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Les nouvelles pratiques du métier de diplomate.

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
ENA de Paris - Stage 2014
  

Disponible en mode multipage

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A Son Excellence Paul BIYA, Président de la République et Chef de la Diplomatie Camerounaise.

« Je me réserve de revenir plus en détail prochainement sur ce que

l'on pourrait appeler la « renaissance » de notre diplomatie »

Discours à la Nation, le 31 décembre 2010.

REMERCIEMENTS

Ce rapport de stage est l'aboutissement de beaucoup d'efforts consentis tant aux plans professionnel, scientifique, individuel que familial.

A cet effet, je voudrais remercier ici collectivement ou nommément certaines des personnes qui m'ont guidé et accompagné sur ce chemin plein de détours.

J'exprime d'abord mon immense et déférente reconnaissance à l'endroit du Gouvernement de la République du Cameroun qui, à travers le Ministère de l'Enseignement Supérieur (MINESUP), a bien voulu accepter présenter officiellement ma candidature à l'ENA (Ecole nationale d'Administration)-CISAP (Cycle International Spécialisé en Administration Publique).

J'adresse mes très sincères remerciements au Pr. Jacques FAME NDONGO, Ministre de l'Enseignement Supérieur, pour la confiance qu'il a bien voulu placer à ma modeste personne ainsi que pour les moyens mis à ma disposition pour le bon déroulement du stage.

Je tiens également à exprimer toute ma gratitude à Messieurs les Professeurs NGOMO Horace MANGA et Michel TJADE EONE, respectivement Secrétaire Général et Chef de Division de la Recherche et de la Coopération Universitaires (DRCU) du MINESUP, pour leurs conseils et encouragements, lesquels ont contribué à la qualité de mon rendement.

Des remerciements chaleureux vont aussi à l'endroit des responsables de l'Ambassade de France à Yaoundé, ceux en charge de l'administration à l'ENA, des Intervenants de notre formation, les co-stagiaires, qui m'ont assisté, encadré, formé, aidé et conseillé au cours des différentes phases de ce stage et qui m'ont offert un cadre de travail agréable et chaleureux.

Je ne peux taire plus longtemps la gratitude particulière que j'aie vis-à-vis de quelques êtres chers : Mon feu Père Daniel Rabelais qui, à travers Dieu, a fait de moi ce que je suis ; Ma Mère Marie Clémence pour son amour maternel inestimable ;Monsieur Moise AKOM MVONDO, pour sa sollicitude constante et permanente à mon égard ; Madame Nathalie Florette LAFARE, Messieurs Wesley Willy MEKA et Michel POULLAIN qui, ont transformé une aventure intellectuelle et professionnelle individuelle en aventure collective à travers leur encadrement ; Monsieur Salomon Valentin UM pour sa franche collaboration.

Et, last but not least, ma famille qui a tant enduré pendant mon absence. C'est avant tout à mon épouse Suzanne Fannie, à qui je dédie ce rapport consacré à ce stage. Depuis le début de notre vie conjugale jusqu'à nos jours, elle a été et demeurera une partie complémentaire et nécessaire dans l'assomption de mes nobles missions professionnelles. Aussi, voudrais-je associer toute l'intelligence dont sont capables nos enfants Kévin Faniel, Darel Rabelais, Maeva Elsa, Maella Alexandra, qui déploient leur débrouillardise et leurs facéties et vivent une enfance rayonnante dans cette cohabitation extraordinaire et généreuse de leurs parents.

INTRODUCTION GENERALE

Le Décret n° 2000/697/PM du 13 septembre 2000 fixant le régime de la formation permanente des fonctionnaires stipule expressément que l'Etat camerounais est tenu d'assurer au fonctionnaire en activité une formation permanente en vue d'accroître ses performances.

A cet effet, il y est unanimement reconnu que le contenu de la formation est indissociable de tout projet de modernisation de l'administration en ce sens que, ce sont les agents fraîchement formés qui contribuent, pour une large part, à y introduire les nouvelles conceptions, techniques et méthodes nées des avancées scientifiques et technologiques. Ayant compris cette leçon de l'histoire et cette exigence de la raison, nous avons introduit notre candidature, eu égard à notre formation de Diplomate ainsi que notre poste de Chef de cellule de la Coopération Universitaire (Cf. Circulaire N°009/CAB/PM du 27 septembre 2007)1(*), afin de prendre part à un stage de perfectionnement d'une durée de quatre (04) semaines à l'ENA de Paris.

Ainsi, après avoir pris langue à travers un appel téléphonique, en date du 22 mai 2014, avec le Service de Coopération et d'Action Culturelle de l'Ambassade de France à Yaoundé dans le but de nous assurer de l'accord préalable de notre candidature pour le stage sollicité, nous nous sommes immédiatement lancés dans les préparatifs pour notre participation audit stage (cf. documents joints en annexe).

