INTRODUCTION GENERALE
0.1. Problématique.
Notre travail cherche à scruter à fond `'Le
pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault1(*)et Etienne de la
Boétie''. En effet, dans le cours qu'il donne au Collège de
France en 1978, Foucault insiste sur trois éléments essentiels,
à savoir : une organisation de la nation ou l'État ;
l'influence qui existe entre le gouverneur et celui qui est
gouverné ; enfin, comment doit se comporter celui qui doit
gouverner. Car, d'après lui, si le monde en général et la
France en particulier, est tombée dans les guerres, révoltes, et
conflits, c'est parce qu'il y a eu manque de l'art de gouverner. Manque
dû au non contact entre les dirigeants et son peuple. Voilà
pourquoi, pour ne plus sombrer dans les guerres passées, Foucault va
préconiserla raison d'Etatcomme le principe qui exprime un art
de gouverner les hommes semblable au pouvoir pastoral où le pasteur
veille ardemment sur ses brebis2(*) au point de se sacrificier afin que la brebis
survive.Ce nouvel art de gouverner qu'apporte Foucault met plus d'accent sur la
souveraineté de l'Etat, la gestion de la population et la
sécurité du territoire.
Dès lors, trois questions méritent d'être
posées : en quoi consiste la gouvernementalité politique des
hommes chez Michel Foucault ? Comment est-ce que Michel Foucault
conçoit le pouvoir politique et ses mécanismes ? Enfin,
quelle est, selon lui,la relation qui doit exister entre la population de le
gouvernement ? C'est autour de ces questions qui va s'articuler notre
cogitation.
0.2. Hypothèses
Une lecture panoramique de l'histoire prouve à
suffisanceque plusieurs états ont connuet continuent à
connaître la dégénérescence, les
séparations,les révoltes, les guerres, etc, suite au manque de
l'art de gouverner, au manque de contact du gouverneur avec ses
gouvernés,au manque de stratégies et mécanismesde
gouverner et de gérer la cité. Mais plus
précisément la plupart de ces
dégénérescences étaient et sont dues au manque
d'intérêt à la souveraineté de l'Etat, la gestion de
la population et la sécurité du territoire. Voilà
pourquoi, estime Foucault, tant que la gouvernementalité politique des
hommes ne se ressemble pas au pastorat chrétien ; tant que la
gestion de la cité ne prend pas en compte la raison d'Etat comme
principe du nouvel art de gérer la chose publique ; tant que le
politique ne met pas au centre de ses préoccupations la
souveraineté de l'Etat, la relation entre le gouverneur et ses
gouvernés et l'intégrité territoriale, il n'y aura de
cesse au maux de cités ; la cité ne verra jamais la
lumière du jour, mais bien plus sombrera dans l'éternelle
instabilité et dégénérescence.
0.3. But et
intérêt du travail
Notre intérêt en élaborant ce travail est
double : en premier lieu, comprendre comment Michel Foucault
conçoit le pouvoir politique et ses mécanismes. Cet
intérêt pour nous de Foucault part du constat
général que nous avons fait par rapport à la mauvaise
gouvernance de la plupart de nos Etats actuels. Autrement dit, nous avons voulu
comprendre la pensée politique de Foucault en vue de dégager des
éléments susceptibles pouvant aider nos Etats actuels à
sortir de la médiocrité dans laquelle ils sont plongés. En
deuxième lieu, montrer qu'après trois ans de formation
philosophique que nous sommes capable de lire un auteur,
comprendre sa pensée et l'exprimer en nos propres mots.
0.4. Méthode et plan du
travail
Pour bien conduire nos recherches, nous avons opté pour
la méthode analytique qui nous permettra de scruter à fond ou
adéquatement le thème sous examen. Il sera question d'analyser le
texte de Michel Foucault, principalement Sécurité territoire
populationen vue de dégager les mécanismes susceptibles de
répondre aux exigences d'une gouvernementalité politique des
hommes digne de ce nom, c'est-à-dire une gouvernementalité qui
met l'accent sur la souveraineté de l'Etat, la relation entre le
gouverneur et ses gouvernés et la sécurité de
l'intégrité territoriale. Hormis l'introduction et la conclusion
générales, notre travail portera sur trois chapitres :le
premier chapitre traitera du gouvernement pastoral au pouvoir politique. Dans
ce chapitre, il sera question de montrer comment pour Foucault, une
gouvernementalité politique digne de ce nom doit se ressembler au
pastorat chrétien. Le deuxième chapitre examinera le pouvoir
politique et ses mécanismes. Dans ce chapitre, nous montrerons comment
selon Foucault la raison d'Etat, la police et les transformations de la raison
d'Etat sont les trois principes essentiels d'un bon pouvoir politique. Le
troisième chapitre, portera sur la relation entre le gouvernement et la
population. Dans ce chapitre, nous tâcherons de montrer avec Foucault et
Etienne de la Boétie comment la population peut se prendre en charge
lorsque le politique ne respecte pas la raison d'Etat.
CHAPITRE PREMIER :
DU GOUVERNEMENT PASTORAL AU POUVOIR POLITIQUE
I.0.Introduction
Notre travail porte sur « le pouvoir politique
et ses mécanismes chez Michel Foucault et Etienne de la
Boétie ».Mais ce pouvoir politique que préconise
Michel Foucault, ne se comprend mieux qu'en rapport avec la notion de la
gouvernementalité politique des hommes. Voilà pourquoi, dans ce
premier chapitre, nous voulons montrer comment Michel Foucault définit
la gouvernementalité politique des hommes. Néanmoins, notons que
la notion de la gouvernementalité chez Foucault fait également
référence à deux notions fondamentales, à
savoir : l'Etat et la population.Car, selon lui, l'Etat est un organe
suprême qui exécute des mécanismes politiques, et la
population également travaille ensemble avec l'Etat en vue de
réalisation du bien commun. Ainsi, peut-on s'interroger : comment
Michel Foucault conçoit l'idée de gouvernement pastoral au
pouvoir politique ?Comment cette notion de gouvernementa-t-elle
évoluée dans l'histoire ?Comment peut-on gouverner les
hommes selon Foucault?Qu'entend-t-il par la notion de conduite ?Comment
s'effectue le passage de la nation à l'Etat chez lui ?C'est
à cet ensemble de questions que va répondre ce chapitre. Ainsi,
commençons par expliciter comment selon lui s'est effectué le
passage du pouvoir pastoral au pouvoir politique.
I.1. DE L'IDEE DE GOUVERNEMENT
PASTORAL AU POUVOIR POLITIQUE
Avant d'entrer en profondeur de ce que pense Foucault de
l'idée de gouvernement pastoral au pouvoir politique, il importe de
préciser que Michel Foucault s'est servi d'abordde l'histoire du pouvoir
pastoral pour arriver à fonder son fameuxprincipe
de``gouvernementalité''politique.Selon lui, ce principe exprime
'`la rationalité et la raisonabilité''de l'Etatdans le
sens oùil sert comme un guide à suivre pour que l'Etat parvienne
à son accomplissement total qu'est le bien commun. Et l'Etat selon lui,
renvoie au gouvernement. Et dans ce cas, qu'est-ce que, selon lui,
gouverner ?Pour Michel Foucault, le mot gouvernerest polysémique,
car déjà dans lestemps antiques, ce concept portait le sens
étatique, c'est-à-dire une classe des dirigeants d'un Etat.Mais
malgré sa polysémie, Michel Foucault, dans sa réflexion ne
veut ni le comprendre, ni fonder la loi, mais sa démarche est tout
simplement d'analyserles relations de pouvoir qui étaient visées
au XVIèmeetXVIIIème sièclespour
enfin tenterde créer des nouveaux mécanismes de gestion
gouvernementale.
Et comme nous l'avons souligné plus-haut, Foucault met
beaucoup d'accent sur la relation qui existe entre l'Etat et la population, car
il pense que la gouvernementalité est caractérisée par la
gestion économique, gestion du pouvoir, gestion de la population, et
enfin, l'assurance de la sécurité à un territoire.
Cependant, le terme gouverner, dit Foucault, ne doitpas être
confonduavec ; « régner, commander, faire la
loi, être souverain, être suzerain, être
seigneur, être juge, être général,
être propriétaire, être maitre,
être professeur. (...) Mais, à un certain niveau de
compétence politique »3(*).A cet effet, il va s'assigner comme mission
d'analyser la responsabilité de l'Etat en fonction de compétence
politique, et la conduite de celui qui doit gouverner. Pour ce faire, il
vaprocéder par l'histoire de gouvernement politique depuis
l'Antiquité jusqu'au Temps moderne, en passant par l'analyse de pouvoir
pastoral des âmes au pouvoir politique des hommes. Néanmoins, une
question mérite d'être posée :comment, selon lui, s'est
effectué le passage du pouvoir pastoral au pouvoir politique ?
Qu'elles sont les grands événements du pouvoir pastoral qui ont
remarqués Foucault ? En quoi les anciens textes l'ont-ils
intéressé ?Pour répondre à ces questions,
Foucault fait observer ce qui suit :« Le pastorat dans le
christianisme a donné lieu à tout un art de conduire, de diriger,
de mener, de guider, de tenir en main, de manipuler les hommes, un art de le
suivre et de les pousser pas à pas, un art qui a cette fonction de
prendre en charge les hommes collectivement et individuellement tout au long de
leur vie et à chaque pas de leur existence. »4(*)
De cette affirmation deFoucault, résulte l'idée
selon laquelle s'accomplit le pouvoir pastoral. Dans ce pouvoir, le pasteur
cherche le bien-être de sesbrebis, il se donnait en
entièreté jusqu'au point demourir pour que ses brebis vivent.Pour
lui, telle doit être également la finalitédu pouvoir
politique dans le sens oùle gouvernementqui gère le trésor
public doit chercher à tout prixà rassurer la
sécurité etla souveraineté de l'Etat pour
l'intérêt de son peuple. C'est à ce niveau que seront
adoptées des expressions ou des théories gouvernementales
politiques. Telest le cas du prince de Machiavel. Mais si telle est la
conception du pouvoir pastoral, mais qu'est-ce que le `Gouvernement de
l'Etat selon lui ?'. Pour Michel Foucault,la notion de
gouvernementtrouve son sens dans ce qu'onpeut appeler :
`Continuité ascendante et Continuité
descendante'. Parcontinuité ascendante, il entend une
théorie qui exprime l'un des critères qu'on attend de la personne
qui aspire à gouverner un Etat.En d'autres termes, la continuité
ascendante montre en filigrane comment doit être celui qui veut
gouverner. A ce sujet, il note ce qui suit :
« Continuité ascendante, en ce sens que celui qui veut
pouvoir gouverner l'Etat d'abord doit savoir se gouverner lui-même ;
puis à un autre niveau, gouverner sa famille, son bien, son domaine, et,
finalement, il arrivera à gouverner l'Etat »5(*).
En clair, par le principe de continuité ascendante,
Foucault définitle profil dela personne qui aspire à gouverner
l'Etaten prenant l'exemple des parents, comme legouvernement du point de vue
familial,l'individu, du point de vue gouvernement depersonnel, et aussi le
gouvernement comme gérant de la population, c'est-à-dire, par le
fait de gérer la chose publique politiquement.Mais comment est-ce qu'on
parvient au pouvoir selon lui ?Il précise que le prince de
Machiavel donne en maximum quatre mécanismes d'acquisition du pouvoir
qui correspondent aux différentes façons de le
conserver :par la vertu ; par la fortuna, par la faveur des citoyens
et par les scélératesses.Mais il met plus d'accent sur le pouvoir
acquis par la faveur des citoyens parce que, c'est dans celui-cique le peuple
donne le pouvoir à qu'il veut, soit par la nomination, par les
élections, ou par imposition de la personne désirée.
Mais il faut noter que l'accession au pouvoir est tout de
même accompagnée de multiples difficultés dans le sens
oùen occupant un Etat nouveau, le prince rencontre plusieurs
difficultés :d'un côté, il est ennemi de tous les
hommes qui tiraient profit de l'ancien régime car ils se sentent
privés de leurs intérêts ; et de l'autre
côté, il est ennemi de tous ceux qui l'ont aidé à
accéder à son nouvel Etat, et à qui, il ne peut tenir des
promesses fallacieuses, ni attaquer. Ces difficultés, note Foucault,
peuvent amener parfois le prince à ne pas garder ses relations avec son
peuple car « on a besoin, pour entrer dans un pays, de la faveur
des habitants »6(*). Et c'est sous la considération du contrat
signé par les deux parties, d'une part, le gouvernement, et d'autre
part, la population.Mais soulignons aussi que pour Foucault la notion de
gouvernement est une démarche volontaire ; elle est volontaire
parce que rien ne garantit sa soumission au souverain. Et à ce sujet, il
écrit ce qui suit :« Si l'on dit à une
population « fais ceci », rien ne prouve non seulement
qu'elle le fera, mais tout simplement qu'elle pourra le
faire »7(*).En fait, c'est cette possibilité qui
dépend de la volonté de la population et qui fait sa force parce
qu'elle peut être d'accord ou pas d'une décision émanant de
la part du chef. Mais comment était constitué la notion de
gouvernement dans l'histoire ?
