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La question de la performance des banques africaines au Cameroun.


par Jean Pierre Dany Menguele
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master professionnel en relations internationales 2017
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE YAOUNDE II

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

Institut des Relations
Internationales du Cameroun

International Relations Institute of Cameroon

859, rue de kribi/7001
Yaoundé 3
B.P.: 1637 Yaoundé
Tel: 222 31 03 05
Fax N° : (237) 222 31 89 99
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LA QUESTION DE LA PERFORMANCE DES

BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Mémoire de fin de formation pour l'obtention du Master professionnel en Relations Internationales

Option : Banque-Monnaie-Finance-Internationales

Rédigé et soutenu par :

MENGUELE Jean Pierre Dany

Licence en sciences économiques et de gestion, option Administration et Gestion des Entreprises

Sous la direction de :

Pr. KONO ABE Jean-Max

Agrégé en Sciences de Gestion
Université de Yaoundé II Soa

Année Académique 2016 -2017

AVERTISSEMENT

i

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) n'entend
donner aucune approbation, ni improbation, aux opinions contenues dans
ce mémoire ; celles-ci doivent être considérées comme propres à l'auteur.

DEDICACE

ii

A mes très chers parents,

Papa ELLA Michel, et maman MENGUELE Nathalie

iii

REMERCIEMENTS

J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidé dans la réalisation de ce mémoire.

En premier lieu, je remercie profondément mon directeur de mémoire le Professeur KONO ABE Jean-Max, Enseignant à l'Université de Yaoundé II pour ses recommandations précieuses, son suivi, sa disponibilité et son soutien constant.

En second lieu, je remercie tous mes enseignants de l'IRIC, en particulier le Docteur EBA EBE Gabriel, Coordonnateur du département d'économie internationale de l'IRIC, qui, en deux années, n'ont ménagé aucun effort pour me garantir une formation de pointe.

Je tiens également à remercier tous les membres de ma famille qui n'ont jamais cessé de me couvrir de tendresse et de conseils tout au long de mes études. A ce titre j'adresse des remerciements à :

- Mes parents, papa ELLA NDENG Michel et maman MENGUELE Nathalie pour tout l'amour et les moyens mis en oeuvre pour ma formation ;

- Mes tuteurs, M. MANDIO Mesmin et Mme ABOMO Anastasie, pour l'encadrement et les encouragements tout au long de ma formation à l'IRIC ;

- Mon très cher grand frère MENGUELE Blaise Hervé, dont le parcours académique m'a toujours inspiré et dont les conseils et les encouragements ont fortement contribué à la réalisation de ce mémoire ;

- Mes cadets, NTYAME Sandra, NDENG James, EKOUMOU Aurélie, et EKO'O Becky pour leur disponibilité qui a contribué à ce que je dispose davantage du temps consacré à mes études.

Je mesure également l'honneur que m'ont fait certains camarades pour la relecture de ce mémoire. J'exprime ici ma gratitude à SOUA Vladimir et SIMEU TAGNO Brice.

Je pense également à tous ceux qui pendant deux ans à l'IRIC ont d'une façon ou d'une autre à un moment donné, contribué à rendre mon séjour à l'IRIC agréable. Merci à tous mes camarades de la filière Banque Monnaie Finance Internationales, promotion 2014, particulièrement à notre délégué OYIE Jean Vincent.

Enfin je remercie tous les membres de la communauté chrétienne à laquelle j'appartiens ainsi que tous ceux qui de près ou de loin m'ont aidé tout au long de mon parcours à l'IRIC.

iv

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFB : Afriland First Bank

AFD : Agence Française de Développement

BAC : Bank of America Cameroon

BA : Banque Africaine

BAD : Banque Africaine de Développement

BBC : Boston Bank Cameroon

BCD : Banque Camerounaise de Développement

BCEAEC : Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BEI : Banque Européenne d'Investissement

BIAOC : Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun

BICEC : Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit

BICIC : Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun

BMN : Banque Multinationale

BOA : B ank Of Africa

CAMBANK : Cameroon Bank Limited

CBC : Chase Bank Cameroon

CCCE : Caisse Centrale de Coopération Economique

CCFL : Caisse Centrale de la France Libre

CCFOM : Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer

CE : Coefficient d'Exploitation

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CFA : Coopération Financière en Afrique

CFD : Caisse Française de Développement

CNC : Conseil National du Crédit

COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

FMI : Fonds Monétaire International

FMN : Firme Multinationale

MINFI : Ministère des Finances

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNB : Produit Net Bancaire

RAROC : Risk Ajusted Return On Capital

RN : Résultat Net

ROA : Return On Asset

ROE : Return On Equity

SCB : Société Commerciale de Banque

SFI : Société Financière Internationale

SG : Société Générale

SIG : Solde Intermédiaire de Gestion

TRI : Taux de Rendement Interne

TRT : Taux de Rendement des Titres

UBA : United Bank for Africa

UE : Union Européenne

VAN : Valeur Acutualisée Nette

v

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : ROE et ROA des banques européennes (en %) 31

Tableau 2 : Dimensions et critères de l'efficacité organisationnelle d'une banque 37

Tableau 3 : état de quelques banques commerciales en 1988 (en milliards de FCFA) 69

Tableau 4 : Situation des banques au cours des années 80 et 90 69

Tableau 5 : Evolution des dépôts (en milliards de FCFA) dans les banques de 1984 et 1990 70

Tableau 6 : Fiche signalétique d'Ecobank Cameroun au 31 Décembre 2014 81

Tableau 7 : Fiche signalétique de SCB Cameroun au 31 Décembre 2014 83

Tableau 8 : Fiche signalétique d'UBA Cameroun au 31 Décembre 2014 84

Tableau 9 : Fiche signalétique de BGFIBank Cameroun au 31 Décembre 2014 86

Tableau 10 : Fiche signalétique de d'Afriland First Bank au 31 Décembre 2014 87

Tableau 11 : ROE des BA au Cameroun 2010-2014 (en %) 89

Tableau 12 : ROA des BA au Cameroun 2010-2014 (en %) 90

Tableau 13 : Coefficient d'exploitation des BA au Cameroun 2010-2014 (en %) 91

Tableau 14 : Dépôts de la clientèle dans les principales banques camerounaise en 2014 (en millions de

de FCFA) 93

Tableau 15 : Volume des crédits accordés à la clientèle dans les BA (en millions de FCFA) 93

Tableau 16 : Parts de marché sur les dépôts en 2014 (en %) 94

Tableau 17 : Parts de marché sur les crédits en 2014 (en %) 94

Tableau 18 : Classement des 200 premières banques africaines en 2014 95

vi

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Nombre d'établissements monétaires et financiers dans l'U.E 47

Graphique 2 : Nombre d'établissement transfrontaliers dans l'UE 47

Graphique 3 : Rythme de progression des crédits au secteur privé de 1960 à 2005 67

vii

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Le concept d'efficacité, d'efficience, et de performance 23

Figure 2 : Les objectifs de mesure de la performance 24

Figure 3 : Enjeux de la mesure de la performance 26

Figure 4 : L'exposition au risque bancaire 54

Figure 5 : Risques financiers et non financiers 58

Figure 6 : Panorama du secteur bancaire en Afrique 96

viii

RESUME

Les systèmes bancaires africains ont connu d'importantes mutations au cours des dernières décennies sous l'impulsion des Banques Africaines (BA). En effet, que ce soit en Afrique du nord, en Afrique australe, en Afrique de l'Est ou en Afrique de l'Ouest, ces banques enregistrent année après année des performances remarquables consécutives à la forte croissance économique que connaissent ces régions. Seulement, le niveau de performance réalisé en zone CEMAC en général et au Cameroun en particulier, reste en deçà de la moyenne continentale. A ce titre, l'objectif de cette étude est de déterminer quels peuvent être les facteurs explicatifs du faible niveau de performance des banques africaines au Cameroun, au regard de leurs résultats financiers dans les autres zones du continent. Pour ce faire, nous nous sommes intéressés à l'activité des principales BA dans le système bancaire camerounais pour la période 2010-2014, en nous appuyant sur leurs rapports d'activités, ainsi que sur les publications d'institutions comme le FMI, la BEAC, la COBAC ; de même que les statistiques de la BEI. Dès lors, il ressort de nos analyses que les BA ont certes un niveau de rentabilité acceptable selon la dynamique du secteur bancaire camerounais, mais faute d'une croissance économique soutenue au Cameroun, leur performance demeure marginalisée par rapport aux autres régions du continent. Pour résorber cette sous optimalité en terme de résultats financiers et non financiers, nous préconisons que les règles du secteur bancaire camerounais soient redéfinies et que les BA s'intéressent un peu plus au segment de la clientèle des Petites et Moyennes Entreprises.

Mots-clés : Banque Africaine ; performance ; système bancaire ; niveau de performance ; rentabilité

ix

ABSTRACT

African banking systems have undergone significant changes in recent decades under the impetus of the African banks (AB). Indeed, in North Africa, Southern Africa, East Africa and West Africa, these banks are performing remarkably year after year due to the strong economic growth in these regions. However, the level of performance achieved in the CEMAC zone in general and in Cameroon in particular, remains below the continental average. As such, the objective of this study is to determine the explanatory factors for the low level of performance of African banks in Cameroon, given their financial performance in other areas of the continent. To this end, we focused on the activity of the main ABs in Cameroon's banking system for 2010-2014, based on their activity reports, as well as on the publications of institutions such as the IMF, BEAC, COBAC as well as EIB statistics. Therefore, it is clear from our analyzes that ABs have a level of profitability that is acceptable according to the dynamics of Cameroon's banking sector, but for lack of sustained economic growth in Cameroon, their performance remains marginalized compared to other regions of the continent. To solve this sub-optimality in terms of financial and non-financial results, we advocate that the rules of the banking sector in Cameroon be redefined and that the ABs take a little more interest in the segment of the clientele of Small and Medium Enterprises.

Keywords: African Bank; performance; banking system; Level of performance; profitability

X

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

PARTIE I : L'INTERNATIONALISATION DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 16

CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 18

SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA PERFORMANCE 18

SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 27

CHAPITRE II : LIENS ENTRE INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE BANCAIRE 42

SECTION I : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE 43

SECTION II : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE NON FINANCIERE 49

PARTIE II : LES BANQUES AFRICAINES DANS LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

60

CHAPITRE III : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : EVOLUTION HISTORIQUE ET

CADRE REGLEMENTAIRE 62

SECTION I : HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS 62

SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU

CAMEROUN 71

CHAPITRE IV : EVALUATION ET APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES

AFRICAINES AU CAMEROUN 79
SECTION I : EVALUATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU

CAMEROUN 79
SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMNCE DES BANQUES AFRICAINES AU

CAMEROUN 95

CONCLUSION GENERALE 105

BIBLIOGRAPHIE 111

TABLE DES MATIERES 116

1

INTRODUCTION GENERALE

2

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE

Depuis le début des années 2000 l'Afrique subsaharienne se présente sous un nouveau jour : près de 6% de croissance annuelle en moyenne sur la période 2000-2015 et autour de de 5% dans les années à venir1, des progrès en matière de gouvernance et surtout une démographie en plein boom. En 2030, le continent comptera 2 milliards de personnes, deux fois plus qu'en 20002, majoritairement des jeunes avides de travailler et de consommer. « L'opinion publique est passée de l'afro-pessimisme à une vision de l'Afrique comme zone attractive »3, témoigne Henri Claude OYIMA, PDG de BGFI Bank dans les colonnes d'une revue. Le continent devient une nouvelle frontière pour les investisseurs, peut-être la dernière après l'émergence de l'Amérique latine et de l'Asie. Les services financiers auront naturellement un rôle central à jouer dans l'accompagnement de ce développement. Or le chemin est encore long avant que l'Afrique subsaharienne ne dispose d'infrastructures financières à la hauteur des enjeux. Avec seulement un quart de la population ayant accès à un compte bancaire, et une société très attachée au cash, les systèmes bancaires restent sous-développés. Les entreprises, des plus petites aux plus grandes souffrent de cette insuffisante intermédiation bancaire, d'autant plus que les solutions de financement alternatives (bourse, private equity)4 sont encore embryonnaires. Le continent africain ne pourra faire l'économie de colossaux investissements dans les infrastructures (90 milliards d'USD en moyenne par an)5 et pourra de moins en moins compter sur les capitaux venus du Nord.

Face à ces enjeux, les cartes doivent être rebattues. Au lendemain des indépendances, le secteur bancaire africain était essentiellement composé des banques étatiques et de quelques grandes banques issues des anciennes puissances coloniales. Au cours des quarante dernières années, plusieurs mutations majeures ont progressivement transformé les systèmes financiers africains. De nouveaux acteurs ont d'ores et déjà émergé lors de la dernière décennie. C'est le cas des banques des pays émergents, Chine en tête, en particulier en matière de financement

1 Fonds Monétaire International, perspectives économiques régionales, Octobre 2015, pp. 1à 3

2 Fonds Monétaire International, Finance et Développement, Mars 2016, pp. 6 à 11

3 Henri Claude Oyima, Revue Banque, Cahiers de prospectives bancaires et financières, n°314, mai 2013, p. 3

4 Selon le dictionnaire de la communication financière, la bourse est un marché financier où se vendent et s'achètent des instruments financiers (actions, obligations, etc...). C'est l'une des sources de financement de l'économie. Elle permet aux sociétés publiques et privées, aux collectivités locales et à l'Etat de se procurer des fonds pour financer leurs investissements en faisant appel aux épargnants.

-Le « private equity » ou capital-investissement désigne une forme spécifique d'investissement institutionnel dans les entreprises privées avec comme objectif de fiancer leur développement, leur transformation et leur expansion.

5 Banque Mondiale, Financement des projets d'infrastructures en Afrique, Mars 2014

3

des infrastructures et de trade finance (China Exim Bank, China Construction Bank)6. C'est aussi le cas de certains établissements africains qui ont su tirer profit du relatif désengagement des banques occidentales et sortir de leurs frontières pour construire des banques panafricains7 ; Les marocaines Attijariwafa et BMCE, la Sud-africaine Standard Bank, la gabonaise BGFI, la togolaise Ecobank, la nigériane UBA en sont quelques exemples. En 2012, les 200 plus grandes banques africaines représentaient un total de bilan d'environ 1 110 milliards USD et un produit net bancaire (PNB) de 45 milliards d'USD8. Dans cet ensemble l'Afrique du Sud, le Nigéria et l'Afrique du Nord auxquels appartiennent les banques suscités dominent. Le secteur bancaire en Afrique subsaharienne reste toutefois marqué par sa très grande diversité, que l'on considère le degré de concentration des établissements bancaires ou le taux de bancarisation des populations qui s'échelonne à plus de 50% pour l'Afrique du Nord et l'Afrique du Sud à moins de 10% pour l'Afrique francophone9. Les banques commerciales dominent aujourd'hui encore les systèmes financiers d'Afrique subsaharienne.

Les filiales de banques occidentales ont progressivement cédé leur position dominante sans doute de façon définitive à des banques africaines. Les nouveaux leaders peu nombreux sont issus de quelques pays notamment le Maroc et le Nigéria qui affichent les réseaux les plus importants, suivi par l'Afrique du Sud et depuis peu par le Kenya et le Gabon10. Mais cet équilibre est instable car tous ces leaders sont puissants et entreprenants, notamment en raison de la taille qu'ils ont acquise dans leurs pays d'origine. Tous aussi ont les mêmes motivations : parvenir à une expansion géographique maximale, en s'appuyant sur leurs moyens capitalistiques et leur savoir-faire. La quête de nouveaux marchés concerne désormais toute l'Afrique subsaharienne ; l'expansion se fait par le biais, selon les circonstances, du rachat d'une banque existante ou de la création d'une nouvelle entité. De nos jours, les seuls freins à cette politique d'expansion géographique sont les limites financières de certains réseaux ou les difficultés concrètes d'identification des cibles attractives. Pourtant, rares sont les banques africaines qui ont une présence véritablement continentale, c'est-à-dire touchant au moins deux zones linguistiques.

6Banque Africaine de Développement, La chine et l'Afrique : un nouveau partenariat pour le développement ?, 2011, pp. 122-126

7 Groupes panafricains ou groupes bancaires africains (GBA) désignent l'ensemble des établissements de crédit à capitaux africain, ayant leur origine dans un pays africain et dont l'expansion géographique s'effectue dans au moins 2 régions géographiques ou linguistiques du continent

8 Jeune Afrique, spécial finance, hors-série n°31, décembre 2012 pp 25 à 38

9 Paul Derremaux, le renouveau du secteur bancaire en Afrique, in : Secteur privé et développement, n°16, Mai 2013, pp. 2-5

10 Paul Derremaux, Op. Cit., p. 3

4

Dans ce nouvel environnement très compétitif, les acteurs du secteur développent des stratégies analogues visant à capter de nouveaux publics tout en diversifiant leurs opérations. Ils s'appuient sur leurs réseaux d'agences, qui se densifient rapidement assurant de fait l'évolution du niveau général de bancarisation en Afrique. Les produits sont toujours plus nombreux et plus modernes : monétique, banque par internet et ou par téléphone mobile. Elles visent les même cibles, allant du particulier à la grande entreprise, soucieuse de conquérir des parts sur des marchés encore étroits où chaque intervenant est contraint de travailler avec toutes les clientèles. Désormais mieux organisées et plus innovantes, les banques africaines rattrapent leur retard et devancent même leurs homologues du Nord en matière de mobile banking ou de cartes Visa prépayées. L'action des banques centrales tient aussi une place importante dans l'évolution du secteur. Celle-ci a commencé avec la mise en place d'autorités de tutelle indépendantes imposant des règles inspirées des normes bancaires internationales : initiés dès les années 1970 dans les pays anglophones d'Afrique de l'Est, ces structures ont été instaurées en Afrique francophone à la fin des années 1980. L'augmentation massive du capital minimum requis pour l'exercice de la profession constitue une illustration de ce travail de régulation : La brusque exigence du Nigéria en 2005 de fixer ce capital à 200 millions d'USD a divisé par quatre en quelques années le nombre de banques et poussé les survivants au-delà de leurs frontières nationales pour tenter de rentabiliser leurs nouveaux fonds propres.

La portée et le rythme des réformes en Afrique francophone sont bien différents ; les dispositifs de contrôle en place témoignent d'une rigueur et d'un suivi encore insuffisants. Le Cameroun qui fait partie de ce bloc des pays de l'Afrique subsaharienne en est une illustration parfaite. En effet, contrairement aux régions anglophones ou de l'Afrique du nord, le secteur bancaire au Cameroun connait encore de nombreuses entraves. Parmi celles-ci, l'état fonctionnel des institutions en place joue un rôle primordial. Si à ce jour, certaines banques ont allégé les procédures d'ouverture des comptes en s'ouvrant au plus large public et en diversifiant les produits par l'adoption de ceux réservés jadis à la micro finance, il reste que pour beaucoup d'autres, devenir un client relève d'un parcours de combattant. Aussi, des éléments sectorielles tels que les lourdes formalités pour l'ouverture d'un compte, les frais élevés des opérations, les informations de contact indisponibles, etc...A ces pesanteurs, il faut ajouter la sous-capitalisation du secteur financier, une capacité réduite de refinancement auprès du prêteur en dernier ressort qu'est la Banque centrale, des ressources à long terme limitées, une faible collecte d'épargne, une non déductibilité des provisions sur créances douteuse de l'assiette fiscale, un respect aléatoire des normes prudentielle, etc... Ces insuffisances freinent

5

une plus grande extension et une meilleure performance des groupes bancaires africains dans ce pays.

C'est donc dans l'optique de mieux comprendre cette ambivalence dans la réalisation de performance des banques africaines selon les régions géographiques et linguistiques du continent, que nous avons choisi de mener notre étude sur le thème : « La question de la performance des banques africaines au Cameroun »

II- OBJET ET INTERETS DE L'ETUDE

Après la crise bancaire qu'ont connue la plupart des pays africains en général, et le Cameroun en particulier dans les années 80, de nombreuses réformes ont été entreprises pour redynamiser ce secteur hautement stratégique de l'économie. Dès lors, on a assisté au Cameroun à la privatisation de nombreuses banques à capitaux publics et à l'émergence des banques africaines. Aussi, ces dernières depuis près d'une décennie connaissent une expansion enviable et une clientèle de plus en plus importante sur le continent africain en général et au Cameroun en particulier. Toutefois, les performances réalisées par ces nouveaux acteurs en zone CEMAC et au Cameroun sont très modestes par rapport à celles qu'elles réalisent dans les autres pays et régions du content ; une situation qui mérite une attention particulière.

A cet effet, notre étude vise de façon générale à apprécier le niveau de performance des banques africaines au Cameroun comparativement à d'autres régions du continent. A ce titre, nous voulons montrer que, bien qu'elles enregistrent des performances remarquables dans certaines régions du continent, les banques africaines peinent à être véritablement performantes dans le secteur bancaire camerounais malgré qu'ils constituent une part non négligeable des intervenants de ce secteur. Pour ce faire, nous analysons d'abord le concept de performance bancaire; Ensuite nous présentons les principales banques africaines en activités au Cameroun, ainsi que leurs spécificités ; Enfin, sur la base de données statistique nous procédons à une appréciation de la performance des BA au Cameroun.

Par ailleurs, notre étude sur la question de la performance des BA au Cameroun revêt un triple intérêt notamment sur les plans scientifique, politico-économique, et social.

Sur le plan scientifique, notre étude s'inscrit dans le champ du management stratégique. A ce titre elle s'intéresse aux principaux déterminants de la performance des BA au Cameroun. Partant du constat de l'ambivalence qui existe dans les performances de ces banques suivant les

6

différentes régions géographiques et linguistiques de l'Afrique, notre étude permettra de comprendre d'une part les raisons profondes de cette ambivalence et d'autre part de proposer un cadre stratégique, eu égard des spécificités de l'économie camerounaise, qui permettra aux acteurs du secteur bancaire camerounais, et spécifiquement les groupes bancaires africains, d'être plus performantes dans notre pays.

Sur le plan politico-économique, notre étude apportera aux décideurs publics un nouveau cadre de réflexion utile pour de meilleures politiques d'encadrement et de régulation du secteur bancaire camerounais qui est de plus en plus animé par les banques africaines11 dont les objectifs et les défis sont différents des banques locales ou occidentales. Aussi, les banques étant les principaux acteurs du financement de l'économie, les fruits de notre recherche pourront permettre aux pouvoirs publics à mieux les inciter à jouer leur rôle dans un contexte où l'intégration financière reste faible.

Sur le plan social, les grands défis de développement auxquels se sont arrimés les pouvoirs publics du Cameroun nécessitent une véritable mobilisation et une sécurisation de l'épargne locale surtout dans un contexte de sous-bancarisation. Le déploiement géographique au Cameroun des banques africaines, qui sont plus empreintes à la culture économique africaine est un atout à maximiser pour une plus grande bancarisation de notre pays et donc une meilleure collecte de l'épargne. Notre étude visera donc à faire des propositions pour davantage faciliter la diversification géographique de ces banques dans les zones les plus dépourvus en services financiers.

III- DELIMITATION DU SUJET

Notre étude est délimitée dans le temps et dans l'espace.

Sur le plan temporel, nous avons choisi la période de 2010 à 2014. D'un côté, le choix de l'année 2010 est guidé par le fait que cette année est charnière en terme pénétration des BA au Cameroun. C'est également l'année de maturation des nombreuses réformes du secteur bancaire (en Afrique et au Cameroun) entreprises à la fin des années 90. D'un autre côté, le choix de l'année 2014 se justifie par rapport aux derniers rapports d'activités des banques disponibles et

11 SCB Cameroun a par exemple été Banque Chef de file des opérations d'Emprunt obligataire de l'Etat du Cameroun en 2013 et 2014

7

au dernier classement annuel des banques africaines réalisé par le magazine Jeune Afrique au moment où nous menons notre étude.

Sur le plan spatial, notre étude se délimite sur le secteur bancaire camerounais, bien que des exemples soient empruntés à partir d'autres cadres spatiaux en l'occurrence, la zone CEMAC, l'Afrique et l'Europe.

IV- REVUE DE LA LITTERATURE

L'activité internationale des banques a largement été abordée dans la littérature financière et est communément définie par le terme de « diversification géographique ». Les premiers travaux se sont focalisés sur les mobiles de l'internationalisation bancaire, par la suite plusieurs auteurs ont étudié les modes d'implantation des banques à l'étranger ainsi que l'impact de la diversification sur la performance des banques. Bien que la littérature soit très développée à ce sujet, aucun consensus n'a réellement été trouvé sur les bienfaits de la diversification. La théorie explique que la diversification alloue, d'une part de la crédibilité aux banques en tant qu'intermédiaires financiers, et d'autre part, de la garantie aux déposants pour la sécurité de leurs fonds [Diamond, (1984)]. La plupart des travaux se concentrent sur deux types de diversification ; l'une sur plusieurs activités bancaires, et l'autre sur plusieurs zones géographiques.

Les raisons de l'internationalisation bancaire

La littérature financière s'est penchée sur les mobiles de l'expansion transfrontalière des banques dès la fin des années 1970. Les résultats de la première vague d'études sont très différents de ceux que l'on observe aujourd'hui. Ceci peut être lié au fait que l'internationalisation des banques est aujourd'hui très différente et beaucoup plus autonome [Pastré, Blommestein, Jeffers, Pontbriand (2005)].

Les raisons principales expliquant la diversification géographique des banques sont regroupées en deux catégories dans la littérature : il existe des déterminants internes et des déterminants externes à la banque, comme le soulignent Nekhili et Karyotis (2008). L'ensemble de ces facteurs décrivent les principales caractéristiques de l'expansion bancaire.

8

- Les déterminants internes

Il existe quatre principaux facteurs décisifs liés à l'installation étrangère : la réalisation de profit, la clientèle, l'accès au capital et les motivations managériales.

La réalisation de profit : La première raison évoquée dans la littérature financière pour expliquer l'expansion internationale des banques est la recherche de performance et d'efficacité. En effet, en s'internationalisant les banques recherchent une diminution des coûts, grâce à l'élargissement de leurs bases de dépôts ou grâce à l'exploitation de nouvelles ressources [Deng et Elysiani (2008)] ; [Bout et Schmeits, (2000)] suggèrent que la diversification permet aux banques de réduire la volatilité des résultats. Ainsi, l'expansion géographique abaisse les risques et accroît la valeur de l'entreprise. Aussi, pour Berger et al. (2000) la diversification géographique des banques conduit à une meilleure performance en élargissant le pouvoir de marché et en améliorant l'efficacité des institutions financières. De son côté, Caves (1981) affirme que les institutions en se diversifiant, augmentent non seulement leur pouvoir de marché12, mais exploitent aussi des ressources qui ne sont généralement pas disponibles. Ensuite Cerasi et Daltung (2000) stipulent qu'il existe un niveau optimal de diversification dans la mesure où les banques opèrent généralement un arbitrage entre l'augmentation des coûts et les bénéfices résultant de la diversification.

Les banques s'expatrient également afin de suivre leurs clients internationaux et d'augmenter leur portefeuille de clientèle.

Suivre la clientèle et trouver de nouveaux clients : L'expansion internationale s'explique par le désir des banques de suivre leur clientèle à l'étranger. Le marché bancaire est caractérisé par une relation de long terme entre une banque et ses clients [Dietsch, (1992)]. C'est pourquoi les banques accompagnent leurs clients à l'étranger. Pour Grubel (1977) les banques qui suivent leurs clients à l'étranger peuvent exploiter la connaissance acquise sur le marché local et en acquérir une autre. Ces banques cultivent aussi les informations recueillis sur les marchés étrangers afin d'y implanter des filiales. La stratégie constituant à suivre la clientèle, représente un moyen de tester un nouveau marché [Casson (1990)]. Certaines études développées dans les années 80, telles que celle proposée par Goldberg et Saunders (1981) ont prouvé que les investissements directs étrangers opérés étaient liés à la présence de banques dans les pays ciblés.

12 Le pouvoir de marché peut être défini comme la possibilité de pouvoir fixer les prix de manière unilatérale sur le marché (Nekhili et Karyotis, 2008)

9

La décision de développer au-delà de ses frontières est également due au souhait des banques de trouver de nouveaux clients. En effet, en suivant les clients existants, elles essaient de construire un portefeuille composé d'une clientèle étrangère. Pour Molyneux (2003), les banques choisissent dans ce cas, l'établissement à l'étranger. Cette forme d'implantation à l'étranger est pour lui la moins coûteuse, afin d'augmenter son portefeuille de clients. En effet, la proposition de services et de produits liés à l'activité internationale génère des coûts élevés si la banque doit opérer depuis son pays d'origine. Une implantation dans le pays cible réduit les barrières à l'entrée et permet de diminuer les coûts.

D'autres facteurs internes tels que l'accès au capital, influencent sur les décisions des banques de s'installer à l'étranger.

L'accès au capital et la liquidité : En dépit de la réglementation bancaire, l'accès au capital est une problématique propre aux établissements bancaires. Le coût du capital d'une banque diffère de celui d'une entreprise industrielle. En effet, le coût des fonds propres des banques endosse une position primordiale en dépit du fait que les banques ont un effet levier plus important que les entreprises industrielles [Zimmer et Cauley, (1991)]. Le coût d'un produit financier représente pour une banque la moyenne pondérée des coûts spécifiques des diverses sources de financement, le facteur de pondération de chaque source de financement étant la valeur de marché de celle-ci. Ainsi si une banque établit un prix pour un produit financier, en dessous de son coût du capital, celle-ci expose ses actionnaires à une perte.