Partis du Cameroun le samedi 31 mai 2014, par vol Air France, à l'Aéroport International de Yaoundé Nsimalen aux environs de 23h 55 min, nous sommes arrivés en France le dimanche 01 juin 2014 à 06 h 40 min. Nous avons été accueillis à l'aéroport de Paris Roissy Charles de Gaulle par notre soeur Madame Nathalie Florette LAFARE résidant à Paris. Par la suite, cette dernière, non seulement nous a accompagnés à l'Hôtel, mais également nous a permis de faire la connaissance de notre lieu de stage le même jour.

Ce stage qui a pour thème « les nouvelles pratiques du métier de diplomate » a débuté le 02 juin 2014 à l'ENA de Paris. Arrivés dans cette Ecole aux environs de 10 heures, l'accueil et la prise de contact relatifs au début de notre stage, se sont effectués, d'abord dans le hall du bâtiment pour ce qui concerne le petit déjeuner et le réglage des aspects logistiques et matériels liés à la formation, ensuite dans la salle N°6 s'agissant de la cérémonie d'ouverture proprement dite. Ladite cérémonie a été présidée par Madame Aurélia SMOTRIEZ, Conseillère pédagogique à l'ENA. Avant de dérouler le programme de la formation et de procéder à la présentation des 27 auditeurs issus de différents pays du monde, cette dernière a tenu à souhaiter la bienvenue à tous les participants au nom de Madame la directrice empêchée.

Arrivé à son terme le 27 juin 2014, jour de la remise des attestations de spécialité aux stagiaires, ce stage qui, nous a permis d'être en contact avec des hauts responsables férus d'expériences et hissés au sommet des grades du corps des fonctionnaires de la diplomatie française et étrangère, des experts ainsi que des figures emblématiques de la citadelle universitaire française, a été une expérience professionnelle et humaine extrêmement enrichissante qui a dépassé très largement les possibilités de prévisions offertes à notre esprit. Il nous a donc permis d'enrichir notre pratique professionnelle par l'actualisation des connaissances, par la discussion approfondie avec les meilleurs spécialistes, par la confrontation de notre expérience avec celle de collègues venus du monde entier, bref par l'ouverture à une dimension d'administration comparée essentielle pour un fonctionnaire. Nul doute que cette formation nous permettra d'être à la hauteur des attentes et des espérances que le Gouvernement camerounais a placées en notre modeste personne. Ce stage répond aussi et peut-être avant tout, à une démarche indispensable pour tout fonctionnaire qui veut être en phase avec les exigences de l'administration moderne, de se former tout au long de sa carrière pour être plus efficace au service de son pays et de ses concitoyens.

Dans ce rapport, nous voudrions d'une part, rendre compte du cadre et du contexte dans lequel notre stage s'est déroulé et, d'autre part, évoquer les mobiles qui sous-tendent la nécessité de réformer les pratiques du métier de diplomate, en présentant les grands thèmes qui ont été développés à cet effet.

PREMIERE PARTIE :

PRESENTATION DU CADRE ET DEROULEMENT

DU STAGE

En vue de saisir l'intérêt et la pertinence que suscite ce stage, il est intéressant d'abord de mettre en lumière le cadre dans lequel ce dernier a été effectué. Ensuite, il sera indispensable d'esquisser les temps forts qui ont marqué son déroulement.

CHAPITRE I :

PRESENTATION DU CADRE DU STAGE

Dans ce chapitre, pour mieux appréhender le rôle que joue l'ENA dans la formation des cadres, il convient de faire un bref rappel historique de l'institution(I) ainsi que son organisation et son fonctionnement (II).

I. Présentation de l'ENA

L'ENA a été créée par l'Ordonnance No 45-2283 du 09 octobre 1945 du Gouvernement de la République provisoire française, sous la présidence du Général de Gaulle. Implantée à Paris depuis plus d'une soixantaine d'années, d'abord dans plusieurs localités, cette École s'est établi, après un déménagement effectué en 1991 pour son extension à Strasbourg, définitivement au Vème Arrondissement de la ville de Paris en 2002, 2 Avenue de l'observatoire.

Le site de Paris, où nous avons effectué notre stage, accueille un certain nombre d'activités de l'ENA, tandis que tous les autres services sont concentrés à Strasbourg. Les activités parisiennes regroupent les relations internationales et les cycles courts (de 02 semaines à 2 mois) de formation permanente à destination aussi bien des publics français qu'internationaux.

