EPIGRAPHE
« Les guerres du XXIe siècle auront l'eau
pour
enjeu ».
Ismaël Serageldin.
II
DEDICACE
Faustin KYALA WA KABILA
Aux hommes de science et aux chercheurs Je vous dédie
ce travail.
III
AVANT-PROPOS
Ce mémoire sanctionne la fin de notre
deuxième cycle d'études universitaires en Sciences Sociales,
Politiques et Administratives dans le département des Relations
Internationales à l'université de Kolwezi. Il est de notre devoir
de remercier de tout coeur tous ceux de près ou de loin, moralement ou
matériellement ont contribué à notre formation et à
l'élaboration de ce travail.
Nous remercions en particulier le professeur ordinaire
Félicien MULAMBA MUBYABO NGELEKA qui nous a appris la rigueur de penser,
et qui, en dépit de ses multiples occupations a dignement accepté
de diriger ce travail.
A ce propos, nos remerciements s'adressent aussi à
l'assistant Richard KAWANGA WA SAMBA pour sa contribution et son sacrifice dans
l'élaboration de cette oeuvre scientifique.
Nous pensons également à l'université
de Kolwezi en général, aux autorités académiques,
spécialement à nos autorités décanales, aux
professeurs, chef des Travaux et assistants de la science sociales politiques
et administratives et plus particulièrement ceux des Relations
Internationales ; qu'ils trouvent à travers ce travail l'expression de
notre gratitude.
Nos remerciements affectueux et cordiaux d'adressent
à nos parents Faustin KABILA et Chantale NKULU pour leur contribution
énorme pendant notre formation scolaire et académique.
Nous remercions aussi nos oncles, tantes, frères et
soeurs, amis et connaissances : Eddy NGOY et son épouse Jeanne NGOY,
Danny KABILA, Jean KABILA, Doddy ILUNGA, Jefferson ILUNGA, Jeff ZUZE, Claude
KAVULA, la famille Jean BANZA, la famille MWAMBA ILUNGA etc...
IV
A nos compagnons de lutte : Bénédiction NGOY,
Carla MWENZE, Marlene LUKANGA, Chaty KON, Guellord KABAMBA, Accrache KAWAYA et
tous ceux dont leurs noms ne figurent pas à
l'énumération. Qu'ils trouvent ici l'expression de
notre gratitude.
Faustin KYALA WA KABILA
1
I. INTRODUCTION GENERALE
I.1.Explication du phénomène à
étudier
L'eau a marqué une rentrée remarquable sur la
scène internationale (dans la politique internationale des Etats) comme
un enjeu stratégique matière rare et irremplaçable, l'eau
a été la cause des plusieurs conflits au XXè
siècle. Et, d'après les experts, le monde se dirige vers des
conflits pour l'eau dans tous les niveaux nationaux, régionaux et
internationaux. Le siècle précédent a connu des tensions
de différents degrés et les zones qui connaissent un
déséquilibre hydraulique comme au nord et au sud de l'Afrique, au
Proche-Orient et en Amérique centrale.
D'après le géographe Américain Aron Wolf,
la seule vraie guerre de l'eau connue remonte à 4500 ans, il s'agit de
deux cités mésopotamiennes à propos de Tigre et de
l'Euphrate dans le sud de l'Irak actuel.
Il n'est donc pas surprenant d'assister à une
militarisation du vocabulaire à propos du statut de ce bien patrimonial
économique et social. D'où les formules : « la bouteille de
l'eau » ou « pour l'eau » l'eau « nouvel enjeu
stratégique mondial », la géopolitique, la
géostratégie de l'eau ou encore « l'hydro politique »,
« l'hydro diplomatie, « les hydro conflits »1
La rareté de l'eau en Afrique et la croissance de la
demande engendrent des crises inter communautaires. Nous assistons à la
sécheresse du lac Tchad qui, ayant poussé les pays du bassin du
lac Tchad à mettre en place une commission pour la négociation du
transfert de l'eau de la RD Congo vers le lac Tchad. C'est ainsi que nous
constatons l'hydro-hégémonie Congolaise face à
l'hydro-diplomatie des pays du lac. Tout d'abord, comment se présente
l'eau de la RD Congo sur le plan géopolitique ? Est-elle un mythe ou une
réalité ? C'est pourquoi notre sujet s'intitule : « la
géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou réalité
».
1 Yves JEAN-CLOS, L'eau, arme stratégique au
21ème siècle, Paris, Ed. Dalloz, p.29
2
I.2. Etat de la question
L'état de la question est entendu selon le professeur
WENU BECKER comme l'inventaire des publications existantes dans le domaine de
recherche concerné ayant des implications directes ou indirectes avec
l'objet d'étude.2
Cet inventaire oriente les chercheurs et lui permet de situer
la spécificité de son étude face aux travaux
antérieurement réalisés. Ceci l'aidera à recueillir
des informations générales utiles à sa recherche.
Par ailleurs, nous ne prétendons pas être le
premier à pouvoir parler de cette thématique si complexe. De ce
fait nous laisserons une brèche à d'autres chercheurs qui
l'auront abordé d'une manière ou d'une autre. C'est ainsi que
nous citons :
1. MOVA SAKANYI : dans son ouvrage « Congo : survie et
grandeur, pari d'une géopolitique et de la grandeur de la RDC. Par
ailleurs, l'auteur étudie un Congo plongé dans une situation des
conflits et crises récurrents, mettant en péril son existence
dans un contexte international en profondes mutation.
Cet état des choses fait constater l'auteur,
hypothèque par ricochet, la capacité de la RDC de se mouvoir sur
la scène internationale à défaut d'y jouer un quelconque
rôle positif.
De ce constat l'auteur préconise la reconquête
de la puissance de la RDC en vue de lui permettre d'affirmer sa place sur la
scène internationale
A ce propos, l'auteur fait allusion à
l'impératif des aménagements sur le plan interne auquel doit
procéder la RDC, dans le domaine politico-militaire, économique
et social.
Par rapport aux impératifs de l'environnement externe
notamment le droit international et la dette extérieure, le chercheur
envisage l'exigence d'un réalisme diplomatique.3
2. LABANA LASSAY' ABAR, dans son ouvrage intitulé
« l'intégration économique : problème et
perspectives, dresse un bilan significatif sur les organisations
internationales d'intégration économique africaine, et arrive au
constat selon lequel
2 WENU Becker, Recherche scientifique : théorie
et pratique, PUL connaissance, Lubumbashi 2016, p.22
3 MOVA SAKANYI, Congo : survie et grandeur, pari d'une
géopolitique nouvelle dans la mondialisation, Kinshasa, Ed. Safari,
2001
3
toutes ces organisations internationales n'ont pas
enregistré un progrès significatif dans les sens de leur
mission.
Face aux obstacles d'ordres politiques, l'auteur conseille la
présence de la volonté politique de la part des dirigeants
à la tête des différents Etats la stabilité des
régimes politiques et la sécurité de ces
Etats.4
3. YEZI PYANA FUMU, dans son ouvrage sur : la
géopolitique internationale du zaïre, dans l'étude, l'auteur
se sert des phénomènes géographiques pour aborder la
politique extérieure du zaïre (RDC). Il analyse en fait la question
de la politique internationale du zaïre, liée à la situation
géographique de son territoire, tant sur le plan national, africain que
mondial.
A ces 3 niveaux, l'auteur fait correspondre trois
idéologies politiques du zaïre, qui sont notamment le nationalisme,
le panafricanisme et l'universalisme.5
Pour nous, notre contribution sera focalisée sur les
stratégies que doivent prendre les autorités congolaises pour
faire en sorte que la géopolitique congolaise de l'eau ne soit pas
désormais un mythe mais au contraire une réalité.
I.3.Choix et intérêt du sujet
I.3.1.Le choix du sujet
Le choix d'un sujet de recherche ne se fait pas de
façon hasardeuse mais celui-ci est une préoccupation primordiale
car pour mener correctement les investigations, le chercheur doit avoir un
choix sûr et facile à travailler et ledit choix aura des
données claires en vu de faire comprendre les lecteurs.
La motivation au choix adopté à notre niveau
d'étude se justifie dans ce sens que ce sujet concorde avec la science
des relations internationales et que le phénomène de la
géopolitique congolaise de l'eau a attiré beaucoup plus notre
curiosité; par conséquent, nous voulons savoir si ce
phénomène est un mythe ou une réalité.
C'est ainsi que cette préoccupation a constitué
le thème même de notre champ d'investigation.
4 LABANA LASSAY' ABAR, L'intégration
économique : problèmes et perspectives, Lubumbashi, Ed, PUL,
1997
5 YEZI PYANA FUMU, La géopolitique
internationale du zaïre, Lubumbashi, Ed. Africa, 1979
4
I.3.2.Intérêt du sujet
L'intérêt de notre sujet est tricéphale
c'est-à-dire qu'il se situe à trois niveaux distincts à
savoir : intérêt subjectif, intérêt sociétal
et l'intérêt scientifique.
a)Intérêt subjectif :
l'intérêt subjectif appelé encore intérêt
individuel ou personnel se justifie au point que nous voulons nous enrichir
d'avantage en ce qui concerne la géopolitique en s'appuyant surtout sur
la géopolitique Congolaise de l'eau, ce qui cadre réellement avec
les théories apprises dans le domaine de la sciences des relations
internationales qui est le nôtre.
b) Intérêt sociétal :
dans cet optique, il sera question pour nous de montrer à la population
Congolaise l'importance de leur ressource naturelle en l'occurrence l'eau qui
se trouve sur l'étendue de leur territoire national ainsi que les
retombées du transfert de cette eau vers un autre territoire.
c)Intérêt scientifique : en ce
qui concerne l'intérêt scientifique, ce travail est une petite
pierre de construction au grand édifice qu'est la science des relations
internationales en constituant une documentation aux chercheurs futurs qui
seront intéressés de la thématique portant sur la
géopolitique Congolaise de l'eau.
I.4.Problematique et hypothèses du travail
I.4.1.Problématique
La problématique est définie comme l'expression
de la préoccupation majeure qui circonscrit de façon
précise et déterminée avec l'absolue clarté les
dimensions essentielles de l'objet d'étude que le chercheur se propose
de mener.6
Par ailleurs, BAECHLER affirme que « la
problématique en science n'est pas de trouver des réponses, mais
des questions, et de conduire les axes autour desquels viendront donner les
matériaux».7
La problématique, de ce fait, est constituée
d'une ou plusieurs questions que l'on se pose et qui pourront être
admises sans être affirmées.
6 WENU BECKER, op cit p.22
7 Jean BAECHLER, Les phénomènes
révolutionnaires, Paris, PUF, 1971 p024.
5
Ainsi donc, en observant le phénomène de l'eau
qui s'érige en enjeu géopolitique mettant en exergue l'espace et
la politique nationale d'un Etat, voire même la politique internationale
des Etats, l'eau de la RD Congo se présente sous ce cadre.
Voilà pourquoi notre question principale est
constituée de la manière suivante : ? La géopolitique
congolaise de l'eau est-elle un mythe ou une réalité ?
Pour nous quelques hypothèses nous semblent utiles pour
pouvoir répondre à
cette question.
I.4.2.Hypothèses du travail
L'hypothèse du travail est selon CAPLOW, un
énoncé d'une relation de cause à effet sous forme
affirmative permettant la vérification empirique. Elle est
déterminée à guider une recherche.8
Dans le même ordre d'idées, l'hypothèse
est entendue comme une ou plusieurs propositions qui ne sont que des simples
possibilités reformulées en guise des réponses provisoires
réservées aux préoccupations soulevées dans la
problématique.9
Des hypothèses sont des réponses provisoires qui
seront à la lumière de l'analyse, et à la fin de notre
recherche validées et invalidées car elles ne sont que des
propositions douteuses à vérifier.
En réponse à la question principale de notre
étude, il semblerait que la géopolitique Congolaise de l'eau est
un mythe dans la mesure où il n'y a pas une politique ou une
réglementation spécifique pour la gestion rationnelle de l'eau et
pour sa sauvegarde, d'où il aurait fallu attendre la sécheresse
du lac Tchad qui aurait amené les pays du bassin du lac Tchad à
pouvoir chercher par tous les moyens de faire le transfert de l'eau de la RD
Congo vers le bassin du lac Tchad. C'est ainsi que nous prendrons le cas du
président Tchadien Idriss DEBY ITNO qui aurait fait une
déclaration forte en disant que : « degré ou de force, nous
allons prendre l'eau de la RD Congo ». La commission aurait
été mise à la disposition pour suivre de loin ou de
près la situation hydrique en RD Congo et aussi entamer les
négociations avec les autorités congolaises.
8 Théodore CAPLOW, L'enquête
sociologique, 2ème édition, Armand Colin, Paris, 1971,
p.1.
9 WENU BECKER, op.cit. P.6
6
Signalons que suite à la déclaration du
président Idriss DEBY, la classe politique Congolaise (majorité,
opposition) et la société civile auraient été
réveillées de leur sommeil pour s'opposer et sauvegarder leur eau
non seulement pour les générations présentes, mais aussi
pour les générations futures, c'est à ce stade que la
géopolitique Congolaise de l'eau serait devenue une
réalité.
Les propositions argumentatives que nous venons
d'étaler prouveraient en suffisance que la géopolitique
Congolaise de l'eau est à la fois un mythe et une réalité.
C'est ainsi qu'à la fin de notre étude (travail) ces propositions
provisoires seront affirmées ou infirmées suivant les
véritables idées réelles que nous aurons à
trouver.
I.5.Objet d'étude
A cet ère de mondialisation tous les Etats tentent de
se rapprocher en vue de résoudre leurs problèmes auxquels ils
sont confrontés en commun ; par contre leur divergence se situe dans un
aspect où leurs intérêts poursuivis sont divergents voire
même contradictoires : c'est le cas des pays du bassin du lac Tchad
voulant faire le transfert de l'eau de la RD Congo vers le lac Tchad qui
connait une sécheresse intense et que la RD Congo par le biais de leurs
autorités en place ne sont pas d'accord.
De ce point de vue, l'objet d'étude que nous abordons
à notre analyse est de faire un examen critique susceptible
d'éveiller la conscience de la classe politique Congolaise et la
société civile à prendre des mesures rationnelles sur
l'eau se trouvant sur leur territoire et aussi faire une réglementation
empirique sur la gestion de leur eau.
I.6.Explication des variables
Une variable est un groupement d'attribution ou des
caractéristiques qui décrivent un phénomène
observable empiriquement.
Elle est donc un instrument de traduire des
énoncés contenant des concepts opératoires en des
énoncées possédant des références empiriques
plus précis de façon à permettre de vérifier
empiriquement des énoncés abstraits.10
10Cordon MAGE, Guide d'élaboration d'un projet
en sciences sociales , 4ème édition), university
toyel, Québec 2000 p.53-57
7
Il faut bien comprendre le rôle central joué par
la variable dans le processus de la recherche et savoir que cette variable peut
prendre des connotations différentes selon la place qu'elle occupe dans
l'arrangement logique de la relation supposée. Selon le cas il y a
plusieurs sortes des variables dont les plus communes sont les variables
dépendantes et variables indépendantes, à cela, nous y
ajoutons aussi les variables intermédiaires.
Notre sujet s'intitule : « la géopolitique
Congolaise de l'eau : mythe ou réalité », il sied pour nous
de montrer les variables.
1. Variable dépendante
Elle est une variable dont la valeur varie en fonction de
celle des autres c'est la partie de l'équation qui varie en fonction de
celle des autres. Dans le cadre de notre thématique, la variable
dépendante est « la géopolitique Congolaise».
2. Variable indépendante
Elle est une variable dont le changement de valeur influe sur
celui de la variable dépendante. Pour nous, notre sujet a pour variable
indépendante « l'eau »
3. Variable intermédiaire
C'est une variable qui est située dans une position
intermédiaire entre les variables indépendantes et les variables
dépendantes avec comme rôle d'apporter des précisions en
vue de fournir une explication complémentaire.
En ce qui nous concerne c'est « mythe ou
réalité » qui sont des variables
intermédiaires.
I.7.Theorie explicative de référence
Pour le dictionnaire LITTRE, la théorie est un «
rapport établi entre un fait général ou le moindre nombre
des faits généraux possibles et tous les faits particuliers qui
en dépendent ».
Une véritable théorie scientifique est le
produit d'une systématisation méthodologique d'un ou de plusieurs
phénomènes. Elle doit être clairement exprimée et
susceptible de vérification. C'est en cela qu'elle diffère des
dogmes, des opinions politiques et religieuses.
8
Ainsi donc, la théorie de la sécurité
en relations internationales nous semble la plus utile dans la mesure
où cette théorie se réfère à la
capacité d'un Etat (TCHAD par exemple) à poursuivre ses
intérêts nationaux tel qu'il les voit à n'importe quel
endroit du monde. C'est aussi la capacité d'un Etat (RDC par exemple)
à résister à toute agression
étrangère.11
I.8.La méthodologie de recherche
La méthodologie est un outil indispensable à
l'aboutissement heureux de toute recherche scientifique. Tout travail qui se
veut scientifique doit obéir à une certaine méthodologie
dans sa présentation des jugements et devra également
préciser les méthodes et les techniques auxquelles
l'investigateur a eu recours.
I.8.1.Méthode de recherche
Les sciences nous présentent une diversité des
méthodes qui nous permettent de façon concrète les
réalités des problèmes auxquels nous cherchons de les
approprier. Dans ce mesure où elle est le chemin, la procédure
à suivre pour atteindre l'objectif de l'analyse.
Roger PINTO et GRAWITZ Madeleine, estiment que la
méthode est l'ensemble d'opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie.12
Le mot « méthode » peut être aussi
utilisé dans le sens de « procédure particulière
appliquée à l'un ou l'autre des stades de la
recherche.13
Ainsi, notre démarche relève de la
méthode analytique qui nous permettra d'analyser la question de la
géopolitique Congolaise de l'eau pour arriver à conclure si
celle-ci est un mythe ou une réalité.
Dans la même perspective, cette méthode sera
assouplie en s'accompagnant de l'approche géopolitique des relations
internationales qui nous aidera à analyser les comportements et les
intentions des acteurs de la scène internationale impliqués dans
la
11 LABANA LASSAY'ABAR, Relations Internationales :
conceptions théoriques et pratiques, Ed. Africa, Lubumbashi, 2006,
p.84.
12 ROGER PINTO., et GRAWITZ MADELEINE.,
Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 1974, P.28
13 MULUMBATI, NGASHA, Introduction à la science
politique, Ed Africa, Kinshasa, Lubumbashi, 1977, p.70
9
question de la géopolitique Congolaise de l'eau et
aussi faire l'inscription territoriale de ces intentions.
I.8.2.Technique de recherche
SPENCER, définit les techniques comme des
procédés plus concrets et empiriques des instruments de mesure
des phénomènes sociaux servant à collecter les
données et leur dépouillement.14
Cependant, pour ce travail, nous allons utiliser la technique
documentaire qui celle-ci, nous permettra d'élargir nos horizons
scientifiques en consultant les documents écrits relatifs à notre
étude (notes des cours, ouvrages, revues, etc.) dans le même ordre
d'idées, par et à travers l'apport de l'intérêt, des
encyclopédies et documents à la bibliothèque et au
musée...
I.9.Delimitation du sujet
La délimitation de notre sujet se fera sur trois plans
à savoir : sur le plan temporel, sur le plan spatial et sur le plan
épistémologique.
I.9.1.Délimitation temporelle
La délimitation de notre travail va de l'année
2016, l'année à laquelle le président Tchadien Idriss Deby
fit une déclaration forte par rapport au refus des autorités
congolaises de transfert leur eau vers le lac Tchad, jusqu'à nos jours
(2019).
I.9.2.Délimitation spatiale
Cette délimitation prend en compte l'espace
géographique qui couvre l'Afrique centrale d'un pays membre de l'union
africaine de la CEEAC et la SADEC à savoir, la république
démocratique du Congo.
I.9.3.Délimitation épistémologique
Sur le plan épistémologique, notre sujet
relève de la science des Relations Internationales dans son domaine de
la politique Internationale et surtout la géopolitique de l'eau.
14 Herbert SPENCER, De l'Education intellectuelle,
morale et physique, Paris, PUF, 1996, p.22.
10
I.10.Plan sommaire
Outre l'introduction et la conclusion générales,
notre travail est subdivisé en deux parties comportant quatre chapitres
; chacun comportera les sections et les paragraphes :
La première partie intitulé cadre pratique aura
deux chapitres
- Le premier est consacré sur la notion de la
géopolitique en Relations Internationales - Le deuxième quant
à lui, sera axé la géopolitique congolaise
La deuxième partie traitera du cadre d'étude aura
aussi deux chapitres (le 3è et le 4è du
travail)
- Le troisième traitera sur la question de l'eau dans le
monde
- Le quatrième et le dernier fera l'objet même de
notre travail et il est énoncé de la manière suivante :
« la géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou
réalité ».
11
PREMIERE PARTIE : CADRE PRATIQUE Introduction de la
première partie
La première partie de notre travail va s?articuler sur les
deux premiers chapitres
à savoir :
- La notion de la géopolitique en Relations
Internationales. A travers celui-ci, nous traiterons de : la notion de la
géopolitique, la géographie et la politique, les
différentes pensées géopolitiques, la géopolitique
et la guerre qui est la géostratégie, la géopolitique et
mondialisation qui est à son tour la géo économie, et
enfin la géopolitique et les organisations internationales
appelée autrement la Macro-géopolitique.
- La question de la géopolitique congolaise à
son tour, qui est consacrée comme le deuxième chapitre va
à traiter de la géographie congolaise, la politique
étrangère congolaise et la RDC face aux nouveaux enjeux
géopolitiques.
12
CHAPITRE I : NOTION DE GEOPOLITIQUE EN RELATIONS
INTERNATIONALES
Introduction du premier chapitre
Dans ce chapitre, il sera question pour nous de
décortiquer les points suivants : la notion et aspect
définitionnel de la géopolitique, la géographie et la
politique, les différentes pensées de la géopolitique,
géopolitique et guerres : géostratégie,
géopolitique et mondialisation géo économie et enfin la
géopolitique et organisations internationales.
Section 1 : Notion et aspect définitionnel de la
géopolitique
Cette section sera abordée sur deux points principaux
à savoir : la notion de la géopolitique et son aspect
définitionnel.
§1.Notion de la géopolitique
La géopolitique comme science, comme idéologie
appartient à une époque révolue, celle du darwinisme
social, des affrontements impérieux planétaires :
rivalités entre l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Allemagne, le japon, la
France, bras de fer américano-soviétique.
Il reste que tout fait politique a une dimension
géographique ou plutôt géo-historique. Aucun
problème politique n'est compréhensible si ses composantes
géographiques et historiques ne sont pas examinées.
Voici le temps des géopolitiques :15
- Géopolitique des Etats
- Micro-géopolitique des régions, des ethnies, des
villes et
- Macro-géopolitique des organisations continentales et
mondiales.
Par conséquent, pour mieux analyser la scène
internationale afin de comprendre les relations qui s'y nouent et les conflits
qui s'y déroulent, il faut acquérir un réflexe
cartographique, en d'autres termes il n'y a pas de géopolitique sans
carte.
15 Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la
géopolitique, Ed. Le seuil, Paris, 2005 p.228-229
13
Ceci étant, il est nécessaire de définir la
géopolitique : voilà ce qui nous amène au deuxième
paragraphe.
§2.Aspect définitionnel de la
géopolitique
Le terme géopolitique est polysémique : cela veut
dire qu'elle admet plusieurs définitions c'est un terme composé
de deux mots à savoir : la géographie et la politique.
Pour l'appréhender avant de la définir, nous nous
efforcerons de définir d'abord ces deux concepts qui sont la
géographie et la politique.
1. Le vocable « géographie »
Le terme géographie est aussi polysémique comme
tant d'autres, pour l'appréhender, nous nous sommes basés aux
définitions des 4 traditions qui ont marqué l'action et la
réflexion des géographes du monde entier, il s'agit
de16 :
1. La earth science tradition
Où la géographie est considérée
comme une science des paysages naturels qui a pour objet l'étude de la
distribution d'objets concrets à la surface de la terre.
2. La manland tradition
Où la géographie est considérée
comme une science écologique ayant pour objet l'étude des
relations entre l'homme et son milieu.
Elle devient ici une science mixte faisant la synthèse
entre les sciences naturelles et les sciences sociales. C'est le point de
rencontre entre la géographie et la sociologie.
3. La area studies tradition
Où la géographie devient une science
mathématique qui a pour objet la description des éléments
constitutifs de l'espace dans une perspective d'intégration.
4. La spatial tradition
Où la géographie devient comme une discipline
scientifique et mathématique qui a pour objet l'analyse de l'espace
à partir de ses composantes géométriques.
16 ASSUMANI SALIMINI, cours de géographie
économique et humaine, G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015 pp.5-6 inédit
17 MWAMBA SINONDA, Introduction à la science
politique, cours destiné aux étudiants de G1 SPA/RI, UNIKOL,
2015, p.4
14
Ces quatre traditions ont en commun l'espace comme objet
essentiel de leur analyse. Par là, nous pouvons admettre que la
géographie est l'étude de l'espace.
La géographie ainsi définie, nous abordons le
terme « Politique » 2. le vocable «
Politique »
Notons aussi que ce terme est aussi polysémique que
celui que nous venons d'aborder (la géographie).
Au sens étymologique, le terme « Politique »
vient du grec polis » qui signifie la « cité
». en ce sens ce mot désigne les affaires de la cité «
(par opposition des affaires privées) : par extension, c'est l'art de
gérer la cité ou le gouvernement de la cité. Pour les
spécialistes de la science politique le terme « politique »
diffère selon ce que ce mot est utilisée au féminin (avec
« la » et « une ») et au masculin17 :
Au féminin
- La politique (Politic's selon les
anglo-saxons) désigne la vie politique, l'espace virtuel (arène,
scène) où s'affrontent les individus et les groupes en
compétition pour la conquête et l'exercice du pouvoir ».
Selon Max WEBER, la politique est un « ensemble des
efforts que l'on fait en vue de participer au pouvoir ou d'influer sur la
répartition du pouvoir.
Autrement dit, la politique semble concerner toutes les
activités des individus ou des groupes qui cherchent à
conquérir le pouvoir politique, à l'exercer ou à avoir de
l'influence sur ceux qui l'exercent.
- Une « Politique
» (policy en anglais) est une activité
délibérée de l'Etat dans un domaine particulier, ou un
programme d'action mise en place par une institution pour atteindre des
objectifs donnés.
Exemple : une politique sociale de l'Etat, une politique
économique de Kamoto Copper Company (KCC).
Au masculin
- Le politique (polity en anglais)
renvoie au phénomène multiforme de régulation des conflits
d'intérêts.
15
Il est un espace social dominé par les conflits
d'intérêts régulés par un pouvoir qui dispose d'un
monopole de coercition légitime.18
Le politique désigne aussi la personne qui fait la
politique.
La géographie et la politique ainsi définies,
nous allons définir directement le terme « géopolitique
»
3. Le vocable « géopolitique »
Le concept « géopolitique » a
été mis à jour ou encore créé par le
suédois Rudolf Kjellen. Celui-ci n'était dans son esprit qu'un
élément d'un ensemble plus vaste destiné à analyser
la politique sous tous ses aspects.19
Selon le petit Robert, la géopolitique c'est
l'étude des rapports entre les données naturelles de la
géographie et la politique des Etats.20
De part cette définition, la géopolitique
devient donc l'étude des rapports entre l'espace et la politique.
Entant qu'étude des rapports entre l'espace et la
politique, la géopolitique vise à élucider deux questions
majeures à savoir :
1) En quoi les données spatiales affectent-elles la
politique des Etats ?
2) Comment l'autorité politique sert-elle de l'espace
?
Pour COLLIN Gray, la géopolitique étudie la
relation qui s'établit entre la puissance, la politique internationale
et le cadre géographique.21
Ici, la puissance est la capacité d'un Etat à
exercer son autorité sur le plan internationale en tenant compte de son
cadre géographique.
Selon Rudolf Kjellen (fondateur du concept géopolitique
en 1900) : la géopolitique est une science de l'Etat comme organisme
géographique tel qu'il se traduit dans l'espace.22
18 BRAUD, PHILIPPE, Introduction à la science
politique, Ed. Le seuil, Paris p19
19 NGOIE MBAYO, La géopolitique à
l'ère de la mondialisation t du printemps arabe, Ed. Africa Lubumbashi
2005, p.5
20 Dictionnaire le petit Robert, Paris, Ed. 2005,
p.138
21 COLLIN GRAY cité par NOEL MWANDA, la
géopolitique de la RDC, comme Etat de l'intégration dans la
région des grands lacs africains, mémoire de DEA, UNILU 2016 pp36
inédit
16
Bref, partant de cette définition, la
géopolitique devient une des cinq branches de la science politique qui
sont :
1) La démopolitique ou anthropolitique : la science
qui étudie l'Etat entant qu'organisation de sa masse humaine
(démographie)
2) L'éco politique : étudie de l'Etat par
rapport à son économie nationale et extérieure
3) La sociopolitique : étudie le rapport entre l'Etat
et la société
4) La cratopolitique : étudie l'Etat par rapport
à ses moyens d'actions (le pouvoir).
En tant que science la géopolitique est née au
tournant du 19è et du 20è siècle. Toutefois, elle va subir
une désaffectation à partir de 1945 à cause des faits
ci-après :
- Sa connivence avec le projet Hitlérien avec son
concept « espace vital »
- L'existence de l'ordre bipolaire qui fera que les deux super
puissances vont fonder leur affrontement sur l'empêchement de l'expansion
spatiale de l'une ou de l'autre : d'où son succès fut
abaissé.