I.2. L'histoire de la notion
de gouvernement
Selon Michel Foucault, la notion de gouvernement vise à
déterminer le rôle du souverain et le rôle de la population
prise à partir d'une histoire donnée pour réaliser le bien
commun. Toutefois, il précise quele pouvoir politique ou gouvernement
puise son origine dans l'histoire gréco-latine où le pouvoir
était considéré comme une sorte de gestion par tous ceux
qui avaient la chance de gouverner.En clair, liée à la figure
censitaire de Rome antique jusqu'aux abords du XXe siècle, le
gouvernement déterminait les droits politiques des particuliers en
fonction de ce qu'ils possédaient.Mais, ce terme gouvernement, selon
Foucault, manifestait à la fois le pouvoir politique et le pouvoir
pastoral dans le sens où: « l'organisation de
monastères avec vie commune et vie obligatoire (...), l'apparition dans
ces monastères de vie commune et l'hiérarchisée d'une
règle, d'une règle qui s'impose de la même façon
à tout le monde ou en tout cas à chaque catégorie de
moines d'une façon spécifique »8(*).A partir de cettehistoire
de l'Eglise catholique, Foucaultconfirme une certaine forme de
rationalité que l'Eglise catholique mettait en place pour réussir
à soumettre et conquérir les empires. Avec l'histoire
gréco-latine, l'Eglise était capable de conquérir les
nations païennes et les soumettre à ses convictions. A ce
sujet, on peut lire ce qui suit :« La civilisation
gréco-latine dessine l'arrière-pays de cet immense espace
marqué par le fait chrétien. A ce titre, elle ne doit être
ni ignorée, ni négligée. Mais la pensée antique,
pour arriver jusqu'à l'homme occidental, devra, en quelque sorte,
transiter par le sanctuaire chrétien »9(*).
A travers cette citation, il y a lieu de noter que si l'Eglise
au départ aexercé un pouvoir pastoral par imposition de la foi
chrétienne, et petit à petit les gens sont arrivésà
accepter volontairement,ceci prouve combien elle avait une disposition
favorable qui donnait raison de demeurer chrétien même quand on
avait le choix de changer la religion.L'auteur souligne un point commun dans
cette histoire de pouvoir pastorat :le fait que tous ces divers sens se
réfèrent plus à une institution. Dans cette institution
est née la civilisation gréco-latine.L'homme au départ
gouverné malgré sa volonté, parvient à comprendre
que c'est pour son bien, en ce sens il participe dans sa manière
àcet acte gouvernemental. Et c'est en cela que se constate la
ressemblance entre le pouvoir politique et le pouvoir pastoral. Dans le
même sens,le pouvoir politiquedevient l'art de gouverner,
c'est-à-dire savoir gouverner les hommes de manière authentique.
En ce sens, le pouvoir politiquene se définira pas loin de pouvoir
pastoral, parce que la procédure se ressemble et reste la même.
Carétymologiquement, on définit le pouvoir
comme :« L'ensemble des qualités esthétique du
mouvement, et, par suite, des formes et des attitudes (...) l'idée du
don libre, la volonté de se communiquer à autrui et d'en
être aimé »10(*).Et si le pouvoir est défini comme
l'ensemble des qualités esthétiques, Foucaultestime qu'il ne se
rapporte pas aux quantités, mais à tout ce qui est bien, ce qui
est vrai, désirable, préférable au fonctionnement de tout
esprit humain.11(*).
Cependant, la personne qui exerce la tâche de gouverner
a le devoir de communiquer avec son peuple, en qui s'accomplit son
activité politique.En même temps, le peuplea le droit d'aimer ou
de ne pas aimer,d'accepter ou de renoncer au gouverneur qui ne veut pas
respecter le contrat. Voilà pourquoi, la personne qui doitêtre
choisi est appelé à mettre en place les dispositions favorables
qui non seulement vont attirer le peuple, mais les appelle à demeurer
dans son projet de la société. Ces conditions favorables, sont
ce que Michel Foucault appelle `` l'art de gouverner''.Ainsi,
qu'est-ce que l'art de gouverner ? Bien plus, quels sont les
critères pour gouverner les hommes ? Les lignes qui suivent vont
tenter de répondre à ces questions cruciales.
I.3. Un art de gouverner les
hommes
Foucault précise que le pouvoir politique ou le
gouvernement existait bien avant dans l'Antiquité de Platon, etoù
on montrait déjà comment on peut gouverner la polis
(cité).Maislui préférera plutôt parler del'art de
gouvernerqui n'est pas différent de l'art de gouverner du prince de
Machiavel.Car, selon lui, l'art de gouverner doit garder le peuple en
communion,tout en menant une vie bonne et sensée.Cette manière de
gouverner est à comprendre comme suit :« Gérer
comme il faut les individus, les biens, les richesses, comme on peut le faire
à l'intérieur d'une famille, comme peut le faire un bon
père de famille qui sait diriger sa femme, ses enfants, ses domestiques,
qui sait faire prospérer la fortune de sa famille, qui sait
ménager pour elle les alliances qui
conviennent »12(*).Car pour lui, cette gestion de la cité rassure
la confiance et la considération portéeau peuple. Attiré
par l'ancien texte du Prince de Machiavel, Foucault développe des
nouveaux mécanismes qui peuvent aider dans la manière de
gouverner les hommes, c'est-à-dire digne et considérable. A ce
sujet, il note : « Cet ordre est fort naturel, puisque c'est une
chose du tout nécessaire qu'un homme sache se gouverner soi-même
devant que de commander aux autres, soit comme père de famille, ce qui
est de l'économie, soit comme souverain, magistrat ou ministre d'Etat,
ce qui est regarder la politique »13(*). Maisen quoi ce texte ancien
l'intéresse-t-il ?Dans quel contexte Foucault veut que le prince
fasse siens les pratiques et les enseignements de Machiavel si longtemps mis de
côté ?
Pour lui, le texte politique de Nicolas Machiavel fut depuis
un bon nombre de siècles contesté et déconstruit par
plusieurs idéologistes politiques sur le gouvernement jusque vers le
16ème siècle où il sera repris par le prince.
Toutefois, il est nécessaire pour nous de savoir ou decomprendre
qu'est-ce que Machiavel lui-même entendait par
« prince ». Pour Machiavel, nous fait observer
Foucault, le princedont il est question ici a une caractéristique
particulière réservée au prince qui était choisi
pour gouverner l'Italie durant le temps donné, et, renvoi à une
relation, un rapport de singularité et d'extériorité, de
transcendance par rapport à sa principauté. Pour lui, la
principauté est ce rapport du prince à ce qu'il possède,
au territoire dont il est héritier ou qu'il a acquis, aux sujets qui lui
sont soumis. Un rapport dont la visée est la protection et non la
domination ou l'assujettissement14(*).Le prince, dit Machiavel, doit s'assigner pour
objectif : gouverner ; et gouverner est pour lui un Art. Cet art se
veut alors distinct de la simple habileté du prince, et trouve sa fin
essentiellement dans les choses à diriger, mais tout en prenant
n'importe quel moyen. C'est en ayant avec lui l'art de gouverner que le prince
aura devant lui des foules qui s'y attachent, peu importe la façon dont
il accède à la principauté.
Bref, l'exercice du pouvoir par le prince de Machiavel vise le
maintien, le renfort et la protection de la principauté pour
l'intérêt du peuple, malheureusement l'art de gouverner et
l'habileté conservatrice de la principauté n'ont pas sens de
l'intérêt du peuple pour les anti-machiavels. Pour les
anti-machiavels, le prince utilise l'art de gouverner et l'habileté
conservatrice de la principauté pour sa propre souveraineté et
c'est ce qui n'est pas vrai.Foucault dans son analysea fait recourt à
quelques textes de la littérature Anti machiavélienne, notamment
celui de Guillaume de La Perrière `le Miroir politique' de XVIe
siècle. De ce texte, Foucault tire quelques explications de ce que
Guillaume entend par les termes Gouverner et gouverneur15(*). C'est à travers ces
terminologies que Foucault va saisir les points de démarcation entre le
prince de Machiavel et le prince selon les anti-machiavéliens. Gouverner
a le même sens que monarque, prince, roi, empereur, magistrat, seigneuret
l'Art de gouverner renvoi à la charge de gouverner la maison, la
famille, les âmes, les enfants. Par comparaison, Foucault voit un sens
simpliste et généralisé des expressions politiques chez
les Anti-machiavéliens et trouve un sens beaucoup plus ego-centrisme,
essentiel et consistant chez Machiavel ; le sens qui contient et fonde
toutes les généralités en les transcendant16(*).
Loin de toutes littératures sur ces termes, Foucault
voit dans ces doctrines une sorte de continuité de pensée sur la
conduite gouvernementale. Pourtant ce qui importe pour lui, ce ne sont pas ses
attributs, mais la pédagogie du prince, c'est-à-dire la
façon dont ce dernier assure le principe de continuité
ascendante :« C'est la pédagogiedu Prince qui va donc
assurer cette continuité ascendante des différentes formes de
gouvernement. Inversement, vous avez une continuité descendant en ce
sens que, quand un État est bien gouverné, les pères de
famille savent bien gouverner leur famille, leurs richesses, leur biens, leur
propriété, et les individus, aussi, se dirigent comme il
faut »17(*).
Pour étayer sa thèse de continuité
ascendante,Foucaultconvoque La Mothe Le vayer, notamment dans son
ouvrage : un traité de politiqueoù il affirme que
la bonne gouvernance commence par la tête, c'est-à-dire les
dirigeants. A l'exemple de continuité ascendante, celui qui veut
gouverner l'État, doit d'abord savoir se gouverner lui-même, sa
famille, etc. Michel Foucault confirme cette théorie ascendante que la
bonne gouvernance commence par soi-même.Autrement dit, si une personne
est capable de se gouverner, de gouverner sa famille, on suppose qu'il peut
gouverner et se laisser gouverner par les autres. Ainsi donc à partir de
cette notion de l'économie des âmes, on parvient à saisir
une autre dimension du pastorat comme « l'humanité tout
entière, de la chrétienté tout
entière »18(*). Cette humanité portera sur toute la
communauté de tous les chrétiens en général et sur
chaque chrétien en particulier.
De façon plus explicite, pour Michel Foucault, si nous
le saisissons bien pour cette situation sur la continuité, cherche ou
désire voir pour une bonne gouvernance trois principes, à
savoir :``un prince capable de se gouverner lui-même du point de vue
moral ; un prince capable de bien gouverner sa famille du point de vue
économique ; et enfin, un prince qui soit capable de gouverner la
chose publique (cité)''. Selon lui, la continuité ascendante est
possible par une éducation solide. A côté de la
continuité ascendante, se trouve le deuxième critère qui
est une continuité descendante : « c'est le
gouvernement qui, dans l'Etat moderne, forme le seul ressort de l'action. (...)
le gouvernement seul parle au nom de l'Etat aussi bien à
l'intérieur qu'à l'extérieur. »19(*).En effet, le gouvernement
est l'organe qui a pour tâche de rendre compte et de répondre aux
exigences de la population afin que la sécurité et le
bien-être de tous soit assuré. C'est en fait un art de gouverner
acquis, jouant en sorte que tout marche de la tête jusqu'aux orteils.
Car, si l'Etat est bien gouverné, les autres gouvernements sauront aussi
bien diriger ceux pour qui, ils sont la tête, car la réussite de
ces derniers en dépend.
Toutefois, Foucault examine également le point de vue
deGuillaume qui stipule que :« le gouvernement est la droite
disposition des choses, desquelles on prend charge pour les conduire
jusqu'à la fin convenable »20(*). Foucault va sémantiquement analyser le
sens de ce gouvernement en comparaison toujours avec les mots
déterminant la charge que s'assigne le prince de Machiavel :
Territoire et les gens ou individus qui le peuplent. Son analyse porte sur
l'objet du gouvernement même chez Machiavel comme chez Guillaume. Ainsi,
il remarque que la souveraineté chez Machiavel concerne le territoire et
les gens habitant ce territoire et le gouvernement chez
Guillaume,concernent plutôt les choses. Chacune de ces choses nous
amène à ce que le prince de Machiavel appelle droit public et non
sur les choses, au contre chez Guillaume, ces choses nous amène aux
choses elles-mêmes.21(*)
En effet, le territoire est à voir comme cet espace,
étendue et son contenu : les hommes essentiellement et les autres
choses.Mais le concept chose chez Guillaume renvoie à une
complexité constitutive d'hommes et des choses que l'on doit prendre en
charge ; les choses dans leurs différents aspects d'être.
