MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE ET SUPERIEUR
(MESS)
*************
UNIVERSITE LIBRE DU BURKINA (ULB)
*************
FACULTE DE GESTION
*************
MAÎTRISE
GESTION ET ADMININSTRATION DES ENTREPRISES
BURKINA FASO
Unité-Progrès-Justice
**********
01 BP 1020 Ouagadougou 01
Tél. : (226) 25 41 25 05
Pour l'obtention de la Maîtrise en Gestion et
Administration des Entreprises
THEME :
L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU
BOULKIEMDE : ANALYSE ET PERSPECTIVES.
Préparé et soutenu
par :
M. YAMEOGO P. Christian Abdoul
Kader
Directeur de mémoire :
Dr. Joachim ZONGO
Année académique :
2014-2015
SOMMAIRE
SOMMAIRE
ii
DEDICACES
iv
REMERCIEMENTS
v
AVANT-PROPOS
vi
RESUME
vii
LISTE DES ABREVIATIONS
viii
LISTE DES TABLEAUX
x
LISTE DES GRAPHIQUES
xii
LISTE DES FIGURES
xiii
INTRODUCTION GENERALE
1
I. Contexte et justification de l'étude
1
II. Problématique de la recherche
4
III. Objectifs de la recherche
6
IV. Hypothèses de la recherche
6
V. Définitions des mots clés
6
VI. Revue de la littérature
7
VII. Intérêt de l'étude
10
VIII. Cadre méthodologique
11
PREMIERE PARTIE :
13
CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
13
CHAPITRE I : CADRE GENERAL DE L'ETUDE
15
SECTION I : Qu'est-ce que
l'entrepreneuriat ?
15
I.1. Aperçu sur l'entrepreneuriat
16
I.2. L'entrepreneuriat au Burkina Faso
20
SECTION II : Agriculture et
agrobusiness
26
II.1. Présentation de l'agriculture dans le
monde
26
II.2. Aperçu sur l'agrobusiness
28
CHAPITRE II : L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE AU
BURKINA FASO
33
SECTION I : Aperçu sur
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
34
I.1. Entrepreneuriat agricole ; de quoi
parle-t-on ?
34
I.2. Les études sur l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso
37
SECTION II : Importance et cadre
règlementaire de l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
46
II.1. Nécessité, enjeu et
défis de l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
46
II.2. Cadre politique, stratégique,
législatif et réglementaire régissant l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso
48
DEUXIEME PARTIE :
53
ANALYSE DE L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA
PROVINCE DU BOULKIEMDE
53
CHAPITRE I : SITUATION DE L'ENTREPRENEURIAT
AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
55
SECTION I : Les caractéristiques
socioprofessionnelles des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
55
I.1. La répartition des entrepreneurs
agricoles selon le genre
55
I.2. La répartition des entrepreneurs
agricoles selon l'âge
56
I.3. Le niveau d'instruction des entrepreneurs
agricoles de la province du Boulkiemdé
57
SECTION II : Les caractéristiques
des entreprises agricoles de la province du Boulkiemdé
59
II.1. Le statut juridique et la taille des
exploitations agricoles de type entrepreneurial
59
II.2. La structure de la main d'oeuvre et le niveau
d'équipements des entrepreneurs agricoles
60
II.3. Les principales spéculations
cultivées et leur nature
64
CHAPITRE II : ANALYSE SWOT DE
L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
66
SECTION I : Les forces et faiblesses de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé
66
I.1. Les forces de l'entrepreneuriat agricole dans
la province du Boulkiemdé
66
I.2. Les faiblesses de l'entrepreneuriat agricole
dans la province du Boulkiemdé
71
SECTION II : Les opportunités et
les menaces de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé
75
II.1. Les opportunités de l'entrepreneuriat
agricole dans la province du Boulkiemdé : l'existence de structures
d'accompagnement
75
II.2. Les menaces de l'entrepreneuriat agricole
dans la province du Boulkiemdé
85
CONCLUSION GENERALE ET
87
RECOMMANDATIONS
87
CONCLUSION GENERALE
88
RECOMMANDATIONS
91
BIBLIOGRAPHIE
xiv
WEBOGRAPHIE
xix
ANNEXES
I
DEDICACES
Cette oeuvre est dédiée à ma
tendre mère, feue YAMEOGO/GUIRA Aminata, à toute ma famille,
à cette personne anonyme qui m'a aidé à me
réaliser, à mes amis et à tous mes camarades
d'études.
REMERCIEMENTS
Toute ma gratitude va en premier chef à
Allah, le Clément, le Miséricordieux, pour la force et la
protection qu'il m'a accordé dans la réalisation de ce
mémoire.
Merci à Monsieur le Recteur de
l'Université Libre du Burkina, à Monsieur le Directeur
Général, à toute l'Administration et à l'ensemble
du corps professoral pour la qualité de la formation
dispensée.
Ma gratitude va à cette personne anonyme
qui m'a créé une brèche quand toutes les portes semblaient
se refermer sur moi. Que Dieu vous bénisse
abondamment !
Merci à vous Dr Joachim ZONGO, mon
directeur de mémoire, pour vos conseils toujours avertis, vos remarques
pertinentes et justes, vos suggestions qui ont toujours été
précieuses. Merci également à Mme Assiétou KALMOGO,
mon maître de stage, pour votre amabilité et l'encadrement
professionnel lors de l'élaboration de ce document.
Ma gratitude va aussi à Dr Auguste
Apollinaire DONDASSE pour tout le soutien que j'ai
bénéficié le long de mon cursus
universitaire.
Egalement merci, à mon oncle
Séraphin YAMEOGO, pour la mise à ma disposition d'un bel
appartement entièrement équipé, avec dame de ménage
et sécurité 24h/24h tout au long de ma période de
recherche à Koudougou.
Merci, à toute ma famille, à mes amis,
à mes camarades, à mes collègues et à tous ceux qui
ont contribués directement ou indirectement à la
réalisation de ce mémoire.
AVANT-PROPOS
L'Université Libre du Burkina (ULB) est un
établissement privé d'enseignement supérieur située
au secteur 25 de la ville de Ouagadougou, plus précisément au
quartier Tanghin. Créée en 2000 sous l'autorisation d'existence
N° 2002-40/MESSRS/DGERS du 25 mars 2002 par le Professeur Karim OUEDRAOGO,
Recteur de l'Université Libre Internationale sise à Bruxelles en
Belgique, elle est la première université privée du
Burkina Faso.
Fonctionnelle depuis l'année académique
2000-2001, l'ULB forme des cadres supérieurs du premier et du second
cycle dans les filières suivantes :
Ø Gestion et Administration des Entreprises
(G.A.E) ;
Ø Gestion Financière et Bancaire
(G.F.B) ;
Ø Relations Publiques et Internationales
(R.P.I) ;
Ø Sciences de l'Information et de la
Communication (S.I.C) ;
Ø Sciences Juridiques et Politiques
(S.J.P).
L'obtention du diplôme de maîtrise y est
conditionnée par la validation des examens et la soutenance d'un
mémoire. C'est dans cette optique que le présent mémoire a
été élaboré.
RESUME
L'agriculture occupe plus de 86% de la population active du
Burkina Faso et contribue à près de 1/3 à la formation du
Produit Intérieur Brut (PIB). Selon l'analyse des résultats du
recensement général de l'agriculture (RGA, 2009), 0,02%
d'entrepreneurs agricoles ont contribué à la production
céréalière nationale à hauteur de 0,14% ; ce
qui signifie qu'avec 14,28% d'entrepreneurs agricoles véritables, il est
possible d'assurer 100% des besoins céréalières du pays,
« ceteris paribus1(*) ». Toutefois, l'entrepreneuriat agricole est
encore un domaine d'activité nouveau. Il n'est pas encore ancré
au Burkina Faso comme un domaine de recherche à part entière,
comme c'est le cas dans d'autres pays à travers les Ecoles
d'entrepreneuriat agricole. Un véritable souci se dessine quant à
l'encadrement, l'accompagnement et le développement effectif de cette
activité. C'est cet ensemble de considérations qui est à
l'origine de la présente étude qui s'attèle à
relater la situation de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé et d'analyser l'environnement dans lequel il évolue
pour en dégager des perspectives d'amélioration.
Mots clés :
entrepreneuriat, entreprise, entrepreneur.
LISTE DES ABREVIATIONS
CAPES : Centre d'analyse
des politiques économiques et sociales
CES/DRS : conservation des
eaux et des sols/défense et restauration des sols
CGEA : cahier de gestion de
l'entrepreneur agricole
CRD : cahier de
recettes/dépenses
CRREA : Centre
régional de recherches environnementales et agricoles
CSE : comptabilité
simplifiée d'entreprise
DDEA : Direction du
développement de l'entrepreneuriat agricole
DGPER : Direction
générale de la promotion de l'économie rurale
DPARHASA : Direction
provinciale de l'agriculture, des ressources hydrauliques, de l'assainissement
et de la sécurité alimentaire
DRARHASA : Direction
régionale de l'agriculture, des ressources hydrauliques, de
l'assainissement et de la sécurité alimentaire
DREP : Direction
régionale de l'économie et de la planification
EA : entrepreneur
agricole
EI : entreprise
individuelle
GRAF : Groupe de recherche
et d'action sur le foncier
iDE : international
Development Enterprises
INERA : Institut nationale
de l'environnement et de recherches agricoles
INSD : Institut nationale
de statistique et de démographie
MARHASA : Ministère
de l'agriculture, des ressources hydrauliques, de l'assainissement et de la
sécurité alimentaire
MEBF : Maison de
l'entreprise du Burkina Faso
MOF : main d'oeuvre
familiale
MOO : main d'oeuvre
occasionnelle
MOS : main d'oeuvre
salariée
OCDE : Organisation de
coopération et de développement économique
PAFASP : Programme d'appui
aux filières agro-sylvo-pastorales
PAGIRE : Plan d'action pour
la gestion intégrée des ressources en eau
PCESA : Programme de
croissance économique dans le secteur agricole
PMI/PME : petite et moyenne
industrie/petite et moyenne entreprise
PNSFMR : Politique
nationale de sécurisation foncière en milieu rural
PNSR : Programme national
du secteur rural
RAF : réorganisation
agraire et foncière
RGA : recensement
général de l'agriculture
RSE : Répertoire
statistique des entreprises
SA : société
anonyme
SARL :
société à responsabilité limitée
SCADD : Stratégie de
croissance accélérée et de développement
durable
SDR : Stratégie de
développement rural
SNDDAI : Stratégie
nationale de développement durable de l'agriculture
irriguée
SNDEA : Stratégie
nationale de développement de l'entrepreneuriat agricole
SNSA : Stratégie
nationale de sécurité alimentaire
TPE : très petite
entreprise
ZAT : zone d'appui
technique
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Répartition spatiale
des entreprises formelles
21
Tableau n°2 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur statut juridique
22
Tableau n°3 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur branche d'activités
23
Tableau n°4 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon le genre
56
Tableau n°5 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon
l'âge
56
Tableau n°6 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon le niveau
d'instruction
58
Tableau n°7 : Répartition des
exploitations agricoles de type entrepreneurial de la province du
Boulkiemdé selon le statut juridique
59
Tableau n°8 : Les superficies
exploitées par les entrepreneurs agricoles (EA) de la province du
Boulkiemdé au titre de la campagne agricole 2014-2015
60
Tableau n°9 : Structure de la main
d'oeuvre employée par les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
61
Tableau n°10 : Les techniques agricoles
des entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
62
Tableau n°11 : L'équipement
agricole des entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
63
Tableau n°12 : Les différentes
spéculations cultivées par les entrepreneurs agricoles de la
province du Boulkiemdé
64
Tableau n°14 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon la nature de
leur production
65
Tableau n°13 : La nature de la production
des entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon les
superficies cultivées
65
Tableau n°15 : La situation des terres
agricoles exploitables dans la province du Boulkiemdé
67
Tableau n°16 : La situation des eaux de
surface disponibles dans la province du Boulkiemdé
67
Tableau n°17 : Statut des terrains
agricoles possédés par les entrepreneurs agricoles de la province
du Boulkiemdé
68
Tableau n°18 : Niveau d'association
agriculture-élevage des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
69
Tableau n°19 : Les outils de gestion
utilisés par les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
70
Tableau n°20 : L'accès à la
formation agricole par les entrepreneurs de la province du
Boulkiemdé
71
Tableau n°21 : Volume de production des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé par nature
73
Tableau n°22 : Logique de production des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
73
Tableau n°23 : Le niveau de
notoriété des structures d'accompagnement des entrepreneurs
agricoles dans la province du Boulkiemdé auprès des acteurs
84
Tableau n°24 : Répartition des
pluies dans la province du Boulkiemdé de 2008 à 2014
86
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : Répartition
spatiale des entreprises formelles
21
Graphique n°2 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur statut juridique
22
Graphique n°3 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur branche d'activités
23
Graphique n°4 : Répartition des
nouveaux acteurs de l'entrepreneuriat agricoles
42
Graphique n°5 : Les principales
contraintes des entreprises agricoles
45
Graphique n°6 : Les piliers du
développement de l'entrepreneuriat agricole selon les acteurs
45
Graphique n°7 : Répartition des
entreprises agricoles selon le genre
56
Graphique n°8 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon
l'âge
57
Graphique n°9 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon le niveau
d'instruction
58
Graphique n°10 : Répartition des
exploitations agricoles de type entrepreneurial de la province du
Boulkiemdé selon le statut juridique
59
Graphique n°11 : Les superficies
exploitées par les entrepreneurs agricoles (EA) de la province du
Boulkiemdé au titre de la campagne agricole 2014-2015
60
Graphique n°12 : Structure de la main
d'oeuvre employée par les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
62
Graphique n°13 : Les techniques agricoles
des entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
62
Graphique n°14 : L'équipement
agricole des entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
63
Graphique n°15 : Répartition des
principales spéculations selon les superficies cultivées par les
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
64
Graphique n°16 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon la nature de
leur production
65
Graphique n°17 : Statut des terrains
agricoles possédés par les entrepreneurs agricoles de la province
du Boulkiemdé
68
Graphique n°18 : Niveau d'association
agriculture-élevage des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
69
Graphique n°19 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé en fonction des
outils de gestion utilisés
70
Graphique n°20 : L'accès à
la formation agricole par les entrepreneurs de la province du
Boulkiemdé
71
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Illustration de l'entreprise
en tant qu'unité de production
18
Figure n°2 : Illustration des trois
notions importantes de l'entrepreneuriat agricole (adaptée de
Marchesnay, 1996)
36
Figure n°3 : Les trois (03) composantes
du PAFASP et ses sous-composantes
78
Figure n°4 : Le PCESA, ses composantes,
ses sous-composantes et leurs objectifs
81
INTRODUCTION GENERALE
« L'agriculture est la mère de tous
les arts : lorsqu'elle est bien conduite, tous les autres arts
prospèrent ; mais lorsqu'elle est négligée, tous les
autres arts déclinent, sur terre comme sur mer ».
Xénophon, philosophe grec.
I. Contexte et justification de l'étude
Situé au coeur de l'Afrique occidentale, le Burkina
Faso est classé parmi les pays les moins avancés et à
faible revenu (181e sur 187 pays selon le rapport 2014 du PNUD) avec
des déficits alimentaires. Sur une population de 16 millions, 44% vivent
sous le seuil de pauvreté (SCADD, 2010) et la moitié de la
population a moins de 15 ans.
Avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant
estimé à 767,8 USD en 2014 et un indice de développement
humain (IDH) de 0,388 en 2013 (PNUD, 2014), le Burkina Faso a un climat
tropical de type sahélien caractérisé par deux (02)
saisons assez contrastées : une saison pluvieuse qui dure à
peine quatre (04) mois avec des précipitations inférieures
à 600 mm au nord et supérieures à 1000 mm au sud par an,
et une longue saison sèche de huit (08) mois environ (DGPSA, 2007).
Plusieurs types de sols peuvent être identifiés et ils sont
généralement peu fertiles. Il s'agit des sols ferrugineux,
des sols ferralitiques, des sols hydro morphes, des sols halomorphes, etc.
En plus des aléas climatiques globalement
défavorables, l'utilisation des principaux facteurs de production, les
infrastructures et l'encadrement agricole sont insuffisants. En moyenne, 36%
des ménages reçoivent un encadrement (CES, 2005). Ce qui rend
difficile la vulgarisation des techniques agricoles. Il faut noter
également une faible capacité financière des producteurs
et des difficultés d'accès au crédit. En effet,
d'après l'enquête de base de la phase II du Programme national de
gestion des terroirs (PNGT 2) en 2004, seulement 36,1% des ménages qui
ont demandé un crédit ont été partiellement ou
entièrement satisfaits.
L'effet de ces problèmes de production explique
l'incapacité de l'agriculture à répondre de manière
efficiente à sa fonction première qui est d'assurer la
sécurité alimentaire des populations. L'enquête
burkinabè sur les conditions de vie des ménages (EBCVM) de 2003 a
révélé que 64% des ménages éprouvent des
difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires. Ainsi,
l'insécurité alimentaire touche 50% des ménages (PAM,
2011).
Pour faire face à cette situation
d'insécurité alimentaire, de nombreuses stratégies sont
mises en oeuvre par le Gouvernement afin de favoriser la promotion de
l'entrepreneuriat agricole. En 2008, pour insuffler cette dynamique de la
production moderne, professionnaliser l'agriculture burkinabé et assoir
les bases du développement d'entreprises agricoles, la Direction du
développement de l'entreprenariat agricole (DDEA) a été
créée au sein de la Direction générale de la
promotion de l'économie rurale (DGPER).
Ce processus de mutation structurelle de l'agriculture
burkinabé intègre également l'évolution de
l'exploitation de type familial vers l'exploitation moderne,
équipée et compétitive (SNDEA, 2012).
Ainsi, l'entrepreneuriat agricole devrait permettre, à
travers les entrepreneurs agricoles et de leurs entreprises, la
mécanisation de l'activité agricole, la monétarisation des
productions et de leur compétitivité dans l'espace sous
régional et international, le tout concourant à l'atteinte de
l'autosuffisance alimentaire.
II. Problématique de la
recherche
Le Burkina Faso est un pays sahélien à vocation
agricole ; le secteur agricole2(*) joue un rôle primordial dans son
économie. Il occupe plus de 86% de la population active (PNSR, 2011) et
assure près de 213(*)% des revenus sur les exportations (principalement le
coton et le bétail) (PCESA, 2012). Selon les statistiques de la Banque
Mondiale, confirmées par celles de l'INSD, l'agriculture contribue pour
plus de 1/3 à la formation du PIB, soit une estimation de 45% en 2013.
Outre sa forte contribution à la sécurité alimentaire, le
secteur agricole fournit 61,5% des revenus monétaires des ménages
agricoles (PCESA, 2012). En effet, le Burkina Faso compte 1 424 909
ménages agricoles, représentant 81,5% de l'ensemble des
ménages (RGA, 2010). Malgré ce rôle moteur dans
l'économie, le secteur agricole n'arrive pas à assurer
l'autosuffisance alimentaire du pays.
La production agricole reste peu mécanisée avec
de faibles rendements. L'élevage, largement pratiqué de
façon extensive, est également caractérisé par de
faible productivité. En juillet 2002, le ministre de l'Agriculture du
Burkina Faso affirmait que le secteur agricole du pays souffre "d'un manque
de professionnalisme terrible. Nous avons des paysans pauvres qui
étaient liés (et qui le sont toujours d'ailleurs) à une
agriculture de subsistance... Les exploitations familiales dont on parle
aujourd'hui, toutes regroupées, ne produisent pas plus que 2 ou 3
fermiers européens ou américains. Le paysannat, c'est bien beau,
mais il lui faut une autre dimension, celle de l'entreprenariat agricole"
car "on n'a jamais vu dans aucun pays, une agriculture
émergée sans des professionnels, des gens qui viennent d'autres
branches pour acquérir ou diffuser des connaissances et gagner leur vie
(...) qui vont avoir des superficies plus grandes, employer même des
ouvriers agricoles"4(*).
En effet, les produits agricoles provenaient dès la
base pour la grande majorité de l'agriculture familiale. Plus de 70% de
la production nationale agricole est produite par les petits producteurs de
subsistance. Cependant, depuis quelques années nous assistons au
développement d'une autre forme d'agriculture : l'agro-business.
Tout comme l'agriculture à l'échelle familiale
à sa place dans l'alimentation des populations, l'entrepreneuriat
agricole, sans ravir la vedette à cette dernière, semble une
alternative à même de renforcer l'économie nationale. En
effet, selon l'analyse des résultats du recensement
général de l'agriculture (RGA, 2009), 0,02% d'entrepreneurs
agricoles ont contribué à la production
céréalière nationale à hauteur de 0,14% ; ce
qui signifie qu'avec 14,28% d'entrepreneurs agricoles véritables, il est
possible d'assurer 100% des besoins céréalières du pays,
« ceteris paribus5(*) ».
Toutefois, l'entrepreneuriat agricole, encore appelé
agro-business, est encore un domaine d'activité nouveau. Il n'est pas
encore ancré au Burkina Faso comme un domaine de recherche à part
entière, comme c'est le cas dans d'autres pays à travers les
Ecoles d'entrepreneuriat agricole (Farmers Business Schools). Ainsi, un
véritable souci se dessine quant à l'encadrement,
l'accompagnement et le développement effectif de cette
activité.
C'est cet ensemble de considérations qui est à
l'origine de la présente étude dont le thème est :
« l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé : analyse et perspectives ».
La réalisation de cette étude qui va porter
essentiellement sur l'analyse de la situation des entreprises agricoles et de
l'environnement de l'entrepreneuriat, nous conduit à poser les questions
suivantes :
Ø quelles sont les caractéristiques de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé ?
Ø dans quel environnement évolue-t-il et quelles
sont les caractéristiques de cet environnement ?
Ø quelles sont les structures susceptibles
d'accompagner les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé ?
Ø leurs actions sont-elles connues de ces
promoteurs ?
III. Objectifs de la recherche
La recherche vise de façon générale
à analyser la situation de l'entrepreneuriat agricole dans la province
du Boulkiemdé avec la mise en évidence des facteurs
influençant son développement. De façon spécifique,
cette recherche a pour but de :
Ø faire un diagnostic de l'entrepreneurial agricole de
la province du Boulkiemdé ;
Ø identifier les structures d'accompagnement de
l'entrepreneuriat agricole dans le Boulkiemdé ainsi que les actions
menées ;
Ø et proposer des perspectives d'amélioration de
l'environnement de l'entrepreneuriat agricole.
IV. Hypothèses de la
recherche
Pour atteindre les objectifs de l'étude, les
hypothèses suivantes qui ont été formulées :
Ø Hypothèse 1 : les
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé sont principalement
confrontés à des difficultés de financement ;
Ø Hypothèse 2 : les
structures de soutien de l'entrepreneuriat agricole dans le Boulkiemdé
sont pour la plupart peu connues des entrepreneurs.
V. Définitions des mots
clés
L'entreprenariat agricole est au stade embryonnaire au Burkina
Faso. Certaines notions ne sont pas perçues de la même
manière par les différents acteurs. Après avoir
examiné diverses définitions des mots-clés ci-dessous, les
contenus suivants leur ont été donnés dans le cadre de
cette étude :
Ø Entrepreneuriat
agricole : c'est une dynamique de création et
d'exploitation d'une opportunité d'affaires, dans l'agriculture
(production, transformation et commercialisation), par un ou plusieurs
individus à travers la création d'organisations à des fins
de création de valeurs.