La géopolitique est à la fois une théorie et
une méthode 3.1. La geopolitique comme
theorie
Pour Banyaku Luape Epotu, de l'université de Kinshasa
(UNIKIN), les théories géopolitiques sont essentiellement
axées sur les analyses et les modèles de conceptualisation de
l'espace politique mise en exergue depuis plus d'un
siècle.23
Le plus grand effort théorique de la
géopolitique consiste à élever les analyses de l'espace
politique au-delà des descriptions, des stratégies et
pensées.
3.2. La geopolitique comme methode
La première démarche lorsque l'on est face
à un élément international, est de l'analyser entant que
phénomène, c'est-à-dire de l'appréhender comme
porteur d'un concept d'intentionnalité.
22 NGOIE MBAYO, op cit P.8
23 BANYAKU LUAPE, « avis et
considérations sur l'introduction dans le programme des nouveaux
curricula en rapport avec les études sur la paix » communication
faite : Kinshasa, 2014
17
Par « intention », on entend un « réseau
hiérarchisé d'attitudes obéissant à une logique de
réalisation des ambitions ou d'atténuation des menaces
existantes.24
Schématiquement, toute posture géopolitique se
ramène soit à une volonté de réaliser des
ambitions, soit une volonté de contrer une menace.
En tant que méthode, la géopolitique est
définie par François THUAL comme une méthode explicative
et compréhensive de la complexité des faits
internationaux.25
Elle procède par 3 étapes :
1) L'analyse des intentions des acteurs de la scène
internationale ;
2) La procédure de la mise en perspective dans des
interactions et des comportements des acteurs ;
3) L'inscription territoire de ces intentions et comportements
des acteurs.
Il existe aussi des concepts connexes à la
géopolitique ; il s'agit de la géostratégie et la
géo économie.
3.3. Concepts connexes
Avant de les définir notons qu'en relations
internationales, les Etats entretiennent deux types des relations qui sont :
1) Les relations conflictuelles (c'est le domaine de la
géostratégie)
2) Les relations positives ou pacifiques (le domaine de la
géoéconomie)
A) la géostratégie : c'est la
politique stratégique (militaire) d'un Etat en tenant compte des
données géographiques ;
B) La géo économie : c'est la
politique économique d'un Etat en tenant compte des données
géographiques.26
La géopolitique ainsi définie, nous abordons la
deuxième section qui porte sur la géographie et la politique.
24 NGOIE MBAYO, op cit. p7
25 François THUAL, « apprendre à
déchiffrer l'actualité » in ellipses, IRIS, 1996, pp.26
26 Noel MWANDA, op.cit., p.36 inédit
18
Section 2 : La géographie et la politique
En tant qu'acteur de sa politique, l'Etat
considéré comme unité politique doit son existence et son
identité entre autre à un support géographique
appelé territoire. Ce dernier détermine l'espace
géographique au sein duquel tout Etat exerce sa politique entant que
souveraineté : ceci revient à dire que l'espace
géographique serait en facteur des relations internationales
c'est-à-dire un ensemble des données géographiques qui
influencent les acteurs de la scène internationale dans leur
comportement. Par ailleurs l'espace est délimité par une
frontière qui en donne les limites.
§1. L'espace comme facteur des RI
L'analyse géopolitique telle que pratique met l'accent
particulier sur les données géographiques c'est-à-dire sur
la relation entre l'espace et la puissance des Etats.27
Cette espace est à comprendre sous ses 3 aspects
notamment : la dimension, la configuration et la position des Etats.
A) La dimension des Etats
Lorsque nous observons la société
internationale, il se dégage des faits que celle-ci est composée
des Etats ayant des tailles différentes. Nous avons d'une part des Etats
continents (RDC, chine, Russie, USA, Brésil, Algérie...) et
d'autre part, il y a des micros Etats (le Rwanda, Sao tomé &
principe, la Belgique, Luxembourg...) cette réalité constitue un
défis permanente à la règle sacro-sainte de
l'égalité souveraine entre Etats.
Ceci étant, la règle de l'égalité
des Etats n'est valable que dans le contexte du droit international et se
traduit au niveau de l'ONU au sein de l'assemblée générale
où chaque Etat à une voix.
Par contre sur le plan de fait, il n'existe pas une
égalité entre Etats d'autant plus que chaque Etat qui participe
à la vie internationale joue un rôle selon sa puissance, et cette
puissance des Etats est due en partie de leur taille ou à leur
dimension.
27 Jean ANCEL, Géographie des
frontières, Ed. de la grâce, Paris, 1938, pp.27-28
L'origine du mot « frontière » vient de
« front », un terme militaire, qui désigne la zone de contact
avec une armée ennemie.
19
B) La configuration des Etats
Par rapport à la configuration de leur espace les Etats
ont des données géographiques très variables de par leur
qualité et leur quantité. Ces données géographiques
variables influent également sur la puissance des Etats, c'est notamment
:
La climatologie : les Etats ont des climats très
variés et cette variété des climats détermine ou
encore favorise le développement des activités humaines. C'est
ainsi par exemple que le climat tempéré est favorable aux
activités humaines contrairement au climat torride.
C) La position des Etats
Les RI c'est-à-dire les rôles que jouent les
Etats sur la scène internationale sont largement affectées par la
place qu'ils occupent sur la carte du monde.
Ceci étant, il existe donc des positions
occupées par les Etats qui ont une valeur politique, et cette valeur
politique de la position dépend du voisinage c'est-à-dire de la
contigüité entre espace.
Toutefois, cette contigüité géographique
peut être profitable lorsqu'elle engendre les relations de
coopération ou de solidarité internationale, tout comme elle peut
être désavantageuse lorsqu'elle devient la source de conflit.
Il existe 3 grandes positions géographiques
stratégiques occupées par les Etats sur la carte du monde :
1) L'accès à la mer : c'est le cas de la Libye et
la Tunisie ayant l'accès à la mer méditerranée.
2) Le contrôle des voies de passage : c'est le cas du
canal de suez contrôlé par l'Egypte et le cap de bonne
espérance contrôlé par l'Afrique du Sud
3) La position insulaire : ici, c'est le cas de l'Angleterre
qui avait échappé à l'invasion Hitlérienne suite
à sa position insulaire et aussi le cas du Madagascar qui n'a jamais
été attaqué par d'autres pays.
§2.La frontière terrestre
20
Cette ligne sinueuse et fluctuante évolue en fonction
des rapports de force en présence. A partir du XVIIè
siècle, la frontière devient progressivement une ligne
bornée, limité entre deux Etats28
Dans sa conception général, la frontière
est comprise comme une limite, c'est une limite qui sépare deux Etats,
par conséquent, elle revêt les caractéristiques
ci-après :
1) La limite est intentionnelle c'est-à-dire volontaire
;
2) La limite est créatrice d'un ordre spatial et temporel
;
3) La limite est fondatrice de la différence ;
4) La limite structure un territoire.
Ceci étant, entant que limite, la frontière est
à la fois exclusive et inclusive :
- Dans sa dimension exclusive : la frontière est un
mur, une barrière, un cloisonnement, une séparation, tandis que
;
- Dans sa conception inclusive : la frontière permet de
rassembler, d'élargir les espaces d'influence.
Ainsi donc, une frontière peut-être soit une
barrière soit frontière.
Selon BERTRAND BADIE, il existe un type des frontières
dites virtuelles qui échappent à la volonté des Etats.
La frontière caractérisée en tant que
limite remplit quatre fonctions suivantes :
1) La fonction de traduction : elle est la traduction de la
volonté, l'intention, le pouvoir de la société c'est
pourquoi toute frontière se réfute à des limites ayant des
repères soit naturels soit artificiels ;
2) La fonction de régulation c'est-à-dire elle
cherche un certain ordre, d'une certaine harmonie en délimitant un
territoire ;
3) La fonction de différenciation : ici, elle marque
la différence, l'identité ;
4) La fonction de relation : qui consiste à unir les
Etats.
Ceci étant, la frontière étant un
construit, elle peut changer tout en précisant l'espace qu'elle
délimite.
28 MBAYO NGOIE, op cit, p40
La question de la géographie et de la politique ainsi
abordée et réalisée, nous entamons maintenant celle des
différentes pensées et doctrines de la géopolitique.
21
Du point de vue géopolitique, le changement des
frontières relève d'une étude particulière
appelée HOROLOGIE, celle-ci en d'autres termes est une branche de la
géopolitique qui étudie les changements de frontières.
1. La frontière face au système politique
contemporain
L'ordre de la seconde guerre mondiale a fait que la
frontière soit tangible, immuable, d'où le principe sacrosaint
adopté par tous les Etats : celui de l'intangibilité des
frontières.
Par ailleurs, la période de l'après-guerre
froide a vu se développer une homogenèse sur le continent
européen mais aussi en Afrique, lequel changement des frontières
a eu à influencer sur la reconfiguration de certaines zones
géographiques.
2. De la frontière zone à la
frontière ligne
La notion de la frontière a évolué dans
le temps en partant de la frontière zone vers la frontière ligne
ou la frontière linéaire actuelle ; une frontière zone
consistait à déterminer une pionnière (une zone
d'influence)
3. Un monde sans frontière
L'idée d'un monde sans frontière date de
très longtemps. Au 18è siècle, par exemple, il s'est
développé en chine une vision géopolitique du monde
considérant l'empire chinois comme le seul maitre du monde,
l'idée traduite par l'absence du ministère des affaires
étrangères.
Cette vision va se manifester par la prolifération des
mouvements qui prônent le sans frontiérisme. C'est le cas des
médecins sans frontières (MSF)
Malgré cette vision, la réalité des
choses attestent que le monde contemporain n'est pas sans frontière mais
tout simplement cette frontière ne doit pas être
considérée comme un espace obstacle à une action dans la
mesure où la frontière elle-même est artificielle.
22
Section 3. Les différentes pensées et
doctrines de la géopolitique
Les différentes pensées doctrinales de la
géopolitique sont regroupées selon l'ordre chronologique à
savoir :
- Celle d'avant 1945 et - Celle d'après 1945.
La première période d'avant 1945 concerne les
pensées des auteurs marquants que nous pouvons appelés des
précurseurs de la géopolitique.
La deuxième période est celle de la
réapparition de l'importance de la géopolitique
représentant la pensée contemporaine ou la pensée actuelle
après la scission de 1989.29
§1. La pensée géopolitique avant
1945
Il s'agit des pensées émises par les
précurseurs de la géopolitique notamment FRIEDRICH RATZEL, RUDOLF
KJELLEN et ALFRED TAYER MAHAN, mais de ceux qui sont considérés
comme classique tels que : HALFORD MACKINDER, NICOLAS SPYGMAN et KARL
HAUSHOFER.
Les pensées de ces différents auteurs sont
regroupées en différentes écoles telles que nous le
propose d'AYMERIC CHAUFRADE ; il y a :
- L'école Allemande ;
- L'école anglo-saxonne et - L'école
Française
1. L'école allemande de Geopolitik
Cette école met l'accent sur le paradigme de la
puissance continentale. Elle est représentée par FRIEDRICH
RATZEL, RUDOLF KJELLEN et KARL HAUSHOFER
29 Noel MWANDA, op cit pp16-30
Ce sont ces sept lois Ratzeliennes qui justifient
théoriquement la vision de l'Etat allemand de devenir une puissance
mondiale, et ces idées seront instrumentalisées par
23
a. La pensée géopolitique de Friedrich
RATZEL (1844-1904)
Professeur de géographie à l'université
Leipzig en 1882, puis à Munich, Ratzel développe une
géopolitique engageant la réalisation d'une grande Europe
dominée par l'Allemagne.
Pendant cette période, l'Allemagne va chercher à
s'unir autour de la Prusse à l'exception de l'Autriche laissant ainsi
une thèse d'une Allemagne inachevée sous le règne de
BISMARCK.
En 1888, Guillaume II devenant empereur va nourrir la
politique de WELTPOLITIK c'est-à-dire la politique mondiale, la
constitution d'un empire germanique puissant doté d'une flotte
puissante. C'est dans cette idée de WELTPOLITIK que Ratzel va
dégager sa pensée considérant l'Etat comme un organisme
lié au sol duquel sa survie dépendrait.
De cette vision organiste, DARWIN fera l'analogie à
l'idée d'un espace nourricier qu'il a appelé « ESPACE VITAL
» qui puisse permettre à l'Allemagne d'être à la fois
un Etat puissant et un Etat en expansion parce que cet espace vital n'est pas
statique, il est obligé de s'étendre suivant l'espace. C'est
ainsi que partant de cela Ratzel y dégage sept lois :
1) L'explication loi de l'expansion spatiale des Etats :
c'est la loi de l'avancement de la culture ;
2) La loi du développement ;
3) La loi de la fusion -absorption : les Etats grands gagent
les petits en les absorbant (le gros mange le petit) ;
4) La loi de l'évolution des frontières ;
5) La loi de la complémentarité ;
6) La loi dite « les petits attirent les gros »
;
7) La loi de l'assimilation des nations.
Ce sont ces idées de Ratzel qui vont permettre d'avoir
le goût de la géographie dans la politique de leur pays.
24
l'empereur Guillaume II possédant une forte puissance
Allemande dès 1911, laquelle flotte va lui faciliter sa conquête
coloniale et occasionner la première guerre mondiale de 1974-1918.
b. La pensée géopolitique de Rudolf
Kjellen
Le concept « géopolitique « forgé par
R KJELLEN sera inscrit dans le champ académique de la science
politique.
Le professeur suédois KJELLEN va dégager cinq
lois propres à la géopolitique en tant que discipline
scientifique.
1) La loi du recouvrement par l'Etat de ses propres forces ;
2) La loi de l'existence des parties vitales de l'Etat et des
acteurs de trafic ;
3) La loi de l'individualisation géographique de l'Etat
;
4) La loi du besoin d'expansion vers les mers.
5) La loi de la tendance de l'autarcie (sentiment de se
renfermer sur soi-même).30
c. La pensée géopolitique de KARL HAUSHOFER
(1869-1949)
Le général bavarois Karl Haushofer est le
principal disciple de Ratzel et il va développer et vulgariser la
théorie de celui-ci ; sa pensée est celle qui a plus servi
à l'idéologie Hitlérienne, et celle-ci se résume en
3 idées forces à savoir :
- Le deutsctum : l'idée de la communauté des
civilisations ; - Le lebensraum : l'espace de déploiement ;
- Le pan-ideem : le panisme.
Pour Haushofer, afin de permettre à l'Allemagne
d'éviter le dikta de Versailles, ce pays avait le choix entre son
déclin ou la restauration de sa puissance mondiale. Dans ce contexte,
Haushofer, va préconiser que l'Allemagne redevienne une puissance
mondiale à condition qu'il ait un leadership ambitieux que
représentait Adolf Hitler.
Ainsi donc, pour y parvenir, l'Allemagne devait
procéder par le deutsctum c'est-à-dire par la communauté
des civilisations à travers les alliances ; par l'occupation de l'espace
de déploiement qui est l'espace vital « la mer »c'est
lebensraum, et enfin par le pan-ideem qui est l'expansion du pangermanisme.
30 Rudolf KJELLEN, l'Etat comme forme de vie, Berlin,
1916, p43
25
De ces trois idées de K. HAUSHOFER, il va se
dégager le fait que le monde devait-être composé d'un
nombre d'Etats très restreints et chacun avec une zone d'influence. Il
va subdiviser le monde en quatre zones ci-après :
1) L'Eurafrique sous la puissance de l'Allemagne ;
2) Asie du sud-est sous la puissance du japon ;
3) Panrussie sous la puissance de l'URSS ;
4) Panamérique sous la puissance des Etats-Unis
d'Amérique.
2. L'école Anglo-saxonne
Représentée par Halford MACKINDER, NICOLAS
SPYGMAN et ALFRED MAHAN, cette école prône la puissance
maritime.
a. Les pensées d'Halford MACKINDER
L'Amiral britannique MACKINDER, qui fut professeur à
OXFORD puis à la London School of économics and Political
science, et le fondateur de la géographie classique, celle opposant la
terre à la mer. Autrement dit, il est le père fondateur de la
pensée géopolitique classique dans la mesure où il fut le
premier à mener une étude sur les rapports entre l'espace et la
puissance mondiale.
Sa théorie est appelée le Heartland : pivot du
monde ou pivot stratégique (coeur
du monde)
Par cette théorie MACKINDER considère que
l'ensemble des phénomènes géopolitique pouvaient
s'expliquer à travers la lutte opposant le pivot aux croissants
concentriques qui l'entourent.
La pensée de MACKINDER est née dans le contexte
où le Royaume-Uni connaissait l'apogée de sa puissance mais aussi
de l'autre côté, la Russie à l'époque des Tsars
devenait de plus en plus puissante s'élançant à la
conquête d'un immense territoire allant de la Sibérie pour
atteindre le pacifique. C'est dans cette rivalité entre le Royaume-Uni
comme puissance maritime et la Russie comme puissance continentale (de la
terre) que Halford MACKINDER va envisager la possibilité pour le
Royaume-Uni de dominer le monde. Ainsi sa pensée sera
résumée dans ce maxime suivant « ...qui domine le Heartland
commande l'Ile-monde, qui domine l'Ile-monde commande le monde »
26
b. Les pensées géopolitique d'Alfred TAYER
MAHAN
L'amiral américain MAHAN construit une
géopolitique destinée à justifier l'expansionnisme mondial
des Etats-Unis d'Amérique à une époque où le monde
est encore dominé par la grande puissance maritime (Sea
power).31
Mahan est convaincu que les Etats-Unis, puissance industrielle
contrôlant les Amériques, peuvent en imitant la stratégie
maritime qui fut celle de l'Angleterre à partir du XVIè
siècle, obtenu la domination mondiale grâce à la maitrise
des mers.
La réflexion de cet auteur prône la doctrine de
l'interventionnisme américain contrairement à la doctrine MONROE
(l'Amérique aux américains).
3. L'Ecole française
La géopolitique de l'école française est
qualifiée de géopolitique de défaite pour des raisons que
voici :
1) La France était une nation ancienne qui n'avait pas
des problèmes de territoires ;
2) Le congrès de vienne de 1815 n'a pas du tout
déposséder la France de ses nouveaux territoires conquis lors de
la conquête Napoléonienne ;
3) Malgré la perte de l'ALSACE-LORRAINE la France ne
s'est pas sentie très gênée ;
4) La France a été la victime principale de la
géopolitique de l'Allemagne cela lui a donné le
dégoût.
En dépit de toutes ces raisons, il convient d'illustrer
certaines pensées émises par des français politiques et
scientifiques : général DEGAULLE, Jacques ANCEL, André
CHERADAME, Vidal de la Blache
- Parlant du général DEGAULLE : son appel
à ses alliés par rapport à l'occupation allemande
intégrait l'aspect géographique de la France et de ses colonies
;
- Quant à Jacques ANCEL : est partisan de l'idée
des frontières artificielles et non naturelles ;
- André CHERADAME : fut défenseur de
l'unité entre l'Autriche et l'Hongrie et c'est lui le concepteur de la
théorie fondatrice de la triple entente réunissant (la France,
les USA, la Russie et l'Angleterre) ;
31 NGOIE MBAYO, op cit p.112
Selon Y LACOSTE « la géographie ça sert
d'abord à faire la guerre ». De cette formule nous pouvons
déduire trois interprétations suivantes :
27
- Enfin pour VIDAL de la Blache considérée comme
grand géopoliticien de la France et l'initiateur de la
géopolitique de possible à travers l'expression de « vouloir
vivre en commun ».
§2. La pensée géopolitique après
1945
Les transformations qui vont s'opérer sur la
scène internationale vont contribuer à modérer les
rapports entre l'espace et la politique ou encore entre la politique et la
puissance des Etats. Il s'agit des transformations suivantes :
1) Le changement du monde par rapport à la
hiérarchie des Etats et par rapport à la
décolonisation;
2) L'évolution des techniques avec l'ère
nucléaire ;
3) La revisitation de l'importation de l'espace.
Toute fois en 1977, en cherchant à expliquer
l'antagonisme idéologique entre le capitalisme et le communisme dans une
nouvelle donne nucléaire Collin GRAY va essayer de recourir à la
géopolitique pour expliquer ces phénomènes.
Quelques années plus tard, Yves LACOSTE va initier une
revue dénommée « HERODOTE » dans laquelle seront
traitées les questions de géostratégie, idéologie
et géographie en 1983.
Par ailleurs, la géopolitique d'après 1945 a
été plus marquée par les pensées de 2 auteurs
américains à savoir :
- Samuel HUNTINGTON avec son ouvrage intitulé « le
choc des civilisations ; - ZBIGNIEW BRZEZINSKI dans son ouvrage intitulé
« le grand échiquier ».
Les pensées géopolitiques de ces 2 auteurs
avaient comme objectif de tirer des leçons de la fin de la guerre froide
et du statut d'unique super puissance américain.
Section 4 : La géopolitique et guerres :
Géostratégie
28
1) La géographie est une contrainte cela veut dire que
parce que la guerre se fait dans un espace géographique, cette
dernière doit-être apprécie en terme quantitatif et
qualitatif dans toute stratégie militaire ;
2) La géographie est un atout, ceci implique que
l'espace devient un terrain de déploiement et de manoeuvre ;
3) La géographie est un enjeu.
Par-là, nous verrons le rôle qu'a joué la
géopolitique dans les deux guerres mondiales, dans l'antagonisme
est-ouest et dans les conflits du sud.32
§1.Géopolitique et les 2 guerres mondiales
Nous distinguons la première et la seconde guerre
mondiales :
1. la 1ère guerre mondiale (1914-1918)
A la 1ère guerre mondiale, l'espace
géographique a été tenu en compte dans les
différents raisonnements politico-stratégiques ainsi que dans la
définition des enjeux géopolitique des pays belligérants.
Tout comme cette géographie a été à la base des
différents traités de paix.
A) L'espace dans le raisonnement
politico-stratégique
Le climat qui a précédé la
première guerre mondiale était caractérisé par
l'obsession de l'espace. Cette obsession était aussi tentée par
les idéologies de l'époque (cfr le pangermanisme de Ratzel). En
d'autres termes, les Etats Européens ou la philosophie politique des
Etats européens était celle fondée sur le Darwinisme
social comme idéologie de leur puissance ainsi donc, nous passons aux
préoccupations géopolitiques des principaux
belligérants.
B) Les préoccupations géopolitique des
principaux belligérants
La 1ère guerre mondiale a connu comme
principaux belligérants l'Allemagne, l'Autriche, l'Angleterre, la
France, les USA et la Russie ; chacun cherchant à faire la politique de
sa géographie dans une vision cohérente et permanente.
- Pour l'Allemagne : ses préoccupations
géopolitiques étaient fondées sur sa vision du monde,
celle du pangermanisme qui consistait à occuper l'espace de l'Europe
32 Philippe MOREAU DEFARGES, opcit pp.132-150
29
occidentale qui lui serait avantageux tant sur le plan
économique que sur le plan stratégique.
- Quant à l'Autriche-Hongrie : sa vision
géopolitique était fondée sur le principe dynastique du
fait que cet Etat est un conglomérat des peuples. C'est dans ce contexte
en tant que protectrice de la diversité des nations (Autriche et
Hongrie) que cet Etat va se lancer dans la 1ère guerre
mondiale avec comme objectif de réunir ou sauvegarder les espaces
habités par les différents peuples qui les composaient afin de
garantir sa survie.
- Pour l'Angleterre, forte de sa suprématie
économique et financière ce pays s'est engagé dans la
1ère guerre mondiale pour préserver l'esprit de
libre-échange, l'ouverture des marchés et de la vision mondiale
du travail.
- Par rapport à la France, consciente de sa faiblesse
démographique et de ses insuffisances industrielles, la vision
géopolitique de ce pays était fondée sur la
récupération de l'ALSACE-LORRAINE.
- Les USA par contre, longtemps vécus dans la doctrine
MONROE ; les USA vont s'impliquer dans la première guerre à la
suite du danger qui guettait la Grande-Bretagne et aussi fort de sa puissance
économique et industrielle de l'époque avaient comme objectif de
sauver leur entente avec les nations européennes menacées par
l'hégémonie germanique.
- La Russie enfin, ayant connu la première
révolution avortée de 1905, la Russie voulait à l'interne
se débarrasser du régime Tsarienne au profit du communisme
socialiste.
Ceci étant la vision géopolitique de la
révolution russe était celle d'unir les peuples slaves, de
l'Europe et de la Russie qui était menacée par la force
germanique. En plus, forte de sa puissance économique, la Russie voulait
étendre son influence vers l'Extrême-Orient.
L'ambition géopolitique des belligérants
étant connue, il sied pour nous de démontrer les
incohérences géopolitiques des traités de paix.
C) les incohérences géopolitique des
traités de paix
La guerre ayant pour objectif la paix, celle de 1914-1918
avait également pour finalité la paix dictée par les
puissances occidentales afin d'établir un nouveau paysage
géopolitique européen.
30
En d'autres termes, la première guerre mondiale a
amené les belligérants à dessiner la nouvelle cartographie
géopolitique de l'Europe occidentale sur le fond de la paix et de la
sécurité entre les nations et les peuples. Pour atteindre cette
vision post-conflit, la période de 1919 à 1930 sera
marquée par la signature des traités ayant pour finalité
la paix et la sécurité : c'est notamment le traité de
VERSAILLES qui créa la société des nations (SDN). C'est
aussi la cas du pacte BRIAND -KELLOG qui proclama la guerre comme un moyen
illicite et aussi l'acte général d'arbitrage qui mettra à
la disposition des Etats les différents moyens de règlements
pacifiques des différends. C'est aussi, enfin le cas de la doctrine
STIMSON qui consistait à ne pas reconnaitre les territoires acquis par
la force.
Ceci étant, le nouveau paysage géopolitique
européen devait avoir comme fondation un principe juste à savoir
« le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes »
2. Pendant la seconde guerre mondiale
Les deux guerres mondiales peuvent être analysées
comme les deux actes d'une seule et même tragédie.
L'enjeu central étant la même notamment la lutte
contre la volonté hégémonique de l'Allemagne et que le
raisonnement des Etats impliqués étant le même notamment le
darwinisme social ou encore les revendications de l'espace vital.
Par ailleurs, la seconde guerre mondiale opposait les
puissances suivantes : l'Allemagne, le Japon, l'Union soviétique,
l'Angleterre les USA etc. autours desquelles sont réunis les
alliances.
La participation de l'Allemagne à la seconde guerre
mondiale était le fait de l'idéologie et de la pensée
géopolitique d'Adolf Hitler.
Le Japon, à son tour va y participer dans le but de
rationaliser géopolitiquement toute une série des facteurs
notamment sa rivalité régionale par rapport à la chine
ainsi que sa vision d'étendre son influence sur les eaux
environnantes.
Quant à l'Angleterre et aux USA, leur implication
était liée à leur vision commune du monde selon lequel
prônait le mondialisme.
31
L'union soviétique enfin, sa participation était
due à la géopolitique de forteresse initiée par Staline,
une géopolitique qui consistait à protéger l'URSS
vis-à-vis du Pangermanisme.
$2 : L'antagonisme est-ouest
L'antagonisme est-Ouest c'est-à-dire le bras de fer qui
a existé entre le bloc capitaliste et le bloc communiste a
été marquée par :
- La primauté des idéologies et
- La possession de l'arme nucléaire.
Ce conflit a opposé les USA entant que chef de file du
bloc occidental face à l'URSS leader du bloc oriental.
Du point de vue idéologique les deux blocs rivalisaient
pour empêcher l'expansion communiste par les USA et l'expansion
capitaliste pour l'URSS.
Par rapport à l'arme nucléaire, l'antagonisme
Est-ouest sera accentué grâce à la possession de l'arme
nucléaire entre les deux superpuissances. Ainsi donc, la
sécurité internationale sera fondée sur l'équilibre
des puissances sur base du principe de la terreur. Il s'agit donc de ce point
de vue de la puissance dissuasive qui incarnait ces 2 super puissances.
Quel cela soit sur le plan idéologique ou sur le plan
stratégie l'antagonisme est-ouest avait à sa base la quête
de l'espace en terme des zones d'influence.
$3. Géopolitique et conflits du sud
Parmi les conflits qui secouent le tiers-monde, il convient de
retenir :
- Le conflit entre Israël et les Arabes ; - Les conflits
dans le golf persique ; - Le conflit en ex-Yougoslavie et - Le conflit
lié à l'Islam terroriste.
1. le conflit israélo-arabe
Mettant au prise l'Etat hébreu créé en
1948 et les peuples Arabes, ce conflit a des racines à la fois
religieuses et politiques avec un seul dénominateur commun l'espace
géographique.
32
2. Le golf persique
Le golf persique est une région de l'Asie qui est
devenue une poudrière planétaire. Cette région tire sa
valeur géopolitique du fait de la combinaison de deux données
géographiques et historiques. D'abord il s'agit d'une des zones de
passage de routes commerciales entre l'orient et l'occident où
circulaient notamment les épices et la soie.
Ensuite, la seconde donnée s'articulant avec la
1ère, le golf persique s'inscrit dans les espaces
intermédiaires où se heurtent et se mêlent les empires, les
cultures...
Fort de ces 2 éléments, le golf persique
fournit l'un des théâtres géopolitiques plus ou moins
installé sur la scène duquel se déploie les
stratégies indirectes de grandes puissances telles que les USA et la
Russie.
3. Le conflit en ex-Yougoslavie
Ce conflit qui s'est produit dans le Balkan à l'issu
du bouleversement du système international de 1989, est
caractérisé par le nettoyage ethnique dans ce sens qu'il
s'agissait d'un conflit ayant opposé des belligérants ethniques
qui revendiquaient chacun son identité par rapport à un espace
géographique de survie.
