UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
Institut des Relations Internationales du
Cameroun
International Relations Institute of Cameroon
859, rue de kribi/7001 Yaoundé 3 B.P.:
1637 Yaoundé Tel: 222 31 03 05 Fax N° : (237) 222 31 89
99 Site Web :
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LA QUESTION DE LA PERFORMANCE DES
BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN
Mémoire de fin de formation pour l'obtention du
Master professionnel en Relations Internationales
Option :
Banque-Monnaie-Finance-Internationales
Rédigé et soutenu par :
MENGUELE Jean Pierre Dany
Licence en sciences économiques et de gestion,
option Administration et Gestion des Entreprises
Sous la direction de :
Pr. KONO ABE Jean-Max
Agrégé en Sciences de
Gestion Université de Yaoundé II Soa
Année Académique 2016 -2017
AVERTISSEMENT
i
L'Institut des Relations Internationales du Cameroun
(IRIC) n'entend donner aucune approbation, ni improbation, aux opinions
contenues dans ce mémoire ; celles-ci doivent être
considérées comme propres à l'auteur.
DEDICACE
ii
A mes très chers parents,
Papa ELLA Michel, et maman MENGUELE
Nathalie
iii
REMERCIEMENTS
J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont
aidé dans la réalisation de ce mémoire.
En premier lieu, je remercie profondément mon directeur
de mémoire le Professeur KONO ABE Jean-Max, Enseignant à
l'Université de Yaoundé II pour ses recommandations
précieuses, son suivi, sa disponibilité et son soutien
constant.
En second lieu, je remercie tous mes enseignants de l'IRIC, en
particulier le Docteur EBA EBE Gabriel, Coordonnateur du département
d'économie internationale de l'IRIC, qui, en deux années, n'ont
ménagé aucun effort pour me garantir une formation de pointe.
Je tiens également à remercier tous les membres
de ma famille qui n'ont jamais cessé de me couvrir de tendresse et de
conseils tout au long de mes études. A ce titre j'adresse des
remerciements à :
- Mes parents, papa ELLA NDENG Michel et maman MENGUELE
Nathalie pour tout l'amour et les moyens mis en oeuvre pour ma formation ;
- Mes tuteurs, M. MANDIO Mesmin et Mme ABOMO Anastasie, pour
l'encadrement et les encouragements tout au long de ma formation à
l'IRIC ;
- Mon très cher grand frère MENGUELE Blaise
Hervé, dont le parcours académique m'a toujours inspiré et
dont les conseils et les encouragements ont fortement contribué à
la réalisation de ce mémoire ;
- Mes cadets, NTYAME Sandra, NDENG James, EKOUMOU
Aurélie, et EKO'O Becky pour leur disponibilité qui a
contribué à ce que je dispose davantage du temps consacré
à mes études.
Je mesure également l'honneur que m'ont fait certains
camarades pour la relecture de ce mémoire. J'exprime ici ma gratitude
à SOUA Vladimir et SIMEU TAGNO Brice.
Je pense également à tous ceux qui pendant deux
ans à l'IRIC ont d'une façon ou d'une autre à un moment
donné, contribué à rendre mon séjour à
l'IRIC agréable. Merci à tous mes camarades de la filière
Banque Monnaie Finance Internationales, promotion 2014, particulièrement
à notre délégué OYIE Jean Vincent.
Enfin je remercie tous les membres de la communauté
chrétienne à laquelle j'appartiens ainsi que tous ceux qui de
près ou de loin m'ont aidé tout au long de mon parcours à
l'IRIC.
iv
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AFB : Afriland First Bank
AFD : Agence Française de
Développement
BAC : Bank of America Cameroon
BA : Banque Africaine
BAD : Banque Africaine de
Développement
BBC : Boston Bank Cameroon
BCD : Banque Camerounaise de
Développement
BCEAEC : Banque Centrale des Etats de
l'Afrique Equatoriale et du Cameroun
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BEI : Banque Européenne
d'Investissement
BIAOC : Banque Internationale pour l'Afrique
Occidentale du Cameroun
BICEC : Banque Internationale du Cameroun
pour l'Epargne et le Crédit
BICIC : Banque Internationale pour le
Commerce et l'Industrie du Cameroun
BMN : Banque Multinationale
BOA : B ank Of Africa
CAMBANK : Cameroon Bank Limited
CBC : Chase Bank Cameroon
CCCE : Caisse Centrale de Coopération
Economique
CCFL : Caisse Centrale de la France Libre
CCFOM : Caisse Centrale de la France
d'Outre-Mer
CE : Coefficient d'Exploitation
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CFA : Coopération Financière en
Afrique
CFD : Caisse Française de
Développement
CNC : Conseil National du Crédit
COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale
FMI : Fonds Monétaire International
FMN : Firme Multinationale
MINFI : Ministère des Finances
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNB : Produit Net Bancaire
RAROC : Risk Ajusted Return On Capital
RN : Résultat Net
ROA : Return On Asset
ROE : Return On Equity
SCB : Société Commerciale de
Banque
SFI : Société Financière
Internationale
SG : Société
Générale
SIG : Solde Intermédiaire de
Gestion
TRI : Taux de Rendement Interne
TRT : Taux de Rendement des Titres
UBA : United Bank for Africa
UE : Union Européenne
VAN : Valeur Acutualisée Nette
v
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : ROE et ROA des banques européennes (en %)
31
Tableau 2 : Dimensions et critères de
l'efficacité organisationnelle d'une banque 37
Tableau 3 : état de quelques banques commerciales en
1988 (en milliards de FCFA) 69
Tableau 4 : Situation des banques au cours des années
80 et 90 69
Tableau 5 : Evolution des dépôts (en milliards de
FCFA) dans les banques de 1984 et 1990 70
Tableau 6 : Fiche signalétique d'Ecobank Cameroun au 31
Décembre 2014 81
Tableau 7 : Fiche signalétique de SCB Cameroun au 31
Décembre 2014 83
Tableau 8 : Fiche signalétique d'UBA Cameroun au 31
Décembre 2014 84
Tableau 9 : Fiche signalétique de BGFIBank Cameroun au
31 Décembre 2014 86
Tableau 10 : Fiche signalétique de d'Afriland First
Bank au 31 Décembre 2014 87
Tableau 11 : ROE des BA au Cameroun 2010-2014 (en %) 89
Tableau 12 : ROA des BA au Cameroun 2010-2014 (en %) 90
Tableau 13 : Coefficient d'exploitation des BA au Cameroun
2010-2014 (en %) 91
Tableau 14 : Dépôts de la clientèle dans
les principales banques camerounaise en 2014 (en millions de
de FCFA) 93
Tableau 15 : Volume des crédits accordés
à la clientèle dans les BA (en millions de FCFA) 93
Tableau 16 : Parts de marché sur les
dépôts en 2014 (en %) 94
Tableau 17 : Parts de marché sur les crédits en
2014 (en %) 94
Tableau 18 : Classement des 200 premières banques
africaines en 2014 95
vi
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Nombre d'établissements monétaires
et financiers dans l'U.E 47
Graphique 2 : Nombre d'établissement transfrontaliers
dans l'UE 47
Graphique 3 : Rythme de progression des crédits au
secteur privé de 1960 à 2005 67
vii
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Le concept d'efficacité, d'efficience, et de
performance 23
Figure 2 : Les objectifs de mesure de la performance 24
Figure 3 : Enjeux de la mesure de la performance 26
Figure 4 : L'exposition au risque bancaire 54
Figure 5 : Risques financiers et non financiers 58
Figure 6 : Panorama du secteur bancaire en Afrique 96
viii
RESUME
Les systèmes bancaires africains ont connu
d'importantes mutations au cours des dernières décennies sous
l'impulsion des Banques Africaines (BA). En effet, que ce soit en Afrique du
nord, en Afrique australe, en Afrique de l'Est ou en Afrique de l'Ouest, ces
banques enregistrent année après année des performances
remarquables consécutives à la forte croissance économique
que connaissent ces régions. Seulement, le niveau de performance
réalisé en zone CEMAC en général et au Cameroun en
particulier, reste en deçà de la moyenne continentale. A ce
titre, l'objectif de cette étude est de déterminer quels peuvent
être les facteurs explicatifs du faible niveau de performance des banques
africaines au Cameroun, au regard de leurs résultats financiers dans les
autres zones du continent. Pour ce faire, nous nous sommes
intéressés à l'activité des principales BA dans le
système bancaire camerounais pour la période 2010-2014, en nous
appuyant sur leurs rapports d'activités, ainsi que sur les publications
d'institutions comme le FMI, la BEAC, la COBAC ; de même que les
statistiques de la BEI. Dès lors, il ressort de nos analyses que les BA
ont certes un niveau de rentabilité acceptable selon la dynamique du
secteur bancaire camerounais, mais faute d'une croissance économique
soutenue au Cameroun, leur performance demeure marginalisée par rapport
aux autres régions du continent. Pour résorber cette sous
optimalité en terme de résultats financiers et non financiers,
nous préconisons que les règles du secteur bancaire camerounais
soient redéfinies et que les BA s'intéressent un peu plus au
segment de la clientèle des Petites et Moyennes Entreprises.
Mots-clés : Banque Africaine ;
performance ; système bancaire ; niveau de performance ;
rentabilité
ix
ABSTRACT
African banking systems have undergone significant changes in
recent decades under the impetus of the African banks (AB). Indeed, in North
Africa, Southern Africa, East Africa and West Africa, these banks are
performing remarkably year after year due to the strong economic growth in
these regions. However, the level of performance achieved in the CEMAC zone in
general and in Cameroon in particular, remains below the continental average.
As such, the objective of this study is to determine the explanatory factors
for the low level of performance of African banks in Cameroon, given their
financial performance in other areas of the continent. To this end, we focused
on the activity of the main ABs in Cameroon's banking system for 2010-2014,
based on their activity reports, as well as on the publications of institutions
such as the IMF, BEAC, COBAC as well as EIB statistics. Therefore, it is clear
from our analyzes that ABs have a level of profitability that is acceptable
according to the dynamics of Cameroon's banking sector, but for lack of
sustained economic growth in Cameroon, their performance remains marginalized
compared to other regions of the continent. To solve this sub-optimality in
terms of financial and non-financial results, we advocate that the rules of the
banking sector in Cameroon be redefined and that the ABs take a little more
interest in the segment of the clientele of Small and Medium Enterprises.
Keywords: African Bank; performance; banking
system; Level of performance; profitability
X
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PARTIE I : L'INTERNATIONALISATION DE LA PERFORMANCE BANCAIRE
16
CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE
18
SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA PERFORMANCE 18
SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 27
CHAPITRE II : LIENS ENTRE INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE
BANCAIRE 42
SECTION I : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE 43
SECTION II : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE NON FINANCIERE
49
PARTIE II : LES BANQUES AFRICAINES DANS LE SYSTEME
BANCAIRE CAMEROUNAIS
60
CHAPITRE III : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS :
EVOLUTION HISTORIQUE ET
CADRE REGLEMENTAIRE 62
SECTION I : HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS 62
SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU
CAMEROUN 71
CHAPITRE IV : EVALUATION ET APPRECIATION DE LA
PERFORMANCE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN 79 SECTION I : EVALUATION DE LA
PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU
CAMEROUN 79 SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMNCE DES
BANQUES AFRICAINES AU
CAMEROUN 95
CONCLUSION GENERALE 105
BIBLIOGRAPHIE 111
TABLE DES MATIERES 116
1
INTRODUCTION GENERALE
2
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
Depuis le début des années 2000 l'Afrique
subsaharienne se présente sous un nouveau jour : près de 6% de
croissance annuelle en moyenne sur la période 2000-2015 et autour de de
5% dans les années à venir1, des progrès en
matière de gouvernance et surtout une démographie en plein boom.
En 2030, le continent comptera 2 milliards de personnes, deux fois plus qu'en
20002, majoritairement des jeunes avides de travailler et de
consommer. « L'opinion publique est passée de l'afro-pessimisme
à une vision de l'Afrique comme zone attractive »3,
témoigne Henri Claude OYIMA, PDG de BGFI Bank dans les colonnes
d'une revue. Le continent devient une nouvelle frontière pour les
investisseurs, peut-être la dernière après
l'émergence de l'Amérique latine et de l'Asie. Les services
financiers auront naturellement un rôle central à jouer dans
l'accompagnement de ce développement. Or le chemin est encore long avant
que l'Afrique subsaharienne ne dispose d'infrastructures financières
à la hauteur des enjeux. Avec seulement un quart de la population ayant
accès à un compte bancaire, et une société
très attachée au cash, les systèmes bancaires restent
sous-développés. Les entreprises, des plus petites aux plus
grandes souffrent de cette insuffisante intermédiation bancaire,
d'autant plus que les solutions de financement alternatives (bourse, private
equity)4 sont encore embryonnaires. Le continent africain ne pourra
faire l'économie de colossaux investissements dans les infrastructures
(90 milliards d'USD en moyenne par an)5 et pourra de moins en moins
compter sur les capitaux venus du Nord.
Face à ces enjeux, les cartes doivent être
rebattues. Au lendemain des indépendances, le secteur bancaire africain
était essentiellement composé des banques étatiques et de
quelques grandes banques issues des anciennes puissances coloniales. Au cours
des quarante dernières années, plusieurs mutations majeures ont
progressivement transformé les systèmes financiers africains. De
nouveaux acteurs ont d'ores et déjà émergé lors de
la dernière décennie. C'est le cas des banques des pays
émergents, Chine en tête, en particulier en matière de
financement
1 Fonds Monétaire International,
perspectives économiques régionales, Octobre 2015, pp.
1à 3
2 Fonds Monétaire International, Finance et
Développement, Mars 2016, pp. 6 à 11
3 Henri Claude Oyima, Revue Banque, Cahiers de
prospectives bancaires et financières, n°314, mai 2013, p.
3
4 Selon le dictionnaire de la communication
financière, la bourse est un marché financier où se
vendent et s'achètent des instruments financiers (actions, obligations,
etc...). C'est l'une des sources de financement de l'économie. Elle
permet aux sociétés publiques et privées, aux
collectivités locales et à l'Etat de se procurer des fonds pour
financer leurs investissements en faisant appel aux épargnants.
-Le « private equity » ou
capital-investissement désigne une forme spécifique
d'investissement institutionnel dans les entreprises privées avec comme
objectif de fiancer leur développement, leur transformation et leur
expansion.
5 Banque Mondiale, Financement des projets
d'infrastructures en Afrique, Mars 2014
3
des infrastructures et de trade finance (China Exim Bank,
China Construction Bank)6. C'est aussi le cas de certains
établissements africains qui ont su tirer profit du relatif
désengagement des banques occidentales et sortir de leurs
frontières pour construire des banques panafricains7 ; Les
marocaines Attijariwafa et BMCE, la Sud-africaine Standard Bank, la gabonaise
BGFI, la togolaise Ecobank, la nigériane UBA en sont quelques exemples.
En 2012, les 200 plus grandes banques africaines représentaient un total
de bilan d'environ 1 110 milliards USD et un produit net bancaire (PNB) de 45
milliards d'USD8. Dans cet ensemble l'Afrique du Sud, le
Nigéria et l'Afrique du Nord auxquels appartiennent les banques
suscités dominent. Le secteur bancaire en Afrique subsaharienne reste
toutefois marqué par sa très grande diversité, que l'on
considère le degré de concentration des établissements
bancaires ou le taux de bancarisation des populations qui s'échelonne
à plus de 50% pour l'Afrique du Nord et l'Afrique du Sud à moins
de 10% pour l'Afrique francophone9. Les banques commerciales
dominent aujourd'hui encore les systèmes financiers d'Afrique
subsaharienne.
Les filiales de banques occidentales ont progressivement
cédé leur position dominante sans doute de façon
définitive à des banques africaines. Les nouveaux leaders peu
nombreux sont issus de quelques pays notamment le Maroc et le Nigéria
qui affichent les réseaux les plus importants, suivi par l'Afrique du
Sud et depuis peu par le Kenya et le Gabon10. Mais cet
équilibre est instable car tous ces leaders sont puissants et
entreprenants, notamment en raison de la taille qu'ils ont acquise dans leurs
pays d'origine. Tous aussi ont les mêmes motivations : parvenir à
une expansion géographique maximale, en s'appuyant sur leurs moyens
capitalistiques et leur savoir-faire. La quête de nouveaux marchés
concerne désormais toute l'Afrique subsaharienne ; l'expansion se fait
par le biais, selon les circonstances, du rachat d'une banque existante ou de
la création d'une nouvelle entité. De nos jours, les seuls freins
à cette politique d'expansion géographique sont les limites
financières de certains réseaux ou les difficultés
concrètes d'identification des cibles attractives. Pourtant, rares sont
les banques africaines qui ont une présence véritablement
continentale, c'est-à-dire touchant au moins deux zones
linguistiques.
6Banque Africaine de Développement, La
chine et l'Afrique : un nouveau partenariat pour le développement ?,
2011, pp. 122-126
7 Groupes panafricains ou groupes bancaires
africains (GBA) désignent l'ensemble des établissements de
crédit à capitaux africain, ayant leur origine dans un pays
africain et dont l'expansion géographique s'effectue dans au moins 2
régions géographiques ou linguistiques du continent
8 Jeune Afrique, spécial finance,
hors-série n°31, décembre 2012 pp 25 à 38
9 Paul Derremaux, le renouveau du secteur
bancaire en Afrique, in : Secteur privé et développement,
n°16, Mai 2013, pp. 2-5
10 Paul Derremaux, Op. Cit., p. 3
4
Dans ce nouvel environnement très compétitif,
les acteurs du secteur développent des stratégies analogues
visant à capter de nouveaux publics tout en diversifiant leurs
opérations. Ils s'appuient sur leurs réseaux d'agences, qui se
densifient rapidement assurant de fait l'évolution du niveau
général de bancarisation en Afrique. Les produits sont toujours
plus nombreux et plus modernes : monétique, banque par internet et ou
par téléphone mobile. Elles visent les même cibles, allant
du particulier à la grande entreprise, soucieuse de conquérir des
parts sur des marchés encore étroits où chaque intervenant
est contraint de travailler avec toutes les clientèles. Désormais
mieux organisées et plus innovantes, les banques africaines rattrapent
leur retard et devancent même leurs homologues du Nord en matière
de mobile banking ou de cartes Visa prépayées. L'action
des banques centrales tient aussi une place importante dans l'évolution
du secteur. Celle-ci a commencé avec la mise en place d'autorités
de tutelle indépendantes imposant des règles inspirées des
normes bancaires internationales : initiés dès les années
1970 dans les pays anglophones d'Afrique de l'Est, ces structures ont
été instaurées en Afrique francophone à la fin des
années 1980. L'augmentation massive du capital minimum requis pour
l'exercice de la profession constitue une illustration de ce travail de
régulation : La brusque exigence du Nigéria en 2005 de fixer ce
capital à 200 millions d'USD a divisé par quatre en quelques
années le nombre de banques et poussé les survivants
au-delà de leurs frontières nationales pour tenter de
rentabiliser leurs nouveaux fonds propres.
La portée et le rythme des réformes en Afrique
francophone sont bien différents ; les dispositifs de contrôle en
place témoignent d'une rigueur et d'un suivi encore insuffisants. Le
Cameroun qui fait partie de ce bloc des pays de l'Afrique subsaharienne en est
une illustration parfaite. En effet, contrairement aux régions
anglophones ou de l'Afrique du nord, le secteur bancaire au Cameroun connait
encore de nombreuses entraves. Parmi celles-ci, l'état fonctionnel des
institutions en place joue un rôle primordial. Si à ce jour,
certaines banques ont allégé les procédures d'ouverture
des comptes en s'ouvrant au plus large public et en diversifiant les produits
par l'adoption de ceux réservés jadis à la micro finance,
il reste que pour beaucoup d'autres, devenir un client relève d'un
parcours de combattant. Aussi, des éléments sectorielles tels que
les lourdes formalités pour l'ouverture d'un compte, les frais
élevés des opérations, les informations de contact
indisponibles, etc...A ces pesanteurs, il faut ajouter la sous-capitalisation
du secteur financier, une capacité réduite de refinancement
auprès du prêteur en dernier ressort qu'est la Banque centrale,
des ressources à long terme limitées, une faible collecte
d'épargne, une non déductibilité des provisions sur
créances douteuse de l'assiette fiscale, un respect aléatoire des
normes prudentielle, etc... Ces insuffisances freinent
5
une plus grande extension et une meilleure performance des
groupes bancaires africains dans ce pays.
C'est donc dans l'optique de mieux comprendre cette
ambivalence dans la réalisation de performance des banques africaines
selon les régions géographiques et linguistiques du continent,
que nous avons choisi de mener notre étude sur le thème :
« La question de la performance des banques africaines au
Cameroun »
II- OBJET ET INTERETS DE L'ETUDE
Après la crise bancaire qu'ont connue la plupart des
pays africains en général, et le Cameroun en particulier dans les
années 80, de nombreuses réformes ont été
entreprises pour redynamiser ce secteur hautement stratégique de
l'économie. Dès lors, on a assisté au Cameroun à la
privatisation de nombreuses banques à capitaux publics et à
l'émergence des banques africaines. Aussi, ces dernières depuis
près d'une décennie connaissent une expansion enviable et une
clientèle de plus en plus importante sur le continent africain en
général et au Cameroun en particulier. Toutefois, les
performances réalisées par ces nouveaux acteurs en zone CEMAC et
au Cameroun sont très modestes par rapport à celles qu'elles
réalisent dans les autres pays et régions du content ; une
situation qui mérite une attention particulière.
A cet effet, notre étude vise de façon
générale à apprécier le niveau de performance des
banques africaines au Cameroun comparativement à d'autres régions
du continent. A ce titre, nous voulons montrer que, bien qu'elles enregistrent
des performances remarquables dans certaines régions du continent, les
banques africaines peinent à être véritablement
performantes dans le secteur bancaire camerounais malgré qu'ils
constituent une part non négligeable des intervenants de ce secteur.
Pour ce faire, nous analysons d'abord le concept de performance bancaire;
Ensuite nous présentons les principales banques africaines en
activités au Cameroun, ainsi que leurs spécificités ;
Enfin, sur la base de données statistique nous procédons à
une appréciation de la performance des BA au Cameroun.
Par ailleurs, notre étude sur la question de la
performance des BA au Cameroun revêt un triple intérêt
notamment sur les plans scientifique, politico-économique, et social.
Sur le plan scientifique, notre étude
s'inscrit dans le champ du management stratégique. A ce titre elle
s'intéresse aux principaux déterminants de la performance des BA
au Cameroun. Partant du constat de l'ambivalence qui existe dans les
performances de ces banques suivant les
6
différentes régions géographiques et
linguistiques de l'Afrique, notre étude permettra de comprendre d'une
part les raisons profondes de cette ambivalence et d'autre part de proposer un
cadre stratégique, eu égard des spécificités de
l'économie camerounaise, qui permettra aux acteurs du secteur bancaire
camerounais, et spécifiquement les groupes bancaires africains,
d'être plus performantes dans notre pays.
Sur le plan politico-économique, notre
étude apportera aux décideurs publics un nouveau cadre de
réflexion utile pour de meilleures politiques d'encadrement et de
régulation du secteur bancaire camerounais qui est de plus en plus
animé par les banques africaines11 dont les objectifs et les
défis sont différents des banques locales ou occidentales. Aussi,
les banques étant les principaux acteurs du financement de
l'économie, les fruits de notre recherche pourront permettre aux
pouvoirs publics à mieux les inciter à jouer leur rôle dans
un contexte où l'intégration financière reste faible.
Sur le plan social, les grands défis
de développement auxquels se sont arrimés les pouvoirs publics du
Cameroun nécessitent une véritable mobilisation et une
sécurisation de l'épargne locale surtout dans un contexte de
sous-bancarisation. Le déploiement géographique au Cameroun des
banques africaines, qui sont plus empreintes à la culture
économique africaine est un atout à maximiser pour une plus
grande bancarisation de notre pays et donc une meilleure collecte de
l'épargne. Notre étude visera donc à faire des
propositions pour davantage faciliter la diversification géographique de
ces banques dans les zones les plus dépourvus en services financiers.
III- DELIMITATION DU SUJET
Notre étude est délimitée dans le temps et
dans l'espace.
Sur le plan temporel, nous avons choisi la période de
2010 à 2014. D'un côté, le choix de l'année 2010 est
guidé par le fait que cette année est charnière en terme
pénétration des BA au Cameroun. C'est également
l'année de maturation des nombreuses réformes du secteur bancaire
(en Afrique et au Cameroun) entreprises à la fin des années 90.
D'un autre côté, le choix de l'année 2014 se justifie par
rapport aux derniers rapports d'activités des banques disponibles et
11 SCB Cameroun a par exemple été Banque
Chef de file des opérations d'Emprunt obligataire de l'Etat du Cameroun
en 2013 et 2014
7
au dernier classement annuel des banques africaines
réalisé par le magazine Jeune Afrique au moment où nous
menons notre étude.
Sur le plan spatial, notre étude se délimite sur
le secteur bancaire camerounais, bien que des exemples soient empruntés
à partir d'autres cadres spatiaux en l'occurrence, la zone CEMAC,
l'Afrique et l'Europe.
IV- REVUE DE LA LITTERATURE
L'activité internationale des banques a largement
été abordée dans la littérature financière
et est communément définie par le terme de « diversification
géographique ». Les premiers travaux se sont focalisés sur
les mobiles de l'internationalisation bancaire, par la suite plusieurs auteurs
ont étudié les modes d'implantation des banques à
l'étranger ainsi que l'impact de la diversification sur la performance
des banques. Bien que la littérature soit très
développée à ce sujet, aucun consensus n'a
réellement été trouvé sur les bienfaits de la
diversification. La théorie explique que la diversification alloue,
d'une part de la crédibilité aux banques en tant
qu'intermédiaires financiers, et d'autre part, de la garantie aux
déposants pour la sécurité de leurs fonds [Diamond,
(1984)]. La plupart des travaux se concentrent sur deux types de
diversification ; l'une sur plusieurs activités bancaires, et l'autre
sur plusieurs zones géographiques.
Les raisons de l'internationalisation
bancaire
La littérature financière s'est penchée
sur les mobiles de l'expansion transfrontalière des banques dès
la fin des années 1970. Les résultats de la première vague
d'études sont très différents de ceux que l'on observe
aujourd'hui. Ceci peut être lié au fait que l'internationalisation
des banques est aujourd'hui très différente et beaucoup plus
autonome [Pastré, Blommestein, Jeffers, Pontbriand (2005)].
Les raisons principales expliquant la diversification
géographique des banques sont regroupées en deux
catégories dans la littérature : il existe des
déterminants internes et des déterminants externes à la
banque, comme le soulignent Nekhili et Karyotis (2008). L'ensemble de ces
facteurs décrivent les principales caractéristiques de
l'expansion bancaire.
8
- Les déterminants internes
Il existe quatre principaux facteurs décisifs
liés à l'installation étrangère : la
réalisation de profit, la clientèle, l'accès au capital et
les motivations managériales.
La réalisation de profit : La
première raison évoquée dans la littérature
financière pour expliquer l'expansion internationale des banques est la
recherche de performance et d'efficacité. En effet, en
s'internationalisant les banques recherchent une diminution des coûts,
grâce à l'élargissement de leurs bases de
dépôts ou grâce à l'exploitation de nouvelles
ressources [Deng et Elysiani (2008)] ; [Bout et Schmeits, (2000)]
suggèrent que la diversification permet aux banques de réduire la
volatilité des résultats. Ainsi, l'expansion géographique
abaisse les risques et accroît la valeur de l'entreprise. Aussi, pour
Berger et al. (2000) la diversification géographique des banques conduit
à une meilleure performance en élargissant le pouvoir de
marché et en améliorant l'efficacité des institutions
financières. De son côté, Caves (1981) affirme que les
institutions en se diversifiant, augmentent non seulement leur pouvoir de
marché12, mais exploitent aussi des ressources qui ne sont
généralement pas disponibles. Ensuite Cerasi et Daltung (2000)
stipulent qu'il existe un niveau optimal de diversification dans la mesure
où les banques opèrent généralement un arbitrage
entre l'augmentation des coûts et les bénéfices
résultant de la diversification.
Les banques s'expatrient également afin de suivre leurs
clients internationaux et d'augmenter leur portefeuille de clientèle.
Suivre la clientèle et trouver de nouveaux
clients : L'expansion internationale s'explique par le
désir des banques de suivre leur clientèle à
l'étranger. Le marché bancaire est caractérisé par
une relation de long terme entre une banque et ses clients [Dietsch, (1992)].
C'est pourquoi les banques accompagnent leurs clients à
l'étranger. Pour Grubel (1977) les banques qui suivent leurs clients
à l'étranger peuvent exploiter la connaissance acquise sur le
marché local et en acquérir une autre. Ces banques cultivent
aussi les informations recueillis sur les marchés étrangers afin
d'y implanter des filiales. La stratégie constituant à suivre la
clientèle, représente un moyen de tester un nouveau marché
[Casson (1990)]. Certaines études développées dans les
années 80, telles que celle proposée par Goldberg et Saunders
(1981) ont prouvé que les investissements directs étrangers
opérés étaient liés à la présence de
banques dans les pays ciblés.
12 Le pouvoir de marché peut être
défini comme la possibilité de pouvoir fixer les prix de
manière unilatérale sur le marché (Nekhili et Karyotis,
2008)
9
La décision de développer au-delà de ses
frontières est également due au souhait des banques de trouver de
nouveaux clients. En effet, en suivant les clients existants, elles essaient de
construire un portefeuille composé d'une clientèle
étrangère. Pour Molyneux (2003), les banques choisissent dans ce
cas, l'établissement à l'étranger. Cette forme
d'implantation à l'étranger est pour lui la moins coûteuse,
afin d'augmenter son portefeuille de clients. En effet, la proposition de
services et de produits liés à l'activité internationale
génère des coûts élevés si la banque doit
opérer depuis son pays d'origine. Une implantation dans le pays cible
réduit les barrières à l'entrée et permet de
diminuer les coûts.
D'autres facteurs internes tels que l'accès au capital,
influencent sur les décisions des banques de s'installer à
l'étranger.
L'accès au capital et la liquidité
: En dépit de la réglementation bancaire,
l'accès au capital est une problématique propre aux
établissements bancaires. Le coût du capital d'une banque
diffère de celui d'une entreprise industrielle. En effet, le coût
des fonds propres des banques endosse une position primordiale en dépit
du fait que les banques ont un effet levier plus important que les entreprises
industrielles [Zimmer et Cauley, (1991)]. Le coût d'un produit financier
représente pour une banque la moyenne pondérée des
coûts spécifiques des diverses sources de financement, le facteur
de pondération de chaque source de financement étant la valeur de
marché de celle-ci. Ainsi si une banque établit un prix pour un
produit financier, en dessous de son coût du capital, celle-ci expose ses
actionnaires à une perte.
Pour Acharya et al., (2006) il existe plusieurs
raisons pour lesquelles les banques décident d'étendre leurs
activités au niveau international. L'une d'entre elles est que celles-ci
exercent dans un environnement règlementaire nécessitant des
exigences e capital étroitement liées au risque de l'actif, aux
filiales et à la restriction en termes de crédit. Ainsi, la
diversification géographique peut être vue comme un moyen de
diminuer les coûts de régulation liés à l'exigence
en capital et de diminuer les risques liés aux prêts. Les revenus
nets d'intérêts sont pour beaucoup de banques une source de profit
intéressante.