L'exemple du gouvernement d'un bateau en fait illustration. Ceci veut dire pour
Guillaume que gouverner, c'est gérer, prendre en charge les choses dans
leur complexité constitutive et accidentelle. Ici, la définition
du mot gouvernement laisse entendre une démarcation considérable
entre Souveraineté et gouvernement, de par leur objet, moyens
utilisés pour arriver à la fin fixée.Si la
souveraineté se fixe comme objectif :``le maintien de sa
souveraineté, en usant de toute sorte de moyen pour atteindre le bien
commun, l'obéissance à la loi'' ; le gouvernement par
contre, a comme objectif la gestion parfaite dans l'utilisation des instruments
à la disposition du prince en vue d'une fin. Ainsi, pense Foucault,
disons-le à notre façon, un gouvernement parfait n'est pas le
fruit de la loi, mais bien le gage d'une multitude des tactiques. La
souveraineté est dans ce sens : égoïste car visant
l'autosatisfaction, tandis que le gouvernement vise la perfection dans la
gestion des choses.22(*)
Néanmoins, gouverner comme art exige ou implique selon
La perrière un certain nombre de valeurs ou qualités de la part
du prince, à savoir :le prince doit avoir la patience, la sagesse
et la diligence.La perrièreexplique la patience en donnant
l'exemple du roi de mouches à miel, Guillaume pense à un roi
bienfaisant ; un roi qui, comme il le dit doit avoir beaucoup de
clémence que de sévérité, plus
d'équité que de rigueur envers ses sujets23(*). A cette qualité
s'ajoute également la sagesse et la diligence comme contenu positif.Par
sagesse, pour un prince, on entend cette « connaissance des
choses, des objectifs que l'on peut atteindre, que l'on doit faire en sorte
d'atteindre, la disposition que l'on doit utiliser pour les
atteindre »24(*).La diligence est comprise comme le fait de
balancer les actions à faire produire au peuple, en jouant le rôle
du père de famille.
En outre,puisque la famille est prise ici comme paradigme, on
ne peut pas profondément parler de l'art de gouverner sans faire recours
à elle, qui est prise pour modèle de gestion ou de
l'économie dans une société. Car famille, au lieu de
rester modèle, devient en plus ``instrument de gouvernement''. Bref, par
le fait pour elle d'instrumentaliser la famille et de la faire descendre du
rang de modèle de gouvernement, fait de la population cette clé
désenfermant l'art de gouverner au XVIIIème
siècle. La population se place ensuite au trône, et devient le but
visé de l'art de gouverner, toute action du prince évaluant et se
fondant sur le bien-être social à tout prix, comme qui dirait,
tout par elle et pour elle : instrument et finalité ;
conscience appelant conscience. C'est de cette façon que se compose,
selon lui, le triangle gouvernement - population - économie politique.
Dans ce triangle, le prince est sensé avoir une science qui relie la
richesse et la population ensemble, ce qui justifie la technique dite
Economie politique.
Bref, de cet enseignement, Foucault nous fait avancer
progressivement pour découvrir les voies par lesquelles sont
passées, ce qu'il appelle ou ce que nous appelons art de gouverner
jusqu'à sa conversion comme science politique, après passage de
théories en théories : ensemble englobant méthodes,
analyses et réflexions, technique, dispositif etc. sur le gouvernement
que Foucault appellera `'Gouvernementalité', doctrine,qu'il
propose au prince. Pour cela,l'auteur soulève la notion de la conduite,
qu'il pense peut être l'un de facteurs parmi tant d'autres, qui peut
être considéré d'être à la base même de
pouvoir politique. Il s'agit de la conduite du prince ou de celui qui
gouverne.En ce sens, qu'est-ce qu'il entend spécifiquement par le mot
conduite ?
I.4. La notion de la
conduite
La conduite, selon Michel Foucault, fait appel à un
certain nombre de comportements que la personne qui conduit est appelée
à afficher.En d'autres termes, pour Foucault, la conduite se
réfère principalement à trois notions : conduire,
comportement et comprise. Le terme conduire la conduite renvoi à la
façon dont le prince dirige :« l'activité qui
consiste à conduire, c'est-à-dire la
conduction »25(*). La conduite comme comportement, elle peut aussi
signifier :« la manière dont on se conduit, la
manière dont on se laisse conduire, la manière dont on est
conduit, finalement la conduite signifie la manière dont on se comporte
sous l'effet d'une conduite ou de conduction »26(*). La conduite peut encore
être comprise comme : « le souci de
soi »27(*).
Ce souci de soi se caractérise dans la dynamique philosophique par une
tâche « d'éveiller ses concitoyens à avoir
aussi un souci de soi ».28(*)Telle a été la mission que Platon
s'était assigné dans la construction de sa cité
idéale, mieux, dans sa République et précisément
dans le septième livre portant sur l'allégorie de la Caverne.
Sur ce, trois remarques (conduire, comportement et comprise),
que Foucault fait peuvent nous aider à comprendre cette
thématique (la manière de se conduire, le souci de l'autre et de
soi). Dans un premier temps,Foucault comprend que déjà dès
le départ, le pastorat avait connu des moments d'hostilités,
atrocités, des mouvements de retours à la conduite normale
c'est-à-dire à une vision d'ensemble et c'est ce qu'il appelle
les contre-conduites. Est-ce que dans ce climat se demande Foucault,
on ne va peut-être ressaisir là simplement les
phénomènes en creux, négatifs ou réactifs ?
C'est-à-dire être vigilantquant aux actes qui peuvent nuire la
paix. Pour lui, tous ces affrontements, toutes ces hostilités, toutes
ces guerres, toutes ces révoltes, se passent entre le pouvoir spirituel
et le pouvoir temporel, etc'est ce qu'appelle « la révolte
de conduite ». Ce qui fait que la forme de conduite n'existait
pas de manière claire jusqu'à tel point qu'elle s'est
livrée à une sorte d'ivresse des comportements
inappropriés religieusement et dont le Moyen-Orient en donne des
exemples aux IIe, IIIe, IVe siècles.
Bref, à cette période, il y a eu tant de désordres contre
le pastorat chrétien en Orient et en Occident, et c'est ce qui avait
créé la corrélation entre la conduite et la
contre-conduite29(*).
En ce second temps, ces révoltes de conduite,
c'est-à-dire du pastorat sont totalement des révoltes politiques
non seulement parce qu'elles ont leur spécificité mais aussi
parce qu'elles ont leur souveraineté qui est différente des
révoltes économiques au pouvoir du fait qu'elles sont dans
l'exploitation. Bien que ces révoltes soient multiples et distinctes,
elles sont toujours liées entre elles et leurs partenaires ne s'en
débarrassent pas, car ils sont attachés à leur conduite.
Tel a été le cas au Moyen-âge où a existé les
luttes entres les bourgeois et la féodalité que ça soit
dans les villes flamandes, à Lyon au moment de vaudois30(*). Ces mêmes
révoltes de conduite surgissent aussi dans des couvents surtout
féminins, chez les femmes qui se posent diverses questions concernant
leur statut de vie par rapport aux autres avec qui, elles ont commencé
la formation ensemble.
Enfin, il situe les révoltes de conduite principalement
dans la forme religieuse en montrant comment elles sont liées au
pastorat. A cette étape, les résistances se faisaient
comme quelque chose du « mouvement méthodiste de la
seconde moitié du 18e siècle, et elles ont
été reprises dans l'exercice de la gouvernementalité, dans
la mesure où le gouvernement s'est mis à vouloir lui aussi
prendre en charge la conduite des hommes »31(*). Et alors il faut dire
que les conflits de conduite vont de plus en plusse produire non seulement du
côté des institutions religieuses, mais aussi et surtout du
côté politique. Par exemple quand on parle de la guerre dans un
pays où les gens n'ont pas l'habitude de le faire, c'est quelque chose
d'étrange contrairement aux pays qui sont habitués à le
faire. Cela engendre pour les inhabituels, un recrutement de militaire afin de
pouvoir conquérir à cette noble tâche parce que cela
suscite la révolte dans la population et c'est la désertion qui
commence.
Selon Foucault, la révolte est bonne dans la plupart
des cas seulement quand on fait la guerre par exemple pour la paix sociale sous
une conduite consciente, sous une conduite morale, sous un sacrifice, sous un
dévouement à la cause commune et au salut commun, sous la
direction d'une conscience publique, dans le cadre d'une discipline bien
précise qu'à ce niveau on voit ce qui faut.32(*) A ce moment-ci, on voit
apparaitre une
« désertion-insoumission »,car refuser de
faire la guerre, c'est-à-dire porter les armes pour le bien commun
apparaissait comme une conduite ou contre-conduite. Dans cette même
perspective, la contre-conduite est parlée dans la vie religieuse quand
on cesse d'observerles règlementations de certaines choses dans
l'institut et on cherche être conduit par d'autres personnes de leurs
façons. De la même manière dans la vie politique, c'est
quand on refuse de respecter la règle générale,
suprême qui est la constitution qu'on tombe dans les révoltes,
résistances.Ainsi, il faut un organe qui doit ressembler et gérer
problèmes mentionnés de manière systématique et
rationnelle, qu'il appelle ``l'Etat''. En ce sens, comment est-ce que Michel
Foucault définit l'Etat ?
I.5. La notion de
l'État
Foucault fait observer que plusieurs auteurs ont donné
chacun à sa manière de penser sens au mot Etat. Parmi lesquels
Palazzo en parle plus précisément dans son ouvrage :
Discours du gouvernement et de la vrai raison d'État. Et c'est dans
cet ouvrage selon Michel Foucault que quatre définitions sont
données au sujet de l'Etat. Mais, qu'est-ce quel'État selon
Foucault?Pour lui, l'Etat est une institution juridiquement connue,
située dans un territoire, avec la responsabilité d'organiser,
veiller et protéger la population, à qui sa charge
revient :« un état c'est juridiction, dit-il, c'est
un ensemble de lois, de règles, de coutumes, un petit peu... une
institution, un ensemble des institutions »33(*).L'Etat comme institution,
est à la tête de toute activité politico-économique.
En ce sens, l'Etat est une organisation suprême d'un peuple, car il
détermine leur façon de vivre et cherche la stabilité et
l'équilibre pour la bonne marche de celui-ci. Mais si l'Etat est un
ensemble des institutions qui cherchent l'ordre et la stabilité alors,
il y a un point essentiel qui sera au centre pour que cet ordre se
réalise, ce c'est que Michel Foucault appelle la ``raison d'Etat'' que
nous examinerons dans le deuxième chapitre.
La Conclusion
Notre effort dans ce chapitre était de montrer ce
qu'entend Michel Foucault par la gouvernementalité politique des
hommes.Ainsi, retenons que pour montrer en quoi consiste cette
gouvernementalité dont il veut préconiser, Foucault parcourt
d'abord l`histoire pour voir comment les hommes étaient dirigés
dans l'Empire romain, Chez les Grecs et plus précisément au Moyen
Age. De cette relecture historique, Foucault démontre comment, par
exemple au moyen Age et en Grèce antique,les dieux ont dirigé en
vue de servir d'exemple pour les dirigeants politiques qui, au vu et au su de
tous, perdent facilement la bonne route à suivre lorsqu'ils sont aux
commandes.
Voilà pourquoi, Foucault va aboutir à la
conclusion selon laquelle la gouvernementalité politique des hommes
pour être authentique et efficace, doit nécessairement faire
référence au pastorat chrétien dans le sens où la
référence à cette gouvernementalité prouve comment
un chef à l'instar du bon berger doit être capable de se
sacrifier pour le profit de sa brebis. Et pour ce faire, il montre qu'on peut
reconnaître un tel homme politique avant de gérer la chose
publique notamment par sa façon de s'occuper d'abord de lui-même,
de sa famille, ensuite des autres.Mais cet objectif de gérer les hommes
politiquement en référence avec le pastorat chrétien,
n'est possible que grâce à des mécanismes dont: la raison
d'Etat. la police et les transformations de la raison d'Etat que va tenter
d'expliciter notre deuxième chapitre.
CHAPITRE
DEUXIEME :
LE POUVOIR ET SES
MECANISMES
II.0. Introduction
Dans le premier chapitre, il s'agissait de montrer ce
qu'entend Michel Foucault par la gouvernementalité politique des hommes.
Cette gouvernementalité pour lui signifie : la souveraineté
de l'Etat, la protection de la population et du territoire. Elle est à
comparer avec le gouvernement pastoral du Moyen Age où le berger
était capable de se sacrifier pour le bien-être de sa brebis. Mais
une telle ambition ne peut se concrétiser sans un plan clairement
défini. Voilà pourquoi, dans ce deuxième chapitre, nous
allons montrer les principaux mécanismes à mettre en place pour
rendre effective la comparaison établie par l'auteur dans le premier
chapitre entre le gouvernement pastoral et la gouvernementalité
politique des hommes. Ce mécanisme contient les trois principes
essentiels, à savoir : la notion de la raison d'Etat, la police et
les transformations de la raison d'Etat que ce chapitre va rendre compte.