Dans cette étude, le même contenu est
attribué au terme agrobusiness car au Burkina Faso, les notions
d'entrepreneur agricole et d'agrobusiness man traduisent la même
réalité (GRAF, 2011).
Ø Entrepreneur agricole :
exploitant ou groupe d'exploitants qui savent saisir une opportunité
dans le domaine agricole, dans le but de réaliser un profit, mais qui
doivent en assumer les risques. C'est un acteur ou groupe d'acteurs
qui :
Ø exploitent des superficies de terre adaptées
à leurs capacités ;
Ø disposent d'équipements
appropriés ;
Ø réalisent une production intensive ;
Ø emploient de la main d'oeuvre agricole ;
Ø disposent des outils de gestion.
Ø Entreprise agricole :
exploitation agricole disposant d'un minimum d'investissement (infrastructures,
équipements), employant de la main-d'oeuvre salariée, pratiquant
des techniques modernes de production et/ou la prise de décision est
régie par une unité. Il s'agit de toute exploitation agricole
répondant aux critères suivants :
Ø au moins 50% de la production est destinée au
marché ;
Ø utilisation d'au moins une charrue ;
Ø utilisation de paquets technologiques (semences
améliorées, engrais chimiques, fumure organique, produits
phytosanitaires, techniques de CES/DRS6(*), etc.) permettant d'avoir des rendements au-dessus de
la moyenne.
Dans le cadre de cette étude, le terme exploitation
agricole de type entrepreneurial désigne également les
entreprises agricoles.
VI. Revue de la
littérature
Le terrain agricole est peu expérimenté au sein
des sciences de gestion et de l'entrepreneuriat en particulier (Knudson et al.
2004)7(*). Ceci vient
peut-être d'une tradition où l'agriculteur est un état en
soi, qui n'appelle pas d'autres considérations (Richards, 2007)8(*) ; les notions d'entreprise,
d'entrepreneur, ayant alors une connotation négative. Nous pouvons
penser que cette vision est inscrite dans l'inconscient collectif, où la
fonction de l'agriculteur reste liée à une production alimentaire
et une implantation harmonieuse dans le territoire.
Les agriculteurs eux-mêmes, entretiennent cette vision
ambiguë, en rapprochant de façon paradoxale les qualificatifs de
paysan et de chef d'entreprise (Cordellier et al. 2010 ; p.163)9(*). Cependant, si l'entrepreneuriat
agricole présente des caractéristiques différentes des
autres secteurs habituellement abordés en science de gestion (Lagarde,
2004)10(*), nous pouvons
néanmoins y appliquer les théories de la gestion.
En effet, le secteur agricole n'est pas un secteur à
part pour Schumpeter (1942)11(*) car il est inscrit dans cette dynamique
d'évolution. L'histoire de l'équipement productif d'une ferme
typique, à partir du moment où furent rationalisés
l'assolement, les façons culturales et l'élevage jusqu'à
aboutir à l'agriculture mécanisée contemporaine
débouchant sur les silos et voies ferrées, ne diffère pas
de l'histoire de l'équipement productif de l'industrie
métallurgique, depuis le four à charbon de bois jusqu'à
nos hauts fourneaux contemporains ou de l'histoire de l'équipement
productif d'énergie (Schumpeter, 1942 ; p. 121-122).
Ainsi, de nombreux auteurs s'accordent à dire que
l'exploitation agricole est une véritable entreprise, nous nous situons
plus précisément dans l'étude de la micro-entreprise ou
l'hypo-firme. Lagarde (2004 ; 8) cite Marchesnay (1988)12(*) qui caractérise la
petite entreprise par « la spécificité des activités,
la forte sensibilité à l'environnement et la direction
très personnalisée ». Il est peut-être
intéressant de mentionner que Say (1816)13(*) a appliqué à l'entrepreneur la
pensée libérale proposée par Quesnay, Mercier de La
Rivière, Mirabeau, Condorcet, Turgot et autres physiocrates pour
développer l'agriculture en France.
Cependant, les évolutions propres à ce secteur,
conduit à un changement de paradigme socio-économique impactant
directement la fonction d'agriculteur. Celui-ci, est sollicité par son
environnement sur sa contribution à des thèmes aussi divers que
l'économie, la qualité et la sécurité alimentaire,
l'impact environnemental, la relation à l'animal, l'aménagement
du territoire (Chalmin et al. 2007)14(*). De ces changements émergent des
problématiques propres au champ entrepreneurial (Lagarde, 2004).
L'évolution des politiques agricoles, les négociations de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC), sont sources d'interrogations,
d'incertitudes pour l'entrepreneur.
La production de biens alimentaires n'est plus qu'une des
multiples responsabilités de l'agriculteur. Le secteur professionnel
devient un enjeu sociétal autour de ses fonctions de production
(compétitivité), environnementales (gestion des ressources
naturelles) et sociales (contribution positive à la cohésion
intra et inter régionale) (Laurent et al. 2000)15(*).
Bernard Simon (2010)16(*) en a fait l'analyse en plaçant la fonction
d'entrepreneur en agriculture dans les domaines d'études du champ de
l'entrepreneuriat. L'approche par l'intention entrepreneuriale permet une
introduction à la connaissance des composantes de l'entrepreneuriat
agricole. Il ressort que l'individu devient agriculteur, très souvent,
dans le prolongement de l'activité familiale.
Le Clanche et al. (2015)17(*) ont fait ressortir de l'analyse des petits
entrepreneurs agricoles en France, la notion d'entrepreneur schumpeterien. Il
est défini comme un individu vecteur de l'innovation et de la
destruction créatrice car il propose une action nouvelle
inédite ; il cherche à « fonder un
royaume » (Schumpeter, 1942).
Au Burkina Faso, les recherches en entrepreneuriat agricole ou
agrobusiness sont encore récentes et peu nombreuses. Toutefois, bon
nombre de ces recherches sur l'agrobusiness ont pour zone d'étude la
province du Ziro (Zongo, 2002, 2010 ; Ouédraogo, 2006 ;
Nanéma, 2010 ; le GRAF, 2011).
Cet engouement pour la région est surtout lié
aux différends ayant existés entre les acteurs agricoles de la
province quant à l'occupation foncière. Raison pour laquelle la
plupart de ces oeuvres analysent entièrement (Zongo, 201018(*) ; GRAF, 201119(*)) ou partiellement la dimension
foncière de l'entrepreneuriat agricole (Zongo, 200220(*) ; Ouédraogo
200621(*) ;
Nanéma, 201022(*)).
Ces recherches mettent en exergue la nécessité, voir l'urgence de
sécuriser le domaine foncier quant aux systèmes d'acquisition et
d'exploitation. C'est certainement en réponse à ces
préoccupations que l'Assemblée nationale a voté la loi
n°034-2009/AN portant régime foncier rural en 2009.
Néanmoins, certaines oeuvres ont analysé la
contribution de l'agrobusiness à la lutte contre la pauvreté
(Nanéma, 2010) et donc au développement local (Ouédraogo,
2006), mais aussi sa contribution éventuelle aux recettes fiscales
(Consimbo, 2012)23(*). Il
ressort de ces analyses que l'entrepreneuriat agricole crée des emplois,
contribue à la lutte contre l'insécurité alimentaire, et
met en exergue l'inadaptation de la fiscalité appliquée aux
activités agricoles.
D'autres recherches ont été menées dans
le domaine de l'entrepreneuriat agricole en mettant en exergue son action
(GRAF, 2008)24(*), mais
aussi sur la rentabilité des entreprises agricoles (DDEA, 2011)25(*).
Ces recherches montrent que les entrepreneurs agricoles
exploitent en moyenne 85 ha avec un revenu monétaire d'exploitation de
264 000 FCFA/ha soit 22 460 000 FCFA par campagne. Le ratio
avantage-coût variable donne un taux moyen de 189% ; ce qui montre
qu'en investissant 100 FCFA, les entrepreneurs agricoles gagnent un
bénéfice de 189 FCFA. Ainsi, l'ensemble des exploitations
agricoles de type entrepreneurial sont financièrement rentable.
VII. Intérêt de
l'étude
L'entrepreneuriat agricole étant un domaine de
recherche nouveau au Burkina Faso, très peu d'oeuvres, traite de sa
situation en termes de connaissance de son environnement et de la vulgarisation
des structures d'accompagnement ainsi que les actions menées, surtout
dans la province du Boulkiemdé. C'est dans cette dynamique que la
présente étude tire toute son originalité et sa grande
pertinence ; pertinence pour :
Ø les entrepreneurs agricoles en leur présentant
les structures susceptibles de les accompagner ;
Ø le MARHASA, particulièrement la DDEA en lui
fournissant d'une part la situation des entrepreneurs agricoles dans la
province du Boulkiemdé en mettant en exergue leurs préoccupations
et leurs attentes, et d'autre part en apportant des recommandations pour
l'amélioration de l'entrepreneuriat agricole dans la zone
d'étude ;
Ø les structures favorables à l'entrepreneuriat
agricole en présentant le niveau de vulgarisation de leurs
actions ;
Ø les institutions financières qui offrent leurs
services aux entreprises agricoles en présentant les besoins
réels de financement de ces acteurs ;
Ø les établissements d'enseignements
supérieurs et professionnels en constituant probablement un point de
départ de recherches que les futures promotions pourront approfondir et
enrichir d'avantage, mais aussi pour les futures recherches dans le domaine de
l'entrepreneuriat agricole ;
Ø nous-mêmes en nous permettant de tester nos
connaissances acquises au cours de notre formation et de développer nos
capacités de chercheur.
VIII. Cadre
méthodologique
Pour mener à bien cette étude, nous avons
effectué un stage de trois (03) mois à l'antenne de Koudougou de
la Maison de l'entreprise du Burkina Faso (MEBF) en tant que conseiller en
gestion d'entreprises agricoles dans le cadre du Programme de croissance
économique dans le secteur agricole (PCESA).
Cette incursion professionnelle a permis un facile
accès aux différents acteurs du domaine agricole de la province
du Boulkiemdé ainsi qu'aux informations spécifiques sur le
secteur.
Pour la collecte des données, quatre (04) types
d'approches ont été utilisées :
Ø la recherche documentaire et l'exploitation de
données secondaires ;
Ø des entrevues guidées réalisées
auprès des professionnels et des intervenants du domaine de
l'entrepreneuriat agricole ;
Ø des enquêtes auprès des entrepreneurs
agricoles de la zone d'étude ;
Ø l'exploitation du réseau internet.
L'identification des promoteurs a été
facilitée par l'existence d'une Union provinciale des entrepreneurs
agricoles. Toutefois, l'appui des chefs de zone d'appui technique (ZAT) fut
nécessaire pour identifier d'autres exploitants agricoles de type
entrepreneurial qui n'ont pas encore adhéré à l'Union.
Cette identification a eu pour base les critères suivants :
Ø la réalisation d'une production
intensive ;
Ø l'utilisation d'au moins une charrue ;
Ø l'utilisation de paquets technologiques (semences
améliorées, engrais chimiques, fumure organique, produits
phytosanitaires, techniques de CES/DRS, etc.) permettant d'avoir des rendements
au-dessus de la moyenne ;
Ø l'emploi d'une main d'oeuvre agricole ;
Ø la production est destinée au marché
(au moins 50%) ;
Ø l'utilisation des outils de gestion (carnet de
recettes/dépenses, cahier de gestion, etc.).
Ainsi, nous avons pu identifier un total de vingt (20)
entrepreneurs agricoles pour la province du Boulkiemdé26(*).
Après l'identification de ce qui a constitué
notre échantillon, nous avons mené une enquête
auprès de ces acteurs à travers une grille de
questionnaire27(*)
élaborée à cet effet. Cette enquête avait pour but
de recueillir une masse critique d'informations tant sur les
caractéristiques socioprofessionnelles des entrepreneurs agricoles du
Boulkiemdé et de la situation de leur entreprise, que sur leur
connaissance de l'environnement professionnel dans lequel ils évoluent.
Pour ce faire, nous avons effectué des sorties sur le
terrain pour rencontrer ces promoteurs après des rendez-vous
préalablement définis par l'intermédiaire du
président de l'Union provinciale des entrepreneurs agricoles du
Boulkiemdé ou des chefs ZAT.
Toutefois, les renseignements de la grille de questionnaire
pour certains entrepreneurs agricoles ont fait l'objet d'entretiens
téléphoniques ; situation liée aux contraintes de
disponibilité des acteurs.
Certes, la collecte d'informations directes est assez
intéressante en termes de pertinence, mais des informations
supplémentaires ont été collectées auprès
des intervenants du domaine28(*) (les chefs ZAT, les chefs d'antenne de structures
agricoles, etc.) à travers des entrevues guidées pour
compléter les données de l'enquête.
La vérification des hypothèses
susmentionnées imposa une démarche méthodologique qui a
consisté à utiliser la matrice SWOT29(*) (Strengths, Weaknesses,
Opportunities, Threats) pour apprécier la situation de l'entrepreneuriat
agricole dans la zone d'étude. La recherche s'est basée
également sur des outils mathématiques et statistiques pour le
traitement et l'analyse des données quantitatives.
Pour mieux appréhender le thème ci-dessus
formulé, la réflexion s'est articulée autour de deux (02)
grandes parties comportant chacune deux (02) chapitres. La première
partie a été consacrée au cadre théorique de
l'étude et la seconde partie à analyser l'entrepreneuriat
agricole dans la province du Boulkiemdé.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
Cette première partie est entièrement
consacrée au cadre théorique de l'étude. Ainsi, elle est
divisée en deux (02) chapitres :
Ø le chapitre I qui examinera le cadre
général de l'étude ; et
Ø le chapitre II qui traitera de l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso.
CHAPITRE I : CADRE GENERAL DE
L'ETUDE
Dans le cadre de cette étude, des connaissances sur la
notion d'entrepreneuriat et sur les rapports éventuels entre agriculture
et agrobusiness sont nécessaires.
Pour ce faire, ce chapitre est subdivisé en deux
sections :
Ø une première qui abordera la notion
d'entrepreneuriat ; et
Ø une seconde qui traitera de agriculture et
agrobusiness.
SECTION I : Qu'est-ce que
l'entrepreneuriat ?
Lorsque nous parlons d'entrepreneuriat, une seule et unique
date revient sans cesse, les années 1980. En effet L.J. FILION
(1997)30(*) situe
à ces années-là l'éclatement du domaine de
l'entrepreneuriat vers la quasi-totalité des disciplines des sciences
humaines et administratives et ce, en se basant sur deux
événements majeurs; d'une part la publication en 1982 du tout
premier encyclopédie sur l'état des connaissances dans le domaine
par Kent, Sexton et Vesper31(*), et d'autre part, la tenue d'un grand colloque annuel
réservé à la recherche dans cette nouvelle discipline
(Babson). Nous devons certes le reconnaître, la décennie 1980
restera la décennie de l'entreprise (Coriat et Weinstein, 1995). Cette
date est en effet le début d'un acheminement vers une science, un
domaine de recherche, avec un essai de construction de courants ou
d'écoles de pensées. Toutefois, c'est l'économiste Joseph
Schumpeter (1950) qui est à l'origine de la compréhension de
l'entrepreneuriat.
Pour Schumpeter un entrepreneur est une personne qui veut et
qui est capable de transformer une idée ou une invention en innovation
réussie. L'entrepreneuriat désigne la fonction d'une personne qui
mobilise et gère des ressources humaines et matérielles pour
créer, développer et implanter des entreprises. Il conduit
à une destruction créatrice dans les marchés et les
secteurs de l'économie parce que des nouveaux produits et des business
models arrivent qui remplacent les anciens. Ainsi la destruction
créatrice est à l'origine du dynamisme industriel et de la
croissance à long terme.
Cette section est consacrée dans un premier temps
à un aperçu sur l'entrepreneuriat, et dans un second temps
à la présentation de l'entrepreneuriat au Burkina Faso.
I.1. Aperçu sur
l'entrepreneuriat
La définition de l'entrepreneuriat est loin de faire
l'unanimité au sein de la communauté sans cesse grandissante de
chercheurs qui s'en intéressent. Certains y associent l'organisation
d'une entreprise (Cantillon et Say), d'autre l'innovation (Schumpeter,
1939 ; Boulton et Carlan, 1984 ; Drucker, 1985).
D'autres catégories de chercheurs y associent soit la
prise de risque (K. Knight32(*) et Peter Druker), soit l'opportunité
(Timmons33(*)). Verstraete
et Fayolle (2004 ; p.44)34(*) mettent en lumière quatre paradigmes servant
à mieux cerner le domaine de la recherche en entrepreneuriat :
Ø la création d'une organisation (à ne
réduire qu'à une seule création d'entreprise) ;
Ø la détection, la construction et
l'exploitation d'une occasion d'affaires ;
Ø la création de valeur ;
Ø l'innovation.
Ainsi, quelles sont les éléments de base de
l'entrepreneuriat ?
I.1.1. Les
éléments de base de l'entrepreneuriat
La définition de l'entrepreneuriat varie en fonction
des courants de pensées mais il n'en demeure pas moins que deux notions
reviennent de façon récurrente et restent comme étant les
éléments à la base de toute question entrepreneuriale :
Entrepreneur et Entreprise. Ces éléments de base permettent de
dégager d'une part une action : la création ou la constitution
d'une entreprise, et d'autre part un acteur : l'individu créateur
(Zambo, 2006)35(*).
I.1.1.1. L'entrepreneur
La notion d'entrepreneur a connu jusqu'à ce jour une
évolution notoire, on est parti de la conception de simple individu au
personnage au centre de l'activité économique. La notion concerne
tout d'abord l'exploitant agricole, ensuite tous ceux ayant pour fonction de
faire circuler les denrées de la campagne vers les villes et de
transformer ses richesses ; sa mission étant de mettre des produits
à la disponibilité des acheteurs (Cantillon, 1755)36(*).
Say (1816)37(*) quant à lui voit en l'entrepreneur la pierre
angulaire de la dynamique capitaliste. L'entrepreneur est donc un
créateur et un consommateur de valeur, laquelle valeur est indispensable
à la prospérité de la société ; son
objectif n'étant pas l'exploitation du travail d'autrui mais
plutôt d'être économiquement indépendant.
Schumpeter fait la synthèse de Cantillon et Say,
l'entrepreneur devient le responsable de la science économique ;
Schumpeter le place au centre de l'analyse et lui assigne la fonction
d'innovation, l'innovation étant définie comme tout changement
porteur de profit nouveau. Le profit quant à lui étant juste sa
rémunération.
La prise de décision et sa fonction managériale
définissent sa particularité majeure ; il n'est ni
inventeur, ni capitaliste et par conséquent ne prend aucun risque.
Louis Jacques FILION (1988)38(*) intègre toutes ces dimensions et nous offre
cette définition dans laquelle nous pouvons assez clairement
reconnaître l'entrepreneur que nous rencontrons tous les jours :
«Un entrepreneur est une personne imaginative,
caractérisée par une capacité à se fixer et
à atteindre des buts. Cette personne maintient un niveau
élevé de sensibilité en vue de déceler des
occasions d'affaires. Aussi longtemps qu'il ou elle continue d'apprendre au
sujet d'occasions d'affaires et qu'il ou elle continue à prendre des
décisions modérément risquées qui visent à
innover, il ou elle continue de jouer un rôle
entrepreneurial».
L'entrepreneur étant ainsi défini, que peut-on
dire de l'entreprise ?
I.1.1.2. L'entreprise
L'entreprise est une unité économique et
juridique qui a pour principale fonction la production de biens et services
destinés à être vendus sur un marché.
L'activité d'une entreprise peut être décomposée en
deux phases distinctes :
Ø l'entreprise en tant qu'unité de
production : par l'opération de production, l'entreprise transforme
des flux d'entrée (intrants ou inputs) en flux de sortie (extrants ou
outputs) ;
Ø Figure n°1 : Illustration de
l'entreprise en tant qu'unité de production
l'entreprise en tant qu'unité de
répartition : une fois que les richesses sont créées
(à travers la vente), l'entreprise distribue les
rémunérations aux agents qui ont participé à la
réalisation de la production (les employés, l'Etat et les
organismes sociaux, les prêteurs, les investisseurs, et l'entreprise
elle-même.
Ø Les entreprises peuvent être classées
selon :
Ø le secteur d'activité :
secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, etc.), secteur
secondaire (industrie), et secteur tertiaire (prestations de
services) ;
Ø les opérations
accomplies : opérations agricoles, entreprises
industrielles, entreprises commerciales, entreprises de prestations de
services, et entreprises financières ;
Ø la taille : très petites
entreprises (TPE), petites et moyennes entreprises (PME), et grandes
entreprises ;
Ø la forme juridique :
entreprises individuelles, sociétés en commandite simple (SCS),
sociétés en nom collectif (SNC), sociétés à
responsabilité limitée (SARL), sociétés anonymes
(SA), sociétés d'Etat, groupements d'intérêt
économiques (GIE), associations, etc.
Cependant, certains concepts sont rattachés à la
notion d'entrepreneuriat. Il s'agit notamment de la créativité,
de l'invention et de l'innovation.
I.1.1.3. Certains concepts
rattachés à l'entrepreneuriat : créativité,
invention et innovation
En fait, le créateur est responsable de la vision et de
la méthode, l'inventeur est fournisseur de concepts et l'innovateur est
responsable de la transformation du produit. Il revient donc à
l'entrepreneur en tant qu'entité suprême de réaliser les
tâches d'exécution, de transformation, d'invention et enfin de
gestion de l'entreprise.
La créativité est donc un processus dans lequel
la découverte est transformée en invention, qui à son tour
devient une innovation pour permettre en fin de compte l'amélioration et
le changement.
A première vue, il n'y a pas de réelle
différence entre les notions d'innovation et d'invention. Cependant, vu
dans une optique entrepreneuriale, l'invention est souvent
considérée comme une idée brillante d'où
découle l'innovation. En effet, Schumpeter à qui nous devons
principalement la vision de l'entrepreneuriat en terme d'innovation fait
cependant une distinction entre cette dernière et l'invention qu'il
considère comme étant la découverte d'un nouvel outils ou
d'une nouvelle technique; il lui attribue le titre d'avènement initial
et voit en l'innovation l'évènement final et par
conséquent l'implantation de l'invention.
« L'innovation, c'est créer une entreprise
différente de ce qu'on connaissait auparavant, c'est découvrir ou
transformer un produit, c'est proposer une nouvelle façon de faire, de
distribuer ou de vendre » (Julien, Marshesnay ; 1996)39(*).
Néanmoins, l'entrepreneuriat possède des
caractéristiques typiques. Mais, les quelles ?
I.1.2. Les
caractéristiques typiques de l'entrepreneuriat
Il y a au centre de l'entrepreneuriat, au coeur de l'action,
un leader : l'entrepreneur qui est la force motrice à l'origine des
faits économiques, ce leader qui recèle en lui, dans son esprit
une vision de l'avenir, et s'entoure d'un certain nombre d'outils
stratégiques qu'il essaye autant bien que mal de diriger, de modeler
pour pouvoir offrir au monde dans lequel il vit quelque chose de nouveau, de
différent, d'original (Zambo, 2006)40(*).
