3.4.1. Effets sanitaires et
environnementaux
Aucune étude quantitative n'a été
menée pour déterminer les impacts de la production de coton
biologique sur l'environnement et la santé des producteurs, leurs
proches et leurs animaux. Toutefois, ces effets (impacts) sont basés
sur des témoignages de producteurs et des constats aux champs. Des
producteurs de coton biologique interrogés estiment qu'ils souffrent
moins de maladies comparativement aux effets induits par les intrants chimiques
utilisés en culture conventionnelle, donc moins sujets aux
intoxications alimentaires. Ainsi, « des producteurs ont
déclarés avoir mangé juste après les séances
de pulvérisation sans s'être lavés correctement les mains
et que cela n'avait eu aucun effet sur leur santé ». Il s'agit de
pulvérisation d'extrait de neem. Certains témoignages ont
révélés que « les feuilles de neem
préparées en mélange avec d'autres feuilles donnent une
tisane qui peut guérir la constipation ». Une réduction des
problèmes de santé signifie pour les producteurs moins
d'investissement dans les dépenses médicales, une
amélioration de leur performance et un gain d'efficacité dans
leurs activités agricoles. Au plan environnemental, des divers constats
faits par des producteurs, il ressort que sur les sols ayant reçu de la
matière organique, il y a réapparition de termitières et
d'un groupe important de vers de terre dans les champs de coton (ce qui
signifie une régénération de la fertilité des sols)
et la préservation des prédateurs naturels des ravageurs
réalisant ainsi un équilibre biologique entre prédateurs
et parasites, donc une préservation de la biodiversité).
D'autres observations ont montré que les cours d'eau
situés près des champs de coton biologiques étaient moins
pollués en raison de la réduction de la quantité de
pesticides utilisés dans ces zones et les ressources halieutiques sont
ainsi moins intoxiquées.
3.4.2. Effets
socio-économiques
Les aspects pris en compte sont la sécurité
alimentaire et le revenu des producteurs. Dans le projet pilote, des
producteurs ont constaté une augmentation des rendements des
céréales (maïs, sorgho, mil) qui viennent en rotation
à la place du coton biologique. Cela est dû à la forte
fertilisation des parcelles biologiques qui profite aux céréales
en tête de rotation. Cette augmentation des rendements peut assurer une
autosuffisance alimentaire favorisant « à terme une bonne
reproductivité des ménages et la garantie de la
pérennisation des exploitations ».
La production du coton biologique génère dans la
commune de Banikoara, des revenus dont les valeurs sont
appréciées par les exploitants agricoles. En effet, les revenus
des producteurs dépendent de quatre facteurs principaux: du rendement,
des coûts de production, du prix du marché, et des risques de
production. Il y a donc pour les producteurs quatre moyens de gagner des
revenus plus importants et plus durables grâce à l'agriculture
biologique. Ainsi, pour harmoniser ces quatre moyens, les producteurs passent
d'abord par la réduction des coûts de production
(particulièrement les intrants externes comme les pesticides et les
engrais chimiques). Par l'amélioration des rendements grâce
à une bonne gestion de la fertilité du sol (rotation des
cultures, apport d'engrais naturels). Ensuite, les producteurs cherchentdes
meilleurs prix pour leurs produits par l'accès aux marchés
rémunérateurs, le prix garanti du commerce du coton biologique.
Enfin, la réduction des risques de production par la
prévention des ravageurs, la diversification des cultures et le fait
d'être moins dépendant des prix fluctuants du coton sur le
marché mondial est le dernier moyen mise en oeuvre par les
producteurs.
Afin de maximiser ses revenus net, chaque producteur et
productrice doit choisir la stratégie la mieux appropriée
à son exploitation. Dans les zones où il y a le risque de
sécheresse ou de pluviométrie irrégulière, beaucoup
de paysans choisissent la stratégie `'moindre coût, moindre
risque'' qui vise à réduire les coûts de production (1) de
même que les risques de production (4), tout en visant des rendements
moyens (3). Les producteurs qui suivent cette stratégie cherchent
à produire suffisamment d'intrants dans leur exploitation même
(compost, fumier de bétail, engrais liquides, pesticides naturels etc.)
et mènent la plupart des activités avec la main d'oeuvre
familiale.
En somme, les cotonculteurs de la commune de Banikoara de part
les recettes générées par le coton, arrivent à
satisfaire leurs besoins et contribuent au développement social,
économique de la commune par le payement des taxes.
Les producteurs interrogés affirment que la culture du
coton biologique a contribué à augmenter leurs revenus
monétaires.
3.4.3 Importances de la rotation de
culture
Il est important de cultiver le coton biologique en rotation
avec d'autres cultures, parce que la culture de coton
répétée successivement dans le même champ conduit
à la baisse des rendements. La rotation des cultures et l'assolement ne
contribuent pas seulement à améliorer et/ou maintenir la
fertilité du sol, mais empêchent aussi l'émergence des
populations de ravageurs, de maladies et de mauvaises herbes. En outre, le
nombre de ravageurs est limité par les insectes utiles et les oiseaux
qui trouvent leur habitat dans les cultures de rotation ou d'assolement. La
diversité des cultures réduit aussi les risques
économiques des producteurs, en les rendant moins vulnérables aux
mauvaises récoltes et à la fluctuation des prix. En plus, en
culture de rotation ou d'assolement, les travaux sont mieux distribués
durant l'année. Selon les conditions climatiques, la situation du
marché et la disponibilité de la terre, plusieurs schémas
de rotation avec du coton sont possibles (voir tableau 4). Tout producteur de
coton bio devrait forcement intégrer les légumineuses dans son
schéma de rotation. Lorsque le coton est cultivé à la
suite de légumineuses (soja, pois chiche, arachides etc.), on obtient de
très bons rendements car les légumineuses augmentent la teneur
d'azote dans le sol en fixant l'azote de l'air. La fixation est faite par une
bactérie (Rhizobium) qui vit dans les noeuds des racines des plantes
légumineuses.
Tableau IV: schémas de rotation
tirés de projets de coton biologique.
types
|
1èreAnnée
|
2ème Année
|
3ème Année
|
1(idéal)
|
coton
|
Céréales(maïs, fonio, sorgho) ou
sésame ou hibiscus.
|
Culture légumineuse (haricot, niébé,
arachide)
|
2
|
coton
|
Culture légumineuse(haricot, niébé,
arachide,voandzou)
|
coton
|
3
|
coton
|
Céréale (maïs, sorgho) ou
sésame ou hibiscus
|
coton
|
Source : Résultat d'enquête,
décembre 2014
|