Notre objectif dans chapitre consiste à montrer
comment Foucault thématise ces trois principes énoncé
ci-haut qu'il juge important pour l'efficacité de l'Etat dans sa
quête du bien-être de ses citoyens. Pour y parvenir, nous
définirons d'abord la notion de la raison d'Etat ; puis, la
police ; et enfin, les transformations de la raison de l'Etat. Toutefois,
nous ne manquerons pas de donner un petit condensé.
II.1. La raison
d'État
L'Etat est défini par Foucault comme l'ensemble des
institutions qui veillent et contrôlent la marche d'un territoire. Mais
la question de l'Etat, précise-t-il, depuis son origine laisse entendre
la notion du pouvoir politique des hommes. Quand on se réfère
à l'histoire de la langue française, la question de l'Etat ne se
sépare pas de la question du pouvoir : « Déjà la
langue française qui par ce terme, état laissait entendre
à la fois le rang ou la position et l'instance de
pouvoir »34(*).
Voilà, selon lui, ce que l'histoire dit de l'Etat, un terme qui est
toujours analysé en relation avec le sujet du pouvoir. Car à
chaque fois qu'on traite la question de l'Etat, sa réponse finit
toujours par toucher la notion du pouvoirpolitique. Dans ce sens, selon Michel
Foucault, l'Etat se comprend comme un institution ou l'ensemble des
institutions qui sont fondées sur la raison d'Etat. Mais la raison
d'Etat que ce? Pour répondre à cette question, Michel Foucault
fait recourt aux principaux mécanismes qui caractérisaient la
raison d'Etat au 17ième siècle. A cet égard,
il fait observer qu'à cette époque, la raison d'Etat était
caractérisée par le savoir gouverner, et le savoir gouverner
comme nous l'avons vu dans notre premier chapitre était beaucoup plus
focalisé sur l'art de gouverner ou le savoir pratique qui rendait la
raison d'Etat être un principe de transformation et de l'évolution
de l'Etat35(*),
c'est-à-dire mettre au service l'art politique ou le savoir gouverner
qui rassure la souveraineté de l'Etat, la protection de la population et
la sécurité du territoire. Voilà ce qu'était la
raison d'était au 17ième siècle. Ces traits
spécifiques de la raison d'Etat marquent d'après Foucault, la
différence de pouvoir politique au pouvoir pastoral qui estimait que le
pouvoir comme émanant de Dieu, ne pouvait jamais être remis en
question. C'est à ce niveau que Foucault s'y opposera et cherchera
à rejoindre le pouvoir politique où la relation n'est plus
axée sur un Être suprasensible, mais une relation fondée
uniquement entre les hommes et les hommes vis-à-vis des hommes.
Ainsi, dans un premier temps, Michel Foucault cherche à
donner d'abord les différentes définitions des mots: raison et
état. En s'inspirant de Palazzo, Foucault analyse la notion de la raison
d'Etat et de cette analyse, il montre son souci d'approfondir cette notion
quand il donne le sens de la vraie raison d'Etat. Selon lui, la raison d'Etat
est à voir dans les deux dimensions. Dans un premier temps, la raison
renvoie à : « l'essence entière d'une
chose, c'est ce qui constitue l'union, la réunion, de toutes ses
parties, c'est le lien nécessaire entre les différents
éléments qui la constituent »36(*). Si la raison est ce qui donne
l'essence entière de la chose alors l'existence de la chose se puise
dans cette même raison ; autrement dit, c'est la raison qui fait en
sorte que la chose soit ce qu'elle est réellement.
Dans un temps second, la raison renvoie à :
« une certaine puissance de l'âme qui permet justement de
connaître la vérité des choses, c'est-à-dire ce
lien, cette intégrité des différentes parties de la chose,
et qui la constituent »37(*). En ce sens, la chose se réalise de par sa
force et de par son secret, d'où est cachée cette force. Toujours
avec Palazzo, pour répondre à la question : qu'est-ce que
l'État, Foucault propose quatre réponses mais nous n'allons que
prendre sa deuxième réponse parce que c'est elle qui, selon notre
humble avis, englobe les trois autres : « un état
c'est juridiction, dit-il, c'est un ensemble de lois, de règles, de
coutumes, un petit peu, si vous voulez, ce que nous appellerions,- là
j'emploie, bien sûr, un mot qu'il n'utilise pas-, une institution, un
ensemble des institutions »38(*).
Dans ce sens, tout être humain est défini par
son style de vie. Revenons maintenant à la question, qu'est- ce qu'on
entend par la raison d'Etat ? Selon Michel Foucault, il faut essayer de
mettre ensemble la raison et l'Etat pour fonder le mécanisme qui exprime
la rationalité et la conduite de l'Etat. Ce principe de la raison d'Etat
a pour lui : « un certain égard politique que l'on
doit avoir dans toutes les affaires publiques, dans tous les conseils et
desseins, et qui doit tendre uniquement à la conservation, à
l'augmentation, à la facilité de l'Etat, à quoi on doit
employer les moyens les plus faciles et les plus
prompte »39(*), en se basant sur la raison d'Etat, le pouvoir
politique parvient par reconnaître sa tâche bien sûr avec le
soutien total de la population, c'est-à-dire cette ouverture que la
population offre à l'Etat pour réaliser son travail avec
compétence.Bref, pour Foucault, la raison d'Etat met beaucoup d'accent
sur la souveraineté de l'Etat, la population et son territoire. Mais
cette raison d'Etat a comme finalité, le salut et la
vérité de l'individu.
II.2. Le problème du
salut et la vérité
Le problème de la vérité et du salut sont
à comprendre en référence à :
« la ratio status »40(*), c'est-à-dire à la
rationalité gouvernementale qui se repose sur l'art de gouverner. Dans
ce sens, pour gouverner, il fallait être sage, c'est-à-dire
être un homme juste et avoir une maîtrise de différentes
formes de lois : « qu'il fallait connaître les lois,
connaître les lois positives du pays, connaître les lois naturelles
qui s'imposent à tous les hommes, connaître bien sûr les
lois et les commandements de Dieu lui-même »41(*). En fait, le grand
problème était de chercher comment avoir la
prospérité et la richesse qui permettent que les hommes soient
heureux.
Toutefois, avec la raison d'Etat que nous venons de voir
ci-haut, le gouvernement commandé par la théorie de la raison
d'Etat, le salut de l'individu devient problématique parce que le
gouvernement ne cherchera que le bien commun. Or, l'individu qui est
compté dans l'ensemble a parfois les besoins personnels qui peuvent pas
être favorisés par le groupe, en ce moment l'individu se trouve
bloqué, il ne peut plus avancer. C'est ainsi que, pour sortir de cet
ensemble, l'individu passe parfois par les actes qui peuvent nuire le
patriotisme et la paix de la population que Michel Foucault appelle :
le coup d'Etat. Mais qu'est-ce ? La définition que
Foucault donne du coup d'Etat, il le puise à Naudé, notamment
dans son oeuvre `Considérations Politiques sur les coups
d'Etats'où il estime que le coup d'Etat : « c'est
d'abord un suspens, une mise en congé des lois et de la
légalité... c'est ce qui excède le droit commun...
»42(*).
En clair, le coup d'Etat excède le droit commun parce
qu'il ne respecte pas la loi publique, tout ce qui est commun est mis à
côté. C'est dans ce sens que Michel Foucault pense que le coup
d'Etat, c'est en vue de la nécessité d'Etat.
Nécessité de l'Etat ici est à comprendre dans le sens
où le coup d'Etat ne se produit pas au hasard ; c'est lorsqu'un
individu constate que la raison d'Etat n'est plus d'application qu'il
s'investit pour renverser le pouvoir en place en vue de rétablir l'ordre
selon les normes de la raison d'Etat, même s'il arrive parfois que ce ne
soit pas toujours ça comme raison fondamentale de tout coup d'Etat.
C'est ce que Foucault appelle l'automanifestation de l'Etat.
II.3. La
nécessité du coup d'Etat
La nécessité que préconise Foucault ici
fait référence à l'intérêt de l'Etat comme
indiqué ci-haut. Selon lui, l'Etat parfois oublie le service qu'il est
appelé à rendre. Et lorsque cette nécessité
advient, elle ne tient plus compte de règles établies, car elle
recherche d'abord à remettre tout selon l'idée de la raison
d'Etat. A ce sujet, Foucault fait observer ce qui suit en citant Naudé
en ces termes : « la nécessité rend muettes
les lois. La nécessité fait cesser tous les privilèges
pour se faire obéir par tout le monde »43(*). Cette nécessité
selon notre auteur, c'est le salut et la sécurité de l'Etat, en
tant qu'organisation rationnelle et raisonnable qui cherche le bien commun.
Cette nécessité comporte deux niveaux :
« D'abord, il y a donc une nécessité de l'Etat qui
est supérieure à la loi... C'est l'affirmation de la raison
d'Etat qui affirme que l'Etat de tout façon doit être
sauvé, quelles que soient les formes que l'on peut employer pour pouvoir
le sauver »44(*). C'est à ce niveau, note Foucault, que la
nécessité de l'Etat entre en contradiction avec elle-même
car il semble que l'Etat en cherchant à maintenir sa
souveraineté à tout prix, il peut lui arriver parfois de
commettre les actes abominables dans le simple souci de se maintenir le plus
longtemps possible et pour se sauver. Dans ce sens , cette
nécessité de l'Etat met l'individu dans une situation
conflictuelle avec lui-même et avec sa communauté parce que
l'intérêt visé n'est plus celui de la communauté,
mais simplement de l'Etat seul. Ce qui fait que l'individu est tenaillé
entre d'une part, la morale vivante de sa communauté et d'autre part,
l'imposition venant de la part d'Etat, où son individualité tombe
évidemment face à son devoir de sauver l'Etat. La
nécessité de l'Etat peut s'employer par le biais de plusieurs
voies, mais la voie la plus connue qu'utilise l'individu pour la maintenance
de la souveraineté c'est la violence. Car c'est grâce à
elle que lorsqu'on observe de plus prêt une grande majorité de
coup d'Etat dans l'histoire.
II.3.1. La notion de la
violence
La violence est pour Michel Foucault un moyen le plus
utilisé dans le coup d'Etat comme dit ci-haut, parce qu'elle est
perçue comme très souvent le dernier rempart dans le sens
où lorsque l'adversaire se voit entre la vie et la mort qu'il court
vite à la violence pour se faire une légitime défense.
C'est pour cette raison que Michel Foucault considère la violence comme
un élément qui est au coeur même du coup d'Etat. car, elle
est la nature même du coup d'Etat. Naudé l'affirme en ces termes
: « il faut quelquefois s'en détourner dans les petites
choses »45(*), ces petites choses dont il parle c'est la
violence, il montre combien la violence peut nuire à la vie publique.
Concrètement, pour lui,l'Etat est organisé de la façon
qu'il doit respecter les mécanismes de la raison d'Etat mais une fois
qu'il n'arrive pas à les respecter une crise violente entre en jeux,
c'est la théorie de la violence qui renverse la vraie raison d'Etat. Il
le dit en ces mots : « lorsque la nécessité
l'exige, la raison d'Etat devient coup d'Etat et, en ce moment-là, elle
est violente »46(*). Parce qu'il fait appel à l'obligation
de « sacrifier, d'amputer, de faire du
tort »47(*). Parce que dans le coup d'Etat, ce qui compte c'est
la victoire qui est au centre. Mais malgré le bénéfice
qu'il peut apporter dans la société, Foucault ne le
considère que comme un théâtre.
II.3.2. Le
théâtralité du coup d'Etat
Michel Foucault fait observer que le théâtre
que comporte la théorie du coup d'Etat ne peut s'observer qu' à
la façon même dont il se manifeste, car avec le coup d'Etat, les
citoyens assistent à un spectacle inattendu, notamment la perturbation
d'ordre public et d'Etat, à cause de sacrifice qui
s'opère : la tuerie, la violence des lois, etc. En fait, au moment
du coup d'Etat, la vraie raison d'Etat est mise à côté
parce que l'Etat fait tout pour se reconnaître dans le sens que pour le
maintien de sa souveraineté, il exerce ce que Michel Foucault appelle la
violence non justifiée. Ce type de la violence, note-t-il, était
fréquente au XVIIe siècle où l'Etat devait tout faire au
nom de préserver la paix et la sécurité de la population
et de lui-même. Ainsi, il pouvait utiliser les mécanismes qui ne
garantissaient pas la vie parce qu'il devait tuer les perturbateurs du
repos public et de l'Etat 48(*). Dans un tel contexte, l'Etat cherche avant
tout que tout le monde soit soumis à ses ordres, c'est ce qui a
provoqué des révoltes, désobéissances, etc.
