Section 2 : la politique étrangère de la
RDC
§1. Notion de la politique étrangère
Dans les relations internationales, la politique
étrangère constitue un pivot essentiel qui détermine les
interactions multiformes des acteurs de la scène internationale.
La politique étrangère est un lieu de perception
et d'orientation que les différents Etats comptent dans leurs relations
avec les autres acteurs internationaux.
C'est ainsi que le professeur YOKO YAKEMBE la définit
comme étant « un ensemble des objectifs essentiels, des principes
fondamentaux et de règles directrices de l'action de l'Etat de ses
frontières.38
Et, la diplomatie vient compléter cette politique
étrangère en ce qu'elle se charge de sa mise en oeuvre.
Ainsi entendue, la politique étrangère se
conçoit comme l'aspect législatif de la gestion des relations
extérieures d'un Etat.
Les déterminants de la politique
étrangère d'un Etat sont catégorisés en deux,
à savoir : les déterminants internes et les déterminants
externes par déterminants internes, nous avons :
- La géographie ;
- La démographie et - L'économie
Quant aux déterminants externes, nous retenons :
- Le système international et
- L'action des Etats partenaires
Les organes de la politique étrangère sont les
suivants :
- La présidence de la république
- Le gouvernement et
- L'assemblée nationale et le sénat
38 Yoko YAKEMBE, traité de droit diplomatique,
PUZ, Kinshasa, 1983 p14
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§2. Etude des politiques spécifiques de la RDC
dans une perspective des relations internationales contemporaines
La politique extérieure de la RDC peut-être
analysée dans une perspective historique, c'est-à-dire en se
référant à chacune des périodes qui a
caractérisé l'histoire de ce pays39.
Sur le plan des principes, il y en a trois qui
président aux relations de la RDC avec l'Afrique :
D'abord, le nationalisme, qui
postule pour la préservation de l'intérêt national
c'est-à-dire l'intégrité territoriale, la stabilité
des institutions, la protection de la population : à cet effet, les
diplomates Congolais doivent veiller à ce que les différents
aspects du nationalisme soient respectés dans les rapports avec
l'extérieur.
Ensuite, la vocation africaine est
consacrée par la constitution du zaïre, article 110 de 1978 et la
constitution de la RDC article 195 (de 2003-2006). Dans cette optique, la RDC
doit contribuer à la création des organisations internationales
africaines et à la résolution des conflits qui surgissent sur le
continent. De plus, la RDC a appliqué ces principes par sa participation
à différentes organisations internationales Africaines dont : la
CIRGL, la SADC, la CEEAC, l'UA etc.
Enfin, le bon voisinage : ce
principe se justifie par la situation géographique de la RDC qui a 9
Etats voisins dont elle doit tenir compte dans ses rapports avec
l'extérieur.
Durant, la deuxième république, ce principe
avait un contenu essentiellement politique et sécuritaire ; la survie de
la république étant étroitement liée à celle
de ses voisins.
A la révolution du 17 mai 1997, le président
Laurent-Désiré KABILA lui donnera un contenu commercial et
économique avec le désire de créer des organisations
internationales rassemblant tous les Etats de la région des grands
lacs.
Dans le cadre de la politique régionale, l'étude
de la politique extérieure de la RDC peut-être analysé au
moyen des concepts des cercles concentriques qui sont appréhendés
de diverses manières selon les auteurs :
39 LABANA LASSAY'ABAR, Relations extérieures de
la RDC, Cours, L1 RI, UNIKIN, FSSSPA, 2016-2017 pp.86-89
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- Léopold Sedar SENGHOR : a développé la
notion de cercle concentrique de développement. A cet effet, il
considère l'Afrique comme une zone dont
l'homogénéité peut se faire par intégration
culturelle, d'où la notion de la négritude ;
- Barthelemy BIKANDA : a parlé du principe
intégrateur de l'Afrique par les sous-régions ;
- Eden KODJO : structure son option autours du concept «
Pôle fédérateur », il analyse l'intégration de
l'Afrique par le biais de certains Etats considérés comme
pôles fédérateurs ; il s'agit de :
? La RDC pour l'Afrique centrale
? La RDC pour l'Afrique Australe
? La Nigéria pour l'Afrique de l'ouest.