I.1.2.1. L'entrepreneur en tant
que leader
Les nouvelles théories postulent que l'entrepreneur
doit gérer la complexité, l'incertitude et la
variété au sein de son entreprise et doit en outre tenter de
protéger son entreprise de la complexité et de l'incertitude de
l'environnement concurrentiel. Ainsi, il lui est donc assigné trois
fonctions principales :
Ø la fonction d'innovation ou de
création ;
Ø la fonction d'acquisition et d'exploitation de
l'information ;
Ø la fonction d'organisation et de coordination de la
production.
I.1.2.2. La vision
L'entrepreneur doit dans son esprit avoir une vision mise en
oeuvre de façon enthousiaste et avec rapidité. Il s'en suit une
mise en oeuvre d'un ensemble d'anticipation, visant la progression et la
prospérité de la structure et, en fin de compte une certaine
satisfaction de rendre service à la société.
Cependant, tout au long de ce processus partiellement
conscientisé d'intuition et de perspicacité qui trouve leurs
racines dans l'expérience, l'entrepreneur développe une vision
ainsi qu'une stratégie devant être mise en pratique.
I.1.2.3. Les stratégies
entrepreneuriales
La stratégie considérée un peu comme la
feuille de route de l'activité entrepreneuriale est
délibérée, pendant que la vision d'ensemble reste claire.
Ainsi, tous les détails de l'activité apparaissent en revanche
malléables, incomplets et émergeants. Les stratégies
entrepreneuriales doivent par conséquent s'accompagner d'un ensemble de
structures simples et centralisées répondant de façon
rapide et claire aux directions que donne l'entrepreneur.
De toutes ces notions et concepts englobant l'entrepreneuriat,
que peut-on dire sur la situation de l'entrepreneuriat au Burkina
Faso ?
I.2. L'entrepreneuriat au Burkina
Faso
Au Burkina Faso, il a fallu attendre la libéralisation
opérée à travers les programmes d'ajustement structurel du
début des années 90 pour voir se développer des
initiatives pour la promotion du secteur privé comme moteur de
développement. Cependant, après plus de deux décennies,
que peut-on dire sur les entreprises burkinabè ? Comment se
caractérise leur environnement ?
I.2.1. Les entreprises
burkinabè : état des lieux
Le grand commerçant, le fonctionnaire reconverti dans
les affaires, le jeune diplômé, le professionnel disposant d'un
savoir-faire acquis sur le terrain, tels sont les personnages les plus courants
du monde des affaires burkinabè. (Labazée, 1988)41(*).
En 2010, le répertoire statistique des entreprises
(RSE) élaboré par l'Institut national de la statistique et de la
démographie (INSD) contenaient 5826 entités légales en
activité. Il s'agit des entreprises qui exercent légalement leurs
activités et qui ont élaboré et déposé leurs
déclarations statistiques et fiscales (DSF) à la Direction
générale des impôts (DGI). Le nombre de plus en plus
élevé d'entreprises formelles s'explique, non seulement par la
création des nouvelles entreprises formelles, mais aussi par la
formalisation d'entreprises existantes.
Ce répertoire nous donne un aperçu
général sur la situation des entreprises formelles au Burkina
Faso.
I.2.1.1. Répartition
spatiale des entreprises
Graphique n°1 : Répartition
spatiale des entreprises formelles
Source : Nous-mêmes.
Le tableau ci-après (tableau n°1) indique que les
entreprises formelles sont inégalement réparties entre les treize
(13) régions du pays. En effet, selon le RSE (2010) 82,6% des
entreprises formelles sont localisées dans la région du Centre,
et 10,8% sont situées dans la région des Hauts Bassins. Les
autres régions se partagent les 6,6% restant. C'est dire que la plupart
des entreprises burkinabè sont concentrées dans les grandes
villes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Tableau n°1 : Répartition
spatiale des entreprises formelles
Source : RSE, 2010.
I.2.1.2. Le statut juridique
des entreprises formelles
La personnalité juridique de l'entreprise permet de
définir le pouvoir que détiennent les personnes privées
ayant apporté leurs capitaux à l'entreprise et le niveau de
risque qu'elles encourent. La moitié des entreprises formelles
burkinabè en 2010 sont des entreprises individuelles (ou personnes
physiques) (RSE, 2010). Ces entreprises ne distinguent pas leur patrimoine de
celui du propriétaire. Ce statut accroit la vulnérabilité
de l'entrepreneur en cas de faillite de l'entreprise.
Graphique n°2 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur statut juridique
Source : Nous-mêmes.
Tableau n°2 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur statut juridique
Source : RSE, 2010.
A côté des entreprises individuelles se trouvent
les sociétés à responsabilité limitée (SARL)
qui représentent 34% des entreprises formelles actives (RSE, 2010). Il
s'agit de la forme juridique adaptée aux petites et moyennes entreprises
(PME) car elle offre des coûts de fonctionnement réduits et
présente l'avantage de limiter la responsabilité des
associés à leurs apports respectifs. Le reste des entreprises
formelles du Burkina Faso est constituée de sociétés
anonymes (6,2%), de sociétés d'Etat (0,3%), de succursales
(0,2%), etc.
I.2.1.3. Les branches
d'activités des entreprises formelles
Les activités économiques se concentrent autour
de cinq principales branches d'activités représentant 86% des
entreprises actives en 2010. Environ 37% des entreprises formelles sont des
entreprises de « Commerce ; réparation de véhicules
automobiles et d'articles domestiques ». Le faible niveau d'investissement
initial et la faiblesse relative des coûts de fonctionnement pourraient
expliquer cette situation.
Après le commerce, viennent les activités d'
«Immobilier, locations et services aux entreprises» (16%) et celles
de «construction» (14%). Le nombre important d'entreprises dans ces
domaines pourrait s'expliquer par l'urbanisation croissante des deux (02) plus
grandes villes du pays qui accueillent la grande majorité des
entreprises formelles. L'accroissement de la demande en bâtiments et
travaux publiques ainsi qu'en services de logement peuvent être en effet
des éléments d'explication de l'importance des entreprises
oeuvrant dans cette branche d'activité.
Tableau n°3 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur branche
d'activités
Source : RSE, 2010.
Graphique n°3 : Répartition des
entreprises formelles en fonction de leur branche
d'activités
Source :
Nous-mêmes.
I.2.2. L'environnement de
l'entreprise burkinabè
I.2.2.1. Les difficultés
rencontrées
Au Burkina Faso, les entreprises opèrent dans un
environnement défavorable du fait de l'étroitesse du
marché national, du coût élevé des facteurs de
production, des difficultés d'accès au financement bancaire, de
la forte concurrence des produits importés, etc.
En effet, selon le centre d'analyse des politiques
économiques et sociales (CAPES, 2007), les difficultés
rencontrées sont les suivantes :
Ø les difficultés d'accès au
crédit, les équipements dont ils ont besoin sont souvent
très chers et importés ; bien qu'il existe des fonds
publics42(*) pour certains
cas, le parcours de l'entrepreneur reste celui du combattant ;
Ø les taux d'intérêt bancaires
élevés de 12 à 17% même au niveau de la micro
finance ;
Ø l'absence de banque/institution financière
pour PMI-PME : pas de capital risque capable de permettre aux individus de se
lancer dans de telles initiatives ;
Ø les difficultés de recouvrement
financiers43(*) : nombre
de PMI/PME souffrent des problèmes de recouvrements et de
facilités bancaires pour conquérir des marchés ;
Ø le manque de personnel qualifié dans certaines
filières telles que l'agro-alimentaire (CCIA, 2006) ; cela comprend
aussi la mise en oeuvre de normes de qualité qui permettent d'être
compétitifs.
Ainsi, les entreprises burkinabè n'arrivent pas
à produire des biens et services de qualité pour améliorer
leur degré de participation au commerce extérieur. Ce qui
alimente un déséquilibre structurel important de la balance
commerciale.
I.2.2.2. Les organismes de
soutien aux entreprises
Sans être exhaustif, les organismes de soutien aux
entreprises burkinabè sont :
Ø La maison de l'entreprise du Burkina Faso
(MEBF) : la MEBF est un acteur incontournable dans le domaine de
l'appui aux TPE et PME au Burkina Faso. Elle facilite l'accomplissement des
formalités d'entreprises et des formalités d'actes de construire
avec respectivement le centre de formalités des entreprises (CEFORE) et
le centre de facilitation des actes de construire (CEFAC). Elle oeuvre au
renforcement des capacités des entrepreneurs à travers de
multiples services (information, appui-conseil, coaching, etc.) ;
Ø Les centres de gestion agréés
(CGA) qui offrent un soutien à la tenue de comptabilité,
à l'établissement des états financiers, à
l'élaboration des déclarations fiscales et sociales et une
assistance conseil aux entreprises (développement de la force de vente,
conseil fiscal, montage de demande de crédit, etc.) ;
Ø La chambre de commerce et de l'industrie du
Burkina Faso (CCI-BF) qui est un des partenaires
privilégiés des grandes entreprises dans leur démarche
à l'international, à travers appuis, conseils, informations, mise
en relation d'affaires avec des entreprises à l'international ;
Ø L'agence pour la promotion des exportations
du Burkina (APEX-Burkina) qui offre un soutien en termes d'information
commerciale internationale, d'organisation de manifestations commerciales
(foires, salons internationaux, etc.) de renforcement des capacités sur
les règles du commerce international, etc.
Ø Le CAPES dont l'appui (études
prospectives économico-socio-politiques) et la mise en réseau
permet de faire connaître certains innovateurs et créateurs
d'entreprises.
I.2.2.3. Les facilités
mises à la disposition des entrepreneurs
Pour favoriser l'émergence du secteur privé et
l'accompagner dans l'accomplissement de ses missions de création
d'emplois et de richesses, il est important de créer un environnement
institutionnel, législatif et réglementaire propice à
l'investissement privé. Dans le souci d'offrir un cadre propice à
l'investissement privé, le Gouvernement burkinabè a entrepris des
réformes qui ont permis au pays de figurer, durant le période
2005-2010, parmi les dix (10) pays de l'Afrique subsaharienne qui se sont le
plus améliorés.
En effet, le code des investissements met à la
disposition du créateur d'entreprise un certain nombre
d'exonérations fiscales selon la taille et l'investissement
définis par le régime fiscal. Ces dispositions s'appliquent
à ceux qui dès le départ disposent de moyens. Toutefois,
il existe des fonds publics pouvant accompagner le créateur d'entreprise
dans le financement.
L'Etat a mis en place un certain nombre de fonds pour
accompagner l'entrepreneuriat. Il s'agit entre autres du fonds d'appui aux
initiatives des jeunes (FAIJE), du fonds d'appui à la promotion de
l'emploi (FAPE), du fonds d'appui à la formation professionnelles et
à l'apprentissage (FAFPA), du fonds d'appui aux activités
rémunératrices des femmes (FAARF), etc. Au-delà de ces
dispositions, l'Etat a pris le 26 mai 2014, le décret
n°2014-462/PRES/PM/MJ/MEF/MICA consacrant la réduction du capital
social minimum des SARL au Burkina Faso. En effet, grâce à ce
décret, le capital social minimum des SARL passe de un (01) million de F
CFA à cent (100) mille F CFA. Cette réforme vise à
augmenter le nombre d'entreprises formelles en incitant la création de
nouvelles, et en amenant celles de l'informel à se formaliser.
Cependant, que peut-on dire de l'agriculture et de
l'agrobusiness ?
SECTION II : Agriculture et agrobusiness
Cette section vise à élucider la conception de
l'agriculture et de l'agrobusiness. A cet effet, nous allons examiner d'une
part l'agriculture mondiale, et d'autre part donner un aperçu sur
l'agrobusiness en rapprochant agriculture familiale et agrobusiness.
II.1.
Présentation de l'agriculture dans le monde
L'agriculture est une activité traditionnelle et
fondamentale de la civilisation humaine. Son apparition dans les
sociétés préhistoriques marque le passage des
sociétés vivant de la chasse et de la cueillette aux
sociétés ayant domestiqué des espèces animales et
végétales. C'est donc une étape importante de
l'évolution du genre humain.
Aussi, définir l'agriculture permettra de cerner les
différents systèmes agricoles dans le monde.
II.1.1. Aperçu sur l'agriculture
Il est nécessaire de cerner préalablement
l'origine de l'agriculture avant de lui donner une définition.
II.1.1.1. L'origine de l'agriculture
L'origine de l'agriculture est généralement
assimilée à la période du néolithique. Elle
correspond à l'abandon de la vie nomadique du chasseur-cueilleur au
profit d'une vie sédentaire, au développement de peuplements
permanents et à la création des premiers ustensiles de cuisson et
de stockage des aliments. Les débuts de l'agriculture, que l'on appelle
parfois la « révolution néolithique », se
sont produits il y a environ 10 000 ans au Proche-Orient,
8 000 ans en Chine et sans doute quelques milliers d'années
plus tard en Europe.
Le début de l'agriculture correspond
à une évolution graduelle plutôt qu'à une
révolution soudaine bien que, par rapport à l'immense
durée de la préhistoire, ce nouveau mode de vie ait
été adopté relativement vite. Les plantes et les animaux
domestiqués n'ont pas constitué d'emblée des ressources
alimentaires de base. En fait, ils sont le résultat d'une domestication
sur plusieurs siècles.
L'agriculture n'a remplacé que progressivement la
cueillette et, dans de nombreuses régions du monde, la chasse, la
pêche et la cueillette ont persisté longtemps après
l'introduction ou l'adoption des espèces domestiquées. Il est par
conséquent impossible de désigner avec précision une
époque ou un endroit où la domestication d'une espèce a
débuté. Pour cette raison, l'« origine de
l'agriculture » ne peut être exactement identifiée
(Microsoft Encarta, 2009).
Ainsi, quelle définition peut-on donner à
l'agriculture ?
II.1.1.2. Définition de l'agriculture
En économie politique, l'agriculture est définie
comme le secteur d'activité dont la fonction est de produire un revenu
financier à partir de l'exploitation de la terre (culture), de la
forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des rivières
(aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de
l'animal sauvage (chasse).
Dans le langage courant, on distingue pour plus de
commodité, l'agriculture au sens strict (culture ou travail de la terre)
qui concerne la production végétale, de l'élevage qui,
elle concerne la production animale.
La culture est divisée en grandes cultures
(céréales, oléagineux, protéagineux et quelques
légumes), en arboriculture fruitière, en viticulture, en
sylviculture et en horticulture. Quant à l'élevage, elle vise
à faire naître des animaux pour la consommation directe (viande)
ou pour leurs produits (lait, oeufs, laine, miel...) (Consimbo, 2012).
En vue d'un meilleur affinement des recherches, la
présente étude est essentiellement consacrée à
l'agriculture stricto sensu. Par ailleurs, on distingue plusieurs
systèmes agricoles selon leur mode de fonctionnement et leur impact
socio-économico-environnemental.
II.1.2. Les systèmes agricoles dans le monde
De la révolution néolithique à la
révolution verte jusqu'à nos jours, plusieurs systèmes
agricoles ont pu être identifiés : l'agriculture intensive,
l'agriculture biologique, l'agriculture durable, l'agriculture
raisonnée, l'agriculture biodynamique, l'agriculture de subsistance,
l'agriculture extensive, l'agriculture paysanne, l'agriculture vivrière,
l'agriculture de rente, l'agriculture de précision, etc. Toutefois, il
sera successivement abordé d'une part, l'agriculture extensive, pour la
similitude de ses caractéristiques avec l'agriculture burkinabé,
et d'autre part, l'agriculture intensive au regard de la politique agricole
actuelle.
II.1.2.1. L'agriculture extensive
L'agriculture extensive est un système de production
agricole qui ne maximise pas la productivité à court terme du sol
en ne faisant pas appel à des intrants chimiques, au drainage, mais
plutôt aux ressources naturelles. Pratiquée
généralement sur de vastes étendues, elle se
caractérise par des rendements à l'hectare relativement faibles
et par un grand nombre d'emplois par quantité produite.
L'agriculture extensive s'oppose à l'agriculture
intensive.
II.1.2.2. L'agriculture intensive
L'agriculture intensive est axée sur l'accroissement de
la productivité physique. Cet accroissement de productivité
physique s'exprime par un accroissement du volume de production rapporté
aux quantités de moyens utilisés. Elle fait appel à des
équipements et à des techniques modernes (machinisme agricole,
irrigation et drainage des sols...) de même qu'à des
agrofournitures achetées (semences,
engrais, pesticides...).
L'agriculture moderne intensive implique l'optimisation de
l'emploi des moyens de production (foncier, travail, capitaux) en fonction des
prix des produits livrés sur le marché.
Elle permet l'augmentation très forte des rendements et
par voie de conséquence la production agricole, et de diminuer
corrélativement les coûts de production. Peut-on pour autant
rapprocher la notion d'agriculture intensive à celle
d'agrobusiness ?
II.2.
Aperçu sur l'agrobusiness
L'agrobusiness est né dans la première
moitié du XXe siècle et a pour initiateurs les Etats-Unis
d'Amérique. Aujourd'hui, il est répandu à travers le monde
; y a-t-il une relation entre l'agrobusiness et l'agriculture
familiale ?
II.2.1. Agrobusiness et agriculture familiale
La littérature existante oppose très souvent
l'agrobusiness et l'agriculture familiale. Cependant, il sera
démontré dans la suite de cette partie que l'agrobusiness
concerne toutes les exploitations qui commercialisent leurs productions ou
achètent des intrants, ce qui inclut aussi les petites exploitations.
II.2.1.1. L'opposition entre l'agrobusiness et l'agriculture
familiale
L'assimilation entre l'agrobusiness et les grandes
exploitations provient d'une opposition courante entre agriculture familiale et
agriculture de marché.
Si la finalité première de l'agriculture
familiale est de garantir l'autosuffisance alimentaire des membres de la
famille, il faut dans un second temps développer un cadre favorable
à la vente des produits pour augmenter les revenus et avoir des
activités plus rémunératrices pour lutter contre la
pauvreté et l'insécurité alimentaire.
L'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) insiste sur le fait que
l'agrobusiness repose sur de grandes exploitations utilisant des moyens de
production modernes et oppose l'agrobusiness et l'agriculture familiale :
« Le terme agrobusiness fait référence aux exploitations
dont la logique de production est orientée vers le marché. Ce
type d'exploitations utilise généralement d'importants capitaux
et entretient des liens étroits avec les chaînes
d'approvisionnement en intrants, de transformation et de marketing ou est
même impliqué dans ces activités. L'agro-business ne se
confond pas avec le type d'agriculture familiale orientée vers le
marché. Celui-ci, bien que produisant essentiellement pour le
marché, représente des exploitations dont la main d'oeuvre est
essentiellement familiale et l'utilisation de capitaux reste modeste
» (OCDE, 2005).
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO) donne également sa définition de
l'agrobusiness : « A côté de l'agriculture familiale
s'est développé l'agrobusiness. Ce dernier fait
référence aux exploitations de grandes tailles orientées
vers la commercialisation, utilisant d'importants capitaux et entretenant
des liens étroits avec les chaînes d'approvisionnement en
intrants, de transformation et des circuits de commercialisation. L'industrie
de transformation agroalimentaire est un des aspects de l'agrobusiness
» (FAO, OCDE, 2007).
Ces définitions considèrent donc que
l'agrobusiness ne concerne que les grandes exploitations détenant du
capital et des moyens modernes et se développe à
côté de l'agriculture familiale qui utilise des techniques
traditionnelles. Derrière ces considérations, l'agrobusiness est
associé à une agriculture industrielle et capitaliste.
II.2.1.2. La complémentarité entre agrobusiness
et agriculture familiale
Différents documents opposant l'agrobusiness et
l'agriculture familiale donnent des exemples vécus démontrant le
partenariat entre l'agrobusiness et l'agriculture familiale et ainsi le
rôle joué par les sociétés agricoles privées
d'agrobusiness dans l'accès des petites exploitations à
l'innovation agricole.
Le partenariat entre la petite agriculture familiale et les
grandes exploitations plus modernes représente alors une
opportunité de répondre aux préoccupations en
matière de productivité, de compétitivité et aux
exigences de standards de qualité requis pour les produits
orientés vers le marché international. Ainsi, l'entreprise
horticole gambienne (Gambia Horticulturalist Entreprise) est une grande
société agricole travaillant avec de petites exploitations via
les organisations de producteurs pour disposer de la qualité et des
quantités nécessaires à l'exportation (OCDE, 2005). Il
existe ici un lien entre l'agrobusiness et les petits producteurs de
l'agriculture familiale permettant à ces derniers un meilleur
accès à l'innovation grâce :
Ø à la fourniture par les sociétés
d'agrobusiness des services nécessaires pour la production (engrais,
semences, crédit...) ;
Ø à la garantie de marchés offerts par
les sociétés d'agrobusiness aux produits des exploitants
familiaux impliqués dans ce partenariat.
L'OCDE prend également l'exemple du Nigeria à
travers la « Okomu oil Palm Company » qui a une approche
tournée vers la contractualisation avec des exploitations familiales
pour la production des fruits de palmier à huile (OCDE, 2007). Ce
partenariat Agrobusiness/Exploitants familiaux, tout en offrant une garantie de
marché, assure également aux petits producteurs l'accès
aux intrants et au crédit.
Après avoir repris les éléments opposant
l'agrobusiness et l'agriculture familiale dans la littérature, il est
alors important de donner précisément la définition
retenue de l'agrobusiness.
II.2.2. Concept d'agrobusiness
L'agriculture familiale et l'agrobusiness étant
diversement abordés, quelle définition peut-on donner à
l'agrobusiness ?
II.2.2.1. Définition de l'agrobusiness
L'agrobusiness est un terme anglo-saxon qui désigne
l'ensemble des activités associées pour la production, la
transformation et la commercialisation des produits agricoles. Toutefois, ce
terme n'est pas uniformément appréhendé à travers
le monde.
La conception quasi unanime en occident distingue
l'agrobusiness de l'agriculture. Selon cette conception, l'agriculture est
intégrée dans un système appelé agrobusiness et ce
dernier désigne l'ensemble des activités économiques
liées à l'agriculture moderne et nécessaire à son
fonctionnement. Ainsi, l'agrobusiness comprend d'abord les
activités "d'amont"44(*)au service de l'agriculture,
ensuite les activités "centrales"45(*), et enfin les activités
"d'aval"46(*) qui transforment et commercialisent les
denrées agricoles (Consimbo, 2012).
Au Burkina Faso, depuis que ce concept a été
lancé au milieu des années 90, on qualifiait d'agro-businessmen
« l'ensemble des producteurs provenant du monde des fonctionnaires,
des salariés, des jeunes agriculteurs/agricultrices issus des centres de
formation professionnelle et des opérateurs économiques, dont
l'activité est de générer un surplus important de
production agricole commercialisable. En d'autres termes, ceux qui investissent
ou qui cherchent des opportunités d'investissement dans le secteur
agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance alimentaire »
(Ministère de l'Agriculture, 1999).
La notion d'agrobusiness étant ainsi
appréhendée, quelles peuvent être les conditions de
développement de l'agrobusiness ?