II.4. Le problème de
l'obéissance
L'obéissance est un élément très
délicat dans la notion du coup d'Etat. Cependant, il est de notre
intérêt de savoir pourquoi le peuple obéit-il à un
Etat selon Michel Foucault. Mais Michel Foucault n'est pas le premier
à se poser la question de l'obéissance.Signalons que
déjà au XVe siècle Etienne de la Boétie se posait
la même question : « Pourquoi la plupart
obéissent à un seul, non seulement lui obéissent mais le
servent, non seulement le servent mais veulent le servir »49(*). Néanmoins, il
sied de souligner que le problème de l'obéissance chez Michel
Foucault ne va pas sans la notion du devoir, par exemple : «
celui qui est dirigé doit accepter, doit obéir, à
l'intérieur même de ce rapport individuel et parce que c'est un
rapport individuel »50(*). Tout ceci par peur d'être
brutalisé, maltraité, tuéetc. Mais il finit toujours que
le peuple se révolte disait Bacon. Cet essai explique le contexte dans
lequel on peut comprendre les révoltes et les séditions
: « Il faut prendre les séditions comme une
espèce des phénomènes, des phénomènes non
pas tellement extraordinaires que tout à fait normal, naturel, en
quelque sorte immanent même de la vie de la res publica, de la
république ».51(*) Pour Michel Foucault, les séditions arrivent
à des moments où l'on est confus, à des moments de
troubles tant soit peu les caractéristiques. Il reconnaît que les
séditions sont toujours provoquées par les situations qui
dépassent l'entendement habituel.Mais cela n'empêche pas de s'en
sortir. L'un des mécanismes qu'on peut utiliser, c'est de
connaître leur nature et leur cause. Au sujet d'elle, Michel Foucault
distingue deux sortes de causes, à savoir : les causes
matérielles et les causes occasionnelles.
En ce qui concerne les causes matérielles, Foucault
estime d'une part que c'est en fonction d'une indulgence exagérée
dû à un manque, à la pauvreté. A ce sujet bacon
suggère : « les rebellions qui viennent du ventre
sont les plus pires de toutes ».52(*) D'autre part, en dehors du ventre, eh bien c'est le
mécontentement sur quoi Bacon insiste.Mais, c'est en fonction du
premier, le ventre que tout mécontentement trouve son origine. Et en ce
qui concerne les causes occasionnelles, Foucault voit
que : « c'est comme ces éléments
enflammés qui viennent tombés sur une matière
combustible».53(*)
Ces causes sont d'origine diversifiée selon Bacon dont : un
changement dans la religion, une modification dans la distribution des
privilèges, un bouleversement dans les lois et les coutumes, un
changement dans les différents régimes, etc.54(*). Mais la notion de raison
d'Etat, avions-nous dit, n'est pas le seul principe à avoir pour
parvenir à l'efficacité de l'Etat, il faut en deuxième
lieu, penser également à la police.
II.5. La notion de la
police
La police est pour Michel Foucault :
« l'ensemble des lois et des règlements qui concernent
l'intérieur d'un Etat, qui tendent à affirmer et à
augmenter sa puissance, à faire un bon emploi de ses
forces »55(*).
Mais il y a lieu de garder présent à l'esprit quela police,
comprise comme une certaine manière de faire croître au maximum
les forces de l'Etat, tout en maintenant son bon ordre, se retrouve un lien
étroit avec l'équilibre européen avant la première
Guerre mondiale évoluant en la formation des Etats nations.Cet ensemble
de lois et de règlements a beaucoup contribué à maintenir
l'ordre et l'unité en Europe. C'est dans ce contexte que l'on peut
facilement comprendre l'autre définition de la police qui dérive
d'après le dictionnaire français du latin politia et du
grec politeia, venant de « polis » qui
signifie : la cité. La police désigne alors dans ce cas,
l'ensemble de règles imposées aux citoyens pour parvenir à
maintenir l'ordre et la sécurité dans la cité.56(*) L'auteur évoque la
notion de cité ou de Polis, en s'inspirant de trois philosophes qui ont
abordé cette notion déjà dans l'Antiquité :
Héraclite, Platon et Aristote. La police historiquement parlant
était considérée comme un élément
très nécessaire dans la Grèce antique. Car, selon Michel
Foucault : le premier objet de la Police, était la conservation de
la vie naturelle. Et, pour les Grecs, la vie était la substance
d'où dérivaient tous les autres biens qui font l'objet de la
Police. Voilà pourquoi, le rôle que jouait la police était
perçu comme un rôle de splendeur dans un Etat dans le sens
où elle est appelée à veiller à la croissance des
forces de l'Etat dans des conditions telles que l'ordre même de cet Etat
en soit non seulement pas compromis, mais renforcé ; savoir
contrôler et prendre en charge l'activité des hommes en tant que
cette activité peut constituer un élément
différentiel dans le développement des forces de l'Etat. Pour
Michel Foucault, splendeur est à comprendre à la fois comme la
beauté visible de l'ordre et l'éclat d'une force qui se manifeste
et qui rayonne.
Voilà pourquoi, la cité ou la ville
était pour les Grecs le principal lieu pour la police d'exercer sa
mission. Michel Foucault énumère treize missions fondamentales
de la police, à savoir : s'occuper de la religion, les moeurs, la
santé et les subsistances, la tranquillité publique, le soin des
bâtiments, des places et des chemins, les sciences et les arts
libéraux, le commerce, les manufactures et les arts mécaniques,
les domestiques et les manouvriers, le théâtre et le jeux, et
enfin le soin et la discipline des pauvres, qui est considéré
comme : « partie considérable du bien
public 57(*). En
effet, ces rubriques sont organisées en quatre principales missions.
Delamare, selon Michel Foucault, regroupe ces treize rubriques selon un certain
nombre de titres généraux, en suivant l'ordre fonctionnel plus
général58(*). Cette ordre fonctionnel aide à ne pas
confondre une mission à l'autre, car il les a classés selon les
catégories classiques.
Le premier, c'est quand la Police s'occupe de la religion et
des moeurs, son but dit Foucault dans ce cas, est d'assurer ce qu'il appelle
la : « bonté de la vie »59(*). Le deuxième, ce quand
elle s'occupe de la santé et des subsistances. Sa fonction à ce
niveau, est la « conservation de la vie »60(*). Le troisième ce quand
à la tranquillité, le soin des bâtiments, les sciences et
les arts libéraux, le commerce, les manufactures et arts
mécaniques, domestiques et manouvriers, tout ceci se
réfère à la « commodité de la
vie »61(*).
Enfin, le quatrième est le théâtre et les jeux qui renvoie
aux « agréments de la vie ». Et quant à la
discipline et aux soins des pauvres, c'est : « une partie
considérable du bien public »62(*). A ce niveau, la police est
appeléeà venir traiter chacun selon son rang, mais beaucoup plus
en aide aux plus vulnérables dans le seul but que la justice et la paix
règnent dans la cité. Voilà pourquoi, Cathartine estime
que: « la Police a besoin de règlements que de
Lois »63(*).
Cette clarification rend sa mission dès lors rationnelle et distincte de
celle du pouvoir judiciaire. Autrement dit, ces règles doivent
être au centre de la mission pour la police pour marquer la
différence entre elle et le pouvoir judiciaire.
En outre, parlant de la police, Mabiala mentionne trois
rubriques fonctionnelles principales : « lutte contre
criminalité, maintien de la loi et de l'ordre public et contribution
à la fonction de service social »64(*). C'est pour lutter contre
toute antivaleur et chercher à donner le goût à la vie
humaine. Le goût que la police ajoute à la vie, Foucault l'appelle
le bien-être. Voici ce qu'il dit à ce propos :
« Comme le disait Montchrétien dans son
Traité de l'économie politique que non seulement il
faut être, mais encore il faut
« bien-être » »65(*). Ce bien-être dont il
est question, l'auteur le dit clairement que la tâche première
revient à l'Etat en communion avec la police de veiller, de
contrôler et d'assurer ce bien-être à tout le monde.
Poursuivant sa réflexion, Michel Foucault utilise
l'exemple du nom Urban pour designer la ville ou cité dans l'Etat
moderne. Cette expression d'urbanisation, Foucault, à la suite de Domat,
l' entend au fond comme le fait de faire du royaume, de faire du territoire
tout entier une sorte de grande ville ou cité, de faire en sorte que le
territoire soit ordonné comme une ville, sur le modèle d'une
ville et aussi parfaitement qu'une ville66(*). Cette tâche selon Foucault revenait au
physiocrate et les mercantilistes. Et le mercantilisme, d'après
Foucault, est à considérer ici comme une technique et un calcul
de renforcement de la puissance des Etats dans la compétition
européenne pour le commerce, par le développement du commerce et
par la vigueur nouvelle donnée aux relations commerciales67(*). De ce qui prévaut, on
peut donc dire que l'intervention de l'Etat et du gouvernement est une
intervention qui se veut orientée dans la matérialité du
bien-être.Mais pour y parvenir il faut une certaine transformation de la
raison d'Etat.
II.6. Les transformations de
la raison d'État
Pour parler des transformations de la raison d'Etat, Michel
Foucault aborde ici quatre principaux points. Les deux premiers sont des
raisonnements épistémologiques du pouvoir politique dans le
domaine de l'économie : c'est la transformation de la raison d'Etat
en connaissance scientifique indispensable du gouvernement ; les deux
points suivant sont une éthique du nouvel art de gouverner afin d'aider
à parvenir à conserver l'Etat comme le démontre Platon
dans La République, à une société de bonne
conduite et rationnelle. La transformation de la raison d'Etat exprime la
continuité et la domination de la raison. C'est après que la
raison d'Etat a continué à dominer la pensée des
économistes, qu'elle va se modifier en plusieurs ramifications. L'une de
cette réalité Foucault l'appelle : la naturalité de
la société en opposition avec l'artificialité politique.
En fait, il y avait, selon Michel Foucault, une rupture avec
la vieille naturalité qui encadrait la pensée politique du Moyen
Âge, caractérisée par la « non
naturalité » et « l'artificialité
absolue ». Mais comme le démontre Foucault, il y aura, avec la
pensée économiste, une réunion avec la naturalité.
Cette naturalité joue avec la hausse des prix jusqu'à un
niveau ; de même, elle est attirée par les hauts salaires. Il
ne s'agit donc pas d'une naturalité en lien avec l'ordre de la nature
elle-même, mais plutôt avec la nature de la société
civile, en lien avec ses activités et que l'Etat doit prendre en
charge. Donc, une connaissance scientifique du gouvernement est indispensable.
Mais qu'entend Michel Foucault par une connaissance scientifique indispensable
du gouvernement ? Elle est, pour lui, une connaissance
épistémologique pour un bon gouvernement et aussi en vue de
parvenir à garantir le succès dudit gouvernement. Cette science,
il faut le rappeler, peut se réclamer à la fois de sa
pureté théorique qui va être l'économie, et de son
modèle de décision gouvernemental. D'un autre côté,
nous avons les deux seconds points qui impliquent la population et le
gouvernement, surtout du point de vue des libertés et des conduites.
L'Etat doit disponibiliser les moyens nécessaires pour le bien
être de tout le monde ; l'Etat doit se reconnaître en tant que
force et mère organisatrice de la loi.
La conclusion
En guise de conclusion, dans ce chapitre, il était
question d'analyser la raison d'Etat selon Michel Foucault, la notion de la
police et les transformations de la raison d'Etat. La raison d'Etat avons-nous
dit, met beaucoup d'accent sur la souveraineté de l'Etat, sur la
population et son territoire, la détermination du pouvoir politique
dépend sur cette même raison d'Etat. Et, le point essentiel dans
la raison d'Etat, c'est la souveraineté de l'Etat. Cependant, la
souveraineté de l'Etat laisse entendre l'ensemble de mécanismes
mis en place pour que l'Etat vive. La notion la police fait entendre la
réglementation et la préservation de la paix à
l'intérieur territorial. Enfin, les transformations de la raison d'Etat
demandent de mettre au service la rationalité et le nouvel art de
gouverner en vue de la souveraineté de l'Etat. Voilà en substance
les trois principes capitaux qu'il faut, selon Foucault, mettre en place en
vue de garantir l'efficacité de l'Etat dans sa quête permanente du
bien-être de sa souveraineté, sa population et son territoire.
Toutefois, quand et comment est-ce que la population peut se prendre en
charge, lorsque l'Etat ne sait plus répondre à ses devoirs ?
voilà l'objet de notre troisième et dernier chapitre.
