitiers, aviculture, pépinière, bétail), industrie agroalimentaire, chimie, machinerie, équipements électriques, tourisme, santé et biotechnologies. La Nouvelle-Angleterre (Connecticut, Maine, Massachusetts, New Hampshire, Rhode Island et Vermont) : haute technologie, biotechnologies, recherche, industrie maritime (à Rhode Island).

Washington DC et la Virginie : services, informatique, nouvelles technologies, santé et biotechnologies, défense. Le grand Sud-Est (Alabama, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Floride, Géorgie, Mississippi et Tennessee) : alimentation, habillement, automobile, loisirs, médicaments. Le Sud-Ouest (Oklahoma, Arkansas, Louisiane, Texas) : TIC, électronique, télécommunications, logiciels, santé et biotechnologies, aéronautique, spatial, pétrole (raffineries), transport maritime et fluvial. La Californie : TIC, biotechnologies, agriculture.

Le Nord-Ouest (Washington, Oregon, Idaho, Montana) : biotechnologies, tourisme, agriculture. Les Montagnes Rocheuses (Colorado, Arizona, Nevada, Utah) : communication, haute technologie, transports, mines. Le Midwest (Dakota du Nord, Dakota du Sud, Nebraska, Kansas, Missouri, Iowa, Minnesota, Wisconsin, Illinois, Kentucky, Indiana, Michigan, Ohio) : industrie, agriculture, services (finance, transports).

2.1. La politique fiscale du pays

Le taux de prélèvement obligatoire est en moyenne de 33 % aux États-Unis (contre 46,6 % en France). Ce chiffre est une moyenne à l'échelle nationale, puisque le taux d'imposition varie en fonction du lieu de votre implantation. La fiscalité américaine est très complexe puisqu'aux États-Unis il n'y a pas un mais trois impôts : 100(*)

ü L'impôt fédéral, Federal Tax ;

ü L'impôt de l'État, State Tax ;

ü L'impôt local, Local Tax.

Les sociétés et les particuliers sont tous soumis à l'impôt fédéral, collecté par l'Internal Revenue Service (IRS), l'administration fiscale fédérale. Ils sont également soumis à l'impôt de l'État dans lequel ils résident, de celui où ils ont leur activité et du ou des États d'où proviennent leurs revenus. Ces impôts sont collectés par le Department of Revenue ou Department of Taxation de l'État. Chaque État ayant ses propres lois, celles-ci varient d'un lieu à l'autre : certains États n'ont pas d'impôt sur le revenu, d'autres n'ont pas d'impôt sur les sociétés, et certains autres n'ont ni l'un ni l'autre. Enfin, certaines villes imposent, elles aussi, leurs résidents et les sociétés qui y ont leur activité.

On ne parle pas de TVA aux États-Unis, mais de la Sales and Use Tax. La Sales Tax est payée par le vendeur et l'Use Taxest payée par le consommateur final. Le vendeur ou détaillant peut récolter la Use Tax au moment de la vente et payer la Sales Tax qu'il doit avec l'argent récolté. De ce fait, cette taxe sur la vente et l'usage n'est payée que par le consommateur final de biens ou de certains services.

Dans les magasins aux États-Unis, les prix affichés ne correspondent pas au prix réels, puisqu'il faut ajouter à ceux-ci les frais de taxe. C'est l'administration étatique qui est en charge de déterminer les taux de taxation sur la vente et l'usage de biens ou de services. Ainsi les taux de Sales and Use Tax changent selon les États, voire selon les comtés, ceux-ci étant parfois autorisés à imposer des taxes locales sur la vente. Les taux de Sales and Use Tax sont très inférieurs aux taux de TVA français.

Il existe parfois des avantages fiscaux, fixés par des lois, offerts par les États et les municipalités aux nouvelles entreprises. L'une des incitations les plus courantes est un dispositif local selon lequel la nouvelle entreprise obtient des crédits d'impôt à appliquer aux taxes d'État ou locales, et fondés sur le montant des investissements ou le nombre de nouveaux emplois créés. Les crédits d'impôt obtenus au cours d'une année peuvent normalement être reportés et appliqués aux impositions futures pendant dix ans ou plus.

Dans la gamme des incitations fiscales figurent également des exonérations ou abattements portant sur les impôts sur les ventes, les impôts fonciers ou les impôts sur les stocks, ainsi que la création de zones fiscales privilégiées, les Urban Enterprise Zones (UEZ) qui incitent les entreprises à venir s'installer dans une région spécifique pour bénéficier de nouvelles infrastructures et de réglementations intéressantes, parmi tant d'autres avantages.

2.2. Les accords politiques, juridiques et multilatéraux

Les Etats-Unis d'Amérique prennent part à deux accords de libre-échange régionaux :L'accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique ; l'accord de libre-échange avec l'Amérique centrale (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Salvador) et la République dominicaine.

Les États-Unis participent également aux négociations du projet d'accord de libre-échange Trans-Pacific Partnership (TPP) regroupant douze pays de la région Asie-Pacifique (Australie, Brunei, Canada, Chili, États-Unis, Japon, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Mexique, Pérou, Singapour, et le Vietnam) récemment dératifié par Donald Trump. Par ailleurs, les États-Unis et l'Union européenne négocient actuellement un accord de libre-échange, le Transatlantic Trade and Investment Partnership(TTIP ou TAFTA en français), qui pourrait être prêt d'ici à 2016. Cet accord conduirait à un abaissement de certains tarifs douaniers.

12 accords de libre-échange bilatéraux avec les pays suivants : Israël, Jordanie, Singapour, Chili, Australie, Maroc, Bahrein, Pérou, Oman, Corée du Sud, Colombie, Panama.

La France et les États-Unis ont desaccords bilatéraux dont l'accord denon-double imposition signé le 31 août 1994, puis modifié par des avenants en 2004 et 2009. Cet accord vise àaméliorer l'échange d'informations à l'échelle internationale comme moyen de lutte contre la fraude et l'évasion fiscales signé le 4 novembre 2013 (loi dite « FACTA »). Accord international de Sécurité sociale avec les États-Unis datant du 2 mars 1987. La France et les États-Unis sont tous deux parties à la convention pour la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales étrangères (WIPO). Les deux pays sont également membres de :

ü L'Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI, ou en anglais, MIGA).

ü L'OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle). Nous abordons le commerce extérieur des Etats-Unis dans la lecture suivante.

§.3. Le commerce extérieur des Etats-Unis

3.1.L'état des lieux du commerce extérieur

Les États-Unis sont la première puissance commerciale de la planète. Leurs principaux partenaires commerciaux sont dans l'ordre le Canada, la Chine, l'Union Européenne (Allemagne, Royaume-Uni, France), le Mexique et le Japon. Les exportations américaines ont progressé de 2,9 % en 2014. La hausse des importations s'est limitée à 3,4 %101(*).

3.2. Les échanges bilatéraux France-États-Unis

La France se situe au huitième rang des partenaires commerciaux des États-Unis pour le total des marchandises échangées et au troisième rang à l'échelle européenne. Les Etats-Unis conservent leur place de 6ème client et de 5ème fournisseur de la France, représentant 6,4% du total de nos échanges. Hors UE, ils sont, pour la France, le 1er client et le 2ème fournisseur après la Chine. Les marges de progression sont importantes :

ü La part de marché de la France de 2 %, est inférieure à celle de l'Allemagne ou du Royaume-Uni, pays européens économiquement proches ;

ü Le solde bilatéral affiche un déficit qui se réduit, atteignant 4,1 Mds EUR en 2014 (6,3 Mds EUR en 2012)102(*).

Les résultats de l'année 2014 indiquent que les exportations françaises aux États-Unis ont progressé de 1,7 % (après + 13,4 % en 2012), sous l'effet conjugué de la dépréciation de l'euro par rapport au dollar et d'une demande dynamique, en particulier concernant les ventes de matériels de transports, de boissons, de produits agroalimentaires, pharmaceutiques, et électroniques103(*).

Les importations françaises depuis les États-Unis ont diminué de 3,5 % par rapport à 2013 (après une croissance en 2012 de 12,6%). Cette évolution à la baisse s'explique par le recul des importations françaises dans les secteurs de l'aéronautique et de l'énergie. Les produits pétroliers représentent toutefois encore 15% des importations françaises en provenance des États-Unis. Plus de 90% du déficit commercial bilatéral sont dû aux besoins en produits pétroliers de la France. En revanche, le secteur agroalimentaire affiche le principal excédent sectoriel104(*). Actuellement, 24 000 entreprises françaises exportent chaque année vers les États-Unis et font ainsi de ce pays leur première destination export, hors Union européenne.

3.3. Les investissements

Tableau n°1.

Principaux investisseurs étrangers historiques aux États-Unis en 2014 Stock d'IDE entrant cumulés (en Mds USD)105(*)

Total en pourcentage

Total

2 800

100 %

Royaume-Uni

519

18,54 %

Japon

342

12,21 %

Pays-Bas

274

9,79 %

Canada

238

8,5 %

France

226

8,07 %

Suisse

209

7,46 %

Allemagne

209

7,46 %

Luxembourg

202

7,21%

L'ensemble des autres

545

19,46%

Source: http://export.businessfrance.fr/etats-unis/001B1503961A+guide-des-affaires-etats-unis 2015.html consulté le 29/12/2018 à 20h00.

Commentaires :

Les données numériques renseignent que le plus grand investisseur européen aux Etats-Unis est le Royaume Unis avec 18.54%. Ceci est aussi vrai car, les deux pays partagent des liens historiques dus à la colonisation. Les deux ont la même langue, la même religion et presque le même peuple voire culture. Le Luxembourg est le plus petit investisseur en direction des Etats-Unis avec 7,21%, cela dû au fait que le pays est très limité en moyen et la plupart d'investisseurs n'arrive pas à supporter la main d'oeuvre américaine qui demeure plus chère.

L'aspect géographique et économico-financier n'ont pas suffi pour faire la totalité des Etats-Unis, d'où les lignes suivantes sont consacrées au cadre politique.

Section III :LE CADRE POLITIQUE

Non seulement la géographie et l'économie sont au centre de la puissance d'un pays, mais aussi le climat politique apaisé et harmonisé rationnellement peut-être le symbole fort d'une puissance assise. Voilà pourquoi nous saisissons de l'opportunité dans cette section pour revisiter l'organisation politique des USA, mariée à l'organisation administrative et accompagnée de l'histoire de l'indépendance de cette puissance mondiale.

§1. L'organisation politique

Les Etats-Unis d'Amérique sont une République fédérale à régime présidentiel, principe de séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Pouvoir législatif exercé par le Congrès (Chambre des représentants et Sénat) dans la limite des droits individuels des États106(*).

1.1. Les dernières et élections dernières

Les dernières élections présidentielles ont eu lieu le 6 novembre 2016. Donald Trump, le Président républicain a été élu pour un second mandat. Lors des élections législatives du 4 novembre 2017, le Parti républicain a obtenu la majorité au Sénat et dans la Chambre des représentants, réduisant le champ d'action des démocrates en leur imposant une cohabitation.

Les prochaines élections législatives et présidentielles qui ont lieu le 8 novembre 2016. Les principaux dirigeants américains sont:

ü Président : Donald Trump ;

ü Vice-président : Mice Pince.

Durée du mandat :107(*)

ü Président : 4ans (renouvelable une seule fois) il est commandant suprême de l'armée et le chef de l'exécutif ;

ü Vice-président : 4 ans (pas de restriction du nombre de mandats) il est le président du sénat.

1.2. La vie politique aux États-Unis

Donald Trump et Mike Pince, président et vice-président des États-Unis depuis 2017. Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, le niveau des États fédérés et le niveau local (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États à son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.

La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des droits et de nombreux amendements.Elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.

Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés : Le pouvoir exécutif est assuré par le président et le vice-président. Ils sont élus ensemble pour quatre ans, au suffrage universel indirect108(*). Chaque État est représenté par son collège de grands électeurs dont le nombre est approximativement proportionnel au nombre d'habitants de l'État en question. Depuis 1951, le président ne peut exercer que deux mandats. Le président est le commandant en chef, mais ne peut déclarer la guerre. Il réside à la Maison-Blanche et possède un droit de veto sur les projets de loi. Il nomme les membres de son cabinet et dirige l'Administration.

Le pouvoir législatif revient à un Congrès composé de deux chambres, le Sénat et la Chambre des Représentants, qui siègent au Capitole. La chambre des représentants compte 435 membres, élus dans le cadre de districts (congressional district) pour un mandat de deux ans. Le nombre de représentants dépend du poids démographique des États : les moins peuplés envoient un représentant au Congrès, alors que la Californie en dispose de 53. Chaque État élit deux sénateurs pour six ans, quelle que soit sa population. Le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans.

La Cour suprême est la plus haute instance du système judiciaire fédéral. Composée de neuf juges à vie choisis par le président avec l'accord du Sénat, elle interprète les lois et vérifie leur constitutionnalité. Elle est le sommet du pouvoir judiciaire aux États-Unis et le tribunal de dernière instance du pays109(*).

ü La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif ;

ü Le Capitole, siège du pouvoir législatif ;

ü La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.

En réalité la vie politique aux USA est dominée par deux partis :Le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertaire, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.Il y a aussi les associations et organisations comme la conférence des maires des États-Unis qui est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire110(*). L'organisation administrative intervient dans la suite de notre analyse.

§2. L'organisation administrative

Les États-Unis d'Amérique avons dit (en anglais: United States of America) forment une république fédérale, une fédération, constituée de 50 États et d'un district fédéral (voir la carte)111(*), celui de Columbia. Ce pays d'Amérique du Nord s'étend de l'Atlantique au Pacifique et du Canada au golfe du Mexique, et comprend aussi l'Alaska et les îles d'Hawaï. Avec un territoire de 9,6 millions de kilomètres carrés, dont 1,5 million km² seulement en Alaska, les États-Unis forment un «État-continent», le quatrième du monde par la superficie, doté de deux façades océaniques. La capitale du pays est Washington. Les plus grandes villes sont New York et Los Angeles, deux métropoles au rayonnement international.

Les États-Unis possèdent plusieurs «régions administratives associées». On compte deuxCommonwealth (Porto Rico et les îles Mariannes du Nord) et quatre territoires non incorporés (les Samoa américaines, les îles Vierges américaines, l'île de Guam et la fédération de Micronésie). Il s'agit dans tous les cas d'îles constituant une forme de «protectorat américain». Généralement, les Commonwealth ou États associés tendent généralement à disposer d'une plus grande autonomie que les territoires non incorporés.

Les États-Unis possèdent aussi des territoires inhabités, c'est-à-dire des îlots administrés par le ministère de l'Intérieur. En termes de la forme de l'Etat, nous avons deux administrations : une de l'Etat fédéral ou centrale et celle de l'autre des Etats fédérés. L'administration centrale est composée des 15départements : département d'Etat, de la défense, de l'intérieur, du trésor, de la justice, de l'énergie, de logement, de l'éducation, des anciens combattants, de sécurité intérieure, de l'agriculture, de la santé(...).

§3. La brève histoire de la colonisation

Avant d'être exploré et conquis par les européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15000 ans112(*). La colonisation européenne débuta au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde, reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783113(*).

L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession.Au début du XXième siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières.

LA CONCLUSION PARTIELLE

Le deuxième chapitre de cette analyse s'intitule les Etats-Unis d'Amérique. Le chapitre a pris en compte la présentation des Etats-Unis d'Amérique sur le plan géographique, économico-financier et politique. Cette trilogie présentative renferme les éléments clés de la recherche de la puissance en Relations Internationales, qu'elle soit matérielle ou douce (hard power, soft power, smart power).

Au regard de ce qui précède, les Etats-Unis sont homogène et hétérogène. Sa configuration cartographique consacre la première réalité. C'est-à-dire, au sens de la reconnaissance internationale, les Etats-Unis sont cet ensemble de cinquante Etats qui constitue l'Etat américain souverain. Au-delà de son unité, l'Etat américain est diversifié au niveau de la culture (religion, langue...), cela à cause des immigrations, au niveau des idéologies politiques (le républicain et le démocrate), au niveau de la séparation des pouvoirs (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire).

Ainsi, l'isolationnisme et la géoéconomie étant à la recherche de puissance par les retraits et les rivalités économiques obligent les Etats-Unis de miser sur sa géographie, son économie et sa politique pour asseoir ladite puissance. Cela le mérite de ce deuxième chapitre.

CHAPITRE III : LA POLITIQUE ETRANGERE DES ETATS-UNIS D'AMERIQUE

De nos jours, la politique étrangère parait un domaine incontournable pour tout pays en quête de puissance. Etant définie comme un effort d'une société nationale de contrôler son environnement externe par la préservation des situations favorables et la modification des situations défavorables114(*). Tout pays a en effet besoin d'une politique étrangère rationnelle pour assurer sa stabilité et combler ses vides.

Cette situation ne laisse pas indifférents les Etats-Unis d'Amérique. C'est ainsi que nous avons consacré notre troisième chapitre à la politique étrangère de cet Etat, pour y déceler des acteurs et son histoire durant la première et la deuxième guerre d'une part, pendant et après la guerre froide d'autre part, sesfondements doctrinaux, des analyses de ladite politique étrangère sous trois présidents récents.

Section I :LES INSTITUTIONS ET HISTOIRE DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE

Il s'agit bien de circonscrire les institutions (acteurs) de la politique étrangères et retracer l'histoire de cette politique étant donné que chaque politique étrangère est dans la géographie au sens de Ratzel.

§1. Les institutions ou acteurs de la politique étrangère américaine

1.1. Les institutions

Avant d'aborder des points susmentionnés, rappelons, à la suite de premier et deuxième chapitre de la constitution américaine, que les acteurs primordiaux de la politique étrangère sont : le congrès et le président de la République. Au titre de l'article 1 de la constitution américaine, «  tous les pouvoirs négatifs accordés par le la présente constitution seront attribués au congrès des USA » (section 8). «  Le congrès, a le devoirà la défense commune et à la prospérité générale des USA ; règlementer le commerce avec les nations ; définir et punir les actes des pirateries maritime commises dans la haute mer et les atteintes à la loi des nations, déclarer la guerre, lever et entretenir les armée » (section 8).

Au titre de l'article 2, section1, le pouvoir exécutif sera confié à un président des Etats-Unis (section 1). Il a le pouvoir sur l'avis et avec consentement de dernier, de conclure les accords, sous réserve de l'approbation des deux tiers des sénateurs présents. Il proposera au sénat et, sur l'avis et avec l'avis de ce dernier, nommera les ambassadeurs, les autres ministres publics et les consuls » (section 2). Néanmoins, cette clarté institutionnelle (séparation des pouvoirs et mécanismes des poids et contrepoids dit check and balance) ne met pas la politique étrangère des USA à l'abri de la complexité dont les contractions, les processus, les arbitrages, mais conditionnent son élaboration et sa mise en oeuvre.Participent à cet enchevêtrement : Les bureaucraties tentaculaires de la présidence, du département d'Etat, du département de la défense(les armées) et de la sécurité (le conseil de sécurité nationale et les services de renseignement), sans oublier la société civile ou l'opinion publique véhiculée par les médias et groupes de pressions115(*).

