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Le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault et étienne de la Boétie.


par MOSES BWALYA
Université Loyola du Congo - Graduat 2019
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALE

0.1. Problématique.

Notre travail cherche à scruter à fond `'Le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault1(*)et Etienne de la Boétie''. En effet, dans le cours qu'il donne au Collège de France en 1978, Foucault insiste sur trois éléments essentiels, à savoir : une organisation de la nation ou l'État ; l'influence qui existe entre le gouverneur et celui qui est gouverné ; enfin, comment doit se comporter celui qui doit gouverner. Car, d'après lui, si le monde en général et la France en particulier, est tombée dans les guerres, révoltes, et conflits, c'est parce qu'il y a eu manque de l'art de gouverner. Manque dû au non contact entre les dirigeants et son peuple. Voilà pourquoi, pour ne plus sombrer dans les guerres passées, Foucault va préconiserla raison d'Etatcomme le principe qui exprime un art de gouverner les hommes semblable au pouvoir pastoral où le pasteur veille ardemment sur ses brebis2(*) au point de se sacrificier afin que la brebis survive.Ce nouvel art de gouverner qu'apporte Foucault met plus d'accent sur la souveraineté de l'Etat, la gestion de la population et la sécurité du territoire.

Dès lors, trois questions méritent d'être posées : en quoi consiste la gouvernementalité politique des hommes chez Michel Foucault ? Comment est-ce que Michel Foucault conçoit le pouvoir politique et ses mécanismes ? Enfin, quelle est, selon lui,la relation qui doit exister entre la population de le gouvernement ? C'est autour de ces questions qui va s'articuler notre cogitation.

0.2. Hypothèses

Une lecture panoramique de l'histoire prouve à suffisanceque plusieurs états ont connuet continuent à connaître la dégénérescence, les séparations,les révoltes, les guerres, etc, suite au manque de l'art de gouverner, au manque de contact du gouverneur avec ses gouvernés,au manque de stratégies et mécanismesde gouverner et de gérer la cité. Mais plus précisément la plupart de ces dégénérescences étaient et sont dues au manque d'intérêt à la souveraineté de l'Etat, la gestion de la population et la sécurité du territoire. Voilà pourquoi, estime Foucault, tant que la gouvernementalité politique des hommes ne se ressemble pas au pastorat chrétien ; tant que la gestion de la cité ne prend pas en compte la raison d'Etat comme principe du nouvel art de gérer la chose publique ; tant que le politique ne met pas au centre de ses préoccupations la souveraineté de l'Etat, la relation entre le gouverneur et ses gouvernés et l'intégrité territoriale, il n'y aura de cesse au maux de cités ; la cité ne verra jamais la lumière du jour, mais bien plus sombrera dans l'éternelle instabilité et dégénérescence.

0.3. But et intérêt du travail

Notre intérêt en élaborant ce travail est double : en premier lieu, comprendre comment Michel Foucault conçoit le pouvoir politique et ses mécanismes. Cet intérêt pour nous de Foucault part du constat général que nous avons fait par rapport à la mauvaise gouvernance de la plupart de nos Etats actuels. Autrement dit, nous avons voulu comprendre la pensée politique de Foucault en vue de dégager des éléments susceptibles pouvant aider nos Etats actuels à sortir de la médiocrité dans laquelle ils sont plongés. En deuxième lieu, montrer qu'après trois ans de formation philosophique que nous sommes capable de lire un auteur, comprendre sa pensée et l'exprimer en nos propres mots.

0.4. Méthode et plan du travail

Pour bien conduire nos recherches, nous avons opté pour la méthode analytique qui nous permettra de scruter à fond ou adéquatement le thème sous examen. Il sera question d'analyser le texte de Michel Foucault, principalement Sécurité territoire populationen vue de dégager les mécanismes susceptibles de répondre aux exigences d'une gouvernementalité politique des hommes digne de ce nom, c'est-à-dire une gouvernementalité qui met l'accent sur la souveraineté de l'Etat, la relation entre le gouverneur et ses gouvernés et la sécurité de l'intégrité territoriale. Hormis l'introduction et la conclusion générales, notre travail portera sur trois chapitres :le premier chapitre traitera du gouvernement pastoral au pouvoir politique. Dans ce chapitre, il sera question de montrer comment pour Foucault, une gouvernementalité politique digne de ce nom doit se ressembler au pastorat chrétien. Le deuxième chapitre examinera le pouvoir politique et ses mécanismes. Dans ce chapitre, nous montrerons comment selon Foucault la raison d'Etat, la police et les transformations de la raison d'Etat sont les trois principes essentiels d'un bon pouvoir politique. Le troisième chapitre, portera sur la relation entre le gouvernement et la population. Dans ce chapitre, nous tâcherons de montrer avec Foucault et Etienne de la Boétie comment la population peut se prendre en charge lorsque le politique ne respecte pas la raison d'Etat.

CHAPITRE PREMIER :

DU GOUVERNEMENT PASTORAL AU POUVOIR POLITIQUE

I.0.Introduction

Notre travail porte sur « le pouvoir politique et ses mécanismes chez Michel Foucault et Etienne de la Boétie ».Mais ce pouvoir politique que préconise Michel Foucault, ne se comprend mieux qu'en rapport avec la notion de la gouvernementalité politique des hommes. Voilà pourquoi, dans ce premier chapitre, nous voulons montrer comment Michel Foucault définit la gouvernementalité politique des hommes. Néanmoins, notons que la notion de la gouvernementalité chez Foucault fait également référence à deux notions fondamentales, à savoir : l'Etat et la population.Car, selon lui, l'Etat est un organe suprême qui exécute des mécanismes politiques, et la population également travaille ensemble avec l'Etat en vue de réalisation du bien commun. Ainsi, peut-on s'interroger : comment Michel Foucault conçoit l'idée de gouvernement pastoral au pouvoir politique ?Comment cette notion de gouvernementa-t-elle évoluée dans l'histoire ?Comment peut-on gouverner les hommes selon Foucault?Qu'entend-t-il par la notion de conduite ?Comment s'effectue le passage de la nation à l'Etat chez lui ?C'est à cet ensemble de questions que va répondre ce chapitre. Ainsi, commençons par expliciter comment selon lui s'est effectué le passage du pouvoir pastoral au pouvoir politique.

I.1. DE L'IDEE DE GOUVERNEMENT PASTORAL AU POUVOIR POLITIQUE

Avant d'entrer en profondeur de ce que pense Foucault de l'idée de gouvernement pastoral au pouvoir politique, il importe de préciser que Michel Foucault s'est servi d'abordde l'histoire du pouvoir pastoral pour arriver à fonder son fameuxprincipe de``gouvernementalité''politique.Selon lui, ce principe exprime '`la rationalité et la raisonabilité''de l'Etatdans le sens oùil sert comme un guide à suivre pour que l'Etat parvienne à son accomplissement total qu'est le bien commun. Et l'Etat selon lui, renvoie au gouvernement. Et dans ce cas, qu'est-ce que, selon lui, gouverner ?Pour Michel Foucault, le mot gouvernerest polysémique, car déjà dans lestemps antiques, ce concept portait le sens étatique, c'est-à-dire une classe des dirigeants d'un Etat.Mais malgré sa polysémie, Michel Foucault, dans sa réflexion ne veut ni le comprendre, ni fonder la loi, mais sa démarche est tout simplement d'analyserles relations de pouvoir qui étaient visées au XVIèmeetXVIIIème sièclespour enfin tenterde créer des nouveaux mécanismes de gestion gouvernementale.

Et comme nous l'avons souligné plus-haut, Foucault met beaucoup d'accent sur la relation qui existe entre l'Etat et la population, car il pense que la gouvernementalité est caractérisée par la gestion économique, gestion du pouvoir, gestion de la population, et enfin, l'assurance de la sécurité à un territoire. Cependant, le terme gouverner, dit Foucault, ne doitpas être confonduavec ; « régner, commander, faire la loi, être souverain, être suzerain, être seigneur, être juge, être général, être propriétaire, être maitre, être professeur. (...) Mais, à un certain niveau de compétence politique »3(*).A cet effet, il va s'assigner comme mission d'analyser la responsabilité de l'Etat en fonction de compétence politique, et la conduite de celui qui doit gouverner. Pour ce faire, il vaprocéder par l'histoire de gouvernement politique depuis l'Antiquité jusqu'au Temps moderne, en passant par l'analyse de pouvoir pastoral des âmes au pouvoir politique des hommes. Néanmoins, une question mérite d'être posée :comment, selon lui, s'est effectué le passage du pouvoir pastoral au pouvoir politique ? Qu'elles sont les grands événements du pouvoir pastoral qui ont remarqués Foucault ? En quoi les anciens textes l'ont-ils intéressé ?Pour répondre à ces questions, Foucault fait observer ce qui suit :« Le pastorat dans le christianisme a donné lieu à tout un art de conduire, de diriger, de mener, de guider, de tenir en main, de manipuler les hommes, un art de le suivre et de les pousser pas à pas, un art qui a cette fonction de prendre en charge les hommes collectivement et individuellement tout au long de leur vie et à chaque pas de leur existence. »4(*)

De cette affirmation deFoucault, résulte l'idée selon laquelle s'accomplit le pouvoir pastoral. Dans ce pouvoir, le pasteur cherche le bien-être de sesbrebis, il se donnait en entièreté jusqu'au point demourir pour que ses brebis vivent.Pour lui, telle doit être également la finalitédu pouvoir politique dans le sens oùle gouvernementqui gère le trésor public doit chercher à tout prixà rassurer la sécurité etla souveraineté de l'Etat pour l'intérêt de son peuple. C'est à ce niveau que seront adoptées des expressions ou des théories gouvernementales politiques. Telest le cas du prince de Machiavel. Mais si telle est la conception du pouvoir pastoral, mais qu'est-ce que le `Gouvernement de l'Etat selon lui ?'. Pour Michel Foucault,la notion de gouvernementtrouve son sens dans ce qu'onpeut appeler : `Continuité ascendante et Continuité descendante'. Parcontinuité ascendante, il entend une théorie qui exprime l'un des critères qu'on attend de la personne qui aspire à gouverner un Etat.En d'autres termes, la continuité ascendante montre en filigrane comment doit être celui qui veut gouverner. A ce sujet, il note ce qui suit : « Continuité ascendante, en ce sens que celui qui veut pouvoir gouverner l'Etat d'abord doit savoir se gouverner lui-même ; puis à un autre niveau, gouverner sa famille, son bien, son domaine, et, finalement, il arrivera à gouverner l'Etat »5(*).

En clair, par le principe de continuité ascendante, Foucault définitle profil dela personne qui aspire à gouverner l'Etaten prenant l'exemple des parents, comme legouvernement du point de vue familial,l'individu, du point de vue gouvernement depersonnel, et aussi le gouvernement comme gérant de la population, c'est-à-dire, par le fait de gérer la chose publique politiquement.Mais comment est-ce qu'on parvient au pouvoir selon lui ?Il précise que le prince de Machiavel donne en maximum quatre mécanismes d'acquisition du pouvoir qui correspondent aux différentes façons de le conserver :par la vertu ; par la fortuna, par la faveur des citoyens et par les scélératesses.Mais il met plus d'accent sur le pouvoir acquis par la faveur des citoyens parce que, c'est dans celui-cique le peuple donne le pouvoir à qu'il veut, soit par la nomination, par les élections, ou par imposition de la personne désirée.

Mais il faut noter que l'accession au pouvoir est tout de même accompagnée de multiples difficultés dans le sens oùen occupant un Etat nouveau, le prince rencontre plusieurs difficultés :d'un côté, il est ennemi de tous les hommes qui tiraient profit de l'ancien régime car ils se sentent privés de leurs intérêts ; et de l'autre côté, il est ennemi de tous ceux qui l'ont aidé à accéder à son nouvel Etat, et à qui, il ne peut tenir des promesses fallacieuses, ni attaquer. Ces difficultés, note Foucault, peuvent amener parfois le prince à ne pas garder ses relations avec son peuple car « on a besoin, pour entrer dans un pays, de la faveur des habitants »6(*). Et c'est sous la considération du contrat signé par les deux parties, d'une part, le gouvernement, et d'autre part, la population.Mais soulignons aussi que pour Foucault la notion de gouvernement est une démarche volontaire ; elle est volontaire parce que rien ne garantit sa soumission au souverain. Et à ce sujet, il écrit ce qui suit :« Si l'on dit à une population « fais ceci », rien ne prouve non seulement qu'elle le fera, mais tout simplement qu'elle pourra le faire »7(*).En fait, c'est cette possibilité qui dépend de la volonté de la population et qui fait sa force parce qu'elle peut être d'accord ou pas d'une décision émanant de la part du chef. Mais comment était constitué la notion de gouvernement dans l'histoire ?

