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La géopolitique congolaise de l'eau. Mythe ou réalité?


par Faustin KYALA WAKABILA
Université de Kolwezi - Licence 2019
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« Les guerres du XXIe siècle auront l'eau pour

enjeu ».

Ismaël Serageldin.

II

DEDICACE

Faustin KYALA WA KABILA

Aux hommes de science et aux chercheurs Je vous dédie ce travail.

III

AVANT-PROPOS

Ce mémoire sanctionne la fin de notre deuxième cycle d'études universitaires en Sciences Sociales, Politiques et Administratives dans le département des Relations Internationales à l'université de Kolwezi. Il est de notre devoir de remercier de tout coeur tous ceux de près ou de loin, moralement ou matériellement ont contribué à notre formation et à l'élaboration de ce travail.

Nous remercions en particulier le professeur ordinaire Félicien MULAMBA MUBYABO NGELEKA qui nous a appris la rigueur de penser, et qui, en dépit de ses multiples occupations a dignement accepté de diriger ce travail.

A ce propos, nos remerciements s'adressent aussi à l'assistant Richard KAWANGA WA SAMBA pour sa contribution et son sacrifice dans l'élaboration de cette oeuvre scientifique.

Nous pensons également à l'université de Kolwezi en général, aux autorités académiques, spécialement à nos autorités décanales, aux professeurs, chef des Travaux et assistants de la science sociales politiques et administratives et plus particulièrement ceux des Relations Internationales ; qu'ils trouvent à travers ce travail l'expression de notre gratitude.

Nos remerciements affectueux et cordiaux d'adressent à nos parents Faustin KABILA et Chantale NKULU pour leur contribution énorme pendant notre formation scolaire et académique.

Nous remercions aussi nos oncles, tantes, frères et soeurs, amis et connaissances : Eddy NGOY et son épouse Jeanne NGOY, Danny KABILA, Jean KABILA, Doddy ILUNGA, Jefferson ILUNGA, Jeff ZUZE, Claude KAVULA, la famille Jean BANZA, la famille MWAMBA ILUNGA etc...

IV

A nos compagnons de lutte : Bénédiction NGOY, Carla MWENZE, Marlene LUKANGA, Chaty KON, Guellord KABAMBA, Accrache KAWAYA et tous ceux dont leurs noms ne figurent pas à l'énumération. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre gratitude.

Faustin KYALA WA KABILA

1

I. INTRODUCTION GENERALE

I.1.Explication du phénomène à étudier

L'eau a marqué une rentrée remarquable sur la scène internationale (dans la politique internationale des Etats) comme un enjeu stratégique matière rare et irremplaçable, l'eau a été la cause des plusieurs conflits au XXè siècle. Et, d'après les experts, le monde se dirige vers des conflits pour l'eau dans tous les niveaux nationaux, régionaux et internationaux. Le siècle précédent a connu des tensions de différents degrés et les zones qui connaissent un déséquilibre hydraulique comme au nord et au sud de l'Afrique, au Proche-Orient et en Amérique centrale.

D'après le géographe Américain Aron Wolf, la seule vraie guerre de l'eau connue remonte à 4500 ans, il s'agit de deux cités mésopotamiennes à propos de Tigre et de l'Euphrate dans le sud de l'Irak actuel.

Il n'est donc pas surprenant d'assister à une militarisation du vocabulaire à propos du statut de ce bien patrimonial économique et social. D'où les formules : « la bouteille de l'eau » ou « pour l'eau » l'eau « nouvel enjeu stratégique mondial », la géopolitique, la géostratégie de l'eau ou encore « l'hydro politique », « l'hydro diplomatie, « les hydro conflits »1

La rareté de l'eau en Afrique et la croissance de la demande engendrent des crises inter communautaires. Nous assistons à la sécheresse du lac Tchad qui, ayant poussé les pays du bassin du lac Tchad à mettre en place une commission pour la négociation du transfert de l'eau de la RD Congo vers le lac Tchad. C'est ainsi que nous constatons l'hydro-hégémonie Congolaise face à l'hydro-diplomatie des pays du lac. Tout d'abord, comment se présente l'eau de la RD Congo sur le plan géopolitique ? Est-elle un mythe ou une réalité ? C'est pourquoi notre sujet s'intitule : « la géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou réalité ».

1 Yves JEAN-CLOS, L'eau, arme stratégique au 21ème siècle, Paris, Ed. Dalloz, p.29

2

I.2. Etat de la question

L'état de la question est entendu selon le professeur WENU BECKER comme l'inventaire des publications existantes dans le domaine de recherche concerné ayant des implications directes ou indirectes avec l'objet d'étude.2

Cet inventaire oriente les chercheurs et lui permet de situer la spécificité de son étude face aux travaux antérieurement réalisés. Ceci l'aidera à recueillir des informations générales utiles à sa recherche.

Par ailleurs, nous ne prétendons pas être le premier à pouvoir parler de cette thématique si complexe. De ce fait nous laisserons une brèche à d'autres chercheurs qui l'auront abordé d'une manière ou d'une autre. C'est ainsi que nous citons :

1. MOVA SAKANYI : dans son ouvrage « Congo : survie et grandeur, pari d'une géopolitique et de la grandeur de la RDC. Par ailleurs, l'auteur étudie un Congo plongé dans une situation des conflits et crises récurrents, mettant en péril son existence dans un contexte international en profondes mutation.

Cet état des choses fait constater l'auteur, hypothèque par ricochet, la capacité de la RDC de se mouvoir sur la scène internationale à défaut d'y jouer un quelconque rôle positif.

De ce constat l'auteur préconise la reconquête de la puissance de la RDC en vue de lui permettre d'affirmer sa place sur la scène internationale

A ce propos, l'auteur fait allusion à l'impératif des aménagements sur le plan interne auquel doit procéder la RDC, dans le domaine politico-militaire, économique et social.

Par rapport aux impératifs de l'environnement externe notamment le droit international et la dette extérieure, le chercheur envisage l'exigence d'un réalisme diplomatique.3

2. LABANA LASSAY' ABAR, dans son ouvrage intitulé « l'intégration économique : problème et perspectives, dresse un bilan significatif sur les organisations internationales d'intégration économique africaine, et arrive au constat selon lequel

2 WENU Becker, Recherche scientifique : théorie et pratique, PUL connaissance, Lubumbashi 2016, p.22

3 MOVA SAKANYI, Congo : survie et grandeur, pari d'une géopolitique nouvelle dans la mondialisation, Kinshasa, Ed. Safari, 2001

3

toutes ces organisations internationales n'ont pas enregistré un progrès significatif dans les sens de leur mission.

Face aux obstacles d'ordres politiques, l'auteur conseille la présence de la volonté politique de la part des dirigeants à la tête des différents Etats la stabilité des régimes politiques et la sécurité de ces Etats.4

3. YEZI PYANA FUMU, dans son ouvrage sur : la géopolitique internationale du zaïre, dans l'étude, l'auteur se sert des phénomènes géographiques pour aborder la politique extérieure du zaïre (RDC). Il analyse en fait la question de la politique internationale du zaïre, liée à la situation géographique de son territoire, tant sur le plan national, africain que mondial.

A ces 3 niveaux, l'auteur fait correspondre trois idéologies politiques du zaïre, qui sont notamment le nationalisme, le panafricanisme et l'universalisme.5

Pour nous, notre contribution sera focalisée sur les stratégies que doivent prendre les autorités congolaises pour faire en sorte que la géopolitique congolaise de l'eau ne soit pas désormais un mythe mais au contraire une réalité.

I.3.Choix et intérêt du sujet

I.3.1.Le choix du sujet

Le choix d'un sujet de recherche ne se fait pas de façon hasardeuse mais celui-ci est une préoccupation primordiale car pour mener correctement les investigations, le chercheur doit avoir un choix sûr et facile à travailler et ledit choix aura des données claires en vu de faire comprendre les lecteurs.

La motivation au choix adopté à notre niveau d'étude se justifie dans ce sens que ce sujet concorde avec la science des relations internationales et que le phénomène de la géopolitique congolaise de l'eau a attiré beaucoup plus notre curiosité; par conséquent, nous voulons savoir si ce phénomène est un mythe ou une réalité.

C'est ainsi que cette préoccupation a constitué le thème même de notre champ d'investigation.

4 LABANA LASSAY' ABAR, L'intégration économique : problèmes et perspectives, Lubumbashi, Ed, PUL, 1997

5 YEZI PYANA FUMU, La géopolitique internationale du zaïre, Lubumbashi, Ed. Africa, 1979

4

I.3.2.Intérêt du sujet

L'intérêt de notre sujet est tricéphale c'est-à-dire qu'il se situe à trois niveaux distincts à savoir : intérêt subjectif, intérêt sociétal et l'intérêt scientifique.

a)Intérêt subjectif : l'intérêt subjectif appelé encore intérêt individuel ou personnel se justifie au point que nous voulons nous enrichir d'avantage en ce qui concerne la géopolitique en s'appuyant surtout sur la géopolitique Congolaise de l'eau, ce qui cadre réellement avec les théories apprises dans le domaine de la sciences des relations internationales qui est le nôtre.

b) Intérêt sociétal : dans cet optique, il sera question pour nous de montrer à la population Congolaise l'importance de leur ressource naturelle en l'occurrence l'eau qui se trouve sur l'étendue de leur territoire national ainsi que les retombées du transfert de cette eau vers un autre territoire.

c)Intérêt scientifique : en ce qui concerne l'intérêt scientifique, ce travail est une petite pierre de construction au grand édifice qu'est la science des relations internationales en constituant une documentation aux chercheurs futurs qui seront intéressés de la thématique portant sur la géopolitique Congolaise de l'eau.

I.4.Problematique et hypothèses du travail

I.4.1.Problématique

La problématique est définie comme l'expression de la préoccupation majeure qui circonscrit de façon précise et déterminée avec l'absolue clarté les dimensions essentielles de l'objet d'étude que le chercheur se propose de mener.6

Par ailleurs, BAECHLER affirme que « la problématique en science n'est pas de trouver des réponses, mais des questions, et de conduire les axes autour desquels viendront donner les matériaux».7

La problématique, de ce fait, est constituée d'une ou plusieurs questions que l'on se pose et qui pourront être admises sans être affirmées.

6 WENU BECKER, op cit p.22

7 Jean BAECHLER, Les phénomènes révolutionnaires, Paris, PUF, 1971 p024.

5

Ainsi donc, en observant le phénomène de l'eau qui s'érige en enjeu géopolitique mettant en exergue l'espace et la politique nationale d'un Etat, voire même la politique internationale des Etats, l'eau de la RD Congo se présente sous ce cadre.

Voilà pourquoi notre question principale est constituée de la manière suivante : ? La géopolitique congolaise de l'eau est-elle un mythe ou une réalité ?

Pour nous quelques hypothèses nous semblent utiles pour pouvoir répondre à

cette question.

I.4.2.Hypothèses du travail

L'hypothèse du travail est selon CAPLOW, un énoncé d'une relation de cause à effet sous forme affirmative permettant la vérification empirique. Elle est déterminée à guider une recherche.8

Dans le même ordre d'idées, l'hypothèse est entendue comme une ou plusieurs propositions qui ne sont que des simples possibilités reformulées en guise des réponses provisoires réservées aux préoccupations soulevées dans la problématique.9

Des hypothèses sont des réponses provisoires qui seront à la lumière de l'analyse, et à la fin de notre recherche validées et invalidées car elles ne sont que des propositions douteuses à vérifier.

En réponse à la question principale de notre étude, il semblerait que la géopolitique Congolaise de l'eau est un mythe dans la mesure où il n'y a pas une politique ou une réglementation spécifique pour la gestion rationnelle de l'eau et pour sa sauvegarde, d'où il aurait fallu attendre la sécheresse du lac Tchad qui aurait amené les pays du bassin du lac Tchad à pouvoir chercher par tous les moyens de faire le transfert de l'eau de la RD Congo vers le bassin du lac Tchad. C'est ainsi que nous prendrons le cas du président Tchadien Idriss DEBY ITNO qui aurait fait une déclaration forte en disant que : « degré ou de force, nous allons prendre l'eau de la RD Congo ». La commission aurait été mise à la disposition pour suivre de loin ou de près la situation hydrique en RD Congo et aussi entamer les négociations avec les autorités congolaises.

8 Théodore CAPLOW, L'enquête sociologique, 2ème édition, Armand Colin, Paris, 1971, p.1.

9 WENU BECKER, op.cit. P.6

6

Signalons que suite à la déclaration du président Idriss DEBY, la classe politique Congolaise (majorité, opposition) et la société civile auraient été réveillées de leur sommeil pour s'opposer et sauvegarder leur eau non seulement pour les générations présentes, mais aussi pour les générations futures, c'est à ce stade que la géopolitique Congolaise de l'eau serait devenue une réalité.

Les propositions argumentatives que nous venons d'étaler prouveraient en suffisance que la géopolitique Congolaise de l'eau est à la fois un mythe et une réalité. C'est ainsi qu'à la fin de notre étude (travail) ces propositions provisoires seront affirmées ou infirmées suivant les véritables idées réelles que nous aurons à trouver.

I.5.Objet d'étude

A cet ère de mondialisation tous les Etats tentent de se rapprocher en vue de résoudre leurs problèmes auxquels ils sont confrontés en commun ; par contre leur divergence se situe dans un aspect où leurs intérêts poursuivis sont divergents voire même contradictoires : c'est le cas des pays du bassin du lac Tchad voulant faire le transfert de l'eau de la RD Congo vers le lac Tchad qui connait une sécheresse intense et que la RD Congo par le biais de leurs autorités en place ne sont pas d'accord.

De ce point de vue, l'objet d'étude que nous abordons à notre analyse est de faire un examen critique susceptible d'éveiller la conscience de la classe politique Congolaise et la société civile à prendre des mesures rationnelles sur l'eau se trouvant sur leur territoire et aussi faire une réglementation empirique sur la gestion de leur eau.

I.6.Explication des variables

Une variable est un groupement d'attribution ou des caractéristiques qui décrivent un phénomène observable empiriquement.

Elle est donc un instrument de traduire des énoncés contenant des concepts opératoires en des énoncées possédant des références empiriques plus précis de façon à permettre de vérifier empiriquement des énoncés abstraits.10

10Cordon MAGE, Guide d'élaboration d'un projet en sciences sociales , 4ème édition), university toyel, Québec 2000 p.53-57

7

Il faut bien comprendre le rôle central joué par la variable dans le processus de la recherche et savoir que cette variable peut prendre des connotations différentes selon la place qu'elle occupe dans l'arrangement logique de la relation supposée. Selon le cas il y a plusieurs sortes des variables dont les plus communes sont les variables dépendantes et variables indépendantes, à cela, nous y ajoutons aussi les variables intermédiaires.

Notre sujet s'intitule : « la géopolitique Congolaise de l'eau : mythe ou réalité », il sied pour nous de montrer les variables.

1. Variable dépendante

Elle est une variable dont la valeur varie en fonction de celle des autres c'est la partie de l'équation qui varie en fonction de celle des autres. Dans le cadre de notre thématique, la variable dépendante est « la géopolitique Congolaise».

2. Variable indépendante

Elle est une variable dont le changement de valeur influe sur celui de la variable dépendante. Pour nous, notre sujet a pour variable indépendante « l'eau »

3. Variable intermédiaire

C'est une variable qui est située dans une position intermédiaire entre les variables indépendantes et les variables dépendantes avec comme rôle d'apporter des précisions en vue de fournir une explication complémentaire.

En ce qui nous concerne c'est « mythe ou réalité » qui sont des variables

intermédiaires.

I.7.Theorie explicative de référence

Pour le dictionnaire LITTRE, la théorie est un « rapport établi entre un fait général ou le moindre nombre des faits généraux possibles et tous les faits particuliers qui en dépendent ».

Une véritable théorie scientifique est le produit d'une systématisation méthodologique d'un ou de plusieurs phénomènes. Elle doit être clairement exprimée et susceptible de vérification. C'est en cela qu'elle diffère des dogmes, des opinions politiques et religieuses.

8

Ainsi donc, la théorie de la sécurité en relations internationales nous semble la plus utile dans la mesure où cette théorie se réfère à la capacité d'un Etat (TCHAD par exemple) à poursuivre ses intérêts nationaux tel qu'il les voit à n'importe quel endroit du monde. C'est aussi la capacité d'un Etat (RDC par exemple) à résister à toute agression étrangère.11

I.8.La méthodologie de recherche

La méthodologie est un outil indispensable à l'aboutissement heureux de toute recherche scientifique. Tout travail qui se veut scientifique doit obéir à une certaine méthodologie dans sa présentation des jugements et devra également préciser les méthodes et les techniques auxquelles l'investigateur a eu recours.

I.8.1.Méthode de recherche

Les sciences nous présentent une diversité des méthodes qui nous permettent de façon concrète les réalités des problèmes auxquels nous cherchons de les approprier. Dans ce mesure où elle est le chemin, la procédure à suivre pour atteindre l'objectif de l'analyse.

Roger PINTO et GRAWITZ Madeleine, estiment que la méthode est l'ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie.12

Le mot « méthode » peut être aussi utilisé dans le sens de « procédure particulière appliquée à l'un ou l'autre des stades de la recherche.13

Ainsi, notre démarche relève de la méthode analytique qui nous permettra d'analyser la question de la géopolitique Congolaise de l'eau pour arriver à conclure si celle-ci est un mythe ou une réalité.

Dans la même perspective, cette méthode sera assouplie en s'accompagnant de l'approche géopolitique des relations internationales qui nous aidera à analyser les comportements et les intentions des acteurs de la scène internationale impliqués dans la

11 LABANA LASSAY'ABAR, Relations Internationales : conceptions théoriques et pratiques, Ed. Africa, Lubumbashi, 2006, p.84.

12 ROGER PINTO., et GRAWITZ MADELEINE., Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 1974, P.28

13 MULUMBATI, NGASHA, Introduction à la science politique, Ed Africa, Kinshasa, Lubumbashi, 1977, p.70

9

question de la géopolitique Congolaise de l'eau et aussi faire l'inscription territoriale de ces intentions.

I.8.2.Technique de recherche

SPENCER, définit les techniques comme des procédés plus concrets et empiriques des instruments de mesure des phénomènes sociaux servant à collecter les données et leur dépouillement.14

Cependant, pour ce travail, nous allons utiliser la technique documentaire qui celle-ci, nous permettra d'élargir nos horizons scientifiques en consultant les documents écrits relatifs à notre étude (notes des cours, ouvrages, revues, etc.) dans le même ordre d'idées, par et à travers l'apport de l'intérêt, des encyclopédies et documents à la bibliothèque et au musée...

I.9.Delimitation du sujet

La délimitation de notre sujet se fera sur trois plans à savoir : sur le plan temporel, sur le plan spatial et sur le plan épistémologique.

I.9.1.Délimitation temporelle

La délimitation de notre travail va de l'année 2016, l'année à laquelle le président Tchadien Idriss Deby fit une déclaration forte par rapport au refus des autorités congolaises de transfert leur eau vers le lac Tchad, jusqu'à nos jours (2019).

I.9.2.Délimitation spatiale

Cette délimitation prend en compte l'espace géographique qui couvre l'Afrique centrale d'un pays membre de l'union africaine de la CEEAC et la SADEC à savoir, la république démocratique du Congo.

I.9.3.Délimitation épistémologique

Sur le plan épistémologique, notre sujet relève de la science des Relations Internationales dans son domaine de la politique Internationale et surtout la géopolitique de l'eau.

14 Herbert SPENCER, De l'Education intellectuelle, morale et physique, Paris, PUF, 1996, p.22.

10

I.10.Plan sommaire

Outre l'introduction et la conclusion générales, notre travail est subdivisé en deux parties comportant quatre chapitres ; chacun comportera les sections et les paragraphes :

La première partie intitulé cadre pratique aura deux chapitres

- Le premier est consacré sur la notion de la géopolitique en Relations Internationales - Le deuxième quant à lui, sera axé la géopolitique congolaise

La deuxième partie traitera du cadre d'étude aura aussi deux chapitres (le 3è et le 4è du travail)

- Le troisième traitera sur la question de l'eau dans le monde

- Le quatrième et le dernier fera l'objet même de notre travail et il est énoncé de la manière suivante : « la géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou réalité ».

11

PREMIERE PARTIE : CADRE PRATIQUE Introduction de la première partie

La première partie de notre travail va s?articuler sur les deux premiers chapitres

à savoir :

- La notion de la géopolitique en Relations Internationales. A travers celui-ci, nous traiterons de : la notion de la géopolitique, la géographie et la politique, les différentes pensées géopolitiques, la géopolitique et la guerre qui est la géostratégie, la géopolitique et mondialisation qui est à son tour la géo économie, et enfin la géopolitique et les organisations internationales appelée autrement la Macro-géopolitique.

- La question de la géopolitique congolaise à son tour, qui est consacrée comme le deuxième chapitre va à traiter de la géographie congolaise, la politique étrangère congolaise et la RDC face aux nouveaux enjeux géopolitiques.

12

CHAPITRE I : NOTION DE GEOPOLITIQUE EN
RELATIONS INTERNATIONALES

Introduction du premier chapitre

Dans ce chapitre, il sera question pour nous de décortiquer les points suivants : la notion et aspect définitionnel de la géopolitique, la géographie et la politique, les différentes pensées de la géopolitique, géopolitique et guerres : géostratégie, géopolitique et mondialisation géo économie et enfin la géopolitique et organisations internationales.

Section 1 : Notion et aspect définitionnel de la géopolitique

Cette section sera abordée sur deux points principaux à savoir : la notion de la géopolitique et son aspect définitionnel.

§1.Notion de la géopolitique

La géopolitique comme science, comme idéologie appartient à une époque révolue, celle du darwinisme social, des affrontements impérieux planétaires : rivalités entre l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Allemagne, le japon, la France, bras de fer américano-soviétique.

Il reste que tout fait politique a une dimension géographique ou plutôt géo-historique. Aucun problème politique n'est compréhensible si ses composantes géographiques et historiques ne sont pas examinées.

Voici le temps des géopolitiques :15

- Géopolitique des Etats

- Micro-géopolitique des régions, des ethnies, des villes et

- Macro-géopolitique des organisations continentales et mondiales.

Par conséquent, pour mieux analyser la scène internationale afin de comprendre les relations qui s'y nouent et les conflits qui s'y déroulent, il faut acquérir un réflexe cartographique, en d'autres termes il n'y a pas de géopolitique sans carte.

15 Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la géopolitique, Ed. Le seuil, Paris, 2005 p.228-229

13

Ceci étant, il est nécessaire de définir la géopolitique : voilà ce qui nous amène au deuxième paragraphe.

§2.Aspect définitionnel de la géopolitique

Le terme géopolitique est polysémique : cela veut dire qu'elle admet plusieurs définitions c'est un terme composé de deux mots à savoir : la géographie et la politique.

Pour l'appréhender avant de la définir, nous nous efforcerons de définir d'abord ces deux concepts qui sont la géographie et la politique.

1. Le vocable « géographie »

Le terme géographie est aussi polysémique comme tant d'autres, pour l'appréhender, nous nous sommes basés aux définitions des 4 traditions qui ont marqué l'action et la réflexion des géographes du monde entier, il s'agit de16 :

1. La earth science tradition

Où la géographie est considérée comme une science des paysages naturels qui a pour objet l'étude de la distribution d'objets concrets à la surface de la terre.

2. La manland tradition

Où la géographie est considérée comme une science écologique ayant pour objet l'étude des relations entre l'homme et son milieu.

Elle devient ici une science mixte faisant la synthèse entre les sciences naturelles et les sciences sociales. C'est le point de rencontre entre la géographie et la sociologie.

3. La area studies tradition

Où la géographie devient une science mathématique qui a pour objet la description des éléments constitutifs de l'espace dans une perspective d'intégration.

4. La spatial tradition

Où la géographie devient comme une discipline scientifique et mathématique qui a pour objet l'analyse de l'espace à partir de ses composantes géométriques.

16 ASSUMANI SALIMINI, cours de géographie économique et humaine, G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015 pp.5-6 inédit

17 MWAMBA SINONDA, Introduction à la science politique, cours destiné aux étudiants de G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015, p.4

14

Ces quatre traditions ont en commun l'espace comme objet essentiel de leur analyse. Par là, nous pouvons admettre que la géographie est l'étude de l'espace.

La géographie ainsi définie, nous abordons le terme « Politique » 2. le vocable « Politique »

Notons aussi que ce terme est aussi polysémique que celui que nous venons d'aborder (la géographie).

Au sens étymologique, le terme « Politique » vient du grec polis » qui signifie la « cité ». en ce sens ce mot désigne les affaires de la cité « (par opposition des affaires privées) : par extension, c'est l'art de gérer la cité ou le gouvernement de la cité. Pour les spécialistes de la science politique le terme « politique » diffère selon ce que ce mot est utilisée au féminin (avec « la » et « une ») et au masculin17 :

Au féminin

- La politique (Politic's selon les anglo-saxons) désigne la vie politique, l'espace virtuel (arène, scène) où s'affrontent les individus et les groupes en compétition pour la conquête et l'exercice du pouvoir ».

Selon Max WEBER, la politique est un « ensemble des efforts que l'on fait en vue de participer au pouvoir ou d'influer sur la répartition du pouvoir.

Autrement dit, la politique semble concerner toutes les activités des individus ou des groupes qui cherchent à conquérir le pouvoir politique, à l'exercer ou à avoir de l'influence sur ceux qui l'exercent.

- Une « Politique » (policy en anglais) est une activité délibérée de l'Etat dans un domaine particulier, ou un programme d'action mise en place par une institution pour atteindre des objectifs donnés.

Exemple : une politique sociale de l'Etat, une politique économique de Kamoto Copper Company (KCC).

Au masculin

- Le politique (polity en anglais) renvoie au phénomène multiforme de régulation des conflits d'intérêts.

15

Il est un espace social dominé par les conflits d'intérêts régulés par un pouvoir qui dispose d'un monopole de coercition légitime.18

Le politique désigne aussi la personne qui fait la politique.

La géographie et la politique ainsi définies, nous allons définir directement le terme « géopolitique »

3. Le vocable « géopolitique »

Le concept « géopolitique » a été mis à jour ou encore créé par le suédois Rudolf Kjellen. Celui-ci n'était dans son esprit qu'un élément d'un ensemble plus vaste destiné à analyser la politique sous tous ses aspects.19

Selon le petit Robert, la géopolitique c'est l'étude des rapports entre les données naturelles de la géographie et la politique des Etats.20

De part cette définition, la géopolitique devient donc l'étude des rapports entre l'espace et la politique.

Entant qu'étude des rapports entre l'espace et la politique, la géopolitique vise à élucider deux questions majeures à savoir :

1) En quoi les données spatiales affectent-elles la politique des Etats ?

2) Comment l'autorité politique sert-elle de l'espace ?

Pour COLLIN Gray, la géopolitique étudie la relation qui s'établit entre la puissance, la politique internationale et le cadre géographique.21

Ici, la puissance est la capacité d'un Etat à exercer son autorité sur le plan internationale en tenant compte de son cadre géographique.

Selon Rudolf Kjellen (fondateur du concept géopolitique en 1900) : la géopolitique est une science de l'Etat comme organisme géographique tel qu'il se traduit dans l'espace.22

18 BRAUD, PHILIPPE, Introduction à la science politique, Ed. Le seuil, Paris p19

19 NGOIE MBAYO, La géopolitique à l'ère de la mondialisation t du printemps arabe, Ed. Africa Lubumbashi 2005, p.5

20 Dictionnaire le petit Robert, Paris, Ed. 2005, p.138

21 COLLIN GRAY cité par NOEL MWANDA, la géopolitique de la RDC, comme Etat de l'intégration dans la région des grands lacs africains, mémoire de DEA, UNILU 2016 pp36 inédit

16

Bref, partant de cette définition, la géopolitique devient une des cinq branches de la science politique qui sont :

1) La démopolitique ou anthropolitique : la science qui étudie l'Etat entant qu'organisation de sa masse humaine (démographie)

2) L'éco politique : étudie de l'Etat par rapport à son économie nationale et extérieure

3) La sociopolitique : étudie le rapport entre l'Etat et la société

4) La cratopolitique : étudie l'Etat par rapport à ses moyens d'actions (le pouvoir).

En tant que science la géopolitique est née au tournant du 19è et du 20è siècle. Toutefois, elle va subir une désaffectation à partir de 1945 à cause des faits ci-après :

- Sa connivence avec le projet Hitlérien avec son concept « espace vital »

- L'existence de l'ordre bipolaire qui fera que les deux super puissances vont fonder leur affrontement sur l'empêchement de l'expansion spatiale de l'une ou de l'autre : d'où son succès fut abaissé.