En d'autres termes, la politique étrangère des USA est le produit d'une pluralité des mécanismes, d'acteurs et des facteurs qui ne forment pas un bloc monolithique. En dépit de cette complexité, les mécanismes de prise des décisions sont tels que l'ensemble des termes du débat finit par converger vers la présidence, point focal du processus. Nombre des manuels classiques des sciences politiques et des Relations Internationales sont consacrés aussi bien en langue anglaise116(*) qu'en langue française117(*). La politique étrangère des Etats-Unis est très riche en histoire, raisons pour laquelle le point suivant fait l'analyse de cette réalité.

§2. L'histoire de la politique étrangère des USA pendant la première et la seconde guerre mondiale

C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXIe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, fidèles à l'isolationnisme, il avait failli attendre l'attaque des navires commerciaux américains par l'Allemagne pour que le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917.

Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).

La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor qui était une base navale américaine dans le Pacifique le 7décembre 1941, provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique.

Enaoût 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler, précisément d'abord sur l'Hiroshima le 6 Août 1945, le Japon ne baisse pas le bras. En date du 9 aout de la même année, ils lancent la deuxième bombe sur Nagasaki, le Japon baisse le bras et se rend à la table de négociation bras ballant, le Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations Unies signée enjuin 1945 à San Francisco leur concède un droit de veto qui leur permet de dicter leur politique étrangère partout dans le monde, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.

§3. L'histoire des USA pendant la guerre froide et après la guerre froide

2.1. L'histoire des USA pendant la guerre froide

Les premiers humains sur la Lune : Buzz Aldrin est photographié par Neil Armstrong en 1969. Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d' endiguer le communisme , les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin et la création de l' Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie ( guerre de Corée et du Viêtnam ). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis118(*).

Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d' Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.

L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King Jr. et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974119(*), qui le contraint à la démission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les USA généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste en 1990.

2.2. L'histoire des USA après la guerre froide ou L'histoire contemporaine des USA

Zbigniew Brezinski note que « la période post-bipolaire a tracé une nouvelle configuration du système international, notamment la recomposition des USA devenus pour ce fait la première puissance universelle »120(*). Notons ainsi que ce passage de la bipolarité à la seule existence de l'hyperpuissance américaine s'est réalisée sous G. Bush qui avec ses telles expériences antérieures l'espoir de créer un nouvel ordre mondial121(*). En 2001, les États-Unis sont, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, attaqués sur leur territoire, hormis si l'on considère l'attentat du World Trade Center de 1993 et les attentats des ambassades américaines en Afrique du 7 août 1998 comme des attaques.

Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la Guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore122(*). Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.

En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain123(*). Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême.

En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président. Ce dernier fonde sa politique étrangère sur la rénovationde l'isolationnisme et la géoéconomie.

Section II : LES FONDEMENTS OU HERITAGES DOCTRINAUX DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE

Lapolitique étrangère des USA est plus vieille que le monde. Son héritagedoctrinal est certainement vaste. Elle est largement émaillée par l'isolationnisme que nous avons déjà circonscrit dans la première section de notre premier chapitre. Sans pour autant oublier d'autres doctrines, nous nous intéresserons aux trois qui répondent au moins à l'idéologie de notre démarche. Il s'agit de la destinée manifeste, de l'idéalisme et de réalisme.

§1. La destinée manifeste

L'idée de la destinée manifeste tire sa substance de l'exceptionnalisme américain selon lequel ce pays représenterait un gouvernement fédéral dont la mission serait de diffuser son système des valeurs et construire le monde selon l'image américaine124(*).C'est le postulat de la mission civilisatrice des USA justifiée par lesmodèles de développement basé sur : la démocratie libérale et la foi chrétienne que le publiciste et journaliste américain John O Sullivan, directeur de la démocratie Review créa le concept de destinée manifeste, formulant ainsi : « notre destinée manifeste consiste à nous étendre sur tout continent que nous a loué la providence pour le libre développement de nos millions d'habitants qui se multiplient chaque année 125(*)».

Pour Yves Lacoste126(*), la destinéemanifeste est un destin, le rôle que Dieu auraitmanifestement confié à l'Amérique de développer les valeurs de liberté, de justice et de progrès, de les étendre le plus possible et les défendre contre toute tyrannie. Soit que la destinée manifeste se conjugue de différence, selon les deux grandes orientations qui forment le socle de la politique étrangère américaine à savoir le réalisme et l'idéalisme.D'ailleurs, Joseph Nye ne se trompe pas lorsqu'il recommande le soft power ou puissance douce127(*)

Les grands spécialistes de la politique étrangère des Etats-Unis s'accordent pour distinguer trois grands héritages fondamentaux : la destinée manifeste, le réalisme représenté par Théodore Roosevelt (Président de 1901 à 1909), et l'idéalisme du Président Woodrow Wilson (Présidente 1913 à 1921)128(*).Le concept de la « Destinée Manifeste » était pour affirmer la mission quasi-divine des Etats-Unis de démocratiser le monde, John O Sullivan affirmait notamment :« Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté »129(*).Contrairement aux réalistes, les idéalistes tiennent un discours fondé sur la morale, revendiquant un changement du monde à leur image, afin de le faire progresser. L'Amérique est perçue comme le meilleur modèle démocratique du monde, la démocratie libérale, qui s'appuie sur les libertés publiques, mais aussi l'économie de marché.

A la même époque (années 1920-1930), l'Union Soviétique naissante se construisait sur une idéologie à vocation universelle dont les valeurs étaient fondamentalement différentes et opposées à celles des Etats-Unis : athéisme, démocratie populaire, communisme, et rejet de l'économie de marché.Cette opposition idéologique sur la vision du monde de l'URSS et des USA est essentielle à une bonne compréhension de la vision du monde des Etats-Unis durant la Guerre Froide, de 1947 à 1991.

Enfin, pour affirmer ses positions, Wilson reprenait les théories de Kant, selon lesquelles les démocraties ne se font pas la guerre. Le modèle démocratique américain était donc considéré comme le plus vertueux, garant de liberté, prospérité et sécurité : « L'Amérique est la seule nation idéale dans le monde (...), l'Amérique a eu l'infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde (...), nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant la liberté et la justice.»130(*).

§.2. Le réalisme de Roosevelt (1901-1909)

Le 10ème président des Etats-Unis, Théodore Roosevelt, avait une vision dite réaliste (c'est-à-dire : voir les choses telles qu'elles sont) des relations internationales : il considérait que les Etats étaient des entités égoïstes défendant avant tout leurs intérêts, par la force si besoin. Th. Roosevelt reprenait le concept de « destinée manifeste » afin de justifier l'expansionnisme et l'interventionnisme des Etats-Unis hors de ses frontières. Ainsi, en 1904, par ce qu'on appelle le corollaire Roosevelt à la doctrine Monroe, il affirmait le devoir des Etats-Unis à intervenir dans la zone des Caraïbes et de l'Amérique Latine quand leurs intérêts seraient menacés :« L'injustice chronique ou l'impuissance qui résulte d'un relâchement général des règles de la société civilisée peut exiger, en fin de compte, en Amérique ou ailleurs, l'intervention d'une nation civilisée et, dans l'hémisphère occidental, l'adhésion des Etats-Unis à la doctrine de Monroe peut forcer les Etats-Unis, même à contrecoeur, dans des cas flagrants d'injustice et d'impuissance, à exercer un pouvoir de police international 131(*)».

Roosevelt tenait un discours reposant sur l'idée de puissance, évoquant un « pouvoir de police internationale » pour réprimer les déviances, mais non pour propager le modèle américain. Jusqu'à nos jours, les réalistes ont toujours réclamé le statu-quo international (l'équilibre des forces), ne cherchant pas à changer l'ordre du monde à leur profit.Théodore Roosevelt pratiqua une politique d'investissements (la « diplomatie du dollar », surtout utilisée par son successeur : William H. Taft) et de menaces (« Big Stick ») pour faire triompher les intérêts américains dans leur zone d'influence (Caraïbes et Amérique Latine).

§.3. L'idéalisme de Wilson (1913-1921)

La présidence de Woodrow Wilson, présidence qui, de toute l'histoire des Etats-Unis, constitue probablement son moment le plus idéologisé132(*) . Le Président W. Wilson avait une vision idéaliste des relations internationales (voir les choses telles qu'elles devraient être, telles que l'on souhaiterait qu'elles soient). En effet, pour lui, les relations internationales devraient être harmonieuses et pacifiques grâce à l'obéissance des Etats à des règles de droit international et à un ordre garanti par des organisations supranationales : « Il doit y avoir, non pas un équilibre des puissances, mais une communauté des puissances ; non pas des rivalités organisées, mais une paix commune organisée133(*)».

Wilson remettait en cause la diplomatie européenne traditionnelle, reposant notamment sur le secret. Internationaliste convaincu, il croyait en la coopération des Etats, au multilatéralisme : les prises de décision en matière d'action extérieure devraient être prises en consultation avec la communauté internationale et/ou reposer sur une action commune. « C'est principalement l'idéalisme wilsonien qui a imprimé son rythme à la politique américaine depuis sa présidence historique, et qui l'inspire aujourd'hui encore »134(*).

Les fameux « 14 points » de Wilson, qui servirent de base à la paix de 1918 et à la création de la Société des Nations, ancêtre des Nations Unies, constituent une synthèse parfaite de la pensée du président américain. Pourtant, celui-ci fut désavoué par le Sénat en 1920, qui refusa de signer le Traité de Versailles que Wilson avait pourtant négocié : les tendances isolationnistes avaient repris le pouvoir ; elles restèrent prépondérantes durant les années 1920-1930.

2.1. L'extrait du discours reprenant les quatorze points135(*)

1. « Des traités de paix ouverts, auxquels on a librement abouti, après lesquels il n'y aura ni action ou décision internationale privée d'aucune nature, mais une diplomatie franche et transparente » :

2. « Une absolue liberté de navigation sur les mers, en dehors des eaux territoriales, en temps de paix, aussi bien qu'en temps de guerre, sauf si les mers doivent être en partie ou totalement fermées afin de permettre l'application d'alliances internationales. » ;

3. « Le retrait, autant que possible, de toutes les barrières économiques, et l'établissement d'une égalité des conditions de commerce parmi toutes les nations désirant la paix et s'associant pour la maintenir. » ;

4. « Des garanties adéquates à donner et à prendre afin que les armements nationaux soient réduits au plus petit point possible compatible avec la sécurité intérieure. » ;

5. « Un ajustement libre, ouvert, absolument impartial de tous les territoires coloniaux, se basant sur le principe qu'en déterminant toutes les questions au sujet de la souveraineté, les intérêts des populations concernées soient autant pris en compte que les revendications équitables du gouvernement dont le titre est à déterminer. » ;

6. « L'évacuation de tout le territoire russe et règlement de toutes questions concernant la Russie de sorte à assurer la meilleure et plus libre coopération des autres nations du monde en vue de donner à la Russie toute latitude sans entrave ni obstacle, de décider, en pleine indépendance, de son propre développement politique et de son organisation nationale ; pour lui assurer un sincère et bienveillant accueil dans la Société des Nations libres, avec des institutions de son propre choix, et même plus qu'un accueil, l'aide de toute sorte dont elle pourra avoir besoin et qu'elle pourra souhaiter. Le traitement qui sera accordé à la Russie par ses nations soeurs dans les mois à venir sera lapierre de touche de leur bonne volonté, de leur compréhension des besoins de la Russie, abstraction faite de leurs propres intérêts, enfin, de leur sympathie intelligente et généreuse. » ;

7. « La Belgique, et le monde entier agréera, doit être évacuée et restaurée, sans aucune tentative de limiter sa souveraineté dont elle jouit communément aux autres nations libres. Nul autre acte ne servira comme celui-ci à rétablir la confiance parmi les nations dans les lois qu'elles ont établi et déterminé elles-mêmes pour le gouvernement de leurs relations avec les autres. Sans cet acte curateur, l'entière structure et la validité de la loi internationale est à jamais amputée. » ;

8. « Tous les territoires français devraient être libérés, les portions envahies rendues, et les torts causés à la France par la Prusse en 1871, concernant l'Alsace-Lorraine, qui a perturbé la paix mondiale pendant près de 50 ans, devraient être corrigés, de telle sorte que la paix soit de nouveau établie dans l'intérêt de tous. » ;

9. « Un réajustement des frontières d'Italie devrait être effectué le long de lignes nationales clairement reconnaissables. » ;

10. « Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. » ;

11. « La Roumanie , la Serbie et le Monténégro devraient être évacués ; les territoires occupés devraient être restitués ; à la Serbie devrait être assuré un accès à la mer libre et sûr ; les relations des États des Balkans entre eux devraient être déterminés par une entente amicale le long de lignes historiquement établies d'allégeance et de nationalité ; des garanties internationales quant à l'indépendance politique et économique, et l'intégrité territoriale des États des Balkans devrait également être introduites. » ;

12. « Aux régions turques de l'Empire ottoman actuel devraient être assurées la souveraineté et la sécurité ; mais aux autres nations qui sont maintenant sous la domination turque on devrait garantir une sécurité absolue de vie et la pleine possibilité de se développer d'une façon autonome ; quant aux Dardanelles, elles devraient rester ouvertes en permanence, afin de permettre le libre passage aux vaisseaux et au commerce de toutes les nations, sous garantie internationale. » ;

13. « Un État polonais indépendant devrait être créé, qui inclurait les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devrait assurer un libre accès à la mer, et dont l'indépendance politique et économique ainsi que l'intégrité territoriale devraient être garanties par un accord international. 136(*)» ;

14. « Une association générale des nations , doit être constituée sous des alliances spécifiques ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États ». Nous passons en revue dans la suite des analyses de la politique étrangère des USA.

Section III : LA POLITIQUE ETRANGERE DES USA SOUS DIVERS PRESIDENT

Cette section se propose d'analyser la politique étrangère des USA sous Georges Bush, Barack Obama et Donald Trump.

§1. La politique étrangère des USA sous Georges Bush Junior

La politique étrangère de Bush est l'inspirée de ce qu'il convient d'appeler la doctrine Bush qui est une expression utilisée pour décrire certains principes de politique étrangère mis en oeuvre par l'ancien président américain George Bush. Si sa première mention est attribuée à l'éditorialiste Charles Krauthammer dans un article paru en juin 2001137(*), en référence au retrait unilatéral des traités ABM et de Kyoto, elle a de fait été essentiellement codifiée en septembre 2002 dans un document du gouvernement intitulé The National Security Strategy of the United States of America138(*). Cette stratégie de sécurité nationale de l'administration Bush prône le maintien de la suprématie militaire américaine dans le monde et son usage, via la guerre préventive si nécessaire, pour entre autres empêcher la diffusion d'armes de destruction massive et favoriser la diffusion des droits de l'homme et de la liberté139(*). Elle vise, en particulier, la refondation du monde arabe en « Grand Moyen-Orient ». Unilatérale et souvent brutale dans le discours, la doctrine Bush s'est assouplie au cours du deuxième mandat présidentiel.

1.1. Le contexte et mise en oeuvre de la politique étrangère de Bush

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le président Bush et certains de ses conseillers néo-conservateurs tentent de répondre à la fièvre antiaméricaine qui s'est propagée dans le monde arabe, foyer désigné du fondamentalisme religieux (islamisme), du terrorisme et de la dictature.La « guerre globale contre la terreur » a pour objectif de traquer les organisations et réseaux terroristes et d'instaurer des liens étroits avec les gouvernements et populations des pays de cette zone. Cette doctrine implique la diffusion du modèle américain: liberté, démocratie, ... qui sont pour les États-Unis un gage de paix140(*).

Ainsi, l'idée d'un remodelage du grand Moyen-Orient est progressivement apparue dans les projets du pouvoir américain.L'invasion de l'Irak correspond à la mise en oeuvre de cette doctrine. En effet le but est instaurer un pouvoir démocratique en Irak après avoir renversé le régime de Saddam Hussein afin que les pays voisins connaissent eux aussi une évolution démocratique.

Pour Georges Bush : « tant que cette région sera en proie à la tyrannie, au désespoir et à la colère, elle engendrera des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des Américains et de leur alliés. Nous soutenons les progrès démocratiques pour une raison purement pratique : les démocraties ne soutiennent pas les terroristes et ne menacent pas le monde avec des armes de destruction massive141(*). » C'est donc un « Wilsonisme botté ».

En mars 2003, un article de The New Republic parlait de George W. Bush comme le président « le plus wilsonien depuis Wilson lui-même », faisant référence à la pensée du président Woodrow Wilson. Cette comparaison ne visait naturellement pas le multilatéralisme de Wilson, chantre de la Société des Nations, mais bien son internationalisme et surtout la conviction que le modèle américain de démocratie libérale est moralement supérieur et doit être exporté (« make the world safe for democracy »), conviction partagée par George W. Bush.

Cette conviction prend elle-même sa source dans l'exceptionnalisme américain qui remonte lui aux fondateurs puritains du XVIIe siècle (cf. notamment discours de John Winthrop, sur la nouvelle Jérusalem). Des premières années de la République à Wilson, cet exceptionnalisme s'était traduit par une politique isolationniste visant à se retirer d'un monde européen vu comme corrompu dont les principes sont inscrits dans le discours d'adieu de George Washington mais aussi dans la doctrine Monroe.

Henry Kissinger voit dans la transition entre Theodore Roosevelt, le réaliste prudent, et Wilson, l'internationaliste idéaliste, la 'charnière' décisive dans l'évolution de la politique étrangère américaine vers l'internationalisme et le messianisme142(*).Poursuivant la comparaison, et afin de mettre en exergue les aspects interventionnistes et militaire du « wilsonisme » de Bush, le politiste Pierre Hassner, en 2003 également, parlé du « wilsonisme botté » du président Bush. La politique étrangère des États-Unis sous Bush est en effet marquée par une surprenante collision entre des racines idéalistes, une méfiance profonde à l'égard des institutions internationales et l'idée que la force est in fine un moyen légitime et efficace de parvenir à ses fins.

En résumé, La politique étrangère de George W. Bush a poursuivi les trois grandes priorités qui, depuis la fin de la Guerre froide, ont dominé les relations des Etats-Unis avec l'étranger : éviter l'URSS disparue, de laisser la tentation isolationniste séduire un pays sans ennemi à sa taille désormais ; s'assurer que le nouveau système international la globalisation serve les intérêts américains, en promouvant la démocratie de marché ; préserver la position dominante d'Empire du Milieu », de puissance hégémonique unique à laquelle ils avaient été propulsés143(*).

Dans ce cadre général, l'Administration Bush n'a cessé de clamer sa détermination à agir sans se sentir liée ni par les approches jusque-là privilégiées par ses prédécesseurs démocrates, ni par les pressions de ses partenaires et alliés ; dans le même temps, elle s'est efforcée d'éviter les retombées les plus négatives qu'une telle attitude était de nature à engendrer. Mais, la politique étrangère de Bush a buté sur la contestation intérieure de certaines de ses décisions. Si les attentats du 11 septembre 2001 ont modifié les modalités de la politique étrangère des Etats-Unis (constitution d'une coalition nouvelle et large soutien populaire au Président américain), George Bush n'en continuait pas moins de chercher à conserver la haute main sur la campagne militaire qu'il a déclenchée et de privilégier le seul intérêt national américain.

