CHAPITRE II : Les faiblesses de
l'intervention onusienne
Depuis un certain nombre d'années, l'Organisation des
Nation Unies effectue des interventions dans la zone Ouest-africaine. Ces
interventions résultent de la récurrence des conflits
armés qui minent l'espace. Parmi ses tentatives, nous pouvons faire
étalage de quelques unes. Il s'agit en outre55, des actions
menées au Libéria, au Congo, en Guinée, Sierra
Léone, au Nigéria. Toutefois, son intervention en Côte
d'Ivoire reste salutaire.
Si nous faisons le résumé de l'ensemble des
actions d'intervention de l'O.N.U dans cette partie de l'Afrique, les
défaillances restent énormes. Ainsi, une étude
éclairée de ces défaillances nous amènera à
voir dans un premier temps ; les défaillances relatives aux prises des
Résolutions (SECTION I) et dans un second temps ;
celles liées à la neutralité et aux changements inattendus
des missions en cours des Nations Unies (SECTION II).
SECTION I : Faiblesses dans
l'autorisation des O.M.P
Trop souvent, le débat public se réduit à
des caricatures destinées à nourrir des affrontements simplistes,
à agiter des peurs et à discréditer des adversaires. C'est
ce qu'on observe en ce moment avec les controverses constatées au sein
des membres permanents du Conseil de Sécurité de l'O.N.U dans la
crise Syrienne par exemple.
Comme nous le savons tous, il n'est pas facile pour le conseil
de sécurité des Nations Unies de prendre une résolution
permettant de résoudre résolument les crises qui hantent
l'Afrique en général et l'Afrique de l'Ouest en particulier.
Autrement dit, les résolutions des Nations Unies même prises,
restent le plus souvent inefficaces.
55 Charte de la C.E.D.E.A.O (Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest).
Dès lors, l'impossibilité d'agir promptement et
efficacement de la part du conseil de sécurité d'une part
(PARAGRAPHE II) et la méfiance dans les missions
d'autre part méritent d'être notre attention (PARAGRAPHE
II).
PARAGRAPHE I : Impossibilité d'agir promptement et
efficacement
L'organisation des Nations Unies souffre
d'un autre problème : l'incapacité d'agir promptement lorsqu'une
crise éclate et de déployer rapidement des forces de maintien de
la paix.
Certains organes politiques fonctionnent selon le principe du
consensus et sont régis par d'importantes institutions bureaucratiques.
Leurs décisions peuvent donc se faire attendre même si des signaux
indiquent que des crises menacent. Même lorsqu'il existe en principe la
volonté de mettre sur pied une opération onusienne de maintien de
la paix, il est extrêmement difficile de mettre en place les accords
nécessaires et de mobiliser les forces pour atteindre à temps la
zone de conflit. L'O.N.U (ni aucun autre organe multilatéral) ne dispose
d'une force permanente d'intervention rapide pouvant être utilisée
dans de telles situations.
Le système de maintien de la paix s'organise autour des
chapitres VI et VII de la Charte des Nations Unies. L'articulation entre ces
chapitres avait été conçue par les auteurs de la Charte de
manière à rechercher, selon une certaine harmonie, les meilleures
adaptations et réactions possibles aux diverses situations à la
fois en ouvrant un éventail gradué allant des modes classiques de
règlement des différends jusqu'au système
sophistiqué de sécurité collective s'agissant des
procédures utilisables56. Il faut noter que les
mécanismes n'ont pas fonctionné comme prévu.
Les blocages du conseil de sécurité sont dans
une moindre mesure liés au manque de personnel mais aussi au refus de
certains bailleurs d'appuyer financièrement les actions de
rétablissement de la paix dans les zones de conflits. Un recours
à des palliatifs est encore nécessaire et l'obstacle majeur
à une action dépassant le simple maintien de la paix est non
seulement l'étendue des besoins en hommes et en matériels et donc
le coût de l'opération mais surtout la résistance des Etats
à engager des vies57.
56 Cf. La communication de M. Flory, «
Mesures, actions et recours à la force dans le chapitre VII de la Charte
».
57 Cf. « actualités des conflits
internationaux », colloque des 4 et 5 décembre 1992.
Le conseil de sécurité de l'O.N.U n'étant
pas une entité étatique dotée d'une « autonomie
» financière et d'une indépendance décisionnelle,
reste très souvent cloué en temps de conflits. Il s'agit en fait
d'une organisation universelle de paix qui reçoit le concours d'un
certain nombre d'Etats et d'institutions internationales pour pouvoir faire
face aux conflits qui s'sévissent dans le monde.
Le conseil de sécurité ne dispose pas de forces
d'attente ou encore moins de ressources financières suffisantes pour
engager promptement les actions de paix dans le monde. Aujourd'hui, le Mali
constitue un bel exemple. Le constat est que les rebelles Touaregs joints aux
combattants d'an sardine sont entrain d'envahir le pays en occupant d'abord le
nord et la communauté internationale à l'instar du conseil de
sécurité, de l'U.A et de la C.E.D.E.A.O, se moue dans un silence
presque total.
Cette problématique des ressources financières
ajoutée à la mobilisation des vies humaines pour engager une
guerre, constitue le plus souvent un obstacle majeur à cette quête
de paix des Nations Unies dans la zone Ouest-africaine. Ceci nous fait penser
à la crise Ivoirienne qui avait éclaté en l'an 2002
faisant état d'une atrocité d'une rare violence entre les forces
loyalistes du camp de Laurent Gbagbo, et les forces rebelles du nord. Il a
fallu l'intervention musclée de la France pour mettre fin à la
guerre. La France, du fait de sa proximité historique avec la Côte
d'Ivoire, s'était sentie plus que concernée par les autres Etats
et avait décidé de faire la guerre dans cette zone. A notre avis,
ceci est inadmissible car le conseil de sécurité doit être
là pour toute la communauté internationale et non pour une
portion d'Etats dans lesquels les grandes puissances ont
intérêt.
Aujourd'hui, on constate de plus en plus que l'Organisation
des Nations Unies met en avant la question de la régionalisation du
règlement des différends. Pour elle, l'approche régionale
du règlement d'un différend quelconque est fréquemment la
meilleure58. Le cas du Libéria montre comment parfois les
Etats de la région sont trop impliqués pour pouvoir
résoudre le problème d'une façon impartiale et froide.
Si l'O.N.U avait été chargée depuis le
début de s'occuper de la question du Libéria, ce que les Etats de
la région ne voulaient pas, elle aurait peut-être eu une approche
différente. Il y a certains principes, ou certaines pratiques pour ainsi
dire, conformément auxquels on n'invite presque jamais un Etat voisin
d'une région dans laquelle il y a un différend à
participer à l'opération de maintien de la paix.
58 Cf. colloque des 4 et 5 décembre 1992,
Edition A. PADONE, 13 Rue Soufflot, Paris.
Finalement, devant la gravité de la situation du
Libéria et devant l'impasse, les pays de la région ont
demandé au conseil de sécurité de l'O.N.U de jouer un
certain rôle en ce qui concerne les sanctions, et au Secrétaire
Général de jouer un certain rôle plus direct. Le conseil de
sécurité a effectivement demandé à ce dernier de
nommer un représentant spécial comme facilitateur.
Cette idée de régionalisation est plus que
jamais importante, toutefois, il nous faut souligner que les organisations
régionales n'ont pas les moyens de l'accomplir. Il ne s'agit seulement
pas de l'Organisation de l'Unité Africaine mais aussi de la C.E.D.E.A.O
qui est interpelée au premier plan dans les crises Ouest-africaines.
D'aucuns ont avancé que les sociétés
privées de services de sécurité et militaires pourraient
être mobilisées et déployées beaucoup plus
rapidement que les forces multilatérales classiques. Il pourrait
être beaucoup moins cher de faire appel à ces
sociétés lorsque cela s'avérerait nécessaire
plutôt que d'entretenir une force permanente composée de
contingents nationaux fournis par les États Membres de l'O.N.U. Les
missions du conseil de sécurité sont encore entravées par
la méfiance ou réticence des Etats vis-à-vis des
Opérations de Maintien de Paix (O.M.P).
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