Pour Acharya et al., (2006) il existe plusieurs raisons pour lesquelles les banques décident d'étendre leurs activités au niveau international. L'une d'entre elles est que celles-ci exercent dans un environnement règlementaire nécessitant des exigences e capital étroitement liées au risque de l'actif, aux filiales et à la restriction en termes de crédit. Ainsi, la diversification géographique peut être vue comme un moyen de diminuer les coûts de régulation liés à l'exigence en capital et de diminuer les risques liés aux prêts. Les revenus nets d'intérêts sont pour beaucoup de banques une source de profit intéressante.

Par conséquent, comme nous l'avons souligné plus haut, l'international leur permet d'avoir des profits plus intéressants si les taux d'intérêt sont plus élevés dans les pays étrangers. La différence des taux d'intérêt peut dans ce cas être soit un facteur d'attraction soit un facteur de rejet : un facteur d'attraction si les taux d'intérêt sont plus élevés dans le pays étranger, un facteur de rejet dans le cas inverse [Slager, (2004)]. Lorsqu'une banque obtient un coût sur capital moins élevé que ses concurrentes, cela se répercute généralement sur sa part de marché.

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Les motivations managériales : Amihud et Lev (1981) mentionnent que les décisions prises dans une entreprise sont généralement associées aux motivations du gestionnaire et non à la seule décision des actionnaires. Berger et Ofek (1996), ainsi que Demsetz et Strahan (1997) font valoir que l'établissement à l'étranger est directement lié au désir du gestionnaire de protéger son emploi, son pouvoir et de diversifier son propre risque. Aussi, les décisions du gestionnaire en termes de diversification de marchés sont fonction de sa propre rémunération ou des avantages indirects qu'il peut recevoir après la diversification.

De ce fait, la recherche de l'efficience et de la performance, le désir de suivre son client et d'en trouver d'autres et la volonté du gestionnaire de diversifier son propre risque sont autant de facteurs qui poussent à l'internationalisation bancaire. Cependant il existe également des déterminants externes à la banque.

- Les déterminants externes

Les facteurs externes sont, quant à eux, représentés par les innovations financières, la réglementation, le risque pays et par la similitude des cultures.

Les innovations financières et le progrès technologique : le progrès technologique ainsi que les changements économiques et financiers encouragent souvent l'expansion transfrontalière. Miller et Parkhe (2002) ont montré que les banques américaines étaient plus intéressées par les pays où les pratiques bancaires étaient bien développées. Les innovations financières sont une garantie pour les banques de réaliser des économies d'échelle et de créer de la valeur. Ainsi, la création de nouveaux outils tels que les centres d'appels ou les services bancaires en ligne, développe fréquemment de nouvelles opportunités et génère de la performance. Outre l'ensemble des innovations financières, la réglementation financière et bancaire adoptée par un pays peut aussi avoir des conséquences sur les stratégies internationales bancaires.

La réglementation : La réglementation a également un impact sur le choix de diversification géographique des banques. La dérèglementation du secteur bancaire français dans les années 80 a entraîné l'augmentation des partenariats bancaires. En conséquence les banques ont opéré une diversification dans plusieurs activités différentes ainsi que dans des régions variées [Lacoue Labarthe (2001)]. Aux Etas-Unis, le Gramm-Leach-Billey Act en 1999, a permis aux banques de diversifier leurs activités et a impulsé un mouvement de fusions et acquisitions entre banques de détail et banques d'investissement.

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De plus, la réglementation renforce l'exigence en matière de liquidité. En Europe, les réformes réglementaires Bâle III pourraient avoir un impact réel sur les fusions-acquisitions internationales réalisées dans le secteur bancaire. Bâle II, selon Nekhili et Karyotis (2008), avait déjà eu des conséquences sur les opérations internationales en particulier sur la gestion des risques opérationnels et de crédit ainsi que sur la répartition des capitaux propres. De ce fait, la réglementation du pays d'origine et celle du pays cible sont des facteurs déterminants pour l'expansion internationale tout comme le risque pays.

Le risque pays : Le risque pays représente aussi un facteur discriminant pour l'établissement à l'étranger. Cerruti et al. (2007) estiment que le risque pays est le résultat de déterminants politiques et économiques tels que la que la stabilité des taux de change ou e niveau de dette publique. Pour ces auteurs, le risque pays est composé des risques économiques et politiques. Coeurderoy et Quelin (1997) expliquent également que la stratégie internationale des banques est fonction des risques politiques, économiques et sociaux. Les différences de langue et de culture représentent aussi un risque pays. Les banques doivent également faire face à un risque inattendu tel que des contagions dues à une défaillance du système financier et politique [Greuning et Bratanovic (2004)]

Les déterminants culturels et historiques : L'histoire et la culture peuvent être des facteurs discriminants, notamment si le pays domestiques partage la même culture et la même langue que le pays cible. Lorsqu'une institution financière s'implante dans un pays qui possède la même langue, il apparaît plus facile pour celle-ci de proposer des produits adaptés à la clientèle locale selon Slager (2004). D'ailleurs, la plupart des stratégies de mondialisation des banques européennes ont pour point d'appui l'héritage colonial. En effet, les banques espagnoles et anglaises ont opté dans un premier temps pour une installation dans les anciennes colonies.

Les logiques de l'internationalisation bancaire sont donc à la fois rythmées par des facteurs propres à la banque, mais également par des déterminants extérieurs. Ces caractéristiques nous démontrent que les banques recherchent avant toutes choses de meilleures conditions d'exploitation.

Performance des banques à l'international

Certaines études empiriques se penchent sur les effets d'une expansion géographique [Cubo-Ottone et Murgia, (2000)]. D'autres expliquent les conséquences sur la performance et le risque de la diversification par le biais de lignes d'activités bancaires différentes telles que

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l'assurance [Wall et Eisenbeis, (1984)], ou encore le crédit à la consommation [Sinkey et Nash, (1993)]. Et enfin, certains auteurs se préoccupent des deux dimensions, à savoir la diversification sur les zones géographiques différentes et la diversification à travers plusieurs métiers [Stiroh et Rumble, (2006)].

Berger et al. (2000) ont essayé d'évaluer les effets des acquisitions transfrontalières sur la performance des banques européennes (France, Espagne, Allemagne, et Italie) et des banques américaines dans les années 1990. Ils concluent que les banques transfrontalières réalisent moins de profit que les banques nationales.

En revanche, Forcarelli, Panetta et Salleo (2000) constatent que les fusions transfrontalières sont accompagnées d'une augmentation des profits. Cependant, l'expansion internationale induit des difficultés directement liées à l'établissement à l'étranger. Les banques doivent faire face aux risques politiques et économiques. Elles doivent également contrôler les difficultés liées aux différences culturelles et linguistiques.

D'autres frais peuvent aussi survenir en raison de la hausse du taux de change ou encore de l'augmentation des frais de personnel. Atumbas et Marques (2008) ont également examiné les effets des fusions et acquisitions transfrontalières sur la performance des banques européennes et ont trouvé des conséquences négatives sur la performance. Hayden, Porath et Westernhagen (2006) ont démontré que la diversification réduisait le Return on Equity (ROE) des banques détenant beaucoup de filiales réalisaient moins de bénéfice.

Bergen, Hansan et Zhou (2010) se sont intéressés à la diversification des banques chinoises (en termes de métiers et de zones géographiques) et remarquent que les deux dimensions de diversification apportent une baisse des profits et une hausse des coûts.

Ainsi, bien que la littérature ait largement débattu sur les mobiles de l'internationalisation des banques, de même que sur l'impact de cette internationalisation sur leurs performances, il n'en demeure pas moins que ces travaux se sont plus focalisés sur les banques occidentales et asiatiques. Le cas des banques africaines est très peu évoqué. Aussi, nous allons présenter dans la section suivante la problématique de notre recherche.

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V- PROBLEMATIQUE

Le paysage bancaire camerounais est composé de quatorze banques en activité parmi lesquelles, deux banques d'origine française (BICEC et SG Cameroun), deux d'origine américaine (Citi Bank Cameroon ; Standard Charterd), quatre d'origine camerounaise (Afriland first bank ; CBC bank ; NFC bank ; BC-PME) ; et six d'origine africaine (Ecobank ; Banque Atlantique ; SCB Cameroun ; UBA ; UBC bank ; BGFI Bank)13 ; Le dernier classement national (2015)14 du magazine Jeune Afrique, de ces banques suivant le critère du total de bilan permet d'observer que les 6 premières places sont occupées respectivement par Afriland first group, Afriland first Bank, SG Cameroun, BICEC, SCB Cameroun et Ecobank. Par ailleurs, sur le plan continental, le classement 2015 des 200 premières banques africaines suivant le même critère de total de bilan permet d'observer qu'Afriland first group arrive en 78ème position ; Afriland first bank (151ème) ; SG Cameroun (154ème) ; BICEC (158ème) ; SCB Cameroun (197ème) et Ecobank (199ème). A la lumière de ces statistiques, il est évident que les banques d'origine africaine connaissent une expansion enviable au Cameroun ; Cependant, leur performance dans le secteur bancaire camerounais est en deçà de celle réalisée dans les autres régions du continent.

Dès lors, il importe de s'interroger sur les différents aspects de cette performance, autrement dit, à quoi renvoi la performance bancaire et comment peut-on l'évaluer ? Aussi, vu le faible niveau de la performance des BA au Cameroun, quelles peuvent en être les limites et pesanteurs à cette performance ? Par ailleurs, si tant est que les BA connaissent une expansion notoire sur la scène continentale, quel peut être l'impact de la régionalisation sur la performance des BA au Cameroun ? De manière plus explicite, notre étude sur la question de la performance des banques africaines au Cameroun vise à répondre à la question principale suivante : Au regard de leurs résultats financiers dans certaines zones du continent, quels peuvent être les facteurs explicatifs du faible niveau de performance des banques africaines au Cameroun ?

13 BEAC, Liste des banques agréées au Cameroun au 28 Octobre 2014

14 Jeune Afrique, spécial finance, hors-série n°41, décembre 2015, pp. 40 à 57

VI- 14

HYPOTHESES DE RECHERCHE

Notre sujet de réflexion nous amène à formuler des hypothèses sur les interrogations sus formulées. Ces hypothèses pourront être confirmées ou infirmées au dénouement de notre recherche. A cet effet, en guise de réponse anticipée ou provisoire à notre question centrale sus formulée, nous adoptons l'hypothèse principale suivante : Faute de croissance économique soutenue, les banques africaines se marginalisent au Cameroun et en zone CEMAC par rapport aux autres régions du continent.

A cette hypothèse principale viennent se greffer des hypothèses secondaires relativement à notre problématique et qui seront développées tout au long de la première partie, théorique de notre étude :

Hypothèse H1 : L'incapacité à satisfaire la clientèle fragilise la performance des banques africaines au Cameroun.

Hypothèse H2 : La régionalisation des banques africaines a un impact positif sur leur performance au Cameroun.

VII- DEMARCHE METHODOLOGIQUE

La démarche méthodologique que nous adoptons dans notre étude est une démarche hypothético déductive utilisant comme instruments principaux l'analyse documentaire et les entretiens.

Ainsi, nous nous appuyons sur l'exploration des documents, rapports et articles provenant d'institutions financières et monétaires comme le FMI, la Banque de France, La Banque Mondiale, La BEI, La BAD, la BEAC. De même, les statistiques fournis par l'Institut National de la Statistique (INS) et la COBAC, ainsi que les rapports d'activités des banques faisant objet de notre étude nous permettront d'étayer notre analyse.

S'agissant des entretiens, nous avons sollicité et obtenu des échanges fructueux avec des responsables de la COBAC, de la BEAC, et des hauts cadres des banques faisant objet de notre étude. Nous avons également eu à échanger par correspondance avec plusieurs spécialistes internationaux du secteur bancaire africain.

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VIII- PLAN DE TRAVAIL

Notre travail est subdivisé en deux parties :

La première partie, théorique, est consacrée à l'étude de l'impact de l'internationalisation sur la performance bancaire. Elle est subdivisée en deux chapitres : Dans le chapitre I nous définissons le concept de performance et nous présentons les différents domaines de la performance bancaire. Dans le chapitre II, nous abordons l'étude de la performance des banques à l'international, étudiant le lien entre internationalisation et performance bancaire. Dans cette optique, nous présentons d'un côté l'internationalisation et la performance financière, et d'un autre côté, nous présentons l'internationalisation et la performance non financière.

La deuxième partie de notre recherche est empirique. Elle est consacrée à l'observation sur le terrain des BA en activité au Cameroun, en vue d'évaluer et d'apprécier leurs performances par rapports aux autres régions. Cette partie est également subdivisée en deux chapitres : Dans le chapitre III, nous présentons le système bancaire camerounais, dans son évolution historique et le cadre réglementaire ; Et dans le chapitre IV, nous procédons à l'évaluation de la performance des BA exerçant au Cameroun.

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PARTIE I :

L'INTERNATIONALISATION DE LA PERFORMANCE

BANCAIRE

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La globalisation de l'économie mondiale sous l'impulsion des firmes multinationales (FMN) a entraîné la transnationalisation des circuits monétaires et financiers15. Dès lors, on a assisté à l'essor des banques multinationales (BMN) dont le rôle premier était d'accompagner les FMN dans leur expansion mondiale. Le développement des marchés financiers dans les années 80, sous l'impulsion d'un gigantesque mouvement d'innovation et d'internationalisation a abouti à son tour à une globalisation des faits, des outils et des structures financières. Cette globalisation se caractérise de nos jours par l'intégration des marchés, c'est-à-dire une mise en place d'étroites relations entre les marchés et cela aussi bien au plan national qu'international.

L'internationalisation des banques apparaît donc d'une part, comme une « contrainte », une réponse à une modification de l'environnement, et d'autre part, comme une manifestation de la volonté des banques d'accroître leur part de marché. Aussi, plusieurs raisons justifient la diversification géographique des banques, dont notamment la quête d'une meilleure performance.

En effet, la performance des banques à l'international reste un sujet préoccupant pour les managers des BMN. Ce sujet est d'autant plus préoccupant pour les banques exerçant en Afrique subsaharienne à l'instar des grandes banques africaines dont la présence dans le secteur bancaire africain est de plus en plus prépondérante.

Fort donc de la position stratégique qu'elles occupent dans le paysage financier du continent, il importe de comprendre les enjeux de la régionalisation des banques africaines sur le continent. C'est dans cette optique que se positionne cette partie de notre étude qui se propose de déterminer le lien qui existe entre l'internationalisation de ces banques et les performances qu'elles réalisent. Pour ce faire nous l'avons subdivisé en deux chapitres : Dans le premier, nous explicitons les différents concepts ainsi que les principaux domaines de la performance bancaire. Le second chapitre sera consacré à l'étude des liens qui existent entre l'internationalisation et la performance bancaire.

15 Charles Michalet, Le capitalisme mondial, coll. « Economie et liberté », PUF, 1976

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CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE

La mondialisation et la globalisation financière ont fortement impulsé la croissance mondiale ces vingt dernières années. Le capitalisme international productif et financier a assis sa domination sur l'économie mondiale contribuant ainsi à une forte croissance qui a particulièrement bénéficié au pays en voie de développement.

Cependant, l'économie mondiale, et, avec elle, les institutions financières ont été secouées par une crise financière sans précédent en 2008, ce qui montre une fois encore l'impératif recours à un mode de gestion adéquat pour faire face aux risques en terme de stabilité et soutenabilité d'un mode de croissance impulsé par les firmes internationales et les grands groupes bancaires.

Avec l'avènement de la mondialisation, le monde bancaire et financier a connu un prodigieux développement et une véritable révolution sans répit : déréglementation, décloisonnement des activités, désintermédiation, et récemment la crise financière internationale Cette vague de changements s'est accompagnée d'une intensification de la compétition entre différents acteurs du secteur bancaire.

Dans un tel environnement de plus en plus compétitif, les banques se doivent d'être de plus en plus performantes. L'objet du présent chapitre est donc d'analyser la performance bancaire. Pour ce faire, nous nous proposons d'abord de clarifier le concept de performance (Section I), avant de nous attarder sur les principaux domaines de la performance bancaire (Section II).

SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA PERFORMANCE

Le terme performance est largement utilisé dans le champ de la gestion mais avec une multitude de définitions, comme l'exprime si bien Adrien Payette : « Il n'y a pas de définition universelle et globale de la performance, et il est inutile d'en chercher une ». Ce qui renvoie à la polysémie de ce mot. Ainsi la notion de performance renvoie indifféremment à plusieurs traductions : économique (compétitivité), financière (rentabilité), juridique (solvabilité) et organisationnelle (efficience), et toutes ces performances se mêlent et se côtoient au sein de

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chaque entreprise. Nous tenterons dans cette section de cerner les contours de cette diversité sémantique.

A : DEFINITION DE LA PERFORMANCE

Le mot « performance » existe depuis très longtemps dans d'autres domaines que celui de la gestion des entreprises. L'utiliser à propos d'une fin d'entreprise revient à considérer deux métaphores.

Historiquement, la performance apparaît d'abord dans les univers du sport et de la mécanique, dans lesquels elle est quotidiennement utilisée. Le mot performance désigne depuis le milieu du XIXème siècle, les résultats obtenus par un cheval lors d'une course, puis ceux d'un athlète ou d'une équipe sportive, et, depuis le début du XXème siècle, il désigne également les indications chiffrées caractérisant les possibilités d'une machine.

La métaphore mécanique renforce la dimension rationnelle et utilitaire de la performance La métaphore sportive suggère des représentations idéologiques des valeurs comme l'effort, le dépassement, le progrès, mais aussi des modes de relations sociales : la compétition, l'équité, la coopération16.

1 : Notion de performance

La performance est une notion très vague, qu'il convient de cerner à travers les différentes contributions scientifiques traitant ce concept.

Le mot performance est polysémique, il prend des sens changeant, mais que l'on peut toujours rattacher à l'un/et l'autre des trois sens primaires ci-dessous [Bourguignon, (1995)]17

? Elle se traduit par un résultat

La performance est donc le résultat d'actions coordonnées, cohérentes entre elles, qui ont mobilisé des moyens (personnel, investissement), ce qui suppose que l'organisation dispose d'un potentiel de réalisation (compétences du personnel, technologies, organisation, etc...)

16 Bernard COLASSE, Encyclopédie de comptabilité, Contrôle de gestion et Audit, 2ème édition, Economica, Paris, 2009, P. 1123

17 B. DORIATH, C. COUJET, Gestion prévisionnelle et mesure de la performance, 2ème édition, Dunod, Paris, 2005, P. 166

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? Elle s'apprécie par une comparaison

La réalisation est comparée aux objectifs, grâce à un ensemble d'indicateurs, chiffrés ou non. La comparaison suppose une forme de compétition, faire mieux que lors de la période précédente, rejoindre ou dépasser les objectifs. Elle donne lieu à interprétation, jugement de valeur qui peut différer en fonction des acteurs concernés (actionnaires, dirigeants, syndicalistes).

? La comparaison traduit le succès de l'action

La notion de performance étant positive, la performance est donc une notion relative (résultat d'une comparaison), multiple (diversité des objectifs) et subjective (dépendant de l'acteur qui l'évalue).

? Elle résulte de la définition d'un champ de responsabilité

Philippe LORINO définit la performance comme étant « Tout ce qui est, et seulement ce qui contribue à l'amélioration du couple (valeur-coût), à contrario, n'est pas forcément performance ce qui contribue à diminuer le coût ou à augmenter la valeur isolément ». Elle est aussi, « tout ce qui, et seulement ce qui contribue à l'atteinte des objectifs stratégiques »18

2 : Dimensions de la performance

La performance est le concept clé du pilotage d'une organisation. C'est une notion multiforme difficile à appréhender de manière simple. Elle peut être approchée sous différentes optiques à savoir ; La performance unidimensionnelle et la performance pluridimensionnelle19.

2.1 : La performance unidimensionnelle

C'est la performance abordée dans sa dimension financière. Une entreprise est considérée performante si elle crée de la valeur pour les actionnaires. On entend par valeur la rémunération destinée à l'actionnaire d'une part, pour rétribuer son apport en capital et d'autre part, pour rémunérer le risque supplémentaire qu'il encoure en cas d'une mise en liquidation de l'entreprise. La performance financière est ainsi donnée par la quantité du résultat obtenu pour une unité monétaire de capitaux propres apportée par les actionnaires et les investisseurs.

18 P. LORINO, Méthodes et pratiques de la performance, le guide du pilotage, p.18

19 M. BARABE ; O. MELLER, Manager, Dunod, Paris, 2006, PP. 334-350

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2.2 : La performance multidimensionnelle

Elle est également appelée performance élargie. Contrairement à la performance unidimensionnelle, elle reconnait la pluralité des partenaires d'une organisation ainsi que leurs objectifs. Par conséquent, elle recherche à mesurer la performance de l'entreprise dans l'ensemble donc de satisfaire l'ensemble des exigences.

Cependant, pour assurer un bon pilotage de sa performance globale, l'entreprise doit procéder à l'examen des différentes dimensions internes de cette performance20.

? La performance économique

Elle concerne les résultats exprimés par le volet comptabilité, puis traités par la direction financière. Il s'agit principalement des différents soldes intermédiaires de gestion et les relations qui en découlent. Il s'agit des résultats liés directement à l'activité de l'entreprise.

? La performance commerciale

Il s'agit de a prédisposition de l'entreprise à satisfaire les besoins de ses clients habituels et ceux potentiels. Cela se traduit par sa capacité à proposer des produits et services adaptés à leurs attentes. Elle est reflétée par les parts de marché occupées par l'entreprise, le nombre de clients fidèles, l'opinion de la clientèle sur l'entreprise et la rentabilité dégagée par client, secteur d'activité, etc...

? La performance managériale

La capacité managériale peut être appréhendée comme étant l'aptitude d'un manager et des responsables opérationnels à réaliser la performance globale attendue. Etre un manager performant c'est pouvoir réaliser une bonne gestion avec des anticipations rationnelles.

? La performance organisationnelle

Selon KALIKA21, la performance organisationnelle porte sur la structure organisationnelle de l'entreprise et pas sur sa nature économique ou sociale. Cela veut dire que la mesure de la performance organisationnelle permet de refléter les soucis organisationnelles auxquels l'entreprise doit faire face pour éviter des répercutions éventuelles sur la performance globale.

20 K. BENTRAZI, Management de l'agence bancaire : missions et profil du manager, Master Banque et finance, Ecole supérieure de Banque en partenariat avec le groupe Sup. de Co, Amien/Picardie, France

21 M. KALIKA, Structure d'entreprise : réalité, déterminants, performance, Economica, Paris, 1995, P. 340

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B : CRITERES ET MESURES DE LA PERFORMANCE

La performance repose sur certains critères, notamment l'efficacité et l'efficience. Aussi, sa mesure s'opère suivant des objectifs bien définis et s'effectue sur la base de certains principes.

1 : Les critères de la performance

Le concept de performance fait référence, non seulement à un jugement sur un résultat, mais également à la façon dont ce résultat est atteint, compte tenu des conditions et des objectifs de réalisation. Il recouvre alors deux aspects distincts, en l'occurrence, l'efficacité et l'efficience.

1.1 L'efficacité

Dans le langage courant de la gestion, on parle de l'efficacité lorsqu'on veut mettre en relation les résultats et les objectifs. Or, une banque est dite performante lorsqu'elle atteint les objectifs fixés par les managers au début de l'action. Il s'agit de la préoccupation essentielle des responsables. Elle signifie que les actions menées ont permis de répondre « aux principaux constituants stratégiques »22. L'efficacité est le meilleur rapport possible entre le degré de réalisation des objectifs et les moyens mis en oeuvre pour l'obtenir, l'efficacité est la capacité à obtenir un résultat.

1.2 L'efficience

L'efficience quant à elle « maximise la quantité obtenue à partir d'une quantité donnée de ressources, ou minimise la quantité de ressources consommées pour une production donnée ». Nous entendons alors par efficience, la mesure d'absence de gaspillage dans l'emploi de ressources (humaines, techniques, financières et autres) tout en étant efficace23.

22 M BARBE, O MELLER, Manager, Dunod, Paris, 2006, P. 346

23 J-L MALO, J-C MATHE, L'essentiel du contrôle de gestion, Edition d'Organisation, 2ème édition, Paris, 2000, P. 106

23

La notion de performance englobe à la fois l'efficacité et l'efficience, sans toutefois que ces deux notions s'impliquent nécessairement. En somme, si l'efficacité est l'atteinte des objectifs, l'efficience est la meilleure manière de les atteindre.

Figure 1 : Le concept d'efficacité, d'efficience, et de performance

Efficience: Relation entre
les moyens mis en oeuvre
et les résutats obtenus

Efficacité: Mesure de la
réalisation des objectifs
internes

Performance

Source : P.L et al, Contrôle de Gestion et Management, Montchrestien, 4ème édition, Paris, 1997, p 42.

2 La mesure de la performance

La mesure de la performance constitue un ensemble de techniques de contrôle, destinés à s'assurer que les réalisations des divers centres de responsabilités dans l'entreprise sont conformes aux normes établis par chacun d'eux et à appliquer des sanctions positives ou négatives dans le cas où les réalisations s'écartent sensiblement des normes choisies.

La mesure de la performance est donc : le processus par lequel les dirigeants s'assurent que les ressources sont obtenues et utilisées avec efficacité et efficience pour réaliser les objectifs de l'entité, c'est-à-dire pouvoir mesurer et contrôler les risques et les performances analysés dans un environnement soumis à l'incertitude.

La mesure de la performance peut être24

? Financière : Exprimée en unités monétaires ou reliée à un aspect financier comme par exemple la mesure du profit, du PNB.

? Non financière : Exprimée en unités autres que financières et ne provenant pas de transformations ayant comme origine des unités monétaires

24 F GIRAUD, SAULPICO, G. NAULLEAU, M.H. DELMOND, P.L. BESCOS, Contrôle de gestion et pilotage de la performance, Gualino Editeur, France, 2002, P. 21

La performance peut être également mesurée :

? A posteriori : Il s'agit de mesurer le degré de performance atteint ou le degré de réalisation des objectifs. Il s'agit d'un constat fait grâce aux indicateurs de résultat ou indicateurs de reporting.

? A priori : Il s'agit en fait de mesurer la progression de réalisation des objectifs et de permettre de réagir, et ce par des actions correctives. Cette mesure est possible grâce à des indicateurs de suivi ou les indicateurs de pilotage.

2.1 Les objectifs de la mesure de la performance

Pour KAANIT (2002), la mesure de la performance joue un rôle majeur dans le contrôle. Elle vise en effet une multitude d'objectifs et de buts25. La mesure de performance doit permettre de : piloter, animer, organiser les différentes ressources de l'organisation ; En outre elle est un outil d'aide à la décision et permet de prendre du recul face aux controverses comme l'indique la figure ci-dessous.

Figure 2 : Les objectifs de mesure de la performance

·

Permet d'avoir un recul

Aide à la reflexion

Organiser

Animer

Piloter

C'est un instrument d'aide à la reflexion qui permet d'avoir une vision globale d'un système, dans la mesure où il en est une représentation réduite

· C'est une bonne occasion pour développer une reflexion collective

 

· Par son effet miroir, c'est un reflet du niveau de performance d'un service. Lesindicateurs alertent sur les domaines problématiques

 

· C'est un support d'information qui permet d'orienter l'action. Elle ne dit pas comment agir mais incite à se poser de bonnes questions

· Parce qu'elle offre les possibilités de se distancier des évènements vécus, elle développe au contraire un compréhension plus gobale du fonctionnement du système.

24

Source : Abd El Gafour KAANIT, élaboration d'un tableau de bord prospectif, Magistère, université de Batna, 2002,P.56

25 KAANIT, Elaboration d'un tableau de bord prospectif, Magistère, Université de Bana, 2002, P.56

25

2.2 Les principes de la mesure de la performance

Apprécier la performance d'une organisation n'est pas une tâche aisée à réaliser. Elle doit être objective, réelle, simple et compréhensible. Pour ce faire, deux principes importants doivent être respectés lors de la mesure de la performance : Le principe de pertinence et le principe de contrôlabilité.

? Le principe de pertinence

La mesure de la performance d'une organisation est considérée comme pertinente si elle oriente le comportement du manager dans le sens des objectifs de l'entreprise26. Ce qui veut dire que tous les objectifs individuels doivent converger vers un but commun, à savoir l'atteinte de la performance globale de l'entreprise.

? Principe de contrôlabilité

Le principe de contrôlabilité stipule que la mesure de la performance d'un manager en charge d'une entité doit être construite sur la base des éléments qu'il peut maîtriser27. Ce principe repose donc sur l'hypothèse d'un partage clair sans ambigüité des responsabilités. La mise en place de ce principe exige l'existence d'objectifs clairement établis pour être contrôlables.

? Autres principes

En plus des deux principes essentiels à la mesure de la performance, on peut trouver d'autres principes moins importants que les deux premiers mais qui ont une valeur ajoutée non négligeable :

- Le principe de fidélité : Assurant que les mêmes situations produisent les mêmes valeurs

- Le principe de simplicité : Assurant que les méthodes utilisées et les indicateurs choisis pour la mesure de la performance soient aisément compréhensibles ;

- Le principe de sélectivité : Assurant un meilleur choix des indicateurs à utiliser pour que les managers ne soient pas débordés avec des indicateurs qui peuvent être inutiles.