§2. La politique étrangère des USA sous Barack Obama

Obama a été régulièrement critiqué pour sa politique étrangère en Syrie, en Irak ou en Ukraine. Pourtant, estime Roland Lombardi, si son bilan est certes mitigé, il a su globalement résister aux influences «va-t-en-guerre» des néoconservateurs144(*).

Le bilan de la politique étrangère du président Obama est plus mitigé au vue des analystes. Quoiqu'il en soit, il est vrai qu'au Proche et Moyen-Orient comme en Europe d'ailleurs, les Etats-Unis d'Obama semblent s'être progressivement désengagés de ces régions. En ces temps de fin de règne, les détracteurs d'Obama déplorent qu'en matière de politique étrangère, le président américain se soit contenté, durant ses deux mandats, de réagir timidement aux événements, au lieu d'adopter une stratégie beaucoup plus proactive. C'est cette relative «passivité» et ses retenues qui lui sont reprochées. Certains évoquent même un bilan pitoyable vu que l'Amérique paraît avoir reculé sur tous les fronts. Pour notre part, même si par le passé certains ont souvent critiqué le président américain, tout compte fait, nous dirions que ce bilan est finalement mitigé et moins négatif qu'on pourrait le croire.

D'abord, car Obama a, finalement, respecté tant bien que mal la plupart de ses promesses électorales de 2007, comme le retrait stratégique du Moyen-Orient (grâce à l'indépendance énergétique américaine), en mettant fin aux opérations en Irak et en Afghanistan mais tout en poursuivant la lutte contre le terrorisme, le rééquilibrage de la présence militaire et l'investissement stratégique américain en Europe et au Moyen-Orient au profit de l'Asie-Pacifique pivot vers l'Asie et enfin, la fin des antagonismes avec les adversaires et les ennemis du passé reset.

Et en effet, il faut rappeler qu'en 2015, Obama a conclu d'importants accords commerciaux en Asie et négocié notamment un grand traité de libre-échange, le Partenariat trans-pacifique (TPP), avec Brunei, le Japon, le Vietnam, la Malaisie, Singapour, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Chili, le Pérou, le Mexique et le Canada (la Chine étant exclue bien sûr). Celle-ci couvre 40% de l'économie mondiale.Obama a également normalisé les relations avec Cuba (2014) et surtout, signé, en juillet 2015, l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien qui est en train d'ouvrir l'Etat phare du chiisme et la puissance émergente du Moyen-Orient. Ceci, tout en accordant une aide militaire record de 38 milliards de dollars à l'Etat hébreu145(*).

Seul signe dans sa politique étrangère des reset, c'est qu'avec la Russie, ça n'a pas abouti... Loin de là! Il suffit pour cela de se remémorer l'expulsion du territoire américain, à la fin de l'année 2016, des 35 diplomates russes faisant suite aux récentes et quasi hystériques accusations de la part de l'administration démocrate sortante à propos de l'espionnage et de l'ingérence russes dans la politique étasunienne.L'autre déception concerne la paix promise, notamment lors du célèbre discours du Caire de juin 2009, au Moyen-Orient et notamment entre Israéliens et Palestiniens146(*). Le statu quo dans le dossier israélo-palestinien durant huit années et l'affaire de la dernière résolution onusienne contre Israël, où les Etats-Unis se sont spectaculairement abstenus, (mais qui, là encore, n'aura aucune incidence majeure pour l'avenir) en sont la triste illustration.

Certes, l'élimination au Pakistan du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, en mai 2011, est l'un des succès du président américain. Par ailleurs, l'administration Obama a intensifié sa lutte contre le terrorisme en privilégiant le renseignement, les forces spéciales et les drones (51 frappes par des drones sous Bush et plus de 500 sous Obama). Mais en Irak et en Afghanistan, il s'est avéré que le retrait militaire de la région a peut-être été prématuré. Et effectivement, Obama a été obligé de renforcer les troupes américaines en Irak (surtout des forces spéciales) et de plus, relancer des frappes aériennes contre Daech en Syrie et en Irak depuis septembre 2014. Au vue de Tshiyembe M., Barack Obama a mis en application le réalisme comme point de repère de sa politique étrangère147(*).

Toutefois, beaucoup reprochent encore à Obama, l'absence de réaction lorsque la ligne rouge des armes chimiques a été franchie en août 2013. A l'inverse de l'inconséquent président français qui était alors prêt à en découdre (et qui fut encore pitoyablement humilié par la suite), peut-être que le locataire de la Maison Blanche, devant aussi le désistement des Britanniques, a préféré, à une intervention aux conséquences incontrôlables, une négociation avec les Russes et ce pour une issue beaucoup plus raisonnable.

Ce sursaut de réalisme salvateur du président américain était peut-être aussi dû à trois principales raisons. D'abord, au souvenir du désastreux épisode libyen, avec une intervention (où il avait suivi Cameron et Sarkozy) qui fut dramatique pour la Libye et aussi traumatisante pour les Etats-Unis, puisque, on a oublié cet évènement, l'ambassadeur américain à Benghazi, Chris Stevens, avait été assassiné en septembre 2012.Ensuite, sa méfiance vis-à-vis de l'Arabie saoudite et surtout, les premiers rapports alarmistes du Pentagone, faisant état de l'inéluctable échec de leur soutien aux rebelles syriens, ont, en l'occurrence et sans aucun doute, fini de refroidir le président Obama. Par exemple, la CIA avait prévu d'organiser, de former et d'armer une unité de 5000 rebelles «modérés». Elle n'a pu en recruter qu'une centaine qui, pour une part, se sont fait tuer, et pour l'autre, sont passés avec armes et bagages chez les djihadistes.

Certes, les intelligentsias occidentales ont beaucoup critiqué la passivité et la politique mesurée d'Obama en Syrie (comme en Ukraine). C'est vrai que nos belles âmes va-t-en-guerre sont toujours très courageuses...mais avec le sang des autres! Le prix Nobel de la paix de 2009 a, quant à lui, choisi la prudence et c'est tout à son honneur. Plus qu'ailleurs, en politique internationale, mieux vaut souvent ne rien faire que faire n'importe quoi148(*).

Nous pensons que l'histoire nous dira peut-être que le président Obama a résisté tant bien que mal, durant ses mandats, aux influences néfastes et aux diverses pressions. Pressions des différents lobbies (notamment anti-russes, pro-saoudiens...), de certains stratèges et responsables de la CIA, encore bloqués sur les vieux logiciels de la Guerre Froide et «de la carte islamiste», et enfin, des dangereux idéologues de son parti et de son administration. Ainsi, Barack Obama n'aura pas seulement juste été qu'un simple « extraordinaire communicant au charisme ravageur», comme nous l'avions souvent nous-même décrit. En définitive, il nous a sûrement évité le pire149(*).

§3. La politique étrangère des USA sous Donald Trump

Bientôt deux ans après son accession au pouvoir, l'état des lieux de sa politique étrangère est dans ceci que : le fil conducteur de la politique étrangère de Trump, « America First », aurait pu laisser penser à ceux qui ont voté pour lui, que les États-Unis allaient se retirer partiellement des affaires mondiales et des guerres, et mettre fin aux déficits commerciaux avec les pays tant critiqués par Trump pendant sa campagne (ALENA, Union européenne, Japon, Chine). Or, la politique étrangère de Trump se tend vers l'isolationnisme150(*). Trump se prévaut aussi du principe reaganien de « peace through strength » ou « la paix par la puissance », et privilégie une politique de confrontation et de provocation tous azimuts, aussi bien à l'égard des alliés que des adversaires des États-Unis, et par un recours à la force militaire décomplexé et impulsif.

Sur le plan commercial, Trump peine à mettre en oeuvre sa politique de nationalisme économique, découvrant que ses pouvoirs dans ce domaine sont en réalité limités par le Congrès, l'opposition des républicains et la capacité des entreprises américaines à contourner ses velléités protectionnistes, en travaillant avec des alliés au sein de la Maison blanche. Le Congrès américain tente aussi de limiter la marge de manoeuvre de Trump dans ses options stratégiques : sur le Russie, en adoptant de nouvelles sanctions contre la Russie, et en s'arrogeant le droit de s'interposer si jamais Trump décidait de suspendre des sanctions existantes contre la Russie.

Le Congrès américain s'oppose aussi aux coupes demandées par la Maison blanche dans le budget du département d'État, des programmes d'aide au développement et des contributions à l'ONU.La politique étrangère de Trump est chaotique à plusieurs égards. D'abord parce que le président a pris l'habitude de contredire les propos de ses plus proches conseillers et de recourir aux tweets le plus souvent non-diplomatiques comme moyen de communication privilégié avec les dirigeants étrangers. Son imprévisibilité injecte un sentiment d'incertitude sans précédent, notamment chez les alliés des États-Unis, qui se demandent s'ils peuvent toujours compter sur eux, alors que le contexte d'instabilité internationale requiert au contraire de la prévisibilité dans les relations entre alliés.

Le président Trump ne fait pas de distinction entre adversaires et alliés des États-Unis et de fait rend toutes les relations avec les autres pays transactionnelles : c'est le propos des discours du président à Riyad et à Bruxelles : les pays du Golfe devront prendre leurresponsabilité face à la menace terroriste, tandis que la relation transatlantique sera définie par le niveau de dépense militaire et le respect de la règle des 2% de PIB151(*). En contrepartie, les alliés des États-Unis pourront compter sur leur appui et leurs garanties sécuritaires. Dans le cas contraire, Trump s'engage à revoir les fondements des alliances historiques des États-Unis.

L'incohérence était particulièrement visible en juin 2018 lorsque Tillerson, le Pentagone et Trump ont prononcé des discours contradictoires suite aux tensions diplomatiques entre le Qatar et ses voisins du Golfe. Enfin, Trump injecte du chaos en attisant les tensions géopolitiques (dans le Golfe ou en Corée du Nord).Il est toutefois notable que sur l'ensemble des dossiers, OTAN, Russie, Syrie et Chine, Trump a fini par ajuster ses positions, symptôme des défaillances de sa politique de « America First » et de l'influence grandissante des figures républicaines classiques au sein de son administration.

La diplomatie américaine traverse néanmoins une crise sans précédent ; le premier budget présenté par la Maison blanche au Congrès incluait une demande de coupe de près de 31% du budget du département d'État et des postes clefs ne sont toujours pas pourvus. Le secrétaire d'État Rex Tillerson est totalement éclipsé par les généraux qui entourent le président Trump. La prédominance des généraux dans la fabrique de la politique étrangère des États-Unis, au détriment des diplomates, montrent que Trump continue de privilégier une approche militarisée et musclée de la politique étrangère américaine. En Afghanistan comme en Irak et en Syrie, Trump a donné une très large autonomie de décision et d'action aux militaires.

Deux ans après son arrivée à la Maison-Blanche, un constat semble persister : l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite encore bien des interrogations et des incertitudes sur le rôle que les États-Unis entendent jouer sur la scène internationale, que ce soit chez les rivaux des États-Unis ou, plus préoccupant, chez leurs alliés. Ces incertitudes résultent en bonne partie du peu de connaissance que l'on peut avoir de la vision du monde de Donald Trump, ou pour être plus précis, de la façon dont il pourrait concrètement mettre en oeuvre cette vision du monde puisqu'il n'a aucune expérience du pouvoir politique.Elles sont par ailleurs alimentées par les nombreux changements déjà opérés au sein de l'entourage du président, par l'influence peu claire que ses principaux conseillers (au premier rang desquels le conseiller à la sécurité nationale, le secrétaire à la Défense et celui d'État) ont dans le processus de prise de décision, et par le fait que nombre de postes clés pour la mise en oeuvre de la politique étrangère n'ont pas encore été comblés, en particulier au département d'État.

Une année après, le président Trump s'est lancé dans une escalade rhétorique vis-à-vis de Pyongyang dont l'une des conséquences est d'avoir accru la pression qui règne dans la péninsule coréenne et plus largement en Asie de l'Est.

3.1. Le bilan positif

Même si on peut être sévère avec le bilan de Trump en politique étrangère 2 ans après son entrée en fonction, il faut néanmoins souligner quelques points plutôt positifs. Nous en distinguons trois152(*). Il a tout d'abord réagi avec fermeté et mesure aux provocations de Bachar al-Assad en ordonnant en avril le bombardement (certes symbolique et limité) d'installations militaires du régime, ce que Barack Obama n'avait pas fait à la fin de l'été 2013.

Ensuite, il n'apparaît pas pour le moment du moins complétement en phase avec la ligne dure prônée par le gouvernement Netanyahu, que ce soit sur le conflit israélo-palestinien ou l'Iran.

Enfin, il a confié des postes de responsabilité (nous pensons au conseiller à la sécurité nationale H.R. Mcmaster, au secrétaire général de la Maison-Blanche John Kelly, et au secrétaire à la Défense James Mattis) à des personnes hautement qualifiées. Leur prestige militaire peut certainement les aider à influencer, raisonner, rationnaliser, éduquer et encadré un président pour le moins hors normes.

Pour Alexandra de Hoop Scheffer : La vision du monde de Trump a évolué depuis son arrivée à la Maison blanche, reflétant l'influence déclinante ou ascendante des conseillers autour de lui, lesquels peuvent être classés dans trois écoles de pensée différentes : l'« école Bannon », du nom de son ancien conseiller en stratégie à la Maison blanche, Steve Bannon et à laquelle sont rattachés Sebastian Gorka, ancien conseiller pour le contreterrorisme, Peter Navarro, conseiller sur les questions commerciales, et Steve Miller conseiller et plume de Trump. Fondé sur des principes antisystème, antimondialisation, mu par un sentiment antimusulman et l'idée de guerre des civilisations, ce groupe avait en début de mandat le plus grand potentiel de changer en profondeur la politique étrangère américaine et de déconstruire les engagements internationaux des États-Unis, à commencer par le retrait de l'accord climat, du TPP, le décret anti-immigration (« Muslim bang »).

Il est notable de constater que les figures les plus influentes de ce groupe ont quitté l'administration, signe de leur marginalisation, en faveur des figures républicaines plus classiques et internationalistes.C'est le deuxième groupe, l'« école McCain », dans lequel on retrouve les généraux Mattis, Kelly, McMaster. Ils ont passé deux derniers ans à tenter de rassurer le reste du monde et d'expliquer que les commentaires de Trump sur l'OTAN, l'UE, la Russie, ne reflétaient pas la politique des États-Unis. Ce groupe tente de pousser Trump vers positions plus traditionnelles : fermeté envers la Russie, une politique plus alignée avec celle de leurs partenaires européens, prise de distance avec le rhétorique anti-Islam. Si Trump les a mis à des postes stratégiques pour se donner de la crédibilité, il les a aussi ignorés à plusieurs occasions. Le moment de rupture important au sein de l'administration Trump a été la rencontre du 25 mai à Bruxelles avec les alliés de l'OTAN, où le président a surpris tous ses proches conseillers en ne réaffirmant pas l'article 5 de la Charte de l'OTAN, alors qu'il s'y était engagé auprès d'eux.

Enfin il y a le « clan familial » de Trump, en particulier son gendre Jared Kushner et sa fille Ivanka. Ils ont un accès direct à Trump, des contacts réguliers que les autres conseillers n'ont pas. Leur pouvoir opérationnel est toutefois limité, et même leur pouvoir d'influence et de modération auprès de Trump s'est avéré inefficace, sur la question du climat par exemple ou face aux événements de Charlottesville. Leur influence a été clairement surestimée par les médias et les experts.Avec le départ de ses conseillers idéologues et les contradictions de plus en plus apparentes entre les membres de son administration et lui-même, Trump n'a plus de paravent derrière lequel se cacher: « il parle en son propre nom » précise Tillerson à propos de la réaction du président aux violences à Charlottesville.

Julien Toureille estime que pendant la campagne électorale, le candidat Trump s'est fait le chantre de « l'Amérique en premier »153(*). Il a ainsi habilement saisi et exploité l'Etat d'une partie non négligeable de l'opinion publique (cette fameuse classe populaire blanche peu éduquée) qui se sent lésée par la mondialisation libérale. Plus fondamentalement, et malgré le fait que Trump n'est pas souvent articulé sa vision du monde en écrivant par exemple des livres ou articles, il semble fermement convaincu que les États-Unis ne sont pas les grands gagnants de l'ordre international libéral qu'ils ont instauré à partir de 1945 et qu'ils dominent depuis la fin de la guerre froide. Il estime que les travailleurs américains sont les perdant des accords de libre-échange ; que les États-Unis se font avoir financièrement à défendredes pays qui auraient les moyens d'assumer les coûts de leur sécurité ; que les organisations et traités internationaux entravent la souveraineté américaine. De tels points de vue ne sont pas nouveaux ni spécifiques à Trump. Les syndicats et le parti démocrate ont traditionnellement été réticents face aux accords de libre-échange.

Depuis Dwight Eisenhower, nombre de présidents américains ont enjoints les alliés (notamment européen au sein de l'OTAN) à contribuer davantage à la sécurité collective. Dans les années 1990, le combat des républicains, notamment du sénateurJesse Helms, contre l'ONU s'était traduit par de sérieux arriérés de paiement des États-Unis à l'organisation internationale.

Ce qui est fascinant, troublant même avec Trump, est son aversion affichée pour ces trois piliers de l'ordre internationale libéral que sont l'économie de marché et le libre-échange, les organisations internationales, et la sécurité collective. Il est le premier président des États-Unis depuis 1945 à arriver à la Maison-Blanche avec la volonté explicite de les remettre en question, de s'en affranchir.Il l'a fait en partie en retirant les États-Unis du partenariat transPacifique et de l'accord de Paris sur le climat. Il menace également de réduire drastiquement la contribution américaine à l'ONU et à ses opérations de paix.

Si vous ajoutez à cela sa propension à qualifier tous les Musulmans de terroristes potentiels et à faire confiance à des partisans d'un certain nationalisme ethnique comme pouvait l'être son conseiller spécial Steve Bannon, vous avez tous les ingrédients d'un repli désordonné et égoïste de la puissance américaine sur elle-même dont les conséquences sur la stabilité et la prospérité internationale pourraient être catastrophiques.

Dans cette optique, le départ récent de Steve Bannon de la Maison-Blanche apparaît comme un soulagement pour les partisans d'une orthodoxie de la politique étrangère américaine et du maintien du rôle dominant que les États-Unis exercent sur la scène internationale depuis 1945. Les militaires qui apparaissent maintenant en charge (Kelly, McMaster, Mattis) adhèrent à une vision « classique » de la politique étrangère qui pourrait se raduire in fine par une plus grande continuité que des ruptures dans l'action des États-Unis dans le monde. Après tout, Trump a conservé la stratégie décidée sous Obama pour lutter contre l'EI (en privilégiant les forces spéciales et l'arme aérienne) et il maintient même l'engagement américain enAfghanistan où il a annoncé l'envoi d'environ 3500 - 4000 militaires supplémentaires comme les généraux le demandent depuis des mois.