Pour le cas de la RDC, l'analyse de sa politique
extérieure au moyen des cercles concentriques peut se présenter
de la manière suivante :
1. Le cercle A: zone de haute sensibilité.
Ce cercle comprendre les 9 pays voisins de la RDC. Ces Etats
constituent les enjeux vitaux pour cette dernière, ils sont en effet,
des voies de passages pour l'approvisionnement de la RDC, c'est par rapport
à cette dimension que le président MOBUTU mettra sur pied une
politique forte dans la région en alliant le Rwanda et le Burundi dans
le cadre de la CEPGL.
La guerre d'agression dont la RDC est victime depuis le 2
aout 1998 est venue confirmée cette configuration de zone de haute
sensibilité, car elle a amené la république à
s'ouvrir vers l'extérieur à partir de l'est.
2. Le cercle B : zone du rayonnement
régional. Cette zone comprend les Etats Africains non
compris dans la zone précédente, le rayonnement de la RDC
s'effectue au moyen de ses relations avec les autres Etats Africains et les
organisations internationales africaines.
Lors de la deuxième république, le zaïre a
joué un rôle important sur la scène Africaine en nombre de
contribution, il participa activement aux différentes rencontres
organisées au niveau régional et se présenta comme une
puissance sectorielle ou sous-régionale.
Le déclin de la diplomatie africaine de notre pays est
dû à la mauvaise affectation des diplomates et aux non paiements
des agents diplomatiques.
3. Le cercle C : zone d'ouverture au monde.
Ce cercle comprend les Etats hors d'Afrique. La RDC a
contribué au règlement de conflit entre les Etats aussi bien
des
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zones A et B que de la zone C. à cet effet la RDC a
été longtemps utilisée par les grandes puissances pour
stabiliser l'Afrique, Kinshasa acquis, dans cet ordre d'idée le statut
d'espace de convergence diplomatique.
§3. L'Histoire contemporaine de la diplomatie
congolaise Les 7 étapes de la diplomatie
congolaise sont :
1. De 1960-1965 : naissance de la diplomatie congolaise
2. De 1965-1990 : de l'apogée à la
déliquescence de la diplomatie congolaise ;
3. De 1990-1997 : la diplomatie en perte de vitesse
4. De 1997-2001 : diplomatie de guerre
5. De 2001-2002 : diplomatie d'ouverture
6. De 2003-2006 : diplomatie du partage de pouvoir
7. De 2006 à nos jours : diplomatie de la
troisième république.40
1. La genèse de la diplomatie congolaise du 30
juin 1960-24 novembre 1965
Avec la création du ministère des affaires
étrangères par M. Justin-Marie BOMBOKO LOKUMBA, la RDC s'est
dotée d'un appareil diplomatique à l'instar des pays
vétérans.
Il convient de noter ici que les premiers diplomates congolais
ont été choisis parmi les fonctionnaires de l'administration
coloniale ; incompétentes, la plupart de ces diplomates occasionnels ne
répondaient pas aux critères d'objectivité dans ce
contexte, la diplomatie congolaise aura du mal à faire entendre sa voix
dans la grande symphonie diplomatique internationale. D'où on a eu la
diplomatie de proximité qui consiste à être incapable de
défendre les intérêts sur la scène internationale ;
c'est un autre Etat qui intervient à sa place.
A cette époque, ce sont les Etats puissants qui
défendaient nos intérêts, en l'occurrence de la Belgique et
la France.
40 LABANA LASSAY'ABAR, op cit pp.18-24
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2. Du 24 novembre 1965-24 avril 1990 : De l'apogée
à la déliquescence
C'est la diplomatie directe et agissant avec grandeur. Cette
seconde période de la diplomatie congolaise marque le début d'une
nouvelle diplomatie qualifiée d'une diplomatie agissante et directe.
L'une des caractéristiques de cette période
c'est le tourisme diplomatique entrepris par le président MOBUTU. De
l'analyse de la fréquence de ces déplacements officiels, on peut
tirer beaucoup d'indications si l'on estime que de tels initiatives ne sont
jamais entreprises au hasard et qu'elles aboutissent aux discours à des
nouvelles dispositions, c'est la présence crédible de la
république du zaïre sur la scène internationale et c'est la
fin de l'isolement diplomatique.
Sur le plan diplomatique, la tenue du 5è
sommet de l'OUA à Kinshasa du 11 au 14 septembre 1967 et le discours
historique prononcé par le feu président MOBUTU le 04 septembre
1974 devant l'assemblée générale de l'ONU.
Ces deux événements constituent le succès
de la diplomatie congolaise et son retour sur la scène
internationale.