26GIRAUD.F et al, Le contrôle de gestion et pilotage des performances, Gualino éditeur, France 2002, p.72 27 GIRAUD.F et al,Op.Cit., P.73

26

2.3 Les difficultés de mesure de la performance

Au cours des dernières années, on est passé de modèles de performance monocritère vers un modèle multicritère qui intègre les attentes des différentes prenantes : Les actionnaires, les salariés, les clients, ou les tiers externes. Les critères de performance et l'évaluation peuvent également varier pour une même partie prenante, en fonction de l'attente sociétale ; du niveau de concurrence et plus généralement du contexte de l'entreprise Les critères de performance sont parfois peu conciliables, voire contradictoires et le manager a souvent pour rôle de les rapprocher ; La figure ci-dessous illustre l'enjeu de la mesure

Figure 3 : Enjeux de la mesure de la performance

Donner le
pouvoir au
terrain et
maintenir une
vision
stratégique

Concilier les
performances
locale et globale

Face à la diversité des critères de performance, le manager doit apprendre à...

Gérer à la fois le
court terme et le
long terme

Allier le
qualitatif et le
quantitatif ou la
gestion des
coûts

Concilier l'intérêt
individuel et
l'intérêt collectif

Favoriser la
croissance sans
sacrifier la
rentabilité

Conscilier le

besoin de stabilité des hommes et la nécessité du changement

Permettre le
développement
des hommes en
assurant la
performance

Innover et éviter l'erreur

Source : Pangloss, Comment accroître les performances par un meilleur management, n° 35, mai 2004

En substance, la performance est une notion polysémique et multidimensionnelle. Elle repose sur deux critères essentiels, à savoir l'efficacité et l'efficience. Sa mesure obéit à un certain nombre d'objectifs et elle s'opère selon des principes.

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SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE

Le phénomène grandissant de l'expansion des banques à l'internationale suscite un intérêt particulier quand à l'impact qu'il génère sur la performance de ces entreprises toutes particulières. Le plus souvent, une banque décide de s'internationaliser pour des raisons bien définies, mais qui aboutissent toutes à la quête d'une meilleure performance. Aussi, il convient de déterminer les domaines de la performance bancaire. La présente section se propose de présenter les indicateurs quantitatifs ou financiers d'une part et les indicateurs qualitatifs ou non financier d'autre part.

A : LES INDICATEURS FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE

Les banques accordent une très grande importance à la performance bancaire. Les analystes financiers utilisent de nombreux types d'indicateurs financiers afin d'appréhender la performance des banques. Ces indicateurs peuvent être budgétaires ou encore comptable. Dans cette section nous nous focaliserons essentiellement sur la rentabilité bancaire d'une part, et sur les autres indicateurs financiers d'autre part.

1 : La rentabilité bancaire

La rentabilité peut être globalement définie comme « l'aptitude de l'entreprise à secréter un résultat exprimé en unités monétaires ».28 Ainsi définie, cette notion renvoie à l'appréciation de l'efficacité de l'entreprise, mais privilégie une évaluation monétaire des performances.

Qu'elle apparaisse comme le reflet d'une conception étroite de l'efficacité, ou, au contraire comme une expression synthétique des performances de toute nature, la rentabilité est généralement présentée comme une des références fondamentales qui orientent les décisions et les comportements des entreprises. Mais la façon dont ces dernières la prennent en compte dans la formulation de leurs projets donne lieu à des appréciations divergentes.

Afin de mieux appréhender la rentabilité bancaire, nous présenterons d'abord ses différentes approches, avant de nous appesantir sur sa mesure.

28 B. Colasse, Gestion financière de l'entreprise, PUF, Paris, 1993

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1.1 : Les différentes approches de la rentabilité bancaire

Nouy (1993) définissait la rentabilité bancaire comme la capacité d'une banque à dégager de son exploitation des profits élevés lui permettant de poursuivre son activité, tout en déduisant les coûts nécessaires à la poursuite de l'activité. Les analystes financiers peuvent mesurer cette rentabilité financière de trois manières différentes.

D'abord, la rentabilité est évaluée à partir des marges, des coûts et des rendements. Nouy (1993) précise que la variation de la rentabilité est fonction de l'évolution des taux mais également de la variation des volumes. Pour lui, il convient donc de tenir compte de la variation de ceux-ci afin d'apprécier la performance bancaire. Pour ce faire, l'étude des rendements mais aussi des coûts est nécessaire. Cet examen est réalisé habituellement en comparant les montants des intérêts perçus et versés avec les montants des prêts et emprunts qui correspondent.

Ensuite, l'analyse de la rentabilité des banques est aussi effectuée à partir des Soldes Intermédiaires de Gestion (SIG). Ces soldes permettent de comprendre et de connaître les différents éléments qui ont permis d'obtenir le résultat net de la banque. Les SIG représentent généralement le Produit Net Bancaire (PNB), le Produit Brut d'Exploitation (PBE), le Produit Net d'Exploitation (PNE) et le Résultat Net (RN). Certaines études à l'image de Hubrecht et Guerra (2005) étudient la performance des banques à partir du PNB. Ces auteurs, qui analysent la performance des agences bancaires, considèrent que celles-ci peuvent être analysées comme des succursales dans la mesure où celles-ci sont organisées de telle sorte que les décisions en dotation de ressources ou en amortissement de produits sont prises par la direction générale. Le PNB est égal à déduction des charges bancaires des produits bancaires, résultant des activités de prêts et d'emprunt, de change et des opérations de titres.

Enfin, les analystes s'intéressent également à la structure de l'exploitation mise en exergue par les ratios d'exploitation. Ces ratios sont représentés par le Return On Equity (ROE) exprimant la rentabilité du point de vue de l'actionnaire ; Le Return On Asset (ROA), représentant le rendement de l'actif, ou encore le coefficient global d'exploitation mesurant la partie des profits réalisés, absorbés par les coûts fixes bancaires.

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1.2 : Mesure de la rentabilité bancaire : rentabilité financière et rentabilité économique

La littérature bancaire et financière assimile souvent le concept de rentabilité aux concepts d'efficience et d'efficacité. Ces deux concepts sont très proches dans beaucoup d'études de rentabilité bancaire. Le concept d'efficience met en relation les gains réalisés et les procédés utilisés pour les obtenir. L'efficience peut être donc définie comme un processus menant à la réalisation des gains élevés accompagnés d'une minimisation des coûts. L'efficience implique donc une rentabilité élevée et une productivité. L'efficacité quant à elle, est caractérisée par la capacité d'une banque, à réaliser et à atteindre un résultat désiré, prévu, et surtout appréciable. En effet, l'efficacité d'un gestionnaire est ordinairement reconnue dans l'aptitude à celui-ci à réaliser des objectifs fixés. Ces deux notions font donc appel à celle de rentabilité.

Comme nous l'avons souligné précédemment, la mesure de la rentabilité peut être faite à partir du résultat opérationnel (exprimant l'efficacité des systèmes d'investissement et d'exploitation), et du RN ou encore des ratios de rendement des capitaux propres (ROE) ou de rendement de l'actif (ROA).

D'ailleurs, l'étude de la performance bancaire se fait majoritairement dans la littérature, à partir du ROE et du ROA. L'utilisation de ces ratios est très commune dans la mesure où l'évaluation de la performance faite uniquement à partir des coûts possède des limites. En effet, De Young, Hunter et Udell (2004) utilisent ces indicateurs afin d'évaluer la performance des banques. Ils stipulent qu'une mesure de la rentabilité prenant en compte exclusivement des coûts ne révèle pas la rentabilité réelle de la banque. En effet, celle-ci peut décider de mener une politique d'investissement en personnel qualifié ou en équipement de qualité ou en équipement de qualité pesant sur les coûts, l'objectif étant de maximiser les bénéfices. Dans ce cas, la banque se révèle moins efficiente en termes de coûts. Ces différents investissements rapportés au total de l'actif nous communiquent la rentabilité de l'actif bancaire.

En ce sens, le ROE, mesurant la rentabilité des capitaux propres, évalue la capacité de la banque à utiliser au mieux ses actifs pour réaliser de bons résultats. Ce ratio correspond de ce fait, au bénéfice net perçu par l'ensemble des actionnaires. Cette mesure traduit la santé financière de la banque quand celle-ci connaît des difficultés, aucun dividende ne sera versé aux actionnaires. De même, si elle dépose son bilan, les investisseurs en capitaux propres ne seront remboursés que si le créancier l'est. Dans le cas contraire, si elle a une bonne santé financière, le ROE reste aussi un bon indicateur, puisque les actionnaires perçoivent tous les

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bénéfices. Ce ratio permet également de rendre compte de la réelle capacité bénéficiaire de la banque, et de la rentabilité des capitaux injectés dans celle-ci [De Coussergues et Bourdeaux, (2010)]. Aussi, le ROE est calculé en rapportant le RN aux fonds propres moyens. Les capitaux propres moyens représentent les capitaux appartenant définitivement aux apporteurs, dont la rémunération est assise sur le RN.

Résultat Net

ROE =
Capitaux propres moyens

La définition de ratio de rentabilité des capitaux propres varie en fonction de l'activité. Par exemple, si on se focalise sur des organismes de crédit, la définition du ROE peut être faite à partir des fonds pour risque bancaire généraux. Le ratio devient alors le suivant :

ROE = Résultat net +ou-dotations ou reprises du fond pour risque bancaire généraux dans l'année

Capitaux propres moyens

Le ROA, mesurant la rentabilité de l'actif, est utilisé par tous les établissements financiers. Cet indicateur est aussi assimilé à la rentabilité économique. Il donne la rentabilité instantanée de l'ensemble des actifs gérés. Le calcul du ROA se fait de la façon suivante :

ROA = Résultat Net ou ROA = Résultat net

Total du bilan Actifs gérés

Ce taux représente également le niveau de rentabilité des capitaux propres s'il n'y a aucun endettement. Cette mesure est bien adaptée aux activités de banque privée et de gestion d'actifs. Cependant, ce taux reste un taux comptable qui ne prend pas en compte l'aspect risqué de l'activité bancaire. Son utilisation reste donc limitée, même si il indique l'efficacité financière de la banque. Le ROA représente également un indice permettant de mesurer l'efficience des managers puisque ce taux est utilisé notamment dans le cas des filiales, afin de comprendre la manière dont les dirigeants transforment les actifs en bénéfices.

La rentabilité de l'actif (ROA) et la rentabilité des capitaux investis (ROE) sont des taux à prendre avec précaution. En effet, pour De Coussergues et Bourdeaux (2010) le développement des activités hors bilan et des prestations et services peuvent changer la valeur de la rentabilité de l'actif (ROA). De plus, il existe une relation d'interdépendance entre ces

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deux ratios dans la mesure où le ROE équivaut au ROA multiplié par le rapport entre le total du bilan et les fonds propres29.

ROE = ROA Total bilan

Fonds propres

Tableau 1 : ROE et ROA des banques européennes

Banques

ROE (%)

ROA (%)

BNP Paribas

5,83

0,18

Commerzbank

0,33

1,01

Crédit Agricole

2,7

0,08

Emporiki Bank of Greece

-66,67

-1,72

HSBC

5,52

0,27

Société Générale

7,69

0,25

Source : Statistiques Bankscope, taux de rentabilité des capitaux propres et de l'actif, année 2008

Les niveaux de ROE et de ROA des banques européennes représentées dans le tableau ci-dessus, nous montrent les difficultés rencontrées par celles-ci lors de la crise financière de l'année 2008. Pour De Coussergues et Bourdeaux (2010), le ROE et le ROA d'une banque devraient être respectivement être supérieurs à 15% et 1%. Ce qui n'est pas le cas pour les banques susmentionnées. Le ratio de rentabilité des capitaux propres (ROE) est aussi trompeur dans certains cas puisque le haut niveau de celui-ci peut provenir d'une relative faiblesse des fonds propres. Ces ratios doivent donc être pris avec précaution.

Il existe d'autres indicateurs financiers de la performance bancaire, le prochain paragraphe fera l'objet de leur présentation.

29 C'est-à-dire au levier des fonds propres

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2 : Les autres indicateurs financiers de performance

Quatre autres indicateurs financiers de performance bancaire peuvent être présentés. Il s'agit du Taux de Rendement Interne (TRI), du Ratio du Retour sur Fonds Propres ajusté au Risque (RAROC), du Taux de Rendement des Titres (TRT) et du Coefficient d'Exploitation (CE).

2.1 : Le taux de rendement interne (TRI)

La notion de TRI et la méthode qu'elle inspire permettent de formuler une appréciation financière sur les projets d'investissement. Le TRI d'un investissement est synonyme du taux de rentabilité de cet investissement. En clair, c'est le taux d'actualisation pour lequel la valeur actuelle nette (VAN) de l'investissement est nulle. D'un point de vue financier, il permet donc de juger de l'intérêt de l'investissement : Il suffit pour cela de le comparer au taux de rentabilité à exiger du projet compte tenu de son risque. S'il lui est supérieur, il y a création de valeur, sinon l'investissement ne mérite pas, d'un point de vue financier, d'être réalisé. La VAN et le TRI conduisent aux mêmes décisions lorsqu'il s'agit simplement de savoir si un investissement peut être entrepris ou non. Ce n'est que lorsqu'il faut choisir entre deux investissements mutuellement exclusifs que le critère du TRI est moins bon que celui de la VAN.

2.2 : Le ratio du retour sur fonds propres ajusté au risque (RAROC)

Le RAROC de l'anglais Risk Adjusted Return on Capital est un indice qui a été utilisé dans un premier temps pour les activités de marché. Cette mesure a permis d'évaluer la performance des opérations de crédit afin de déterminer le montant de capital nécessaire pour couvrir les risques de nature très différente.

L'élaboration de la méthode RAROC a commencé vers la fin des années 70, dans une période où la finance directe prenait le pas sur la finance intermédiée, notamment après la nouvelle théorie de portefeuille de Markowitz, basée sur la diversification et l'optimisation du couple Rentabilité/Risque. La méthode RAROC a été lancée aux Etats-Unis au sein de Bankers Trust, par ingénieur financier Charles S. Sanford30. L'idée originelle était de mesurer le risque

30 Gene D. Guill, Bankers trust and the Birth of Modern Risk Management, The Warton school, University of pensylvania, 2007

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de portefeuille de crédit bancaire, aussi bien que le montant de capitaux propres nécessaires pour limiter l'exposition des déposants de la banque et autres créanciers a une probabilité spécifiée de perte. Depuis lors, cette méthode a connu une large diffusion auprès de plusieurs banques, d'abord dans les pays anglo-saxons, puis rapidement, dans le reste du monde bancaire comme outil par excellence de l'évaluation et de couverture du risque de crédit.

Dans sa définition la plus large, le RAROC est un indicateur synthétique permettant de mettre en exergue la rentabilité réelle d'une opération avec le risque qui lui est associé. Nous retrouvons ainsi les notions classiques de frontière efficientes sur une analyse en rentabilité/risque. Dans ce sens, il se calcule de la manière suivante :

Marge nette --Perte nette

RAROC =

Capital économique

La perte moyenne représente ici une perte prévisible. Elle est calculée à partir d'une provision évaluée ex ante. Le capital économique, quant à lui, représente le niveau de fonds propres nécessaires pour recouvrir le risque de perte inattendue. Le retour sur fonds propre ajusté au risque de crédit peut être défini comme une mesure des transformations de risque provoqué par l'addition ou la soustraction d'un actif donné. Cet indicateur est notamment utilisé pour le suivi des produits dérivés.

Remarque : Au niveau du portefeuille bancaire, il serait hasardeux d'effectuer un lien direct entre les objectifs du ROE de la banque et son RAROC global il garder à l'esprit que le RARAC n'a pas vocation à traiter le risque opérationnel par exemple, alors que le ROE est un indicateur synthétique de toutes les activités

2.3 : Le taux de rendement des titres (TRT)

Le TRT représente le taux de rendement instantané, prenant en compte les dividendes rapportés à la valeur d'acquisition du titre. Le rendement d'une action est le rapport, exprimé en pourcentage, entre le dividende et le cours en bourse. C'est donc le revenu annuel que procure, à un instant donné, une action à son détenteur, en supposant que le dividende soit maintenu. A dividendes constants, plus les cours montent, plus le rendement diminue. A l'inverse, plus les cours baissent, plus le rendement augmente.

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Pour une banque qui ne distribue pas de dividendes, bien entendu son TRT sera nul. Par ailleurs, si une banque n'a pas distribué des dividendes pendant un ou plusieurs exercices, le calcul du rendement sur la base du dernier dividende n'a pas de signification.

Le rendement est un critère d'appréciation important. Il donne en effet, une mesure de la rentabilité d'une valeur (le retour que peut attendre un actionnaire de son investissement, en faisant abstraction de la plus-value de portefeuille). Mais si un rendement élevé (c'est-à-dire sensiblement supérieur à la moyenne du marché) constitue une protection pour l'actionnaire notamment en cas de baisse du marché, il ne donne pas forcément un signal d'achat. Tout dépend en fait des perspectives de croissance de la banque et de sa capacité à dégager chaque année un bénéfice par action en progression. D'autant plus qu'une société peut bien puiser dans ses réserves ou distribuer un dividende exceptionnel qui ne sera pas reconduit l'année suivante, alors qu'une autre ne distribuera qu'un montant symbolique, privilégiant l'autofinancement de ses investissements. Le mieux d'ailleurs est de calculer le TRT sur la base du dividende prévisionnel, mais cela n'est pas toujours chose aisé.

TRT = Dernier dividende versé

Cours du titre

Remarque : Plus le rendement est élevé c'est-à-dire supérieur à la moyenne du marché, plus il est intéressant d'investir sur le titre dans un objectif de long terme. Toutefois, si le rendement constitue pour l'actionnaire une protection, ce n'est pas forcément un signal d'achat. Il faut également passer en revue les perspectives de croissance de la banque et ses capacités à dégager un bénéfice net par action (BNPA).

2.4 : Le coefficient d'exploitation

Cet indicateur se calcule de la manière suivante :

Frais généraux

Coeff d'exploitation =

Produit Net Bancaire

Le calcul de ce coefficient permet non seulement une analyse de la performance, mais également une analyse de l'exploitation. Le produit net bancaire (PNB) est une mesure qui intègre une addition entre la marge d'intérêts (intérêts reçus - intérêts versés), les commissions, les gains ou les pertes sur opérations financières. Le calcul du PNB permet de

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bien reconnaitre la nature de l'activité de l'établissement. Il aide à identifier si l'établissement est en intermédiation classique ou prestation à la commission.

La marge d'intérêt dépend principalement des conditions de refinancement des établissements. L'évolution des frais généraux est également un indicateur d'analyse de l'exploitation. Les frais généraux sont calculés à partir des frais de personnel et des frais d'administration. Le CE est donc un ratio déterminant, dans la mesure où il mesure la consommation du PNB par les frais administratifs et les frais de personnel.

Le CE est donc un indicateur de performance, il est en quelque sorte le nerf de la guerre. Il permet de mesurer la proportion des gains bancaires absorbés par les coûts fixes. En France par exemple, depuis 2008, les banques réduisent leurs charges pour améliorer leur rentabilité. Le CE permet de jauger cet effort. Plus il est faible, plus la banque est rentable.

Remarque : Un coefficient très bas peut dissimuler une situation de liquidité et de solvabilité insuffisante. A contrario, un coefficient élevé peut résulter de facteurs non récurrents comme des dépréciations ou encore des charges exceptionnelles.

B : LES INDICATEURS NON FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE

Si pour la littérature bancaire il existe des mesures financières de la performance, d'autres indicateurs non financiers sont également évoqués. Des auteurs tels que Kaplan et Norton (1992 et 1996) ont souligné l'importance de la notion de performance non financière. Pour eux, il existe trois dimensions non financières pour une banque : une dimension commerciale, une dimension innovations et apprentissage, et une dimension interne. Une BMN a intérêt à renforcer ces trois dimensions afin de garder et d'améliorer ses parts de marché existantes. Zaman (2003) définit les indicateurs de performance non financière à plusieurs niveaux : La qualité de la production, la performance organisationnelle, l'offre de nouveaux produits et services, la conformité des relations avec le pays d'accueil, l'épanouissement des employés et la satisfaction de la clientèle. Nous nous attarderons essentiellement sur l'efficacité de l'organisation et la satisfaction de la clientèle.

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1 : L'efficacité de l'organisation

L'efficience organisationnelle englobe l'organisation du travail mais également l'organisation des techniques. Par organisation technique, nous entendons la maîtrise de l'ensemble des moyens de communication modernes. La réussite de l'organisation de l'établissement bancaire, repose donc ici sur la capacité à innover et à utiliser tous les moyens modernes pour développer son activité. Pour la littérature, il existe ce qu'on appelle un capital organisationnel. Pour Nelson (1982), ce capital provient des capacités organisationnelles de la banque. Ces capacités peuvent être définies comme l'ensemble des informations et des systèmes de contrôle de gestion.

Le système d'information est donc primordial dans la prise en compte de l'efficacité de l'organisation. Celui-ci représente toute la méthodologie et les moyens d'utiliser au mieux le traitement de l'information qui apparaît nécessaire au bon fonctionnement de la banque. Le système d'information bancaire a pour objectif de produire des bilans, des fiches de paye, ou encore de les reporter. Il aide à diffuser et à faire circuler de manière efficace l'information dans toutes les parties de la banque.

L'efficacité organisationnelle de la banque peut être décrite à l'aide de quatre composantes : La valeur des ressources humaines, l'efficience économique, la légitimité de l'organisation auprès des groupes externes, et la pérennité de l'organisation comme le présente le tableau ci-après :

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Tableau 2 : Dimensions et critères de l'efficacité organisationnelle d'une banque

VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES

EFFICIENCE ECONOMIQUE

Mobilisation du personnel
Degré d'intérêt que les employés manifestent
pour leur travail et pour la banque ou
l'organisation ainsi que l'effort fourni pour
atteindre les objectifs

Moral du personnel

Degré auquel l'expérience du travail est évaluée positivement par l'employé

Développement personnel
Degré auquel les compétences s'accroissent
chez les membres de la banque ou de
l'organisation

Efficience économique
Degré auquel la banque réduit la qualité des
ressources utilisées tout en assurant le bon
fonctionnement du système

Productivité
Quantité ou qualité de biens et services produits
par la banque par rapport à la quantité de
ressources utilisées pour leur production durant
une période donnée

LEGITIMITE DE LA BANQUE AUPRES
DES GROUPES EXTERNES

PERENNITE DE LA BANQUE

Satisfaction des bailleurs de fonds
Degré auquel les bailleurs estiment que leurs
fonds sont utilisés de façon optimale

Satisfaction de la clientèle
Jugement que porte le client sur la façon dont la
banque a su répondre à ses besoins

Satisfaction des organismes régulateurs
Degré auquel la banque respecte les lois et les
règlements qui régissent ses activités

Satisfaction de la communauté
Appréciation que fait la communauté élargie des
activités et des effets de la banque

Qualité du produit

Degré auquel le produit répond aux besoins de la

clientèle

Rentabilité financière
Degré auquel certains indicateurs financiers (par
exemple la rentabilité) de la banque augmentent
ou diminuent par rapport aux exercices
précédents ou par rapport à un objectif fixe

Compétitivité
Degré auquel certains indicateurs économiques
se comparent favorablement ou défavorablement
avec ceux de l'industrie ou des concurrents

Source : EM. Morin, et al. L'efficacité de l'organisation, P.269

2 : La satisfaction de la clientèle

Nicolas Eber (2001) a démontré l'importance de la relation banque-clients qui détermine la performance d'une banque. Capiez (2001) a souligné qu'une banque qui propose des prestations inadaptées à sa clientèle risque de la perdre. De plus, les clients que cette banque

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réussira à fidéliser à nouveau, lui coûteront près de six fois plus chers que la première clientèle. Il indique également, que fidéliser sa clientèle comprend plusieurs démarches.

La première démarche est l'analyse dans un premier temps des comportements de la clientèle, puis dans un second temps des besoins de celle-ci. Pour ce faire, il faut pouvoir capter toutes les opportunités à partir de l'information requise sur la clientèle. Une connaissance des différents contacts clients et opérations effectuées avec ces derniers est ainsi nécessaire. La seconde démarche consiste au suivi de la clientèle et à l'amélioration des produits et services proposés. Cette amélioration passe par une accélération des services rendus afin de limiter par exemple les files d'attente. Elle peut s'appuyer également sur un système d'individualisation de la clientèle. Et enfin la troisième démarche consiste au contrôle des activités de services notamment au niveau du crédit, afin de garantir la qualité du service rendu.

Pour mieux comprendre l'impact de la satisfaction de la clientèle sur la performance de la banque, il importe d'abord de définir ce concept, ensuite déterminer sa mesure et enfin, de montrer ses impacts à travers la fidélisation de la clientèle.

2.1 : Définition de la satisfaction client

L'apparition du concept de satisfaction date du milieu des années 70, principalement à la suite des travaux de Day & Hunt31. En une vingtaine d'année la satisfaction est devenue l'un des thèmes majeurs de l'étude du comportement après-achat/consommation du consommateur.

Dans le dictionnaire Larousse de langue française, la satisfaction est définie comme étant « un contentement, une joie, résultant en particulier de l'accomplissement d'un désir, d'un souhait, d'une demande ou d'une tendance »32. Dans la littérature, plusieurs définitions ont été apportées pour donner une explication au concept de satisfaction du consommateur. Pour Kotler, Dubois et al. (2005), la satisfaction « est l'impression positive ou négative ressentie par un client vis-à-vis d'une expérience d'achat et/ou de consommation. Elle résulte d'une comparaison entre ses attentes à l'égard du produit et ses performances perçues »33. De même, pour Dufer et Moulin (1989), « la satisfaction est un état interne qui accompagne la confirmation des aspirations relatives au projet de consommation, celle-ci intégrant les attentes

31 Vanhame. J, La surprise et son influence sur la satisfaction des consommateurs, Presses Université de Louvain, France, 2002, p. 61

32 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/satisfaction/71085

33 Kotler. PH, Dubois B, et al, Marketing management, 12ème édition, Pearson Education, France, 2010, P. 172

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développées au sujet des produits et les normes de performance attachées à la classe dont ils relèvent »34. A partir de ces définitions, on déduit que, les attentes des clients et la qualité ou la norme de performance perçue, sont des variables majeures qui doivent être prises en compte par les entreprises de toute activité confondue pour satisfaire leurs clients.

En tenant compte des attentes du client qui peuvent évoluer dans le temps, en fonction des prestations de l'entreprise et de ses concurrents, et de la qualité perçue qui diffère d'un client à un autre, la satisfaction devrait comprendre les caractéristiques suivantes : la subjectivité, la relativité et l'évolutivité35. La satisfaction des clients est subjective car elle dépend de leurs perception des services et non de la réalité. La satisfaction est relative, car les clients n'ont pas les mêmes attentes vis-à-vis d'un même service ou produit. Quant à l'évolutivité, elle dépendrait de deux points : l'évolution des attentes et des standards, et l'évolution pendant le cycle de vie et d'utilisation du produit.

2.2 : Mesure de la satisfaction du client bancaire

L'une des particularités de l'activité bancaire est la structure double de son marché si l'on distingue : le marché amont des prêteurs, des déposants, véritables « fournisseurs de matières premières » ; et le marché aval, celui des emprunteurs, c'est-à-dire des consommateurs de produits fabriqués par le processus de transformation bancaire36. Ces deux types de clients bancaires consomment des produits complètement différents, mais inscrivent leur comportement dans un même processus de décision et sont influencés par les facteurs similaires37.

Du fait de leur particularité par rapport aux consommateurs des autres secteurs, la mesure de la satisfaction des clients bancaires suscite une attention plus spécifique. Car le niveau de satisfaction dans les services en particulier les services bancaires, est affecté par la qualité perçue du produit bancaire, et les attentes à l'égard de la banque, comme : l'accueil, le conseil,

34 Vanhame. J (2002), Op. Cit., P.63

3528/09/2016, http://blog.wikimemoire.com/2012/02/satisfaction-et-fidelisation-des-clientsbancaires/ 36Zollinger. M, Lamarque. E, Marketing et stratégie de la banque, 5ème édition, Ed Dunod, Paris, 2008. p 39 37 Ibid, Page 39.

40

la rapidité dans l'obtention du service38, le lancement de nouveaux produits et la transparence dans l'obtention de l'information39.

En prenant l'exemple du marché bancaire français, dans sa 4ème édition, parue en Avril 2014, l'étude Deloitte sur la relation banque-client, à travers son baromètre sur la confiance des Français vis-à-vis du secteur bancaire et de leur banque principale, a constaté que le niveau de confiance n'a pas progressé depuis 2012, puisque seulement 60% des clients ont confiance en leur banque selon les critères de confiance suivants : l'intérêt client, l'écoute, la crédibilité, la fiabilité, et la transparence. Quant au niveau de satisfaction, 87% des clients se déclarent satisfaits de la relation qu'ils entretiennent avec leurs banques principales, alors qu'ils étaient 88% en 2013 et 76% en 201240.

Sur le plan international, une enquête mondiale sur un certain nombre de pays (Brésil, Chine, Union Européenne, Etats-Unis, Canada, Afrique du Sud, Japon, Inde) menée par le cabinet Ernest & Young (EY) en 2012, révèle qu'à l'échelle mondiale, 44% seulement des clients estiment que leur banque adapte ses produits et services à leurs besoins. Par ailleurs, les conclusions de l'enquête révèlent que 70% des clients acceptent de communiquer davantage d'informations personnelles à leur banque. En contrepartie, ils s'attendent à ce que les produits et les services qui leur sont proposés aient une réelle valeur ajoutée et soient adaptés à leurs propres besoins41. En 2014, EY a publié la 3ème édition de l'étude Global Consumer Banking « Winnig through customer experience » sur la relation entre les banques de détail et leurs clients. L'étude a montré que la confiance des consommateurs dans le secteur était à la hausse, 44% des clients étaient satisfaits de leur banque principale, 33% d'entre eux ont déclaré que le niveau de confiance avait augmenté mais demeurait sensible au contexte de la crise économique42. Cependant, la relation client bancaire reste fragile. Les exigences et les attentes continuent d'évoluer, souvent alimentées par des expériences hors services financiers et les consommateurs sont de plus en plus susceptibles de développer des relations avec de multiples fournisseurs.