Pour Alexandra de Hoop Scheffer,154(*) face à un choix d'options limité, le président Trump poursuit la posture par défaut dite de « patience stratégique » adoptée par les administrations précédentes. Après des discussions d'options musclées, McMaster parlant même ouvertement de « guerre préventive », Trump semble avoir opté pour la désescalade. Il n'est jamais trop tard pour négocier, comme le rappelle l'épisode de 1994, lorsque les États-Unis étaient sur le point de bombarder Pyongyang avant que Jimmy Carter ne décide de se rendre en Corée du Nord et de négocier un accord visant à geler son programme nucléaire militaire.

L'approche initialement confrontation elle de Trump a été contestée tant à Pékin qu'à Séoul et Tokyo redoute aussi les effets d'une politique américaine trop agressive vis-à-vis de la Corée du Nord. En cas d'attaque de Washington, la Chine a été très claire sur le fait qu'elle soutiendrait la Corée du Nord dans le cadre de l'accord d'assistance mutuelle signé entre les deux pays en 1961, ce qui engendrerait une guerre régionale dévastatrice. Les États-Unis ne peuvent donc pas s'engager dans une opération militaire sans l'appui des pays voisins, et les généraux entourant Trump ont d'ailleurs écarté tous les scénarios militaires, préférant la pression, les sanctions et la négociation.

LA CONCLUSION PARTIELLE

Le troisième chapitre de ce travail a eu à axersur la politique étrangère des Etats-Unis. Trois points ayant fait l'objet de la réflexion dans ledit chapitre sont notamment les institutions et l'histoire de la politique étrangère américaine, ses fondements doctrinaux et les analyses de ladite politique.

Dans le premier point, les analyses relèvent que les institutions principales de la politique étrangère sont la présidence et le congrès. C'est une sorte de cheik and balance dans le sens où il est difficile de déterminer la primauté de l'une sur l'autre. Quant à l'histoire de la cette politique, il est à noter que longtemps dominée par l'isolationnisme, il faudrait attendre en 1917 l'attaque des navires commerciaux pour que le président Woodrow Wilson mette fin à l'isolationnisme et intervienne dans la première Guerre mondiale.

Les fondements doctrinaux de la politique étrangère américaine sont l'isolationnisme, la destinée manifeste, l'idéalisme et le réalisme bien qu'il puisse y avoir d'autres doctrines non moins négligeables ayant marqué de bonne foi cette politique.

L'analyse de la politique étrangère américaine relève que George Bush Junior était d'abord isolationnisme, ensuite interventionnisme à cause des attentats de 11 septembre 2011 ayant plus de 3000 morts sur le sol américain. Barack Obama était quant à lui un modéré c'est-à-dire moins réaliste, moins interventionnisme et moins idéaliste. Donald Trump pour sa part est isolationniste (néo-isolationniste), réaliste et protectionniste.

Eu égard à ce qui précède, la politique étrangère américaine participe dans tous les domaines de la puissance américaine, pour cela il faut une stratégie rationnelle pour répondre à la mission divine confiée à l'Amérique de dominer et protéger le monde. Car, il n'y a pas de puissance sans une bonne politique étrangère.

CHAPITRE IV : L'ISOLATIONNISME DANS LA GEOECONOMIE AMERICAINE SOUS L'ADMINISTRATION DONALD TRUMP

L'isolationnisme est une vieille doctrine qui s'inscrit dans la politique étrangère américaine. Il remonte de Georges Washington, Jefferson et certifié comme la véritable doctrine par James Monroe jusqu'à être innové aujourd'hui par l'actuel président américain Donald Trump. Aujourd'hui l'isolationnisme nourri la politique géoéconomique américaine et offre de nombreux atouts, mais des revers sur l'économie américaine. Toutefois, cet isolationnisme s'inscrit dans le cadre de dénonciation de multilatéralisme. D'où nous avons voulu déceler les résultats de cette vieille doctrine de la politique américaine dans la géoéconomie américaine. Tel est le mérite de ce chapitre consacré à l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine.

Ceci étant, ce chapitre se propose de faire un état de lieu de l'isolationnisme et la géoéconomie d'une part, circonscrire l'impact du premier sur la deuxième, d'autre part.

Section I. L'ETAT DE LIEU DE L'ISOLATIONNISME

L'isolationnisme trumpien est synonyme de retrait d'une large série d'accords internationaux. Il nous revient ici dans cette section, de faire une cartographie de différents retraits des Etats-Unis d'Amérique sous l'administration Trump. Il est nous est aussi important de clarifier que l'isolationnisme trumpien innove le débat, dans ce sens qu'il revêtu d'une connotation très économique que politique.

§1. L'isolationnisme des USA face à l'accord de Paris de la lutte contre le réchauffement climatique

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi février 2017 le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat. Ce traité avait été signé fin 2015 pendant la COP21.Après plusieurs jours à entretenir le suspense, Donald Trump a annoncé jeudi soir le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris signé au terme de la COP21, en décembre 2015. Après un G7 marqué par de fortes dissensions sur le sujet de la lutte contre le réchauffement climatique, le verdict du président américain est motivé par des questions économiques, malgré les pressions internationales155(*).Les effets du retrait du deuxième émetteur de gaz à effet de serre de la planète de cet engagement historique se font sentir.

Signé le 12 décembre 2015 à Paris, dans le cadre de la COP21, par 195 pays, et ratifié depuis par 147, l'accord prévoit notamment de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels. Toutefois, la portée réelle de cet accord reste relative, étant donné qu'il est non contraignant et que chaque pays s'est fixé ses propres objectifs.Donald Trump avait fait du retrait de son pays de l'Accord de Paris l'un des thèmes phares de sa campagne pour la présidentielle américaine de 2016. Après sa victoire, il avait rapidement donné le ton de sa politique environnementale, en nommant Scott Pruitt, un climato-sceptique convaincu, à la tête de l'Agence de protection de l'environnement (EPA).

En retirant les Etats-Unis de ce premier accord universel sur le climat, Donald Trump revient sur l'une des avancées majeures de l'ère Obama en matière de politique climatique. Dans le cadre de l'accord de Paris, son prédécesseur s'était en effet engagé à ce que les Etats-Unis réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d'ici à 2025, par rapport aux taux de 2005. Très peu sensible à la question et fervent défenseur des énergies fossiles, Donald Trump a, lui, entrepris de relancer la politique du charbon, et a d'ailleurs signé un décret en ce sens le 28 mars dernier. Jusqu'à 0,3 degré de réchauffement imputable aux Etats-Unis.

Dans les faits, le retrait des Etats-Unis de l'accord aura des effets concrets sur le réchauffement climatique. Comme l'explique Europe 1, une simulation pour tenter de mesurer ces effets a été réalisée par des chercheurs de l'organisation Climate Interactive, et selon leurs projections, la quantité de gaz à effet de serre pourrait augmenter de 3 milliards de tonnes d'équivalent C02 par an, d'ici à 2030. Ce qui aurait pour conséquence un réchauffement de 0,3 degré imputable aux Etats-Unis, sur les 3 degrés globalement prévus par les scientifiques156(*).

Une autre projection, réalisée cette fois-ci par l'organisation Climate Action Tracker, table elle sur un réchauffement de 0,1 à 0,2 degré lié aux Etats-Unis.Autrement dit, le départ des Etats-Unis rend l'objectif de limitation du réchauffement encore plus difficile à atteindre. Il y a donc un risque d'effet boule de neige. En outre, le retrait des Etats-Unis pourrait faire effet boule de neige. "L'accord va continuer d'exister, que les Etats-Unis restent ou non. Mais ce serait de très mauvaise augure, cela pourrait donner des idées à d'autres pays qui se poseraient la question de maintenir leurs engagements", faisait ainsi valoir avant l'annonce Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France157(*)."Et surtout il faut rappeler que les Etats-Unis sont parmi les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, donc si les Etats-Unis ne font pas d'effort pour réduire leurs émissions de CO2 et lutter contre le dérèglement climatique, cela va demander aux autres pays de faire encore plus d'efforts. Les autres pays vont devoir faire tous les efforts que les Etats-Unis ne feront pas", insistait-t-il158(*).

De leur côté, la Chine et l'Union européenne, deux piliers parmi les signataires, se sont dites prêtes à défendre l'Accord de Paris, et ce quelle que soit la décision de Donald Trump.Un départ des Etats-Unis a également pour conséquence une augmentation de la facture des autres poids lourds faisant partie des signataires, comme la Chine, la Russie, et les pays de l'Union européenne.

En effet, l'accord de Paris prévoit un soutien économique des pays riches aux pays en voie de développement, en l'occurrence une aide de 100 milliards de dollars par an (soit 89 milliards d'euros), à partir de 2020. Ce retrait des USA de l'accord du Paris sur le réchauffement climatique, annonce donc le souci imminent du pays à se désengager des affaires du monde et par conséquent traduit la reprise du pays de sa vieille doctrine qui est l'isolationnisme. Les lignes qui suivent font une cartographie de l'isolationnisme.

§2. La cartographie isolationniste des USA sous Trump : du Pacte sur les migrants, de l'Unesco, l'Otan, du partenariat transpacifique, de l'Alena, du libre-échange transatlantique, de l'OMC.

2.1. Retrait au Pacte sur les migrants159(*)

En septembre 2016, les 193 membres de l'Assemblée générale de l'ONU avaient adopté à l'unanimité un texte appelé Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants qui vise à améliorer à l'avenir leur gestion internationale (accueil, aide aux retours...). Il devait servir de base pour créer un Pacte mondial sur les migrants et réfugiés en 2018. La mission américaine auprès de l'ONU a annoncé samedi que les Etats-Unis mettaient fin à leur participation à ce pacte car la déclaration adoptée comprend plusieurs dispositions qui sont incompatibles avec les politiques américaines d'immigration et de réfugiés et les principes édictés par l'administration Trump en matière d'immigration. Trump fustige l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture.

2.2. Le retrait de l'Unesco

M. Trump demande une réforme de l'ONU dont il dénonce la bureaucratie et la mauvaise gestion alors que Washington est le premier contributeur financier de l'organisation. Jeudi, 2017, l'ambassadrice américaine Nikki Haley a souligné que Washington poursuivrait l'évaluation de son niveau d'engagement au sein de toutes les agences du système des Nations unies. Les Etats-Unis ont annoncé le 12 octobre qu'ils se retiraient de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), accusant l'institution d'être « anti-israélienne ». Les Etats-Unis conserveront un statut d'observateur jusqu'à leur retrait effectif à la fin 2018. Trump accuse l'Otan dans les lignes qui suivent.

2.3. L'isolationnisme face à l'OTAN

Critique de l'Otan. Donald Trump avait qualifié l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) d'obsolète, avant de revenir sur ses déclarations, et demandé aux pays de l'Alliance d'augmenter leurs budgets militaires. En mai, il n'avait pas explicitement apporté son soutien à l'article 5, qui prévoit que les alliés volent au secours d'un des leurs en cas d'agression extérieure.

2.4. Retrait du partenariat transpacifique

Dès sa prise de fonctions le 20 janvier, Donald Trump a retiré Washington du partenariat transpacifique (TPP), signé en 2015 avec onze pays de la région Asie-Pacifique (mais pas la Chine) représentant 40 % de l'économie mondiale. A la place, le président américain veut négocier des traités « bilatéraux » afin de « ramener les emplois et l'industrie sur le sol américain».

2.5. La renégociation de l'ALENA avec le Canada et le Mexique ou le retrait des USA

L'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est un autre objet de critiques ; Trump a même menacé de se retirer unilatéralement de l'ALENA, à moins qu'il n'obtienne des concessions importantes de la part du Canada et du Mexique. Mais finalement face à des nombreuses divergences du Mexique et Canada, Trump a mis fin au débat en retirant son pays de l'accord du libre-échange nord-américain.

2.6. La critique du libre-échange transatlantique

Le président américain a lancé des nouvelles négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena ou Nafta en anglais), une vaste zone de libre-échange qui unit depuis 1994 les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Donald Trump affirme qu'il a contribué à délocaliser au Mexique des millions d'emplois industriels américains. Il est plus conciliant avec le Canada, le premier client des Etats-Unis et leur premier fournisseur de pétrole. Si les négociations sur une version « améliorée » de l'accord n'aboutissent pas à la fin 2017, Washington quittera l'Alena et négociera des accords bilatéraux avec ses deux voisins.

Le président américain dénonce régulièrement les mesures « protectionnistes » de l'Union européenne et le déficit commercial des Etats-Unis avec l'Allemagne, visée comme l'Italie par des enquêtes sur un dumping présumé dans les importations d'acier. Les négociations sur l'accord de libre-échange transatlantique entre l'UE et les Etats-Unis (TTIP), lancées en 2013, sont pour leur part bloquées face à la réprobation croissante de la société civile et de certains pays européens.

2.7. La dénonciation de l'OMC

L'Organisation mondiale du Commerce est dans le collimateur de l'administration Trump. Lors de la réunion du G20, début juillet à Hambourg (Allemagne), le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin n'avait pas exclu de renégocier les accords commerciaux multilatéraux qu'elle est censée appliquer. Les règlements de l'OMC pourraient notamment empêcher les Etats-Unis d'appliquer leur projet de« Border Adjustement Tax » qui avantagerait leurs exportateurs et pénaliserait les importateurs.L'Amérique de Trump accuse ainsi l'Iran et promet de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien. C'est ce que nous relevons dans le point suivant.

§3. L'isolationnisme vis-à-vis de l'accord iranien

Donald Trump a annoncé, mardi 8 mai 2017, le retrait des Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, qu'il a qualifié de désastreux. Il a également déclaré rétablir des sanctions contre le régime iranien. Cette annonce risque d'ouvrir une période de vives tensions avec ses alliés européens et d'incertitudes quant aux ambitions atomiques de Téhéran.Le retrait des Etats-Unis était une des promesses de campagne de Donald Trump, qui n'a cessé de dénoncer les termes de cet accord conclu en 2015 par son prédécesseur démocrate Barack Obama, après vingt et un mois de négociations. En vertu de cet accord, conclu entre l'Iran, les Etats-Unis, la France, la Russie, la Grande-Bretagne, la Chine et l'Allemagne, Téhéran a accepté de réduire ses activités nucléaires en échange d'une levée progressive de la majeure partie des sanctions internationales qui le visaient.Conséquence de la dénonciation de l'accord par Washington, les Etats-Unis vont rétablir une large palette de sanctions concernant l'Iran à l'issue de périodes transitoires de 90 à 180 jours, qui viseront notamment le secteur pétrolier iranien ainsi que les transactions en dollars avec la banque centrale du pays, a annoncé mardi le département du Trésor américain.

Dans un communiqué et un document publiés sur son site Internet, le Trésor précise que le rétablissement des sanctions concerne également les exportations aéronautiques vers l'Iran, le commerce de métaux avec ce pays, ainsi que toute tentative de Téhéran d'obtenir des dollars US160(*). Il s'agissait d'un abominable accord unilatéral qui n'aurait jamais dû être conclu, a estimé Donald Trump. Il n'a pas apaisé la situation. Et il n'a pas apporté la paix. Et il ne l'apportera jamais. Il est évident, à mes yeux, qu'avec la structure fragilisée et pourrie de l'accord actuel, on ne peut empêcher l'Iran de se doter d'une bombe nucléaire.

Au coeur de cet accord, il y avait une fiction, a insisté Donald Trump, lors de son intervention : un régime meurtrier, qui voudrait la paix. Mais c'était un mensonge et nous en avons la preuve, a estimé le président américain, en déclarant qu'il était prêt à conclure un nouvel accord avec l'Iran quand ce pays y serait disposé.Le locataire de la Maison Blanche a mis en garde tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis.

Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien Téhéran dénonce une guerre psychologique, Cette annonce relève d'une guerre psychologique, a réagi le président iranien, Hassan Rohani, précisant que Téhéran n'entendait pas se retirer de l'accord. Il a assuré vouloir discuter avec les Européens, les Russes et les Chinois. J'ai donné pour consigne au ministère des affaires étrangères de négocier avec les pays européens, la Chine et la Russie dans les semaines à venir. Si, au bout de cette courte période, nous concluons que nous pouvons pleinement bénéficier de l'accord avec la coopération de tous les pays, l'accord restera en vigueur, a-t-il déclaré.

Le président iranien a également averti que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu'il a consenties sur ses activités d'enrichissement d'uranium : « J'ai ordonné à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique de prendre les mesures nécessaires (...) pour qu'en cas de nécessité nous reprenions l'enrichissement industriel sans limite. (...) Nous attendrons quelques semaines avant d'appliquer cette décision », en fonction du résultat des discussions entre Téhéran et les autres partenaires de l'accord, a-t-il ajouté161(*).

Le guide suprême de la révolution iranienne, Ali Khamenei, s'est montré plus virulent envers Donald Trump et sa décision. Il y avait peut-être une bonne dizaine de mensonges dans son discours. Il a menacé le régime et le peuple, en leur disant de faire ceci ou cela. Monsieur Trump, je vous le dis au nom du peuple iranien : vous avez commis une erreur.

De son côté, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a dit soutenir totalement la décision courageuse de Donald Trump de désengager son pays de l'accord nucléaire avec l'Iran.Cette décision a également été saluée par l'Arabie saoudite. Premier exportateur mondial de pétrole, le royaume a déclaré qu'il prendrait toutes les mesures nécessaires et travaillera avec les principaux producteurs de pétrole à l'intérieur et à l'extérieur de l'OPEP, ainsi qu'avec les principaux consommateurs, pour empêcher des pénuries d'approvisionnement en pétrole.

Paris, Berlin et Londres veulent continuer à appliquer l'accord, La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont exprimé, leur préoccupation et se sont dits déterminés à continuer à appliquer l'accord nucléaire iranien, tout en travaillant à en négocier un nouveau, plus large, ont annoncé les trois pays, au lendemain de retrait américain.Nous resterons parties au, déclarent dans ce communiqué commun Emmanuel Macron, Theresa May et Angela Merkel. Nos gouvernements restent déterminés à assurer la mise en oeuvre de l'accord et travailleront à cet effet avec les autres parties qui resteront engagées, disent-ils, en maintenant les bénéfices économiques au profit de la population iranienne.

Le président français, Emmanuel Macron, qui s'est entretenu en début de soirée avec ses homologues allemande et britannique, avait plus tôt affirmé que les trois pays européens voulaient oeuvrer collectivement à un cadre plus large : nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l'activité nucléaire, la période après 2025.L'ancien président américain, Barack Obama, a, quant à lui, qualifié de grave erreur la décision de Donald Trump, jugeant que l'accord sur le nucléaire iranien fonctionne et est dans l'intérêt de Washington. La Russie et la Chine, également signataires de l'accord, ont eux aussi exprimé leur déception, la Russie dénonçant une violation grossière des normes du droit international.Profondément préoccupé par l'annonce du retrait des Etats-Unis, le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a appelé au lendemain, les autres signataires de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 à respecter pleinement leurs engagements. La Syrie a condamné la décision de Trump, qu'elle qualifie d'agression, tandis que la Russie s'est dite profondément déçue. L'isolationnisme n'est pas le seul à marquer la scène politique américaine sous l'ère trumpienne. Il est accompagné de la géoéconomie soulevée dans la section suivante.