II. Organisation et fonctionnement du stage

Cette Ecole d'application à vocation nationale, européenne et internationale est dirigée depuis 2012 par Madame Nathalie LOISEAU, Ministre Plénipotentiaire. C'est une structure qui dispose des hommes, des femmes et des services à la disposition des élèves et des intervenants. L'ENA compte environ 220 personnes qui travaillent chaque jour au sein des directions pédagogiques et des services transversaux, administratifs ou techniques. Par ailleurs, il ne dispose que de deux (02) enseignants permanents, en français langue étrangère et en sport mais plus de mille (1000) intervenants sont recrutés chaque année pour les différents cycles de formation coordonnés par les directions pédagogiques.

S'agissant de son organigramme, l'ENA comprend une direction et un conseil d'administration. L'institution est organisée en cinq (05) directions, à savoir :

· la Direction de la formation ;

· la Direction des stages ;

· la Direction des relations internationales ;

· la Direction des affaires européennes ;

· le Secrétariat Général.

Le Conseil d'administration quant à lui comprend, outre les délégués des élèves, des personnalités, choisies pour leur compétence, issues de l'Assemblée Nationale, du Sénat et du Parlement Européen. Il traduit dans sa composition la très forte dimension internationale et européenne de l'École. Le président du Conseil d'administration est, de droit, le vice-président du Conseil d'État, plus haut fonctionnaire de l'administration. Le président et les membres du Conseil d'administration sont nommés par décret en Conseil des Ministres.

Depuis sa création, la démocratisation de l'accès à la haute fonction publique et la professionnalisation de la formation des hauts fonctionnaires ont toujours constitué les principes fondateurs de ladite école. Sa mission principale consiste à recruter et à former les hommes et les femmes qui feront vivre et évoluer les administrations, tout en leur transmettant l'éthique du service public, fondée sur des valeurs de responsabilité, de neutralité, de performance et de désintéressement. Elle forme ses élèves dans une double dimension, à savoir : l'expertise dans tous les champs essentiels de l'action publique, selon une logique généraliste et interministérielle (droit, finances publiques, économie appliquée, problématiques européennes et internationales, territorialisation des politiques publiques, administration électronique) et celle du management public(gestion des équipes, gestion des projets, suivi et mesure de la performance collective, contrôle des coûts, gestion des ressources humaines dans un environnement en constante mutation). Parmi d'autres missions dont remplit cette école, nous pouvons entre autre citer :

· la formation initiale des hauts fonctionnaires français et étrangers ;

· la formation continue et le perfectionnement de fonctionnaires français et étrangers, dans le cadre de sessions de courte ou de longue durée ;

· les relations européennes et internationales bilatérales et multilatérales en matière de gouvernance publique et d'administration ;

· la formation aux questions européennes et la préparation aux concours.

CHAPITRE II :

DEROULEMENT DU STAGE

PRESENTATION DU CADRE DU STAGE

Notre stage a consisté essentiellement à l'évaluation de la fonction diplomatique dans le temps, dans l'espace, dans les attributions confiées aux diplomates et dans les compétences requises pour exercer ce métier. Il se trouve qu'elle (cette fonction) est aujourd'hui, largement interrogée dans sa finalité et ses moyens par les enjeux de la mondialisation, de la multiplicité des acteurs internationaux et des mutations technologiques et de communication.

Pour une meilleure compréhension de la formation que nous avons reçue, il apparait approprié de présenter les principaux thèmes qui ont constitué l'ossature de ce stage et dont l'objectif a consisté à mieux nous préparer en tant qu'auditeurs, de nous montrer les aspects d'une activité en pleine mutation qu'est la diplomatie, afin que soyons aguerris et aptes à satisfaire les attentes de nos pays dans ce domaine.

I. L'organisation du stage

Comme nous l'avons évoqué plus haut, Madame Aurélia SMOTRIEZ qui nous a reçus dès notre arrivée, s'est également chargée de nous présenter de façon générale la structure. En plus, c'est elle qui s'est occupée du suivi de notre stage. Cette dernière a mis à notre disposition un chronogramme consacré à notre durée de stage au sein de l'institution. (Voir programme joint en annexe).

Convient-il aussi de préciser que, notre stage est le fruit d'une synergie organisée entre l'ENA, le Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International (MAEDI), certains universitaires et experts français, pour une formation efficiente des fonctionnaires d'administrations étrangèrescadres d'entreprises.

Ainsi, notre stage s'est déroulé autour des principaux thèmes suivants :

- les textes fondateurs de la diplomatie moderne et les perspectives d'évolution de la fonction ;

- l'action diplomatique : exercices de simulation de négociation et de

communication ;

- les différentes fonctions du diplomate : représentation, observation,

information et communication, négociation, protection des

ressortissants et promotion des intérêts du pays représenté ;

- le rôle du chef de poste : fonctions, missions, organisation du travail d'équipe, relations avec les acteurs de la scène internationale, les autorités officielles, les milieux influents de l'État accréditaire, les homologues étrangers ;

- les multiples facettes du métier de diplomate, en poste au sein de l'administration centrale ou à l'étranger, dans les relations bilatérales, régionales ou multilatérales, dans les différents domaines (politique, financier, culturel, commercial), en temps de paix ou de crise.