38 28/09/2016, http://blog.wikimemoire.com/2012/02/satisfaction-et-fidelisation-des-clientsbancaires/

39 Zollinger M, Lamarque E (2008), Op.Cit., Page 95-99

40 Deloitte, Relation banques et clients : Fidélité, vous avez dit fidélité ?, 4ème édition, Avril 2014

41 Ernest & Young, Enquête mondiale 2012 sur les services bancaires aux particuliers, 2012

42 Ernest & Young, global consummer rankink, 2014

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De ce qui précède, il ressort que la performance bancaire s'étend généralement sur plusieurs domaines. Elle est d'abord quantitative (financière) et dans ce sens elle s'apprécie à travers la rentabilité et d'autres indicateurs tels que le TRI, le taux RAROC, le TRT, et le CE. La performance bancaire est aussi qualitative (non financière), dans cette optique, elle s'apprécie à travers les indices tels que l'efficacité organisationnelle, et la satisfaction de la clientèle.

La corrélation entre ces différents domaines de la performance bancaire nous a amené à adopter la première hypothèse suivante :

Hypothèse H1 : L'incapacité à satisfaire la clientèle fragilise la performance des banques africaines au Cameroun.

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CHAPITRE II : LIENS ENTRE INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE BANCAIRE

L'internationalisation des banques a-t-elle un impact positif sur les performances de celles-ci ? De nombreux travaux de la littérature bancaire et financière se sont intéressés à cette question. Cependant, malgré ces nombreuses recherches, aucun consensus n'a été trouvé.

En effet, la littérature détermine la diversification de marché comme une allocation des ressources sur plusieurs marchés différents dans le but d'une part, de réduire le risque que pourrait causer une concentration des ressources sur un seul marché, et d'autre part, d'exploiter la flexibilité de marchés étrangers (Albaum et al. 1989).

Certains modèles théoriques suggèrent que l'internationalisation peur augmenter le profit des banques. Ainsi, la théorie de l'agence affirme que la diversification peut réduire le risque personnel du dirigeant (Amihud et Lev, 1981). D'autres théories managériales indiquent quant à elles, qu'une firme diversifiée a recours à des investissements internes moins chers (Lang, Poulsen et Stulz, 1995). Cependant, certaines théories font état du fait que les banques peuvent souffrir de problèmes de coûts de transaction (Williamson, 1989), ou encore doivent faire face à des conflits de régulation ou de supervisions directement liés à leur choix de diversifier ou non (Berger et al., 2000).

Si la littérature financière et bancaire propose plusieurs études à propos de la diversification sur les bénéfices des banques, le lien entre internationalisation et performance n'est pas encore très clair. Les écrits à ce sujet abordent cette question de trois manières différentes : D'abord certains travaux analysent uniquement les effets de l'internationalisation43, ensuite d'autres s'articulent autour des conséquences sur la performance et le risque d'une diversification à travers plusieurs autres lignes d'activités bancaire comme l'assurance44, et d'autres enfin, s'intéressent aux deux degrés de diversification (à savoir géographique et technologique)45.

43 A l'image des travaux de Cubbo-Otone et Murgia (2000), Forcarelli et al (2000)

44 Kwast (1989), Wall et Eisenbeis (1984)

45 Berger et al. (2010), Acharya et al. (2002)

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Afin de mieux comprendre le lien entre l'internationalisation bancaire et la performance, nous allons tour à tour analyser le lien entre internationalisation et performance financière d'une part (Section I), et internationalisation et performance non financière d'autre part (Section II).

SECTION I : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE

La littérature bancaire et financière affirme que l'une des raisons premières incitant les banques à s'installer au-delà de leurs frontières reste le désir de création de valeur et de pouvoir de marché. En se diversifiant, une banque peut non seulement augmenter son pouvoir de marché, mais également exploiter des ressources, qui jusqu'ici ne lui étaient pas disponibles (Caves, 1981). Selon ce point de vue, la banque peut donc pratiquer une politique de prix qui lui donnera une position dominante sur le marché et qui limitera l'entrée potentielle de nouveaux arrivants (Saloner, 1997). Dans cette section nous analyserons le lien entre l'internationalisation et la performance financière d'une banque à travers le pouvoir de marché d'une part, et la recherche de l'efficience d'autre part.

A : L'ELARGISSEMENT DU POUVOIR DE MARCHE

Le pouvoir de marché peut être défini comme la possibilité de pouvoir fixer les prix de manière unilatérale sur le marché [Nekhili et Karyotis, (2008)]. Pour Scherer (1980) et Grant (1988), le pouvoir de marché procure à une firme la possibilité d'être sur toute la ligne de production. Il peut en résulter pour la banque d'être en situation de monopole et d'avoir une totale emprise sur la fixation des prix.

En s'internationalisant, la banque acquiert un pouvoir de marché à travers de son réseau sur plusieurs pays [Contractor et al, (2003)], et l'exploitation de ressources nouvelles.

1 : Le pouvoir de marché à travers l'extension internationale du réseau

En se diversifiant géographiquement sur le plan international, la banque se retrouve en position de fournisseur et peut ainsi agir sur la fluctuation des prix comme elle le souhaite. Berger et Hannan (1998) ont démontré dans leur étude qu'il existait une corrélation positive

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entre l'indice de concentration des banques et les prix46. Ainsi, pour Stulz (1990) les firmes concentrées sur un même marché sont moins flexibles que celles pratiquant une diversification, dans la mesure où elles ont deux types de financements à leur disposition : un financement interne et un financement externe.

Dans cette optique, la banque peut bénéficier, suite à une diversification de plusieurs effets, tels qu'un effet de réputation, un effet de taille et un effet de diversification des sources et de financement [Nekhili et Karyotis, (2008)]. Pour Berger et al, (2000), l'effet d'une consolidation transfrontalière sur le pouvoir de marché diffère selon que l'on se positionne sur le marché financier sur une niche de détail, ou sur une niche de gros.

Pour ces auteurs, une fusion transfrontalière ne va donc pas affecter directement le pouvoir de marché qu'exerce la banque sur ce type de marché local. Cependant, ce pouvoir de marché exercé sur les clients locaux peut augmenter en affectant d'une part, la consolidation des institutions financières à l'intérieur même des pays et d'autre part, en changeant les règles du jeu de concurrence qui prévalent entre ces institutions financières. Ce changement de règles peut également rendre les banques présentes sur le marché domestique plus contestables.

En effet, les consolidations transfrontalières conduisent généralement à une augmentation des rapprochements bancaires à l'intérieur même des pays, ce qui entraînerait une augmentation de la concentration de marché. Cette hypothèse va dans le sens de certaines études réalisées sur le lien entre le mouvement de consolidation et la concentration de marché47. Ces études démontrent une corrélation positive entre les opérations de consolidation et le niveau de concentration bancaire dans le marché local. Ainsi, elles prouvent que la résultante d'une opération de fusion-acquisition est une augmentation du pouvoir de marché pour la banque en question.

La diversification internationale peut également entraîner une hausse du pouvoir de marché des banques sans pour autant agir sur la concentration du marché domestique. En effet, les institutions ont tendance à pratiquer une harmonisation des prix, ce qui permet d'exercer un pouvoir de marché sur la clientèle48. Cette uniformisation des prix est habituellement le résultat d'un désir de faciliter les opérations administratives. L'étude de Prager et Hannan (2004) a démontré ainsi, qu'il existait dans la décennie 1990, un lien étroit entre les mesures de la

46 Ces auteurs ont principalement travaillé sur le marché américain

47 Voir Berger et al (1997), Spienza (1998) et Prager et Hannan (1999)

48 Voir Radecki (1998)

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concentration du marché domestique et la tendance de certaines banques Holding multinationales à imposer des taux plus élevés à sa clientèle de détail que d'autres banques.

Cependant, l'installation au-delà des frontières connaît également des effets néfastes sur le pouvoir de marché des banques au niveau domestique. Cette situation survient communément si les institutions existantes sur le marché n'adoptent pas une politique de prix visant à dissuader les entrants potentiels. Cette situation peut également survenir si les institutions étrangères plus efficientes pénètrent le marché et proposent des prix beaucoup plus attractifs que les concurrents du marché domestique.

2: Le pouvoir de marché à travers l'exploitation de nouvelles ressources

Berger et al (2000) distinguent deux catégories de clients bancaires : les clients de la « niche de gros »49 et les clients de la « niche de détail »50. Selon cette distinction, l'effet d'une installation, via la niche de gros, sur les marchés étrangers aura un impact différent sur le pouvoir de marché domestique. L'une des premières raisons réside dans le fait que cette clientèle est suffisamment importante en taille, pour posséder plusieurs fournisseurs. Ainsi, certaines études ont démontré un lien positif entre les mouvements de consolidation transfrontalière et l'augmentation du pouvoir de marché au niveau local, telles que celle de Berger et al (1997), Sapienza (1998), Hannan et Prager (2004). L'intervention des banques sur plusieurs marchés différents a certes des impacts sur leur pouvoir d'achat, mais génère également un changement important au niveau du marché local sur la détermination des prix, notamment pour les banques « mono-marchées »51.

Hannan et Prager (2004) ont analysé les effets de la présence de banques multi-marchés sur les taux de dépôt offerts sur le marché domestique américain. Leur analyse permet d'obtenir deux types de résultats : Premièrement, les taux d'intérêt offerts par les banques dites « mono-marchés » ont tendance à être plus faibles que ceux proposés par les banques « multi-marchés »52, dans la mesure où elles ont une plus grande part de dépôts sur le marché. Deuxièmement, la concentration du marché local continue, malgré le fait que la présence de banques multi-marchés influence la politique de prix de banques mono-marchés. Cependant,

49 Il s'agit pour ces auteurs de la clientèle de la banque d'investissement et de gestion d'actifs

50 Il s'agit des clients de la banque de détail

51 Expression utilisée par Berger et al `2000)

52 Expression utilisée dans l'ouvrage de Berger et al (2000)

cette relation s'affaiblit à mesure que la part de marché des banques, qui interviennent sur plusieurs zones augmente.

Plus récemment, Hannan et Prager (2009), analysent les effets de la présence des banques multi-marchés sur la concurrence du marché domestique, et plus précisément sur la rentabilité et sur la viabilité des petites banques « mono-marchés ». Leurs résultats démontrent que la présence de plus en plus importante de banques « multi-marchés » a un effet néfaste sur la rentabilité des petites banques qui agissent sur les marchés ruraux53.

B : LA RECHERCHE DE L'EFFICIENCE

Comme nous l'avons explicité dans le précédent chapitre, l'efficience de la banque réside dans la meilleure manière d'atteindre ses objectifs en minimisant les coûts. Elle est un critère majeur de la performance financière. Les banques s'internationalisent donc aussi en vue d'être efficientes. Pour ce faire elles recherchent une taille critique, et les économies d'échelle.

1 : Efficience et taille critique

En se basant sur une étude du secteur bancaire européen, Troudart (2012) montre que la recherche de la taille critique peut être une motivation pour les banques à s'internationaliser. La taille critique est souvent recherchée surtout dans les cas de consolidation. En effet, dans ce cas précis, l'objectif de taille est lié au désir de s'imposer dans un premier temps sur le marché domestique, puis sur les marchés internationaux. D'ailleurs, le graphique 1 montre que le nombre d'établissement bancaires dans l'Union Européenne n'a pas cessé de diminuer depuis la fin de l'année 1999.

46

53 Ces résultats ne s'observent pas pour les petites banques qui opèrent sur des marchés urbains.

47

Graphique 1 : Nombre d'établissements monétaires et financiers dans l'U.E

Source: European financial stability and integration repport 2010, May 2011

Même si le nombre d'institutions bancaires s'est amoindri de manière moins spectaculaire, depuis la crise de 2008, on constate tout de même que le marché bancaire européen continue sa restructuration en poursuivant ses consolidations, ce qui le rend de plus en plus concentré. De même, le pourcentage d'établissements bancaires transfrontaliers européens en 2008 et 2009 reste sensiblement au même niveau que les années précédentes.

Graphique 2 : Nombre d'établissement transfrontaliers dans l'UE

Source: European financial stability and integration repport 2010, May 2011

Selon ce même rapport, en dépit du fait que le nombre de fusions acquisitions transfrontalières réalisées a diminué de façon importante depuis la crise de 2008, la part de marché des établissements bancaires transfrontaliers reste pratiquement à son niveau avant la crise. Les banques étrangères ont donc des parts de marché importantes sur le marché européen.

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Toutefois, selon le même rapport (2011), le niveau de capital du secteur bancaire détenu par le marché domestique est supérieur à celui du niveau détenu par les marchés étrangers. Il représente 70% du capital détenu pour les états membres les plus anciens54.

Ce constat concernant l'industrie bancaire européenne prouve qu'il y a un objectif de taille dans la démarche d'internationalisation des banques. Le but est d'éviter pour celles-ci de faire l'objet d'une offre publique d'achat hostile venant des banques étrangères. Le désir d'augmenter sa taille et son pouvoir de marché reste ainsi un moyen d'éviter ce genre d'attaque. Cependant cette recherche de taille critique s'apparente bien souvent à une recherche d'efficience d'économie d'échelle.

2: L'efficience et économies d'échelle

L'une des raisons les plus évoquées pour justifier l'internationalisation bancaire, est la recherche d'économies d'échelle. D'ailleurs, la théorie de l'intermédiation suggère qu'une banque devrait se diversifier afin d'augmenter sa crédibilité en tant qu'intermédiaire financier (Diamon, 1984). L'internationalisation permet d'être plus crédible aux yeux de sa clientèle et favorise également la diversification et la diminution des risques.

Les économies d'échelle surviennent lors d'une augmentation de la dimension des opérations productives combinée à une baisse des coûts unitaires de production. La théorie macroéconomique définit la fonction de coût d'une entreprise à partir du niveau de production de cette dernière et du prix des facteurs de production. L'entreprise ne peut réaliser des économies d'échelle qu'à mesure que la courbe des coûts est décroissante et que la production augmente. Cette diminution des coûts unitaires est possible lors d'un changement de taille de l'industrie qui est ordinairement successif à une adoption de techniques plus avancées. L'entreprise bénéficie ainsi de rendements croissants. Si la taille de l'entreprise dépasse ce que l'on appelle taille optimale, dans ce cas on observe une augmentation des coûts unitaires à mesure que la production augmente : L'entreprise doit faire face à des rendements d'échelle croissants.

Les actionnaires peuvent considérer la taille critique comme un critère de rentabilité. Le mouvement de consolidation transfrontalière des banques européennes depuis la fin des années

54 European financial stability and integration repport 2010, May 2011, P.19

49

90 traduit ce désir des banques de rechercher une meilleure efficience. Ainsi, les fusions et acquisitions transfrontalières permettent de réaliser des économies d'échelle, d'augmenter l'efficience, d'apprendre de nouvelles pratiques, mais aussi de diviser le risque.

La théorie financière sur l'internationalisation des firmes bancaires voit dans les bienfaits d'une diversification de marché un élargissement de la clientèle et une possibilité d'accéder à de nouvelles ressources [Contractor et al (2003)]. L'élargissement de la clientèle via l'installation à l'étranger représente pour une banque un nouveau relai de croissance. L'apprentissage de nouveaux marchés peut être pour la banque un moyen de développer un savoir-faire et des techniques plus élaborées.

En substance, l'internationalisation permet à une banque d'élargir son pouvoir de marché et d'être plus efficiente en réalisant des économies d'échelle. Ce constat nous a conduits à adopter la deuxième hypothèse suivante

Hypothèse H2 : La régionalisation des banques africaines a un impact positif sur leur performance au Cameroun

SECTION II : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE NON FINANCIERE

Dans le chapitre précédent nous avons présentés quelques indicateurs non financiers de la performance bancaire, notamment l'efficacité organisationnelle et la satisfaction de la clientèle. Ces indicateurs sont pertinents dans un contexte domestique ou local. Dans un contexte international, la performance non financière s'apprécie à travers la notion de risque bancaire. Pour mieux appréhender cette notion, il importe de la définir et de déterminer ses différentes variantes ; et dans l'optique d'expliciter le lien entre internationalisation performance non financière, il importe de déterminer son impact sur la performance bancaire.

A : NOTION ET MESURE DU RISQUE BANCAIRE

Le risque désigne un danger bien identifié, associé à l'occurrence à un événement ou une série d'événements, parfaitement descriptibles, dont on sait pas s'ils se produiront, mais dont on sait qu'ils sont susceptibles de se produire dans une situation exposante. Il est aisé de

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comprendre pourquoi la notion de risque, ainsi définie, ne permet pas de décrire les situations d'incertitude et de rendre compte des modalités de prise de décision dans de tels contextes. On sait ce qu'on ne sait pas, mais c'est à peu près tout ce que l'on sait : il n'y a pas de meilleure définition de l'incertitude. Les banques multinationales s'intéressent particulièrement au risque lié à leurs activités et leur déploiement international. Les risques rencontrés par une BMN résultent essentiellement des engagements et des opérations en devises réalisées par cette dernière.

1 : Définition du risque bancaire

Qu'il soit de crédit, de change ou de taux d'intérêt, la problématique du risque bancaire fait partie des thèmes récurrents de l'actualité. Le risque bancaire est à tort considéré comme bien identifié. En réalité, le risque bancaire connaît une accélération sans précédent ces dernières années.

Juvin (2001) dans son analyse distingue huit classes de risque : Le risque commercial, le risque informatique, le risque opératoire, le risque juridique et fiscal, le risque politique, le risque de concurrence, le risque d'environnement, et le risque des ressources. Face à cette nomenclature explosive, la culture bancaire traditionnelle s'essouffle. Pour y faire face, les établissements bancaires hiérarchisent les risques, mettent en place une charte de contrôle pour chaque risque et clarifient les responsabilités.

Plusieurs auteurs s'intéressent à la notion de risque et de performance. Shrives et Dahl (1992) ont démontré une influence simultanée et positive entre l'évolution du niveau de capital et l'évolution du niveau de risque des banques américaines. Ainsi, à une hausse du niveau de risque, correspond une hausse du niveau de fonds propres détenu et inversement. De même, d'autres travaux confirment cette relation à savoir Kwan et Eisenbeis (1995) pour les banques américaines ; Altunbas et al. (2004) pour les banques européennes, Heid et al. (2004) pour les banques allemandes et Godlewski (2004) pour les banques des pays en développement.

D'autres travaux arrivent aux mêmes conclusions sur le fond que Shrieves et Dahl concernant la prise de risque des banques mais il y a un point de distinction qui réside dans l'indicateur du niveau de capital qui est retenu dans ces études. Dans les travaux de Shrieves et Dahl l'indicateur retenu est le ratio fonds propres sur total des actifs bancaires. Cependant, les travaux de Jacques et Nigro (1997) pour les banques américaines, Van Roy (2003) pour les

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banques européennes, Rime (2001) pour les banques suisses, Murinde et Yaseen (2004) pour les banques africaines et du Moyen-Orient, trouvent une influence simultanée, mais négative entre le niveau de capital et le niveau de risque.

2: Mesure du risque bancaire

Les établissements financiers sont exposés de par leurs activités à de nombreux types de risque. L'évaluation et la couverture de ces risques nécessitent la plupart du temps de faire appel aux mathématiques, ce qui permet de formaliser et de quantifier le risque identifié.

Ainsi, depuis le début des années 70, a-t-on vu se développer de nombreux outils dans le domaine des probabilités et du calcul stochastique afin de répondre à la demande croissante des marchés financiers. Les travaux réalisés jusqu'ici se sont surtout concentrés sur les méthodologies d'évaluation et de couverture des produits comportant des risques de marché. La tendance actuelle est à l'élaboration de méthodes équivalentes pour le traitement du risque de crédit. L'état de l'art distingue pour le moment trois approches.

La première, connue sous le nom d'approche structurelle ou modèle de la firme, date de 1974 avec Robert Merton55. Son approche est proche de celle de la théorie des options. Elle repose entre autres sur l'idée que les prix des actifs contiennent l'ensemble de l'information accessible. Sous cette hypothèse, les actions et les obligations risquées émises par une société apparaissent comme des options dont on peut évaluer le prix. L'article de Merton a constitué la base de toute la littérature sur le risque de crédit. Néanmoins, l'approche semble quelque peu irréaliste. Elle suppose en effet que la faillite n'est constatée qu'à l'échéance de la dette, et que la firme est éventuellement liquidée pour permettre son remboursement. Il apparaît donc plus raisonnable de supposer qu'il existe un seuil pour la valeur de la firme au-dessous duquel elle se déclare en faillite. Cette hypothèse, que l'on trouve pour la première fois dans l'article de Black et Cox (1976)56, nécessite cependant une spécification du seuil de faillite. On peut par ailleurs douter que ce seuil soit constant au cours du temps, comme on le verra plus tard dans Longstaff et Schwartz, et ne dépende pas de l'évolution de la structure des taux.

55 Robert Merton, On the pricing of corporate debt: the risk structure of interest rate, 1974

56 Fisher Black, John c. Cox, Valuing corporate securities : some effects of bond indenture provisions, the journal of finance, May 1976

52

La seconde approche se base sur les statistiques d'agences de notation telles que Moody's et Standard & Poor's. C'est la méthodologie la plus fréquemment utilisée aujourd'hui dans les banques pour mesurer le risque de crédit. Elle fut introduite pour la première fois en 1994 par JP Morgan dans un document technique intitulé CreditMetrics57. L'objectif recherché est de mesurer la variation de la valeur future d'un portefeuille liée à la modification de la qualité de crédit (elle-même étant reflétée à travers la notation publiée par les agences) des contreparties des instruments en portefeuille.

Les variations de la valeur future sont représentées statistiquement par la distribution de probabilités des valeurs à l'horizon. Typiquement, cette distribution n'est pas symétrique et présente une queue de distribution plus épaisse du côté des pertes que du côté des gains : concrètement, la probabilité de perdre beaucoup d'argent sera forte et celle de réaliser des gains sera faible. Dans ces conditions, l'écart type de la distribution est une mesure de risque assez mal adaptée, car symétrique. Une mesure de risque plus adaptée est celle des quantiles, c'est à dire la mesure d'une VAR à 1% par exemple.

Enfin, la troisième et dernière approche dite approche par intensité est beaucoup plus récente. Elle est le sujet de nombreux travaux (dont ceux de Longstaff et Schwartz) et offre des perspectives intéressantes tant pour la construction de courbes de taux risqués que pour le pricing de produits dérivés. Le défaut d'une firme dans cette approche est vu comme un événement qui ne peut pas être lu dans les prix. Il est donc modélisé comme un processus ayant une intensité, c'est à dire un taux instantané d'occurrence. La mesure du risque de crédit et l'évaluation des produits dérivés liés à ce risque occupent aujourd'hui une importance capitale aussi bien dans les travaux de recherche académique que dans les cellules de recherche des établissements financiers. Il s'agit aujourd'hui de mettre en place une méthodologie de référence pour l'obtention d'une courbe de taux risqués, le pricing de produits dérivés58 liés à cette courbe, et la mesure des risques encourus liés à la qualité de crédit des émetteurs. En ce qui concerne le pricing des dérivés de crédit, la tendance actuelle privilégie une approche par intensité plutôt que l'approche structurelle introduite par Merton. Cette approche qui est certainement plus

57 JP Morgan, CreditMetrics-Technical Document, 1997

58 Un Pricing est la recherche de l'inconnue caractérisant un instrument financier. Pour une obligation, cela sera par exemple la recherche du prix de celle-ci, à partir des flux futurs et de la courbe zéro-coupon. Pour une option vanille, cela sera par exemple la recherche de la prime, à partir des déterminants du contrat (prix actuel du sous-jacent, prix d'exercice, échéance, volatilité, dividendes, taux d'intérêt). Ce travail est généralement dévolu à un structureur mais peut également être délégué à un vendeur si celui-ci a accès aux outils de pricing de la banque. Un Pricing peut être plus ou moins long, de quelques secondes à plusieurs heures, en fonction de la complexité du produit recherché.

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simple à calibrer à partir des données de marché est également plus simple d'utilisation pour des agents financiers.

Toutefois, aucun consensus n'est encore trouvé sur les hypothèses d'arbitrage et de complétude à faire dans un monde avec défaut. De manière plus générale, c'est l'information disponible sur les marchés qu'il est délicat de modéliser. D'énormes travaux sont donc encore à réaliser pour aboutir à une méthodologie globale qui permette une mesure des fonds propres nécessaires pour couvrir le risque de crédit encouru et l'évaluation de produits dérivés relatifs à ces risques.

B : TYPOLOGIE DU RISQUE BANCAIRE

La particularité du secteur bancaire est que le risque ne peut pas être mesuré d'une seule et unique façon. Le risque bancaire est donc multi dimensionnel. Il existe plusieurs types de risques bancaires. Le comité de Bâle considère qu'il existe quatre types de risques : le risque de crédit, le risque de bilan, le risque opérationnel et le risque de marché. Selon Greuning et Bratanovic (2004), on peut différencier quatre catégories de risques bancaires à savoir risque financier, risque opérationnel, risque d'exploitation, risques accidentels (Voir figure 4 ci-après).

Pour Lamarque (2008), le champ du risque bancaire est regroupé en deux catégories : le risque financier et le risque non financier.

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Figure 4 : L'exposition au risque bancaire

· Structure du bilan

· Rentabilité du compte de résultat

· Adéquation des fonds propres

· Crédit

· Liquidité

· Marché

· Devise

RISQUES
FINANCIERS

RISQUES
OPERATIONNELS

· Fraude interne

· Fraude externe

· Pratiques en matière d'emplois et sécurité du travail

· Clients, produits et services d'affaires

· Dégradation des actifs physiques

· Cessation d'activités

· Risques technoogiques

· Gestion du processus

· Politique

macroéconomique

· Infrastructure financière

· Infrastructure légale

· Responsabilité civile

· Respect de la réglementation

· Réputation et risque fiduciaire

· Risque pays

RISQUE

D'EXPLOITATION

*Risque politique

* Risque de contagion

*Risque de crise bancaire

*Autres risques exogènes

RISQUESS
ACCIDENTELS

Source : Greuning et Bratanovic (2004)

1 : Le risque bancaire financier

Le risque bancaire financier regroupe trois types de risque : le risque de contrepartie, le risque de liquidité et le risque de prix.

1.1 Le risque de contrepartie

Il est lié à un défaut de paiement d'une contrepartie sur laquelle la banque détient une créance ou un engagement hors bilan. Le risque de contrepartie est également appelé risque de crédit. Ce risque fait partie des risques les plus redoutés par les banquiers.

En matière d'internationalisation, le risque de crédit englobe plusieurs dimensions. Il est effectivement lié au risque de défaillance de l'emprunteur, mais également à la notion de risque

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pays. De ce fait, les engagements des filiales implantées à l'étranger déterminent également le niveau des risques de la maison mère. Dans le cas de ses filiales, le risque découle du fait que les emprunteurs d'un pays donné ne soient plus en mesure de rembourser leur dette.

1.2 Le risque de liquidité

Le risque de liquidité peut être rattaché à l'impossibilité de rembourser ses dettes. Ce risque est couramment considéré comme la résultante d'une mauvaise gestion du bilan ou encore lié à une détérioration de la relation banque-clients, conduisant à une baisse de confiance. Il est également souvent dû à un manque de liquidité sur le marché en raison d'une crise du système. Le risque de liquidité fait également partie des risques liés directement au bilan, que l'on appelle aussi risques structurels. Si une banque ne possède pas une liquidité suffisante, elle peut obtenir des fonds à un coût raisonnable de deux façons : elle peut dans un premier temps augmenter son passif, ou dans un second temps convertir des actifs. Le deuxième choix conduisant à une baisse de la rentabilité.

Mais dans les deux cas, une insuffisance de liquidités peut conduire à une situation d'insolvabilité. Le manque de liquidités pour une banque peut conduire à sa faillite. En effet, la clientèle prise de panique, peut se ruer au guichet et causer la banqueroute.

1.3 Le risque de prix

Le risque de prix est directement lié au risque de marché. Il intègre les risques liés aux taux d'intérêt, aux taux de change, et à la valeur des actions mais également des matières premières. Le risque de marché est quant à lui directement lié aux fluctuations des taux d'intérêt, des cours boursiers et les taux de change. Si les taux d'intérêt sont en augmentation, la valeur des actifs financiers de la banque baisse, ce qui accroît le coût des passifs bancaires. La banque possède des contrats ou encore des actifs en monnaie étrangère ce qui provoque un risque de taux de change. En effet, toute variation des cours des devises engendre un risque de perte pour la banque.

On parle de risque de prix car celui-ci se manifeste quand la chute du cours d'une devise provoque la dépréciation des actifs détenus dans cette devise par la banque. Il n'existe pas dans les devises de contrepartie commerciale lorsqu'il s'agit d'un emprunt effectué par le client. Pour

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Marois (1979) l'emprunt permet de financer une extension de capacité à l'étranger ou encore des investissements dans le pays d'origine de la maison mère. Les opérations en devise pour les banques multinationales représentent un tel niveau de risque qu'il est généralement établi un contrôle sur toutes les opérations en devises effectuées par les filiales localisées à l'étranger. D'ailleurs Marois (1986) stipule que certaines maisons mères obligent toutes leurs filiales étrangères à constituer un rapport à chaque fin de semaine afin d'identifier leur position de change.