Section II. L'ETAT DE LIEU DE LA GEOECONOMIE

Etat définie comme une analyse des stratégies économiques diligentées par les États dans le cadre de la défense ou de l'aide au développement au sens où de leurs entreprises nationales vis-à-vis du contexte concurrentiel mondial162(*), la géoéconomie est nos jours une stratégie far de Trump symbolisée parfois par le protectionnisme, parfois par ce qu'il convient d'appeler guerre commerciale. C'est ainsi que cette section constitue la mise en lumière d'une large série de guerres commerciales.

§1. De la guerre commerciale contre la chine

Guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est un épisode de dispute commerciale, constitué de hausses de taxes douanières et de menaces entre la Chine et les États-Unis, lancé sous la présidence de Donald Trump en 2018.L'historique de cette guerre table que sur des droits de douanes moyens des États-Unis entre 1821 et 2016. Balance commerciale entre les États-Unis et la Chine entre 1985 et 2015.

Le 22 janvier 2018, Donald Trump met en place sur 4 ans des taxes douanières sur les machines à laver et les panneaux solaires163(*). La Chine est le principal producteur mondial de panneaux solaires. Les taxes sur ces panneaux sont dégressives, de l'ordre de 30 % la première année pour tomber à 15 % la quatrième année. De plus chaque année, un quota de 2,5 GW de panneaux photovoltaïque est exempté de droits de douane. De la même manière, les droits de douane sur les machines à laver sont dégressifs, mais en deux catégories : 1,2 million de machines à laver importées sont soumises à une taxe douanière de 20 % la première année, taxe qui descend à 18 % la seconde année, puis 16 % la troisième, alors que le reste des machines à laver et les pièces détachés sont soumis à des taxes de 50 % la première année, puis 45 % la seconde année et enfin 40 % la troisième année. La Chine est le premier pays exportateur de machines à laver vers les États-Unis, suivi du Mexique et de la Corée du Sud164(*).

En février 2018, la Chine déclenche une enquête anti-dumping sur le sorgho américain, le ministère chinois du Commerce affirmant que les États-Unis subventionnent la culture de cette céréale. La Chine importe pour environ 1 milliard de dollars de sorgho américain, et des taxes douanières pourraient pénaliser un État américain comme le Kansas, premier État producteur de sorgho aux Etats-Unis, et qui a largement voté Donald Trump.

Le 8 mars 2018, Donald Trump signe un décret instaurant des droits de douane de 25 % sur les importations en aluminium et de 10 % sur celles en acier. Par la suite plusieurs pays sont exemptés de cette augmentation de droits de douane, de manière temporaire. Cette exemption temporaire touche le Canada, le Mexique, l'Union européenne, la Corée du Sud, le Brésil et l'Argentine, liste qui exclut notamment le Japon et la Chine.En mars 2018, Donald Trump signe un décret interdisant l'acquisition de Qualcomm par Broadcom, en dénonçant l'influence de la Chine dans cette acquisition.

Le 22 mars 2018, Donald Trump annonce une augmentation des droits de douane de l'ordre de 60 milliards de dollars, répartie sur une liste de produits, qui est définie le 3 avril. Cette liste touche 1300 produits comprenant les écrans plats, les armes, les satellites, le matériel médical, les pièces automobiles et les batteries.Le 23 mars, la Chine dévoile une liste de 128 produits dont les droits de douane devraient augmenter de 15 % pour 120 produits comme le vin ou les fruits et de 25 % pour 8 produits dont la viande de porc. Ces droits de douane sont de l'ordre de 3 milliards de dollars. La taxation commence le 2 avril. Le 4 avril, la Chine définit une autre liste de produits, ayant cette fois un volume d'échange entre les deux pays de 50 milliards de dollars, mesure qui touche notamment le soja, la viande bovine, le coton, le tabac, le whisky, le secteur automobile et aéronautique165(*).

Le 16 avril 2018, ZTE , un important producteur chinois de téléphone portable et d'équipements téléphoniques, est interdit par le gouvernement américain d'utiliser des biens ou des services d'origine américaine pour une durée de 7 ans, suite à de fausses déclarations concernant ses exportations vers l' Iran , soumis à des sanctions économiques tant internationales que surtout américaines . ZTE avait déjà été victime d'une amende de 1,2 milliard de dollars en 2017, suite à des réexportations de produits vers l'Iran comprenant des éléments d'origines américaines, alors que c'est prohibé par les États-Unis.

Le 20 avril, la Chine demande un dépôt de garantie de l'ordre de 178 % de la valeur de la cargaison pour ses importations de sorgho venant des États-Unis. Suite à cette annonce, plusieurs navires changent de destination en cours de route. En mai, suite à des négociations avec les États-Unis, la Chine arrête ses sanctions sur le sorgho et les États-Unis ne menacent plus d'augmenter leurs droits de douane. Peu de temps après, la Chine annonce la baisse de ses droits de douane sur les pièces automobiles et sur les automobiles à 6 %, indistinctement du pays d'origine166(*).

En juin 2018, les autorités américaines modifient les sanctions contre ZTE, suite à d'importantes négociations avec la Chine, pour le contraindre à une amende de 1 milliard de dollars, un dépôt sur compte bloqué de 400 millions de dollars et un renouvellement de son conseil d'administration et de surveillance, en échange de la permission d'acquérir des composants d'origine américaine. Toujours durant cette même année, Donald Trump annonce la mise en application pour le 6 juillet 2018 de ses menaces de mises en place de taxes douanières contre la Chine sur un volume d'importations de 50 milliards de dollars, avec des droits de douane de l'ordre de 25 % sur 800 types de produits différents, dont les voitures, les semi-conducteurs et les pièces électroniques. Suite à cette annonce, la Chine annonce des sanctions similaires sur un volume de 50 milliards de dollars d'importations venant des États-Unis de l'ordre de 25 % sur 659 types de produits, incluant les voitures, les produits de la mer ou encore le soja167(*). Le 6 juillet, des droits de douane de 25 % sont mis en place sur 34 milliards de dollars d'importations sur les 50 milliards de dollars annoncés.

En juillet 2018, Donald Trump annonce pour septembre 2018 une nouvelle série d'augmentations de 10 % des taxes douanières des États-Unis qui cibleront un total de 200 milliards de dollars de produits chinois importés . Les produits concernés par cette augmentation sont des produits agricoles, du tabac, des produits chimiques, du charbon, de l'acier, de l'aluminium, des meubles, des routeurs, des ordinateurs, des pneus, de la maroquinerie, des produits forestiers, des produits de beauté, de la nourriture pour animaux, etc.En juillet de la même année, les autorités de la concurrence chinoises refusent l'acquisition de NXP Semiconductors par Qualcomm. L'acquisition, ayant été annoncée en 2016, est donc annulée.

En août 2018, Trump menace d'alourdir les taxes douanières des biens en provenance de Chine par rapport aux annonces faites en juillet en faisant passer les taxes douanières des États-Unis qui cibleront un total de 200 milliards de dollars de produits chinois à 25 %. En représailles, la Chine annonce des taxes douanières supplémentaires de l'ordre de 5 à 25 % qui cibleront 60 milliards de produits américains, notamment des produits agricoles et du gaz naturel.Toujours en août 2018, le congrès américain vote une loi qui interdit l'utilisation par les différentes administrations américaines de matériel provenant de Huawei, ZTE , Hikvision, Dahua Technology, deux constructeurs de caméras de surveillance, et de Hytera Communications, une entreprise construisant des radios168(*). En août 2018, des droits de douane sur 16 milliards de dollars d'importations sont mis en place par les États-Unis en complément de ceux qui avaient été mis en place en juillet 2018 sur les 34 milliards d'importations. En réponse à cela, la Chine met en place des droits de douane sur également 16 milliards de dollars d'importations le même jour.

En septembre 2018, les États-Unis mettent en place une série de taxes douanières de 10 % sur 200 milliards de volume d'importations chinoises, taxes douanières qui doivent passer à 25 % au 1er janvier 2019. Suite à cela, la Chine met en place des taxes douanières de 5 à 10 % sur un volume de 60 milliards d'importations américaines.En décembre 2018, les États-Unis décident de reporter de 90 jours l'augmentation des droits de douane de 10 % à 25 % devant initialement arrivé le 1er janvier 2019 sur près de 200 milliards de dollars de marchandises. En décembre 2018, la Chine annonce en réaction, une baisse des droits de douane sur les importations de voitures américaines à 15 % pendant 3 mois. La Chine annonce également le renforcement de son droit sur la propriété intellectuelle. En parrallèle, la Chine annonce une réduction de ses droits de douane à partir du 1er janvier 2019, comme sur les médicaments, sur les industries de pointes169(*).

Précédent de 2002, certains observateurs comparent cette guerre commerciale au tarif douanier imposé à partir de mars 2002, sous la présidence de George W. Bush, sur environ 30 % des importations sidérurgiques américaines, en invoquant la « clause de sauvegarde » de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce tarif s'échelonnait entre 8 et 30 % selon les produits mais exemptait d'emblée certains partenaires et plusieurs catégories de produits. Après une plainte de l'Union européenne rejointe par plusieurs pays, l'OMC donna tort en juillet 2003 aux États-Unis pour preuves insuffisantes du préjudice subi. Le tarif spécial dura ainsi 21 mois au lieu des 3 ans annoncés170(*). La guerre commerciale ne laisse pas indifférente l'Union Européenne. Ainsi, nous abordons cette question dans le paragraphe qui intervient.

§2. La guerre commerciale contre l'Union Européenne

Trump s'est montré constant dans sa critique du libre-échange, qu'il accuse d'avoir porté préjudice aux ouvriers américains171(*). Il a insisté pendant sa campagne sur le fait que son objectif de placer «l'Amérique d'abord» impliquerait la renégociation des accords avec les partenaires commerciaux des États-Unis afin d'obtenir des termes plus favorables aux intérêts économiques américains. Trump a affirmé que «l'américanisme, et non le mondialisme, sera notre credo», exprimant ainsi qu'il était favorable à une certaine forme de protectionnisme172(*). Il est intéressant de noter que la campagne de Trump a même réussi à changer l'opinion des électeurs républicains au sujet du libre-échange : 61% d'entre eux pensent que le libre-échange est une «mauvaise chose» en 2016, contre seulement 36% en 2014173(*). Durant sa campagne, Trump s'est engagé à remettre en cause les fondements mêmes de la politique commerciale des États-Unis en renégociant ou, au besoin, en se retirant d'une large série d'accords, comme l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le Partenariat transpacifique (TPP en anglais), et même de l'Organisation mondiale du commerce174(*).

Par conséquent, l'élection de Donald Trump risque de geler les négociations en cours entre l'Union européenne et les États-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (PTCI), dont l'objectif est de créer une zone de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais). Ces négociations ont été lancées en 2013, dans le but de redynamiser l'économie transatlantique suite à la crise financière mondiale. Il est indéniable que le gel des négociations en cours sur le PTCI ne contribuerait pas à renforcer les relations transatlantiques. Toutefois, ce coup d'arrêt ne nuirait pas de manière substantielle à l'Alliance atlantique, étant donné que les négociations se trouvent d'ores et déjà bloquées par une opposition importante aux États-Unis, et tout particulièrement en Europe, où des milliers de personnes ont manifesté contre le PTCI. Si l'arrêt des négociations sur le PTCI est une conséquence probable de l'arrivée de Trump au pouvoir, il existe un autre scénario, moins plausible, mais qui comporte des risques beaucoup plus grand pour l'Alliance atlantique.

En effet, Trump peut décider d'exercer une forme plus radicale de protectionnisme, peut-être même en se lançant dans une guerre commerciale avec les principaux partenaires des États-Unis, y compris avec l'Union européenne. Par exemple, Trump a menacé d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 45% vis-à-vis de plusieurs des partenaires commerciaux à moins que ces derniers n'acceptent de négocier des conditions plus favorables aux États-Unis175(*). Compte tenu de la fragilité de l'économie européenne, des hausses tarifaires sévères porteraient gravement préjudice à l'Union européenne.

Les préoccupations de Trump sont liées au fait que le déficit de la balance commerciale des États-Unis s'est sérieusement aggravé au cours des dernières décennies. Les États-Unis sont en déficit commercial avec 15 de leurs 20 principaux partenaires commerciaux. Étant donné que le déficit par rapport à l'Union européenne a augmenté au cours des dernières années, l'éventualité que Trump décide de mettre en oeuvre son discours protectionniste radical suscite des inquiétudes en Europe.

De fait, l'Union européenne représente le deuxième déficit commercial des États-Unis, après la Chine176(*). Malgré cela, tout au long de sa campagne, Trump a à peine mentionné l'Europe à propos du commerce extérieur, et a plutôt concentré ses attaques sur la Chine et le Mexique. Sa principale cible est sans conteste la Chine: « La Chine nous tue... l'argent qu'ils ont tiré des États-Unis constitue le plus grand vol de l'histoire de notre pays »177(*).

De fait, le déficit commercial des États-Unis par rapport à la Chine est presque deux fois plus important que par rapport à l'Union européenne178(*). La chose est surprenante quand on sait que le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de l'Union européenne est près de trois fois plus élevé que celui du Mexique et quatre fois supérieur. Une explication possible des raisons pour lesquelles Trump a largement ignoré l'Union européenne à propos du commerce extérieur est le fait que ses attaques contre l'Europe visent principalement la réticence de cette dernière à payer pour sa propre défense.

Néanmoins, l'Union européenne doit se tenir prête à affronter un scénario du pire. En effet, ce n'est pas parce que Trump a omis d'attaquer l'Europe au sujet du commerce pendant sa campagne qu'il ignore nécessairement le fait que le deuxième plus grand déficit commercial des États-Unis est celui de l'Union européenne. De plus, le tempérament de Trump semble de nature imprévisible. Certains observateurs ont souligné que le Congrès et d'autres institutions du système américain de poids et contrepoids (checks and balances) pourraient être en mesure de limiter les aspects les plus radicaux du protectionnisme de Trump179(*). Cependant, si le Congrès est capable de limiter Trump sur des questions telles que la politique fiscale, il à moins de pouvoir sur la politique commerciale internationale, domaine où le président jouit d'une grande marge de manoeuvre.Par exemple, la loi de 1974 sur le commerce extérieur des États-Unis autorise le Président à imposer des quotas et des tarifs douaniers pouvant atteindre 15% pendant 150 jours aux pays qui présentent des excédents importants dans leur balance des paiements vis-à-vis des États-Unis180(*). Par conséquent, Trump a le pouvoir de mettre en place des tarifs radicaux sur les produits de l'Union européenne s'il en décide ainsi.

Compte tenu du préjudice économique potentiellement considérable qui en résulterait pour les deux parties, le déclenchement d'une véritable guerre commerciale entre l'Union européenne et les États-Unis reste très improbable. Cependant, il n'est pas impossible que l'administration Trump augmente les tarifs douaniers sur certains produits en provenance d'Europe afin de corriger le déficit commercial. L'Union européenne devrait réagir énergiquement et mettre en avant sa capacité de riposte. En effet, malgré la multitude de crises auxquelles elle est confrontée, l'Union européenne reste le plus grand marché unique au monde et le premier partenaire commercial des États-Unis.

L'Union européenne se trouve en fait dans une position plus solide qu'il n'y paraît pour négocier avec Trump sur des questions commerciales. Il est donc essentiel que l'Union européenne et ses États membres s'engagent et dialoguent activement avec le nouveau gouvernement américain afin de parvenir à une entente commerciale au plus vite. L'Union européenne doit souligner l'importance économique cruciale du commerce transatlantique pour les deux parties, et se tenir prête à faire preuve de bonne volonté en faisant quelques concessions pour réduire le déficit commercial.

Même si l'Union européenne devait perdre un peu d'argent sur le plan économique, elle bénéficie actuellement d'un excédent commercial très élevé vis-à-vis des États-Unis et peut se permettre des compromis afin de conserver des relations commerciales saines au cours des quatre prochaines années181(*). S'il reste en accord avec ses discours de campagne, Trump se concentrera probablement sur la question des dépenses militaires et demandera aux pays européens d'augmenter substantiellement leur contribution à l'OTAN. La guerre commerciale des Etats-Unis contre l'Union Européenne oriente nos analyses dans les lignes suivantes vers les impacts de l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine sous le règne trumpien.

Section III: L'INFLUENCE DE L'ISOLATIONNISME SUR LA GEOECONOMIE AMERICAINE

L'isolationnisme n'est pas resté sans conséquence sur la géoéconomie Etats-Unienne. Il est l'objet de tensions de toute sorte et est victime des critiques de tout bord. D'où nous démontrons dans cette section les conséquences de l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine sur l'ordre social, sur l'ordre industriel régional et enfin sur le commerce international.

§1. L'influence sur l'ordre social interne

Trump pense que c'est la vision interventionniste de la politique étrangère américaine et attachée au libre-échange (et son cousin, l'évolution technologique), or celui-ci a aussi son revers. De nombreux américains ont vu leurs revenus stagner ou même leurs emplois disparaître, et les inégalités n'ont jamais été aussi grandes. Ces phénomènes ont suscité une forte opposition à la libéralisation des échanges (et à l'immigration), à l'interventionnisme américain et a créé de la méfiance vis-à-vis des élites économiques182(*).L'isolationnisme ou le nationalisme économique dont la phrase symbolique est « l'América first » littéralement l'Amérique d'abord, a impacté tant négativement que positivement sur la géoéconomie américaine sous le trumpisme. Cet impact n'a pas cessé de répercuter sur l'ordre social jusque-là prometteur.

Cette vieille doctrine de la politique étrangère américaine a redonné vie au déficit commercial devenue plus favorable aux USA face à la Chine. Ceci est aux yeux de chercheurs considéré comme indicateur de la bonne santééconomique qui se vit aux USA au niveau interne183(*).

Par ailleurs le repli sur soi synonyme de l'isolationnisme a aussi son revers dans la géoéconomie américaine et par conséquent sur l'ordre social dans la mesure où il exclut certains exportateurs américains de leurs marchés traditionnels à l'exemple des agriculteurs américains qui ont pour marchés le canada, le Mexique c'est au moins la conséquence première duretrait des USA de l'Accord de libre-échange nord-américain. Mais des nombreux partisans de Trump n'ont apparemment pas la même analyse et justifient la voie suiviejusque-là en mettant en avant la baisse du chômage et l'amélioration de la balance commerciale globale184(*).

Dans ces conditions, l'isolationnisme trumpien est au service de la géoéconomie nationale et est favorable surtout aux nationaux. Trump estime que la participation des USA à l'accord de paris sur le réchauffement climatique est destructrice des emplois. Son isolationnisme face à cet accord est une nouvelle de la domination américaine. Ceux-ci doivent rationnaliser leurs fonds alloués à la Cop 21, pour le détourner dans les autres secteurs et conquérir d'autres marchés dans les autres domaines. PourTrump, la réglementation de la Cop21 est de nature à favoriser la Chine et impacterait sur la géoéconomique américaine d'où la nécessité d'entraver une telle démarche qui pourra mettre en mal l'ordre géoéconomique américain. C'est au moins le mérite du décret trumpien qui désengage les USA de l'accord de Paris185(*).