I.2. L'histoire de la notion de gouvernement

Selon Michel Foucault, la notion de gouvernement vise à déterminer le rôle du souverain et le rôle de la population prise à partir d'une histoire donnée pour réaliser le bien commun. Toutefois, il précise quele pouvoir politique ou gouvernement puise son origine dans l'histoire gréco-latine où le pouvoir était considéré comme une sorte de gestion par tous ceux qui avaient la chance de gouverner.En clair, liée à la figure censitaire de Rome antique jusqu'aux abords du XXe siècle, le gouvernement déterminait les droits politiques des particuliers en fonction de ce qu'ils possédaient.Mais, ce terme gouvernement, selon Foucault, manifestait à la fois le pouvoir politique et le pouvoir pastoral dans le sens où: « l'organisation de monastères avec vie commune et vie obligatoire (...), l'apparition dans ces monastères de vie commune et l'hiérarchisée d'une règle, d'une règle qui s'impose de la même façon à tout le monde ou en tout cas à chaque catégorie de moines d'une façon spécifique »8(*).A partir de cettehistoire de l'Eglise catholique, Foucaultconfirme une certaine forme de rationalité que l'Eglise catholique mettait en place pour réussir à soumettre et conquérir les empires. Avec l'histoire gréco-latine, l'Eglise était capable de conquérir les nations païennes et les soumettre à ses convictions. A ce sujet, on peut lire ce qui suit :« La civilisation gréco-latine dessine l'arrière-pays de cet immense espace marqué par le fait chrétien. A ce titre, elle ne doit être ni ignorée, ni négligée. Mais la pensée antique, pour arriver jusqu'à l'homme occidental, devra, en quelque sorte, transiter par le sanctuaire chrétien »9(*).

A travers cette citation, il y a lieu de noter que si l'Eglise au départ aexercé un pouvoir pastoral par imposition de la foi chrétienne, et petit à petit les gens sont arrivésà accepter volontairement,ceci prouve combien elle avait une disposition favorable qui donnait raison de demeurer chrétien même quand on avait le choix de changer la religion.L'auteur souligne un point commun dans cette histoire de pouvoir pastorat :le fait que tous ces divers sens se réfèrent plus à une institution. Dans cette institution est née la civilisation gréco-latine.L'homme au départ gouverné malgré sa volonté, parvient à comprendre que c'est pour son bien, en ce sens il participe dans sa manière àcet acte gouvernemental. Et c'est en cela que se constate la ressemblance entre le pouvoir politique et le pouvoir pastoral. Dans le même sens,le pouvoir politiquedevient l'art de gouverner, c'est-à-dire savoir gouverner les hommes de manière authentique. En ce sens, le pouvoir politiquene se définira pas loin de pouvoir pastoral, parce que la procédure se ressemble et reste la même. Carétymologiquement, on définit le pouvoir comme :« L'ensemble des qualités esthétique du mouvement, et, par suite, des formes et des attitudes (...) l'idée du don libre, la volonté de se communiquer à autrui et d'en être aimé »10(*).Et si le pouvoir est défini comme l'ensemble des qualités esthétiques, Foucaultestime qu'il ne se rapporte pas aux quantités, mais à tout ce qui est bien, ce qui est vrai, désirable, préférable au fonctionnement de tout esprit humain.11(*).

Cependant, la personne qui exerce la tâche de gouverner a le devoir de communiquer avec son peuple, en qui s'accomplit son activité politique.En même temps, le peuplea le droit d'aimer ou de ne pas aimer,d'accepter ou de renoncer au gouverneur qui ne veut pas respecter le contrat. Voilà pourquoi, la personne qui doitêtre choisi est appelé à mettre en place les dispositions favorables qui non seulement vont attirer le peuple, mais les appelle à demeurer dans son projet de la société. Ces conditions favorables, sont ce que Michel Foucault appelle `` l'art de gouverner''.Ainsi, qu'est-ce que l'art de gouverner ? Bien plus, quels sont les critères pour gouverner les hommes ? Les lignes qui suivent vont tenter de répondre à ces questions cruciales.

I.3. Un art de gouverner les hommes

Foucault précise que le pouvoir politique ou le gouvernement existait bien avant dans l'Antiquité de Platon, etoù on montrait déjà comment on peut gouverner la polis (cité).Maislui préférera plutôt parler del'art de gouvernerqui n'est pas différent de l'art de gouverner du prince de Machiavel.Car, selon lui, l'art de gouverner doit garder le peuple en communion,tout en menant une vie bonne et sensée.Cette manière de gouverner est à comprendre comme suit :« Gérer comme il faut les individus, les biens, les richesses, comme on peut le faire à l'intérieur d'une famille, comme peut le faire un bon père de famille qui sait diriger sa femme, ses enfants, ses domestiques, qui sait faire prospérer la fortune de sa famille, qui sait ménager pour elle les alliances qui conviennent »12(*).Car pour lui, cette gestion de la cité rassure la confiance et la considération portéeau peuple. Attiré par l'ancien texte du Prince de Machiavel, Foucault développe des nouveaux mécanismes qui peuvent aider dans la manière de gouverner les hommes, c'est-à-dire digne et considérable. A ce sujet, il note : « Cet ordre est fort naturel, puisque c'est une chose du tout nécessaire qu'un homme sache se gouverner soi-même devant que de commander aux autres, soit comme père de famille, ce qui est de l'économie, soit comme souverain, magistrat ou ministre d'Etat, ce qui est regarder la politique »13(*). Maisen quoi ce texte ancien l'intéresse-t-il ?Dans quel contexte Foucault veut que le prince fasse siens les pratiques et les enseignements de Machiavel si longtemps mis de côté ?

Pour lui, le texte politique de Nicolas Machiavel fut depuis un bon nombre de siècles contesté et déconstruit par plusieurs idéologistes politiques sur le gouvernement jusque vers le 16ème siècle où il sera repris par le prince. Toutefois, il est nécessaire pour nous de savoir ou decomprendre qu'est-ce que Machiavel lui-même entendait par « prince ». Pour Machiavel, nous fait observer Foucault, le princedont il est question ici a une caractéristique particulière réservée au prince qui était choisi pour gouverner l'Italie durant le temps donné, et, renvoi à une relation, un rapport de singularité et d'extériorité, de transcendance par rapport à sa principauté. Pour lui, la principauté est ce rapport du prince à ce qu'il possède, au territoire dont il est héritier ou qu'il a acquis, aux sujets qui lui sont soumis. Un rapport dont la visée est la protection et non la domination ou l'assujettissement14(*).Le prince, dit Machiavel, doit s'assigner pour objectif : gouverner ; et gouverner est pour lui un Art. Cet art se veut alors distinct de la simple habileté du prince, et trouve sa fin essentiellement dans les choses à diriger, mais tout en prenant n'importe quel moyen. C'est en ayant avec lui l'art de gouverner que le prince aura devant lui des foules qui s'y attachent, peu importe la façon dont il accède à la principauté.

Bref, l'exercice du pouvoir par le prince de Machiavel vise le maintien, le renfort et la protection de la principauté pour l'intérêt du peuple, malheureusement l'art de gouverner et l'habileté conservatrice de la principauté n'ont pas sens de l'intérêt du peuple pour les anti-machiavels. Pour les anti-machiavels, le prince utilise l'art de gouverner et l'habileté conservatrice de la principauté pour sa propre souveraineté et c'est ce qui n'est pas vrai.Foucault dans son analysea fait recourt à quelques textes de la littérature Anti machiavélienne, notamment celui de Guillaume de La Perrière `le Miroir politique' de XVIe siècle. De ce texte, Foucault tire quelques explications de ce que Guillaume entend par les termes Gouverner et gouverneur15(*). C'est à travers ces terminologies que Foucault va saisir les points de démarcation entre le prince de Machiavel et le prince selon les anti-machiavéliens. Gouverner a le même sens que monarque, prince, roi, empereur, magistrat, seigneuret l'Art de gouverner renvoi à la charge de gouverner la maison, la famille, les âmes, les enfants. Par comparaison, Foucault voit un sens simpliste et généralisé des expressions politiques chez les Anti-machiavéliens et trouve un sens beaucoup plus ego-centrisme, essentiel et consistant chez Machiavel ; le sens qui contient et fonde toutes les généralités en les transcendant16(*).

Loin de toutes littératures sur ces termes, Foucault voit dans ces doctrines une sorte de continuité de pensée sur la conduite gouvernementale. Pourtant ce qui importe pour lui, ce ne sont pas ses attributs, mais la pédagogie du prince, c'est-à-dire la façon dont ce dernier assure le principe de continuité ascendante :« C'est la pédagogiedu Prince qui va donc assurer cette continuité ascendante des différentes formes de gouvernement. Inversement, vous avez une continuité descendant en ce sens que, quand un État est bien gouverné, les pères de famille savent bien gouverner leur famille, leurs richesses, leur biens, leur propriété, et les individus, aussi, se dirigent comme il faut »17(*).

Pour étayer sa thèse de continuité ascendante,Foucaultconvoque La Mothe Le vayer, notamment dans son ouvrage : un traité de politiqueoù il affirme que la bonne gouvernance commence par la tête, c'est-à-dire les dirigeants. A l'exemple de continuité ascendante, celui qui veut gouverner l'État, doit d'abord savoir se gouverner lui-même, sa famille, etc. Michel Foucault confirme cette théorie ascendante que la bonne gouvernance commence par soi-même.Autrement dit, si une personne est capable de se gouverner, de gouverner sa famille, on suppose qu'il peut gouverner et se laisser gouverner par les autres. Ainsi donc à partir de cette notion de l'économie des âmes, on parvient à saisir une autre dimension du pastorat comme « l'humanité tout entière, de la chrétienté tout entière »18(*). Cette humanité portera sur toute la communauté de tous les chrétiens en général et sur chaque chrétien en particulier.

De façon plus explicite, pour Michel Foucault, si nous le saisissons bien pour cette situation sur la continuité, cherche ou désire voir pour une bonne gouvernance trois principes, à savoir :``un prince capable de se gouverner lui-même du point de vue moral ; un prince capable de bien gouverner sa famille du point de vue économique ; et enfin, un prince qui soit capable de gouverner la chose publique (cité)''. Selon lui, la continuité ascendante est possible par une éducation solide. A côté de la continuité ascendante, se trouve le deuxième critère qui est une continuité descendante : « c'est le gouvernement qui, dans l'Etat moderne, forme le seul ressort de l'action. (...) le gouvernement seul parle au nom de l'Etat aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. »19(*).En effet, le gouvernement est l'organe qui a pour tâche de rendre compte et de répondre aux exigences de la population afin que la sécurité et le bien-être de tous soit assuré. C'est en fait un art de gouverner acquis, jouant en sorte que tout marche de la tête jusqu'aux orteils. Car, si l'Etat est bien gouverné, les autres gouvernements sauront aussi bien diriger ceux pour qui, ils sont la tête, car la réussite de ces derniers en dépend.