A cet élément ethnique s'ajoutait
l'élément religieux, c'est ainsi donc dans l'ex-Yougoslavie, les
croates ; les serbes et les Bosniaques originaires de la même souche
linguistique et culturelle mais dissociés notamment par leur racine
religieuse entre catholicisme des croates et orthodoxie des serbes ainsi que
l'Islam des bosniaques.
Les peuples vont se livrer à une violence ayant abouti
à la Balkanisation de l'espace Yougoslave en plusieurs espaces
étatiques : La Croatie, la Serbie et la Bosnie Herzegovine.
4. L'Islam terroriste
L'islam terroriste relève du terrorisme défini
comme tout comportement par lequel un individu ou un groupe d'individu cherche
à éveiller une terreur chez un individu ou chez un groupe
d'individu afin d'obtenir quelque chose.
Par ailleurs entre la guerre et le terrorisme, il existe des
frontières floues et mouvantes dans la mesure où la
spécificité du terrorisme réside en deux traits :
1) Le terrorisme utilise des moyens imprévisibles ou
imprévus
33
2) Le terrorisme est le fait de groupe non reconnu.
Par conséquent, l'islam terroriste réunit bel et
bien ces deux traits caractéristiques. Il utilise les moyens
stupéfiants et les mouvements concertés, ce sont des
nébuleuses ; rassemblant quelques centaines et quelques milliers des
personnes, se décomposant et se recomposant en terme et exigeant
d'être reconnus comme le porte-parole de l'islam. Ceci étant ce
phénomène donne un renouveau dans la perspective
géopolitique dans la mesure où :
1) A travers ces phénomènes, il est
évident que la géopolitique ne peut plus s'en tenir aux rapports
entre Etats mais doit envisager tous les acteurs, même ceux de type
nouveau ;
2) La guerre n'est plus l'instrument exclusif de rapport de
force ;
3) Le terrorisme retrouve la géopolitique classique
dans ce qui est nécessairement son but ultime à savoir d'un ou
plusieurs Etats.
Section 5. Géopolitique et mondialisation : La
géoéconomie
A la fin du 20è siècle et au début du
21è siècle, il va apparaitre dans le sillage de la
géopolitique, la géo économie, cette démarche
consiste à examiner les interactions entre l'HOMO ECONOMICUS et l'espace
notamment en termes des facteurs spatiaux dans les productions et les
échanges entre les humains.33
Bref, l'utilisation de cet espace par l'homme pour le
déploiement de ses activités économiques. C'est dans cette
logique que certaines théories ont prédit la géo
économie notamment avec ADAM SMITH à travers donc la combinaison
de la géographie, de l'histoire et de l'économie.
L'émergence de la géo économie fait
apparaitre trois phénomènes majeures :
1) La multiplication des interdépendances
(réseaux) avec la création des regroupements d'intégration
économique ;
2) La chute du mur de fer avec l'écroulement des
expériences communistes ;
3) L'hétérogénéité des
acteurs.
33 Philippe MOREAU DEFARGES, op cit pp.202-248
34
De ce fait, la compréhension de la géo
économie exige dans un premier lieu d'examiner les rapports complexes de
fois contradictoires entre les logiques économiques et les logiques
politiques dans l'espace.
Dans un second temps, il sera question de voir en quoi la
géo économie éclaire le monde du 21è
siècle.
§1. Logique économie et logique politique dans
l'espace
L'économie et la politique sont toutes les 2
activités de la vie humaine. Cependant, l'économie
s'intéresse à la production des richesses, leur circulation et
leur consommation.
Par conséquent, pour l'économie, l'espace se
compose des lieux de production et des voies d'échanges
(marchés).
Toutefois, l'espace politique diffère de l'espace
économique du fait que le premier ne peut exister sans permanence, sans
clôture tandis que le second bouge en fonction des offres et des demandes
des biens et services.
1. Logique d'enrichissement et logique de
circulation
Un espace politique est rattaché à un Etat
entant qu'assise de sa souveraineté, en d'autres termes l'Etat
s'enracine à un territoire, à un espace comme
élément constitutif de son identité et cadre
géographique de l'expression de sa souveraineté.
Par contre du point de vue économique, l'espace sert
à faciliter le flux, les
échanges.
Ainsi donc, pour l'économie les réalités
territoriales (espaces) constituant un atout et/ou une contrainte par rapport
aux opérations d'échanges qui consistent à faire circuler,
à acheter et à vendre.
2. Enjeu géopolitique et enjeu géo
économique
Du point de vue politique, l'espace est un enjeu quand
l'éclatement et le déroulement du conflit est dû au fait de
son caractère d'espace vital procurant ou garantissant la survie des
Etats en terme des ressources ou en terme des voies de communication.
Cette configuration se remarque en voyant diverses formes
d'espaces géoéconomiques ainsi que les hiérarchies
géoéconomiques.
35
Par contre, du point de vue économique, l'espace peut
également soit être à la base des conflits soit à la
base de la coopération internationale dans la mesure où le
développement économique étant toujours inégal,
cette inégalité du développement crée au
développement économique du système capitaliste des
contradictions de plus en plus fortes. Ceci conduit à une tendance vers
la concentration, vers la formation des cartels, vers les regroupements
économiques, ceci pouvait conduire à des nouveaux conflits entre
les différents ensembles économiques.
§2.La géo économie comme clé du
monde au 21è siècle
Le 21è siècle débutant, marqué par
la globalisation, la géoéconomie vient reformuler les deux
questions fondamentales de la géopolitique à savoir :
- Qu'est-ce-que la puissance ?
- Où et comment se localise-t-elle ?
A ces deux questions fondamentales s'ajoutent celle de savoir
: pourquoi privilégier les lois entre l'économie, l'espace et la
puissance ?
Ceci étant la géopolitique
considérée comme une mode, donc comme une façon de faire,
elle exprime la chose essentielle relative à l'époque
contemporaine.
1. Les facteurs économiques et l'espace à
l'aube du 21è siècle
Au début de ce 21è siècle l'espace
devient mondialisé c'est-à-dire la planète est devenue un
seul espace sans frontière.
En dépit de cette mondialisation de l'espace, il se
dégage par ailleurs les paradoxes suivants :
1) L'espace économique mondial ne comporte plus des
barrières et des hétérogénéités
multiples ;
2) Les paradoxes entre la souveraineté étatique et
la compétition technico économique ;
3) Les contraintes territoriales de l'entreprise par les
phénomènes de multinationalisation.
2. quelle configuration géoéconomique du
monde à l'aube du XXIè siècle ?
36
A) les espaces
géoéconomiques
On distingue, ici quatre sortes d'espaces à savoir :
l'espace mondial, les espaces économiques régionaux, l'espace de
l'Etat souverain et les régions-Etats.
1) L'espace mondial : cet espace est à la fois un et
divers, ordonné et anarchique. Il y a bien un jeu mondial d'offre et de
demande, comme l'illustrent le mouvement des capitaux ou les
délocalisations d'entreprises.
Ce jeu a des règles qui n'ont rien d'un ensemble
cohérent, inscrits dans les textes du GATT de l'OMC ;
2) Les espaces économiques régionaux :
l'idée de géo-économie est étroitement liée
au développement des organisations économiques et
régionales (principalement zones de libre-échange, mais aussi
union douanière).
Exe-ALENA ou NAFTA selon le sigle américain :
l'association de libre-échange nord-américain de l'an 1990
regroupant les USA, le Canada et Mexique.
- Le Mercosur (brésil, argentine, Paraguay, Uruguay)
- ANASE ou ASEAN (l'association des nations de l'Asie du
sud-est)
3) L'espace de l'Etat souverain : par ses frontières
et par sa fonction de législation, de police et de justice sur
territoire, l'Etat affecte le flux économique
4) Les régions d'Etats : les régions d'Etats
sont des zones économiques naturelles, elles peuvent s'inscrire dans le
cadre géographique d'une nation particulière.
B) Hiérarchies
géoéconomiques
La géoéconomie tend à identifier
puissance et les réseaux de la puissance vont alors de l'aptitude
à constituer les réseaux économiques (voies commerciales,
canaux d'informations ou d'images...) à les utiliser, à en tirer
profit.
NB : la géo-économie est-elle une nouvelle
géopolitique, outil plus permanent pour saisir le monde du XXIè
siècle ?
Face à cette question nous pouvons dire :
1. La géo-économie confirme la permanence du
facteur géographique
2. La géo-économie souligne la diversité
des acteurs impliqués dans le jeu économique international :
Etats, entreprises, individus...
37
D'où la géopolitique tend à appartenir
aux grands acteurs politiques, aux Etats, la géo-économie
implique institutions, Etats, banques, industries, producteurs, consommateurs
etc...
3. La géo-économie est comme un
élément de reformulation des problématiques
géopolitiques.
En définitive, nous pouvons retenir que tout
phénomène humain a une dimension spatiale, géographique ;
c'est ainsi que nous pouvons parler de la géoculture, la géo
religion, la géo-économie etc.
Section 6. Géopolitique et les organisations
internationales : La Macro- géopolitique
Tout comme la multiplication des interdépendances, le
développement des organisations internationales (OI) ne marque-t-il pas
la fin de la géopolitique ? Ou plutôt, ces organisations ne
sont-elles pas productrices d'une nouvelle géopolitique ?
De plus alors que la géopolitique part de
l'inégalité entre les Etats et s'interroge sur les
conséquences de cette inégalité, les OI sont
d'inspirations démocratiques : les Etats y étant égaux en
droits et devoirs.
Dans cette perspective deux espaces doivent être
distingués :
- Mondial avec le système des nations unies tendant
à faire de la terre entière un territoire unique, soumis aux
mêmes lois (I)
- L'espace européen, avec la construction
européenne (II)
§1. Le système onusien
1. La terre comme territoire unique
L'organisation des nations-unies (ONU) et, tout autour d'elle,
la constellation des institutions spécialisées (fond
monétaire international, (FMI), organisation mondiale de la
santé, (OMS...) établissent entre tous les Etats partis un
territoire commun, régi par les principes et mécanismes onusiens
:
- Relations pacifiques entre ces Etats ;
- Respect mutuel de leur souveraineté et de leur
intégrité territoire ;
38
- Règlement pacifique des différends ;
- Non ingérence dans les affaires intérieures...
Au-delà de l'ONU, la terre se constitue en territoire
unique par trois
dynamiques :
1) La terre comme espace unique de compétition
2) La planétarisation de problèmes sociaux et
politiques
3) La formation d'un espace public planétaire
2. L'intérieur et l'extérieur
Ce cloisonnement entre intérieur et extérieur
des Etats se disloque sous la pression de deux facteurs :
1) La multiplication des circulations : les mouvements de toutes
sortes : services, idées, hommes...
2) La multiplication des normes internationales.
La ligne de partage entre l'intérieur et
l'extérieur de verticale, devient horizontale dans la
géopolitique classique, l'intérieur c'est ce qui relève de
la souveraineté de l'Etat, l'extérieur, c'est l'ensemble des
autres états. Dans la géopolitique des OI, l'intérieur et
l'extérieur des Etats sont imbriqués par les normes :
échanges, droits de l'homme, santé...
3. Territoires étatiques, territoires
planétaires
A ce stade nous pouvons noter qu'il y a lieu de voir des
territoires étatiques à la fois consolides et fragilisés
par les normes internationales et nous avons aussi les territoires relais qui
transforment la raison d'être du territoire étatique.
§2.La construction européenne
1. La construction européenne comme processus
anti- géopolitique ou A- géopolitique
La construction européenne, conçu par les
pères de l'Europe (Jean Monnet, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak, Konrad
Adenauer...), est voulu comme anti-géopolitique : « ...l'Europe n'a
jamais existé. Ce n'est pas l'addition des souverainetés
réunies dans des conseils qui crée une entité. Il faut
véritablement créer l'Europe » (mémorandum Monnet, 3
mai 1905).
39
Ce rejet de la géopolitique est opéré par
quatre cheminements :
- La représentation du territoire ;
- Le contournement des Etats ;
- L'instauration d'autorités indépendantes
supérieures ;
- Les valeurs comme critère d'appartenance aux clubs
européens : Europe des droits de l'homme, régime
démocratique, économie de marché, incorporation de
l'acquis communautaire.
2. Les inévitables défis
géopolitiques
L'union européenne est un ensemble situé dans
l'espace et le temps il y a bien un intérieur et un extérieur de
l'union, séparés par une frontière l'union
européenne ne peut échapper à la géopolitique.
La construction européenne est perçue
initialement comme « technique » son domaine privilégié
de réalisation étant un marché unique entre les Etats
membres. Mais le processus est d'emblée géopolitique, car il vise
à organiser un territoire (celui des communautés
européennes, puis, depuis 1993, de l'union européenne) et
à fixer les relations de ce territoire avec l'extérieur,
notamment par la politique commerciale commune.
40
Conclusion partielle
En bref, ce chapitre a porté sur la notion de la
géopolitique en relations internationales et a eu six sections ;
La première section a porté sur la notion et
aspect définitionnel de la géopolotique qui, ayant regorgé
deux points à savoir : la notion de la géopolitique et son aspect
définitionnel. La deuxième section s'est basée sur la
géographie et la politique qui à son tour eu deux points qui sont
: l'espace comme facteur des relations internationales et la frontière
terrestre.
La troisième section s'est focalisée sur les
différentes pensées de la géopolitique, ici nous avons
abordée la pensée géopolitique d'avant 1945 et celle
d'après 1945.
La quatrième a parlé sur la géopolitique
et guerres qui est la géostratégie où nous avons
développé les points suivants : les deux guerres mondiales,
l'antagonisme est-ouest et la géopolitique et conflit du sud.
La cinquième section a été basée
sur la géopolitique et mondialisation qui est la géo
économie, ici nous avons parlé sur les points suivants : Logique
économique et logique politique dans l'espace, et la géo
économie comme clé du monde au XXIè siècle.
Enfin, la sixième et la dernière section a
parlé sur la géopolitique et les organisations internationales :
la macro géopolitique où nous avons développé les
idées sur le système Onusien et la construction
européenne.
41
CHAPITRE II : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE Introduction
partielle
La République Démocratique du Congo, « en
anglais Démocratic Republic of Congo, en kikongo Républika ya
Kongo Demokratike, en swahili Jamhuri ya Kidemokrasia ya Kongo, en lingala
Republiki ya Kongo Demokratiki, en tshiluba Ditunga dia Kongu wa Mungalaata)
est un pays d'Afrique centrale, c'est le quatrième pays le plus
peuplé d'Afrique (derrière le Nigeria, l'Ethiopie et l'Egypte)
ainsi que le pays francophone le plus peuplé.
Le pays est aussi appelé plus simplement Congo, ou plus
souvent RDC, Congo-Kinshasa ou RD Congo pour le différencier de la
République du Congo voisine, elle-même appelée
Congo-Brazzaville » pour la même raison. De 1908 à 1906,
cette ancienne colonie était appelée « Congo Belge »
mais aussi « Congo-Léopoldville » jusqu'en 1966, date du
changement de nom de la capitale en Kinshasa. Avec la Zaïrianisation, le
pays s'est appelé Zaïre de 1971 à 1997.
Le géopolitique Congolaise sera comprise lorsque nous
analyserons sa géographie, sa politique étrangère et les
nouveaux enjeux de la géopolitique aux quels la RDC est
confrontée.
Section 1. La Géographie De La RDC
Cette section va nous amener à traiter de la
géographie de la RDC sur le plan physique, végétale,
humain et économique.
§1.La géographie physique
Presque enclavée, la RDC, avec ses 2345
410km2, est le deuxième plus grand pays d'Afrique,
après l'Algérie. Elle est environ trente-trois fois plus grande
que le BENELUX et quatre fois plus que la France, quatre-vingts fois plus
grande que la Belgique et de superficie légèrement
inférieure au quart de celle des Etats-Unis.34
Elle est occupée en grande partie par le bassin du
Congo et de ses affluents avec sa superficie de 2 345 410km2. Par sa
superficie, elle occupe la 11è place au monde.
34 Anonyme, La géographie de la RDC, in httpps:/
fr.m.wikipedia.org,
consulté le 23 mai 2019
42
1. structure du territoire
Partageant sa frontière avec neuf pays d'Afrique, la RDC
est limitée
- Au nord par la république centrafricaine et le soudan
du sud,
- A l'est par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la
Tanzanie,
- Au sud par la Zambie et l'Angola ;
- A l'ouest, l'enclave angolaise de Cabinda, la
République Populaire du Congo (Congo-Brazzaville) et une quarantaine de
Kilomètres de côte atlantique la limite.
A l'Est la frontière suit axe technique de ses grands
lacs sur une longueur de 1400km dans une direction à peu près
nord-sud, L'Ouganda, la limite est marquée par le lac Albert, la
rivière Lubirishia, le Ruwenzori et le lac Edouard ;
? Avec le Rwanda par le lac Kivu ;
? Avec le Burundi par le Ruzizi et le Nord du lac Tanganyika ; ?
Avec la Tanzanie par les 600km du lac Tanganyika ; ? Enfin avec la Zambie par
le lac Moero et le Luapula.
A l'ouest le fleuve Congo le départage avec de la
république du Congo.
Son territoire se déploie entre 5°30' de
lattitude nord et 13°S0' de lattitudes sud, un tiers en étant
situé au nord de l'équateur.
En longitude c'est de Greenwich, il va de 12°15' à
31° 15'
2. Relief et géomorphologie.
Le relief de la RDC est nettement caractérisé.
La cuvette centrale est une immense dépression, drainée par le
fleuve Congo et ses affluents elle a une altitude moyenne de 400 mètres,
son point le plus bas (340m) est situé dans la région des lacs
Tumba et Mai-ndombe.35
Des plaines et plateaux étagés la raccordent au
bourrelet périphérique. Celui-ci ne dépasse pas 600
mètres sur son rebond nord, il atteint 1.000 mètres dans les
monts de cristal (Mayumbé) parallèles à la côte
atlantique en aval de Kinshasa, bien que peu élevés, ces
35Robert GODDING, géographie physique,
politique économique du Congo-Bruxelles-Paris, Ed. l'Harmattan, 1998,
pp.18-26
43
monts constituent un obstacle majeur à
l'écoulement du fleuve qui y'a creusé un passage étroit en
y formant trente-deux chutes et rapides.
Plus étroite la plaine côtière est
formée par l'estuaire du Congo et les terres alluviales
déposées par ce fleuve, le deuxième d'Afrique par la
longueur. L'énorme territoire Congolais ne communique avec
l'océan Atlantique que par cet étroit couloir d'à peu
près 40 Kilomètres de large. Cette zone s'élève
progressivement vers l'est. Sur le plan géologique, on note une
prédominance des roches gréseuses et calcaires. Elles ont
été abandonnées par la mer.
A l'est d'importantes chaines montagneuses ou des puissants
massifs montagneux le long de grands lacs d'Afrique notamment : lacs
Tanganyika, Kivu, Edouard et Albert constituent la bordure occidentale. En
raison de séisme et de guerre, ce coin de la RDC est moins peuplé
que d'autres. Cette partie montagneuse continue vers le sud-est du pays avec
des montagnes comme l'Ouganda, les Virunga le long de la frontière
Rwandaise dont certains sommets atteignent de 3100 à 4500 mètres.
Dans la même partie sud-est, on dénombre de bourrelet
périphérique s'élevant au-dessus de 1.000 mètres,
d'une part entre les rivières Kwango et Kwilu, d'autres parts au sud du
grand Katanga les monts Kundelungu à l'ouest du lac Moero, atteignent
1.600 mètres.
3. Hydrologie a. Le fleuve Congo
Avec ses 4700km de longueur, avec un débit de
50.000m3/s, avec son bassin vaste de 3,80 millions de
kilomètres carrées, le fleuve Congo est après le Nil, le
deuxième fleuve le plus long d'Afrique, le fleuve d'Afrique le plus
important par son débit et le deuxième fleuve-après
l'amazone, ayant le plus grand bassin.36
Sa position à proximité de l'équateur lui
vaut ce débit le plus important du continent africain (l'amazone est le
seul fleuve qui le dépasse sur ce plan au niveau mondial. Il est
à cheval sur l'équateur et la répartition presque
homogène de ses affluents dans les deux hémisphères
régularisent son débit et en font le fleuve le plus
régulier du monde. En effet, son débit varie de 1 à 3
tandis que celui de l'amazone varie de 1 à 200.
36 Burton, REV, voyage aux grand lacs d'Afrique
oriental, Paris, le seuil 1962
44
Le fleuve est d'une importance économique
considérable dans ce sens il fournit du poisson et de
électricité, mais il constitue une voie de communication
indispensable. Avec ses affluents, il forme 14 166km de navigables.
Il prend sa source dans le sud du haut-Katanga, dans le
village de Musofi (à Kipushi) à une altitude de 1435
mètres et porte le nom de Lualaba jusqu'à Kisangani, il se
déverse dans l'océan par un large estuaire et sa puissance est
telle qu'on reconnait ses eaux jusqu'à 45km a plein océan.
Ce fleuve a plusieurs affluents dont les plus importants sont
la rivière Oubangui au nord et la rivière Kasaï au sud, et,
il est subdivisé en 3 cours à savoir :
- Le cours supérieur : de la source à Kisangani,
comprend deux chutes à savoir chute Stanley et les ports de l'enfer
(Kongolo) ; - Le cours moyen : de Kisangani à Kinshasa - Le cours
inférieur : de Kinshasa à la source
b. Les lacs
En RDC, la nature se présente de telle sorte qu'on y
trouve un grand nombre
des lacs.
Malheureusement, les données sur la géographie
physique des lacs congolais sont peu nombreuses, les données disponibles
font état des lacs tectoniques. Les lacs Tanganyika, Edouard, cependant,
Moero, Pool de Malemb, qui occupent les fonds des grobens, sont d'origine
tectonique.
Le lac Albert échappe à la règle dans la
mesure où il aurait déjà avant (moyenne inférieur
selon les scientifique géographes), ces lacs constituent des
éléments de géographie physique récents et ce sont
développés pendant le quartenaire. On possède fort peu de
renseignements sur le lac Moero dont l'origine tectonique est probable.
Bien qu'on trouve des lacs qui ne figurent pas sur la liste
des lacs tectoniques, la plupart de ces lacs offrent les
caractéristiques typiques des lacs tectoniques : forme allongée
dans une dépression bordée d'escarpements raides, rives peu
échancrées, absence d'îles, grande profondeur. Le lac
Tanganyika en est l'exemple le plus évident. Il figure d'ailleurs parmi
les lacs les plus profonds du globe, la dépression marécageuse de
l'upemba fait exception : on y trouve plusieurs lacs dont celui de l'upemba qui
probablement sont les
45
vestiges d'une seule superficie lacustre, mais dont la
profondeur varie entre 0,50m et 3,25m seulement. Hormis les
caractéristiques héritées du fait de leur origine
tectoniques tous ces lacs sont exoréiques. A l'exception des lacs
Edouard et Albert qui appartiennent au bassin du Nil, ces lacs font partie du
bassin du Congo.
Au-delà des lacs tectoniques, la RDC présente
aussi d'autres lacs appelés lacs des cuvettes. La cuvette centrale
possède plusieurs étendues lacustres dont les principales sont le
lac Mai-Ndombe, le lac Tumba, le lac Fwa et le lac Munkamba. On le
considère comme les vestiges d'un lac plus important qui aurait
occupé une partie de la cuvette centrale pendant une période
courte dans l'histoire du réseau hydrographique du Congo. Ils sont peu
profonds (la profondeur maximale du lac Mai-Ndombe dépassent à
peine 7m celle du lac Tumba et le lac Munkamba serait de 5m) et la profondeur
du lac Fwa serait de 3,8m. Les rives sont généralement
marécageuses.
Tout comme les lacs tectoniques, ceux de la cuvette sont aussi
poissonneux. De manière générale, les lacs de la RDC se
regroupent de la manière suivante :
- Lacs de montagnes, particulièrement très
poissonneux, sont le lac Albert, le lac Tanganyika, le lac Kivu, le lac
Edouard,
- Lacs des plateaux : le lac Moero et le lac Bangwelo
- Lacs résiduels les lacs Tumba, Mai-ndombe, Munkamba et
Fwa.
Les deux premiers lacs témoins de l'ancienne mer
intérieure qui occupait la zone déprimée de la cuvette
centrale et les deux deuxièmes témoignent la zone
déprimée du bassin de système de Mbuji-Mayi.
En RDC, il existe de nombreux autres lacs mais de moindre
importance qui ne sont pas sur cette liste.
4. Le climat
La RDC possède une grande variété de
climats et de paysages. Généralement, tout le pays bouge sous la
température moyenne annuelle, généralement
élevée. Les influences de l'océan Atlantique, celles des
alizés de l'océan indiens, celles de la zone équatoriale
et celles des régions montagneuses de l'Est, principaux
éléments du climat Congolais font bouger le paysage et le climat
du pays.
46
La réputation du pays est celle d'avoir un climat chaud
et humide sur la plus grande étendue de son territoire et une
pluviosité abondante, lequel se trouve en zone équatoriale et
tropicale humide. En effet, le pays s'étend à cheval sur
l'équateur à peu près jusque 5° de lattitude nord et
13° de lattitude sud.
La RDC bénéficie, généralement de
deux saisons, c'est-à-dire sèche et pluvieuse. La
répartition des saisons ne se répartit pas de la même
façon dans tout le territoire et n'est ni égale en termes de
durée. Dans la partie nord du pays, les saisons de pluies durent du mois
d'avril à la fin du mois de juin et du mois de septembre à la fin
du mois d'octobre.
Les saisons sèches durent de début novembre
à fin mars (grande saison sèche) et de début juillet
à fin août (petit saison sèche). Au sud de
l'équateur, le rythme des saisons est exactement inversé. Dans
les régions montagneuses de l'est, les deux saisons sèches ne
durent qu'un mois, en janvier et en juillet. Dans le sud et le sud-est du
Katanga, la saison des pluies commence à la mi-octobre et se prolonge
jusqu'à mi-mai. Dans le nord-Katanga et le sud-Kasaï, les pluies
commencent début octobre pour cesser fin avril, mais une petite saison
sèche s'intercale au mois de janvier.
Ce grand pays au coeur de l'Afrique comprend trois climats :
le climat équatorial, le climat tropical et le climat de montagne.
5. La faune et la flore a. La faune
Les écosystèmes de la RDC sont riches et
variés. La faune naturelle congolaise est riche en espèces
diverses, adaptées chacune aux conditions climatiques et
floristiques37.
Presque tous les grands animaux africains existent dans ses
réserves, cette faune remarquable comprend beaucoup d'espèces de
grande et même de très grande taille, telles que :
- L'éléphant africain : le plus grand des
mammifères terrestres actuels - La girafe : le plus haut des animaux
et
- Le gorille : le plus grand de tous les primates
De plus, cette faune s'avère exceptionnelle du fait
qu'elle se révèle être un refuge pour certains
espèces disparues en dehors de ses frontières, principalement
à la suite de
37 Banning, EMIN, l'Afrique
et la conférence géographique de Bruxelles, Bruxelles, Murquard,
1877, p.18
47
la destruction de la forêt primitive qui heureusement,
recouvre encore une grande partie de son territoire, l'Okapi doit être
cité le premier au nombre des espèces ainsi conservées ;
Okapi et Paon du Congo constituent des espèces endémiques,
connues seulement au Congo.
La forêt est peuplée par les gorilles, les singes
de tout genre (les chimpanzés, les bonobos...) les sangliers
phacochères, potamochères ou hylochères, les hippopotames
les rhinocéros ainsi que par les serpents des bois.
Dans la savane et la forêt claire congolaise, on y
rencontre des animaux de grande taille, c'est-à-dire les herbivores et
les carnassiers.
b. La flore
La flore et la faune y sont d'une variété
inimaginable. Ainsi, on a démontré en RDC entre 8000 et 10.000
sortes de plantes, parmi lesquels 600 arbres répertoriés, il en
est plusieurs qui fournissent un bois d'oeuvre à haute valeur
commerciale (acajou, ébène, wengé, Iroko...)
Malgré l'attention particulière de
l'autorité publique pour la protection de la nature, la forêt est
de plus en plus menacée par les activités sylvicoles dans les
zones où les arbres ont été abattus, elle a d'ailleurs
cédé la place à la forêt secondaire, une formation
beaucoup moins riche en espèces végétales.
6. Végétation
Le sol, le relief et le climat de la RDC déterminent
les grandes zones végétales du pays : la forêt, la savane,
la brousse et la végétation des montagnes.
a. Forêt et cuvette centrale
Selon le Congo online, la forêt Congolaise couvre la
moitié du territoire avec ses 125 millions d'hectares. Ce qui signifie
autrement qu'elle représente 47% du massif forestier tropical du
continent africain et 6% des réserves tropicales du monde.
La cuvette centrale, en grande partie recouverte de
forêt dense primaire, occupe, à elle seule, 100 millions
d'hectares, soit 80% de la couverture forestière. Les réserves
potentielles extrêmement élevées pourraient permettre
à terme une production annuelle de l'ordre de 6 millions de mètre
de bois par an. Selon le service permanent
? Les montagnes des Virunga au nord du lac Kivu, formé par
une série de volcans, certaines en activité comme le Karisimbi
qui culmine à 4507m, le Nyamlagire
48
d'inventaire et d'aménagement forestier (SPIAF), il
existe 708 essences forestières identifiées et regroupées
en trois catégories :
- Classe 1 : essences exportables en grumes
- Classe 2 : essences utilisées localement exportables
aussi en grumes - Classe 3 : essences non exploitées.
b. Savane boisée
La RDC occupe le 3è rang mondial et la
1ère place en Afrique en ce qui concerne la surface
boisée. Elle occupe la partie la plus humide de la zone tropicale et
l'encercle presque entièrement.
c. Savane herbeuse
Se localise au fur et à mesure qu'on s'éloigne
de la forêt de l'équateur vers le nord-est et le sud-est, la
savane se transforme en brousse et la végétation
s'éclaircit.