II.2.2.2. Conditions de développement de
l'agrobusiness
Le développement de l'agrobusiness nécessite de
tenir compte de l'ensemble des étapes allant de la production à
la commercialisation des produits. La liste présentée n'est pas
exhaustive mais donne quelques éléments prioritaires à
partir des problèmes décelés les plus importants en
Afrique de l'Ouest et du Centre pour l'appui aux filières agricoles. Les
mesures de soutien à l'agrobusiness peuvent concerner :
Ø les activités de production, en favorisant la
mécanisation et la recherche et développement ;
Ø le stockage des produits, en privilégiant des
dispositifs de chaîne du froid et d'entreposage ;
Ø la transformation ou la vente, avec l'installation de
marchés ruraux et de gros (CORAF/WECARD47(*)).
L'Agri Business Forum48(*) 2009 dont le thème était : «
renforcer le secteur privé pour accroitre la productivité et
la croissance en Afrique » a mis en avant différentes pistes
pour le développement de l'agrobusiness comme :
Ø la création de partenariats tout au long de la
filière, des producteurs de matières premières en passant
par les transformateurs jusqu'aux revendeurs : ces liens, qui peuvent
aussi être tissés entre secteur public et privé, renforcent
la filière et l'industrie agro-alimentaire dans son ensemble ;
Ø le développement des infrastructures qui doit
permettre aux produits agricoles de circuler et d'être disponibles sur
les marchés ;
Ø l'appui à la recherche et au
développement ; la biotechnologie contribue fortement à
améliorer la productivité agricole, ainsi que la qualité
des produits et leur valeur ajoutée : le besoin de soutenir la
Recherche-Développement (R&D) demandera des efforts conjoints des
secteurs public et privé, pour entreprendre des mesures encourageant
l'innovation et des nouvelles approches permettant d'améliorer la
croissance agricole ;
Ø l'amélioration de l'accès au
marché.
Après avoir appréhendé le cadre
général de l'étude à travers l'entrepreneuriat,
l'agriculture et l'agrobusiness, quelle est la situation de l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso ?
CHAPITRE II :
L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE AU BURKINA FASO
Après une quinzaine d'années de mise en oeuvre
du Programme d'ajustement structurel, le Burkina Faso n'est pas encore parvenu
à renverser les tendances de dégradation des conditions de vie
des populations. Malgré des résultats macro-économiques
encourageants, les bonnes performances de certaines filières (coton,
bétail/viande, céréales notamment) et les avancées
en terme d'opportunités offertes au secteur privé, les conditions
de vie des populations rurales ne se sont pas améliorées de
façon significative. Les faibles performances du secteur rural sont en
partie dues à la prédominance des systèmes de production
traditionnels caractérisés par des petites exploitations
familiales, peu modernes et tournées vers l'autoconsommation.
La promotion de l'entreprenariat agricole est une option
nationale. En effet, la Stratégie de croissance
accélérée et de développement durable (SCADD) dans
le secteur rural pour la période 2011-2015 accorde une place importante
à l'entreprenariat agricole comme moyen d'accélération de
la croissance dans le secteur agricole à travers notamment son axe 1
intitulé « développement des piliers de la croissance
accélérée ».
Dès lors, la promotion de l'entreprenariat agricole
devient une priorité pour le développement de l'agriculture
Burkinabè qui constitue un des piliers importants d'une croissance
accélérée de l'économie nationale. Quelle est la
situation de l'entrepreneuriat agricole ? C'est ce que relate ce chapitre
à travers un aperçu sur l'entrepreneuriat agricole
burkinabè (Section I) ainsi que son importance et son cadre
règlementaire (Section II).
SECTION I : Aperçu sur
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
L'entreprenariat agricole se présente aujourd'hui comme
l'une des options stratégiques du Burkina pour booster le
développement de l'agriculture en vue de parvenir à la
sécurité alimentaire et de lutter en même temps contre la
pauvreté en milieu rural. Ainsi, on assiste à l'apparition des
exploitations agricoles de type entrepreneurial à côté des
exploitations familiales.
Qu'est-ce que l'entrepreneuriat agricole en
réalité ?
I.1. Entrepreneuriat agricole ; de
quoi parle-t-on ?
L'entrepreneuriat agricole est le centre de cette
étude. Toutefois, nous n'avons pas encore cerné les notions
importantes de ce concept, ni son histoire au Burkina Faso, encore moins les
caractéristiques des entreprises agricoles. Cette partie y sera
consacrée. Mais avant tout, comment définit-on l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso ?
I.1.1. Définition de
l'entrepreneuriat agricole
Selon le Groupe de recherche et d'action sur le foncier (GRAF,
2011), les notions d'entrepreneur agricole et d'agrobusiness man traduisent la
même réalité. Il est généralement admis que
l'entreprenariat agricole se décompose en :
Ø activités d'amont :
activités des secteurs artisanal et industriel consistant en la
production d'intrants agricoles (engrais chimiques, pesticides, etc.),
d'équipements agricoles (tracteurs, motopompes, charrues, charrettes,
etc.), d'énergie (carburant, électricité, etc.) et de
services (ministères, banques, universités, etc.) au
bénéfice de l'agriculture ;
Ø activités centrales :
agriculture proprement ;
Ø activités d'aval :
transformation simple, agro-industrie, transport, commercialisation et
distribution de la production agricole.
Plusieurs définitions de l'entrepreneur agricole
existent dans la littérature. Toutefois, selon la conception
généralement admise au Burkina Faso, les acteurs exerçant
les «activités d'amont» sont considérés comme
des accompagnateurs des entrepreneurs agricoles dans la mesure où leurs
interventions tendent à faciliter les actions de ces derniers.
Ce sont les acteurs menant les « activités
centrales » et les « activités d'aval »
qui sont considérés comme des entrepreneurs agricoles à
proprement parler.
La Direction de développement de l'entreprenariat
agricole (DDEA), 2013 définit l'entreprise agricole comme « une
exploitation agricole disposant d'un minimum d'investissement (infrastructures,
équipements), employant de la main-d'oeuvre salariée, pratiquant
des techniques modernes de production et/ou la prise de décision est
régie par une unité ». Il s'agit de toute exploitation
agricole répondant aux critères suivants :
Ø au moins 50% de la production est destinée au
marché ;
Ø utilisation d'au moins une charrue ;
Ø utilisation des paquets technologiques (semences
améliorées, engrais chimiques, fumure organique, produits
phytosanitaires, techniques de CES/DRS, etc.) permettant d'avoir des rendements
au-dessus de la moyenne.
Selon toujours la DDEA (2013), l'entrepreneur agricole est
« tout exploitant agricole combinant des facteurs de production et de
la main-d'oeuvre en vue de réaliser des activités
économiques de production, de transformation et de commercialisation des
biens agricoles dans un objectif de recherche de profit ».
De ces définitions de l'entrepreneuriat agricole, il se
dégage des notions importantes.
I.1.2. Trois notions
importantes de l'entrepreneuriat agricole
Les trois notions importantes de l'entrepreneuriat agricole
sont :
Ø l'entrepreneur est un chef
d'exploitation agricole vue comme une entreprise ;
Ø l'entreprise est une unité ou
un organisme autonome produisant des biens et des services marchands qui sont
commercialisés en vue de faire du profit ; l'entreprise est un lieu
de création de richesses ;
Ø l'esprit d'entreprise est l'aptitude
créative de l'individu isolé ou au sein d'une organisation,
à identifier une opportunité et à la saisir pour produire
une nouvelle valeur ou le succès économique vu comme l'aptitude
à créer quelque chose de neuf.
Figure n°2 : Illustration des trois
notions importantes de l'entrepreneuriat agricole (adaptée de
Marchesnay, 1996)
I.1.3. Historique de
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
Dans l'ensemble, le système agricole burkinabè
est largement dominé par l'agriculture de subsistance
caractérisée par sa faible performance due à la
pauvreté générale des terres, la faiblesse de
l'équipement agricole des acteurs et le bas niveau d'utilisation
d'intrants agricoles performants (semences, engrais, etc.). L'entreprenariat
agricole est une pratique relativement récente dans le pays. C'est en
effet à la fin des années 90 que l'Etat burkinabè a
initié une politique d'incitation à l'investissement dans la
production agricole par des investisseurs privés. Cette politique
consécutive aux déficits chroniques de la production agricole
visait à surmonter les insuffisances de l'agriculture familiale
considérée comme peu performante, peu ouverte aux innovations et
à la professionnalisation. Cela s'est traduit entre autres par la
création de la DDEA au sein de la Direction générale de la
promotion de l'économie rurale (DGPER) du Ministère en charge de
l'agriculture. La DDEA a reçu comme principales missions de mobiliser
des ressources matérielles et financières nécessaires au
développement de l'entreprenariat agricole.
C'est à la suite de cette incitation étatique
que de nombreux acteurs non ruraux, qualifiés d'agro businessmen ou de
nouveaux acteurs, se sont engagés dans l'acquisition de terres en milieu
rural en vue de profiter de l'opportunité de génération de
revenus ainsi offerte dans le domaine agricole.
I.2. Les études sur
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
I.2.1. L'entrepreneuriat
agricole selon la DDEA
La DDEA est créée en fin 2008 au sein de la
DGPER pour mettre en place le cadre approprié et apporter l'appui
nécessaire à la promotion et au développement de
l'entreprenariat agricole au Burkina Faso. Les critères de
caractérisation du RGA ne permettaient pas de prendre en compte la
multitude d'exploitations de type entrepreneurial, d'identifier formellement
les entreprises agricoles et de saisir l'étendue de leur
activité.
Tout en essayant de caractériser les exploitations de
type entrepreneurial, la DDEA a réalisée en 2011 une étude
sur l'analyse de la rentabilité des exploitations de type
entrepreneurial au Burkina Faso. Cette étude montre que les exploitants
modernes sont essentiellement de la tranche d'âge comprise entre 40 et 55
ans (53,7%) contre de jeunes promoteurs de la tranche d'âge comprise
entre 20 et 30 ans (3,86%). Le reste, soit 42,44% des propriétaires ont
un âge supérieur à 55 ans. Cette situation s'expliquerait
par l'insuffisance de la formation des jeunes et les difficultés
d'accès au financement et à la terre par les jeunes. Toujours
selon la même source, le niveau d'instruction dominant de ces exploitants
seraient le primaire (33%) alors que 20% ne sont pas
alphabétisés.
A l'image des conclusions du RGA sur les fermes agricoles
modernes, les spéculations produites par ces exploitations modernes sont
dominées par les céréales (maïs et sorgho) et les
oléagineux (niébé, l'arachide). D'autres cultures
émergent ; notamment le sésame, le riz et le coton. Le
marché (qui s'oppose à l'autoconsommation) constitue-t-il la
principale destination des productions de ces exploitations modernes (en
moyenne 74%). Ce taux de commercialisation élevé montre que ces
exploitants agricoles dégagent un surplus important de production
commercialisable sur le marché, ce qui justifierait le choix de la
promotion de ces acteurs par l'Etat à travers la DDEA pour la
réalisation de la sécurité alimentaire au Burkina Faso et
d'amélioration des revenus des ménages ruraux.
Sur les aspects d'utilisation de la main d'oeuvre, la
même source indique que dans les exploitations agricoles modernes, la
main d'oeuvre rémunérée journalière est dominante
suivie de la main d'oeuvre familiale (en moyenne 20%). La main d'oeuvre
rémunérée permanente est faible avec une proportion de 7%.
La main d'oeuvre utilisée par chaque exploitation
moderne est de 93 personnes par campagne. Elle varie en fonction des
régions et des capacités (superficies et équipements) des
acteurs.
Au-delà de ces caractéristiques
socio-économiques de production des exploitations modernes du Burkina
Faso, cette étude a établi leur rentabilité
financière (en moyenne 264 000 F.CFA/ha/campagne) et formulé
des recommandations dont :
Ø l'augmentation du niveau d'équipement des
exploitations en créant les conditions favorables d'accès
à ces équipements ;
Ø l'amélioration de l'accès aux intrants
de qualité pour une intensification raisonnée des
productions ;
Ø la formation et la sensibilisation des exploitants
agricoles sur l'utilisation des outils de comptabilité et de gestion.
I.2.2. L'entrepreneuriat
agricole selon le GRAF
Des travaux d'évaluation des impacts de l'agrobusiness
sur le foncier et la modernisation de l'agriculture ont été
réalisés par le Groupe de recherche et d'action sur le foncier
(GRAF). Pour le GRAF, les notions d'entrepreneur agricole et d'agrobusiness man
traduisent la même réalité. Ces travaux ont donné
une classification des exploitations modernes en quatre groupes en fonction de
la stratégie déployée :
Ø groupe 1 : des exploitations qui
suivent une stratégie de cultures annuelles extensives, en utilisant des
équipements motorisés lourds ;
Ø groupe 2 : des exploitations qui
suivent une stratégie de diversification des activités agricoles,
en utilisant des équipements de traction raisonnés ;
Ø groupe 3 : des exploitations qui
suivent une stratégie d'attente, ayant un taux de mise en valeur faible
;
Ø groupe 4 : des exploitations qui
suivent une stratégie de réalisation progressive d'un projet de
mise en valeur originale.
Les acteurs des deux premiers groupes évoluent dans les
mêmes filières «classiques» que les exploitations
familiales, comme le maïs, le sésame, le niébé, etc.
Ils ne profitent d'aucun avantage comparatif et suivent les itinéraires
et pratiques de l'agriculture extensive fortement mécanisée.
Au contraire, ils ont des coûts de production bien plus
élevés que les exploitations familiales et une rentabilité
économique faible, voire négative. Une minorité des
acteurs, notamment dans le dernier groupe, dispose d'un statut d'entreprise
privée.
En termes de performance des exploitations modernes, le GRAF
estime qu'en dehors des acteurs du dernier groupe, les rendements et les
bénéfices des nouveaux acteurs sont beaucoup plus faibles que
ceux des grands producteurs familiaux. Les facteurs de fragilité et de
durabilité des expériences de l'agrobusiness sur les terres non
aménagées sont :
Ø le maintien du capital sol ;
Ø le coût du personnel compétent ;
Ø le crédit à l'investissement et pour le
fonctionnement ;
Ø la disponibilité d'intrants
spécifiques ;
Ø les fluctuations très fortes des prix et la
non-régulation des marchés.
Une analyse de la création d'emplois et du niveau de
rémunération des exploitations modernes montre que la plupart des
exploitations modernes suivent une stratégie très extensive et
exploitent une partie très limitée des superficies acquises.
Elles emploient une main d'oeuvre saisonnière et temporaire peu
nombreuse, non qualifiée et mal payée. Ces exploitations sont
faiblement créatrices d'emplois indirects. Par contre, les exploitations
du groupe 4, celles qui suivent une stratégie de mise en oeuvre d'un
projet original, emploient un personnel plus nombreux et mieux qualifié
et sont fortement créatrices d'emplois indirects, surtout dans les
secteurs de la transformation agro-alimentaire, de la distribution et du
transport. Aux termes des travaux du GRAF, les leçons en termes de
politiques et de stratégies d'intervention ont été
identifiées :
Ø créer des conditions favorables à
l'émergence d'une agriculture moderne, d'abord par les grands
producteurs familiaux dynamiques et par les acteurs qui ont une capacité
professionnelle et financière pour créer et gérer à
temps plein de véritables entreprises agricoles pouvant
générer de la valeur ajoutée ;
Ø élaborer des mesures de politiques en
étroite collaboration avec les organisations professionnelles et qui
s'adressent aux vrais problèmes de la modernisation de l'agriculture
burkinabé : le financement et le crédit à
l'agriculture, y compris le crédit à l'investissement, la
régulation des marchés des produits agricoles et des intrants
ainsi que le système de la certification des semences;
Ø créer des unités de transformation
agro-alimentaires rentables et durables ;
Ø adapter le rôle des services techniques, leurs
modalités d'intervention et leur statut par rapport aux organisations
professionnelles et aux besoins des exploitations modernes ;
Ø mettre en place des initiatives de
professionnalisation de l'agriculture basées sur des partenariats
négociés entre l'État, les organisations professionnelles,
interprofessionnelles et le secteur privé ;
Ø former les acteurs sur les différents aspects
du métier d'agriculteur professionnel notamment la gestion, la
rentabilité et le marché ;
Ø créer un observatoire sur les exploitations
modernes comprenant les différents types d'acteurs et de domaines
d'intervention, leur promotion, leurs contraintes et leurs impacts
socio-économiques. Cette action peut se réaliser en partenariat
entre des organisations de la société civile, des organismes de
recherche et des organisations paysannes en association avec des services
techniques et administratifs ;
Ø des cadres d'appui pour l'ensemble des intervenants
dans l'agrobusiness (appui - conseil) doivent être créés,
impliquant les structures techniques ;
Ø inscrire l'exploitation moderne dans une vision
cohérente de l'agriculture qui, au-delà de la production,
intègre à la fois les problèmes en amont, comme
l'accès aux intrants, que ceux en aval, notamment la transformation et
la commercialisation.
En d'autres termes, il est impératif d'élaborer
une politique nationale agricole qui définira la place et le rôle
de chaque groupe d'acteurs.
I.2.3. La synthèse
des travaux sur les nouveaux acteurs et la promotion de l'entrepreneuriat
agricole
Une étude réalisée par Moussa
OUEDRAOGO49(*) sur les
nouveaux acteurs et la promotion des activités agro-sylvo-pastorales
dans le sud du Burkina Faso a identifié le statut des exploitations
modernes. Selon l'auteur, le phénomène de création de
fermes agro-pastorales concerne presque toutes les couches
socioprofessionnelles considérées comme relativement
aisées du pays sans qu'aucun indicateur économique ne puisse
justifier cet engouement sur le processus actuel d'appropriation de la terre
notamment par les salariés et les promoteurs économiques.
Pour mieux caractériser ces exploitants modernes,
l'auteur les regroupe en six (06) catégories.
Ø les agents de l'Etat (AE) :
communément appelés « fonctionnaires ». De façon
générale, la base principale de leur capacité
financière est constituée par leur salaire et les prestations
diverses (appui/conseil aux projets de développement, conduite
d'études diverses, prestations dans le privé, etc.). Ils sont
actuellement les plus nombreux et représentent 40% des acteurs
concernés ;
Ø les agents des services parapublics (PP)
: ils représentent environ 5% des nouveaux acteurs. Ce sont
essentiellement des agents des sociétés d'Etat, des projets et
programmes de développement. Leur capacité financière est
essentiellement constituée de leur revenu salarial supérieur
à celui des acteurs du groupe précédent ;
Ø les salariés du secteur privé
(SP) : cette catégorie regroupe les travailleurs des agences
financières, des sociétés de transport et de transit, de
l'aéronautique, etc. Leur capacité financière en termes de
traitement salarial est nettement plus élevée que celle des
agents de services de l'Etat et des institutions parapubliques. Ils
représentent environ 14% des nouveaux acteurs ;
Ø les promoteurs économiques (PE)
: sont classées dans cette catégorie toutes les
personnes qui ont constitué des entreprises et/ou ont des actions
importantes qui leur procurent l'essentiel de leurs revenus. Il s'agit des
commerçants, des entrepreneurs en bâtiment ou en construction de
route, les directeurs généraux des institutions
financières et des assurances, les architectes, etc. Ils
représentent 19% des nouveaux acteurs ;
Ø les hommes politiques (HP) : dans
cette catégorie sont regroupés des ministres en fonction ou non,
les députés en fonction ou non, les autorités
administratives au niveau des provinces (Hauts commissaires et
secrétaires généraux), les présidents des
institutions, des secrétaires généraux des
ministères, des chefs de cabinet des institutions, etc. Agents de l'Etat
ou promoteurs économiques, ils ont des revenus liés aux fonctions
qu'ils assument. Leur statut leur confère également certains
égards et avantages auprès des communautés rurales et des
services techniques. Ils représentent au total 17% des acteurs
concernés ;
Ø Graphique n°4 :
Répartition des nouveaux acteurs de l'entrepreneuriat
agricoles
Source : Ouédraogo,
2006.
les autres nouveaux acteurs : dans cette
catégorie, on retrouve les confessions religieuses, les associations
locales de développement et les ONG. Ils représentent environ 5%
des nouveaux acteurs.
Toujours selon l'auteur, l'implantation des nouveaux acteurs
se fait sous trois formes essentielles :
Ø la première s'articule sur des idées
bien précises et formalisées par un projet cohérent (choix
du lieu d'implantation, études techniques et financières,
recherche de financement : salaire, recours bancaire, appui financier externe).
Ces « nouveaux acteurs » sont peu nombreux et ont des
réalisations modestes car les coûts d'approche d'un tel projet
sont importants et nettement au-dessus des possibilités
salariales ;
Ø la seconde se fonde sur des idées bien
précises mais non formalisées en termes de projets concrets ; la
principale contrainte de mise en oeuvre est la recherche de financement. Ces
« nouveaux acteurs » sont souvent des salariés en
activité ou à la retraite dont l'installation véritable
est hypothétique ;
Ø enfin, la troisième se base sur des
idées imprécises, non formalisées et l'intervention est de
type spontané sans une connaissance réelle des coûts de
réalisation d'une ferme de grande dimension, ni des choix techniques,
économiques et financiers. Ces « nouveaux acteurs » les plus
présents dans la mise en oeuvre des exploitations se tournent
après le défrichement soit vers une agriculture de type
traditionnel, soit vers une installation à « grand frais »
mais qui peut être inopportune au plan technique, économique et
financier.
La troisième forme d'implantation concerne la grande
majorité des nouveaux acteurs. N'étant pas porteurs de projet
bien précis, ils débutent leurs activités par le
défrichement des terres concédées et la mise en culture
pendant de longues années sans les mesures d'accompagnement telles que
le reboisement, l'aménagement des terres par les sites
antiérosifs, l'apport en matière organique. Cette pratique a des
conséquences désastreuses sur le plan environnemental et
contribue à accélérer la régression des
potentialités naturelles des localités concernées.
I.2.4. Résultats des
enquêtes auprès des exploitations modernes
Dans le cadre de l'élaboration de la stratégie
nationale de développement de l'entrepreneuriat agricole à
l'horizon 2015 (SNDEA), des enquêtes ont été menées.
Ces enquêtes ont porté sur 250 exploitations agricoles et se sont
déroulées dans sept régions administratives du pays en
fonction des zones agro-climatiques :
Ø zone soudano-sahélienne : Boucle du
Mouhoun, Centre Ouest et Centre Sud ;
Ø bande sahélienne : une partie de l'Est et
le Nord ;
Ø bande soudanienne : Cascades et Hauts
Bassins.