La volonté de Donald Trump de revenir sur l'Accord de libre-échange pourrait détruire de nombreux emplois et augmenter le prix de vente des véhicules, selon une étude du Boston Consulting Group.Durant la campagne présidentielle américaine, Donald Trump n'avait pas de mots assez durs contre l'Accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, le qualifiant de « pire accord » jamais signé. Soutenant que l'Alena, signé en 1994, a détruit de nombreux emplois aux Etats-Unis, il avait alors menacé d'imposer une taxe de 35 % sur les importations mexicaines si les constructeurs automobiles ne rapatriaient pas leurs productions aux Etats-Unis.Mais sa volonté de réintroduire des barrières douanières pourrait également avoir des effets néfastes. Un retrait de l'Alena pourrait conduire à la destruction de 25 à 50.000 emplois dans l'industrie automobile, selon une étude du Boston Consulting Group (BCS), commandée par le lobby des équipementiers américains. « Un retrait pourrait entraver la reprise de l'industrie qui reste encore lente », observe Xavier Mosquet, analyste au BCS. S'il admet que de nombreux groupes américains ont délocalisé au Mexique, il souligne également que la baisse des coûts a rendu les constructeurs plus compétitifs, notamment sur le marché asiatique.

L'étude avance qu'une hausse des tarifs douaniers entre 20 et 35 % engendrerait pour les constructeurs automobiles et les sous-traitants un surcoût entre 16 et 27 milliards de dollars (entre 13 et 21 milliards d'euros). Conséquence évidente, les prix seraient amenés à augmenter d'environ 650 dollars par véhicule et jusqu'à 1.100 dollars pour « les constructeurs les plus dépendants des importations », développe l'étude. Tous les groupes automobiles seraient touchés par une hausse des tarifs douaniers186(*).Reste désormais à savoir si Donald Trump, qui était sorti en tête devant Hillary Clinton de plusieurs Etats spécialisés dans l'industrie automobile, comme le Michigan, est prêt à prendre le risque de s'aliéner une partie de son électorat.

Les négociations sur l'Alena devraient commencer le 16 août entre les trois partenaires. Pour revoir certains éléments de l'accord, le président américain se base sur une étude du cercle de réflexion Economic Policy Institute, selon laquelle les Etats-Unis auraient perdu environ 800.000 emplois entre 1997 et 2013 du fait des délocalisations, favorisées par cet accord.

En 1994, au moment de la signature de l'accord, le déficit commercial entre les Etats-Unis et le Mexique était favorable à Washington, qui avait un solde positif de 1,6 milliard de dollars. Aujourd'hui, le déficit pour les Etats-Unis est de 60 milliards.Des éléments qui devraient peser dans les négociations, alors que le gouvernement américain espère parvenir à un accord avant l'élection présidentielle mexicaine, prévue au début de l'année prochaine. Après l'impact sur l'ordre social, le paragraphe suivant analyse l'impact de l'isolationnisme sur l'ordre économique industriel régional.

§2. L'impact sur l'ordre économique et industriel régional

L'isolationnisme n'est pas à nos yeux sans conséquence dans l'ordre géoéconomique des USA au niveau de la région que çasoit sur le plan industriel, qu'économique. Au plan industriel, l'industrie du pétrole pourrait subir les conséquences d'un retrait des États-Unis de l'ALENA a déclaré à presse canadienne Larry MacDougal187(*). Pour lui, le retrait des États-Unis de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) aurait des conséquences importantes sur le secteur énergétique en Alberta, selon des experts.Cette possibilité devient plus imminente pour cette industrie qui a beaucoup bénéficié de cet accord. Pour Christophe Bertosssi et Mathieu Tardis, l'isolationnisme trumpien impacte sur la géoéconomie américain sur cinq lignes comprises en termes d'objectifs: un contrôle renforcé à la frontière mexicaine, une conception sécuritaire de la politique d'asile, un renvoi des migrantsclandestins par l'embauche des nationaux et enfin, la priorité donnée à des critères de mérite de la domination américaine188(*).

Depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, en 1994, la production canadienne de pétrole a plus que doublé. L'industrie de l'énergie a été transformée au cours des 20 dernières années, et l'entente a aidé à renforcer les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis.« L'ALENA a permis, entre autres, le développement de chaînes de production dans l'industrie pétrolière, très intégrée entre les deux pays », explique le doyen de la Faculté d'administration de l'Université de l'Alberta, Joseph Doucet189(*).Selon lui, l'entente a aidé à réduire les barrières pour ces entreprises. « Les entreprises canadiennes et américaines ont vu un champ beaucoup plus libre pour leurs activités économiques. Il y a donc eu la création de beaucoup plus d'efficacité, plus de concurrence et de développement dans ce secteur. »

Pour Joseph Doucet, doyen de la Faculté d'administration, Université de l'Alberta, c'est un avis partagé par le vice-président de l'Association canadienne des producteurs de pétrole. « La quantité d'investissements dans le secteur de l'énergie, le nombre d'emplois qui ont été créés et la prospérité qui a été générée pour tout le pays témoignent tous du succès de cet accord », affirme Nick Schulz.Dans le cas d'un retrait des États-Unis de l'ALENA, les exportations canadiennes continueraient vers les États-Unis, selon les deux experts. Il y aurait toutefois des répercussions sur le marché. « Nous sommes très inquiets de perdre cette certitude que l'ALENA donnait, ainsi que le soutien pour les investissements et l'intégration dans le marché », explique Nick Schulz190(*). Selon lui, l'énergie, le secteur albertain le plus exposé au commerce avec les États-Unis.

Les incertitudes font de l'ombre au Salon de l'auto de Détroit : « L'incertitude fait en sorte que les entreprises hésitent beaucoup plus à investir au Canada qu'aux États-Unis, et ce, parce que le marché américain de consommation est beaucoup plus important que le marché canadien », ajoute Joseph Doucet191(*).Ce dernier croit aussi que ce sont les producteurs canadiens qui pourraient subir une hausse des coûts en raison des possibles tarifs imposés aux douanes.

Sur le plan de l'ordre géoéconomique, l'isolationnisme des USA face au traité transpacifique, laisserait une grande marge de manoeuvre à la chine à jouer un rôle de premier plan. Ce qui permet de limiter l'influence commerciale américaine sur ses ex-partenaires. Dans cet ordre d'idées, les USA se verront marginaliser avec leur ordre économique émaillé du protectionnisme, alors que la région est dominée par le libre-échangisme.

Pour autant, nombre des ex-partenaires américains se sont vu obliger de conquérir et délocaliser leurs investissements en dehors du sol américain où les le climat des affaires et la politique commerciale restent les moins disant. Dans ces conditions, les USA ouvriront leurs portes au chômage et à la perte des zones régionales d'influence économiques.

La Chine affiche son refus face l'isolationnisme et au protectionnisme que veut promouvoir Donald Trump. Ce n'est pas que Xi Jinping adore la mondialisation et ses effets pervers il note même qu'il veut "rééquilibrer" la mondialisation, mais il estime que le retour des barrières tarifaires, notamment à l'égard de la Chine, cela revient, selon sa formule, à "s'enfermer le noir".Autrement dit, si Trump persiste à vouloir s'enferrer dans l'isolationnisme et dans une guerre commerciale avec la Chine, "personne n'en sortira vainqueur". "L'économie mondiale", affirme le maître de Pékin, "c'est un grand océan auquel on ne peut échapper. Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, de technologies et de marchandises est impossible et va à rebours de l'histoire"192(*). Ainsi, l'impact de l'isolationnisme sur l'ordre commercial mondial mérite d'être abordé dans le paragraphe qui s'annonce.

§3. L'isolationnisme et son impact sur l'ordre commercial mondial

Etant partisan d'un isolationnisme farouche, sur le ton de l'ultimatum, Donald Trump a réaffirmé sa défiance à l'égard de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de l'accord de libre-échange Nord-américain (ALENA), bref de beaucoup de traités internationaux de nature à privilégier le commerce déloyale, lors d'un entretien accordé à Bloomberg News Trump estime que si on ne la remet pas en ordre, il se retirera de l'OMC. Déjà, lors de la campagne présidentielle, le candidat à la Maison-Blanche qualifiait l'organisation et multilatéralisme de "désastre", laissant entendre que, lui président, les Etats-Unis pourraient bien finir par en claquer la porte.

Voici les conséquences que pourrait avoir une telle prise de distance.L'OMC a deux attributions principales. Celle de libéraliser les échanges commerciaux entre ses 164 pays membres, notamment en négociant la plus grande baisse possible droits de douane et celle de proposer un cadre juridique qui veille au respect des accords. L'OMC constitue de fait un obstacle aux guerres commerciales dont Donald Trump a fait sa spécialité depuis son entrée à la Maison Blanche. Chine, Union Européenne, Mexique, Canada : tous ont en ont déjà fait les frais cette année.En quittant l'OMC, les Etats-Unis se délivreraient donc de règlements que Donald Trump considère comme des obstacles. Par exemple, les droits de douane aux Etats-Unis ne seraient plus régulés et le pays pourrait librement pratiquer des "prix de dumping" des prix inférieurs aux coûts de production qui visent à gagner des parts de marché et donc à favoriser la production nationale.

Pas pour longtemps, expliquait Akiko Suwa-Eisenmann, chercheuse à l'Ecole d'économie de Paris, dans Les Echos : "A court terme, certains emplois dans les régions les plus vulnérables seront effectivement sauvés. Mais les consommateurs seront tous affectés par le renchérissement des importations"193(*).La sortie de l'OMC et du multilatéralisme pourrait à terme coûter davantage aux Etats-Unis qu'elle ne lui rapporte, puisque le pays serait bien sur obligé, en retour, de faire une croix sur les avantages octroyés par les pays membres. La clause de la nation la plus favorisée (NPF), l'un des principes fondamentaux de l'OMC, garantit notamment l'égalité de traitement entre les signataires. "Les producteurs américains qui utilisent des intrants importés perdront en compétitivité", poursuit l'économiste194(*).

Depuis le début de son mandat, l'administration Trump n'a pas cessé de décrier l'efficacité des accords multilatéraux, favorisant les ententes plus confidentielles à deux Etats. "Nous n'aimons pas les palabres infinies, nous préférons les actions bilatérales pour négocier. Les réunions multilatérales prennent beaucoup de temps et nous sommes animés d'un sentiment d'urgence", assénait le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, en juin dernier. Donald Trump pourrait donc tenter, en remplacement de l'OMC, de conclure des accords bilatéraux avec les pays membres qu'il entend garder dans son giron commercial195(*).

Les Etats-Unis sont les premiers partenaires commerciaux de l'Union européenne, totalisant 16,3% des échanges de biens de l'UE en 2017. Alors en attendant la conclusion d'accords bilatéraux, il faudra bien compenser la nouvelle politique protectionniste des Etats-Unis. L'importance de l'Union européenne s'en trouverait largement renforcée, explique Agnès Bénassy, professeur d'économie à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne. "Dans le domaine commercial, les accords régionaux représentent de véritables ceinture de sécurité"196(*). Les plus petits pays européens souffriraient les premiers de l'augmentation des droits de douane américains, perdant l'avantage de négociations menées via la voix forte de l'UE.

La nouvelle politique commerciale américaine, de plus en plus protectionniste, est en porte-à-faux avec la dynamique d'ouverture qui domine les échanges internationaux depuis la Seconde Guerre mondiale. En 1995, l'OMC succède à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), créé en 1947 sous l'impulsion des Etats-Unis pour instaurer un code de bonne conduite libérale et multilatérale. Sa place au sein de l'organisation fait craindre que les autres membres ne la suive, ce qui marquerait un regain protectionniste au niveau mondial, et non plus à la seule échelle d'un pays.

Ce scénario s'est déjà produit dans les années 1930.Alors depuis la Première Guerre mondiale, les échanges internationaux se libéralisaient de plus en plus, la crise de 1929 a occasionné un repli protectionniste, sous l'impulsion des Etats-Unis. Promulguée en 1930, la loi Smoot Hawley a augmenté d'un seul coup les droits de douane américains à l'importation. Par mesure de rétorsion, de nombreux pays avaient à leur tour modifié leur régime de taxation. Les échanges mondiaux ont alors fortement diminué, accentuant l'impact de la crise économique. "Maintenir les échange commerciaux internationaux et donc éviter un retour au protectionnisme pendant la crise de 2008 explique en partie le fait que l'on se soit mieux tirés de celle-ci que de celle de 1929", explique Agnès Bénassy197(*).

Pendant sa campagne, le président n'a pas ménagé Pékin, accusant notamment les Chinois d'être des manipulateurs de devise. Et il les a menacés d'imposer des droits de douane élevés : 45 %, des droits prohibitifs, en plus illégaux en regard des règles du commerce international. Donc ce sera applicable car les Etats-Unis ont choisi l'isolationnisme partiel. Ce scénario déprime Pierre Defraigne, directeur de la Fondation Madariaga - Collège d'Europe : "Ce serait franchement assez navrant de voir le pays qui a oeuvré pour le libre-échange, avec l'Union européenne, en devenir le fossoyeur"198(*). En attendant, les Chinois vont sans doute être très attentifs à ce qui va se passer. Mais ils ne devraient pas être trop inquiets. L'économie américaine a besoin de l'économie chinoise et réciproquement.

N'empêche que les Chinois ne devraient pas rester les bras croisés. Ils pourraient profiter de la situation pour faire bouger les lignes, selon Pierre Defraigne : " Si par exemple Donald Trump ne ratifie pas le Traité transpacifique qui intéresse 11 pays de la région, l'Amérique va perdre du crédit, si ce n'est déjà fait en Asie. L'idée d'un pivot asiatique chère à Obama devient caduque. Du coup, la Chine retrouve un espace géopolitique plus libre, où elle va pouvoir exercer son influence et régionaliser à son avantage l'ensemble de l'économie du monde asiatique".

L'isolationnisme des USA constitue un risque très important pour l'économique européenne. Elle pourrait éventuellement profiter d'un refroidissement des relations économiques entre les deux grands. En même temps, le risque de voir la Chine plus agressive sur le marché européen serait réel.

Pour Pierre Defraigne, quelle que soit la politique effectivement appliquée par Trump, l'Europe doit prendre son avenir en main : " Nous sommes dans le même cas de figure que le Brexit. Le Brexit devient une vraie tragédie si l'Europe n'en profite pas pour resserrer son unité. La présidence de Trump devient un risque économique et géopolitique majeur si l'Europe ne profite pas pour refaire son unité. Pierre Defraigne craint plus la faiblesse de l'Europe que n'importe quoi. Et donc c'est là-dessus qu'il faut rappeler aux gens avec insistance que c'est l'unité politique de l'Europe qui est la meilleure réponse aux incertitudes politiques et économique du moment "199(*).

Toutefois, nous notons que l'isolationnisme des USA alimenté par le protectionnisme limite la marge de manoeuvre de la géoéconomie américaine dans la zone euro et profitera alors à la Chine qui pourra y délocaliser largement ses investissements. Ce qui est encore une note négative pour la géoéconomique américaine, mais aussi sur l'ordre économique mondial devenu fragile avec le protectionnisme américaine.

Ainsi les analystes craignent que les USA soient un modèle à suivre pour leurs alliés, qui pourront se mettre dans la violation massive des règles massives de l'organisation mondiale du commerce. Ainsi, l'isolationnisme des USA sera une manière pour les USA d'imposer son expression hégémonique sur le reste du monde et s'imposer comme un modèle à suivre sur la scène économique internationale. Cela mettra en péril le multilatéralisme mondial et portera atteinte les princiques libre-échangistes.

LA CONCLUSION PARTIELLE

Le quatrième chapitre cette analyse a porté sur l'isolationnisme dans la géoéconomique américaine sous l'Administration Trump. Le chapitre a fait l'état de lieu de manifestation de l'isolationnisme et la géoéconomie tout en démontrant l'impact du premier sur la seconde. Notons à ce propos que l'isolationnisme est synonyme des retraits des USA des certains accords internationaux que régionaux. C'est le cas de l'Accord de libre-échange nord-américain, l'accord de Paris sur le réchauffement climatique, l'accord sur le nucléaire iranien, de l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. La géoéconomie qui s'est manifestée par une série des guerres commerciales, dont celle contre la chine, contre l'Union Européenne.

Il en découle de ce qui précède que l'isolationnisme est une vieille doctrine qui s'inscrit dans la politique étrangère américaine. Il remonte de Georges Washington, Jefferson et est certifié comme la véritable doctrine par James Monroe jusqu'à être innové aujourd'hui par l'actuel président américain Donald Trump. Aujourd'hui l'isolationnisme nourri la politique géoéconomique américaine et offre de nombreux atouts, mais aussi des revers sur l'économie américaine. Toutefois, cet isolationnisme s'inscrit dans le cadre de dénonciation de multilatéralisme. Ses impacts touchent l'ordre social, régional et commercial de nature mondiale.

CONCLUSION GENERALE

Dans l'analyse del'isolationnisme et la géoéconomique des Etats-Unis sous Donald Trump : enjeux et perspectives, nous sommes partis de la thèse selon laquelle le 21ièmesiècleest caractérisé par des situations plus complexes que dans le passé. Dans ces conditions en évidence, l'Administration américaine est confrontée à penser une nouvelle stratégie intégrale en quête du messianisme de puissance aujourd'hui objetà des interprétations controverses. C'est l'isolationnisme et la géoéconomie.

A ce propos, notre problématique était formulée en des termes : Comment l'isolationnisme influe-t-il sur la géoéconomie américaine sous le règne trumpien ? Répondant suppositoirement à cette question, nos hypothèses de départ qui se sont confirmées après l'étude et par la même occasion, relèvent que l'isolationnisme américain a influé tant bien que malsur géoéconomie américaine.

Dans son angle fort, l'isolationnisme oeuvrerait dans la remise en cause du multilatéralisme, phénomène qui serait aux yeux des analystes et Trump lui-même à la base de l'effondrement de la puissance économique américaine. Cette doctrine qui serait synonyme des retraits d'une large série d'accords internationaux aurait aidé le gouvernement américain à renégocier certains accords avec ses partenaires pour obtenir des termes plus favorables aux intérêts américains. C'est ainsi que les Etats-Unis ont vu le taux de chômage baissé et l'isolationnisme aurait contribué à ce qu'il convient d'appeler le principe de la paix par la puissance.L'isolationnisme n'a pas manqué du négatif, il a privéles Etats-Unis de leurs marchés traditionnels, notamment le Canada et le Mexique dans le cadre de l'Alena et a contribué à une votation des droits de douane prohibitif synonyme du protectionnisme. Ainsi, cela alimenterait une série des guerres commerciales dont les plus farouches sont celles contre la chine, l'Union Européenne et contre l'Organisation mondiale du commerce. Dans tous les deux cas, nous avions assisté à une analyse mitigée de cette vieille doctrine de la politique étrangère américaine.