Le risque de taux d'intérêt peut prendre plusieurs formes. Ce risque est directement lié à l'évolution des taux d'intérêt sur le marché. Il peut affecter plusieurs parties de la banque à savoir sa performance, ses dettes, ses créances, mais également ses instruments hors bilan. Il s'avère également très nocif pour la banque s'il est trop excessif.

2 : Le risque bancaire non financier

Le risque bancaire non financier est quant à lui désigné comme somme de deux risques : le risque opérationnel et le risque stratégique. Et dans un contexte international, au risque pays.

2.1 Le risque opérationnel

Le risque opérationnel est lié aux pertes que peut subir une banque à cause d'une mauvaise gestion du personnel ou d'une défaillance dans l'organisation économique et sociale de l'entité. Le risque opérationnel est défini par le comité de Bâle comme un risque de perte résultant des structures internes qui s'avèrent inadaptées à la structure de la banque. Ce risque peut découler de fraudes internes ou encore externes, des problèmes liés à la gestion du personnel, à la relation client ou encore à la mauvaise application de règles de gestion du risque bancaire. Le risque opérationnel est clairement pris en compte pour la première fois dans le comité de Bâle en 2001. Dans la définition du comité de Bâle du risque opérationnel, on retrouve également la notion de risque juridique. Quatre types de risques ont été intégrés au risque opérationnel :

- Le risque inhérent aux personnes et aux relations entre les personnes ; - Le risque lié aux procédures

- Le risque lié au système

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- Le risque lié au tiers

Le risque propre aux personnes et aux relations entre personnes peut être relié au non-respect par exemple de la réglementation fiscale. Il englobe toutes les pertes occasionnées par les actions, volontaires ou non, des collaborateurs ou par des mauvaises relations que la banque entretient avec ses actionnaires, sa clientèle ou des tierces parties. On peut également intégrer dans le risque opérationnel le risque pays lié à une zone géographique dans laquelle a banque aurait des engagements trop importants.

Le risque inhérent aux procédures représente les pertes réalisées à la suite de l'échec des transactions sur les comptes clients ou liées à l'échec de toute autre activité courante de la banque. Il peut également être défini comme un risque administratif. Ces mauvais fonctionnements sont souvent liés au système d'information ou à l'ensemble du système informatique.

2.2 Le risque stratégique

Le risque stratégique est un risque qui concerne la politique commerciale de la banque. Il intègre les capacités du gestionnaire à prendre de bonnes décisions. Ce risque reste difficilement quantifiable et est d'ailleurs exclu des rapports du comité de Bâle [Lamarque, (2008)]. Il n'est donc pas pris en compte dans la mesure de la part des fonds propres. Le risque stratégique a souvent été la cause de grandes crises financières et bancaires. En effet, la volonté des banques européennes, notamment des banques françaises dès la fin des années 1990 de s'orienter vers une activité universelle en est la preuve.

2.3 Le risque pays

Lorsqu'une banque décide de s'implanter dans un pays elle doit faire face à ce que Lamarque (2008) définit comme un risque d'exploitation ou de contrepartie : le risque pays.

En effet, le risque pressenti dans un pays peut être un facteur déterminant pour l'implantation. Il représente une barrière à l'entrée pour les banques. Lamarque (2008) détermine le risque pays comme le total de trois risques à savoir : le risque souverain (lié à une instabilité politique ou au niveau de la dette publique de l'Etat), le risque de transfert et de

convertibilité (dû à une restriction au niveau du système de change) et le risque systémique de contrepartie (qui est la résultante de la contagion de la sphère économique d'une crise associée à la sphère financière).

Cerutti et al. (2007) démontent que le risque pays est la résultante de déterminants économiques et politiques tels que la stabilité des taux de change ou encore le niveau de la dette publique d'un pays. Ce risque est donc lié pour ces auteurs au risque politique et économique. Coeurderoy et Quelin (1997) expliquent que l'organisation politique, sociale et économique d'un pays a des incidences sur l'orientation internationale d'une banque. Les dissimilitudes dans la langue, la culture, ainsi que le risque politique représentent pour tout investisseur potentiel un risque. Ils démontent ainsi que : « Les facteurs politiques et socioculturels influent donc nettement sur le choix d'organisation à l'international (...) les différences sociales, l'écart culturel, la stabilité politique, etc... (...) créent un niveau d'incertitude pour l'investisseur, un risque pays. Plus ce risque est élevé, plus la firme éprouve de difficultés à gérer une relation de marché et est tentée de protéger ses actifs spécifiques par l'internationalisation »59.

Figure 5 : Risques financiers et non financiers

RISQUES
FINANCIERS

RISQUES NON
FINANCIERS

Défaillance de
contrepartie

-Taux d'intérêt

- Taux de change - Valeur action

Risque
d'illiquidité

Risque de
contrepartie ou
de crédit

Risque de prix

Incapacité à
rembourser ses
dettes

Risque
opérationnel

Risque pays

Risque
stratégique

Facteurs politiques,
économiques,
sociaux et culturels

-Risque de perte
- Risque juridique
-Risques liés aux
personnes et aux tiers

Politique
commerciale

58

Source : Lamarque (2008)

59 Voir Coeurderoy, R. Et Quelin B. (1997), P. 163, L'économie des coûts de transaction : un bilan des études empiriques sur l'intégration verticale, Revue d'Economie Politique, Vol. 107, n°2, pp. 145-181

59

La figure ci-dessus illustre les différentes dimensions du risque bancaire selon Lamarque (2008). Le risque bancaire, qui est un indicateur non financier de choix pour mesurer la performance bancaire à l'international représente également un déterminant important dans le choix de la modalité d'implantation d'une banque à l'étranger.

En substance de cette première partie, l'une des principales raisons pour lesquelles les banques s'internationalisent est la quête d'une meilleure performance. La notion de performance est polysémique, elle repose sur deux critères essentiels et se mesure suivant des objectifs bien définis et sur la base d'un nombre de principes. La performance bancaire s'étend à cet effet sur plusieurs domaines : elle est d'une part financière (ou quantitative) et d'autre part non financière (ou qualitative).

Si l'internationalisation bancaire a suscité beaucoup d'études, très peu d'entre elles s'accordent sur ses effets effectifs sur la performance des banques. Néanmoins, il est admis d'un côté que l'internationalisation élargi le pouvoir de margé des banques et les rend plus efficientes dans leur objectif de rentabilité. D'un autre côté, l'implantation à l'étranger est source de risques, qui si mal gérés, peuvent détériorer la performance de la banque.

Cette première partie nous a permis de développer nos hypothèses formulées à l'introduction de cette étude, et que nous hiérarchisons de la manière suivante :

Hypothèse H1 : L'incapacité à satisfaire la clientèle fragilise la performance des BA au Cameroun.

Hypothèse H2 : La régionalisation des banques africaines a un impact positif sur leur performance au Cameroun.

60

PARTIE II :

LES BANQUES AFRICAINES DANS LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

61

Le secteur bancaire camerounais est le plus important de la zone CEMAC avec environ la moitié des actifs régionaux. Ce secteur a connu une évolution plutôt mitigée depuis l'accession du pays à l'indépendance en 1960. La crise bancaire qui a secoué la plupart des pays africains dans les années 80, n'a pas épargné le Cameroun. Dès lors, de nombreuses réformes ont été entreprises pour stabiliser et rentabiliser les banques, principaux acteurs du financement de l'économie camerounaise.

La réforme survenue au début des années 90 a impulsé une ère nouvelle pour le système bancaire camerounais. L'Etat s'est progressivement désengagé du capital des banques, de nombreuses banques publiques ont été liquidées, et on a assisté à l'arrivée de nouveaux acteurs, des banques étrangères outre que celles originaires des anciennes puissances coloniales. C'est dans ce contexte que les premières banques africaines se sont implantées au Cameroun.

Les BA pour s'insérer dans le système bancaire camerounais, y sont passées par différentes stratégies ; certaines ont procédé à des créations de filiales, d'autres ont procédé à des fusions-acquisitions. A ce jour, ces banques se positionnent comme des acteurs majeurs du système bancaire camerounais ; ce qui suscite d'ailleurs un intérêt particulier, car elles dominent un peu partout dans le continent et rivalisent les grandes banques occidentales en termes de performance bancaire.

La présente partie se propose d'analyser la performance des BA dans le système bancaire camerounais par rapport aux autres régions du continent. Pour ce faire nous présenterons d'abord le système bancaire camerounais (Chapitre III), dans l'optique de comprendre l'évolution historique et le cadre réglementaire de la profession bancaire au Cameroun. Ensuite, nous procéderons à une évaluation de la performance des BA dans le système bancaire camerounais (Chapitre IV). Dans cette dernière présentation, il s'agira de présenter les différents BA qui exercent au Cameroun, et d'analyser leurs résultats comparativement aux résultats réalisés dans les autres régions du continent.

62

CHAPITRE III : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : EVOLUTION HISTORIQUE ET CADRE REGLEMENTAIRE

L'activité bancaire au Cameroun a commencé depuis bien avant l'indépendance avec l'arrivée des premières puissances coloniales. Aujourd'hui le système bancaire compte quatorze banques qui exercent effectivement ; toutes ces banques sont essentiellement commerciales et le système est caractérisé depuis quelques années par une surliquidité ; une situation paradoxale quant aux nombreux besoins de financement que connait l'économie camerounaise. Depuis la crise bancaire des années 80 les banques sont plus prudentes dans l'octroi des crédits et se contentent de développer des activités commerciales. En effet, La plupart des banques exerçant au Cameroun sont des filiales des banques étrangères, très peu d'acteurs locaux interviennent dans ce secteur.

Afin de mieux appréhender le système bancaire camerounais, il nous importe tout d'abord de comprendre son évolution historique (Section I) avant de nous étayer sur les conditions d'exercice de la profession bancaire au Cameroun (Section II).

SECTION I : HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

Le système bancaire et financier du Cameroun est l'émancipation du système bancaire français dans la mesure où la mise du pays sous mandat français et britannique à l'issue de la première guerre mondiale par la SDN, a consolidé le mouvement d'implantation des premiers établissements de crédit au Cameroun. Ce mouvement s'est poursuivi avec la mise sous-tutelle franco-britannique par l'ONU. L'accession du pays à l'indépendance le 1er Janvier 1960 ouvre une ère nouvelle, les autorités locales ont entrepris de contrôler l'activité bancaire, et on a assisté à la création de nombreuses banques à capitaux publics. Mais au milieu des années 80, une crise sans précédent va secouer le système bancaire camerounais. Dans cette section, nous présenterons l'historique en deux phases. La première, de la colonisation à l'indépendance, et la seconde, de l'indépendance à la crise des années 80-90.

63

A : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS DE LA COLONISATION A

L'INDEPENDANCE

Avant l'indépendance du 1er Janvier 1960, le Cameroun n'avait à proprement parler pas de système bancaire propre. La réglementation et les différents intervenants à cette époque étaient des démembrements du système financier français. La France assurait elle-même l'émission et la création monétaire non seulement pour elle-même, mais également pour ses colonies et ses territoires d'Outre-Mer.

1 : Le système bancaire à l'époque coloniale

Au début des années 1900, la banque de l'Afrique occidentale avait le monopole de l'émission monétaire dans les colonies françaises d'Afrique de 1901 à 1942. Le 02 Décembre 1941, la Caisse Centrale de la France Libre (CCFL) fut créée avec pour principales missions d'assurer l'émission monétaire, le Trésor public et le contrôle des changes du gouvernement du général de Gaulle en exil à Londres et des territoires ultra-marins ralliés à la CFNL.

L'ordonnance du 2 Février 1944 changea son nom en Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer (CCFOM) ; sa compétence fut désormais limitée aux territoires d'outre-mer, le trésor central étant assuré par la trésorerie générale d'Alger. Dans la lignée de la conférence de Brazzaville du 6 Février 1944, elle s'orienta peu à peu vers la fonction de banque de développement.

A partir de 1955, la caisse centrale abandonna ses fonctions d'institut d'émission monétaire. A l'issue du référendum du 28 Septembre 1958 qui instaura une communauté Française autonome, les statuts de la CCFOM furent modifiés par l'ordonnance du 30 Décembre 1958 et elle devint la Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE), établissement public et institution financière spécialisée, destinée à jouer le rôle de banque de développement pour les Etats de la fédération.

Le décret n° 92-1176 du 30 Octobre 1992 changea le nom de la CCCE et son statut, elle devint la Caisse Française de Développement (CFD), et depuis le 17 Avril 1998, Agence Française de Développement (AFD), nom qu'elle garde jusqu'à nos jours.

Entretemps, en 1946, l'ancien empire colonial français va se regrouper en Union Monétaire sous des appellations différentes : Départements d'Outre-Mer (DOM), Territoires

64

d'Outre-Mer (TOM), Territoire sous-mandat... qui seront autant des territoires d'émission d'entités différentes créées pour évoluer vers une « zone Franc » qui va comporter une monnaie directrice, le Franc CFA (Colonies Françaises d'Afrique). Le 20 Janvier 1955, l'Institut d'Emission de l'Afrique Equatoriale Française et du Cameroun (IEAEFC) fut créé en remplacement de la CCFOM pour les émissions monétaires en Afrique Equatoriale Française (AEF). A la veille des indépendances (1959), l'Institut d'Emission sera remplacé par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC), conformément aux statuts et à la raison sociale qui lui ont été conférés par l'Ordonnance du 04 Avril 1959 pour les émissions monétaires dans les cinq Etats issus de l'ex AEF et au Cameroun. Cet établissement public franco-africain va assurer l'émission monétaire de ces pays de 1960 jusqu'au 31 Mars 1973, date d'entrée en vigueur des accords de Brazzaville signés les 22 et 23 Novembre 1972 et instaurant la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC).

2 : Les accords de Brazzaville et la création de la BEAC

Les accords de Brazzaville marquent le point de départ de la convention de coopération financière entre les Etats de la sous-région d'Afrique centrale d'une part, et entre ceux-ci et la France, d'autre part. Le franc CFA, désormais franc de la Coopération Financière en Afrique vit le jour, et la BEAC fut créée en remplacement de la BCEAEC pour émettre, en Afrique Centrale, le franc CFA. Le 1er Janvier 1985, la Guinée Equatoriale a intégré la BEAC qui compte à ce jour six Etats membres.

Les accords de coopération de Brazzaville sont fondés sur les principes suivants :

- Les pays concernés font usage d'une monnaie commune, le Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale (XAF) et dont la parité est fixée avec l'Euro à 1 EUR = 655,957 XAF

- La convertibilité du XAF en EUR est illimitée et permet le libre transfert des XAF à l'étranger dans le cadre de la réglementation de change en vigueur.

- Les Etats ont convenu de mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans un fonds commun de réserve de change appelé « Compte d'opération » ouvert auprès du trésor de la République française.

65

La création de la BEAC marque une étape majeure pour le développement du système bancaire Camerounais, qui jusqu'à sa création dépendait essentiellement de la France. Elle marque de ce fait un début d'autonomisation du système bancaire Camerounais.

B : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : DE L'INDEPENDANCE AUX CRISES BANCAIRES DES ANNES 80-90

L'évolution du système bancaire camerounais durant cette période se déroule harmonieusement jusqu'à la fin des années 70. Par la suite, dès le début des années 80 des signes d'essoufflements apparaissent mais se présentent différemment.

1 : Une relative stabilité jusqu'à la fin des années 70

Après l'indépendance du Cameroun, le développement économique, conçu sous le signe du dirigisme économique et de l'endettement extérieur a beaucoup influencé le mode de financement économique établi dans le pays [Bekolo-Ebe, (1990), Mathis, (1992)]. Le financement du développement était tel que les crédits que les banques locales consentaient devaient compléter le prêt extérieur. En plus, ces banques pouvaient distribuer des fonds que l'Etat obtenait des prêteurs extérieurs et leur rétrocédait, à charge pour elles de gérer les crédits. Dans un cas comme dans l'autre, l'influence de l'Etat était patente. L'Etat s'est engagé dans la consolidation du secteur financier privé en y prenant des parts de capital et en mettant en place des organes de contrôle.

En fait, à cette époque, le tissu bancaire camerounais était très embryonnaire. Plus précisément, ce secteur se caractérisait par une forte concentration [Abega, (1995)]. Jusqu'en 1970, seules 4 banques étaient répertoriées par le Conseil National du crédit (CNC), et en 1984, l'effectif s'élevait à 11 banques. Le système était majoritairement composé de banques privées étrangères60 au rang desquelles on peut citer : La Société Générale de Banque du Cameroun (SGBC) ; La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) ; La Société Camerounaise de Banque (SCB) ; et la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC). Ces 4 banques représentaient plus de 75% des actifs du

60 La quasi-totalité de ces banques n'étaient que des émanations des banques françaises à savoir : La Société Générale, la BIAO de Paris, la Banque Nationale de Paris (BNP) et du Crédit Lyonnais (CL)

66

système bancaire, collectant plus de 80% des dépôts et distribuant près de 90% des crédits. En réalité, toutes ces banques n'auront véritablement leurs agréments qu'après « l'ambitieuse réforme » du système bancaire camerounais de 1973.

Dès 1970, une nouvelle banque est venue s'ajouter au paysage bancaire camerounais, La Cameroon Bank Limited (CAMBANK) dont le capital était entièrement détenu par les intérêts publics camerounais. En 1971, le Cameroun comptait 5 banques commerciales61 parmi lesquels les 4/5 étaient détenus par les intérêts français et 47 agences dont 8 pour la CAMBANK. Le 30 Août 1973, une réforme est venue bouleverser le paysage bancaire camerounais. Cette réforme, au-delà de l'implication des nationaux dans le domaine financier, prévoyait la possibilité d'une ouverture des banques étrangères non françaises dans le système bancaire. Pourtant, jusqu'en 1978, le paysage bancaire n'a pas beaucoup évolué, hormis la multiplication d'agences commerciales des banques existantes sur le territoire national qui sont passées de 47 à 103. Cependant, en 1976, on note la création d'une banque d'Etat orientée vers le financement du développement : La Banque Camerounaise de Développement (BCD).

Au début des années 80, le paysage bancaire a connu une entrée des banques anglo-saxonnes pour la plupart américaines. Il s'agit de la Chase Bank Cameroon (CBC) créée en 1979 ; la Boston Bank Cameroon (BBC) en 1980 ; la Bank of America Cameroon (BAC) ; la Standard Chartered Bank Cameroon (SCBC) en 1981 ; et la Bank of Credit and Commerce (BBC) en 1983. L'installation de ces banques a entraîné un accroissement rapide des agences bancaires. Le nombre d'agences est passé de 103 à 145 en 1984. A cette période, le Cameroun comptait alors 11 banques commerciales et 2 banques de développement62.

En dehors de la CAMBANK et la Banque Unie de Crédit (BUC) dont le capital était entièrement détenu par des camerounais, la participation de l'Etat au capital social des banques atteignait les 67%. Ainsi, dans la plupart des cas, l'Etat était actionnaire principal. Le gouvernement était omniprésent dans les processus de décision au sein des banques, directement ou par le biais des entreprises publiques qu'il contrôlait. Indépendamment de la présence du financement extérieur, le gouvernement a souhaité contrôler la distribution du crédit interne dans le but de mieux planifier les investissements dans des secteurs ciblés. Cette

61 La SCB était la plus importante au regard du montant du capital (5 Milliards de FCFA), et la BICIC la plus importante en terme de crédits distribués (plus de 180 Milliards de FCFA) et de dépôts collectés (125 Milliards de FCFA)

62 La BDC et le Fonds National de Développement Rural (FONADER)

67

politique d'encadrement de crédit s'est malheureusement traduite par le non-respect des normes de prudence.

Durant les années 70, l'exploitation pétrolière a doté le pays de ressources importantes et engendré un gonflement des ressources bancaires. Les établissements de crédit se sont alors lancés vers une distribution généreuse et incontrôlée des crédits à l'économie pour le financement des projets jugés « rentables pour les locaux ». Par exemple, le volume de financements accordés aux projets s'est accru d'environ 374,13% entre 1976 et 1977. Durant cette même période, le montant des garanties s'est accru de 352,4%. Dans cette lancée, sans que des études sérieuses visant à mesurer le degré d'élasticité de l'investissement par rapport au taux d'intérêt des prêts bancaires aient été menées au préalable, les banques ont orienté leur intervention vers les financements courts au détriment des financements longs. Cette préférence marquée pour les financements à court terme était essentiellement conditionnée par les projets axés vers les produits de base et le commerce de distribution. On assistait alors à un renouvellement des prêts courts pour financer des investissements longs. Or le développement exige aussi et surtout des financements à long terme.

Graphique 3 : Rythme de progression des crédits au secteur privé de 1960 à 2005

Source : Indicateurs de la Banque Mondiale (2007)

Etant donné les facilités d'obtention de financements, la progression des crédits au secteur privé (en pourcentage du PIB) est passée de 14,20% en 1970 à 24,53% en 1977, pour se situer à 3,24% en 1982 (voir Graphique 3).

68

Il convient de relever que la plupart des crédits octroyés n'étaient pas toujours remboursés. Evalué à 5,6 milliards de FCFA en 1980, le montant des créances douteuses a atteint 38 milliards de FCFA au plus fort de la crise bancaire. Quoiqu'à partir de 1982 déjà, les banques accumulaient des pertes dues à la mauvaise gestion et à la fraude, l'Etat les soutenait en alimentant le système bancaire de ses ressources pétrolières.

La surveillance et la sanction des banques dépendaient du Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI) et, comme l'Etat avait des intérêts dans la plupart des banques, la réglementation prudentielle était peu appliquée, aucune règle juridique sérieuse permettant de poursuivre les débiteurs indélicats n'ayant cours. De ce fait, la crise bancaire était presque inévitable.

2 : Les crises bancaires des années 80-90

La première crise bancaire qui va secouer l'ensemble du système économique et financier s'est manifestée au milieu des années 80 et à travers au moins cinq facteurs : les défauts de paiement, les créances douteuses, la suspension des découverts, les pertes financières des agents économiques du fait de l'illiquidité des banques, et les faillites (fermetures d'agences ou de certaines banques).

A la fin des années 80, la situation du secteur bancaire camerounais était donc très critique. Par exemple, en 1988, la plupart des banques affichaient un résultat négatif et une situation de fonds propres tout aussi négative (voir tableau 3). La SCB et la CAMBANK ont été les premières à faire faillite en 1988 (tableau 3). Elles ont été suivies respectivement par la BMBC et la BCC en 1991, la BICIC en 1995. Mais l'un des faits majeurs a été le retrait rapide des succursales des banques américaines dès 1985 (CBC, BBC, BAC). De nombreuses autres banques ont aussi connu des difficultés. Il s'agit entre autres de la BCD, de la Banque de Paris et des Pays bas Cameroun (Parisbas-Cam), de la First Investment Bank (FIB), du Crédit Agricole du Cameroun (CAC), pour ne citer que quelques cas. Pour la seule année 1989, quatre établissements bancaires (SCB, BIAO, BCD, et CAMBANK) parmi les plus importants du pays ont déposé leur bilan. La perte pour l'ensemble du secteur se chiffrait à près de 700 milliards de FCFA en bilan cumulé, soit un peu plus de 40% du total des bilans bancaires qui était estimé

69

à l'époque à 1520 milliards de FCFA63. Par la suite, la perte atteindra le chiffre record de 52,884 milliards en 1990 et 50 milliards au cours de la première moitié de 1995. Cette situation traduit à elle seule la profondeur du mal, dans un pays qui comptait à l'époque 15 banques.

Tableau 3 : état de quelques banques commerciales en 1988 (en milliards de FCFA)

Banque

Résultat 1987/1988

Situation nette des fonds
propres au 30 Juin 1988

Groupe des banques déficitaires

SCB

-11

-130,3

BCD

-4

-37,9

CAMBANK

-4

-56,3

Paribas Cameroun

-4,2

-39,0

Total

-23,2

-264

Groupe des banques préoccupantes

BIAOC

-1,7

-10,2

SGBC

-1,8

-13,2

CBC

-0,4

-3,5

IBAC

-0,4

-0,9

Méridien Bank

-0,4

+0,7

Total

-4,7

-27,1

Groupe de banques saines

BICIC

1,8

-6,9

BCCC

2,7

-

Total

4,7

-6,9

Source : Rapport de la société d'ingénierie bancaire internationale

Tableau 4 : Situation des banques au cours des années 80 et 90

Banque

Situation en fin des années 80

Situation en fin des années 90

SCB

En faillite en 1988 et liquidée en

1989

Est devenue la SCB-Crédit
Lyonnais

BICIC

En restructuration

Est devenue la BICEC en 1977
avec la banque Populaire

SGBC

En restructuration

En restructuration

BIAOC

En faillite et reprise en 1991
Encore en faillite en 1995

Reprise par la Meridian Bank
Cameroon en 1991

CAMBANK

En faillite en 1988 et liquidée

-

Chase Bank

Fermée en 1985

 

Boston Bank

Fermée en 1985

 

Paribas Cameroun

En faillite en 1989

 

BCCC

Fermée en 1991

Reprise par la Standard Chartered
Bank en 1991

Bank of America

Fermée en 1985

Est devenue l'IBAC avec des
intérêts camerounais

BCD

En faillite et liquidée en 1989

 

Source : Rapports annuels du Conseil National du Crédit du Cameroun

63 Voir : Rentabilité consolidé du secteur bancaire dans les différents rapports National du Crédit et les documents de la BEAC (Direction de la Recherche et de la Prévision)

70

L'examen des données relatives au secteur bancaire laisse croire que la crise bancaire de la fin des années 80 était une crise financière au sens des monétaristes car celle-ci était caractérisée par la contraction de l'offre de monnaie. Après avoir subi une augmentation régulière de 1970 à 1985, la masse monétaire a connu une baisse de 1986 à 1987 et la situation monétaire a commencé à fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992. La contraction monétaire de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en circulation et de la monnaie divisionnaire. Avec l'avènement de la crise bancaire, les crédits alloués au secteur privé ont commencé à baisser au début des années 80. Cette baisse va même s'accentuer courant 1990 (voir graphique 3).

En fait, déjà en 1984, on a observé une substitution entre billets et dépôts. Cette substitution a donné lieu à une hausse sensible du ratio billets/dépôts à vue entre 1984 et 1990. La crise de confiance des clients met en relief le début du retrait progressif de leurs avoirs des banques et l'accentuation de la baisse observée des dépôts (tableau 5). La réduction des dépôts s'est faite sans distinction, aussi bien dans les banques solvables que dans les banques insolvables. Face à l'ampleur du marasme, l'Etat a essayé de camoufler la baisse des dépôts privés des banques en augmentant substantiellement ses propres dépôts. La situation dégradante et progressive caractérisée par une sortie massive des capitaux a annulé l'effet de camouflage des difficultés financières du pays.

Tableau 5 : Evolution des dépôts (en milliards de FCFA) dans les banques de 1984 et 1990

Banque

1984/85

1985/86

1986/87

1987/88

1988/89

1989/90

BIAOC

15,54

-19,89

-5,93

-4,83

-26,15

-20,11

BCCC

15,18

-10,45

36,62

24,18

-19,24

5,09

BICIC

-2,88

35,95

-11,05

30,71

6,52

-40,97

CAMBANK

7,57

-2,69

1,69

-

-

-

IBAC

-9,99

70,74

-20,54

-12,93

53,24

-26,77

MBC

30,13

-44,11

0,26

4,03

-1,97

-9,57

SCB

-26,20

-9,25

-3,77

-10,86

1,46

22,06

SGBC

30,09

14,13

37,94

-12,54

-5,34

-7,14

Source : études statistiques de la BEAC

71

SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU CAMEROUN

Depuis les réformes entreprises en 1990 et visant le renforcement de l'intégration sous régionale en Afrique Centrale, les règles d'accès et d'exercice de l'activité bancaire ainsi que sa supervision ont été harmonisées par la convention du 16 Octobre 1990 portant création d'une Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, complétée par la Convention du 17 Janvier 1992 portant Harmonisation de la Réglementation Bancaire dans les Etats de l'Afrique Centrale.

En matière d'agrément des établissements de crédit, la Convention du 17 Janvier 1992 stipule en son article 12 que « l'exercice, par les organismes de droit local et par les succursales d'établissements ayant leur siège à l'étranger, de l'activité d'établissement de crédit [...] est subordonnée à l'agrément de l'Autorité Monétaire, prononcé sur avis conforme de la Commission Bancaire ».

En ce qui concerne leurs dirigeants et commissaires aux comptes, elle stipule en son article 18, que « les établissements de crédit dont le siège social est à l'étranger désignent deux personnes au moins auxquelles ils confient la direction effective de leur succursale sur le territoire de l'Etat signataire concerné ». Ces dirigeants doivent être agréés dans les conditions prévues à l'article 20 qui stipule que « l'agrément des dirigeants [...] est prononcé par arrêté pris par l'Autorité Monétaire sur avis conforme de la Commission Bancaire ».

Par conséquent, les compétences sont partagées entre les autorités nationales et sous régionales. C'est l'Autorité Monétaire de chaque pays qui délivre l'agrément pour l'établissement de crédit, pour ses dirigeants et ses commissaires aux comptes ; mais aucune banque ou établissement financier ne peut s'implanter dans un pays membre de la CEMAC et aucun dirigeant ou commissaire aux comptes ne peut exercer dans un établissement de crédit sans l'avis conforme de a COBAC.

A : LES CONDITIONS DE FORME

Ces dispositions sont régis par le Règlement COBAC R-2009/02 portant fixation des catégories des établissements de crédit, de leur forme juridique et des activités.

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1 : La forme sociale et les types d'établissement

Les banques au Cameroun ont une forme juridique bien précise et ont le choix de l'orientation de leur activité suivant le type d'établissement choisi.