Toutefois, Foucault examine également le point de vue deGuillaume qui stipule que :« le gouvernement est la droite disposition des choses, desquelles on prend charge pour les conduire jusqu'à la fin convenable »20(*). Foucault va sémantiquement analyser le sens de ce gouvernement en comparaison toujours avec les mots déterminant la charge que s'assigne le prince de Machiavel : Territoire et les gens ou individus qui le peuplent. Son analyse porte sur l'objet du gouvernement même chez Machiavel comme chez Guillaume. Ainsi, il remarque que la souveraineté chez Machiavel concerne le territoire et les gens habitant ce territoire et le gouvernement chez Guillaume,concernent plutôt les choses. Chacune de ces choses nous amène à ce que le prince de Machiavel appelle droit public et non sur les choses, au contre chez Guillaume, ces choses nous amène aux choses elles-mêmes.21(*)

En effet, le territoire est à voir comme cet espace, étendue et son contenu : les hommes essentiellement et les autres choses.Mais le concept chose chez Guillaume renvoie à une complexité constitutive d'hommes et des choses que l'on doit prendre en charge ; les choses dans leurs différents aspects d'être. L'exemple du gouvernement d'un bateau en fait illustration. Ceci veut dire pour Guillaume que gouverner, c'est gérer, prendre en charge les choses dans leur complexité constitutive et accidentelle. Ici, la définition du mot gouvernement laisse entendre une démarcation considérable entre Souveraineté et gouvernement, de par leur objet, moyens utilisés pour arriver à la fin fixée.Si la souveraineté se fixe comme objectif :``le maintien de sa souveraineté, en usant de toute sorte de moyen pour atteindre le bien commun, l'obéissance à la loi'' ; le gouvernement par contre, a comme objectif la gestion parfaite dans l'utilisation des instruments à la disposition du prince en vue d'une fin. Ainsi, pense Foucault, disons-le à notre façon, un gouvernement parfait n'est pas le fruit de la loi, mais bien le gage d'une multitude des tactiques. La souveraineté est dans ce sens : égoïste car visant l'autosatisfaction, tandis que le gouvernement vise la perfection dans la gestion des choses.22(*)

Néanmoins, gouverner comme art exige ou implique selon La perrière un certain nombre de valeurs ou qualités de la part du prince, à savoir :le prince doit avoir la patience, la sagesse et la diligence.La perrièreexplique la patience en donnant l'exemple du roi de mouches à miel, Guillaume pense à un roi bienfaisant ; un roi qui, comme il le dit doit avoir beaucoup de clémence que de sévérité, plus d'équité que de rigueur envers ses sujets23(*). A cette qualité s'ajoute également la sagesse et la diligence comme contenu positif.Par sagesse, pour un prince, on entend cette « connaissance des choses, des objectifs que l'on peut atteindre, que l'on doit faire en sorte d'atteindre, la disposition que l'on doit utiliser pour les atteindre »24(*).La diligence est comprise comme le fait de balancer les actions à faire produire au peuple, en jouant le rôle du père de famille.

En outre,puisque la famille est prise ici comme paradigme, on ne peut pas profondément parler de l'art de gouverner sans faire recours à elle, qui est prise pour modèle de gestion ou de l'économie dans une société. Car famille, au lieu de rester modèle, devient en plus ``instrument de gouvernement''. Bref, par le fait pour elle d'instrumentaliser la famille et de la faire descendre du rang de modèle de gouvernement, fait de la population cette clé désenfermant l'art de gouverner au XVIIIème siècle. La population se place ensuite au trône, et devient le but visé de l'art de gouverner, toute action du prince évaluant et se fondant sur le bien-être social à tout prix, comme qui dirait, tout par elle et pour elle : instrument et finalité ; conscience appelant conscience. C'est de cette façon que se compose, selon lui, le triangle gouvernement - population - économie politique. Dans ce triangle, le prince est sensé avoir une science qui relie la richesse et la population ensemble, ce qui justifie la technique dite Economie politique.

Bref, de cet enseignement, Foucault nous fait avancer progressivement pour découvrir les voies par lesquelles sont passées, ce qu'il appelle ou ce que nous appelons art de gouverner jusqu'à sa conversion comme science politique, après passage de théories en théories : ensemble englobant méthodes, analyses et réflexions, technique, dispositif etc. sur le gouvernement que Foucault appellera `'Gouvernementalité', doctrine,qu'il propose au prince. Pour cela,l'auteur soulève la notion de la conduite, qu'il pense peut être l'un de facteurs parmi tant d'autres, qui peut être considéré d'être à la base même de pouvoir politique. Il s'agit de la conduite du prince ou de celui qui gouverne.En ce sens, qu'est-ce qu'il entend spécifiquement par le mot conduite ?

I.4. La notion de la conduite

La conduite, selon Michel Foucault, fait appel à un certain nombre de comportements que la personne qui conduit est appelée à afficher.En d'autres termes, pour Foucault, la conduite se réfère principalement à trois notions : conduire, comportement et comprise. Le terme conduire la conduite renvoi à la façon dont le prince dirige :« l'activité qui consiste à conduire, c'est-à-dire la conduction »25(*). La conduite comme comportement, elle peut aussi signifier :« la manière dont on se conduit, la manière dont on se laisse conduire, la manière dont on est conduit, finalement la conduite signifie la manière dont on se comporte sous l'effet d'une conduite ou de conduction »26(*). La conduite peut encore être comprise comme : « le souci de soi »27(*). Ce souci de soi se caractérise dans la dynamique philosophique par une tâche « d'éveiller ses concitoyens à avoir aussi un souci de soi ».28(*)Telle a été la mission que Platon s'était assigné dans la construction de sa cité idéale, mieux, dans sa République et précisément dans le septième livre portant sur l'allégorie de la Caverne.

Sur ce, trois remarques (conduire, comportement et comprise), que Foucault fait peuvent nous aider à comprendre cette thématique (la manière de se conduire, le souci de l'autre et de soi). Dans un premier temps,Foucault comprend que déjà dès le départ, le pastorat avait connu des moments d'hostilités, atrocités, des mouvements de retours à la conduite normale c'est-à-dire à une vision d'ensemble et c'est ce qu'il appelle les contre-conduites. Est-ce que dans ce climat se demande Foucault, on ne va peut-être ressaisir là simplement les phénomènes en creux, négatifs ou réactifs ? C'est-à-dire être vigilantquant aux actes qui peuvent nuire la paix. Pour lui, tous ces affrontements, toutes ces hostilités, toutes ces guerres, toutes ces révoltes, se passent entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, etc'est ce qu'appelle « la révolte de conduite ». Ce qui fait que la forme de conduite n'existait pas de manière claire jusqu'à tel point qu'elle s'est livrée à une sorte d'ivresse des comportements inappropriés religieusement et dont le Moyen-Orient en donne des exemples aux IIe, IIIe, IVe siècles. Bref, à cette période, il y a eu tant de désordres contre le pastorat chrétien en Orient et en Occident, et c'est ce qui avait créé la corrélation entre la conduite et la contre-conduite29(*).

En ce second temps, ces révoltes de conduite, c'est-à-dire du pastorat sont totalement des révoltes politiques non seulement parce qu'elles ont leur spécificité mais aussi parce qu'elles ont leur souveraineté qui est différente des révoltes économiques au pouvoir du fait qu'elles sont dans l'exploitation. Bien que ces révoltes soient multiples et distinctes, elles sont toujours liées entre elles et leurs partenaires ne s'en débarrassent pas, car ils sont attachés à leur conduite. Tel a été le cas au Moyen-âge où a existé les luttes entres les bourgeois et la féodalité que ça soit dans les villes flamandes, à Lyon au moment de vaudois30(*). Ces mêmes révoltes de conduite surgissent aussi dans des couvents surtout féminins, chez les femmes qui se posent diverses questions concernant leur statut de vie par rapport aux autres avec qui, elles ont commencé la formation ensemble.

Enfin, il situe les révoltes de conduite principalement dans la forme religieuse en montrant comment elles sont liées au pastorat. A cette étape, les résistances se faisaient comme quelque chose du « mouvement méthodiste de la seconde moitié du 18e siècle, et elles ont été reprises dans l'exercice de la gouvernementalité, dans la mesure où le gouvernement s'est mis à vouloir lui aussi prendre en charge la conduite des hommes »31(*). Et alors il faut dire que les conflits de conduite vont de plus en plusse produire non seulement du côté des institutions religieuses, mais aussi et surtout du côté politique. Par exemple quand on parle de la guerre dans un pays où les gens n'ont pas l'habitude de le faire, c'est quelque chose d'étrange contrairement aux pays qui sont habitués à le faire. Cela engendre pour les inhabituels, un recrutement de militaire afin de pouvoir conquérir à cette noble tâche parce que cela suscite la révolte dans la population et c'est la désertion qui commence.

Selon Foucault, la révolte est bonne dans la plupart des cas seulement quand on fait la guerre par exemple pour la paix sociale sous une conduite consciente, sous une conduite morale, sous un sacrifice, sous un dévouement à la cause commune et au salut commun, sous la direction d'une conscience publique, dans le cadre d'une discipline bien précise qu'à ce niveau on voit ce qui faut.32(*) A ce moment-ci, on voit apparaitre une « désertion-insoumission »,car refuser de faire la guerre, c'est-à-dire porter les armes pour le bien commun apparaissait comme une conduite ou contre-conduite. Dans cette même perspective, la contre-conduite est parlée dans la vie religieuse quand on cesse d'observerles règlementations de certaines choses dans l'institut et on cherche être conduit par d'autres personnes de leurs façons. De la même manière dans la vie politique, c'est quand on refuse de respecter la règle générale, suprême qui est la constitution qu'on tombe dans les révoltes, résistances.Ainsi, il faut un organe qui doit ressembler et gérer problèmes mentionnés de manière systématique et rationnelle, qu'il appelle ``l'Etat''. En ce sens, comment est-ce que Michel Foucault définit l'Etat ?

I.5. La notion de l'État

Foucault fait observer que plusieurs auteurs ont donné chacun à sa manière de penser sens au mot Etat. Parmi lesquels Palazzo en parle plus précisément dans son ouvrage : Discours du gouvernement et de la vrai raison d'État. Et c'est dans cet ouvrage selon Michel Foucault que quatre définitions sont données au sujet de l'Etat. Mais, qu'est-ce quel'État selon Foucault?Pour lui, l'Etat est une institution juridiquement connue, située dans un territoire, avec la responsabilité d'organiser, veiller et protéger la population, à qui sa charge revient :« un état c'est juridiction, dit-il, c'est un ensemble de lois, de règles, de coutumes, un petit peu... une institution, un ensemble des institutions »33(*).L'Etat comme institution, est à la tête de toute activité politico-économique. En ce sens, l'Etat est une organisation suprême d'un peuple, car il détermine leur façon de vivre et cherche la stabilité et l'équilibre pour la bonne marche de celui-ci. Mais si l'Etat est un ensemble des institutions qui cherchent l'ordre et la stabilité alors, il y a un point essentiel qui sera au centre pour que cet ordre se réalise, ce c'est que Michel Foucault appelle la ``raison d'Etat'' que nous examinerons dans le deuxième chapitre.

La Conclusion

Notre effort dans ce chapitre était de montrer ce qu'entend Michel Foucault par la gouvernementalité politique des hommes.Ainsi, retenons que pour montrer en quoi consiste cette gouvernementalité dont il veut préconiser, Foucault parcourt d'abord l`histoire pour voir comment les hommes étaient dirigés dans l'Empire romain, Chez les Grecs et plus précisément au Moyen Age. De cette relecture historique, Foucault démontre comment, par exemple au moyen Age et en Grèce antique,les dieux ont dirigé en vue de servir d'exemple pour les dirigeants politiques qui, au vu et au su de tous, perdent facilement la bonne route à suivre lorsqu'ils sont aux commandes.

Voilà pourquoi, Foucault va aboutir à la conclusion selon laquelle la gouvernementalité politique des hommes pour être authentique et efficace, doit nécessairement faire référence au pastorat chrétien dans le sens où la référence à cette gouvernementalité prouve comment un chef à l'instar du bon berger  doit être capable de se sacrifier pour le profit de sa brebis. Et pour ce faire, il montre qu'on peut reconnaître un tel homme politique avant de gérer la chose publique notamment par sa façon de s'occuper d'abord de lui-même, de sa famille, ensuite des autres.Mais cet objectif de gérer les hommes politiquement en référence avec le pastorat chrétien, n'est possible que grâce à des mécanismes dont: la raison d'Etat. la police et les transformations de la raison d'Etat que va tenter d'expliciter notre deuxième chapitre.

CHAPITRE  DEUXIEME :

LE POUVOIR ET SES MECANISMES

II.0. Introduction

Dans le premier chapitre, il s'agissait de montrer ce qu'entend Michel Foucault par la gouvernementalité politique des hommes. Cette gouvernementalité pour lui signifie : la souveraineté de l'Etat, la protection de la population et du territoire. Elle est à comparer avec le gouvernement pastoral du Moyen Age où le berger était capable de se sacrifier pour le bien-être de sa brebis. Mais une telle ambition ne peut se concrétiser sans un plan clairement défini. Voilà pourquoi, dans ce deuxième chapitre, nous allons montrer les principaux mécanismes à mettre en place pour rendre effective la comparaison établie par l'auteur dans le premier chapitre entre le gouvernement pastoral et la gouvernementalité politique des hommes. Ce mécanisme contient les trois principes essentiels, à savoir : la notion de la raison d'Etat, la police et les transformations de la raison d'Etat que ce chapitre va rendre compte.