Pour la réalisation de cette analyse, nous nous sommes référés à la méthode historique, laquelle n'a pas étéune occasion de relater l'histoire comme son nom l'indique, mais de faire ressortir les faits générateurs donnant ainsi sens à un état des lieux de l'isolationnisme et de la géoéconomie des Etats-Unis sous Donald Trump. Dans la recherche d'informations, la technique documentaire s'est révélée pertinente en ce qu'elle nous a permis de consulter certains documents écrits et publiés se rapportant à l'objet d'étude. La théorie réaliste a quant à elle, couronné le goût de la puissance qu'incarnent les dirigeants américains dans leur souci d'asseoir leur interet national d'autant plus qu'en relations internationales, les Etats n'ont ni amis, ni ennemis, mais les Etats n'ont que les intérêts. En plus la théorie réaliste a permis la systématisation de l'étude.

En effet,cette analyse s'est structurée en quatre chapitres :Le premier chapitre s'est articulé autour du cadre conceptuel. Ce dernier a circonscrit les notions sur l'isolationnisme, la géoéconomie et celles notions connexes.Le deuxième chapitre axé sur les Etats-Unis a permis la présentation géographique et politico-économique.Le troisième chapitre consacré à la politique étrangère des Etats-Unis d'Amérique, a été une mise en lumière de l'histoire de la politique étrangère américaine, de leurs héritages ou fondements doctrinaux et d'une analyse minutieuse des politiques étrangères de Georges Bush Junior, de Barack Hussein Obama et de Donald Trump.Le quatrième chapitre a gravité autour de l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine sous Donald Trump.Celui-ci a quant à lui fait un état des lieux de l'isolationnisme et la géoéconomie des USA sous Donald Trump, et a prouvé l'originalité de l'analyse en démontrant l'impact de l'isolationnisme sur la géoéconomie des USA sous Trump.

Eu égard à ce qui précède, et après une cartographie bibliographique dessinée tout au long de cette étude, les hypothèses du départ se sont confirmées en ce qu'elles soulignent bien sûr que l'impact de l'isolationnisme dans la géoéconomie américaine sous Donald Trump est situé à double points de vue : d'abord l'isolationnismea permis aux Etats-Unis d'Amérique de récupérer bien d'emplois et de rabattre le chômage surtout lorsqu'on sait qu'il est parti de la remise en question du multilatéralisme qui est selon Donald Trump synonyme de pertes d'emplois enregistrées par ses prédécesseurs.

Cette vieille doctrine de la politique étrangère américaine qui place l'Amérique au sommet de toutes préoccupations du gouvernement américain et les intérêts du peuple américain au centre de toutes questions internationales nous l'avons noté, a contraint certains partenairesdes Etats-Unis à la renégociation d'une large série d'accords passés avec ces derniers. C'est ainsi que l'Amérique va obtenir des termes plus favorable pour alimenter son économie et accroître sa politique de puissance. L'analyse révèle que l'isolationnisme influe tant bien que mal surla stratégie géoéconomique américaine sous l'ère trumpienne et est très économique que politique. Il est matérialisé par des retraits des Etats-Unis des accords essentiellement, ceux voulant mettre à contre mur les intérêts américains.

Si pour les uns l'isolationnisme est positif dans la géoéconomie américaine, les autres chercheurs qui ont reçu notre soutien estiment qu'il a aussi son revers, d'autant plus que certains retraits étaient implicites dans le protectionnisme, objet de tensions entre les Etats.C'est à ce juste titre que les Etats-Unis par l'entremise du Président Trump ont déclaré les guerres commerciales contre le monde entier. Il est à signaler qu'en s'isolant, les USA ont laissé leurs marchés traditionnels à l'abri de la chine montant en puissance. C'est le cas notamment du Canada et du Mexique, partenaires des USA dans le cadre de l'Accord du libre-échange nord-américain.

L'isolationnisme américain désengage les USA de l'accord de Paris sur le réchauffement climatique, alors deuxième pollueur au niveau mondial, situation qui donne aux pays membres de cet accord une tâche non moins négligeable. Toutefois, les analystes voient une grande menace dans ces retraits et craignent que les USA s'érigent en modèle pour d'autres pays.

Enfin, l'idéal n'est pas d'opter pour l'une ou l'autre stratégie ci-haut citée, mais de profiter de ce qui a du mieux en elle. Comme pour Mackinder, nous notons que qui domine la géoéconomie, détient les recherches du monde, qui détient ces recherches, domine le monde. Dans ces conditions, l'isolationnisme trumpien doit oeuvrer en faveur de la géoéconomie et permettre aux Etats-Unis de détenir les richesses du monde avec comme objectif de dominer le monde.

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TABLE DES MATIERES

INTRODUTION 1

1. Construction de l'objet d'étude 1

2. problématique et hypothèse 3

2.1. Problématique 3

2.2. Hypothèse du travail 8

3. Choix et intérêts du sujet 9

3.1. Choix du sujet 9

3.2. Intérêt de l'étude 9

3.2.1 Intérêt scientifique 9

3.2.2 Intérêt sociétal 9

3.2.3. Intérêt académique 10

4. Méthodologie de la recherche 10

4.1. Méthode de travail 10

4.2. Technique de recherche 10

5. Délimitation de l'étude 11

5.1. Délimitation temporelle 11

5.2. Délimitation spatiale 11

5.3. Délimitation typologique 12

6. Théorie explicative de l'étude 12

7. Subdivision du travail 14

CHAPITRE I : LE CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE 15

Section. I. LES NOTIONS SUR l'ISOLATIONNISME 15

§1. L'origine du concept 15

§2. Le contenu de l'isolationnisme 15

§3. L'évolution de la doctrine Monroe ou l'isolationnisme 17

ü La fin de l'isolationnisme 18

Section II. LA GEOECONOMIE 20

§2. Le contenu de la géoéconomie 22

§3. L'évolution des idées géoéconomiques 23

Section III. LES NOTIONS CONNEXES 25

§1. De la géostratégie 25

1.1. De la définition 25

1.2. La généalogie historique du concept de géostratégie 25

1.3. Les caractéristiques de la géostratégie 26

§.2. De la géopolitique 27

2.1. De la définition 27

2.2. L'objet de la géopolitique 28

2.3. Les concepts fondamentaux de l'analyse géopolitique 29

§3. Les notions sur le protectionnisme 30

3.1. De la définition 30

3.1.2. Les conséquences et justifications du protectionnisme 30

a. Les aspects positifs 30

b. Les aspects négatifs 31

3.1.3. L'historicité du protectionnisme 32

3.1.3.1. Le mercantilisme 32

3.1.4. Le protectionnisme dans la Richesse des Nations 33

3.1.4.1. Les mesures protectionnistes 33

a. Les mesures tarifaires 33

1. Le droit de douane exorbitant 33

b. Les mesures dites non tarifaires 33

1. Les procédures de dédouanement 33

2. Les normes techniques ou sanitaires 34

3. Les autres normes professionnelles 34

4. Les lois limitant les investissements étrangers 34

LA CONCLUSION PARTIELLE 35

CHAPITRE II : LES ETATS-UNIS D'AMERIQUE (USA : UNITED STATES OF AMERICA) 36

Section I : LE CADRE GEOGRAPHIQUE 36

§1. La géographie physique 36

1.1. La Situation géographique 36

1.2. Le Relief et le climat 37

§2. La géographie humaine 38

2.1. La démographie des États-Unis 38

2.1.2. La répartition de la population par groupe ethnique (1940-2015) 39

2.1.3. Les villes et population urbaine 40

2.1.3. La répartition des activités et environnement 40

2.2. Les langues aux États-Unis 41

§3. La culture des États-Unis 42

3.1. La Religion 42

Section II : LE CADRE ECONOMICO-FINANCIER 43

§1. La lecture économique récente 43

§2. Les secteurs porteurs par régions 45

2.1. La politique fiscale du pays 46

2.2. Les accords politiques, juridiques et multilatéraux 47

§.3. Le commerce extérieur des Etats-Unis 48

3.1. L'état des lieux du commerce extérieur 48

3.2. Les échanges bilatéraux France-États-Unis 48

3.3. Les investissements 49

Section III : LE CADRE POLITIQUE 50

§1. L'organisation politique 50

1.1. Les dernières et élections dernières 50

1.2. La vie politique aux États-Unis 51

§2. L'organisation administrative 52

§3. La brève histoire de la colonisation 53

LA CONCLUSION PARTIELLE 55

CHAPITRE III : LA POLITIQUE ETRANGERE DES ETATS-UNIS D'AMERIQUE 56

Section I : LES INSTITUTIONS ET HISTOIRE DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE 56

§1. Les institutions ou acteurs de la politique étrangère américaine 56

1.1. Les institutions 56

§2. L'histoire de la politique étrangère des USA pendant la première et la seconde guerre mondiale 57

§3. L'histoire des USA pendant la guerre froide et après la guerre froide 58

2.1. L'histoire des USA pendant la guerre froide 58

2.2. L'histoire des USA après la guerre froide ou L'histoire contemporaine des USA 59

Section II : LES FONDEMENTS OU HERITAGES DOCTRINAUX DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE 60

§1. La destinée manifeste 60

§.2. Le réalisme de Roosevelt (1901-1909) 62

§.3. L'idéalisme de Wilson (1913-1921) 62

2.1. L'extrait du discours reprenant les quatorze points 63

Section III : LA POLITIQUE ETRANGERE DES USA SOUS DIVERS PRESIDENT 65

§1. La politique étrangère des USA sous Georges Bush Junior 65

1.1. Le contexte et mise en oeuvre de la politique étrangère de Bush 66

§2. La politique étrangère des USA sous Barack Obama 68

§3. La politique étrangère des USA sous Donald Trump 71

3.1. Le bilan positif 73

LA CONCLUSION PARTIELLE 77

CHAPITRE IV : L'ISOLATIONNISME DANS LA GEOECONOMIE AMERICAINE SOUS L'ADMINISTRATION DONALD TRUMP 78

Section I. L'ETAT DE LIEU DE L'ISOLATIONNISME 78

§1. L'isolationnisme des USA face à l'accord de Paris de la lutte contre le réchauffement climatique 78

§2. La cartographie isolationniste des USA sous Trump : du Pacte sur les migrants, de l'Unesco, l'Otan, du partenariat transpacifique, de l'Alena, du libre-échange transatlantique, de l'OMC. 80

2.1. Retrait au Pacte sur les migrants 80

2.2. Le retrait de l'Unesco 81

2.3. L'isolationnisme face à l'OTAN 81

2.4. Retrait du partenariat transpacifique 81

2.5. La renégociation de l'ALENA avec le Canada et le Mexique ou le retrait des USA 81

2.6. La critique du libre-échange transatlantique 81

2.7. La dénonciation de l'OMC 82

§3. L'isolationnisme vis-à-vis de l'accord iranien 82

Section II. L'ETAT DE LIEU DE LA GEOECONOMIE 85

§1. De la guerre commerciale contre la chine 85

§2. La guerre commerciale contre l'Union Européenne 89

Section III: L'INFLUENCE DE L'ISOLATIONNISME SUR LA GEOECONOMIE AMERICAINE 92

§1. L'influence sur l'ordre social interne 92

§2. L'impact sur l'ordre économique et industriel régional 94

§3. L'isolationnisme et son impact sur l'ordre commercial mondial 96

LA CONCLUSION PARTIELLE 101

CONCLUSION GENERALE 102

BIBLIOGRAPHIE 105

TABLE DES MATIERES 112

* 1Del Valle, A., « De la stratégie à la géopolitique, quelques éléments d'une approche pluridisciplinaire », in Géostratégiques, Paris, n° 4, 2001, pp.8-9.

* 2Layne, C., « From Preponderance to Offshore Balancing », in International Security, Vol. 22, n° 1, Summer 1997, p.88.

* 3 Blake A., « Donald trump's strategy in three: amercanism, not globalism », in Washington post, 22/07/2016 sur https://www.washingtonpost.com/news/the/fix/wp/2016/07/22/donald-trump-just-put-his-border-wall-around-the-entire-united-states/?utm_term=.6318fe62B549. Consulté le 04/11/2018 à 22h55.

* 4Arnault Barichella, « la présidence Trump : quelles conséquences pour l'Europe ? » Fondation Robert Schuman, in question d'Europe, N°417, janvier, pp.2-3.

* 5 Bart Hart, « « Les six fronts de la guerre commerciale de Donald Trump », in actu économie et politique internationale, 2018. In thttps://wwwi.lecho.be/economie-politique/international/usa/ les-six-fronts-de-la- guerre-commerciale-de-Donald-Trump/10050583.html. Consulté le 05/11/2018 à 08h53.

* 6 Baumard, P. et Lorot, P., « Champ géoéconomique : une approche épistémologique », in La Revue Française de Géoéconomie, Vol. 1, N° 3, automne 1997, p.2-3.

* 7 Kalunga Mawazo, B., et Kazadi Kimbu, Méthode de recherche et d'analyse en sciences et humaines, Lubumbashi, EDUPC, 2013, p.45.

* 8Thompson, J., « L'administration Trump et la grande stratégie géoéconomique américaine : Politique de sécurité », inanalyses du CSS, n°212, Septembre 2017, pp.1-4.

* 9Lucas D., et Dignoire N., « La géoéconomie : stratégie des Etats Unis : Pourquoi Washington tente de déstabiliser les entreprises françaises ? », in think-tank, Washington, N°243, pp.1-16.

* 10 Gomart, T. et Mardon, L., « La stratégie de la guerre commerciale : le pire est à l'avenir », in Institut français des Relations internationales(IFRI), Paris, n°12, 2017, pp. 51-55.

* 11 Desjardins B., « la montée du protectionnisme américain et les perspectives d'une guerre commerciale », in point de vue économique, n°12, 10 juillet 2018, pp.1-8.

* 12 GOMART, T., Le monde selon Trump : anticiper la nouvelle politique étrangère américaine, Paris, édition Institut français des Relations Internationales (IFRI), 2017, pp.23-25.

* 13 Idem, p.25.

* 14 De Hoop Scheffer, A. et Toureille, J., Entretien croisé : «La politique étrangère de Donald Trump est chaotique à plusieurs égards» retrouvable sur https:www.reforme.net/actualité/politique-etrangere-de-trump-est-chaotique. Consulté le 19/12/2018 à 15h45.

* 15Dépelteau, F., démarche d'une recherche sciences humaines. De la question de départ à la communication des résultats, Bruxelles 1000, édition Boeck, 2007, pp.7-8.

* 16Mounier, E., La méthode comparative et historique, Paris, Centre d'études sociales, 1995, p.19.

* 17 Bart Hart, « Les six fronts de la guerre commerciale de Donald Trump », in actu économie et politique internationale, 2018. In thttps://wwwi.lecho.be/economie-politique/international/usa/ les-six-fronts-de-la- guerre-commerciale-de-Donald-Trump/10050583.html. Consulté le 05/11/2018 à 08h53, artcit.

* 18 Voir Nicolas, M., Le prince, Paris, Pocket, 1998, 84-87.

* 19 Voir Hobbes, T., Leviathan, Paris, Gallimard, 2000, pp.281-289.

* 20 Morgenthau, H., Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace, 2ième éd. New York, Alfred A. Knopf, 1948, p. 211.

* 21 Aron, R., Qu'est-ce qu'une théorie des relations internationales »In Revue française de science

Politique, vol.17, 1967, p. 843.

* 22 Aron, R., Paix et guerre entre les nations Paris, Calmann-Lévy, 1962, p. 568.

* 23Philippe, B., Théories des Relations Internationales, Paris, PUF, coll. Thémis, 55-56.

* 24 Morgenthau, H., Opcit., p.688.

* 25 Smouts M. C., Battisitella D. et Vennesson P., Dictionnaire des Relations Internationales, Paris, Dalloz, (2ième), 2006, p.13.

* 26 Mwayila Tshiyembe, La politique étrangère des grandes puissances, L'Harmattan, collection géopolitique mondiale, 2012, pp. 81-82.

* 27Extrait du testament de Georges W. de 1796, cité par Mwayila Tshiyembe, Op. Cit, p.82.

* 28 Nouailhat P.-H., Les États-Unis et le monde au XX siècle, Paris, Armand-Colin, 2000, p.55.

* 29 Mwayila Tshiyembe, Op.cit., p.82.

* 30 Gauchon P. et Huissoud J.-M., les 100 mots de la géopolitique, Paris, Que sais-je, 2008, p.66.

* 31 Dominique A., « Woodrow Wilson, L'Humanité et la SFIO », in Cahiers d'histoire, Revue d'histoire critique, Paris, n°4, décembre et juin 2011, p.191.

* 32 Dominique A., Art.cit., p.56.

* 33 Haine J.-Y., Les États-Unis ont-ils besoin d'alliés ?, Paris, Payot, 2004, p.195.

* 34 Discours du sénateur Jesse Helms du 20 janvier 2000.

* 35 Tooze, R., « Etats-Unis : le monde selon Bush », in Alternatives économiques, n°190, mars 2001, p.12.

* 36 Chautard, S., L'indispensable de la géopolitique, Studyrama, coll. « Principes », 2006, p. 258.

* 37 Vincent Jauvert, « 10 idées dingues de Trump en politique étrangère », sur http://tempsreel.nouvelobs.com/, 29 décembre2018 à 10H42.

* 38 Appleman Williams W., Empire as a Way of Life, Consortium, Book Sales and Dist., 1980, p.56.

* 39 Alançon, F., « États-Unis?: Donald Trump, champion de l'isolationnisme en politique étrangère », in La Croix.com, n°45, 22 mars 2016, pp.3-6.

* 40 Pascal, P., « la géoéconomie, nouvelle grammaire des rivalités internationales », in Annuaire français des Relations Internationales, Vol. 1, Bruxelles, éditions Bruyant. En ligne sur http://www.afri-ct.org/La-geoeconomie-nouvelle-grammaire, consulté le 24 décembre 2018 à 12h25.

* 41 Idem.

* 42Ibidem.

* 43 Nicolas, M. et Firzli ., « G20 Nations Shifting the Trillions: Impact Investing, Green Infrastructure and Inclusive Growth », in Revue Analyse Financière, Paris, 7 juillet 2017, pp.4-5.

* 44 Luttwak, E., geopolitics to geoeconomics, Washington, National interest, 1990, p.23.

* 45 Fukuyama, F., la fin de l'histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion, coll. Histoire, 1992, p.452.

* 46 Idem, p.453.

* 47 Luttwak, E., Géoéconomie: un monde sous tension, Paris, Choiseul, 1990, pp. 1-12.

* 48Georges; T.-R., Human geography in the air age, New York, Macmillan 1942, pp.1-3.

* 49Luttwak, E., « From geopolitics to geo-economics : logics of conflicts, grammar of commerce », The National Interest, summer 1990; puis son ouvrage majeur The endangered american dream, Simon & Schuster, 1993, cités par Didier Lucas et Nicolas Dignoire, géoéconomie et stratégie des Etats-Unis : pourquoi Washington tente de déstabiliser des entreprises françaises, in think-think, op.cit, pp.1-8.XIè siècle n'a pas seulement accouché d'un Empire, il a par ailleurs affirmé l'émergence,

* 50Mireur, Y., « Quelle place pour la nation à l'ère de la géoéconomie? », in Géoéconomie, Paris, n°22, p.43.

* 51 Strange, S., « State, Firmls and diplomacy», in International Affairs, 68, n°1, 1992, pp.1-3.

* 52 Dictionnaire petit Robert, 2010, p.901.

* 53Boniface, P., Op.cit., p.11.