1.1 La forme juridique

L'article 7 du Règlement COBAC R-2009/02 dispose que : « Un établissement de crédit est obligatoirement constitué sous forme juridique d'une société anonyme avec conseil d'administration, au sens de l'Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du Groupement d'Intérêts Economique, à l'exception des succursales d'établissements de crédit ayant leur siège à l'étranger ». Cette disposition s'est substituée à l'article 16 de convention du 17 Janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire en Afrique Centrale qui disposait que « Les établissements de crédit sont obligatoirement constituées sous forme de personne morale à l'exception des succursales d'établissements de crédit ayant leur siège à l'étranger ». A cet effet, la société anonyme avec conseil d'administration est la forme juridique possible d'exercice de l'activité bancaire dans la zone CEMAC.

La forme de société anonyme imposée aux établissements de crédit produit des conséquences sur la gestion et surtout le contrôle de ces établissements s'agissant par exemple du nombre de commissaires aux comptes sous réserve toutefois de la compatibilité de ces mesures avec les règles de contrôle de gestion qui leur sont propres64.

Il convient de signaler que la forme de société anonyme n'est pas propre aux établissements de crédit. Elle est imposée aussi à d'autres catégories de structures bancaires. Ainsi, les établissements de microfinance, en particulier ceux de deuxième catégorie doivent être également constitués sous forme de société anonyme65. Mais la réglementation ne leur impose pas un mode d'administration.

Par ailleurs, il convient de souligner le maintien d'une exception dans la forme juridique des banques au Cameroun : c'est le cas des succursales des établissements étrangers. En effet, aux termes de l'article 7 du Règlement COBAC R-2009/02 in fine, la constitution de

64 Différents règlements COBAC imposent un certain nombre de règles propres aux établissements de crédit en ce qui concerne leur gestion et leur contrôle. Cf COBAC, Recueil des textes relatifs à l'exercice des activités bancaires et financières, Edition 2008, préc.

65 Voir Règlement EMF 2002/21 du 15 Avril 2002 relatif aux formes juridiques à chaque catégorie d'EMF

73

l'établissement de crédit sous forme de société anonyme ne concerne pas les succursales des établissements de crédit ayant leur siège à l'étranger. Cette exception était déjà prévue par l'article 16 de la convention du 17 Janvier 1992.

La notion d'établissements étrangers se déduit à contrario du champ d'application de la législation bancaire qui est applicable à l'ensemble des établissements de crédit ayant leur siège social sur le territoire de la CEMAC. Aussi, les établissements ayant leur siège dans un des Etats de la zone bénéficient du système de l'agrément unique institué par le Règlement n°01/00/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 Novembre 2000 portant institution de l'agrément unique des établissements de crédit dans la CEMAC. Dès lors que l'établissement de crédit est considéré comme établissement étranger, il bénéficie d'un régime dérogatoire quant au choix de la forme sociale. Il peut dans ce cas exercer les activités bancaires dans l'un des Etats membres de la CEMAC soit à travers des filiales, soit à travers des succursales. Ces filiales et succursales pourront être constituées sous toutes les formes sociales possibles sans prendre obligatoirement la forme de société anonyme.

1.2 Les types d'établissements

L'article 8 du règlement R-2009/02 portant fixation des catégories des établissements de crédit dispose : « les établissements de crédit sont agréés en qualité de banque universelles, banques spécialisées, établissements financiers ou sociétés financières. Il en résulte qu'il y a quatre catégories d'établissements de crédit au Cameroun. Pourtant, à la lecture des articles 9 à 12, il apparaît que les établissements de crédit relèvent de deux principales catégories à savoir, les établissements bancaires et les établissements financiers.

La banque universelle : Elle est habilitée à effectuer sans aucune limitation, toutes les opérations de banque c'est-à-dire celles énumérées à l'article 1er : réception de fonds du public, octroi de crédits, délivrance de garanties, mise à la disposition et gestion des moyens de paiement ; toutes les opérations connexes aux opérations de banque : change, opérations sur métaux, or et pièces, locations de coffre-fort, opérations relatives aux valeurs mobilières et produits financiers, conseil et assistance en matière de gestion de patrimoine, opérations de locations simples de biens mobiliers ou immobiliers, les opérations non bancaires. Il résulte de cette énumération que l'établissement bancaire a une compétence quasiment illimitée à l'image de la banque dans la loi camerounaise de 1990.

74

La banque spécialisée : Autant la compétence de l'établissement bancaire est large, presque illimitée, autant celle de la banque spécialisée est en principe limitée mais elle a du mal à être perçue. Les dispositions de l'article 10 du Règlement R 2009/02 ne sont pas suffisamment explicites à cet effet. Cet article dispose que « les banques spécialisées se distinguent par le caractère spécifique ou restrictif de leur champ d'activité. Elles réalisent les opérations de banque dans la limite de la décision d'agrément qui les concerne ou des dispositions statutaires, législatives et réglementaires qui leur sont propres dans le respect des prescriptions communes de la réglementation bancaire ».

Les sociétés financières : Elles se caractérisent par deux éléments, à savoir, leur mode de financement et la nature des opérations qu'elles peuvent accomplir66. S'agissant de leur mode de financement, l'article 11 du Règlement R 2009/02 en tirant les conséquences de l'interdiction qui leur est faite de recevoir des fonds du public dispose clairement qu' « elles assurent le financement de leur activité par leurs capitaux propres, des emprunts auprès des autres établissements de crédit, sur les marchés de capitaux ou toute autre voie non contraire à la loi ». La nature des opérations qu'elles peuvent accomplir est par contre, un peu plus vague ; l'alinéa 2 de l'article 11 énonce que les sociétés financières « réalisent les opérations de banque résultant de la décision d'agrément qui les concerne ou des dispositions statutaires, législatives et réglementaires qui leur sont propres ». Les sociétés financières sont généralement constituées de « filiales de groupes bancaires ou d'entreprises commerciales » qui s'investissent dans diverses activités telle que le crédit-bail et les opérations assimilées, l'affacturage, l'octroi des garanties.

Les institutions financières spécialisées : Elles se caractérisent par un seul élément : l'accomplissement d'une mission d'intérêt public décidée par l'autorité nationale ; C'est le cas de la Société Nationale d'Investissement (SNI). Leurs modalités de financement et les opérations qu'elles peuvent accomplir sont définies par des textes législatifs particuliers. La création des institutions financières spécialisées relève donc de l'initiative des autorités nationales des différents pays.

66 Ces critères sont quasiment identiques à ceux de la définition retenue en droit français où l'article L.551-1 du code monétaire et financier prévoit que les sociétés financières ne peuvent recevoir des fonds à vue ou à moins de deux ans et ne peuvent effectuer que les opérations de banque résultant de leur décision d'agrément.

75

2 : Le capital social et la qualité des dirigeants

Les dispositions régissant le capital social des banques au Cameroun sont prévues dans le Règlement COBAC R-2009/01 portant fixation du capital social minimum des établissements de crédit.

2.1 Le capital social

L'article 1 du Règlement COBAC R-2009/01 énonce que : « Les établissements bancaires ayant leur siège social sur le territoire de la CEMAC doivent disposer d'un capital social minimum égal à 10 milliards de FCFA », et son article 4, il est précisé que : « Les établissements de crédit de la CEMAC en activité avant l'entrée en vigueur du présent règlement bénéficient d'une période transitoire de cinq ans à compter du 1er Juin 2009 pour s'y conformer ». Par conséquent depuis le 1er Juin 2014, toutes les banques exerçant au Cameroun et en zone CEMAC doivent disposer d'un capital social minimum de 10 milliards de FCFA.

2.2 La qualité des dirigeants

Les fonctions d'encadrements de haut niveau, c'est à dire celles qui donnent à leur titulaire le pouvoir de prendre des décisions engageant l'établissement et qui l'habilitent à diriger et orienter les activités de ses entités, sont exercées par le Directeur Général, le Directeur Général Adjoint et les chefs de départements. Ces dirigeants sont assistés par des commissaires aux comptes.

L'article 24 du Règlement COAC R-2016/01 énonce que : « Les fonctions de Directeur Général et de Directeur Général Adjoint d'un établissement de crédit sont incompatibles avec l'exercice de la fonction de mandataire social ou de tout emploi salarié dans une entité autre que ledit établissement ». Par ailleurs, l'article 26 du Règlement stipule que : « Les commissaires aux comptes des établissements de crédit peuvent être des personnes physiques experts comptables ou des personnes morales sociétés d'expertise comptable ». Aussi, les dirigeants et commissaires aux comptes des banques doivent remplir aux critères académiques et professionnels prévus par ce règlement.

76

B : LES CONDITIONS D'AGREMENT

Tout établissement de crédit désireux exercer au Cameroun doit au préalable disposer d'un agrément accordé par les autorités monétaires, en l'occurrence le Ministère des finances. L'obtention de l'agrément obéit à certaines conditions ; toutefois, une fois l'agrément obtenu il peut être retiré dans certaines circonstances.

1 : Demande et obtention de l'agrément

L'article 2 du Règlement COBAC R-2016/01 relatif aux conditions et modalités de délivrance des agréments des établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes, énonce que : « La demande d'agrément en qualité d'établissement de crédit est adressée à l'autorité monétaire contre récépissé. Aux fins d'information, une copie de ladite demande accompagnée du récépissé est transmise par le requérant, à la Commission Bancaire ». La demande d'agrément doit préciser la catégorie d'établissement de crédit pour laquelle le requérant postule et être accompagné d'un dossier complet dont la composition est la suivante :

- Une fiche comportant des renseignements généraux sur l'établissement de crédit,

conforme au modèle défini par instruction de la COBAC ;

- Une expédition notariée des statuts de l'établissement de crédit ;

- Une expédition notariée du procès-verbal de l'assemblée générale constitutive ;

- La liste des actionnaires, détaillant pour chacun d'eux, le nombre d'actions détenues, la

valeur nominale des actions, les actions libérées, le pourcentage de participation

correspondant et l'équivalence en droits de vote ;

- Les éléments d'information sur les actionnaires fixés par les articles 7 et 867 ;

- La déclaration notariée de souscription et de versement du capital social

- Le rapport du commissaire aux apports pour tout apport en nature

- Le relevé de compte bancaire ayant reçu le capital libéré

- La composition prévisionnelle du conseil d'administration, en distinguant les

administrateurs exécutifs, les administrateurs non-exécutifs et les administrateurs

indépendants ;

67 Règlement COBAC R-2016/01 relatif aux conditions et modalités de délivrance des agréments des établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes

77

- Les éléments d'information sur les personnes pressentis à la fonction d'administrateur ; - Les éléments d'information sur les personnes pressenties pour la fonction de Directeur Général et de Directeur Général Adjoint ;

- La liste et la composition des comités spécialisés qui seront institués au sein du conseil d'administration et leurs attributions respectives ;

- La liste de composition des comités spécialisés destinés à assister la Direction Générale

dans la gestion courante de l'établissement de crédit et leurs attributions respectives ; - L'organigramme prévisionnel comprenant les informations définies à l'article 1668 ;

- Le plan d'affaire prévisionnel sur cinq exercices comportant notamment la description

du projet, l'analyse stratégique du marché, la stratégie commerciale, les prévisions

d'organisation et d'implantation et les projections financières ;

- Le détail des moyens techniques, financiers et humains qui seront mis en oeuvre ; - Les bilans et coptes de résultat prévisionnels sur cinq ans ;

- Les projets des manuels de procédures concernant notamment le dispositif de contrôle interne, la gestion des risques, la gestion du système d'information, le plan de continuité d'activité, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, le suivi des opérations externalisées et la charte du gouvernement d'entreprise ;

- Les prévisions d'évolution des effectifs (nationaux et expatriés)

- Le contrat d'assistance technique avec un partenaire de référence, le cas échéant ;

- L'attestation portant l'accord préalable ou la lettre de non-objection de l'autorité de supervision du pays d'origine, le cas échéant.

Une fois le dossier constitué, il est transmis par le MINFI à la COBAC pour avis conforme. A compter de la date de réception du dossier complet, la COBAC dispose d'un délai de six mois pour statuer et notifier sa décision au MINFI. L'absence de décision à l'expiration de ce délai vaut avis conforme69.

L'agrément est délivré par arrêté de l'Autorité Monétaire avec copie au requérant, à la Commission Bancaire, à la Direction Nationale de BEAC et au Conseil National du Crédit. L'arrêté d'agrément précise la catégorie dans laquelle est classé l'établissement de crédit ainsi que les opérations de banque qui lui sont autorisées. Cet arrêté est publié au journal officiel et

68 Règlement COBAC R-2016/01 Op. Cit.

69 Article 8 du Règlement n°02/15/CEMAC/UMAC/COBAC modifiant et complétant certaines conditions relatives à l'exercice de la profession bancaire dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

78

dans au moins un des principaux organes de presse de l'Etat membre concerné, aux frais du requérant. La décision de refus d'agrément est notifiée par l'Autorité Monétaire au requérant avec copie à la COBAC.

2 : Le retrait de l'agrément

Dans certaines conditions, une banque exerçant au Cameroun peut se voir retirer son agrément par les Autorités Monétaires. Le retrait de l'agrément peut émaner de l'établissement de crédit concerné dans le cas par exemple d'une cessation d'activités ou d'une délocalisation ; il peut également émaner des Autorités Monétaires ou de la COBAC.

Quand il est prononcé par les l'Autorité Monétaire sur sa propre initiative ou à la demande de la COBAC, le retrait de l'agrément des établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes, intervient d'office lorsque, notamment70,

- L'établissement de crédit n'a pas fait usage de son agrément dans un délai de douze mois à compter de sa délivrance ;

- L'établissement de crédit n'exerce plus son activité depuis au moins six mois ;

- Lorsque l'établissement de crédit, le dirigeant ou le commissaire aux comptes ne remplit plus les conditions au vu desquelles l'agrément a été délivré ;

- Il est établi que les informations sur la base desquelles l'agrément a été délivré sont fausses ou inexactes.

Il est également important de préciser que le retrait d'agrément peut être prononcé à titre de sanction disciplinaire par la COBAC, conformément aux dispositions de l'Article 13 de la convention du 16 Octobre 1990 portant création d'une Commission Bancaire de l'Afrique Centrale71.

70 Article 38 du Règlement n°02/15/CEMAC/UMAC/COBAC modifiant et complétant certaines conditions relatives à l'exercice de la profession bancaire dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

71 L'article 13 de ladite convention stipule en effet que si un établissement de crédit n'a pas déféré à une injonction ou n'a pas tenu compte d'une mise en garde, ou a enfreint gravement la réglementation, la Commission Bancaire peut prononcer une ou plusieurs sanctions disciplinaires suivantes : avertissement ; blâme ; interdiction d'effectuer certaines opérations ou toutes autres limitations dans l'exercice des activités ; la révocation du ou des commissaires aux comptes ; la suspension ou la démission d'office du ou des dirigeants responsables ; le retrait de l'agrément.

79

CHAPITRE IV : EVALUATION ET APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES

BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Depuis le début des années 2000 qui coïncide avec la restructuration du secteur bancaire menée sous les auspices de la COBAC, on note une réelle implication des institutions financières camerounaises et africaines dans le financement de l'économie camerounaise. S'il est vrai que les banques françaises occupent les deux premières places en termes de portefeuille d'actifs, il est clair que la présence des banques africaines est très significative, puisqu'à nos jours, elles constituent la majorité des intervenants du secteur bancaire ayant reçu l'agrément de la COBAC et de l'Autorité Monétaire nationale.

Les banques africaines présentes au Cameroun sont pour l'essentiel des filiales des banques panafricaines et multirégionales. Ces dernières sont les principaux artisans de la forte croissance que connait le secteur bancaire africain. En effet, le secteur bancaire africain est le plus rentable au monde ; pourtant, les investisseurs étrangers ont jusqu'ici montré peu d'intérêt pour ce marché. Hormis les banques européennes traditionnelles dont les parts de marché s'effritent et quelques rares banques des pays émergents, les seuls acteurs du développement du secteur bancaire africain sont africains.

Dès lors, les BA enregistrent de bons résultats dans plusieurs régions du continent, et il importe pour nous, de nous attarder sur leur performance au sein du secteur bancaire camerounais dans lequel elles exercent pour certaines. Pour ce faire, nous présenterons d'abord une évaluation de cette performance, ensuite nous porterons une appréciation dans l'optique d'en déceler les entraves et de faire des suggestions pour une performance optimale.

SECTION I : EVALUATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Comme nous l'avons montré au Chapitre I de cette étude, la performance d'une banque peut s'apprécier suivant une approche financière d'une part, ou une approche non financière d'autre part. La performance financière d'une banque s'évalue à travers certains indicateurs, notamment la rentabilité économique et financière (ROE et ROA), le taux de rendement des titres (TRT), le taux de rendement interne (TRI), le coefficient RAROC, et le coefficient

80

d'exploitation (CE). La performance non financière quant à elle s'évalue à travers l'efficacité organisationnelle et la satisfaction de la clientèle.

Dans cette section, nous évaluerons principalement la rentabilité des BA et la satisfaction de leur clientèle ; mais au préalable, il convient de présenter les banques faisant objet de notre étude.

A : LES BANQUES AFRICAINES EN ACTIVITE AU CAMEROUN

Les BA en activité au Cameroun sont de deux groupes : D'un côté les BA panafricains, et d'un autre côté les BA multirégionales.

1 : Les banques africaines panafricaines

Les banques panafricaines sont des banques disposant d'implantations dans plus de deux espaces économiques distincts, et plus généralement sur l'ensemble du continent ; Au Cameroun, on distingue Ecobank, SCB (Groupe Attijariwafa) et United Bank of Africa.

1.1 : Ecobank Cameroun

Ecobank Cameroun est une filiale de Ecobank Transnational Incorporated (ETI), une holding bancaire créée en 1985, au Togo et dont la principale activité est la prestation des services bancaires et financiers par le biais de ses filiales. Elle jouit d'un statut spécial en matière fiscale, juridique et contrôle de change grâce à un accord de siège avec le gouvernement du Togo.

Les implantations d'Ecobank en Afrique sont regroupées en zones géographiques en fonction de la taille et de caractéristiques communes telles que l`existence d'une monnaie commune ou l'appartenance à une communauté régionale. Au sein de ces zones, Ecobank est structurée comme un réseau de filiales bancaires soumises aux réglementations locales. En 2014, le groupe ETI était présent dans 36 pays d'Afrique et disposait de bureaux à Paris, Londres, Dubaï, et Pékin. Il disposait de 1 265 agences et bureaux ; 2 690 Distributeurs

81

Automatiques de Billets (DAB) ; 11 millions de clients ; et 20 331 collaborateurs ; le groupe est coté sur les bourses de Lagos, Accra et Abidjan (BRVM)72.

Ecobank Cameroun (ECM) a été créé en 2001, celle-ci représente la 12ème filiale du groupe ETI. La filiale camerounaise est détenue à 79,8% par ETI et à 20,2% par des actionnaires locaux73 privés et institutionnels. ECM compte 22 agences et 08 Cash points avec 374 employés en 2013, et se positionne de ce fait comme un acteur majeur du secteur bancaire camerounais.

Tableau 6 : Fiche signalétique d'Ecobank Cameroun au 31 Décembre 2014

Nom de la Banque

ECOBANK CAMEROUN (EBC)

Logo

 
 

Code Banque

10029

Coordonnées

Tel : (237) 343 43 82 50 / 343 43 82 51 / 343 43 84 89 Fax : (237) 343 43 86 09 / 343 43 84 87

BP : 582 Douala

E-mail : ecobankcm@ecobank.com

Site web : www.ecobank.com

Dirigeants agrées

PCA : Martin FONCHA

DG : Mamadou Moustapha FALL

DGA: COUMBA SIDIBE épse TOURE Commissaire aux comptes: PRICEWATERHOUSECOOPERS; ECA (Experts Comptables Associés)

Effectif du personnel

374

Nombre d'agences

28

Nombre de DAB

58

Capital social (en millions FCFA)

10 000

Répartition du capital (en pourcentage)

Ecobank Transnational Incorporated : 79,85%

La citoyenne Assurances : 2%

Axa Assurances : 2%

Fotso André : 5,35%

Autres : 10,85%

Etablissements de crédit associés (CEMAC)

ECOBANK RCA ECOBANK TCD ECOBANK COG ECOBANK GAB ECOBANK GEQ

Source : l'auteur, à partir des données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la banque

72 Groupe Ecobank, Rapport annuel 2014

73 BEAC, Liste des banques agréées au Cameroun au 28 Octobre 2014

82

1.2 : La Société Commerciale de Banque (Groupe Attijariwaffa)

SCB Cameroun est la filiale du groupe bancaire marocain Attijariwafa bank, premier groupe bancaire et financier du Maghreb avec plus de 4,6 millions de clients et 16 716 collaborateurs. Le groupe Attijariwafa est une multinationale panafricaine avec pour principales activités les services bancaires, mais également l'assurance, le crédit immobilier, le leasing, la gestion d'actifs, l'intermédiation boursière, le conseil, la location longue durée, le factoring, etc...

Attijariwafa bank est basé au Maroc et opère dans 23 pays en Afrique (Tunisie, Sénégal, Mali, Côte d'ivoire, Gabon, Congo, Cameroun, Guinée Bisau, Burkina Faso) et en Europe (France, Belgique, Allemagne, Pays bas, Italie et Espagne) à travers des filiales bancaires contrôlées majoritairement par le groupe et à Abu Dhabi, Dubai, Londres, Riyad, Shangai, Mauritanie, et Tripoli à travers des bureaux de représentation. En fin 2014, le groupe comptait 3 331 agences, dont 3 258 en Afrique, ce qui fait de lui le premier réseau bancaire panafricain74.

SCB Cameroun est en quelque sorte le symbole de l'héritage bancaire de l'Etat du Cameroun. En effet, tout part de l'an 1945 avec l'arrivée au Cameroun du groupe Crédit Lyonnais. En 1962, l'Etat camerounais a pris des parts dans les succursales du groupe français, cela a abouti à la création de la Société Camerounaise de Banque (SCB). En 1973, la SCB connaît une mutation importante ; l'Etat camerounais devient l'actionnaire majoritaire avec 81,25% du capital. Au milieu des années 80, la crise bancaire frappe le pays et en 1989 la SCB fait faillite ; L'Etat camerounais et l'actionnaire français décident conjointement d'une scission-dissolution de la banque. Ainsi, en Août 1989, La Société Camerounaise de Banque Crédit Lyonnais Cameroun (SCB-CLC) voit le jour. Elle dispose d'un capital social de 6 milliards de FCFA répartis entre l'Etat camerounais (35%) et le Crédit Lyonnais (65%). Le 1er Janvier 2002, la SCB-CLC devient Crédit Lyonnais Cameroun (CLC), et couvre 7 régions sur 10 avec 17 agences dans 9 villes et un effectif d'environ 500 employés.

En Décembre 2005, le groupe Crédit Agricole (CA) rachète les parts de l'actionnaire majoritaire CLC, la banque change à nouveau de dénomination pour devenir Société Commerciale de Banque Cameroun (SCB Cameroun), mais l'activité n'a pas changé (cette dernière étant intégrée dans le groupe Crédit Agricole SA depuis 2003).

74 Attijariwafa Bank, Rapport annuel et de responsabilité sociale, 2014

83

Le 8 Avril 2011, Le conseil d'Administration prend acte du rachat de 51% des actions de l'entreprise par le premier groupe bancaire d'Afrique du Nord : Attijariwafa bank. Désormais, la banque est codétenue par l'Etat du Cameroun (49%) et le groupe Attijariwafa (51%). Elle compte au 31 Décembre 2014 près 50 agences dans les 10 régions du pays, 180 000 clients et environ 600 collaborateurs, ce qui fait d'elle le premier réseau bancaire du pays.

Tableau 7 : Fiche signalétique de SCB Cameroun au 31 Décembre 2014

Nom de la Banque

Société Commerciale de Banque Cameroun (SCB Cameroun)

Logo

 
 

Code Banque

10002

Coordonnées

Tel : (237) 343 43 54 13 / 343 43 54 02/ 343 42 54 00 Fax : (237) 343 43 54 12 / 343 43 54 13

BP : 700 Yaoundé

E-mail : Scb.Cameroun@scbcameroun.com

Site web : www.scbcameroun.net

Dirigeants agrées

PCA : Martin Aristide OKOUDA

DG : Jamal AHIZOUNE

DGA: Victor MENYE

Commissaire aux comptes: ECA-ERNEST&YOUNG CAMEROUN ; DELOITTE & TOUCHE AFRIQUE CENTRALE

Effectif du personnel

575

Nombre d'agences

50

Nombre de DAB

100

Capital social (en millions FCFA)

10 000

Répartition du capital (en pourcentage)

Attijariwafa bank : 51% Etat du Cameroun : 49%

Etablissements de crédit associés (CEMAC)

UGB CDCO

Source : l'auteur, à partir des données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la banque

1.3 : United Bank for Africa (UBA Cameroun)

UBA Cameroun est une filiale d'UBA Plc, un groupe bancaire nigérian opérant dans 19 pays africains, aux Royaumes Unis, aux Etats Unis et en France. Les origines d'UBA Plc remontent à 1949, sous la dénomination de British and French Bank Limited (BFB). UBA avait repris les actifs et passifs de la BFB, et fut immatriculée comme société anonyme le 23 Février 1961 ; elle fut à cet effet la première banque nigériane à effectuer une Offre Publique Initiale (OPI), suite à son introduction à la bourse du Nigéria en 1970 ; c'est également la première banque nigériane à émettre des Certificats Globaux de Dépôts (GDRs).

84

En 2005, UBA Plc réalisa l'une des plus importantes fusions de l'histoire du marché des capitaux au Nigéria, à travers le rapprochement avec la Standard Trust Bank (STB) Plc. Depuis lors, elle a commencé sa stratégie d'expansion panafricaine, qui a abouti à sa présence dans les pays suivants : Ghana, Bénin, Côte d'ivoire, Burkina Faso, Guinée, Tchad, Cameroun, Kenya, Gabon, Tanzanie, Zambie, Ouganda, Libéria, Sierra Léone, Mozambique, Sénégal, République Démocratique du Congo, et Congo Brazzaville. UBA est également présente aux Etats Unis, Royaumes Unis et en France. La banque offre des services bancaires, financiers et de dépositaire de fonds de pension. Elle dispose d'un marché de plus de 8 millions de clients répartis sur plusieurs segments de marché, notamment les particuliers, les entreprises et les institutions. En fin Décembre 2014 UBA Plc comptait près 12 700 employés, 605 agences et points de services, 1 738 guichets automatiques de banques et 13 452 terminaux de paiement électronique75.

C'est depuis 2008 qu'UBA Plc s'est installée au Cameroun. Dès lors, elle n'a cessé d'étendre son réseau, et la banque comptait en fin 2014 une quinzaine d'agences dans 4 régions du pays avec un effectif d'environ 250 employés.

Tableau 8 : Fiche signalétique d'UBA Cameroun au 31 Décembre 2014

Nom de la Banque

United Bank for Africa Cameroun Plc (UBA Cameroun)

Logo

 

Code Banque

10033

Coordonnées

Tel : (237) 343 43 36 64 / 343 43 36 83 / 343 42 36 39

Fax : (237) 343 43 37 07 / 343 43 37 15

BP : 2088 Douala

E-mail : ubacameroon@ubagroup.com

Site web : www.ubagroup.com

Dirigeants agrées

PCA : Sadou HAYATOU

DG : Georges K. TONGAMBOU WEGA

DGA: Amos UDOM ISONG

Commissaire aux comptes: PRICE WATERHOUSE COOPERS ;

DELOITTE & TOUCHE AFRIQUE CENTRALE

Effectif du personnel

250

Nombre d'agences

15

Nombre de DAB

 

Capital social (en millions FCFA)

8 500

Répartition du capital (en pourcentage)

UBA Plc : 99,99% Autres : 0,01%

Etablissements de crédit associés (CEMAC)

UBA COG, UBA TCD, UBA GAB

Source : l'auteur à partir des données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la banque

75 United Bank for Africa, Rapport annuel, 2014

85

2 : Les banques africaines multirégionales

Les banques multirégionales sont des banques disposant d'implantations dans au moins deux espaces économiques distincts. Dans cette catégorie on retrouve les banques telles que BGFI Bank et Afriland First bank.

2.1 : BGFIBank Cameroun

BGFIBank Cameroun est une filiale de BGFIBank SA, un groupe bancaire gabonais basé à Libreville. BGFIBank SA est le premier groupe financier de la zone CEMAC appartenant entièrement à des privés avec un effectif d'environ 1 800 collaborateurs et présent dans 10 pays d'Afrique : Gabon, Cameroun, Congo, Madagascar, Côte d'Ivoire, Sénégal, Guinée Equatoriale, Bénin, Sao Tome -et- Principe, République Démocratique du Congo ; et en Europe, notamment en France. Le groupe est crédité de plusieurs marques fortes dans les métiers de la banque et des services financiers spécialisés : BGFI Bank, BGFI Asset Management, BGFIBourse, BGFICash, BGFIFactor, BGFIImmo, BGFIBail, Finatra, LOXIA Emf. Le groupe se positionne à cet effet dans l'offre de services bancaires et financiers hauts de gamme. BGFIBank SA est également le premier acteur financier d'Afrique Centrale à avoir signé le Pacte Mondial des Nations Unies visant à promouvoir le développement durable à travers la défense des droits de l'homme, la préservation de l'environnement et la lutte contre la corruption.

La filiale camerounaise de BGFIBank a été créée en 2011 avec pour mission d'offrir aux particuliers haut de gamme et aux professionnels (commerçants, artisans, professions libérales), une gamme de services à valeur ajoutée en parfaite adéquation avec leurs attentes immédiates et futures. BGFIBank Cameroun compte en fin 2015, 6 agences, et 116 collaborateurs.