Notre objectif dans chapitre consiste à montrer comment Foucault thématise ces trois principes énoncé ci-haut qu'il juge important pour l'efficacité de l'Etat dans sa quête du bien-être de ses citoyens. Pour y parvenir, nous définirons d'abord la notion de la raison d'Etat ; puis, la police ; et enfin, les transformations de la raison de l'Etat. Toutefois, nous ne manquerons pas de donner un petit condensé.

II.1. La raison d'État

L'Etat est défini par Foucault comme l'ensemble des institutions qui veillent et contrôlent la marche d'un territoire. Mais la question de l'Etat, précise-t-il, depuis son origine laisse entendre la notion du pouvoir politique des hommes. Quand on se réfère à l'histoire de la langue française, la question de l'Etat ne se sépare pas de la question du pouvoir : « Déjà la langue française qui par ce terme, état laissait entendre à la fois le rang ou la position et l'instance de pouvoir »34(*). Voilà, selon lui, ce que l'histoire dit de l'Etat, un terme qui est toujours analysé en relation avec le sujet du pouvoir. Car à chaque fois qu'on traite la question de l'Etat, sa réponse finit toujours par toucher la notion du pouvoirpolitique. Dans ce sens, selon Michel Foucault, l'Etat se comprend comme un institution ou l'ensemble des institutions qui sont fondées sur la raison d'Etat. Mais la raison d'Etat que ce? Pour répondre à cette question, Michel Foucault fait recourt aux principaux mécanismes qui caractérisaient la raison d'Etat au 17ième siècle. A cet égard, il fait observer qu'à cette époque, la raison d'Etat était caractérisée par le savoir gouverner, et le savoir gouverner comme nous l'avons vu dans notre premier chapitre était beaucoup plus focalisé sur l'art de gouverner ou le savoir pratique qui rendait la raison d'Etat être un principe de transformation et de l'évolution de l'Etat35(*), c'est-à-dire mettre au service l'art politique ou le savoir gouverner qui rassure la souveraineté de l'Etat, la protection de la population et la sécurité du territoire. Voilà ce qu'était la raison d'était au 17ième siècle. Ces traits spécifiques de la raison d'Etat marquent d'après Foucault, la différence de pouvoir politique au pouvoir pastoral qui estimait que le pouvoir comme émanant de Dieu, ne pouvait jamais être remis en question. C'est à ce niveau que Foucault s'y opposera et cherchera à rejoindre le pouvoir politique où la relation n'est plus axée sur un Être suprasensible, mais une relation fondée uniquement entre les hommes et les hommes vis-à-vis des hommes.

Ainsi, dans un premier temps, Michel Foucault cherche à donner d'abord les différentes définitions des mots: raison et état. En s'inspirant de Palazzo, Foucault analyse la notion de la raison d'Etat et de cette analyse, il montre son souci d'approfondir cette notion quand il donne le sens de la vraie raison d'Etat. Selon lui, la raison d'Etat est à voir dans les deux dimensions. Dans un premier temps, la raison renvoie à : « l'essence entière d'une chose, c'est ce qui constitue l'union, la réunion, de toutes ses parties, c'est le lien nécessaire entre les différents éléments qui la constituent »36(*). Si la raison est ce qui donne l'essence entière de la chose alors l'existence de la chose se puise dans cette même raison ; autrement dit, c'est la raison qui fait en sorte que la chose soit ce qu'elle est réellement.

Dans un temps second, la raison renvoie à : « une certaine puissance de l'âme qui permet justement de connaître la vérité des choses, c'est-à-dire ce lien, cette intégrité des différentes parties de la chose, et qui la constituent »37(*). En ce sens, la chose se réalise de par sa force et de par son secret, d'où est cachée cette force. Toujours avec Palazzo, pour répondre à la question : qu'est-ce que l'État, Foucault propose quatre réponses mais nous n'allons que prendre sa deuxième réponse parce que c'est elle qui, selon notre humble avis, englobe les trois autres : « un état c'est juridiction, dit-il, c'est un ensemble de lois, de règles, de coutumes, un petit peu, si vous voulez, ce que nous appellerions,- là j'emploie, bien sûr, un mot qu'il n'utilise pas-, une institution, un ensemble des institutions »38(*).

Dans ce sens, tout être humain est défini par son style de vie. Revenons maintenant à la question, qu'est- ce qu'on entend par la raison d'Etat ? Selon Michel Foucault, il faut essayer de mettre ensemble la raison et l'Etat pour fonder le mécanisme qui exprime la rationalité et la conduite de l'Etat. Ce principe de la raison d'Etat a pour lui : « un certain égard politique que l'on doit avoir dans toutes les affaires publiques, dans tous les conseils et desseins, et qui doit tendre uniquement à la conservation, à l'augmentation, à la facilité de l'Etat, à quoi on doit employer les moyens les plus faciles et les plus prompte »39(*), en se basant sur la raison d'Etat, le pouvoir politique parvient par reconnaître sa tâche bien sûr avec le soutien total de la population, c'est-à-dire cette ouverture que la population offre à l'Etat pour réaliser son travail avec compétence.Bref, pour Foucault, la raison d'Etat met beaucoup d'accent sur la souveraineté de l'Etat, la population et son territoire. Mais cette raison d'Etat a comme finalité, le salut et la vérité de l'individu.

II.2. Le problème du salut et la vérité

Le problème de la vérité et du salut sont à comprendre en référence à : « la ratio status »40(*), c'est-à-dire à la rationalité gouvernementale qui se repose sur l'art de gouverner. Dans ce sens, pour gouverner, il fallait être sage, c'est-à-dire être un homme juste et avoir une maîtrise de différentes formes de lois : « qu'il fallait connaître les lois, connaître les lois positives du pays, connaître les lois naturelles qui s'imposent à tous les hommes, connaître bien sûr les lois et les commandements de Dieu lui-même »41(*). En fait, le grand problème était de chercher comment avoir la prospérité et la richesse qui permettent que les hommes soient heureux.

Toutefois, avec la raison d'Etat que nous venons de voir ci-haut, le gouvernement commandé par la théorie de la raison d'Etat, le salut de l'individu devient problématique parce que le gouvernement ne cherchera que le bien commun. Or, l'individu qui est compté dans l'ensemble a parfois les besoins personnels qui peuvent pas être favorisés par le groupe, en ce moment l'individu se trouve bloqué, il ne peut plus avancer. C'est ainsi que, pour sortir de cet ensemble, l'individu passe parfois par les actes qui peuvent nuire le patriotisme et la paix de la population que Michel Foucault appelle : le coup d'Etat. Mais qu'est-ce ? La définition que Foucault donne du coup d'Etat, il le puise à Naudé, notamment dans son oeuvre `Considérations Politiques sur les coups d'Etats'où il estime que le coup d'Etat : « c'est d'abord un suspens, une mise en congé des lois et de la légalité... c'est ce qui excède le droit commun...  »42(*).

En clair, le coup d'Etat excède le droit commun parce qu'il ne respecte pas la loi publique, tout ce qui est commun est mis à côté. C'est dans ce sens que Michel Foucault pense que le coup d'Etat, c'est en vue de la nécessité d'Etat. Nécessité de l'Etat ici est à comprendre dans le sens où le coup d'Etat ne se produit pas au hasard ; c'est lorsqu'un individu constate que la raison d'Etat n'est plus d'application qu'il s'investit pour renverser le pouvoir en place en vue de rétablir l'ordre selon les normes de la raison d'Etat, même s'il arrive parfois que ce ne soit pas toujours ça comme raison fondamentale de tout coup d'Etat. C'est ce que Foucault appelle l'automanifestation de l'Etat.

II.3. La nécessité du coup d'Etat

La nécessité que préconise Foucault ici fait référence à l'intérêt de l'Etat comme indiqué ci-haut. Selon lui, l'Etat parfois oublie le service qu'il est appelé à rendre. Et lorsque cette nécessité advient, elle ne tient plus compte de règles établies, car elle recherche d'abord à remettre tout selon l'idée de la raison d'Etat. A ce sujet, Foucault fait observer ce qui suit en citant Naudé en ces termes : « la nécessité rend muettes les lois. La nécessité fait cesser tous les privilèges pour se faire obéir par tout le monde »43(*). Cette nécessité selon notre auteur, c'est le salut et la sécurité de l'Etat, en tant qu'organisation rationnelle et raisonnable qui cherche le bien commun. Cette nécessité comporte deux niveaux : « D'abord, il y a donc une nécessité de l'Etat qui est supérieure à la loi... C'est l'affirmation de la raison d'Etat qui affirme que l'Etat de tout façon doit être sauvé, quelles que soient les formes que l'on peut employer pour pouvoir le sauver »44(*). C'est à ce niveau, note Foucault, que la nécessité de l'Etat entre en contradiction avec elle-même car il semble que l'Etat en cherchant à maintenir sa souveraineté à tout prix, il peut lui arriver parfois de commettre les actes abominables dans le simple souci de se maintenir le plus longtemps possible et pour se sauver. Dans ce sens , cette nécessité de l'Etat met l'individu dans une situation conflictuelle avec lui-même et avec sa communauté parce que l'intérêt visé n'est plus celui de la communauté, mais simplement de l'Etat seul. Ce qui fait que l'individu est tenaillé entre d'une part, la morale vivante de sa communauté et d'autre part, l'imposition venant de la part d'Etat, où son individualité tombe évidemment face à son devoir de sauver l'Etat. La nécessité de l'Etat peut s'employer par le biais de plusieurs voies, mais la voie la plus connue qu'utilise l'individu pour la maintenance de la souveraineté c'est la violence. Car c'est grâce à elle que lorsqu'on observe de plus prêt une grande majorité de coup d'Etat dans l'histoire.

II.3.1. La notion de la violence

La violence est pour Michel Foucault un moyen le plus utilisé dans le coup d'Etat comme dit ci-haut, parce qu'elle est perçue comme très souvent le dernier rempart dans le sens où lorsque l'adversaire se voit entre la vie et la mort qu'il court vite à la violence pour se faire une légitime défense. C'est pour cette raison que Michel Foucault considère la violence comme un élément qui est au coeur même du coup d'Etat. car, elle est la nature même du coup d'Etat. Naudé l'affirme en ces termes : « il faut quelquefois s'en détourner dans les petites choses »45(*), ces petites choses dont il parle c'est la violence, il montre combien la violence peut nuire à la vie publique. Concrètement, pour lui,l'Etat est organisé de la façon qu'il doit respecter les mécanismes de la raison d'Etat mais une fois qu'il n'arrive pas à les respecter une crise violente entre en jeux, c'est la théorie de la violence qui renverse la vraie raison d'Etat. Il le dit en ces mots : « lorsque la nécessité l'exige, la raison d'Etat devient coup d'Etat et, en ce moment-là, elle est violente »46(*). Parce qu'il fait appel à l'obligation de « sacrifier, d'amputer, de faire du tort »47(*). Parce que dans le coup d'Etat, ce qui compte c'est la victoire qui est au centre. Mais malgré le bénéfice qu'il peut apporter dans la société, Foucault ne le considère que comme un théâtre.

II.3.2. Le théâtralité du coup d'Etat

Michel Foucault fait observer que le théâtre que comporte la théorie du coup d'Etat ne peut s'observer qu' à la façon même dont il se manifeste, car avec le coup d'Etat, les citoyens assistent à un spectacle inattendu, notamment la perturbation d'ordre public et d'Etat, à cause de sacrifice qui s'opère : la tuerie, la violence des lois, etc. En fait, au moment du coup d'Etat, la vraie raison d'Etat est mise à côté parce que l'Etat fait tout pour se reconnaître dans le sens que pour le maintien de sa souveraineté, il exerce ce que Michel Foucault appelle la violence non justifiée. Ce type de la violence, note-t-il, était fréquente au XVIIe siècle où l'Etat devait tout faire au nom de préserver la paix et la sécurité de la population et de lui-même. Ainsi, il pouvait utiliser les mécanismes qui ne garantissaient pas la vie parce qu'il devait tuer les perturbateurs du repos public et de l'Etat 48(*). Dans un tel contexte, l'Etat cherche avant tout que tout le monde soit soumis à ses ordres, c'est ce qui a provoqué des révoltes, désobéissances, etc.