* 54 Vigarié, A., Les Etats et la mer, n°14, juillet-Aout 2005, p.6-8.

* 55 Pierre Gallois, M., La géopolitique, les voies de la puissance, Paris, Plon, 1990, p.317.

* 56 Kjellén, J.R., cité par Boniface P., Géopolitique et Relations Internationales, Paris, Institut des Relations Internationales et stratégiques (IRIS), 2012, p.11.

* 57 Ratzel, F., La géopolitique : les concepts fondamentaux, Paris, Bayard, 1987, p.15.

* 58 Haushofer, K., cité par Boniface P., Opcit., p11.

* 59 Lacoste, Y., Géopolitique. La longue histoire d'aujourd'hui, Paris, Larousse, 2009, p.23.

* 60 Gallois, P.-M., « Géopolitique. Les voies de la puissance », in l'âge d'Homme, n°12, mars 2000, p.14.

* 61 Dictionnaire de Poche Larousse, 2010, p.191.

* 62 Gauchon, P., Manuel de la géopolitique et la géoéconomie, Paris, PUF, 2008, p.35.

* 63 Boniface, P., Opcit., p.12.

* 64 http://www.echogeo.revues.org/13976. Consulté le 22 décembre 2018 à 15h56.

* 65 Fréderic, L. et Emmanuel, G., Manuel de géopolitique, enjeux et pouvoir sur les territoires, Paris, Arman Colin, 2008, p.14.

* 66 Le Monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Mille et une manières », p.9.

* 67 Idem, p.3.

* 68 Carey, C.-H., «The Slave Trade», in Etude de Budziszewski, A Whig View of Slavery, pp. 199-213

* 69 Ha-Joon Chang, « Du protectionnisme au libre-échangisme, une conversion opportuniste », In Le Monde diplomatique, 1 er juin 2003, pp.4-5.

* 70 Pastré, O., La méthode Colbert ou Le patriotisme économique efficace, Paris, Perrin, 2006, p.56.

* 71 Cahen, D., cité par Olivier Pastré, Idem, p.57.

* 72 Bairoch, P., cité par Serge d'Agostino, Libre-échange et protectionnisme, Amiens, Bréal, 2003, p. 30

* 73 Le Monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Les mesures prises », p.21.

* 74 Design, C., Encyclopedia Universalis, Paris, éditeur, France S.A., 1988, p.323.

* 75 Williams, J., RMIT University, Biodiversity Theme Report, publié par le CSIRO pour le Department of the Environment and Heritage, 2001.p. 16.

* 76 Design, C., Op.cit, 323.

* 77 Damon, J., « Démographie dynamique, cohésion sociale en question », in Conflits, hors-série n°4, Automne 2016, p. 17-18.

* 78 Kaspi, A., Durpaire F., Harter H. et Lherm A., La civilisation américaine, Paris, PUF, 2004, p.106.

* 79 Jeffrey S.-P., « The Size and Characteristics of the Unauthorized Migrant Population in the U.S. », Pew Hispanic Center, 7 mars 2006, pp.23-24.

* 80 Damon, J., artcit. pp. 17-18.

* 81Salmon, F., Atlas historique des États-Unis : De 1783 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2008, p.45.

* 82 « Historical Census Statistics on Population Totals By Race, 1790 to 1990, and By Hispanic Origin, 1970 to 1990, For The United States, Regions, Divisions, and States ».

* 83 Report for Selected Countries and Subjects (PPP valuation of country GDP) », in IMF, October 2014. p.11.

* 84 Ghorra-Gobin C., Villes et société urbaine aux États-Unis, Paris, PUF, 2003, p. 104.

* 85 Le Monde, 14 septembre 2012, p.3.

* 86Idem, p.4.

* 87 Martel, F., De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, p. 358.

* 88 Atherton, J., Bernheim, N., Body-Gendrot, S., Brunet, F., États-Unis,peuple et culture, Paris, La Découverte, 2004, p.34.

* 89 «Statue of Liberty », World Heritage, UNESCO.

* 90 Harte, H., L'Amérique, Paris, Le Cavalier Bleu, collection idées reçues, 2001, p. 30.

* 91 Haarscher, G., La laïcité, Paris, PUF, que sais-je ? 3e édition, 2004, p.102.

* 92 Goodstein, L., « Athées et fiers de l'être », in Courrier international, mai 2009, p.7.

* 93 America's Changing Religious Landscape - Pew Research Center.

* 94 http://www.usccb.org/about/ consulté le 29/12/2018 consulté 16h34.

* 95 http://anglicanchurchinamerica.org/ consulté le 29/12/2018 consulté 16h34.

* 96 Denéce, E. et Revel, C., L'autre guerre des États-Unis : Économie : les secrets d'une machine de conquête, Paris, Robert Laffont, 2005 pp. 120-172.

* 97Banque Mondiale, Bloomberg, CIA World Factbook, Commission européenne, INSEE, FMI, Le Monde, Banque de France.

* 98.Idem

* 99 http://export.businessfrance.fr consulté le 29/12/2018 à 19h59.

* 100 http://export.businessfrance.fr/etats-unis/001B1503961A+guide-des-affaires-etats-unis-2015.html consulté le 29/12/2018 à 20h00.

* 101 http://export.businessfrance.fr/etats-unis/001B1503961A+guide-des-affaires-etats-unis 2015 cité à la page 49.

* 102Idem.

* 103 http://export.businessfrance.fr/etats-unis/001B1503961A+guide-des-affaires-etats-unis 2015.html consulté le 29/12/2018 à 20h00.

* 104 Idem.

* 105Direction Générale du Trésor des USA http://export.businessfrance.fr/etats-unis/bureaux-etats-unis-a-votre-service-a-l-export.html consulté le 29/12/2018 à 20h20.

* 106 Constitution des États-Unis du 17 septembre 1787, article1, section 8 pp.463-465 confère les pouvoirs du congrès et sa composition américaine.

* 107Constitution des États-Unis du 17 septembre 1787, article1, section 8 pp.463-465 confère les pouvoirs du congrès et sa composition américaine.

* 108Idem.

* 109 Rosenfeld, M., «  Bush contre Gore : trois mauvais coups portés à la Constitution, à la Cour et à la Démocratie » In Cahiers du Conseil constitutionnel, n°13, janvier 2003, pp. 12-13

* 110 https://www.usmayors.org/ consulté le 31/12/2018 à 21h49

* 111 Voir la carte géographique des USA.

* 112 Plumet, P., « Le premier peuplement de l'Amérique et de l'Arctique : État des problèmes », In Bulletin de la Société préhistorique française, 1994, vol. 91, pp. 225-228

* 113 Thomas, B., A Nation Among Nations: America's Placel, in World History, New York, Hill et Wang, 2006, p.61

* 114 Tshiyembe Mwayila, Politique étrangère de la RDC continuité et ruptures, Paris, L'Harmattan, 2009, p.13

* 115 Philippe, C., Balthazar, L. et Vaisse, J., La politique étrangère des étrangère des Etats-Unis : fondements, acteurs, formulation, Paris, Presses de Sciences PO, 2003, p. 15.

* 116 Wiarda, H., American foreign policy, Actors and process, New York, Harper collins, 1996, cité par Tshiyembe Mwayila, Op.cit. p.83.

* 117 Malandri, P., La politique extérieure des Etats-Unis de 1945 à nos jours, Paris, PUF, 1995 cités par Tshiyembe Mwayila, op cit, p.83.

* 118« Discours de Harry Truman sur l'état de l'Union en 1949 » (Archive
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·Quefaire ? consulté le 30 Décembre 2018 à 12h40.

* 119KASPI, A., États-Unis 1968, L'année des contestations, Bruxelles, André Versailles éditeur, 2008, p.56.

* 120Brizinski, Z., le grand échiquier eurasiatique, Paris, Bayard, 1997, p.9.

* 121 Arthaud D., Les Etats-Unis depuis 1945, Paris, le Seuil, 2000, p.84.

* 122 Kaspi, A., Op.cit. p.69.

* 123 Idem, p.89.

* 124 Tshiyembe Mwayila, Op.cit. p.83.

* 125 Nouailhat, Y.-H., les Etats-Unis et le monde de 1898 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2003, p.45.

* 126Lacoste, Y., « les Etats-Unis et le reste du monde », in revue s Hérodote, n°85, p.5.

* 127 Nye, J., Bound to lead, the changing nature of America power, New York, Basic book, 1990, p.56.

* 128 http://lemmings.unblog.fr/2017/04/09/etats-unis-realisme-et-idealisme-en-matiere-de-politique-etrangere/ consulté le 12/01/2019 à 12h06.

* 129 Lacoste Y., Idem, p.46.

* 130 Vincent, B., La Destinée Manifeste, Paris, Messène, 1999, p.58.

* 131Message du président Roosevelt au Congrès du 6 décembre 1904.

* 132 Chaliand G. et Blin A., America is back, Paris, Bayard, 2003, p.76.

* 133Discours président W. Wilson du 22 janvier 1917 au Sénat.

* 134 Kissinger, H., Diplomatie, Paris, Fayard, 1996, p.122.

* 135 Cabanes, B., « Le Vrai Échec du traité de Versailles », in L'Histoire, n° 343, juin 2009, p.86.

* 136 Cabanes, B., arcit, p.245.

* 137 Krauthammer, C., "The Bush Doctrine, ABM, Kyoto, and the New American Unilateralism", In Weekly Standard, 4 juin 2001, Vol. 6, n°36, p.23.

* 138 Krauthammer, C., « Charlie Gibson's Gaffe », In Washington Post, 13 avril 2002, p.2.

* 139 Bacharan, N., Faut-il avoir peur de l'Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, p. 206

* 140Bacharan, N., Opcit., p. 209

* 141 http://webcache.googleusercontent.com/translate_c?hl=fr&u=https://georgewbushwhitehouse.archives.gov/news/releases/2006/10/200610142.html&prev=/search%3Fq%3Dhttps://georgewbushwhitehouse.archives.gov/%26hl%3Dfr%26lr%3D consulté le 13/01/2019 à 04h03.

* 142 Charles Krauthammer, arcit. p.23.

* 143 Pierre Melandri et Justin VAISSE, « politique étrangère de George W. Bush », in AFRI, Paris, Volume III, 2002, p.45. Sur Thttp://www.afri-ct.org/article/la-politique-etrangere-de-george-w/ consulté le O6/02/2019 à 16h03.

* 144Lombardi, R., La politique étrangère de Barack Obama nous permet d'éviter le pire », in le figaro vox, jemvier 2017. Retrouvable sur www.lefigaro.fr/vox/monde/2017/01/17/31002-20170117ARTFIG0014062008-2016-la-politique-etrangere-de-barack-obama-nous-a-permis-d-eviter-le-le-pire.php consulté le O1/01/2018 à 14h16.

* 145 Lombardi, R., op.cit, p.3.

* 146 L'extrait du discours d'Obama à la notion prononcé à l'académie militaire de West point, 1décembre 2009 repris par Mwayila Tshiyembe, op.cit, p.136.

* 147 Mwayila Tshiyembe, op.cit, p.136.

* 148 Barack Obama est docteur en Relations internationales de l'Université de Harvard. Il a fondé sa politique étrangère sur la phrase suivante : « Plus qu'ailleurs, en politique internationale, mieux vaut souvent ne rien faire que faire n'importe quoi ». Il était le président des USA de 2008-2016(deux mandat). Il est aussi idéaliste-réaliste en politique étrangère de son règne.

* 149 Lombardi, R., op.cit, p.5.

* 150 De Hoop Scheffer, A. et Toureille, J., « La politique étrangère de Donald Trump est chaotique à plusieurs égards », Raoul-Dandurand, Montréal, n°45, janvier 2018, p.4-6.

* 151 Riyad cité par Alexandra de Hoop Scheffer et Julien Tourreille,artcit, p.2.

* 152 Riyad cité par Alexandra de Hoop Scheffer et Julien Tourreille, artcit, pp.2-4.

* 153 Riyad cité par Alexandra de Hoop Scheffer et Julien Tourreille, artcit, pp.2-4

* 154De Hoop Scheffer, A. cité par Alexandra de Hoop Scheffer et Julien Tourreille, artcit, pp.2-4.

* 155 https://www.bfmtv.com/international/accord-de-paris-quelles-seraient-les-consequences-d-un-retrait-des-etats-unis-1176569.html consulté le 17/12/2018 à 04h25.

* 156 https://www.bfmtv.com/international/accord-de-paris-quelles-seraient-les-consequences-d-un-retrait-des-etats-unis-1176569.html consulté le 17/12/2018 à 04h25 artcit.

* 157Idem.

* 158 https://www.bfmtv.com/international/accord-de-paris-quelles-seraient-les-consequences-d-un-retrait-des-etats-unis-1176569.html consulté le 17/12/2018 à 04h25 artcit.

* 159Le journal le monde du 20/06/2018 sur https://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/12/03/migrants-unesco-climat-comment-les-etats-unis-se-desengagent-des-accords-internationaux_5223890_4853715.html. Consulté le 06/02/2019 à 12h00.

* 160 Le Journal le monde du 08/05/2018 sur https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/05/08/donald-trump-annonce-le-retrait-des-etats-unis-de-l-accord-sur-le-nucleaire-iranien_5296297_3222.html consulté le 09/02/2019 à 17h45.

* 161 Idem.

* 162Le Journal le monde du 08/05/2018 sur https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/05/08/donald-trump-annonce-le-retrait-des-etats-unis-de-l-accord-sur-le-nucleaire-iranien_5296297_3222.html consulté le 09/02/2019 à 17h45, Arcit.

* 163Collins, K., « All the Threats and Tariffs in the U.S.-China Trade Conflict », in The New York Times, n°9, 15 juin 2018, p.1-4.

* 164 Gillespie, P., « Washing machines are going to get more expensive », in CNN Money, n°123, 23 Janvier 2018, p.12.

* 165Gillespie, P., Art.cit. p.14.

* 166 Bradsher, K., « China Cuts Car Tariffs, in a Small Offering to the U.S. on Trade », in The New York Times, Washington, n°7, 22 May 2018, p.4.

* 167 Lawder, D. et Blanchard, B., « Trump sets tariffs on $50 billion in Chinese goods; Beijing strikes back », in Reuters, n°1, 15 juin 2018, p.10.

* 168Bourguignon, F., « Guerre commerciale : les leçons de 2002 », in les échos, n°123, 15 mars 2018, p.2-7.

* 169 Idem, p.10.

* 170 Ibidem, p.4.

* 171 Son point de vue sur cette question remonte aux années 1980, lors des débats sur le commerce entre les États-Unis et le Japon, où Trump pensait que les élites avaient sacrifié les intérêts des travailleurs américains pour attirer des alliés (comme le Japon) et les éloigner de l'Union soviétique.

* 172Blake A., «Donald Trump's strategy in three words: `Americanism, not globalism'», The Washington Post, 22 juillet 2016. Retrouvable sur: https://www.washingtonpost.com/news/the-fix/wp/2016/07/22/donald-trump-just-put-his-border-wall-around-the-entire-united-states/?utm_term=.6318fe62b549 consulté le 29/12/2018 à 12h07.

* 173 Shapiro J., The Everyday and the Existential: How Clinton and Trump Challenge Transatlantic Relations, in New York time, n°34, pp.3-5.

* 174 «Full text: Donald Trump 2016 RNC draft speech transcript», Politico, 21 juillet 2016 retrouvable sur:http://www.politico.com/story/2016/07/full-transcript-donald-trump-nominationacceptance-speech-at-rnc-225974 consulté le 29/12/2018 à16h09.

* 175 The Economist, Dealing with Donald, 16 - 10 décembre 2016.

* 176 En 2015, alors que les Etats-Unis exportaient 276 142 millions de dollars de marchandises vers l'UE, ils en importaient 418201 millions de dollars, ce qui a produit un déficit commercial de -142 059 millions de dollars.

* 177 The Economist, America and the World: The Peacemakers, 12 - 18 novembre 2016.

* 178 En 2015, alors que les États-Unis exportaient 123 676 millions de dollars de marchandises vers la Chine, ils en importaient 466 754 millions de dollars, ce qui a produit un déficit commercial de -343 078 millions de dollars.

* 179 Voir : Département du commerce des États-Unis, Top U.S. Trade Partners, Ranked by 2015 U.S. Total Export Value for Goods.

* 180 Barichella, A., « La présidence de Trump : quelles conséquences pour l'Europe? », fondation robert Schuman, in question d'Europe n°417, 16 janvier 2017, pp.2-3.

* 181 Barichella, A., Art.cit., p.2.

* 182 Thompson, J., Arcit. p.3.

* 183 Boittin, J.-F., America first, Paris, IFRI, 2017, p.57.

* 184 Idem, p.56.

* 185 Décret clean power plan du 10 Octobre 2017 cité par Boittin, J.-F., Ibidem, p.57.

* 186 Par Dylan Gamba, Automobile : un retrait de l'Alena pourrait détruire 50.000 emplois aux Etats-Unis, sur Gambahttps://m.lesechos.fr/010154172499.htm consulté le 06/02/2019 à 11h37.

* 187 Les analyses de Larry Macdougal retrouvable sur https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1077801/alberta-commerce-usa-exportation-importation-alena-energie, consulté le 29/12/2018 à 20h21.

* 188 Bertosssi, C. et Tardis, M., le monde selon Trump, Paris, IFRI, 2017, p.47.

* 189 Doucet, J. et ses analyses sur https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1077801/alberta-commerce-usa-exportation-importation-alena-energie, consulté le 29/12/2018 à 20h21.

* 190 Idem.

* 191 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1077801/alberta-commerce-usa-exportation-importation-alena-energie, consulté le 29/12/2018 à 20h21. Artcit.

* 192 François Clemenceau, «  Davos, le président chinois prend Trump à contre-pied », in Europe 1, Davos, le 17 janvier 2017, p.1.

* 193Analyses de Akiko Suwa-Eisenmann, sur https://www.lejdd.fr/International/quelles-seraient-les-consequences-dun-retrait-des-etats-unis-de-lomc-3744737 consulté le 06/02/2019 à 12h11.

* 194 https://www.lejdd.fr/International/quelles-seraient-les-consequences-dun-retrait-des-etats-unis-de-lomc-3744737, arcit.

* 195explique Agnès Bénassy, analyses retrouvables sur https://www.lejdd.fr/International/quelles-seraient-les-consequences-dun-retrait-des-etats-unis-de-lomc-3744737, déjà cit

* 196 Idem.

* 197 Ibidem.

* 198 Defraigne, P., « Trump choisit l'isolationnisme économique cela pourrait favoriser la Chine », in Fondation Madariaga, n°12, 10 décembre 2016, sur https://www.rtbf.be/info/dossier/election-presidentielle-americaine-la-course-est-lancee/detail_si-trump-choisit-l-isolationnisme-cela-pourrait-favoriser-economiquement-la-chine?id=9451961 consulté le 06/02/2019 à 19h11.

* 199Defraigne, P., Arcit., sur https://www.rtbf.be/info/dossier/election-presidentielle-americaine-la-course-est-lancee/detail_si-trump-choisit-l-isolationnisme-cela-pourrait-favoriser-economiquement-la-chine?id=9451961. Idem.






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