Des conclusions de ces enquêtes, nous pouvons retenir
essentiellement les variables sur :
Ø le genre : l'analyse des
résultats montre une faible présence féminine dans
l'agriculture entrepreneuriale soit 4% des exploitants agricoles
modernes ;
Ø le capital terre : le statut
dominant au niveau du capital terre est la propriété individuelle
(78%) suivi des prêts (12%), des dons (7%) et des locations
(3%) ;
Ø la logique de production : en
matière de logique de production, 73% des exploitations modernes
produisent et recherchent ensuite le marché, 19% produisent pour
satisfaire un marché et 8% produisent selon la tradition (une habitude
culturale des spéculations) ;
Ø les spéculations : les
principales spéculations de ces exploitations demeurent les
céréales (82%50(*)) suivi du coton (10%), de l'arachide (2%), du
niébé (2%) et des autres spéculations (4%) ;
Ø les activités
associées : les activités associées à
la production végétale sont l'élevage de volaille (77%),
de bovins (11%) et du petit commerce (6%) ; les exploitants qui font
uniquement l'agriculture sans associer une autre activité
représente 2% des exploitants modernes enquêtés ;
Ø la clientèle : leurs
principaux clients sont les particuliers (55%) suivi des institutions (29%) et
des professionnels de la filière (16%) ;
Ø les modes de financement : une
analyse des modes de financement des activités dans les exploitations
modernes montre que 54% des exploitants ont financé leurs exploitations
sur des fonds propres des promoteurs et 44% ont obtenu des crédits
qu'ils estiment inadaptés à leurs activités ;
Ø la main d'oeuvre : en termes
d'utilisation de main d'oeuvre, l'ensemble des exploitants disposent du
personnel salarié soit à temps plein, soit à temps
partiel ;
Ø les techniques culturales : les
techniques culturales demeurent dominées par la traction animale soit
dans 87% des exploitations modernes contre 11% pour la motorisation et 2% pour
le manuel ;
Ø l'encadrement technique :
l'encadrement technique est assuré pour 79% des exploitations modernes
par les services publics de l'Etat alors que 12% des exploitations modernes
sont encadrées par le personnel salarié contre 9% qui font appel
à des prestataires privés ;
Ø la gestion de l'exploitation :
le centre de décision pour l'approvisionnement en intrants, pour le
crédit et pour l'écoulement de la production est majoritairement
du ressort du propriétaire de l'exploitation (81%) suivi du conseil de
gestion (19%). Sur le plan de la gestion comptable, 48% disposent d'un document
comptable (cahiers, carnets, registres) même si la normalité de
ces documents demeure une contrainte.
Dans un souci d'apporter des éléments de
solutions aux contraintes des exploitations modernes, l'enquête a permis
de saisir leurs principales contraintes. En effet, l'accès au
crédit adapté aux activités agricoles constitue la
principale difficulté des exploitants modernes enquêtés
comme l'indique le graphique ci-après. En plus des principales
contraintes identifiées par les acteurs, les études diagnostiques
antérieures font ressortir d'autres contraintes non moins importantes
à savoir, l'accès au marché, la faible transformation des
produits primaires, la faible organisation des acteurs dans un esprit
interprofession, etc.
Graphique n°5 : Les principales
contraintes des entreprises agricoles
Source : SNDEA, 2012.
Enfin, l'enquête a été mise à
profit pour dégager avec les acteurs, les piliers sur lesquels des
actions spécifiques devraient être engagées pour
sécuriser et développer leurs activités et pour
créer les conditions d'émergence et de promotion d'entreprises
agricoles au Burkina Faso. L'analyse des résultats montre que pour 42%
des acteurs, l'accès au financement adapté à leurs
activités constitue la base de la promotion et du développement
de l'entreprenariat agricole au Burkina Faso. Les autres piliers sont
l'accès aux intrants (23%), l'accès au capital terre (17%), la
formation des acteurs et la mise en place d'un cadre règlementaire
favorable à l'entreprenariat agricole avec 9% pour chacun de ces
piliers.
Graphique n°6 : Les piliers du
développement de l'entrepreneuriat agricole selon les
acteurs
Source : SNDEA, 2012.
Quelle est l'importance de l'émergence d'entreprises
agricole au Burkina Faso ? Quelle est leur cadre règlementaire ?
SECTION II : Importance et cadre règlementaire de
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
Pour mieux appréhender l'entrepreneuriat agricole au
Burkina Faso, il est utile de comprendre son importance et d'avoir un
aperçu sur son cadre règlementaire.
II.1.
Nécessité, enjeu et défis de l'entrepreneuriat agricole au
Burkina Faso
II.1.1. Nécessité d'émergence
d'entreprises agricoles au Burkina Faso
La paysannerie burkinabè (du moins c'est le cas dans sa
grande composante) n'a pas aujourd'hui les moyens pour moderniser son
exploitation en s'appropriant les paquets technologiques modernes et en passant
à la mécanisation agricole. Elle est réduite à
pratiquer une agriculture traditionnelle de subsistance avec des instruments
traditionnels. La charrue à traction asine ou bovine est inaccessible
pour un grand nombre de paysans et ces petits paysans se trouvent dans
l'impossibilité d'assurer une production agricole suffisante en vue de
permettre au Burkina Faso d'atteindre la sécurité alimentaire.
Tout en développant des initiatives
d'amélioration des conditions des exploitations familiales
traditionnelles, le Burkina Faso a besoin de promouvoir un entreprenariat
agricole respectueux de l'environnement. Ce choix s'expliquerait par le fait
que les exploitants modernes disposent d'une base technologique pour accroitre
rapidement la production agricole. Selon le RGA, 5169 tonnes de
céréales (0,14% de la production nationale des
céréales) ont été produits par 247 exploitations
modernes en 2006, soit 0,02% des ménages agricoles du Burkina
Faso51(*). Aussi, les
entreprises agricoles pourraient être le vecteur de la mutation
structurelle de l'agriculture et de l'équilibre économique pour
peu qu'elles composent avec les exploitations de types familiales.
Ces nouveaux acteurs qui doivent émerger parmi les
exploitations modernes actuelles devraient exercer un
métier d'agriculteur plus intensive, plus organisée et plus
productrice de richesses pour la nation dans une logique de partenariat
stratégique et complémentaire avec les petits producteurs.
Cette entreprise agricole, qu'elle soit grande, moyenne ou
petite, sera caractérisée essentiellement par sa capacité
à s'adapter rapidement aux marchés, à produire à
moindre coût et à répondre aux attentes des consommateurs.
C'est la raison pour laquelle l'avenir de l'agriculture repose essentiellement
sur les agriculteurs et sur leur capacité à être des
entrepreneurs d'où l'importance de leur formation.
Selon C. Servolin (1989) dans son ouvrage consacré
à la modernisation de l'agriculture européenne, la transition de
l'agriculture traditionnelle vers l'agriculture moderne repose sur quatre (04)
composantes essentielles :
Ø un processus de sélection continue du
matériel génétique végétal et animal ;
Ø un contrôle de plus en plus rigoureux des
itinéraires techniques ;
Ø une appropriation continue des moyens de production
moderne ;
Ø la transformation permanente du matériel
génétique et des moyens de production.
Considérant cette caractérisation, la
modernisation de l'agriculture peut être définie comme une
transformation durable des systèmes de production, intégrant le
progrès technique dans les pratiques agricoles et nécessitant une
intensification du capital.
Pour Jouve (1997), en plus de ces caractéristiques, la
modernisation prend en compte l'intégration de l'exploitation dans les
marchés des facteurs de production et des produits. L'objectif de
production de l'exploitation agricole moderne serait alors plus la
commercialisation que la satisfaction des besoins alimentaires. Toutes ces
tentatives de caractérisation de la modernisation montrent qu'il s'agit
d'un processus continu.
Ainsi, selon la SNDEA (2012), les critères objectifs
caractérisant une exploitation agricole moderne pouvant
évoluée vers une entreprise agricole au Burkina Faso
sont :
Ø le degré de mécanisation (au moins un
équipement motorisé) ;
Ø le degré d'intensification de la production
(usage intensif des fertilisants et un passage progressif vers la modification
du matériel génétique) ;
Ø l'objectif ou la logique de production
orientée vers le marché ;
Ø l'existence d'infrastructures de stockage et de point
d'eau ;
Ø l'existence de mains d'oeuvres agricoles
salariées (à plein temps ou à temps partiel).
II.1.2. Enjeu et défis de l'entrepreneuriat agricole au
Burkina Faso
L'analyse de l'agriculture burkinabé fait ressortir la
nécessité d'une mutation structurelle pour la réalisation
de la sécurité alimentaire et pour assoir les bases durables de
la croissance économique. Pour le Burkina Faso, l'enjeu majeur de la
promotion de l'entreprenariat agricole est le développement de
l'investissement privé local. Les principaux défis à
relever sont :
Ø la mise en place d'un cadre légal et
réglementaire de l'entreprenariat agricole ;
Ø le renforcement de l'environnement de services pour :
(i) des services financiers adaptés et incitatifs, (ii) des services
agricoles répondant aux attentes des acteurs (équipement et
maintenance, régulation et de contrôle ...) et (iii) des
réseaux compétitifs d'approvisionnement en intrants de
qualité ;
Ø la structuration et l'organisation des
filières visant : (i) une meilleure intégration des maillons,
(ii) la création d'organisations interprofessionnelles, (iii) la
professionnalisation des acteurs ;
Ø l'amélioration de la productivité de
l'exploitation agricole à travers la fertilisation des sols,
l'encouragement à l'utilisation des intrants de qualité
(semences, fertilisants, produits de traitement phytosanitaires) et la
mécanisation agricole ;
Ø le renforcement des capacités des acteurs le
long des chaines de valeur pour faciliter l'appropriation des nouvelles
technologies agricoles ;
Ø l'alphabétisation et la formation des
entrepreneurs agricoles (SNDEA, 2012).
II.2.
Cadre politique, stratégique, législatif et réglementaire
régissant l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
Comme le définissait le Pr THIOMBIANO Taladidia lors de
la conférence inaugurale du colloque international scientifique :
agriculture et développement52(*) sous le thème « Connaissances et
méconnaissances de l'agriculture africaine : état des
lieux », « Les politiques agricoles peuvent se
définir comme un ensemble d'interventions publiques qui portent
sur l'agriculture nationale et sur les importations et les exportations
de produits agricoles. Elles fixent des objectifs spécifiques dans
différents domaines du secteur tel que celui de l'organisation des
marchés intérieurs, des produits agricoles, de la
sécurité alimentaire, de l'emploi agricole, de la
répartition géographique des activités....
En d'autres termes, une politique agricole se traduit par la
définition d'un résultat spécifique et la mise en oeuvre
d'une combinaison d'instruments pour atteindre ce résultat (CIJA/03/10 :
L'agriculture en Afrique : enjeux et politiques publiques). »
Le Burkina Faso ne dispose encore ni d'un code, ni de textes
réglementaires sur l'entreprenariat agricole à proprement parler.
Néanmoins, l'entreprenariat agricole repose sur des orientations
politiques et stratégiques, un cadre législatif,
réglementaire et institutionnel en vigueur dans le pays. Les principaux
textes auxquels il se réfère sont présentés par des
lois, des programmes, des politiques, des plans d'action etc.
II.2.1. Les lois, programmes, politiques et plans d'action
régissant l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
II.2.1.1. La loi n° 014/96/ADP du 23 mai 1996, portant
Réorganisation Agraire et Foncière (RAF) au Burkina Faso
modifiée par la loi de finances pour 2008
Cette loi définit le domaine foncier national et les
grands principes d'utilisation des terres. Elle définit en outre les
axes fondamentaux d'aménagement du territoire à travers ses
instruments, ses structures et ses instances responsables à tous les
niveaux. Elle clarifie également les modalités de gestion des
différentes ressources du domaine foncier national à savoir
l'eau, les forêts, la faune, les pêches et les substances de
carrières et de mines. La RAF clarifie enfin la règlementation
des droits réels immobiliers en précisant, entre autres, les
modalités de transactions et de mutations des droits réels
immobiliers, de vente sur saisie immobilière.
II.2.1.2. Le plan d'action pour la gestion
intégrée des ressources en eau (PAGIRE 2003-2015)
Adopté en mai 2003, il vise à contribuer
à la mise en oeuvre d'une gestion intégrée des ressources
en eau conformément aux orientations définies par le Gouvernement
burkinabè et respectant les principes reconnus au plan international en
matière de gestion durable et écologiquement rationnelle des
ressources en eau. Il est subdivisé en deux (02) phases de six (06) ans
chacune : la première de 2003 à 2009, la seconde de 2009
à 2015.
II.2.1.3. La politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural (PNSFMR)
Adoptée en 2007, elle vise à assurer à
l'ensemble des acteurs ruraux, l'accès équitable au foncier, la
garantie de leurs investissements et la gestion efficace des différends
fonciers dans le but de promouvoir une agriculture productive et durable. Cette
politique est renforcée par la loi n°034-2009/AN portant
régime foncier rural.
II.2.1.4. La loi N° 034-2009/AN portant régime
foncier rural
Cette loi catégorise les terres rurales en (i) domaine
foncier rural de l'Etat, (ii) domaine foncier rural des collectivités
territoriales et (iii) patrimoine foncier rural des particuliers. Elle
définit les chartes foncières locales qui constituent des
conventions s'inspirant fortement des coutumes, usages ou pratiques fonciers
locaux en vue de la gestion des terres rurales. La présente loi
précise les modalités de reconnaissance et de protection des
droits fonciers ruraux. Elle précise les institutions de
sécurisation foncière (déconcentrées et
décentralisées) en milieu rural ainsi que les modalités de
prévention et de gestion des contentieux relatifs aux terres rurales.
II.2.1.5. Le programme national du secteur rural (PNSR)
Adopté en 2012, il vise à « contribuer
de manière durable à la sécurité alimentaire et
nutritionnelle, à une croissance économique forte, et à la
réduction de la pauvreté ». De manière plus
spécifique, il vise à :
Ø assurer une meilleure couverture des besoins
alimentaires aussi bien quantitatifs que qualitatifs des populations par la
production nationale ;
Ø contribuer à la réduction de la
proportion de la population en deçà du minimum d'apport calorique
et de la prévalence de l'insuffisance pondérale chez les enfants
de 0 à 5 ans ;
Ø assurer une croissance forte du produit
intérieur brut agricole ;
Ø réduire considérablement la
pauvreté en milieu rural ;
Ø assurer aux populations rurales et urbaines un
accès durable à l'eau potable et à l'assainissement;
Ø réduire sensiblement la dégradation de
l'environnement et les effets néfastes des changements climatiques.
II.2.2. Les stratégies régissant
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
II.2.2.1. La stratégie de développement rural
(SDR)
La stratégie de développement rural (SDR)
à l'horizon 2015 a été adoptée en 2003. Elle a pour
objectif global d'assurer une croissance soutenue du secteur rural en vue de
contribuer à la lutte contre la pauvreté, au renforcement de la
sécurité alimentaire et à la promotion d'un
développement durable. Ses objectifs spécifiques sont :
Ø accroître les productions agricoles,
pastorales, forestières, fauniques et halieutiques grâce à
l'amélioration de la productivité ;
Ø augmenter les revenus grâce à une
diversification des activités économiques en milieu
rural ;
Ø renforcer la liaison production /
marché ;
Ø assurer une gestion durable des ressources
naturelles ;
Ø améliorer la situation économique et le
statut social de la femme et des jeunes en milieu rural.
II.2.2.2. La stratégie nationale de
sécurité alimentaire (SNSA)
Adoptée en 2003 par le Gouvernement en vue de
réduire de 50 % le nombre de personnes souffrant de la faim et de
malnutrition à l'horizon 2015. La finalité de la SNSA est de
créer les conditions d'une sécurité alimentaire
durable.
II.2.2.3. La stratégie de croissance
accélérée et de développement durable (SCADD
2011-2015)
La SCADD a été adoptée en décembre
2010, en lieu et place du Cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté (CSLP). Son objectif est de « réaliser une
croissance économique forte (10 pour cent par an), soutenue et de
qualité, génératrice d'effets multiplicateurs sur le
niveau d'amélioration des revenus, la qualité de vie de la
population et soucieuse du respect du principe de développement durable
». Ceci permettrait d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), et de réduire la pauvreté à
moins de 35 pour cent en 2015. La SCADD envisage un haut niveau de contribution
du secteur rural à l'économie nationale avec un objectif d'un
taux de croissance moyen de 10,7% sur cinq ans (2011-2015).
II.2.2.4. La stratégie nationale de
développement durable de l'agriculture irriguée (SNDDAI)
Elle vise à impulser le secteur de l'irrigation comme
moyen de lutte contre la pauvreté et l'insécurité
alimentaire des ménages et contribuer fortement à l'emploi. Elle
a mobilisé d'importants investissements, entre autres, ceux de la Banque
mondiale, de la Banque africaine de développement, du Fonds
international de développement agricole, de la FAO et de nombreux
partenaires bilatéraux.
II.2.2.5. La stratégie nationale de
développement de l'entrepreneuriat agricole à l'horizon 2025
(SNDEA)
Elaborée en 2012, la SNDEA vise à
améliorer les performances des exploitations agricoles familiales par la
création de conditions favorables à la mutation structurelle de
l'agriculture portée par des entreprises agricoles pouvant satisfaire au
moins 50% des besoins alimentaires de l'ensemble de la population du Burkina
Faso, d'ici à 2025. Spécifiquement, elle a pour objectifs
de :
Ø renforcer le cadre institutionnel et
règlementaire favorable à l'émergence et au
développement d'entreprises agricoles;
Ø améliorer l'accès aux facteurs de
productions pour les promoteurs (terre, intrants,
équipements...) ;
Ø mettre en place un mécanisme de financement
favorable au développement de l'entreprenariat agricole;
Ø faciliter l'émergence de jeunes entrepreneurs
agricoles ;
Ø créer les conditions favorables à la
transformation et à la commercialisation des produits agricoles
(subvention, fiscalité adaptée, manifestations commerciales,
textes législatives et règlementaires, formations,
etc.) ;
Ø mettre en place un système durable de
recherche action et de vulgarisation auprès des entreprises agricoles
tout en assurant la formation des promoteurs.
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE DE L'ENTREPRENEURIAT
AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
Cette deuxième partie est entièrement
consacrée à l'analyse de l'entrepreneuriat agricole dans la
province du Boulkiemdé. Elle est divisée en deux (02)
chapitres :
Ø un premier qui examinera la situation de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé ;
Ø et un second qui analysera l'environnement de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé.
CHAPITRE I : SITUATION DE
L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
Avant de faire l'analyse de l'entrepreneuriat agricole dans la
province du Boulkiemdé, il est important d'avoir une connaissance sur
ses acteurs. Ainsi, ce chapitre s'y attèle à travers une
description des caractéristiques socioprofessionnelles des entrepreneurs
agricoles (section I), et une présentation des caractéristiques
de leurs entreprises (section II).
SECTION I : Les
caractéristiques socioprofessionnelles des entrepreneurs agricoles de la
province du Boulkiemdé
La province du Boulkiemdé compte une vingtaine
d'entrepreneurs agricoles dont 18 regroupés au sein de l'Union
provinciale des coopératives d'entrepreneurs agricoles du
Boulkiemdé. Les deux autres propriétaires d'exploitations
agricoles de type entrepreneurial ont pu être identifiés avec
l'appui des chefs de zone d'appui technique (ZAT) de l'agriculture. Les
caractéristiques socioprofessionnelles retenues sont :
Ø la répartition selon le genre ;
Ø la répartition selon l'âge ;
Ø et le niveau d'instruction.
I.1. La répartition des
entrepreneurs agricoles selon le genre
Les résultats de l'enquête montrent que
l'activité est exclusivement dominée par les hommes qui
représentent environ 95%.
Tableau n°4 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon le
genre
Source : Notre enquête, 2015.
Graphique n°7 : Répartition des
entreprises agricoles selon le genre
Source :
Nous-mêmes.
Cette faible représentativité des femmes au
niveau de l'entreprenariat agricole peut s'expliquer par le fait que le statut
social des femmes au Burkina Faso limite leur accès à la terre.
Les femmes sont plutôt présentes dans l'entreprise en tant
qu'ouvrières agricoles et non en tant propriétaires de
l'exploitation.
I.2. La répartition des
entrepreneurs agricoles selon l'âge
Tableau n°5 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon
l'âge
Source : Notre enquête, 2015.
La structure par âge des entrepreneurs agricoles montre
que les âges minimal et maximal des entrepreneurs agricoles sont
respectivement de 37 et 64 ans. La moyenne d'âge est d'environ 52 ans. La
répartition en proportion par tranche d'âge des entrepreneurs
agricoles montre que ceux qui ont un âge compris dans les tranches
d'âge de 50 à 54 ans et de 60 à 64 ans représentent
la moitié des entrepreneurs agricoles du Boulkiemdé, soit environ
une proportion de 25% chacune. Ensuite, viennent ceux qui ont entre 55 à
59 ans et 35 à 39 ans avec respectivement des proportions de 20% et 15%
environ. Les proportions les plus faibles sont observées chez les
entrepreneurs agricoles qui ont entre 45 à 49 ans et 40 à 44 ans
avec respectivement des proportions de 10% et 5%.
Graphique n°8 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon
l'âge
Source : Nous-mêmes.
A la lumière de ces résultats, nous pouvons dire
que l'activité de l'entreprenariat agricole est surtout exercée
par des personnes âgées. Par contre, les jeunes sont moins
présents dans l'activité.
Cela peut s'expliquer par le fait que
généralement, comme les femmes, les jeunes sont présents
dans l'activité en tant qu'ouvriers agricoles et non en tant que
propriétaires de l'exploitation. On peut dire que dans le
Boulkiemdé, les jeunes s'intéressent moins aux activités
agricoles du fait qu'ils aspirent plus à des activités comme le
commerce. Enfin, le niveau d'investissement étant trop
élevé dans la création d'une entreprise agricole, les
jeunes manquent souvent de moyens nécessaires pour s'y investir.
I.3. Le niveau d'instruction des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
L'analyse des résultats montre que les entrepreneurs
agricoles qui n'ont aucun niveau d'instruction et ceux ayant un niveau
secondaire sont les plus nombreux avec respectivement des proportions d'environ
35% et 30%. Ces entrepreneurs sont suivis en terme de proportion par ceux qui
sont alphabétisés (en langues nationales) avec 15%, et ceux qui
ont fait l'école coranique avec 10%. Les entrepreneurs agricoles qui ont
le niveau primaire et ceux ayant le niveau supérieur sont les moins
nombreux avec des proportions de 5% chacun.
Tableau n°6 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon le niveau
d'instruction
Source : Notre enquête, 2015.
Graphique n°9 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon le niveau
d'instruction
Source : Nous-mêmes.
A la lumière de ce qui précède, on peut
dire que la majorité des entrepreneurs agricoles du Boulkiemdé
est instruite avec une proportion d'environ 65% contre 35% qui sont
analphabètes.
Cela témoigne que l'activité de l'entreprenariat
agricole contrairement à celle de l'exploitation agricole familiale,
demande du professionnalisme. Par conséquent, ceux qui n'ont pas un
minimum d'instruction ont peu de chance dans l'entreprenariat agricole.
SECTION II : Les
caractéristiques des entreprises agricoles de la province du
Boulkiemdé
Les caractéristiques des entreprises agricoles
étudiées sont :
Ø la taille des exploitations ;
Ø le statut juridique des exploitations ;
Ø le niveau d'équipements ;
Ø la structure de la main d'oeuvre ;
Ø les principales spéculations
cultivées ; et
Ø la nature de ces spéculations.
II.1. Le statut juridique et la
taille des exploitations agricoles de type entrepreneurial
II.1.1. Le statut juridique
des exploitations agricoles de type entrepreneurial
Graphique n°10 : Répartition des
exploitations agricoles de type entrepreneurial de la province du
Boulkiemdé selon le statut juridique
Source : Nous-mêmes.
Les résultats de l'enquête montrent que la
plupart des exploitations agricoles de type entrepreneurial évolue dans
l'informel. En effet, près de 80% des entreprises agricoles de la
province du Boulkiemdé ne sont pas immatriculées au Registre de
commerce et du crédit mobilier (RCCM). Toutefois, 20% restantes y sont
immatriculées en raison de 15% sous forme d'entreprise individuelle (EI)
et 5% sous forme de société à responsabilité
limité (SARL).
Tableau n°7 : Répartition des
exploitations agricoles de type entrepreneurial de la province du
Boulkiemdé selon le statut juridique
Source : Notre enquête, 2015.
Cette évolution dans l'informel des exploitations de
type entrepreneurial, comme dans tout autre domaine d'activité,
s'explique par le manque d'information et la peur de la fiscalité.
II.1.2. La taille des
exploitations agricoles de type entrepreneurial
Tableau n°8 : Les superficies
exploitées par les entrepreneurs agricoles (EA) de la province du
Boulkiemdé au titre de la campagne agricole 2014-2015
Source : Notre enquête, 2015.
L'analyse des résultats révèle que les
exploitations agricoles de type entrepreneurial ont une superficie moyenne de
11,675 ha dans la province du Boulkiemdé. Cette superficie moyenne
concerne l'exploitation effective.
Graphique n°11 : Les superficies
exploitées par les entrepreneurs agricoles (EA) de la province du
Boulkiemdé au titre de la campagne agricole 2014-2015
Source : Nous-mêmes.
II.2. La structure de la main
d'oeuvre et le niveau d'équipements des entrepreneurs agricoles
II.2.1. La structure de la
main d'oeuvre
Les résultats obtenus lors de l'enquête montrent
que les entreprises agricoles font appel à une main d'oeuvre totale
d'environ 966 personnes, repartie en trois (03) types :
Ø une main d'oeuvre familiale (MOF) constituée
par les membres de la famille qui assistent l'entrepreneur dans ses
activités et représentant 22% de la main d'oeuvre
totale ;
Ø une main d'oeuvre salariée (MOS)
composée d'employés salariés de l'entreprise agricole et
représentant 2% en termes de proportion ; et
Ø une main d'oeuvre occasionnelle (MOO) composée
de groupements et de prestataires de services qui assistent l'entrepreneur en
période de grande activité ; elle est la plus imposante en
termes de proportion avec 76%.
Tableau n°9 : Structure de la main
d'oeuvre employée par les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Notre enquête,
2015.
Graphique n°12 : Structure de la main
d'oeuvre employée par les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
Une entreprise agricole dans la province du Boulkiemdé
fait appel à une main d'oeuvre moyenne de 37 personnes dont dix (10)
personnes en MOF, une (01) personne en MOS, et onze (11) personnes en MOO.
II.2.2. Le niveau
d'équipements des entrepreneurs agricoles
Graphique n°13 : Les techniques
agricoles des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
L'analyse du niveau d'équipements des entrepreneurs
agricoles de la province du Boulkiemdé montre que les techniques
culturales les plus utilisées restent la traction animale avec une
proportion de 90%. La culture motorisée ne représente alors que
10%. On en déduit une moyenne de deux (02) charrues, de quatre (04)
animaux de trait, d'une (01) charrette et d'une (01) motopompe par entrepreneur
agricole dans la province.
Tableau n°10 : Les techniques agricoles
des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Notre enquête, 2015.
Tableau n°11 : L'équipement
agricole des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Notre enquête, 2015.
Graphique n°14 : L'équipement
agricole des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
II.3. Les principales
spéculations cultivées et leur nature
II.3.1. Les principales
spéculations cultivées
Selon les résultats de l'enquête, les principales
spéculations cultivées dans la province du Boulkiemdé par
les entrepreneurs agricoles sont : le mil, le niébé, le
sorgho, le sésame, le maïs, l'arachide et le riz. Il y a aussi la
pratique du maraîchage regroupant des spéculations comme la
tomate, l'oignon, etc.
Graphique n°15 : Répartition des
principales spéculations selon les superficies cultivées par les
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
Ces résultats révèlent ainsi que les
spéculations les plus cultivées dans la zone sont le sorgho, le
mil, le niébé et le sésame, avec respectivement 25%, 19%,
17% et 11% comme proportion d'occupation des superficies cultivées. Les
autres spéculations telles que l'arachide, le maïs et le riz
occupent respectivement 8%, 7% et 4% des superficies exploitées. Quant
au maraîchage, il occupe en termes de proportion 9% des terres
cultivées par les entrepreneurs agricoles.
Tableau n°12 : Les différentes
spéculations cultivées par les entrepreneurs agricoles de la
province du Boulkiemdé
Source : Notre enquête, 2015.
II.3.2. La nature des
spéculations produites
D'après les résultats de l'enquête, les
spéculations produites peuvent être de deux natures :
Ø une production semencière ; et
Ø une production conventionnelle ou de consommation.
Dans la province du Boulkiemdé, la production
conventionnelle occupe 59% des superficies exploitées par les
entrepreneurs agricoles tandis que la production semencière en occupe
41%. Toutefois, 60% des entrepreneurs agricoles de la province produisent de la
semence.
Tableau n°14 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon la nature de
leur production
Source : Notre enquête, 2015.
Tableau n°13 : La nature de la
production des entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
selon les superficies cultivées
Source : Notre enquête, 2015.
Graphique n°16 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé selon la nature de
leur production
Source : Nous-mêmes.
Après avoir présenté les
caractéristiques socioprofessionnelles des entrepreneurs agricoles et
celles de leurs entreprises, que peut-on dire de l'environnement de
l'entrepreneuriat agricole dans le Boulkiemdé ?
CHAPITRE II : ANALYSE SWOT
DE L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
Pour faire l'état des lieux de l'entrepreneuriat
agricole dans la province du Boulkiemdé, il est nécessaire
d'analyser certes l'entreprise en tant qu'unité de production mais aussi
d'analyser son environnement. Ce chapitre s'y consacre en mettant en exergue
les forces et faiblesses de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé (Section I), ainsi que ses opportunités et les menaces
(Section II).
SECTION I : Les forces et
faiblesses de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé
L'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé présente aussi bien des forces que des faiblesses.
Quelles sont les forces de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé ?
I.1. Les forces de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé
Après analyse, il ressort que l'entrepreneuriat
agricole de la province du Boulkiemdé est caractérisé par
six (06) forces, notamment :
Ø la disponibilité des terres agricoles
exploitables ;
Ø la disponibilité des semences ;
Ø l'association de l'élevage à
l'agriculture ;
Ø l'utilisation d'outils de gestion ;
Ø l'existence d'une union des entrepreneurs
agricoles ;
Ø et l'accès aux formations.
I.1.1. La
disponibilité des terres agricoles exploitables et celle des
semences
I.1.1.1. La
disponibilité des terres agricoles exploitables
Tableau n°15 : La situation des terres
agricoles exploitables dans la province du Boulkiemdé
Source : DRASA/Centre Ouest,
2013.
Selon le programme de spécialisation régional
(PROSPER) du Centre Ouest, la province du Boulkiemdé possède des
terres cultivables estimées à environ 1 420,39 ha dont
1 380,89 ha sont exploités annuellement. Les eaux de surface
disponibles atteignent une capacité totale d'environ
124 003 000 m3.
Tableau n°16 : La situation des eaux de
surface disponibles dans la province du Boulkiemdé
Source : DRASA/Centre
Ouest, 2013.
Graphique n°17 : Statut des terrains
agricoles possédés par les entrepreneurs agricoles de la province
du Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
Les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé possèdent au total 303 ha de terres cultivables ;
53% de ces superficies sont des propriétés individuelles, 36%
constituent des prêts, et 11% en dons. Un entrepreneur agricole du
Boulkiemdé possède en moyenne 15,15 ha de terres cultivables.
Toutefois, seulement 233,5 ha sont effectivement exploités par ces
acteurs.
Tableau n°17 : Statut des terrains
agricoles possédés par les entrepreneurs agricoles de la province
du Boulkiemdé
Source : Notre enquête,
2015.
A la lumière de ces résultats, les entrepreneurs
agricoles de la province ne rencontrent pas trop d'embuche dans l'acquisition
des terres agricoles cultivables. La disponibilité et l'accès aux
terres cultivables constituent une force pour l'entrepreneuriat agricole dans
la province du Boulkiemdé.
I.1.1.2. La
disponibilité des semences
L'esprit de l'entrepreneuriat agricole implique l'utilisation
de semences améliorées, d'engrais et d'un certain paquet
technologique pour atteindre un rendement agricole supérieur à
celui des exploitations familiales. Sans semences, il est difficile de parler
d'entrepreneuriat agricole.
Fort heureusement, l'accès aux semences est
plutôt aisé dans la province du Boulkiemdé. En effet, le
Station de recherche de l'Institut nationale de l'environnement et de
recherches agricoles (INERA) à Saria approvisionne les entrepreneurs
agricoles semenciers en semences de base. Ces entrepreneurs produisent en
moyenne 85 tonnes de semences certifiées par an. Chose qui permet de
disposer de quantités de semences dans la province du
Boulkiemdé.
I.1.2. L'association de
l'élevage à l'agriculture et l'utilisation d'outils de
gestion
I.1.2.1. L'association de
l'élevage à l'agriculture
Graphique n°18 : Niveau d'association
agriculture-élevage des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
Dans la province du Boulkiemdé, la plupart des
entrepreneurs agricoles associent l'élevage à leurs
activités agricoles. En effet, près de 85% de ces entrepreneurs
pratiquent l'élevage. Cet élevage concerne l'embouche bovine,
ovine et porcine ; l'élevage traditionnel est aussi pratiqué. En
moyenne, un entrepreneur agricole du Boulkiemdé possède trois
(03) boeufs, sept (07) petits ruminants et une vingtaine de têtes de
volaille.
Tableau n°18 : Niveau d'association
agriculture-élevage des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Notre enquête, 2015.
Cette association agriculture-élevage permet aux
entrepreneurs de bénéficier de la fumure organique issue de
l'exploitation animale pour la fertilisation de leurs superficies
d'exploitation agricole. De plus, nombreux sont les entrepreneurs agricoles du
Boulkiemdé qui utilisent les revenus de leur exploitation animale pour
financer leurs activités agricoles.
I.1.2.2. L'utilisation
d'outils de gestion
Dans la province du Boulkiemdé, près de 85% des
entrepreneurs agricoles utilisent au moins un outil de gestion. Ces outils de
gestion sont entre autres :
Ø la comptabilité simplifiée d'entreprise
(CSE) : bilan, compte de résultat, etc. ;
Ø le cahier des recettes/dépenses (CRD) ;
et
Ø le cahier de gestion de l'entrepreneur agricole
(CGEA).
Près de 75% de ces entrepreneurs utilisent le CRD dont
40% utilisent également le CGEA et 10% font appel à la
comptabilité simplifiée d'entreprise. De plus, 67% de ces outils
sont tenus à jour.
Graphique n°19 : Répartition des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé en fonction des
outils de gestion utilisés
Source : Nous-mêmes.
Tableau n°19 : Les outils de gestion
utilisés par les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
Source : Notre enquête, 2015.
Cette utilisation des outils de gestion constitue ainsi une
force des entrepreneurs car elle permet une relative maîtrise des flux
d'inputs et outputs de l'entreprise.
I.1.3. L'existence d'une
union des entrepreneurs agricoles et l'accès aux formations
I.1.3.1. L'existence d'une
union des entrepreneurs agricoles
Dans la province du Boulkiemdé, il existe une structure
faîtière des entrepreneurs agricoles ; il s'agit de l'Union
provinciale des entrepreneurs agricoles du Boulkiemdé. Cette
organisation professionnelle a pour objectif de faciliter la mise en oeuvre des
actions gouvernementales et non gouvernementales en faveur des entrepreneurs
agricoles de la province, mais aussi d'aider à faciliter l'accès
de ses membres à certains services. Au titre des activités
menées par l'Union, on peut retenir :
Ø l'organisation de la commercialisation des semences
certifiées ;
Ø les formations et recyclages (en entrepreneuriat
agricole, en itinéraires techniques de production des semences,
etc.) ;
Ø les voyages d'études et de partages
d'expériences.
Toutefois, cette organisation professionnelle se veut avant
tout un cadre de communication et de concertation qui permettra de faire une
pondération des préoccupations de ses membres afin de les porter
à qui de droit. Elle compte actuellement 18 membres.
Cette Union constitue une véritable force pour
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé.
I.1.3.2. L'accès aux
formations
Graphique n°20 : L'accès à
la formation agricole par les entrepreneurs de la province du
Boulkiemdé
Source : Nous-mêmes.
Des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé, 70% ont déjà bénéficié
d'au moins une formation. Cette situation est tout à fait logique
étant donné que 60% des entrepreneurs agricoles de la province
sont des semenciers, et que la production des semences nécessite une
certaine connaissance des itinéraires techniques. Ces formations
viennent renforcer leur maîtrise du métier et constituent une
force considérable pour la réussite de leurs activités.
Tableau n°20 : L'accès à
la formation agricole par les entrepreneurs de la province du
Boulkiemdé
Source : Notre enquête, 2015.
Bien que possédant de nombreuses forces, les faiblesses
de l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé n'en
demeurent pas moindres.
I.2. Les faiblesses de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé
Au titre des faiblesses, l'analyse de l'entrepreneuriat
agricole de la province du Boulkiemdé révèle :
Ø l'insuffisance de financement ;
Ø le faible niveau d'équipements ;
Ø l'insuffisance de la main d'oeuvre ;
Ø l'insuffisance d'organisation dans la
commercialisation des produits ;
Ø l'insuffisance de magasins de stockage ; et
Ø l'insuffisance des unités de
transformations.
I.2.1. L'insuffisance de
financement et le faible niveau d'équipement
I.2.1.1. L'insuffisance de
financement
L'insuffisance de financement est une grande faiblesse pour
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé. En effet, les
entrepreneurs agricoles de la province ne possèdent pas de ressources
financières suffisantes pour optimiser leur exploitation. Cependant, les
structures susceptibles de financer ces entrepreneurs ont en
général des conditions d'accès plus ou moins difficiles
pour ces acteurs. Ils se contentent d'une petite exploitation en fonction de
leurs ressources financières.
I.2.1.2. Le faible niveau
d'équipements
La dynamique de l'entrepreneuriat agricole enclenchée
au Burkina Faso a pour objectif d'amener les exploitants agricoles à
l'usage de techniques modernes de cultures et de la technologie pour atteindre
des rendements plus consistants. Plus le niveau d'équipements est
élevé, plus cet idéal se rapproche. Malheureusement, le
niveau d'équipements des entrepreneurs agricoles dans la province du
Boulkiemdé est faible.
En effet, seulement 10% des entrepreneurs agricoles de la
province du Boulkiemdé possède le niveau minimum
d'équipements pour pratiquer des techniques culturales
motorisées. L'autre portion de ces entrepreneurs a un niveau
d'équipements qui ne leur permet que la pratique des techniques
culturales à traction animale. De ce fait, ce niveau
d'équipements constitue une faiblesse pour l'entrepreneuriat agricole
dans le Boulkiemdé.
I.2.2. L'insuffisance de
la main d'oeuvre et d'organisation dans la commercialisation des produits
I.2.2.1. L'insuffisance de la
main d'oeuvre
Dans la province du Boulkiemdé, la main d'oeuvre
permanente des exploitations agricoles de type entrepreneurial est insuffisante
pour la bonne marche des activités.
En effet, utilisant en générale des techniques
culturales à traction animale (90% des entrepreneurs agricole de la
province), ces entreprises agricoles ont un besoin en main d'oeuvre plus
important. La main d'oeuvre permanente moyenne est de onze (11) personnes par
entreprise agricole pour une moyenne de 11,675 ha d'exploitation.
Les entrepreneurs agricoles font appel à une main
d'oeuvre occasionnelle. Cependant, cette main d'oeuvre étant fortement
sollicitée en période de grande activité tant par les
entrepreneurs agricoles que par les exploitations familiales, bon nombre de ces
entrepreneurs n'arrivent pas à satisfaire leur besoin en main d'oeuvre
agricole. Cette situation d'insuffisance entraine ainsi un ralentissement de
leurs activités et constitue donc une faiblesse pour l'entrepreneuriat
agricole dans la province.
I.2.2.2. L'insuffisance
d'organisation dans la commercialisation des produits
Tableau n°21 : Volume de production des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé par
nature
Source : Notre enquête, 2015.
L'une des principales faiblesses de l'entrepreneuriat agricole
dans la province du Boulkiemdé est l'insuffisance d'organisation dans la
commercialisation. En effet, l'Union provinciale des entrepreneurs agricoles du
Boulkiemdé, de concert avec l'Union régionale des entrepreneurs
agricoles du Centre Ouest, centralise la production de semences
certifiées de ses membres pour la commercialisation. Toutefois, la
production semencière des entrepreneurs agricoles du Boulkiemdé
ne représente que 46% de leur production totale. De plus, l'Union
n'arrive généralement pas à absorber la totalité de
la production semencière de ses membres. L'organisation de la
commercialisation des 54% de la production totale revient aux entrepreneurs.
Malheureusement, seulement 25% des entrepreneurs agricoles de
la province disposent de conventions et/ou contrats d'achat avant la
production. Cette situation rend la commercialisation encore plus difficile.
D'où la faiblesse de l'entrepreneuriat agricole en termes d'organisation
de la commercialisation.
Tableau n°22 : Logique de production des
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé
Source :
Notre enquête, 2015.
I.2.3. L'insuffisance de
magasins de stockage et d'unités de transformation
I.2.3.1. L'insuffisance de
magasins de stockage
L'un des goulots d'étranglement de l'entrepreneuriat
agricole dans le Boulkiemdé est l'insuffisance de magasins de stockage.
En effet, seulement 553(*)% des entrepreneurs agricoles de la province
possède au moins un magasin de stockage individuel. Cette situation est
d'autant plus inconfortable pour les acteurs étant donné que les
magasins de stockage en location sont peu nombreux (environ cinq), peu
adaptés et très coûteux. Or, les magasins de stockage sont
essentiels pour les entrepreneurs agricoles pour le stockage de leurs intrants,
et celui de leur production avant commercialisation. Alors, cette insuffisance
ne peut qu'affaiblir la dynamique de l'entrepreneuriat agricole dans la
province du Boulkiemdé.
I.2.3.2. L'insuffisance
d'unités de transformation
L'entrepreneur agricole voudrait dans sa logique une
transformation des produits agricoles car ce processus apporte plus de valeur
ajoutée. Cependant, ce n'est pas le cas dans la province du
Boulkiemdé.
En effet, seulement 554(*)% des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé intègre le maillon transformation dans leurs
activités. Il n'y a pas de grandes unités de transformations des
produits agricoles dans la province. Seulement quelques micros unités
existent mais elles ne sont pas en mesure d'absorber l'offre de produits
agricoles.
L'insuffisance d'unités de transformation constitue une
des faiblesses des entrepreneurs agricoles dans la province du
Boulkiemdé.
Cependant, quelles sont les opportunités de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé ? Quelles
sont ses menaces ?
SECTION II : Les
opportunités et les menaces de l'entrepreneuriat agricole dans la
province du Boulkiemdé
Certes, l'entrepreneuriat agricole du Boulkiemdé est
marqué par ses forces et ses faiblesses ; on note qu'il dispose par
ailleurs d'énormes opportunités et souvent menacé par des
facteurs exogènes.
II.1. Les opportunités de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé :
l'existence de structures d'accompagnement
Parmi les opportunités de l'entrepreneuriat agricole
dans le Boulkiemdé nous noterons l'existence de structures
d'accompagnement. Il s'agit notamment :
Ø des services techniques décentralisés
du MARHASA, de l'INERA ;
Ø des programmes agricoles comme le PAFASP et le
PCESA ;
Ø des structures de financement telles que les fonds
nationaux et les antennes techniques de caisses populaires de la province du
Boulkiemdé ; et
Ø d'ONG comme l'international Development Enterprises
(iDE).
II.1.1. Les organisations
étatiques
II.1.1.1. Les services
techniques décentralisés du MARHASA
Le Ministère de l'agriculture, des ressources
hydrauliques, de l'assainissement et de la sécurité alimentaire
(MARHASA) est le ministère de tutelle des entrepreneurs agricoles. En
son sein, il y a la direction générale de la promotion de
l'économie rurale (DGPER) avec une direction spécifique pour
l'entrepreneuriat agricole : la direction du développement de
l'entrepreneuriat agricole (DDEA). Créée en 2008, la DDEA a pour
mission de mobiliser des ressources matérielles et financières
nécessaires au développement de l'entreprenariat agricole.
Tout naturellement, le MARHASA et ses structures
décentralisées, notamment ses directions régionales ainsi
que provinciales, dans le Boulkiemdé comme dans toute autre province du
pays, accompagnent les entrepreneurs agricoles.
La DGPER accompagne les entrepreneurs agricoles d'abord en les
organisant et en les regroupant au sein de coopératives d'entrepreneurs
agricoles. C'est cet accompagnement qui a permis la mise en place de l'Union
provinciale des entrepreneurs agricoles du Boulkiemdé. Ce regroupement
permet aussi de mener plus facilement les actions ciblées et de faire
une pondération des préoccupations de ces acteurs.
A travers la DPARHASA, la DGPER organise des formations au
profit des entrepreneurs agricoles. Ces formations concernent entre autres la
tenue d'outils de gestion, l'esprit entrepreneurial, les itinéraires
techniques de production, etc. La DPARHASA met aussi à la disposition
des entrepreneurs agricoles des équipements subventionnés tels
que les charrues, les motopompes, etc.
La DPARHASA organise l'accès des entrepreneurs
agricoles aux intrants. En effet, pour les entrepreneurs agricoles, il suffit
qu'ils expriment leurs besoins en intrants auprès des chefs de zone
d'appui technique (ZAT). Toutefois, ces intrants ne parviennent pas aux acteurs
en temps voulu et en quantité demandée.
Tous les entrepreneurs agricoles de la province connaissent
les opportunités offertes par ces structures
décentralisées du MARHASA.
II.1.1.2. Le Centre
régional de recherches environnementales et agricoles (CRREA) du
Centre
Le Centre régional de recherches environnementales et
agricoles (CRREA) de la zone Centre55(*) du Burkina est une structure
décentralisée de l'Institut de l'environnement et de recherches
agricoles (INERA), du Centre national de la recherche scientifique et
technologique (CNRST). Le CRREA du Centre a pour siège la Station de
Saria située dans le département de Koudougou, province du
Boulkiemdé. Cette station qui a vu le jour en 1919 est l'ancêtre
de la plupart des stations de recherches françaises des anciennes
colonies de l'Afrique occidentale Française.
Le CRREA du Centre est chargé :
Ø de la mise en oeuvre des politiques environnementales
et agricoles définies par l'Etat et confiées à
l'INERA ;
Ø de contribuer à l'élaboration et
à l'exécution des programmes de recherches environnementales et
agricoles de la Région du Centre ;
Ø de promouvoir un système régional de
recherches environnementales et agricoles orienté vers une gestion
durable des ressources naturelles ;
Ø de mettre en oeuvre les stratégies de liaison
Recherches/Développement à l'échelle régionale ;
Ø d'assurer un appui technique au développement
agricole et environnemental de la Région Centre ;
Ø représenter l'INERA dans les limites
territoriales de la Région et développer une stratégie
pour mieux faire connaître à l'échelle de la région,
la nouvelle organisation des recherches environnementales et agricoles.
De ce fait, il mène des activités d'
« Ateliers mensuels des revues de technologie, de liaison
Recherche-Utilisateurs de technologies (AMRT et LR/UT) » s'organisant
autour de quelques grands domaines que sont :
Ø les formations AMRT ;
Ø l'organisation des journées
Recherche-Développement avec les vulgarisateurs ;
Ø la recherche de partenariats (négociations de
conventions et protocoles d'accords avec des organisations paysannes et ONG.)