A cette époque, il y a eu :
- Des ambassades à motif stratégique : 11
missions diplomatiques (9 avec les pays limitrophes et les trois autres au
Tchad, en Lybie et en Israël) ;
- Des ambassades à visée économique :
établies en Amérique latine et en Europe ;
- Des ambassades à vocation multilatérale, ici,
se retrouvent les délégations permanentes de la République
du Zaïre auprès des organisations internationales comme l'OUA,
l'ONU etc.
- Des ambassades de la diplomatie classique : c sont celles
dues à l'accréditation multiples comme le cas des ambassades du
Brésil et de l'Argentine avec l'accréditation multiples et
juridictions dans les autres pays tels que le Chili, le Pérou et le
Mexique.
A partir de 1972, le nombre des missions diplomatiques du
Zaïre se présente de la manière suivante :
- 1972 : 45 ambassades, - 1977 : 52 ambassades ;
Cette période est caractérisée par la
diplomatie de terrain, l'ouverture au monde, rétablir les relations
diplomatiques avec les anciens alliés.
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- 1979 : 58 ambassades ; - 1980 : 54 ambassades ; - 1989 : 68
ambassades.
Compte tenu de ces nombres élevés des missions
diplomatiques, il s'est avéré que le budget alloué chaque
année était insuffisant et ne permettant pas de faire face aux
frais de fonctionnement et au salaire des diplomates en poste.
De ce qui précède, il se dégage que la
politique étrangère de la 2è république
s'est illustrée par un contraste d'un côté la grandeur et
de l'autre côté la carence des moyens nécessaires.
3. De 24 avril 1990-17 mai 1997 : La diplomatie en perte
de vitesse
Cette période est caractérisée par
l'isolement parce qu'il y a eu suspension de coopération avec les pays
occidentaux suite à la dictature du président du Zaïre qui a
entrainé des crises par les successions des gouvernements.
Pour les diplomates à cette époque ils se sont
sentis délaissés par les moyens financières,
délogés des appartements, c'est ainsi que le pays s'est
affaibli.
4. Du 17 mai 1997-26 janvier 2001 : La diplomatie de
guerre
Cette période est caractérisée par une
diplomatie offensive dont l'axe privilégie fut celui du sud.
Avec l'avènement de Joseph KABILA, la diplomatie
offensive va changer le contenu consistant à informer la
communauté internationale de la position de la RDC, le président
va rédiger une lettre auprès du Secrétaire
Général de l'ONU pour l'informer.
Le président Joseph KABILA a effectué 22 voyages
à l'étranger pour assister au sommet des chefs d'Etat et
convaincre les alliés à venir coopérer.
Par rapport aux missions diplomatiques, le président a
hérité de son père le système du salut public.
5. 26 janvier 2001-17 décembre 2002 : La
diplomatie de l'ouverture
Produit d'une confrontation entre grandes puissances
occidentales à la conférence de Berlin en 1885, la RDC fait face
aujourd'hui aux nouveaux enjeux
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Cette période va constituer le début de
l'initiative des missions diplomatiques les définir bien et les
réduire dans le sens de les doter les moyens conséquents aux
missions diplomatiques restreintes et stratégiques.
6. 30 juin 2003-6 décembre 2006 : La diplomatie du
partage de pouvoir Cette période est caractérisée
par :
- La signature de l'accord global et inclusif intervenu
à Sun City le 17 décembre 2002;
- La mise en place des institutions de la transition
démocratique effectuée le 30 juin 2003 consacrant le partage de
pouvoir occasionnel entre les composantes et les entités ayant pris part
au dialogue inter-congolais.
7. 2006-à nos jours : La diplomatie du
développement
Est définie comme un instrument de base pour le
développement de la RDC. C'est ainsi qu'il va initier :
- Les cinq chantiers
(eau-électricité-éducation-emploi-habitat)
- La révolution de la modernité : la continuation
de ces cinq chantiers
On a pris des mesures pour mettre en oeuvre les idées
définies en créant des structures par la restructuration
organique :
- L'élévation du ministère d'Etat
chargé des affaires étrangères et de la coopération
internationale ;
- L'institutionnalisation d'un ministère de
l'intégration régionale ;
- La création d'un vice-ministère des citoyens de
l'étranger ;
- La mise sur pied de l'académie de diplomatie
congolaise comme structure de réflexion sur la philosophie de la
politique étrangère du pays ;
- Au niveau des agents en poste conformément à
la constitution de la république, tenir compte des critères des
compétences dans la matière. Mais avant cela il faudrait
procéder au rappel de troupes diplomatiques
accréditées.
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