Par conséquent, comme nous l'avons souligné plus
haut, l'international leur permet d'avoir des profits plus intéressants
si les taux d'intérêt sont plus élevés dans les pays
étrangers. La différence des taux d'intérêt peut
dans ce cas être soit un facteur d'attraction soit un facteur de rejet :
un facteur d'attraction si les taux d'intérêt sont plus
élevés dans le pays étranger, un facteur de rejet dans le
cas inverse [Slager, (2004)]. Lorsqu'une banque obtient un coût sur
capital moins élevé que ses concurrentes, cela se
répercute généralement sur sa part de marché.
10
Les motivations managériales
: Amihud et Lev (1981) mentionnent que les décisions
prises dans une entreprise sont généralement associées aux
motivations du gestionnaire et non à la seule décision des
actionnaires. Berger et Ofek (1996), ainsi que Demsetz et Strahan (1997) font
valoir que l'établissement à l'étranger est directement
lié au désir du gestionnaire de protéger son emploi, son
pouvoir et de diversifier son propre risque. Aussi, les décisions du
gestionnaire en termes de diversification de marchés sont fonction de sa
propre rémunération ou des avantages indirects qu'il peut
recevoir après la diversification.
De ce fait, la recherche de l'efficience et de la performance,
le désir de suivre son client et d'en trouver d'autres et la
volonté du gestionnaire de diversifier son propre risque sont autant de
facteurs qui poussent à l'internationalisation bancaire. Cependant il
existe également des déterminants externes à la banque.
- Les déterminants externes
Les facteurs externes sont, quant à eux,
représentés par les innovations financières, la
réglementation, le risque pays et par la similitude des cultures.
Les innovations financières et le
progrès technologique : le progrès technologique
ainsi que les changements économiques et financiers encouragent souvent
l'expansion transfrontalière. Miller et Parkhe (2002) ont montré
que les banques américaines étaient plus
intéressées par les pays où les pratiques bancaires
étaient bien développées. Les innovations
financières sont une garantie pour les banques de réaliser des
économies d'échelle et de créer de la valeur. Ainsi, la
création de nouveaux outils tels que les centres d'appels ou les
services bancaires en ligne, développe fréquemment de nouvelles
opportunités et génère de la performance. Outre l'ensemble
des innovations financières, la réglementation financière
et bancaire adoptée par un pays peut aussi avoir des conséquences
sur les stratégies internationales bancaires.
La réglementation : La
réglementation a également un impact sur le choix de
diversification géographique des banques. La
dérèglementation du secteur bancaire français dans les
années 80 a entraîné l'augmentation des partenariats
bancaires. En conséquence les banques ont opéré une
diversification dans plusieurs activités différentes ainsi que
dans des régions variées [Lacoue Labarthe (2001)]. Aux Etas-Unis,
le Gramm-Leach-Billey Act en 1999, a permis aux banques de diversifier leurs
activités et a impulsé un mouvement de fusions et acquisitions
entre banques de détail et banques d'investissement.
11
De plus, la réglementation renforce l'exigence en
matière de liquidité. En Europe, les réformes
réglementaires Bâle III pourraient avoir un impact réel sur
les fusions-acquisitions internationales réalisées dans le
secteur bancaire. Bâle II, selon Nekhili et Karyotis (2008), avait
déjà eu des conséquences sur les opérations
internationales en particulier sur la gestion des risques opérationnels
et de crédit ainsi que sur la répartition des capitaux propres.
De ce fait, la réglementation du pays d'origine et celle du pays cible
sont des facteurs déterminants pour l'expansion internationale tout
comme le risque pays.
Le risque pays : Le risque pays
représente aussi un facteur discriminant pour l'établissement
à l'étranger. Cerruti et al. (2007) estiment que le risque pays
est le résultat de déterminants politiques et économiques
tels que la que la stabilité des taux de change ou e niveau de dette
publique. Pour ces auteurs, le risque pays est composé des risques
économiques et politiques. Coeurderoy et Quelin (1997) expliquent
également que la stratégie internationale des banques est
fonction des risques politiques, économiques et sociaux. Les
différences de langue et de culture représentent aussi un risque
pays. Les banques doivent également faire face à un risque
inattendu tel que des contagions dues à une défaillance du
système financier et politique [Greuning et Bratanovic (2004)]
Les déterminants culturels et historiques
: L'histoire et la culture peuvent être des facteurs
discriminants, notamment si le pays domestiques partage la même culture
et la même langue que le pays cible. Lorsqu'une institution
financière s'implante dans un pays qui possède la même
langue, il apparaît plus facile pour celle-ci de proposer des produits
adaptés à la clientèle locale selon Slager (2004).
D'ailleurs, la plupart des stratégies de mondialisation des banques
européennes ont pour point d'appui l'héritage colonial. En effet,
les banques espagnoles et anglaises ont opté dans un premier temps pour
une installation dans les anciennes colonies.
Les logiques de l'internationalisation bancaire sont donc
à la fois rythmées par des facteurs propres à la banque,
mais également par des déterminants extérieurs. Ces
caractéristiques nous démontrent que les banques recherchent
avant toutes choses de meilleures conditions d'exploitation.
Performance des banques à
l'international
Certaines études empiriques se penchent sur les effets
d'une expansion géographique [Cubo-Ottone et Murgia, (2000)]. D'autres
expliquent les conséquences sur la performance et le risque de la
diversification par le biais de lignes d'activités bancaires
différentes telles que
12
l'assurance [Wall et Eisenbeis, (1984)], ou encore le
crédit à la consommation [Sinkey et Nash, (1993)]. Et enfin,
certains auteurs se préoccupent des deux dimensions, à savoir la
diversification sur les zones géographiques différentes et la
diversification à travers plusieurs métiers [Stiroh et Rumble,
(2006)].
Berger et al. (2000) ont essayé d'évaluer les
effets des acquisitions transfrontalières sur la performance des banques
européennes (France, Espagne, Allemagne, et Italie) et des banques
américaines dans les années 1990. Ils concluent que les banques
transfrontalières réalisent moins de profit que les banques
nationales.
En revanche, Forcarelli, Panetta et Salleo (2000) constatent
que les fusions transfrontalières sont accompagnées d'une
augmentation des profits. Cependant, l'expansion internationale induit des
difficultés directement liées à l'établissement
à l'étranger. Les banques doivent faire face aux risques
politiques et économiques. Elles doivent également
contrôler les difficultés liées aux différences
culturelles et linguistiques.
D'autres frais peuvent aussi survenir en raison de la hausse
du taux de change ou encore de l'augmentation des frais de personnel. Atumbas
et Marques (2008) ont également examiné les effets des fusions et
acquisitions transfrontalières sur la performance des banques
européennes et ont trouvé des conséquences
négatives sur la performance. Hayden, Porath et Westernhagen (2006) ont
démontré que la diversification réduisait le Return on
Equity (ROE) des banques détenant beaucoup de filiales
réalisaient moins de bénéfice.
Bergen, Hansan et Zhou (2010) se sont intéressés
à la diversification des banques chinoises (en termes de métiers
et de zones géographiques) et remarquent que les deux dimensions de
diversification apportent une baisse des profits et une hausse des
coûts.
Ainsi, bien que la littérature ait largement
débattu sur les mobiles de l'internationalisation des banques, de
même que sur l'impact de cette internationalisation sur leurs
performances, il n'en demeure pas moins que ces travaux se sont plus
focalisés sur les banques occidentales et asiatiques. Le cas des banques
africaines est très peu évoqué. Aussi, nous allons
présenter dans la section suivante la problématique de notre
recherche.
13
V- PROBLEMATIQUE
Le paysage bancaire camerounais est composé de quatorze
banques en activité parmi lesquelles, deux banques d'origine
française (BICEC et SG Cameroun), deux d'origine américaine (Citi
Bank Cameroon ; Standard Charterd), quatre d'origine camerounaise (Afriland
first bank ; CBC bank ; NFC bank ; BC-PME) ; et six d'origine africaine
(Ecobank ; Banque Atlantique ; SCB Cameroun ; UBA ; UBC bank ; BGFI
Bank)13 ; Le dernier classement national (2015)14 du
magazine Jeune Afrique, de ces banques suivant le critère du total de
bilan permet d'observer que les 6 premières places sont occupées
respectivement par Afriland first group, Afriland first Bank, SG Cameroun,
BICEC, SCB Cameroun et Ecobank. Par ailleurs, sur le plan continental, le
classement 2015 des 200 premières banques africaines suivant le
même critère de total de bilan permet d'observer qu'Afriland first
group arrive en 78ème position ; Afriland first bank
(151ème) ; SG Cameroun (154ème) ; BICEC
(158ème) ; SCB Cameroun (197ème) et Ecobank
(199ème). A la lumière de ces statistiques, il est
évident que les banques d'origine africaine connaissent une expansion
enviable au Cameroun ; Cependant, leur performance dans le secteur bancaire
camerounais est en deçà de celle réalisée dans les
autres régions du continent.
Dès lors, il importe de s'interroger sur les
différents aspects de cette performance, autrement dit, à quoi
renvoi la performance bancaire et comment peut-on l'évaluer ? Aussi, vu
le faible niveau de la performance des BA au Cameroun, quelles peuvent en
être les limites et pesanteurs à cette performance ? Par ailleurs,
si tant est que les BA connaissent une expansion notoire sur la scène
continentale, quel peut être l'impact de la régionalisation sur la
performance des BA au Cameroun ? De manière plus explicite, notre
étude sur la question de la performance des banques africaines au
Cameroun vise à répondre à la question principale suivante
: Au regard de leurs résultats financiers dans certaines zones
du continent, quels peuvent être les facteurs explicatifs du faible
niveau de performance des banques africaines au Cameroun ?
13 BEAC, Liste des banques agréées au
Cameroun au 28 Octobre 2014
14 Jeune Afrique, spécial finance,
hors-série n°41, décembre 2015, pp. 40 à 57
VI- 14
HYPOTHESES DE RECHERCHE
Notre sujet de réflexion nous amène
à formuler des hypothèses sur les interrogations sus
formulées. Ces hypothèses pourront être confirmées
ou infirmées au dénouement de notre recherche. A cet effet, en
guise de réponse anticipée ou provisoire à notre question
centrale sus formulée, nous adoptons l'hypothèse principale
suivante : Faute de croissance économique soutenue, les banques
africaines se marginalisent au Cameroun et en zone CEMAC par rapport aux autres
régions du continent.
A cette hypothèse principale viennent se greffer
des hypothèses secondaires relativement à notre
problématique et qui seront développées tout au long de la
première partie, théorique de notre étude :
Hypothèse H1 :
L'incapacité à satisfaire la clientèle fragilise la
performance des banques africaines au Cameroun.
Hypothèse H2 : La
régionalisation des banques africaines a un impact positif sur leur
performance au Cameroun.
VII- DEMARCHE METHODOLOGIQUE
La démarche méthodologique que nous
adoptons dans notre étude est une démarche hypothético
déductive utilisant comme instruments principaux l'analyse documentaire
et les entretiens.
Ainsi, nous nous appuyons sur l'exploration des
documents, rapports et articles provenant d'institutions financières et
monétaires comme le FMI, la Banque de France, La Banque Mondiale, La
BEI, La BAD, la BEAC. De même, les statistiques fournis par l'Institut
National de la Statistique (INS) et la COBAC, ainsi que les rapports
d'activités des banques faisant objet de notre étude nous
permettront d'étayer notre analyse.
S'agissant des entretiens, nous avons sollicité et
obtenu des échanges fructueux avec des responsables de la COBAC, de la
BEAC, et des hauts cadres des banques faisant objet de notre étude. Nous
avons également eu à échanger par correspondance avec
plusieurs spécialistes internationaux du secteur bancaire
africain.
15
VIII- PLAN DE TRAVAIL
Notre travail est subdivisé en deux parties :
La première partie, théorique, est
consacrée à l'étude de l'impact de l'internationalisation
sur la performance bancaire. Elle est subdivisée en deux chapitres :
Dans le chapitre I nous définissons le concept de performance et nous
présentons les différents domaines de la performance bancaire.
Dans le chapitre II, nous abordons l'étude de la performance des banques
à l'international, étudiant le lien entre internationalisation et
performance bancaire. Dans cette optique, nous présentons d'un
côté l'internationalisation et la performance financière,
et d'un autre côté, nous présentons l'internationalisation
et la performance non financière.
La deuxième partie de notre recherche est empirique.
Elle est consacrée à l'observation sur le terrain des BA en
activité au Cameroun, en vue d'évaluer et d'apprécier
leurs performances par rapports aux autres régions. Cette partie est
également subdivisée en deux chapitres : Dans le chapitre III,
nous présentons le système bancaire camerounais, dans son
évolution historique et le cadre réglementaire ; Et dans le
chapitre IV, nous procédons à l'évaluation de la
performance des BA exerçant au Cameroun.
16
PARTIE I :
L'INTERNATIONALISATION DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
17
La globalisation de l'économie mondiale sous
l'impulsion des firmes multinationales (FMN) a entraîné la
transnationalisation des circuits monétaires et financiers15.
Dès lors, on a assisté à l'essor des banques
multinationales (BMN) dont le rôle premier était d'accompagner les
FMN dans leur expansion mondiale. Le développement des marchés
financiers dans les années 80, sous l'impulsion d'un gigantesque
mouvement d'innovation et d'internationalisation a abouti à son tour
à une globalisation des faits, des outils et des structures
financières. Cette globalisation se caractérise de nos jours par
l'intégration des marchés, c'est-à-dire une mise en place
d'étroites relations entre les marchés et cela aussi bien au plan
national qu'international.
L'internationalisation des banques apparaît donc d'une
part, comme une « contrainte », une réponse à une
modification de l'environnement, et d'autre part, comme une manifestation de la
volonté des banques d'accroître leur part de marché. Aussi,
plusieurs raisons justifient la diversification géographique des
banques, dont notamment la quête d'une meilleure performance.
En effet, la performance des banques à l'international
reste un sujet préoccupant pour les managers des BMN. Ce sujet est
d'autant plus préoccupant pour les banques exerçant en Afrique
subsaharienne à l'instar des grandes banques africaines dont la
présence dans le secteur bancaire africain est de plus en plus
prépondérante.
Fort donc de la position stratégique qu'elles occupent
dans le paysage financier du continent, il importe de comprendre les enjeux de
la régionalisation des banques africaines sur le continent. C'est dans
cette optique que se positionne cette partie de notre étude qui se
propose de déterminer le lien qui existe entre l'internationalisation de
ces banques et les performances qu'elles réalisent. Pour ce faire nous
l'avons subdivisé en deux chapitres : Dans le premier, nous explicitons
les différents concepts ainsi que les principaux domaines de la
performance bancaire. Le second chapitre sera consacré à
l'étude des liens qui existent entre l'internationalisation et la
performance bancaire.
15 Charles Michalet, Le capitalisme mondial,
coll. « Economie et liberté », PUF, 1976
18
CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
La mondialisation et la globalisation financière ont
fortement impulsé la croissance mondiale ces vingt dernières
années. Le capitalisme international productif et financier a assis sa
domination sur l'économie mondiale contribuant ainsi à une forte
croissance qui a particulièrement bénéficié au pays
en voie de développement.
Cependant, l'économie mondiale, et, avec elle, les
institutions financières ont été secouées par une
crise financière sans précédent en 2008, ce qui montre une
fois encore l'impératif recours à un mode de gestion
adéquat pour faire face aux risques en terme de stabilité et
soutenabilité d'un mode de croissance impulsé par les firmes
internationales et les grands groupes bancaires.
Avec l'avènement de la mondialisation, le monde
bancaire et financier a connu un prodigieux développement et une
véritable révolution sans répit :
déréglementation, décloisonnement des activités,
désintermédiation, et récemment la crise financière
internationale Cette vague de changements s'est accompagnée d'une
intensification de la compétition entre différents acteurs du
secteur bancaire.
Dans un tel environnement de plus en plus compétitif,
les banques se doivent d'être de plus en plus performantes. L'objet du
présent chapitre est donc d'analyser la performance bancaire. Pour ce
faire, nous nous proposons d'abord de clarifier le concept de performance
(Section I), avant de nous attarder sur les principaux domaines de la
performance bancaire (Section II).
SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA
PERFORMANCE
Le terme performance est largement utilisé dans le
champ de la gestion mais avec une multitude de définitions, comme
l'exprime si bien Adrien Payette : « Il n'y a pas de définition
universelle et globale de la performance, et il est inutile d'en chercher une
». Ce qui renvoie à la polysémie de ce mot. Ainsi la notion
de performance renvoie indifféremment à plusieurs traductions :
économique (compétitivité), financière
(rentabilité), juridique (solvabilité) et organisationnelle
(efficience), et toutes ces performances se mêlent et se côtoient
au sein de
19
chaque entreprise. Nous tenterons dans cette section de cerner
les contours de cette diversité sémantique.
A : DEFINITION DE LA PERFORMANCE
Le mot « performance » existe depuis très
longtemps dans d'autres domaines que celui de la gestion des entreprises.
L'utiliser à propos d'une fin d'entreprise revient à
considérer deux métaphores.
Historiquement, la performance apparaît d'abord dans les
univers du sport et de la mécanique, dans lesquels elle est
quotidiennement utilisée. Le mot performance désigne depuis le
milieu du XIXème siècle, les résultats obtenus par un
cheval lors d'une course, puis ceux d'un athlète ou d'une équipe
sportive, et, depuis le début du XXème siècle, il
désigne également les indications chiffrées
caractérisant les possibilités d'une machine.
La métaphore mécanique renforce la dimension
rationnelle et utilitaire de la performance La métaphore sportive
suggère des représentations idéologiques des valeurs comme
l'effort, le dépassement, le progrès, mais aussi des modes de
relations sociales : la compétition, l'équité, la
coopération16.
1 : Notion de performance
La performance est une notion très vague, qu'il
convient de cerner à travers les différentes contributions
scientifiques traitant ce concept.
Le mot performance est polysémique, il prend des sens
changeant, mais que l'on peut toujours rattacher à l'un/et l'autre des
trois sens primaires ci-dessous [Bourguignon, (1995)]17
? Elle se traduit par un résultat
La performance est donc le résultat d'actions
coordonnées, cohérentes entre elles, qui ont mobilisé des
moyens (personnel, investissement), ce qui suppose que l'organisation dispose
d'un potentiel de réalisation (compétences du personnel,
technologies, organisation, etc...)
16 Bernard COLASSE, Encyclopédie de
comptabilité, Contrôle de gestion et Audit, 2ème
édition, Economica, Paris, 2009, P. 1123
17 B. DORIATH, C. COUJET, Gestion
prévisionnelle et mesure de la performance, 2ème
édition, Dunod, Paris, 2005, P. 166
20
? Elle s'apprécie par une
comparaison
La réalisation est comparée aux objectifs,
grâce à un ensemble d'indicateurs, chiffrés ou non. La
comparaison suppose une forme de compétition, faire mieux que lors de la
période précédente, rejoindre ou dépasser les
objectifs. Elle donne lieu à interprétation, jugement de valeur
qui peut différer en fonction des acteurs concernés
(actionnaires, dirigeants, syndicalistes).
? La comparaison traduit le succès de
l'action
La notion de performance étant positive, la performance
est donc une notion relative (résultat d'une comparaison), multiple
(diversité des objectifs) et subjective (dépendant de l'acteur
qui l'évalue).
? Elle résulte de la définition
d'un champ de responsabilité
Philippe LORINO définit la performance comme
étant « Tout ce qui est, et seulement ce qui contribue à
l'amélioration du couple (valeur-coût), à contrario, n'est
pas forcément performance ce qui contribue à diminuer le
coût ou à augmenter la valeur isolément ». Elle est
aussi, « tout ce qui, et seulement ce qui contribue à l'atteinte
des objectifs stratégiques »18
2 : Dimensions de la performance
La performance est le concept clé du pilotage d'une
organisation. C'est une notion multiforme difficile à appréhender
de manière simple. Elle peut être approchée sous
différentes optiques à savoir ; La performance unidimensionnelle
et la performance pluridimensionnelle19.
2.1 : La performance unidimensionnelle
C'est la performance abordée dans sa dimension
financière. Une entreprise est considérée performante si
elle crée de la valeur pour les actionnaires. On entend par valeur la
rémunération destinée à l'actionnaire d'une part,
pour rétribuer son apport en capital et d'autre part, pour
rémunérer le risque supplémentaire qu'il encoure en cas
d'une mise en liquidation de l'entreprise. La performance financière est
ainsi donnée par la quantité du résultat obtenu pour une
unité monétaire de capitaux propres apportée par les
actionnaires et les investisseurs.
18 P. LORINO, Méthodes et pratiques de la
performance, le guide du pilotage, p.18
19 M. BARABE ; O. MELLER, Manager, Dunod,
Paris, 2006, PP. 334-350
21
2.2 : La performance multidimensionnelle
Elle est également appelée performance
élargie. Contrairement à la performance unidimensionnelle, elle
reconnait la pluralité des partenaires d'une organisation ainsi que
leurs objectifs. Par conséquent, elle recherche à mesurer la
performance de l'entreprise dans l'ensemble donc de satisfaire l'ensemble des
exigences.
Cependant, pour assurer un bon pilotage de sa performance
globale, l'entreprise doit procéder à l'examen des
différentes dimensions internes de cette performance20.
? La performance économique
Elle concerne les résultats exprimés par le
volet comptabilité, puis traités par la direction
financière. Il s'agit principalement des différents soldes
intermédiaires de gestion et les relations qui en découlent. Il
s'agit des résultats liés directement à l'activité
de l'entreprise.
? La performance commerciale
Il s'agit de a prédisposition de l'entreprise à
satisfaire les besoins de ses clients habituels et ceux potentiels. Cela se
traduit par sa capacité à proposer des produits et services
adaptés à leurs attentes. Elle est reflétée par les
parts de marché occupées par l'entreprise, le nombre de clients
fidèles, l'opinion de la clientèle sur l'entreprise et la
rentabilité dégagée par client, secteur d'activité,
etc...
? La performance managériale
La capacité managériale peut être
appréhendée comme étant l'aptitude d'un manager et des
responsables opérationnels à réaliser la performance
globale attendue. Etre un manager performant c'est pouvoir réaliser une
bonne gestion avec des anticipations rationnelles.
? La performance organisationnelle
Selon KALIKA21, la performance organisationnelle
porte sur la structure organisationnelle de l'entreprise et pas sur sa nature
économique ou sociale. Cela veut dire que la mesure de la performance
organisationnelle permet de refléter les soucis organisationnelles
auxquels l'entreprise doit faire face pour éviter des
répercutions éventuelles sur la performance globale.
20 K. BENTRAZI, Management de l'agence bancaire
: missions et profil du manager, Master Banque et finance, Ecole
supérieure de Banque en partenariat avec le groupe Sup. de Co,
Amien/Picardie, France
21 M. KALIKA, Structure d'entreprise :
réalité, déterminants, performance, Economica, Paris,
1995, P. 340
22
B : CRITERES ET MESURES DE LA PERFORMANCE
La performance repose sur certains critères, notamment
l'efficacité et l'efficience. Aussi, sa mesure s'opère suivant
des objectifs bien définis et s'effectue sur la base de certains
principes.
1 : Les critères de la performance
Le concept de performance fait référence, non
seulement à un jugement sur un résultat, mais également
à la façon dont ce résultat est atteint, compte tenu des
conditions et des objectifs de réalisation. Il recouvre alors deux
aspects distincts, en l'occurrence, l'efficacité et l'efficience.
1.1 L'efficacité
Dans le langage courant de la gestion, on parle de
l'efficacité lorsqu'on veut mettre en relation les résultats et
les objectifs. Or, une banque est dite performante lorsqu'elle atteint les
objectifs fixés par les managers au début de l'action. Il s'agit
de la préoccupation essentielle des responsables. Elle signifie que les
actions menées ont permis de répondre « aux principaux
constituants stratégiques »22. L'efficacité est
le meilleur rapport possible entre le degré de réalisation des
objectifs et les moyens mis en oeuvre pour l'obtenir, l'efficacité est
la capacité à obtenir un résultat.
1.2 L'efficience
L'efficience quant à elle « maximise la
quantité obtenue à partir d'une quantité donnée de
ressources, ou minimise la quantité de ressources consommées pour
une production donnée ». Nous entendons alors par efficience, la
mesure d'absence de gaspillage dans l'emploi de ressources (humaines,
techniques, financières et autres) tout en étant
efficace23.
22 M BARBE, O MELLER, Manager, Dunod, Paris,
2006, P. 346
23 J-L MALO, J-C MATHE, L'essentiel du
contrôle de gestion, Edition d'Organisation, 2ème
édition, Paris, 2000, P. 106
23
La notion de performance englobe à la fois
l'efficacité et l'efficience, sans toutefois que ces deux notions
s'impliquent nécessairement. En somme, si l'efficacité est
l'atteinte des objectifs, l'efficience est la meilleure manière de les
atteindre.
Figure 1 : Le concept d'efficacité, d'efficience,
et de performance
Efficience: Relation entre les moyens mis en oeuvre et
les résutats obtenus
Efficacité: Mesure de la réalisation des
objectifs internes
Performance
Source : P.L et al, Contrôle de Gestion et
Management, Montchrestien, 4ème édition, Paris, 1997, p 42.
2 La mesure de la performance
La mesure de la performance constitue un ensemble de
techniques de contrôle, destinés à s'assurer que les
réalisations des divers centres de responsabilités dans
l'entreprise sont conformes aux normes établis par chacun d'eux et
à appliquer des sanctions positives ou négatives dans le cas
où les réalisations s'écartent sensiblement des normes
choisies.
La mesure de la performance est donc : le processus par lequel
les dirigeants s'assurent que les ressources sont obtenues et utilisées
avec efficacité et efficience pour réaliser les objectifs de
l'entité, c'est-à-dire pouvoir mesurer et contrôler les
risques et les performances analysés dans un environnement soumis
à l'incertitude.
La mesure de la performance peut être24
? Financière : Exprimée en unités
monétaires ou reliée à un aspect financier comme par
exemple la mesure du profit, du PNB.
? Non financière : Exprimée en unités
autres que financières et ne provenant pas de transformations ayant
comme origine des unités monétaires
24 F GIRAUD, SAULPICO, G. NAULLEAU, M.H. DELMOND,
P.L. BESCOS, Contrôle de gestion et pilotage de la performance,
Gualino Editeur, France, 2002, P. 21
La performance peut être également mesurée
:
? A posteriori : Il s'agit de mesurer le degré de
performance atteint ou le degré de réalisation des objectifs. Il
s'agit d'un constat fait grâce aux indicateurs de résultat ou
indicateurs de reporting.
? A priori : Il s'agit en fait de mesurer la progression de
réalisation des objectifs et de permettre de réagir, et ce par
des actions correctives. Cette mesure est possible grâce à des
indicateurs de suivi ou les indicateurs de pilotage.
2.1 Les objectifs de la mesure de la
performance
Pour KAANIT (2002), la mesure de la performance joue un
rôle majeur dans le contrôle. Elle vise en effet une multitude
d'objectifs et de buts25. La mesure de performance doit permettre de
: piloter, animer, organiser les différentes ressources de
l'organisation ; En outre elle est un outil d'aide à la décision
et permet de prendre du recul face aux controverses comme l'indique la figure
ci-dessous.
Figure 2 : Les objectifs de mesure de la
performance
·
Permet d'avoir un recul
Aide à la reflexion
Organiser
Animer
Piloter
C'est un instrument d'aide à la reflexion qui permet
d'avoir une vision globale d'un système, dans la mesure où il en
est une représentation réduite
· C'est une bonne occasion pour développer une
reflexion collective
|
|
· Par son effet miroir, c'est un reflet du niveau de
performance d'un service. Lesindicateurs alertent sur les domaines
problématiques
|
|
· C'est un support d'information qui permet d'orienter
l'action. Elle ne dit pas comment agir mais incite à se poser de bonnes
questions
· Parce qu'elle offre les possibilités de se
distancier des évènements vécus, elle développe au
contraire un compréhension plus gobale du fonctionnement du
système.
24
Source : Abd El Gafour KAANIT,
élaboration d'un tableau de bord prospectif, Magistère,
université de Batna, 2002,P.56
25 KAANIT, Elaboration d'un tableau de bord
prospectif, Magistère, Université de Bana, 2002, P.56
25
2.2 Les principes de la mesure de la
performance
Apprécier la performance d'une organisation n'est pas
une tâche aisée à réaliser. Elle doit être
objective, réelle, simple et compréhensible. Pour ce faire, deux
principes importants doivent être respectés lors de la mesure de
la performance : Le principe de pertinence et le principe de
contrôlabilité.
? Le principe de pertinence
La mesure de la performance d'une organisation est
considérée comme pertinente si elle oriente le comportement du
manager dans le sens des objectifs de l'entreprise26. Ce qui veut
dire que tous les objectifs individuels doivent converger vers un but commun,
à savoir l'atteinte de la performance globale de l'entreprise.
? Principe de contrôlabilité
Le principe de contrôlabilité stipule que la
mesure de la performance d'un manager en charge d'une entité doit
être construite sur la base des éléments qu'il peut
maîtriser27. Ce principe repose donc sur l'hypothèse
d'un partage clair sans ambigüité des responsabilités. La
mise en place de ce principe exige l'existence d'objectifs clairement
établis pour être contrôlables.
? Autres principes
En plus des deux principes essentiels à la mesure de la
performance, on peut trouver d'autres principes moins importants que les deux
premiers mais qui ont une valeur ajoutée non négligeable :
- Le principe de fidélité : Assurant que les
mêmes situations produisent les mêmes valeurs
- Le principe de simplicité : Assurant que les
méthodes utilisées et les indicateurs choisis pour la mesure de
la performance soient aisément compréhensibles ;
- Le principe de sélectivité : Assurant un
meilleur choix des indicateurs à utiliser pour que les managers ne
soient pas débordés avec des indicateurs qui peuvent être
inutiles.
26GIRAUD.F et al, Le contrôle de gestion et
pilotage des performances, Gualino éditeur, France 2002, p.72
27 GIRAUD.F et al,Op.Cit., P.73
26
2.3 Les difficultés de mesure de la
performance
Au cours des dernières années, on est
passé de modèles de performance monocritère vers un
modèle multicritère qui intègre les attentes des
différentes prenantes : Les actionnaires, les salariés, les
clients, ou les tiers externes. Les critères de performance et
l'évaluation peuvent également varier pour une même partie
prenante, en fonction de l'attente sociétale ; du niveau de concurrence
et plus généralement du contexte de l'entreprise Les
critères de performance sont parfois peu conciliables, voire
contradictoires et le manager a souvent pour rôle de les rapprocher ; La
figure ci-dessous illustre l'enjeu de la mesure
Figure 3 : Enjeux de la mesure de la
performance
Donner le pouvoir au terrain et maintenir
une vision stratégique
Concilier les performances locale et globale
Face à la diversité des critères de
performance, le manager doit apprendre à...
Gérer à la fois le court terme et le long
terme
Allier le qualitatif et le quantitatif ou la gestion
des coûts
Concilier l'intérêt individuel
et l'intérêt collectif
Favoriser la croissance sans sacrifier
la rentabilité
Conscilier le
besoin de stabilité des hommes et la
nécessité du changement
Permettre le développement des hommes
en assurant la performance
Innover et éviter l'erreur
Source : Pangloss, Comment accroître les
performances par un meilleur management, n° 35, mai 2004
En substance, la performance est une notion polysémique
et multidimensionnelle. Elle repose sur deux critères essentiels,
à savoir l'efficacité et l'efficience. Sa mesure obéit
à un certain nombre d'objectifs et elle s'opère selon des
principes.
27
SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
Le phénomène grandissant de l'expansion des
banques à l'internationale suscite un intérêt particulier
quand à l'impact qu'il génère sur la performance de ces
entreprises toutes particulières. Le plus souvent, une banque
décide de s'internationaliser pour des raisons bien définies,
mais qui aboutissent toutes à la quête d'une meilleure
performance. Aussi, il convient de déterminer les domaines de la
performance bancaire. La présente section se propose de présenter
les indicateurs quantitatifs ou financiers d'une part et les indicateurs
qualitatifs ou non financier d'autre part.
A : LES INDICATEURS FINANCIERS DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
Les banques accordent une très grande importance
à la performance bancaire. Les analystes financiers utilisent de
nombreux types d'indicateurs financiers afin d'appréhender la
performance des banques. Ces indicateurs peuvent être budgétaires
ou encore comptable. Dans cette section nous nous focaliserons essentiellement
sur la rentabilité bancaire d'une part, et sur les autres indicateurs
financiers d'autre part.
1 : La rentabilité bancaire
La rentabilité peut être globalement
définie comme « l'aptitude de l'entreprise à secréter
un résultat exprimé en unités monétaires
».28 Ainsi définie, cette notion renvoie à
l'appréciation de l'efficacité de l'entreprise, mais
privilégie une évaluation monétaire des performances.
Qu'elle apparaisse comme le reflet d'une conception
étroite de l'efficacité, ou, au contraire comme une expression
synthétique des performances de toute nature, la rentabilité est
généralement présentée comme une des
références fondamentales qui orientent les décisions et
les comportements des entreprises. Mais la façon dont ces
dernières la prennent en compte dans la formulation de leurs projets
donne lieu à des appréciations divergentes.
Afin de mieux appréhender la rentabilité
bancaire, nous présenterons d'abord ses différentes approches,
avant de nous appesantir sur sa mesure.
28 B. Colasse, Gestion financière de
l'entreprise, PUF, Paris, 1993
28
1.1 : Les différentes approches de la
rentabilité bancaire
Nouy (1993) définissait la rentabilité bancaire
comme la capacité d'une banque à dégager de son
exploitation des profits élevés lui permettant de poursuivre son
activité, tout en déduisant les coûts nécessaires
à la poursuite de l'activité. Les analystes financiers peuvent
mesurer cette rentabilité financière de trois manières
différentes.
D'abord, la rentabilité est évaluée
à partir des marges, des coûts et des rendements. Nouy (1993)
précise que la variation de la rentabilité est fonction de
l'évolution des taux mais également de la variation des volumes.
Pour lui, il convient donc de tenir compte de la variation de ceux-ci afin
d'apprécier la performance bancaire. Pour ce faire, l'étude des
rendements mais aussi des coûts est nécessaire. Cet examen est
réalisé habituellement en comparant les montants des
intérêts perçus et versés avec les montants des
prêts et emprunts qui correspondent.
Ensuite, l'analyse de la rentabilité des banques est
aussi effectuée à partir des Soldes Intermédiaires de
Gestion (SIG). Ces soldes permettent de comprendre et de connaître les
différents éléments qui ont permis d'obtenir le
résultat net de la banque. Les SIG représentent
généralement le Produit Net Bancaire (PNB), le Produit Brut
d'Exploitation (PBE), le Produit Net d'Exploitation (PNE) et le Résultat
Net (RN). Certaines études à l'image de Hubrecht et Guerra (2005)
étudient la performance des banques à partir du PNB. Ces auteurs,
qui analysent la performance des agences bancaires, considèrent que
celles-ci peuvent être analysées comme des succursales dans la
mesure où celles-ci sont organisées de telle sorte que les
décisions en dotation de ressources ou en amortissement de produits sont
prises par la direction générale. Le PNB est égal à
déduction des charges bancaires des produits bancaires, résultant
des activités de prêts et d'emprunt, de change et des
opérations de titres.
Enfin, les analystes s'intéressent également
à la structure de l'exploitation mise en exergue par les ratios
d'exploitation. Ces ratios sont représentés par le Return On
Equity (ROE) exprimant la rentabilité du point de vue de l'actionnaire ;
Le Return On Asset (ROA), représentant le rendement de l'actif, ou
encore le coefficient global d'exploitation mesurant la partie des profits
réalisés, absorbés par les coûts fixes bancaires.
29
1.2 : Mesure de la rentabilité bancaire :
rentabilité financière et rentabilité
économique
La littérature bancaire et financière assimile
souvent le concept de rentabilité aux concepts d'efficience et
d'efficacité. Ces deux concepts sont très proches dans beaucoup
d'études de rentabilité bancaire. Le concept d'efficience met en
relation les gains réalisés et les procédés
utilisés pour les obtenir. L'efficience peut être donc
définie comme un processus menant à la réalisation des
gains élevés accompagnés d'une minimisation des
coûts. L'efficience implique donc une rentabilité
élevée et une productivité. L'efficacité quant
à elle, est caractérisée par la capacité d'une
banque, à réaliser et à atteindre un résultat
désiré, prévu, et surtout appréciable. En effet,
l'efficacité d'un gestionnaire est ordinairement reconnue dans
l'aptitude à celui-ci à réaliser des objectifs
fixés. Ces deux notions font donc appel à celle de
rentabilité.
Comme nous l'avons souligné précédemment,
la mesure de la rentabilité peut être faite à partir du
résultat opérationnel (exprimant l'efficacité des
systèmes d'investissement et d'exploitation), et du RN ou encore des
ratios de rendement des capitaux propres (ROE) ou de rendement de l'actif
(ROA).
D'ailleurs, l'étude de la performance bancaire se fait
majoritairement dans la littérature, à partir du ROE et du ROA.
L'utilisation de ces ratios est très commune dans la mesure où
l'évaluation de la performance faite uniquement à partir des
coûts possède des limites. En effet, De Young, Hunter et Udell
(2004) utilisent ces indicateurs afin d'évaluer la performance des
banques. Ils stipulent qu'une mesure de la rentabilité prenant en compte
exclusivement des coûts ne révèle pas la rentabilité
réelle de la banque. En effet, celle-ci peut décider de mener une
politique d'investissement en personnel qualifié ou en équipement
de qualité ou en équipement de qualité pesant sur les
coûts, l'objectif étant de maximiser les bénéfices.
Dans ce cas, la banque se révèle moins efficiente en termes de
coûts. Ces différents investissements rapportés au total de
l'actif nous communiquent la rentabilité de l'actif bancaire.
En ce sens, le ROE, mesurant la rentabilité des
capitaux propres, évalue la capacité de la banque à
utiliser au mieux ses actifs pour réaliser de bons résultats. Ce
ratio correspond de ce fait, au bénéfice net perçu par
l'ensemble des actionnaires. Cette mesure traduit la santé
financière de la banque quand celle-ci connaît des
difficultés, aucun dividende ne sera versé aux actionnaires. De
même, si elle dépose son bilan, les investisseurs en capitaux
propres ne seront remboursés que si le créancier l'est. Dans le
cas contraire, si elle a une bonne santé financière, le ROE reste
aussi un bon indicateur, puisque les actionnaires perçoivent tous les
30
bénéfices. Ce ratio permet
également de rendre compte de la réelle
capacité bénéficiaire de la banque, et de la
rentabilité des capitaux injectés dans celle-ci [De Coussergues
et Bourdeaux, (2010)]. Aussi, le ROE est calculé en rapportant le RN aux
fonds propres moyens. Les capitaux propres moyens représentent les
capitaux appartenant définitivement aux apporteurs, dont la
rémunération est assise sur le RN.
Résultat Net
ROE = Capitaux propres
moyens
La définition de ratio de rentabilité des
capitaux propres varie en fonction de l'activité. Par exemple, si on se
focalise sur des organismes de crédit, la définition du ROE peut
être faite à partir des fonds pour risque bancaire
généraux. Le ratio devient alors le suivant :
ROE = Résultat net +ou-dotations ou reprises
du fond pour risque bancaire généraux dans
l'année
Capitaux propres moyens
Le ROA, mesurant la rentabilité de l'actif, est
utilisé par tous les établissements financiers. Cet indicateur
est aussi assimilé à la rentabilité
économique. Il donne la rentabilité instantanée
de l'ensemble des actifs gérés. Le calcul du ROA se fait de la
façon suivante :
ROA = Résultat Net ou
ROA = Résultat net
Total du bilan Actifs
gérés
Ce taux représente également le niveau de
rentabilité des capitaux propres s'il n'y a aucun endettement. Cette
mesure est bien adaptée aux activités de banque
privée et de gestion d'actifs. Cependant, ce taux reste un
taux comptable qui ne prend pas en compte l'aspect
risqué de l'activité bancaire. Son utilisation reste
donc limitée, même si il indique l'efficacité
financière de la banque. Le ROA représente également un
indice permettant de mesurer l'efficience des managers puisque ce taux est
utilisé notamment dans le cas des filiales, afin de comprendre la
manière dont les dirigeants transforment les actifs en
bénéfices.
La rentabilité de l'actif (ROA) et la
rentabilité des capitaux investis (ROE) sont des taux à prendre
avec précaution. En effet, pour De Coussergues et Bourdeaux
(2010) le développement des activités hors bilan et des
prestations et services peuvent changer la valeur de la rentabilité de
l'actif (ROA). De plus, il existe une relation d'interdépendance entre
ces
31
deux ratios dans la mesure où le ROE
équivaut au ROA multiplié par le rapport entre le
total du bilan et les fonds propres29.
ROE = ROA Total bilan
Fonds propres
Tableau 1 : ROE et ROA des banques
européennes
Banques
|
ROE (%)
|
ROA (%)
|
BNP Paribas
|
5,83
|
0,18
|
Commerzbank
|
0,33
|
1,01
|
Crédit Agricole
|
2,7
|
0,08
|
Emporiki Bank of Greece
|
-66,67
|
-1,72
|
HSBC
|
5,52
|
0,27
|
Société Générale
|
7,69
|
0,25
|
Source : Statistiques Bankscope, taux de
rentabilité des capitaux propres et de l'actif, année 2008
Les niveaux de ROE et de ROA des banques européennes
représentées dans le tableau ci-dessus, nous montrent les
difficultés rencontrées par celles-ci lors de la crise
financière de l'année 2008. Pour De Coussergues et
Bourdeaux (2010), le ROE et le ROA d'une banque devraient être
respectivement être supérieurs à 15% et 1%. Ce qui n'est
pas le cas pour les banques susmentionnées. Le ratio de
rentabilité des capitaux propres (ROE) est aussi trompeur dans certains
cas puisque le haut niveau de celui-ci peut provenir d'une relative
faiblesse des fonds propres. Ces ratios doivent donc être pris avec
précaution.
Il existe d'autres indicateurs financiers de la performance
bancaire, le prochain paragraphe fera l'objet de leur présentation.
29 C'est-à-dire au levier des fonds propres
32
2 : Les autres indicateurs financiers de
performance
Quatre autres indicateurs financiers de performance bancaire
peuvent être présentés. Il s'agit du Taux de Rendement
Interne (TRI), du Ratio du Retour sur Fonds Propres ajusté au Risque
(RAROC), du Taux de Rendement des Titres (TRT) et du Coefficient d'Exploitation
(CE).
2.1 : Le taux de rendement interne (TRI)
La notion de TRI et la méthode qu'elle inspire
permettent de formuler une appréciation financière sur les
projets d'investissement. Le TRI d'un investissement est synonyme du taux de
rentabilité de cet investissement. En clair, c'est le taux
d'actualisation pour lequel la valeur actuelle nette (VAN) de l'investissement
est nulle. D'un point de vue financier, il permet donc de juger de
l'intérêt de l'investissement : Il suffit pour cela de le comparer
au taux de rentabilité à exiger du projet compte tenu de son
risque. S'il lui est supérieur, il y a création de valeur, sinon
l'investissement ne mérite pas, d'un point de vue financier,
d'être réalisé. La VAN et le TRI conduisent aux mêmes
décisions lorsqu'il s'agit simplement de savoir si un investissement
peut être entrepris ou non. Ce n'est que lorsqu'il faut choisir entre
deux investissements mutuellement exclusifs que le critère du TRI est
moins bon que celui de la VAN.
2.2 : Le ratio du retour sur fonds propres ajusté
au risque (RAROC)
Le RAROC de l'anglais Risk Adjusted Return on Capital est un
indice qui a été utilisé dans un premier temps pour les
activités de marché. Cette mesure a permis d'évaluer la
performance des opérations de crédit afin de déterminer le
montant de capital nécessaire pour couvrir les risques de nature
très différente.
L'élaboration de la méthode RAROC a
commencé vers la fin des années 70, dans une période
où la finance directe prenait le pas sur la finance
intermédiée, notamment après la nouvelle théorie de
portefeuille de Markowitz, basée sur la diversification et
l'optimisation du couple Rentabilité/Risque. La méthode RAROC a
été lancée aux Etats-Unis au sein de Bankers
Trust, par ingénieur financier Charles S. Sanford30.
L'idée originelle était de mesurer le risque
30 Gene D. Guill, Bankers trust and the Birth of
Modern Risk Management, The Warton school, University of pensylvania,
2007
33
de portefeuille de crédit bancaire, aussi bien
que le montant de capitaux propres nécessaires pour limiter
l'exposition des déposants de la banque et autres créanciers a
une probabilité spécifiée de perte. Depuis lors, cette
méthode a connu une large diffusion auprès de plusieurs
banques, d'abord dans les pays anglo-saxons, puis
rapidement, dans le reste du monde bancaire comme outil par excellence de
l'évaluation et de couverture du risque de crédit.
Dans sa définition la plus large, le RAROC
est un indicateur synthétique permettant de mettre en exergue
la rentabilité réelle d'une opération avec le risque qui
lui est associé. Nous retrouvons ainsi les notions classiques de
frontière efficientes sur une analyse en
rentabilité/risque. Dans ce sens, il se calcule de la
manière suivante :
Marge nette --Perte nette
RAROC =
Capital économique
La perte moyenne représente ici une perte
prévisible. Elle est calculée à partir d'une provision
évaluée ex ante. Le capital économique, quant à
lui, représente le niveau de fonds propres nécessaires pour
recouvrir le risque de perte inattendue. Le retour sur fonds propre
ajusté au risque de crédit peut être
défini comme une mesure des transformations de risque
provoqué par l'addition ou la soustraction d'un actif
donné. Cet indicateur est notamment utilisé pour le suivi des
produits dérivés.
Remarque : Au niveau du portefeuille
bancaire, il serait hasardeux d'effectuer un lien direct entre les objectifs du
ROE de la banque et son RAROC global il garder à l'esprit que le RARAC
n'a pas vocation à traiter le risque opérationnel par
exemple, alors que le ROE est un indicateur
synthétique de toutes les activités
2.3 : Le taux de rendement des titres (TRT)
Le TRT représente le taux de rendement
instantané, prenant en compte les dividendes rapportés à
la valeur d'acquisition du titre. Le rendement d'une action est le rapport,
exprimé en pourcentage, entre le dividende et le cours en bourse. C'est
donc le revenu annuel que procure, à un instant donné, une action
à son détenteur, en supposant que le dividende soit maintenu. A
dividendes constants, plus les cours montent, plus le rendement diminue. A
l'inverse, plus les cours baissent, plus le rendement augmente.
34
Pour une banque qui ne distribue pas de
dividendes, bien entendu son TRT sera nul. Par ailleurs, si une banque n'a pas
distribué des dividendes pendant un ou plusieurs exercices, le calcul du
rendement sur la base du dernier dividende n'a pas de signification.
Le rendement est un critère d'appréciation
important. Il donne en effet, une mesure de la rentabilité d'une valeur
(le retour que peut attendre un actionnaire de son investissement,
en faisant abstraction de la plus-value de portefeuille). Mais si un rendement
élevé (c'est-à-dire sensiblement supérieur à
la moyenne du marché) constitue une protection pour l'actionnaire
notamment en cas de baisse du marché, il ne donne pas forcément
un signal d'achat. Tout dépend en fait des perspectives de croissance de
la banque et de sa capacité à
dégager chaque année un
bénéfice par action en progression. D'autant plus
qu'une société peut bien puiser dans ses réserves ou
distribuer un dividende exceptionnel qui ne sera pas reconduit l'année
suivante, alors qu'une autre ne distribuera qu'un montant symbolique,
privilégiant l'autofinancement de ses investissements. Le mieux
d'ailleurs est de calculer le TRT sur la base du dividende prévisionnel,
mais cela n'est pas toujours chose aisé.
TRT = Dernier dividende
versé
Cours du titre
Remarque : Plus le rendement est
élevé c'est-à-dire supérieur à la moyenne du
marché, plus il est intéressant d'investir sur le titre dans un
objectif de long terme. Toutefois, si le rendement constitue pour
l'actionnaire une protection, ce n'est pas forcément un
signal d'achat. Il faut également passer en revue les
perspectives de croissance de la banque et ses capacités à
dégager un bénéfice net par action (BNPA).
2.4 : Le coefficient d'exploitation
Cet indicateur se calcule de la manière suivante :
Frais généraux
Coeff d'exploitation =
Produit Net Bancaire
Le calcul de ce coefficient permet non seulement une analyse
de la performance, mais également une analyse de
l'exploitation. Le produit net bancaire (PNB) est une mesure qui
intègre une addition entre la marge
d'intérêts (intérêts reçus -
intérêts versés), les commissions, les gains ou les pertes
sur opérations financières. Le calcul du PNB permet de
35
bien reconnaitre la nature de l'activité de
l'établissement. Il aide à identifier si l'établissement
est en intermédiation classique ou prestation à la commission.
La marge d'intérêt dépend principalement
des conditions de refinancement des établissements. L'évolution
des frais généraux est également un indicateur d'analyse
de l'exploitation. Les frais généraux sont calculés
à partir des frais de personnel et des frais d'administration. Le CE est
donc un ratio déterminant, dans la mesure où il mesure la
consommation du PNB par les frais administratifs et les frais de personnel.
Le CE est donc un indicateur de performance, il est en quelque
sorte le nerf de la guerre. Il permet de mesurer la proportion des gains
bancaires absorbés par les coûts fixes. En France par exemple,
depuis 2008, les banques réduisent leurs charges pour améliorer
leur rentabilité. Le CE permet de jauger cet effort. Plus il est faible,
plus la banque est rentable.
Remarque : Un coefficient
très bas peut dissimuler une situation de liquidité et de
solvabilité insuffisante. A contrario, un coefficient
élevé peut résulter de facteurs non récurrents
comme des dépréciations ou encore des charges exceptionnelles.
B : LES INDICATEURS NON FINANCIERS DE LA PERFORMANCE
BANCAIRE
Si pour la littérature bancaire il existe des mesures
financières de la performance, d'autres indicateurs non financiers sont
également évoqués. Des auteurs tels que Kaplan et Norton
(1992 et 1996) ont souligné l'importance de la notion de performance non
financière. Pour eux, il existe trois dimensions non financières
pour une banque : une dimension commerciale, une dimension innovations et
apprentissage, et une dimension interne. Une BMN a intérêt
à renforcer ces trois dimensions afin de garder et d'améliorer
ses parts de marché existantes. Zaman (2003) définit les
indicateurs de performance non financière à plusieurs niveaux :
La qualité de la production, la performance organisationnelle, l'offre
de nouveaux produits et services, la conformité des relations avec le
pays d'accueil, l'épanouissement des employés et la satisfaction
de la clientèle. Nous nous attarderons essentiellement sur
l'efficacité de l'organisation et la satisfaction de la
clientèle.
36
1 : L'efficacité de l'organisation
L'efficience organisationnelle englobe l'organisation du
travail mais également l'organisation des techniques. Par organisation
technique, nous entendons la maîtrise de l'ensemble des moyens de
communication modernes. La réussite de l'organisation de
l'établissement bancaire, repose donc ici sur la capacité
à innover et à utiliser tous les moyens modernes pour
développer son activité. Pour la littérature, il existe ce
qu'on appelle un capital organisationnel. Pour Nelson (1982), ce capital
provient des capacités organisationnelles de la banque. Ces
capacités peuvent être définies comme l'ensemble des
informations et des systèmes de contrôle de gestion.
Le système d'information est donc primordial dans la
prise en compte de l'efficacité de l'organisation. Celui-ci
représente toute la méthodologie et les moyens d'utiliser au
mieux le traitement de l'information qui apparaît nécessaire au
bon fonctionnement de la banque. Le système d'information bancaire a
pour objectif de produire des bilans, des fiches de paye, ou encore de les
reporter. Il aide à diffuser et à faire circuler de
manière efficace l'information dans toutes les parties de la banque.
L'efficacité organisationnelle de la banque peut
être décrite à l'aide de quatre composantes : La valeur des
ressources humaines, l'efficience économique, la
légitimité de l'organisation auprès des groupes externes,
et la pérennité de l'organisation comme le présente le
tableau ci-après :
37
Tableau 2 : Dimensions et critères de
l'efficacité organisationnelle d'une banque
VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES
|
EFFICIENCE ECONOMIQUE
|
Mobilisation du personnel Degré
d'intérêt que les employés manifestent pour leur travail
et pour la banque ou l'organisation ainsi que l'effort fourni
pour atteindre les objectifs
Moral du personnel
Degré auquel l'expérience du travail est
évaluée positivement par l'employé
Développement personnel Degré
auquel les compétences s'accroissent chez les membres de la banque ou
de l'organisation
|
Efficience économique Degré
auquel la banque réduit la qualité des ressources
utilisées tout en assurant le bon fonctionnement du système
Productivité Quantité ou
qualité de biens et services produits par la banque par rapport
à la quantité de ressources utilisées pour leur
production durant une période donnée
|
LEGITIMITE DE LA BANQUE AUPRES DES GROUPES
EXTERNES
|
PERENNITE DE LA BANQUE
|
Satisfaction des bailleurs de
fonds Degré auquel les bailleurs estiment que leurs fonds
sont utilisés de façon optimale
Satisfaction de la
clientèle Jugement que porte le client sur la façon
dont la banque a su répondre à ses besoins
Satisfaction des organismes
régulateurs Degré auquel la banque respecte les lois
et les règlements qui régissent ses activités
Satisfaction de la
communauté Appréciation que fait la communauté
élargie des activités et des effets de la banque
|
Qualité du produit
Degré auquel le produit répond aux besoins de
la
clientèle
Rentabilité
financière Degré auquel certains indicateurs
financiers (par exemple la rentabilité) de la banque augmentent ou
diminuent par rapport aux exercices précédents ou par rapport
à un objectif fixe
Compétitivité Degré
auquel certains indicateurs économiques se comparent favorablement ou
défavorablement avec ceux de l'industrie ou des concurrents
|
Source : EM. Morin, et al.
L'efficacité de l'organisation, P.269
2 : La satisfaction de la clientèle
Nicolas Eber (2001) a démontré l'importance de
la relation banque-clients qui détermine la performance d'une banque.
Capiez (2001) a souligné qu'une banque qui propose des prestations
inadaptées à sa clientèle risque de la perdre. De plus,
les clients que cette banque
38
réussira à fidéliser à nouveau,
lui coûteront près de six fois plus chers que la première
clientèle. Il indique également, que fidéliser sa
clientèle comprend plusieurs démarches.
La première démarche est l'analyse dans un
premier temps des comportements de la clientèle, puis dans un second
temps des besoins de celle-ci. Pour ce faire, il faut pouvoir capter toutes les
opportunités à partir de l'information requise sur la
clientèle. Une connaissance des différents contacts clients et
opérations effectuées avec ces derniers est ainsi
nécessaire. La seconde démarche consiste au suivi de la
clientèle et à l'amélioration des produits et services
proposés. Cette amélioration passe par une
accélération des services rendus afin de limiter par exemple les
files d'attente. Elle peut s'appuyer également sur un système
d'individualisation de la clientèle. Et enfin la troisième
démarche consiste au contrôle des activités de services
notamment au niveau du crédit, afin de garantir la qualité du
service rendu.
Pour mieux comprendre l'impact de la satisfaction de la
clientèle sur la performance de la banque, il importe d'abord de
définir ce concept, ensuite déterminer sa mesure et enfin, de
montrer ses impacts à travers la fidélisation de la
clientèle.
2.1 : Définition de la satisfaction
client
L'apparition du concept de satisfaction date du milieu des
années 70, principalement à la suite des travaux de Day &
Hunt31. En une vingtaine d'année la satisfaction est devenue
l'un des thèmes majeurs de l'étude du comportement
après-achat/consommation du consommateur.
Dans le dictionnaire Larousse de langue française, la
satisfaction est définie comme étant « un contentement, une
joie, résultant en particulier de l'accomplissement d'un désir,
d'un souhait, d'une demande ou d'une tendance »32. Dans la
littérature, plusieurs définitions ont été
apportées pour donner une explication au concept de satisfaction du
consommateur. Pour Kotler, Dubois et al. (2005), la satisfaction « est
l'impression positive ou négative ressentie par un client
vis-à-vis d'une expérience d'achat et/ou de consommation. Elle
résulte d'une comparaison entre ses attentes à l'égard du
produit et ses performances perçues »33. De même,
pour Dufer et Moulin (1989), « la satisfaction est un état interne
qui accompagne la confirmation des aspirations relatives au projet de
consommation, celle-ci intégrant les attentes
31 Vanhame. J, La surprise et son influence sur
la satisfaction des consommateurs, Presses Université de Louvain,
France, 2002, p. 61
32
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/satisfaction/71085
33 Kotler. PH, Dubois B, et al, Marketing
management, 12ème édition, Pearson Education, France, 2010,
P. 172
39
développées au sujet des produits et les normes
de performance attachées à la classe dont ils relèvent
»34. A partir de ces définitions, on déduit que,
les attentes des clients et la qualité ou la norme de performance
perçue, sont des variables majeures qui doivent être prises en
compte par les entreprises de toute activité confondue pour satisfaire
leurs clients.
En tenant compte des attentes du client qui peuvent
évoluer dans le temps, en fonction des prestations de l'entreprise et de
ses concurrents, et de la qualité perçue qui diffère d'un
client à un autre, la satisfaction devrait comprendre les
caractéristiques suivantes : la subjectivité, la
relativité et l'évolutivité35. La satisfaction
des clients est subjective car elle dépend de leurs perception des
services et non de la réalité. La satisfaction est relative, car
les clients n'ont pas les mêmes attentes vis-à-vis d'un même
service ou produit. Quant à l'évolutivité, elle
dépendrait de deux points : l'évolution des attentes et des
standards, et l'évolution pendant le cycle de vie et d'utilisation du
produit.
2.2 : Mesure de la satisfaction du client
bancaire
L'une des particularités de l'activité bancaire
est la structure double de son marché si l'on distingue : le
marché amont des prêteurs, des déposants, véritables
« fournisseurs de matières premières » ; et le
marché aval, celui des emprunteurs, c'est-à-dire des
consommateurs de produits fabriqués par le processus de transformation
bancaire36. Ces deux types de clients bancaires consomment des
produits complètement différents, mais inscrivent leur
comportement dans un même processus de décision et sont
influencés par les facteurs similaires37.
Du fait de leur particularité par rapport aux
consommateurs des autres secteurs, la mesure de la satisfaction des clients
bancaires suscite une attention plus spécifique. Car le niveau de
satisfaction dans les services en particulier les services bancaires, est
affecté par la qualité perçue du produit bancaire, et les
attentes à l'égard de la banque, comme : l'accueil, le
conseil,
34 Vanhame. J (2002), Op. Cit., P.63
3528/09/2016,
http://blog.wikimemoire.com/2012/02/satisfaction-et-fidelisation-des-clientsbancaires/
36Zollinger. M, Lamarque. E, Marketing et stratégie de la
banque, 5ème édition, Ed Dunod, Paris, 2008. p 39
37 Ibid, Page 39.
40
la rapidité dans l'obtention du service38,
le lancement de nouveaux produits et la transparence dans l'obtention de
l'information39.
En prenant l'exemple du marché bancaire
français, dans sa 4ème édition, parue en Avril 2014,
l'étude Deloitte sur la relation banque-client, à travers son
baromètre sur la confiance des Français vis-à-vis du
secteur bancaire et de leur banque principale, a constaté que le niveau
de confiance n'a pas progressé depuis 2012, puisque seulement 60% des
clients ont confiance en leur banque selon les critères de confiance
suivants : l'intérêt client, l'écoute, la
crédibilité, la fiabilité, et la transparence. Quant au
niveau de satisfaction, 87% des clients se déclarent satisfaits de la
relation qu'ils entretiennent avec leurs banques principales, alors qu'ils
étaient 88% en 2013 et 76% en 201240.
Sur le plan international, une enquête mondiale sur un
certain nombre de pays (Brésil, Chine, Union Européenne,
Etats-Unis, Canada, Afrique du Sud, Japon, Inde) menée par le cabinet
Ernest & Young (EY) en 2012, révèle qu'à
l'échelle mondiale, 44% seulement des clients estiment que leur banque
adapte ses produits et services à leurs besoins. Par ailleurs, les
conclusions de l'enquête révèlent que 70% des clients
acceptent de communiquer davantage d'informations personnelles à leur
banque. En contrepartie, ils s'attendent à ce que les produits et les
services qui leur sont proposés aient une réelle valeur
ajoutée et soient adaptés à leurs propres
besoins41. En 2014, EY a publié la 3ème édition
de l'étude Global Consumer Banking « Winnig through customer
experience » sur la relation entre les banques de détail et leurs
clients. L'étude a montré que la confiance des consommateurs dans
le secteur était à la hausse, 44% des clients étaient
satisfaits de leur banque principale, 33% d'entre eux ont déclaré
que le niveau de confiance avait augmenté mais demeurait sensible au
contexte de la crise économique42. Cependant, la relation
client bancaire reste fragile. Les exigences et les attentes continuent
d'évoluer, souvent alimentées par des expériences hors
services financiers et les consommateurs sont de plus en plus susceptibles de
développer des relations avec de multiples fournisseurs.
38 28/09/2016,
http://blog.wikimemoire.com/2012/02/satisfaction-et-fidelisation-des-clientsbancaires/
39 Zollinger M, Lamarque E (2008), Op.Cit., Page
95-99
40 Deloitte, Relation banques et clients :
Fidélité, vous avez dit fidélité ?,
4ème édition, Avril 2014
41 Ernest & Young, Enquête mondiale 2012
sur les services bancaires aux particuliers, 2012
42 Ernest & Young, global consummer
rankink, 2014
41
De ce qui précède, il ressort que la performance
bancaire s'étend généralement sur plusieurs domaines. Elle
est d'abord quantitative (financière) et dans ce sens elle
s'apprécie à travers la rentabilité et d'autres
indicateurs tels que le TRI, le taux RAROC, le TRT, et le CE. La performance
bancaire est aussi qualitative (non financière), dans cette optique,
elle s'apprécie à travers les indices tels que
l'efficacité organisationnelle, et la satisfaction de la
clientèle.
La corrélation entre ces différents domaines de
la performance bancaire nous a amené à adopter la première
hypothèse suivante :
Hypothèse H1 : L'incapacité à
satisfaire la clientèle fragilise la performance des banques africaines
au Cameroun.
42
CHAPITRE II : LIENS ENTRE INTERNATIONALISATION ET
PERFORMANCE BANCAIRE
L'internationalisation des banques a-t-elle un impact positif
sur les performances de celles-ci ? De nombreux travaux de la
littérature bancaire et financière se sont
intéressés à cette question. Cependant, malgré ces
nombreuses recherches, aucun consensus n'a été trouvé.
En effet, la littérature détermine la
diversification de marché comme une allocation des ressources sur
plusieurs marchés différents dans le but d'une part, de
réduire le risque que pourrait causer une concentration des ressources
sur un seul marché, et d'autre part, d'exploiter la flexibilité
de marchés étrangers (Albaum et al. 1989).
Certains modèles théoriques suggèrent que
l'internationalisation peur augmenter le profit des banques. Ainsi, la
théorie de l'agence affirme que la diversification peut réduire
le risque personnel du dirigeant (Amihud et Lev, 1981). D'autres
théories managériales indiquent quant à elles, qu'une
firme diversifiée a recours à des investissements internes moins
chers (Lang, Poulsen et Stulz, 1995). Cependant, certaines théories font
état du fait que les banques peuvent souffrir de problèmes de
coûts de transaction (Williamson, 1989), ou encore doivent faire face
à des conflits de régulation ou de supervisions directement
liés à leur choix de diversifier ou non (Berger et al., 2000).
Si la littérature financière et bancaire propose
plusieurs études à propos de la diversification sur les
bénéfices des banques, le lien entre internationalisation et
performance n'est pas encore très clair. Les écrits à ce
sujet abordent cette question de trois manières différentes :
D'abord certains travaux analysent uniquement les effets de
l'internationalisation43, ensuite d'autres s'articulent autour des
conséquences sur la performance et le risque d'une diversification
à travers plusieurs autres lignes d'activités bancaire comme
l'assurance44, et d'autres enfin, s'intéressent aux deux
degrés de diversification (à savoir géographique et
technologique)45.
43 A l'image des travaux de Cubbo-Otone et Murgia
(2000), Forcarelli et al (2000)
44 Kwast (1989), Wall et Eisenbeis (1984)
45 Berger et al. (2010), Acharya et al. (2002)
43
Afin de mieux comprendre le lien entre l'internationalisation
bancaire et la performance, nous allons tour à tour analyser le lien
entre internationalisation et performance financière d'une part (Section
I), et internationalisation et performance non financière d'autre part
(Section II).
SECTION I : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE
FINANCIERE
La littérature bancaire et financière affirme
que l'une des raisons premières incitant les banques à
s'installer au-delà de leurs frontières reste le désir de
création de valeur et de pouvoir de marché. En se diversifiant,
une banque peut non seulement augmenter son pouvoir de marché, mais
également exploiter des ressources, qui jusqu'ici ne lui étaient
pas disponibles (Caves, 1981). Selon ce point de vue, la banque peut donc
pratiquer une politique de prix qui lui donnera une position dominante sur le
marché et qui limitera l'entrée potentielle de nouveaux arrivants
(Saloner, 1997). Dans cette section nous analyserons le lien entre
l'internationalisation et la performance financière d'une banque
à travers le pouvoir de marché d'une part, et la recherche de
l'efficience d'autre part.
A : L'ELARGISSEMENT DU POUVOIR DE MARCHE
Le pouvoir de marché peut être défini
comme la possibilité de pouvoir fixer les prix de manière
unilatérale sur le marché [Nekhili et Karyotis, (2008)]. Pour
Scherer (1980) et Grant (1988), le pouvoir de marché procure à
une firme la possibilité d'être sur toute la ligne de production.
Il peut en résulter pour la banque d'être en situation de monopole
et d'avoir une totale emprise sur la fixation des prix.
En s'internationalisant, la banque acquiert un pouvoir de
marché à travers de son réseau sur plusieurs pays
[Contractor et al, (2003)], et l'exploitation de ressources nouvelles.
1 : Le pouvoir de marché à travers
l'extension internationale du réseau
En se diversifiant géographiquement sur le plan
international, la banque se retrouve en position de fournisseur et peut ainsi
agir sur la fluctuation des prix comme elle le souhaite. Berger et Hannan
(1998) ont démontré dans leur étude qu'il existait une
corrélation positive
44
entre l'indice de concentration des banques et les
prix46. Ainsi, pour Stulz (1990) les firmes concentrées sur
un même marché sont moins flexibles que celles pratiquant une
diversification, dans la mesure où elles ont deux types de financements
à leur disposition : un financement interne et un financement
externe.
Dans cette optique, la banque peut bénéficier,
suite à une diversification de plusieurs effets, tels qu'un effet de
réputation, un effet de taille et un effet de diversification des
sources et de financement [Nekhili et Karyotis, (2008)]. Pour Berger et al,
(2000), l'effet d'une consolidation transfrontalière sur le pouvoir de
marché diffère selon que l'on se positionne sur le marché
financier sur une niche de détail, ou sur une niche de gros.
Pour ces auteurs, une fusion transfrontalière ne va
donc pas affecter directement le pouvoir de marché qu'exerce la banque
sur ce type de marché local. Cependant, ce pouvoir de marché
exercé sur les clients locaux peut augmenter en affectant d'une part, la
consolidation des institutions financières à l'intérieur
même des pays et d'autre part, en changeant les règles du jeu de
concurrence qui prévalent entre ces institutions financières. Ce
changement de règles peut également rendre les banques
présentes sur le marché domestique plus contestables.
En effet, les consolidations transfrontalières
conduisent généralement à une augmentation des
rapprochements bancaires à l'intérieur même des pays, ce
qui entraînerait une augmentation de la concentration de marché.
Cette hypothèse va dans le sens de certaines études
réalisées sur le lien entre le mouvement de consolidation et la
concentration de marché47. Ces études
démontrent une corrélation positive entre les opérations
de consolidation et le niveau de concentration bancaire dans le marché
local. Ainsi, elles prouvent que la résultante d'une opération de
fusion-acquisition est une augmentation du pouvoir de marché pour la
banque en question.
La diversification internationale peut également
entraîner une hausse du pouvoir de marché des banques sans pour
autant agir sur la concentration du marché domestique. En effet, les
institutions ont tendance à pratiquer une harmonisation des prix, ce qui
permet d'exercer un pouvoir de marché sur la
clientèle48. Cette uniformisation des prix est habituellement
le résultat d'un désir de faciliter les opérations
administratives. L'étude de Prager et Hannan (2004) a
démontré ainsi, qu'il existait dans la décennie 1990, un
lien étroit entre les mesures de la
46 Ces auteurs ont principalement travaillé sur
le marché américain
47 Voir Berger et al (1997), Spienza (1998) et Prager
et Hannan (1999)
48 Voir Radecki (1998)
45
concentration du marché domestique et la tendance de
certaines banques Holding multinationales à imposer des taux plus
élevés à sa clientèle de détail que d'autres
banques.
Cependant, l'installation au-delà des frontières
connaît également des effets néfastes sur le pouvoir de
marché des banques au niveau domestique. Cette situation survient
communément si les institutions existantes sur le marché
n'adoptent pas une politique de prix visant à dissuader les entrants
potentiels. Cette situation peut également survenir si les institutions
étrangères plus efficientes pénètrent le
marché et proposent des prix beaucoup plus attractifs que les
concurrents du marché domestique.
2: Le pouvoir de marché à travers
l'exploitation de nouvelles ressources
Berger et al (2000) distinguent deux catégories de
clients bancaires : les clients de la « niche de gros »49
et les clients de la « niche de détail »50. Selon
cette distinction, l'effet d'une installation, via la niche de gros, sur les
marchés étrangers aura un impact différent sur le pouvoir
de marché domestique. L'une des premières raisons réside
dans le fait que cette clientèle est suffisamment importante en taille,
pour posséder plusieurs fournisseurs. Ainsi, certaines études ont
démontré un lien positif entre les mouvements de consolidation
transfrontalière et l'augmentation du pouvoir de marché au niveau
local, telles que celle de Berger et al (1997), Sapienza (1998), Hannan et
Prager (2004). L'intervention des banques sur plusieurs marchés
différents a certes des impacts sur leur pouvoir d'achat, mais
génère également un changement important au niveau du
marché local sur la détermination des prix, notamment pour les
banques « mono-marchées »51.
Hannan et Prager (2004) ont analysé les effets de la
présence de banques multi-marchés sur les taux de
dépôt offerts sur le marché domestique américain.
Leur analyse permet d'obtenir deux types de résultats :
Premièrement, les taux d'intérêt offerts par les banques
dites « mono-marchés » ont tendance à être plus
faibles que ceux proposés par les banques « multi-marchés
»52, dans la mesure où elles ont une plus grande part de
dépôts sur le marché. Deuxièmement, la concentration
du marché local continue, malgré le fait que la présence
de banques multi-marchés influence la politique de prix de banques
mono-marchés. Cependant,
49 Il s'agit pour ces auteurs de la clientèle
de la banque d'investissement et de gestion d'actifs
50 Il s'agit des clients de la banque de
détail
51 Expression utilisée par Berger et al
`2000)
52 Expression utilisée dans l'ouvrage de Berger
et al (2000)
cette relation s'affaiblit à mesure que la part de
marché des banques, qui interviennent sur plusieurs zones augmente.
Plus récemment, Hannan et Prager (2009), analysent les
effets de la présence des banques multi-marchés sur la
concurrence du marché domestique, et plus précisément sur
la rentabilité et sur la viabilité des petites banques «
mono-marchés ». Leurs résultats démontrent que la
présence de plus en plus importante de banques «
multi-marchés » a un effet néfaste sur la rentabilité
des petites banques qui agissent sur les marchés ruraux53.
B : LA RECHERCHE DE L'EFFICIENCE
Comme nous l'avons explicité dans le
précédent chapitre, l'efficience de la banque réside dans
la meilleure manière d'atteindre ses objectifs en minimisant les
coûts. Elle est un critère majeur de la performance
financière. Les banques s'internationalisent donc aussi en vue
d'être efficientes. Pour ce faire elles recherchent une taille critique,
et les économies d'échelle.
1 : Efficience et taille critique
En se basant sur une étude du secteur bancaire
européen, Troudart (2012) montre que la recherche de la taille critique
peut être une motivation pour les banques à s'internationaliser.
La taille critique est souvent recherchée surtout dans les cas de
consolidation. En effet, dans ce cas précis, l'objectif de taille est
lié au désir de s'imposer dans un premier temps sur le
marché domestique, puis sur les marchés internationaux.
D'ailleurs, le graphique 1 montre que le nombre d'établissement
bancaires dans l'Union Européenne n'a pas cessé de diminuer
depuis la fin de l'année 1999.
46
53 Ces résultats ne s'observent pas pour les
petites banques qui opèrent sur des marchés urbains.
47
Graphique 1 : Nombre d'établissements
monétaires et financiers dans l'U.E
Source: European financial stability and
integration repport 2010, May 2011
Même si le nombre d'institutions bancaires s'est
amoindri de manière moins spectaculaire, depuis la crise de 2008, on
constate tout de même que le marché bancaire européen
continue sa restructuration en poursuivant ses consolidations, ce qui le rend
de plus en plus concentré. De même, le pourcentage
d'établissements bancaires transfrontaliers européens en 2008 et
2009 reste sensiblement au même niveau que les années
précédentes.
Graphique 2 : Nombre d'établissement
transfrontaliers dans l'UE
Source: European financial stability and
integration repport 2010, May 2011
Selon ce même rapport, en dépit du fait que le
nombre de fusions acquisitions transfrontalières réalisées
a diminué de façon importante depuis la crise de 2008, la part de
marché des établissements bancaires transfrontaliers reste
pratiquement à son niveau avant la crise. Les banques
étrangères ont donc des parts de marché importantes sur le
marché européen.
48
Toutefois, selon le même rapport (2011), le niveau de
capital du secteur bancaire détenu par le marché domestique est
supérieur à celui du niveau détenu par les marchés
étrangers. Il représente 70% du capital détenu pour les
états membres les plus anciens54.
Ce constat concernant l'industrie bancaire européenne
prouve qu'il y a un objectif de taille dans la démarche
d'internationalisation des banques. Le but est d'éviter pour celles-ci
de faire l'objet d'une offre publique d'achat hostile venant des banques
étrangères. Le désir d'augmenter sa taille et son pouvoir
de marché reste ainsi un moyen d'éviter ce genre d'attaque.
Cependant cette recherche de taille critique s'apparente bien souvent à
une recherche d'efficience d'économie d'échelle.
2: L'efficience et économies
d'échelle
L'une des raisons les plus évoquées pour
justifier l'internationalisation bancaire, est la recherche d'économies
d'échelle. D'ailleurs, la théorie de l'intermédiation
suggère qu'une banque devrait se diversifier afin d'augmenter sa
crédibilité en tant qu'intermédiaire financier (Diamon,
1984). L'internationalisation permet d'être plus crédible aux yeux
de sa clientèle et favorise également la diversification et la
diminution des risques.
Les économies d'échelle surviennent lors d'une
augmentation de la dimension des opérations productives combinée
à une baisse des coûts unitaires de production. La théorie
macroéconomique définit la fonction de coût d'une
entreprise à partir du niveau de production de cette dernière et
du prix des facteurs de production. L'entreprise ne peut réaliser des
économies d'échelle qu'à mesure que la courbe des
coûts est décroissante et que la production augmente. Cette
diminution des coûts unitaires est possible lors d'un changement de
taille de l'industrie qui est ordinairement successif à une adoption de
techniques plus avancées. L'entreprise bénéficie ainsi de
rendements croissants. Si la taille de l'entreprise dépasse ce que l'on
appelle taille optimale, dans ce cas on observe une augmentation des
coûts unitaires à mesure que la production augmente : L'entreprise
doit faire face à des rendements d'échelle croissants.
Les actionnaires peuvent considérer la taille critique
comme un critère de rentabilité. Le mouvement de consolidation
transfrontalière des banques européennes depuis la fin des
années
54 European financial stability and integration
repport 2010, May 2011, P.19
49
90 traduit ce désir des banques de rechercher une
meilleure efficience. Ainsi, les fusions et acquisitions
transfrontalières permettent de réaliser des économies
d'échelle, d'augmenter l'efficience, d'apprendre de nouvelles pratiques,
mais aussi de diviser le risque.
La théorie financière sur l'internationalisation
des firmes bancaires voit dans les bienfaits d'une diversification de
marché un élargissement de la clientèle et une
possibilité d'accéder à de nouvelles ressources
[Contractor et al (2003)]. L'élargissement de la clientèle via
l'installation à l'étranger représente pour une banque un
nouveau relai de croissance. L'apprentissage de nouveaux marchés peut
être pour la banque un moyen de développer un savoir-faire et des
techniques plus élaborées.
En substance, l'internationalisation permet à une
banque d'élargir son pouvoir de marché et d'être plus
efficiente en réalisant des économies d'échelle. Ce
constat nous a conduits à adopter la deuxième hypothèse
suivante
Hypothèse H2 : La régionalisation des
banques africaines a un impact positif sur leur performance au
Cameroun
SECTION II : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE NON
FINANCIERE
Dans le chapitre précédent nous avons
présentés quelques indicateurs non financiers de la performance
bancaire, notamment l'efficacité organisationnelle et la satisfaction de
la clientèle. Ces indicateurs sont pertinents dans un contexte
domestique ou local. Dans un contexte international, la performance non
financière s'apprécie à travers la notion de risque
bancaire. Pour mieux appréhender cette notion, il importe de la
définir et de déterminer ses différentes variantes ; et
dans l'optique d'expliciter le lien entre internationalisation performance non
financière, il importe de déterminer son impact sur la
performance bancaire.
A : NOTION ET MESURE DU RISQUE BANCAIRE
Le risque désigne un danger bien identifié,
associé à l'occurrence à un événement ou une
série d'événements, parfaitement descriptibles, dont on
sait pas s'ils se produiront, mais dont on sait qu'ils sont susceptibles de se
produire dans une situation exposante. Il est aisé de
50
comprendre pourquoi la notion de risque, ainsi définie,
ne permet pas de décrire les situations d'incertitude et de rendre
compte des modalités de prise de décision dans de tels contextes.
On sait ce qu'on ne sait pas, mais c'est à peu près tout ce que
l'on sait : il n'y a pas de meilleure définition de l'incertitude. Les
banques multinationales s'intéressent particulièrement au risque
lié à leurs activités et leur déploiement
international. Les risques rencontrés par une BMN résultent
essentiellement des engagements et des opérations en devises
réalisées par cette dernière.
1 : Définition du risque bancaire
Qu'il soit de crédit, de change ou de taux
d'intérêt, la problématique du risque bancaire fait partie
des thèmes récurrents de l'actualité. Le risque bancaire
est à tort considéré comme bien identifié. En
réalité, le risque bancaire connaît une
accélération sans précédent ces dernières
années.
Juvin (2001) dans son analyse distingue huit classes de risque
: Le risque commercial, le risque informatique, le risque opératoire, le
risque juridique et fiscal, le risque politique, le risque de concurrence, le
risque d'environnement, et le risque des ressources. Face à cette
nomenclature explosive, la culture bancaire traditionnelle s'essouffle. Pour y
faire face, les établissements bancaires hiérarchisent les
risques, mettent en place une charte de contrôle pour chaque risque et
clarifient les responsabilités.
Plusieurs auteurs s'intéressent à la notion de
risque et de performance. Shrives et Dahl (1992) ont démontré une
influence simultanée et positive entre l'évolution du niveau de
capital et l'évolution du niveau de risque des banques
américaines. Ainsi, à une hausse du niveau de risque, correspond
une hausse du niveau de fonds propres détenu et inversement. De
même, d'autres travaux confirment cette relation à savoir Kwan et
Eisenbeis (1995) pour les banques américaines ; Altunbas et al. (2004)
pour les banques européennes, Heid et al. (2004) pour les banques
allemandes et Godlewski (2004) pour les banques des pays en
développement.
D'autres travaux arrivent aux mêmes conclusions sur le
fond que Shrieves et Dahl concernant la prise de risque des banques mais il y a
un point de distinction qui réside dans l'indicateur du niveau de
capital qui est retenu dans ces études. Dans les travaux de Shrieves et
Dahl l'indicateur retenu est le ratio fonds propres sur total des actifs
bancaires. Cependant, les travaux de Jacques et Nigro (1997) pour les banques
américaines, Van Roy (2003) pour les
51
banques européennes, Rime (2001) pour les banques
suisses, Murinde et Yaseen (2004) pour les banques africaines et du
Moyen-Orient, trouvent une influence simultanée, mais négative
entre le niveau de capital et le niveau de risque.
2: Mesure du risque bancaire
Les établissements financiers sont exposés de
par leurs activités à de nombreux types de risque.
L'évaluation et la couverture de ces risques nécessitent la
plupart du temps de faire appel aux mathématiques, ce qui permet de
formaliser et de quantifier le risque identifié.
Ainsi, depuis le début des années 70, a-t-on vu
se développer de nombreux outils dans le domaine des probabilités
et du calcul stochastique afin de répondre à la demande
croissante des marchés financiers. Les travaux réalisés
jusqu'ici se sont surtout concentrés sur les méthodologies
d'évaluation et de couverture des produits comportant des risques de
marché. La tendance actuelle est à l'élaboration de
méthodes équivalentes pour le traitement du risque de
crédit. L'état de l'art distingue pour le moment trois
approches.
La première, connue sous le nom d'approche structurelle
ou modèle de la firme, date de 1974 avec Robert Merton55. Son
approche est proche de celle de la théorie des options. Elle repose
entre autres sur l'idée que les prix des actifs contiennent l'ensemble
de l'information accessible. Sous cette hypothèse, les actions et les
obligations risquées émises par une société
apparaissent comme des options dont on peut évaluer le prix. L'article
de Merton a constitué la base de toute la littérature sur le
risque de crédit. Néanmoins, l'approche semble quelque peu
irréaliste. Elle suppose en effet que la faillite n'est constatée
qu'à l'échéance de la dette, et que la firme est
éventuellement liquidée pour permettre son remboursement. Il
apparaît donc plus raisonnable de supposer qu'il existe un seuil pour la
valeur de la firme au-dessous duquel elle se déclare en faillite. Cette
hypothèse, que l'on trouve pour la première fois dans l'article
de Black et Cox (1976)56, nécessite cependant une
spécification du seuil de faillite. On peut par ailleurs douter que ce
seuil soit constant au cours du temps, comme on le verra plus tard dans
Longstaff et Schwartz, et ne dépende pas de l'évolution de la
structure des taux.
55 Robert Merton, On the pricing of corporate
debt: the risk structure of interest rate, 1974
56 Fisher Black, John c. Cox, Valuing corporate
securities : some effects of bond indenture provisions, the journal of
finance, May 1976
52
La seconde approche se base sur les statistiques d'agences de
notation telles que Moody's et Standard & Poor's. C'est la
méthodologie la plus fréquemment utilisée aujourd'hui dans
les banques pour mesurer le risque de crédit. Elle fut introduite pour
la première fois en 1994 par JP Morgan dans un document technique
intitulé CreditMetrics57. L'objectif
recherché est de mesurer la variation de la valeur future d'un
portefeuille liée à la modification de la qualité de
crédit (elle-même étant reflétée à
travers la notation publiée par les agences) des contreparties des
instruments en portefeuille.
Les variations de la valeur future sont
représentées statistiquement par la distribution de
probabilités des valeurs à l'horizon. Typiquement, cette
distribution n'est pas symétrique et présente une queue de
distribution plus épaisse du côté des pertes que du
côté des gains : concrètement, la probabilité de
perdre beaucoup d'argent sera forte et celle de réaliser des gains sera
faible. Dans ces conditions, l'écart type de la distribution est une
mesure de risque assez mal adaptée, car symétrique. Une mesure de
risque plus adaptée est celle des quantiles, c'est à dire la
mesure d'une VAR à 1% par exemple.
Enfin, la troisième et dernière approche dite
approche par intensité est beaucoup plus récente. Elle est le
sujet de nombreux travaux (dont ceux de Longstaff et Schwartz) et offre des
perspectives intéressantes tant pour la construction de courbes de taux
risqués que pour le pricing de produits dérivés. Le
défaut d'une firme dans cette approche est vu comme un
événement qui ne peut pas être lu dans les prix. Il est
donc modélisé comme un processus ayant une intensité,
c'est à dire un taux instantané d'occurrence. La mesure du risque
de crédit et l'évaluation des produits dérivés
liés à ce risque occupent aujourd'hui une importance capitale
aussi bien dans les travaux de recherche académique que dans les
cellules de recherche des établissements financiers. Il s'agit
aujourd'hui de mettre en place une méthodologie de
référence pour l'obtention d'une courbe de taux risqués,
le pricing de produits dérivés58 liés à
cette courbe, et la mesure des risques encourus liés à la
qualité de crédit des émetteurs. En ce qui concerne le
pricing des dérivés de crédit, la tendance actuelle
privilégie une approche par intensité plutôt que l'approche
structurelle introduite par Merton. Cette approche qui est certainement plus
57 JP Morgan, CreditMetrics-Technical Document,
1997
58 Un Pricing est la recherche de l'inconnue
caractérisant un instrument financier. Pour une obligation, cela sera
par exemple la recherche du prix de celle-ci, à partir des flux futurs
et de la courbe zéro-coupon. Pour une option vanille, cela sera par
exemple la recherche de la prime, à partir des déterminants du
contrat (prix actuel du sous-jacent, prix d'exercice, échéance,
volatilité, dividendes, taux d'intérêt). Ce travail est
généralement dévolu à un structureur mais peut
également être délégué à un vendeur si
celui-ci a accès aux outils de pricing de la banque. Un Pricing peut
être plus ou moins long, de quelques secondes à plusieurs heures,
en fonction de la complexité du produit recherché.
53
simple à calibrer à partir des données de
marché est également plus simple d'utilisation pour des agents
financiers.
Toutefois, aucun consensus n'est encore trouvé sur les
hypothèses d'arbitrage et de complétude à faire dans un
monde avec défaut. De manière plus générale, c'est
l'information disponible sur les marchés qu'il est délicat de
modéliser. D'énormes travaux sont donc encore à
réaliser pour aboutir à une méthodologie globale qui
permette une mesure des fonds propres nécessaires pour couvrir le risque
de crédit encouru et l'évaluation de produits
dérivés relatifs à ces risques.
B : TYPOLOGIE DU RISQUE BANCAIRE
La particularité du secteur bancaire est que le risque
ne peut pas être mesuré d'une seule et unique façon. Le
risque bancaire est donc multi dimensionnel. Il existe plusieurs types de
risques bancaires. Le comité de Bâle considère qu'il existe
quatre types de risques : le risque de crédit, le risque de bilan, le
risque opérationnel et le risque de marché. Selon Greuning et
Bratanovic (2004), on peut différencier quatre catégories de
risques bancaires à savoir risque financier, risque opérationnel,
risque d'exploitation, risques accidentels (Voir figure 4 ci-après).
Pour Lamarque (2008), le champ du risque bancaire est
regroupé en deux catégories : le risque financier et le risque
non financier.
54
Figure 4 : L'exposition au risque bancaire
· Structure du bilan
· Rentabilité du compte de résultat
· Adéquation des fonds propres
· Crédit
· Liquidité
· Marché
· Devise
RISQUES FINANCIERS
RISQUES OPERATIONNELS
· Fraude interne
· Fraude externe
· Pratiques en matière d'emplois et
sécurité du travail
· Clients, produits et services d'affaires
· Dégradation des actifs physiques
· Cessation d'activités
· Risques technoogiques
· Gestion du processus
· Politique
macroéconomique
· Infrastructure financière
· Infrastructure légale
· Responsabilité civile
· Respect de la réglementation
· Réputation et risque fiduciaire
· Risque pays
RISQUE
D'EXPLOITATION
*Risque politique
* Risque de contagion
*Risque de crise bancaire
*Autres risques exogènes
RISQUESS ACCIDENTELS
Source : Greuning et Bratanovic (2004)
1 : Le risque bancaire financier
Le risque bancaire financier regroupe trois types de risque :
le risque de contrepartie, le risque de liquidité et le risque de
prix.
1.1 Le risque de contrepartie
Il est lié à un défaut de paiement d'une
contrepartie sur laquelle la banque détient une créance ou un
engagement hors bilan. Le risque de contrepartie est également
appelé risque de crédit. Ce risque fait partie des risques les
plus redoutés par les banquiers.
En matière d'internationalisation, le risque de
crédit englobe plusieurs dimensions. Il est effectivement lié au
risque de défaillance de l'emprunteur, mais également à la
notion de risque
55
pays. De ce fait, les engagements des filiales
implantées à l'étranger déterminent
également le niveau des risques de la maison mère. Dans le cas de
ses filiales, le risque découle du fait que les emprunteurs d'un pays
donné ne soient plus en mesure de rembourser leur dette.
1.2 Le risque de liquidité
Le risque de liquidité peut être rattaché
à l'impossibilité de rembourser ses dettes. Ce risque est
couramment considéré comme la résultante d'une mauvaise
gestion du bilan ou encore lié à une détérioration
de la relation banque-clients, conduisant à une baisse de confiance. Il
est également souvent dû à un manque de liquidité
sur le marché en raison d'une crise du système. Le risque de
liquidité fait également partie des risques liés
directement au bilan, que l'on appelle aussi risques structurels. Si une banque
ne possède pas une liquidité suffisante, elle peut obtenir des
fonds à un coût raisonnable de deux façons : elle peut dans
un premier temps augmenter son passif, ou dans un second temps convertir des
actifs. Le deuxième choix conduisant à une baisse de la
rentabilité.
Mais dans les deux cas, une insuffisance de liquidités
peut conduire à une situation d'insolvabilité. Le manque de
liquidités pour une banque peut conduire à sa faillite. En effet,
la clientèle prise de panique, peut se ruer au guichet et causer la
banqueroute.
1.3 Le risque de prix
Le risque de prix est directement lié au risque de
marché. Il intègre les risques liés aux taux
d'intérêt, aux taux de change, et à la valeur des actions
mais également des matières premières. Le risque de
marché est quant à lui directement lié aux fluctuations
des taux d'intérêt, des cours boursiers et les taux de change. Si
les taux d'intérêt sont en augmentation, la valeur des actifs
financiers de la banque baisse, ce qui accroît le coût des passifs
bancaires. La banque possède des contrats ou encore des actifs en
monnaie étrangère ce qui provoque un risque de taux de change. En
effet, toute variation des cours des devises engendre un risque de perte pour
la banque.
On parle de risque de prix car celui-ci se manifeste quand la
chute du cours d'une devise provoque la dépréciation des actifs
détenus dans cette devise par la banque. Il n'existe pas dans les
devises de contrepartie commerciale lorsqu'il s'agit d'un emprunt
effectué par le client. Pour
56
Marois (1979) l'emprunt permet de financer une extension de
capacité à l'étranger ou encore des investissements dans
le pays d'origine de la maison mère. Les opérations en devise
pour les banques multinationales représentent un tel niveau de risque
qu'il est généralement établi un contrôle sur toutes
les opérations en devises effectuées par les filiales
localisées à l'étranger. D'ailleurs Marois (1986) stipule
que certaines maisons mères obligent toutes leurs filiales
étrangères à constituer un rapport à chaque fin de
semaine afin d'identifier leur position de change.
Le risque de taux d'intérêt peut prendre
plusieurs formes. Ce risque est directement lié à
l'évolution des taux d'intérêt sur le marché. Il
peut affecter plusieurs parties de la banque à savoir sa performance,
ses dettes, ses créances, mais également ses instruments hors
bilan. Il s'avère également très nocif pour la banque s'il
est trop excessif.
2 : Le risque bancaire non financier
Le risque bancaire non financier est quant à lui
désigné comme somme de deux risques : le risque
opérationnel et le risque stratégique. Et dans un contexte
international, au risque pays.
2.1 Le risque opérationnel
Le risque opérationnel est lié aux pertes que
peut subir une banque à cause d'une mauvaise gestion du personnel ou
d'une défaillance dans l'organisation économique et sociale de
l'entité. Le risque opérationnel est défini par le
comité de Bâle comme un risque de perte résultant des
structures internes qui s'avèrent inadaptées à la
structure de la banque. Ce risque peut découler de fraudes internes ou
encore externes, des problèmes liés à la gestion du
personnel, à la relation client ou encore à la mauvaise
application de règles de gestion du risque bancaire. Le risque
opérationnel est clairement pris en compte pour la première fois
dans le comité de Bâle en 2001. Dans la définition du
comité de Bâle du risque opérationnel, on retrouve
également la notion de risque juridique. Quatre types de risques ont
été intégrés au risque opérationnel :
- Le risque inhérent aux personnes et aux relations entre
les personnes ; - Le risque lié aux procédures
- Le risque lié au système
57
- Le risque lié au tiers
Le risque propre aux personnes et aux relations entre
personnes peut être relié au non-respect par exemple de la
réglementation fiscale. Il englobe toutes les pertes occasionnées
par les actions, volontaires ou non, des collaborateurs ou par des mauvaises
relations que la banque entretient avec ses actionnaires, sa clientèle
ou des tierces parties. On peut également intégrer dans le risque
opérationnel le risque pays lié à une zone
géographique dans laquelle a banque aurait des engagements trop
importants.
Le risque inhérent aux procédures
représente les pertes réalisées à la suite de
l'échec des transactions sur les comptes clients ou liées
à l'échec de toute autre activité courante de la banque.
Il peut également être défini comme un risque
administratif. Ces mauvais fonctionnements sont souvent liés au
système d'information ou à l'ensemble du système
informatique.
2.2 Le risque stratégique
Le risque stratégique est un risque qui concerne la
politique commerciale de la banque. Il intègre les capacités du
gestionnaire à prendre de bonnes décisions. Ce risque reste
difficilement quantifiable et est d'ailleurs exclu des rapports du
comité de Bâle [Lamarque, (2008)]. Il n'est donc pas pris en
compte dans la mesure de la part des fonds propres. Le risque
stratégique a souvent été la cause de grandes crises
financières et bancaires. En effet, la volonté des banques
européennes, notamment des banques françaises dès la fin
des années 1990 de s'orienter vers une activité universelle en
est la preuve.
2.3 Le risque pays
Lorsqu'une banque décide de s'implanter dans un pays
elle doit faire face à ce que Lamarque (2008) définit comme un
risque d'exploitation ou de contrepartie : le risque pays.
En effet, le risque pressenti dans un pays peut être un
facteur déterminant pour l'implantation. Il représente une
barrière à l'entrée pour les banques. Lamarque (2008)
détermine le risque pays comme le total de trois risques à savoir
: le risque souverain (lié à une instabilité politique ou
au niveau de la dette publique de l'Etat), le risque de transfert et de
convertibilité (dû à une restriction au
niveau du système de change) et le risque systémique de
contrepartie (qui est la résultante de la contagion de la sphère
économique d'une crise associée à la sphère
financière).
Cerutti et al. (2007) démontent que le risque pays est
la résultante de déterminants économiques et politiques
tels que la stabilité des taux de change ou encore le niveau de la dette
publique d'un pays. Ce risque est donc lié pour ces auteurs au risque
politique et économique. Coeurderoy et Quelin (1997) expliquent que
l'organisation politique, sociale et économique d'un pays a des
incidences sur l'orientation internationale d'une banque. Les dissimilitudes
dans la langue, la culture, ainsi que le risque politique représentent
pour tout investisseur potentiel un risque. Ils démontent ainsi que :
« Les facteurs politiques et socioculturels influent donc nettement
sur le choix d'organisation à l'international (...) les
différences sociales, l'écart culturel, la stabilité
politique, etc... (...) créent un niveau d'incertitude pour
l'investisseur, un risque pays. Plus ce risque est élevé, plus la
firme éprouve de difficultés à gérer une relation
de marché et est tentée de protéger ses actifs
spécifiques par l'internationalisation »59.
Figure 5 : Risques financiers et non
financiers
RISQUES FINANCIERS
RISQUES NON FINANCIERS
Défaillance de contrepartie
-Taux d'intérêt
- Taux de change - Valeur action
Risque d'illiquidité
Risque de contrepartie ou de crédit
Risque de prix
Incapacité à rembourser ses dettes
Risque opérationnel
Risque pays
Risque stratégique
Facteurs politiques, économiques, sociaux et
culturels
-Risque de perte - Risque juridique -Risques liés
aux personnes et aux tiers
Politique commerciale
58
Source : Lamarque (2008)
59 Voir Coeurderoy, R. Et Quelin B. (1997), P. 163,
L'économie des coûts de transaction : un bilan des études
empiriques sur l'intégration verticale, Revue d'Economie Politique, Vol.
107, n°2, pp. 145-181
59
La figure ci-dessus illustre les différentes dimensions
du risque bancaire selon Lamarque (2008). Le risque bancaire, qui est un
indicateur non financier de choix pour mesurer la performance bancaire à
l'international représente également un déterminant
important dans le choix de la modalité d'implantation d'une banque
à l'étranger.
En substance de cette première partie, l'une des
principales raisons pour lesquelles les banques s'internationalisent est la
quête d'une meilleure performance. La notion de performance est
polysémique, elle repose sur deux critères essentiels et se
mesure suivant des objectifs bien définis et sur la base d'un nombre de
principes. La performance bancaire s'étend à cet effet sur
plusieurs domaines : elle est d'une part financière (ou quantitative) et
d'autre part non financière (ou qualitative).
Si l'internationalisation bancaire a suscité beaucoup
d'études, très peu d'entre elles s'accordent sur ses effets
effectifs sur la performance des banques. Néanmoins, il est admis d'un
côté que l'internationalisation élargi le pouvoir de
margé des banques et les rend plus efficientes dans leur objectif de
rentabilité. D'un autre côté, l'implantation à
l'étranger est source de risques, qui si mal gérés,
peuvent détériorer la performance de la banque.
Cette première partie nous a permis de
développer nos hypothèses formulées à
l'introduction de cette étude, et que nous hiérarchisons de la
manière suivante :
Hypothèse H1 : L'incapacité
à satisfaire la clientèle fragilise la performance des BA au
Cameroun.
Hypothèse H2 : La
régionalisation des banques africaines a un impact positif sur leur
performance au Cameroun.
60
PARTIE II :
LES BANQUES AFRICAINES DANS LE SYSTEME BANCAIRE
CAMEROUNAIS
61
Le secteur bancaire camerounais est le plus important de la
zone CEMAC avec environ la moitié des actifs régionaux. Ce
secteur a connu une évolution plutôt mitigée depuis
l'accession du pays à l'indépendance en 1960. La crise bancaire
qui a secoué la plupart des pays africains dans les années 80,
n'a pas épargné le Cameroun. Dès lors, de nombreuses
réformes ont été entreprises pour stabiliser et
rentabiliser les banques, principaux acteurs du financement de
l'économie camerounaise.
La réforme survenue au début des années
90 a impulsé une ère nouvelle pour le système bancaire
camerounais. L'Etat s'est progressivement désengagé du capital
des banques, de nombreuses banques publiques ont été
liquidées, et on a assisté à l'arrivée de nouveaux
acteurs, des banques étrangères outre que celles originaires des
anciennes puissances coloniales. C'est dans ce contexte que les
premières banques africaines se sont implantées au Cameroun.
Les BA pour s'insérer dans le système bancaire
camerounais, y sont passées par différentes stratégies ;
certaines ont procédé à des créations de filiales,
d'autres ont procédé à des fusions-acquisitions. A ce
jour, ces banques se positionnent comme des acteurs majeurs du système
bancaire camerounais ; ce qui suscite d'ailleurs un intérêt
particulier, car elles dominent un peu partout dans le continent et rivalisent
les grandes banques occidentales en termes de performance bancaire.
La présente partie se propose d'analyser la performance
des BA dans le système bancaire camerounais par rapport aux autres
régions du continent. Pour ce faire nous présenterons d'abord le
système bancaire camerounais (Chapitre III), dans l'optique de
comprendre l'évolution historique et le cadre réglementaire de la
profession bancaire au Cameroun. Ensuite, nous procéderons à une
évaluation de la performance des BA dans le système bancaire
camerounais (Chapitre IV). Dans cette dernière présentation, il
s'agira de présenter les différents BA qui exercent au Cameroun,
et d'analyser leurs résultats comparativement aux résultats
réalisés dans les autres régions du continent.
62
CHAPITRE III : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS :
EVOLUTION HISTORIQUE ET CADRE REGLEMENTAIRE
L'activité bancaire au Cameroun a commencé
depuis bien avant l'indépendance avec l'arrivée des
premières puissances coloniales. Aujourd'hui le système bancaire
compte quatorze banques qui exercent effectivement ; toutes ces banques sont
essentiellement commerciales et le système est caractérisé
depuis quelques années par une surliquidité ; une situation
paradoxale quant aux nombreux besoins de financement que connait
l'économie camerounaise. Depuis la crise bancaire des années 80
les banques sont plus prudentes dans l'octroi des crédits et se
contentent de développer des activités commerciales. En effet, La
plupart des banques exerçant au Cameroun sont des filiales des banques
étrangères, très peu d'acteurs locaux interviennent dans
ce secteur.
Afin de mieux appréhender le système bancaire
camerounais, il nous importe tout d'abord de comprendre son évolution
historique (Section I) avant de nous étayer sur les conditions
d'exercice de la profession bancaire au Cameroun (Section II).
SECTION I : HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE
CAMEROUNAIS
Le système bancaire et financier du Cameroun est
l'émancipation du système bancaire français dans la mesure
où la mise du pays sous mandat français et britannique à
l'issue de la première guerre mondiale par la SDN, a consolidé le
mouvement d'implantation des premiers établissements de crédit au
Cameroun. Ce mouvement s'est poursuivi avec la mise sous-tutelle
franco-britannique par l'ONU. L'accession du pays à
l'indépendance le 1er Janvier 1960 ouvre une ère
nouvelle, les autorités locales ont entrepris de contrôler
l'activité bancaire, et on a assisté à la création
de nombreuses banques à capitaux publics. Mais au milieu des
années 80, une crise sans précédent va secouer le
système bancaire camerounais. Dans cette section, nous
présenterons l'historique en deux phases. La première, de la
colonisation à l'indépendance, et la seconde, de
l'indépendance à la crise des années 80-90.
63
A : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS DE LA COLONISATION
A
L'INDEPENDANCE
Avant l'indépendance du 1er Janvier 1960, le
Cameroun n'avait à proprement parler pas de système bancaire
propre. La réglementation et les différents intervenants à
cette époque étaient des démembrements du système
financier français. La France assurait elle-même l'émission
et la création monétaire non seulement pour elle-même, mais
également pour ses colonies et ses territoires d'Outre-Mer.
1 : Le système bancaire à l'époque
coloniale
Au début des années 1900, la banque de l'Afrique
occidentale avait le monopole de l'émission monétaire dans les
colonies françaises d'Afrique de 1901 à 1942. Le 02
Décembre 1941, la Caisse Centrale de la France Libre (CCFL) fut
créée avec pour principales missions d'assurer l'émission
monétaire, le Trésor public et le contrôle des changes du
gouvernement du général de Gaulle en exil à Londres et des
territoires ultra-marins ralliés à la CFNL.
L'ordonnance du 2 Février 1944 changea son nom en
Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer (CCFOM) ; sa compétence fut
désormais limitée aux territoires d'outre-mer, le trésor
central étant assuré par la trésorerie
générale d'Alger. Dans la lignée de la conférence
de Brazzaville du 6 Février 1944, elle s'orienta peu à peu vers
la fonction de banque de développement.
A partir de 1955, la caisse centrale abandonna ses fonctions
d'institut d'émission monétaire. A l'issue du
référendum du 28 Septembre 1958 qui instaura une
communauté Française autonome, les statuts de la CCFOM furent
modifiés par l'ordonnance du 30 Décembre 1958 et elle devint la
Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE), établissement
public et institution financière spécialisée,
destinée à jouer le rôle de banque de développement
pour les Etats de la fédération.
Le décret n° 92-1176 du 30 Octobre 1992 changea le
nom de la CCCE et son statut, elle devint la Caisse Française de
Développement (CFD), et depuis le 17 Avril 1998, Agence Française
de Développement (AFD), nom qu'elle garde jusqu'à nos jours.
Entretemps, en 1946, l'ancien empire colonial français
va se regrouper en Union Monétaire sous des appellations
différentes : Départements d'Outre-Mer (DOM), Territoires
64
d'Outre-Mer (TOM), Territoire sous-mandat... qui seront autant
des territoires d'émission d'entités différentes
créées pour évoluer vers une « zone Franc » qui
va comporter une monnaie directrice, le Franc CFA (Colonies Françaises
d'Afrique). Le 20 Janvier 1955, l'Institut d'Emission de l'Afrique Equatoriale
Française et du Cameroun (IEAEFC) fut créé en remplacement
de la CCFOM pour les émissions monétaires en Afrique Equatoriale
Française (AEF). A la veille des indépendances (1959), l'Institut
d'Emission sera remplacé par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC), conformément aux statuts et
à la raison sociale qui lui ont été conférés
par l'Ordonnance du 04 Avril 1959 pour les émissions monétaires
dans les cinq Etats issus de l'ex AEF et au Cameroun. Cet établissement
public franco-africain va assurer l'émission monétaire de ces
pays de 1960 jusqu'au 31 Mars 1973, date d'entrée en vigueur des accords
de Brazzaville signés les 22 et 23 Novembre 1972 et instaurant la Banque
des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC).
2 : Les accords de Brazzaville et la création de
la BEAC
Les accords de Brazzaville marquent le point de départ
de la convention de coopération financière entre les Etats de la
sous-région d'Afrique centrale d'une part, et entre ceux-ci et la
France, d'autre part. Le franc CFA, désormais franc de la
Coopération Financière en Afrique vit le jour, et la BEAC fut
créée en remplacement de la BCEAEC pour émettre, en
Afrique Centrale, le franc CFA. Le 1er Janvier 1985, la
Guinée Equatoriale a intégré la BEAC qui compte à
ce jour six Etats membres.
Les accords de coopération de Brazzaville sont
fondés sur les principes suivants :
- Les pays concernés font usage d'une monnaie commune,
le Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale (XAF)
et dont la parité est fixée avec l'Euro à 1 EUR = 655,957
XAF
- La convertibilité du XAF en EUR est illimitée
et permet le libre transfert des XAF à l'étranger dans le cadre
de la réglementation de change en vigueur.
- Les Etats ont convenu de mettre en commun leurs avoirs
extérieurs dans un fonds commun de réserve de change
appelé « Compte d'opération » ouvert auprès du
trésor de la République française.
65
La création de la BEAC marque une étape majeure
pour le développement du système bancaire Camerounais, qui
jusqu'à sa création dépendait essentiellement de la
France. Elle marque de ce fait un début d'autonomisation du
système bancaire Camerounais.
B : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS : DE L'INDEPENDANCE AUX
CRISES BANCAIRES DES ANNES 80-90
L'évolution du système bancaire camerounais
durant cette période se déroule harmonieusement jusqu'à la
fin des années 70. Par la suite, dès le début des
années 80 des signes d'essoufflements apparaissent mais se
présentent différemment.
1 : Une relative stabilité jusqu'à la fin
des années 70
Après l'indépendance du Cameroun, le
développement économique, conçu sous le signe du dirigisme
économique et de l'endettement extérieur a beaucoup
influencé le mode de financement économique établi dans le
pays [Bekolo-Ebe, (1990), Mathis, (1992)]. Le financement du
développement était tel que les crédits que les banques
locales consentaient devaient compléter le prêt extérieur.
En plus, ces banques pouvaient distribuer des fonds que l'Etat obtenait des
prêteurs extérieurs et leur rétrocédait, à
charge pour elles de gérer les crédits. Dans un cas comme dans
l'autre, l'influence de l'Etat était patente. L'Etat s'est engagé
dans la consolidation du secteur financier privé en y prenant des parts
de capital et en mettant en place des organes de contrôle.
En fait, à cette époque, le tissu bancaire
camerounais était très embryonnaire. Plus
précisément, ce secteur se caractérisait par une forte
concentration [Abega, (1995)]. Jusqu'en 1970, seules 4 banques étaient
répertoriées par le Conseil National du crédit (CNC), et
en 1984, l'effectif s'élevait à 11 banques. Le système
était majoritairement composé de banques privées
étrangères60 au rang desquelles on peut citer : La
Société Générale de Banque du Cameroun (SGBC) ; La
Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) ; La
Société Camerounaise de Banque (SCB) ; et la Banque
Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC). Ces 4 banques
représentaient plus de 75% des actifs du
60 La quasi-totalité de ces banques
n'étaient que des émanations des banques françaises
à savoir : La Société Générale, la BIAO de
Paris, la Banque Nationale de Paris (BNP) et du Crédit Lyonnais (CL)
66
système bancaire, collectant plus de 80% des
dépôts et distribuant près de 90% des crédits. En
réalité, toutes ces banques n'auront véritablement leurs
agréments qu'après « l'ambitieuse réforme » du
système bancaire camerounais de 1973.
Dès 1970, une nouvelle banque est venue s'ajouter au
paysage bancaire camerounais, La Cameroon Bank Limited (CAMBANK) dont le
capital était entièrement détenu par les
intérêts publics camerounais. En 1971, le Cameroun comptait 5
banques commerciales61 parmi lesquels les 4/5 étaient
détenus par les intérêts français et 47 agences dont
8 pour la CAMBANK. Le 30 Août 1973, une réforme est venue
bouleverser le paysage bancaire camerounais. Cette réforme,
au-delà de l'implication des nationaux dans le domaine financier,
prévoyait la possibilité d'une ouverture des banques
étrangères non françaises dans le système bancaire.
Pourtant, jusqu'en 1978, le paysage bancaire n'a pas beaucoup
évolué, hormis la multiplication d'agences commerciales des
banques existantes sur le territoire national qui sont passées de 47
à 103. Cependant, en 1976, on note la création d'une banque
d'Etat orientée vers le financement du développement : La Banque
Camerounaise de Développement (BCD).
Au début des années 80, le paysage bancaire a
connu une entrée des banques anglo-saxonnes pour la plupart
américaines. Il s'agit de la Chase Bank Cameroon (CBC)
créée en 1979 ; la Boston Bank Cameroon (BBC) en 1980 ; la Bank
of America Cameroon (BAC) ; la Standard Chartered Bank Cameroon (SCBC) en 1981
; et la Bank of Credit and Commerce (BBC) en 1983. L'installation de ces
banques a entraîné un accroissement rapide des agences bancaires.
Le nombre d'agences est passé de 103 à 145 en 1984. A cette
période, le Cameroun comptait alors 11 banques commerciales et 2 banques
de développement62.
En dehors de la CAMBANK et la Banque Unie de Crédit
(BUC) dont le capital était entièrement détenu par des
camerounais, la participation de l'Etat au capital social des banques
atteignait les 67%. Ainsi, dans la plupart des cas, l'Etat était
actionnaire principal. Le gouvernement était omniprésent dans les
processus de décision au sein des banques, directement ou par le biais
des entreprises publiques qu'il contrôlait. Indépendamment de la
présence du financement extérieur, le gouvernement a
souhaité contrôler la distribution du crédit interne dans
le but de mieux planifier les investissements dans des secteurs ciblés.
Cette
61 La SCB était la plus importante au regard
du montant du capital (5 Milliards de FCFA), et la BICIC la plus importante en
terme de crédits distribués (plus de 180 Milliards de FCFA) et de
dépôts collectés (125 Milliards de FCFA)
62 La BDC et le Fonds National de Développement
Rural (FONADER)
67
politique d'encadrement de crédit s'est malheureusement
traduite par le non-respect des normes de prudence.
Durant les années 70, l'exploitation
pétrolière a doté le pays de ressources importantes et
engendré un gonflement des ressources bancaires. Les
établissements de crédit se sont alors lancés vers une
distribution généreuse et incontrôlée des
crédits à l'économie pour le financement des projets
jugés « rentables pour les locaux ». Par exemple, le volume de
financements accordés aux projets s'est accru d'environ 374,13% entre
1976 et 1977. Durant cette même période, le montant des garanties
s'est accru de 352,4%. Dans cette lancée, sans que des études
sérieuses visant à mesurer le degré
d'élasticité de l'investissement par rapport au taux
d'intérêt des prêts bancaires aient été
menées au préalable, les banques ont orienté leur
intervention vers les financements courts au détriment des financements
longs. Cette préférence marquée pour les financements
à court terme était essentiellement conditionnée par les
projets axés vers les produits de base et le commerce de distribution.
On assistait alors à un renouvellement des prêts courts pour
financer des investissements longs. Or le développement exige aussi et
surtout des financements à long terme.
Graphique 3 : Rythme de progression des crédits au
secteur privé de 1960 à 2005
Source : Indicateurs de la Banque Mondiale
(2007)
Etant donné les facilités d'obtention de
financements, la progression des crédits au secteur privé (en
pourcentage du PIB) est passée de 14,20% en 1970 à 24,53% en
1977, pour se situer à 3,24% en 1982 (voir Graphique 3).
68
Il convient de relever que la plupart des crédits
octroyés n'étaient pas toujours remboursés. Evalué
à 5,6 milliards de FCFA en 1980, le montant des créances
douteuses a atteint 38 milliards de FCFA au plus fort de la crise bancaire.
Quoiqu'à partir de 1982 déjà, les banques accumulaient des
pertes dues à la mauvaise gestion et à la fraude, l'Etat les
soutenait en alimentant le système bancaire de ses ressources
pétrolières.
La surveillance et la sanction des banques dépendaient
du Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI) et, comme l'Etat
avait des intérêts dans la plupart des banques, la
réglementation prudentielle était peu appliquée, aucune
règle juridique sérieuse permettant de poursuivre les
débiteurs indélicats n'ayant cours. De ce fait, la crise bancaire
était presque inévitable.
2 : Les crises bancaires des années 80-90
La première crise bancaire qui va secouer l'ensemble du
système économique et financier s'est manifestée au milieu
des années 80 et à travers au moins cinq facteurs : les
défauts de paiement, les créances douteuses, la suspension des
découverts, les pertes financières des agents économiques
du fait de l'illiquidité des banques, et les faillites (fermetures
d'agences ou de certaines banques).
A la fin des années 80, la situation du secteur
bancaire camerounais était donc très critique. Par exemple, en
1988, la plupart des banques affichaient un résultat négatif et
une situation de fonds propres tout aussi négative (voir tableau 3). La
SCB et la CAMBANK ont été les premières à faire
faillite en 1988 (tableau 3). Elles ont été suivies
respectivement par la BMBC et la BCC en 1991, la BICIC en 1995. Mais l'un des
faits majeurs a été le retrait rapide des succursales des banques
américaines dès 1985 (CBC, BBC, BAC). De nombreuses autres
banques ont aussi connu des difficultés. Il s'agit entre autres de la
BCD, de la Banque de Paris et des Pays bas Cameroun (Parisbas-Cam), de la First
Investment Bank (FIB), du Crédit Agricole du Cameroun (CAC), pour ne
citer que quelques cas. Pour la seule année 1989, quatre
établissements bancaires (SCB, BIAO, BCD, et CAMBANK) parmi les plus
importants du pays ont déposé leur bilan. La perte pour
l'ensemble du secteur se chiffrait à près de 700 milliards de
FCFA en bilan cumulé, soit un peu plus de 40% du total des bilans
bancaires qui était estimé
69
à l'époque à 1520 milliards de
FCFA63. Par la suite, la perte atteindra le chiffre record de 52,884
milliards en 1990 et 50 milliards au cours de la première moitié
de 1995. Cette situation traduit à elle seule la profondeur du mal, dans
un pays qui comptait à l'époque 15 banques.
Tableau 3 : état de quelques banques commerciales
en 1988 (en milliards de FCFA)
Banque
|
Résultat 1987/1988
|
Situation nette des fonds propres au 30 Juin
1988
|
Groupe des banques déficitaires
|
SCB
|
-11
|
-130,3
|
BCD
|
-4
|
-37,9
|
CAMBANK
|
-4
|
-56,3
|
Paribas Cameroun
|
-4,2
|
-39,0
|
Total
|
-23,2
|
-264
|
Groupe des banques préoccupantes
|
BIAOC
|
-1,7
|
-10,2
|
SGBC
|
-1,8
|
-13,2
|
CBC
|
-0,4
|
-3,5
|
IBAC
|
-0,4
|
-0,9
|
Méridien Bank
|
-0,4
|
+0,7
|
Total
|
-4,7
|
-27,1
|
Groupe de banques saines
|
BICIC
|
1,8
|
-6,9
|
BCCC
|
2,7
|
-
|
Total
|
4,7
|
-6,9
|
Source : Rapport de la société
d'ingénierie bancaire internationale
Tableau 4 : Situation des banques au cours des
années 80 et 90
Banque
|
Situation en fin des années 80
|
Situation en fin des années 90
|
SCB
|
En faillite en 1988 et liquidée en
1989
|
Est devenue la SCB-Crédit Lyonnais
|
BICIC
|
En restructuration
|
Est devenue la BICEC en 1977 avec la banque Populaire
|
SGBC
|
En restructuration
|
En restructuration
|
BIAOC
|
En faillite et reprise en 1991 Encore en faillite en 1995
|
Reprise par la Meridian Bank Cameroon en 1991
|
CAMBANK
|
En faillite en 1988 et liquidée
|
-
|
Chase Bank
|
Fermée en 1985
|
|
Boston Bank
|
Fermée en 1985
|
|
Paribas Cameroun
|
En faillite en 1989
|
|
BCCC
|
Fermée en 1991
|
Reprise par la Standard Chartered Bank en 1991
|
Bank of America
|
Fermée en 1985
|
Est devenue l'IBAC avec des intérêts
camerounais
|
BCD
|
En faillite et liquidée en 1989
|
|
Source : Rapports annuels du Conseil National du
Crédit du Cameroun
63 Voir : Rentabilité consolidé du
secteur bancaire dans les différents rapports National du Crédit
et les documents de la BEAC (Direction de la Recherche et de la
Prévision)
70
L'examen des données relatives au secteur bancaire
laisse croire que la crise bancaire de la fin des années 80 était
une crise financière au sens des monétaristes car celle-ci
était caractérisée par la contraction de l'offre de
monnaie. Après avoir subi une augmentation régulière de
1970 à 1985, la masse monétaire a connu une baisse de 1986
à 1987 et la situation monétaire a commencé à
fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992. La contraction monétaire
de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en circulation et
de la monnaie divisionnaire. Avec l'avènement de la crise bancaire, les
crédits alloués au secteur privé ont commencé
à baisser au début des années 80. Cette baisse va
même s'accentuer courant 1990 (voir graphique 3).
En fait, déjà en 1984, on a observé une
substitution entre billets et dépôts. Cette substitution a
donné lieu à une hausse sensible du ratio
billets/dépôts à vue entre 1984 et 1990. La crise de
confiance des clients met en relief le début du retrait progressif de
leurs avoirs des banques et l'accentuation de la baisse observée des
dépôts (tableau 5). La réduction des dépôts
s'est faite sans distinction, aussi bien dans les banques solvables que dans
les banques insolvables. Face à l'ampleur du marasme, l'Etat a
essayé de camoufler la baisse des dépôts privés des
banques en augmentant substantiellement ses propres dépôts. La
situation dégradante et progressive caractérisée par une
sortie massive des capitaux a annulé l'effet de camouflage des
difficultés financières du pays.
Tableau 5 : Evolution des dépôts (en
milliards de FCFA) dans les banques de 1984 et 1990
Banque
|
1984/85
|
1985/86
|
1986/87
|
1987/88
|
1988/89
|
1989/90
|
BIAOC
|
15,54
|
-19,89
|
-5,93
|
-4,83
|
-26,15
|
-20,11
|
BCCC
|
15,18
|
-10,45
|
36,62
|
24,18
|
-19,24
|
5,09
|
BICIC
|
-2,88
|
35,95
|
-11,05
|
30,71
|
6,52
|
-40,97
|
CAMBANK
|
7,57
|
-2,69
|
1,69
|
-
|
-
|
-
|
IBAC
|
-9,99
|
70,74
|
-20,54
|
-12,93
|
53,24
|
-26,77
|
MBC
|
30,13
|
-44,11
|
0,26
|
4,03
|
-1,97
|
-9,57
|
SCB
|
-26,20
|
-9,25
|
-3,77
|
-10,86
|
1,46
|
22,06
|
SGBC
|
30,09
|
14,13
|
37,94
|
-12,54
|
-5,34
|
-7,14
|
Source : études statistiques de la
BEAC
71
SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE
BANCAIRE AU CAMEROUN
Depuis les réformes entreprises en 1990 et visant le
renforcement de l'intégration sous régionale en Afrique Centrale,
les règles d'accès et d'exercice de l'activité bancaire
ainsi que sa supervision ont été harmonisées par la
convention du 16 Octobre 1990 portant création d'une Commission Bancaire
de l'Afrique Centrale, complétée par la Convention du 17 Janvier
1992 portant Harmonisation de la Réglementation Bancaire dans les Etats
de l'Afrique Centrale.
En matière d'agrément des établissements
de crédit, la Convention du 17 Janvier 1992 stipule en son article 12
que « l'exercice, par les organismes de droit local et par les succursales
d'établissements ayant leur siège à l'étranger, de
l'activité d'établissement de crédit [...] est
subordonnée à l'agrément de l'Autorité
Monétaire, prononcé sur avis conforme de la Commission Bancaire
».
En ce qui concerne leurs dirigeants et commissaires aux
comptes, elle stipule en son article 18, que « les établissements
de crédit dont le siège social est à l'étranger
désignent deux personnes au moins auxquelles ils confient la direction
effective de leur succursale sur le territoire de l'Etat signataire
concerné ». Ces dirigeants doivent être agréés
dans les conditions prévues à l'article 20 qui stipule que «
l'agrément des dirigeants [...] est prononcé par
arrêté pris par l'Autorité Monétaire sur avis
conforme de la Commission Bancaire ».
Par conséquent, les compétences sont
partagées entre les autorités nationales et sous
régionales. C'est l'Autorité Monétaire de chaque pays qui
délivre l'agrément pour l'établissement de crédit,
pour ses dirigeants et ses commissaires aux comptes ; mais aucune banque ou
établissement financier ne peut s'implanter dans un pays membre de la
CEMAC et aucun dirigeant ou commissaire aux comptes ne peut exercer dans un
établissement de crédit sans l'avis conforme de a COBAC.
A : LES CONDITIONS DE FORME
Ces dispositions sont régis par le Règlement
COBAC R-2009/02 portant fixation des catégories des
établissements de crédit, de leur forme juridique et des
activités.
72
1 : La forme sociale et les types
d'établissement
Les banques au Cameroun ont une forme juridique bien
précise et ont le choix de l'orientation de leur activité suivant
le type d'établissement choisi.
1.1 La forme juridique
L'article 7 du Règlement COBAC R-2009/02 dispose que :
« Un établissement de crédit est obligatoirement
constitué sous forme juridique d'une société anonyme avec
conseil d'administration, au sens de l'Acte uniforme OHADA relatif au droit des
sociétés commerciales et du Groupement d'Intérêts
Economique, à l'exception des succursales d'établissements de
crédit ayant leur siège à l'étranger ». Cette
disposition s'est substituée à l'article 16 de convention du 17
Janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire en
Afrique Centrale qui disposait que « Les établissements de
crédit sont obligatoirement constituées sous forme de personne
morale à l'exception des succursales d'établissements de
crédit ayant leur siège à l'étranger ». A cet
effet, la société anonyme avec conseil d'administration est la
forme juridique possible d'exercice de l'activité bancaire dans la zone
CEMAC.
La forme de société anonyme imposée aux
établissements de crédit produit des conséquences sur la
gestion et surtout le contrôle de ces établissements s'agissant
par exemple du nombre de commissaires aux comptes sous réserve toutefois
de la compatibilité de ces mesures avec les règles de
contrôle de gestion qui leur sont propres64.
Il convient de signaler que la forme de société
anonyme n'est pas propre aux établissements de crédit. Elle est
imposée aussi à d'autres catégories de structures
bancaires. Ainsi, les établissements de microfinance, en particulier
ceux de deuxième catégorie doivent être également
constitués sous forme de société anonyme65.
Mais la réglementation ne leur impose pas un mode d'administration.
Par ailleurs, il convient de souligner le maintien d'une
exception dans la forme juridique des banques au Cameroun : c'est le cas des
succursales des établissements étrangers. En effet, aux termes de
l'article 7 du Règlement COBAC R-2009/02 in fine, la constitution de
64 Différents règlements COBAC
imposent un certain nombre de règles propres aux établissements
de crédit en ce qui concerne leur gestion et leur contrôle. Cf
COBAC, Recueil des textes relatifs à l'exercice des activités
bancaires et financières, Edition 2008, préc.
65 Voir Règlement EMF 2002/21 du 15 Avril 2002
relatif aux formes juridiques à chaque catégorie d'EMF
73
l'établissement de crédit sous forme de
société anonyme ne concerne pas les succursales des
établissements de crédit ayant leur siège à
l'étranger. Cette exception était déjà
prévue par l'article 16 de la convention du 17 Janvier 1992.
La notion d'établissements étrangers se
déduit à contrario du champ d'application de la
législation bancaire qui est applicable à l'ensemble des
établissements de crédit ayant leur siège social sur le
territoire de la CEMAC. Aussi, les établissements ayant leur
siège dans un des Etats de la zone bénéficient du
système de l'agrément unique institué par le
Règlement n°01/00/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 Novembre 2000 portant
institution de l'agrément unique des établissements de
crédit dans la CEMAC. Dès lors que l'établissement de
crédit est considéré comme établissement
étranger, il bénéficie d'un régime
dérogatoire quant au choix de la forme sociale. Il peut dans ce cas
exercer les activités bancaires dans l'un des Etats membres de la CEMAC
soit à travers des filiales, soit à travers des succursales. Ces
filiales et succursales pourront être constituées sous toutes les
formes sociales possibles sans prendre obligatoirement la forme de
société anonyme.
1.2 Les types d'établissements
L'article 8 du règlement R-2009/02 portant fixation des
catégories des établissements de crédit dispose : «
les établissements de crédit sont agréés en
qualité de banque universelles, banques spécialisées,
établissements financiers ou sociétés financières.
Il en résulte qu'il y a quatre catégories d'établissements
de crédit au Cameroun. Pourtant, à la lecture des articles 9
à 12, il apparaît que les établissements de crédit
relèvent de deux principales catégories à savoir, les
établissements bancaires et les établissements financiers.
La banque universelle : Elle est
habilitée à effectuer sans aucune limitation, toutes les
opérations de banque c'est-à-dire celles
énumérées à l'article 1er :
réception de fonds du public, octroi de crédits,
délivrance de garanties, mise à la disposition et gestion des
moyens de paiement ; toutes les opérations connexes aux
opérations de banque : change, opérations sur métaux, or
et pièces, locations de coffre-fort, opérations relatives aux
valeurs mobilières et produits financiers, conseil et assistance en
matière de gestion de patrimoine, opérations de locations simples
de biens mobiliers ou immobiliers, les opérations non bancaires. Il
résulte de cette énumération que l'établissement
bancaire a une compétence quasiment illimitée à l'image de
la banque dans la loi camerounaise de 1990.
74
La banque spécialisée : Autant
la compétence de l'établissement bancaire est large, presque
illimitée, autant celle de la banque spécialisée est en
principe limitée mais elle a du mal à être perçue.
Les dispositions de l'article 10 du Règlement R 2009/02 ne sont pas
suffisamment explicites à cet effet. Cet article dispose que « les
banques spécialisées se distinguent par le caractère
spécifique ou restrictif de leur champ d'activité. Elles
réalisent les opérations de banque dans la limite de la
décision d'agrément qui les concerne ou des dispositions
statutaires, législatives et réglementaires qui leur sont propres
dans le respect des prescriptions communes de la réglementation bancaire
».
Les sociétés financières
: Elles se caractérisent par deux éléments,
à savoir, leur mode de financement et la nature des opérations
qu'elles peuvent accomplir66. S'agissant de leur mode de
financement, l'article 11 du Règlement R 2009/02 en tirant les
conséquences de l'interdiction qui leur est faite de recevoir des fonds
du public dispose clairement qu' « elles assurent le financement de leur
activité par leurs capitaux propres, des emprunts auprès des
autres établissements de crédit, sur les marchés de
capitaux ou toute autre voie non contraire à la loi ». La nature
des opérations qu'elles peuvent accomplir est par contre, un peu plus
vague ; l'alinéa 2 de l'article 11 énonce que les
sociétés financières « réalisent les
opérations de banque résultant de la décision
d'agrément qui les concerne ou des dispositions statutaires,
législatives et réglementaires qui leur sont propres ». Les
sociétés financières sont généralement
constituées de « filiales de groupes bancaires ou d'entreprises
commerciales » qui s'investissent dans diverses activités telle que
le crédit-bail et les opérations assimilées,
l'affacturage, l'octroi des garanties.
Les institutions financières
spécialisées : Elles se caractérisent par un seul
élément : l'accomplissement d'une mission d'intérêt
public décidée par l'autorité nationale ; C'est le cas de
la Société Nationale d'Investissement (SNI). Leurs
modalités de financement et les opérations qu'elles peuvent
accomplir sont définies par des textes législatifs particuliers.
La création des institutions financières
spécialisées relève donc de l'initiative des
autorités nationales des différents pays.
66 Ces critères sont quasiment identiques
à ceux de la définition retenue en droit français
où l'article L.551-1 du code monétaire et financier
prévoit que les sociétés financières ne peuvent
recevoir des fonds à vue ou à moins de deux ans et ne peuvent
effectuer que les opérations de banque résultant de leur
décision d'agrément.
75
2 : Le capital social et la qualité des
dirigeants
Les dispositions régissant le capital social des
banques au Cameroun sont prévues dans le Règlement COBAC
R-2009/01 portant fixation du capital social minimum des établissements
de crédit.
2.1 Le capital social
L'article 1 du Règlement COBAC R-2009/01 énonce
que : « Les établissements bancaires ayant leur siège social
sur le territoire de la CEMAC doivent disposer d'un capital social minimum
égal à 10 milliards de FCFA », et son article 4, il est
précisé que : « Les établissements de crédit
de la CEMAC en activité avant l'entrée en vigueur du
présent règlement bénéficient d'une période
transitoire de cinq ans à compter du 1er Juin 2009 pour s'y
conformer ». Par conséquent depuis le 1er Juin 2014,
toutes les banques exerçant au Cameroun et en zone CEMAC doivent
disposer d'un capital social minimum de 10 milliards de FCFA.
2.2 La qualité des dirigeants
Les fonctions d'encadrements de haut niveau, c'est à
dire celles qui donnent à leur titulaire le pouvoir de prendre des
décisions engageant l'établissement et qui l'habilitent à
diriger et orienter les activités de ses entités, sont
exercées par le Directeur Général, le Directeur
Général Adjoint et les chefs de départements. Ces
dirigeants sont assistés par des commissaires aux comptes.
L'article 24 du Règlement COAC R-2016/01 énonce
que : « Les fonctions de Directeur Général et de Directeur
Général Adjoint d'un établissement de crédit sont
incompatibles avec l'exercice de la fonction de mandataire social ou de tout
emploi salarié dans une entité autre que ledit
établissement ». Par ailleurs, l'article 26 du Règlement
stipule que : « Les commissaires aux comptes des établissements de
crédit peuvent être des personnes physiques experts comptables ou
des personnes morales sociétés d'expertise comptable ».
Aussi, les dirigeants et commissaires aux comptes des banques doivent remplir
aux critères académiques et professionnels prévus par ce
règlement.
76
B : LES CONDITIONS D'AGREMENT
Tout établissement de crédit désireux
exercer au Cameroun doit au préalable disposer d'un agrément
accordé par les autorités monétaires, en l'occurrence le
Ministère des finances. L'obtention de l'agrément obéit
à certaines conditions ; toutefois, une fois l'agrément obtenu il
peut être retiré dans certaines circonstances.
1 : Demande et obtention de l'agrément
L'article 2 du Règlement COBAC R-2016/01 relatif aux
conditions et modalités de délivrance des agréments des
établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs
commissaires aux comptes, énonce que : « La demande
d'agrément en qualité d'établissement de crédit est
adressée à l'autorité monétaire contre
récépissé. Aux fins d'information, une copie de ladite
demande accompagnée du récépissé est transmise par
le requérant, à la Commission Bancaire ». La demande
d'agrément doit préciser la catégorie
d'établissement de crédit pour laquelle le requérant
postule et être accompagné d'un dossier complet dont la
composition est la suivante :
- Une fiche comportant des renseignements généraux
sur l'établissement de crédit,
conforme au modèle défini par instruction de la
COBAC ;
- Une expédition notariée des statuts de
l'établissement de crédit ;
- Une expédition notariée du procès-verbal
de l'assemblée générale constitutive ;
- La liste des actionnaires, détaillant pour chacun d'eux,
le nombre d'actions détenues, la
valeur nominale des actions, les actions libérées,
le pourcentage de participation
correspondant et l'équivalence en droits de vote ;
- Les éléments d'information sur les actionnaires
fixés par les articles 7 et 867 ;
- La déclaration notariée de souscription et de
versement du capital social
- Le rapport du commissaire aux apports pour tout apport en
nature
- Le relevé de compte bancaire ayant reçu le
capital libéré
- La composition prévisionnelle du conseil
d'administration, en distinguant les
administrateurs exécutifs, les administrateurs
non-exécutifs et les administrateurs
indépendants ;
67 Règlement COBAC R-2016/01 relatif aux
conditions et modalités de délivrance des agréments des
établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs
commissaires aux comptes
77
- Les éléments d'information sur les personnes
pressentis à la fonction d'administrateur ; - Les éléments
d'information sur les personnes pressenties pour la fonction de Directeur
Général et de Directeur Général Adjoint ;
- La liste et la composition des comités
spécialisés qui seront institués au sein du conseil
d'administration et leurs attributions respectives ;
- La liste de composition des comités
spécialisés destinés à assister la Direction
Générale
dans la gestion courante de l'établissement de
crédit et leurs attributions respectives ; - L'organigramme
prévisionnel comprenant les informations définies à
l'article 1668 ;
- Le plan d'affaire prévisionnel sur cinq exercices
comportant notamment la description
du projet, l'analyse stratégique du marché, la
stratégie commerciale, les prévisions
d'organisation et d'implantation et les projections
financières ;
- Le détail des moyens techniques, financiers et
humains qui seront mis en oeuvre ; - Les bilans et coptes de résultat
prévisionnels sur cinq ans ;
- Les projets des manuels de procédures concernant
notamment le dispositif de contrôle interne, la gestion des risques, la
gestion du système d'information, le plan de continuité
d'activité, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme, le suivi des opérations externalisées
et la charte du gouvernement d'entreprise ;
- Les prévisions d'évolution des effectifs
(nationaux et expatriés)
- Le contrat d'assistance technique avec un partenaire de
référence, le cas échéant ;
- L'attestation portant l'accord préalable ou la lettre
de non-objection de l'autorité de supervision du pays d'origine, le cas
échéant.
Une fois le dossier constitué, il est transmis par le
MINFI à la COBAC pour avis conforme. A compter de la date de
réception du dossier complet, la COBAC dispose d'un délai de six
mois pour statuer et notifier sa décision au MINFI. L'absence de
décision à l'expiration de ce délai vaut avis
conforme69.
L'agrément est délivré par
arrêté de l'Autorité Monétaire avec copie au
requérant, à la Commission Bancaire, à la Direction
Nationale de BEAC et au Conseil National du Crédit.
L'arrêté d'agrément précise la catégorie dans
laquelle est classé l'établissement de crédit ainsi que
les opérations de banque qui lui sont autorisées. Cet
arrêté est publié au journal officiel et
68 Règlement COBAC R-2016/01 Op. Cit.
69 Article 8 du Règlement
n°02/15/CEMAC/UMAC/COBAC modifiant et complétant certaines
conditions relatives à l'exercice de la profession bancaire dans la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
78
dans au moins un des principaux organes de presse de l'Etat
membre concerné, aux frais du requérant. La décision de
refus d'agrément est notifiée par l'Autorité
Monétaire au requérant avec copie à la COBAC.
2 : Le retrait de l'agrément
Dans certaines conditions, une banque exerçant au
Cameroun peut se voir retirer son agrément par les Autorités
Monétaires. Le retrait de l'agrément peut émaner de
l'établissement de crédit concerné dans le cas par exemple
d'une cessation d'activités ou d'une délocalisation ; il peut
également émaner des Autorités Monétaires ou de la
COBAC.
Quand il est prononcé par les l'Autorité
Monétaire sur sa propre initiative ou à la demande de la COBAC,
le retrait de l'agrément des établissements de crédit, de
leurs dirigeants et de leurs commissaires aux comptes, intervient d'office
lorsque, notamment70,
- L'établissement de crédit n'a pas fait usage
de son agrément dans un délai de douze mois à compter de
sa délivrance ;
- L'établissement de crédit n'exerce plus son
activité depuis au moins six mois ;
- Lorsque l'établissement de crédit, le
dirigeant ou le commissaire aux comptes ne remplit plus les conditions au vu
desquelles l'agrément a été délivré ;
- Il est établi que les informations sur la base
desquelles l'agrément a été délivré sont
fausses ou inexactes.
Il est également important de préciser que le
retrait d'agrément peut être prononcé à titre de
sanction disciplinaire par la COBAC, conformément aux dispositions de
l'Article 13 de la convention du 16 Octobre 1990 portant création d'une
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale71.
70 Article 38 du Règlement
n°02/15/CEMAC/UMAC/COBAC modifiant et complétant certaines
conditions relatives à l'exercice de la profession bancaire dans la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
71 L'article 13 de ladite convention stipule en
effet que si un établissement de crédit n'a pas
déféré à une injonction ou n'a pas tenu compte
d'une mise en garde, ou a enfreint gravement la réglementation, la
Commission Bancaire peut prononcer une ou plusieurs sanctions disciplinaires
suivantes : avertissement ; blâme ; interdiction d'effectuer certaines
opérations ou toutes autres limitations dans l'exercice des
activités ; la révocation du ou des commissaires aux comptes ; la
suspension ou la démission d'office du ou des dirigeants responsables ;
le retrait de l'agrément.
79
CHAPITRE IV : EVALUATION ET APPRECIATION DE LA
PERFORMANCE DES
BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN
Depuis le début des années 2000 qui
coïncide avec la restructuration du secteur bancaire menée sous les
auspices de la COBAC, on note une réelle implication des institutions
financières camerounaises et africaines dans le financement de
l'économie camerounaise. S'il est vrai que les banques françaises
occupent les deux premières places en termes de portefeuille d'actifs,
il est clair que la présence des banques africaines est très
significative, puisqu'à nos jours, elles constituent la majorité
des intervenants du secteur bancaire ayant reçu l'agrément de la
COBAC et de l'Autorité Monétaire nationale.
Les banques africaines présentes au Cameroun sont pour
l'essentiel des filiales des banques panafricaines et multirégionales.
Ces dernières sont les principaux artisans de la forte croissance que
connait le secteur bancaire africain. En effet, le secteur bancaire africain
est le plus rentable au monde ; pourtant, les investisseurs étrangers
ont jusqu'ici montré peu d'intérêt pour ce marché.
Hormis les banques européennes traditionnelles dont les parts de
marché s'effritent et quelques rares banques des pays émergents,
les seuls acteurs du développement du secteur bancaire africain sont
africains.
Dès lors, les BA enregistrent de bons résultats
dans plusieurs régions du continent, et il importe pour nous, de nous
attarder sur leur performance au sein du secteur bancaire camerounais dans
lequel elles exercent pour certaines. Pour ce faire, nous présenterons
d'abord une évaluation de cette performance, ensuite nous porterons une
appréciation dans l'optique d'en déceler les entraves et de faire
des suggestions pour une performance optimale.
SECTION I : EVALUATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN
Comme nous l'avons montré au Chapitre I de cette
étude, la performance d'une banque peut s'apprécier suivant une
approche financière d'une part, ou une approche non financière
d'autre part. La performance financière d'une banque s'évalue
à travers certains indicateurs, notamment la rentabilité
économique et financière (ROE et ROA), le taux de rendement des
titres (TRT), le taux de rendement interne (TRI), le coefficient RAROC, et le
coefficient
80
d'exploitation (CE). La performance non financière quant
à elle s'évalue à travers l'efficacité
organisationnelle et la satisfaction de la clientèle.
Dans cette section, nous évaluerons principalement la
rentabilité des BA et la satisfaction de leur clientèle ; mais au
préalable, il convient de présenter les banques faisant objet de
notre étude.
A : LES BANQUES AFRICAINES EN ACTIVITE AU CAMEROUN
Les BA en activité au Cameroun sont de deux groupes : D'un
côté les BA panafricains, et d'un autre côté les BA
multirégionales.
1 : Les banques africaines panafricaines
Les banques panafricaines sont des banques disposant
d'implantations dans plus de deux espaces économiques distincts, et plus
généralement sur l'ensemble du continent ; Au Cameroun, on
distingue Ecobank, SCB (Groupe Attijariwafa) et United Bank of Africa.
1.1 : Ecobank Cameroun
Ecobank Cameroun est une filiale de Ecobank Transnational
Incorporated (ETI), une holding bancaire créée en 1985, au Togo
et dont la principale activité est la prestation des services bancaires
et financiers par le biais de ses filiales. Elle jouit d'un statut
spécial en matière fiscale, juridique et contrôle de change
grâce à un accord de siège avec le gouvernement du Togo.
Les implantations d'Ecobank en Afrique sont regroupées
en zones géographiques en fonction de la taille et de
caractéristiques communes telles que l`existence d'une monnaie commune
ou l'appartenance à une communauté régionale. Au sein de
ces zones, Ecobank est structurée comme un réseau de filiales
bancaires soumises aux réglementations locales. En 2014, le groupe ETI
était présent dans 36 pays d'Afrique et disposait de bureaux
à Paris, Londres, Dubaï, et Pékin. Il disposait de 1 265
agences et bureaux ; 2 690 Distributeurs
81
Automatiques de Billets (DAB) ; 11 millions de clients ; et 20
331 collaborateurs ; le groupe est coté sur les bourses de Lagos, Accra
et Abidjan (BRVM)72.
Ecobank Cameroun (ECM) a été créé
en 2001, celle-ci représente la 12ème filiale du
groupe ETI. La filiale camerounaise est détenue à 79,8% par ETI
et à 20,2% par des actionnaires locaux73 privés et
institutionnels. ECM compte 22 agences et 08 Cash points avec 374
employés en 2013, et se positionne de ce fait comme un acteur majeur du
secteur bancaire camerounais.
Tableau 6 : Fiche signalétique d'Ecobank Cameroun
au 31 Décembre 2014
Nom de la Banque
|
ECOBANK CAMEROUN (EBC)
|
Logo
|
|
|
Code Banque
|
10029
|
Coordonnées
|
Tel : (237) 343 43 82 50 / 343 43 82 51 / 343 43 84 89 Fax :
(237) 343 43 86 09 / 343 43 84 87
BP : 582 Douala
E-mail :
ecobankcm@ecobank.com
|
Site web :
www.ecobank.com
|
Dirigeants agrées
|
PCA : Martin FONCHA
DG : Mamadou Moustapha FALL
DGA: COUMBA SIDIBE épse TOURE Commissaire aux comptes:
PRICEWATERHOUSECOOPERS; ECA (Experts Comptables Associés)
|
Effectif du personnel
|
374
|
Nombre d'agences
|
28
|
Nombre de DAB
|
58
|
Capital social (en millions FCFA)
|
10 000
|
Répartition du capital (en
pourcentage)
|
Ecobank Transnational Incorporated : 79,85%
La citoyenne Assurances : 2%
Axa Assurances : 2%
Fotso André : 5,35%
Autres : 10,85%
|
Etablissements de crédit associés (CEMAC)
|
ECOBANK RCA ECOBANK TCD ECOBANK COG ECOBANK GAB ECOBANK GEQ
|
Source : l'auteur, à partir des
données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la
banque
72 Groupe Ecobank, Rapport annuel 2014
73 BEAC, Liste des banques agréées au
Cameroun au 28 Octobre 2014
82
1.2 : La Société Commerciale de Banque
(Groupe Attijariwaffa)
SCB Cameroun est la filiale du groupe bancaire marocain
Attijariwafa bank, premier groupe bancaire et financier du Maghreb avec plus de
4,6 millions de clients et 16 716 collaborateurs. Le groupe Attijariwafa est
une multinationale panafricaine avec pour principales activités les
services bancaires, mais également l'assurance, le crédit
immobilier, le leasing, la gestion d'actifs, l'intermédiation
boursière, le conseil, la location longue durée, le factoring,
etc...
Attijariwafa bank est basé au Maroc et opère
dans 23 pays en Afrique (Tunisie, Sénégal, Mali, Côte
d'ivoire, Gabon, Congo, Cameroun, Guinée Bisau, Burkina Faso) et en
Europe (France, Belgique, Allemagne, Pays bas, Italie et Espagne) à
travers des filiales bancaires contrôlées majoritairement par le
groupe et à Abu Dhabi, Dubai, Londres, Riyad, Shangai, Mauritanie, et
Tripoli à travers des bureaux de représentation. En fin 2014, le
groupe comptait 3 331 agences, dont 3 258 en Afrique, ce qui fait de lui le
premier réseau bancaire panafricain74.
SCB Cameroun est en quelque sorte le symbole de
l'héritage bancaire de l'Etat du Cameroun. En effet, tout part de l'an
1945 avec l'arrivée au Cameroun du groupe Crédit Lyonnais. En
1962, l'Etat camerounais a pris des parts dans les succursales du groupe
français, cela a abouti à la création de la
Société Camerounaise de Banque (SCB). En 1973, la SCB
connaît une mutation importante ; l'Etat camerounais devient
l'actionnaire majoritaire avec 81,25% du capital. Au milieu des années
80, la crise bancaire frappe le pays et en 1989 la SCB fait faillite ; L'Etat
camerounais et l'actionnaire français décident conjointement
d'une scission-dissolution de la banque. Ainsi, en Août 1989, La
Société Camerounaise de Banque Crédit Lyonnais Cameroun
(SCB-CLC) voit le jour. Elle dispose d'un capital social de 6 milliards de FCFA
répartis entre l'Etat camerounais (35%) et le Crédit Lyonnais
(65%). Le 1er Janvier 2002, la SCB-CLC devient Crédit
Lyonnais Cameroun (CLC), et couvre 7 régions sur 10 avec 17 agences dans
9 villes et un effectif d'environ 500 employés.
En Décembre 2005, le groupe Crédit Agricole (CA)
rachète les parts de l'actionnaire majoritaire CLC, la banque change
à nouveau de dénomination pour devenir Société
Commerciale de Banque Cameroun (SCB Cameroun), mais l'activité n'a pas
changé (cette dernière étant intégrée dans
le groupe Crédit Agricole SA depuis 2003).
74 Attijariwafa Bank, Rapport annuel et de
responsabilité sociale, 2014
83
Le 8 Avril 2011, Le conseil d'Administration prend acte du
rachat de 51% des actions de l'entreprise par le premier groupe bancaire
d'Afrique du Nord : Attijariwafa bank. Désormais, la banque est
codétenue par l'Etat du Cameroun (49%) et le groupe Attijariwafa (51%).
Elle compte au 31 Décembre 2014 près 50 agences dans les 10
régions du pays, 180 000 clients et environ 600 collaborateurs, ce qui
fait d'elle le premier réseau bancaire du pays.
Tableau 7 : Fiche signalétique de SCB Cameroun au
31 Décembre 2014
Nom de la Banque
|
Société Commerciale de Banque Cameroun (SCB
Cameroun)
|
Logo
|
|
|
Code Banque
|
10002
|
Coordonnées
|
Tel : (237) 343 43 54 13 / 343 43 54 02/ 343 42 54 00 Fax : (237)
343 43 54 12 / 343 43 54 13
BP : 700 Yaoundé
E-mail :
Scb.Cameroun@scbcameroun.com
|
Site web :
www.scbcameroun.net
|
Dirigeants agrées
|
PCA : Martin Aristide OKOUDA
DG : Jamal AHIZOUNE
DGA: Victor MENYE
Commissaire aux comptes: ECA-ERNEST&YOUNG CAMEROUN ; DELOITTE
& TOUCHE AFRIQUE CENTRALE
|
Effectif du personnel
|
575
|
Nombre d'agences
|
50
|
Nombre de DAB
|
100
|
Capital social (en millions FCFA)
|
10 000
|
Répartition du capital (en
pourcentage)
|
Attijariwafa bank : 51% Etat du Cameroun : 49%
|
Etablissements de crédit associés (CEMAC)
|
UGB CDCO
|
Source : l'auteur, à partir des
données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la
banque
1.3 : United Bank for Africa (UBA Cameroun)
UBA Cameroun est une filiale d'UBA Plc, un groupe bancaire
nigérian opérant dans 19 pays africains, aux Royaumes Unis, aux
Etats Unis et en France. Les origines d'UBA Plc remontent à 1949, sous
la dénomination de British and French Bank Limited (BFB). UBA avait
repris les actifs et passifs de la BFB, et fut immatriculée comme
société anonyme le 23 Février 1961 ; elle fut à cet
effet la première banque nigériane à effectuer une Offre
Publique Initiale (OPI), suite à son introduction à la bourse du
Nigéria en 1970 ; c'est également la première banque
nigériane à émettre des Certificats Globaux de
Dépôts (GDRs).
84
En 2005, UBA Plc réalisa l'une des plus importantes
fusions de l'histoire du marché des capitaux au Nigéria, à
travers le rapprochement avec la Standard Trust Bank (STB) Plc. Depuis lors,
elle a commencé sa stratégie d'expansion panafricaine, qui a
abouti à sa présence dans les pays suivants : Ghana,
Bénin, Côte d'ivoire, Burkina Faso, Guinée, Tchad,
Cameroun, Kenya, Gabon, Tanzanie, Zambie, Ouganda, Libéria, Sierra
Léone, Mozambique, Sénégal, République
Démocratique du Congo, et Congo Brazzaville. UBA est également
présente aux Etats Unis, Royaumes Unis et en France. La banque offre des
services bancaires, financiers et de dépositaire de fonds de pension.
Elle dispose d'un marché de plus de 8 millions de clients
répartis sur plusieurs segments de marché, notamment les
particuliers, les entreprises et les institutions. En fin Décembre 2014
UBA Plc comptait près 12 700 employés, 605 agences et points de
services, 1 738 guichets automatiques de banques et 13 452 terminaux de
paiement électronique75.
C'est depuis 2008 qu'UBA Plc s'est installée au
Cameroun. Dès lors, elle n'a cessé d'étendre son
réseau, et la banque comptait en fin 2014 une quinzaine d'agences dans 4
régions du pays avec un effectif d'environ 250 employés.
Tableau 8 : Fiche signalétique d'UBA Cameroun au
31 Décembre 2014
Nom de la Banque
|
United Bank for Africa Cameroun Plc (UBA Cameroun)
|
Logo
|
|
Code Banque
|
10033
|
Coordonnées
|
Tel : (237) 343 43 36 64 / 343 43 36 83 / 343 42 36 39
Fax : (237) 343 43 37 07 / 343 43 37 15
BP : 2088 Douala
E-mail :
ubacameroon@ubagroup.com
Site web :
www.ubagroup.com
|
Dirigeants agrées
|
PCA : Sadou HAYATOU
DG : Georges K. TONGAMBOU WEGA
DGA: Amos UDOM ISONG
Commissaire aux comptes: PRICE WATERHOUSE COOPERS ;
DELOITTE & TOUCHE AFRIQUE CENTRALE
|
Effectif du personnel
|
250
|
Nombre d'agences
|
15
|
Nombre de DAB
|
|
Capital social (en millions FCFA)
|
8 500
|
Répartition du capital (en
pourcentage)
|
UBA Plc : 99,99% Autres : 0,01%
|
Etablissements de crédit associés (CEMAC)
|
UBA COG, UBA TCD, UBA GAB
|
Source : l'auteur à partir des
données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la
banque
75 United Bank for Africa, Rapport annuel, 2014
85
2 : Les banques africaines multirégionales
Les banques multirégionales sont des banques disposant
d'implantations dans au moins deux espaces économiques distincts. Dans
cette catégorie on retrouve les banques telles que BGFI Bank et Afriland
First bank.
2.1 : BGFIBank Cameroun
BGFIBank Cameroun est une filiale de BGFIBank SA, un groupe
bancaire gabonais basé à Libreville. BGFIBank SA est le premier
groupe financier de la zone CEMAC appartenant entièrement à des
privés avec un effectif d'environ 1 800 collaborateurs et présent
dans 10 pays d'Afrique : Gabon, Cameroun, Congo, Madagascar, Côte
d'Ivoire, Sénégal, Guinée Equatoriale, Bénin, Sao
Tome -et- Principe, République Démocratique du Congo ; et en
Europe, notamment en France. Le groupe est crédité de plusieurs
marques fortes dans les métiers de la banque et des services financiers
spécialisés : BGFI Bank, BGFI Asset Management, BGFIBourse,
BGFICash, BGFIFactor, BGFIImmo, BGFIBail, Finatra, LOXIA Emf. Le groupe se
positionne à cet effet dans l'offre de services bancaires et financiers
hauts de gamme. BGFIBank SA est également le premier acteur financier
d'Afrique Centrale à avoir signé le Pacte Mondial des Nations
Unies visant à promouvoir le développement durable à
travers la défense des droits de l'homme, la préservation de
l'environnement et la lutte contre la corruption.
La filiale camerounaise de BGFIBank a été
créée en 2011 avec pour mission d'offrir aux particuliers haut de
gamme et aux professionnels (commerçants, artisans, professions
libérales), une gamme de services à valeur ajoutée en
parfaite adéquation avec leurs attentes immédiates et futures.
BGFIBank Cameroun compte en fin 2015, 6 agences, et 116 collaborateurs.
86
Tableau 9 : Fiche signalétique de BGFIBank
Cameroun au 31 Décembre 2014
Nom de la Banque
|
BGFIBank Cameroun
|
Logo
|
|
Code Banque
|
10035
|
Coordonnées
|
Tel : (237) 343 42 64 64 / 699 99 09 01 / 699 99 19 18
Fax : (237) 343 43 33 88 / 343 43 37 15
BP : 660 Douala
E-mail :
j.bokandjo@bgfi.com
Site web :
www.bgfi.com
|
Dirigeants agrées
|
PCA : Richard LOWE
DG : Loukoumanou WAIDI
DGA: Josiane TCHOUNGUI
Commissaire aux comptes: PRICE WATERHOUSE
COOPERS
|
Effectif du personnel
|
116
|
Nombre d'agences
|
6
|
Nombre de DAB
|
|
Capital social (en millions FCFA)
|
10 000
|
Répartition du capital (en
pourcentage)
|
BGFI Holding Corporation SA : 70,69% Etat camerounais : 20,00%
Autres : 9,31%
|
Etablissements de crédit associés (CEMAC)
|
BGFI COG BGFI GAB BGFI GEQ FINATRA
|
Source : l'auteur, à partir des
données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la
banque
2.2 : Afriland first bank
Afriland first bank est une banque camerounaise
créée en 1987 par des entrepreneurs locaux désireux de
mettre à la disposition de l'économie locale alors marquée
par une crise économique et financière sans
précédent, des outils de financement adaptés aux
producteurs locaux. La banque a été créée sous le
nom de Caisse Commune d'Epargne et d'Investissement (CCEI) nom qu'elle gardera
dans certaines de ses filiales, notamment en Guinée Equatoriale. La
banque est représenté dans 9 pays africains : Cameroun,
Guinée Equatoriale, Libéria, Sao Tome & Principe,
Guinée, République Démocratique du Congo, Sud Soudan,
Côte d'Ivoire, et Bénin ; elle dispose également des
bureaux à Paris, Beijing, et Congo Brazzaville.
Pour mieux coordonner son expansion à l'international,
la banque a créé à Genève, en 2008 un Holding
dénommée Afriland First Group, le Holding mis en place
répond au besoin de la banque d'appliquer une politique
générale dans toutes les unités bancaires de son
réseau.
87
Tableau 10 : Fiche signalétique de d'Afriland
First Bank au 31 Décembre 2014.
Nom de la Banque
|
Afriland First Bank (AFB)
|
Logo
|
|
|
|
Code Banque
|
10005
|
Coordonnées
|
Tel : (237) 222 23 30 68 / 222 23 63 26 / 222 22 33 91
Fax : (237) 222 23 91 55 / 343 42 79 02
BP : 11 834 Yaoundé
E-mail :
firstbank@afrilandfirstbank.com
Site web :
www.afrilandfirstbank.com
|
Dirigeants agrées
|
PCA : Jean Paulin FONKOUA
DG : Alphonse NAFACK
DGA: TAGATIO
Commissaire aux comptes: CABINET FEZE HUBERT ;
DELOITTE & TOUCHE
|
Effectif du personnel
|
542
|
Nombre d'agences
|
46
|
Nombre de DAB
|
|
Capital social (en millions FCFA)
|
15 800
|
Répartition du capital (en
pourcentage)
|
SBF and Co : 37,19%
FMO : 19,33%
Kammogne Fokam P. : 8,53%
Kouesseu J.B. : 9,49%
Jully S.A. : 8,07%
Tiofo David : 7%
Autres: 10,39%
|
Etablissements de crédit associés (CEMAC)
|
CCEI Bank Guinée Equatoriale
|
Source : l'auteur, à partir des
données de la BEAC et des rapports annuels d'activité de la
banque
B : PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU CAMEROUN
Les BA installées au Cameroun occupent depuis quelques
années, une position privilégiée dans le financement de
l'économie camerounaise. En effet, plusieurs d'entre ces banques ont
été « arrangeurs » des opérations d'emprunt
obligataire lancées par l'Etat du Cameroun pour financer les grands
projets structurants, et leur expansion dans le territoire ne cesse de
progresser. Néanmoins, leur forte surliquidité, comme c'est
d'ailleurs le cas de l`essentiel des banques du système bancaire
camerounais, remet en cause leur rôle dans le financement effectif de
l'économie et notamment le financement du secteur informel.
En tant que filiales de banques panafricaines et
multirégionales, les BA installées au Cameroun ont des objectifs
de performance définis parfois depuis le siège et par rapport
à une moyenne de performance définie par le groupe. Nous
évaluerons successivement la rentabilité
88
financière et économique, la rentabilité
de l'exploitation et la satisfaction de la clientèle des BA au
Cameroun.
1 : Rentabilité financière et
économique des banques africaines au Cameroun
La rentabilité bancaire regroupe d'une part la
rentabilité financière et d'autre part la rentabilité
économique. La rentabilité financière de la banque mesure
la capacité des capitaux investis par les actionnaires et
associés (capitaux propres) à dégager un certain niveau de
profit. Ce ratio correspond à ce que la comptabilité
anglo-saxonne appelle « Return on Equity » (ROE), il est donc
destiné aux actionnaires de la banque. La rentabilité
économique de la banque quant à elle mesure la capacité de
l'actif à dégager du profit avec ses propres moyens
(matériels et immatériels). Ce ratio correspond au « Return
On Asset » (ROA) dans le système comptable anglo-saxon, et il est
destiné aux investisseurs.
Les tableaux 11 et 12 ci-après présentent
respectivement l'évolution du ROE et ROA des BA au Cameroun de 2010
à 2014. Il en ressort que dans l'ensemble les BA dégagent un ROE
moyen autour de 12% dans la période et un ROA moyen de 1%. Ces deux
ratios permettent de constater que les BA sont assez rentables au Cameroun,
elles dégagent aisément des profits, pour leurs actionnaires ; la
moyenne du ROE à 12% montre que les BA ont une bonne politique
d'endettement ou tout au moins que l'accès à l'emprunt est quasi
onéreuse, ce d'autant plus que le système bancaire camerounais
est caractérisé par une surliquidité ; cependant la
faiblesse du taux de rendement des actifs (ROA) autour de 1% démontre
que les BA n'ont pas de véritable marge de manoeuvre pour augmenter les
prix et donc jouer sur leurs marges. En quelque sorte cette faiblesse
démontre que les BA ne sont pas assez efficaces dans la
réalisation du bénéfice à travers leurs moyens
matériels et immatériels.
Tableau 11 : ROE des BA au Cameroun
2010-201476
Banque
|
Exercice
|
Total Capitaux propres
|
Résultat net
|
ROE
|
ROE consolidé du groupe
|
ECOBANK
|
2010
|
8 537
|
980
|
11,47%
|
10,4%
|
2011
|
17 137
|
811
|
4,37%
|
15,9%
|
2012
|
17 602
|
1650
|
9,37%
|
15,8%
|
2013
|
17 641
|
4 008
|
22,71%
|
13,0%
|
2014
|
18 741
|
6 055
|
32,30%
|
16,10%
|
|
|
|
|
|
|
SCB
|
2010
|
26 503
|
3 708
|
14%
|
20,40%
|
2011
|
28 355
|
4 028
|
14,20%
|
21,20%
|
2012
|
38 130
|
6 050
|
15,86%
|
17,60%
|
2013
|
44 602
|
8 489
|
19,83%
|
15,40%
|
2014
|
41 191
|
10 318
|
25%
|
14,60%
|
|
|
|
|
|
|
BGFI
|
2010
|
/
|
/
|
/
|
/
|
2011
|
7 221
|
-2 346
|
-
32,48%
|
12,30%
|
2012
|
12 717
|
1 405
|
11,04%
|
11,11%
|
2013
|
15 123
|
2 101
|
13,89%
|
8,53%
|
2014
|
17 714
|
2 680
|
15,12%
|
6,27%
|
|
|
|
|
|
|
AFB
|
2010
|
31 568
|
4 213
|
13,34%
|
/
|
2011
|
35 794
|
3 700
|
10,33%
|
/
|
2012
|
40 059
|
599
|
1,49%
|
/
|
2013
|
41 556
|
984
|
2,36%
|
/
|
2014
|
/
|
/
|
/
|
/
|
|
|
|
|
|
|
Source : l'auteur, à partir des rapports
annuels d'activité des banques
89
76 Les Montants des capitaux propres et du
Résultat Net sont exprimés en Millions de FCFA (XAF) Le ROE
consolidé du groupe est calculé à partir des états
financiers consolidés du groupe
90
Tableau 12 : ROA des BA au Cameroun
2010-201477
Banque
|
Exercice
|
Total du Bilan
|
Produit Net Bancaire (PNB)
|
Résultat net
|
ROA
|
ROA consolidé du groupe
|
ECOBANK
|
2010
|
249 419
|
16 328
|
980
|
0,39%
|
1,4%
|
2011
|
300 963
|
20 062
|
811
|
0,26%
|
1,5%
|
2012
|
303 767
|
22 770
|
1650
|
0,54%
|
1,41%
|
2013
|
384 339
|
28 546
|
4 008
|
1,04%
|
0,69%
|
2014
|
439 488
|
/
|
6 055
|
1,37%
|
1,64%
|
|
|
|
|
|
|
|
SCB
|
2010
|
334 466
|
25 681
|
3 708
|
1,10%
|
1,54%
|
2011
|
377 684
|
28 060
|
4 028
|
1,06%
|
1,50%
|
2012
|
376 547
|
31 651
|
6 050
|
1,60%
|
1,4%
|
2013
|
422 560
|
36 497
|
8 489
|
2,00%
|
1,3%
|
2014
|
422 564
|
42 783
|
10 318
|
2,44%
|
1,32%
|
|
|
|
|
|
|
|
BGFI
|
2010
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
2011
|
87 911
|
1 581
|
-2 346
|
-26,89%
|
1,06%
|
2012
|
97 622
|
7 219
|
1 405
|
1,43%
|
1,11%
|
2013
|
151 269
|
9 351
|
2 101
|
1,38%
|
1,06%
|
2014
|
205 217
|
12 198
|
2 680
|
1,30%
|
0,78%
|
|
|
|
|
|
|
|
AFB
|
2010
|
504 060
|
23 723
|
4 213
|
0,83%
|
/
|
2011
|
539 700
|
27 118
|
3 700
|
0,68%
|
/
|
2012
|
573 448
|
22 000
|
599
|
0,10%
|
/
|
2013
|
704 107
|
29 724
|
984
|
0,14%
|
/
|
2014
|
/
|
|
/
|
/
|
/
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : l'auteur, à partir des rapports
annuels d'activité des banques
Par ailleurs, nous constatons que les BA ont un
souci de renforcement de leurs capitaux propres qui ne cessent d'augmenter au
cours de la période ; cette augmentation traduit les ambitions de ces
dernières en termes de stabilité financière, de
développement, et de pérennité au sein du système
bancaire camerounais.
77Les Montants du total de Bilan, du
Résultat Net et du Produit Net Bancaire sont exprimés en Millions
de FCFA (XAF)
Le ROA consolidé du groupe est calculé à
partir des états financiers consolidés du groupe
91
2 : Rentabilité d'exploitation des banques
africaines au Cameroun
Le Coefficient d'Exploitation est un ratio utilisé par
les banques afin d'appréhender la part des gains réalisés
qui est absorbée par les coûts fixes ; il est donc un indicateur
de rentabilité, et pour certains professionnels, il constitue le nerf de
la guerre car il permet de mesurer la proportion des gains bancaires
absorbée par les coûts fixes. Depuis la crise financière de
2008, les banques réduisent leurs charges pour améliorer leur
rentabilité, le coefficient d'exploitation permet de jauger cet effort ;
plus il est faible, plus la banque est rentable. Toutefois, comme nous l'avons
souligné au Chapitre I de cette étude, un coefficient très
bas peut dissimuler une situation de liquidité et de solvabilité
insuffisante. A contrario, un coefficient élevé peut
résulter de facteurs non récurrents comme les
dépréciations ou encore les charges exceptionnelles.
Tableau 13 : Coefficient d'exploitation des BA au
Cameroun 2010-201478
Banque
|
Exercice
|
Total Bilan
|
PNB
|
Frais généraux
|
C.E
|
C.E du groupe
|
Ecobank
|
2010
|
249 419
|
16 328
|
11 742
|
71,91%
|
69,9%
|
2011
|
300 963
|
20 062
|
14 443
|
71,99%
|
69,6%
|
2012
|
303 767
|
22 770
|
15 780
|
69,30%
|
71,4%
|
2013
|
384 339
|
28 546
|
17 641
|
64,48%
|
70,01%
|
2014
|
439 488
|
/
|
/
|
/
|
65,4%
|
|
|
|
|
|
|
|
SCB
|
2010
|
334 466
|
25 681
|
17 055
|
66,41%
|
43,8%
|
2011
|
377 684
|
28 060
|
17 252
|
61,48%
|
40,32%
|
2012
|
376 547
|
31 651
|
17 847
|
56,38%
|
44,70%
|
2013
|
422 560
|
36 497
|
19 622
|
53,76%
|
44,69%
|
2014
|
422 564
|
42 783
|
21 400
|
50,01%
|
43,81%
|
|
|
|
|
|
|
|
BGFI
|
2010
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
2011
|
87 911
|
1 581
|
3 600
|
227,70%
|
47,44%
|
2012
|
97 622
|
7 219
|
4 615
|
63,92%
|
58,59%
|
2013
|
151 269
|
9 351
|
4 442
|
47,50%
|
59,16%
|
2014
|
205 217
|
12 198
|
6 163
|
50,68%
|
58,66%
|
|
|
|
|
|
|
|
AFB
|
2010
|
504 060
|
23 723
|
14 323
|
60,37%
|
/
|
2011
|
539 700
|
27 118
|
16 396
|
60,46%
|
/
|
2012
|
573 448
|
22 000
|
17 710
|
80,50%
|
/
|
2013
|
704 107
|
29 724
|
20 875
|
70,22%
|
/
|
2014
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
Source : l'auteur, à partir des rapports
annuels d'activité des banques
78Les Montants sont exprimés en Millions de
FCFA (XAF)
92
A la lumière de ces chiffres il ressort que le
Coefficient d'Exploitation moyen des BA au Cameroun est de 65%, ce qui est
relativement élevé. Ce taux exprime le poids très
important des charges fixes dans la réalisation des gains bancaires. En
effet, on remarque une progression des frais généraux dans la
période, avec une prédominance des charges
générales d'exploitation et des frais de personnel.
Une étude récente de la COBAC79 sur
les banques en Afrique centrale démontre que la composition du PNB des
banques de la CEMAC reste dominée par la marge sur opérations
avec la clientèle suivie de la marge sur opérations diverses. La
marge sur opérations avec la clientèle est celle qui enregistre
la plus forte croissance. Elle constitue plus de la moitié du PNB des
banques dans tous les pays de la CEMAC sauf au Congo, où elle est
supplantée par la marge sur opérations diverses. En substance,
l'activité d'intermédiation classique représente la
première source de revenue des banques. L'étude montre
également que les frais généraux ont évolué
en phase avec l'activité bancaire. En effet, la modernisation des outils
utilisés par les banques (système d'information, systèmes
et moyens de paiement, banque en ligne, etc.) a indéniablement
favorisé la progression des frais généraux.
En somme les BA sont rentables au Cameroun, mais une
rentabilité qui leur coûte cher à cause du poids trop
élevé des charges de structure qui diminuent leur marge de
manoeuvre en cas d'évolution défavorable de l'activité
bancaire.
3 : Satisfaction de la clientèle des banques
africaines au Cameroun
Les BA évoluent dans un secteur bancaire et financier
camerounais peu inclusif. En effet, selon un récent rapport de la COBAC,
le taux de bancarisation au Cameroun en fin 2014 est de l'ordre de 17,9% de la
population qui dispose d'un compte en banque, soit environ 3,5 millions de
personnes répartis comme suit : 1,6 millions de clients pour les banques
et 1,7 millions de clients pour les Etablissements de microfinance. En outre,
le secteur bancaire au Cameroun est caractérisé par un
très faible taux de pénétration, avec une agence de banque
pour 149 000 habitants. Par ailleurs, ces établissements bancaires sont
beaucoup plus concentrés dans les villes de Yaoundé et de Douala.
On dénombre donc 42% des microfinances seulement dans ces
79 COBAC, Structure des comptes de résultat et
évolution des frais généraux, 4ème
réunion de concertation avec la profession bancaire et
financière, Douala, Janvier 2012
93
deux villes, et une moyenne représentation dans les
régions du Sud et de l'Ouest, ce qui consacre une faible
représentation dans les autres régions du pays.
La confiance que la clientèle accorde à une
banque peut s'apprécier d'une part, par le volume des
dépôts de la clientèle enregistré par la banque ;
d'autre part, par le volume des crédits que cette clientèle
obtient de la banque. Les tableaux ci-dessous présentent l'état
des dépôts de la clientèle et des crédits
accordés dans les BA pour l'exercice 2014.
Tableau 14 : Dépôts de la clientèle
dans les principales banques camerounaise en 2014
Banque
|
Total Bilan
|
Dépôts de la clientèle
|
En % du total bilan
|
Ecobank
|
439 488
|
321 235
|
70,09%
|
SCB
|
422 564
|
350 788
|
83,01%
|
UBA
|
/
|
/
|
/
|
BGFI
|
205 217
|
148 425
|
72,32%
|
AFB
|
715 109
|
584 652
|
81,75%
|
Bicec
|
675 209
|
539 180
|
79,85%
|
Société Générale
|
708 405
|
545 918
|
77,06%
|
Source : l'auteur, à partir des rapports
annuels d'activité des banques
Tableau 15 : Volume des crédits accordés
à la clientèle dans les BA
Banque
|
Total Bilan
|
Crédits à la clientèle
|
En % du total bilan
|
Ecobank
|
439 488
|
268 428
|
61,07%
|
SCB
|
422 564
|
233 123
|
55,16%
|
UBA
|
/
|
/
|
/
|
BGFI
|
205 217
|
132 807
|
64,71%
|
AFB
|
715 109
|
370 108
|
51,75%
|
Bicec
|
675 209
|
385 153
|
79,85%
|
Société Générale
|
708 405
|
437 268
|
61,72%
|
Source : l'auteur, à partir des rapports
annuels d'activité des banques
On constate que dans l'ensemble les BA possèdent une
masse importante des dépôts de la clientèle bancaire au
Cameroun et que par ailleurs elles consacrent plus de la moitié de leurs
ressources dans le financement de l'économie en accordant des
crédits.
En termes de parts de marché, un récent rapport
de la Société Générale80 Cameroun,
présente pour l'exercice 2014, la situation de parts de marché
des principales banques camerounaises en ce qui concerne les
dépôts de la clientèle et les crédits
accordés, et en prenant en compte la clientèle privée et
la clientèle commerciale.
80 SociétéGénérale
Cameroun, rapport annuel 2014, p.37-38
94
Tableau 16 : Parts de marché sur les
dépôts en 2014
PDM en %
|
31/12/2014
|
Clientèle privée
|
Clientèle commerciale
|
Global
|
AFRILAND
|
27,4%
|
10,9%
|
17,3%
|
BICEC
|
21,6%
|
12,6%
|
16,1%
|
SG Cameroun
|
17,2%
|
15,8%
|
16,4%
|
SCB
|
10,9%
|
10,1%
|
10,4%
|
ECOBANK
|
8,2%
|
12,2%
|
10,6%
|
STD BK
|
1,0%
|
10,4%
|
6,7%
|
UBA
|
2,5%
|
7,6%
|
5,6%
|
BGFI BANK
|
1,3%
|
6,4%
|
4,4%
|
CBC
|
3,5%
|
4,7%
|
4,2%
|
BAC
|
2,2%
|
3,4%
|
3,0%
|
CITIBANK
|
0,0%
|
3,2%
|
2,0%
|
NFC
|
2,1%
|
1,5%
|
1,7%
|
UBC/OCEANIC BANK
|
2,2%
|
1,1%
|
1,5%
|
Source : Société
Générale Cameroun, Rapport annuel d'activité, 2014
Tableau 17 : Parts de marché sur les
crédits en 2014
PDM en %
|
31/12/2014
|
Clientèle privée
|
Clientèle commerciale
|
Global
|
SG Cameroun
|
31,0%
|
18,0%
|
19,9%
|
BICEC
|
20,5%
|
15,4%
|
18,7%
|
AFRILAND
|
6,5%
|
20,8%
|
16,1%
|
ECOBANK
|
5,8%
|
11,8%
|
10,9%
|
SCB
|
21,7%
|
8,0%
|
10,0%
|
BGFI BANK
|
0,4%
|
6,6%
|
5,7%
|
STB BK
|
0,1%
|
4,6%
|
3,9%
|
CBC
|
0,8%
|
6,3%
|
5,5%
|
UBA
|
6,9%
|
4,3%
|
4,7%
|
CITIBANK
|
0,1%
|
2,1%
|
1,8%
|
BAC
|
3,1%
|
1,3%
|
1,6%
|
NFC
|
2,9%
|
0,9%
|
1,2%
|
UBC/OCEANIC BANK
|
0,2%
|
0,0%
|
0,1%
|
Source : Société
Générale Cameroun, Rapport annuel d'activité, 2014
A la lecture de ces tableaux on constate que les BA occupent
les premières places du marché que ce soit en termes de
dépôts de la clientèle, ou d'octroi de crédits. Ce
qui montre qu'elles sont compétitives. Seulement, il convient de
préciser que cette compétitivité se concentre dans
l'intermédiation classique et les produits commerciaux. Les banques
camerounaises en général, et les BA en particulier, offrent
très peu des produits de banque d'investissement.
95
SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN
Le dernier classement (2014) des banques africaines publié
par le magazine Jeune Afrique, présente les résultats suivants
:
Tableau 18 : Classement des 200 premières banques
africaines en 2014
Rang
2014
|
Banque
|
Pays
|
Total de bilan (millions USD)
|
PNB (millions USD)
|
1
|
STANDARD BANK GROUP
|
Afrique du Sud
|
163 816
|
7 250
|
7
|
ATTIJARIWAFA BANK
|
Maroc
|
44 372
|
2 148
|
15
|
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
|
Togo
|
24 244
|
2 280
|
20
|
UNITED BANK FOR AFRICA GROUP
|
Nigéria
|
15 001
|
1 045
|
25
|
UBA - NIGERIA
|
Nigéria
|
12 700
|
818
|
32
|
ECOBANK NIGERIA
|
Nigéria
|
9 548
|
965
|
45
|
BGFIBANK HOLDING CORP.
|
Gabon
|
5 692
|
345
|
63
|
AFRILAND FIRST GROUP
|
Cameroun
|
3 287
|
232
|
72
|
ATTIJARI BANK TUNISIE
|
Tunisie
|
2 839
|
141
|
82
|
BGFI GABON
|
Gabon
|
2 758
|
154
|
103
|
ECOBANK GHANA
|
Nigéria
|
1 802
|
292
|
127
|
BGFI BANK CONGO
|
Congo
|
1 791
|
87
|
137
|
AFRILAND FIRST BANK
|
Cameroun
|
1 523
|
86
|
141
|
ECOBANK COTE D'IVOIRE
|
Côte d'Ivoire
|
1 330
|
81
|
144
|
SOCIETE GENERALE CAMEROUN
|
Cameroun
|
1 331
|
90
|
148
|
BICEC
|
Cameroun
|
1 249
|
100
|
157
|
ECOBANK BURKINA
|
Burkina Faso
|
1 121
|
71
|
163
|
ECOBANK SENEGAL
|
Sénégal
|
1 047
|
68
|
172
|
ECOBANK BENIN
|
Bénin
|
1 014
|
75
|
183
|
SCB CAMEROUN
|
Cameroun
|
833
|
71
|
189
|
ECOBANK CAMEROUN
|
Cameroun
|
813
|
68
|
Source: Jeune Afrique, spécial finance,
17ème édition 2014
Selon ce tableau, les BA exerçant au Cameroun se
positionnent parmi les banques les moins performantes du continent et pourtant
leurs filiales soeurs exerçant dans les autres régions du
continent se positionnent dans les premières places.
Aussi, Le panorama du secteur bancaire en Afrique
établi à partir des données de la BEI, du FMI et des
Banques centrales d'Afrique donne les chiffres suivants : Afrique du Nord : 571
Milliards d'USD d'actifs ; 51% du PIB régional pour 125 banques. En
Afrique de l'Ouest : 168 Milliards d'USD d'actifs ; 31% du PIB régional
pour 211 banques. Afrique de l'Est : 62 Milliards d'USD d'actifs ; 31% du PIB
régional pour 200 banques. Afrique Australe : 459 Milliards d'USD
d'actifs ; 75% du PIB régional pour 176 banques. Afrique centrale : 20
Milliards d'USD d'actifs ; 19% du PIB régional pour 69 banques.
L'Afrique centrale se
96
positionne comme la dernière zone du continent en
termes d'actifs bancaires, du nombre de banques et de contribution du secteur
bancaire au PIB comme le montre la figure 6 ci-dessous :
Figure 6 : Panorama du secteur bancaire en
Afrique
Source : Laureen kouassi-Olsson, julien
Lefilleur, soutenir l'émergence d'un secteur financier pérenne en
Afrique, In Secteur privé et Développement, n° 13, Mai 2013,
pp. 12-14
Dans le paragraphe précédent nous avons
procédé à une évaluation de la performance des BA
dans le secteur bancaire camerounais et il en est ressorti que dans l'ensemble
les BA sont rentables, réalisent de bons résultats, et se
positionnent dans le peloton de tête des banques en
97
activité au Cameroun, mais paradoxalement au niveau
continental elles sont parmi les moins performantes. Il en découle donc
que cette faiblesse de performance à l'échelle continentale tient
à des facteurs liés à la zone, et plus
particulièrement au pays. La présente section se propose
d'exposer les principales entraves à une performance optimale des BA au
Cameroun d'une part et de proposer des mesures correctives d'autre part.
A : LES ENTRAVES A UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN
Les principales entraves à une performance optimale des
BA au Cameroun résident principalement dans la fragilité du
système bancaire camerounais, et le faible financement des PME par les
banques.
1 : La fragilité du système bancaire
Le système financier camerounais s'est non seulement
développé, mais a aussi considérablement gagné en
stabilité. Alors qu'à la fin des années 80 et le
début des années 90, le pays subissait une crise bancaire
systémique, le système bancaire est aujourd'hui stable, bien
capitalisé et extrêmement liquide, au point même de nuire
à sa capacité d'intermédiation. Cependant, le secteur
financier connaît encore des problèmes d'échelle et de
volatilité. En effet, la taille réduite de l'économie
camerounaise permet difficilement aux BA de réaliser des
économies d'échelle ; aussi le degré élevé
d'informalité augmente les coûts pour les établissements
financiers et exclut d'importants segments de la population des services
financiers formels. La volatilité individuelle et agrégée
alourdit les coûts et nuit à la gestion des risques. Les
problèmes de gouvernance persistent dans de nombreuses entreprises
publiques et privées et entravent aussi bien l'activité des BA
que les tentatives de réforme et les interventions publiques pour
corriger les défaillances de marché. Ces circonstances
défavorables expliquent pourquoi le système bancaire camerounais
demeure concentré et peu compétitif. Elles expliquent aussi le
coût encore très élevé des services financiers et
des taux d'intérêts, les durées de prêt
réduites et la préférence des banques camerounaises pour
les obligations souveraines au détriment des prêts au secteur
privé, et en l'occurrence les PME.
98
Par ailleurs, le taux de bancarisation reste faible au
Cameroun, environs 17,9% selon un récent rapport de la COBAC. Le poids
des crédits bancaires dans le Produit Intérieur Brut (PIB) est
toujours très inférieur à celui de nombreux pays à
développement économique comparable. Dans un tel système
bancaire dominé par de vastes réseaux, la banque centrale est
confrontée à des risques nouveaux posés par les banques
transafricaines, et notamment les BA, dans lesquelles le contrôle d'un
établissement installé au Cameroun est exercé par une
autre banque d'une autre zone géographique du continent. Les motivations
des maisons mères peuvent ne pas coïncider avec les
priorités économiques du Cameroun où leurs filiales sont
installées. L'autorité Monétaire du pays d'une Holding
installée au Cameroun peut elle-même être davantage
préoccupée par le risque systémique qu'un ensemble de
filiales va faire courir à une institution qu'elle contrôle et
prendre des décisions peu compatibles avec la contribution optimale de
sa filiale au développement économique du pays.
2 : Le problème du financement bancaire des
PME
L'histoire des rapports entre banques et PME ressemble fort
à celle des vieux couples qui se font des reproches incessants, mais
doivent pourtant vivre ensemble. Cette situation est sans doute encore plus
vraie au Cameroun où le système financier reste jusqu'ici
dominé par les banques, ce qui laisse aux PME peu de manoeuvre dans la
recherche de financements alternatifs aux concours bancaires. Il est connu
partout que PME constituent le moteur de la croissance économique du
Cameroun, cependant nombreuses d'entre elles n'ont pas accès aux
ressources nécessaires à leur développement. Plusieurs
raisons peuvent expliquer ce phénomène que ce soit du
côté des entreprises ou du côté des banques.
2.1 : Un manque de structuration des
entreprises
Du côté des entreprises trois aspects constituent
une préoccupation prédominante pour les banques : La faiblesse
généralisée des fonds propres des PME apparaît comme
le premier d'entre eux. Cette faiblesse s'explique à la fois par les
réticences des promoteurs à rechercher d'autres actionnaires, la
rareté des trésoreries disponibles, les sous-évaluations
fréquentes des coûts de fonctionnement et d'investissement dans
les budgets, ainsi que la sous-estimation du capital nécessaire pour
réaliser le chiffre d'affaire envisagé. En conséquence, le
poids des emprunts dans les plans de financement apparaît souvent trop
important, ce qui d'une part
99
conduit les banques à durcir une position
déjà naturellement réservée ou à multiplier
les demandes de garanties, et d'autre part, freine les entreprises dans
l'atteinte de l'équilibre financier, les faisant ainsi redoubler de
fragilité.
Le deuxième obstacle important rencontré par les
banques est l'insuffisance d'organisation des PME, notamment en ce qui concerne
les ressources humaines, la comptabilité, la gestion administrative et
les fonctions de contrôle. Le chef d'entreprise, y compris pour des PME
de grande taille, est souvent le seul décideur de la
société. La formalisation modeste, voire parfois balbutiante,
favorise les erreurs, les fraudes et nuit à la régularité
des processus, ce qui peut particulièrement pénaliser les
entreprises du secteur manufacturier, notamment celles destinées
à l'exportation. L'action est trop rarement
précédée d'une réflexion qui permettrait de
garantir la stabilité des processus de production et de
commercialisation.
Le contrôle, tant au niveau interne qu'au niveau des
auditeurs, est relégué au second plan. Cela empêche la
détection rapide des faiblesses de la société, facilite
les éventuelles velléités de non transparence de certains
promoteurs et amenuise la sérénité des banquiers face aux
PME. Enfin, le manque de vision du futur de l'entreprise constitue le
troisième principal obstacle. Trop de sociétés naissantes
sont issues d'une initiative plutôt impulsive de l'entrepreneur, sans
analyse approfondie du marché et de la concurrence.
Ceci entraîne fréquemment des désillusions
sur le chiffre d'affaires, et, en conséquence, sur les capacités
de remboursement des concours bancaires. Trop d'entreprises nouvelles
surdimensionnent leurs investissements au démarrage, au lieu de
concevoir leur projet par étapes, compromettant ainsi presque à
coup sûr leur rentabilité. Trop de PME en développement
analysent de façon très approximative leur potentiel et leur
rythme de croissance et handicapent donc leur futur, même si elles
avaient été exemplaires dans une première phase de leur
existence.
2.2 : L'insuffisance des moyens dédiés aux
PME au sein des banques
Du côté des banques, il faut reconnaître
également au moins trois insuffisances notables. La première est
la faiblesse du suivi des concours mis en place. La fragilité normale
des PME en termes d'organisation et de projection dans le futur devrait
contraindre les banquiers à surveiller de près le fonctionnement
quotidien de l'entreprise, la pertinence de ses
100
investissements et les difficultés qu'elle rencontre.
Les PME étant naturellement peu enclines à donner une vraie place
de conseiller à leurs banquiers, ceux-ci devraient prendre
systématiquement l'initiative. Or, ce rôle demeure mal
assumé. La récente intensification des exigences de suivi des
principales clientèles traditionnelles (grandes entreprises et
particuliers) imposées par les réglementations, le manque de
temps face aux nombreux dossiers de PME souvent tous différents les unes
des autres ainsi que la faible rentabilité de telles actions
d'encadrement par rapport à d'autres activités sont autant de
facteurs qui peuvent expliquer l'insuffisance de suivi de la part des banques.
Cela peut créer un cercle vicieux dans la mesure où cette
insuffisance de suivi est précisément à l'origine de la
dégradation de nombreux dossiers, ce qui renforce alors l'aversion des
banques aux PME.
La deuxième insuffisance des banques, partiellement
responsable de la précédente, est la pénurie au sein des
équipes bancaires de cadres de référence
spécifiques ayant une expérience approfondie de la gestion des
dossiers de financement des PME. La diversité des PME, que ce soit en
termes de taille, de secteurs, de caractéristiques ou d'appuis requis,
est bien sûr à l'origine de cette situation. Elle explique les
difficultés rencontrées pour mettre au point des solutions. Les
efforts d'amélioration restent cependant insuffisants.
Les banques camerounaises continuent dans la plupart des cas
de souffrir d'une pénurie de départements
spécialisés sur les PME, d'un manque de procédures bien
adaptées à la modestie des informations financières et des
quelques indicateurs de suivi disponibles, d'une faible capacité
d'innovation en ce qui concerne les garanties acceptables et de l'inexistence
de formations spécifiques au financement des PME pour les analystes de
crédit et les chargés de clientèle. Ces facteurs sont
autant d'handicaps pour que les banques accroissent leur intérêt
pour les PME.
Enfin, la troisième insuffisance des banques est
liée à l'environnement institutionnel dont les déficiences
pénalisent l'action de ces dernières. En effet, malgré les
réels progrès apportés par l'Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), certaines faiblesses
persistantes du cadre juridique (par rapport à la réalisation des
garanties par exemple) et les carences graves et
généralisées des appareils judiciaires rendent très
difficile la récupération des crédits défaillants.
Ces difficultés, amenuisent encore l'attrait des concours aux PME et
poussent en même temps les banques à durcir leurs conditions. De
même, la multiplicité, la complexité et le caractère
parfois peu orthodoxe des pressions de
101
l'administration, police économique, fisc,
sécurité sociale fragilisent encore davantage les PME
prêtes à intégrer le secteur formel sous la pression des
banques.
B : SUGGESTIONS POUR UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN
Les BA exerçant au Cameroun possèdent de
nombreuses capacités et opportunités de croissance qui, si bien
exploitées, leur permettront d'optimiser leur performance non seulement
au niveau national, mais également au niveau régional et
continental. Pour ce faire il faudrait au préalable renouveler le
système bancaire et mettre en place des solutions pour leur permettre
d'exploiter la niche de clientèle des PME.
1 : Renouveler les règles du secteur
bancaire
Face à la fragilité du système bancaire,
la réponse à ce défis n'est pas à rechercher du
côté d'un système bancaire entièrement camerounais,
mais plutôt dans un système financier ouvert et compétitif.
Des banques aux structures capitalistiques diversifiées conserveront un
rôle important qu'elles soient nationales, régionales ou
internationales. La concurrence entendue au sens large, couvrant un vaste champ
de politiques et d'actions est essentielle pour favoriser l'innovation
financière au Cameroun. Cela suppose un système ouvert à
de nouveaux types de fournisseurs de services financiers même si ce sont
des sociétés non financières, comme les opérateurs
de téléphonie mobile. Cela suppose de faibles barrières
à l'entrée pour les nouveaux entrants, mais aussi l'existence
d'une infrastructure adéquate, comme par exemple les registres de
crédit qui permettent aux nouveaux entrants de s'appuyer sur les
informations disponibles. Cela implique aussi un engagement plus actif de
l'État, par exemple en contraignant les banques à adhérer
à une plateforme de paiement partagée ou à transmettre des
informations positives et négatives à des registres du
crédit.
La réglementation et la surveillance des banques
internationales s'avèrent particulièrement importantes. Les
relations entre les autorités de surveillance des pays d'origine et le
superviseur bancaire national doivent être renforcées ;
l'échange d'informations et la répartition des
responsabilités et des obligations sont cruciales,
particulièrement en période de fragilité. Ces interactions
sont fondamentales pour prévenir les difficultés des banques ou,
du
102
moins, pour en réduire l'impact mais aussi pour mettre
en place des mesures incitatives visant à éviter des prises de
risques excessives. L'émergence de banques régionales requiert
aussi une coopération plus étroite entre les autorités de
supervision régionales africaines. L'expérience européenne
récente montre toutefois que les collèges d'autorités de
surveillance et les protocoles d'accord sont des outils de coordination
nécessaires mais insuffisants en cas de difficultés. Les
protocoles d'accord ne sont pas des documents juridiques contraignants, et au
sein d'un collège de superviseurs, la décision finale revient
à l'autorité du pays d'origine. Il est indispensable d'envisager
le scénario le plus défavorable et de s'y préparer par des
plans de résolution des défaillances et de relance avec des
accords ex ante de partage des charges.
Les récentes évolutions du système
bancaire camerounais reflètent le nouvel esprit pionnier des BA.
Au-delà des statistiques qui montrent le développement du
système financier, de nouveaux produits et de nouveaux acteurs voient le
jour dans le pays81. Un nombre grandissant d'entreprises et de
ménages ont accès à des services financiers. Les
activités bancaires transfrontalières se développent et
constituent un élément clé de ce nouveau scénario.
Les BA ont su apporter de l'innovation et de la concurrence au sein du
système financier camerounais.
2 : Exploiter la niche des PME
L'expérience du groupe Bank Of Africa (BOA) est une
inspiration que nous proposons pour une meilleure exploitation de la niche des
PME par les BA. Pour ce faire, elle se fonde sur quatre axes :
Le premier, et sans doute le plus décisif, est le
partage des risques liés aux crédits des PME avec d'autres
institutions bancaires. Outre son intérêt direct pour les banques,
qui minimisent ainsi les pertes potentielles, ce partage favorise aussi la
prise de conscience par d'autres bailleurs de fonds du caractère
essentiel de ce public mais aussi des difficultés inhérentes
à la satisfaction de ses besoins. Deux principales approches sont
envisageables et sont testées par le réseau BOA. L'une, globale,
consiste à utiliser des lignes de garantie de portefeuille,
accordées pour un montant donné et pouvant être
affectées à un portefeuille de PME librement choisi par la
banque. La Société Financière Internationale (SFI) a ainsi
accordé
81 Bank Of Africa (BOA) a obtenu en Octobre 2016,
l'agrément COBAC pour exercer au Cameroun et devient ainsi la
15ème banque commerciale du Cameroun et la
7ème BA à s'installer au Cameroun
103
une telle ligne de garantie, couvrant 50 % des risques pris
par la banque, à la BOA Mali pour 1,5 milliard de FCFA. Elle devrait
mettre en place sous peu un dispositif identique pour les quatre BOA d'Afrique
de l'Est pour un montant total de 10 millions de dollars US. L'autre approche
s'appuie sur des garanties individuelles. Les dossiers sont alors soumis par
les banques à des fonds de garantie qui les étudient au cas par
cas. L'efficacité de ces mécanismes est cependant très
liée à la qualité, encore souvent médiocre, de
l'équilibre entre rigueur de gestion de ces fonds et souplesse de mise
en jeu des garanties.
La création de départements
spécialisés au sein des banques constitue un deuxième
exemple de solution envisageable pour rapprocher les banques des PME.
L'expérience tentée en la matière à la BOA Mali,
lors de l'opération menée avec la SFI, montre l'apport
réel d'une telle spécialisation. Encadrée par un assistant
technique étranger spécialiste de ce segment, une équipe
de deux personnes est entièrement dédiée aux PME. Des
critères d'analyse des dossiers et de suivi des financements,
spécifiquement adaptés au cas des PME, ont été
définis. Ces critères prennent davantage en compte
l'activité des entreprises et les revenus attendus que les garanties
offertes par les promoteurs. Les efforts ainsi entrepris témoignent
clairement de la volonté de la banque de servir les PME et permettent
à ces dernières de bénéficier d'interlocuteurs bien
identifiés et parlant mieux leur langage.
La diversification des outils de financement proposés
aux PME apparaît comme une troisième voie à explorer pour
améliorer les relations banques-PME. Le crédit-bail,
l'affacturage sont à inclure dans l'éventail des instruments
utilisables. Le développement de ces produits se heurte néanmoins
d'une part au fait qu'ils sont souvent étrangers à la culture des
PME et, d'autre part, aux dispositions réglementaires
généralement peu favorables à ces instruments
spécialisés. L'effort pour promouvoir leur
généralisation doit cependant être poursuivi. Les trois
sociétés de crédit-bail du réseau BOA ont en effet
montré leur viabilité et leur utilité depuis plus de 10
ans.
La quatrième voie est encore insuffisamment
exploitée et s'inscrit davantage dans le futur. Elle vise à
compléter et renouveler la panoplie des garanties capables de mieux
sécuriser les dossiers des PME. A côté des garanties
immobilières, souvent peu appropriées, de nouvelles pistes sont
à explorer. La caution conjointe apportée par des personnes
connues de la banque, la création évoquée depuis longtemps
mais jamais mise en oeuvre de sociétés de caution mutuelle
à base sectorielle ou géographique, ou encore le partenariat de
PME avec des grandes
104
entreprises à travers des contrats de sous-traitance
(donnant ainsi de fortes assurances de niveau d'activité) apparaissent
par exemple comme des solutions réalisables et prometteuses.
En somme de cette deuxième partie, le secteur bancaire
camerounais a connu une certaine évolution depuis l'époque
coloniale jusqu'aux crises bancaires des années 80 et 90. A la suite de
ces crises, une importante réforme a été entreprise, avec
la mise en place d'un organe sous régional de supervision bancaire : la
COBAC, et une plus grande ouverture du système bancaire à
l'international entre autres réformes. Cette ouverture a favorisé
l'installation de nouveaux acteurs africains que sont les BA.
Les principales BA en activité au Cameroun sont :
Ecobank, la Société Commerciale de Banque (Groupe Attijariwaffa),
United Bank for Africa, BGFI Bank, et Afriland First Bank. Dès lors, les
BA s'intègrent dans une dynamique d'accompagnement de la croissance de
l'économie africaine en général et celle du Cameroun en
particulier. L'évaluation de leur performance au Cameroun nous a permis
de constater qu'elles sont rentables et se positionnent dans le peloton de
tête des banques du secteur bancaire camerounais en termes de parts de
marchés que ce soit dans la collecte des dépôts de la
clientèle, ou dans l'octroi des crédits.
Toutefois ces performances réalisées au Cameroun
sont en deçà de celles réalisées dans les autres
régions et pays du continent et ceci est dû à des facteurs
macroéconomiques liés à la fragilité du
système bancaire et au faible financement des PME par les concours
bancaires. Pour remédier à ces entraves, il serait judicieux que
les autorités renouvellent les règles du système bancaire
camerounais, et que les BA mettent en oeuvre des stratégie pour une
exploitation plus efficiente de la niche des PME qui reste largement
inexploitée, alors que ces dernières constituent le moteur de la
croissance économique du pays.
105
CONCLUSION GENERALE
106
La faiblesse de la concurrence qui caractérise nombre
de marchés d'Afrique subsaharienne crée un environnement
favorable pour les banques prêtes à mener des activités
transfrontalières et à rivaliser avec les banques locales. En
Afrique subsaharienne, ces banques locales transfrontalières sont
appelées Banques Panafricaines. On compte à l'heure actuelle sept
grandes Banques Africaines ayant une implantation dans dix pays d'Afrique
subsaharienne au moins selon le FMI. Les BA ont établi leur siège
dans divers pays de grands marchés bancaires comme le Nigéria, le
Maroc, le Kenya, et l'Afrique du Sud, mais aussi plusieurs marchés de
plus petite dimension. Ils jouent désormais le rôle de chefs de
file de prêts syndiqués dans la région. Ces banques qui
interviennent dans plusieurs pays devraient réaliser des
économies d'échelle par la mise en oeuvre des fonctions à
l'échelle du groupe et le transfert de savoir-faire et de
compétences bancaires adaptées au marché local.
Grâce à ces économies d'échelle, les BA stimulent la
concurrence des marchés bancaires d'implantation. Ils sont à
mesure de proposer des services bancaires de meilleure qualité à
moindre coût et d'étendre l'intermédiation
financière aux PME et aux particuliers jusque-là
négligés. Ils se positionnent également comme des acteurs
de premier plan du financement d'infrastructures transfrontalières et de
manière globale de la croissance africaine.
Les BA ont donc impulsé une nouvelle ère au
paysage bancaire africain qui pendant longtemps a été
dominé par les banques originaires des anciennes puissances coloniales
notamment les banques françaises et britanniques. De fait, l'essor des
BA peut être considéré comme le corollaire financier de
l'intégration régionale croissante des échanges
commerciaux et des investissements, du fait que ces groupes suivent leurs
clients et financent leurs opérations transfrontalières, ce qui
leur permet d'accroitre de plus en plus leur performance.
A l'impulsion de la réforme du système bancaire
entreprise à la fin des années 90, combinée à la
volonté manifeste du pays d'optimiser son potentiel économique,
de nombreuses BA se sont installées au Cameroun dans une optique de
performance ; ce qui n'a pas tardé à se réaliser. En
effet, en peu d'années, contrairement aux banques occidentales, les BA
ont atteint des niveaux de rentabilité enviables et se positionnent
à ce jour comme des acteurs incontournables du secteur bancaire
camerounais. La SCB (Groupe Attijariwafa) par exemple détient le plus
vaste réseau bancaire au Cameroun avec plus de 50 agences de banques ;
et de plus en plus, l'Etat camerounais sollicite les BA pour l'arrangement de
ses émissions obligataires. Les BA sont parmi les premières
banques camerounaises en termes de rentabilité bancaire.
107
Cependant, à la lecture du classement des 200
premières banques africaines, on constate que les filiales des BA
installées au Cameroun sont parmi les moins performantes par rapport
à leurs consoeurs installées dans d'autres pays. Une situation
qui mérite une attention particulière. Dans cette logique,
l'objectif visé par notre étude était de comprendre les
raisons de ce décalage. Ainsi, nous voulions montrer que, bien qu'elles
soient rentables, les BA ne jouissent pas d'une performance optimale par
rapports à leurs potentialités au Cameroun. Pour ce faire, nous
nous sommes attelés à répondre à la question
centrale suivante : « Au regard de leurs résultats
financiers dans certaines zones du continent, quels peuvent être les
facteurs explicatifs du faible niveau de performance des banques africaines au
Cameroun ?»
Cette question centrale, combiné à la
spécificité de notre étude nous a poussés à
adopter une démarche précise s'appuyant sur l'analyse
documentaire. A ce titre, un raisonnement déductif nous a conduit
à formuler d'abord un certains nombres d'hypothèses. Ces
dernières ont ensuite été testées empiriquement
à partir de l'analyse des rapports annuels d'activités des BA au
Cameroun pour la période 2010-2014. Au final nous avons tiré des
conclusions sur la question de la performance des BA au Cameroun. Il nous
échoit donc de présenter les résultats de notre recherche
en précisant chaque fois si elles corroborent ou pas nos
hypothèses de départ.
Hypothèse 1 : Les BA sont des
entités particulières dont la structure organisationnelle et la
philosophie d'entreprise sont adaptées aux valeurs africaines. Aussi,
les BA se distinguent des banques occidentales en termes de positionnement et
de stratégie. Les BA tendent essentiellement à concentrer leur
activité sur le trade finance, sur le financement des grandes
entreprises privées et étatiques et la banque de détail ;
l'essentiel de leur activité concerne toutefois les PME qu'elles
accompagnent tout au long de leur croissance, ce qui contribue à la
fidélisation de leur clientèle.
C'est d'ailleurs cette capacité à satisfaire la
clientèle qui a favorisé leur essor dans le continent.
Attijariwafa Bank par exemple est la première banque du continent et
même du Cameroun en termes de nombre d'agences avec respectivement 3 258
et 50 agences. Ecobank est la première banque de la Zone Franc avec un
total de bilan de 24 280 millions d'USD et un PNB de 2 820 millions d'USD.
Nous avons pu constater que bien qu'ayant ces atouts, la
performance des BA est fragilisée au Cameroun à cause des
facteurs externes. La fragilité du système bancaire qui reste
108
surliquide alors que l'économie fait face à
d'importants besoins de financement ; Les coûts de service bancaire
élevés ; Par ailleurs, le taux de bancarisation reste faible,
autour de 20% contrairement à certaines régions du continent
comme en Afrique du nord (50%) ou l'Afrique australe (45%). De même, la
croissance économique camerounaise est tirée par les PME qui font
face à d'énormes problèmes de financement, mais restent
des clients risqués pour les BA. De ces faits, une grande partie de la
clientèle bancaire camerounaise demeure insatisfaite.
Toutes ces remarques confirment notre première
hypothèse selon laquelle, l'incapacité à satisfaire la
clientèle fragilise la performance des BA au Cameroun.
Hypothèse 2 : En tant que filiales des
Banques panafricaines, les BA jouissent d'une certaine notoriété
au Cameroun. BGFI Bank par exemple a réalisé en quelques
années des résultats spectaculaires que certaines banques
locales, bien qu'elles soient anciennement installées au Cameroun, ont
de la peine à atteindre. La banque est présente au Cameroun
seulement depuis 2011, mais en 2014, elle était classé
8ème sur 14 en termes de parts de marché sur les
dépôts de la clientèle ; et 6ème sur 14
en termes de parts de marché sur les crédits. La banque jouit en
effet d'un pouvoir de marché du fait qu'elle appartienne à une
Holding (2ème groupe bancaire de la zone CEMAC en 2014) et
d'une certaine efficience dans la réalisation des économies
d'échelle à travers l'extension de son réseau au Cameroun
pour financer les grandes entreprises sous régionales.
De même une banque comme Afriland (1er groupe
bancaire de la zone CEMAC en 2014) jouit de la confiance de sa clientèle
au Cameroun au point où depuis quelques années elle s'est
hissée au rang de 1ère banque camerounaise en termes
de Total de bilan et de PNB. Par ailleurs, nous avons pu constater qu'en peu
d'années les BA ont atteint un niveau de rentabilité
appréciable au Cameroun, avec un ROE moyen de 12%, un ROA de 1% et un CE
autour de 65%. Cette rentabilité « rapide » est principalement
due au fait qu'elles soient des filiales de banques panafricaines bien connues,
et jouissent donc de cette notoriété.
Notre deuxième hypothèse selon laquelle la
régionalisation africaine des BA a un impact positif sur leur
performance au Cameroun est donc vérifiée.
109
Néanmoins, il convient de souligner que
l'accélération de la croissance économique en Afrique
subsaharienne depuis les années 90 s'est accompagnées d'un
élargissement de l'accès aux services financiers, et en
particuliers à ceux des banques commerciales, qui ont toujours
été et demeurent l'épine dorsale des systèmes
financiers dans la région. Le secteur bancaire a connu de profonds
changements en Afrique subsaharienne au cours des 20 dernières
années, parmi lesquels l'expansion des activités
transfrontalières, avec le déploiement rapide des réseaux
des BA qui ont complètement modifié le paysage bancaire et
financier du continent.
En Afrique australe, la mise en place d'une
réglementation favorable, combinée à une stabilité
politique accrue, ainsi que l'appui technique apporté par le FMI afin de
soutenir les efforts de renforcement des capacités de supervision du
secteur financier, a créé un environnement favorable aux banques
dans leur mission et objectifs. En Afrique de l'Est, l'expansion
régionale des BA est fondée sur deux particularités : D'un
côté un marché commun au sein de la Communauté
d'Afrique de l'Est (CAE), le mouvement étant dominé par un pays,
à savoir le Kenya. D'un autre côté, ces banques contribuent
amplement à l'intégration régionale, en financement les
programmes d'infrastructure. En Afrique de l'Ouest, le poids économique
du Nigéria et du Ghana, ajouté à cela une forte
concurrence, augmentent la compétitivité des BA et donc leur
performances dans cette région.
Nous avons pu constater que les BA dans ces régions
réalisent de bonnes performances. Par exemple le secteur bancaire
contribue respectivement de 50%, 31%, 31% et 75% au PIB régional en
Afrique du Nord, en Afrique de l'Ouest, en Afrique de l'Est et en Afrique
Australe ; contre seulement 19% en Afrique centrale. L'Afrique centrale demeure
donc une zone « risquée » pour les BA.
A la lumière de ce qui précède, les
résultats de notre étude s'avèrent pertinents ; Faute
d'une croissance économique soutenue les BA se marginalisent au Cameroun
et en zone CEMAC par rapport aux autres régions du continent. En effet,
les BA sont certes rentables et réalisent un niveau de performance
appréciable si l'on s'en tient à la dynamique du secteur bancaire
camerounais. Toutefois, ces banques disposent des atouts majeurs capables
d'optimiser cette performance ; Seulement, l'environnement économique du
Cameroun et de la CEMAC ne leur est pas favorable, d'où cette
marginalisation par rapport aux filiales opérant dans les autres zones
géographiques et linguistiques du continent africain.
110
Par conséquent, les résultats de notre
étude présentent un enjeu majeur pour le Cameroun dont les BA
constituent les principaux acteurs du secteur bancaire, après les
banques d'origine française. Au moment où le taux de
bancarisation reste faible, et que l'économie fait face à
d'importants besoins de financement, les BA qui accompagnent la croissance
économique de la plupart des régions d'Afrique disposent des
atouts que le Cameroun pourrait optimiser pour dynamiser davantage son secteur
bancaire. L'attention particulière que ces banques accordent aux PME
dans les autres régions, et leur proximité avec la
clientèle à travers les produits comme le Mobile Banking sont
parmi leurs principaux atouts ; L'Etat pourrait par exemple, comme nous l'avons
proposé dans cette étude, ouvrir le système bancaire
à d'autres types de fournisseurs de services financiers même si ce
sont des sociétés non financières, comme les
opérateurs de téléphonie mobile pour améliorer la
bancarisation ; inciter la mise en place des fonds de garanties
dédiée aux PME ; et renforcer la coopération avec les
autorités de régulation des autres régions. Au niveau de
la CEMAC, une intégration plus renforcée serait une aubaine pour
ces banques qui disposent d'une forte expérience dans le financement des
infrastructures transfrontalières.
Néanmoins cette étude présente des
limites à certains niveaux. Nous n'avons pas pu mobiliser certaines
données, notamment les données sur les indicateurs qualitatifs de
la performance des BA, nous nous sommes limités uniquement sur les
indicateurs quantitatifs. Aussi, certaines études semblent prouver que
le faible dynamisme du secteur bancaire camerounais dans lequel évoluent
les BA, tient plutôt à l'histoire de ce secteur qui a connu une
crise systémique majeure dans les années 80 et 90 ; cette crise a
entrainé un comportement d'aversion au risque de la part des banques en
activité au Cameroun qui préfèrent se concentrer sur les
investissements moins risqués et à faible rentabilité.
Au moment où nous terminons notre étude,
nombreux autres BA veulent s'installer au Cameroun malgré le faible
dynamisme du secteur bancaire. Il devient intéressant se s'interroger
sur les mobiles de la régionalisation des BA au Cameroun.
111
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in Tiers-Monde, tome 36, n°144, 1995, PP. 813-835
TCHAKOUNTE N. Mathurin, BITA Charles A., La réforme
du système bancaire camerounais, in Revue africaine de
l'intégration, vol. 3, No 2, Octobre 2009, PP. 99-162
TIEN HUNG Nguyen, La banque mobile, in, finance et
développement, n°118, juin 2004, PP. 41-43
113
TRAVAUX UNIVERSITAIRES
ALBERT Stéphane, Performance des institutions
bancaires, Structure des revenus et Influence de l'économie et des
marchés financiers, thèse en vue de l'obtention du Doctorat
en Sciences de Gestion, Université Paris-Dauphine, Août 2006
ALI Sougui O., Déterminants de la performance
financière des firmes bancaires, mémoire de master en
finance, Université privée Montplaisir, Tunis, 2008
ASLANOFF Audrey, La perception de la performance des
fusions et acquisitions dans le secteur bancaire, thèse en vue de
l'obtention du Doctorat en sciences de gestion, Université de Nice
Sophia-Antipolis, Mars 2013
BEGUY Olivier, Trois essais sur la surliquidité
bancaire dans la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique
Centrale (CEMAC), thèse pour l'obtention du titre de Docteur
ès Sciences Economique, Université d'Auvergne Clermont-Ferrand I,
Février 2012
TROUDART Jessy, Analyse et comparaison des
stratégies d'internationalisation des banques, thèse en vue
de l'obtention du titre de Doctorat ès Sciences de Gestion,
Université Montesquieu-Bordeaux IV, Décembre 2012
ZIBOUCHE Taous, Les déterminants du choix de la
présence des banques étrangères en Algérie, cas de
BNP Paribas, mémoire en vue de l'obtention du diplôme de
Magister en Economie et Fiance internationales, Université Mouloud
Mammeri de Tizi-Ouzou, Mars 2010
TRAVAUX DE RECHERCHE
Banque Africaine de Développement, « Le
système bancaire en Afrique : Principaux faits et défis
», African Economic brief, Vol. 6, No 5, 2015
Banque Européenne d'Investissement, « Tendances
récentes dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne : du
financement à l'investissement », Mars 2016
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, «Les
déterminants de l'efficacité des banques commerciales de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale »,
2007
MADJI Adam, « l'institution d'un agrément unique
dans la CEMAC : fondements, critères d'admission et défis pour
les banques », Rapport annuel COBAC, 200, PP. 34-61
114
RAPPORTS D'ACTIVITES
Afriland First Bank, Rapport annuel, 2010, 2011, 2012, 2013
Attijariwaffa Bank, Rapport annuel, 2010, 2011, 2012, 2013,
2014
Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le
Crédit, Rapport annuel, 2014
Ecobank Cameroun, Rapport annuel 2010, 2012, 2013
Ecobank Transnational Incorporated, Rapport annuel 2010, 2011,
2012, 2013, 2014
Groupe BGFI Bank, Rapport annuel 2013, 2014, 2015
Société Commerciale de Banque, Raport annuel, 2010,
2011, 2012, 2013, 2014
Société Générale Cameroun, Rapport
annuel, 2014
United Bank for Africa group, Annual Repport, 2010, 2011, 2012,
2014
TEXTES OFFICIELS
Convention portant création d'une Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale adoptée le 16 Octobre 1990 à Yaoundé
Convention portant harmonisation de la réglementation
bancaire dans les Etats de l'Afrique centrale adopté à Douala le
17 Janvier 1992
Règlement n° 02/15/CEMAC/UMAC/COBAC modifiant et
complétant certaines conditions relatives à l'exercice de la
profession bancaire dans la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale adopté le 27 Mars 2015 à Yaoundé
Règlement COBAC R-2009/01 portant fixation du capital
social minimum des établissements de crédit adopté le
1er Avril 2009 à Bata
Règlement COBAC R-2009/02 portant fixation des
catégories des établissements de crédit, leur forme
juridique et des activités autorisées adopté le
1er Avril 2009 à Bata.
115
Règlement COBAC R-2016/01 relatif aux conditions et
modalités de délivrance des agréments des
établissements de crédit, de leurs dirigeants et de leurs
commissaires aux comptes adopté le 16 Septembre 2016 à
Yaoundé
SITES INTERNET CONSULTES
www.beac.int
www.economie.gouv.fr
www.imf.org
www.paul-derreumaux.com
www.sgcobac.org
116
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS iv
LISTE DES TABLEAUX v
LISTE DES GRAPHIQUES vi
LISTE DES FIGURES vii
RESUME viii
ABSTRACT ix
SOMMAIRE x
INTRODUCTION GENERALE 1
I. Contexte et justification de l'étude 2
II. Objet et intérêts de l'étude 5
III. Délimitation du sujet 6
IV. Revue de la littérature 7
V. Problématique 13
VI. Hypothèses de recherche 14
VII. Démarche méthodologique 14
VIII. Plan de travail 15
PARTIE I : L'INTENATIONALISATION DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 16
CHAPITRE I : CONCEPTS ET DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE
18
SECTION I : CONCEPTUALISATION PLURIELLE DE LA PERFORMANCE 18
A. DEFINITION DE LA PERFORMANCE 19
1. Notion de performance 19
2. Dimensions de la performance 20
2.1. La performance unidimensionnelle 20
2.2. La performance multidimentionnelle 21
B. CRITERES ET MESURES DE LA PERFORMANCE 22
1. Les critères de la performance 22
1.1. L'efficacité 22
1.2. L'efficience 22
2. La mesure de la performance . 23
2.1. Les objectifs de la mesure de la performance . 24
2.2. Les principes de la mesure de la performance . 25
2.3. Les difficultés de la mesure de la performance 26
117
SECTION II : LES DOMAINES DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 27
A. LES INDICATEURS FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE 27
1. La rentabilité bancaire 27
1.1. Les différentes approches de la rentabilité
bancaire 28
1.2. Mesure de la rentabilité bancaire :
rentabilité financière et rentabilité économique
29
2. Les autres indicateurs financiers de la performance 32
2.1. Le taux de rendement interne 32
2.2. Le ration du retour sur fonds propres ajusté 32
2.3. Le taux de rendement des titres 33
2.4. Le coefficient d'exploitation 34
B. LES INDICATEURS NON FINANCIERS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE
35
1. L'efficacité de l'organisation 36
2. La satisfaction de la clientèle 37
2.1. Définition de la satisfaction client 38
2.2. Mesure de la satisfaction du client bancaire 39
CHAPITRE II : LIENS ENTRE INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE
BANCAIRE 42
SECTION I : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE
43
A. L'ELARGISSEMENT DU POUVOIR DE MARCHE 43
1. Le pouvoir de marché à travers l'extension
internationale du réseau 43
2. Le pouvoir de marché à travers l'exploitation
de nouvelles ressources. 45
B. LA RECHERCHE DE L'EFFICIENCE . 46
1. Efficience et taille critique . 46
2. Efficience et économies d'échelle 48
SECTION II : INTERNATIONALISATION ET PERFORMANCE NON FINANCIERE
49
A. NOTION DE RISQUE BANCAIRE 49
1. Définition du risque bancaire 50
2. Mesure du risque bancaire 51
B. TYPOLOGIE DU RISQUE BANCAIRE 53
1. Le risque bancaire financier 54
1.1. Le risque de contrepartie 54
1.2. Le risque de liquidité 55
1.3. Le risque de prix 55
2. Le risque bancaire non financier 56
2.1. Le risque opérationnel 56
2.2. le risque stratégique 57
2.3. Le risque pays 57
118
PARTIE II : LES GROUPES BANCAIRES AFRICAINS DANS LE
SYSTEME BANCAIRE
CAMEROUNAIS 60 CHAPITRE III : LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS
: EVOLUTION HISTORIQUE ET
CADRE REGLEMENTAIRE 62
SECTION I : HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS 62
A. LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS, DE LA COLONISATION
A L'INDEPENDANCE 63
1. Le système bancaire à l'époque coloniale
63
2. Les accords de Brazzaville et la création de la BEAC
64
B. LE SYSTEME BANCAIRE, DE L'INDEPENDANCE AUX CRISES BANCAIRES
DES ANNEES 80-90 65
1. Une relative stabilité jusqu'à la fin des
années 70 65
2. Les crises bancaires des années 80-90 . 68 SECTION
II : LE CADRE REGLEMENTAIRE DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU
CAMEROUN 71
A. LES CONDITIONS DE FORME 71
1. La forme sociale et les types d'établissement 72
1.1. La forme juridique 72
1.2. Les types d'établissements 73
2. Le capital social et la qualité des dirigeants 75
2.1. Le capital social 75
2.2. La qualité des dirigeants 75
B. LES CONDITIONS D'AGREMENT 76
1. Demande et obtention de l'agrément 76
2. Le retrait de l'agrément . 78 CHAPITRE IV :
EVALUATION ET APPRECIATION DE LA PERFORMANCE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN 79 SECTION I : EVALUATION DE LA
PERFORMANCE DES BANQUES AFRICAINES AU
CAMEROUN 79
A. LES BANQUES AFRICAINES EN ACTIVITE AU CAMEROUN 80
1. Les Banques Africaines panafricaines 80
1.1. Ecobank Cameroun 80
1.2. La Société Commerciale de Banque 82
1.3. United Bank for Africa 83
2. Les Banquees Africaines multirégionales 85
2.1. BGFIBank Cameroun 85
2.2. Afriland first Bank 86
119
B. PERFORMANCE DES BANQUES AFRICANES AU CAMEROUN 87
1. Rentabilité financière et économique des
Banques Africaines au Cameroun 88
2. Rentabilité d'exploitation des Banques Africaines au
Cameroun 91
3. Satisfaction de la clientèle des Banques Africaines
au Cameroun 92 SECTION II : APPRECIATION DE LA PERFORMNCE DES BANQUES
AFRICAINES AU
CAMEROUN 95
A. LES ENTRAVES A UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES
AFRICAINES
AU CAMEROUN 97
1. La fragilité du système bancaire 97
2. Le problème du financement bancaire des PME 98
2.1. Un manque de structuration des entreprises 98
2.2. L'nsuffisance des moyens dédiés aux PME au
sein des banques 100
B. SUGGESTIONS POUR UNE PERFORMANCE OPTIMALE DES BANQUES
AFRICAINES AU CAMEROUN 101
1. Renouveler les règles du secteur bancaire 101
2. Exploiter la niche des PME 102
CONCLUSION GENERALE 105
BIBLIOGRAPHIE 111
TABLE DES MATIERES 116
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