Chaque année des centaines de kilomètre sont la
proie de feux de brousse qui mette en fuite le gibier que guettent des
chasseurs.
La savane et la brousse congolaise sont les domaines des
herbivores éléphants, antilopes, buffles et autres, et les grands
carnassiers principalement le lion y règnent en maître.
d. Végétation de
montagne
La végétation de montagne varie au fur et
à mesure qu'on monte vers le sommet. Par étages successifs, nous
rencontrons : la forêt, la savane, les bambous, les arbustes, les herbes
puis la végétation de 4.000m.
Les montagnes de la RDC sont bipolaires, c'est-à-dire
on les retrouve au sud-ouest (dans le Bas-Congo et de manière
isolée à Kinshasa) et à l'est du pays.
e. Les montagnes de l'est
Sont formés d'importantes chaines de montagnes parmi
lesquelles, on
distingue :
49
(3068m) et le Nyirangongo (3470m) et d'autres éteints
comme le mont Mikeno (4437m) le visoke (3711m) et le Sabinio (3647m)
? Le massif volcanique de Ruwenzori entre les lacs (Edouard et
Albert) avec comme points culminants le pic Albert (5100m) et le Pic Marguerite
(5120m) qui est l'altitude maximale de la RDC
? Les monts bleus autours du lac Albert, culminent à
environ 2000 m et forment dans cette région, la ligne de partage entre
les eaux du bassin du Congo et celles du bassin du Nil ;
? Les monts Kundelungu (1600-1700 m), à l'est de la
Lufira et à l'ouest de la Luapula et du la lac Moero, constituent un
exemple typique de vieilles montagnes
? Les monts Marungu (2200m) bordent le sud-ouest du lac
Tanganyika
? Les monts Mayumbe au sud-ouest : est une vieille montagne
plissée, fortement attaquée par l'érosion, elle tend
à prendre les caractéristiques d'un plateau. Son altitude est
d'environ 600m et culmine à 1050m au mont Bia.
§2. Géographie
humaine
Avec un taux annuel de croissance de l'ordre de 3,07% la
population est en plein développement. Cette population,
extrêmement jeune (en 1984, selon l'institut national de statistique
58,9% de cette population était constituée de personnes de moins
de 14 ans) se répartit par milieu de résidence de la
manière suivante :
Les données de 1984 dudit institut indiquent qu'environ
70% de la population congolaise vit en milieu rural contre près de 30%
dans les villes. La répartition géographique de la population est
inégale.
$3. Géographie économique
La RDC est le foyer économique de grande envergure mais
non exploité. C'est l'un des rares pays au monde à
bénéficier d'une richesse considération et énorme
laissant dire à plus d'un que le pays est un véritable scandale
géologique.
1. Les atouts congolais
Ce résultat est une évidence. Elle se justifie
par le fait que la RDC possède des atouts naturels et minéraux
(cuivre, du coltan, du cobalt, de l'argent, de l'uranium, du plomb, du zinc, le
cadmium, le diamant, l'or, l'étain, le tungstène, le
manganèse) avec une panoplie
50
des ressources agricoles (le café, le bois : afromosia,
ébène, wengé, irono, sapelli, sipro, tiama, tola, kambala,
lifaki. .et le caoutchouc).
Elle est le premier pays d'Afrique du point de vue de
l'étendue de ses forêts (forêt équatorial à
elle seule, elle occupe la moitié du territoire national Congolais) et
le plus important dans la présence de l'environnement mondial.
Elle dispose d'une abondance en eau et des lacs riches en
poissons et autres richesses comme le pétrole, le gaz. .notamment le lac
Tanganyika (plus grand que le Burundi) le plus poissonneux du monde, les eaux
actuelles sont encore à leur état brut. La RDC est
également une production de pétrole (24000 barils par jour en
2003), principalement sur la côte (terminal du port de banana). La
région du lac Albert abrite un important gisement.
Enfin la RDC, bénie par la nature, constitue aussi un
grand centre touristique : peu d'endroits au monde sont d'une beauté du
nord-est de ce pays, ses lacs aux confins du Nil.
2. Les principaux pôles
économiques
La RDC compte trois villes phares car ces villes regroupent un
grand nombre d'activités importantes pour le pays :
- Kinshasa, entité administrative à statut
particulier, joue le rôle de centre administratif, économique et
culturel de la RDC. Cette ville connait une très forte concentration de
l'activité économique et des services.
- Lubumbashi est le plus grand centre industriel et commercial
de la RDC (capitale du cuivre) et
- Matadi, la ville portuaire est la véritable porte
ouverte vers l'extérieur pour l'entièreté du pays.
Au niveau provincial, toutes les provinces s'avèrent
être importantes dans la mesure où les richesses de la RDC sont
presque équitablement reparties. Chaque province dispose d'atouts
importants pour le pays, bien que la province du Kongo-central et celle du
grand Katanga contribuent de manière pondérale à
l'économie congolaise.
51
Section 2 : la politique étrangère de la
RDC
§1. Notion de la politique étrangère
Dans les relations internationales, la politique
étrangère constitue un pivot essentiel qui détermine les
interactions multiformes des acteurs de la scène internationale.
La politique étrangère est un lieu de perception
et d'orientation que les différents Etats comptent dans leurs relations
avec les autres acteurs internationaux.
C'est ainsi que le professeur YOKO YAKEMBE la définit
comme étant « un ensemble des objectifs essentiels, des principes
fondamentaux et de règles directrices de l'action de l'Etat de ses
frontières.38
Et, la diplomatie vient compléter cette politique
étrangère en ce qu'elle se charge de sa mise en oeuvre.
Ainsi entendue, la politique étrangère se
conçoit comme l'aspect législatif de la gestion des relations
extérieures d'un Etat.
Les déterminants de la politique
étrangère d'un Etat sont catégorisés en deux,
à savoir : les déterminants internes et les déterminants
externes par déterminants internes, nous avons :
- La géographie ;
- La démographie et - L'économie
Quant aux déterminants externes, nous retenons :
- Le système international et
- L'action des Etats partenaires
Les organes de la politique étrangère sont les
suivants :
- La présidence de la république
- Le gouvernement et
- L'assemblée nationale et le sénat
38 Yoko YAKEMBE, traité de droit diplomatique,
PUZ, Kinshasa, 1983 p14
52
§2. Etude des politiques spécifiques de la RDC
dans une perspective des relations internationales contemporaines
La politique extérieure de la RDC peut-être
analysée dans une perspective historique, c'est-à-dire en se
référant à chacune des périodes qui a
caractérisé l'histoire de ce pays39.
Sur le plan des principes, il y en a trois qui
président aux relations de la RDC avec l'Afrique :
D'abord, le nationalisme, qui
postule pour la préservation de l'intérêt national
c'est-à-dire l'intégrité territoriale, la stabilité
des institutions, la protection de la population : à cet effet, les
diplomates Congolais doivent veiller à ce que les différents
aspects du nationalisme soient respectés dans les rapports avec
l'extérieur.
Ensuite, la vocation africaine est
consacrée par la constitution du zaïre, article 110 de 1978 et la
constitution de la RDC article 195 (de 2003-2006). Dans cette optique, la RDC
doit contribuer à la création des organisations internationales
africaines et à la résolution des conflits qui surgissent sur le
continent. De plus, la RDC a appliqué ces principes par sa participation
à différentes organisations internationales Africaines dont : la
CIRGL, la SADC, la CEEAC, l'UA etc.
Enfin, le bon voisinage : ce
principe se justifie par la situation géographique de la RDC qui a 9
Etats voisins dont elle doit tenir compte dans ses rapports avec
l'extérieur.
Durant, la deuxième république, ce principe
avait un contenu essentiellement politique et sécuritaire ; la survie de
la république étant étroitement liée à celle
de ses voisins.
A la révolution du 17 mai 1997, le président
Laurent-Désiré KABILA lui donnera un contenu commercial et
économique avec le désire de créer des organisations
internationales rassemblant tous les Etats de la région des grands
lacs.
Dans le cadre de la politique régionale, l'étude
de la politique extérieure de la RDC peut-être analysé au
moyen des concepts des cercles concentriques qui sont appréhendés
de diverses manières selon les auteurs :
39 LABANA LASSAY'ABAR, Relations extérieures de
la RDC, Cours, L1 RI, UNIKIN, FSSSPA, 2016-2017 pp.86-89
53
- Léopold Sedar SENGHOR : a développé la
notion de cercle concentrique de développement. A cet effet, il
considère l'Afrique comme une zone dont
l'homogénéité peut se faire par intégration
culturelle, d'où la notion de la négritude ;
- Barthelemy BIKANDA : a parlé du principe
intégrateur de l'Afrique par les sous-régions ;
- Eden KODJO : structure son option autours du concept «
Pôle fédérateur », il analyse l'intégration de
l'Afrique par le biais de certains Etats considérés comme
pôles fédérateurs ; il s'agit de :
? La RDC pour l'Afrique centrale
? La RDC pour l'Afrique Australe
? La Nigéria pour l'Afrique de l'ouest.
Pour le cas de la RDC, l'analyse de sa politique
extérieure au moyen des cercles concentriques peut se présenter
de la manière suivante :
1. Le cercle A: zone de haute sensibilité.
Ce cercle comprendre les 9 pays voisins de la RDC. Ces Etats
constituent les enjeux vitaux pour cette dernière, ils sont en effet,
des voies de passages pour l'approvisionnement de la RDC, c'est par rapport
à cette dimension que le président MOBUTU mettra sur pied une
politique forte dans la région en alliant le Rwanda et le Burundi dans
le cadre de la CEPGL.
La guerre d'agression dont la RDC est victime depuis le 2
aout 1998 est venue confirmée cette configuration de zone de haute
sensibilité, car elle a amené la république à
s'ouvrir vers l'extérieur à partir de l'est.
2. Le cercle B : zone du rayonnement
régional. Cette zone comprend les Etats Africains non
compris dans la zone précédente, le rayonnement de la RDC
s'effectue au moyen de ses relations avec les autres Etats Africains et les
organisations internationales africaines.
Lors de la deuxième république, le zaïre a
joué un rôle important sur la scène Africaine en nombre de
contribution, il participa activement aux différentes rencontres
organisées au niveau régional et se présenta comme une
puissance sectorielle ou sous-régionale.
Le déclin de la diplomatie africaine de notre pays est
dû à la mauvaise affectation des diplomates et aux non paiements
des agents diplomatiques.
3. Le cercle C : zone d'ouverture au monde.
Ce cercle comprend les Etats hors d'Afrique. La RDC a
contribué au règlement de conflit entre les Etats aussi bien
des
54
zones A et B que de la zone C. à cet effet la RDC a
été longtemps utilisée par les grandes puissances pour
stabiliser l'Afrique, Kinshasa acquis, dans cet ordre d'idée le statut
d'espace de convergence diplomatique.
§3. L'Histoire contemporaine de la diplomatie
congolaise Les 7 étapes de la diplomatie
congolaise sont :
1. De 1960-1965 : naissance de la diplomatie congolaise
2. De 1965-1990 : de l'apogée à la
déliquescence de la diplomatie congolaise ;
3. De 1990-1997 : la diplomatie en perte de vitesse
4. De 1997-2001 : diplomatie de guerre
5. De 2001-2002 : diplomatie d'ouverture
6. De 2003-2006 : diplomatie du partage de pouvoir
7. De 2006 à nos jours : diplomatie de la
troisième république.40
1. La genèse de la diplomatie congolaise du 30
juin 1960-24 novembre 1965
Avec la création du ministère des affaires
étrangères par M. Justin-Marie BOMBOKO LOKUMBA, la RDC s'est
dotée d'un appareil diplomatique à l'instar des pays
vétérans.
Il convient de noter ici que les premiers diplomates congolais
ont été choisis parmi les fonctionnaires de l'administration
coloniale ; incompétentes, la plupart de ces diplomates occasionnels ne
répondaient pas aux critères d'objectivité dans ce
contexte, la diplomatie congolaise aura du mal à faire entendre sa voix
dans la grande symphonie diplomatique internationale. D'où on a eu la
diplomatie de proximité qui consiste à être incapable de
défendre les intérêts sur la scène internationale ;
c'est un autre Etat qui intervient à sa place.
A cette époque, ce sont les Etats puissants qui
défendaient nos intérêts, en l'occurrence de la Belgique et
la France.
40 LABANA LASSAY'ABAR, op cit pp.18-24
55
2. Du 24 novembre 1965-24 avril 1990 : De l'apogée
à la déliquescence
C'est la diplomatie directe et agissant avec grandeur. Cette
seconde période de la diplomatie congolaise marque le début d'une
nouvelle diplomatie qualifiée d'une diplomatie agissante et directe.
L'une des caractéristiques de cette période
c'est le tourisme diplomatique entrepris par le président MOBUTU. De
l'analyse de la fréquence de ces déplacements officiels, on peut
tirer beaucoup d'indications si l'on estime que de tels initiatives ne sont
jamais entreprises au hasard et qu'elles aboutissent aux discours à des
nouvelles dispositions, c'est la présence crédible de la
république du zaïre sur la scène internationale et c'est la
fin de l'isolement diplomatique.
Sur le plan diplomatique, la tenue du 5è
sommet de l'OUA à Kinshasa du 11 au 14 septembre 1967 et le discours
historique prononcé par le feu président MOBUTU le 04 septembre
1974 devant l'assemblée générale de l'ONU.
Ces deux événements constituent le succès
de la diplomatie congolaise et son retour sur la scène
internationale.
A cette époque, il y a eu :
- Des ambassades à motif stratégique : 11
missions diplomatiques (9 avec les pays limitrophes et les trois autres au
Tchad, en Lybie et en Israël) ;
- Des ambassades à visée économique :
établies en Amérique latine et en Europe ;
- Des ambassades à vocation multilatérale, ici,
se retrouvent les délégations permanentes de la République
du Zaïre auprès des organisations internationales comme l'OUA,
l'ONU etc.
- Des ambassades de la diplomatie classique : c sont celles
dues à l'accréditation multiples comme le cas des ambassades du
Brésil et de l'Argentine avec l'accréditation multiples et
juridictions dans les autres pays tels que le Chili, le Pérou et le
Mexique.
A partir de 1972, le nombre des missions diplomatiques du
Zaïre se présente de la manière suivante :
- 1972 : 45 ambassades, - 1977 : 52 ambassades ;
Cette période est caractérisée par la
diplomatie de terrain, l'ouverture au monde, rétablir les relations
diplomatiques avec les anciens alliés.
56
- 1979 : 58 ambassades ; - 1980 : 54 ambassades ; - 1989 : 68
ambassades.
Compte tenu de ces nombres élevés des missions
diplomatiques, il s'est avéré que le budget alloué chaque
année était insuffisant et ne permettant pas de faire face aux
frais de fonctionnement et au salaire des diplomates en poste.
De ce qui précède, il se dégage que la
politique étrangère de la 2è république
s'est illustrée par un contraste d'un côté la grandeur et
de l'autre côté la carence des moyens nécessaires.
3. De 24 avril 1990-17 mai 1997 : La diplomatie en perte
de vitesse
Cette période est caractérisée par
l'isolement parce qu'il y a eu suspension de coopération avec les pays
occidentaux suite à la dictature du président du Zaïre qui a
entrainé des crises par les successions des gouvernements.
Pour les diplomates à cette époque ils se sont
sentis délaissés par les moyens financières,
délogés des appartements, c'est ainsi que le pays s'est
affaibli.
4. Du 17 mai 1997-26 janvier 2001 : La diplomatie de
guerre
Cette période est caractérisée par une
diplomatie offensive dont l'axe privilégie fut celui du sud.
Avec l'avènement de Joseph KABILA, la diplomatie
offensive va changer le contenu consistant à informer la
communauté internationale de la position de la RDC, le président
va rédiger une lettre auprès du Secrétaire
Général de l'ONU pour l'informer.
Le président Joseph KABILA a effectué 22 voyages
à l'étranger pour assister au sommet des chefs d'Etat et
convaincre les alliés à venir coopérer.
Par rapport aux missions diplomatiques, le président a
hérité de son père le système du salut public.
5. 26 janvier 2001-17 décembre 2002 : La
diplomatie de l'ouverture
Produit d'une confrontation entre grandes puissances
occidentales à la conférence de Berlin en 1885, la RDC fait face
aujourd'hui aux nouveaux enjeux
57
Cette période va constituer le début de
l'initiative des missions diplomatiques les définir bien et les
réduire dans le sens de les doter les moyens conséquents aux
missions diplomatiques restreintes et stratégiques.
6. 30 juin 2003-6 décembre 2006 : La diplomatie du
partage de pouvoir Cette période est caractérisée
par :
- La signature de l'accord global et inclusif intervenu
à Sun City le 17 décembre 2002;
- La mise en place des institutions de la transition
démocratique effectuée le 30 juin 2003 consacrant le partage de
pouvoir occasionnel entre les composantes et les entités ayant pris part
au dialogue inter-congolais.
7. 2006-à nos jours : La diplomatie du
développement
Est définie comme un instrument de base pour le
développement de la RDC. C'est ainsi qu'il va initier :
- Les cinq chantiers
(eau-électricité-éducation-emploi-habitat)
- La révolution de la modernité : la continuation
de ces cinq chantiers
On a pris des mesures pour mettre en oeuvre les idées
définies en créant des structures par la restructuration
organique :
- L'élévation du ministère d'Etat
chargé des affaires étrangères et de la coopération
internationale ;
- L'institutionnalisation d'un ministère de
l'intégration régionale ;
- La création d'un vice-ministère des citoyens de
l'étranger ;
- La mise sur pied de l'académie de diplomatie
congolaise comme structure de réflexion sur la philosophie de la
politique étrangère du pays ;
- Au niveau des agents en poste conformément à
la constitution de la république, tenir compte des critères des
compétences dans la matière. Mais avant cela il faudrait
procéder au rappel de troupes diplomatiques
accréditées.
Section 3. La RDC face aux nouveaux enjeux
géopolitiques
58
géopolitiques entre les puissances occidentales et les
puissances émergentes avec la chine en tête. A l'époque, en
1885, l'Etat indépendant du Congo (EIC) créé sous le label
de la liberté de commerce et de navigation dans l'espace du bassin du
fleuve Congo en Afrique centrale est un produit de la révolution
industrielle commencée en Europe au 18è siècle. Et les
grandes entreprises multinationales furent au centre de la création de
ce nouvel Etat considéré par certains historiens comme une
colonie internationale.41
Avec la nouvelle révolution numérique
couplée de la transition énergétique, la RDC se trouve au
centre des nouveaux enjeux géopolitiques compte tenu de sa position
géographique au coeur de l'Afrique, de son eau douce, de sa forêt
et de ses minerais stratégiques.
§1. Position stratégiques au centre de
l'Afrique
La position géographique au coeur de l'Afrique
confère à la RDC une position géopolitique
convoitée par les puissances occidentales et les puissances
émergentes, « la chine est prête à oeuvrer ensemble
avec la RDC en mettant en valeur sa position géographique
privilégié au coeur de l'Afrique, afin de construire un couloir
fluide pour l'extension de la « ceinture et route »vers l'Afrique
centrale et occidentale » déclare monsieur Wang Tongqing,
ambassadeur de la chine en RDC, à la clôture du colloque, enjeux
de la coopération sino-africaine en RDC, à Kinshasa, le 6 octobre
2017.
Et du côté des puissances occidentales, le ton
est donné par les Etats-Unis d'Amérique. Dans le document sur la
stratégie de la sécurité nationale américaine pour
l'Afrique publié en décembre 2017, la maison blanche
s'inquiète de la présence croissante de la chine en Afrique.
La chine étend sa présence économique et
militaire en Afrique, passant d'un petit investisseur sur le continent il y a
deux décennies à son plus grand partenaire commercial
aujourd'hui.
- Certaines pratiques chinoises compromettent le
développement à long terme de l'Afrique en corrompant les
élites, en dominant les industries extractives et en enfermant les pays
dans des dettes et des engagements insoutenables et opaques ». le
Pentagone va plus loin en dévoilant sa stratégie militaire :
« c'est la concurrence entre
41Freddy MULUMBA, La RDC au centre des nouveaux enjeux
géopolitiques,
https://www.le
grand.com. consulté le 24 avril
2019
59
les grandes puissances». Et non le terrorisme-qui est
maintenant le principal objectif de la sécurité nationale
américaine a déclaré le général Mattis.
C'est à ce niveau de concurrence entre les puissances
occidentales et les puissances émergentes comme la chine qu'il faut
placer la guerre hybride. Avec la mise en place des nouvelles routes de la soie
(initiative une ceinture et une route) proposée par la chine, les USA et
l'union européenne répondent par les guerres hybrides.
La guerre hybride est un conflit lié à des
menaces intérieures ou extérieures d'un pays où plusieurs
types d'hostilités sont utilisés simultanément : des
forces militaires conventionnelles, une tactique de forces militaires
irrégulières ainsi que des activités illégitimes
visant à déstabiliser la situation.
C'est ainsi, souligne le géopoliticien russe Andrew
Korybko, que se présente le triangle de déstabilisation : le
Nigéria en Afrique de l'ouest, l'Ethiopie dans sa moitié est et
la RDC en son sein sont tous susceptibles de subir d'importants troubles de
type guerre hybride dans un proche avenir, le scénario le plus
défavorable étant que ce triangle de déstabilisation
crée un trou noir de chaos dans l'espace qui les sépare,
empêchant ainsi l'intégration transcontinentale (d'un océan
à l'autre ) de la route de soie, reportant encore le « rêve
Africain ». en tout état de cause, seul point de rencontre entre le
nord, le sud, l'est et l'ouest de l'Afrique, le Congo est un enjeu
géopolitique entre les puissances occidentales et les puissances
émergentes.
§2. Marché de carbone et la guerre de l'eau
Le changement climatique dans le monde concerne la RDC au plus
haut niveau. Avec plus de 60% de la forêt équatoriale et un fleuve
d'eau douce dans le bassin du fleuve Congo la RDC fait face à deux
situations liées au carbone et au transfèrement de l'eau de la
rivière Oubangui vers le lac Tchad ayant perdu plus de 80% de son
eau.
Dans la situation du marché de carbones la forêt
du bassin du fleuve Congo est considérée comme l'un des poumons
du monde à côté de la forêt de l'Amazonie au
Brésil et celle de l'Indonésie en Asie. Ces forêts
tropicales constituent des puits de carbones particulièrement efficaces
et on considère qu'elles stockent près de 40% du carbone
terrestre. Pour réduire les émissions de gaz à effet de
Serre (principalement le dioxyde de carbone) dans l'atmosphère,
responsables du réchauffement climatique, il est institué un
marché de carbone
60
qui consiste à faire payer par des émetteurs le
coût de la nuisance pour le climat que constituent leurs
émissions, selon le principe pollueur-payeur.
Sur ce marché de carbone, des multinationales
occidentales se sont taillé la part du lion au détriment des pays
pauvres parmi lesquels on trouve la RDC. Et durant le COP22 qui s'est tenu
à Marrakech au Maroc et la mise en place de Fond Bleu qui s'est tenu
à Brazzaville en République du Congo, tout s'est joué
contre la RDC. Et le gouvernement Congolais était obligé de
refuser de signer l'accord sur la mise en place de fond bleu. L'alternative de
la RDC a consisté à s'allier au Brésil et
l'Indonésie qui possèdent aussi des forêts tropicales.
Quant au transfèrement de l'eau de la rivière de
l'Oubangui, un affluent du fleuve Congo vers le lac Tchad, une
conférence internationale s'est tenue à Abuja au Nigéria
ou de nombreux représentants des quatre pays limitrophe du bassin du lac
Tchad ainsi que de Centrafrique et d'autres institutions internationales ont
discuté de solutions pour réhabiliter l'écosystème
du bassin, et restaurer la sécurité et le développement
dans la région sans la RDC. A cet effet, un projet Transaqua est
concocté pour prendre de l'eau du bassin du Congo à travers un
canal de 2.400km, une société chinoise et espagnole va faire les
études de faisabilité pour un des projets agro industriels
financé par les multinationales. A cette occasion, un fonds de
développement africain a été créé.
Cependant, l'opinion congolaise et africaine soulève
certaines interrogations. « Transférer ces eaux à partir du
bassin du Congo, que pensez-vous des faits du bassin du Congo qui
dépendent de ces eaux, transférer à partir de la
rivière Oubangui que dites-vous du grand projet Inga qui a une vocation
continentale ? Transférer ces eaux, que cela signifie, l'Oubangui
sèche ? »
Il y n'a pas longtemps que la rivière était
navigable 9à 10 mois sur 12, à présent c'est à deux
à trois mois sur douze à une certaine période, on peut la
traverser à pieds. Et certains Etats Africains (les pays du CBLT) se
tiennent prêts pour faire la guerre de l'eau à la RDC. En
réalité, ce sont les multinationales qui veulent à travers
ce projet faire la guerre par procuration. Déjà en 2015, modeste
MUTINGA avait déjà publié à ce sujet un livre
prémonitoire : la guerre de l'eau aux portes de la RDC.
61
§3. Minerais stratégiques et transition
énergétique
Le sous-sol congolais regorge des minerais et métaux
qui concourent à la révolution numérique et à la
transition énergétique. Pour la révolution
numérique, le coltan dont la RDC possède 20% de réserves
mondiales, joue un grand rôle dans la fabrication des
téléphones portables, des ordinateurs et des Smartphones.
Quant à la transition énergétique dans
l'abandon des énergies fossiles au profit des énergies propres
produites par les éoliennes, les panneaux solaires et des batteries pour
les véhicules, la RDC regorge des minerais indispensables tels que le
cobalt dont 60% de production mondiale. Selon la banque mondiale, la
réalisation de cette transition énergétique
nécessiteront d'énormes quantités de minerais et des
métaux (aluminium, cobalt, cuivre, minerai de fer, lithium, terres
rares, etc.)
Alors deux facteurs d'instabilité peuvent être
étudiés dans le cadre géopolitique. Le premier concerne la
politique de puissance menée par certains Etats pour s'assurer le
contrôle des ressources nécessaires à leur
sécurité.
Le deuxième facteur est une conséquence du
premier qui provoque une lutte entre grandes puissances pour le contrôle
des ressources, au détriment des régions dans lesquelles elles se
situent.
62
Conclusion partielle
En définitive, le présent chapitre a
parlé sur les trois sections à savoir la géographie de la
RDC, sa politique étrangère et enfin la RDC face aux nouveaux
enjeux géopolitiques.
Face à cette réalité de la
géopolitique congolaise, la compétition entre les puissances
occidentales et la chine pour le contrôle de ces minerais
stratégiques en RDC devient une question de vie ou de mort : retenons
que cette rivalité entre des puissances occidentales et puissances
émergentes sur le cobalt congolais qui est d'actualité
aujourd'hui fait rappel à la rivalité entre le monde occidentale
et l'union soviétique sur le contrôle de cobalt. A
l'époque, la RDC et l'union soviétique étaient seuls
grands pays producteurs du Cobalt à l'époque de la guerre froide.
Cette rivalité entre grandes puissances, la demande des minerais
stratégiques et la vente d'armes engendrent des guerres par procuration
pour le contrôle de ses minerais.
63
Conclusion de la première partie
La première partie qui a porté sur le premier
chapitre : la géopolitique et le deuxième chapitre la
géopolitique congolaise est intitulée « le cadre
pratique».
La géopolitique est une science humaine qui
étudie les implications politiques de la géographie.
Par là, l'étude de la géopolitique
congolaise nous a poussé à analyser sa géographie et sa
politique étrangère accompagné des nouveaux enjeux
géopolitiques.
Face à ces menaces qui pèsent sur la
géopolitique congolaise face aux nouveaux enjeux, trois
considérations méritent d'être avancés.
1. La protection par l'armée et par la loi des
richesses convoitées, car depuis l'indépendance de la RDC,
celles-ci sont pillées par des multinationales comme au temps
colonial.
2. La protection des élites politiques congolaises
s'impose. L'histoire politique nous enseigne que depuis l'entrée en
contact des congolais avec le monde capitaliste occidental, leurs élites
sont assassinées à cause de leur patriotisme.
3. Seul le peuple mobilisé reste le seul boucher
contre les assassinats et seule la conscience des congolais face à des
enjeux géopolitiques et ayant tiré les leçons de
l'histoire reste le protecteur de ses richesses.
64
DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE Introduction de la
deuxième partie
La deuxième partie de notre travail va nous amener
à traiter du troisième et du quatrième chapitre de notre
travail.
- Le troisième va parler sur l'eau dans le monde et
enfin
- Le quatrième et le dernier, fera même l'objet de
notre étude et est intitulé « la géopolitique
congolaise de l'eau : mythe ou réalité.
L'eau est nécessaire au développement
économique, tout comme le développement économique est
dans une certaine mesure nécessaire à l'approvisionnement en eau
et à sa bonne gestion, mais la croissance économique
génère son lot de pression quantitative et qualitative sur la
source, ce qui rend rapport eau/développement hautement complexe et fait
que la problématique de l'accès et de la disponibilité de
l'eau en qualité et en quantité satisfaisante concerne une
multitude des pays riches et moins bien que sous des modalités
variables.