CHAPITRE TROISIEME :
LA RELATION ENTRE LE
GOUVERNEMENT ET LA POPULATION
III.0. Introduction
La gouvernementalité politique des hommes que propose
Foucault en comparaison avec le pouvoir pastoral en passant par les
mécanismes de son effectivité qui sont la raison d'Etat, la
police et les transformations de la raison d'Etat n'ont enfin de compte comme
finalité que le bien-être de la population. Mais il arrive
très souvent que bien que tous ces mécanismes soient mis en
place, l'homme politique habité par la cupidité
égocentrique, le souci intense de soi, se détourne de sa mission
principale qui est, comme nous l'avons dit, de promouvoir le bien-être de
la population. Voilà pourquoi, il faut qu'à un certain moment la
population se prenne en charge pour revendiquer ses droits face à un
gouvernement qui l'opprime. C'est ce que va tenter d'analyser ce chapitre en
s'inspirant de Etienne de la Boétie. Cependant, quelques questions
méritent d'être posées: quel rôle que la population
peut jouer au regard d'un régime politique qui ne satisfait pas son
bien-être? Comment fonctionne l'oppression ? Quels sont les
mécanismes à mettre en pratique pour lutter contre un tel
régime politique? Et comment dans un tel contexte aider la
société civile à se maintenir autonome aussi longtemps
qu'elle est surveillée et financée par le pouvoir en place ?
C'est autour de ces questions que s'articuler ce chapitre. .
Notre objectif consiste ici à montrer les
mécanismes de contraindre un régime politique à revenir
à la raison lorsqu'il ne sait pas répondre adéquatement
à sa mission principale qui est celui de promouvoir le bien-être
de sa population. Le plan se présente de la manière que
voici : le rôle de la population dans un régime
politique ;
III.1. Le rôle de la
population dans un régime politique
Dans la vraie raison d'Etat, ce qui compte, c'est le
bien-être et la souveraineté de l'Etat. C'est dans ce contexte
là qu'il convient de comprendre lorsqu'on dit que le contrat du pouvoir
politique est signé en fonction de la faveur qu'il donne au de
bien-être de tous. En effet, le peuple par sa liberté confie le
pouvoir à celui qu'il veut, après avoir jugé bon les
avantages qu'il espère avoir en retour. Cet exercice libre que la
population pratique en tant que base de pouvoir politique et surtout dans un
régime démocratique, lui donne le pouvoir de surveiller et de
porter un regard toujours critique vis-à-vis de ce régime
politique. Mais une telle attitude dubitative ne peut bien s'effectuer que dans
un contexte où le peuple possède une liberté dans le
sens où « une liberté sensée, est une
liberté capable de franchir le seuil de l'institution, une
liberté qui se coordonne avec des autres dans une
institution »68(*). En clair, une véritable
liberté est celle qui prenne sa responsabilité en main. Mais par
quel moyen est-ce qu'on peut parvenir à réaliser le bien
commun ?
L'un de moyen pour parvenir au bien commun peut être
l'organisation massive. Il revient à l'Etat d'organiser la population
car« l'Etat est l'organisation rationnelle et raisonnable
(morale) de la communauté ; il ne peut lui être
assigné d'autre but que celui de durer en tant qu'organisation
consciente de la communauté historique dont il est l'organisation et qui
est ce qu'elle est dans cette forme d'organisation »69(*). Cette tâche fait
en sorte que l'Etat soit reconnu comme l'institution organisatrice et comme
force qui a la capacité d'organiser la population pour atteindre le bien
commun. Autrement dit, l'Etat est une institution organisatrice dans le sens de
disposer des moyens qui permettent d'atteindre le vivre-ensemble pacifique et
harmonieux. Car l'Etat comme force est capable à la fois de rassembler
et de séparer ceux qui sont en faveur de sa souveraineté et ceux
ne le sont pas, il le sépare. Selon Michel Foucault :
« si effectivement les choses marches, pourront coexister les uns
avec les autres selon un équilibre qui empêchera justement la
domination de l'un sur les autres »70(*). C'est dans cette idée qu'il pense que
l'Etat doit d'abord rechercher l'égalité de tous ; cette
égalité qui doit être symbolisée par le bien commun.
Mais il arrive très souvent que l'Etat oublie sa tâche
organisatrice de la population, en ce moment la tâche revient à la
population de se prendre en charge en vue de rappeler à l'Etat ce qu'il
doit faire. Mais comment est-ce que l'Etat oublie sa mission ?
III.2. Les stratégies
d'oppression
Ce qui anime tout l'entendement des mécanismes
d'oppressions, c'est la quête de la liberté et du bonheur pour
tous. Dans tout le cas, là où la liberté n'existe pas
c'est qu'il y a la tyrannie. Mais par quelles voies les tyrans passent-ils au
pouvoir ? Il y a trois voies :
-Soit par les élections dans le sens où ils
utilisent tous les types de propos sophistiques ; les discours fallacieux
très ravissant mais dépourvus de toute vérité
authentique afin de gagner la confiance des peuples. Et après avoir
gagné les élections, ils montrent leur vraie nature qu'est celle
des dictateurs, de persécuteurs.
-Soit encore par la force, où ils se servent des armes
pour ravir le pouvoir,
-Soit enfin par succession lorsqu'un tyran succède
à un autre, loin d'être un libérateur des peuples, il vient
davantage renforcer la misère de ces deniers. Mais comment
s'opère cette oppression?
D'abord les pouvoirs politiques cherchent à isoler les
hommes « afin de prévenir tout concert entre eux. Ils
les empêchent de s'associer et même de se réunir,
interdisant avec grand soin la communication naturelle des esprits par la
parole soit orale, soit écrite »71(*). En outre, cette
stratégie de la dispersion, il y a la corruption. Les pouvoirs
politiques prennent souvent l'initiative de rendre mous leurs sujets,
endormissent leurs esprits par des obstacles, des jeux, des fêtes pour
leur ravir toute autorité de penser. Voilà pourquoi, pour Michel
Foucault le théâtre et les jeux constituent:
« l'agrément de la vie »72(*). Parce qu'il peut aussi servir
comme la vraie manifestation de non-respect de la raison d'Etat et peut servir
pour exprimer la misère vécue par un peuple. Et La Boétie
d'écrire à ce sujet:« les théâtres,
les chants populaires indiquent autant que les lois, et quelquefois mieux, sous
quel genre de gouverner vit un pays, s'il est libre, ou s'il est
esclave »73(*). Par ailleurs, avec la religion, les petites familles
politiques s'en servent également pour endormir les esprits des
citoyens. Cela se fait bien voir par la prolifération des
églises, prônant ainsi la soumission absolue, l'amour et le
dévouement aveugle aux autorités étatiques. Et là,
les petites familles politiques profitent par l'occasion pour les affaiblir
davantage. Ils font ainsi inculquer aux fidèles religieux un autre sens
de la morale. Ces ignorants croyants, croient par contre que celui qui est
choisi président d'un pays, il est inévitablement choisi par
Dieu, et qu'une fois : « établi, quel qu'il fût
et quoi qu'il fût »74(*), lui faire face, c'est résister contre la
volonté de Dieu. C'est ce que Etienne de la Boétie
considère comme une : « doctrine athée,
dont l'inévitable effet est de conduire les peuples au dernier
degré de l'abrutissement ou de l'impiété, et ordinairement
de l'un et de l'autre »75(*).
Bref, pour La Boétie, « l'isolement,
le silence, la corruption, une fausse idée du devoir religieux qui
trompe et intimide la conscience, tels sont les principaux moyens qu'emploient
les tyrans pour tenir les peuples sous leur
sujétion »76(*). Enfin, ces despotes disposent des tous les moyens
nécessaires pour leur protection et créent des lois
sévères contre quiconque résistera à leurs
décisions. Ces mécanismes impliquent, selon La Boétie,
à une obéissance aveugle.
En effet, il importe de s'interroger : Pourquoi les gens
obéissent-ils ? Pourquoi toute une nation peut se laisser dominer
par un seul homme qui, par contre est le plus faible de tous ? Ces
étonnements reviennent plus d'une fois et La Boétie ne cesse de
s'inquiéter pour la cause des peuples asservis par les tyrans. A ce
sujet, voici ce qu'il dit : « la soumission du plus
grand nombre au plus petit, ce fait fondamental presque toute organisation
sociale, n'a pas fini d'étonner tous ceux qui
réfléchissent un peu »77(*). L'homme en tant qu'un
être doué de raison, il n'est pas simplement un
élément inséré dans la nature parmi tant d'autres,
mais un tout complet et plus important, parce qu'ayant en lui l'intelligence,
la foi et la volonté. Mais d'où vient l'idée que presque
tous les peuples veulent se servir volontairement ? Pour La Boétie,
la soumission des gens à la servitude de l'Etat ne relève pas
d'un problème spirituel comme nous l'avons analysé ci-haut dans
le gouvernement pastoral, mais biens d'une certaine contrainte imposée
par des lois de la nature : « c'est quand sévit la mort que le
miracle de l'obéissance éclate aux yeux »78(*). Mais pour Michel Foucault il
faut défendre la société, rien ne sert à lorsque
cette obéissance aboutit aux mêmes résultats. Pratiquement
comment est-ce qu'il faut s'évader ce cet esclavage ?En effet, pour
répondre à cette question, Platon faisait observer que la
population doit partir de l'étonnement qui est en fait le point de
départ de toute réflexion. S'étonner de ce qui est
là, afin de faire la comparaison avec le passé lointain pour
envisager un avenir meilleur. C'est dire qu'il suffit de regarder de
près l'absurdité du mécanisme socio-politique et
l'analyser pour en découvrir les subtilités et les affranchir.
Normalement, si le peuple souffre, c'est parce qu'il appartient au nombre le
plus faible. Car, « la faiblesse est du côté
où on a faim, où s'épuise, où on supplie, où
on tremble, non du côté où on vit bien, où on
accorde des grâces, où on menace »79(*). Mais ce qui fait que la
minorité reste toujours une force tandis que la majorité une
faiblesse, c'est parce qu'il manque de la part de la majorité : la
solidarité, l'unité dans le sens où lorsque les uns
s'opposent, les autres se soumettent aux tyrans.
Toutefois, malgré la cruauté de la tyrannie, il
existe tout de même quelques hommes de bonne foi dotés d'un esprit
de vérité, de la transparence mais qui, pour la plupart des cas,
n'ont jamais connu une fin meilleure à cause de la trahison qu'ils
subissent. Car dans la tyrannie, le génie, l'amour, la sainteté
sont pleinement reprochés au point que :« quant
à ceux qui veulent penser, aimer, et transposer en toute pureté
dans l'action politique ce que leur inspire leur esprit et leur coeur, ils ne
peuvent que périr égorgés, abandonnés même de
leurs, flétris après leur mort par l'histoire»80(*). Sinon, il n'est pas du tout
facile à un homme de bien de faire partir un système despotique
sans jamais être corrompu d'avance. Mais pour que la population
évite à se soumettre à la servitude par ignorance, il faut
qu'elle assure qu'il ait l'égalité dans une
société.
III.3. Les mécanismes
de résistance
Très souvent ce qui contribue à la durée
des Tyrans au pouvoir c'est leur force qu'ils imposent aux gens. La peur de la
mort suscite le silence absolu, peu importe les souffrances dans lesquelles les
citoyens sont soumises. Bien sûr que leurs sujets vivent dans la
misère, dans la dégradation absolue, les tyrans se soucient mieux
de leur pouvoir que du bien-être social. Ils ne veulent pas qu'on parle
de la misère qui entrave la population, ils ne veulent pas que l'on
s'oppose à leurs ordres, à leurs décisions, à leurs
conspirations secrètes. Mais si tel est le cas, pourquoi continuer
à obéir ? Car, il faudrait mieux vouloir mourir
débout que de vivre à genoux. C'est-à-dire, mourir en sa
pleine dignité que mourir sous la servitude. C'est ce qui fait cependant
que la population décide de se révolter.
Ici, nous avons intérêt à
considérer la révolution comme étant passage d'un
régime politique despotique à un régime
démocratique, voulu par tous et à l'intérêt de tous.
Elle se veut une transformation de la manière de gouverner une
société. La Boétie lui-même comme le témoigne
Auguste Vermorel, constitue l'une des figures emblématiques de la
révolution française du 1789. Au seul fait que sa pensée a
beaucoup contribué au processus de la délibération de la
France. Cette révolution avait en quelque sorte instaurée une
nouvelle démarche socio-politique dans le monde entier au sens où
« le monde, un instant mobile, allait reprendre sa marche
majestueusement vers le progrès. Ce n'est pas à tort que l'on a
appelé cette époque la Renaissance. Partout s'éveille la
notion des droits de l'homme et de la pensée ; ladignité
humaine, écrasée sous le despotisme, l'ignorance, se
dresse »81(*). C'est dans cette dynamique que doit
s'inscrire notre lutte pour la libération.