II.4. Le problème de l'obéissance

L'obéissance est un élément très délicat dans la notion du coup d'Etat. Cependant, il est de notre intérêt de savoir pourquoi le peuple obéit-il à un Etat selon Michel Foucault. Mais Michel Foucault n'est pas le premier à se poser la question de l'obéissance.Signalons que déjà au XVe siècle Etienne de la Boétie se posait la même question  : « Pourquoi la plupart obéissent à un seul, non seulement lui obéissent mais le servent, non seulement le servent mais veulent le servir »49(*). Néanmoins, il sied de souligner que le problème de l'obéissance chez Michel Foucault ne va pas sans la notion du devoir, par exemple : « celui qui est dirigé doit accepter, doit obéir, à l'intérieur même de ce rapport individuel et parce que c'est un rapport individuel »50(*)Tout ceci par peur d'être brutalisé, maltraité, tuéetc. Mais il finit toujours que le peuple se révolte disait Bacon. Cet essai explique le contexte dans lequel on peut comprendre les révoltes et les séditions : « Il faut prendre les séditions comme une espèce des phénomènes, des phénomènes non pas tellement extraordinaires que tout à fait normal, naturel, en quelque sorte immanent même de la vie de la res publica, de la république ».51(*) Pour Michel Foucault, les séditions arrivent à des moments où l'on est confus, à des moments de troubles tant soit peu les caractéristiques. Il reconnaît que les séditions sont toujours provoquées par les situations qui dépassent l'entendement habituel.Mais cela n'empêche pas de s'en sortir. L'un des mécanismes qu'on peut utiliser, c'est de connaître leur nature et leur cause. Au sujet d'elle, Michel Foucault distingue deux sortes de causes, à savoir : les causes matérielles et les causes occasionnelles.

En ce qui concerne les causes matérielles, Foucault estime d'une part que c'est en fonction d'une indulgence exagérée dû à un manque, à la pauvreté. A ce sujet bacon suggère : « les rebellions qui viennent du ventre sont les plus pires de toutes ».52(*) D'autre part, en dehors du ventre, eh bien c'est le mécontentement sur quoi Bacon insiste.Mais, c'est en fonction du premier, le ventre que tout mécontentement trouve son origine. Et en ce qui concerne les causes occasionnelles, Foucault voit que : « c'est comme ces éléments enflammés qui viennent tombés sur une matière combustible».53(*) Ces causes sont d'origine diversifiée selon Bacon dont : un changement dans la religion, une modification dans la distribution des privilèges, un bouleversement dans les lois et les coutumes, un changement dans les différents régimes, etc.54(*). Mais la notion de raison d'Etat, avions-nous dit, n'est pas le seul principe à avoir pour parvenir à l'efficacité de l'Etat, il faut en deuxième lieu, penser également à la police.

II.5. La notion de la police

La police est pour Michel Foucault : « l'ensemble des lois et des règlements qui concernent l'intérieur d'un Etat, qui tendent à affirmer et à augmenter sa puissance, à faire un bon emploi de ses forces »55(*). Mais il y a lieu de garder présent à l'esprit quela police, comprise comme une certaine manière de faire croître au maximum les forces de l'Etat, tout en maintenant son bon ordre, se retrouve un lien étroit avec l'équilibre européen avant la première Guerre mondiale évoluant en la formation des Etats nations.Cet ensemble de lois et de règlements a beaucoup contribué à maintenir l'ordre et l'unité en Europe. C'est dans ce contexte que l'on peut facilement comprendre l'autre définition de la police qui dérive d'après le dictionnaire français du latin politia et du grec politeia, venant de « polis » qui signifie : la cité. La police désigne alors dans ce cas, l'ensemble de règles imposées aux citoyens pour parvenir à maintenir l'ordre et la sécurité dans la cité.56(*) L'auteur évoque la notion de cité ou de Polis, en s'inspirant de trois philosophes qui ont abordé cette notion déjà dans l'Antiquité : Héraclite, Platon et Aristote. La police historiquement parlant était considérée comme un élément très nécessaire dans la Grèce antique. Car, selon Michel Foucault : le premier objet de la Police, était la conservation de la vie naturelle. Et, pour les Grecs, la vie était la substance d'où dérivaient tous les autres biens qui font l'objet de la Police. Voilà pourquoi, le rôle que jouait la police était perçu comme un rôle de splendeur dans un Etat dans le sens où elle est appelée à veiller à la croissance des forces de l'Etat dans des conditions telles que l'ordre même de cet Etat en soit non seulement pas compromis, mais renforcé ; savoir contrôler et prendre en charge l'activité des hommes en tant que cette activité peut constituer un élément différentiel dans le développement des forces de l'Etat. Pour Michel Foucault, splendeur est à comprendre à la fois comme la beauté visible de l'ordre et l'éclat d'une force qui se manifeste et qui rayonne.

Voilà pourquoi, la cité ou la ville était pour les Grecs le principal lieu pour la police d'exercer sa mission. Michel Foucault énumère treize missions fondamentales de la police, à savoir : s'occuper de la religion, les moeurs, la santé et les subsistances, la tranquillité publique, le soin des bâtiments, des places et des chemins, les sciences et les arts libéraux, le commerce, les manufactures et les arts mécaniques, les domestiques et les manouvriers, le théâtre et le jeux, et enfin le soin et la discipline des pauvres, qui est considéré comme : « partie considérable du bien public 57(*). En effet, ces rubriques sont organisées en quatre principales missions. Delamare, selon Michel Foucault, regroupe ces treize rubriques selon un certain nombre de titres généraux, en suivant l'ordre fonctionnel plus général58(*). Cette ordre fonctionnel aide à ne pas confondre une mission à l'autre, car il les a classés selon les catégories classiques.

Le premier, c'est quand la Police s'occupe de la religion et des moeurs, son but dit Foucault dans ce cas, est d'assurer ce qu'il appelle la : « bonté de la vie »59(*). Le deuxième, ce quand elle s'occupe de la santé et des subsistances. Sa fonction à ce niveau, est la « conservation de la vie »60(*). Le troisième ce quand à la tranquillité, le soin des bâtiments, les sciences et les arts libéraux, le commerce, les manufactures et arts mécaniques, domestiques et manouvriers, tout ceci se réfère à la « commodité de la vie »61(*). Enfin, le quatrième est le théâtre et les jeux qui renvoie aux « agréments de la vie ». Et quant à la discipline et aux soins des pauvres, c'est : « une partie considérable du bien public »62(*). A ce niveau, la police est appeléeà venir traiter chacun selon son rang, mais beaucoup plus en aide aux plus vulnérables dans le seul but que la justice et la paix règnent dans la cité. Voilà pourquoi, Cathartine estime que: « la Police a besoin de règlements que de Lois »63(*). Cette clarification rend sa mission dès lors rationnelle et distincte de celle du pouvoir judiciaire. Autrement dit, ces règles doivent être au centre de la mission pour la police pour marquer la différence entre elle et le pouvoir judiciaire.

En outre, parlant de la police, Mabiala mentionne trois rubriques fonctionnelles principales : « lutte contre criminalité, maintien de la loi et de l'ordre public et contribution à la fonction de service social »64(*). C'est pour lutter contre toute antivaleur et chercher à donner le goût à la vie humaine. Le goût que la police ajoute à la vie, Foucault l'appelle le bien-être. Voici ce qu'il dit à ce propos : « Comme le disait Montchrétien dans son Traité de l'économie politique que non seulement il faut être, mais encore il faut « bien-être » »65(*). Ce bien-être dont il est question, l'auteur le dit clairement que la tâche première revient à l'Etat en communion avec la police de veiller, de contrôler et d'assurer ce bien-être à tout le monde.

Poursuivant sa réflexion, Michel Foucault utilise l'exemple du nom Urban pour designer la ville ou cité dans l'Etat moderne. Cette expression d'urbanisation, Foucault, à la suite de Domat, l' entend au fond comme le fait de faire du royaume, de faire du territoire tout entier une sorte de grande ville ou cité, de faire en sorte que le territoire soit ordonné comme une ville, sur le modèle d'une ville et aussi parfaitement qu'une ville66(*). Cette tâche selon Foucault revenait au physiocrate et les mercantilistes. Et le mercantilisme, d'après Foucault, est à considérer ici comme une technique et un calcul de renforcement de la puissance des Etats dans la compétition européenne pour le commerce, par le développement du commerce et par la vigueur nouvelle donnée aux relations commerciales67(*). De ce qui prévaut, on peut donc dire que l'intervention de l'Etat et du gouvernement est une intervention qui se veut orientée dans la matérialité du bien-être.Mais pour y parvenir il faut une certaine transformation de la raison d'Etat.

II.6. Les transformations de la raison d'État

Pour parler des transformations de la raison d'Etat, Michel Foucault aborde ici quatre principaux points. Les deux premiers sont des raisonnements épistémologiques du pouvoir politique dans le domaine de l'économie : c'est la transformation de la raison d'Etat en connaissance scientifique indispensable du gouvernement ; les deux points suivant sont une éthique du nouvel art de gouverner afin d'aider à parvenir à conserver l'Etat comme le démontre Platon dans La République, à une société de bonne conduite et rationnelle. La transformation de la raison d'Etat exprime la continuité et la domination de la raison. C'est après que la raison d'Etat a continué à dominer la pensée des économistes, qu'elle va se modifier en plusieurs ramifications. L'une de cette réalité Foucault l'appelle : la naturalité de la société en opposition avec l'artificialité politique.

En fait, il y avait, selon Michel Foucault, une rupture avec la vieille naturalité qui encadrait la pensée politique du Moyen Âge, caractérisée par la « non naturalité » et « l'artificialité absolue ». Mais comme le démontre Foucault, il y aura, avec la pensée économiste, une réunion avec la naturalité. Cette naturalité joue avec la hausse des prix jusqu'à un niveau ; de même, elle est attirée par les hauts salaires. Il ne s'agit donc pas d'une naturalité en lien avec l'ordre de la nature elle-même, mais plutôt avec la nature de la société civile, en lien avec ses activités et que l'Etat doit prendre en charge. Donc, une connaissance scientifique du gouvernement est indispensable. Mais qu'entend Michel Foucault par une connaissance scientifique indispensable du gouvernement ? Elle est, pour lui, une connaissance épistémologique pour un bon gouvernement et aussi en vue de parvenir à garantir le succès dudit gouvernement. Cette science, il faut le rappeler, peut se réclamer à la fois de sa pureté théorique qui va être l'économie, et de son modèle de décision gouvernemental. D'un autre côté, nous avons les deux seconds points qui impliquent la population et le gouvernement, surtout du point de vue des libertés et des conduites. L'Etat doit disponibiliser les moyens nécessaires pour le bien être de tout le monde ; l'Etat doit se reconnaître en tant que force et mère organisatrice de la loi.

La conclusion

En guise de conclusion, dans ce chapitre, il était question d'analyser la raison d'Etat selon Michel Foucault, la notion de la police et les transformations de la raison d'Etat. La raison d'Etat avons-nous dit, met beaucoup d'accent sur la souveraineté de l'Etat, sur la population et son territoire, la détermination du pouvoir politique dépend sur cette même raison d'Etat. Et, le point essentiel dans la raison d'Etat, c'est la souveraineté de l'Etat. Cependant, la souveraineté de l'Etat laisse entendre l'ensemble de mécanismes mis en place pour que l'Etat vive. La notion la police fait entendre la réglementation et la préservation de la paix à l'intérieur territorial. Enfin, les transformations de la raison d'Etat demandent de mettre au service la rationalité et le nouvel art de gouverner en vue de la souveraineté de l'Etat. Voilà en substance les trois principes capitaux qu'il faut, selon Foucault, mettre en place en vue de garantir l'efficacité de l'Etat dans sa quête permanente du bien-être de sa souveraineté, sa population et son territoire. Toutefois, quand et comment est-ce que la population peut se prendre en charge, lorsque l'Etat ne sait plus répondre à ses devoirs ? voilà l'objet de notre troisième et dernier chapitre.