65
CHAPITRE III : L'EAU DANS LE MONDE Introduction
partielle
Dans ce chapitre nous allons analyser les sections suivantes :
la notion de l'eau, le problème de l'eau, l'eau au coeur des conflits au
XXIè siècle, le défi de l'eau en Afrique et enfin les
formes de rareté et quelques crises contemporaines hydriques.
Section 1 la notion de l'eau
D'après Henri MOVA SAKANYI, au-delà de toute
conception philosophique, au-delà des divergences idéologiques,
des différents statuts sociaux et d'emplacement géographique,
l'eau c'est la vie.
Dans le même ordre d'idée, nous pouvons dire que
l'eau est essentielle pour l'homme, elle a toujours joué un rôle
important dans l'histoire de l'humanité. Dans ce début du
XXIè siècle, l'eau est devenue un enjeu de taille et seules les
nations qui auraient su préserver leur capital hydrique pourront
survivre.
L'eau, en anglais water' et Aqua' en
latin avec sa formule chimique de deux atomes d'hydrogènes et
d'oxygènes (H2O) est la seule molécule à être
trouver sous trois états sur la terre : solide, liquide et gazeux. L'eau
peut changer d'état sans intervention humaine, ces changements
d'états dépendent essentiellement de la température et de
la pression, mais aussi des composés chimiques présents dans
l'atmosphère, donc la pollution atmosphérique.
Le cycle de l'eau décompose le phénomène
complexe de ces transformations successives. Les trois phases principales du
cycle peuvent être résumées ainsi : évaporation,
précipitation, écoulement souterraine et de surface, leur
élément moteur est l'énergie solaire42.
De ce fait, pour mieux appréhender la notion de l'eau,
il est évident et indispensable pour nous développer les points
suivants : le climat et l'eau, le gaz à effet de serre (GES) : l'eau,
l'eau par rapport à la sécheresse et inondation,
l'écosystème hydrique, savoir l'importance de l'eau et enfin la
géopolitique et les conflits de l'eau.
42 Yves LACOSTE, L'eau dans le monde, Ed. l'Harmattan,
Paris, 2010 pp.28-40
66
§1. Le climat et l'eau
L'eau à travers le cycle joue un rôle
prépondérant dans le climat. Il faut bien étudier le cycle
de l'eau pour comprendre son influence sur le climat ou l'influence du climat
sur le cycle de l'eau.
La quantité d'eau emmagasinée sur la terre est
principalement stockée dans les océans ; la quantité d'eau
présente dans l'atmosphère est 100.000fois faible. Ce n'est pas
toute quantité d'eau stockée qui est importante que le flux de
vapeur d'eau émis se précipite sur le continent : les derniers
tirs proviennent de l'advection, c'est-à-dire du transport de l'eau
évaporée dans l'océan. L'eau de surfaces continentales
joue par conséquent un rôle essentiel pour le climat. Deux
propriétés principales de l'eau influant le climat les sont
à travers l'eau (vapeur) et l'eau (liquide) :
- Absorption et libération de chaleurs au moment de
l'évaporation et de la condensation ;
- La réflexion, la diffusion, l'absorption et
l'émission du rayon atmosphérique qui font que l'eau se comporte
comme un gaz à effet de serres (GES)
§2.Gaz à effet de serre (GES) : L'eau
Sans effet de serre naturel, la température
d'équilibre de la planète serait d'environ 15°c
empêchant la présence de liquide à la surface. Bien que le
plus grand gaz à effet de serre naturel soit la vapeur d'eau, sa
présence dans l'atmosphère n'est pas directement affectée
par l'activité humaine ; si la vapeur d'eau va en toute
probabilité augmenter sous l'effet du réchauffement global, la
nature de cette retro action demeure incertaine.
Le changement climatique (d'origine) anthropique est la
rotation directe entre les ressources en eau et le couvert
végétal, les motivations effectuées par l'homme influent
le climat et les ressources en eau : la couverture végétale
influence la qualité de l'eau, les effets de la couverture
végétale qui dépendent de l'intensité des
précipitations conditionnent le drainage, les forêts agissent
comme zone tampon, les prairies recyclent l'eau, arrêtant
l'évaporation et régulant ainsi le climat. L'ensemble des
systèmes (couverture végétale) préserve le cycle de
l'eau et protège le climat.
67
Il existe des fortes présomptions que la
vulnérabilité des populations et des ressources en eau sera
augmentée avec le changement climatique et nomment l'augmentation des
événements extrêmes comme les sécheresses et les
inondations.
$3. Sécheresses et inondations
La sécheresse et les inondations peuvent être des
catastrophes, des changements climatiques, les interventions humaines sont des
facteurs aggravants de risque, les politiciens sont conscients du
problème, malgré tout, ils ont du mal à mettre en place
une gestion adéquate et efficace de l'eau.
La croissance économique inadaptée et
l'amélioration médiocre des conditions sociales conduisent
à la création des nouveaux risques de catastrophes,
l'urbanisation rapide en est l'exemple.
$4. L'écosystème hydrique
L'eau n'est pas seulement une molécule chimique ou un
élément participatif au climat ; elle est aussi l'habitat et le
refuge des millions d'êtres vivants : végétal ou animal.
Les océans, les mers, les lacs, les rivières, les étangs,
sont autant d'espaces de biotope avec leurs propres écosystèmes :
protéger l'eau, c'est aussi protéger un milieu riche
d'espèces.
§5.L'importance de l'eau
L'eau douce est indispensable à l'existence et au
développement des sociétés organisées. Sans elle,
pas de satisfaction des besoins individuels, ni des suffisances alimentaires,
mais aussi de réalisation industrielle ou énergétique,
sans eau les peuples vivraient dans l'insécurité. L'eau est la
source industrielle de tous les Etats développés ou envoi de
développement. Elle a toujours été à l'origine
d'établissement des civilisations et des regroupements humains qui sont
auprès des sources.43
La localisation des sources, des lacs, des fleuves sur le
territoire d'un Etat est une chance géographique. Elle est à
l'origine des puissances hydriques mais aussi économiques voire
politiques d'un Etat, dans la mesure où elle facilite l'implication de
groupes humains et le développement agricole.
43 AYEB, HABIB, L'eau, les politiques
d'aménagement du territoire en Egypte, monde nabel Maghreb maire
octobre-décembre 1992 n°138 pp.64-79
68
Chaque Etat doit inventorier et mesurer l'ensemble de
ressources en eau douce actuelle ou potentielle, l'Etat analyse la situation
hydrique globale, pour savoir si sa population est en état de stress ou
de suffisance, à cet inventaire la RDC tout comme les pays du bassin du
lac Tchad n'y sont pas épargnés.
L'eau devient un enjeu de pouvoir : le domaine politique
contrôle la source et l'approvisionnement en eau de la population. Elle
devient un élément constitutif de la souveraineté à
côté des armes, de la justice et de la monnaie. Elle sert de moyen
juridique et économique de centralisation politique en se fondant sur
les fleuves et les canaux qui traversent le territoire nationale. Nous avons
constaté que l'eau occupe une place éminente dans l'approche
politique et économique de pouvoir publique, constitue aussi une source
de conflit dans une certaine mesure44.
L'eau occupe une place importante dans l'approche politique et
économique des pouvoirs publics. A présent nous allons parler de
la géopolitique et le conflit de l'eau.
§6.La géopolitique et les conflits de l'eau
La terre est souvent appelée « Planète
bleue » parce que l'eau recouvre la majorité de la surface de
celle-ci (environ 71% de la surface) le volume d'eau sur cette planète
est estimé à environ 1,4 milliards de km2. Sur la
terre où le climat et le relief sont très variés, l'eau
est estimée sous ses 3 différents états : solide, liquide,
gazeux. Ainsi selon son état, l'eau prend différentes formes : de
la glace ou de la neige (état solide) dans les glaciers et les
régions polaires, la forme d'eau liquide (état liquide) dans les
océans, les rivières, les fleuves et les lacs, la forme de vapeur
d'eau (état gazeux) dans l'atmosphère. En fait plus de 97% de
l'eau de la terre se trouve sous forme liquide dans les mers et les
océans tandis que l'eau en tant que masse non liquide représente
2,6%.
L'eau est donc en théorie une source
inépuisable. Ce même volume d'eau se transforme tout le temps en
passant par ces trois différents états (vapeur d'eau, eau
liquide, glace) : c'est le cycle de l'eu. Mais cette eau qui est apparemment en
abondance ne l'est pas dans son absolu, car d'une part les eaux sont
inégalement réparties sur notre planète, d'autre part ce
n'est pas de toute eau que l'homme a besoin.
44 AYEB HABIB, la vallée du Nil ; un grand axe
géopolitique, monde Arabe/Maghreb-maire, octobre-décembre 1995
n°134 p.70
a) La localisation d'une ressource est déterminante pour
expliquer les relations entre les différents acteurs
69
Section 2 : Le problème de l'eau
Dans cette section nous allons analyser les paragraphes
suivants : le premier porte sur l'eau comme ressource stratégique, le
second se base sur des eaux inégalement réparties sur la terre et
le dernier discute de l'indispensable propreté de l'eau.
§1.L'eau comme ressource stratégique
Une ressource devient stratégique lorsqu'elle regroupe
deux caractéristiques fondamentales : indispensable et rare.
a. Elle est indispensable à la survie
du système quelle alimente, en effet le pétrole en est la
parfaite illustration. Depuis la haute antiquité, le pétrole est
connu et utilisé comme combustible d'éclairage. Or, à
partir de 1859, vont avoir lieu trois éléments contradictoires
qui vont sonner le glas du pétrole en tant que combustible
d'éclairage et le révéler comme ressource
stratégique à l'origine de la nouvelle industrie
pétrolière :
- Le nouvel or noir' (le pétrole) attire en
1859 les pionniers nord-américains en Pennsylvanie pour son exploitation
en remplaçant l'huile de baleine devenue trop chère pour
s'éclairer.
- L'essor de l'électricité au début
XXè siècle sonne progressivement le glas des pétroles
lampants distribués dans l'empire de Rocke-felles
- Henry Ford qui sort au début du XXème
siècle les premières voitures de série qui fera que le
pétrole devienne indispensable.
b. Elle est rare
Cette deuxième caractéristique est essentielle.
Le meilleur contre-exemple est l'air que nous respirons : c'est une ressource
indispensable à la survie de l'espèce humain ; mais il n'est pas
stratégique car l'air existe partout autour de nous : nous n'avons pas
à l'acheter, à aller le chercher, à l'exporter, etc...
Le contrôle d'une ressource stratégique
dépend de trois facteurs : sa localisation, son industrie d'exploitation
et son acheminement.
70
b) L'acheminement d'une ressource nécessite la
création d'un réseau d'une infrastructure d'approvisionnement et
de distribution
c) Une ressource n'est stratégique que si elle est
exploitable et qu'il existe l'industrie pour la rendre
exploitable.45
§2.Les eaux inégalement réparties sur la
terre
Les quantités d'eau apparemment en abondance sur notre
planète ne sont pas reparties de la même façon à la
surface des continents.
Cette inégalité se lit à travers trois
aspects :
? Primo, sur le plan géologique, il y a des espaces qui
ont en abondance de l'eau tandis que d'autres n'en ont pas. Ainsi, il y a par
exemple très peu d'eau au niveau des tropiques (tropique du cancer au
nord, tropique du capricorne au sud) où se retrouvent tous les grands
déserts de la planète (comme le désert du Sahara en
Afrique). Au contraire, il y a beaucoup d'eau dans les régions proches
de l'équateur où se situent les grandes forêts de la
planète (la forêt amazonienne en Amérique du sud, par
exemple, en RDC, en Indonésie)
? Secundo, cette inégalité se manifeste par la
polarisation des stocks d'eau au niveau de certains pays en nombre infirme
tandis que la majorité des pays en sont dépourvus ceux des Etats
qui ont l'eau en abondance sont appelés de « puissance d'eau »
(60%) cette catégorie est représentée sur :
- Le continent américain par quatre Etats : Etats-Unis
d'Amérique, le Canada, le Brésil et la Colombie;
- Le continent asiatique par trois pays : la chine, l'inde et
l'Indonésie ;
- Le continent européen par un seul pays la Russie
et
- Le continent africain, aussi un seul pays, la
République Démocratique du Congo.
Les autres pays disposent des réserves de 40% d'eau
seulement.
? Tertio l'inégalité de l'eau est encore
beaucoup plus utile. En fait l'homme et l'écosystème n'ont pas
besoin de toutes sortes d'eau. Entre l'eau salée et l'eau douce,
45 Claire BORDES, Géopolitique de l'eau, Ed. La
découverte, Paris, mars 2014, pp.78-81
71
il n'y a que l'eau douce dont l'homme a besoin. Or l'eau douce
est en pourcentage bien faible.
De ce fait, l'eau de la terre est principalement salée
(97,2% de l'eau totale du globe. Elle se trouve dans les mers et les
océans. L'autre faible quantité d'eau seulement (2,8% de l'eau
totale du globe) est douce. L'eau douce se situe majoritairement dans les
régions polaires (2,15%), dans le sous-sol avec les eaux souterraines
(0,63%), dans les lacs, les fleuves et les rivières (0,019%). Le plus
faible pourcentage d'eau douce se retrouve dans l'atmosphère (seulement
0,001%). La quantité d'eau douce que les hommes peuvent facilement
récupérer est donc extrêmement faible (seulement les eaux
du sous-sol). Il est aussi très long et surtout très cher de
fabriquer de l'eau douce à partir de l'eau de la mer par le processus de
dessalage de l'eau de mer.
§3.L'indispensable propreté de l'eau
Le caractère indispensable est la seconde
caractéristique d'une ressource stratégique. Il n'est pas
question ici de démontrer l'indispensabilité de l'eau pour la
survie de l'homme et des espèces vivants en général, ou
encore il ne s'agit pas seulement d'avoir accès à l'eau, encore
faut-il qu'elle soit propre à la consommation. Cette propreté de
l'eau est l'enjeu des sociétés : il s'agit alors de lutter contre
les maladies hydriques et contre la pollution.
1. Lutte contre la pollution
On a pu voir à quel point le caractère
stratégique de l'eau relevait de son inégale répartition
sur terre. A ces situations inégales vient s'ajouter un nouveau facteur,
qui est directement lié à l'activité humaine : la
pollution.
Cette pollution est issue de l'activité industrielle de
l'homme et est liée au rejet dans la nature de l'excédent d'eau
utilisée par ces activités, sans qu'il ait été
traité avant.
L'UNESCO estime que 70% des affluents industriels dans les
pays en voie de développement sont déversés dans la nature
sans traitement préalables.46 Le secteur agricole est l'un
des principaux utilisateurs de l'eau et contribue donc à la pollution
des sols et des eaux, notamment via son usage d'engrais (nitrates et
phosphates) et de pesticides risque d'accroitre la concentration de la
pollution dans les eaux et de la rendre de plus en plus
46 Jeanine et Samuel ASSOULINE, Géopolitique de
l'eau, Ed. stydyrama, Paris, 2012 p.85
72
impropre à la consommation mais aussi à
l'irrigation, questionnant ainsi la qualité des aliments qu'elle permet
de produire et entrainant le cercle vicieux.
2. Enjeu sanitaire : lutte contre les maladies
hydriques
Le rapport d'information sur la géopolitique de l'eau
de l'assemblée nationale rappelle que : « le Gange indien
reçoit 1,1million de litres par minutes d'eaux d'égout à
l'état brut, chiffre alarmant quand on sait qu'un gramme
d'excréments peut contenir 10 millions de virus, 1 million de
bactéries 1000kystes parasitaires et 100 oeufs de vers intestinaux
»47
Le désastre sanitaire est à l'échelle
mondiale : selon les chiffres de l'ONU, il meurt plus de personnes ayant bu de
l'eau polluée à travers le monde que dans les conflits
armés. Ainsi donc l'enjeu est énorme, et, fait partie même
des objectifs du millénaire de développement de l'ONU (OMD).
Section 3 : L'eau au coeur des conflits du xxie
siècle
Cette section est consacrée à deux paragraphes
dont le premier portera sur les conflits autour de l'eau et le second sur les
fleuves et bassins versants incluant ainsi la question du partage de l'eau.
§1.Les conflits autour de l'eau
Les conflits armés ouverts entre les Etats autour de
l'eau sont bien rares, mais des tensions et des affrontements au sein des
Etats, entre des communautés autour de l'or bleu sont
fréquents.
Qu'ils soient des conflits internes ou interétatiques,
les enjeux en sont l'accès à l'eau pour des populations à
des multiples fins comme il est le cas des populations agricultrices s'opposant
aux peuples éleveurs. Des tels conflits intercommunautaires sont
reportés au Burkina Faso, au Niger, de plus en plus au Kenya et en
Tanzanie.
En RDC, le stress hydrique conduit à une situation
caractérisée par la permanence de cette crise silencieuse avec
deux effets qu'il sied de considérer, difficulté
d'approvisionnement en eau potable et pollution des sources d'eau. La
pénurie d'eau potable sévit au quotidien dans les centres urbains
où les effets « d'affalement », « une véritable
architecture mobile de l'être-ensemble urbain », entrainent des
conséquences qui sont des
47Rapport de l'assemblée nationale du
gouvernement indien de 2014, La géopolitique de l'eau, pp.91-92
A cela nous pouvons ajouter la situation qui se vaut entre la
RDC et les pays du bassin du lac Tchad qui veulent à tout prix se
procurer de l'eau de la RDC.
73
catastrophes humaines : la croissance urbaine n'est pas suivie
par l'augmentation des capacités des infrastructures publiques pour la
prise en charge des besoins fondamentaux de la population urbaine (accès
à l'eau potable, à la santé etc). Les reportages
réalisés par des chaines de télévision locales sur
les difficultés d'accès à l'eau potable dans les centres
urbaines en RDC ne couvrent pas la réalité complexe des
souffrances indescriptible vécues dans le Congo profond.
Des bidons de couleur jaune, du moins dans le grand Katanga,
sont des containers utilisés par des populations à la recherche
de l'eau. Il y a des centres urbains où l'eau coule au robinet non pas
sept jours sur sept, mais deux fois par semaine. Dans d'autres lieux le jour
où l'eau coule au robinet est un jour de fête, car toutes les rues
sont inondées des gens alignés pour entrer dans une parcelle
où est placé le robinet.
Sur le plan interétatique, les conflits autour de l'or
bleu s'assoient sur un fond des rivalités séculaires, politiques,
idéologiques, religieuses ou frontalières qui les exacerbent par
la suite. Ainsi, on peut savoir que dans le conflit entre Israël et ses
voisins arabes, il y a un litige sur le partage des eaux du Jourdain, sur les
partages des aquifères souterrains, mais ce n'est pas le seul point de
litige. Il y a aussi tout le litige sur l'existence même d'Israël,
les territoires occupés, le statut de Jérusalem, les
réfugiés, les frontières etc. donc l'eau n'est qu'un des
éléments dans la nébuleuse des conflits entre Israël
et ses voisins c'est la même chose au Proche-Orient entre la Turquie, la
Syrie et l'Irak où le partage des eaux de l'Euphrate et du Tigre est une
cause de conflit. Là aussi l'eau se mêle à d'autres
rivalités, dans d'autres facteurs de conflits entre les trois pays : la
révolté des Kurdes instrumentalisée par la Syrie pour
essayer d'affaiblir la Turquie parce qu'il y a un litige des frontières,
le litige entre la Syrie et l'Irak sur le partage des eaux de l'Euphrate qui se
double d'une vieille rivalité sur la domination du monde arabe.
En Afrique, il y a des conflits potentiels ouverts et
larvés autour du Nil entre l'Ethiopie et l'Egypte. Ce n'est pas que
l'Egypte veut prendre l'eau du Nil en Ethiopie. De toute façon, l'eau
s'écoule naturellement jusqu'en Ethiopie sur son territoire. Mais
l'Egypte veut empêcher l'Ethiopie de construire des barrages sur son
propre territoire.
74
§2.Fleuves et bassins versants : la question du
partage des eaux
La pression démographique qui va peser sur cette
ressource, couplée à son inégale répartition, fait
donc plus que jamais apparaitre le XXIè siècle comme le
siècle de l'or bleu.
Pour reprendre la définition de la ressource
stratégique et vérifier si l'eau y répond ou non, il
apparait bien que le caractère rare de l'eau est relatif en fonction de
la situation géographique des populations) mais tendra à se
généraliser compte tenu de la croissance démographique
mondiale et de la pollution dégradant les
réserves.48
Si nos modes de vie et de consommation (agricole, domestique
et industrielle) n'évoluent pas vers la durabilité. Or, l'eau
propre à la consommation est d'une telle nécessité pour la
survie des êtres vivants qu'il se pose la question de reconnaitre l'eau
comme un droit pour tous et pas seulement comme un besoin, ce qui, au niveau
international, a une implication pour le règlement de tous les enjeux
liés à l'eau.
L'eau pourrait donc bien être une ressource
stratégique tant au niveau régional que mondial dans le futur. Il
existe déjà à travers le monde de nombreuses situations de
tensions entre deux ou plusieurs pays qui se cristallisent sur des enjeux
hydriques. Les fleuves et le partage des bassins versants sont les principales
raisons de ces crispations. Un fleuve ne représente pas seulement une
source d'eau (nécessaire à l'irrigation, au développement
industriel, également urbain et social) mais aussi une manne
économique pour toutes les raisons évoquées
précédemment, auxquelles s'ajoute le développement de
l'énergie hydraulique.
Les tensions apparaissent donc entre pays en amont et en aval
du fleuve et principalement lorsque le pays en amont décide de mettre en
place des infrastructures (barrages, centrales hydroélectriques...) pour
stocker, dériver, canaliser, drainer les eaux ou produire de
l'énergie, le risque pour les pays et, en aval c'est la perte d'une
partie conséquente du débit du fleuve, une dégradation de
la qualité de son eau (avec une pollution liée aux
activités humaines en avant), voire des catastrophes écologiques
(comme la mer d'Aral) ou sociales (on peut citer, bien que ce cas n'implique
pas un litige entre deux pays, le barrage des Trois Gorges, en chine, qui a
entrainé le déplacement de 2 à 4millions de personnes).
48 Jeanine et Samuel ASSOULINE, op cit pp.90-98
75
La prévision du vice-président de la banque
mondiale en 1995, Israël serageldin, se confirme-t-elle : « les
guerres du XXIè siècle auront l'eau pour enjeu » fait-on la
guerre pour l'eau ou l'eau est-elle un facteur aggravant des tensions ou
conflits entre Etats ?
La question est essentielle car d'elle dépend la
possibilité de résolution de la crise. Deux Etats qui n'ont pas
d'autres raisons de se faire la guerre gagneront plus à coopérer
et à partager intelligemment leurs ressources hydriques. Deux
états en conflits ou ayant des tensions exacerbées auront les
plus grandes difficultés à mettre en oeuvre une volonté
politique de coopération.
Il faut à ce niveau de notre réflexion prendre
un temps pour comprendre la dimension politique de l'eau, perception assez
difficilement partagée en Europe où elle n'est pas en
pénurie. Dans les zones semi-arides et arides, la problématique
de l'eau est intimement liée au politique. Les grands fleuves (le Nil,
l'Euphrate, le Yang-Tsé...) sont les foyers des premières grande
civilisations agraires et urbaines. L'eau et sa maitrise ont pesé sur
les constructions politiques et ont inspiré une analyse sur la nature
des constructions politiques qui en découlent à des nombreux
auteurs en l'occurrence de Montesquieu à Wittfogel en passant par Hegel.
Pour illustrer cette thèse, prenons l'exemple du Pharaon qui tire son
pouvoir du Nil. En effet, le contrôle de l'irrigation et de
l'activité agricole concentrée sur la Valée du Nil pour
assurer la survie du peuple égyptien imposa la mise en place d'un
pouvoir centralisé, fort dans la personne du pharaon.
Quelle peut être aujourd'hui la réalité de
cette thèse de l'hydro-politique ? l'eau ne peut bien entendu pas
être le seul critère expliquant la nature des régimes
politiques en place actuellement dans les pays en zones arides ou semi-arides.
Ces régimes sont le résultat de facteurs multiples et d'une
longue évolution historique. Néanmoins, l'eau reste un enjeu de
politique interne et régionale incontournable pour quelques
gouvernements du monde.
Section 4. Le défi de l'eau en Afrique
Dans cette section nous analyserons deux paragraphes suivants
dont la première porte sur la situation de l'Afrique en matière
d'eau et le second se base sur le plan du G8 pour l'Afrique.
76
§1.La situation de l'Afrique en matière d'eau
Les ressources en eaux, superficielles ou souterraines du
continent africain présentent trois caractéristiques essentielles
:
1) Qu'ils s'agissent des bassins hydrographiques des fleuves
Nil, Congo, Niger, Sénégal, volta, Zambèze, orange,
Limpopo ou des lacs Tchad, victoria, Albert, Okavango ou des nappes
souterraines grandes aquifères du Sahara, etc.
Toutes ces ressources sont partagées entre plusieurs
pays. Il en résulte une interdépendance sous-régionales
particulièrement forte dans ce domaine essentiel ;
2) Cette interdépendance est renforcée par la
répartition disparate et contrastée, de ces ressources, aussi
bien dans l'espace à travers le territoire, que dans le temps selon les
saisons sèches ou pluvieuses. Ainsi neuf des vingt pays ne disposant pas
de 1000m3 d'eau par habitant dans le monde sont situés en
Afrique : en Afrique du nord et au sahel
3) Enfin, les incertitudes qui pèsent aux
échelles régionale et sous régionale sur les
éventuelles évolutions du climat, notamment celle du
régime des précipitations atmosphériques en fonction de
l'effet de serre, nécessitent une vigilance accrue et un effort de
recherche prospective dans un contexte déjà fragile.
En ce qui concerne l'approvisionnement en eau et les
conditions sanitaires des populations africaines, les services de distribution
d'eau potable s'avèrent généralement peu
développés et peu performants.
Quant à l'assainissement, collectif ou individuel, il
n'existe et ne fonctionne que rarement entrainant morbidité et
mortalité. La concentration urbaine en cours accroît les besoins
d'infrastructures dans les secteurs non seulement de l'alimentation en eau,
mais aussi, et surtout de l'assainissement.49
Elle entraine également un accroissement des risques
d'épidémies de maladies hydriques (choléra,
typhoïdes, dysenteries, etc) ainsi qu'une sensibilité et une
vulnérabilité plus grandes vis-à-vis des inondations, tout
comme la déforestation qui aggrave aussi l'érosion des sols.
Faute d'avoir sur place les compétences et l'expertise
nécessaires dans les domaines aussi bien des techniques que des sciences
sociales et humaines, les ouvrages
49 Anonyme, Le défi de l'eau en Afrique, https:/
www.wikipedia.org,
consulté le 18/mars/2019 à 23h32
77
hydrauliques généralement très couteux,
réalisés dans les pays africains n'ont pas toujours une
conception appropriée à leurs contextes économique, social
et environnemental, ni une exploitation et une maintenance satisfaisantes.
En effet, ces pays ne disposent pas d'infrastructures
suffisantes pour assurer la formation initiale ou continue, et le
perfectionnement professionnel nécessaire dans le secteur de l'eau. Les
cadres supérieurs sont souvent formés à l'étranger
et ne reviennent pas toujours au pays. En revanche, les cadres moyens,
techniques ou gestionnaires qui constituent l'ossature principale des
organisations publiques ou privées (agent de maitrise et autre.) ne
peuvent être formés qu'en Afrique, sur place ou dans un pays
voisin.
Enfin, la sécurité alimentaire du continent
n'est pas assurée trente des cinquante pays comptant plus de 20% de (mal
nourris) et dix-huit des vingt-trois pays en comptant plus de 34% sont
situés en Afrique.
L'agriculture vivrière représente le moyen
essentiel de subsistance dans les campagnes et conditionne le maintien du
peuplement rural, avec une production locale soumise à la concurrence
des marchés mondiaux
1. Le droit à l'eau dans le contexte
institutionnel de l'Afrique
Alors que les occidentaux, généralement
très individualistes, ont tendance à privilégier une
appropriation privative du patrimoine naturel et des ressources naturelles dont
le territoire de l'eau, les populations africaines, en dépit de leur
extraordinaire diversité répartie entre l'Afrique du nord,
l'Afrique de l'ouest, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'est et l'Afrique
australe, possèdent tous un sens particulièrement vif de la
solidarité d'abord au sein de la famille, souvent très large,
puis au niveau du village, de la tribu et de la communauté ethnique,
d'où, chez elles, une conception plus communautaire de la notion de
droit, de propriété ou plus souvent de droit d'usage du sol et
des eaux, selon leur droit coutumier traditionnel.
La charte des nations-unies de 1945, la déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 et les pactes internationaux
subséquents de 1966 ont constitué un ensemble idéologique
et normatif. La conférence de Téhéran en 1968, à
l'occasion du 20è anniversaire de la déclaration universelle,
puis la seconde conférence mondiale sur les droits de l'homme
organisée à vienne en 1993 ont réaffirmé
solennellement le principe de l'universalité des droits de la personne
humaine. Cette question ne va pas de soi. En effet dans les rapports
78
nord-sud, entre pays riches et pauvres. Les valeurs
idéologiques, les cultures, les conceptions de la démocratie sont
variées, selon que l'on se trouve en Europe, en Afrique, en
Amérique ou en Asie. Les états africains ont fait valoir aux pays
industrialisés que les droits de l'homme ne sauraient être
conçus in abstracto, qu'ils étaient le produit d'un contexte
historique et d'un environnement, culturel et spirituel spécifique.