La géopolitique est à la fois une théorie et une méthode 3.1. La geopolitique comme theorie

Pour Banyaku Luape Epotu, de l'université de Kinshasa (UNIKIN), les théories géopolitiques sont essentiellement axées sur les analyses et les modèles de conceptualisation de l'espace politique mise en exergue depuis plus d'un siècle.23

Le plus grand effort théorique de la géopolitique consiste à élever les analyses de l'espace politique au-delà des descriptions, des stratégies et pensées.

3.2. La geopolitique comme methode

La première démarche lorsque l'on est face à un élément international, est de l'analyser entant que phénomène, c'est-à-dire de l'appréhender comme porteur d'un concept d'intentionnalité.

22 NGOIE MBAYO, op cit P.8

23 BANYAKU LUAPE, « avis et considérations sur l'introduction dans le programme des nouveaux curricula en rapport avec les études sur la paix » communication faite : Kinshasa, 2014

17

Par « intention », on entend un « réseau hiérarchisé d'attitudes obéissant à une logique de réalisation des ambitions ou d'atténuation des menaces existantes.24

Schématiquement, toute posture géopolitique se ramène soit à une volonté de réaliser des ambitions, soit une volonté de contrer une menace.

En tant que méthode, la géopolitique est définie par François THUAL comme une méthode explicative et compréhensive de la complexité des faits internationaux.25

Elle procède par 3 étapes :

1) L'analyse des intentions des acteurs de la scène internationale ;

2) La procédure de la mise en perspective dans des interactions et des comportements des acteurs ;

3) L'inscription territoire de ces intentions et comportements des acteurs.

Il existe aussi des concepts connexes à la géopolitique ; il s'agit de la géostratégie et la géo économie.

3.3. Concepts connexes

Avant de les définir notons qu'en relations internationales, les Etats entretiennent deux types des relations qui sont :

1) Les relations conflictuelles (c'est le domaine de la géostratégie)

2) Les relations positives ou pacifiques (le domaine de la géoéconomie)

A) la géostratégie : c'est la politique stratégique (militaire) d'un Etat en tenant compte des données géographiques ;

B) La géo économie : c'est la politique économique d'un Etat en tenant compte des données géographiques.26

La géopolitique ainsi définie, nous abordons la deuxième section qui porte sur la géographie et la politique.

24 NGOIE MBAYO, op cit. p7

25 François THUAL, « apprendre à déchiffrer l'actualité » in ellipses, IRIS, 1996, pp.26

26 Noel MWANDA, op.cit., p.36 inédit

18

Section 2 : La géographie et la politique

En tant qu'acteur de sa politique, l'Etat considéré comme unité politique doit son existence et son identité entre autre à un support géographique appelé territoire. Ce dernier détermine l'espace géographique au sein duquel tout Etat exerce sa politique entant que souveraineté : ceci revient à dire que l'espace géographique serait en facteur des relations internationales c'est-à-dire un ensemble des données géographiques qui influencent les acteurs de la scène internationale dans leur comportement. Par ailleurs l'espace est délimité par une frontière qui en donne les limites.

§1. L'espace comme facteur des RI

L'analyse géopolitique telle que pratique met l'accent particulier sur les données géographiques c'est-à-dire sur la relation entre l'espace et la puissance des Etats.27

Cette espace est à comprendre sous ses 3 aspects notamment : la dimension, la configuration et la position des Etats.

A) La dimension des Etats

Lorsque nous observons la société internationale, il se dégage des faits que celle-ci est composée des Etats ayant des tailles différentes. Nous avons d'une part des Etats continents (RDC, chine, Russie, USA, Brésil, Algérie...) et d'autre part, il y a des micros Etats (le Rwanda, Sao tomé & principe, la Belgique, Luxembourg...) cette réalité constitue un défis permanente à la règle sacro-sainte de l'égalité souveraine entre Etats.

Ceci étant, la règle de l'égalité des Etats n'est valable que dans le contexte du droit international et se traduit au niveau de l'ONU au sein de l'assemblée générale où chaque Etat à une voix.

Par contre sur le plan de fait, il n'existe pas une égalité entre Etats d'autant plus que chaque Etat qui participe à la vie internationale joue un rôle selon sa puissance, et cette puissance des Etats est due en partie de leur taille ou à leur dimension.

27 Jean ANCEL, Géographie des frontières, Ed. de la grâce, Paris, 1938, pp.27-28

L'origine du mot « frontière » vient de « front », un terme militaire, qui désigne la zone de contact avec une armée ennemie.

19

B) La configuration des Etats

Par rapport à la configuration de leur espace les Etats ont des données géographiques très variables de par leur qualité et leur quantité. Ces données géographiques variables influent également sur la puissance des Etats, c'est notamment :

La climatologie : les Etats ont des climats très variés et cette variété des climats détermine ou encore favorise le développement des activités humaines. C'est ainsi par exemple que le climat tempéré est favorable aux activités humaines contrairement au climat torride.

C) La position des Etats

Les RI c'est-à-dire les rôles que jouent les Etats sur la scène internationale sont largement affectées par la place qu'ils occupent sur la carte du monde.

Ceci étant, il existe donc des positions occupées par les Etats qui ont une valeur politique, et cette valeur politique de la position dépend du voisinage c'est-à-dire de la contigüité entre espace.

Toutefois, cette contigüité géographique peut être profitable lorsqu'elle engendre les relations de coopération ou de solidarité internationale, tout comme elle peut être désavantageuse lorsqu'elle devient la source de conflit.

Il existe 3 grandes positions géographiques stratégiques occupées par les Etats sur la carte du monde :

1) L'accès à la mer : c'est le cas de la Libye et la Tunisie ayant l'accès à la mer méditerranée.

2) Le contrôle des voies de passage : c'est le cas du canal de suez contrôlé par l'Egypte et le cap de bonne espérance contrôlé par l'Afrique du Sud

3) La position insulaire : ici, c'est le cas de l'Angleterre qui avait échappé à l'invasion Hitlérienne suite à sa position insulaire et aussi le cas du Madagascar qui n'a jamais été attaqué par d'autres pays.

§2.La frontière terrestre

20

Cette ligne sinueuse et fluctuante évolue en fonction des rapports de force en présence. A partir du XVIIè siècle, la frontière devient progressivement une ligne bornée, limité entre deux Etats28

Dans sa conception général, la frontière est comprise comme une limite, c'est une limite qui sépare deux Etats, par conséquent, elle revêt les caractéristiques ci-après :

1) La limite est intentionnelle c'est-à-dire volontaire ;

2) La limite est créatrice d'un ordre spatial et temporel ;

3) La limite est fondatrice de la différence ;

4) La limite structure un territoire.

Ceci étant, entant que limite, la frontière est à la fois exclusive et inclusive :

- Dans sa dimension exclusive : la frontière est un mur, une barrière, un cloisonnement, une séparation, tandis que ;

- Dans sa conception inclusive : la frontière permet de rassembler, d'élargir les espaces d'influence.

Ainsi donc, une frontière peut-être soit une barrière soit frontière.

Selon BERTRAND BADIE, il existe un type des frontières dites virtuelles qui échappent à la volonté des Etats.

La frontière caractérisée en tant que limite remplit quatre fonctions suivantes :

1) La fonction de traduction : elle est la traduction de la volonté, l'intention, le pouvoir de la société c'est pourquoi toute frontière se réfute à des limites ayant des repères soit naturels soit artificiels ;

2) La fonction de régulation c'est-à-dire elle cherche un certain ordre, d'une certaine harmonie en délimitant un territoire ;

3) La fonction de différenciation : ici, elle marque la différence, l'identité ;

4) La fonction de relation : qui consiste à unir les Etats.

Ceci étant, la frontière étant un construit, elle peut changer tout en précisant l'espace qu'elle délimite.

28 MBAYO NGOIE, op cit, p40

La question de la géographie et de la politique ainsi abordée et réalisée, nous entamons maintenant celle des différentes pensées et doctrines de la géopolitique.

21

Du point de vue géopolitique, le changement des frontières relève d'une étude particulière appelée HOROLOGIE, celle-ci en d'autres termes est une branche de la géopolitique qui étudie les changements de frontières.

1. La frontière face au système politique contemporain

L'ordre de la seconde guerre mondiale a fait que la frontière soit tangible, immuable, d'où le principe sacrosaint adopté par tous les Etats : celui de l'intangibilité des frontières.

Par ailleurs, la période de l'après-guerre froide a vu se développer une homogenèse sur le continent européen mais aussi en Afrique, lequel changement des frontières a eu à influencer sur la reconfiguration de certaines zones géographiques.

2. De la frontière zone à la frontière ligne

La notion de la frontière a évolué dans le temps en partant de la frontière zone vers la frontière ligne ou la frontière linéaire actuelle ; une frontière zone consistait à déterminer une pionnière (une zone d'influence)

3. Un monde sans frontière

L'idée d'un monde sans frontière date de très longtemps. Au 18è siècle, par exemple, il s'est développé en chine une vision géopolitique du monde considérant l'empire chinois comme le seul maitre du monde, l'idée traduite par l'absence du ministère des affaires étrangères.

Cette vision va se manifester par la prolifération des mouvements qui prônent le sans frontiérisme. C'est le cas des médecins sans frontières (MSF)

Malgré cette vision, la réalité des choses attestent que le monde contemporain n'est pas sans frontière mais tout simplement cette frontière ne doit pas être considérée comme un espace obstacle à une action dans la mesure où la frontière elle-même est artificielle.

22

Section 3. Les différentes pensées et doctrines de la géopolitique

Les différentes pensées doctrinales de la géopolitique sont regroupées selon l'ordre chronologique à savoir :

- Celle d'avant 1945 et - Celle d'après 1945.

La première période d'avant 1945 concerne les pensées des auteurs marquants que nous pouvons appelés des précurseurs de la géopolitique.

La deuxième période est celle de la réapparition de l'importance de la géopolitique représentant la pensée contemporaine ou la pensée actuelle après la scission de 1989.29

§1. La pensée géopolitique avant 1945

Il s'agit des pensées émises par les précurseurs de la géopolitique notamment FRIEDRICH RATZEL, RUDOLF KJELLEN et ALFRED TAYER MAHAN, mais de ceux qui sont considérés comme classique tels que : HALFORD MACKINDER, NICOLAS SPYGMAN et KARL HAUSHOFER.

Les pensées de ces différents auteurs sont regroupées en différentes écoles telles que nous le propose d'AYMERIC CHAUFRADE ; il y a :

- L'école Allemande ;

- L'école anglo-saxonne et - L'école Française

1. L'école allemande de Geopolitik

Cette école met l'accent sur le paradigme de la puissance continentale. Elle est représentée par FRIEDRICH RATZEL, RUDOLF KJELLEN et KARL HAUSHOFER

29 Noel MWANDA, op cit pp16-30

Ce sont ces sept lois Ratzeliennes qui justifient théoriquement la vision de l'Etat allemand de devenir une puissance mondiale, et ces idées seront instrumentalisées par

23

a. La pensée géopolitique de Friedrich RATZEL (1844-1904)

Professeur de géographie à l'université Leipzig en 1882, puis à Munich, Ratzel développe une géopolitique engageant la réalisation d'une grande Europe dominée par l'Allemagne.

Pendant cette période, l'Allemagne va chercher à s'unir autour de la Prusse à l'exception de l'Autriche laissant ainsi une thèse d'une Allemagne inachevée sous le règne de BISMARCK.

En 1888, Guillaume II devenant empereur va nourrir la politique de WELTPOLITIK c'est-à-dire la politique mondiale, la constitution d'un empire germanique puissant doté d'une flotte puissante. C'est dans cette idée de WELTPOLITIK que Ratzel va dégager sa pensée considérant l'Etat comme un organisme lié au sol duquel sa survie dépendrait.

De cette vision organiste, DARWIN fera l'analogie à l'idée d'un espace nourricier qu'il a appelé « ESPACE VITAL » qui puisse permettre à l'Allemagne d'être à la fois un Etat puissant et un Etat en expansion parce que cet espace vital n'est pas statique, il est obligé de s'étendre suivant l'espace. C'est ainsi que partant de cela Ratzel y dégage sept lois :

1) L'explication loi de l'expansion spatiale des Etats : c'est la loi de l'avancement de la culture ;

2) La loi du développement ;

3) La loi de la fusion -absorption : les Etats grands gagent les petits en les absorbant (le gros mange le petit) ;

4) La loi de l'évolution des frontières ;

5) La loi de la complémentarité ;

6) La loi dite « les petits attirent les gros » ;

7) La loi de l'assimilation des nations.

Ce sont ces idées de Ratzel qui vont permettre d'avoir le goût de la géographie dans la politique de leur pays.

24

l'empereur Guillaume II possédant une forte puissance Allemande dès 1911, laquelle flotte va lui faciliter sa conquête coloniale et occasionner la première guerre mondiale de 1974-1918.

b. La pensée géopolitique de Rudolf Kjellen

Le concept « géopolitique « forgé par R KJELLEN sera inscrit dans le champ académique de la science politique.

Le professeur suédois KJELLEN va dégager cinq lois propres à la géopolitique en tant que discipline scientifique.

1) La loi du recouvrement par l'Etat de ses propres forces ;

2) La loi de l'existence des parties vitales de l'Etat et des acteurs de trafic ;

3) La loi de l'individualisation géographique de l'Etat ;

4) La loi du besoin d'expansion vers les mers.

5) La loi de la tendance de l'autarcie (sentiment de se renfermer sur soi-même).30

c. La pensée géopolitique de KARL HAUSHOFER (1869-1949)

Le général bavarois Karl Haushofer est le principal disciple de Ratzel et il va développer et vulgariser la théorie de celui-ci ; sa pensée est celle qui a plus servi à l'idéologie Hitlérienne, et celle-ci se résume en 3 idées forces à savoir :

- Le deutsctum : l'idée de la communauté des civilisations ; - Le lebensraum : l'espace de déploiement ;

- Le pan-ideem : le panisme.

Pour Haushofer, afin de permettre à l'Allemagne d'éviter le dikta de Versailles, ce pays avait le choix entre son déclin ou la restauration de sa puissance mondiale. Dans ce contexte, Haushofer, va préconiser que l'Allemagne redevienne une puissance mondiale à condition qu'il ait un leadership ambitieux que représentait Adolf Hitler.

Ainsi donc, pour y parvenir, l'Allemagne devait procéder par le deutsctum c'est-à-dire par la communauté des civilisations à travers les alliances ; par l'occupation de l'espace de déploiement qui est l'espace vital « la mer »c'est lebensraum, et enfin par le pan-ideem qui est l'expansion du pangermanisme.

30 Rudolf KJELLEN, l'Etat comme forme de vie, Berlin, 1916, p43

25

De ces trois idées de K. HAUSHOFER, il va se dégager le fait que le monde devait-être composé d'un nombre d'Etats très restreints et chacun avec une zone d'influence. Il va subdiviser le monde en quatre zones ci-après :

1) L'Eurafrique sous la puissance de l'Allemagne ;

2) Asie du sud-est sous la puissance du japon ;

3) Panrussie sous la puissance de l'URSS ;

4) Panamérique sous la puissance des Etats-Unis d'Amérique.

2. L'école Anglo-saxonne

Représentée par Halford MACKINDER, NICOLAS SPYGMAN et ALFRED MAHAN, cette école prône la puissance maritime.

a. Les pensées d'Halford MACKINDER

L'Amiral britannique MACKINDER, qui fut professeur à OXFORD puis à la London School of économics and Political science, et le fondateur de la géographie classique, celle opposant la terre à la mer. Autrement dit, il est le père fondateur de la pensée géopolitique classique dans la mesure où il fut le premier à mener une étude sur les rapports entre l'espace et la puissance mondiale.

Sa théorie est appelée le Heartland : pivot du monde ou pivot stratégique (coeur

du monde)

Par cette théorie MACKINDER considère que l'ensemble des phénomènes géopolitique pouvaient s'expliquer à travers la lutte opposant le pivot aux croissants concentriques qui l'entourent.

La pensée de MACKINDER est née dans le contexte où le Royaume-Uni connaissait l'apogée de sa puissance mais aussi de l'autre côté, la Russie à l'époque des Tsars devenait de plus en plus puissante s'élançant à la conquête d'un immense territoire allant de la Sibérie pour atteindre le pacifique. C'est dans cette rivalité entre le Royaume-Uni comme puissance maritime et la Russie comme puissance continentale (de la terre) que Halford MACKINDER va envisager la possibilité pour le Royaume-Uni de dominer le monde. Ainsi sa pensée sera résumée dans ce maxime suivant « ...qui domine le Heartland commande l'Ile-monde, qui domine l'Ile-monde commande le monde »

26

b. Les pensées géopolitique d'Alfred TAYER MAHAN

L'amiral américain MAHAN construit une géopolitique destinée à justifier l'expansionnisme mondial des Etats-Unis d'Amérique à une époque où le monde est encore dominé par la grande puissance maritime (Sea power).31

Mahan est convaincu que les Etats-Unis, puissance industrielle contrôlant les Amériques, peuvent en imitant la stratégie maritime qui fut celle de l'Angleterre à partir du XVIè siècle, obtenu la domination mondiale grâce à la maitrise des mers.

La réflexion de cet auteur prône la doctrine de l'interventionnisme américain contrairement à la doctrine MONROE (l'Amérique aux américains).

3. L'Ecole française

La géopolitique de l'école française est qualifiée de géopolitique de défaite pour des raisons que voici :

1) La France était une nation ancienne qui n'avait pas des problèmes de territoires ;

2) Le congrès de vienne de 1815 n'a pas du tout déposséder la France de ses nouveaux territoires conquis lors de la conquête Napoléonienne ;

3) Malgré la perte de l'ALSACE-LORRAINE la France ne s'est pas sentie très gênée ;

4) La France a été la victime principale de la géopolitique de l'Allemagne cela lui a donné le dégoût.

En dépit de toutes ces raisons, il convient d'illustrer certaines pensées émises par des français politiques et scientifiques : général DEGAULLE, Jacques ANCEL, André CHERADAME, Vidal de la Blache

- Parlant du général DEGAULLE : son appel à ses alliés par rapport à l'occupation allemande intégrait l'aspect géographique de la France et de ses colonies ;

- Quant à Jacques ANCEL : est partisan de l'idée des frontières artificielles et non naturelles ;

- André CHERADAME : fut défenseur de l'unité entre l'Autriche et l'Hongrie et c'est lui le concepteur de la théorie fondatrice de la triple entente réunissant (la France, les USA, la Russie et l'Angleterre) ;

31 NGOIE MBAYO, op cit p.112

Selon Y LACOSTE « la géographie ça sert d'abord à faire la guerre ». De cette formule nous pouvons déduire trois interprétations suivantes :

27

- Enfin pour VIDAL de la Blache considérée comme grand géopoliticien de la France et l'initiateur de la géopolitique de possible à travers l'expression de « vouloir vivre en commun ».

§2. La pensée géopolitique après 1945

Les transformations qui vont s'opérer sur la scène internationale vont contribuer à modérer les rapports entre l'espace et la politique ou encore entre la politique et la puissance des Etats. Il s'agit des transformations suivantes :

1) Le changement du monde par rapport à la hiérarchie des Etats et par rapport à la décolonisation;

2) L'évolution des techniques avec l'ère nucléaire ;

3) La revisitation de l'importation de l'espace.

Toute fois en 1977, en cherchant à expliquer l'antagonisme idéologique entre le capitalisme et le communisme dans une nouvelle donne nucléaire Collin GRAY va essayer de recourir à la géopolitique pour expliquer ces phénomènes.

Quelques années plus tard, Yves LACOSTE va initier une revue dénommée « HERODOTE » dans laquelle seront traitées les questions de géostratégie, idéologie et géographie en 1983.

Par ailleurs, la géopolitique d'après 1945 a été plus marquée par les pensées de 2 auteurs américains à savoir :

- Samuel HUNTINGTON avec son ouvrage intitulé « le choc des civilisations ; - ZBIGNIEW BRZEZINSKI dans son ouvrage intitulé « le grand échiquier ».

Les pensées géopolitiques de ces 2 auteurs avaient comme objectif de tirer des leçons de la fin de la guerre froide et du statut d'unique super puissance américain.

Section 4 : La géopolitique et guerres : Géostratégie

28

1) La géographie est une contrainte cela veut dire que parce que la guerre se fait dans un espace géographique, cette dernière doit-être apprécie en terme quantitatif et qualitatif dans toute stratégie militaire ;

2) La géographie est un atout, ceci implique que l'espace devient un terrain de déploiement et de manoeuvre ;

3) La géographie est un enjeu.

Par-là, nous verrons le rôle qu'a joué la géopolitique dans les deux guerres mondiales, dans l'antagonisme est-ouest et dans les conflits du sud.32

§1.Géopolitique et les 2 guerres mondiales

Nous distinguons la première et la seconde guerre mondiales :

1. la 1ère guerre mondiale (1914-1918)

A la 1ère guerre mondiale, l'espace géographique a été tenu en compte dans les différents raisonnements politico-stratégiques ainsi que dans la définition des enjeux géopolitique des pays belligérants. Tout comme cette géographie a été à la base des différents traités de paix.

A) L'espace dans le raisonnement politico-stratégique

Le climat qui a précédé la première guerre mondiale était caractérisé par l'obsession de l'espace. Cette obsession était aussi tentée par les idéologies de l'époque (cfr le pangermanisme de Ratzel). En d'autres termes, les Etats Européens ou la philosophie politique des Etats européens était celle fondée sur le Darwinisme social comme idéologie de leur puissance ainsi donc, nous passons aux préoccupations géopolitiques des principaux belligérants.

B) Les préoccupations géopolitique des principaux belligérants

La 1ère guerre mondiale a connu comme principaux belligérants l'Allemagne, l'Autriche, l'Angleterre, la France, les USA et la Russie ; chacun cherchant à faire la politique de sa géographie dans une vision cohérente et permanente.

- Pour l'Allemagne : ses préoccupations géopolitiques étaient fondées sur sa vision du monde, celle du pangermanisme qui consistait à occuper l'espace de l'Europe

32 Philippe MOREAU DEFARGES, opcit pp.132-150

29

occidentale qui lui serait avantageux tant sur le plan économique que sur le plan stratégique.

- Quant à l'Autriche-Hongrie : sa vision géopolitique était fondée sur le principe dynastique du fait que cet Etat est un conglomérat des peuples. C'est dans ce contexte en tant que protectrice de la diversité des nations (Autriche et Hongrie) que cet Etat va se lancer dans la 1ère guerre mondiale avec comme objectif de réunir ou sauvegarder les espaces habités par les différents peuples qui les composaient afin de garantir sa survie.

- Pour l'Angleterre, forte de sa suprématie économique et financière ce pays s'est engagé dans la 1ère guerre mondiale pour préserver l'esprit de libre-échange, l'ouverture des marchés et de la vision mondiale du travail.

- Par rapport à la France, consciente de sa faiblesse démographique et de ses insuffisances industrielles, la vision géopolitique de ce pays était fondée sur la récupération de l'ALSACE-LORRAINE.

- Les USA par contre, longtemps vécus dans la doctrine MONROE ; les USA vont s'impliquer dans la première guerre à la suite du danger qui guettait la Grande-Bretagne et aussi fort de sa puissance économique et industrielle de l'époque avaient comme objectif de sauver leur entente avec les nations européennes menacées par l'hégémonie germanique.

- La Russie enfin, ayant connu la première révolution avortée de 1905, la Russie voulait à l'interne se débarrasser du régime Tsarienne au profit du communisme socialiste.

Ceci étant la vision géopolitique de la révolution russe était celle d'unir les peuples slaves, de l'Europe et de la Russie qui était menacée par la force germanique. En plus, forte de sa puissance économique, la Russie voulait étendre son influence vers l'Extrême-Orient.

L'ambition géopolitique des belligérants étant connue, il sied pour nous de démontrer les incohérences géopolitiques des traités de paix.

C) les incohérences géopolitique des traités de paix

La guerre ayant pour objectif la paix, celle de 1914-1918 avait également pour finalité la paix dictée par les puissances occidentales afin d'établir un nouveau paysage géopolitique européen.

30

En d'autres termes, la première guerre mondiale a amené les belligérants à dessiner la nouvelle cartographie géopolitique de l'Europe occidentale sur le fond de la paix et de la sécurité entre les nations et les peuples. Pour atteindre cette vision post-conflit, la période de 1919 à 1930 sera marquée par la signature des traités ayant pour finalité la paix et la sécurité : c'est notamment le traité de VERSAILLES qui créa la société des nations (SDN). C'est aussi la cas du pacte BRIAND -KELLOG qui proclama la guerre comme un moyen illicite et aussi l'acte général d'arbitrage qui mettra à la disposition des Etats les différents moyens de règlements pacifiques des différends. C'est aussi, enfin le cas de la doctrine STIMSON qui consistait à ne pas reconnaitre les territoires acquis par la force.

Ceci étant, le nouveau paysage géopolitique européen devait avoir comme fondation un principe juste à savoir « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes »

2. Pendant la seconde guerre mondiale

Les deux guerres mondiales peuvent être analysées comme les deux actes d'une seule et même tragédie.

L'enjeu central étant la même notamment la lutte contre la volonté hégémonique de l'Allemagne et que le raisonnement des Etats impliqués étant le même notamment le darwinisme social ou encore les revendications de l'espace vital.

Par ailleurs, la seconde guerre mondiale opposait les puissances suivantes : l'Allemagne, le Japon, l'Union soviétique, l'Angleterre les USA etc. autours desquelles sont réunis les alliances.

La participation de l'Allemagne à la seconde guerre mondiale était le fait de l'idéologie et de la pensée géopolitique d'Adolf Hitler.

Le Japon, à son tour va y participer dans le but de rationaliser géopolitiquement toute une série des facteurs notamment sa rivalité régionale par rapport à la chine ainsi que sa vision d'étendre son influence sur les eaux environnantes.

Quant à l'Angleterre et aux USA, leur implication était liée à leur vision commune du monde selon lequel prônait le mondialisme.

31

L'union soviétique enfin, sa participation était due à la géopolitique de forteresse initiée par Staline, une géopolitique qui consistait à protéger l'URSS vis-à-vis du Pangermanisme.

$2 : L'antagonisme est-ouest

L'antagonisme est-Ouest c'est-à-dire le bras de fer qui a existé entre le bloc capitaliste et le bloc communiste a été marquée par :

- La primauté des idéologies et

- La possession de l'arme nucléaire.

Ce conflit a opposé les USA entant que chef de file du bloc occidental face à l'URSS leader du bloc oriental.

Du point de vue idéologique les deux blocs rivalisaient pour empêcher l'expansion communiste par les USA et l'expansion capitaliste pour l'URSS.

Par rapport à l'arme nucléaire, l'antagonisme Est-ouest sera accentué grâce à la possession de l'arme nucléaire entre les deux superpuissances. Ainsi donc, la sécurité internationale sera fondée sur l'équilibre des puissances sur base du principe de la terreur. Il s'agit donc de ce point de vue de la puissance dissuasive qui incarnait ces 2 super puissances.

Quel cela soit sur le plan idéologique ou sur le plan stratégie l'antagonisme est-ouest avait à sa base la quête de l'espace en terme des zones d'influence.

$3. Géopolitique et conflits du sud

Parmi les conflits qui secouent le tiers-monde, il convient de retenir :

- Le conflit entre Israël et les Arabes ; - Les conflits dans le golf persique ; - Le conflit en ex-Yougoslavie et - Le conflit lié à l'Islam terroriste.

1. le conflit israélo-arabe

Mettant au prise l'Etat hébreu créé en 1948 et les peuples Arabes, ce conflit a des racines à la fois religieuses et politiques avec un seul dénominateur commun l'espace géographique.

32

2. Le golf persique

Le golf persique est une région de l'Asie qui est devenue une poudrière planétaire. Cette région tire sa valeur géopolitique du fait de la combinaison de deux données géographiques et historiques. D'abord il s'agit d'une des zones de passage de routes commerciales entre l'orient et l'occident où circulaient notamment les épices et la soie.

Ensuite, la seconde donnée s'articulant avec la 1ère, le golf persique s'inscrit dans les espaces intermédiaires où se heurtent et se mêlent les empires, les cultures...

Fort de ces 2 éléments, le golf persique fournit l'un des théâtres géopolitiques plus ou moins installé sur la scène duquel se déploie les stratégies indirectes de grandes puissances telles que les USA et la Russie.

3. Le conflit en ex-Yougoslavie

Ce conflit qui s'est produit dans le Balkan à l'issu du bouleversement du système international de 1989, est caractérisé par le nettoyage ethnique dans ce sens qu'il s'agissait d'un conflit ayant opposé des belligérants ethniques qui revendiquaient chacun son identité par rapport à un espace géographique de survie.

A cet élément ethnique s'ajoutait l'élément religieux, c'est ainsi donc dans l'ex-Yougoslavie, les croates ; les serbes et les Bosniaques originaires de la même souche linguistique et culturelle mais dissociés notamment par leur racine religieuse entre catholicisme des croates et orthodoxie des serbes ainsi que l'Islam des bosniaques.

Les peuples vont se livrer à une violence ayant abouti à la Balkanisation de l'espace Yougoslave en plusieurs espaces étatiques : La Croatie, la Serbie et la Bosnie Herzegovine.

4. L'Islam terroriste

L'islam terroriste relève du terrorisme défini comme tout comportement par lequel un individu ou un groupe d'individu cherche à éveiller une terreur chez un individu ou chez un groupe d'individu afin d'obtenir quelque chose.

Par ailleurs entre la guerre et le terrorisme, il existe des frontières floues et mouvantes dans la mesure où la spécificité du terrorisme réside en deux traits :

1) Le terrorisme utilise des moyens imprévisibles ou imprévus

33

2) Le terrorisme est le fait de groupe non reconnu.

Par conséquent, l'islam terroriste réunit bel et bien ces deux traits caractéristiques. Il utilise les moyens stupéfiants et les mouvements concertés, ce sont des nébuleuses ; rassemblant quelques centaines et quelques milliers des personnes, se décomposant et se recomposant en terme et exigeant d'être reconnus comme le porte-parole de l'islam. Ceci étant ce phénomène donne un renouveau dans la perspective géopolitique dans la mesure où :

1) A travers ces phénomènes, il est évident que la géopolitique ne peut plus s'en tenir aux rapports entre Etats mais doit envisager tous les acteurs, même ceux de type nouveau ;

2) La guerre n'est plus l'instrument exclusif de rapport de force ;

3) Le terrorisme retrouve la géopolitique classique dans ce qui est nécessairement son but ultime à savoir d'un ou plusieurs Etats.

Section 5. Géopolitique et mondialisation : La géoéconomie

A la fin du 20è siècle et au début du 21è siècle, il va apparaitre dans le sillage de la géopolitique, la géo économie, cette démarche consiste à examiner les interactions entre l'HOMO ECONOMICUS et l'espace notamment en termes des facteurs spatiaux dans les productions et les échanges entre les humains.33

Bref, l'utilisation de cet espace par l'homme pour le déploiement de ses activités économiques. C'est dans cette logique que certaines théories ont prédit la géo économie notamment avec ADAM SMITH à travers donc la combinaison de la géographie, de l'histoire et de l'économie.

L'émergence de la géo économie fait apparaitre trois phénomènes majeures :

1) La multiplication des interdépendances (réseaux) avec la création des regroupements d'intégration économique ;

2) La chute du mur de fer avec l'écroulement des expériences communistes ;

3) L'hétérogénéité des acteurs.

33 Philippe MOREAU DEFARGES, op cit pp.202-248

34

De ce fait, la compréhension de la géo économie exige dans un premier lieu d'examiner les rapports complexes de fois contradictoires entre les logiques économiques et les logiques politiques dans l'espace.

Dans un second temps, il sera question de voir en quoi la géo économie éclaire le monde du 21è siècle.

§1. Logique économie et logique politique dans l'espace

L'économie et la politique sont toutes les 2 activités de la vie humaine. Cependant, l'économie s'intéresse à la production des richesses, leur circulation et leur consommation.

Par conséquent, pour l'économie, l'espace se compose des lieux de production et des voies d'échanges (marchés).

Toutefois, l'espace politique diffère de l'espace économique du fait que le premier ne peut exister sans permanence, sans clôture tandis que le second bouge en fonction des offres et des demandes des biens et services.

1. Logique d'enrichissement et logique de circulation

Un espace politique est rattaché à un Etat entant qu'assise de sa souveraineté, en d'autres termes l'Etat s'enracine à un territoire, à un espace comme élément constitutif de son identité et cadre géographique de l'expression de sa souveraineté.

Par contre du point de vue économique, l'espace sert à faciliter le flux, les

échanges.

Ainsi donc, pour l'économie les réalités territoriales (espaces) constituant un atout et/ou une contrainte par rapport aux opérations d'échanges qui consistent à faire circuler, à acheter et à vendre.

2. Enjeu géopolitique et enjeu géo économique

Du point de vue politique, l'espace est un enjeu quand l'éclatement et le déroulement du conflit est dû au fait de son caractère d'espace vital procurant ou garantissant la survie des Etats en terme des ressources ou en terme des voies de communication.

Cette configuration se remarque en voyant diverses formes d'espaces géoéconomiques ainsi que les hiérarchies géoéconomiques.

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Par contre, du point de vue économique, l'espace peut également soit être à la base des conflits soit à la base de la coopération internationale dans la mesure où le développement économique étant toujours inégal, cette inégalité du développement crée au développement économique du système capitaliste des contradictions de plus en plus fortes. Ceci conduit à une tendance vers la concentration, vers la formation des cartels, vers les regroupements économiques, ceci pouvait conduire à des nouveaux conflits entre les différents ensembles économiques.

§2.La géo économie comme clé du monde au 21è siècle

Le 21è siècle débutant, marqué par la globalisation, la géoéconomie vient reformuler les deux questions fondamentales de la géopolitique à savoir :

- Qu'est-ce-que la puissance ?

- Où et comment se localise-t-elle ?

A ces deux questions fondamentales s'ajoutent celle de savoir : pourquoi privilégier les lois entre l'économie, l'espace et la puissance ?

Ceci étant la géopolitique considérée comme une mode, donc comme une façon de faire, elle exprime la chose essentielle relative à l'époque contemporaine.

1. Les facteurs économiques et l'espace à l'aube du 21è siècle

Au début de ce 21è siècle l'espace devient mondialisé c'est-à-dire la planète est devenue un seul espace sans frontière.

En dépit de cette mondialisation de l'espace, il se dégage par ailleurs les paradoxes suivants :

1) L'espace économique mondial ne comporte plus des barrières et des hétérogénéités multiples ;

2) Les paradoxes entre la souveraineté étatique et la compétition technico économique ;

3) Les contraintes territoriales de l'entreprise par les phénomènes de multinationalisation.

2. quelle configuration géoéconomique du monde à l'aube du XXIè siècle ?

36

A) les espaces géoéconomiques

On distingue, ici quatre sortes d'espaces à savoir : l'espace mondial, les espaces économiques régionaux, l'espace de l'Etat souverain et les régions-Etats.

1) L'espace mondial : cet espace est à la fois un et divers, ordonné et anarchique. Il y a bien un jeu mondial d'offre et de demande, comme l'illustrent le mouvement des capitaux ou les délocalisations d'entreprises.

Ce jeu a des règles qui n'ont rien d'un ensemble cohérent, inscrits dans les textes du GATT de l'OMC ;

2) Les espaces économiques régionaux : l'idée de géo-économie est étroitement liée au développement des organisations économiques et régionales (principalement zones de libre-échange, mais aussi union douanière).

Exe-ALENA ou NAFTA selon le sigle américain : l'association de libre-échange nord-américain de l'an 1990 regroupant les USA, le Canada et Mexique.

- Le Mercosur (brésil, argentine, Paraguay, Uruguay)

- ANASE ou ASEAN (l'association des nations de l'Asie du sud-est)

3) L'espace de l'Etat souverain : par ses frontières et par sa fonction de législation, de police et de justice sur territoire, l'Etat affecte le flux économique

4) Les régions d'Etats : les régions d'Etats sont des zones économiques naturelles, elles peuvent s'inscrire dans le cadre géographique d'une nation particulière.

B) Hiérarchies géoéconomiques

La géoéconomie tend à identifier puissance et les réseaux de la puissance vont alors de l'aptitude à constituer les réseaux économiques (voies commerciales, canaux d'informations ou d'images...) à les utiliser, à en tirer profit.

NB : la géo-économie est-elle une nouvelle géopolitique, outil plus permanent pour saisir le monde du XXIè siècle ?

Face à cette question nous pouvons dire :

1. La géo-économie confirme la permanence du facteur géographique

2. La géo-économie souligne la diversité des acteurs impliqués dans le jeu économique international : Etats, entreprises, individus...

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D'où la géopolitique tend à appartenir aux grands acteurs politiques, aux Etats, la géo-économie implique institutions, Etats, banques, industries, producteurs, consommateurs etc...

3. La géo-économie est comme un élément de reformulation des problématiques géopolitiques.

En définitive, nous pouvons retenir que tout phénomène humain a une dimension spatiale, géographique ; c'est ainsi que nous pouvons parler de la géoculture, la géo religion, la géo-économie etc.

Section 6. Géopolitique et les organisations internationales : La Macro- géopolitique

Tout comme la multiplication des interdépendances, le développement des organisations internationales (OI) ne marque-t-il pas la fin de la géopolitique ? Ou plutôt, ces organisations ne sont-elles pas productrices d'une nouvelle géopolitique ?

De plus alors que la géopolitique part de l'inégalité entre les Etats et s'interroge sur les conséquences de cette inégalité, les OI sont d'inspirations démocratiques : les Etats y étant égaux en droits et devoirs.

Dans cette perspective deux espaces doivent être distingués :

- Mondial avec le système des nations unies tendant à faire de la terre entière un territoire unique, soumis aux mêmes lois (I)

- L'espace européen, avec la construction européenne (II)

§1. Le système onusien

1. La terre comme territoire unique

L'organisation des nations-unies (ONU) et, tout autour d'elle, la constellation des institutions spécialisées (fond monétaire international, (FMI), organisation mondiale de la santé, (OMS...) établissent entre tous les Etats partis un territoire commun, régi par les principes et mécanismes onusiens :

- Relations pacifiques entre ces Etats ;

- Respect mutuel de leur souveraineté et de leur intégrité territoire ;

38

- Règlement pacifique des différends ;

- Non ingérence dans les affaires intérieures...

Au-delà de l'ONU, la terre se constitue en territoire unique par trois

dynamiques :

1) La terre comme espace unique de compétition

2) La planétarisation de problèmes sociaux et politiques

3) La formation d'un espace public planétaire

2. L'intérieur et l'extérieur

Ce cloisonnement entre intérieur et extérieur des Etats se disloque sous la pression de deux facteurs :

1) La multiplication des circulations : les mouvements de toutes sortes : services, idées, hommes...

2) La multiplication des normes internationales.

La ligne de partage entre l'intérieur et l'extérieur de verticale, devient horizontale dans la géopolitique classique, l'intérieur c'est ce qui relève de la souveraineté de l'Etat, l'extérieur, c'est l'ensemble des autres états. Dans la géopolitique des OI, l'intérieur et l'extérieur des Etats sont imbriqués par les normes : échanges, droits de l'homme, santé...

3. Territoires étatiques, territoires planétaires

A ce stade nous pouvons noter qu'il y a lieu de voir des territoires étatiques à la fois consolides et fragilisés par les normes internationales et nous avons aussi les territoires relais qui transforment la raison d'être du territoire étatique.

§2.La construction européenne

1. La construction européenne comme processus anti- géopolitique ou A- géopolitique

La construction européenne, conçu par les pères de l'Europe (Jean Monnet, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak, Konrad Adenauer...), est voulu comme anti-géopolitique : « ...l'Europe n'a jamais existé. Ce n'est pas l'addition des souverainetés réunies dans des conseils qui crée une entité. Il faut véritablement créer l'Europe » (mémorandum Monnet, 3 mai 1905).

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Ce rejet de la géopolitique est opéré par quatre cheminements :

- La représentation du territoire ;

- Le contournement des Etats ;

- L'instauration d'autorités indépendantes supérieures ;

- Les valeurs comme critère d'appartenance aux clubs européens : Europe des droits de l'homme, régime démocratique, économie de marché, incorporation de l'acquis communautaire.

2. Les inévitables défis géopolitiques

L'union européenne est un ensemble situé dans l'espace et le temps il y a bien un intérieur et un extérieur de l'union, séparés par une frontière l'union européenne ne peut échapper à la géopolitique.

La construction européenne est perçue initialement comme « technique » son domaine privilégié de réalisation étant un marché unique entre les Etats membres. Mais le processus est d'emblée géopolitique, car il vise à organiser un territoire (celui des communautés européennes, puis, depuis 1993, de l'union européenne) et à fixer les relations de ce territoire avec l'extérieur, notamment par la politique commerciale commune.

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Conclusion partielle

En bref, ce chapitre a porté sur la notion de la géopolitique en relations internationales et a eu six sections ;

La première section a porté sur la notion et aspect définitionnel de la géopolotique qui, ayant regorgé deux points à savoir : la notion de la géopolitique et son aspect définitionnel. La deuxième section s'est basée sur la géographie et la politique qui à son tour eu deux points qui sont : l'espace comme facteur des relations internationales et la frontière terrestre.

La troisième section s'est focalisée sur les différentes pensées de la géopolitique, ici nous avons abordée la pensée géopolitique d'avant 1945 et celle d'après 1945.

La quatrième a parlé sur la géopolitique et guerres qui est la géostratégie où nous avons développé les points suivants : les deux guerres mondiales, l'antagonisme est-ouest et la géopolitique et conflit du sud.

La cinquième section a été basée sur la géopolitique et mondialisation qui est la géo économie, ici nous avons parlé sur les points suivants : Logique économique et logique politique dans l'espace, et la géo économie comme clé du monde au XXIè siècle.

Enfin, la sixième et la dernière section a parlé sur la géopolitique et les organisations internationales : la macro géopolitique où nous avons développé les idées sur le système Onusien et la construction européenne.

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CHAPITRE II : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE Introduction partielle

La République Démocratique du Congo, « en anglais Démocratic Republic of Congo, en kikongo Républika ya Kongo Demokratike, en swahili Jamhuri ya Kidemokrasia ya Kongo, en lingala Republiki ya Kongo Demokratiki, en tshiluba Ditunga dia Kongu wa Mungalaata) est un pays d'Afrique centrale, c'est le quatrième pays le plus peuplé d'Afrique (derrière le Nigeria, l'Ethiopie et l'Egypte) ainsi que le pays francophone le plus peuplé.

Le pays est aussi appelé plus simplement Congo, ou plus souvent RDC, Congo-Kinshasa ou RD Congo pour le différencier de la République du Congo voisine, elle-même appelée Congo-Brazzaville » pour la même raison. De 1908 à 1906, cette ancienne colonie était appelée « Congo Belge » mais aussi « Congo-Léopoldville » jusqu'en 1966, date du changement de nom de la capitale en Kinshasa. Avec la Zaïrianisation, le pays s'est appelé Zaïre de 1971 à 1997.

Le géopolitique Congolaise sera comprise lorsque nous analyserons sa géographie, sa politique étrangère et les nouveaux enjeux de la géopolitique aux quels la RDC est confrontée.

Section 1. La Géographie De La RDC

Cette section va nous amener à traiter de la géographie de la RDC sur le plan physique, végétale, humain et économique.

§1.La géographie physique

Presque enclavée, la RDC, avec ses 2345 410km2, est le deuxième plus grand pays d'Afrique, après l'Algérie. Elle est environ trente-trois fois plus grande que le BENELUX et quatre fois plus que la France, quatre-vingts fois plus grande que la Belgique et de superficie légèrement inférieure au quart de celle des Etats-Unis.34

Elle est occupée en grande partie par le bassin du Congo et de ses affluents avec sa superficie de 2 345 410km2. Par sa superficie, elle occupe la 11è place au monde.

34 Anonyme, La géographie de la RDC, in httpps:/ fr.m.wikipedia.org, consulté le 23 mai 2019

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1. structure du territoire

Partageant sa frontière avec neuf pays d'Afrique, la RDC est limitée

- Au nord par la république centrafricaine et le soudan du sud,

- A l'est par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie,

- Au sud par la Zambie et l'Angola ;

- A l'ouest, l'enclave angolaise de Cabinda, la République Populaire du Congo (Congo-Brazzaville) et une quarantaine de Kilomètres de côte atlantique la limite.

A l'Est la frontière suit axe technique de ses grands lacs sur une longueur de 1400km dans une direction à peu près nord-sud, L'Ouganda, la limite est marquée par le lac Albert, la rivière Lubirishia, le Ruwenzori et le lac Edouard ;

? Avec le Rwanda par le lac Kivu ;

? Avec le Burundi par le Ruzizi et le Nord du lac Tanganyika ; ? Avec la Tanzanie par les 600km du lac Tanganyika ; ? Enfin avec la Zambie par le lac Moero et le Luapula.

A l'ouest le fleuve Congo le départage avec de la république du Congo.

Son territoire se déploie entre 5°30' de lattitude nord et 13°S0' de lattitudes sud, un tiers en étant situé au nord de l'équateur.

En longitude c'est de Greenwich, il va de 12°15' à 31° 15'

2. Relief et géomorphologie.

Le relief de la RDC est nettement caractérisé. La cuvette centrale est une immense dépression, drainée par le fleuve Congo et ses affluents elle a une altitude moyenne de 400 mètres, son point le plus bas (340m) est situé dans la région des lacs Tumba et Mai-ndombe.35

Des plaines et plateaux étagés la raccordent au bourrelet périphérique. Celui-ci ne dépasse pas 600 mètres sur son rebond nord, il atteint 1.000 mètres dans les monts de cristal (Mayumbé) parallèles à la côte atlantique en aval de Kinshasa, bien que peu élevés, ces

35Robert GODDING, géographie physique, politique économique du Congo-Bruxelles-Paris, Ed. l'Harmattan, 1998, pp.18-26

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monts constituent un obstacle majeur à l'écoulement du fleuve qui y'a creusé un passage étroit en y formant trente-deux chutes et rapides.

Plus étroite la plaine côtière est formée par l'estuaire du Congo et les terres alluviales déposées par ce fleuve, le deuxième d'Afrique par la longueur. L'énorme territoire Congolais ne communique avec l'océan Atlantique que par cet étroit couloir d'à peu près 40 Kilomètres de large. Cette zone s'élève progressivement vers l'est. Sur le plan géologique, on note une prédominance des roches gréseuses et calcaires. Elles ont été abandonnées par la mer.

A l'est d'importantes chaines montagneuses ou des puissants massifs montagneux le long de grands lacs d'Afrique notamment : lacs Tanganyika, Kivu, Edouard et Albert constituent la bordure occidentale. En raison de séisme et de guerre, ce coin de la RDC est moins peuplé que d'autres. Cette partie montagneuse continue vers le sud-est du pays avec des montagnes comme l'Ouganda, les Virunga le long de la frontière Rwandaise dont certains sommets atteignent de 3100 à 4500 mètres. Dans la même partie sud-est, on dénombre de bourrelet périphérique s'élevant au-dessus de 1.000 mètres, d'une part entre les rivières Kwango et Kwilu, d'autres parts au sud du grand Katanga les monts Kundelungu à l'ouest du lac Moero, atteignent 1.600 mètres.

3. Hydrologie a. Le fleuve Congo

Avec ses 4700km de longueur, avec un débit de 50.000m3/s, avec son bassin vaste de 3,80 millions de kilomètres carrées, le fleuve Congo est après le Nil, le deuxième fleuve le plus long d'Afrique, le fleuve d'Afrique le plus important par son débit et le deuxième fleuve-après l'amazone, ayant le plus grand bassin.36

Sa position à proximité de l'équateur lui vaut ce débit le plus important du continent africain (l'amazone est le seul fleuve qui le dépasse sur ce plan au niveau mondial. Il est à cheval sur l'équateur et la répartition presque homogène de ses affluents dans les deux hémisphères régularisent son débit et en font le fleuve le plus régulier du monde. En effet, son débit varie de 1 à 3 tandis que celui de l'amazone varie de 1 à 200.

36 Burton, REV, voyage aux grand lacs d'Afrique oriental, Paris, le seuil 1962

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Le fleuve est d'une importance économique considérable dans ce sens il fournit du poisson et de électricité, mais il constitue une voie de communication indispensable. Avec ses affluents, il forme 14 166km de navigables.

Il prend sa source dans le sud du haut-Katanga, dans le village de Musofi (à Kipushi) à une altitude de 1435 mètres et porte le nom de Lualaba jusqu'à Kisangani, il se déverse dans l'océan par un large estuaire et sa puissance est telle qu'on reconnait ses eaux jusqu'à 45km a plein océan.

Ce fleuve a plusieurs affluents dont les plus importants sont la rivière Oubangui au nord et la rivière Kasaï au sud, et, il est subdivisé en 3 cours à savoir :

- Le cours supérieur : de la source à Kisangani, comprend deux chutes à savoir chute Stanley et les ports de l'enfer (Kongolo) ; - Le cours moyen : de Kisangani à Kinshasa - Le cours inférieur : de Kinshasa à la source

b. Les lacs

En RDC, la nature se présente de telle sorte qu'on y trouve un grand nombre

des lacs.

Malheureusement, les données sur la géographie physique des lacs congolais sont peu nombreuses, les données disponibles font état des lacs tectoniques. Les lacs Tanganyika, Edouard, cependant, Moero, Pool de Malemb, qui occupent les fonds des grobens, sont d'origine tectonique.

Le lac Albert échappe à la règle dans la mesure où il aurait déjà avant (moyenne inférieur selon les scientifique géographes), ces lacs constituent des éléments de géographie physique récents et ce sont développés pendant le quartenaire. On possède fort peu de renseignements sur le lac Moero dont l'origine tectonique est probable.

Bien qu'on trouve des lacs qui ne figurent pas sur la liste des lacs tectoniques, la plupart de ces lacs offrent les caractéristiques typiques des lacs tectoniques : forme allongée dans une dépression bordée d'escarpements raides, rives peu échancrées, absence d'îles, grande profondeur. Le lac Tanganyika en est l'exemple le plus évident. Il figure d'ailleurs parmi les lacs les plus profonds du globe, la dépression marécageuse de l'upemba fait exception : on y trouve plusieurs lacs dont celui de l'upemba qui probablement sont les

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vestiges d'une seule superficie lacustre, mais dont la profondeur varie entre 0,50m et 3,25m seulement. Hormis les caractéristiques héritées du fait de leur origine tectoniques tous ces lacs sont exoréiques. A l'exception des lacs Edouard et Albert qui appartiennent au bassin du Nil, ces lacs font partie du bassin du Congo.

Au-delà des lacs tectoniques, la RDC présente aussi d'autres lacs appelés lacs des cuvettes. La cuvette centrale possède plusieurs étendues lacustres dont les principales sont le lac Mai-Ndombe, le lac Tumba, le lac Fwa et le lac Munkamba. On le considère comme les vestiges d'un lac plus important qui aurait occupé une partie de la cuvette centrale pendant une période courte dans l'histoire du réseau hydrographique du Congo. Ils sont peu profonds (la profondeur maximale du lac Mai-Ndombe dépassent à peine 7m celle du lac Tumba et le lac Munkamba serait de 5m) et la profondeur du lac Fwa serait de 3,8m. Les rives sont généralement marécageuses.

Tout comme les lacs tectoniques, ceux de la cuvette sont aussi poissonneux. De manière générale, les lacs de la RDC se regroupent de la manière suivante :

- Lacs de montagnes, particulièrement très poissonneux, sont le lac Albert, le lac Tanganyika, le lac Kivu, le lac Edouard,

- Lacs des plateaux : le lac Moero et le lac Bangwelo

- Lacs résiduels les lacs Tumba, Mai-ndombe, Munkamba et Fwa.

Les deux premiers lacs témoins de l'ancienne mer intérieure qui occupait la zone déprimée de la cuvette centrale et les deux deuxièmes témoignent la zone déprimée du bassin de système de Mbuji-Mayi.

En RDC, il existe de nombreux autres lacs mais de moindre importance qui ne sont pas sur cette liste.

4. Le climat

La RDC possède une grande variété de climats et de paysages. Généralement, tout le pays bouge sous la température moyenne annuelle, généralement élevée. Les influences de l'océan Atlantique, celles des alizés de l'océan indiens, celles de la zone équatoriale et celles des régions montagneuses de l'Est, principaux éléments du climat Congolais font bouger le paysage et le climat du pays.

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La réputation du pays est celle d'avoir un climat chaud et humide sur la plus grande étendue de son territoire et une pluviosité abondante, lequel se trouve en zone équatoriale et tropicale humide. En effet, le pays s'étend à cheval sur l'équateur à peu près jusque 5° de lattitude nord et 13° de lattitude sud.

La RDC bénéficie, généralement de deux saisons, c'est-à-dire sèche et pluvieuse. La répartition des saisons ne se répartit pas de la même façon dans tout le territoire et n'est ni égale en termes de durée. Dans la partie nord du pays, les saisons de pluies durent du mois d'avril à la fin du mois de juin et du mois de septembre à la fin du mois d'octobre.

Les saisons sèches durent de début novembre à fin mars (grande saison sèche) et de début juillet à fin août (petit saison sèche). Au sud de l'équateur, le rythme des saisons est exactement inversé. Dans les régions montagneuses de l'est, les deux saisons sèches ne durent qu'un mois, en janvier et en juillet. Dans le sud et le sud-est du Katanga, la saison des pluies commence à la mi-octobre et se prolonge jusqu'à mi-mai. Dans le nord-Katanga et le sud-Kasaï, les pluies commencent début octobre pour cesser fin avril, mais une petite saison sèche s'intercale au mois de janvier.

Ce grand pays au coeur de l'Afrique comprend trois climats : le climat équatorial, le climat tropical et le climat de montagne.

5. La faune et la flore a. La faune

Les écosystèmes de la RDC sont riches et variés. La faune naturelle congolaise est riche en espèces diverses, adaptées chacune aux conditions climatiques et floristiques37.

Presque tous les grands animaux africains existent dans ses réserves, cette faune remarquable comprend beaucoup d'espèces de grande et même de très grande taille, telles que :

- L'éléphant africain : le plus grand des mammifères terrestres actuels - La girafe : le plus haut des animaux et

- Le gorille : le plus grand de tous les primates

De plus, cette faune s'avère exceptionnelle du fait qu'elle se révèle être un refuge pour certains espèces disparues en dehors de ses frontières, principalement à la suite de

37 Banning, EMIN, l'Afrique et la conférence géographique de Bruxelles, Bruxelles, Murquard, 1877, p.18

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la destruction de la forêt primitive qui heureusement, recouvre encore une grande partie de son territoire, l'Okapi doit être cité le premier au nombre des espèces ainsi conservées ; Okapi et Paon du Congo constituent des espèces endémiques, connues seulement au Congo.

La forêt est peuplée par les gorilles, les singes de tout genre (les chimpanzés, les bonobos...) les sangliers phacochères, potamochères ou hylochères, les hippopotames les rhinocéros ainsi que par les serpents des bois.

Dans la savane et la forêt claire congolaise, on y rencontre des animaux de grande taille, c'est-à-dire les herbivores et les carnassiers.

b. La flore

La flore et la faune y sont d'une variété inimaginable. Ainsi, on a démontré en RDC entre 8000 et 10.000 sortes de plantes, parmi lesquels 600 arbres répertoriés, il en est plusieurs qui fournissent un bois d'oeuvre à haute valeur commerciale (acajou, ébène, wengé, Iroko...)

Malgré l'attention particulière de l'autorité publique pour la protection de la nature, la forêt est de plus en plus menacée par les activités sylvicoles dans les zones où les arbres ont été abattus, elle a d'ailleurs cédé la place à la forêt secondaire, une formation beaucoup moins riche en espèces végétales.

6. Végétation

Le sol, le relief et le climat de la RDC déterminent les grandes zones végétales du pays : la forêt, la savane, la brousse et la végétation des montagnes.

a. Forêt et cuvette centrale

Selon le Congo online, la forêt Congolaise couvre la moitié du territoire avec ses 125 millions d'hectares. Ce qui signifie autrement qu'elle représente 47% du massif forestier tropical du continent africain et 6% des réserves tropicales du monde.

La cuvette centrale, en grande partie recouverte de forêt dense primaire, occupe, à elle seule, 100 millions d'hectares, soit 80% de la couverture forestière. Les réserves potentielles extrêmement élevées pourraient permettre à terme une production annuelle de l'ordre de 6 millions de mètre de bois par an. Selon le service permanent

? Les montagnes des Virunga au nord du lac Kivu, formé par une série de volcans, certaines en activité comme le Karisimbi qui culmine à 4507m, le Nyamlagire

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d'inventaire et d'aménagement forestier (SPIAF), il existe 708 essences forestières identifiées et regroupées en trois catégories :

- Classe 1 : essences exportables en grumes

- Classe 2 : essences utilisées localement exportables aussi en grumes - Classe 3 : essences non exploitées.

b. Savane boisée

La RDC occupe le 3è rang mondial et la 1ère place en Afrique en ce qui concerne la surface boisée. Elle occupe la partie la plus humide de la zone tropicale et l'encercle presque entièrement.

c. Savane herbeuse

Se localise au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la forêt de l'équateur vers le nord-est et le sud-est, la savane se transforme en brousse et la végétation s'éclaircit.

Chaque année des centaines de kilomètre sont la proie de feux de brousse qui mette en fuite le gibier que guettent des chasseurs.

La savane et la brousse congolaise sont les domaines des herbivores éléphants, antilopes, buffles et autres, et les grands carnassiers principalement le lion y règnent en maître.

d. Végétation de montagne

La végétation de montagne varie au fur et à mesure qu'on monte vers le sommet. Par étages successifs, nous rencontrons : la forêt, la savane, les bambous, les arbustes, les herbes puis la végétation de 4.000m.

Les montagnes de la RDC sont bipolaires, c'est-à-dire on les retrouve au sud-ouest (dans le Bas-Congo et de manière isolée à Kinshasa) et à l'est du pays.

e. Les montagnes de l'est

Sont formés d'importantes chaines de montagnes parmi lesquelles, on

distingue :

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(3068m) et le Nyirangongo (3470m) et d'autres éteints comme le mont Mikeno (4437m) le visoke (3711m) et le Sabinio (3647m)

? Le massif volcanique de Ruwenzori entre les lacs (Edouard et Albert) avec comme points culminants le pic Albert (5100m) et le Pic Marguerite (5120m) qui est l'altitude maximale de la RDC

? Les monts bleus autours du lac Albert, culminent à environ 2000 m et forment dans cette région, la ligne de partage entre les eaux du bassin du Congo et celles du bassin du Nil ;

? Les monts Kundelungu (1600-1700 m), à l'est de la Lufira et à l'ouest de la Luapula et du la lac Moero, constituent un exemple typique de vieilles montagnes

? Les monts Marungu (2200m) bordent le sud-ouest du lac Tanganyika

? Les monts Mayumbe au sud-ouest : est une vieille montagne plissée, fortement attaquée par l'érosion, elle tend à prendre les caractéristiques d'un plateau. Son altitude est d'environ 600m et culmine à 1050m au mont Bia.

§2. Géographie humaine

Avec un taux annuel de croissance de l'ordre de 3,07% la population est en plein développement. Cette population, extrêmement jeune (en 1984, selon l'institut national de statistique 58,9% de cette population était constituée de personnes de moins de 14 ans) se répartit par milieu de résidence de la manière suivante :

Les données de 1984 dudit institut indiquent qu'environ 70% de la population congolaise vit en milieu rural contre près de 30% dans les villes. La répartition géographique de la population est inégale.

$3. Géographie économique

La RDC est le foyer économique de grande envergure mais non exploité. C'est l'un des rares pays au monde à bénéficier d'une richesse considération et énorme laissant dire à plus d'un que le pays est un véritable scandale géologique.

1. Les atouts congolais

Ce résultat est une évidence. Elle se justifie par le fait que la RDC possède des atouts naturels et minéraux (cuivre, du coltan, du cobalt, de l'argent, de l'uranium, du plomb, du zinc, le cadmium, le diamant, l'or, l'étain, le tungstène, le manganèse) avec une panoplie

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des ressources agricoles (le café, le bois : afromosia, ébène, wengé, irono, sapelli, sipro, tiama, tola, kambala, lifaki. .et le caoutchouc).

Elle est le premier pays d'Afrique du point de vue de l'étendue de ses forêts (forêt équatorial à elle seule, elle occupe la moitié du territoire national Congolais) et le plus important dans la présence de l'environnement mondial.

Elle dispose d'une abondance en eau et des lacs riches en poissons et autres richesses comme le pétrole, le gaz. .notamment le lac Tanganyika (plus grand que le Burundi) le plus poissonneux du monde, les eaux actuelles sont encore à leur état brut. La RDC est également une production de pétrole (24000 barils par jour en 2003), principalement sur la côte (terminal du port de banana). La région du lac Albert abrite un important gisement.

Enfin la RDC, bénie par la nature, constitue aussi un grand centre touristique : peu d'endroits au monde sont d'une beauté du nord-est de ce pays, ses lacs aux confins du Nil.

2. Les principaux pôles économiques

La RDC compte trois villes phares car ces villes regroupent un grand nombre d'activités importantes pour le pays :

- Kinshasa, entité administrative à statut particulier, joue le rôle de centre administratif, économique et culturel de la RDC. Cette ville connait une très forte concentration de l'activité économique et des services.

- Lubumbashi est le plus grand centre industriel et commercial de la RDC (capitale du cuivre) et

- Matadi, la ville portuaire est la véritable porte ouverte vers l'extérieur pour l'entièreté du pays.

Au niveau provincial, toutes les provinces s'avèrent être importantes dans la mesure où les richesses de la RDC sont presque équitablement reparties. Chaque province dispose d'atouts importants pour le pays, bien que la province du Kongo-central et celle du grand Katanga contribuent de manière pondérale à l'économie congolaise.

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Section 2 : la politique étrangère de la RDC

§1. Notion de la politique étrangère

Dans les relations internationales, la politique étrangère constitue un pivot essentiel qui détermine les interactions multiformes des acteurs de la scène internationale.

La politique étrangère est un lieu de perception et d'orientation que les différents Etats comptent dans leurs relations avec les autres acteurs internationaux.

C'est ainsi que le professeur YOKO YAKEMBE la définit comme étant « un ensemble des objectifs essentiels, des principes fondamentaux et de règles directrices de l'action de l'Etat de ses frontières.38

Et, la diplomatie vient compléter cette politique étrangère en ce qu'elle se charge de sa mise en oeuvre.

Ainsi entendue, la politique étrangère se conçoit comme l'aspect législatif de la gestion des relations extérieures d'un Etat.

Les déterminants de la politique étrangère d'un Etat sont catégorisés en deux, à savoir : les déterminants internes et les déterminants externes par déterminants internes, nous avons :

- La géographie ;

- La démographie et - L'économie

Quant aux déterminants externes, nous retenons :

- Le système international et

- L'action des Etats partenaires

Les organes de la politique étrangère sont les suivants :

- La présidence de la république

- Le gouvernement et

- L'assemblée nationale et le sénat

38 Yoko YAKEMBE, traité de droit diplomatique, PUZ, Kinshasa, 1983 p14

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§2. Etude des politiques spécifiques de la RDC dans une perspective des relations
internationales contemporaines

La politique extérieure de la RDC peut-être analysée dans une perspective historique, c'est-à-dire en se référant à chacune des périodes qui a caractérisé l'histoire de ce pays39.

Sur le plan des principes, il y en a trois qui président aux relations de la RDC avec l'Afrique :

D'abord, le nationalisme, qui postule pour la préservation de l'intérêt national c'est-à-dire l'intégrité territoriale, la stabilité des institutions, la protection de la population : à cet effet, les diplomates Congolais doivent veiller à ce que les différents aspects du nationalisme soient respectés dans les rapports avec l'extérieur.

Ensuite, la vocation africaine est consacrée par la constitution du zaïre, article 110 de 1978 et la constitution de la RDC article 195 (de 2003-2006). Dans cette optique, la RDC doit contribuer à la création des organisations internationales africaines et à la résolution des conflits qui surgissent sur le continent. De plus, la RDC a appliqué ces principes par sa participation à différentes organisations internationales Africaines dont : la CIRGL, la SADC, la CEEAC, l'UA etc.

Enfin, le bon voisinage : ce principe se justifie par la situation géographique de la RDC qui a 9 Etats voisins dont elle doit tenir compte dans ses rapports avec l'extérieur.

Durant, la deuxième république, ce principe avait un contenu essentiellement politique et sécuritaire ; la survie de la république étant étroitement liée à celle de ses voisins.

A la révolution du 17 mai 1997, le président Laurent-Désiré KABILA lui donnera un contenu commercial et économique avec le désire de créer des organisations internationales rassemblant tous les Etats de la région des grands lacs.

Dans le cadre de la politique régionale, l'étude de la politique extérieure de la RDC peut-être analysé au moyen des concepts des cercles concentriques qui sont appréhendés de diverses manières selon les auteurs :

39 LABANA LASSAY'ABAR, Relations extérieures de la RDC, Cours, L1 RI, UNIKIN, FSSSPA, 2016-2017 pp.86-89

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- Léopold Sedar SENGHOR : a développé la notion de cercle concentrique de développement. A cet effet, il considère l'Afrique comme une zone dont l'homogénéité peut se faire par intégration culturelle, d'où la notion de la négritude ;

- Barthelemy BIKANDA : a parlé du principe intégrateur de l'Afrique par les sous-régions ;

- Eden KODJO : structure son option autours du concept « Pôle fédérateur », il analyse l'intégration de l'Afrique par le biais de certains Etats considérés comme pôles fédérateurs ; il s'agit de :

? La RDC pour l'Afrique centrale

? La RDC pour l'Afrique Australe

? La Nigéria pour l'Afrique de l'ouest.

Pour le cas de la RDC, l'analyse de sa politique extérieure au moyen des cercles concentriques peut se présenter de la manière suivante :

1. Le cercle A: zone de haute sensibilité. Ce cercle comprendre les 9 pays voisins de la RDC. Ces Etats constituent les enjeux vitaux pour cette dernière, ils sont en effet, des voies de passages pour l'approvisionnement de la RDC, c'est par rapport à cette dimension que le président MOBUTU mettra sur pied une politique forte dans la région en alliant le Rwanda et le Burundi dans le cadre de la CEPGL.

La guerre d'agression dont la RDC est victime depuis le 2 aout 1998 est venue confirmée cette configuration de zone de haute sensibilité, car elle a amené la république à s'ouvrir vers l'extérieur à partir de l'est.

2. Le cercle B : zone du rayonnement régional. Cette zone comprend les Etats Africains non compris dans la zone précédente, le rayonnement de la RDC s'effectue au moyen de ses relations avec les autres Etats Africains et les organisations internationales africaines.

Lors de la deuxième république, le zaïre a joué un rôle important sur la scène Africaine en nombre de contribution, il participa activement aux différentes rencontres organisées au niveau régional et se présenta comme une puissance sectorielle ou sous-régionale.

Le déclin de la diplomatie africaine de notre pays est dû à la mauvaise affectation des diplomates et aux non paiements des agents diplomatiques.

3. Le cercle C : zone d'ouverture au monde. Ce cercle comprend les Etats hors d'Afrique. La RDC a contribué au règlement de conflit entre les Etats aussi bien des

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zones A et B que de la zone C. à cet effet la RDC a été longtemps utilisée par les grandes puissances pour stabiliser l'Afrique, Kinshasa acquis, dans cet ordre d'idée le statut d'espace de convergence diplomatique.

§3. L'Histoire contemporaine de la diplomatie congolaise Les 7 étapes de la diplomatie congolaise sont :

1. De 1960-1965 : naissance de la diplomatie congolaise

2. De 1965-1990 : de l'apogée à la déliquescence de la diplomatie congolaise ;

3. De 1990-1997 : la diplomatie en perte de vitesse

4. De 1997-2001 : diplomatie de guerre

5. De 2001-2002 : diplomatie d'ouverture

6. De 2003-2006 : diplomatie du partage de pouvoir

7. De 2006 à nos jours : diplomatie de la troisième république.40

1. La genèse de la diplomatie congolaise du 30 juin 1960-24 novembre 1965

Avec la création du ministère des affaires étrangères par M. Justin-Marie BOMBOKO LOKUMBA, la RDC s'est dotée d'un appareil diplomatique à l'instar des pays vétérans.

Il convient de noter ici que les premiers diplomates congolais ont été choisis parmi les fonctionnaires de l'administration coloniale ; incompétentes, la plupart de ces diplomates occasionnels ne répondaient pas aux critères d'objectivité dans ce contexte, la diplomatie congolaise aura du mal à faire entendre sa voix dans la grande symphonie diplomatique internationale. D'où on a eu la diplomatie de proximité qui consiste à être incapable de défendre les intérêts sur la scène internationale ; c'est un autre Etat qui intervient à sa place.

A cette époque, ce sont les Etats puissants qui défendaient nos intérêts, en l'occurrence de la Belgique et la France.

40 LABANA LASSAY'ABAR, op cit pp.18-24

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2. Du 24 novembre 1965-24 avril 1990 : De l'apogée à la déliquescence

C'est la diplomatie directe et agissant avec grandeur. Cette seconde période de la diplomatie congolaise marque le début d'une nouvelle diplomatie qualifiée d'une diplomatie agissante et directe.

L'une des caractéristiques de cette période c'est le tourisme diplomatique entrepris par le président MOBUTU. De l'analyse de la fréquence de ces déplacements officiels, on peut tirer beaucoup d'indications si l'on estime que de tels initiatives ne sont jamais entreprises au hasard et qu'elles aboutissent aux discours à des nouvelles dispositions, c'est la présence crédible de la république du zaïre sur la scène internationale et c'est la fin de l'isolement diplomatique.

Sur le plan diplomatique, la tenue du 5è sommet de l'OUA à Kinshasa du 11 au 14 septembre 1967 et le discours historique prononcé par le feu président MOBUTU le 04 septembre 1974 devant l'assemblée générale de l'ONU.

Ces deux événements constituent le succès de la diplomatie congolaise et son retour sur la scène internationale.

A cette époque, il y a eu :

- Des ambassades à motif stratégique : 11 missions diplomatiques (9 avec les pays limitrophes et les trois autres au Tchad, en Lybie et en Israël) ;

- Des ambassades à visée économique : établies en Amérique latine et en Europe ;

- Des ambassades à vocation multilatérale, ici, se retrouvent les délégations permanentes de la République du Zaïre auprès des organisations internationales comme l'OUA, l'ONU etc.

- Des ambassades de la diplomatie classique : c sont celles dues à l'accréditation multiples comme le cas des ambassades du Brésil et de l'Argentine avec l'accréditation multiples et juridictions dans les autres pays tels que le Chili, le Pérou et le Mexique.

A partir de 1972, le nombre des missions diplomatiques du Zaïre se présente de la manière suivante :

- 1972 : 45 ambassades, - 1977 : 52 ambassades ;

Cette période est caractérisée par la diplomatie de terrain, l'ouverture au monde, rétablir les relations diplomatiques avec les anciens alliés.

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- 1979 : 58 ambassades ; - 1980 : 54 ambassades ; - 1989 : 68 ambassades.

Compte tenu de ces nombres élevés des missions diplomatiques, il s'est avéré que le budget alloué chaque année était insuffisant et ne permettant pas de faire face aux frais de fonctionnement et au salaire des diplomates en poste.

De ce qui précède, il se dégage que la politique étrangère de la 2è république s'est illustrée par un contraste d'un côté la grandeur et de l'autre côté la carence des moyens nécessaires.

3. De 24 avril 1990-17 mai 1997 : La diplomatie en perte de vitesse

Cette période est caractérisée par l'isolement parce qu'il y a eu suspension de coopération avec les pays occidentaux suite à la dictature du président du Zaïre qui a entrainé des crises par les successions des gouvernements.

Pour les diplomates à cette époque ils se sont sentis délaissés par les moyens financières, délogés des appartements, c'est ainsi que le pays s'est affaibli.

4. Du 17 mai 1997-26 janvier 2001 : La diplomatie de guerre

Cette période est caractérisée par une diplomatie offensive dont l'axe privilégie fut celui du sud.

Avec l'avènement de Joseph KABILA, la diplomatie offensive va changer le contenu consistant à informer la communauté internationale de la position de la RDC, le président va rédiger une lettre auprès du Secrétaire Général de l'ONU pour l'informer.

Le président Joseph KABILA a effectué 22 voyages à l'étranger pour assister au sommet des chefs d'Etat et convaincre les alliés à venir coopérer.

Par rapport aux missions diplomatiques, le président a hérité de son père le système du salut public.

5. 26 janvier 2001-17 décembre 2002 : La diplomatie de l'ouverture

Produit d'une confrontation entre grandes puissances occidentales à la conférence de Berlin en 1885, la RDC fait face aujourd'hui aux nouveaux enjeux

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Cette période va constituer le début de l'initiative des missions diplomatiques les définir bien et les réduire dans le sens de les doter les moyens conséquents aux missions diplomatiques restreintes et stratégiques.

6. 30 juin 2003-6 décembre 2006 : La diplomatie du partage de pouvoir Cette période est caractérisée par :

- La signature de l'accord global et inclusif intervenu à Sun City le 17 décembre 2002;

- La mise en place des institutions de la transition démocratique effectuée le 30 juin 2003 consacrant le partage de pouvoir occasionnel entre les composantes et les entités ayant pris part au dialogue inter-congolais.

7. 2006-à nos jours : La diplomatie du développement

Est définie comme un instrument de base pour le développement de la RDC. C'est ainsi qu'il va initier :

- Les cinq chantiers (eau-électricité-éducation-emploi-habitat)

- La révolution de la modernité : la continuation de ces cinq chantiers

On a pris des mesures pour mettre en oeuvre les idées définies en créant des structures par la restructuration organique :

- L'élévation du ministère d'Etat chargé des affaires étrangères et de la coopération internationale ;

- L'institutionnalisation d'un ministère de l'intégration régionale ;

- La création d'un vice-ministère des citoyens de l'étranger ;

- La mise sur pied de l'académie de diplomatie congolaise comme structure de réflexion sur la philosophie de la politique étrangère du pays ;

- Au niveau des agents en poste conformément à la constitution de la république, tenir compte des critères des compétences dans la matière. Mais avant cela il faudrait procéder au rappel de troupes diplomatiques accréditées.

Section 3. La RDC face aux nouveaux enjeux géopolitiques

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géopolitiques entre les puissances occidentales et les puissances émergentes avec la chine en tête. A l'époque, en 1885, l'Etat indépendant du Congo (EIC) créé sous le label de la liberté de commerce et de navigation dans l'espace du bassin du fleuve Congo en Afrique centrale est un produit de la révolution industrielle commencée en Europe au 18è siècle. Et les grandes entreprises multinationales furent au centre de la création de ce nouvel Etat considéré par certains historiens comme une colonie internationale.41

Avec la nouvelle révolution numérique couplée de la transition énergétique, la RDC se trouve au centre des nouveaux enjeux géopolitiques compte tenu de sa position géographique au coeur de l'Afrique, de son eau douce, de sa forêt et de ses minerais stratégiques.

§1. Position stratégiques au centre de l'Afrique

La position géographique au coeur de l'Afrique confère à la RDC une position géopolitique convoitée par les puissances occidentales et les puissances émergentes, « la chine est prête à oeuvrer ensemble avec la RDC en mettant en valeur sa position géographique privilégié au coeur de l'Afrique, afin de construire un couloir fluide pour l'extension de la « ceinture et route »vers l'Afrique centrale et occidentale » déclare monsieur Wang Tongqing, ambassadeur de la chine en RDC, à la clôture du colloque, enjeux de la coopération sino-africaine en RDC, à Kinshasa, le 6 octobre 2017.

Et du côté des puissances occidentales, le ton est donné par les Etats-Unis d'Amérique. Dans le document sur la stratégie de la sécurité nationale américaine pour l'Afrique publié en décembre 2017, la maison blanche s'inquiète de la présence croissante de la chine en Afrique.

La chine étend sa présence économique et militaire en Afrique, passant d'un petit investisseur sur le continent il y a deux décennies à son plus grand partenaire commercial aujourd'hui.

- Certaines pratiques chinoises compromettent le développement à long terme de l'Afrique en corrompant les élites, en dominant les industries extractives et en enfermant les pays dans des dettes et des engagements insoutenables et opaques ». le Pentagone va plus loin en dévoilant sa stratégie militaire : « c'est la concurrence entre

41Freddy MULUMBA, La RDC au centre des nouveaux enjeux géopolitiques, https://www.le grand.com. consulté le 24 avril 2019

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les grandes puissances». Et non le terrorisme-qui est maintenant le principal objectif de la sécurité nationale américaine a déclaré le général Mattis.

C'est à ce niveau de concurrence entre les puissances occidentales et les puissances émergentes comme la chine qu'il faut placer la guerre hybride. Avec la mise en place des nouvelles routes de la soie (initiative une ceinture et une route) proposée par la chine, les USA et l'union européenne répondent par les guerres hybrides.

La guerre hybride est un conflit lié à des menaces intérieures ou extérieures d'un pays où plusieurs types d'hostilités sont utilisés simultanément : des forces militaires conventionnelles, une tactique de forces militaires irrégulières ainsi que des activités illégitimes visant à déstabiliser la situation.

C'est ainsi, souligne le géopoliticien russe Andrew Korybko, que se présente le triangle de déstabilisation : le Nigéria en Afrique de l'ouest, l'Ethiopie dans sa moitié est et la RDC en son sein sont tous susceptibles de subir d'importants troubles de type guerre hybride dans un proche avenir, le scénario le plus défavorable étant que ce triangle de déstabilisation crée un trou noir de chaos dans l'espace qui les sépare, empêchant ainsi l'intégration transcontinentale (d'un océan à l'autre ) de la route de soie, reportant encore le « rêve Africain ». en tout état de cause, seul point de rencontre entre le nord, le sud, l'est et l'ouest de l'Afrique, le Congo est un enjeu géopolitique entre les puissances occidentales et les puissances émergentes.

§2. Marché de carbone et la guerre de l'eau

Le changement climatique dans le monde concerne la RDC au plus haut niveau. Avec plus de 60% de la forêt équatoriale et un fleuve d'eau douce dans le bassin du fleuve Congo la RDC fait face à deux situations liées au carbone et au transfèrement de l'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad ayant perdu plus de 80% de son eau.

Dans la situation du marché de carbones la forêt du bassin du fleuve Congo est considérée comme l'un des poumons du monde à côté de la forêt de l'Amazonie au Brésil et celle de l'Indonésie en Asie. Ces forêts tropicales constituent des puits de carbones particulièrement efficaces et on considère qu'elles stockent près de 40% du carbone terrestre. Pour réduire les émissions de gaz à effet de Serre (principalement le dioxyde de carbone) dans l'atmosphère, responsables du réchauffement climatique, il est institué un marché de carbone

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qui consiste à faire payer par des émetteurs le coût de la nuisance pour le climat que constituent leurs émissions, selon le principe pollueur-payeur.

Sur ce marché de carbone, des multinationales occidentales se sont taillé la part du lion au détriment des pays pauvres parmi lesquels on trouve la RDC. Et durant le COP22 qui s'est tenu à Marrakech au Maroc et la mise en place de Fond Bleu qui s'est tenu à Brazzaville en République du Congo, tout s'est joué contre la RDC. Et le gouvernement Congolais était obligé de refuser de signer l'accord sur la mise en place de fond bleu. L'alternative de la RDC a consisté à s'allier au Brésil et l'Indonésie qui possèdent aussi des forêts tropicales.

Quant au transfèrement de l'eau de la rivière de l'Oubangui, un affluent du fleuve Congo vers le lac Tchad, une conférence internationale s'est tenue à Abuja au Nigéria ou de nombreux représentants des quatre pays limitrophe du bassin du lac Tchad ainsi que de Centrafrique et d'autres institutions internationales ont discuté de solutions pour réhabiliter l'écosystème du bassin, et restaurer la sécurité et le développement dans la région sans la RDC. A cet effet, un projet Transaqua est concocté pour prendre de l'eau du bassin du Congo à travers un canal de 2.400km, une société chinoise et espagnole va faire les études de faisabilité pour un des projets agro industriels financé par les multinationales. A cette occasion, un fonds de développement africain a été créé.

Cependant, l'opinion congolaise et africaine soulève certaines interrogations. « Transférer ces eaux à partir du bassin du Congo, que pensez-vous des faits du bassin du Congo qui dépendent de ces eaux, transférer à partir de la rivière Oubangui que dites-vous du grand projet Inga qui a une vocation continentale ? Transférer ces eaux, que cela signifie, l'Oubangui sèche ? »

Il y n'a pas longtemps que la rivière était navigable 9à 10 mois sur 12, à présent c'est à deux à trois mois sur douze à une certaine période, on peut la traverser à pieds. Et certains Etats Africains (les pays du CBLT) se tiennent prêts pour faire la guerre de l'eau à la RDC. En réalité, ce sont les multinationales qui veulent à travers ce projet faire la guerre par procuration. Déjà en 2015, modeste MUTINGA avait déjà publié à ce sujet un livre prémonitoire : la guerre de l'eau aux portes de la RDC.

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§3. Minerais stratégiques et transition énergétique

Le sous-sol congolais regorge des minerais et métaux qui concourent à la révolution numérique et à la transition énergétique. Pour la révolution numérique, le coltan dont la RDC possède 20% de réserves mondiales, joue un grand rôle dans la fabrication des téléphones portables, des ordinateurs et des Smartphones.

Quant à la transition énergétique dans l'abandon des énergies fossiles au profit des énergies propres produites par les éoliennes, les panneaux solaires et des batteries pour les véhicules, la RDC regorge des minerais indispensables tels que le cobalt dont 60% de production mondiale. Selon la banque mondiale, la réalisation de cette transition énergétique nécessiteront d'énormes quantités de minerais et des métaux (aluminium, cobalt, cuivre, minerai de fer, lithium, terres rares, etc.)

Alors deux facteurs d'instabilité peuvent être étudiés dans le cadre géopolitique. Le premier concerne la politique de puissance menée par certains Etats pour s'assurer le contrôle des ressources nécessaires à leur sécurité.

Le deuxième facteur est une conséquence du premier qui provoque une lutte entre grandes puissances pour le contrôle des ressources, au détriment des régions dans lesquelles elles se situent.

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Conclusion partielle

En définitive, le présent chapitre a parlé sur les trois sections à savoir la géographie de la RDC, sa politique étrangère et enfin la RDC face aux nouveaux enjeux géopolitiques.

Face à cette réalité de la géopolitique congolaise, la compétition entre les puissances occidentales et la chine pour le contrôle de ces minerais stratégiques en RDC devient une question de vie ou de mort : retenons que cette rivalité entre des puissances occidentales et puissances émergentes sur le cobalt congolais qui est d'actualité aujourd'hui fait rappel à la rivalité entre le monde occidentale et l'union soviétique sur le contrôle de cobalt. A l'époque, la RDC et l'union soviétique étaient seuls grands pays producteurs du Cobalt à l'époque de la guerre froide. Cette rivalité entre grandes puissances, la demande des minerais stratégiques et la vente d'armes engendrent des guerres par procuration pour le contrôle de ses minerais.

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Conclusion de la première partie

La première partie qui a porté sur le premier chapitre : la géopolitique et le deuxième chapitre la géopolitique congolaise est intitulée « le cadre pratique».

La géopolitique est une science humaine qui étudie les implications politiques de la géographie.

Par là, l'étude de la géopolitique congolaise nous a poussé à analyser sa géographie et sa politique étrangère accompagné des nouveaux enjeux géopolitiques.

Face à ces menaces qui pèsent sur la géopolitique congolaise face aux nouveaux enjeux, trois considérations méritent d'être avancés.

1. La protection par l'armée et par la loi des richesses convoitées, car depuis l'indépendance de la RDC, celles-ci sont pillées par des multinationales comme au temps colonial.

2. La protection des élites politiques congolaises s'impose. L'histoire politique nous enseigne que depuis l'entrée en contact des congolais avec le monde capitaliste occidental, leurs élites sont assassinées à cause de leur patriotisme.

3. Seul le peuple mobilisé reste le seul boucher contre les assassinats et seule la conscience des congolais face à des enjeux géopolitiques et ayant tiré les leçons de l'histoire reste le protecteur de ses richesses.

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DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE Introduction de la deuxième partie

La deuxième partie de notre travail va nous amener à traiter du troisième et du quatrième chapitre de notre travail.

- Le troisième va parler sur l'eau dans le monde et enfin

- Le quatrième et le dernier, fera même l'objet de notre étude et est intitulé « la géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou réalité.

L'eau est nécessaire au développement économique, tout comme le développement économique est dans une certaine mesure nécessaire à l'approvisionnement en eau et à sa bonne gestion, mais la croissance économique génère son lot de pression quantitative et qualitative sur la source, ce qui rend rapport eau/développement hautement complexe et fait que la problématique de l'accès et de la disponibilité de l'eau en qualité et en quantité satisfaisante concerne une multitude des pays riches et moins bien que sous des modalités variables.

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CHAPITRE III : L'EAU DANS LE MONDE Introduction partielle

Dans ce chapitre nous allons analyser les sections suivantes : la notion de l'eau, le problème de l'eau, l'eau au coeur des conflits au XXIè siècle, le défi de l'eau en Afrique et enfin les formes de rareté et quelques crises contemporaines hydriques.

Section 1 la notion de l'eau

D'après Henri MOVA SAKANYI, au-delà de toute conception philosophique, au-delà des divergences idéologiques, des différents statuts sociaux et d'emplacement géographique, l'eau c'est la vie.

Dans le même ordre d'idée, nous pouvons dire que l'eau est essentielle pour l'homme, elle a toujours joué un rôle important dans l'histoire de l'humanité. Dans ce début du XXIè siècle, l'eau est devenue un enjeu de taille et seules les nations qui auraient su préserver leur capital hydrique pourront survivre.

L'eau, en anglais water' et Aqua' en latin avec sa formule chimique de deux atomes d'hydrogènes et d'oxygènes (H2O) est la seule molécule à être trouver sous trois états sur la terre : solide, liquide et gazeux. L'eau peut changer d'état sans intervention humaine, ces changements d'états dépendent essentiellement de la température et de la pression, mais aussi des composés chimiques présents dans l'atmosphère, donc la pollution atmosphérique.

Le cycle de l'eau décompose le phénomène complexe de ces transformations successives. Les trois phases principales du cycle peuvent être résumées ainsi : évaporation, précipitation, écoulement souterraine et de surface, leur élément moteur est l'énergie solaire42.

De ce fait, pour mieux appréhender la notion de l'eau, il est évident et indispensable pour nous développer les points suivants : le climat et l'eau, le gaz à effet de serre (GES) : l'eau, l'eau par rapport à la sécheresse et inondation, l'écosystème hydrique, savoir l'importance de l'eau et enfin la géopolitique et les conflits de l'eau.

42 Yves LACOSTE, L'eau dans le monde, Ed. l'Harmattan, Paris, 2010 pp.28-40

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§1. Le climat et l'eau

L'eau à travers le cycle joue un rôle prépondérant dans le climat. Il faut bien étudier le cycle de l'eau pour comprendre son influence sur le climat ou l'influence du climat sur le cycle de l'eau.

La quantité d'eau emmagasinée sur la terre est principalement stockée dans les océans ; la quantité d'eau présente dans l'atmosphère est 100.000fois faible. Ce n'est pas toute quantité d'eau stockée qui est importante que le flux de vapeur d'eau émis se précipite sur le continent : les derniers tirs proviennent de l'advection, c'est-à-dire du transport de l'eau évaporée dans l'océan. L'eau de surfaces continentales joue par conséquent un rôle essentiel pour le climat. Deux propriétés principales de l'eau influant le climat les sont à travers l'eau (vapeur) et l'eau (liquide) :

- Absorption et libération de chaleurs au moment de l'évaporation et de la condensation ;

- La réflexion, la diffusion, l'absorption et l'émission du rayon atmosphérique qui font que l'eau se comporte comme un gaz à effet de serres (GES)

§2.Gaz à effet de serre (GES) : L'eau

Sans effet de serre naturel, la température d'équilibre de la planète serait d'environ 15°c empêchant la présence de liquide à la surface. Bien que le plus grand gaz à effet de serre naturel soit la vapeur d'eau, sa présence dans l'atmosphère n'est pas directement affectée par l'activité humaine ; si la vapeur d'eau va en toute probabilité augmenter sous l'effet du réchauffement global, la nature de cette retro action demeure incertaine.

Le changement climatique (d'origine) anthropique est la rotation directe entre les ressources en eau et le couvert végétal, les motivations effectuées par l'homme influent le climat et les ressources en eau : la couverture végétale influence la qualité de l'eau, les effets de la couverture végétale qui dépendent de l'intensité des précipitations conditionnent le drainage, les forêts agissent comme zone tampon, les prairies recyclent l'eau, arrêtant l'évaporation et régulant ainsi le climat. L'ensemble des systèmes (couverture végétale) préserve le cycle de l'eau et protège le climat.

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Il existe des fortes présomptions que la vulnérabilité des populations et des ressources en eau sera augmentée avec le changement climatique et nomment l'augmentation des événements extrêmes comme les sécheresses et les inondations.

$3. Sécheresses et inondations

La sécheresse et les inondations peuvent être des catastrophes, des changements climatiques, les interventions humaines sont des facteurs aggravants de risque, les politiciens sont conscients du problème, malgré tout, ils ont du mal à mettre en place une gestion adéquate et efficace de l'eau.

La croissance économique inadaptée et l'amélioration médiocre des conditions sociales conduisent à la création des nouveaux risques de catastrophes, l'urbanisation rapide en est l'exemple.

$4. L'écosystème hydrique

L'eau n'est pas seulement une molécule chimique ou un élément participatif au climat ; elle est aussi l'habitat et le refuge des millions d'êtres vivants : végétal ou animal. Les océans, les mers, les lacs, les rivières, les étangs, sont autant d'espaces de biotope avec leurs propres écosystèmes : protéger l'eau, c'est aussi protéger un milieu riche d'espèces.

§5.L'importance de l'eau

L'eau douce est indispensable à l'existence et au développement des sociétés organisées. Sans elle, pas de satisfaction des besoins individuels, ni des suffisances alimentaires, mais aussi de réalisation industrielle ou énergétique, sans eau les peuples vivraient dans l'insécurité. L'eau est la source industrielle de tous les Etats développés ou envoi de développement. Elle a toujours été à l'origine d'établissement des civilisations et des regroupements humains qui sont auprès des sources.43

La localisation des sources, des lacs, des fleuves sur le territoire d'un Etat est une chance géographique. Elle est à l'origine des puissances hydriques mais aussi économiques voire politiques d'un Etat, dans la mesure où elle facilite l'implication de groupes humains et le développement agricole.

43 AYEB, HABIB, L'eau, les politiques d'aménagement du territoire en Egypte, monde nabel Maghreb maire octobre-décembre 1992 n°138 pp.64-79

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Chaque Etat doit inventorier et mesurer l'ensemble de ressources en eau douce actuelle ou potentielle, l'Etat analyse la situation hydrique globale, pour savoir si sa population est en état de stress ou de suffisance, à cet inventaire la RDC tout comme les pays du bassin du lac Tchad n'y sont pas épargnés.

L'eau devient un enjeu de pouvoir : le domaine politique contrôle la source et l'approvisionnement en eau de la population. Elle devient un élément constitutif de la souveraineté à côté des armes, de la justice et de la monnaie. Elle sert de moyen juridique et économique de centralisation politique en se fondant sur les fleuves et les canaux qui traversent le territoire nationale. Nous avons constaté que l'eau occupe une place éminente dans l'approche politique et économique de pouvoir publique, constitue aussi une source de conflit dans une certaine mesure44.

L'eau occupe une place importante dans l'approche politique et économique des pouvoirs publics. A présent nous allons parler de la géopolitique et le conflit de l'eau.

§6.La géopolitique et les conflits de l'eau

La terre est souvent appelée « Planète bleue » parce que l'eau recouvre la majorité de la surface de celle-ci (environ 71% de la surface) le volume d'eau sur cette planète est estimé à environ 1,4 milliards de km2. Sur la terre où le climat et le relief sont très variés, l'eau est estimée sous ses 3 différents états : solide, liquide, gazeux. Ainsi selon son état, l'eau prend différentes formes : de la glace ou de la neige (état solide) dans les glaciers et les régions polaires, la forme d'eau liquide (état liquide) dans les océans, les rivières, les fleuves et les lacs, la forme de vapeur d'eau (état gazeux) dans l'atmosphère. En fait plus de 97% de l'eau de la terre se trouve sous forme liquide dans les mers et les océans tandis que l'eau en tant que masse non liquide représente 2,6%.

L'eau est donc en théorie une source inépuisable. Ce même volume d'eau se transforme tout le temps en passant par ces trois différents états (vapeur d'eau, eau liquide, glace) : c'est le cycle de l'eu. Mais cette eau qui est apparemment en abondance ne l'est pas dans son absolu, car d'une part les eaux sont inégalement réparties sur notre planète, d'autre part ce n'est pas de toute eau que l'homme a besoin.

44 AYEB HABIB, la vallée du Nil ; un grand axe géopolitique, monde Arabe/Maghreb-maire, octobre-décembre 1995 n°134 p.70

a) La localisation d'une ressource est déterminante pour expliquer les relations entre les différents acteurs

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Section 2 : Le problème de l'eau

Dans cette section nous allons analyser les paragraphes suivants : le premier porte sur l'eau comme ressource stratégique, le second se base sur des eaux inégalement réparties sur la terre et le dernier discute de l'indispensable propreté de l'eau.

§1.L'eau comme ressource stratégique

Une ressource devient stratégique lorsqu'elle regroupe deux caractéristiques fondamentales : indispensable et rare.

a. Elle est indispensable à la survie du système quelle alimente, en effet le pétrole en est la parfaite illustration. Depuis la haute antiquité, le pétrole est connu et utilisé comme combustible d'éclairage. Or, à partir de 1859, vont avoir lieu trois éléments contradictoires qui vont sonner le glas du pétrole en tant que combustible d'éclairage et le révéler comme ressource stratégique à l'origine de la nouvelle industrie pétrolière :

- Le nouvel or noir' (le pétrole) attire en 1859 les pionniers nord-américains en Pennsylvanie pour son exploitation en remplaçant l'huile de baleine devenue trop chère pour s'éclairer.

- L'essor de l'électricité au début XXè siècle sonne progressivement le glas des pétroles lampants distribués dans l'empire de Rocke-felles

- Henry Ford qui sort au début du XXème siècle les premières voitures de série qui fera que le pétrole devienne indispensable.

b. Elle est rare

Cette deuxième caractéristique est essentielle. Le meilleur contre-exemple est l'air que nous respirons : c'est une ressource indispensable à la survie de l'espèce humain ; mais il n'est pas stratégique car l'air existe partout autour de nous : nous n'avons pas à l'acheter, à aller le chercher, à l'exporter, etc...

Le contrôle d'une ressource stratégique dépend de trois facteurs : sa localisation, son industrie d'exploitation et son acheminement.

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b) L'acheminement d'une ressource nécessite la création d'un réseau d'une infrastructure d'approvisionnement et de distribution

c) Une ressource n'est stratégique que si elle est exploitable et qu'il existe l'industrie pour la rendre exploitable.45

§2.Les eaux inégalement réparties sur la terre

Les quantités d'eau apparemment en abondance sur notre planète ne sont pas reparties de la même façon à la surface des continents.

Cette inégalité se lit à travers trois aspects :

? Primo, sur le plan géologique, il y a des espaces qui ont en abondance de l'eau tandis que d'autres n'en ont pas. Ainsi, il y a par exemple très peu d'eau au niveau des tropiques (tropique du cancer au nord, tropique du capricorne au sud) où se retrouvent tous les grands déserts de la planète (comme le désert du Sahara en Afrique). Au contraire, il y a beaucoup d'eau dans les régions proches de l'équateur où se situent les grandes forêts de la planète (la forêt amazonienne en Amérique du sud, par exemple, en RDC, en Indonésie)

? Secundo, cette inégalité se manifeste par la polarisation des stocks d'eau au niveau de certains pays en nombre infirme tandis que la majorité des pays en sont dépourvus ceux des Etats qui ont l'eau en abondance sont appelés de « puissance d'eau » (60%) cette catégorie est représentée sur :

- Le continent américain par quatre Etats : Etats-Unis d'Amérique, le Canada, le Brésil et la Colombie;

- Le continent asiatique par trois pays : la chine, l'inde et l'Indonésie ;

- Le continent européen par un seul pays la Russie et

- Le continent africain, aussi un seul pays, la République Démocratique du Congo.

Les autres pays disposent des réserves de 40% d'eau seulement.

? Tertio l'inégalité de l'eau est encore beaucoup plus utile. En fait l'homme et l'écosystème n'ont pas besoin de toutes sortes d'eau. Entre l'eau salée et l'eau douce,

45 Claire BORDES, Géopolitique de l'eau, Ed. La découverte, Paris, mars 2014, pp.78-81

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il n'y a que l'eau douce dont l'homme a besoin. Or l'eau douce est en pourcentage bien faible.

De ce fait, l'eau de la terre est principalement salée (97,2% de l'eau totale du globe. Elle se trouve dans les mers et les océans. L'autre faible quantité d'eau seulement (2,8% de l'eau totale du globe) est douce. L'eau douce se situe majoritairement dans les régions polaires (2,15%), dans le sous-sol avec les eaux souterraines (0,63%), dans les lacs, les fleuves et les rivières (0,019%). Le plus faible pourcentage d'eau douce se retrouve dans l'atmosphère (seulement 0,001%). La quantité d'eau douce que les hommes peuvent facilement récupérer est donc extrêmement faible (seulement les eaux du sous-sol). Il est aussi très long et surtout très cher de fabriquer de l'eau douce à partir de l'eau de la mer par le processus de dessalage de l'eau de mer.

§3.L'indispensable propreté de l'eau

Le caractère indispensable est la seconde caractéristique d'une ressource stratégique. Il n'est pas question ici de démontrer l'indispensabilité de l'eau pour la survie de l'homme et des espèces vivants en général, ou encore il ne s'agit pas seulement d'avoir accès à l'eau, encore faut-il qu'elle soit propre à la consommation. Cette propreté de l'eau est l'enjeu des sociétés : il s'agit alors de lutter contre les maladies hydriques et contre la pollution.

1. Lutte contre la pollution

On a pu voir à quel point le caractère stratégique de l'eau relevait de son inégale répartition sur terre. A ces situations inégales vient s'ajouter un nouveau facteur, qui est directement lié à l'activité humaine : la pollution.

Cette pollution est issue de l'activité industrielle de l'homme et est liée au rejet dans la nature de l'excédent d'eau utilisée par ces activités, sans qu'il ait été traité avant.

L'UNESCO estime que 70% des affluents industriels dans les pays en voie de développement sont déversés dans la nature sans traitement préalables.46 Le secteur agricole est l'un des principaux utilisateurs de l'eau et contribue donc à la pollution des sols et des eaux, notamment via son usage d'engrais (nitrates et phosphates) et de pesticides risque d'accroitre la concentration de la pollution dans les eaux et de la rendre de plus en plus

46 Jeanine et Samuel ASSOULINE, Géopolitique de l'eau, Ed. stydyrama, Paris, 2012 p.85

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impropre à la consommation mais aussi à l'irrigation, questionnant ainsi la qualité des aliments qu'elle permet de produire et entrainant le cercle vicieux.

2. Enjeu sanitaire : lutte contre les maladies hydriques

Le rapport d'information sur la géopolitique de l'eau de l'assemblée nationale rappelle que : « le Gange indien reçoit 1,1million de litres par minutes d'eaux d'égout à l'état brut, chiffre alarmant quand on sait qu'un gramme d'excréments peut contenir 10 millions de virus, 1 million de bactéries 1000kystes parasitaires et 100 oeufs de vers intestinaux »47

Le désastre sanitaire est à l'échelle mondiale : selon les chiffres de l'ONU, il meurt plus de personnes ayant bu de l'eau polluée à travers le monde que dans les conflits armés. Ainsi donc l'enjeu est énorme, et, fait partie même des objectifs du millénaire de développement de l'ONU (OMD).

Section 3 : L'eau au coeur des conflits du xxie siècle

Cette section est consacrée à deux paragraphes dont le premier portera sur les conflits autour de l'eau et le second sur les fleuves et bassins versants incluant ainsi la question du partage de l'eau.

§1.Les conflits autour de l'eau

Les conflits armés ouverts entre les Etats autour de l'eau sont bien rares, mais des tensions et des affrontements au sein des Etats, entre des communautés autour de l'or bleu sont fréquents.

Qu'ils soient des conflits internes ou interétatiques, les enjeux en sont l'accès à l'eau pour des populations à des multiples fins comme il est le cas des populations agricultrices s'opposant aux peuples éleveurs. Des tels conflits intercommunautaires sont reportés au Burkina Faso, au Niger, de plus en plus au Kenya et en Tanzanie.

En RDC, le stress hydrique conduit à une situation caractérisée par la permanence de cette crise silencieuse avec deux effets qu'il sied de considérer, difficulté d'approvisionnement en eau potable et pollution des sources d'eau. La pénurie d'eau potable sévit au quotidien dans les centres urbains où les effets « d'affalement », « une véritable architecture mobile de l'être-ensemble urbain », entrainent des conséquences qui sont des

47Rapport de l'assemblée nationale du gouvernement indien de 2014, La géopolitique de l'eau, pp.91-92

A cela nous pouvons ajouter la situation qui se vaut entre la RDC et les pays du bassin du lac Tchad qui veulent à tout prix se procurer de l'eau de la RDC.

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catastrophes humaines : la croissance urbaine n'est pas suivie par l'augmentation des capacités des infrastructures publiques pour la prise en charge des besoins fondamentaux de la population urbaine (accès à l'eau potable, à la santé etc). Les reportages réalisés par des chaines de télévision locales sur les difficultés d'accès à l'eau potable dans les centres urbaines en RDC ne couvrent pas la réalité complexe des souffrances indescriptible vécues dans le Congo profond.

Des bidons de couleur jaune, du moins dans le grand Katanga, sont des containers utilisés par des populations à la recherche de l'eau. Il y a des centres urbains où l'eau coule au robinet non pas sept jours sur sept, mais deux fois par semaine. Dans d'autres lieux le jour où l'eau coule au robinet est un jour de fête, car toutes les rues sont inondées des gens alignés pour entrer dans une parcelle où est placé le robinet.

Sur le plan interétatique, les conflits autour de l'or bleu s'assoient sur un fond des rivalités séculaires, politiques, idéologiques, religieuses ou frontalières qui les exacerbent par la suite. Ainsi, on peut savoir que dans le conflit entre Israël et ses voisins arabes, il y a un litige sur le partage des eaux du Jourdain, sur les partages des aquifères souterrains, mais ce n'est pas le seul point de litige. Il y a aussi tout le litige sur l'existence même d'Israël, les territoires occupés, le statut de Jérusalem, les réfugiés, les frontières etc. donc l'eau n'est qu'un des éléments dans la nébuleuse des conflits entre Israël et ses voisins c'est la même chose au Proche-Orient entre la Turquie, la Syrie et l'Irak où le partage des eaux de l'Euphrate et du Tigre est une cause de conflit. Là aussi l'eau se mêle à d'autres rivalités, dans d'autres facteurs de conflits entre les trois pays : la révolté des Kurdes instrumentalisée par la Syrie pour essayer d'affaiblir la Turquie parce qu'il y a un litige des frontières, le litige entre la Syrie et l'Irak sur le partage des eaux de l'Euphrate qui se double d'une vieille rivalité sur la domination du monde arabe.

En Afrique, il y a des conflits potentiels ouverts et larvés autour du Nil entre l'Ethiopie et l'Egypte. Ce n'est pas que l'Egypte veut prendre l'eau du Nil en Ethiopie. De toute façon, l'eau s'écoule naturellement jusqu'en Ethiopie sur son territoire. Mais l'Egypte veut empêcher l'Ethiopie de construire des barrages sur son propre territoire.

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§2.Fleuves et bassins versants : la question du partage des eaux

La pression démographique qui va peser sur cette ressource, couplée à son inégale répartition, fait donc plus que jamais apparaitre le XXIè siècle comme le siècle de l'or bleu.

Pour reprendre la définition de la ressource stratégique et vérifier si l'eau y répond ou non, il apparait bien que le caractère rare de l'eau est relatif en fonction de la situation géographique des populations) mais tendra à se généraliser compte tenu de la croissance démographique mondiale et de la pollution dégradant les réserves.48

Si nos modes de vie et de consommation (agricole, domestique et industrielle) n'évoluent pas vers la durabilité. Or, l'eau propre à la consommation est d'une telle nécessité pour la survie des êtres vivants qu'il se pose la question de reconnaitre l'eau comme un droit pour tous et pas seulement comme un besoin, ce qui, au niveau international, a une implication pour le règlement de tous les enjeux liés à l'eau.

L'eau pourrait donc bien être une ressource stratégique tant au niveau régional que mondial dans le futur. Il existe déjà à travers le monde de nombreuses situations de tensions entre deux ou plusieurs pays qui se cristallisent sur des enjeux hydriques. Les fleuves et le partage des bassins versants sont les principales raisons de ces crispations. Un fleuve ne représente pas seulement une source d'eau (nécessaire à l'irrigation, au développement industriel, également urbain et social) mais aussi une manne économique pour toutes les raisons évoquées précédemment, auxquelles s'ajoute le développement de l'énergie hydraulique.

Les tensions apparaissent donc entre pays en amont et en aval du fleuve et principalement lorsque le pays en amont décide de mettre en place des infrastructures (barrages, centrales hydroélectriques...) pour stocker, dériver, canaliser, drainer les eaux ou produire de l'énergie, le risque pour les pays et, en aval c'est la perte d'une partie conséquente du débit du fleuve, une dégradation de la qualité de son eau (avec une pollution liée aux activités humaines en avant), voire des catastrophes écologiques (comme la mer d'Aral) ou sociales (on peut citer, bien que ce cas n'implique pas un litige entre deux pays, le barrage des Trois Gorges, en chine, qui a entrainé le déplacement de 2 à 4millions de personnes).

48 Jeanine et Samuel ASSOULINE, op cit pp.90-98

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La prévision du vice-président de la banque mondiale en 1995, Israël serageldin, se confirme-t-elle : « les guerres du XXIè siècle auront l'eau pour enjeu » fait-on la guerre pour l'eau ou l'eau est-elle un facteur aggravant des tensions ou conflits entre Etats ?

La question est essentielle car d'elle dépend la possibilité de résolution de la crise. Deux Etats qui n'ont pas d'autres raisons de se faire la guerre gagneront plus à coopérer et à partager intelligemment leurs ressources hydriques. Deux états en conflits ou ayant des tensions exacerbées auront les plus grandes difficultés à mettre en oeuvre une volonté politique de coopération.

Il faut à ce niveau de notre réflexion prendre un temps pour comprendre la dimension politique de l'eau, perception assez difficilement partagée en Europe où elle n'est pas en pénurie. Dans les zones semi-arides et arides, la problématique de l'eau est intimement liée au politique. Les grands fleuves (le Nil, l'Euphrate, le Yang-Tsé...) sont les foyers des premières grande civilisations agraires et urbaines. L'eau et sa maitrise ont pesé sur les constructions politiques et ont inspiré une analyse sur la nature des constructions politiques qui en découlent à des nombreux auteurs en l'occurrence de Montesquieu à Wittfogel en passant par Hegel. Pour illustrer cette thèse, prenons l'exemple du Pharaon qui tire son pouvoir du Nil. En effet, le contrôle de l'irrigation et de l'activité agricole concentrée sur la Valée du Nil pour assurer la survie du peuple égyptien imposa la mise en place d'un pouvoir centralisé, fort dans la personne du pharaon.

Quelle peut être aujourd'hui la réalité de cette thèse de l'hydro-politique ? l'eau ne peut bien entendu pas être le seul critère expliquant la nature des régimes politiques en place actuellement dans les pays en zones arides ou semi-arides. Ces régimes sont le résultat de facteurs multiples et d'une longue évolution historique. Néanmoins, l'eau reste un enjeu de politique interne et régionale incontournable pour quelques gouvernements du monde.

Section 4. Le défi de l'eau en Afrique

Dans cette section nous analyserons deux paragraphes suivants dont la première porte sur la situation de l'Afrique en matière d'eau et le second se base sur le plan du G8 pour l'Afrique.

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§1.La situation de l'Afrique en matière d'eau

Les ressources en eaux, superficielles ou souterraines du continent africain présentent trois caractéristiques essentielles :

1) Qu'ils s'agissent des bassins hydrographiques des fleuves Nil, Congo, Niger, Sénégal, volta, Zambèze, orange, Limpopo ou des lacs Tchad, victoria, Albert, Okavango ou des nappes souterraines grandes aquifères du Sahara, etc.

Toutes ces ressources sont partagées entre plusieurs pays. Il en résulte une interdépendance sous-régionales particulièrement forte dans ce domaine essentiel ;

2) Cette interdépendance est renforcée par la répartition disparate et contrastée, de ces ressources, aussi bien dans l'espace à travers le territoire, que dans le temps selon les saisons sèches ou pluvieuses. Ainsi neuf des vingt pays ne disposant pas de 1000m3 d'eau par habitant dans le monde sont situés en Afrique : en Afrique du nord et au sahel

3) Enfin, les incertitudes qui pèsent aux échelles régionale et sous régionale sur les éventuelles évolutions du climat, notamment celle du régime des précipitations atmosphériques en fonction de l'effet de serre, nécessitent une vigilance accrue et un effort de recherche prospective dans un contexte déjà fragile.

En ce qui concerne l'approvisionnement en eau et les conditions sanitaires des populations africaines, les services de distribution d'eau potable s'avèrent généralement peu développés et peu performants.

Quant à l'assainissement, collectif ou individuel, il n'existe et ne fonctionne que rarement entrainant morbidité et mortalité. La concentration urbaine en cours accroît les besoins d'infrastructures dans les secteurs non seulement de l'alimentation en eau, mais aussi, et surtout de l'assainissement.49

Elle entraine également un accroissement des risques d'épidémies de maladies hydriques (choléra, typhoïdes, dysenteries, etc) ainsi qu'une sensibilité et une vulnérabilité plus grandes vis-à-vis des inondations, tout comme la déforestation qui aggrave aussi l'érosion des sols. Faute d'avoir sur place les compétences et l'expertise nécessaires dans les domaines aussi bien des techniques que des sciences sociales et humaines, les ouvrages

49 Anonyme, Le défi de l'eau en Afrique, https:/ www.wikipedia.org, consulté le 18/mars/2019 à 23h32

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hydrauliques généralement très couteux, réalisés dans les pays africains n'ont pas toujours une conception appropriée à leurs contextes économique, social et environnemental, ni une exploitation et une maintenance satisfaisantes.

En effet, ces pays ne disposent pas d'infrastructures suffisantes pour assurer la formation initiale ou continue, et le perfectionnement professionnel nécessaire dans le secteur de l'eau. Les cadres supérieurs sont souvent formés à l'étranger et ne reviennent pas toujours au pays. En revanche, les cadres moyens, techniques ou gestionnaires qui constituent l'ossature principale des organisations publiques ou privées (agent de maitrise et autre.) ne peuvent être formés qu'en Afrique, sur place ou dans un pays voisin.

Enfin, la sécurité alimentaire du continent n'est pas assurée trente des cinquante pays comptant plus de 20% de (mal nourris) et dix-huit des vingt-trois pays en comptant plus de 34% sont situés en Afrique.

L'agriculture vivrière représente le moyen essentiel de subsistance dans les campagnes et conditionne le maintien du peuplement rural, avec une production locale soumise à la concurrence des marchés mondiaux

1. Le droit à l'eau dans le contexte institutionnel de l'Afrique

Alors que les occidentaux, généralement très individualistes, ont tendance à privilégier une appropriation privative du patrimoine naturel et des ressources naturelles dont le territoire de l'eau, les populations africaines, en dépit de leur extraordinaire diversité répartie entre l'Afrique du nord, l'Afrique de l'ouest, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'est et l'Afrique australe, possèdent tous un sens particulièrement vif de la solidarité d'abord au sein de la famille, souvent très large, puis au niveau du village, de la tribu et de la communauté ethnique, d'où, chez elles, une conception plus communautaire de la notion de droit, de propriété ou plus souvent de droit d'usage du sol et des eaux, selon leur droit coutumier traditionnel.

La charte des nations-unies de 1945, la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et les pactes internationaux subséquents de 1966 ont constitué un ensemble idéologique et normatif. La conférence de Téhéran en 1968, à l'occasion du 20è anniversaire de la déclaration universelle, puis la seconde conférence mondiale sur les droits de l'homme organisée à vienne en 1993 ont réaffirmé solennellement le principe de l'universalité des droits de la personne humaine. Cette question ne va pas de soi. En effet dans les rapports

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nord-sud, entre pays riches et pauvres. Les valeurs idéologiques, les cultures, les conceptions de la démocratie sont variées, selon que l'on se trouve en Europe, en Afrique, en Amérique ou en Asie. Les états africains ont fait valoir aux pays industrialisés que les droits de l'homme ne sauraient être conçus in abstracto, qu'ils étaient le produit d'un contexte historique et d'un environnement, culturel et spirituel spécifique. Alors que la conception occidentale est centrée sur l'individualisme libéral et sur la primauté de la personne sur le groupe, les valeurs traditionnelles africaines mettent l'accent sur le primat de la collectivité sur l'individu, des devoirs sur les droits de la solidarité sur l'égocentrisme.

La charte africaine des droits de l'homme et des peuples, adoptée par l'organisation de l'unité africaine (OUA) à Nairobi en 1981, est particulièrement importante dans la mesure où elle fait référence, dans son préambule aux « valeurs de la civilisation africaine » et proclame à l'article 24 que « tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant et global, propice à leur développement »50.

Le droit à l'environnement ainsi reconnu n'est pas individuel, mais collectif en ce qu'il appartient aux peuples. Il y a cependant lieu de noter que ce droit est, pour la première fois, intégré dans un traité dont les auteurs sont des pays en voie de développement pour lesquels il est particulièrement difficile à court terme de concilier la protection de l'environnement et le développement.

Eclairés à la lumière du droit à l'environnement, d'autre articles de cette charte africaine sont essentiels

- L'article 9 qui prévoit que toute personne a droit à l'information,

- L'article 13 qui mentionne le droit des citoyens de participer librement à la direction des affaires publiques de leurs pays,

- L'article 16 qui indique toute personne au droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre. Les mesures de sauvegarde de la charte sont assurées par la commission africaine des droits de l'homme et des peuples, et peuvent être appliquées à leur égard.

2. Cadre régional très mobilisé sur le secteur de l'eau

Aujourd'hui, l'Afrique se compose d'une cinquantaine de pays indépendants dont les frontières « géométriques » ignorent, les plus souvent, les géographies physiques et

50 Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples, 1981, art24

Expérience unique, le nouveau partenariat pour le développement africain (NEPAD) qui associe les pays africains à ceux de l'OCDE, propose des voies nouvelles pour

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humaines, tous sont regroupés au sein de l'union africaine qui a succédé à l'organisation de l'unité africaine et reste basée à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie. Parallèlement, les moyens de la banque africaine de développement dont le siège a été transféré d'Abidjan à Tunis (avec la facilité africaine de l'eau) et le rôle de la commission économique pour l'Afrique des nations-unies (avec le forum de l'ONU sur l'eau en Afrique) sont en cours de renforcement, avec le soutien de la communauté internationale, notamment du fond monétaire international (FMI), de la banque mondiale(BM) et de l'union européenne, grâce à l'appui remarqué de la France et du Royaume-Uni dans le cadre du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).

On a heureusement pu constater ces derniers années, un repositionnement spectaculaire des priorités liées à l'eau , les préoccupations et les objectifs des acteurs africains. C'est ainsi que :

- La vision africaine de l'eau pour le XXIè siècle dans le cadre de la vision mondiale de l'eau, élaborée par le conseil mondial de l'eau, a été présentée et débattue lors du forum mondial de l'eau, organisé à la Haye en mars 2000 ;

- En septembre 2001, sous l'égide de la banque africaine de développement (BAD) a été crée le haut comité africain de pilotage pour l'eau (AWTF : African Water Task Force) qui a adopté une position commune, en décembre 2001, à Bonn, lors d'une conférence internationale sur les eaux douces ;

- La mobilisation s'est progressivement étendue à toute l'Afrique par la voie de conférences thématiques entre opérateurs, décideurs et scientifiques (notamment à Accra en avril 2002) ;

- En avril 2002, 43 ministres africains chargés de l'eau, réunis à Haye puis à Johannesburg en septembre 2002, ont créé un conseil permanent (AMCOW : African Ministerial Concil for Water) pour assurer, sous l'égide de la nouvelle union africaine, la direction politique, imprimer les orientations et conduire les actions en faveur de la bonne gestion de l'eau sur le continent : c'est la première mobilisation, à pareille échelle et de niveau aussi élevé existant actuellement dans le monde en matière d'eau.

3. Le programme du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique

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sortir l'Afrique des cercles vicieux de la pauvreté et des conflits. L'AMCOW et l'AWTF ont obtenu l'inscription de l'eau dans le programme du NEPAD qui propose ainsi quatre lignes d'action :

1) Accélérer le travail sur les projets multi objectifs d'aménagement de la ressource tels que le programme d'étude du secrétariat de la SADC sur l'aménagement du fleuve Congo et l'initiative pour le bassin du Nil (NBI) ;

2) Etablir un task-force pour planifier la lutte contre les efforts négatifs du changement climatique en Afrique ;

3) Collaborer avec l'initiative mondiale d'assainissement environnemental (GESI) ;

4) Appliquer le programme UN habitat sur les économies d'eau dans les villes africaines. Parallèlement l'AWTF qui a suggéré et obtenu la création d'un nouvel instrument appelé « african water facility ».

Il s'agit d'une plate-forme de coopération bailleurs/bénéficiaires améliorant les synergies et dégagement des solutions de partage des risques pour attirer des financements supplémentaires.

§2.Le plan d'action du G8 pour l'Afrique

En phase avec les propositions du NEPAD, les propositions du plan d'action du G8 de Konan skis en 2002, confirmées à Evan en 2003, comportent trois grandes rubriques :

- Exploitation durable des ressources en eau ;

- Appuis pour l'accès à l'eau potable et à l'assainissement ;

- Appui à la gouvernance du secteur de l'eau : décentralisation recouvrement des coûts,

plus grande participation des consommateurs.

1. L'initiative européenne pour l'eau

Sous l'impulsion de plusieurs Etats-membres, l'union européenne à lancé en septembre 2002 à Johannesburg, une initiative dans le cadre des partenariats de type11, intitulée : « L'eau pour la vie : santé, niveau de vie, développement économique, paix et sécurité » avec pour sous-titre : « mettre en oeuvre le plan d'action du sommet mondial du développement durable ». Cette initiative vise à faciliter une coopération renforcé en concertée et cohérente entre bailleurs de fonds européens (sans exclure d'autres bailleurs). Elle comporte cinq composantes dont les deux premières sont dédiées à l'Afrique. La

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composante « gestion intégrée de ressources en eau « (GIRE) en Afrique, avec un accent sur les bassins fluviaux trois frontaliers est portée par la France.

Les trois priorités de l'union européenne sont :

- L'accès pour les plus pauvres à une eau potable de qualité et à un assainissement adéquat ;

- Une gestion équitable et durable des eaux frontalières;

- Une bonne coordination entre les usages concurrents de l'eau pour les besoins domestiques, l'agriculture, l'environnement, l'énergie, l'industrie...

Section 5 : les formes des raretés de l'eau et quelques crises contemporaines hydriques

§1.Des formes de rareté diverses

Comme le dit Tony Allan de manière laconique, il existe deux types de raretés de l'eau : la « rareté de premier ordre » est la rareté de l'eau elle-même et la « rareté de second ordre » est la rareté des moyens permettant de faire face à la rareté. Les pays pauvres sont ainsi les plus durement touchés par la rareté de premier ordre. L'IWMI (International Water Management Institute) distingue la rareté physique de l'eau de sa rareté économique. Dans le cas de la rareté physique, il s'agit de la disponibilité quantitative de la ressource au niveau d'un cours d'eau, d'un bassin ou d'une région. La rareté économique concerne quant à elle la capacité financière, humaine, et sociale d'avoir accès à l'eau. Cette forme de rareté concerne essentiellement l'Afrique subsaharienne et une partie importante de l'Asie du Sud-est. La partie septentrionale du Nordeste du Brésil, région desservie par le transfert des eaux du fleuve São Francisco, est catégorisée comme présentant une situation « proche de la rareté physique de l'eau » (plus de 60% du débit des cours d'eau est utilisé pour des usages agricoles, industriels et domestiques et les bassins vont connaître à court terme une situation de rareté physique). On peut aussi d'ores et déjà noter que la distinction proposée présente la limite de masquer la complexité des raretés.51

La rareté qui frappe la région semi-aride du Brésil est liée autant à des facteurs économiques, sociaux, institutionnels et politiques qu'au climat et à l'hydrologie. Comme

51 Philippe ROMAN, l'analyse des transferts d'eau inter-bassins au défi des conflits et de la justice environnementale. Le cas du fleuve Sao Francisco (Nordeste du Brésil, Thèse de doctorat, université Paris-Saclay, sciences de l'homme et de la société, 2015

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nous le verrons plus en détail dans cette thèse, la caractérisation du type de rareté auquel est confronté le Nordeste septentrional est un enjeu à part entière, et l'objet de débats politiques autant qu'experts.

§2.Une reconnaissance croissante des risques hydriques

Outre l'enjeu humanitaire, reconnu depuis de longues décennies dans les arènes internationales (ONU, organismes spécialisés, mouvements sociaux, ONG etc.), l'eau est devenue le risque numéro un en termes d'impact selon le Global Risk Report 2015 du Forum Economique Mondia (devant les maladies infectieuses, les armes de destruction massive ou le changement climatique). À cette occasion, le rapport a déplacé le risque hydrique de la catégorie « risque environnemental » à celle de « risque social ». C'est dire si les entreprises prennent la menace d'un manque d'eau dans les années à venir au sérieux. Elles rejoignent en cela les innombrables chercheurs et experts alertant sur ces enjeux depuis plusieurs décennies.

La disponibilité en eau est ainsi devenue la principale préoccupation des compagnies minières, mais aussi de multinationales comme Nestlé ou Coca-Cola, et les plus grandes entreprises mondiales produisent désormais des rapports sur les risques hydriques auxquels elles font face.

§.3.De quelques crises contemporaines de l'eau

L'actualité de ce début de 21ème siècle est riche en crises hydriques. L'Australie vient de connaître l'une des pires sécheresses de son histoire (« The Biggest Dry »), qui a très sévèrement affecté le bassin Murray-Darling (le plus grand réseau hydrographique d'Australie, situé dans le sud-est du pays). Les feux de brousse ont tué des dizaines de personnes, l'économie rurale a été déstabilisée, la production de riz s'est effondrée et a contribué à une hausse des prix en 2008 qui a elle-même contribué à déclencher des émeutes de la faim dans des pays pauvres.

Le bassin Murray-Darling est aujourd'hui « sur-alloué » (« over-allocated ») : les quantités d'eau attribuées aux différents usagers du bassin dépassent la quantité totale que le système produit. Etant donné les conditions extrêmes de manque d'eau et la nécessité d'adaptation auxquelles fait face la population du bassin Murray-Darling, celui-ci est souvent présenté comme représentant l'avenir potentiel d'autres bassins « stressés » dans le monde.

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En 2008, le Chili a connu l'une des pires sécheresses depuis des décennies, ce qui a poussé le gouvernement à décréter l'état d'urgence. Le pays connaît par ailleurs une tendance à la baisse des précipitations et une avancée du désert de l'Atacama vers le sud (Santibáñez, 2015).

La Californie connaît quant à elle une sécheresse particulièrement grave depuis 2011. La croissance démographique et économique de l'État depuis l'après-guerre a été spectaculaire, et le développement des ressources en eau a pu donner le sentiment d'une relative abondance, permettant le développement de l'agriculture irriguée à une très grande échelle et contribuant à faire de cet État une puissance économique (la huitième économie du monde si elle était un État autonome) et agricole. Mais aujourd'hui, l'eau manque, et des politiques de rationnement sont mises en place1: chose inédite dans l'histoire de la Californie, le gouverneur Jerry Brown a passé un Executive Order imposant des restrictions obligatoires d'usage de l'eau aux agences de l'eau locales (local water supply agencies) d'un montant de 25%. Les producteurs d'amandes, qui ne consommeraient pas moins de 10% de toute l'offre d'eau californienne, sont pointés du doigt.

Les usages non strictement nécessaires sont de plus en plus mal perçus, comme l'arrosage des elouses, le lavage des voitures ou l'entretien des terrains de golf. La question de la soutenabilité de la croissance dans cet État mythique de l'Ouest états-unien se pose ainsi de manière plus aigüe que jamais. La sécheresse est même utilisée comme argument pour limiter l'immigration en Californie. Elle est aussi parfois attribuée aux environnementalistes, qui auraient contribué à faire augmenter les débits écologiques des rivières et à limiter les travaux d'infrastructure hydraulique. La sécheresse de 2014 a représenté la plus forte réduction de la disponibilité en eau pour l'agriculture en Californie qui ait été enregistrée, et ses impacts économiques sur le secteur ont été estimés à 2,2 milliards de US$.

De manière générale, l'Ouest états-unien est particulièrement stressé sur le plan hydrique. La plupart des cours d'eau et des bassins hydrographiques y sont en effet « fermés », ou « clos ». Le bassin du Rio Grande a connu l'une de ses pires sécheresses au début des années 2000, conduisant à des mesures de rationnement. Le bassin du Colorado est aujourd'hui « clos », ses eaux sont mêmes sur-allouées car son débit moyen a été surestimé par le passé. Des travaux prévoient des « méga-sécheresses » (« megadroughts ») inédites dans le sud-ouest des États-Unis. Notons que le modèle californien a exercé et exerce toujours

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une certaine fascination au Brésil : il s'agit d'une région semi-aride qui a été « verdie » avec succès grâce au talent de ses ingénieurs et à l'habileté et l'abnégation de ses agriculteurs.

On parle, en anglais, de « basin closure » pour désigner une situation d'utilisation des eaux d'un bassin à plein potentiel. Ainsi, accroître la quantité ou l'intensité des usages ne peut se faire qu'au détriment d'autres usages et/ou du débit écologique, c'est-à-dire du débit considéré comme nécessaire au maintien des fonctions écologiques du cours d'eau. 16 allait se transformer en un grenier du monde, une contrée prospère grâce - dans une large mesure à l'irrigation ? Mais alors qu'au Brésil le fantasme d'un Nordeste semi-aride transformé en oasis semble prendre corps, on se demande désormais aux États-Unis si le processus de développement et d'« anthropisation » de la Californie n'a pas été poussé trop loin, et si les prévisions faites au milieu du siècle en termes de disponibilité de l'eau ne se révèlent pas exagérément optimistes.

En ce qui concerne les pays dits « émergents », les crises sont aussi nombreuses. La Chine est face à de sombres perspectives en termes de raretés hydriques, ce qui a conduit à entreprendre le pharaonique transfert des eaux du Sud vers le Nord. Elle a connu en 2014 une sécheresse terrible, et la situation de la plaine du Nord est déjà critique. L'Inde a quant à elle connu trois périodes de sécheresse grave depuis 2000. Le Brésil n'est pas en reste en matière de crises de l'eau. Le Nordeste vient de connaître sa pire sécheresse depuis plus de 50 ans. En 2012, 90% des stations pluviométriques de la région semi-aride du Nordeste ont enregistré une situation de sécheresse, avec 36% de ces stations présentant les résultats les plus secs jamais enregistrés. Des actions de régulation ont été entreprises, comme la restriction de l'irrigation et le renforcement des contrôles des usages illégaux. Depuis 2012, ce sont aussi les États de São Paulo et Rio de Janeiro (en particulier les régions métropolitaines des deux capitales d'État) qui font face à une sécheresse exceptionnelle, impliquant elle aussi son lot de rationnements, de tensions politiques et sociales et de récriminations visant l'agriculture, grande consommatrice de la ressource

§4.Tensions à venir

Entre 1960 et 2000, les extractions d'eaux souterraines sont passées de 312 à 734 km3/an et la vitesse d'épuisement des stocks a plus que doublé. La surexploitation s'élève au niveau mondial à plus de 100 milliards de m3 par an, principalement en Inde, en Chine et aux États-Unis. Près de 80% de la population mondiale vit dans des zones à haut niveau de menace sur la sécurité hydrique. Le nombre de désastres liés à des sécheresses ou à

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des inondations, la surface totale affectée ainsi que les dommages ont crû depuis 1970, en raison de l'artificialisation croissante des rivières, de l'urbanisation (surtout en zones côtières).

Selon le rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement) « GEO- 5 » (UNEP, 2012), les prélèvements d'eau ont triplé au cours des 50 dernières années, et la demande devrait continuer à augmenter. Les niveaux de demande en eau excèdent en de nombreux endroits l'offre soutenable à moyen et long terme, d'où la probabilité de crises qui s'amplifieront à l'avenir. Selon l'IWMI (IWMI, 2007), la plupart des grands bassins producteurs de produits agricoles sont « clos », leurs eaux sont déjà sur-allouées, 1,2 milliards de personnes vivent dans des régions de rareté physique de l'eau, et ces constats risquent fort de ne faire que s'aggraver. Selon les travaux du 2030 Water Resources Group rapportés dans le World Water Development Report 2015 (WWAP, 2015), la croissance de la demande en eau étant plus rapide que celle de la population, le monde risque de connaître un déficit hydrique de 40% d'ici 2030 selon le scénario climatique Business As Usual. Selon l'approche des « limites planétaires », la limite de consommation d'eau bleue est estimée à 4000 km3/an. Les usages consomptifs s'élèvent aujourd'hui à 2600 km3/an mais la limite pourrait être atteinte dans les décennies à venir.

La définition de seuils quantitatifs de rareté, de seuils minimaux acceptables de disponibilité en eau, n'est pas chose aisée tant elle dépend d'autres facteurs éminemment variables selon le lieu, les techniques et institutions etc. L'indicateur de stress hydrique le plus souvent utilisé est celui de l'hydrologue suédoise Malin Falkenmark, selon lequel il y a absence de stress hydrique à partir de 1700 m3 d'eau par an disponibles par personne. Selon le PNUE, un tiers de la population africaine vit dans des zones exposées à la sécheresse, et presque tous les pays d'Afrique sub-saharienne vont probablement connaître une situation de stress hydrique (moins de 1700 m3 par personne et par an) d'ici à 2025.

L'OCDE définit le stress hydrique comme « sévère » lorsque le ratio de l'utilisation totale par rapport à l'offre renouvelable dépasse 40%, et estime selon ce critère qu'en 2030 près de la moitié de la population mondiale (3,9 milliards de personnes) vivront dans des conditions de stress hydrique sévère. Parmi les facteurs avancés figurent la croissance démographique, la hausse des niveaux de vie, la surexploitation des aquifères, la pollution des eaux, la dégradation des écosystèmes et les changements climatiques. La distinction « eau bleue » et « eau verte » a été proposée par Malin Falkenmark. L'eau bleue

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est celle des rivières, des lacs, des nappes souterraines, distribuée par des canalisations. Elle peut être transportée, mobilisée par l'Homme pour différents usages. L'eau verte est celle qui est contenue dans le sol et disponible pour les plantes. Un usage consomptif se caractérise par le fait qu'il implique que l'eau extraite ne retourne pas dans son milieu d'origine. C'est le cas par exemple avec l'évaporation et la transpiration des plantes. Il existe diverses manières d'approcher l'idée de rareté, stress, ou pénurie hydrique, qui incluent des dimensions économiques, sociales, institutionnelles et autres. Pour une synthèse des indicateurs de stress/pénurie hydrique.

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Conclusion partielle

Ce chapitre s'intitule « l'eau dans le monde » : par là, quatre sections ont fait l'objet d'étude de chapitre ;

La première section s'intitule sur la notion de l'eau, ou nous avons abordé les paragraphes suivants : le climat et l'eau, l'écosystème hydrique, les gaz à effet de serres (GES) : et l'eau, sécheresses et inondations, importance de l'eau et enfin la géopolitique et conflit de l'eau.

La deuxième ensuite analyse la question du problème de l'eau avec deux sections à savoir : l'eau comme ressource stratégique vu son caractère indispensable à sa rareté, et indispensable propreté de l'eau où nous avons parlé de la lutte contre la pollution ainsi que l'enjeu sanitaire : lutte contre les maladies hydriques.

La troisième section parle de l'eau au coeur du conflit au XXIè siècle; ici, nous avons abordé deux points essentiels : celui du conflit autour de l'eau et enfin celui de la question du partage de l'eau.

La quatrième s'élance sur le défi de l'eau Afrique.

Enfin la cinquième qui est la dernière parle des différentes formes des raretés et quelques crises contemporaines hydriques.

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CHAPITRE IV : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE DE
L'EAU : MYTHE OU REALITE

Introduction partielle

La question de la géopolitique congolaise de l'eau est vraiment complexe, voire difficile à saisir si elle est un mythe ou une réalité.

Toutefois, la situation de la sécheresse du lac Tchad pourrait nous permettre d'appréhender cette notion du fait que nous assistons à une sorte d'hydro-diplomatie des pays du bassin du lac Tchad à pouvoir obtenir le transfert de l'eau de la RDC via la rivière vers le lac Tchad qui a perdu presque 90% de ses eaux et que la situation est devenue inquiétante pour les autorités de ces pays du bassin du lac Tchad à savoir : le président Idriss DEBY ITNO, qui, veut à tout prix obtenir l'eau de la RDC même au prix du sang.

L'hydro-hégémonie de la RDC qui a attiré les pays du lac Tchad notamment le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et par défaut la République centrafricaine ont poussé la classe politique congolaise à rester soudée en vue de garder l'eau se trouvant sur leur territoire.

Section 1: La réalité de la géopolitique congolaise

De ce fait, cette étude va nous amener à analyser les pays du bassin du lac Tchad et leur géopolitique sur l'eau de la RDC ainsi que la position de la classe politique congolaise face au projet du transfert de l'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad.

§1. Les pays du bassin du lac Tchad et leur géopolitique sur l'eau de la RDC Ce paragraphe nous amène à analyser les trois points suivants :

La commission du bassin du lac Tchad, la notion du transaqua dans le contexte du lac et de l'eau de la RDC et enfin la situation du lac Tchad.

A. la commission du bassin du lac Tchad (CBLT)

Dans ce paragraphe nous traiterons de la création et mandat, la structure, le cadre institutionnel ainsi que les réalisations de la commission du bassin du lac Tchad.

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1. La création et mandat de la commission

La commission a été créée le 24 mai 1964 à Fort Lamy (N'djamena) par la volonté des chefs d'Etats riverains du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) la république centrafricaine deviendra cinquième Etat membre en 1994.

Les Etats membres, par la mise en place de cette structure affirment leur volonté d'intensifier leur coopération et leurs efforts pour la mise en valeur des ressources du bassin du lac Tchad.52

2. Le mandat de la commission

Pour atteindre cet objectif, le mandat est donné à la commission, c'est entre

autres :

- Préparer des règlements communs permettant la pleine application des principes affirmés dans la convention et le statut ;

- Rassembler, examiner et diffuser des informations sur les projets préparés par les Etats et recommander une planification des travaux communs et de programmes conjoints de recherche dans le bassin ;

- Maintenir la liaison entre les hautes parties contractantes en vue de l'utilisation la plus efficace des eaux du bassin ;

- Suivre l'exécution des études et travaux dans le bassin relevant de la présente convention et d'en tenir informés les Etats membres ;

- Elaborer les règlements communs relatifs à la navigation ;

- Examiner les plaintes et contribuer à la solution des différends ;

- Promouvoir la coopération régionale et la coordination des programmes régionaux

- Planifier, mobiliser et assurer le suivi des projets nationaux ayant des implications régionales.

3. La structure de la commission

La commission est dirigée par :

- Un sommet des chefs d'Etats qui se réunit une fois l'an ; - Une session des commissaires réunie une fois par an

52Anonyme, Commission du bassin du lac Tchad, https://www.riob.com in download.pdf. Consulté le 03/05/2019 à 19h00 38'

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- Un secrétariat exécutif composé d':

> Un secrétaire exécutif

> Un secrétaire exécutif adjoint

> Un contrôleur financier

> Un département administratif et finances

> Un département de la documentation et des technologies avancées

> Un département de la planification et exécution des projets ;

> Un département des ressources en eau et de l'environnement.

4. Le cadre institutionnel de la commission

Le dispositif exécutif de la commission comprend :

- La convention de Fort Lamy et le statut pour la mise en valeur du bassin du lac Tchad. Cette convention fait référence à la charte des Nations-Unies et à celle de l'organisation de l'unité africaine. Ainsi la commission est conçue comme un organisme de coopération sous-régionale.

- L'accord d'ENUGU portant réglementation commune sur la faune et la flore (03/12/77/. Cet accord se veut être une confirmation de la volonté de coopération énoncée dans le statut53.

Les idées forces de ces dispositifs sont

1) L'exploitation optimale des ressources du bassin du lac Tchad (art IV et V du statut) ;

2) La primauté du droit collectif (art V du statut auquel s'ajoute l'accord d'Enugu et celui de Moundou du 21/8/70 ;

3) La représentation égalitaire des Etats dans la composition des différents organes de la commission (deux commissaires par pays, présidence de la commission tournante, un poste statutaire au moins pour chaque Etat. Pas plus de 30% du personnel-cadre par pays, toutes les décisions sont prises à l'unanimité, chaque Etat doit être représenté pour tenir les délibérations ;

4) Le bon voisinage et le règlement pacifique des différends (patrouilles mixtes pour assurer la sécurité, démarcation des frontières dans le lac par les experts nationaux ;

53 Statut de la convention de fort Lamy art IV et V p.3.

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5) Solidarité dans la participation des Etats au financement des programmes de la

commission (Nigérian 52%, Cameroun 26%, Tchad 11%, Niger 7%, RCA 4%).

5. Les réalisations

La CBLT a réalisé de nombreux projets à caractère national et régional dans le but de satisfaire les besoins de la population de la zone et surtout de comploter et augmenter les connaissances sur les ressources en eau disponible dans le bassin du lac Tchad.

De 1964 à 1989

- Possibilité de l'usage économique des eaux souterraines dans le bassin du lac Tchad ; - Aménagement hydraulique des zones aérées ;

- Réalisation des puits et forages dans la zone du lac Tchad ;

- Inventaire des potentialités des ressources naturelles du bassin du lac Tchad à partir de 1990 ;

- Etude diagnostique de la dégradation de l'environnement du bassin du lac Tchad.

1) Planification des ressources en eau du bassin du lac Tchad

2) Suivi et gestion des ressources en eaux souterraines dans le bassin du lac Tchad

3) Gestion des eaux souterraines dans les formations Chari-Logone pour un développement durable du bassin du lac Tchad.

Le rôle de coordination de la commission s'exerce dans toute ses activités par des réunions de coordination et de concertation avec les Etats organisés chaque année sur :

1) Les actions zoo-sanitaires aux frontières des Etats membres ;

2) Protection des végétaux et lutte contre la sècheresse ;

3) Comité technique pour les ressources en eau.

La partie de commission du bassin du lac Tchad ainsi étalée, nous passons sans plus tarder celle de la notion du transaqua dans le contexte du bassin du lac Tchad et de l'eau de la RDC.

B. La notion du Transaqua

Ce paragraphe va se pencher sur le transaqua, en l'occurrence sa définition, son histoire, ses buts recherchés, son projet de 1992, ses détails approfondis, son évolution et ses critiques et controverses.

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1. Définition

Le transaqua est un projet de transfert d'eau inter bassins au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad et ce par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve chari principal tributaire du lac.

Longtemps en sommeil, ce projet connait au début de XXIè siècle une brusque regain d'intérêt étant donné l'urgence des problèmes qu'il est censé régler.

2. Histoire

L'idée avait déjà été soulevée par les soviétiques dès les années 1970, à la suite de la grave sécheresse qui sévit alors au sahel africain et qui avait fait passer la surface du lac Tchad de quelque 22000km2 à environ 8000km2 en peu de temps. La crise, qui fit grand bruit à l'époque semblait ne pas se régler et avoir des conséquences irréversibles de désertification de larges surfaces cultivables et cultivées jusqu'alors.54

Bientôt les craintes des scientifiques sur l'effet de serre commencèrent à se

répandre.

Simultanément, les précipitations semblaient augmenter dans la zone de forêt tropicale humide de l'Afrique, et notamment dans le bassin versant du Congo. Les observations faites au Cameroun montrent d'ailleurs actuellement une extension de la zone des forêts vers le nord, et ce depuis plusieurs décennies.

L'idée fit alors son chemin d'un grand transfert d'eau, à partir des régions excédentaires du bassin versant du Congo vers les zones déficitaires du Sahel, entre les affluents nord du Congo et le bassin versant du chari et ce à travers la ligne de partage des eaux.

C'est en 1972 que Francisco Curato, CEO de BONIFICA SPA, une parmi les plus importantes sociétés d'ingénierie du groupe public IRI-ITALSTAT, conçoit la première une hypothèse du projet.

Un document de 1982, rédigé par Marcello Vichi avec l'autorisation du CEO RENZO ROSI, comprit les études et le conseil des agences internationales; Cinq cents copies

54 Henri Jacques-Félix, la vie et la mort du lac Tchad : rapport avec l'agriculture et l'élevage » in bulletin agronomique, n°3, 1947, p.43

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en trois langues avec l'indication BONIFICA SPA-IRI-ITALSFAT, firent distribuées aux pays intéressés, aux autorités italiennes et à de nombreux organismes internationaux.

3. Buts recherchés

Le but principal de ce transfert serait premièrement de restaurer et stabiliser la surface du lac Tchad, selon sa superficie des années 1960, et permettre l'irrigation de surface encore plus vaste qu'alors dans la région, ce qui comprend aisément des zones cultivées bien plus étendues qu'autrefois.

Deuxièmement, ce transfert permettrait une importante production d'énergie hydroélectrique et aussi, on créerait aussi une importante voie navigable reliant le bassin du lac Tchad avec le réseau du fleuve Congo et, ultérieurement, les grands lacs d'Afrique de l'Est.

4. Le projet de 1992

En 1992, la société d'ingénierie italienne Bonifica SPA formalisa à nouveau son projet, dans le but d'influer sur les participants au sommet de Rio de Janeiro. La brochure publiée s'intitulait : « Transaqua : une idée pour le Sahel ». C'était à l'époque des grands projets de transfert d'eau. Mais très vite l'intérêt par rapport aux problèmes de l'Afrique diminua, ce qui empêcha le financement d'études plus poussées destinées à vérifier la faisabilité du projet, lequel tomba en sommeil.

5. Les détails sur le projet transaqua

Il s'agit de barrer les cours de plusieurs rivières importantes du nord-est de la RDC (ex-zaïre) au moyen de barrage de régulation et de soustraire une partie de leurs débits par un canal qui conduirait ces eaux vers la ligne de partage des eaux, à environ 600 mètres d'altitudes.

Une fois franchi ce seuil, les débits se trouvent acheminés, toujours par canal, dans le lit du Chari, et finiraient par alimenter par simple gravité le lac Tchad, ainsi que des diverses surfaces irriguées (à équiper) dans les zones Sahéliennes des pays riverains du lac.

La différence de niveau entre les 600 mètres de la ligne de partage des eaux et les 280 mètres d'altitudes du lac permettrait d'installer des barrages avec les usines hydroélectriques. Enfin l'ensemble constituerait une voie navigable importante.

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Le volume de prélèvement prévu serait de l'ordre de 100 milliards de mètres cubes d'eau annuellement, c'est-à-dire plus ou moins 3150m3/s, débit qui ne nuirait pas trop au régime du fleuve Congo (puisqu'il ne s'agit que de quelque 8% de son volume d'écoulement. Il s'agit cependant d'énormes quantités. Ce débit prélevé serait en effet supérieur à la moitié du volume d'eau produit naturellement chaque année en France Métropolitaine (178,5 milliards de mètres cubes), ou égal à celui produit annuellement en Allemagne (107,5 milliards de mètres cubes), ou encore équivalent à deux fois le débit annuel du Nil au Caire, et nettement supérieur à celui du Rhin dans son cours inférieur.

Le canal serait suffisant pour irriguer six à sept millions d'hectares outre la stabilisation de la surface du lac Tchad il produisait quelque 30 à 35 milliards de kilomètres par an.

Les travaux pourraient se réaliser par tranches successives, en commençant par les tributaires des bassins de l'Oubangui, de l'Aruwimi, du Lindi et du Lowa, tous affluents de droite du Congo, dans le quart Nord-est du Congo Kinshasa et le sud de la Centrafrique. La longueur totale du canal serait de plus ou moins 2400 kilomètres.55

6. Evolution récente du projet transaqua

Deux projets différents sont actuellement sur la table, tous deux prévoyant le transfert d'une partie des eaux de l'Oubangui par un canal de 1350 kilomètres.

Il est à noter qu'avant tout, il fallait convaincre la RD Congo et le Congo-Brazzaville d'accepter le projet, le cours d'eau à détourner (l'Oubangui) prenait sa source en RDC puis formant frontière avec la république du Congo puis avec la république centrafricaine. L'accord du Congo Brazza est chose faite depuis 2005, avec la signature d'un accord par les présidents Denis Sassou Ngwesso (Congo Brazza) Idriss Deby (Tchad) et François Bozize (RCA).

En mars 2006, le Nigéria, le Niger et le Tchad sont tombés d'accord pour aller de l'avant et financer des études pour transférer une partie des eaux de l'Oubangui.

L'étude de faisabilité nécessite des moyens importants et le Nigéria puissance pétrolière donc financière de la région, est prêt à y affecter cinq millions de dollars. Les quatre

55 Anonyme, projet transaqua, https://www.wikipedia.org/wiki/1700 3611 consulté le 29/04/2019

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autres membres de la commission du bassin du lac Tchad (CBLT) apporteront ensemble un sixième de million.

En 2009, la firme canadienne CIMA international, obtient un contrat de vingt-huit mois pour réaliser l'étude de la faisabilité du projet entièrement financée par les pays membres de la CBLT pour un montant de 5,5 millions d'US. A la fin de ces travaux, cette firme intègre dans ses conclusions les travaux relatifs aux études d'impacts du projet transaqua sur une partie du bassin du fleuve Congo tel que recommandés la CICOS dont la RDC est membre.

Du 29 au 31 octobre 2010, le Tchad et la CBLT organisent à N'Djamena le « Forum mondial du développement durable sur la sauvegarde du lac Tchad ». Parmi les propositions adoptées lues par le docteur Abdullah Umar Gandja, secrétaire exécutif de la CBLT, on note les positions suivantes :

- Inscription du lac Tchad au patrimoine mondial de l'humanité ;

- Travaux d'aménagement de désensablement et de transfert des eaux de la rivière Oubangui vers le lac Tchad ;

- Confirmation du début des études de faisabilité, malgré les difficultés financières de la CBLT.

En 2012, l'institut Schiller, propriété de madame Helga Zepp Larouche (épouse du célèbre milliardaire Américain de la fondation Larouche) renouvelait son soutien au projet Transaqua dans son élogieux article publié dans «exécutive intelligence review». En effet, cet institut considère le projet transaqua comme « le début d'une renaissance africaine » et d'une « révolution Bleue ».

Le 4 et 5 avril 2014, une conférence sur le projet transaqua s'est tenue en Italie respectivement dans les villes de Bologne et Rimini, il s'agissait d'une table ronde des bailleurs de fonds pour le financement du plan quinquennal d'investissement 2013-2017 de la CBLT.

Le ministre de l'environnement, conservation de la nature et tourisme de la RDC interrogé au sujet du projet de transfert de l'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad, a avoué que son pays était tenu à l'écart de la rencontre en Italie.

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7. Critiques et controverses

Le Word wide Fund of Nature (fond mondial pour la nature, en sigle WWF) d'un commun accord avec les pays riverains du lac Tchad, a classé entre 2001 et 2010 près de 2,6 millions d'hectares de zones humides autours du lac comme «aires protégées pour les oiseaux migrateurs pour l'ONG américaine du développement durable, le projet transaqua représente une menace pour ces aires protégées autour du lac Tchad.

En juillet 2013, madame Christina Muscardini, députée européenne, a posé les questions concernant le projet transaqua, du mois d'aout 2013, la commission de développement de l'union européenne, M. Andris Pibalgs répondant à une question écrite de juillet de la même année écrivait : « l'union européenne est au courant de l'existence d'un projet de transfert d'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad (Transaqua). Des études de faisabilité préliminaires ont cependant indiqué que le projet comporterait des risques environnementaux majeurs ».56

§2. La situation du lac Tchad

Dans ce paragraphe, nous traiterons du lac Tchad : sa géographie, sa forme et flore, son évolution, son climat et son projet de transfert d'eau depuis le bassin du Congo des années 1930, 1980 est celui de 1990.

Le lac Tchad est un grand lac peu profond d'Afrique dont les eaux sont douces, ce qui est rare pour un lac endoréique, c'est-à-dire dont les eaux ne rejoignent par l'océan ; son rôle économique est très important, car il doit fournir l'eau à plus de 40 millions de personnes des quatre pays limitrophes le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria.

1. Géographie

Le bassin hydrographique du lac est théoriquement de 2.380.000km2. Le principal apport en eau provient à 90% du fleuve Chari et de son affluent Logori, tous deux issus des montagnes de la république centrafricaine. Le Komadougou Yobé issu du Nigeria est affaibli par la présence de deux barrages qui ont fait chuter son débit de 7km3 à 0,45km3 par an.57

56 Jean-Paul LE BEUF, Carte archéologique des abords du lac Tchad : Cameroun Nigeria, Tchad, éd la découverte, Paris 2002, p.12

57Anonyme, «Le lac Tchad » https://www.ambatchad.paris.org, consulté le 11 janvier 2017.

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Jadis l'un des plus grands lacs du monde, le lac s'est réduit considérablement pendant les quatre dernières décennies. Dans les années 1960 il couvrait un secteur de plus de 26.000km2. en 2000, il était tombé à moins de 1500km2. Le déficit de pluviosité combiné à une plus grande utilisation des eaux du lac t des rivières pour l'irrigation. Sa faible profondeur qui est au maximum de 7metres, le rend fragile et très dépendant des fluctuations saisonnières. La navigation y est désormais impossible.

A la suite du recul du lac Tchad dans les années 1970-1980, les nouvelles terres émergées, encore humides, ont permis d'entreprendre des cultures très productives surtout au sud du lac, côté Tchadien. Les terres irriguées représentent 135000 hectares, dont 100.000ha au Nigeria.

Même s'il demeure encore l'un de plus grands lacs d'Afrique, le lac Tchad est dix fois plus petit qu'il y a cinquante ans : 25000km2 en 2004. Un projet de grande envergure, dénommé transaqua regroupant le Cameroun, le Nigeria, le Niger la république Centrafrique et le Tchad. Vers le lac, via le fleuve Chari et son affluent Logone. L'opération est loin de faire l'unanimité certains craignant ses impacts négatifs sur la biodiversité de l'Oubangui et du bassin du Congo. Par ailleurs, le mauvais état de l'Oubangui dont les eaux baissent dangereusement, plaide en faveur des opposants au Transaqua.

2. Faune et flore

Le bassin versant du lac compte 179 espèces de poissons, le lac lui-même en

compte 85.

Il y a des nombreuses îles flottantes sur le lac abritant une grande diversité d'espèces. Parmi ces espèces se trouvent notamment des éléphants, des hippopotames, des crocodiles ainsi qu'une grande communauté d'oiseaux migrateurs comprenant des combattants variés et des nombreuses espèces de canards. Deux espèces d'oiseaux sont presque endémiques à la région, la prima aquatique et l'alouette rousse.

La végétation bordant le bassin du sud est majoritairement composé de Papirus, de Phragmites marritianus et de vossia cuspidat. Le bassin du nord légèrement plus salé est bordé de roseau commun et de Typha australis.

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3. Evolution

Le niveau du lac est très haut pendant tout le XVIIè siècle : le Bachir el-Ghazal est un cours d'eau permanent à cette période.

Le niveau varie fréquemment du début du XVIIIè siècle à nos jours : point bas vers 1770, point haut vers 1810, nouveau point bas vers 1840 nouveau point haut 1880, en 1908, le lac n'était plus qu'un marécage avec deux petits bassins au nord et au sud, puis son niveau augmente.

- En 1963, le lac couvre, selon les sources de 22903 à 25.000km2

- En 2001 sa superficie descend à moins de 2500

- En 2008, ses dimensions sont de 30km sur 40m à l'embouchure du fleuve Chari-(Logone). Le lac Tchad couvre moins de 10% de la surface qu'il occupait dans les années 1960.

La récente diminution massive de la superficie du lac est principalement due à des pluies plus rares, des sécheresses dramatiques 1973, 1984, 2008) et le déboisement.

Beaucoup de riverains sont défavorables à sa remise en eau, l'assèchement ayant mis à nu des terres fertiles dont ils tirent de bons revenus.

4. Climat

Le climat autour du lac est chaud et sec avec des précipitations très variables de 94 à 565mm annuels dont 90% tombe entre juin et septembre. La rive sud est plus humide que le nord. Bien que l'évaporation soit importante surtout durant la saison sèche, la solidarité du lac n'augmente guère, les eaux les plus chargées en sel quittant le lac par le sous-sol.

§3. Projet de transfert d'eau depuis le bassin du Congo

Pour sauver le lac Tchad, un ancien projet a été réactualisé au début du XXIè siècle, celui du Transaqua. Il s'agit d'un projet de transfert d'eau inter bassins, au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad et ce par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve Chari.

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1. Projet des années 1930

Face au risque d'assèchement du lac dès l'entre-deux-guerres, les autorités coloniales avaient commencé à échafauder un projet de raccordement depuis le Congo, projet baptisé à l'époque « atlanthrope ». Ce projet a finalement été abandonné après la seconde guerre mondiale et les décolonisations.

2. Projet des années 1980

Au début des années 1980, c'est une société italienne (Bonifica) qui propose un projet de transfert des eaux du fleuve Congo et la rivière Oubangui par un canal de 2400km : le projet est baptisé « Transaqua » Ce projet peu fédérateur, ne verra finalement jamais le jour.

3. Projet des années 1990

Le projet d'origine italienne formalisé au début des années 1990 prévoyait de barrer les cours de plusieurs rivières, importantes du nord-est de la RD Congo au moyen de barrages de régulation et de soustraire une partie de leurs débits pour les amener vers un lac artificiel construit sur l'Oubangui en amont de Bangui et le transférer ensuite vers le lac Tchad via le fleuve Chari.

Comme nous l'avons déjà mentionné ce projet nécessite en préalable l'accord de la RDC et de la république du Congo. Cette dernière (Congo-Brazza) donne son accord en 2005. En revanche la RDC ne s'est pas encore prononcée officiellement en termes d'accord ou de désaccord vis-à-vis du projet puisque aucune demande officielle ne lui a été formulée concernant le transfert des eaux de l'Oubangui vers le lac Tchad, elle n'a adhéré au projet qu'en tant qu'observateur en 1994 et en 2017.

Il fallait attendre vers l'année 2015, que modeste MUTINGA publie son livre « la guerre de l'eau aux portes de la RDC » que la classe politique congolaise et la société civile affichent leurs attitudes et propos de refus catégorique du transfert de l'eau.

Ceci nous amène directement au paraphe suivant.

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§3.La position de la classe politique congolaise face au transfert de l'eau

La république démocratique du Congo n'a pas signé, dimanche 29 avril 2016, un protocole d'accord sanctionnant la fin du premier sommet du Fonds bleu du bassin du Congo, à Brazzaville pour la simple raison de n'y avoir pas été invité.58

Ce doit être le seul sujet qui mette tous les congolais d'accord, affirme Marie France Cros, majorité présidentielle comme opposition : on ne le dépouillera pas de l'eau du fleuve Congo et surtout pas sans le consulter. Or, c'est bien ce qui s'est fait du 26 au 28 février dernier à Abuja (Nigeria).

En l'absence de la RDC mais en présence de l'UNESCO et de représentants de la Libye, du Gabon et de Centrafrique, les dirigeants des pays de la CBLT ont décidé de relancer un vieux projet italien des années 70, à savoir le Transaqua.

Les spécialistes sont loin d'être d'accord avec cette assertion et les congolais, y sont carrément opposés. Toutes les rivières congolaises sont liées au bassin du Congo. La seule rivière qui ne fasse pas partie du bassin du Congo, la semliki, à la frontière Ougandaise qui coule vers le Nil.

Les spécialistes souligne en outre que le bassin du Congo est le deuxième poumon de la terre après l'Amazonie ; qu'il constitue une réserve de carbone d'importance mondiale pour la régulation des gaz à effet de Serre, qu'il assure la régulation du climat de l'Afrique centrale qu'il est une biodiversité exceptionnelle, que 200 millions de personnes y vivent (contre 40 millions dans le bassin du lac Tchad).59

1. Polémique à Kinshasa

Le projet Transaqua a soulevé des polémiques en RDC. Auteurs en 2016 du livre « la guerre de l'eau aux portes de la RDC » l'éditeur du potentiel et sénateur d'opposition honoraire Modeste MUTINGA a réagi de manière carrée : « on ne doit pas chercher à résoudre un problème dans un coin et en créer un ici, en RD Congo » a-t-il déclaré à l'AFP. Félix TSHISEKEDI, alors autrefois chef du principal parti de l'opposition y voit « un risque pour la stabilité du pays », de l'autre côté de l'échiquier politique, le député de la

58 Marina Bertancur et Andrea Pirse autour du lac Tchad. Enjeux et conflits pour le contrôle de l'eau, Harmattan, Paris, 2012, p.360

59 Marie-France CROS, Les congolais unis pour garder l'un de leur territoire, https://www.afrique. La libre.be, consulté le 29/04/2019 à 10h05'

60 Lucien DIANZENZA, Le gouvernement congolais s'oppose au projet du transfert de l'eau de la rivière Ubangui, https://www.adiac-congo.com, consulté le 01/05/2019 à 01h08'

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majorité présidentielle Patrick KAKWATA a qualifié le projet Transaqua de « danger pour la république ». Le 4 avril, le ministre congolais de l'environnement, Amy Ambatobe avait déclaré devant le parlement que ce projet risquait de mettre en péril l'agrandissement du barrage d'Inga, dit « Grand Inga ».

En Mars 2017, l'administrateur directeur technique honoraire de la régie des voies fluviales de la RDC, Jean-Pierre MUONGO soulignait dans un rapport que des études climatiques de la NASA montraient clairement que la tendance était à l'augmentation des pluies dans le bassin du lac Tchad et à une diminution dans les années à venir dans celui du Congo, déjà la décrue du Congo affecte le fonctionnement du barrage d'Inga (RDC) tandis que l'Oubangui n'est plus navigable que 4 mois par an au lieu de 12.

Certains à Kinshasa, ne manquent pas de comparer cette manière de décider de l'utilisation des ressources du Congo sans consulter le Congo à celle de la conférence de Berlin de 1885 où les puissances européennes se partagèrent l'Afrique.

Le 29 avril 2017, le ministre congolais de transport José MAKILA, a bien montré le mécontentement des congolais en refusant de signer le protocole de Brazzaville.

2. La position du parlement : le sénat

Les membres de la chambre basse du parlement qui s'alignent derrière les positions du gouvernement et de l'assemblée nationale, craignant les conséquences pour le pays et son environnement, face à ce transfert des eaux de la rivière Oubangui vers le lac Tchad, relèvent un « complot africain contre la RDC » et proposent d'autres pistes de solution.

Dans la plénière du sénat sur l'examen du rapport de la commission environnement, ressources naturelles et tourisme portant sur cette question, le sénateur NKOLO WA POMBO a d'ailleurs, repéré une « diplomatie offensive » pour faire valoir la position de la république démocratique du Congo sur ce sujet : « c'est un problème qui concerne tout le pays et qui intéresse au plus haut point la RDC, nous devons faire valoir nos arguments auprès de tous les partenaires » a-t-il précisé.60

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Cette chambre du parlement a plutôt invité le Tchad à investir les quinze milliards de dollars destinés à ce projet pour développer le projet grand Inga, qui pourra faire que la RDC transfère l'électricité ainsi produite vers le Tchad afin d'alimenter des usines désensablement des eaux à partir de l'embouchure.

La position du sénat fait suite à celle prise par le gouvernement de l'assemblée nationale, opposée également à ce projet de transférer les eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad.

Les craintes ici, ont notamment que ce projet priverait la RDC de son approvisionnement en eau et pourrait entrainer d'autres conséquences environnementales. « Il n'est pas question pour la RDC de transférer les eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad » avait précisé le ministre de l'environnement et du développement durable, Amy-Ambatobe, lors d'un débat à l'assemblée nationale avait laissé entendre que le gouvernement congolais s'apprêtait à saisir le conseil de sécurité pour signifier officiellement cette position de la RDC.

La députée Eve Bazaiba, secrétaire de la commission adhoc qui s'occupe du projet Transaqua lié au transfèrement des eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad, à noter que cette question était très délicate. Pour elle, cette épreuve « pourrait provoquer une nouvelle guerre contre la RDC ». Ces propos viennent de s'ajouter à ceux tenus par le président Idriss Deby disant : « degré ou de force nous allons prendre l'eau de la RDC ».

Section 2 : le mythe de la géopolitique congolaise de l'eau

Cette section qui traite du mythe de la géopolitique congolaise sera comprise que si et seulement si nous analysons la question d'utilisation de l'eau en RDC incluant le cadre institutionnel.

Avec le fleuve Congo dont le bassin versant incorpore de manière assez étroite la totalité du pays un débit moyen de 45.000m3/s (1.260km3/an), et des précipitations abondantes et régulières, la RDC n'est pas dépourvue d'eau. Les eaux de surface de la RDC représentent environ 52 pourcent des réserves en eau de l'Afrique. Cependant, l'abondance en eau contraste nettement avec l'approvisionnement effectif, estimé en 2000 à seulement 7m3 par individu par an lorsque la quantité d'eau disponible par individu est estimée à 19.967m3

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(2008). L'utilisation d'eau en RDC par habitant considérablement plus faible que celle de plusieurs pays arides du Sahel faisant face à un problème de pénurie physique d'eau.

Le prélèvement en eau douce vont principalement à un usage domestique (52%), le secteur agricole bénéficiant des précipitations abondantes a recouru à une agriculture pluviale et ne nécessite que de très peu de prélèvements supplémentaires en eau pour l'irrigation (32%), les prélèvements, à destinations de l'industrie sont faibles (16%), le taux d'exploitation des ressources renouvelables en eau est bas (0,04%). En 2000, FAO Aquastat a estimé que les prélèvements totaux d'eau s'élevaient à 356 millions de m3 pour cette année 2018.

A titre de comparaison, c'est un dixième de la quantité d'eau prélevée sur la même période par la seule centrale nucléaire de Saint-Alban en France (3668 millions de m3) ou 1% des prélèvements en eau de la France (33 milliards de m3 pour la France métropolitaine.61

Malgré l'abondance des eaux de surface, la grande majorité de la population congolaise dépend des nappes phréatiques et des sources pour s'approvisionner en eau potable. On estime que les nappes phréatiques représentent presque 47 pourcent (421km3/an) des ressources hydriques renouvelables de la RDC. L'Aquifère du bassin du Congo fait partie des 37 plus grands aquifères du monde, a dépassé son seuil de durabilité et est en déplétion.

§1.Ressources en eau douce et approvisionnement en eau

Comme dit précédemment, la RDC est le pays le plus riche en eau d'Afrique. Il représente environ 52% des réserves de surface de l'Afrique et 23% des ressources en eau renouvelables intérieures de l'Afrique.62

Les ressources en eau douce renouvelables par habitant ont été estimées à 19.967m3/personne/an en 2008. Quand la moyenne mondiale de consommation d'eau est 1240m3/individu cette valeur est nettement supérieure à la limite de suffisance en eau reconnue internationalement de 1700m3/personne/an.

La RDC a des précipitations annuelles moyennes d'environ 1646 mm/an, variant dans l'espace et le temps (800-1800mm/an). De plus la RDC possède une autonomie

61 FAO, Aquastat de 2000 sur le rapport des ressources renouvelables en eau, https:// www.ONU.fao

62 Anonyme, L'utilisation de l'eau en RDC, https://fr.m.wikipedia.org/wiki, consulté le 21 mai 2019

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d'eau considérable puisque 70% de ses ressources en eau renouvelables sont générées en interne par les précipitations. L'abondance des ressources en eau en RDC est liée à la vaste couverture forestière qui s'étend sur 155,5 millions d'hectares.

Les ressources en eaux de surface de la RDC sont dominées par le fleuve Congo et ses affluents. Avec un débit moyen d'environ 45.000m3/s le fleuve Congo a le deuxième plus grand débit au monde.

Le bassin du fleuve Congo représente 98% de la superficie du pays et fournit au pays l'un des plus vastes réseaux fluviaux au monde. La qualité des eaux de surface est généralement très bonne, à l'exception des points chauds de pollution localisée dans les centres urbains et à proximité des exploitations minières. Les qualités élevées de l'eau résultent principalement de la forte capacité de dilution du réseau hydrographique qui, de la faible densité de population et de la prédominance des activités humaines appartenant au type de subsistance, avec un impact minime sur l'environnement.

Les rivières et les lacs représentent environ 3,5% de la superficie de la RDC.

On estime que les eaux souterraines représentent environ 47% des ressources en eau renouvelables internes de la RDC. Les sources situées dans les forêts denses constituent la principale source d'approvisionnement en eau pour la majorité de la population. Cependant, les informations sur l'étendue et la qualité des ressources en RDC sont rares. Des simples sources coptées sont couramment utilisées pour l'approvisionnement en eau dans les villages disposés et les zones peri-urbaines. L'approvisionnement en eau à grande échelle à partir des sources à travers les réseaux de distribution est utilisé dans les nombreuses villes y compris Béni, Bunia, Lisala, Lubumbashi, Kisangani et Mbuji-Mayi ; l'approvisionnement en eau des puits forés en profondeur est limité à un faible pourcentage de la population. La plupart des quelques 1000 puits ont été construits entre les années 1960 et 1990 et ont des rendements compris entre 15 et 80 m3/h. les puits de pompage manuels et mécaniques et les puits creusés représentent environ 10% de l'approvisionnement en eau potable.

En 2015, environ 1 million de personnes n'avaient toujours pas accès à de l'eau améliorée. En 2015, 76% de la population avait accès à une source d'eau « améliorée » respectivement 96% et 40% dans les zones urbains et rurales.

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§2.Utilisation de l'eau

Les prélèvements d'eau par personne ont été estimés à 7m3/personnes/an 2014, ce qui indique un faible niveau de mobilisation des ressources en eau (moins de un pourcent). La consommation d'eau par habitant en RDC est considérablement inférieure à celle de nombreux pays arides du Sahel, qui connaissent un problème physique de pénurie d'eau. L'eau est principalement utilisée à des fins domestiques, représentant 52% du total des prélèvements d'eau en RDC.

L'agriculture (agriculture pluviale essentiellement, mais aussi irrigation) représente 31% du total des prélèvements d'eau, suivie par l'industrie avec 16%. La pêche, la production d'hydroélectricité et la navigation sont d'autres utilisations importantes de l'eau en RDC, qui ne sont généralement pas inclues dans les statistiques sur l'utilisation de l'eau.

Le prélèvement d'eau en RDC devrait augmenter de manière significative d'ici 2025. L'utilisation domestique, l'agriculture et l'industrie devrait respectivement être de 47,0%, 375% et 225%, cependant, la consommation d'eau d'ici 2025 ne représenterait encore que 16% des ressources en eau douce renouvelables de la RDC.

§3.Crise de l'eau en RD Congo

Bien que la RD Congo (RDC) dispose des plus grandes ressources en eau douce d'Afrique, elle souffre d'une grave crise d'approvisionnement en eau potable. Le pays a l'un des taux d'accès à l'eau potable les plus faibles de l'Afrique subsaharienne. Seulement 46% de la population avait un accès à une source d'eau potable en 2012. En outre, la couverture de l'assainissement était estimé à seulement 31% en 2012. Les informations actualisées et précises sur les services d'approvisionnement en eau et d'approvisionnement en eau et d'assainissement en RDC sont rares. En raison des services d'approvisionnement inadéquats, des nombreux habitants souffrent de maladies d'origine hydrique, notamment la diarrhée, la typhoïde et le choléra.

La crise actuelle de l'eau résulte de la dégradation de l'infrastructure hydraulique due au sous-développement investissement dans le secteur de l'eau et à la destruction liée au conflit, ainsi que de la croissance rapide de la population, estimée à 4% dans les zones rurales par la banque mondiale en 2009. Dans l'ensemble, le secteur de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement de la RDC se caractérise par plusieurs juridictions institutionnelles qui se chevauchent et se contredisent. Par conséquent, la crise de

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l'eau en RDC peut être considérée comme un problème de pénurie d'eau économique, entravant le développement du pays. L'article 48 de la constitution de 2006 de la RDC reconnait le droit humain à l'eau.

La réhabilitation et le développement du secteur de l'eau est une priorité à laquelle le gouvernement national s'est engagé dans les stratégies de croissance et de réduction de la pauvreté et à laquelle a adhéré dans le cadre international des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

§4.Structure du secteur de l'eau

Le développement et la réhabilitation du secteur de l'eau sont une priorité pour laquelle le gouvernement national s'est engagé dans le document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSCRP I et DSCRP II) et dans le cadre international des objectifs du millénaire pour le développement. La gouvernance du secteur de l'eau en RDC est structurellement faible et caractérisée par des mandats institutionnels qui se chevauchent et se contredisent. La capacité de mise en oeuvre est le principal facteur limitant du développement dans le secteur de l'eau.63

Des flux d'acte importants ont été mobilisés pour la réhabilitation des infrastructures d'approvisionnement en eau, mais en raison de dysfonctionnements institutionnels et administratifs, de faibles capacités et d'infrastructures de soutien, de logistique et de services économiques, l'utilisation des fonds a été considérablement ralentie.

Dans les projets publics, l'utilisation des investissements est généralement inférieure à 50%. En outre, d'autres investissements financiers sont nécessaires pour une réforme globale du secteur de l'eau.

1. Cadre institutionnel

La cadre du secteur de l'eau en RDC est reparti entre plusieurs ministères et organisations. Le ministre de la planification est responsable de l'élaboration et du suivi des stratégies de croissance et de réduction de la pauvreté définies. Sous l'autorité du comité national de l'eau et de l'assainissement (CNEA), il est chargé de l'élaboration et du suivi des politiques de la coordination des ministères et de la coopération avec les partenaires de développement du secteur de l'eau.

63Anonyme, structure de secteur de l'eau, https :// fr.m.wikipedia.org/wiki du 23 mai 2019

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La coopération étatique de REGIDESO est chargée de fournir des services d'approvisionnement en eau dans les zones urbaines. Elle opère sous la supervision administrative et financière du ministère des finances et sous la supervision technique relève du ministère du développement rural et est responsable du développement des services d'approvisionnement en eau potable en zones rurales et urbaines. Le ministère de la santé publique est également impliqué dans le secteur de l'eau en milieu rural à travers le programme «villages assainis et écoles assainies » soutenus par l'UNICEF, et conçus pour impliquer les communautés rurales dans le développement de services améliorés d'eau potable et d'assainissement.

2. Assistance internationale et ONG

L'assistance internationale joue un rôle important dans le développement du secteur de l'eau en RDC. L'aide internationale est estimée à 62 millions de dollars par an, ce qui correspond à environ 95% du total des investissements. Les projets financés visent principalement à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement des Nations Unies et les stratégies nationales de réduction de la pauvreté.

Les investissements internationaux ciblent également les secteurs de l'eau urbains et ruraux. Dans les zones péri urbaines et rurales, l'aide internationale représente la quasi-totalité des investissements totaux.

Dans le cadre des efforts humanitaires et de secours d'urgence pendant la période de conflit, des ONG internationales et nationales ont mis en place une multitude de projets de services d'approvisionnement en eau dans les zones reculées et négligées par les efforts gouvernementaux.

Cependant, ils sont souvent mal coordonnés et se concentrent sur des activités conçues pour améliorer immédiatement l'approvisionnement local en eau, mais ne disposent pas de structure de gestion suffisante pour entretenir l'infrastructure dans le futur.

3. La réforme du secteur de l'eau

Le secteur de l'eau fait actuellement l'objet d'une réorganisation par une réforme gouvernementale lancée en 2006, avec l'aide de partenaires de développements internationaux, en particulier le projet allemand de réforme de l'eau de la GIZ. En 2010, le gouvernement de la RDC a adopté un code de l'eau complet axé sur les objectifs de développement national, qui fournit un cadre législatif national pour la gestion durable de

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l'eau. La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) est un principe fondamental énoncé dans le code de l'eau, qui vise à établir un processus structuré permettant de concilier les intérêts des différentes parties prenantes. Les concepts clés comprennent un système de zonage des terres pour assumer la protection des ressources stratégiques en eau potable et de leurs bassins versants : le principe de l'utilisateur-payeur, le principe du pollueur-payeur, le principe de précaution, le principe de subsidiarité, le dialogue et la consultation publiques.64

Le gouvernement de la RDC va également publier un plan d'action pour le développement du secteur de l'eau potable d'ici à 2020. L'objectif du plan d'action est d'assumer la mise en oeuvre de la réforme du secteur de l'eau par conséquent, il sert également à harmoniser les interventions des donateurs internationaux et à préserver l'orientation de leurs activités autour du programme national.

La transformation structurelle du secteur de l'eau est un aspect essentiel de la réforme de l'eau. Il comprend le remplacement du CNAE, par un conseil national de l'eau, qui aura pour mandat de diriger l'ensemble du secteur de l'eau sur base d'une approche GIRE, la création des conseils provinciaux de l'eau, des comités locaux de l'eau et d'associations d'usages de l'eau dans le cadre de l'approche décentralisée et la création d'agences responsables de la gestion des ressources en eau au niveau des bassins versants et des sous-bassins. En outre, la REGIDESO est soumise à la transformation en une entreprise publique commerciale.

§5.Les problèmes clés dans le secteur de l'eau

Seulement 46% de la population de la RDC avaient accès à une source d'eau potable améliorée en 2012. Contre une moyenne de 60% en Afrique subsaharienne. La couverture d'assainissement était estimée à seulement 31% en 2012. Le manque d'eau potable et les mauvaises conditions sanitaires représentent un risque majeur pour la santé publique. La mortalité des enfants de moins de cinq ans était estimée à 11,9% en 2015 contre 9,2% en Afrique subsaharienne, avec une prévalence élevée des maladies d'origine hydrique telles que la diarrhée, le choléra, la dysenterie et la fièvre typhoïde.

Il y a un écart géographique majeur dans la disponibilité de l'eau potable 79% de la population urbaine ayant accès à l'eau potable contre 29% de la population rurale et péri urbaine. Cependant, dans des nombreuses régions de la RDC, l'accès à l'eau potable était

64 Michel BOURGIGNON, Image de la terre, Edition revue corrigée, 2011 p.68

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inférieur à 9% en 2011. Le niveau d'accès aux installations sanitaires améliorées est très faible, mais comparable dans les zones rurales (29%). Les investissements financiers sont nettement orientés vers les zones urbaines, 85% du financement total étant affecté au développement du secteur de l'eau en milieu urbain, bien que la population rurale comprenne environ 58% de la population totale en 2014.

1. Secteur de l'eau urbain et péri urbain

Bien que l'accès à l'eau potable soit nettement plus faible dans les zones rurales que dans les zones urbaines en RDC, le nombre réel de personnes sans accès à l'eau augmente beaucoup plus rapidement dans les zones urbaines en raison de la croissance démographique plus rapide. Le taux de croissance annuel moyen de la population urbaine sur la période 2010-2015 a été estimé à 42%. La croissance rapide de la population dans les zones urbaines est associée à l'élargissement de l'étalement urbain et pose des difficultés majeures dans la mise en place d'infrastructures d'eau adéquates. L'expansion incontrôlée de la construction de logements, de l'agriculture et de l'approvisionnement en bois de chauffage affecte de nombreux bassins versants péri urbains.

Les services d'approvisionnement en eau de la REGIDESO souffrent de la dégradation de ses infrastructures en raison du manque d'électricité, de l'absence de nouveaux investissements et d'entretien. Les années de conflit armés le manque de leadership, la faiblesse de la gouvernance, la faiblesse des finances publiques due au non-paiement des factures d'eau et une politique tarifaire peu rentable, ainsi que le retard des performances opérationnelles de la REGIDESO ont conduit à la détérioration de l'état des services urbain d'approvisionnement en eau.

La couverture en eau urbaine est caractérisée par des hétérogénéités importantes, plus de 85% des raccordements urbains sont situées dans quatre provinces : Kinshasa, Kongo Central, le Haut-Katanga et le Sud-Kivu.

2. Secteur de l'eau en milieu rural

La majorité de la population de la RDC, sans accès à l'eau potable vit dans les zones rurales. Le secteur des eaux rurales de la RDC a été négligé pendant des nombreuses années et se caractérisent par une infrastructure détériorée en raison du manque d'entretien et des pièces détachées.

Généralement les femmes et les enfants assument la responsabilité principale de l'approvisionnement en eau de leurs familles. La rareté de l'approvisionnement en eau

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De plus, des nombreux systèmes d'eau sont des mauvaises qualités. Les principales sources d'approvisionnement en eau en milieu rural sont les sources qui représentent environ 90% de l'approvisionnement en eau en milieu rural.

Les sources ont l'avantage de nécessiter qu'un investissement minimal pour l'installation et la maintenance. Cependant, les sources sont souvent exploitées sans protection et développement adéquats. Les puits peu profonds, qui utilisent des pompes manuelles et motorisées constituent une autre source importante, l'approvisionnement en eau dans les zones rurales. Les autres sources d'approvisionnement en eau en milieu rural comprennent les forages, les petits systèmes de distribution par conduite et les systèmes de collecte des eaux de pluie. Généralement, les redevances pour le système d'eau en milieu rural ne couvrent pas les coûts de fonctionnement, de plus, presqu'aucun test de qualité de l'eau n'est effectué.

Les investissements actuels dans le secteur de l'eau en milieu rural vise l'expansion de forages et des petits réseaux de canalisation dans les grands villages qui desservent chacun entre 2000 et 5000 personnes et sont gérées par les associations communautaires autonomes et des entreprises privées locales, en outre, les programmes villages assainis et écoles assainies vise le développement systématique du secteur d'eau en milieu rural dans les petits villages dispensées de 500 à 1000 personnes. Le concept clé du programme est l'amélioration de l'eau potable en exploitant les ressources et en installant les puits peu profonds avec l'aide des communautés locales, les petits villages de moins de 100 habitants qui représentent 37% de la population rurale ne sont pas prise en compte par le programme et représentent donc une lacune dans le plan de développement du secteur de l'eau.

3. Impact sociaux

La crise de l'eau en RDC affecte particulièrement les groupes les plus vulnérables de la société, à savoir les femmes et les enfants vivant dans de zones péri urbaines pauvres et non planifiées et dans des zones rurales reculées. Dans les centres urbains surpeuplés, les ménages doivent souvent acheter leur eau à des prix exorbitants en raison de la rareté de l'offre et de la demande, tandis que les sources d'eau non améliorées sont utilisées pour l'approvisionnement en eau potable des zones rurales.

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transforme ce processus en une activité très laborieuse et longue, ce qui diminue le temps disponible pour l'éduction.

4. Dégradation des ressources en eau

La modification des régimes de ruissellement, l'érosion accrue et la dégradation de l'environnement sont les conséquences de l'expansion non réglementée des zones habitées et agricoles. L'aménagement de logements, la mauvaise construction des routes, les latrines à fosse, les fosses septiques, les opérations minières et les résidus miniers sont des facteurs importants contribuant à la pollution des sources d'eau. Dans les zones urbaines ; l'industrie, les stations-service, les garages, les abattoirs et les eaux de ruissellement sont d'autres sources de contamination. La contamination biologique due à l'évacuation des eaux usées et des déchets solides et à l'augmentation des charges en sédiments et en suspension ont les deux principales sources de pollution65.

La cause sous-jacente de la dégradation des ressources en eau est le manque de planification et de gestion organisée de l'utilisation des terres. De plus, le suivi de la qualité de l'eau à l'échelle nationale fait défaut.

§6. Résoudre la crise : recommandations de l'ONU

Afin d'atteindre les objectifs d'eaux énoncés dans le document de stratégies pour la croissance et la déduction de la pauvreté et les objectifs de millénaire pour le développement, le PNUE a publié plusieurs recommandations pour aborder les problèmes de l'eau en RDC dans son rapport technique de 2011. Ces recommandations s'articulent autour de 3 aspects :

- Appui à la réforme de la gouvernance du secteur de l'eau;

- Renforcement des capacités techniques et institutionnelles et - Création d'une base des données scientifiques.

Des recommandations identifiées comme « intervention clé » comprennent :

a) L'élaboration d'une politique nationale d'eau, les stratégies sectorielles de l'eau et de réglementation statutaire ;

b) La mise en place d'un système national complet d'information sur l'eau ;

65 Anonyme, water issues in the democratic republic of congo, challenges and opportunités Technical report» united nation environnement programme (UNEP), https//fr. Wikipedia.org, consulté le 29 mai 2019

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c) La mise en oeuvre d'une gestion autonome et communautaire des infrastructures d'eau à petites échelles ;

d) La mise en place d'un programme de renforcement des capacités pour les institutions de centralisées de l'eau ;

e) L'élaboration et la mise en oeuvre de plan de protection des sources accès sur le bassin hydrographique.

Les recommandations de l'ONU sur le problème de l'eau en RDC avait une date butoir de 2015, conformément aux objectifs du millénaire pour le développement des Nations-Unies. Le rapport mondial de 2015 sur les objectifs du millénaire pour le développement est déjà disponible. Cependant, une évaluation détaillée de la situation actuelle du secteur de l'eau en RDC n'a pas encore était publié. En janvier 2016, la banque mondiale initie une étude pour caractériser le niveau de pauvreté en RDC, y compris l'évaluation de la qualité de l'accès au service d'eau et d'assainissement.

113

Conclusion partielle

Ce chapitre qui a porté sur la géopolitique congolaise : mythe ou réalité, nous a amené à traiter deux questions principales et primordiales à savoir :

- La réalité de la géopolitique congolaise qui s'est traduite dans le fait que les congolais de toutes tendances confondues (majorité présidentielle, opposition politique), assemblée nationale, gouvernement, le sénat et la société civile se sont tous d'un commun accord opposés au projet du transfert de l'eau et cela a alerté l'opinion tant nationale qu'internationale.

- Le mythe de la géopolitique congolaise se perçoit dans l'optique de l'utilisation de l'eau en république démocratique Congo, en abordant la question du cadre institutionnel et de la réforme du secteur de l'eau, nous constatons que la RDC n'a pas de politique cohérent de protection de son eau, quand bien même au ministère de l'environnement les textes juridiques sont disponibles (comme le comité national de l'eau et de l'assainissement « CNAEA » et le code de l'eau complet connu sous le nom de la GIRE « gestion intégrée des ressources en eau) ceux-ci, n'existent que de nom, leur labeur et leur impact sur la population congolaise est moins remarquable et presque inexistant à leurs yeux. Cependant, ceci a poussé l'ONU dans les cadres de la mobilisation sur les objectifs du millénaire pour le développement à fournir des recommandations afin résoudre la question du stress hydrique en RDC pour que cette dernière pratique la gestion intégrée et rationnelle des ressources en eau potable.

114

Conclusion de la deuxième partie

L'accès à l'eau, le développement des ressources en eau, la gestion de l'eau sont éminemment politiques.

La reconnaissance de la part politique de la gestion de l'eau n'est toutefois pleine et entière, dans le cercle officiel que depuis les années 2000, auparavant dominait le paradigme de « l'ingénierie sociale » (social engeniering) faisant peu des cas de spécificités socio-culturels et politiques des entités dans lesquels les réformes entières sont proposées. En ce qui concerne le niveau d'analyse du chercheur, Mollinga en 2008 ce dernier propose la typologie suivante « de la politique de l'eau » (water politics) :

- Politique quotidienne de la gestion des ressources en eau (the every day political of water ressources management) ;

- La politique de l'eau dans le contexte de l'Etat souverains (the political of water police in the context of sovereign states)

- L'hydro politique interétatique (inter-state hydropolitical) et

- La politique mondiale de l'eau : « the global political of water)

Bien que notre travail a essayé d'analyser ces quatre typologie de l'eau, nous soulignons qu'il s'est appesanti surtout au niveau de la politique de l'eau dans le contexte de l'Etat souverain.

C'est ainsi que la deuxième partie qui a traité du cadre d'étude en analysant la gestion de l'eau dans le monde et de la géopolitique congolaise : mythe ou réalité nous a pris l'importance de la gestion de l'eau douce qui est rare et beaucoup plus recherchée.

115

CONCLUSION GENERALE

Nous voici arrivé au terme de notre travail de fin d'études du deuxième cycle en Relations Internationales qui a porté sur « La géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou réalité ».

Cependant, la question principale de notre sujet de recherche était constituée de la manière suivante : La géopolitique congolaise de l'eau est-elle un mythe ou réalité » ?

Face à cette problématique, nos hypothèses ont été reformulées de la manière suivante : il semblerait que la géopolitique congolaise de l'eau est à la fois un mythe ou une réalité : un mythe dans ce sens qu'il y a pas en RDC une politique appropriée et cohérente pour l'utilisation et la gestion de l'eau; et, une réalité dans la mesure où lors du phénomène du projet de transfert de l'eau de la rivière Oubangui vers le lac Tchad qui est en train de subir la sécheresse, toutes les tendances des classes de la RDC entre autre : la société civile la majorité présidentielle l'opposition ainsi que les institutions politiques se sont mobilisées comme une seule personne en vue de s'opposer au transfert de leur eau.

De ce fait, nous avons recouru à la méthode analytique qui nous a permis d'analyser la question de la géopolitique Congolaise de l'eau pour arriver à conclure si celle-ci est un mythe ou une réalité.

Dans cette même logique, l'approche géopolitique nous a été d'une importance capitale dans la mesure où elle nous a permis géopolitiquement d'analyser les intentions des acteurs en présence de la géopolitique congolaise d'eau à savoir les autorités congolaise et les interpeller afin qu'elles prennent des mesures appropriées et raisonnables dans la gestion de leur eau.

En plus de cela, la technique documentaire nous a permis à récolter les données en consultant les ouvrages encyclopédies, et autre documentation.

En effet, nos hypothèses ont été confirmées en grande partie du fait que le mythe de la géopolitique congolaise se perçoit dans ce sens que la RDC n'a pas de politique appropriée avec des textes juridiques basés sur la gestion de l'eau quant bien même ces textes existeraient, en l'occurrence de la GIRE (gestion intégrée pour la réforme de l'eau et le DSCRP I et II ; ceux-ci ne sont pas cohérents et sont toujours inadaptées à la gestion véritable de l'eau en RDC.

116

La réalité de la géopolitique congolaise de l'eau s'est manifestée au moment où les pays de la commission du bassin du lac Tchad avaient l'audace de prendre de l'eau de la RDC par force même à prix de sang ; les institutions de la république comme le Sénat et le parlement ainsi que le gouvernement suivies d'autres tendances en entre autre la majorité présidentielle, l'opposition et la société civile ont protesté contre cette démarche et cette situation.

Par ailleurs, outre l'introduction et la conclusion générales, notre travail est subdivisé en deux parties, et, chaque partie comporte deux chapitres comportant aussi à leur tour des sections et paragraphes :

La première partie intitulée « cadre pratique » est constituée des chapitres

suivants » :

- Le premier a traité de la notion de la géopolitique en Relations Internationales - Le deuxième a parlé de la géopolitique congolaise

La deuxième et la dernière partie qui a analysé « le cadre d'étude » est composé à son tour des chapitres suivants :

- Le troisième est axé sur la notion de l'eau dans le monde

- Le quatrième et le dernier a fait même l'objet de notre travail et a été énoncé de la manière suivante : « la géopolitique congolaise de l'eau : mythe ou réalité »

De ce qui précède : la RDC est un pays riche en eau douce, elle est estimée regorger 52% d'eau douce en Afrique mais sa géopolitique hydrique est défaillante, elle est même perçue comme un mythe, d'où il est nécessaire et recommandable et aussi inévitable que les textes juridiques cohérents soient mis à la disposition de l'exécutif dans le cadre de la gestion de l'eau : que l'exécutif se mette vraiment au travail en exécutant à la lettre les recommandations des textes juridiques, et enfin une campagne de sensibilisation de la part des pollueurs de l'eau (les entreprises et une frange de la population est aussi non négligeable pour que le développement durable soit une réalité et que l'accès à l'eau potable de la population qui s'inscrit dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) des nations-Unies soit bien observé en RDC et, cette derrière pourrait espérer d'être un pays émergent à l'horizon 2030-2050.

117

C'est ainsi que nous réitérons nos voeux de voir la RDC faire la reforme utile et raisonnable des textes juridiques dans la gestion de son eau et que les pollueurs de l'eau soient traités selon qu'ils les méritent.

118

BIBLIOGRAPHIE

A. Ouvrages

1. Claires BORDES, Géopolitique de l'eau, Ed. Armand Colin, Paris, mars 2014

2. Cordon MAGE, Guide d'élaboration d'un projet en sciences sociales, 4ème édition), University Toyel, Québec 2000.

3. Emin BANNING, l'Afrique et la conférence géographique de Bruxelles, éd Murquard, 1908.

4. François THUAL, Apprendre à déchiffrer d'actualités éclipses, Ed. Iris, Paris, 1996

5. Herbert SPENCER, De l'Education intellectuelle, morale et physique, Paris, PUF, 1996

6. Jean ANCEL, Géographie physique, politique économique du Congo-Bruxelles-Paris Ed. L'Harmattan, 1998

7. Jean BAECHLER, les phénomènes révolutionnaires, Paris, PUF, 1971

8. Jean-Paul LE BEUF, Carte archéologique des abords du lac Tchad : Cameroun, Nigeria, Tchad, Ed. La Découverte, Paris, 2002

9. LABANA LASSAY ABAR, L'intégration économique : problèmes et perspectives, PUL, Lubumbashi, 1997

10. LABANA LASSAY ABAR, Relations internationales: conceptions théoriques et pratiques, PUL, Lubumbashi, 2006

11. MARINA BERTONCIN et ANDREA PASE, Autour du lac Tchad conflits et enjeux pour le contrôle de l'eau, Ed. L'Harmattan, Paris 2012

12. MOVA SAKANYI, Congo : Survie et grandeur, Pari d'une géopolitique nouvelle dans la mondialisation, Ed. Safari, Kinshasa, 2001.

13. MULUMBATI NGASHA Introduction à la science politique, Ed. Africa, Lubumbashi, 1977

14. NGOIE MBAYO, La géopolitique à l'ère de la mondialisation et du printemps Arabe, Ed. Les petits génies, Lubumbashi 2005

15. Philippe BRAUD, Introduction à la science politique, Ed. Le seuil, Paris, 2006

16. Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la géopolitique, Ed. Le Seuil, Paris, 2005

119

17. Roger BURTON, Voyage aux grands lacs d'Afrique orientale, Paris, Le seuil, 1962

18. Roger PINTO, et Madeleine GRAWITZ, Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Ed. Dalloz 1974

19. Théodore CAPLOW, L'enquête sociologique, 2è éd, Armand colin, Paris, 1971

20. WENU Becker, Recherche scientifique : Théorie et pratique, PUL, Lubumbashi, 2016

21. YEZI PYANA FUMU, La géopolitique internationale du Zaïre, Ed. Africa, Lubumbashi, 1979

22. YOKO YAKEMBE, Traité de droit diplomatique, PUZ, Kinshasa, 1983

23. Yves JEAN CLOS, L'eau arme stratégique au 21è siècle, Paris, Ed. Dalloz, 2006

24. Yves LACOSTE, L'eau dans le monde, Ed. L'Harmattan, Paris, 2010

B. Articles et revues

1. AYEB HABIB, la vallée du Nil ; un grand axe géopolitique, monde Arabe/Maghreb-maire, octobre-décembre 1995 n°134.

2. AYEB, HABIB, L'eau, les politiques d'aménagement du territoire en Egypte, monde nabel Maghreb maire octobre-décembre 1992 n°138.

3. BANYAKU LUAPE, « Avis et considération sur l'introduction dans le programme des nouveaux curricula en rapport avec les études sur la pax » communication faite, Kinshasa, 2014

4. Henri Jacques-Félix, la vie et la mort du lac Tchad : rapport avec l'agriculture et l'élevage » in bulletin agronomique, n°3, 1947

5. Rapport de l'assemblée nationale du gouvernement indien, La géopolitique de l'eau.

C. Sources Webographiques

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2. Anonyme, Commission du bassin du lac Tchad, https://www.riob.com in download.pdf. Consulté le 03/05/2019 à 19h00 38'

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120

4. Anonyme, Le défi de l'eau en Afrique, https:/ www.wikipedia.org, consulté le 18/mars/2019 à 23h32

5. Anonyme, projet transaqua, https://www.wikipedia.org/wiki/1700 3611 consulté le 29/04/2019.

6. Anonyme, structure de secteur de l'eau, https :// fr.m.wikipedia.org/wiki du 23 mai 2019.

7. Anonyme, water issues in the democratic republic of congo, challenges and opportunités Technical report» united nation environnement programme (UNEP), https//fr. Wikipedia.org, consulté le 29 mai 2019.

8. FAO, Aquastat de 2000 sur le rapport des ressources renouvelables en eau, https:// www.ONU.fao

9. Freddy MULUMBA, La RDC au centre des nouveaux enjeux géopolitiques, https://www.le grand.com. consulté le 24 avril 2019

10. Lucien DIANZENZA, Le gouvernement congolais s'oppose au projet du transfert de l'eau de la rivière Ubangui, https://www.adiac-congo.com, consulté le 01/05/2019 à 01h08'

11. Marie-France CROS, Les congolais unis pour garder l'un de leur territoire, https://www.afrique. La libre.be, consulté le 29/04/2019 à 10h05'

D. Dictionnaires

1. Dictionnaire des Relations Internationales, Ed. Paris, 2007.

2. Dictionnaire, Le petit Robert, Ed. Paris, 2005.

E. Documents officiels

1. Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples, 1981, art24.

2. Statut de la convention de fort Lamy art IV et V

F. Thèse Et Mémoire

1. Noel MWANDA, la géopolitique de la RDC, comme Etat de l'intégration dans la région des grands lacs africains, mémoire de DEA, UNILU 2016, inédit.

2. Philippe ROMAN, l'analyse des transferts d'eau inter-bassins au défi des conflits et de la justice environnementale. Le cas du fleuve Sao Francisco (Nordeste du Brésil, Thèse de doctorat, université Paris-Saclay, sciences de l'homme et de la société, 2010, Inédit.

121

G. Notes de cours

1. ASSUMANI SALIMINI, cours de géographie économique et humaine, G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015 pp.5-6 inédit

2. LABANA LASSAY?ABAR, Relations extérieures de la RDC, Cours, L1 RI, UNIKIN, FSSSPA, 2016-2017.

3. MWAMBA SINONDA, Introduction à la science politique, cours destiné aux étudiants de G1 SPA/RI, UNIKOL, 2015.

122

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE I

DEDICACE II

AVANT-PROPOS III

I. INTRODUCTION GENERALE 1

I.1.Explication du phénomène à étudier 1

I.2. Etat de la question 2

I.3.Choix et intérêt du sujet 3

I.3.1.Le choix du sujet 3

I.3.2.Intérêt du sujet 4

I.4.Problematique et hypothèses du travail 4

I.4.1.Problématique 4

I.4.2.Hypothèses du travail 5

I.5.Objet d'étude 6

I.6.Explication des variables 6

I.7.Theorie explicative de référence 7

I.8.La méthodologie de recherche 8

I.8.1.Méthode de recherche 8

I.8.2.Technique de recherche 9

I.9.Delimitation du sujet 9

I.9.1.Délimitation temporelle 9

I.9.2.Délimitation spatiale 9

I.9.3.Délimitation épistémologique 9

I.10.Plan sommaire 10

PREMIERE PARTIE : CADRE PRATIQUE 11

Introduction de la première partie 11

CHAPITRE I : NOTION DE GEOPOLITIQUE EN RELATIONS INTERNATIONALES 12

Introduction du premier chapitre 12

Section 1 : Notion et aspect définitionnel de la géopolitique 12

§1.Notion de la géopolitique 12

§2.Aspect définitionnel de la géopolitique 13

Section 2 : La géographie et la politique 18

123

§1. L'espace comme facteur des RI 18

§2.La frontière terrestre 19

Section 3. Les différentes pensées et doctrines de la géopolitique 22

§1. La pensée géopolitique avant 1945 22

Section 4 : La géopolitique et guerres : Géostratégie 27

§1.Géopolitique et les 2 guerres mondiales 28

§2. L'antagonisme est-ouest 31

§3. Géopolitique et conflits du sud 31

Section 5. Géopolitique et mondialisation : La géoéconomie 33

§1. Logique économie et logique politique dans l'espace 34

§2.La géo économie comme clé du monde au 21è siècle 35

Section 6. Géopolitique et les organisations internationales : La Macro- géopolitique 37

§1. Le système onusien 37

§2.La construction européenne 38

Conclusion partielle 40

CHAPITRE II : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE 41

Introduction partielle 41

Section 1. La Géographie De La RDC 41

§1.La géographie physique 41

§3. Géographie économique 49

Section 2 : la politique étrangère de la RDC 51

§1. Notion de la politique étrangère 51

Section 3. La RDC face aux nouveaux enjeux géopolitiques 57

§1. Position stratégiques au centre de l'Afrique 58

§2. Marché de carbone et la guerre de l'eau 59

§3. Minerais stratégiques et transition énergétique 61

Conclusion partielle 62

Conclusion de la première partie 63

DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE 64

Introduction de la deuxième partie 64

CHAPITRE III : L'EAU DANS LE MONDE 65

Introduction partielle 65

Section 1 la notion de l'eau 65

§1. Le climat et l'eau 66

124

§2.Gaz à effet de serre (GES) : L'eau 66

§3. Sécheresses et inondations 67

§4. L'écosystème hydrique 67

§5.L'importance de l'eau 67

§6.La géopolitique et les conflits de l'eau 68

Section 2 : Le problème de l'eau 69

§1.L'eau comme ressource stratégique 69

§2.Les eaux inégalement réparties sur la terre 70

§3.L'indispensable propreté de l'eau 71

Section 3 : L'eau au coeur des conflits du xxie siècle 72

§1.Les conflits autour de l'eau 72

§2.Fleuves et bassins versants : la question du partage des eaux 74

Section 4. Le défi de l'eau en Afrique 75

§1.La situation de l'Afrique en matière d'eau 76

§2.Le plan d'action du G8 pour l'Afrique 80

Section 5 : les formes des raretés de l'eau et quelques crises contemporaines hydriques 81

§1.Des formes de rareté diverses 81

§2.Une reconnaissance croissante des risques hydriques 82

§.3.De quelques crises contemporaines de l'eau 82

§4.Tensions à venir 84

Conclusion partielle 87

CHAPITRE IV : LA GEOPOLITIQUE CONGOLAISE DE L'EAU : MYTHE OU REALITE 88

Introduction partielle 88

Section 1: La réalité de la géopolitique congolaise 88

§1. Les pays du bassin du lac Tchad et leur géopolitique sur l'eau de la RDC 88

§2. La situation du lac Tchad 96

§3.La position de la classe politique congolaise face au transfert de l'eau 100

Section 2 : le mythe de la géopolitique congolaise de l'eau 102

§1.Ressources en eau douce et approvisionnement en eau 103

§2.Utilisation de l'eau 105

§3.Crise de l'eau en RD Congo 105

§4.Structure du secteur de l'eau 106

§5.Les problèmes clés dans le secteur de l'eau 108

§6. Résoudre la crise : recommandations de l'ONU 111

125

Conclusion partielle 113

Conclusion de la deuxième partie 114

CONCLUSION GENERALE 115

BIBLIOGRAPHIE 118

TABLE DES MATIERES 122






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