86

Tableau 9 : Fiche signalétique de BGFIBank Cameroun au 31 Décembre 2014

Nom de la Banque

BGFIBank Cameroun

Logo

 

Code Banque

10035

Coordonnées

Tel : (237) 343 42 64 64 / 699 99 09 01 / 699 99 19 18

Fax : (237) 343 43 33 88 / 343 43 37 15

BP : 660 Douala

E-mail : j.bokandjo@bgfi.com

Site web : www.bgfi.com

Dirigeants agrées

PCA : Richard LOWE

DG : Loukoumanou WAIDI

DGA: Josiane TCHOUNGUI

Commissaire aux comptes: PRICE WATERHOUSE

COOPERS

Effectif du personnel

116

Nombre d'agences

6

Nombre de DAB

 

Capital social (en millions FCFA)

10 000

Répartition du capital (en pourcentage)

BGFI Holding Corporation SA : 70,69% Etat camerounais : 20,00%

Autres : 9,31%

Etablissements de crédit associés (CEMAC)

BGFI COG BGFI GAB BGFI GEQ FINATRA

Source : l'auteur, à partir des données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la banque

2.2 : Afriland first bank

Afriland first bank est une banque camerounaise créée en 1987 par des entrepreneurs locaux désireux de mettre à la disposition de l'économie locale alors marquée par une crise économique et financière sans précédent, des outils de financement adaptés aux producteurs locaux. La banque a été créée sous le nom de Caisse Commune d'Epargne et d'Investissement (CCEI) nom qu'elle gardera dans certaines de ses filiales, notamment en Guinée Equatoriale. La banque est représenté dans 9 pays africains : Cameroun, Guinée Equatoriale, Libéria, Sao Tome & Principe, Guinée, République Démocratique du Congo, Sud Soudan, Côte d'Ivoire, et Bénin ; elle dispose également des bureaux à Paris, Beijing, et Congo Brazzaville.

Pour mieux coordonner son expansion à l'international, la banque a créé à Genève, en 2008 un Holding dénommée Afriland First Group, le Holding mis en place répond au besoin de la banque d'appliquer une politique générale dans toutes les unités bancaires de son réseau.

87

Tableau 10 : Fiche signalétique de d'Afriland First Bank au 31 Décembre 2014.

Nom de la Banque

Afriland First Bank (AFB)

Logo

 
 
 

Code Banque

10005

Coordonnées

Tel : (237) 222 23 30 68 / 222 23 63 26 / 222 22 33 91

Fax : (237) 222 23 91 55 / 343 42 79 02

BP : 11 834 Yaoundé

E-mail : firstbank@afrilandfirstbank.com

Site web : www.afrilandfirstbank.com

Dirigeants agrées

PCA : Jean Paulin FONKOUA

DG : Alphonse NAFACK

DGA: TAGATIO

Commissaire aux comptes: CABINET FEZE HUBERT ;

DELOITTE & TOUCHE

Effectif du personnel

542

Nombre d'agences

46

Nombre de DAB

 

Capital social (en millions FCFA)

15 800

Répartition du capital (en pourcentage)

SBF and Co : 37,19%

FMO : 19,33%

Kammogne Fokam P. : 8,53%

Kouesseu J.B. : 9,49%

Jully S.A. : 8,07%

Tiofo David : 7%

Autres: 10,39%

Etablissements de crédit associés (CEMAC)

CCEI Bank Guinée Equatoriale

Source : l'auteur, à partir des données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la banque

B : PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Les BA installées au Cameroun occupent depuis quelques années, une position privilégiée dans le financement de l'économie camerounaise. En effet, plusieurs d'entre ces banques ont été « arrangeurs » des opérations d'emprunt obligataire lancées par l'Etat du Cameroun pour financer les grands projets structurants, et leur expansion dans le territoire ne cesse de progresser. Néanmoins, leur forte surliquidité, comme c'est d'ailleurs le cas de l`essentiel des banques du système bancaire camerounais, remet en cause leur rôle dans le financement effectif de l'économie et notamment le financement du secteur informel.

En tant que filiales de banques panafricaines et multirégionales, les BA installées au Cameroun ont des objectifs de performance définis parfois depuis le siège et par rapport à une moyenne de performance définie par le groupe. Nous évaluerons successivement la rentabilité

88

financière et économique, la rentabilité de l'exploitation et la satisfaction de la clientèle des BA au Cameroun.

1 : Rentabilité financière et économique des banques africaines au Cameroun

La rentabilité bancaire regroupe d'une part la rentabilité financière et d'autre part la rentabilité économique. La rentabilité financière de la banque mesure la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés (capitaux propres) à dégager un certain niveau de profit. Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle « Return on Equity » (ROE), il est donc destiné aux actionnaires de la banque. La rentabilité économique de la banque quant à elle mesure la capacité de l'actif à dégager du profit avec ses propres moyens (matériels et immatériels). Ce ratio correspond au « Return On Asset » (ROA) dans le système comptable anglo-saxon, et il est destiné aux investisseurs.

Les tableaux 11 et 12 ci-après présentent respectivement l'évolution du ROE et ROA des BA au Cameroun de 2010 à 2014. Il en ressort que dans l'ensemble les BA dégagent un ROE moyen autour de 12% dans la période et un ROA moyen de 1%. Ces deux ratios permettent de constater que les BA sont assez rentables au Cameroun, elles dégagent aisément des profits, pour leurs actionnaires ; la moyenne du ROE à 12% montre que les BA ont une bonne politique d'endettement ou tout au moins que l'accès à l'emprunt est quasi onéreuse, ce d'autant plus que le système bancaire camerounais est caractérisé par une surliquidité ; cependant la faiblesse du taux de rendement des actifs (ROA) autour de 1% démontre que les BA n'ont pas de véritable marge de manoeuvre pour augmenter les prix et donc jouer sur leurs marges. En quelque sorte cette faiblesse démontre que les BA ne sont pas assez efficaces dans la réalisation du bénéfice à travers leurs moyens matériels et immatériels.

Tableau 11 : ROE des BA au Cameroun 2010-201476

Banque

Exercice

Total Capitaux
propres

Résultat
net

ROE

ROE consolidé du
groupe

ECOBANK

2010

8 537

980

11,47%

10,4%

2011

17 137

811

4,37%

15,9%

2012

17 602

1650

9,37%

15,8%

2013

17 641

4 008

22,71%

13,0%

2014

18 741

6 055

32,30%

16,10%

 
 
 
 
 
 

SCB

2010

26 503

3 708

14%

20,40%

2011

28 355

4 028

14,20%

21,20%

2012

38 130

6 050

15,86%

17,60%

2013

44 602

8 489

19,83%

15,40%

2014

41 191

10 318

25%

14,60%

 
 
 
 
 
 

BGFI

2010

/

/

/

/

2011

7 221

-2 346

-

32,48%

12,30%

2012

12 717

1 405

11,04%

11,11%

2013

15 123

2 101

13,89%

8,53%

2014

17 714

2 680

15,12%

6,27%

 
 
 
 
 
 

AFB

2010

31 568

4 213

13,34%

/

2011

35 794

3 700

10,33%

/

2012

40 059

599

1,49%

/

2013

41 556

984

2,36%

/

2014

/

/

/

/

 
 
 
 
 
 

Source : l'auteur, à partir des rapports annuels d'activité des banques

89

76 Les Montants des capitaux propres et du Résultat Net sont exprimés en Millions de FCFA (XAF) Le ROE consolidé du groupe est calculé à partir des états financiers consolidés du groupe

90

Tableau 12 : ROA des BA au Cameroun 2010-201477

Banque

Exercice

Total du
Bilan

Produit Net
Bancaire
(PNB)

Résultat net

ROA

ROA consolidé
du groupe

ECOBANK

2010

249 419

16 328

980

0,39%

1,4%

2011

300 963

20 062

811

0,26%

1,5%

2012

303 767

22 770

1650

0,54%

1,41%

2013

384 339

28 546

4 008

1,04%

0,69%

2014

439 488

/

6 055

1,37%

1,64%

 
 
 
 
 
 
 

SCB

2010

334 466

25 681

3 708

1,10%

1,54%

2011

377 684

28 060

4 028

1,06%

1,50%

2012

376 547

31 651

6 050

1,60%

1,4%

2013

422 560

36 497

8 489

2,00%

1,3%

2014

422 564

42 783

10 318

2,44%

1,32%

 
 
 
 
 
 
 

BGFI

2010

/

/

/

/

/

2011

87 911

1 581

-2 346

-26,89%

1,06%

2012

97 622

7 219

1 405

1,43%

1,11%

2013

151 269

9 351

2 101

1,38%

1,06%

2014

205 217

12 198

2 680

1,30%

0,78%

 
 
 
 
 
 
 

AFB

2010

504 060

23 723

4 213

0,83%

/

2011

539 700

27 118

3 700

0,68%

/

2012

573 448

22 000

599

0,10%

/

2013

704 107

29 724

984

0,14%

/

2014

/

 

/

/

/

 
 
 
 
 
 
 

Source : l'auteur, à partir des rapports annuels d'activité des banques

Par ailleurs, nous constatons que les BA ont un souci de renforcement de leurs capitaux propres qui ne cessent d'augmenter au cours de la période ; cette augmentation traduit les ambitions de ces dernières en termes de stabilité financière, de développement, et de pérennité au sein du système bancaire camerounais.

77Les Montants du total de Bilan, du Résultat Net et du Produit Net Bancaire sont exprimés en Millions de FCFA (XAF)

Le ROA consolidé du groupe est calculé à partir des états financiers consolidés du groupe

91

2 : Rentabilité d'exploitation des banques africaines au Cameroun

Le Coefficient d'Exploitation est un ratio utilisé par les banques afin d'appréhender la part des gains réalisés qui est absorbée par les coûts fixes ; il est donc un indicateur de rentabilité, et pour certains professionnels, il constitue le nerf de la guerre car il permet de mesurer la proportion des gains bancaires absorbée par les coûts fixes. Depuis la crise financière de 2008, les banques réduisent leurs charges pour améliorer leur rentabilité, le coefficient d'exploitation permet de jauger cet effort ; plus il est faible, plus la banque est rentable. Toutefois, comme nous l'avons souligné au Chapitre I de cette étude, un coefficient très bas peut dissimuler une situation de liquidité et de solvabilité insuffisante. A contrario, un coefficient élevé peut résulter de facteurs non récurrents comme les dépréciations ou encore les charges exceptionnelles.

Tableau 13 : Coefficient d'exploitation des BA au Cameroun 2010-201478

Banque

Exercice

Total Bilan

PNB

Frais
généraux

C.E

C.E du
groupe

Ecobank

2010

249 419

16 328

11 742

71,91%

69,9%

2011

300 963

20 062

14 443

71,99%

69,6%

2012

303 767

22 770

15 780

69,30%

71,4%

2013

384 339

28 546

17 641

64,48%

70,01%

2014

439 488

/

/

/

65,4%

 
 
 
 
 
 
 

SCB

2010

334 466

25 681

17 055

66,41%

43,8%

2011

377 684

28 060

17 252

61,48%

40,32%

2012

376 547

31 651

17 847

56,38%

44,70%

2013

422 560

36 497

19 622

53,76%

44,69%

2014

422 564

42 783

21 400

50,01%

43,81%

 
 
 
 
 
 
 

BGFI

2010

/

/

/

/

/

2011

87 911

1 581

3 600

227,70%

47,44%

2012

97 622

7 219

4 615

63,92%

58,59%

2013

151 269

9 351

4 442

47,50%

59,16%

2014

205 217

12 198

6 163

50,68%

58,66%

 
 
 
 
 
 
 

AFB

2010

504 060

23 723

14 323

60,37%

/

2011

539 700

27 118

16 396

60,46%

/

2012

573 448

22 000

17 710

80,50%

/

2013

704 107

29 724

20 875

70,22%

/

2014

/

/

/

/

/

Source : l'auteur, à partir des rapports annuels d'activité des banques

78Les Montants sont exprimés en Millions de FCFA (XAF)

92

A la lumière de ces chiffres il ressort que le Coefficient d'Exploitation moyen des BA au Cameroun est de 65%, ce qui est relativement élevé. Ce taux exprime le poids très important des charges fixes dans la réalisation des gains bancaires. En effet, on remarque une progression des frais généraux dans la période, avec une prédominance des charges générales d'exploitation et des frais de personnel.

Une étude récente de la COBAC79 sur les banques en Afrique centrale démontre que la composition du PNB des banques de la CEMAC reste dominée par la marge sur opérations avec la clientèle suivie de la marge sur opérations diverses. La marge sur opérations avec la clientèle est celle qui enregistre la plus forte croissance. Elle constitue plus de la moitié du PNB des banques dans tous les pays de la CEMAC sauf au Congo, où elle est supplantée par la marge sur opérations diverses. En substance, l'activité d'intermédiation classique représente la première source de revenue des banques. L'étude montre également que les frais généraux ont évolué en phase avec l'activité bancaire. En effet, la modernisation des outils utilisés par les banques (système d'information, systèmes et moyens de paiement, banque en ligne, etc.) a indéniablement favorisé la progression des frais généraux.

En somme les BA sont rentables au Cameroun, mais une rentabilité qui leur coûte cher à cause du poids trop élevé des charges de structure qui diminuent leur marge de manoeuvre en cas d'évolution défavorable de l'activité bancaire.

3 : Satisfaction de la clientèle des banques africaines au Cameroun

Les BA évoluent dans un secteur bancaire et financier camerounais peu inclusif. En effet, selon un récent rapport de la COBAC, le taux de bancarisation au Cameroun en fin 2014 est de l'ordre de 17,9% de la population qui dispose d'un compte en banque, soit environ 3,5 millions de personnes répartis comme suit : 1,6 millions de clients pour les banques et 1,7 millions de clients pour les Etablissements de microfinance. En outre, le secteur bancaire au Cameroun est caractérisé par un très faible taux de pénétration, avec une agence de banque pour 149 000 habitants. Par ailleurs, ces établissements bancaires sont beaucoup plus concentrés dans les villes de Yaoundé et de Douala. On dénombre donc 42% des microfinances seulement dans ces

79 COBAC, Structure des comptes de résultat et évolution des frais généraux, 4ème réunion de concertation avec la profession bancaire et financière, Douala, Janvier 2012

93

deux villes, et une moyenne représentation dans les régions du Sud et de l'Ouest, ce qui consacre une faible représentation dans les autres régions du pays.

La confiance que la clientèle accorde à une banque peut s'apprécier d'une part, par le volume des dépôts de la clientèle enregistré par la banque ; d'autre part, par le volume des crédits que cette clientèle obtient de la banque. Les tableaux ci-dessous présentent l'état des dépôts de la clientèle et des crédits accordés dans les BA pour l'exercice 2014.

Tableau 14 : Dépôts de la clientèle dans les principales banques camerounaise en 2014

Banque

Total Bilan

Dépôts de la clientèle

En % du total bilan

Ecobank

439 488

321 235

70,09%

SCB

422 564

350 788

83,01%

UBA

/

/

/

BGFI

205 217

148 425

72,32%

AFB

715 109

584 652

81,75%

Bicec

675 209

539 180

79,85%

Société Générale

708 405

545 918

77,06%

Source : l'auteur, à partir des rapports annuels d'activité des banques

Tableau 15 : Volume des crédits accordés à la clientèle dans les BA

Banque

Total Bilan

Crédits à la clientèle

En % du total bilan

Ecobank

439 488

268 428

61,07%

SCB

422 564

233 123

55,16%

UBA

/

/

/

BGFI

205 217

132 807

64,71%

AFB

715 109

370 108

51,75%

Bicec

675 209

385 153

79,85%

Société Générale

708 405

437 268

61,72%

Source : l'auteur, à partir des rapports annuels d'activité des banques

On constate que dans l'ensemble les BA possèdent une masse importante des dépôts de la clientèle bancaire au Cameroun et que par ailleurs elles consacrent plus de la moitié de leurs ressources dans le financement de l'économie en accordant des crédits.

En termes de parts de marché, un récent rapport de la Société Générale80 Cameroun, présente pour l'exercice 2014, la situation de parts de marché des principales banques camerounaises en ce qui concerne les dépôts de la clientèle et les crédits accordés, et en prenant en compte la clientèle privée et la clientèle commerciale.

80 SociétéGénérale Cameroun, rapport annuel 2014, p.37-38

94

Tableau 16 : Parts de marché sur les dépôts en 2014

PDM en %

31/12/2014

Clientèle privée

Clientèle commerciale

Global

AFRILAND

27,4%

10,9%

17,3%

BICEC

21,6%

12,6%

16,1%

SG Cameroun

17,2%

15,8%

16,4%

SCB

10,9%

10,1%

10,4%

ECOBANK

8,2%

12,2%

10,6%

STD BK

1,0%

10,4%

6,7%

UBA

2,5%

7,6%

5,6%

BGFI BANK

1,3%

6,4%

4,4%

CBC

3,5%

4,7%

4,2%

BAC

2,2%

3,4%

3,0%

CITIBANK

0,0%

3,2%

2,0%

NFC

2,1%

1,5%

1,7%

UBC/OCEANIC BANK

2,2%

1,1%

1,5%

Source : Société Générale Cameroun, Rapport annuel d'activité, 2014

Tableau 17 : Parts de marché sur les crédits en 2014

PDM en %

31/12/2014

Clientèle privée

Clientèle commerciale

Global

SG Cameroun

31,0%

18,0%

19,9%

BICEC

20,5%

15,4%

18,7%

AFRILAND

6,5%

20,8%

16,1%

ECOBANK

5,8%

11,8%

10,9%

SCB

21,7%

8,0%

10,0%

BGFI BANK

0,4%

6,6%

5,7%

STB BK

0,1%

4,6%

3,9%

CBC

0,8%

6,3%

5,5%

UBA

6,9%

4,3%

4,7%

CITIBANK

0,1%

2,1%

1,8%

BAC

3,1%

1,3%

1,6%

NFC

2,9%

0,9%

1,2%

UBC/OCEANIC BANK

0,2%

0,0%

0,1%

Source : Société Générale Cameroun, Rapport annuel d'activité, 2014

A la lecture de ces tableaux on constate que les BA occupent les premières places du marché que ce soit en termes de dépôts de la clientèle, ou d'octroi de crédits. Ce qui montre qu'elles sont compétitives. Seulement, il convient de préciser que cette compétitivité se concentre dans l'intermédiation classique et les produits commerciaux. Les banques camerounaises en général, et les BA en particulier, offrent très peu des produits de banque d'investissement.

95

SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Le dernier classement (2014) des banques africaines publié par le magazine Jeune Afrique, présente les résultats suivants :

Tableau 18 : Classement des 200 premières banques africaines en 2014

Rang

2014

Banque

Pays

Total de bilan (millions USD)

PNB (millions USD)

1

STANDARD BANK GROUP

Afrique du Sud

163 816

7 250

7

ATTIJARIWAFA BANK

Maroc

44 372

2 148

15

ECOBANK TRANSNATIONAL INC.

Togo

24 244

2 280

20

UNITED BANK FOR AFRICA GROUP

Nigéria

15 001

1 045

25

UBA - NIGERIA

Nigéria

12 700

818

32

ECOBANK NIGERIA

Nigéria

9 548

965

45

BGFIBANK HOLDING CORP.

Gabon

5 692

345

63

AFRILAND FIRST GROUP

Cameroun

3 287

232

72

ATTIJARI BANK TUNISIE

Tunisie

2 839

141

82

BGFI GABON

Gabon

2 758

154

103

ECOBANK GHANA

Nigéria

1 802

292

127

BGFI BANK CONGO

Congo

1 791

87

137

AFRILAND FIRST BANK

Cameroun

1 523

86

141

ECOBANK COTE D'IVOIRE

Côte d'Ivoire

1 330

81

144

SOCIETE GENERALE CAMEROUN

Cameroun

1 331

90

148

BICEC

Cameroun

1 249

100

157

ECOBANK BURKINA

Burkina Faso

1 121

71

163

ECOBANK SENEGAL

Sénégal

1 047

68

172

ECOBANK BENIN

Bénin

1 014

75

183

SCB CAMEROUN

Cameroun

833

71

189

ECOBANK CAMEROUN

Cameroun

813

68

Source: Jeune Afrique, spécial finance, 17ème édition 2014

Selon ce tableau, les BA exerçant au Cameroun se positionnent parmi les banques les moins performantes du continent et pourtant leurs filiales soeurs exerçant dans les autres régions du continent se positionnent dans les premières places.

Aussi, Le panorama du secteur bancaire en Afrique établi à partir des données de la BEI, du FMI et des Banques centrales d'Afrique donne les chiffres suivants : Afrique du Nord : 571 Milliards d'USD d'actifs ; 51% du PIB régional pour 125 banques. En Afrique de l'Ouest : 168 Milliards d'USD d'actifs ; 31% du PIB régional pour 211 banques. Afrique de l'Est : 62 Milliards d'USD d'actifs ; 31% du PIB régional pour 200 banques. Afrique Australe : 459 Milliards d'USD d'actifs ; 75% du PIB régional pour 176 banques. Afrique centrale : 20 Milliards d'USD d'actifs ; 19% du PIB régional pour 69 banques. L'Afrique centrale se

96

positionne comme la dernière zone du continent en termes d'actifs bancaires, du nombre de banques et de contribution du secteur bancaire au PIB comme le montre la figure 6 ci-dessous :

Figure 6 : Panorama du secteur bancaire en Afrique

Source : Laureen kouassi-Olsson, julien Lefilleur, soutenir l'émergence d'un secteur financier pérenne en Afrique, In Secteur privé et Développement, n° 13, Mai 2013, pp. 12-14

Dans le paragraphe précédent nous avons procédé à une évaluation de la performance des BA dans le secteur bancaire camerounais et il en est ressorti que dans l'ensemble les BA sont rentables, réalisent de bons résultats, et se positionnent dans le peloton de tête des banques en

97

activité au Cameroun, mais paradoxalement au niveau continental elles sont parmi les moins performantes. Il en découle donc que cette faiblesse de performance à l'échelle continentale tient à des facteurs liés à la zone, et plus particulièrement au pays. La présente section se propose d'exposer les principales entraves à une performance optimale des BA au Cameroun d'une part et de proposer des mesures correctives d'autre part.

A : LES ENTRAVES A UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Les principales entraves à une performance optimale des BA au Cameroun résident principalement dans la fragilité du système bancaire camerounais, et le faible financement des PME par les banques.

1 : La fragilité du système bancaire

Le système financier camerounais s'est non seulement développé, mais a aussi considérablement gagné en stabilité. Alors qu'à la fin des années 80 et le début des années 90, le pays subissait une crise bancaire systémique, le système bancaire est aujourd'hui stable, bien capitalisé et extrêmement liquide, au point même de nuire à sa capacité d'intermédiation. Cependant, le secteur financier connaît encore des problèmes d'échelle et de volatilité. En effet, la taille réduite de l'économie camerounaise permet difficilement aux BA de réaliser des économies d'échelle ; aussi le degré élevé d'informalité augmente les coûts pour les établissements financiers et exclut d'importants segments de la population des services financiers formels. La volatilité individuelle et agrégée alourdit les coûts et nuit à la gestion des risques. Les problèmes de gouvernance persistent dans de nombreuses entreprises publiques et privées et entravent aussi bien l'activité des BA que les tentatives de réforme et les interventions publiques pour corriger les défaillances de marché. Ces circonstances défavorables expliquent pourquoi le système bancaire camerounais demeure concentré et peu compétitif. Elles expliquent aussi le coût encore très élevé des services financiers et des taux d'intérêts, les durées de prêt réduites et la préférence des banques camerounaises pour les obligations souveraines au détriment des prêts au secteur privé, et en l'occurrence les PME.

98

Par ailleurs, le taux de bancarisation reste faible au Cameroun, environs 17,9% selon un récent rapport de la COBAC. Le poids des crédits bancaires dans le Produit Intérieur Brut (PIB) est toujours très inférieur à celui de nombreux pays à développement économique comparable. Dans un tel système bancaire dominé par de vastes réseaux, la banque centrale est confrontée à des risques nouveaux posés par les banques transafricaines, et notamment les BA, dans lesquelles le contrôle d'un établissement installé au Cameroun est exercé par une autre banque d'une autre zone géographique du continent. Les motivations des maisons mères peuvent ne pas coïncider avec les priorités économiques du Cameroun où leurs filiales sont installées. L'autorité Monétaire du pays d'une Holding installée au Cameroun peut elle-même être davantage préoccupée par le risque systémique qu'un ensemble de filiales va faire courir à une institution qu'elle contrôle et prendre des décisions peu compatibles avec la contribution optimale de sa filiale au développement économique du pays.

2 : Le problème du financement bancaire des PME

L'histoire des rapports entre banques et PME ressemble fort à celle des vieux couples qui se font des reproches incessants, mais doivent pourtant vivre ensemble. Cette situation est sans doute encore plus vraie au Cameroun où le système financier reste jusqu'ici dominé par les banques, ce qui laisse aux PME peu de manoeuvre dans la recherche de financements alternatifs aux concours bancaires. Il est connu partout que PME constituent le moteur de la croissance économique du Cameroun, cependant nombreuses d'entre elles n'ont pas accès aux ressources nécessaires à leur développement. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène que ce soit du côté des entreprises ou du côté des banques.

2.1 : Un manque de structuration des entreprises

Du côté des entreprises trois aspects constituent une préoccupation prédominante pour les banques : La faiblesse généralisée des fonds propres des PME apparaît comme le premier d'entre eux. Cette faiblesse s'explique à la fois par les réticences des promoteurs à rechercher d'autres actionnaires, la rareté des trésoreries disponibles, les sous-évaluations fréquentes des coûts de fonctionnement et d'investissement dans les budgets, ainsi que la sous-estimation du capital nécessaire pour réaliser le chiffre d'affaire envisagé. En conséquence, le poids des emprunts dans les plans de financement apparaît souvent trop important, ce qui d'une part

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conduit les banques à durcir une position déjà naturellement réservée ou à multiplier les demandes de garanties, et d'autre part, freine les entreprises dans l'atteinte de l'équilibre financier, les faisant ainsi redoubler de fragilité.

Le deuxième obstacle important rencontré par les banques est l'insuffisance d'organisation des PME, notamment en ce qui concerne les ressources humaines, la comptabilité, la gestion administrative et les fonctions de contrôle. Le chef d'entreprise, y compris pour des PME de grande taille, est souvent le seul décideur de la société. La formalisation modeste, voire parfois balbutiante, favorise les erreurs, les fraudes et nuit à la régularité des processus, ce qui peut particulièrement pénaliser les entreprises du secteur manufacturier, notamment celles destinées à l'exportation. L'action est trop rarement précédée d'une réflexion qui permettrait de garantir la stabilité des processus de production et de commercialisation.

Le contrôle, tant au niveau interne qu'au niveau des auditeurs, est relégué au second plan. Cela empêche la détection rapide des faiblesses de la société, facilite les éventuelles velléités de non transparence de certains promoteurs et amenuise la sérénité des banquiers face aux PME. Enfin, le manque de vision du futur de l'entreprise constitue le troisième principal obstacle. Trop de sociétés naissantes sont issues d'une initiative plutôt impulsive de l'entrepreneur, sans analyse approfondie du marché et de la concurrence.

Ceci entraîne fréquemment des désillusions sur le chiffre d'affaires, et, en conséquence, sur les capacités de remboursement des concours bancaires. Trop d'entreprises nouvelles surdimensionnent leurs investissements au démarrage, au lieu de concevoir leur projet par étapes, compromettant ainsi presque à coup sûr leur rentabilité. Trop de PME en développement analysent de façon très approximative leur potentiel et leur rythme de croissance et handicapent donc leur futur, même si elles avaient été exemplaires dans une première phase de leur existence.

2.2 : L'insuffisance des moyens dédiés aux PME au sein des banques

Du côté des banques, il faut reconnaître également au moins trois insuffisances notables. La première est la faiblesse du suivi des concours mis en place. La fragilité normale des PME en termes d'organisation et de projection dans le futur devrait contraindre les banquiers à surveiller de près le fonctionnement quotidien de l'entreprise, la pertinence de ses

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investissements et les difficultés qu'elle rencontre. Les PME étant naturellement peu enclines à donner une vraie place de conseiller à leurs banquiers, ceux-ci devraient prendre systématiquement l'initiative. Or, ce rôle demeure mal assumé. La récente intensification des exigences de suivi des principales clientèles traditionnelles (grandes entreprises et particuliers) imposées par les réglementations, le manque de temps face aux nombreux dossiers de PME souvent tous différents les unes des autres ainsi que la faible rentabilité de telles actions d'encadrement par rapport à d'autres activités sont autant de facteurs qui peuvent expliquer l'insuffisance de suivi de la part des banques. Cela peut créer un cercle vicieux dans la mesure où cette insuffisance de suivi est précisément à l'origine de la dégradation de nombreux dossiers, ce qui renforce alors l'aversion des banques aux PME.

La deuxième insuffisance des banques, partiellement responsable de la précédente, est la pénurie au sein des équipes bancaires de cadres de référence spécifiques ayant une expérience approfondie de la gestion des dossiers de financement des PME. La diversité des PME, que ce soit en termes de taille, de secteurs, de caractéristiques ou d'appuis requis, est bien sûr à l'origine de cette situation. Elle explique les difficultés rencontrées pour mettre au point des solutions. Les efforts d'amélioration restent cependant insuffisants.