En clair, dans un régime d'oppression, il ne suffit
pas d'implorer Dieu tous les jours pour que nous puissions atteindre son
bonheur, mais plutôt conquérir ce bonheur chaque jour de son
existence par la désobéissance à toute forme de
contrainte. Il importe plus de manifester une indignation totale contre le
despotisme, contre tous les pouvoirs monarchiques.La France qui était
à cette époque (16et 17e siècle), marquée par les
disputes du pouvoir, des conflits politiques, et dominée
également par des guerres et les conflits entre le protestantisme et le
catholicisme, il fallait nécessairement une idéologie
évolutionniste.C'est à cause de tous ces évènements
étourdissant qui avaient dépravé l'histoire de la nation
que va naitre un mouvement d'action et de pensée pour but
d'affranchissement et d'instauration de la liberté,
l'égalité et la fraternité. Dans cette lutte, La
Boétie reste à considérer comme l'un des ancêtres de
la révolution française du 1789. C'est en fait l'icône de
la liberté, de l'égalité, de la fraternité. Son
discours reste en effet une arme par excellence contre toutes formes de
gouvernements qui prônent l'oppression, la marginalisation,
l'assujettissement des peuples82(*).
Quant à lui, de même que les bourreaux et les
abrutis se complaisent dans leur ignorance, c'est de même que les
citoyens se complaisent dans leur souffrance, dans leur misère.
Cependant, la servitude d'un peuple dans un pays où règne la
tyrannie, présente quelque chose d'étrange à concevoir.
Obéir à la tyrannie c'est se faire complice de sa propre
maltraitance. C'est encore une façon plus claire de faire
perpétuer la tyrannie, car dit-il :« c'est avec le
secours qu'on lui prête, avec l'argent, avec la force de chaque individu
pris à part, qu'il les asservit tous. Lorsqu'un peuple a ainsi
forgé ses propres chaînes, alors il se lamente dans sa bassesse et
dans sa misère ; il voudrait se relever de sa dégradation,
et il ne le peut plus. La rouille de l'esclavage a usé les ressorts de
sa vie ; il se trémousse en vain sous les fers qui
l'écrasent »83(*). Ces propos de La Boétie nous montrentle
degré élevé du dédain qu'il a face à une
nation qui n'est plus elle-même, mais conditionnée par un
maître qui en jouit la propriété. Ces Tyrans, parce qu'ils
jouissent de toute autorité suprême, de toute force, ils
choisissent expressément parmi leurs sujets les hommes forts pour
assurer leur sécurité. A ceux-ci, les tyrans ordonnent
d'éliminer tous ceux qui s'opposent à leurs décisions, y
compris même leurs frères, leurs soeurs, et leurs parents.Mais La
Boétie ne cesse à inviter la population à la
désobéissance civile, car celle-ci est une meilleure
manière de combattre la tyrannie.
Certes, La Boétie n'a pas tort, mais ce qui nous
paraît un peu drôle à l'esprit : comment peut-on
désobéir sous les peines horribles, comment
désobéir dans un cadre de vie où les droits et
liberté de l'homme sont bafoués ? Comment
désobéir dans un environnement où l'on tue sans avoir de
compte à ne rendre à personne ? C'est juste à ce
niveau que se situe notre aspect critique de ce discours. Est-il possible de
parler de la servitude volontaire dans un cas d'oppression ? Bien que La
Boétie demande une désobéissance qui soit civile, il n'est
pas du tout facile de faire face lorsqu'on gémit dans la famine,
lorsqu'on traîne dans la misère absolue. Raison pour laquelle, les
âmes les moins fermes se laissent facilement corrompre par les tyrans.
Cette désobéissance ne peut être possible que dans la
mesure où il y a l'acceptation de la liberté d'expression. Elle
est également possible autant que tout le monde consent à cette
quête de la liberté. Et il faudrait encore l'initiative des hommes
forts, intellectuellement et physiquement, car les peureux, les ignorants n'y
peuvent rien.
La liberté est une de caractéristique
véritable de l'égalité pour atteindre la base d'une vraie
société, une société où les gens vivent dans
la paix, dans la liberté. En dépit de la quête de la
liberté des citoyens et de la justice dans la société,
Foucault pense qu'on peut y arriver par le respect de la vraie raison d'Etat,
et il y a en lui également ce désir d'instaurer
l'égalité entre les hommes. Cette égalité, à
notre humble avis est à saisir dans la perspective d'avoir les
mêmes droits et devoirs dans la société. Et non pas que les
uns soient considérés comme les maîtres et les autres comme
esclaves. Mais sans ignorer la réalité de ce projet, qui semble
difficile à atteindre. Parce que dans chaque société, la
classe dirigeante est toujours considérée comme
privilégiée de certains droits ou devoirs. Il y a aussi cette
difficulté d'avoir un régime politique qui soit le meilleur des
tous les autres. Cette même difficulté fait qu'il n'y ait pas une
société, toute parfaite.
L'égalité dont prône La Boétie et
Foucault, elle est native et naturelle dans le sens où tous étant
les êtres humains, nous avons tous les mêmes droits et devoirs mais
chacun a sa position. Bien-même dans la nature face des uns, serviteurs
des autres, pour La Boétie, cela doit être compris en termes
d'affection fraternelle. Et puisque nous sommes tous égaux les uns et
les autres, cette égalité doit tenir en compte du poste de
chacun. Cette idée se manifeste dans la nature a fait des uns les
esclaves des êtres. Ce que La Boétie cherche ici, le remplacement
d'un régime despotique par un régime démocratique
où la partie gouvernante doit respecter la justice, la liberté et
l'égalité sociales. Mais encore, la démocratie a aussi ses
avantages et ses désavantages qui sont parfois redoutables. Si non, la
politique n'a pas toujours été quelque chose de parfait. elle
est : « le programme, la méthode d'action ou l'action
elle-même d'un individu ou d'un groupe, concernant un problème ou
la totalité des problèmes d'une
collectivité »84(*), elle est toujours susceptible des
défaillances, aussi longtemps que les idées ou les opinions au
sein de ce groupe d'homme ne correspondent plus. C'est en ce moment que le
peuple prête conscience de sa misère et se met à la
recherche de la stabilité, l'égalité, liberté etc.
Bref, il se met à rechercher le bonheur. La recherche du bonheur demande
l'unité et la collaboration, mais, la population parfois manque les
stratégies, face à cela il faut une institution pour assumer la
responsabilitépour unifier la population, c'est la société
civile.
III.4. Le rôle de la
société civile dans un Etat d'oppression
La société civile a pour tâche
d'éduquer la population sur ses droits, les mesures à prendre
quand le gouvernement n'arrive pas à respecter ses droits et accompagner
la population dans son application de droits. Bref, elle doit apprendre
à la population sur ce veut dire être citoyen. Mais sa tâche
éducative semble être problématique parce qu'elle est
fondée sur un critère autonome. Notre intérêt est de
savoir jusqu'où la société civile reste autonome surtout
dans le continent qui est en voie du développement. Le premier aspect
est basé sur l'infériorité de la société
civile, il est vrai sans doute qu'elle assume une responsabilité
suprême dans la vraie raison d'Etat, notamment, elle rappelle l'Etat sur
le bien-être de la population mais malgré tout cet effort, elle
reste toutefois médiatrice de la population à l'Etat. Ce qui fait
qu'elle ne peut trop s'opposer à l'Etat. Le deuxième aspect se
base sur la participation de l'Etat à la société civile.
L'Etat participe directement ou indirectement au service que la
société civile effectue, car à chaque retrouvaille
publique de la société civile l'accord est donné par
l'Etat selon les normes et parfois ses financements etsa sécurité
viennent de l'Etat. Voilà pourquoi, la société civile est
autonome dans le sens qu'elle est une vraie opposition du gouvernement
politique en place. Elle s'oppose au non-respect des normes
préétablies par l'Etat que Michel Foucault a appelé la
raison d'Etat. La société civile est considérée
comme une institution experte en matière des normes de l'Etat et des
mécanismes d'oppressions qui empêchent la population à
réaliser son plus grand bien. Cependant, elle est assigné le
rôle d'éduquer la population.
Mais quelle type d'éducation peut-elle donner dans un
pays despotique ? La société civile apprend à la
population à prendre conscience de ses droits et devoirs, comme nous
l'avons souligné ci-haut, elle enseigne ce qui veut dire être un
bon citoyen et appelle la population à la responsabilité. Certes,
« il est dans la nature de l'homme d'être libre et de
vouloir l'être ; mais il prend facilement un autre pli, lorsque
l'éducation le lui donne »85(*). Car, le but de cette
éducation est que la population et l'Etat parviennent à l'entente
parce que la révolution est très souvent l'oeuvre des
érudits, des hommes bien instruits, ambitieux de la liberté,
seuls sont ces hommes, civilisés, éveillés sont capables
de faire face à un ordre social qui porte atteinte à
l'humanité de l'homme.Mais quant aux ignorants, à ceux qui se
contentent de la médiocrité, de la bassesse, ceux-ci ne se
contentent que du manger et du boire, sans pourtant penser aux fondamentaux de
leur existence et de la société toute entière. Quant aux
souffrances qui les accablent, ils n'ont rien d'autres à faire que de
s'y résigner. C'est en fait ce genre d'hommes que les tyrans en font
souvent leurs véritables adorateurs. Ils font semblant de les aimer,
mais en fond ce n'est qu'une façon de les endormir. Mais quant aux
intellectuels, les tyrans cherchent la négociation, la collaboration de
peur qu'ils ne soient dévoilés de leur méchanceté,
de leur mauvaiseté devant tous. Pour éviter toutes sortes de
solidarité entre les peuples, ils prennent l'initiative
« d'empêcher les hommes de s'entretenir en des lieux,
à des jours convenus, de leurs intérêts, de leurs voeux, de
leurs espérances, de s'assembler même en nombre suffisant pour
concerter une action commune, »86(*). Car, c'est en s'unissant que les hommes constituent
une force. Mais lorsqu'ils séparés les uns des autres, il n'y a
pas moyen de former une lutte commune, de communiquer les
éléments de leur pensée qui peuvent aboutir au changement.
Certainement, « lorsque chacun est sur ses gardes, lorsqu'aucune
des ruses, aucun des pièges infâmes de l'espionnage n'est
ignoré de personne, la police a beau jeter ses filets, elle n'en retire
guère que quelques gens simples et quelques
imprudents »87(*).
En outre, les tyrans peuvent contraindre les individus, mas
jamais peuvent restreindre leur pensée, le pouvoir de leurs esprits. Il
reste que dans sa nature, le despotisme cherche toujours à gouverner les
hommes et leur liberté. Mais lorsqu'il lui semble difficile d'atteindre
celle-ci, « il la poursuit dans son expression, dans sa manifestation
extérieure, c'est-à-dire dans la parole et, là où
elle existe, dans la presse, qui n'est que la parole dilatée et
multipliée »88(*). Ce qui fait que lorsque la tyrannie rencontre les
hommes éclairés par la lumière de la raison, elle cherche
à affronter le courage de leurs convictions et à manipuler leurs
opinions. Et lorsque le despotisme parvient jusqu'à étouffer la
raison, cela excite presque tout le monde à la protestation, à la
vengeance. Ainsi, les peuples se lèvent plus haut pour combattre corps
à corps les tyrans jusqu'à les faire tomber au plus bas.
La conclusion
Ce chapitre avait pour but de scruter à fond la
relation entre la population et le pouvoir gouvernemental qui, très
souvent, n'est pas toujours à la hauteur de sa charge. Cette
incompétence de la part de l'Etat appelle l'action de la population qui
doit revendiquer sa liberté en passant par l'unité, la
désobéissance civile, la quête de la stabilité et de
l'efficacité. Mais la population ne peut bien mener combat de la lutte
pour la liberté que lorsqu'elle maîtrise bien les
mécanismes d'oppression établis par son oppresseur tels que
montré par Etienne de la Boétie, à savoir : le chant,
la danse, le théâtre, la boisson, la religion l'isolement, etc.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Notre travail avait comme titre :le pouvoir politique
et ses mécanismes chez MichelFoucault.La tâche principale que
nous somme assigné était de montrer de façon globale la
conception foucaultienne de la gouvernementalité politique des hommes et
ses mécanismes. Voilà pourquoi, pour mener à bon port
notre investigation, nous avons articulé notre travail en trois
chapitres :
Dans le premier chapitre, nous avons porté notre
réflexion sur la gouvernementalité politique des
hommes.Par-là, nous avons retenu que pour montrer en quoi consiste cette
gouvernementalité dont il veut préconiser, Foucault a parcouru
d'abord l`histoire pour voir comment les hommes étaient dirigés
dans l'Empire romain, Chez les Grecs et plus précisément au Moyen
Age. De cette relecture historique, Foucault a démontré comment,
par exemple au moyen Age et en Grèce antique, les dieux ont
dirigé en vue de servir d'exemple pour les dirigeants politiques qui, au
vu et au su de tous, perdent facilement la bonne route à suivre
lorsqu'ils sont aux commandes. Voilà pourquoi, Foucault a abouti
à la conclusion selon laquelle la gouvernementalité politique des
hommes pour être authentique et efficace, doit nécessairement
faire référence au pastorat chrétien dans le sens
où la référence à cette gouvernementalité
prouve comment un chef à l'instar du bon berger doit être
capable de se sacrifier pour le profit de sa brebis. Et pour ce faire, il a
aussi montré qu'on peut reconnaître un tel homme politique avant
de gérer la chose publique notamment par sa façon de s'occuper
d'abord de lui-même, de sa famille, ensuite des autres. Mais cet objectif
de gérer les hommes politiquement en référence avec le
pastorat chrétien, n'est possible que grâce à des
mécanismes dont : la raison d'Etat. la police et les transformations de
la raison d'Etat.
