3.4- Chômage
Le chômage élevé est un trait dominant
des économies sous-développées. Plus un pays est
sous-développé, plus le niveau de chômage y est
élevé. Ce mal frappe de plein fouet les jeunes, en particulier
ceux qui sont relativement plus instruits. En Haïti, le marché de
l'emploi enregistre une chute de salariés avec la compression des
effectifs imposée par les deux programmes d'ajustements structurels
(1986-1989 et 1996-1999) et un départ important des industries entre
1991 et 1994 (Aspilaire, 2014). Le chômage touche 40% de la main-d'oeuvre
urbaine et près de 50% de la main-d'oeuvre féminine. Le taux de
chômage des jeunes dépasse les 60%, ce qui suscite des
préoccupations non seulement d'ordre économique, mais aussi
sociales. Trouver un emploi constitue un véritable défi car le
marché du travail est très restreint et les conditions
d'accès ne sont pas toujours intéressantes. Haïti affiche le
plus faible taux d'activité économique de la région : 60%
seulement des personnes en âge de travailler sont sur le marché du
travail contre 70% en République dominicaine. Parmi ceux qui trouvent un
emploi, 60% ont des revenus inférieurs au salaire minimum, et les femmes
gagnent, en moyenne, 32% de moins que les hommes (Banque Mondiale, 2014).
Le problème du chômage engendre la montée
en puissance du secteur informel qui est un manque à gagner pour
l'économie haïtienne. Entre 1999 et 2000, 54.7% des emplois de la
capitale sont informels (IHSI, 2001) et en 2007, 57.1% des emplois sont
informels (IHSI, CELADE, 2007). En l'absence de toute politique d'emploi, les
activités informelles urbaines sont tolérées par
l'instance étatique.
Dans un contexte où l'Etat haïtien est
caractérisé par la recherche de rentes et la prévalence de
la prédation, il est impossible de concevoir et de mettre en oeuvre des
politiques d'emplois (CEPALC, 2005). Donc, rien ne permet de dire que les
perspectives de l'emploi s'amélioreront sensiblement dans l'avenir
proche si la tendance actuelle se poursuit.
Malgré la forte migration des jeunes vers
l'étranger, le chômage est à un niveau record dans le pays.
Le niveau exceptionnellement élevé du chômage et l'absence
de politiques d'emploi nous laisse croire que l'aide ne contribue pas
substantiellement à réduire le chômage dans le pays.
Au vu de ce que montrent les indicateurs
socio-économiques, l'impact de l'aide à Haïti reste
nuancé. D'une part, la croissance reste très inférieure au
niveau requis pour atteindre les OMD, et d'autre part, cette croissance reste
très volatile et sans création d'emplois. Or pour l'atteinte des
OMD, les analystes locaux et internationaux préconisent une croissance
annuelle de 5 à 6% sur une longue période. Pourtant, selon les
données sur l'économie haïtienne, ce taux de croissance a
été atteint seulement pour l'exercice 2010-2011(soit 5.5%).
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