Les banques camerounaises continuent dans la plupart des cas de souffrir d'une pénurie de départements spécialisés sur les PME, d'un manque de procédures bien adaptées à la modestie des informations financières et des quelques indicateurs de suivi disponibles, d'une faible capacité d'innovation en ce qui concerne les garanties acceptables et de l'inexistence de formations spécifiques au financement des PME pour les analystes de crédit et les chargés de clientèle. Ces facteurs sont autant d'handicaps pour que les banques accroissent leur intérêt pour les PME.

Enfin, la troisième insuffisance des banques est liée à l'environnement institutionnel dont les déficiences pénalisent l'action de ces dernières. En effet, malgré les réels progrès apportés par l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), certaines faiblesses persistantes du cadre juridique (par rapport à la réalisation des garanties par exemple) et les carences graves et généralisées des appareils judiciaires rendent très difficile la récupération des crédits défaillants. Ces difficultés, amenuisent encore l'attrait des concours aux PME et poussent en même temps les banques à durcir leurs conditions. De même, la multiplicité, la complexité et le caractère parfois peu orthodoxe des pressions de

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l'administration, police économique, fisc, sécurité sociale fragilisent encore davantage les PME prêtes à intégrer le secteur formel sous la pression des banques.

B : SUGGESTIONS POUR UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN

Les BA exerçant au Cameroun possèdent de nombreuses capacités et opportunités de croissance qui, si bien exploitées, leur permettront d'optimiser leur performance non seulement au niveau national, mais également au niveau régional et continental. Pour ce faire il faudrait au préalable renouveler le système bancaire et mettre en place des solutions pour leur permettre d'exploiter la niche de clientèle des PME.

1 : Renouveler les règles du secteur bancaire

Face à la fragilité du système bancaire, la réponse à ce défis n'est pas à rechercher du côté d'un système bancaire entièrement camerounais, mais plutôt dans un système financier ouvert et compétitif. Des banques aux structures capitalistiques diversifiées conserveront un rôle important qu'elles soient nationales, régionales ou internationales. La concurrence entendue au sens large, couvrant un vaste champ de politiques et d'actions est essentielle pour favoriser l'innovation financière au Cameroun. Cela suppose un système ouvert à de nouveaux types de fournisseurs de services financiers même si ce sont des sociétés non financières, comme les opérateurs de téléphonie mobile. Cela suppose de faibles barrières à l'entrée pour les nouveaux entrants, mais aussi l'existence d'une infrastructure adéquate, comme par exemple les registres de crédit qui permettent aux nouveaux entrants de s'appuyer sur les informations disponibles. Cela implique aussi un engagement plus actif de l'État, par exemple en contraignant les banques à adhérer à une plateforme de paiement partagée ou à transmettre des informations positives et négatives à des registres du crédit.

La réglementation et la surveillance des banques internationales s'avèrent particulièrement importantes. Les relations entre les autorités de surveillance des pays d'origine et le superviseur bancaire national doivent être renforcées ; l'échange d'informations et la répartition des responsabilités et des obligations sont cruciales, particulièrement en période de fragilité. Ces interactions sont fondamentales pour prévenir les difficultés des banques ou, du

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moins, pour en réduire l'impact mais aussi pour mettre en place des mesures incitatives visant à éviter des prises de risques excessives. L'émergence de banques régionales requiert aussi une coopération plus étroite entre les autorités de supervision régionales africaines. L'expérience européenne récente montre toutefois que les collèges d'autorités de surveillance et les protocoles d'accord sont des outils de coordination nécessaires mais insuffisants en cas de difficultés. Les protocoles d'accord ne sont pas des documents juridiques contraignants, et au sein d'un collège de superviseurs, la décision finale revient à l'autorité du pays d'origine. Il est indispensable d'envisager le scénario le plus défavorable et de s'y préparer par des plans de résolution des défaillances et de relance avec des accords ex ante de partage des charges.

Les récentes évolutions du système bancaire camerounais reflètent le nouvel esprit pionnier des BA. Au-delà des statistiques qui montrent le développement du système financier, de nouveaux produits et de nouveaux acteurs voient le jour dans le pays81. Un nombre grandissant d'entreprises et de ménages ont accès à des services financiers. Les activités bancaires transfrontalières se développent et constituent un élément clé de ce nouveau scénario. Les BA ont su apporter de l'innovation et de la concurrence au sein du système financier camerounais.

2 : Exploiter la niche des PME

L'expérience du groupe Bank Of Africa (BOA) est une inspiration que nous proposons pour une meilleure exploitation de la niche des PME par les BA. Pour ce faire, elle se fonde sur quatre axes :

Le premier, et sans doute le plus décisif, est le partage des risques liés aux crédits des PME avec d'autres institutions bancaires. Outre son intérêt direct pour les banques, qui minimisent ainsi les pertes potentielles, ce partage favorise aussi la prise de conscience par d'autres bailleurs de fonds du caractère essentiel de ce public mais aussi des difficultés inhérentes à la satisfaction de ses besoins. Deux principales approches sont envisageables et sont testées par le réseau BOA. L'une, globale, consiste à utiliser des lignes de garantie de portefeuille, accordées pour un montant donné et pouvant être affectées à un portefeuille de PME librement choisi par la banque. La Société Financière Internationale (SFI) a ainsi accordé

81 Bank Of Africa (BOA) a obtenu en Octobre 2016, l'agrément COBAC pour exercer au Cameroun et devient ainsi la 15ème banque commerciale du Cameroun et la 7ème BA à s'installer au Cameroun

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une telle ligne de garantie, couvrant 50 % des risques pris par la banque, à la BOA Mali pour 1,5 milliard de FCFA. Elle devrait mettre en place sous peu un dispositif identique pour les quatre BOA d'Afrique de l'Est pour un montant total de 10 millions de dollars US. L'autre approche s'appuie sur des garanties individuelles. Les dossiers sont alors soumis par les banques à des fonds de garantie qui les étudient au cas par cas. L'efficacité de ces mécanismes est cependant très liée à la qualité, encore souvent médiocre, de l'équilibre entre rigueur de gestion de ces fonds et souplesse de mise en jeu des garanties.

La création de départements spécialisés au sein des banques constitue un deuxième exemple de solution envisageable pour rapprocher les banques des PME. L'expérience tentée en la matière à la BOA Mali, lors de l'opération menée avec la SFI, montre l'apport réel d'une telle spécialisation. Encadrée par un assistant technique étranger spécialiste de ce segment, une équipe de deux personnes est entièrement dédiée aux PME. Des critères d'analyse des dossiers et de suivi des financements, spécifiquement adaptés au cas des PME, ont été définis. Ces critères prennent davantage en compte l'activité des entreprises et les revenus attendus que les garanties offertes par les promoteurs. Les efforts ainsi entrepris témoignent clairement de la volonté de la banque de servir les PME et permettent à ces dernières de bénéficier d'interlocuteurs bien identifiés et parlant mieux leur langage.

La diversification des outils de financement proposés aux PME apparaît comme une troisième voie à explorer pour améliorer les relations banques-PME. Le crédit-bail, l'affacturage sont à inclure dans l'éventail des instruments utilisables. Le développement de ces produits se heurte néanmoins d'une part au fait qu'ils sont souvent étrangers à la culture des PME et, d'autre part, aux dispositions réglementaires généralement peu favorables à ces instruments spécialisés. L'effort pour promouvoir leur généralisation doit cependant être poursuivi. Les trois sociétés de crédit-bail du réseau BOA ont en effet montré leur viabilité et leur utilité depuis plus de 10 ans.

La quatrième voie est encore insuffisamment exploitée et s'inscrit davantage dans le futur. Elle vise à compléter et renouveler la panoplie des garanties capables de mieux sécuriser les dossiers des PME. A côté des garanties immobilières, souvent peu appropriées, de nouvelles pistes sont à explorer. La caution conjointe apportée par des personnes connues de la banque, la création évoquée depuis longtemps mais jamais mise en oeuvre de sociétés de caution mutuelle à base sectorielle ou géographique, ou encore le partenariat de PME avec des grandes

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entreprises à travers des contrats de sous-traitance (donnant ainsi de fortes assurances de niveau d'activité) apparaissent par exemple comme des solutions réalisables et prometteuses.

En somme de cette deuxième partie, le secteur bancaire camerounais a connu une certaine évolution depuis l'époque coloniale jusqu'aux crises bancaires des années 80 et 90. A la suite de ces crises, une importante réforme a été entreprise, avec la mise en place d'un organe sous régional de supervision bancaire : la COBAC, et une plus grande ouverture du système bancaire à l'international entre autres réformes. Cette ouverture a favorisé l'installation de nouveaux acteurs africains que sont les BA.

Les principales BA en activité au Cameroun sont : Ecobank, la Société Commerciale de Banque (Groupe Attijariwaffa), United Bank for Africa, BGFI Bank, et Afriland First Bank. Dès lors, les BA s'intègrent dans une dynamique d'accompagnement de la croissance de l'économie africaine en général et celle du Cameroun en particulier. L'évaluation de leur performance au Cameroun nous a permis de constater qu'elles sont rentables et se positionnent dans le peloton de tête des banques du secteur bancaire camerounais en termes de parts de marchés que ce soit dans la collecte des dépôts de la clientèle, ou dans l'octroi des crédits.

Toutefois ces performances réalisées au Cameroun sont en deçà de celles réalisées dans les autres régions et pays du continent et ceci est dû à des facteurs macroéconomiques liés à la fragilité du système bancaire et au faible financement des PME par les concours bancaires. Pour remédier à ces entraves, il serait judicieux que les autorités renouvellent les règles du système bancaire camerounais, et que les BA mettent en oeuvre des stratégie pour une exploitation plus efficiente de la niche des PME qui reste largement inexploitée, alors que ces dernières constituent le moteur de la croissance économique du pays.

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CONCLUSION GENERALE

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La faiblesse de la concurrence qui caractérise nombre de marchés d'Afrique subsaharienne crée un environnement favorable pour les banques prêtes à mener des activités transfrontalières et à rivaliser avec les banques locales. En Afrique subsaharienne, ces banques locales transfrontalières sont appelées Banques Panafricaines. On compte à l'heure actuelle sept grandes Banques Africaines ayant une implantation dans dix pays d'Afrique subsaharienne au moins selon le FMI. Les BA ont établi leur siège dans divers pays de grands marchés bancaires comme le Nigéria, le Maroc, le Kenya, et l'Afrique du Sud, mais aussi plusieurs marchés de plus petite dimension. Ils jouent désormais le rôle de chefs de file de prêts syndiqués dans la région. Ces banques qui interviennent dans plusieurs pays devraient réaliser des économies d'échelle par la mise en oeuvre des fonctions à l'échelle du groupe et le transfert de savoir-faire et de compétences bancaires adaptées au marché local. Grâce à ces économies d'échelle, les BA stimulent la concurrence des marchés bancaires d'implantation. Ils sont à mesure de proposer des services bancaires de meilleure qualité à moindre coût et d'étendre l'intermédiation financière aux PME et aux particuliers jusque-là négligés. Ils se positionnent également comme des acteurs de premier plan du financement d'infrastructures transfrontalières et de manière globale de la croissance africaine.

Les BA ont donc impulsé une nouvelle ère au paysage bancaire africain qui pendant longtemps a été dominé par les banques originaires des anciennes puissances coloniales notamment les banques françaises et britanniques. De fait, l'essor des BA peut être considéré comme le corollaire financier de l'intégration régionale croissante des échanges commerciaux et des investissements, du fait que ces groupes suivent leurs clients et financent leurs opérations transfrontalières, ce qui leur permet d'accroitre de plus en plus leur performance.

A l'impulsion de la réforme du système bancaire entreprise à la fin des années 90, combinée à la volonté manifeste du pays d'optimiser son potentiel économique, de nombreuses BA se sont installées au Cameroun dans une optique de performance ; ce qui n'a pas tardé à se réaliser. En effet, en peu d'années, contrairement aux banques occidentales, les BA ont atteint des niveaux de rentabilité enviables et se positionnent à ce jour comme des acteurs incontournables du secteur bancaire camerounais. La SCB (Groupe Attijariwafa) par exemple détient le plus vaste réseau bancaire au Cameroun avec plus de 50 agences de banques ; et de plus en plus, l'Etat camerounais sollicite les BA pour l'arrangement de ses émissions obligataires. Les BA sont parmi les premières banques camerounaises en termes de rentabilité bancaire.

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Cependant, à la lecture du classement des 200 premières banques africaines, on constate que les filiales des BA installées au Cameroun sont parmi les moins performantes par rapport à leurs consoeurs installées dans d'autres pays. Une situation qui mérite une attention particulière. Dans cette logique, l'objectif visé par notre étude était de comprendre les raisons de ce décalage. Ainsi, nous voulions montrer que, bien qu'elles soient rentables, les BA ne jouissent pas d'une performance optimale par rapports à leurs potentialités au Cameroun. Pour ce faire, nous nous sommes attelés à répondre à la question centrale suivante : « Au regard de leurs résultats financiers dans certaines zones du continent, quels peuvent être les facteurs explicatifs du faible niveau de performance des banques africaines au Cameroun ?»

Cette question centrale, combiné à la spécificité de notre étude nous a poussés à adopter une démarche précise s'appuyant sur l'analyse documentaire. A ce titre, un raisonnement déductif nous a conduit à formuler d'abord un certains nombres d'hypothèses. Ces dernières ont ensuite été testées empiriquement à partir de l'analyse des rapports annuels d'activités des BA au Cameroun pour la période 2010-2014. Au final nous avons tiré des conclusions sur la question de la performance des BA au Cameroun. Il nous échoit donc de présenter les résultats de notre recherche en précisant chaque fois si elles corroborent ou pas nos hypothèses de départ.

Hypothèse 1 : Les BA sont des entités particulières dont la structure organisationnelle et la philosophie d'entreprise sont adaptées aux valeurs africaines. Aussi, les BA se distinguent des banques occidentales en termes de positionnement et de stratégie. Les BA tendent essentiellement à concentrer leur activité sur le trade finance, sur le financement des grandes entreprises privées et étatiques et la banque de détail ; l'essentiel de leur activité concerne toutefois les PME qu'elles accompagnent tout au long de leur croissance, ce qui contribue à la fidélisation de leur clientèle.

C'est d'ailleurs cette capacité à satisfaire la clientèle qui a favorisé leur essor dans le continent. Attijariwafa Bank par exemple est la première banque du continent et même du Cameroun en termes de nombre d'agences avec respectivement 3 258 et 50 agences. Ecobank est la première banque de la Zone Franc avec un total de bilan de 24 280 millions d'USD et un PNB de 2 820 millions d'USD.

Nous avons pu constater que bien qu'ayant ces atouts, la performance des BA est fragilisée au Cameroun à cause des facteurs externes. La fragilité du système bancaire qui reste

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surliquide alors que l'économie fait face à d'importants besoins de financement ; Les coûts de service bancaire élevés ; Par ailleurs, le taux de bancarisation reste faible, autour de 20% contrairement à certaines régions du continent comme en Afrique du nord (50%) ou l'Afrique australe (45%). De même, la croissance économique camerounaise est tirée par les PME qui font face à d'énormes problèmes de financement, mais restent des clients risqués pour les BA. De ces faits, une grande partie de la clientèle bancaire camerounaise demeure insatisfaite.

Toutes ces remarques confirment notre première hypothèse selon laquelle, l'incapacité à satisfaire la clientèle fragilise la performance des BA au Cameroun.

Hypothèse 2 : En tant que filiales des Banques panafricaines, les BA jouissent d'une certaine notoriété au Cameroun. BGFI Bank par exemple a réalisé en quelques années des résultats spectaculaires que certaines banques locales, bien qu'elles soient anciennement installées au Cameroun, ont de la peine à atteindre. La banque est présente au Cameroun seulement depuis 2011, mais en 2014, elle était classé 8ème sur 14 en termes de parts de marché sur les dépôts de la clientèle ; et 6ème sur 14 en termes de parts de marché sur les crédits. La banque jouit en effet d'un pouvoir de marché du fait qu'elle appartienne à une Holding (2ème groupe bancaire de la zone CEMAC en 2014) et d'une certaine efficience dans la réalisation des économies d'échelle à travers l'extension de son réseau au Cameroun pour financer les grandes entreprises sous régionales.

De même une banque comme Afriland (1er groupe bancaire de la zone CEMAC en 2014) jouit de la confiance de sa clientèle au Cameroun au point où depuis quelques années elle s'est hissée au rang de 1ère banque camerounaise en termes de Total de bilan et de PNB. Par ailleurs, nous avons pu constater qu'en peu d'années les BA ont atteint un niveau de rentabilité appréciable au Cameroun, avec un ROE moyen de 12%, un ROA de 1% et un CE autour de 65%. Cette rentabilité « rapide » est principalement due au fait qu'elles soient des filiales de banques panafricaines bien connues, et jouissent donc de cette notoriété.

Notre deuxième hypothèse selon laquelle la régionalisation africaine des BA a un impact positif sur leur performance au Cameroun est donc vérifiée.

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Néanmoins, il convient de souligner que l'accélération de la croissance économique en Afrique subsaharienne depuis les années 90 s'est accompagnées d'un élargissement de l'accès aux services financiers, et en particuliers à ceux des banques commerciales, qui ont toujours été et demeurent l'épine dorsale des systèmes financiers dans la région. Le secteur bancaire a connu de profonds changements en Afrique subsaharienne au cours des 20 dernières années, parmi lesquels l'expansion des activités transfrontalières, avec le déploiement rapide des réseaux des BA qui ont complètement modifié le paysage bancaire et financier du continent.

En Afrique australe, la mise en place d'une réglementation favorable, combinée à une stabilité politique accrue, ainsi que l'appui technique apporté par le FMI afin de soutenir les efforts de renforcement des capacités de supervision du secteur financier, a créé un environnement favorable aux banques dans leur mission et objectifs. En Afrique de l'Est, l'expansion régionale des BA est fondée sur deux particularités : D'un côté un marché commun au sein de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), le mouvement étant dominé par un pays, à savoir le Kenya. D'un autre côté, ces banques contribuent amplement à l'intégration régionale, en financement les programmes d'infrastructure. En Afrique de l'Ouest, le poids économique du Nigéria et du Ghana, ajouté à cela une forte concurrence, augmentent la compétitivité des BA et donc leur performances dans cette région.

Nous avons pu constater que les BA dans ces régions réalisent de bonnes performances. Par exemple le secteur bancaire contribue respectivement de 50%, 31%, 31% et 75% au PIB régional en Afrique du Nord, en Afrique de l'Ouest, en Afrique de l'Est et en Afrique Australe ; contre seulement 19% en Afrique centrale. L'Afrique centrale demeure donc une zone « risquée » pour les BA.

A la lumière de ce qui précède, les résultats de notre étude s'avèrent pertinents ; Faute d'une croissance économique soutenue les BA se marginalisent au Cameroun et en zone CEMAC par rapport aux autres régions du continent. En effet, les BA sont certes rentables et réalisent un niveau de performance appréciable si l'on s'en tient à la dynamique du secteur bancaire camerounais. Toutefois, ces banques disposent des atouts majeurs capables d'optimiser cette performance ; Seulement, l'environnement économique du Cameroun et de la CEMAC ne leur est pas favorable, d'où cette marginalisation par rapport aux filiales opérant dans les autres zones géographiques et linguistiques du continent africain.

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Par conséquent, les résultats de notre étude présentent un enjeu majeur pour le Cameroun dont les BA constituent les principaux acteurs du secteur bancaire, après les banques d'origine française. Au moment où le taux de bancarisation reste faible, et que l'économie fait face à d'importants besoins de financement, les BA qui accompagnent la croissance économique de la plupart des régions d'Afrique disposent des atouts que le Cameroun pourrait optimiser pour dynamiser davantage son secteur bancaire. L'attention particulière que ces banques accordent aux PME dans les autres régions, et leur proximité avec la clientèle à travers les produits comme le Mobile Banking sont parmi leurs principaux atouts ; L'Etat pourrait par exemple, comme nous l'avons proposé dans cette étude, ouvrir le système bancaire à d'autres types de fournisseurs de services financiers même si ce sont des sociétés non financières, comme les opérateurs de téléphonie mobile pour améliorer la bancarisation ; inciter la mise en place des fonds de garanties dédiée aux PME ; et renforcer la coopération avec les autorités de régulation des autres régions. Au niveau de la CEMAC, une intégration plus renforcée serait une aubaine pour ces banques qui disposent d'une forte expérience dans le financement des infrastructures transfrontalières.

Néanmoins cette étude présente des limites à certains niveaux. Nous n'avons pas pu mobiliser certaines données, notamment les données sur les indicateurs qualitatifs de la performance des BA, nous nous sommes limités uniquement sur les indicateurs quantitatifs. Aussi, certaines études semblent prouver que le faible dynamisme du secteur bancaire camerounais dans lequel évoluent les BA, tient plutôt à l'histoire de ce secteur qui a connu une crise systémique majeure dans les années 80 et 90 ; cette crise a entrainé un comportement d'aversion au risque de la part des banques en activité au Cameroun qui préfèrent se concentrer sur les investissements moins risqués et à faible rentabilité.

Au moment où nous terminons notre étude, nombreux autres BA veulent s'installer au Cameroun malgré le faible dynamisme du secteur bancaire. Il devient intéressant se s'interroger sur les mobiles de la régionalisation des BA au Cameroun.

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BEGUY Olivier, Trois essais sur la surliquidité bancaire dans la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC), thèse pour l'obtention du titre de Docteur ès Sciences Economique, Université d'Auvergne Clermont-Ferrand I, Février 2012

TROUDART Jessy, Analyse et comparaison des stratégies d'internationalisation des banques, thèse en vue de l'obtention du titre de Doctorat ès Sciences de Gestion, Université Montesquieu-Bordeaux IV, Décembre 2012

ZIBOUCHE Taous, Les déterminants du choix de la présence des banques étrangères en Algérie, cas de BNP Paribas, mémoire en vue de l'obtention du diplôme de Magister en Economie et Fiance internationales, Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Mars 2010

TRAVAUX DE RECHERCHE

Banque Africaine de Développement, « Le système bancaire en Afrique : Principaux faits et défis », African Economic brief, Vol. 6, No 5, 2015

Banque Européenne d'Investissement, « Tendances récentes dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne : du financement à l'investissement », Mars 2016

Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, «Les déterminants de l'efficacité des banques commerciales de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale », 2007

MADJI Adam, « l'institution d'un agrément unique dans la CEMAC : fondements, critères d'admission et défis pour les banques », Rapport annuel COBAC, 200, PP. 34-61

114

RAPPORTS D'ACTIVITES

Afriland First Bank, Rapport annuel, 2010, 2011, 2012, 2013

Attijariwaffa Bank, Rapport annuel, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014

Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit, Rapport annuel, 2014

Ecobank Cameroun, Rapport annuel 2010, 2012, 2013

Ecobank Transnational Incorporated, Rapport annuel 2010, 2011, 2012, 2013, 2014

Groupe BGFI Bank, Rapport annuel 2013, 2014, 2015

Société Commerciale de Banque, Raport annuel, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014

Société Générale Cameroun, Rapport annuel, 2014

United Bank for Africa group, Annual Repport, 2010, 2011, 2012, 2014

TEXTES OFFICIELS

Convention portant création d'une Commission Bancaire de l'Afrique Centrale adoptée le 16 Octobre 1990 à Yaoundé

Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique centrale adopté à Douala le 17 Janvier 1992

Règlement n° 02/15/CEMAC/UMAC/COBAC modifiant et complétant certaines conditions relatives à l'exercice de la profession bancaire dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale adopté le 27 Mars 2015 à Yaoundé

Règlement COBAC R-2009/01 portant fixation du capital social minimum des établissements de crédit adopté le 1er Avril 2009 à Bata

Règlement COBAC R-2009/02 portant fixation des catégories des établissements de crédit, leur forme juridique et des activités autorisées adopté le 1er Avril 2009 à Bata.

115

Règlement COBAC R-2016/01 relatif aux conditions et modalités de délivrance des agréments des établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes adopté le 16 Septembre 2016 à Yaoundé

SITES INTERNET CONSULTES

www.beac.int

www.economie.gouv.fr

www.imf.org

www.paul-derreumaux.com

www.sgcobac.org

116

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS iv

LISTE DES TABLEAUX v

LISTE DES GRAPHIQUES vi

LISTE DES FIGURES vii

RESUME viii

ABSTRACT ix

SOMMAIRE x

INTRODUCTION GENERALE 1

I. Contexte et justification de l'étude 2

II. Objet et intérêts de l'étude 5

III. Délimitation du sujet 6

IV. Revue de la littérature 7

V. Problématique 13

VI. Hypothèses de recherche 14

VII. Démarche méthodologique 14

VIII. Plan de travail 15

PARTIE I : L'INTENATIONALISATION DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 16

CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 18

SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA PERFORMANCE 18

A. DEFINITION DE LA PERFORMANCE 19

1. Notion de performance 19

2. Dimensions de la performance 20

2.1. La performance unidimensionnelle 20

2.2. La performance multidimentionnelle 21

B. CRITERES ET MESURES DE LA PERFORMANCE 22

1. Les critères de la performance 22

1.1. L'efficacité 22

1.2. L'efficience 22

2. La mesure de la performance . 23

2.1. Les objectifs de la mesure de la performance . 24

2.2. Les principes de la mesure de la performance . 25

2.3. Les difficultés de la mesure de la performance 26

117

SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 27

A. LES INDICATEURS FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 27

1. La rentabilité bancaire 27

1.1. Les différentes approches de la rentabilité bancaire 28

1.2. Mesure de la rentabilité bancaire : rentabilité financière et rentabilité économique 29

2. Les autres indicateurs financiers de la performance 32

2.1. Le taux de rendement interne 32

2.2. Le ration du retour sur fonds propres ajusté 32

2.3. Le taux de rendement des titres 33

2.4. Le coefficient d'exploitation 34

B. LES INDICATEURS NON FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 35

1. L'efficacité de l'organisation 36

2. La satisfaction de la clientèle 37

2.1. Définition de la satisfaction client 38

2.2. Mesure de la satisfaction du client bancaire 39

CHAPITRE II : LIENS ENTRE INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE BANCAIRE 42

SECTION I : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE 43

A. L'ELARGISSEMENT DU POUVOIR DE MARCHE 43

1. Le pouvoir de marché à travers l'extension internationale du réseau 43

2. Le pouvoir de marché à travers l'exploitation de nouvelles ressources. 45

B. LA RECHERCHE DE L'EFFICIENCE . 46

1. Efficience et taille critique . 46

2. Efficience et économies d'échelle 48

SECTION II : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE NON FINANCIERE 49

A. NOTION DE RISQUE BANCAIRE 49

1. Définition du risque bancaire 50

2. Mesure du risque bancaire 51

B. TYPOLOGIE DU RISQUE BANCAIRE 53

1. Le risque bancaire financier 54

1.1. Le risque de contrepartie 54

1.2. Le risque de liquidité 55

1.3. Le risque de prix 55

2. Le risque bancaire non financier 56

2.1. Le risque opérationnel 56

2.2. le risque stratégique 57

2.3. Le risque pays 57

118

PARTIE II : LES GROUPES BANCAIRES AFRICAINS DANS LE SYSTEME BANCAIRE

CAMEROUNAIS 60
CHAPITRE III : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : EVOLUTION HISTORIQUE ET

CADRE REGLEMENTAIRE 62

SECTION I : HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS 62

A. LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS, DE LA COLONISATION

A L'INDEPENDANCE 63

1. Le système bancaire à l'époque coloniale 63

2. Les accords de Brazzaville et la création de la BEAC 64

B. LE SYSTEME BANCAIRE, DE L'INDEPENDANCE AUX CRISES BANCAIRES

DES ANNEES 80-90 65

1. Une relative stabilité jusqu'à la fin des années 70 65

2. Les crises bancaires des années 80-90 . 68
SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU

CAMEROUN 71

A. LES CONDITIONS DE FORME 71

1. La forme sociale et les types d'établissement 72

1.1. La forme juridique 72

1.2. Les types d'établissements 73

2. Le capital social et la qualité des dirigeants 75

2.1. Le capital social 75

2.2. La qualité des dirigeants 75

B. LES CONDITIONS D'AGREMENT 76

1. Demande et obtention de l'agrément 76

2. Le retrait de l'agrément . 78
CHAPITRE IV : EVALUATION ET APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES

AFRICAINES AU CAMEROUN 79
SECTION I : EVALUATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU

CAMEROUN 79

A. LES BANQUES AFRICAINES EN ACTIVITE AU CAMEROUN 80

1. Les Banques Africaines panafricaines 80

1.1. Ecobank Cameroun 80

1.2. La Société Commerciale de Banque 82

1.3. United Bank for Africa 83

2. Les Banquees Africaines multirégionales 85

2.1. BGFIBank Cameroun 85

2.2. Afriland first Bank 86

119

B. PERFORMANCE DES BANQUES AFRICANES AU CAMEROUN 87

1. Rentabilité financière et économique des Banques Africaines au Cameroun 88

2. Rentabilité d'exploitation des Banques Africaines au Cameroun 91

3. Satisfaction de la clientèle des Banques Africaines au Cameroun 92
SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMNCE DES BANQUES AFRICAINES AU

CAMEROUN 95

A. LES ENTRAVES A UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES AFRICAINES

AU CAMEROUN 97

1. La fragilité du système bancaire 97

2. Le problème du financement bancaire des PME 98

2.1. Un manque de structuration des entreprises 98

2.2. L'nsuffisance des moyens dédiés aux PME au sein des banques 100

B. SUGGESTIONS POUR UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES

AFRICAINES AU CAMEROUN 101

1. Renouveler les règles du secteur bancaire 101

2. Exploiter la niche des PME 102

CONCLUSION GENERALE 105

BIBLIOGRAPHIE 111

TABLE DES MATIERES 116






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius