Les entretiens semi-directifs constituent la base de notre
méthode de collecte de données. Ainsi à Niamey et Agadez,
nous avons réalisé des entretiens avec des acteurs
institutionnels. Il s'agit des acteurs étatiques (Gouvernorat, Mairie,
Conseil régional, Direction Générale de l'Etat Civil des
Migrations et des refugies, les forces de défense et de
sécurité, sultanat, Organisations non gouvernementales, agences
onusiennes et les organisations de la société civile). Cette
démarche vise à réaliser une cartographie des acteurs
intervenant dans le domaine des migrations au Niger et leur logique
d'intervention. La grille d'entretien (voir en annexe) a porté sur les
types d'intervention des acteurs, année de démarrage des
activités en rapport avec les migrations, sources de financement, zones
d'interventions, logique d'intervention, partenariat et rapport fonctionnel
avec les autres acteurs. L'objectif est de démontrer que l'injonction de
l'EU et de ses partenaires dans le domaine des migrations au Niger a conduit
une multiplication des acteurs intervenant dans le domaine. Par-delà, il
parait nécessaire de ressortir les changements dans l'agenda migratoire
marqué par une préférence pour la lutte contre la
migration de transit en direction de l'Afrique du Nord. Les données
recueillies ont été exploitées pour réaliser une
cartographie des acteurs et leurs interventions.
Des entretiens ont aussi été
réalisés avec les acteurs de l'économie de la migration
(voir en annexe le guide d'entretien). Quarante personnes ont été
interrogées à Agadez. Il s'agit des membres de l'association des
ex-passeurs d'Agadez, des coxeurs, passeurs, transporteurs, conducteurs de
taxi-moto, hébergeurs, adai daita (touk-touk), des boutiquiers
autour des gares, les responsables des gares. Cette approche a permis de
collecter les données sur les profils des protagonistes de
l'économie de la migration, les jeux et enjeux autour de cette
activité. Sur la base des données recueillies, nous avons
analysé les incidences des politiques migratoires européennes sur
cette activité dans un espace de transit : Agadez.
À Niamey et Agadez ; des données ont
été collectées auprès des acteurs migrants.
À Agadez, les migrants ont été rencontrés dans les
ghettos, les gares de transport, les centres OIM et HCR ainsi qu'à la
prison civile.
À Niamey, c'est essentiellement au centre OIM, dans
les cases de passage du HCR et à la prison civile de Niamey qu'ont eu
lieu les entretiens.
Nous avons également voyagé avec les migrants
de Niamey à Dakar du 7 au 10 janvier 2018 dans le cadre du processus du
retour volontaire. Nous avons effectué ce voyage avec 29 migrants
ouest-africains convoyés par l'OIM dans le cadre du retour volontaire
assisté.
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Ces notes d'entretiens ont permis de disposer des
données permettant d'apprécier les effets des politiques sur la
trajectoire des migrants, la reconfiguration des routes, l'immobilité et
la mobilité de ces acteurs pour faire face aux contextes actuels, et les
logiques qui sous-tendent leurs choix. Il a paru essentiel d'appréhender
la manière dont les pratiques de ces acteurs participent à la
transformation des lieux et des systèmes migratoires. A l'aide d'un
questionnaire, (voir en annexe) nous avons également collecté des
données sur les parcours des migrants, les motivations et l'attente.
Nous avons complété les données avec des
entretiens auprès des leaders communautaires, chefs de quartiers, Sultan
d'Agadez, Tambarey, organisations des jeunes, élus locaux pour
déceler le lien entre les politiques de lutte contre la migration
à Agadez et la fragilité de la coexistence pacifique. Il s'agit
d'appréhender les tensions en cours, les protagonistes qu'elles
mobilisent, mais aussi le mode opératoire de l'État du Niger et
ses partenaires pour « acheter » la paix.