CHAPITRE TROISIEME :

LA RELATION ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LA POPULATION

III.0. Introduction

La gouvernementalité politique des hommes que propose Foucault en comparaison avec le pouvoir pastoral en passant par les mécanismes de son effectivité qui sont la raison d'Etat, la police et les transformations de la raison d'Etat n'ont enfin de compte comme finalité que le bien-être de la population. Mais il arrive très souvent que bien que tous ces mécanismes soient mis en place, l'homme politique habité par la cupidité égocentrique, le souci intense de soi, se détourne de sa mission principale qui est, comme nous l'avons dit, de promouvoir le bien-être de la population. Voilà pourquoi, il faut qu'à un certain moment la population se prenne en charge pour revendiquer ses droits face à un gouvernement qui l'opprime. C'est ce que va tenter d'analyser ce chapitre en s'inspirant de Etienne de la Boétie. Cependant, quelques questions méritent d'être posées: quel rôle que la population peut jouer au regard d'un régime politique qui ne satisfait pas son bien-être? Comment fonctionne l'oppression ? Quels sont les mécanismes à mettre en pratique pour lutter contre un tel régime politique? Et comment dans un tel contexte aider la société civile à se maintenir autonome aussi longtemps qu'elle est surveillée et financée par le pouvoir en place ? C'est autour de ces questions que s'articuler ce chapitre. .

Notre objectif consiste ici à montrer les mécanismes de contraindre un régime politique à revenir à la raison lorsqu'il ne sait pas répondre adéquatement à sa mission principale qui est celui de promouvoir le bien-être de sa population. Le plan se présente de la manière que voici : le rôle de la population dans un régime politique ;

III.1. Le rôle de la population dans un régime politique

Dans la vraie raison d'Etat, ce qui compte, c'est le bien-être et la souveraineté de l'Etat. C'est dans ce contexte là qu'il convient de comprendre lorsqu'on dit que le contrat du pouvoir politique est signé en fonction de la faveur qu'il donne au de bien-être de tous. En effet, le peuple par sa liberté confie le pouvoir à celui qu'il veut, après avoir jugé bon les avantages qu'il espère avoir en retour. Cet exercice libre que la population pratique en tant que base de pouvoir politique et surtout dans un régime démocratique, lui donne le pouvoir de surveiller et de porter un regard toujours critique vis-à-vis de ce régime politique. Mais une telle attitude dubitative ne peut bien s'effectuer que dans un contexte où le peuple possède une liberté dans le sens où « une liberté sensée, est une liberté capable de franchir le seuil de l'institution, une liberté qui se coordonne avec des autres dans une institution »68(*). En clair, une véritable liberté est celle qui prenne sa responsabilité en main. Mais par quel moyen est-ce qu'on peut parvenir à réaliser le bien commun ?

L'un de moyen pour parvenir au bien commun peut être l'organisation massive. Il revient à l'Etat d'organiser la population car« l'Etat est l'organisation rationnelle et raisonnable (morale) de la communauté ; il ne peut lui être assigné d'autre but que celui de durer en tant qu'organisation consciente de la communauté historique dont il est l'organisation et qui est ce qu'elle est dans cette forme d'organisation »69(*). Cette tâche fait en sorte que l'Etat soit reconnu comme l'institution organisatrice et comme force qui a la capacité d'organiser la population pour atteindre le bien commun. Autrement dit, l'Etat est une institution organisatrice dans le sens de disposer des moyens qui permettent d'atteindre le vivre-ensemble pacifique et harmonieux. Car l'Etat comme force est capable à la fois de rassembler et de séparer ceux qui sont en faveur de sa souveraineté et ceux ne le sont pas, il le sépare. Selon Michel Foucault : « si effectivement les choses marches, pourront coexister les uns avec les autres selon un équilibre qui empêchera justement la domination de l'un sur les autres »70(*). C'est dans cette idée qu'il pense que l'Etat doit d'abord rechercher l'égalité de tous ; cette égalité qui doit être symbolisée par le bien commun. Mais il arrive très souvent que l'Etat oublie sa tâche organisatrice de la population, en ce moment la tâche revient à la population de se prendre en charge en vue de rappeler à l'Etat ce qu'il doit faire. Mais comment est-ce que l'Etat oublie sa mission ?

III.2. Les stratégies d'oppression

Ce qui anime tout l'entendement des mécanismes d'oppressions, c'est la quête de la liberté et du bonheur pour tous. Dans tout le cas, là où la liberté n'existe pas c'est qu'il y a la tyrannie. Mais par quelles voies les tyrans passent-ils au pouvoir ? Il y a trois voies :

-Soit par les élections dans le sens où ils utilisent tous les types de propos sophistiques ; les discours fallacieux très ravissant mais dépourvus de toute vérité authentique afin de gagner la confiance des peuples. Et après avoir gagné les élections, ils montrent leur vraie nature qu'est celle des dictateurs, de persécuteurs.

-Soit encore par la force, où ils se servent des armes pour ravir le pouvoir,

-Soit enfin par succession lorsqu'un tyran succède à un autre, loin d'être un libérateur des peuples, il vient davantage renforcer la misère de ces deniers. Mais comment s'opère cette oppression?

D'abord les pouvoirs politiques cherchent à isoler les hommes « afin de prévenir tout concert entre eux. Ils les empêchent de s'associer et même de se réunir, interdisant avec grand soin la communication naturelle des esprits par la parole soit orale, soit écrite »71(*). En outre, cette stratégie de la dispersion, il y a la corruption. Les pouvoirs politiques prennent souvent l'initiative de rendre mous leurs sujets, endormissent leurs esprits par des obstacles, des jeux, des fêtes pour leur ravir toute autorité de penser. Voilà pourquoi, pour Michel Foucault le théâtre et les jeux constituent: « l'agrément de la vie »72(*). Parce qu'il peut aussi servir comme la vraie manifestation de non-respect de la raison d'Etat et peut servir pour exprimer la misère vécue par un peuple. Et La Boétie d'écrire à ce sujet:« les théâtres, les chants populaires indiquent autant que les lois, et quelquefois mieux, sous quel genre de gouverner vit un pays, s'il est libre, ou s'il est esclave »73(*). Par ailleurs, avec la religion, les petites familles politiques s'en servent également pour endormir les esprits des citoyens. Cela se fait bien voir par la prolifération des églises, prônant ainsi la soumission absolue, l'amour et le dévouement aveugle aux autorités étatiques. Et là, les petites familles politiques profitent par l'occasion pour les affaiblir davantage. Ils font ainsi inculquer aux fidèles religieux un autre sens de la morale. Ces ignorants croyants, croient par contre que celui qui est choisi président d'un pays, il est inévitablement choisi par Dieu, et qu'une fois : « établi, quel qu'il fût et quoi qu'il fût »74(*), lui faire face, c'est résister contre la volonté de Dieu. C'est ce que Etienne de la Boétie considère comme une : « doctrine athée, dont l'inévitable effet est de conduire les peuples au dernier degré de l'abrutissement ou de l'impiété, et ordinairement de l'un et de l'autre »75(*).

Bref, pour La Boétie, « l'isolement, le silence, la corruption, une fausse idée du devoir religieux qui trompe et intimide la conscience, tels sont les principaux moyens qu'emploient les tyrans pour tenir les peuples sous leur sujétion »76(*). Enfin, ces despotes disposent des tous les moyens nécessaires pour leur protection et créent des lois sévères contre quiconque résistera à leurs décisions. Ces mécanismes impliquent, selon La Boétie, à une obéissance aveugle.

En effet, il importe de s'interroger : Pourquoi les gens obéissent-ils ? Pourquoi toute une nation peut se laisser dominer par un seul homme qui, par contre est le plus faible de tous ? Ces étonnements reviennent plus d'une fois et La Boétie ne cesse de s'inquiéter pour la cause des peuples asservis par les tyrans. A ce sujet, voici ce qu'il dit : « la soumission du plus grand nombre au plus petit, ce fait fondamental presque toute organisation sociale, n'a pas fini d'étonner tous ceux qui réfléchissent un peu »77(*). L'homme en tant qu'un être doué de raison, il n'est pas simplement un élément inséré dans la nature parmi tant d'autres, mais un tout complet et plus important, parce qu'ayant en lui l'intelligence, la foi et la volonté. Mais d'où vient l'idée que presque tous les peuples veulent se servir volontairement ? Pour La Boétie, la soumission des gens à la servitude de l'Etat ne relève pas d'un problème spirituel comme nous l'avons analysé ci-haut dans le gouvernement pastoral, mais biens d'une certaine contrainte imposée par des lois de la nature : « c'est quand sévit la mort que le miracle de l'obéissance éclate aux yeux »78(*). Mais pour Michel Foucault il faut défendre la société, rien ne sert à lorsque cette obéissance aboutit aux mêmes résultats. Pratiquement comment est-ce qu'il faut s'évader ce cet esclavage ?En effet, pour répondre à cette question, Platon faisait observer que la population doit partir de l'étonnement qui est en fait le point de départ de toute réflexion. S'étonner de ce qui est là, afin de faire la comparaison avec le passé lointain pour envisager un avenir meilleur. C'est dire qu'il suffit de regarder de près l'absurdité du mécanisme socio-politique et l'analyser pour en découvrir les subtilités et les affranchir. Normalement, si le peuple souffre, c'est parce qu'il appartient au nombre le plus faible. Car, « la faiblesse est du côté où on a faim, où s'épuise, où on supplie, où on tremble, non du côté où on vit bien, où on accorde des grâces, où on menace »79(*). Mais ce qui fait que la minorité reste toujours une force tandis que la majorité une faiblesse, c'est parce qu'il manque de la part de la majorité : la solidarité, l'unité dans le sens où lorsque les uns s'opposent, les autres se soumettent aux tyrans.

Toutefois, malgré la cruauté de la tyrannie, il existe tout de même quelques hommes de bonne foi dotés d'un esprit de vérité, de la transparence mais qui, pour la plupart des cas, n'ont jamais connu une fin meilleure à cause de la trahison qu'ils subissent. Car dans la tyrannie, le génie, l'amour, la sainteté sont pleinement reprochés  au point que :« quant à ceux qui veulent penser, aimer, et transposer en toute pureté dans l'action politique ce que leur inspire leur esprit et leur coeur, ils ne peuvent que périr égorgés, abandonnés même de leurs, flétris après leur mort par l'histoire»80(*). Sinon, il n'est pas du tout facile à un homme de bien de faire partir un système despotique sans jamais être corrompu d'avance. Mais pour que la population évite à se soumettre à la servitude par ignorance, il faut qu'elle assure qu'il ait l'égalité dans une société.

III.3. Les mécanismes de résistance

Très souvent ce qui contribue à la durée des Tyrans au pouvoir c'est leur force qu'ils imposent aux gens. La peur de la mort suscite le silence absolu, peu importe les souffrances dans lesquelles les citoyens sont soumises. Bien sûr que leurs sujets vivent dans la misère, dans la dégradation absolue, les tyrans se soucient mieux de leur pouvoir que du bien-être social. Ils ne veulent pas qu'on parle de la misère qui entrave la population, ils ne veulent pas que l'on s'oppose à leurs ordres, à leurs décisions, à leurs conspirations secrètes. Mais si tel est le cas, pourquoi continuer à obéir ? Car, il faudrait mieux vouloir mourir débout que de vivre à genoux. C'est-à-dire, mourir en sa pleine dignité que mourir sous la servitude. C'est ce qui fait cependant que la population décide de se révolter.

Ici, nous avons intérêt à considérer la révolution comme étant passage d'un régime politique despotique à un régime démocratique, voulu par tous et à l'intérêt de tous. Elle se veut une transformation de la manière de gouverner une société. La Boétie lui-même comme le témoigne Auguste Vermorel, constitue l'une des figures emblématiques de la révolution française du 1789. Au seul fait que sa pensée a beaucoup contribué au processus de la délibération de la France. Cette révolution avait en quelque sorte instaurée une nouvelle démarche socio-politique dans le monde entier au sens où « le monde, un instant mobile, allait reprendre sa marche majestueusement vers le progrès. Ce n'est pas à tort que l'on a appelé cette époque la Renaissance. Partout s'éveille la notion des droits de l'homme et de la pensée ; ladignité humaine, écrasée sous le despotisme, l'ignorance, se dresse »81(*). C'est dans cette dynamique que doit s'inscrire notre lutte pour la libération.

