PARAGRAPHE II : L'influence des
puissances étrangères
Les décisions prises dans le cadre des organes
africains de paix connaissent une influence énorme soit d'origine
africaine soit venant d'autres puissances extérieures. Cela a
été le cas du Nigéria dans presque toutes les
décisions de l'Union Africaine et surtout de a C.E.D.E.A.O. Cette
position sera constatée à première vue lors de la crise
Libérienne, Sierra léonaise ou encore même Ivoirienne. Dans
presque toutes les crises Ouest-africaines on a noté une supplantation
de l'Etat Nigérien par rapport aux décisions prises dans le cadre
de la C.E.D.E.A.O ou encore de l'U.A. C'est pour cette raison que le
Nigéria a été trop gênant parfois pour certains
pays. Le Nigéria, comme nous le savons tous a toujours été
le pilier de l'E.C.O.M.O.G. Cette position de ce grand pays africain suscite
parfois de la jalousie d'autres grandes puissances. Par exemple sa
décision d'envoyer deux avions Alpha Jet et en annonçant
l'arrivée de troupes Nigérianes pour soutenir le régime
Ivoirien avait suscité une confusion gênante pour la C.E.D.E.A.O,
ainsi qu'une réaction hostile des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et
de la France27.
S'agissant de la crise Ivoirienne, face à
l'échec de la médiation de la C.E.D.E.A.O et l'absence totale de
l'Union Africaine au processus politique, la diplomatie française
recadre son action et ses objectifs en obtenant du Sénégal qui
assurait la présidence de la C.E.D.E.A.O, qu'il portât le combat
devant le conseil de sécurité des Nations Unies. Ceci montre
comment les institutions africaines subissent l'influence des grandes
puissances. Cette influence des puissances étrangères dont la
France, dans le continent ou dans la zone ouest-africaine plus
particulièrement peut être vue d'un plan stratégique.
L'intérêt pour l'Afrique peut se résumer dans le mot de
Lénine selon lequel « qui tient l'Afrique tient l'Europe
». Dès lors, la concurrence entre puissances pour le continent
dans ses compartiments se justifier clairement.
C'est pour cette raison que les anciennes puissances ont
toujours des intérêts vis-à-vis de leurs anciennes
colonies. Ceci, on le remarque nettement avec la France par rapport à
ses relations avec l'Afrique de l'Ouest et particulièrement lors de la
crise Ivoirienne. Les pressions des puissances étrangères sont
soit visibles soit invisibles28. En ce qui concerne celles qui sont
visuelles, nous pensons à l'aide au développement.
27 Hugo SADA, Politique Etrangère 2/2003, le
conflit Ivoirien : enjeux régionaux et maintien de la paix en
Afrique.
28 SIDY SADY, La résolution des conflits en
Afrique, Thèse, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, p 115 et
suivant
En revanche, lorsque ces aides ont été l'oeuvre
de puissance occidentales ayant en mains le destin politique de leur
interlocuteur, celui-ci est souvent obligé de prendre en compte leurs
voeux. En effet, la perspective de perdre l'aide économique, avec toutes
les conséquences sociales et les troubles qui en résulteraient,
le rend sensible aux pressions effectuées par les Etats extra-africains
ou même africains avec le cas du « géant »
Nigérian ou de la Lybie sous l'ère du colonel Mohamar Kadhafi.
Les pressions ne sont pas toujours visibles. Le fait qu'elles soient
discrètes est également favorable à leur
efficacité. Par exemple, on peut penser que, c'est avec la pression de
la France que la C.E.D.E.A.O a accepté que le conflit Ivoirien soit
porté devant le conseil de sécurité des Nations Unies.
Ainsi, face aux interventions opaques et malheureuses des
grandes puissances dans les conflits Ouest-africains, les organisations
africaines doivent plus résolument s'engager dans la
sécurité de leur zone. Par pression, nous entendons, tout conseil
ou suggestion fait de manière ou dans des conditions de nature à
modifier la position ou la décision de l'interlocuteur.
En définitive la pression n'est qu'une forme de
chantage dont elle se différencie par les modalités. A l'endroit
de l'U.A, ces interventions variées des puissances extra-africaines
avaient pour conséquence d'inhiber la capacité de
règlement des conflits. Pour parer à toutes ces
incohérences et faire face au dicta des puissances, les africains
doivent, soit dans le cadre de la C.E.D.E.A.O soit dans l'U.A, prendre plus
leur responsabilité en se montrant plus audacieux dans la prise de
décisions ou encore dans la concrétisation de celles-ci sur le
terrain. Aujourd'hui aussi, nous constatons, c'est comme si les chefs d'Etats
africains attendent le « coup de sifflet des puissances comme la France,
les Etats Unis ou autres pour pouvoir se déployer au Mali. Beaucoup
d'analystes africains ont « la chair de poule » lorsqu'ils
entendent parler de la C.E.D.E.A.O ou de l'U.A du fait de leur « OUI
MONSIEUR ». Il n'a presque jamais eu une réelle opposition
entre puissances occidentales et Etats africains dans le règlement des
conflits africains.
D'autres couaques des initiatives africaines sont
également notées dans leur rôle de maintien de la paix et
de la sécurité dans le continent en général et en
Afrique de l'Ouest en particulier. Ceci pourrait même justifier
l'intervention de l'O.N.U dans la zone. Ainsi donc, il convient de se pencher
sur d'autres faiblesses africaines qui justifient parfois l'inefficacité
de leurs actions et les critiques formulées en leur rencontre.
|