Alors que la conception occidentale est centrée sur l'individualisme
libéral et sur la primauté de la personne sur le groupe, les
valeurs traditionnelles africaines mettent l'accent sur le primat de la
collectivité sur l'individu, des devoirs sur les droits de la
solidarité sur l'égocentrisme.
La charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
adoptée par l'organisation de l'unité africaine (OUA) à
Nairobi en 1981, est particulièrement importante dans la mesure
où elle fait référence, dans son préambule aux
« valeurs de la civilisation africaine » et proclame à
l'article 24 que « tous les peuples ont droit à un environnement
satisfaisant et global, propice à leur développement
»50.
Le droit à l'environnement ainsi reconnu n'est pas
individuel, mais collectif en ce qu'il appartient aux peuples. Il y a cependant
lieu de noter que ce droit est, pour la première fois,
intégré dans un traité dont les auteurs sont des pays en
voie de développement pour lesquels il est particulièrement
difficile à court terme de concilier la protection de l'environnement et
le développement.
Eclairés à la lumière du droit à
l'environnement, d'autre articles de cette charte africaine sont essentiels
- L'article 9 qui prévoit que toute personne a droit
à l'information,
- L'article 13 qui mentionne le droit des citoyens de
participer librement à la direction des affaires publiques de leurs
pays,
- L'article 16 qui indique toute personne au droit de jouir du
meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable
d'atteindre. Les mesures de sauvegarde de la charte sont assurées par la
commission africaine des droits de l'homme et des peuples, et peuvent
être appliquées à leur égard.
2. Cadre régional très mobilisé sur
le secteur de l'eau
Aujourd'hui, l'Afrique se compose d'une cinquantaine de pays
indépendants dont les frontières «
géométriques » ignorent, les plus souvent, les
géographies physiques et
50 Charte Africaine des droits de l'homme et des
peuples, 1981, art24
Expérience unique, le nouveau partenariat pour le
développement africain (NEPAD) qui associe les pays africains à
ceux de l'OCDE, propose des voies nouvelles pour
79
humaines, tous sont regroupés au sein de l'union
africaine qui a succédé à l'organisation de l'unité
africaine et reste basée à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie.
Parallèlement, les moyens de la banque africaine de développement
dont le siège a été transféré d'Abidjan
à Tunis (avec la facilité africaine de l'eau) et le rôle de
la commission économique pour l'Afrique des nations-unies (avec le forum
de l'ONU sur l'eau en Afrique) sont en cours de renforcement, avec le soutien
de la communauté internationale, notamment du fond monétaire
international (FMI), de la banque mondiale(BM) et de l'union européenne,
grâce à l'appui remarqué de la France et du Royaume-Uni
dans le cadre du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique
(NEPAD).
On a heureusement pu constater ces derniers années, un
repositionnement spectaculaire des priorités liées à l'eau
, les préoccupations et les objectifs des acteurs africains. C'est ainsi
que :
- La vision africaine de l'eau pour le XXIè
siècle dans le cadre de la vision mondiale de l'eau,
élaborée par le conseil mondial de l'eau, a été
présentée et débattue lors du forum mondial de l'eau,
organisé à la Haye en mars 2000 ;
- En septembre 2001, sous l'égide de la banque
africaine de développement (BAD) a été crée le haut
comité africain de pilotage pour l'eau (AWTF : African Water Task Force)
qui a adopté une position commune, en décembre 2001, à
Bonn, lors d'une conférence internationale sur les eaux douces ;
- La mobilisation s'est progressivement étendue
à toute l'Afrique par la voie de conférences thématiques
entre opérateurs, décideurs et scientifiques (notamment à
Accra en avril 2002) ;
- En avril 2002, 43 ministres africains chargés de
l'eau, réunis à Haye puis à Johannesburg en septembre
2002, ont créé un conseil permanent (AMCOW : African Ministerial
Concil for Water) pour assurer, sous l'égide de la nouvelle union
africaine, la direction politique, imprimer les orientations et conduire les
actions en faveur de la bonne gestion de l'eau sur le continent : c'est la
première mobilisation, à pareille échelle et de niveau
aussi élevé existant actuellement dans le monde en matière
d'eau.
3. Le programme du nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique
80
sortir l'Afrique des cercles vicieux de la pauvreté et
des conflits. L'AMCOW et l'AWTF ont obtenu l'inscription de l'eau dans le
programme du NEPAD qui propose ainsi quatre lignes d'action :
1) Accélérer le travail sur les projets multi
objectifs d'aménagement de la ressource tels que le programme
d'étude du secrétariat de la SADC sur l'aménagement du
fleuve Congo et l'initiative pour le bassin du Nil (NBI) ;
2) Etablir un task-force pour planifier la lutte contre les
efforts négatifs du changement climatique en Afrique ;
3) Collaborer avec l'initiative mondiale d'assainissement
environnemental (GESI) ;
4) Appliquer le programme UN habitat sur les économies
d'eau dans les villes africaines. Parallèlement l'AWTF qui a
suggéré et obtenu la création d'un nouvel instrument
appelé « african water facility ».
Il s'agit d'une plate-forme de coopération
bailleurs/bénéficiaires améliorant les synergies et
dégagement des solutions de partage des risques pour attirer des
financements supplémentaires.
§2.Le plan d'action du G8 pour l'Afrique
En phase avec les propositions du NEPAD, les propositions du
plan d'action du G8 de Konan skis en 2002, confirmées à Evan en
2003, comportent trois grandes rubriques :
- Exploitation durable des ressources en eau ;
- Appuis pour l'accès à l'eau potable et à
l'assainissement ;
- Appui à la gouvernance du secteur de l'eau :
décentralisation recouvrement des coûts,
plus grande participation des consommateurs.
1. L'initiative européenne pour l'eau
Sous l'impulsion de plusieurs Etats-membres, l'union
européenne à lancé en septembre 2002 à
Johannesburg, une initiative dans le cadre des partenariats de type11,
intitulée : « L'eau pour la vie : santé, niveau de vie,
développement économique, paix et sécurité »
avec pour sous-titre : « mettre en oeuvre le plan d'action du sommet
mondial du développement durable ». Cette initiative vise à
faciliter une coopération renforcé en concertée et
cohérente entre bailleurs de fonds européens (sans exclure
d'autres bailleurs). Elle comporte cinq composantes dont les deux
premières sont dédiées à l'Afrique. La
81
composante « gestion intégrée de ressources
en eau « (GIRE) en Afrique, avec un accent sur les bassins fluviaux trois
frontaliers est portée par la France.
Les trois priorités de l'union européenne sont :
- L'accès pour les plus pauvres à une eau potable
de qualité et à un assainissement adéquat ;
- Une gestion équitable et durable des eaux
frontalières;
- Une bonne coordination entre les usages concurrents de l'eau
pour les besoins domestiques, l'agriculture, l'environnement, l'énergie,
l'industrie...
Section 5 : les formes des raretés de l'eau et
quelques crises contemporaines hydriques
§1.Des formes de rareté diverses
Comme le dit Tony Allan de manière laconique, il existe
deux types de raretés de l'eau : la « rareté de premier
ordre » est la rareté de l'eau elle-même et la «
rareté de second ordre » est la rareté des moyens permettant
de faire face à la rareté. Les pays pauvres sont ainsi les plus
durement touchés par la rareté de premier ordre. L'IWMI
(International Water Management Institute) distingue la rareté
physique de l'eau de sa rareté économique. Dans le cas de la
rareté physique, il s'agit de la disponibilité quantitative de la
ressource au niveau d'un cours d'eau, d'un bassin ou d'une région. La
rareté économique concerne quant à elle la capacité
financière, humaine, et sociale d'avoir accès à l'eau.
Cette forme de rareté concerne essentiellement l'Afrique subsaharienne
et une partie importante de l'Asie du Sud-est. La partie septentrionale du
Nordeste du Brésil, région desservie par le transfert des eaux du
fleuve São Francisco, est catégorisée comme
présentant une situation « proche de la rareté physique de
l'eau » (plus de 60% du débit des cours d'eau est utilisé
pour des usages agricoles, industriels et domestiques et les bassins vont
connaître à court terme une situation de rareté physique).
On peut aussi d'ores et déjà noter que la distinction
proposée présente la limite de masquer la complexité des
raretés.51
La rareté qui frappe la région semi-aride du
Brésil est liée autant à des facteurs économiques,
sociaux, institutionnels et politiques qu'au climat et à l'hydrologie.
Comme
51 Philippe ROMAN, l'analyse des transferts d'eau
inter-bassins au défi des conflits et de la justice environnementale. Le
cas du fleuve Sao Francisco (Nordeste du Brésil, Thèse de
doctorat, université Paris-Saclay, sciences de l'homme et de la
société, 2015
82
nous le verrons plus en détail dans cette thèse,
la caractérisation du type de rareté auquel est confronté
le Nordeste septentrional est un enjeu à part entière, et l'objet
de débats politiques autant qu'experts.
§2.Une reconnaissance croissante des risques
hydriques
Outre l'enjeu humanitaire, reconnu depuis de longues
décennies dans les arènes internationales (ONU, organismes
spécialisés, mouvements sociaux, ONG etc.), l'eau est devenue le
risque numéro un en termes d'impact selon le Global Risk Report 2015
du Forum Economique Mondia (devant les maladies infectieuses, les armes de
destruction massive ou le changement climatique). À cette occasion, le
rapport a déplacé le risque hydrique de la catégorie
« risque environnemental » à celle de « risque social
». C'est dire si les entreprises prennent la menace d'un manque d'eau dans
les années à venir au sérieux. Elles rejoignent en cela
les innombrables chercheurs et experts alertant sur ces enjeux depuis plusieurs
décennies.
La disponibilité en eau est ainsi devenue la principale
préoccupation des compagnies minières, mais aussi de
multinationales comme Nestlé ou Coca-Cola, et les plus grandes
entreprises mondiales produisent désormais des rapports sur les risques
hydriques auxquels elles font face.
§.3.De quelques crises contemporaines de l'eau
L'actualité de ce début de 21ème
siècle est riche en crises hydriques. L'Australie vient de
connaître l'une des pires sécheresses de son histoire («
The Biggest Dry »), qui a très sévèrement
affecté le bassin Murray-Darling (le plus grand réseau
hydrographique d'Australie, situé dans le sud-est du pays). Les feux de
brousse ont tué des dizaines de personnes, l'économie rurale a
été déstabilisée, la production de riz s'est
effondrée et a contribué à une hausse des prix en 2008 qui
a elle-même contribué à déclencher des
émeutes de la faim dans des pays pauvres.
Le bassin Murray-Darling est aujourd'hui «
sur-alloué » (« over-allocated ») : les
quantités d'eau attribuées aux différents usagers du
bassin dépassent la quantité totale que le système
produit. Etant donné les conditions extrêmes de manque d'eau et la
nécessité d'adaptation auxquelles fait face la population du
bassin Murray-Darling, celui-ci est souvent présenté comme
représentant l'avenir potentiel d'autres bassins « stressés
» dans le monde.
83
En 2008, le Chili a connu l'une des pires sécheresses
depuis des décennies, ce qui a poussé le gouvernement à
décréter l'état d'urgence. Le pays connaît par
ailleurs une tendance à la baisse des précipitations et une
avancée du désert de l'Atacama vers le sud
(Santibáñez, 2015).
La Californie connaît quant à elle une
sécheresse particulièrement grave depuis 2011. La croissance
démographique et économique de l'État depuis
l'après-guerre a été spectaculaire, et le
développement des ressources en eau a pu donner le sentiment d'une
relative abondance, permettant le développement de l'agriculture
irriguée à une très grande échelle et contribuant
à faire de cet État une puissance économique (la
huitième économie du monde si elle était un État
autonome) et agricole. Mais aujourd'hui, l'eau manque, et des politiques de
rationnement sont mises en place1: chose inédite dans l'histoire de la
Californie, le gouverneur Jerry Brown a passé un Executive
Order imposant des restrictions obligatoires d'usage de l'eau aux agences
de l'eau locales (local water supply agencies) d'un montant de 25%.
Les producteurs d'amandes, qui ne consommeraient pas moins de 10% de toute
l'offre d'eau californienne, sont pointés du doigt.
Les usages non strictement nécessaires sont de plus en
plus mal perçus, comme l'arrosage des elouses, le lavage des voitures ou
l'entretien des terrains de golf. La question de la soutenabilité de la
croissance dans cet État mythique de l'Ouest états-unien se pose
ainsi de manière plus aigüe que jamais. La sécheresse est
même utilisée comme argument pour limiter l'immigration en
Californie. Elle est aussi parfois attribuée aux environnementalistes,
qui auraient contribué à faire augmenter les débits
écologiques des rivières et à limiter les travaux
d'infrastructure hydraulique. La sécheresse de 2014 a
représenté la plus forte réduction de la
disponibilité en eau pour l'agriculture en Californie qui ait
été enregistrée, et ses impacts économiques sur le
secteur ont été estimés à 2,2 milliards de US$.
De manière générale, l'Ouest
états-unien est particulièrement stressé sur le plan
hydrique. La plupart des cours d'eau et des bassins hydrographiques y sont en
effet « fermés », ou « clos ». Le bassin du Rio
Grande a connu l'une de ses pires sécheresses au début des
années 2000, conduisant à des mesures de rationnement. Le bassin
du Colorado est aujourd'hui « clos », ses eaux sont mêmes
sur-allouées car son débit moyen a été
surestimé par le passé. Des travaux prévoient des «
méga-sécheresses » (« megadroughts »)
inédites dans le sud-ouest des États-Unis. Notons que le
modèle californien a exercé et exerce toujours
84
une certaine fascination au Brésil : il s'agit d'une
région semi-aride qui a été « verdie » avec
succès grâce au talent de ses ingénieurs et à
l'habileté et l'abnégation de ses agriculteurs.
On parle, en anglais, de « basin closure »
pour désigner une situation d'utilisation des eaux d'un bassin à
plein potentiel. Ainsi, accroître la quantité ou
l'intensité des usages ne peut se faire qu'au détriment d'autres
usages et/ou du débit écologique, c'est-à-dire du
débit considéré comme nécessaire au maintien des
fonctions écologiques du cours d'eau. 16 allait se transformer en un
grenier du monde, une contrée prospère grâce - dans une
large mesure à l'irrigation ? Mais alors qu'au Brésil le fantasme
d'un Nordeste semi-aride transformé en oasis semble prendre corps, on se
demande désormais aux États-Unis si le processus de
développement et d'« anthropisation » de la Californie n'a pas
été poussé trop loin, et si les prévisions faites
au milieu du siècle en termes de disponibilité de l'eau ne se
révèlent pas exagérément optimistes.
En ce qui concerne les pays dits « émergents
», les crises sont aussi nombreuses. La Chine est face à de sombres
perspectives en termes de raretés hydriques, ce qui a conduit à
entreprendre le pharaonique transfert des eaux du Sud vers le Nord. Elle a
connu en 2014 une sécheresse terrible, et la situation de la plaine du
Nord est déjà critique. L'Inde a quant à elle connu trois
périodes de sécheresse grave depuis 2000. Le Brésil n'est
pas en reste en matière de crises de l'eau. Le Nordeste vient de
connaître sa pire sécheresse depuis plus de 50 ans. En 2012, 90%
des stations pluviométriques de la région semi-aride du Nordeste
ont enregistré une situation de sécheresse, avec 36% de ces
stations présentant les résultats les plus secs jamais
enregistrés. Des actions de régulation ont été
entreprises, comme la restriction de l'irrigation et le renforcement des
contrôles des usages illégaux. Depuis 2012, ce sont aussi les
États de São Paulo et Rio de Janeiro (en particulier les
régions métropolitaines des deux capitales d'État) qui
font face à une sécheresse exceptionnelle, impliquant elle aussi
son lot de rationnements, de tensions politiques et sociales et de
récriminations visant l'agriculture, grande consommatrice de la
ressource
§4.Tensions à venir
Entre 1960 et 2000, les extractions d'eaux souterraines sont
passées de 312 à 734 km3/an et la vitesse d'épuisement des
stocks a plus que doublé. La surexploitation s'élève au
niveau mondial à plus de 100 milliards de m3 par an, principalement en
Inde, en Chine et aux États-Unis. Près de 80% de la population
mondiale vit dans des zones à haut niveau de menace sur la
sécurité hydrique. Le nombre de désastres liés
à des sécheresses ou à
85
des inondations, la surface totale affectée ainsi que
les dommages ont crû depuis 1970, en raison de l'artificialisation
croissante des rivières, de l'urbanisation (surtout en zones
côtières).
Selon le rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour
l'Environnement) « GEO- 5 » (UNEP, 2012), les
prélèvements d'eau ont triplé au cours des 50
dernières années, et la demande devrait continuer à
augmenter. Les niveaux de demande en eau excèdent en de nombreux
endroits l'offre soutenable à moyen et long terme, d'où la
probabilité de crises qui s'amplifieront à l'avenir. Selon l'IWMI
(IWMI, 2007), la plupart des grands bassins producteurs de produits agricoles
sont « clos », leurs eaux sont déjà
sur-allouées, 1,2 milliards de personnes vivent dans des régions
de rareté physique de l'eau, et ces constats risquent fort de ne faire
que s'aggraver. Selon les travaux du 2030 Water Resources Group
rapportés dans le World Water Development Report 2015 (WWAP,
2015), la croissance de la demande en eau étant plus rapide que celle de
la population, le monde risque de connaître un déficit hydrique de
40% d'ici 2030 selon le scénario climatique Business As Usual.
Selon l'approche des « limites planétaires », la limite de
consommation d'eau bleue est estimée à 4000 km3/an. Les usages
consomptifs s'élèvent aujourd'hui à 2600 km3/an mais la
limite pourrait être atteinte dans les décennies à
venir.
La définition de seuils quantitatifs de rareté,
de seuils minimaux acceptables de disponibilité en eau, n'est pas chose
aisée tant elle dépend d'autres facteurs éminemment
variables selon le lieu, les techniques et institutions etc. L'indicateur de
stress hydrique le plus souvent utilisé est celui de l'hydrologue
suédoise Malin Falkenmark, selon lequel il y a absence de stress
hydrique à partir de 1700 m3 d'eau par an disponibles par personne.
Selon le PNUE, un tiers de la population africaine vit dans des zones
exposées à la sécheresse, et presque tous les pays
d'Afrique sub-saharienne vont probablement connaître une situation de
stress hydrique (moins de 1700 m3 par personne et par an) d'ici à
2025.
L'OCDE définit le stress hydrique comme «
sévère » lorsque le ratio de l'utilisation totale par
rapport à l'offre renouvelable dépasse 40%, et estime selon ce
critère qu'en 2030 près de la moitié de la population
mondiale (3,9 milliards de personnes) vivront dans des conditions de stress
hydrique sévère. Parmi les facteurs avancés figurent la
croissance démographique, la hausse des niveaux de vie, la
surexploitation des aquifères, la pollution des eaux, la
dégradation des écosystèmes et les changements
climatiques. La distinction « eau bleue » et « eau verte »
a été proposée par Malin Falkenmark. L'eau bleue
86
est celle des rivières, des lacs, des nappes
souterraines, distribuée par des canalisations. Elle peut être
transportée, mobilisée par l'Homme pour différents usages.
L'eau verte est celle qui est contenue dans le sol et disponible pour les
plantes. Un usage consomptif se caractérise par le fait qu'il implique
que l'eau extraite ne retourne pas dans son milieu d'origine. C'est le cas par
exemple avec l'évaporation et la transpiration des plantes. Il existe
diverses manières d'approcher l'idée de rareté, stress, ou
pénurie hydrique, qui incluent des dimensions économiques,
sociales, institutionnelles et autres. Pour une synthèse des indicateurs
de stress/pénurie hydrique.
87
Conclusion partielle
Ce chapitre s'intitule « l'eau dans le monde » : par
là, quatre sections ont fait l'objet d'étude de chapitre ;
La première section s'intitule sur la notion de l'eau,
ou nous avons abordé les paragraphes suivants : le climat et l'eau,
l'écosystème hydrique, les gaz à effet de serres (GES) :
et l'eau, sécheresses et inondations, importance de l'eau et enfin la
géopolitique et conflit de l'eau.
La deuxième ensuite analyse la question du
problème de l'eau avec deux sections à savoir : l'eau comme
ressource stratégique vu son caractère indispensable à sa
rareté, et indispensable propreté de l'eau où nous avons
parlé de la lutte contre la pollution ainsi que l'enjeu sanitaire :
lutte contre les maladies hydriques.
La troisième section parle de l'eau au coeur du conflit
au XXIè siècle; ici, nous avons abordé deux points
essentiels : celui du conflit autour de l'eau et enfin celui de la question du
partage de l'eau.
La quatrième s'élance sur le défi de l'eau
Afrique.
Enfin la cinquième qui est la dernière parle des
différentes formes des raretés et quelques crises contemporaines
hydriques.
88
CHAPITRE IV : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE DE L'EAU :
MYTHE OU REALITE
Introduction partielle
La question de la géopolitique congolaise de l'eau est
vraiment complexe, voire difficile à saisir si elle est un mythe ou une
réalité.
Toutefois, la situation de la sécheresse du lac Tchad
pourrait nous permettre d'appréhender cette notion du fait que nous
assistons à une sorte d'hydro-diplomatie des pays du bassin du lac Tchad
à pouvoir obtenir le transfert de l'eau de la RDC via la rivière
vers le lac Tchad qui a perdu presque 90% de ses eaux et que la situation est
devenue inquiétante pour les autorités de ces pays du bassin du
lac Tchad à savoir : le président Idriss DEBY ITNO, qui, veut
à tout prix obtenir l'eau de la RDC même au prix du sang.
L'hydro-hégémonie de la RDC qui a attiré
les pays du lac Tchad notamment le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et
par défaut la République centrafricaine ont poussé la
classe politique congolaise à rester soudée en vue de garder
l'eau se trouvant sur leur territoire.
Section 1: La réalité de la
géopolitique congolaise
De ce fait, cette étude va nous amener à
analyser les pays du bassin du lac Tchad et leur géopolitique sur l'eau
de la RDC ainsi que la position de la classe politique congolaise face au
projet du transfert de l'eau de la rivière Oubangui vers le lac
Tchad.
§1. Les pays du bassin du lac Tchad et leur
géopolitique sur l'eau de la RDC Ce paragraphe
nous amène à analyser les trois points suivants :
La commission du bassin du lac Tchad, la notion du transaqua
dans le contexte du lac et de l'eau de la RDC et enfin la situation du lac
Tchad.
A. la commission du bassin du lac Tchad (CBLT)
Dans ce paragraphe nous traiterons de la création et
mandat, la structure, le cadre institutionnel ainsi que les réalisations
de la commission du bassin du lac Tchad.
89
1. La création et mandat de la
commission
La commission a été créée le 24
mai 1964 à Fort Lamy (N'djamena) par la volonté des chefs d'Etats
riverains du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) la république
centrafricaine deviendra cinquième Etat membre en 1994.
Les Etats membres, par la mise en place de cette structure
affirment leur volonté d'intensifier leur coopération et leurs
efforts pour la mise en valeur des ressources du bassin du lac
Tchad.52
2. Le mandat de la commission
Pour atteindre cet objectif, le mandat est donné
à la commission, c'est entre
autres :
- Préparer des règlements communs permettant la
pleine application des principes affirmés dans la convention et le
statut ;
- Rassembler, examiner et diffuser des informations sur les
projets préparés par les Etats et recommander une planification
des travaux communs et de programmes conjoints de recherche dans le bassin ;
- Maintenir la liaison entre les hautes parties contractantes
en vue de l'utilisation la plus efficace des eaux du bassin ;
- Suivre l'exécution des études et travaux dans
le bassin relevant de la présente convention et d'en tenir
informés les Etats membres ;
- Elaborer les règlements communs relatifs à la
navigation ;
- Examiner les plaintes et contribuer à la solution des
différends ;
- Promouvoir la coopération régionale et la
coordination des programmes régionaux
- Planifier, mobiliser et assurer le suivi des projets
nationaux ayant des implications régionales.
3. La structure de la commission
La commission est dirigée par :
- Un sommet des chefs d'Etats qui se réunit une fois l'an
; - Une session des commissaires réunie une fois par an
52Anonyme, Commission du bassin du lac Tchad,
https://www.riob.com in download.pdf.
Consulté le 03/05/2019 à 19h00 38'
90
- Un secrétariat exécutif composé d':
> Un secrétaire exécutif
> Un secrétaire exécutif adjoint
> Un contrôleur financier
> Un département administratif et finances
> Un département de la documentation et des
technologies avancées
> Un département de la planification et
exécution des projets ;
> Un département des ressources en eau et de
l'environnement.
4. Le cadre institutionnel de la
commission
Le dispositif exécutif de la commission comprend :
- La convention de Fort Lamy et le statut pour la mise en
valeur du bassin du lac Tchad. Cette convention fait référence
à la charte des Nations-Unies et à celle de l'organisation de
l'unité africaine. Ainsi la commission est conçue comme un
organisme de coopération sous-régionale.
- L'accord d'ENUGU portant réglementation commune sur
la faune et la flore (03/12/77/. Cet accord se veut être une confirmation
de la volonté de coopération énoncée dans le
statut53.
Les idées forces de ces dispositifs sont
1) L'exploitation optimale des ressources du bassin du lac Tchad
(art IV et V du statut) ;
2) La primauté du droit collectif (art V du statut
auquel s'ajoute l'accord d'Enugu et celui de Moundou du 21/8/70 ;
3) La représentation égalitaire des Etats dans
la composition des différents organes de la commission (deux
commissaires par pays, présidence de la commission tournante, un poste
statutaire au moins pour chaque Etat. Pas plus de 30% du personnel-cadre par
pays, toutes les décisions sont prises à l'unanimité,
chaque Etat doit être représenté pour tenir les
délibérations ;
4) Le bon voisinage et le règlement pacifique des
différends (patrouilles mixtes pour assurer la sécurité,
démarcation des frontières dans le lac par les experts nationaux
;
53 Statut de la convention de fort Lamy art IV et V
p.3.
91
5) Solidarité dans la participation des Etats au
financement des programmes de la
commission (Nigérian 52%, Cameroun 26%, Tchad 11%, Niger
7%, RCA 4%).
5. Les réalisations
La CBLT a réalisé de nombreux projets à
caractère national et régional dans le but de satisfaire les
besoins de la population de la zone et surtout de comploter et augmenter les
connaissances sur les ressources en eau disponible dans le bassin du lac
Tchad.
De 1964 à 1989
- Possibilité de l'usage économique des eaux
souterraines dans le bassin du lac Tchad ; - Aménagement hydraulique des
zones aérées ;
- Réalisation des puits et forages dans la zone du lac
Tchad ;
- Inventaire des potentialités des ressources
naturelles du bassin du lac Tchad à partir de 1990 ;
- Etude diagnostique de la dégradation de l'environnement
du bassin du lac Tchad.
1) Planification des ressources en eau du bassin du lac Tchad
2) Suivi et gestion des ressources en eaux souterraines dans le
bassin du lac Tchad
3) Gestion des eaux souterraines dans les formations
Chari-Logone pour un développement durable du bassin du lac Tchad.
Le rôle de coordination de la commission s'exerce dans
toute ses activités par des réunions de coordination et de
concertation avec les Etats organisés chaque année sur :
1) Les actions zoo-sanitaires aux frontières des Etats
membres ;
2) Protection des végétaux et lutte contre la
sècheresse ;
3) Comité technique pour les ressources en eau.
La partie de commission du bassin du lac Tchad ainsi
étalée, nous passons sans plus tarder celle de la notion du
transaqua dans le contexte du bassin du lac Tchad et de l'eau de la RDC.
B. La notion du Transaqua
Ce paragraphe va se pencher sur le transaqua, en l'occurrence
sa définition, son histoire, ses buts recherchés, son projet de
1992, ses détails approfondis, son évolution et ses critiques et
controverses.
92
1. Définition
Le transaqua est un projet de transfert d'eau inter bassins
au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad et ce
par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve chari
principal tributaire du lac.
Longtemps en sommeil, ce projet connait au début de
XXIè siècle une brusque regain d'intérêt
étant donné l'urgence des problèmes qu'il est censé
régler.
2. Histoire
L'idée avait déjà été
soulevée par les soviétiques dès les années 1970,
à la suite de la grave sécheresse qui sévit alors au sahel
africain et qui avait fait passer la surface du lac Tchad de quelque
22000km2 à environ 8000km2 en peu de temps. La
crise, qui fit grand bruit à l'époque semblait ne pas se
régler et avoir des conséquences irréversibles de
désertification de larges surfaces cultivables et cultivées
jusqu'alors.54
Bientôt les craintes des scientifiques sur l'effet de
serre commencèrent à se
répandre.
Simultanément, les précipitations semblaient
augmenter dans la zone de forêt tropicale humide de l'Afrique, et
notamment dans le bassin versant du Congo. Les observations faites au Cameroun
montrent d'ailleurs actuellement une extension de la zone des forêts vers
le nord, et ce depuis plusieurs décennies.
L'idée fit alors son chemin d'un grand transfert d'eau,
à partir des régions excédentaires du bassin versant du
Congo vers les zones déficitaires du Sahel, entre les affluents nord du
Congo et le bassin versant du chari et ce à travers la ligne de partage
des eaux.
C'est en 1972 que Francisco Curato, CEO de BONIFICA SPA, une
parmi les plus importantes sociétés d'ingénierie du groupe
public IRI-ITALSTAT, conçoit la première une hypothèse du
projet.
