Paragraphe 2. Résultats de l'enquête
réalisée auprès des fonctionnaires
non-bancarisés
L'amélioration du niveau de bancarisation des
fonctionnaires de la fonction publique passe avant tout par l'adhésion
de chaque agent aux principes des banques.
Il est donc primordial de déceler les attentes des
fonctionnaires bancarisés et non bancarisés, afin d'envisager des
solutions porteuses d'intérêt.
1) Analyse de la perception des banques
par les non-bancarisés
L'enquête réalisée auprès des
agents de la fonction publique non titulaire d'un compte en banque, nous a
permis de déceler la perception qu'ils ont des banques et
d'énumérer les raisons pour lesquelles ils ont opté pour
le paiement au billetage. Ces raisons sont multiples :
- manque de
proximité pour 86% des enquêtés : la
proximité est un facteur déterminant pour la bancarisation des
fonctionnaires dans notre cas spécifique et de façon
générale pour tous les particuliers, professionnels et
entreprises. Ne disposant pas d'implantations bancaires dans leurs zones de
travail et d'habitation, les fonctionnaires souscrivent à la formule de
billetage, pour éviter de se déplacer à leurs frais
à chaque fin de mois dans les villes disposant d'une banque ;
- manque de transparence dans les frais bancaires
pour 67% des enquêtés : les fonctionnaires
non-bancarisés dénoncent le manque de transparence des banques de
la place qui communiquent sur les avantages de leurs offres pour favoriser
l'adhésion de la clientèle. Elles n'informent pas leurs prospects
sur l'ensemble des charges et autres frais liés à chaque offre
commerciale ;
- recherche du profit pour 36% des
enquêtés : les fonctionnaires
non-bancarisés dénoncent également la recherche de profit
qui anime chaque institution bancaire. Celles-ci s'adressent
généralement à la clientèle élite envers
qui, elles proposent de meilleures offres en termes de prix et en termes
d'accueil. Pour reprendre leurs mots : « les banques sont des
escrocs, elles ne s'adressent qu'aux riches et se font du
bénéfice sur le dos des clients » ;
- conditions difficiles pour l'octroi des
prêts pour 33% des enquêtés : 1/3 des
enquêtés affirment que les conditions d'octroi de prêts sont
difficiles à réunir ;
- méconnaissance des banques pour 21%
des enquêtés : la méconnaissance des banques
est également un facteur qui conduit les fonctionnaires à ne pas
y adhérer ;
- les banques n'ont pas de
crédibilité (risque de faillite ou de
crise) pour 18% des enquêtés : elles peuvent tomber en
faillite du jour au lendemain et ne pas être en mesure de payer le
salaire de leurs clients ;
- complexité des
procédures : la complexité des
procédures bancaires est également un élément qui
joue en défaveur de la bancarisation des fonctionnaires. Cette raison
est avancée pour 14% des enquêtés ;
- les banques ont une mauvaise gestion et un
manque de rigueur par rapport aux virements de salaire pour 7% des
enquêtés : ce qui conduit à des
prestations de services insatisfaisantes ;
- exigence et inflexibilité pour 5% des
enquêtés : les fonctionnaires au billetage
invitent les banques à adapter leurs conditions en fonction de la
situation financière du client et à ne pas rester figés
sur leurs procédures.
- les banquiers ne sont pas
humbles pour 1% des enquêtés : (les banques
jouent au grand patron devant les clients) : les fonctionnaires
dénoncent également les aires de supériorité que
prennent des agents de banque.
Par ailleurs, les raisons spécifiques qui motivent le
choix du billetage sont les suivantes. Elles viennent en complément des
raisons citées ci-dessous :
- le billetage ne nécessite pas de
frais ;
- les revenus sont insuffisants et ne peuvent
supporter en plus des charges additionnelles telles que les frais
bancaires ;
- l'habitude de se faire payer au
billetage ;
- les détournements de fonds dans les
banques ;
- les retards dans les virements
bancaires ;
- le piratage des données
bancaires ;
- les braquages des banques.
97% des fonctionnaires non-bancarisés
enquêtés ont des projets d'acquisition de biens
d'équipements, de biens immobiliers et des projets d'investissement pour
lesquels ils ne disposent pas de fonds nécessaires pour la mise en
oeuvre.
Ils font recours à des pratiques traditionnelles
d'épargne et de crédit qui ont toujours existé en Afrique
subsaharienne. On retrouve tous les flux financiers
générés par le réseau des marchands, de
prêteurs professionnels, des amis, de la famille, des gardes-monnaie,
ainsi que des tontines. Ces flux qui échappent au secteur bancaire
constituent un ensemble fort disparate qui ne doit son unité qu'à
la proximité des relations entre les débiteurs et les
créanciers.
Les inconvénients de ces pratiques traditionnelles
d'épargne et de crédits sont multiples :
- faible montant des capitaux collectés ;
- long délai pour bénéficier des
fonds ;
- mésententes et disputes ;
- retards de paiement ;
- défaillances de remboursement ;
- pertes en cas de décès.
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