;
Ø l'organisation de diagnostics participatifs de besoin
de technologies (DPT) ;
Ø le suivi des activités de
recherche-développement organisées avec différents
programmes de recherche ;
Ø l'organisation de Comités techniques
régionaux (CTR) ;
Ø l'inventaire et le développement d'un
partenariat avec des organismes de développement.
L'INERA à travers le CRREA du Centre accompagne les
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé avec des formations
sur les itinéraires techniques de production des semences
certifiées ; il crée aussi des cadres d'échanges
favorables à la naissance de partenariat profitable à ces
acteurs. De plus, la Station de recherche de Saria met à la disposition
des producteurs semenciers des semences de base et une assistance technique
à travers le suivi des inspecteurs semenciers.
Près de 6056(*)% des entrepreneurs agricoles de la province ont une
connaissance des actions menées par le CRREA.
II.1.2. Les programmes
agricoles
II.1.2.1. Le Programme d'appui
aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP)
Le Programme d'appui aux filières agro-sylvo-pastorales
(PAFASP) est mis en oeuvre depuis janvier 2007 par le gouvernement du Burkina
Faso à travers le MARHASA, avec le soutien de la Banque mondiale. Son
objectif est d'accroître la compétitivité des
filières ciblées sur les marchés nationaux, sous
régionaux et internationaux, en vue de contribuer à une
croissance agricole partagée. Pour ce faire, le PAFASP est
structuré en trois composantes :
Ø Amélioration des performances techniques et
économiques des filières agro-sylvo-pastorales (ASP) ;
Ø Développement des infrastructures d'irrigation
et de mise en marché ;
Ø Figure n°3 : Les trois (03)
composantes du PAFASP et ses sous-composantes
Source : PAFASP/Antenne du
Centre.
Amélioration de l'environnement institutionnel, du
cadre réglementaire et de l'offre de services.
La stratégie d'intervention du Programme est
fondée sur l'approche filière et les actions sont donc
entreprises au niveau de l'ensemble des maillons de la filière que sont
: la mise en marché, la transformation/conditionnement/transport et la
production.
Ses interventions sont principalement centrées sur
quatre (4) filières :
la mangue,
l'oignon,
le Bétail-viande, et
la volaille locale.
Toutefois, le PAFASP apporte des appuis spécifiques à quatre
autres filières à savoir :
Ø le
coton qui est appuyé dans le
cadre du Projet de renforcement de la filière cotonnière
Burkinabé (PRFCB) en collaboration avec l'Agence Française de
développement (AFD). La contribution du PAFASP porte essentiellement sur
l'accroissement de la productivité et la diversification des
systèmes de culture;
Ø les filières niébé,
sésame et maïs sont soutenues dans le cadre de la diversification
des systèmes de cultures cotonnières notamment dans les domaines
de la commercialisation, de la transformation et du stockage/conservation.
Le PAFASP a une couverture nationale. Cependant pour une
meilleure synergie avec les interventions en cours, il intervient dans neuf (9)
régions regroupées en trois antennes dont les sièges sont
situés respectivement à Bobo-Dioulasso (antenne de l'Ouest
regroupant les régions des Cascades des Hauts-Bassins et de la Boucle du
Mouhoun) , Koudougou ( antenne du Centre regroupant les région du Centre
Ouest, du Centre Sud et du Plateau Central) et Ouahigouya ( antenne du Nord
regroupant les régions du Nord, du Centre Nord et du Sahel).
L'appui du PAFASP se fait à travers des paquets de
services destinés aux microprojets/micro entreprises (MP/ME), et
composés :
Ø d'un financement sous forme de subvention ;
Ø d'une formation en techniques agricoles ; et
Ø d'une formation en gestion simplifiée
d'exploitation agricole.
Toutefois, dans sa nouvelle dynamique (volet accompagnement
des MP/ME/PME), le PAFASP en partenariat avec la Maison de l'entreprise du
Burkina Faso (MEBF), compte accompagner 50 petites et moyennes entreprises
(PME) pour booster l'entrepreneuriat agricole. Cet accompagnement
comprend :
Ø des formations en gestion d'entreprises ;
Ø des formations techniques
spécifiques ;
Ø le montage de plans d'affaires ;
Ø l'accompagnement pour la recherche de
financement ;
Ø l'accompagnement pour la recherche de
débouchés commerciaux ;
Ø les subventions ;
Ø etc.
Le PAFASP constitue une grande opportunité pour l'essor
de l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé, mais aussi
pour ceux des autres provinces du pays. Cependant, seulement 1057(*)% des entrepreneurs agricoles
de la province ont connaissance des opportunités qu'offre le PAFASP.
II.1.2.2. Le Programme de
croissance économique dans le secteur agricole (PCESA)
Le Programme de croissance économique dans le secteur
agricole constitue le troisième programme d'appui danois au secteur
agricole Burkinabè. Il s'étend sur la période 1er juillet
2013 au 30 juin 2018 et a pour zones d'interventions les régions du
Sahel, du Nord, du Centre-Est, de l'Est et du Centre-Ouest. A travers une
approche filière et chaîne de valeur, il se focalise sur le
développement des filières prioritaires ayant une
potentialité de croissance. Les filières retenues sont : la gomme
arabique, le karité, le niébé, le maïs et le
bétail-viande58(*).
L'objectif de développement du PCESA est de :
« Contribuer à une augmentation de la productivité,
des valeurs ajoutées et des revenus agricoles en vue de contribuer
à une croissance économique nationale et une réduction de
la pauvreté »59(*). Il s'inscrit directement dans trois des quatre axes
stratégiques définis par la SCADD à savoir :
(i) le développement des piliers de croissance
accélérée basée sur les secteurs prioritaires de
production avec une intégration dans le marché national,
régional et mondial ;
(ii) le renforcement du capital humain en mettant
l'accent sur l'accroissement des revenus et de l'emploi et sur la formation
technique et professionnelle ;
(iii) la prise en compte des questions de genre, de
population, d'aménagement du territoire et de renforcement de
capacités en tant qu'actions transversales en matière de
développement.
Le PCESA s'articule autour de deux composantes
complémentaires visant à :
Ø renforcer des opérateurs économiques du
secteur rural à travers des appuis fournis par des structures et
prestataires d'appui et de financement du secteur privé (Composante A)
et ;
Ø optimiser les conditions cadres dans lequel les
activités du secteur évoluent (Composante B).
Figure n°4 : Le PCESA, ses composantes,
ses sous-composantes et leurs objectifs
Source : PCESA-A1/Antenne du Centre
Ouest.
La Composante A se subdivise en deux sous-composantes :
(i) la sous-composante A1 (PCESA-A1)60(*) : l'appui-conseil aux
entreprises, gérée par la Maison de l'entreprise du Burkina Faso
(MEBF) et organisée autour de la subvention à
l'appui-conseil (Fonds d'appui-conseil), et de la subvention aux
investissements verts ;
(ii) la sous-composante A2 (PCESA-A2)61(*) : financement des
investissements des entreprises, gérée par CorisBank et
Ecobank.
La Composante B se subdivise, elle aussi, en deux
sous-composantes :
(i) la sous-composante B1 (PCESA-B1), appui au Programme
national du secteur rural,
(ii) la sous-composante B2 (PCESA-B2), appui au cadre
stratégique, légale, règlementaire et infrastructures,
logées dans les Conseils Régionaux.
Ainsi, sont éligibles au PCESA, tout acteur individuel
ou toute organisation professionnelle/interprofessionnelle (OP/IP) en
activité dans les filières cibles et dans les zones
d'intervention définies. Le PCESA constitue alors une véritable
aubaine en termes d'accompagnement pour les entrepreneurs agricoles du
Boulkiemdé et de tous ceux de sa zone de couverture. Toutefois,
seulement 2562(*)% des
acteurs du Boulkiemdé connaissent l'existence des opportunités
offertes par le PCESA. La plupart de ces acteurs connaissent la MEBF à
travers le PCESA-A1.
II.1.3. Les structures de
financement
II.1.3.1. Les fonds
nationaux
Dans la province du Boulkiemdé, il y a le guichet
unique des fonds nationaux qui abrite le Fonds d'appui à la promotion de
l'emploi (FAPE) et le Fonds d'appui au secteur informel (FASI). Ces deux fonds
constituent des opportunités pour l'entrepreneuriat agricole.
En effet, dans le cadre du FAPE, les exploitants agricoles
peuvent bénéficier d'un financement pour la création de
leur entreprise, ou le renforcement de celle existante et tendre ainsi vers
l'entrepreneuriat agricole. Ce financement est accessible aux éleveurs
et agriculteurs pour un montant de 1 500 000 à
10 000 000 F CFA et pour un taux d'intérêt de 8%.
Concernant le FASI, les exploitants agricoles
âgés de 15 à 60 ans, disposant d'un apport personnel d'au
moins 10% du coût total du projet, et ayant un aval sûr peuvent
bénéficier d'un financement à un taux
d'intérêt de 10%.
Cependant, lors des enquêtes, aucun des entrepreneurs
agricoles n'avaient l'information des opportunités offertes par ces
Fonds.
II.1.3.2. Les antennes
techniques des Caisses Populaires
Le Réseau de caisses populaires du Burkina (RCPB) est
une organisation mutualiste régie par la loi n°0023/AN du 30 juin
2009. La première caisse fut créée en 1972. Ayant plus de
2/3 de ses représentations en milieu rural, la RCPB intervient dans le
financement du secteur agricole.
En effet, il offre par l'intermédiaire de ses antennes
techniques des produits de crédits agricoles tels que :
Ø le crédit maraîchage : intrants et
équipements ;
Ø le crédit embouche : commercialisation,
équipements ;
Ø le crédit culture vivrière :
intrants et équipements ;
Ø le crédit transformation des produits
agricoles : fonds de roulement et équipements ;
Ø le crédit paiement anticipé des
céréales : fonds de roulement, intrants,
équipements ;
Ø le crédit coton : équipements et
intrants ;
Ø le crédit stockage :
commercialisation ;
Ø le warrantage : nantissement des greniers de
céréales ; et
Ø le leasing : location de matériel
d'exploitation.
Les antennes techniques des caisses populaires du Centre
Ouest/Koudougou offrent ces produits à leurs membres à un taux
dégressif de 15% pendant 12 mois et de 14% pour les durées de
plus de 12 mois et pour un montant pouvant atteindre 5 000 000 F CFA.
Dans la province du Boulkiemdé, 100% des entrepreneurs agricoles ayant
déjà bénéficié d'au moins un crédit
de campagne (25% des entrepreneurs agricoles de la province l'ont obtenu avec
les antennes techniques des caisses populaires). Toutefois, 5563(*)% de ces acteurs avaient
connaissance de ces opportunités.
II.1.4. L'international
Development Enterprises (iDE)
Implantée au Burkina Faso depuis mars 2011,
l'international Development Enterprises (iDE), une entreprise sociale, dont
l'objectif n'est pas de réaliser des profits mais de permettre à
des familles des zones rurales d'accroître leurs revenus.
Possédant le statut d'ONG, iDE est spécialisée dans les
systèmes d'irrigation du goutte-à-goutte.
Elle adapte la technologie, en baisse les coûts et la
rend accessible au plus grand nombre. Dans chacun des 17 pays où la
multinationale est implantée, des outils nécessaires à
l'augmentation du rendement des agriculteurs sont mis sur le marché
à bas prix par l'intermédiaire de revendeurs agréés
par iDE. L'entreprise sélectionne, diffuse, met en place la chaîne
économique et aide ses clients à faire progresser leurs gains.
Mais iDE ne se contente pas de « placer »
ses produits. Les conseillers commerciaux de l'ONG présent dans les
campagnes burkinabè aident les acheteurs à se placer sur le
marché agricole local, les accompagnent dans le montage des dossiers de
micro-financement, les conseillent dans leurs démarches et aussi
assurent le service après-vente.
Ayant des représentations dans la province du
Boulkiemdé, iDE constitue une opportunité pour améliorer
les activités des entrepreneurs agricoles. Cependant, seulement
1064(*)% de ces
entrepreneurs ont connaissance ces opportunités.
Tableau n°23 : Le niveau de
notoriété des structures d'accompagnement des entrepreneurs
agricoles dans la province du Boulkiemdé auprès des
acteurs
Source : Notre enquête, 2015.
Les opportunités qui s'offrent aux entrepreneurs
agricoles du Boulkiemdé sont nombreuses, mais elles sont peu connues. En
effet, il y a seulement une moyenne de 37% de connaissance de ces structures
d'accompagnement par les entrepreneurs.
Toutefois, n'ayant pas que des opportunités qui
s'offrent à lui, quelles sont les menaces auxquelles l'entrepreneuriat
agricole de la province du Boulkiemdé doit faire face ?
II.2. Les menaces de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé
Au titre des menaces que l'entrepreneuriat agricole du
Boulkiemdé doit faire face, on retient :
Ø les difficultés de recouvrement des
créances ;
Ø les difficultés d'accès au
crédit ;
Ø la mauvaise répartition des pluies ;
et
Ø les difficultés d'accès aux intrants en
quantité et en temps voulu.
II.2.1. Les
difficultés de recouvrement des créances
Des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé, la plupart, surtout les producteurs semenciers, vendent
à crédit. En effet, les producteurs semenciers vendent la
quasi-totalité de leur production semencière à l'Etat mais
cette vente s'effectue à crédit. Fort malheureusement, le
recouvrement des créances de la campagne agricole de l'année N-1
peut intervenir quasiment trois (03) mois après le début de la
campagne de l'année N. Dans de telles circonstances, les entrepreneurs
ont du mal à entamer correctement leur campagne agricole car
l'acquisition des intrants se fait généralement à un (01)
ou deux (02) mois avant le début de la campagne. Les difficultés
de recouvrement des créances clients constituent une grande menace pour
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé.
II.2.2. Les
difficultés d'accès au crédit
Dans la province du Boulkiemdé, les entrepreneurs
agricoles ont des difficultés d'accès au crédit. En effet,
seulement 2565(*)% de ces
entrepreneurs ont déjà bénéficié d'au moins
un crédit de campagne. Cette situation est liée aux conditions
d'accès au crédit dans les structures financières qui ne
sont généralement pas aisées pour ces acteurs. Il s'agit
notamment des garanties, des taux d'intérêt, de la durée
des crédits, etc. Or, avec les difficultés de recouvrement des
créances clients, le crédit devient presque indispensable pour
l'exploitation des entrepreneurs agricoles, d'où la menace pour
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé.
II.2.3. La mauvaise
répartition des pluies
Tableau n°24 : Répartition des
pluies dans la province du Boulkiemdé de 2008 à
2014
Source : DREP/Centre Ouest, 2015.
L'une des grandes menaces de l'entrepreneuriat agricole est la
mauvaise répartition des pluies. Dans la province du Boulkiemdé,
les pluies sont mal réparties dans l'espace et dans le temps. Le nombre
de jours de pluie et la hauteur d'eau annuelle recueillie varient suivant les
années. Les précipitations annuelles enregistrées au cours
des cinq (05) dernières années ont varié de 600 mm
à 900 mm. A mesure que l'on se déplace du Nord vers le Sud, les
précipitations deviennent de plus en plus importantes. Les
précipitations moyennes annuelles sont de l'ordre de 800 mm
répartis sur quatre (04) mois. De façon générale,
les pluies sont capricieuses sur l'ensemble de la province. Leur
irrégularité et leur mauvaise répartition constituent une
menace au développement de l'activité agricole.
II.2.4. Les
difficultés d'accès aux intrants en quantité et en temps
voulu
En général, les entrepreneurs agricoles de la
province du Boulkiemdé sont approvisionnés en intrants par le
MARHASA, par l'intermédiaire des chefs ZAT. Cependant, la demande de ces
entrepreneurs n'est pas pleinement satisfaite. En effet, en termes de
quantité, la demande de ces acteurs est satisfaite à seulement
45%66(*). De plus, la
livraison se fait plusieurs mois (deux à trois mois) après la
période souhaitée.
Même s'il existe quelques distributeurs privés
d'intrants agricoles dans la province, le prix élevé et la
qualité douteuse laissent à désirer. De ce fait, les
difficultés d'accès aux intrants agricoles constituent une menace
pour l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé.
CONCLUSION GENERALE ET
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE
L
a présente recherche avait pour principal objectif de
cerner la situation de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé et d'analyser son environnement en vue de proposer des
perspectives d'amélioration.
Ainsi, il est ressorti de l'étude que :
Ø Concernant la situation de l'entrepreneuriat agricole
dans la province du Boulkiemdé :
· l'activité est entièrement dominée
par les hommes qui représentent 95% des entrepreneurs agricoles de la
province et est surtout pratiquée par les personnes âgées
(70%), d'où l'âge moyen de ces acteurs de 52 ans ;
· ces acteurs sont pour la plupart instruits (65%) et
seulement 20% sont inscrits au Registre du commerce et du crédit
mobilier (RCCM) ;
· les entrepreneurs agricoles du Boulkiemdé
exploitent en moyenne 11,675 ha et font appel à une main d'oeuvre
moyenne totale de 37 personnes dont une personne salariée ;
· 60% de ces entrepreneurs sont de producteurs semenciers
mais leur technique culturale reste dominée par la traction animale
(90%), d'où la moyenne d'équipements d'une (01) motopompe, une
(01) charrette, deux (02) charrues et quatre (04) animaux de trait ; et
· les spéculations les plus cultivées par
ces acteurs sont le sorgho, le mil, le niébé et le sésame,
avec respectivement 25%, 19%, 17% et 11% comme proportion d'occupation des
superficies cultivées.
Ø Concernant l'environnement de l'entrepreneuriat
agricole dans la province du Boulkiemdé :
· il y a des forces telles que la disponibilité et
l'accessibilité des terres cultivables aux entrepreneurs agricoles
(moyenne de 15,15 ha), ainsi qu'aux semences, l'association de l'élevage
à l'agriculture (85% des acteurs) ainsi que l'utilisation d'outils de
gestion (85%), l'accès aux formations techniques (70%), et surtout
l'existence d'une Union faîtière des entrepreneurs agricoles de la
province ;
· mais aussi des faiblesses comme l'insuffisance de
financement, le faible niveau d'équipements, l'insuffisance de la main
d'oeuvre, l'insuffisance d'organisation dans la commercialisation des produits,
l'insuffisance de magasin de stockage, et l'insuffisance des unités de
transformation ;
· toutefois, il y a des opportunités qui sont
l'existence de structures d'accompagnement des entrepreneurs agricoles de la
province comme les structures décentralisées du MARHASA (DDEA,
DGPER, DRARHASA, DPARHASA, etc.), du CRREA, les programmes agricoles (PCESA et
PAFASP), les structures de financement (FASI, FAPE et les antennes techniques
des caisses populaires du Boulkiemdé), et de l'iDE. Cependant, les
structures sont peu connues des acteurs (seulement moyenne de 37%) ;
· et il y a aussi des menaces comme la mauvaise
répartition des pluies, les difficultés d'accès au
crédit, les difficultés de recouvrement des créances
clients, et les difficultés d'accès aux intrants en
quantité et en temps voulu.
Cette étude a permis d'avoir une certaine connaissance
des caractéristiques de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé, de cerner l'environnement dans lequel il évolue pour
en tirer des informations comme les difficultés des entrepreneurs
agricoles et la découverte de structures accompagnant ces acteurs.
Ces résultats ont permis également de
vérifier les hypothèses initialement formulées.
Hypothèse 1 : les entrepreneurs
agricoles de la province du Boulkiemdé sont principalement
confrontés à des difficultés de
financement.
Cette étude a révélé que les
entrepreneurs agricoles de la province du Boulkiemdé ne possèdent
pas les ressources financières nécessaires pour optimiser leur
exploitation. Ce qui crée d'autres insuffisances au niveau de
l'équipement, des infrastructures, et de la main d'oeuvre. Les
producteurs semenciers représentant 60% de ces entrepreneurs vendent
leurs semences à crédit et sont ultérieurement
confrontés à des difficultés de recouvrement de ces
créances. L'unique option qui se présente serait le
crédit. Toutefois, les structures susceptibles de financer ces
entrepreneurs ont en général des conditions d'accès
difficiles pour ces acteurs (problèmes de garanties, taux
d'intérêts élevés, durée de remboursement
assez réduite). Seulement 25% des entrepreneurs agricoles de la province
du Boulkiemdé ont déjà bénéficié d'au
moins un crédit de campagne.
Les entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé sont principalement confrontés à des
difficultés de financement. D'où l'hypothèse 1 est
vérifiée.
Hypothèse 2 : les structures de
soutien à l'entrepreneuriat agricole dans le Boulkiemdé sont pour
la plupart peu connues des entrepreneurs.
De cette étude ressort que de sept (07) structures
d'accompagnement de l'entrepreneuriat agricoles dans la province du
Boulkiemdé, seulement trois (03) ont une notoriété de plus
de 50% auprès des entrepreneurs agricoles. En d'autres termes, le
degré de notoriété moyenne de ces structures auprès
de ces entrepreneurs est de 37%.
Ces données relatent d'elles-mêmes la faible
notoriété des structures d'accompagnement de l'entrepreneuriat
agricole dans la province du Boulkiemdé auprès de ces
entrepreneurs. D'où l'Hypothèse 2 est vérifiée.
Bien que ces résultats ne soient pas assez
encourageants, des possibilités réelles d'amélioration et
de développement de l'entrepreneuriat agricole existent. Pour y
parvenir, des efforts doivent être faits au niveau des promoteurs, du
Gouvernement, des structures d'accompagnement et de la recherche.
RECOMMANDATIONS
Les quelques recommandations suivantes peuvent être
formulées à l'intention :
Ø De l'Etat :
Ø la création d'écoles d'entrepreneuriat
agricole pour mieux professionnaliser ce domaine ;
Ø la mise en place d'un Fonds d'appui à
l'entrepreneuriat agricole qui mettra à la disposition des promoteurs
des financements à des conditions plus souples : des crédits
de long terme (4 ans minimum) pour les investissements, des crédits de
campagne avec des garanties particulières comme le nantissement de
greniers de céréales, des taux d'intérêts assez
favorables (5 à 8%) ;
Ø l'intermédiation des DPARHASA et DRARHASA dans
la signature de conventions de partenariat entre fournisseurs d'intrants et de
matériels agricoles, et les coopératives d'entrepreneurs
agricoles ;
Ø la subvention des intrants agricoles et les
équipements agricoles lourds.
Ø Des structures d'appui :
Ø la réalisation de campagnes d'information par
les structures d'accompagnement de l'entrepreneuriat agricole pour permettre
aux promoteurs non seulement de connaitre leur existence mais aussi de
comprendre les services offerts et les conditions d'accès.
Ø Des producteurs :
Ø la prospection du marché par les promoteurs
avant toute production ;
Ø la conduite d'études de marché pour
déterminer le caractère indispensable des biens et leur
substituabilité éventuelle par d'autres produits, et
d'études techniques dans le sens de la mobilisation et de la gestion des
ressources en eau.
Cependant, nous espérons avoir apporté notre
modeste contribution à l'amélioration de l'environnement de
l'entrepreneuriat agricole.
Toutefois, l'entrepreneuriat agricole ne devrait-il pas
à long terme faire place à l'agro-écologie ?