Un document de 1982, rédigé par Marcello Vichi
avec l'autorisation du CEO RENZO ROSI, comprit les études et le conseil
des agences internationales; Cinq cents copies
54 Henri Jacques-Félix, la vie et la mort du
lac Tchad : rapport avec l'agriculture et l'élevage » in bulletin
agronomique, n°3, 1947, p.43
93
en trois langues avec l'indication BONIFICA SPA-IRI-ITALSFAT,
firent distribuées aux pays intéressés, aux
autorités italiennes et à de nombreux organismes
internationaux.
3. Buts recherchés
Le but principal de ce transfert serait premièrement
de restaurer et stabiliser la surface du lac Tchad, selon sa superficie des
années 1960, et permettre l'irrigation de surface encore plus vaste
qu'alors dans la région, ce qui comprend aisément des zones
cultivées bien plus étendues qu'autrefois.
Deuxièmement, ce transfert permettrait une importante
production d'énergie hydroélectrique et aussi, on créerait
aussi une importante voie navigable reliant le bassin du lac Tchad avec le
réseau du fleuve Congo et, ultérieurement, les grands lacs
d'Afrique de l'Est.
4. Le projet de 1992
En 1992, la société d'ingénierie
italienne Bonifica SPA formalisa à nouveau son projet, dans le but
d'influer sur les participants au sommet de Rio de Janeiro. La brochure
publiée s'intitulait : « Transaqua : une idée pour le Sahel
». C'était à l'époque des grands projets de transfert
d'eau. Mais très vite l'intérêt par rapport aux
problèmes de l'Afrique diminua, ce qui empêcha le financement
d'études plus poussées destinées à vérifier
la faisabilité du projet, lequel tomba en sommeil.
5. Les détails sur le projet
transaqua
Il s'agit de barrer les cours de plusieurs rivières
importantes du nord-est de la RDC (ex-zaïre) au moyen de barrage de
régulation et de soustraire une partie de leurs débits par un
canal qui conduirait ces eaux vers la ligne de partage des eaux, à
environ 600 mètres d'altitudes.
Une fois franchi ce seuil, les débits se trouvent
acheminés, toujours par canal, dans le lit du Chari, et finiraient par
alimenter par simple gravité le lac Tchad, ainsi que des diverses
surfaces irriguées (à équiper) dans les zones
Sahéliennes des pays riverains du lac.
La différence de niveau entre les 600 mètres de
la ligne de partage des eaux et les 280 mètres d'altitudes du lac
permettrait d'installer des barrages avec les usines hydroélectriques.
Enfin l'ensemble constituerait une voie navigable importante.
94
Le volume de prélèvement prévu serait de
l'ordre de 100 milliards de mètres cubes d'eau annuellement,
c'est-à-dire plus ou moins 3150m3/s, débit qui ne
nuirait pas trop au régime du fleuve Congo (puisqu'il ne s'agit que de
quelque 8% de son volume d'écoulement. Il s'agit cependant
d'énormes quantités. Ce débit prélevé serait
en effet supérieur à la moitié du volume d'eau produit
naturellement chaque année en France Métropolitaine (178,5
milliards de mètres cubes), ou égal à celui produit
annuellement en Allemagne (107,5 milliards de mètres cubes), ou encore
équivalent à deux fois le débit annuel du Nil au Caire, et
nettement supérieur à celui du Rhin dans son cours
inférieur.
Le canal serait suffisant pour irriguer six à sept
millions d'hectares outre la stabilisation de la surface du lac Tchad il
produisait quelque 30 à 35 milliards de kilomètres par an.
Les travaux pourraient se réaliser par tranches
successives, en commençant par les tributaires des bassins de
l'Oubangui, de l'Aruwimi, du Lindi et du Lowa, tous affluents de droite du
Congo, dans le quart Nord-est du Congo Kinshasa et le sud de la Centrafrique.
La longueur totale du canal serait de plus ou moins 2400
kilomètres.55
6. Evolution récente du projet
transaqua
Deux projets différents sont actuellement sur la table,
tous deux prévoyant le transfert d'une partie des eaux de l'Oubangui par
un canal de 1350 kilomètres.
Il est à noter qu'avant tout, il fallait convaincre la
RD Congo et le Congo-Brazzaville d'accepter le projet, le cours d'eau à
détourner (l'Oubangui) prenait sa source en RDC puis formant
frontière avec la république du Congo puis avec la
république centrafricaine. L'accord du Congo Brazza est chose faite
depuis 2005, avec la signature d'un accord par les présidents Denis
Sassou Ngwesso (Congo Brazza) Idriss Deby (Tchad) et François Bozize
(RCA).
En mars 2006, le Nigéria, le Niger et le Tchad sont
tombés d'accord pour aller de l'avant et financer des études pour
transférer une partie des eaux de l'Oubangui.
L'étude de faisabilité nécessite des
moyens importants et le Nigéria puissance pétrolière donc
financière de la région, est prêt à y affecter cinq
millions de dollars. Les quatre
55 Anonyme, projet transaqua,
https://www.wikipedia.org/wiki/1700
3611 consulté le 29/04/2019
95
autres membres de la commission du bassin du lac Tchad (CBLT)
apporteront ensemble un sixième de million.
En 2009, la firme canadienne CIMA international, obtient un
contrat de vingt-huit mois pour réaliser l'étude de la
faisabilité du projet entièrement financée par les pays
membres de la CBLT pour un montant de 5,5 millions d'US. A la fin de ces
travaux, cette firme intègre dans ses conclusions les travaux relatifs
aux études d'impacts du projet transaqua sur une partie du bassin du
fleuve Congo tel que recommandés la CICOS dont la RDC est membre.
Du 29 au 31 octobre 2010, le Tchad et la CBLT organisent à
N'Djamena le « Forum mondial du développement durable sur la
sauvegarde du lac Tchad ». Parmi les propositions adoptées lues par
le docteur Abdullah Umar Gandja, secrétaire exécutif de la CBLT,
on note les positions suivantes :
- Inscription du lac Tchad au patrimoine mondial de
l'humanité ;
- Travaux d'aménagement de désensablement et de
transfert des eaux de la rivière Oubangui vers le lac Tchad ;
- Confirmation du début des études de
faisabilité, malgré les difficultés financières de
la CBLT.
En 2012, l'institut Schiller, propriété de
madame Helga Zepp Larouche (épouse du célèbre milliardaire
Américain de la fondation Larouche) renouvelait son soutien au projet
Transaqua dans son élogieux article publié dans
«exécutive intelligence review». En effet, cet institut
considère le projet transaqua comme « le début d'une
renaissance africaine » et d'une « révolution Bleue ».
Le 4 et 5 avril 2014, une conférence sur le projet
transaqua s'est tenue en Italie respectivement dans les villes de Bologne et
Rimini, il s'agissait d'une table ronde des bailleurs de fonds pour le
financement du plan quinquennal d'investissement 2013-2017 de la CBLT.
Le ministre de l'environnement, conservation de la nature et
tourisme de la RDC interrogé au sujet du projet de transfert de l'eau de
la rivière Oubangui vers le lac Tchad, a avoué que son pays
était tenu à l'écart de la rencontre en Italie.
96
7. Critiques et controverses
Le Word wide Fund of Nature (fond mondial pour la nature, en
sigle WWF) d'un commun accord avec les pays riverains du lac Tchad, a
classé entre 2001 et 2010 près de 2,6 millions d'hectares de
zones humides autours du lac comme «aires protégées pour les
oiseaux migrateurs pour l'ONG américaine du développement
durable, le projet transaqua représente une menace pour ces aires
protégées autour du lac Tchad.
En juillet 2013, madame Christina Muscardini,
députée européenne, a posé les questions concernant
le projet transaqua, du mois d'aout 2013, la commission de développement
de l'union européenne, M. Andris Pibalgs répondant à une
question écrite de juillet de la même année écrivait
: « l'union européenne est au courant de l'existence d'un projet de
transfert d'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad (Transaqua).
Des études de faisabilité préliminaires ont cependant
indiqué que le projet comporterait des risques environnementaux majeurs
».56
§2. La situation du lac Tchad
Dans ce paragraphe, nous traiterons du lac Tchad : sa
géographie, sa forme et flore, son évolution, son climat et son
projet de transfert d'eau depuis le bassin du Congo des années 1930,
1980 est celui de 1990.
Le lac Tchad est un grand lac peu profond d'Afrique dont les
eaux sont douces, ce qui est rare pour un lac endoréique,
c'est-à-dire dont les eaux ne rejoignent par l'océan ; son
rôle économique est très important, car il doit fournir
l'eau à plus de 40 millions de personnes des quatre pays limitrophes le
Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria.
1. Géographie
Le bassin hydrographique du lac est théoriquement de
2.380.000km2. Le principal apport en eau provient à 90% du
fleuve Chari et de son affluent Logori, tous deux issus des montagnes de la
république centrafricaine. Le Komadougou Yobé issu du Nigeria est
affaibli par la présence de deux barrages qui ont fait chuter son
débit de 7km3 à 0,45km3 par
an.57
56 Jean-Paul LE BEUF, Carte archéologique des
abords du lac Tchad : Cameroun Nigeria, Tchad, éd la découverte,
Paris 2002, p.12
57Anonyme, «Le lac Tchad »
https://www.ambatchad.paris.org,
consulté le 11 janvier 2017.
97
Jadis l'un des plus grands lacs du monde, le lac s'est
réduit considérablement pendant les quatre dernières
décennies. Dans les années 1960 il couvrait un secteur de plus de
26.000km2. en 2000, il était tombé à moins de
1500km2. Le déficit de pluviosité combiné
à une plus grande utilisation des eaux du lac t des rivières pour
l'irrigation. Sa faible profondeur qui est au maximum de 7metres, le rend
fragile et très dépendant des fluctuations saisonnières.
La navigation y est désormais impossible.
A la suite du recul du lac Tchad dans les années
1970-1980, les nouvelles terres émergées, encore humides, ont
permis d'entreprendre des cultures très productives surtout au sud du
lac, côté Tchadien. Les terres irriguées
représentent 135000 hectares, dont 100.000ha au Nigeria.
Même s'il demeure encore l'un de plus grands lacs
d'Afrique, le lac Tchad est dix fois plus petit qu'il y a cinquante ans :
25000km2 en 2004. Un projet de grande envergure,
dénommé transaqua regroupant le Cameroun, le Nigeria, le Niger la
république Centrafrique et le Tchad. Vers le lac, via le fleuve Chari et
son affluent Logone. L'opération est loin de faire l'unanimité
certains craignant ses impacts négatifs sur la biodiversité de
l'Oubangui et du bassin du Congo. Par ailleurs, le mauvais état de
l'Oubangui dont les eaux baissent dangereusement, plaide en faveur des
opposants au Transaqua.
2. Faune et flore
Le bassin versant du lac compte 179 espèces de poissons,
le lac lui-même en
compte 85.
Il y a des nombreuses îles flottantes sur le lac
abritant une grande diversité d'espèces. Parmi ces espèces
se trouvent notamment des éléphants, des hippopotames, des
crocodiles ainsi qu'une grande communauté d'oiseaux migrateurs
comprenant des combattants variés et des nombreuses espèces de
canards. Deux espèces d'oiseaux sont presque endémiques à
la région, la prima aquatique et l'alouette rousse.
La végétation bordant le bassin du sud est
majoritairement composé de Papirus, de Phragmites marritianus et de
vossia cuspidat. Le bassin du nord légèrement plus salé
est bordé de roseau commun et de Typha australis.
98
3. Evolution
Le niveau du lac est très haut pendant tout le
XVIIè siècle : le Bachir el-Ghazal est un cours d'eau permanent
à cette période.
Le niveau varie fréquemment du début du
XVIIIè siècle à nos jours : point bas vers 1770, point
haut vers 1810, nouveau point bas vers 1840 nouveau point haut 1880, en 1908,
le lac n'était plus qu'un marécage avec deux petits bassins au
nord et au sud, puis son niveau augmente.
- En 1963, le lac couvre, selon les sources de 22903 à
25.000km2
- En 2001 sa superficie descend à moins de 2500
- En 2008, ses dimensions sont de 30km sur 40m à
l'embouchure du fleuve Chari-(Logone). Le lac Tchad couvre moins de 10% de la
surface qu'il occupait dans les années 1960.
La récente diminution massive de la superficie du lac
est principalement due à des pluies plus rares, des sécheresses
dramatiques 1973, 1984, 2008) et le déboisement.
Beaucoup de riverains sont défavorables à sa
remise en eau, l'assèchement ayant mis à nu des terres fertiles
dont ils tirent de bons revenus.
4. Climat
Le climat autour du lac est chaud et sec avec des
précipitations très variables de 94 à 565mm annuels dont
90% tombe entre juin et septembre. La rive sud est plus humide que le nord.
Bien que l'évaporation soit importante surtout durant la saison
sèche, la solidarité du lac n'augmente guère, les eaux les
plus chargées en sel quittant le lac par le sous-sol.
§3. Projet de transfert d'eau depuis le bassin du
Congo
Pour sauver le lac Tchad, un ancien projet a été
réactualisé au début du XXIè siècle, celui
du Transaqua. Il s'agit d'un projet de transfert d'eau inter bassins, au
départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad et ce par
un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve Chari.
99
1. Projet des années 1930
Face au risque d'assèchement du lac dès
l'entre-deux-guerres, les autorités coloniales avaient commencé
à échafauder un projet de raccordement depuis le Congo, projet
baptisé à l'époque « atlanthrope ». Ce projet a
finalement été abandonné après la seconde guerre
mondiale et les décolonisations.
2. Projet des années 1980
Au début des années 1980, c'est une
société italienne (Bonifica) qui propose un projet de transfert
des eaux du fleuve Congo et la rivière Oubangui par un canal de 2400km :
le projet est baptisé « Transaqua » Ce projet peu
fédérateur, ne verra finalement jamais le jour.
3. Projet des années 1990
Le projet d'origine italienne formalisé au début
des années 1990 prévoyait de barrer les cours de plusieurs
rivières, importantes du nord-est de la RD Congo au moyen de barrages de
régulation et de soustraire une partie de leurs débits pour les
amener vers un lac artificiel construit sur l'Oubangui en amont de Bangui et le
transférer ensuite vers le lac Tchad via le fleuve Chari.
Comme nous l'avons déjà mentionné ce
projet nécessite en préalable l'accord de la RDC et de la
république du Congo. Cette dernière (Congo-Brazza) donne son
accord en 2005. En revanche la RDC ne s'est pas encore prononcée
officiellement en termes d'accord ou de désaccord vis-à-vis du
projet puisque aucune demande officielle ne lui a été
formulée concernant le transfert des eaux de l'Oubangui vers le lac
Tchad, elle n'a adhéré au projet qu'en tant qu'observateur en
1994 et en 2017.
Il fallait attendre vers l'année 2015, que modeste
MUTINGA publie son livre « la guerre de l'eau aux portes de la RDC »
que la classe politique congolaise et la société civile affichent
leurs attitudes et propos de refus catégorique du transfert de l'eau.
Ceci nous amène directement au paraphe suivant.
100
§3.La position de la classe politique congolaise face
au transfert de l'eau
La république démocratique du Congo n'a pas
signé, dimanche 29 avril 2016, un protocole d'accord sanctionnant la fin
du premier sommet du Fonds bleu du bassin du Congo, à Brazzaville pour
la simple raison de n'y avoir pas été
invité.58
Ce doit être le seul sujet qui mette tous les congolais
d'accord, affirme Marie France Cros, majorité présidentielle
comme opposition : on ne le dépouillera pas de l'eau du fleuve Congo et
surtout pas sans le consulter. Or, c'est bien ce qui s'est fait du 26 au 28
février dernier à Abuja (Nigeria).
En l'absence de la RDC mais en présence de l'UNESCO et
de représentants de la Libye, du Gabon et de Centrafrique, les
dirigeants des pays de la CBLT ont décidé de relancer un vieux
projet italien des années 70, à savoir le Transaqua.
Les spécialistes sont loin d'être d'accord avec
cette assertion et les congolais, y sont carrément opposés.
Toutes les rivières congolaises sont liées au bassin du Congo. La
seule rivière qui ne fasse pas partie du bassin du Congo, la semliki,
à la frontière Ougandaise qui coule vers le Nil.
Les spécialistes souligne en outre que le bassin du
Congo est le deuxième poumon de la terre après l'Amazonie ; qu'il
constitue une réserve de carbone d'importance mondiale pour la
régulation des gaz à effet de Serre, qu'il assure la
régulation du climat de l'Afrique centrale qu'il est une
biodiversité exceptionnelle, que 200 millions de personnes y vivent
(contre 40 millions dans le bassin du lac Tchad).59
1. Polémique à Kinshasa
Le projet Transaqua a soulevé des polémiques en
RDC. Auteurs en 2016 du livre « la guerre de l'eau aux portes de la RDC
» l'éditeur du potentiel et sénateur d'opposition honoraire
Modeste MUTINGA a réagi de manière carrée : « on ne
doit pas chercher à résoudre un problème dans un coin et
en créer un ici, en RD Congo » a-t-il déclaré
à l'AFP. Félix TSHISEKEDI, alors autrefois chef du principal
parti de l'opposition y voit « un risque pour la stabilité du pays
», de l'autre côté de l'échiquier politique, le
député de la
58 Marina Bertancur et Andrea Pirse autour du lac
Tchad. Enjeux et conflits pour le contrôle de l'eau, Harmattan, Paris,
2012, p.360
59 Marie-France CROS, Les congolais unis pour garder
l'un de leur territoire,
https://www.afrique. La
libre.be, consulté le 29/04/2019
à 10h05'
60 Lucien DIANZENZA, Le gouvernement congolais
s'oppose au projet du transfert de l'eau de la rivière Ubangui,
https://www.adiac-congo.com,
consulté le 01/05/2019 à 01h08'
101
majorité présidentielle Patrick KAKWATA a
qualifié le projet Transaqua de « danger pour la république
». Le 4 avril, le ministre congolais de l'environnement, Amy Ambatobe
avait déclaré devant le parlement que ce projet risquait de
mettre en péril l'agrandissement du barrage d'Inga, dit « Grand
Inga ».
En Mars 2017, l'administrateur directeur technique honoraire
de la régie des voies fluviales de la RDC, Jean-Pierre MUONGO soulignait
dans un rapport que des études climatiques de la NASA montraient
clairement que la tendance était à l'augmentation des pluies dans
le bassin du lac Tchad et à une diminution dans les années
à venir dans celui du Congo, déjà la décrue du
Congo affecte le fonctionnement du barrage d'Inga (RDC) tandis que l'Oubangui
n'est plus navigable que 4 mois par an au lieu de 12.
Certains à Kinshasa, ne manquent pas de comparer cette
manière de décider de l'utilisation des ressources du Congo sans
consulter le Congo à celle de la conférence de Berlin de 1885
où les puissances européennes se partagèrent l'Afrique.
Le 29 avril 2017, le ministre congolais de transport
José MAKILA, a bien montré le mécontentement des congolais
en refusant de signer le protocole de Brazzaville.
2. La position du parlement : le sénat
Les membres de la chambre basse du parlement qui s'alignent
derrière les positions du gouvernement et de l'assemblée
nationale, craignant les conséquences pour le pays et son environnement,
face à ce transfert des eaux de la rivière Oubangui vers le lac
Tchad, relèvent un « complot africain contre la RDC » et
proposent d'autres pistes de solution.
Dans la plénière du sénat sur l'examen du
rapport de la commission environnement, ressources naturelles et tourisme
portant sur cette question, le sénateur NKOLO WA POMBO a d'ailleurs,
repéré une « diplomatie offensive » pour faire valoir
la position de la république démocratique du Congo sur ce sujet :
« c'est un problème qui concerne tout le pays et qui
intéresse au plus haut point la RDC, nous devons faire valoir nos
arguments auprès de tous les partenaires » a-t-il
précisé.60
102
Cette chambre du parlement a plutôt invité le
Tchad à investir les quinze milliards de dollars destinés
à ce projet pour développer le projet grand Inga, qui pourra
faire que la RDC transfère l'électricité ainsi produite
vers le Tchad afin d'alimenter des usines désensablement des eaux
à partir de l'embouchure.
La position du sénat fait suite à celle prise
par le gouvernement de l'assemblée nationale, opposée
également à ce projet de transférer les eaux de la
rivière Ubangui vers le lac Tchad.
Les craintes ici, ont notamment que ce projet priverait la RDC
de son approvisionnement en eau et pourrait entrainer d'autres
conséquences environnementales. « Il n'est pas question pour la RDC
de transférer les eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad
» avait précisé le ministre de l'environnement et du
développement durable, Amy-Ambatobe, lors d'un débat à
l'assemblée nationale avait laissé entendre que le gouvernement
congolais s'apprêtait à saisir le conseil de
sécurité pour signifier officiellement cette position de la
RDC.
La députée Eve Bazaiba, secrétaire de la
commission adhoc qui s'occupe du projet Transaqua lié au
transfèrement des eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad,
à noter que cette question était très délicate.
Pour elle, cette épreuve « pourrait provoquer une nouvelle guerre
contre la RDC ». Ces propos viennent de s'ajouter à ceux tenus par
le président Idriss Deby disant : « degré ou de force nous
allons prendre l'eau de la RDC ».
Section 2 : le mythe de la géopolitique
congolaise de l'eau
Cette section qui traite du mythe de la géopolitique
congolaise sera comprise que si et seulement si nous analysons la question
d'utilisation de l'eau en RDC incluant le cadre institutionnel.
Avec le fleuve Congo dont le bassin versant incorpore de
manière assez étroite la totalité du pays un débit
moyen de 45.000m3/s (1.260km3/an), et des
précipitations abondantes et régulières, la RDC n'est pas
dépourvue d'eau. Les eaux de surface de la RDC représentent
environ 52 pourcent des réserves en eau de l'Afrique. Cependant,
l'abondance en eau contraste nettement avec l'approvisionnement effectif,
estimé en 2000 à seulement 7m3 par individu par an
lorsque la quantité d'eau disponible par individu est estimée
à 19.967m3
103
(2008). L'utilisation d'eau en RDC par habitant
considérablement plus faible que celle de plusieurs pays arides du Sahel
faisant face à un problème de pénurie physique d'eau.
Le prélèvement en eau douce vont principalement
à un usage domestique (52%), le secteur agricole
bénéficiant des précipitations abondantes a recouru
à une agriculture pluviale et ne nécessite que de très peu
de prélèvements supplémentaires en eau pour l'irrigation
(32%), les prélèvements, à destinations de l'industrie
sont faibles (16%), le taux d'exploitation des ressources renouvelables en eau
est bas (0,04%). En 2000, FAO Aquastat a estimé que les
prélèvements totaux d'eau s'élevaient à 356
millions de m3 pour cette année 2018.
A titre de comparaison, c'est un dixième de la
quantité d'eau prélevée sur la même période
par la seule centrale nucléaire de Saint-Alban en France (3668 millions
de m3) ou 1% des prélèvements en eau de la France (33
milliards de m3 pour la France
métropolitaine.61
Malgré l'abondance des eaux de surface, la grande
majorité de la population congolaise dépend des nappes
phréatiques et des sources pour s'approvisionner en eau potable. On
estime que les nappes phréatiques représentent presque 47
pourcent (421km3/an) des ressources hydriques renouvelables de la
RDC. L'Aquifère du bassin du Congo fait partie des 37 plus grands
aquifères du monde, a dépassé son seuil de
durabilité et est en déplétion.
§1.Ressources en eau douce et approvisionnement en
eau
Comme dit précédemment, la RDC est le pays le
plus riche en eau d'Afrique. Il représente environ 52% des
réserves de surface de l'Afrique et 23% des ressources en eau
renouvelables intérieures de l'Afrique.62
Les ressources en eau douce renouvelables par habitant ont
été estimées à 19.967m3/personne/an en
2008. Quand la moyenne mondiale de consommation d'eau est
1240m3/individu cette valeur est nettement supérieure
à la limite de suffisance en eau reconnue internationalement de
1700m3/personne/an.
La RDC a des précipitations annuelles moyennes
d'environ 1646 mm/an, variant dans l'espace et le temps (800-1800mm/an). De
plus la RDC possède une autonomie
61 FAO, Aquastat de 2000 sur le rapport des ressources
renouvelables en eau,
https:// www.ONU.fao
62 Anonyme, L'utilisation de l'eau en RDC,
https://fr.m.wikipedia.org/wiki,
consulté le 21 mai 2019
104
d'eau considérable puisque 70% de ses ressources en eau
renouvelables sont générées en interne par les
précipitations. L'abondance des ressources en eau en RDC est liée
à la vaste couverture forestière qui s'étend sur 155,5
millions d'hectares.
Les ressources en eaux de surface de la RDC sont
dominées par le fleuve Congo et ses affluents. Avec un débit
moyen d'environ 45.000m3/s le fleuve Congo a le deuxième plus
grand débit au monde.
Le bassin du fleuve Congo représente 98% de la
superficie du pays et fournit au pays l'un des plus vastes réseaux
fluviaux au monde. La qualité des eaux de surface est
généralement très bonne, à l'exception des points
chauds de pollution localisée dans les centres urbains et à
proximité des exploitations minières. Les qualités
élevées de l'eau résultent principalement de la forte
capacité de dilution du réseau hydrographique qui, de la faible
densité de population et de la prédominance des activités
humaines appartenant au type de subsistance, avec un impact minime sur
l'environnement.
Les rivières et les lacs représentent environ 3,5%
de la superficie de la RDC.
On estime que les eaux souterraines représentent
environ 47% des ressources en eau renouvelables internes de la RDC. Les sources
situées dans les forêts denses constituent la principale source
d'approvisionnement en eau pour la majorité de la population. Cependant,
les informations sur l'étendue et la qualité des ressources en
RDC sont rares. Des simples sources coptées sont couramment
utilisées pour l'approvisionnement en eau dans les villages
disposés et les zones peri-urbaines. L'approvisionnement en eau à
grande échelle à partir des sources à travers les
réseaux de distribution est utilisé dans les nombreuses villes y
compris Béni, Bunia, Lisala, Lubumbashi, Kisangani et Mbuji-Mayi ;
l'approvisionnement en eau des puits forés en profondeur est
limité à un faible pourcentage de la population. La plupart des
quelques 1000 puits ont été construits entre les années
1960 et 1990 et ont des rendements compris entre 15 et 80 m3/h. les
puits de pompage manuels et mécaniques et les puits creusés
représentent environ 10% de l'approvisionnement en eau potable.
En 2015, environ 1 million de personnes n'avaient toujours pas
accès à de l'eau améliorée. En 2015, 76% de la
population avait accès à une source d'eau «
améliorée » respectivement 96% et 40% dans les zones urbains
et rurales.
105
§2.Utilisation de l'eau
Les prélèvements d'eau par personne ont
été estimés à 7m3/personnes/an 2014, ce
qui indique un faible niveau de mobilisation des ressources en eau (moins de un
pourcent). La consommation d'eau par habitant en RDC est
considérablement inférieure à celle de nombreux pays
arides du Sahel, qui connaissent un problème physique de pénurie
d'eau. L'eau est principalement utilisée à des fins domestiques,
représentant 52% du total des prélèvements d'eau en
RDC.
L'agriculture (agriculture pluviale essentiellement, mais
aussi irrigation) représente 31% du total des prélèvements
d'eau, suivie par l'industrie avec 16%. La pêche, la production
d'hydroélectricité et la navigation sont d'autres utilisations
importantes de l'eau en RDC, qui ne sont généralement pas inclues
dans les statistiques sur l'utilisation de l'eau.
Le prélèvement d'eau en RDC devrait augmenter de
manière significative d'ici 2025. L'utilisation domestique,
l'agriculture et l'industrie devrait respectivement être de 47,0%, 375%
et 225%, cependant, la consommation d'eau d'ici 2025 ne représenterait
encore que 16% des ressources en eau douce renouvelables de la RDC.
§3.Crise de l'eau en RD Congo
Bien que la RD Congo (RDC) dispose des plus grandes ressources
en eau douce d'Afrique, elle souffre d'une grave crise d'approvisionnement en
eau potable. Le pays a l'un des taux d'accès à l'eau potable les
plus faibles de l'Afrique subsaharienne. Seulement 46% de la population avait
un accès à une source d'eau potable en 2012. En outre, la
couverture de l'assainissement était estimé à seulement
31% en 2012. Les informations actualisées et précises sur les
services d'approvisionnement en eau et d'approvisionnement en eau et
d'assainissement en RDC sont rares. En raison des services d'approvisionnement
inadéquats, des nombreux habitants souffrent de maladies d'origine
hydrique, notamment la diarrhée, la typhoïde et le
choléra.
La crise actuelle de l'eau résulte de la
dégradation de l'infrastructure hydraulique due au
sous-développement investissement dans le secteur de l'eau et à
la destruction liée au conflit, ainsi que de la croissance rapide de la
population, estimée à 4% dans les zones rurales par la banque
mondiale en 2009. Dans l'ensemble, le secteur de l'approvisionnement en eau et
de l'assainissement de la RDC se caractérise par plusieurs juridictions
institutionnelles qui se chevauchent et se contredisent. Par conséquent,
la crise de
106
l'eau en RDC peut être considérée comme un
problème de pénurie d'eau économique, entravant le
développement du pays. L'article 48 de la constitution de 2006 de la RDC
reconnait le droit humain à l'eau.
La réhabilitation et le développement du secteur
de l'eau est une priorité à laquelle le gouvernement national
s'est engagé dans les stratégies de croissance et de
réduction de la pauvreté et à laquelle a
adhéré dans le cadre international des objectifs du
millénaire pour le développement (OMD).
§4.Structure du secteur de l'eau
Le développement et la réhabilitation du secteur
de l'eau sont une priorité pour laquelle le gouvernement national s'est
engagé dans le document de stratégie pour la croissance et la
réduction de la pauvreté (DSCRP I et DSCRP II) et dans le cadre
international des objectifs du millénaire pour le développement.