Dans la même perspective, le deuxième chapitre a
fait l'objet d'une analyse systématique de la raison d'Etat, la police
et les transformations de la raison d'Etat. La raison d'Etat avions-nous dit,
met beaucoup d'accent sur la souveraineté de l'Etat, sur la population
et son territoire. Et pour lui, avions-nous dit, la détermination du
pouvoir politique dépend de cette raison d'Etat car c'est elle qui
montre comment doit être gérée une cité. Cependant,
la souveraineté de l'Etat laisse entendre l'ensemble de
mécanismes mis en place pour que l'Etat vive. La notion la police fait
entendre la réglementation et la préservation de la paix à
l'intérieur territorial. Enfin, les transformations de la raison d'Etat
demandent de mettre au service la rationalité et le nouvel art de
gouverner en vue de la souveraineté de l'Etat. Bref, avions-nous dit,
selon Foucault les trois principes capitaux qu'il fautmettre en place en vue de
garantir l'efficacité de l'Etat dans sa quête permanente du
bien-être de sa souveraineté, sa population et son territoire.
Au troisième et dernier chapitre, nous avons
montré les mécanismes de résistance que la population peut
mettre en place pour faire revenir à la raison un gouvernement qui ne
promeut pas son bien-être, sa liberté par le biais de la
désobéissance civile. Mais la population, avions-nous dit, ne
peut bien mener ce combat de la lutte pour la liberté que lorsqu'elle
maîtrise bien les mécanismes d'oppression établis par son
oppresseur tels que montré par Etienne de la Boétie, à
savoir : le chant, la danse, le théâtre, la boisson, la
religion l'isolement, etc.
Au regard de ce qui précède, nous n'avons aucune
prétention de déclarer ce travail parfait car nous somme
conscient de nos insuffisances. C'est ainsi que nous restons ouvert à
toute remarque et contribution pour l'amélioration de ce travail et la
qualité de nos recherches postérieures. Toutefois, comment
incorporer la raison d'Etat que Foucault préconise dans la
médiocrité de la mauvaise gouvernance dans laquelle plusieurs
Etats Africains baignent depuis plus de cinq décennies de
souveraineté nationale ?
LA BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages de Michel Foucault
1. FOUCAULT, M.,Sécurité, Territoire,
Population, Cours au collège de France, 1977-1978,Paris, Gallimard,
2004.
2. Ibid., Dits et écrits : 1954-1988. (Dir)
Daniel Defert et François Ewald ; avec la collaboration de Jacques
Lagrange. 4 vols. Paris, Gallimard, 1994.
3. Ibid., Surveiller et punir: naissance de la prison.
Paris, Gallimard, 1975.
II. Ouvrages Sur Michel Foucault
0. GROS,F., «Michel Foucault » in Que-Sais-
je? Paris, PUF, 1996.
1. BOULLANT, F., Michel Foucault et les prisons,
Paris, Seuil, 1997.
III. Autres Ouvrages
1. DE LA BOETIE, E., Discours de la servitude
volontaire, Paris, Flammarion, 1983.
2. MACHIAVEL, N., Le Prince, trad. Par Y. Levy, Paris,
Flammarion, 1980.
3. LEDURE, Y.,Conscience religieuse et pouvoir
politique,Paris, Editions du Centurion,1979.
4. WEIL. E., Philosophie Politique, 4è
édition, Paris,J. Vrin, 1984.
5. MANTUBA NGOMA, M., Police et reconstruction
nationale, Kinshasa, MEDIASPAUL, 1999.
6. RICOEUR, P.,`La philosophie et la politique devant la
question de la liberté', dans la liberté et l'ordre social,
Paris,Flammarion, 1984.
7. P. LEGENDRE, Le désir politique de dieu,
Paris, Fayard, 2005.
8. R. ARON, Démocratie et totalitarisme,
Paris,Gallimard, 1965.
IV. Dictionnaires
1.ROBERT. P., Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert,
Paris, PUF, 1994.
2.LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la
philosophie, Paris, PUF, 1972.
Table des matières
EPIGRAPHE
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défini.
Dédicace
2
Remerciements
3
INTRODUCTION GENERALE
4
0.1.Problématique.
4
0.2. Hypothèses
4
0.3. But et intérêt du
travail
5
0.4. Méthode et plan du
travail
5
CHAPITRE PREMIER :
7
LA GOUVERNEMENTALITE POLITIQUE DES
HOMMES
7
I.1. DE L'IDEE DE GOUVERNEMENT PASTORAL AU
POUVOIR POLITIQUE
7
I.2. L'histoire de la notion de
gouvernement
10
I.3. Un art de gouverner les
hommes
11
I.4. La notion de la conduite
16
I.5. La notion de l'État
18
La Conclusion
19
CHAPITRE DEUXIEME :
20
LE POUVOIR ET SES MECANISMES
20
II.0. Introduction
20
II.1. La raison d'État
20
II.2. Le problème du salut et la
vérité
22
II.3. La nécessité du coup
d'Etat
23
II.3.1. La notion de la violence
24
II.3.2. Le théâtralité du
coup d'Etat
24
II.4. Le problème de
l'obéissance
25
II.5. La notion de la police
26
II.6. Les transformations de la raison
d'État
28
La conclusion
29
CHAPITRE TROSIEME :
31
LA RELATION ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LA
POPULATION
31
III.0. Introduction
31
III.1. Le rôle de la population dans un
régime politique
31
III.2. Les stratégies
d'oppression
32
III.3. Les mécanismes de
résistance
35
III.4. Le rôle de la
société civile dans un Etat d'oppression
38
La conclusion
40
CONCLUSION
GÉNÉRALE
41
LA BIBLIOGRAPHIE
43
Table des matières
44
* 1Cf.Dictionnaire
de philosophes, Presses Universitaires De France, 1984, 108, boulevard
Saint-Germain, 75006 Paris,pp.941-944.Michel Foucault est né en France,
le 15 octobre 1926dans une famille bourgeoise. Du père Paul Foucault et
de la maman Anne Malapert, à Poitiers(Fontainebleau),. Il va
étudier au collège religieux Stanislas. En 1945, il participe au
concours d'entrée à l'Ecole normale Superior, mais il
échoua. Cet échec va le pousser à quitter Poitiers pour
Paris pour s'inscrire au lycée la même année. Et c'est
là qu'il aura envie d'étudier la philosophie.Son parcours
philosophique sera beaucoup marqué par Nietzsche, Heidegger, Marx et
Bachelard. En 1951, il obtient son agrégation de philosophie
après deux tentatives de suicide. Il soutient sa thèse de
doctorat dans « l'Histoire de la folie à l'âge
classique » en 1961, et devient professeur de philosophie
à Clermont-Ferrand en 1962. Foucault devint professeur au Collège
de France en 1970. Il fonde le Groupe d'information sur les prisons afin
d'améliorer leurs conditions. Foucault mourra le 25 juin 1984 à
l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, victime du
sida.
* 2Cf.M. FOUCAULT,
Sécurité, Territoire, Population, Paris, Gallimard,
1999, p.116.
* 3 M. FOUCAULT, Op.
Cit., P.119.
* 4Ibid., p.168.
* 5M. FOUCAULT, Op.
Cit., p.97.
* 6 N. MACHIAVEL, Le Prince,
trad. Par Y. Levy, Paris, Flammarion, 1980, p.10, cité par
Ibidem.
* 7M. FOUCAULT, Op. Cit.,
p.73.
* 8Ibid., p.208.
* 9 Y. LEDURE, Conscience
religieuse et pouvoir politique, Paris, Editions du Centurion, 1979,
p.17.
* 10A. LALANDE, Op.
Cit., p.1991.
* 11 Cf. M. FOUCAULT, Op.
Cit., p.73.
* 12Cf.M.
FOUCAULT, Op. Cit., p.168.
*
13Ibid.,p.116.
* 14Ibid., p.93.
* 15Cf. M.
FOUCAULT, Op. Cit., p.94.
* 16 Cf. Ibid.,
p.95.
* 17Ibid ., p.97.
* 18M. FOUCAULT, Op. Cit.,
p.97.
* 19 É. WEIL,
Philosophie Politique, 4è édition, Paris, J. Vrin, 1984,
p.148.
* 20M. FOUCAULT, Op. Cit.,
p.99.
* 21Ibidem.
* 22M. FOUCAULT, Op. Cit.,
pp. 99-100.
* 23 Cf, Ibid., p.117(
note 29).
* 24Ibid. p.103.
* 25G. FREDERICK, «Michel
Foucault » in Que-Sais- je? Paris, PUF, 1996, p. 197.
* 26 Ibid. p. 198.
* 27 Ibid, p. 110.
* 28 Ibid., p.200.
* 29Cf.M.
FOUCAULT, Op. Cit., p.198.
* 30Ibid., p.200.
* 31M. FOUCAULT, Op. Cit.,
pp.94. 201.
* 32Ibidem.
* 33 M. FOUCAULT, Op. Cit.,
p.262
* 34 P. LEGENDRE, Le
désir politique de dieu, Paris, Fayard, 2005, p.243.
* 35Cf. M. FOUCAULT,
Op. Cit., p.263.
* 36Ibid., p.260.
* 37Ibid.,p.261.
* 38M. FOUCAULT. Op. Cit.,
p.262.
* 39Ibid., p.263.
* 40Ibid., p.264.
* 41Ibid,
p.179.
* 42M. FOUCAULT. Op. Cit.,
p.267.
* 43Ibid., p.268.
* 44Ibidem.
* 45M. FOUCAULT, Op. Cit.,
p.269.
* 46Ibidem.
* 47Ibidem.
* 48Cf. M. FOUCAULT.
Op. Cit., p.270.
* 49Ibid,.
p.179.
* 50Ibid., p.178.
* 51Cf. BACON
cité par Ibid., p.273.
* 52M. FOUCAULT, Op.
Cit., p.274.
* 53Ibid., p.275.
* 54Ibidem.
* 55Ibid, p.335.
* 56P. ROBERT, Dictionnaire
Le Nouveau Petit Robert, Paris, 1994. P. 1717.
* 57Cf. M.
FOUCAULT, Op. Cit.., p. 342.
* 58Ibidem.
* 59Ibidem.
* 60Ibidem.
* 61Ibidem.
* 62M. FOUCAULT, Op. Cit.,
p. 342.
* 63Ibid.,p.348.
* 64 M. MANTUBA NGOMA,
Police et reconstruction nationale, Kinshasa,MEDIASPAUL, 1999,
p.11.
* 65 M. FOUCAULT, Op. Cit.
p.342.
* 66Ibid.p.344.
* 67Ibidem.
* 68P. RICOEUR, La
philosophie et la politique devant la question de la liberté, dans
la liberté et l'ordre social, Paris, 1984, Seuil p.17.
* 69 E. WEIL., Philosophie
politique, 4è éd., Paris, J. Vrin,1984, p.139.
* 70 M. FOUCAULT, Op.,
Cit., p.266.
* 71E. DE LA BOETIE,
Discours de la servitude volontaire, Paris,1993, p.21.
* 72 M. FOUCAULT. Op, Cit,
p.342.
* 73 E. DE LA
BOÉTIE,Op. Cit., p.22.
* 74Ibid., p.23.
* 75E. DE LA BOETIE, Op,
Cit., p.23.
* 76Ibid., p.23.
* 77Ibid,, p.87.
* 78Ibid., p.88.
* 79E. DE LA BOETIE, Op,
Cit., p.90.
* 80Ibid., p.94.
* 81E. DE LA BOETIE, Op,
Cit., p.60.
* 82Cf. Ibid.,
p.61.
* 83Ibid.,p.20.
* 84R. ARON,
Démocratie et totalitarisme, Gallimard, Paris, 1965, p.24.
* 85E. DE LA BOETIE, Op,
Cit., p.195.
* 86E. DE LA BOETIE, Op,
Cit.,p.25.
* 87Ibid.,p.26.
* 88Ibid., p.27.
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