En clair, dans un régime d'oppression, il ne suffit pas d'implorer Dieu tous les jours pour que nous puissions atteindre son bonheur, mais plutôt conquérir ce bonheur chaque jour de son existence par la désobéissance à toute forme de contrainte. Il importe plus de manifester une indignation totale contre le despotisme, contre tous les pouvoirs monarchiques.La France qui était à cette époque (16et 17e siècle), marquée par les disputes du pouvoir, des conflits politiques, et dominée également par des guerres et les conflits entre le protestantisme et le catholicisme, il fallait nécessairement une idéologie évolutionniste.C'est à cause de tous ces évènements étourdissant qui avaient dépravé l'histoire de la nation que va naitre un mouvement d'action et de pensée pour but d'affranchissement et d'instauration de la liberté, l'égalité et la fraternité. Dans cette lutte, La Boétie reste à considérer comme l'un des ancêtres de la révolution française du 1789. C'est en fait l'icône de la liberté, de l'égalité, de la fraternité. Son discours reste en effet une arme par excellence contre toutes formes de gouvernements qui prônent l'oppression, la marginalisation, l'assujettissement des peuples82(*).

Quant à lui, de même que les bourreaux et les abrutis se complaisent dans leur ignorance, c'est de même que les citoyens se complaisent dans leur souffrance, dans leur misère. Cependant, la servitude d'un peuple dans un pays où règne la tyrannie, présente quelque chose d'étrange à concevoir. Obéir à la tyrannie c'est se faire complice de sa propre maltraitance. C'est encore une façon plus claire de faire perpétuer la tyrannie, car dit-il :« c'est avec le secours qu'on lui prête, avec l'argent, avec la force de chaque individu pris à part, qu'il les asservit tous. Lorsqu'un peuple a ainsi forgé ses propres chaînes, alors il se lamente dans sa bassesse et dans sa misère ; il voudrait se relever de sa dégradation, et il ne le peut plus. La rouille de l'esclavage a usé les ressorts de sa vie ; il se trémousse en vain sous les fers qui l'écrasent »83(*). Ces propos de La Boétie nous montrentle degré élevé du dédain qu'il a face à une nation qui n'est plus elle-même, mais conditionnée par un maître qui en jouit la propriété. Ces Tyrans, parce qu'ils jouissent de toute autorité suprême, de toute force, ils choisissent expressément parmi leurs sujets les hommes forts pour assurer leur sécurité. A ceux-ci, les tyrans ordonnent d'éliminer tous ceux qui s'opposent à leurs décisions, y compris même leurs frères, leurs soeurs, et leurs parents.Mais La Boétie ne cesse à inviter la population à la désobéissance civile, car celle-ci est une meilleure manière de combattre la tyrannie.

Certes, La Boétie n'a pas tort, mais ce qui nous paraît un peu drôle à l'esprit : comment peut-on désobéir sous les peines horribles, comment désobéir dans un cadre de vie où les droits et liberté de l'homme sont bafoués ? Comment désobéir dans un environnement où l'on tue sans avoir de compte à ne rendre à personne ? C'est juste à ce niveau que se situe notre aspect critique de ce discours. Est-il possible de parler de la servitude volontaire dans un cas d'oppression ? Bien que La Boétie demande une désobéissance qui soit civile, il n'est pas du tout facile de faire face lorsqu'on gémit dans la famine, lorsqu'on traîne dans la misère absolue. Raison pour laquelle, les âmes les moins fermes se laissent facilement corrompre par les tyrans. Cette désobéissance ne peut être possible que dans la mesure où il y a l'acceptation de la liberté d'expression. Elle est également possible autant que tout le monde consent à cette quête de la liberté. Et il faudrait encore l'initiative des hommes forts, intellectuellement et physiquement, car les peureux, les ignorants n'y peuvent rien.

La liberté est une de caractéristique véritable de l'égalité pour atteindre la base d'une vraie société, une société où les gens vivent dans la paix, dans la liberté. En dépit de la quête de la liberté des citoyens et de la justice dans la société, Foucault pense qu'on peut y arriver par le respect de la vraie raison d'Etat, et il y a en lui également ce désir d'instaurer l'égalité entre les hommes. Cette égalité, à notre humble avis est à saisir dans la perspective d'avoir les mêmes droits et devoirs dans la société. Et non pas que les uns soient considérés comme les maîtres et les autres comme esclaves. Mais sans ignorer la réalité de ce projet, qui semble difficile à atteindre. Parce que dans chaque société, la classe dirigeante est toujours considérée comme privilégiée de certains droits ou devoirs. Il y a aussi cette difficulté d'avoir un régime politique qui soit le meilleur des tous les autres. Cette même difficulté fait qu'il n'y ait pas une société, toute parfaite.

L'égalité dont prône La Boétie et Foucault, elle est native et naturelle dans le sens où tous étant les êtres humains, nous avons tous les mêmes droits et devoirs mais chacun a sa position. Bien-même dans la nature face des uns, serviteurs des autres, pour La Boétie, cela doit être compris en termes d'affection fraternelle. Et puisque nous sommes tous égaux les uns et les autres, cette égalité doit tenir en compte du poste de chacun. Cette idée se manifeste dans la nature a fait des uns les esclaves des êtres. Ce que La Boétie cherche ici, le remplacement d'un régime despotique par un régime démocratique où la partie gouvernante doit respecter la justice, la liberté et l'égalité sociales. Mais encore, la démocratie a aussi ses avantages et ses désavantages qui sont parfois redoutables. Si non, la politique n'a pas toujours été quelque chose de parfait. elle est : « le programme, la méthode d'action ou l'action elle-même d'un individu ou d'un groupe, concernant un problème ou la totalité des problèmes d'une collectivité »84(*), elle est toujours susceptible des défaillances, aussi longtemps que les idées ou les opinions au sein de ce groupe d'homme ne correspondent plus. C'est en ce moment que le peuple prête conscience de sa misère et se met à la recherche de la stabilité, l'égalité, liberté etc. Bref, il se met à rechercher le bonheur. La recherche du bonheur demande l'unité et la collaboration, mais, la population parfois manque les stratégies, face à cela il faut une institution pour assumer la responsabilitépour unifier la population, c'est la société civile.

III.4. Le rôle de la société civile dans un Etat d'oppression

La société civile a pour tâche d'éduquer la population sur ses droits, les mesures à prendre quand le gouvernement n'arrive pas à respecter ses droits et accompagner la population dans son application de droits. Bref, elle doit apprendre à la population sur ce veut dire être citoyen. Mais sa tâche éducative semble être problématique parce qu'elle est fondée sur un critère autonome. Notre intérêt est de savoir jusqu'où la société civile reste autonome surtout dans le continent qui est en voie du développement. Le premier aspect est basé sur l'infériorité de la société civile, il est vrai sans doute qu'elle assume une responsabilité suprême dans la vraie raison d'Etat, notamment, elle rappelle l'Etat sur le bien-être de la population mais malgré tout cet effort, elle reste toutefois médiatrice de la population à l'Etat. Ce qui fait qu'elle ne peut trop s'opposer à l'Etat. Le deuxième aspect se base sur la participation de l'Etat à la société civile. L'Etat participe directement ou indirectement au service que la société civile effectue, car à chaque retrouvaille publique de la société civile l'accord est donné par l'Etat selon les normes et parfois ses financements etsa sécurité viennent de l'Etat. Voilà pourquoi, la société civile est autonome dans le sens qu'elle est une vraie opposition du gouvernement politique en place. Elle s'oppose au non-respect des normes préétablies par l'Etat que Michel Foucault a appelé la raison d'Etat. La société civile est considérée comme une institution experte en matière des normes de l'Etat et des mécanismes d'oppressions qui empêchent la population à réaliser son plus grand bien. Cependant, elle est assigné le rôle d'éduquer la population.

Mais quelle type d'éducation peut-elle donner dans un pays despotique ? La société civile apprend à la population à prendre conscience de ses droits et devoirs, comme nous l'avons souligné ci-haut, elle enseigne ce qui veut dire être un bon citoyen et appelle la population à la responsabilité. Certes, « il est dans la nature de l'homme d'être libre et de vouloir l'être ; mais il prend facilement un autre pli, lorsque l'éducation le lui donne »85(*). Car, le but de cette éducation est que la population et l'Etat parviennent à l'entente parce que la révolution est très souvent l'oeuvre des érudits, des hommes bien instruits, ambitieux de la liberté, seuls sont ces hommes, civilisés, éveillés sont capables de faire face à un ordre social qui porte atteinte à l'humanité de l'homme.Mais quant aux ignorants, à ceux qui se contentent de la médiocrité, de la bassesse, ceux-ci ne se contentent que du manger et du boire, sans pourtant penser aux fondamentaux de leur existence et de la société toute entière. Quant aux souffrances qui les accablent, ils n'ont rien d'autres à faire que de s'y résigner. C'est en fait ce genre d'hommes que les tyrans en font souvent leurs véritables adorateurs. Ils font semblant de les aimer, mais en fond ce n'est qu'une façon de les endormir. Mais quant aux intellectuels, les tyrans cherchent la négociation, la collaboration de peur qu'ils ne soient dévoilés de leur méchanceté, de leur mauvaiseté devant tous. Pour éviter toutes sortes de solidarité entre les peuples, ils prennent l'initiative « d'empêcher les hommes de s'entretenir en des lieux, à des jours convenus, de leurs intérêts, de leurs voeux, de leurs espérances, de s'assembler même en nombre suffisant pour concerter une action commune, »86(*). Car, c'est en s'unissant que les hommes constituent une force. Mais lorsqu'ils séparés les uns des autres, il n'y a pas moyen de former une lutte commune, de communiquer les éléments de leur pensée qui peuvent aboutir au changement. Certainement, « lorsque chacun est sur ses gardes, lorsqu'aucune des ruses, aucun des pièges infâmes de l'espionnage n'est ignoré de personne, la police a beau jeter ses filets, elle n'en retire guère que quelques gens simples et quelques imprudents »87(*).

En outre, les tyrans peuvent contraindre les individus, mas jamais peuvent restreindre leur pensée, le pouvoir de leurs esprits. Il reste que dans sa nature, le despotisme cherche toujours à gouverner les hommes et leur liberté. Mais lorsqu'il lui semble difficile d'atteindre celle-ci, « il la poursuit dans son expression, dans sa manifestation extérieure, c'est-à-dire dans la parole et, là où elle existe, dans la presse, qui n'est que la parole dilatée et multipliée »88(*). Ce qui fait que lorsque la tyrannie rencontre les hommes éclairés par la lumière de la raison, elle cherche à affronter le courage de leurs convictions et à manipuler leurs opinions. Et lorsque le despotisme parvient jusqu'à étouffer la raison, cela excite presque tout le monde à la protestation, à la vengeance. Ainsi, les peuples se lèvent plus haut pour combattre corps à corps les tyrans jusqu'à les faire tomber au plus bas.

La conclusion

Ce chapitre avait pour but de scruter à fond la relation entre la population et le pouvoir gouvernemental qui, très souvent, n'est pas toujours à la hauteur de sa charge. Cette incompétence de la part de l'Etat appelle l'action de la population qui doit revendiquer sa liberté en passant par l'unité, la désobéissance civile, la quête de la stabilité et de l'efficacité. Mais la population ne peut bien mener combat de la lutte pour la liberté que lorsqu'elle maîtrise bien les mécanismes d'oppression établis par son oppresseur tels que montré par Etienne de la Boétie, à savoir : le chant, la danse, le théâtre, la boisson, la religion l'isolement, etc.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Notre travail avait comme titre :le pouvoir politique et ses mécanismes chez MichelFoucault.La tâche principale que nous somme assigné était de montrer de façon globale la conception foucaultienne de la gouvernementalité politique des hommes et ses mécanismes. Voilà pourquoi, pour mener à bon port notre investigation, nous avons articulé notre travail en trois chapitres :

Dans le premier chapitre, nous avons porté notre réflexion sur la gouvernementalité politique des hommes.Par-là, nous avons retenu que pour montrer en quoi consiste cette gouvernementalité dont il veut préconiser, Foucault a parcouru d'abord l`histoire pour voir comment les hommes étaient dirigés dans l'Empire romain, Chez les Grecs et plus précisément au Moyen Age. De cette relecture historique, Foucault a démontré comment, par exemple au moyen Age et en Grèce antique, les dieux ont dirigé en vue de servir d'exemple pour les dirigeants politiques qui, au vu et au su de tous, perdent facilement la bonne route à suivre lorsqu'ils sont aux commandes. Voilà pourquoi, Foucault a abouti à la conclusion selon laquelle la gouvernementalité politique des hommes pour être authentique et efficace, doit nécessairement faire référence au pastorat chrétien dans le sens où la référence à cette gouvernementalité prouve comment un chef à l'instar du bon berger  doit être capable de se sacrifier pour le profit de sa brebis. Et pour ce faire, il a aussi montré qu'on peut reconnaître un tel homme politique avant de gérer la chose publique notamment par sa façon de s'occuper d'abord de lui-même, de sa famille, ensuite des autres. Mais cet objectif de gérer les hommes politiquement en référence avec le pastorat chrétien, n'est possible que grâce à des mécanismes dont : la raison d'Etat. la police et les transformations de la raison d'Etat.

Dans la même perspective, le deuxième chapitre a fait l'objet d'une analyse systématique de la raison d'Etat, la police et les transformations de la raison d'Etat. La raison d'Etat avions-nous dit, met beaucoup d'accent sur la souveraineté de l'Etat, sur la population et son territoire. Et pour lui, avions-nous dit, la détermination du pouvoir politique dépend de cette raison d'Etat car c'est elle qui montre comment doit être gérée une cité. Cependant, la souveraineté de l'Etat laisse entendre l'ensemble de mécanismes mis en place pour que l'Etat vive. La notion la police fait entendre la réglementation et la préservation de la paix à l'intérieur territorial. Enfin, les transformations de la raison d'Etat demandent de mettre au service la rationalité et le nouvel art de gouverner en vue de la souveraineté de l'Etat. Bref, avions-nous dit, selon Foucault les trois principes capitaux qu'il fautmettre en place en vue de garantir l'efficacité de l'Etat dans sa quête permanente du bien-être de sa souveraineté, sa population et son territoire.

Au troisième et dernier chapitre, nous avons montré les mécanismes de résistance que la population peut mettre en place pour faire revenir à la raison un gouvernement qui ne promeut pas son bien-être, sa liberté par le biais de la désobéissance civile. Mais la population, avions-nous dit, ne peut bien mener ce combat de la lutte pour la liberté que lorsqu'elle maîtrise bien les mécanismes d'oppression établis par son oppresseur tels que montré par Etienne de la Boétie, à savoir : le chant, la danse, le théâtre, la boisson, la religion l'isolement, etc.

Au regard de ce qui précède, nous n'avons aucune prétention de déclarer ce travail parfait car nous somme conscient de nos insuffisances. C'est ainsi que nous restons ouvert à toute remarque et contribution pour l'amélioration de ce travail et la qualité de nos recherches postérieures. Toutefois, comment incorporer la raison d'Etat que Foucault préconise dans la médiocrité de la mauvaise gouvernance dans laquelle plusieurs Etats Africains baignent depuis plus de cinq décennies de souveraineté nationale ?

LA BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages de Michel Foucault

1. FOUCAULT, M.,Sécurité, Territoire, Population, Cours au collège de France, 1977-1978,Paris, Gallimard, 2004.

2. Ibid., Dits et écrits : 1954-1988. (Dir) Daniel Defert et François Ewald ; avec la collaboration de Jacques Lagrange. 4 vols. Paris, Gallimard, 1994.

3. Ibid., Surveiller et punir: naissance de la prison. Paris, Gallimard, 1975.

II. Ouvrages Sur Michel Foucault

0. GROS,F., «Michel Foucault » in Que-Sais- je? Paris, PUF, 1996.

1. BOULLANT, F., Michel Foucault et les prisons, Paris, Seuil, 1997.

III. Autres Ouvrages

1. DE LA BOETIE, E., Discours de la servitude volontaire, Paris, Flammarion, 1983.

2. MACHIAVEL, N., Le Prince, trad. Par Y. Levy, Paris, Flammarion, 1980.

3. LEDURE, Y.,Conscience religieuse et pouvoir politique,Paris, Editions du Centurion,1979.

4. WEIL. E., Philosophie Politique, 4è édition, Paris,J. Vrin, 1984.

5. MANTUBA NGOMA, M., Police et reconstruction nationale, Kinshasa, MEDIASPAUL, 1999.

6. RICOEUR, P.,`La philosophie et la politique devant la question de la liberté', dans la liberté et l'ordre social, Paris,Flammarion, 1984.

7. P. LEGENDRE, Le désir politique de dieu, Paris, Fayard, 2005.

8. R. ARON, Démocratie et totalitarisme, Paris,Gallimard, 1965.

IV. Dictionnaires

1.ROBERT. P., Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, Paris, PUF, 1994.

2.LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1972.

Table des matières

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Dédicace 2

Remerciements 3

INTRODUCTION GENERALE 4

0.1.Problématique. 4

0.2. Hypothèses 4

0.3. But et intérêt du travail 5

0.4. Méthode et plan du travail 5

CHAPITRE PREMIER : 7

LA GOUVERNEMENTALITE POLITIQUE DES HOMMES 7

I.1. DE L'IDEE DE GOUVERNEMENT PASTORAL AU POUVOIR POLITIQUE 7

I.2. L'histoire de la notion de gouvernement 10

I.3. Un art de gouverner les hommes 11

I.4. La notion de la conduite 16

I.5. La notion de l'État 18

La Conclusion 19

CHAPITRE  DEUXIEME : 20

LE POUVOIR ET SES MECANISMES 20

II.0. Introduction 20

II.1. La raison d'État 20

II.2. Le problème du salut et la vérité 22

II.3. La nécessité du coup d'Etat 23

II.3.1. La notion de la violence 24

II.3.2. Le théâtralité du coup d'Etat 24

II.4. Le problème de l'obéissance 25

II.5. La notion de la police 26

II.6. Les transformations de la raison d'État 28

La conclusion 29

CHAPITRE TROSIEME : 31

LA RELATION ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LA POPULATION 31

III.0. Introduction 31

III.1. Le rôle de la population dans un régime politique 31

III.2. Les stratégies d'oppression 32

III.3. Les mécanismes de résistance 35

III.4. Le rôle de la société civile dans un Etat d'oppression 38

La conclusion 40

CONCLUSION GÉNÉRALE 41

LA BIBLIOGRAPHIE 43

Table des matières 44

* 1Cf.Dictionnaire de philosophes, Presses Universitaires De France, 1984, 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris,pp.941-944.Michel Foucault est né en France, le 15 octobre 1926dans une famille bourgeoise. Du père Paul Foucault et de la maman Anne Malapert, à Poitiers(Fontainebleau),. Il va étudier au collège religieux Stanislas. En 1945, il participe au concours d'entrée à l'Ecole normale Superior, mais il échoua. Cet échec va le pousser à quitter Poitiers pour Paris pour s'inscrire au lycée la même année. Et c'est là qu'il aura envie d'étudier la philosophie.Son parcours philosophique sera beaucoup marqué par Nietzsche, Heidegger, Marx et Bachelard. En 1951, il obtient son agrégation de philosophie après deux tentatives de suicide. Il soutient sa thèse de doctorat dans « l'Histoire de la folie à l'âge classique » en 1961, et devient professeur de philosophie à Clermont-Ferrand en 1962. Foucault devint professeur au Collège de France en 1970. Il fonde le Groupe d'information sur les prisons afin d'améliorer leurs conditions. Foucault mourra le 25 juin 1984 à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, victime du sida.

* 2Cf.M. FOUCAULT, Sécurité, Territoire, Population, Paris, Gallimard, 1999, p.116.

* 3 M. FOUCAULT, Op. Cit., P.119.

* 4Ibid., p.168.

* 5M. FOUCAULT, Op. Cit., p.97.

* 6 N. MACHIAVEL, Le Prince, trad. Par Y. Levy, Paris, Flammarion, 1980, p.10, cité par Ibidem.

* 7M. FOUCAULT, Op. Cit., p.73.

* 8Ibid., p.208.

* 9 Y. LEDURE, Conscience religieuse et pouvoir politique, Paris, Editions du Centurion, 1979, p.17.

* 10A. LALANDE, Op. Cit., p.1991.

* 11 Cf. M. FOUCAULT, Op. Cit., p.73.

* 12Cf.M. FOUCAULT, Op. Cit., p.168.

* 13Ibid.,p.116.

* 14Ibid., p.93.

* 15Cf. M. FOUCAULT, Op. Cit., p.94.

* 16 Cf. Ibid., p.95.

* 17Ibid ., p.97.

* 18M. FOUCAULT, Op. Cit., p.97.

* 19 É. WEIL, Philosophie Politique, 4è édition, Paris, J. Vrin, 1984, p.148.

* 20M. FOUCAULT, Op. Cit., p.99.

* 21Ibidem.

* 22M. FOUCAULT, Op. Cit., pp. 99-100.

* 23 Cf, Ibid., p.117( note 29).

* 24Ibid. p.103.

* 25G. FREDERICK, «Michel Foucault » in Que-Sais- je? Paris, PUF, 1996, p. 197.

* 26 Ibid. p. 198.

* 27 Ibid, p. 110.

* 28 Ibid., p.200.

* 29Cf.M. FOUCAULT, Op. Cit., p.198.

* 30Ibid., p.200.

* 31M. FOUCAULT, Op. Cit., pp.94. 201.

* 32Ibidem.

* 33 M. FOUCAULT, Op. Cit., p.262

* 34 P. LEGENDRE, Le désir politique de dieu, Paris, Fayard, 2005, p.243.

* 35Cf. M. FOUCAULT, Op. Cit., p.263.

* 36Ibid., p.260.

* 37Ibid.,p.261.

* 38M. FOUCAULT. Op. Cit., p.262.

* 39Ibid., p.263.

* 40Ibid., p.264.

* 41Ibid, p.179.

* 42M. FOUCAULT. Op. Cit., p.267.

* 43Ibid., p.268.

* 44Ibidem.

* 45M. FOUCAULT, Op. Cit., p.269.

* 46Ibidem.

* 47Ibidem.

* 48Cf. M. FOUCAULT. Op. Cit., p.270.

* 49Ibid,. p.179.

* 50Ibid., p.178.

* 51Cf. BACON cité par Ibid., p.273.

* 52M. FOUCAULT, Op. Cit., p.274.

* 53Ibid., p.275.

* 54Ibidem.

* 55Ibid, p.335.

* 56P. ROBERT, Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, Paris, 1994. P. 1717.

* 57Cf. M. FOUCAULT, Op. Cit.., p. 342.

* 58Ibidem.

* 59Ibidem.

* 60Ibidem.

* 61Ibidem.

* 62M. FOUCAULT, Op. Cit., p. 342.

* 63Ibid.,p.348.

* 64 M. MANTUBA NGOMA, Police et reconstruction nationale, Kinshasa,MEDIASPAUL, 1999, p.11.

* 65 M. FOUCAULT, Op. Cit. p.342.

* 66Ibid.p.344.

* 67Ibidem.

* 68P. RICOEUR, La philosophie et la politique devant la question de la liberté, dans la liberté et l'ordre social, Paris, 1984, Seuil p.17.

* 69 E. WEIL., Philosophie politique, 4è éd., Paris, J. Vrin,1984, p.139.

* 70 M. FOUCAULT, Op., Cit., p.266.

* 71E. DE LA BOETIE, Discours de la servitude volontaire, Paris,1993, p.21.

* 72 M. FOUCAULT. Op, Cit, p.342.

* 73 E. DE LA BOÉTIE,Op. Cit., p.22.

* 74Ibid., p.23.

* 75E. DE LA BOETIE, Op, Cit., p.23.

* 76Ibid., p.23.

* 77Ibid,, p.87.

* 78Ibid., p.88.

* 79E. DE LA BOETIE, Op, Cit., p.90.

* 80Ibid., p.94.

* 81E. DE LA BOETIE, Op, Cit., p.60.

* 82Cf. Ibid., p.61.

* 83Ibid.,p.20.

* 84R. ARON, Démocratie et totalitarisme, Gallimard, Paris, 1965, p.24.

* 85E. DE LA BOETIE, Op, Cit., p.195.

* 86E. DE LA BOETIE, Op, Cit.,p.25.

* 87Ibid.,p.26.

* 88Ibid., p.27.






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