La gouvernance du secteur de l'eau en RDC est structurellement faible et
caractérisée par des mandats institutionnels qui se chevauchent
et se contredisent. La capacité de mise en oeuvre est le principal
facteur limitant du développement dans le secteur de
l'eau.63
Des flux d'acte importants ont été
mobilisés pour la réhabilitation des infrastructures
d'approvisionnement en eau, mais en raison de dysfonctionnements
institutionnels et administratifs, de faibles capacités et
d'infrastructures de soutien, de logistique et de services économiques,
l'utilisation des fonds a été considérablement
ralentie.
Dans les projets publics, l'utilisation des investissements
est généralement inférieure à 50%. En outre,
d'autres investissements financiers sont nécessaires pour une
réforme globale du secteur de l'eau.
1. Cadre institutionnel
La cadre du secteur de l'eau en RDC est reparti entre
plusieurs ministères et organisations. Le ministre de la planification
est responsable de l'élaboration et du suivi des stratégies de
croissance et de réduction de la pauvreté définies. Sous
l'autorité du comité national de l'eau et de l'assainissement
(CNEA), il est chargé de l'élaboration et du suivi des politiques
de la coordination des ministères et de la coopération avec les
partenaires de développement du secteur de l'eau.
63Anonyme, structure de secteur de l'eau, https ://
fr.m.wikipedia.org/wiki du
23 mai 2019
107
La coopération étatique de REGIDESO est
chargée de fournir des services d'approvisionnement en eau dans les
zones urbaines. Elle opère sous la supervision administrative et
financière du ministère des finances et sous la supervision
technique relève du ministère du développement rural et
est responsable du développement des services d'approvisionnement en eau
potable en zones rurales et urbaines. Le ministère de la santé
publique est également impliqué dans le secteur de l'eau en
milieu rural à travers le programme «villages assainis et
écoles assainies » soutenus par l'UNICEF, et conçus
pour impliquer les communautés rurales dans le développement de
services améliorés d'eau potable et d'assainissement.
2. Assistance internationale et ONG
L'assistance internationale joue un rôle important dans
le développement du secteur de l'eau en RDC. L'aide internationale est
estimée à 62 millions de dollars par an, ce qui correspond
à environ 95% du total des investissements. Les projets financés
visent principalement à atteindre les objectifs du millénaire
pour le développement des Nations Unies et les stratégies
nationales de réduction de la pauvreté.
Les investissements internationaux ciblent également
les secteurs de l'eau urbains et ruraux. Dans les zones péri urbaines et
rurales, l'aide internationale représente la quasi-totalité des
investissements totaux.
Dans le cadre des efforts humanitaires et de secours
d'urgence pendant la période de conflit, des ONG internationales et
nationales ont mis en place une multitude de projets de services
d'approvisionnement en eau dans les zones reculées et
négligées par les efforts gouvernementaux.
Cependant, ils sont souvent mal coordonnés et se
concentrent sur des activités conçues pour améliorer
immédiatement l'approvisionnement local en eau, mais ne disposent pas de
structure de gestion suffisante pour entretenir l'infrastructure dans le
futur.
3. La réforme du secteur de l'eau
Le secteur de l'eau fait actuellement l'objet d'une
réorganisation par une réforme gouvernementale lancée en
2006, avec l'aide de partenaires de développements internationaux, en
particulier le projet allemand de réforme de l'eau de la GIZ. En 2010,
le gouvernement de la RDC a adopté un code de l'eau complet axé
sur les objectifs de développement national, qui fournit un cadre
législatif national pour la gestion durable de
108
l'eau. La gestion intégrée des ressources en eau
(GIRE) est un principe fondamental énoncé dans le code de l'eau,
qui vise à établir un processus structuré permettant de
concilier les intérêts des différentes parties prenantes.
Les concepts clés comprennent un système de zonage des terres
pour assumer la protection des ressources stratégiques en eau potable et
de leurs bassins versants : le principe de l'utilisateur-payeur, le principe du
pollueur-payeur, le principe de précaution, le principe de
subsidiarité, le dialogue et la consultation publiques.64
Le gouvernement de la RDC va également publier un plan
d'action pour le développement du secteur de l'eau potable d'ici
à 2020. L'objectif du plan d'action est d'assumer la mise en oeuvre de
la réforme du secteur de l'eau par conséquent, il sert
également à harmoniser les interventions des donateurs
internationaux et à préserver l'orientation de leurs
activités autour du programme national.
La transformation structurelle du secteur de l'eau est un
aspect essentiel de la réforme de l'eau. Il comprend le remplacement du
CNAE, par un conseil national de l'eau, qui aura pour mandat de diriger
l'ensemble du secteur de l'eau sur base d'une approche GIRE, la création
des conseils provinciaux de l'eau, des comités locaux de l'eau et
d'associations d'usages de l'eau dans le cadre de l'approche
décentralisée et la création d'agences responsables de la
gestion des ressources en eau au niveau des bassins versants et des
sous-bassins. En outre, la REGIDESO est soumise à la transformation en
une entreprise publique commerciale.
§5.Les problèmes clés dans le secteur
de l'eau
Seulement 46% de la population de la RDC avaient accès
à une source d'eau potable améliorée en 2012. Contre une
moyenne de 60% en Afrique subsaharienne. La couverture d'assainissement
était estimée à seulement 31% en 2012. Le manque d'eau
potable et les mauvaises conditions sanitaires représentent un risque
majeur pour la santé publique. La mortalité des enfants de moins
de cinq ans était estimée à 11,9% en 2015 contre 9,2% en
Afrique subsaharienne, avec une prévalence élevée des
maladies d'origine hydrique telles que la diarrhée, le choléra,
la dysenterie et la fièvre typhoïde.
Il y a un écart géographique majeur dans la
disponibilité de l'eau potable 79% de la population urbaine ayant
accès à l'eau potable contre 29% de la population rurale et
péri urbaine. Cependant, dans des nombreuses régions de la RDC,
l'accès à l'eau potable était
64 Michel BOURGIGNON, Image de la terre, Edition revue
corrigée, 2011 p.68
109
inférieur à 9% en 2011. Le niveau d'accès
aux installations sanitaires améliorées est très faible,
mais comparable dans les zones rurales (29%). Les investissements financiers
sont nettement orientés vers les zones urbaines, 85% du financement
total étant affecté au développement du secteur de l'eau
en milieu urbain, bien que la population rurale comprenne environ 58% de la
population totale en 2014.
1. Secteur de l'eau urbain et péri
urbain
Bien que l'accès à l'eau potable soit nettement
plus faible dans les zones rurales que dans les zones urbaines en RDC, le
nombre réel de personnes sans accès à l'eau augmente
beaucoup plus rapidement dans les zones urbaines en raison de la croissance
démographique plus rapide. Le taux de croissance annuel moyen de la
population urbaine sur la période 2010-2015 a été
estimé à 42%. La croissance rapide de la population dans les
zones urbaines est associée à l'élargissement de
l'étalement urbain et pose des difficultés majeures dans la mise
en place d'infrastructures d'eau adéquates. L'expansion
incontrôlée de la construction de logements, de l'agriculture et
de l'approvisionnement en bois de chauffage affecte de nombreux bassins
versants péri urbains.
Les services d'approvisionnement en eau de la REGIDESO
souffrent de la dégradation de ses infrastructures en raison du manque
d'électricité, de l'absence de nouveaux investissements et
d'entretien. Les années de conflit armés le manque de leadership,
la faiblesse de la gouvernance, la faiblesse des finances publiques due au
non-paiement des factures d'eau et une politique tarifaire peu rentable, ainsi
que le retard des performances opérationnelles de la REGIDESO ont
conduit à la détérioration de l'état des services
urbain d'approvisionnement en eau.
La couverture en eau urbaine est caractérisée
par des hétérogénéités importantes, plus de
85% des raccordements urbains sont situées dans quatre provinces :
Kinshasa, Kongo Central, le Haut-Katanga et le Sud-Kivu.
2. Secteur de l'eau en milieu rural
La majorité de la population de la RDC, sans
accès à l'eau potable vit dans les zones rurales. Le secteur des
eaux rurales de la RDC a été négligé pendant des
nombreuses années et se caractérisent par une infrastructure
détériorée en raison du manque d'entretien et des
pièces détachées.
Généralement les femmes et les enfants assument
la responsabilité principale de l'approvisionnement en eau de leurs
familles. La rareté de l'approvisionnement en eau
110
De plus, des nombreux systèmes d'eau sont des mauvaises
qualités. Les principales sources d'approvisionnement en eau en milieu
rural sont les sources qui représentent environ 90% de
l'approvisionnement en eau en milieu rural.
Les sources ont l'avantage de nécessiter qu'un
investissement minimal pour l'installation et la maintenance. Cependant, les
sources sont souvent exploitées sans protection et développement
adéquats. Les puits peu profonds, qui utilisent des pompes manuelles et
motorisées constituent une autre source importante, l'approvisionnement
en eau dans les zones rurales. Les autres sources d'approvisionnement en eau en
milieu rural comprennent les forages, les petits systèmes de
distribution par conduite et les systèmes de collecte des eaux de pluie.
Généralement, les redevances pour le système d'eau en
milieu rural ne couvrent pas les coûts de fonctionnement, de plus,
presqu'aucun test de qualité de l'eau n'est effectué.
Les investissements actuels dans le secteur de l'eau en milieu
rural vise l'expansion de forages et des petits réseaux de canalisation
dans les grands villages qui desservent chacun entre 2000 et 5000 personnes et
sont gérées par les associations communautaires autonomes et des
entreprises privées locales, en outre, les programmes villages assainis
et écoles assainies vise le développement systématique du
secteur d'eau en milieu rural dans les petits villages dispensées de 500
à 1000 personnes. Le concept clé du programme est
l'amélioration de l'eau potable en exploitant les ressources et en
installant les puits peu profonds avec l'aide des communautés locales,
les petits villages de moins de 100 habitants qui représentent 37% de la
population rurale ne sont pas prise en compte par le programme et
représentent donc une lacune dans le plan de développement du
secteur de l'eau.
3. Impact sociaux
La crise de l'eau en RDC affecte particulièrement les
groupes les plus vulnérables de la société, à
savoir les femmes et les enfants vivant dans de zones péri urbaines
pauvres et non planifiées et dans des zones rurales reculées.
Dans les centres urbains surpeuplés, les ménages doivent souvent
acheter leur eau à des prix exorbitants en raison de la rareté de
l'offre et de la demande, tandis que les sources d'eau non
améliorées sont utilisées pour l'approvisionnement en eau
potable des zones rurales.
111
transforme ce processus en une activité très
laborieuse et longue, ce qui diminue le temps disponible pour
l'éduction.
4. Dégradation des ressources en eau
La modification des régimes de ruissellement,
l'érosion accrue et la dégradation de l'environnement sont les
conséquences de l'expansion non réglementée des zones
habitées et agricoles. L'aménagement de logements, la mauvaise
construction des routes, les latrines à fosse, les fosses septiques, les
opérations minières et les résidus miniers sont des
facteurs importants contribuant à la pollution des sources d'eau. Dans
les zones urbaines ; l'industrie, les stations-service, les garages, les
abattoirs et les eaux de ruissellement sont d'autres sources de contamination.
La contamination biologique due à l'évacuation des eaux
usées et des déchets solides et à l'augmentation des
charges en sédiments et en suspension ont les deux principales sources
de pollution65.
La cause sous-jacente de la dégradation des ressources
en eau est le manque de planification et de gestion organisée de
l'utilisation des terres. De plus, le suivi de la qualité de l'eau
à l'échelle nationale fait défaut.
§6. Résoudre la crise : recommandations de
l'ONU
Afin d'atteindre les objectifs d'eaux énoncés
dans le document de stratégies pour la croissance et la déduction
de la pauvreté et les objectifs de millénaire pour le
développement, le PNUE a publié plusieurs recommandations pour
aborder les problèmes de l'eau en RDC dans son rapport technique de
2011. Ces recommandations s'articulent autour de 3 aspects :
- Appui à la réforme de la gouvernance du secteur
de l'eau;
- Renforcement des capacités techniques et
institutionnelles et - Création d'une base des données
scientifiques.
Des recommandations identifiées comme « intervention
clé » comprennent :
a) L'élaboration d'une politique nationale d'eau, les
stratégies sectorielles de l'eau et de réglementation statutaire
;
b) La mise en place d'un système national complet
d'information sur l'eau ;
65 Anonyme, water issues in the democratic republic of
congo, challenges and opportunités Technical report» united nation
environnement programme (UNEP), https//fr.
Wikipedia.org, consulté le 29
mai 2019
112
c) La mise en oeuvre d'une gestion autonome et communautaire
des infrastructures d'eau à petites échelles ;
d) La mise en place d'un programme de renforcement des
capacités pour les institutions de centralisées de l'eau ;
e) L'élaboration et la mise en oeuvre de plan de
protection des sources accès sur le bassin hydrographique.
Les recommandations de l'ONU sur le problème de l'eau
en RDC avait une date butoir de 2015, conformément aux objectifs du
millénaire pour le développement des Nations-Unies. Le rapport
mondial de 2015 sur les objectifs du millénaire pour le
développement est déjà disponible. Cependant, une
évaluation détaillée de la situation actuelle du secteur
de l'eau en RDC n'a pas encore était publié. En janvier 2016, la
banque mondiale initie une étude pour caractériser le niveau de
pauvreté en RDC, y compris l'évaluation de la qualité de
l'accès au service d'eau et d'assainissement.
113
Conclusion partielle
Ce chapitre qui a porté sur la géopolitique
congolaise : mythe ou réalité, nous a amené à
traiter deux questions principales et primordiales à savoir :
- La réalité de la géopolitique
congolaise qui s'est traduite dans le fait que les congolais de toutes
tendances confondues (majorité présidentielle, opposition
politique), assemblée nationale, gouvernement, le sénat et la
société civile se sont tous d'un commun accord opposés au
projet du transfert de l'eau et cela a alerté l'opinion tant nationale
qu'internationale.
- Le mythe de la géopolitique congolaise se
perçoit dans l'optique de l'utilisation de l'eau en république
démocratique Congo, en abordant la question du cadre institutionnel et
de la réforme du secteur de l'eau, nous constatons que la RDC n'a pas de
politique cohérent de protection de son eau, quand bien même au
ministère de l'environnement les textes juridiques sont disponibles
(comme le comité national de l'eau et de l'assainissement « CNAEA
» et le code de l'eau complet connu sous le nom de la GIRE « gestion
intégrée des ressources en eau) ceux-ci, n'existent que de nom,
leur labeur et leur impact sur la population congolaise est moins remarquable
et presque inexistant à leurs yeux. Cependant, ceci a poussé
l'ONU dans les cadres de la mobilisation sur les objectifs du millénaire
pour le développement à fournir des recommandations afin
résoudre la question du stress hydrique en RDC pour que cette
dernière pratique la gestion intégrée et rationnelle des
ressources en eau potable.
114
Conclusion de la deuxième partie
L'accès à l'eau, le développement des
ressources en eau, la gestion de l'eau sont éminemment politiques.
La reconnaissance de la part politique de la gestion de l'eau
n'est toutefois pleine et entière, dans le cercle officiel que depuis
les années 2000, auparavant dominait le paradigme de «
l'ingénierie sociale » (social engeniering) faisant peu des cas de
spécificités socio-culturels et politiques des entités
dans lesquels les réformes entières sont proposées. En ce
qui concerne le niveau d'analyse du chercheur, Mollinga en 2008 ce dernier
propose la typologie suivante « de la politique de l'eau » (water
politics) :
- Politique quotidienne de la gestion des ressources en eau
(the every day political of water ressources management) ;
- La politique de l'eau dans le contexte de l'Etat souverains
(the political of water police in the context of sovereign states)
- L'hydro politique interétatique (inter-state
hydropolitical) et
- La politique mondiale de l'eau : « the global political of
water)
Bien que notre travail a essayé d'analyser ces quatre
typologie de l'eau, nous soulignons qu'il s'est appesanti surtout au niveau de
la politique de l'eau dans le contexte de l'Etat souverain.
C'est ainsi que la deuxième partie qui a traité
du cadre d'étude en analysant la gestion de l'eau dans le monde et de la
géopolitique congolaise : mythe ou réalité nous a pris
l'importance de la gestion de l'eau douce qui est rare et beaucoup plus
recherchée.
115
CONCLUSION GENERALE
Nous voici arrivé au terme de notre travail de fin
d'études du deuxième cycle en Relations Internationales qui a
porté sur « La géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou
réalité ».
Cependant, la question principale de notre sujet de recherche
était constituée de la manière suivante : La
géopolitique congolaise de l'eau est-elle un mythe ou
réalité » ?
Face à cette problématique, nos
hypothèses ont été reformulées de la manière
suivante : il semblerait que la géopolitique congolaise de l'eau est
à la fois un mythe ou une réalité : un mythe dans ce sens
qu'il y a pas en RDC une politique appropriée et cohérente pour
l'utilisation et la gestion de l'eau; et, une réalité dans la
mesure où lors du phénomène du projet de transfert de
l'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad qui est en train de subir
la sécheresse, toutes les tendances des classes de la RDC entre autre :
la société civile la majorité présidentielle
l'opposition ainsi que les institutions politiques se sont mobilisées
comme une seule personne en vue de s'opposer au transfert de leur eau.
De ce fait, nous avons recouru à la méthode
analytique qui nous a permis d'analyser la question de la géopolitique
Congolaise de l'eau pour arriver à conclure si celle-ci est un mythe ou
une réalité.
Dans cette même logique, l'approche géopolitique
nous a été d'une importance capitale dans la mesure où
elle nous a permis géopolitiquement d'analyser les intentions des
acteurs en présence de la géopolitique congolaise d'eau à
savoir les autorités congolaise et les interpeller afin qu'elles
prennent des mesures appropriées et raisonnables dans la gestion de leur
eau.
En plus de cela, la technique documentaire nous a permis
à récolter les données en consultant les ouvrages
encyclopédies, et autre documentation.
En effet, nos hypothèses ont été
confirmées en grande partie du fait que le mythe de la
géopolitique congolaise se perçoit dans ce sens que la RDC n'a
pas de politique appropriée avec des textes juridiques basés sur
la gestion de l'eau quant bien même ces textes existeraient, en
l'occurrence de la GIRE (gestion intégrée pour la réforme
de l'eau et le DSCRP I et II ; ceux-ci ne sont pas cohérents et sont
toujours inadaptées à la gestion véritable de l'eau en
RDC.
116
La réalité de la géopolitique congolaise
de l'eau s'est manifestée au moment où les pays de la commission
du bassin du lac Tchad avaient l'audace de prendre de l'eau de la RDC par force
même à prix de sang ; les institutions de la république
comme le Sénat et le parlement ainsi que le gouvernement suivies
d'autres tendances en entre autre la majorité présidentielle,
l'opposition et la société civile ont protesté contre
cette démarche et cette situation.
Par ailleurs, outre l'introduction et la conclusion
générales, notre travail est subdivisé en deux parties,
et, chaque partie comporte deux chapitres comportant aussi à leur tour
des sections et paragraphes :
La première partie intitulée « cadre
pratique » est constituée des chapitres
suivants » :
- Le premier a traité de la notion de la
géopolitique en Relations Internationales - Le deuxième a
parlé de la géopolitique congolaise
La deuxième et la dernière partie qui a
analysé « le cadre d'étude » est composé
à son tour des chapitres suivants :
- Le troisième est axé sur la notion de l'eau dans
le monde
- Le quatrième et le dernier a fait même l'objet de
notre travail et a été énoncé de la manière
suivante : « la géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou
réalité »
De ce qui précède : la RDC est un pays riche en
eau douce, elle est estimée regorger 52% d'eau douce en Afrique mais sa
géopolitique hydrique est défaillante, elle est même
perçue comme un mythe, d'où il est nécessaire et
recommandable et aussi inévitable que les textes juridiques
cohérents soient mis à la disposition de l'exécutif dans
le cadre de la gestion de l'eau : que l'exécutif se mette vraiment au
travail en exécutant à la lettre les recommandations des textes
juridiques, et enfin une campagne de sensibilisation de la part des pollueurs
de l'eau (les entreprises et une frange de la population est aussi non
négligeable pour que le développement durable soit une
réalité et que l'accès à l'eau potable de la
population qui s'inscrit dans le cadre des objectifs de développement
durable (ODD) des nations-Unies soit bien observé en RDC et, cette
derrière pourrait espérer d'être un pays émergent
à l'horizon 2030-2050.
117
C'est ainsi que nous réitérons nos voeux de voir
la RDC faire la reforme utile et raisonnable des textes juridiques dans la
gestion de son eau et que les pollueurs de l'eau soient traités selon
qu'ils les méritent.
118
BIBLIOGRAPHIE
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9. LABANA LASSAY ABAR, L'intégration économique :
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10. LABANA LASSAY ABAR, Relations internationales: conceptions
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11. MARINA BERTONCIN et ANDREA PASE, Autour du lac Tchad
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12. MOVA SAKANYI, Congo : Survie et grandeur, Pari d'une
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13. MULUMBATI NGASHA Introduction à la science politique,
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14. NGOIE MBAYO, La géopolitique à l'ère de
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15. Philippe BRAUD, Introduction à la science politique,
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16. Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la
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17. Roger BURTON, Voyage aux grands lacs d'Afrique orientale,
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18. Roger PINTO, et Madeleine GRAWITZ, Méthodes de
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19. Théodore CAPLOW, L'enquête sociologique,
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20. WENU Becker, Recherche scientifique : Théorie et
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21. YEZI PYANA FUMU, La géopolitique internationale du
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22. YOKO YAKEMBE, Traité de droit diplomatique, PUZ,
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23. Yves JEAN CLOS, L'eau arme stratégique au 21è
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24. Yves LACOSTE, L'eau dans le monde, Ed. L'Harmattan, Paris,
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n°134.
2. AYEB, HABIB, L'eau, les politiques d'aménagement du
territoire en Egypte, monde nabel Maghreb maire octobre-décembre 1992
n°138.
3. BANYAKU LUAPE, « Avis et considération sur
l'introduction dans le programme des nouveaux curricula en rapport avec les
études sur la pax » communication faite, Kinshasa, 2014
4. Henri Jacques-Félix, la vie et la mort du lac Tchad :
rapport avec l'agriculture et l'élevage » in bulletin agronomique,
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5. Rapport de l'assemblée nationale du gouvernement
indien, La géopolitique de l'eau.
C. Sources Webographiques
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Consulté le 03/05/2019 à 19h00 38'
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https://fr.m.wikipedia.org/wiki,
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120
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5. Anonyme, projet transaqua,
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3611 consulté le 29/04/2019.
6. Anonyme, structure de secteur de l'eau, https ://
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23 mai 2019.
7. Anonyme, water issues in the democratic republic of congo,
challenges and opportunités Technical report» united nation
environnement programme (UNEP), https//fr.
Wikipedia.org, consulté le 29
mai 2019.
8. FAO, Aquastat de 2000 sur le rapport des ressources
renouvelables en eau, https:// www.ONU.fao
9. Freddy MULUMBA, La RDC au centre des nouveaux enjeux
géopolitiques,
https://www.le
grand.com. consulté le 24 avril
2019
10. Lucien DIANZENZA, Le gouvernement congolais s'oppose au
projet du transfert de l'eau de la rivière Ubangui,
https://www.adiac-congo.com,
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11. Marie-France CROS, Les congolais unis pour garder l'un de
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https://www.afrique. La
libre.be, consulté le 29/04/2019
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1. Dictionnaire des Relations Internationales, Ed. Paris,
2007.
2. Dictionnaire, Le petit Robert, Ed. Paris, 2005.
E. Documents officiels
1. Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples, 1981,
art24.
2. Statut de la convention de fort Lamy art IV et V
F. Thèse Et Mémoire
1. Noel MWANDA, la géopolitique de la RDC, comme Etat
de l'intégration dans la région des grands lacs africains,
mémoire de DEA, UNILU 2016, inédit.
2. Philippe ROMAN, l'analyse des transferts d'eau
inter-bassins au défi des conflits et de la justice environnementale. Le
cas du fleuve Sao Francisco (Nordeste du Brésil, Thèse de
doctorat, université Paris-Saclay, sciences de l'homme et de la
société, 2010, Inédit.
121
G. Notes de cours
1. ASSUMANI SALIMINI, cours de géographie
économique et humaine, G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015 pp.5-6 inédit
2. LABANA LASSAY?ABAR, Relations extérieures de la RDC,
Cours, L1 RI, UNIKIN, FSSSPA, 2016-2017.
3. MWAMBA SINONDA, Introduction à la science politique,
cours destiné aux étudiants de G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015.
122
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE I
DEDICACE II
AVANT-PROPOS III
I. INTRODUCTION GENERALE 1
I.1.Explication du phénomène à
étudier 1
I.2. Etat de la question 2
I.3.Choix et intérêt du sujet 3
I.3.1.Le choix du sujet 3
I.3.2.Intérêt du sujet 4
I.4.Problematique et hypothèses du travail 4
I.4.1.Problématique 4
I.4.2.Hypothèses du travail 5
I.5.Objet d'étude 6
I.6.Explication des variables 6
I.7.Theorie explicative de référence 7
I.8.La méthodologie de recherche 8
I.8.1.Méthode de recherche 8
I.8.2.Technique de recherche 9
I.9.Delimitation du sujet 9
I.9.1.Délimitation temporelle 9
I.9.2.Délimitation spatiale 9
I.9.3.Délimitation épistémologique 9
I.10.Plan sommaire 10
PREMIERE PARTIE : CADRE PRATIQUE 11
Introduction de la première partie 11
CHAPITRE I : NOTION DE GEOPOLITIQUE EN RELATIONS INTERNATIONALES
12
Introduction du premier chapitre 12
Section 1 : Notion et aspect définitionnel de la
géopolitique 12
§1.Notion de la géopolitique 12
§2.Aspect définitionnel de la géopolitique
13
Section 2 : La géographie et la politique 18
123
§1. L'espace comme facteur des RI 18
§2.La frontière terrestre 19
Section 3. Les différentes pensées et doctrines de
la géopolitique 22
§1. La pensée géopolitique avant 1945 22
Section 4 : La géopolitique et guerres :
Géostratégie 27
§1.Géopolitique et les 2 guerres mondiales 28
§2. L'antagonisme est-ouest 31
§3. Géopolitique et conflits du sud 31
Section 5. Géopolitique et mondialisation : La
géoéconomie 33
§1. Logique économie et logique politique dans
l'espace 34
§2.La géo économie comme clé du monde
au 21è siècle 35
Section 6. Géopolitique et les organisations
internationales : La Macro- géopolitique 37
§1. Le système onusien 37
§2.La construction européenne 38
Conclusion partielle 40
CHAPITRE II : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE 41
Introduction partielle 41
Section 1. La Géographie De La RDC 41
§1.La géographie physique 41
§3. Géographie économique 49
Section 2 : la politique étrangère de la RDC 51
§1. Notion de la politique étrangère 51
Section 3. La RDC face aux nouveaux enjeux géopolitiques
57
§1. Position stratégiques au centre de l'Afrique
58
§2. Marché de carbone et la guerre de l'eau 59
§3. Minerais stratégiques et transition
énergétique 61
Conclusion partielle 62
Conclusion de la première partie 63
DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE 64
Introduction de la deuxième partie 64
CHAPITRE III : L'EAU DANS LE MONDE 65
Introduction partielle 65
Section 1 la notion de l'eau 65
§1. Le climat et l'eau 66
124
§2.Gaz à effet de serre (GES) : L'eau 66
§3. Sécheresses et inondations 67
§4. L'écosystème hydrique 67
§5.L'importance de l'eau 67
§6.La géopolitique et les conflits de l'eau 68
Section 2 : Le problème de l'eau 69
§1.L'eau comme ressource stratégique 69
§2.Les eaux inégalement réparties sur la terre
70
§3.L'indispensable propreté de l'eau 71
Section 3 : L'eau au coeur des conflits du xxie
siècle 72
§1.Les conflits autour de l'eau 72
§2.Fleuves et bassins versants : la question du partage des
eaux 74
Section 4. Le défi de l'eau en Afrique 75
§1.La situation de l'Afrique en matière d'eau 76
§2.Le plan d'action du G8 pour l'Afrique 80
Section 5 : les formes des raretés de l'eau et quelques
crises contemporaines hydriques 81
§1.Des formes de rareté diverses 81
§2.Une reconnaissance croissante des risques hydriques 82
§.3.De quelques crises contemporaines de l'eau 82
§4.Tensions à venir 84
Conclusion partielle 87
CHAPITRE IV : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE DE L'EAU : MYTHE OU
REALITE 88
Introduction partielle 88
Section 1: La réalité de la géopolitique
congolaise 88
§1. Les pays du bassin du lac Tchad et leur
géopolitique sur l'eau de la RDC 88
§2. La situation du lac Tchad 96
§3.La position de la classe politique congolaise face au
transfert de l'eau 100
Section 2 : le mythe de la géopolitique congolaise de
l'eau 102
§1.Ressources en eau douce et approvisionnement en eau
103
§2.Utilisation de l'eau 105
§3.Crise de l'eau en RD Congo 105
§4.Structure du secteur de l'eau 106
§5.Les problèmes clés dans le secteur de l'eau
108
§6. Résoudre la crise : recommandations de l'ONU
111
125
Conclusion partielle 113
Conclusion de la deuxième partie 114
CONCLUSION GENERALE 115
BIBLIOGRAPHIE 118
TABLE DES MATIERES 122
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