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Ø www.persee.fr
Ø
www.samrevolte.worlpress.com
Ø www.universalis.fr
ANNEXES
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : LISTE DES ENTREPRENEURS AGRICOLES
DE LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
III
ANNEXE 2 : GRILLE DE QUESTIONNAIRE
IV
ANNEXE 3 : LISTE DES PERSONNES
RENCONTREES
III
ANNEXE 1 : LISTE DES ENTREPRENEURS AGRICOLES DE
LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
ANNEXE 2 : GRILLE DE
QUESTIONNAIRE
1- IDENTIFICATION DE
L'EXPLOITANT :
Province du Boulkiemdé
Département.............................Village........................
Nom et Prénom :
....................................................................................
Age : /............../
Sexe : /.............../ (1 = masculin 2 =
féminin)
Nombre d'année en tant qu'Entrepreneur Agricole :
/................ /
Niveau d'instruction : /............. /
0= Aucun niveau 1=Alphabétisé 2=Ecole coranique
3=Primaire 4=Secondaire 5=Supérieur 6 = enseignement technique agricole
2- CAPITAL TERRE :
|
Location
|
Prêt
|
Propriété individuelle
|
Don
|
Superficie
|
|
|
|
|
3- LOGIQUE DE PRODUCTION :
Production pour satisfaire à un marché
|
|
Production pour ensuite rechercher un marché
|
|
Production selon les habitudes (Spéculative)
|
|
4- SPECULATIONS
Types de spéculation
|
Superficie occupée
|
Quantité produite
|
Destination (1=consommation ; 2=semence)
|
|
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|
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|
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|
|
|
5- ACTIVITES ASSOCIEES
Pratiquez-vous l'élevage en plus de
l'agriculture ?
...............................................................................................................
Si oui, quelle en est sa composition ? (nombre de bovins, de
caprins, de volaille, etc.)
..................................................................................................................................................................................................................................................................
6- MODES DE FINANCEMENT
Comment financez-vous vos campagnes ? Fonds propre ?
Crédit ?
..............................................................................................................................................................................................................................
Avec quelles structures obtenez-vous ce crédit ?
...................................................................................................................................................
7- CLIENTELE
Qui sont vos principaux clients ?
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
8- MAIN D'OEUVRE
Quelle est la composition de votre main d'oeuvre ?
Main d'oeuvre familiale
|
|
Main d'oeuvre occasionnelle
|
|
Main d'oeuvre salariée
|
|
9- TECHNIQUES CULTURALES
Quelles techniques culturales utilisées vous :
manuelle, traction animale, motorisée ?
...............................................................................................................
Quel est la composition de votre matériel
agricole ?
Nombre de charrues
|
|
Nombre d'animaux de trait
|
|
Nombre de charrettes
|
|
Nombre de motopompes
|
|
Nombre de motoculteurs
|
|
Nombre de tracteurs
|
|
Autres
|
|
Possédez-vous un magasin de stockage ? Une
unité de transformation de vos produits ?
...............................................................................................................................................................................................................................
10- ENCADREMENT TECHNIQUE
Bénéficiez-vous d'un encadrement
technique ? Si oui, de qui ?
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
11- STATUT DE L'ENTREPRISE
Etes-vous immatriculer au RCCM ? Si oui, sous quelle
forme juridique ?
...................................................................................................................................................................................................................................................
12- GESTION DE L'ENTREPRISE
Disposez-vous d'un outil de gestion ? Si oui,
lequel ?
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
13- LES PRINCIPALES CONTRAINTES
Quelles sont les principales difficultés que vous
rencontré dans l'exercice de ce métier ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
14- LES STRUCTURES DE SOUTIEN A L'ENTREPRENEURIAT
AGRICOLE
Quelles sont les structures que vous connaissez qui oeuvrent
dans l'accompagnement des entrepreneurs agricoles ?
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Si non, connaissez-vous le PCESA ? Le PAFASP ?
L'iDE ? Le FASI et le FAPE ?
..............................................................................................................................................................................................................................
Aviez-vous déjà bénéficié
de leurs services ? Si oui, lesquels ?
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Pensez-vous que ces services répondent à vos
besoins immédiats ? Si non, quelles sont vos propositions ?
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
15- SUGGESTIONS
Quelles sont vos suggestions pour améliorer vos conditions
de travail ?
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
ANNEXE 3 :
LISTE DES PERSONNES RENCONTREES
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
ii
DEDICACES
iv
REMERCIEMENTS
v
AVANT-PROPOS
vi
RESUME
vii
LISTE DES ABREVIATIONS
viii
LISTE DES TABLEAUX
x
LISTE DES GRAPHIQUES
xii
LISTE DES FIGURES
xiii
INTRODUCTION GENERALE
1
I. Contexte et justification de l'étude
3
II. Problématique de la recherche
4
III. Objectifs de la recherche
6
IV. Hypothèses de la recherche
6
V. Définitions des mots clés
6
VI. Revue de la littérature
7
VII. Intérêt de l'étude
10
VIII. Cadre méthodologique
11
PREMIERE PARTIE :
13
CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
13
CHAPITRE I : CADRE GENERAL DE L'ETUDE
15
SECTION I : Qu'est-ce que
l'entrepreneuriat ?
15
I.1. Aperçu sur l'entrepreneuriat
16
I.1.1. Les éléments de base de
l'entrepreneuriat
16
I.1.1.1. L'entrepreneur
16
I.1.1.2. L'entreprise
17
I.1.1.3. Certains concepts rattachés
à l'entrepreneuriat : créativité, invention et
innovation
18
I.1.2. Les caractéristiques typiques de
l'entrepreneuriat
19
I.1.2.1. L'entrepreneur en tant que leader
19
I.1.2.2. La vision
20
I.1.2.3. Les stratégies
entrepreneuriales
20
I.2. L'entrepreneuriat au Burkina Faso
20
I.2.1. Les entreprises burkinabè :
état des lieux
20
I.2.1.1. Répartition spatiale des
entreprises
21
I.2.1.2. Le statut juridique des entreprises
formelles
21
I.2.1.3. Les branches d'activités des
entreprises formelles
22
I.2.2. L'environnement de l'entreprise
burkinabè
23
I.2.2.1. Quelques difficultés
rencontrées
23
I.2.2.2. Les organismes de soutien aux
entreprises
24
I.2.2.3. Les facilités mises à la
disposition des entrepreneurs
25
SECTION II : Agriculture et
agrobusiness
26
II.1. Présentation de l'agriculture dans le
monde
26
II.1.1. Aperçu sur l'agriculture
26
II.1.1.1. L'origine de l'agriculture
26
II.1.1.2. Définition de l'agriculture
27
II.1.2. Les systèmes agricoles dans le
monde
27
II.1.2.1. L'agriculture extensive
28
II.1.2.2. L'agriculture intensive
28
II.2. Aperçu sur l'agrobusiness
28
II.2.1. Agrobusiness et agriculture familiale
28
II.2.1.1. L'opposition entre l'agrobusiness et
l'agriculture familiale
28
II.2.1.2. La complémentarité entre
agrobusiness et agriculture familiale
29
II.2.2. Concept d'agrobusiness
30
II.2.2.1. Définition de l'agrobusiness
30
II.2.2.2. Conditions de développement de
l'agrobusiness
31
CHAPITRE II : L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE AU
BURKINA FASO
33
SECTION I : Aperçu sur
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
34
I.1. Entrepreneuriat agricole, de quoi
parle-t-on ?
34
I.1.1. Définition de l'entrepreneuriat
agricole
34
I.1.2. Trois notions importantes de
l'entrepreneuriat agricole
35
I.1.3. Historique de l'entrepreneuriat agricole au
Burkina Faso
36
I.2. Les études sur l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso
37
I.2.1. L'entrepreneuriat agricole selon la DDEA
37
I.2.2. L'entrepreneuriat agricole selon le GRAF
38
I.2.3. La synthèse des travaux sur les
nouveaux acteurs et la promotion de l'entrepreneuriat agricole
40
I.2.4. Conclusions générales des
enquêtes auprès des exploitations modernes
43
SECTION II : Importance et cadre
règlementaire de l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
46
II.1. Nécessité, enjeu et
défis de l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
46
II.1.1. Nécessité d'émergence
d'entreprises agricoles au Burkina Faso
46
II.1.2. Enjeu et défis de l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso
48
II.2. Cadre politique, stratégique,
législatif et réglementaire régissant l'entrepreneuriat
agricole au Burkina Faso
48
II.2.1. Les lois, programmes, politiques et plans
d'action régissant l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
49
II.2.1.1. La loi n° 014/96/ADP du 23 mai 1996,
portant Réorganisation Agraire et Foncière (RAF) au Burkina Faso
modifiée par la loi de finances pour 2008
49
II.2.1.2. Le plan d'action pour la gestion
intégrée des ressources en eau (PAGIRE 2003-2015)
49
II.2.1.3. La politique nationale de
sécurisation foncière en milieu rural (PNSFMR)
50
II.2.1.4. La loi N° 034-2009/AN portant
régime foncier rural
50
II.2.1.5. Le programme national du secteur rural
(PNSR)
50
II.2.2. Les stratégies régissant
l'entrepreneuriat agricole au Burkina Faso
51
II.2.2.1. La stratégie de
développement rural (SDR)
51
II.2.2.2. La stratégie nationale de
sécurité alimentaire (SNSA)
51
II.2.2.3. La stratégie de croissance
accélérée et de développement durable (SCADD
2011-2015)
51
II.2.2.4. La stratégie nationale de
développement durable de l'agriculture irriguée (SNDDAI)
52
II.2.2.5. La stratégie nationale de
développement de l'entrepreneuriat agricole à l'horizon 2025
(SNDEA)
52
DEUXIEME PARTIE :
53
ANALYSE DE L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA
PROVINCE DU BOULKIEMDE
53
CHAPITRE I : SITUATION DE L'ENTREPRENEURIAT
AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
55
SECTION I : Les caractéristiques
socioprofessionnelles des entrepreneurs agricoles de la province du
Boulkiemdé
55
I.1. La répartition des entrepreneurs
agricoles selon le genre
55
I.2. La répartition des entrepreneurs
agricoles selon l'âge
56
I.3. Le niveau d'instruction des entrepreneurs
agricoles de la province du Boulkiemdé
57
SECTION II : Les caractéristiques
des entreprises agricoles de la province du Boulkiemdé
59
II.1. Le statut juridique et la taille des
exploitations agricoles de type entrepreneurial
59
II.1.1. Le statut juridique des exploitations
agricoles de type entrepreneurial
59
II.1.2. La taille des exploitations agricoles de
type entrepreneurial
60
II.2. La structure de la main d'oeuvre et le niveau
d'équipements des entrepreneurs agricoles
60
II.2.1. La structure de la main d'oeuvre
60
II.2.2. Le niveau d'équipements des
entrepreneurs agricoles
62
II.3. Les principales spéculations
cultivées et leur nature
64
II.3.1. Les principales spéculations
cultivées
64
II.3.2. La nature des spéculations
produites
64
CHAPITRE II : ANALYSE SWOT DE
L'ENTREPRENEURIAT AGRICOLE DANS LA PROVINCE DU BOULKIEMDE
66
SECTION I : Les forces et faiblesses de
l'entrepreneuriat agricole dans la province du Boulkiemdé
66
I.1. Les forces de l'entrepreneuriat agricole dans
la province du Boulkiemdé
66
I.1.1. La disponibilité des terres agricoles
exploitables et celle des semences
67
I.1.1.1. La disponibilité des terres
agricoles exploitables
67
I.1.1.2. La disponibilité des semences
68
I.1.2. L'association de l'élevage à
l'agriculture et l'utilisation d'outils de gestion
69
I.1.2.1. L'association de l'élevage à
l'agriculture
69
I.1.2.2. L'utilisation d'outils de gestion
69
I.1.3. L'existence d'une union des entrepreneurs
agricoles et l'accès aux formations
70
I.1.3.1. L'existence d'une union des entrepreneurs
agricoles
70
I.1.3.2. L'accès aux formations
71
I.2. Les faiblesses de l'entrepreneuriat agricole
dans la province du Boulkiemdé
71
I.2.1. L'insuffisance de financement et le faible
niveau d'équipement
72
I.2.1.1. L'insuffisance de financement
72
I.2.1.2. Le faible niveau d'équipement
72
I.2.2. L'insuffisance de la main d'oeuvre et
d'organisation dans la commercialisation des produits
72
I.2.2.1. L'insuffisance de la main d'oeuvre
72
I.2.2.2. L'insuffisance d'organisation dans la
commercialisation des produits
73
I.2.3. L'insuffisance de magasins de stockage et
d'unités de transformation
74
I.2.3.1. L'insuffisance de magasins de stockage
74
I.2.3.2. L'insuffisance d'unités de
transformation
74
SECTION II : Les opportunités et
les menaces de l'entrepreneuriat agricole dans la province du
Boulkiemdé
75
II.1. Les opportunités de l'entrepreneuriat
agricole dans la province du Boulkiemdé : l'existence de structures
d'accompagnement
75
II.1.1. Les organisations étatiques
75
II.1.1.1. Les services techniques
décentralisés du MARHASA
75
II.1.1.2. Le Centre régional de recherches
environnementales et agricoles (CRREA) du Centre
76
II.1.2. Les programmes agricoles
78
II.1.2.1. Le Programme d'appui aux filières
agro-sylvo-pastorales (PAFASP)
78
II.1.2.2. Le Programme de Croissance Economique
dans le Secteur Agricole (PCESA)
80
II.1.3. Les structures de financement
82
II.1.3.1. Les fonds nationaux
82
II.1.3.2. Les antennes techniques des Caisses
Populaires
83
II.1.4. L'international Development Enterprises
(iDE)
83
II.2. Les menaces de l'entrepreneuriat agricole
dans la province du Boulkiemdé
85
II.2.1. Les difficultés de recouvrement des
créances clients
85
II.2.2. Les difficultés d'accès au
crédit
85
II.2.3. La mauvaise répartition des
pluies 86
II.2.4. Les difficultés d'accès aux
intrants en quantité et en temps voulu
86
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
87
CONCLUSION GENERALE 88
RECOMMANDATIONS 91
BIBLIOGRAPHIE
xiv
WEBOGRAPHIE
xix
ANNEXES
I
* 1 "Toute chose égale
par ailleurs".
* 2 Au Burkina Faso, le
secteur agricole inclut les productions végétales, animales et
halieutiques ainsi que des produits forestiers non-ligneux et le terme de
« secteur agricole » comprend donc ces sous-secteurs dans ce qui
suit.
* 3 A cause de l'augmentation
des activités minières, l'exportation en or a fortement
augmenté, et la part des produits agricoles dans les valeurs
d'exportation ont baissés de 75% en 2007 à 21% en 2011.
* 4 Le pays, 18 juillet
2012
* 5 « Toute chose
égale par ailleurs »
* 6 Conservation des Eaux et
des Sols / Défense et Restauration des Sols
* 7 « Entrepreneurship
and Innovation in the Agri-Food System », in American Journal of
Agricultural Economics, Vol. 86, Issue 5, p. 1330-1336, Dec. 2004.
* 8 Agricultural
entrepreneurs : the first and the forgotten ?, Hudson institute, Research
paper n°07-01, April 2007.
* 9 « Elections
professionnelles et conceptions de l'entrepreneuriat (1983-2007) », dans
Bertrand Hervieu et al. (dir.), Les mondes agricoles en politiques,
Paris, Presses de Sciences Po, 2010, p. 145-191.
* 10 Influence du profil
du dirigeant sur le type de diversification en petite entreprise. Application
au cas agricole, thèse de doctorat en sciences et gestion,
Université de Limoges, 2004.
* 11 Capitalisme,
Socialisme, Démocratie, Paris, Payot, 1990.
* 12 La petite
entreprise, Vuibert, 1988.
* 13 England and the
English People, 2e édition, John Richter, London,
Sherwood, 1816.
* 14 Perspectives
agricoles en France et en Europe, Les rapports du conseil d'analyses
économiques n°70, La documentation française, 2007.
* 15 L'exploitation
agricole en perspective, courrier de l'environnement de l'INRA, n°41,
oct. 2000, p. 5-23.
* 16 « Entrepreneuriat
et agriculture, la contribution des modèles d'intention »,
4e journée de recherche en sciences sociales INRA SFER
CIRAD, Rennes, 9 et 10 déc. 2010.
* 17 Le petit
agriculteur schumpeterien, un acteur de l'évolution de l'agriculture du
21e siècle, SFER, 2015.
* 18 La dimension
foncière de l'agriculture au Burkina Faso : études de cas dans la
province du Ziro, 2010.
* 19 Agrobusiness au
Burkina Faso : quels effets sur le foncier et la modernisation agricole ?,
2011.
* 20 Les nouveaux
acteurs : essai d'analyse des acteurs de l'agrobusiness au Burkina Faso
à partir de la province du Ziro, Rapport d'enquête, 2002.
* 21 Contribution de
l'agrobusiness au développement local : cas de la commune de Sapouy dans
la province du Ziro, Mémoire de DESS, UFR/SEG, UO, 2006.
* 22 Contribution de
l'agrobusiness à la lutte contre la pauvreté : cas du
département de Sapouy, Mémoire de fin de cycle, ENAM,
2010.
* 23 L'agrobusiness : la
clé de la convergence du taux de pression fiscale du Burkina Faso vers
la norme communautaire, Mémoire de fin de cycle, ENAREF, 2012.
* 24 Etude sur la
viabilité de l'exploitation paysanne dans l'agriculture irriguée
et évaluation du bilan de l'action de l'agrobusiness au Burkina
Faso, Rapport d'études, 2008.
* 25 Analyse de la
rentabilité des exploitations agricoles de type entrepreneurial au
Burkina Faso, Rapport d'enquêtes, 2011.
* 26 Cf. annexe 1.
* 27 Cf. annexe 2.
* 28 Cf. annexe 3.
* 29 Encore appelée
matrice FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) ou matrice LCAG
du nom de ses quatre (04) développeurs (Learned, Christensen, Andrews,
et Guth) a été créé en 1965 par ces quatre (04)
professeurs de la Harvard Business School.
* 30 "Le champ de
l'entrepreneuriat : historique, évolution et tendances", in Revue
Internationale PME, Vol. 10, n°02, 1997, p. 129-172.
* 31 Encyclopedia of
Entrepreneurship, Englewood Cliffs, N. J., Prentice Hall, 1982.
* 32 Risk, Uncertainty
and Profit, Chicago, University of Chicago Press, 1971.
* 33 Motivating Economic
Achievement : A Five-Year Appraisal, Actes American Institute of Decision
Sciences, Boston, nov. 1973.
* 34 "Quatre paradigmes pour
cerner le domaine de recherche en entrepreneuriat", in Actes du
7e Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et
PME, Montpellier, 27-30 oct. 2004, édité par l'Association
Internationale de Recherche Entrepreneuriat. Consultable sur (en ligne) :
www.airepme.org.
* 35 Nature et
spécificité de l'entrepreneuriat camerounais, Mémoire
de Master, Université de Marne-La-Vallée, 2006.
* 36 Essai sur la nature
du commerce en général, London, Fetcher Gyler, 1755.
* 37 England and the
English People, 2e édition, John Richter, London,
Sherwood, 1816.
* 38 The Strategy of
Successful Entrepreneurs in Small Business : Vision, Relationships and
Anticipatory Learning, Ph.D. Thesis, University of Lancaster, Great
Britain, 1988.
* 39
L'entrepreneuriat, Paris, Economica, 1996.
* 40 Nature et
spécificité de l'entrepreneuriat camerounais, Mémoire
de Master, Université de Marne-La-Vallée, 2006.
* 41 Entreprises et
entrepreneurs au Burkina Faso, Paris, Edition KARTHALA, 1988.
* 42Cas du Fond d'Appui aux
initiatives des Jeunes, Fond d'aide a l'innovation, Fond d'appui au secteur
informel, Fond d'aide à la promotion de l'emploi
* 43 Par exemple, une
entreprise a un nouveau marché ; pour l'exécuter, elle a
besoin d'une facilité de paiement. Une fois cette facilité
obtenue et le marché exécuté, elle ne pourra recouvrer la
totalité de ces paiements que souvent hors délais.
* 44 Secteur industriel
(machines,
engrais chimiques,
pesticides...) ; Energie (carburant, électricité...) ;
Services (ministère, banques, universités...).
* 45 Agriculture proprement
dite (productions végétales et animales).
* 46 Transport,
distribution, agro-industrie.
* 47 Conseil Ouest et Centre
Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles/West and
Central African Council for Agricultural Research and Development.
* 48 L'Agri Business Forum
est le plus grand évènement d'affaires consacré à
l'agrobusiness africain et organisé sur le sol africain annuellement. Le
dernier Agri Business Forum s'est tenu en République Démocratique
du Congo du 22 au 25 mars 2015 sous le
thème : « Vers une croissance inclusive : une
nouvelle vision pour la transformation agricole en Afrique ».
* 49 Contribution de
l'agrobusiness au développement local : cas de la commune de Sapouy dans
la province du Ziro, 2006.
* 50 Maïs :
62% ; mil : 1% ; sorgho : 14% ; riz : 5%
* 51 DGPER,
caractéristiques socio-économiques des exploitations modernes,
mai 2009
* 52 Colloque international
scientifique : Développement et Agriculture, du 6 au 8
décembre 2010 à Ouagadougou (Burkina Faso) sous le thème
« Quelle Agriculture pour le développement durable de
l'Afrique », organisé par le CEDRES.
* 53 Nos enquêtes,
2015.
* 54 Idem.
* 55 La Zone Centre du CRREA
couvre entièrement les régions du Centre, Centre Ouest, Centre
Sud, Plateau Central, et partiellement la région du Centre Nord (les
provinces du Sanmatenga et du Namentenga).
* 56 Nos enquêtes,
2015.
* 57 Nos enquêtes,
2015.
* 58 Concerne l'embouche des
bovins, des ovins à l'exception des porcs, la commercialisation des
bêtes sur pieds, de la viande fraîche et transformations diverses.
Ne prend pas en compte non plus la volaille.
* 59 Manuel de
procédure du dispositif d'appui conseil à coûts
partagés, Mars 2014, p.15
* 60Concernant le PCESA-A1,
le mécanisme d'accompagnement est la subvention. Pour le fonds
d'appui-conseil, la subvention est de 90% pour les femmes et les TPE, et 80%
pour les autres acteurs. Cependant, pour le fonds vert la subvention est de 1/3
de l'investissement total dans le cas d'un financement sur fonds propres, et de
50% de l'apport personnel dans le cas d'un financement mixte.
* 61 S'agissant du PCESA-A2,
le financement se fait par crédit bancaire. Le crédit concerne
les besoins d'investissements et revête toutes les conditions d'un
crédit bancaire ordinaire. Seulement, quelques conditions ont
été assouplies pour faciliter l'accès des exploitants
agricoles ; il s'agit notamment de la réduction du taux
d'intérêt (i=8%) et de l'augmentation de la durée de
paiement (n=4 ans minimum). Il y également un partenariat avec la
Société financière de garantie interbancaire du Burkina
(SOFIGIB) pour l'accompagnement des acteurs ne disposant pas de garanties.
* 62 Nos enquêtes,
2015.
* 63 Nos enquêtes,
2015.
* 64 Nos enquêtes,
2015.
* 65 Nos enquêtes,
2015.
* 66 Nos enquêtes,
2015.
|