II. Le Suivi et l'évaluation du stage

Madame Aurélia SMOTRIEZ nous a été d'un apport considérable tout au long de notre stage. Ses orientations d'ordre pratique et méthodologique nous ont donné l'opportunité de gagner en expérience sur la maîtrise des techniques et outils nécessaires à la conduite des relations internationales, à travers des apports théoriques, l'étude de cas concrets, des visites d'études dans les institutions nationales et internationales, des conférences-débats, des exercices de simulation et des témoignages de Diplomates confirmés. Le suivi permanent que notre encadreur a consacré à notre stage nous a permis d'être ponctuel, assidu afin de mieux suivre notre formation. Il est aussi à noter que nous étions soumis, à certains moments, à des séances d'évaluation organisées par des intervenants, pour s'assurer du meilleur suivi de notre stage.

Les cours magistraux : Ils nous ont permis d'acquérir un certain nombre de connaissances théoriques afin d'être aptes à les opérationnaliser ainsi que des compétences constitutives du métier auquel nous sommes appelés à exercer. Ils ont contribué au développement de nos capacités d'autonomie et d'initiative et nous ont permis de pouvoir assumer des responsabilités sur le plan professionnel.

Les visites : elles ont été effectuées au sein des institutions nationales et internationales implantées à Paris, dans le but d'avoir une vision plus globale de l'action internationales de ces dernières. Dans cette optique, j'ai eu l'opportunité de visiter le Ministère des Affaires Etrangères (Quai d'Orsay), l'Organisation de Coopération pour le Développement Economique (OCDE) et l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO). Toutes ces visites ont eu un point d'intérêt commun: le fonctionnement réel desdites institutions en matière de coopération internationale.

Les exercices de simulation : Le stage répondait à une double vocation à travers deux objectifs fondamentaux : assurer une formation hautement professionnelle et préparer les auditeurs par-delà leurs traditions nationales à se confronter au monde réel. Sa particularité consistait à effectuer une simulation de négociations multilatérales portant sur un sujet d'actualité international (négociations sur les changements climatiques, au sein de l'Union Européenne, le soutien budgétaire).

Les exercices pratiques : ils nous ont permis d'opérationnaliser les connaissances acquises au plan théorique. C'était un excellent moyen de vérification des tactiques et stratégies que nous avons présenté dans nos dossiers d'expertise portant sur la négociation diplomatique, la rédaction des télégrammes diplomatiques, la situation de crise, la communication web et les techniques de management d'une équipe, afin de vérifier leur efficacité et de les corriger.

Les ateliers d'échanges d'expériences : cet exercice a consisté à organiser un brainstorming entre les auditeurs afin que chacun puisse s'exprimer librement sur la politique étrangère et les usages culturels de son pays et partager ses expériences et pratiques diplomatiques.

Evaluation du cycle : pour évaluer notre cycle de formation, nous pouvons dire que les connaissances acquises pendant ce stage effectué à l'ENA sont sans le moindre doute l'expérience professionnelle pratique la plus importante dans notre vie et constituent un atout incontestable aussi bien dans notre formation de diplomate que dans celle de la fonction de Chef de Cellule de la Coopération Universitaire que nous exerçons au Ministère de l'Enseignement Supérieur. Aussi, convient-il de préciser que le fait le plus marquant reste le contact et l'opportunité immense que nous avons eu à échanger avec des hauts fonctionnaires étrangers, universitaires et experts intègres, remplis du sens du devoir républicain, fiers de leurs statuts de diplomates , toujours bienveillants, simples et efficaces, sans toutefois oublier les exploitations documentaires que nous avons pu faire dans la bibliothèque de l'ENA.

S'agissant des difficultés rencontrées, nous pouvons affirmer mordicus qu'il n'y a pas eu d'écueils majeurs qui puissent constituer une entrave au bon déroulement dudit stage. Néanmoins, nous évoquons la grève des cheminots qui, plus d'une semaine durant, a fortement influencé notre déplacement de l'hôtel pour le lieu du stage.

DEUXIEME PARTIE :

LES NOUVELLES PRATIQUES DU METIER DE DIPLOMATE

PRESENTATION DU CADRE DU STAGE

La fonction diplomatique a évolué dans le temps, dans l'espace, dans les attributions confiées aux diplomates et dans les compétences requises pour exercer ce métier. Il s'agira donc dans cette deuxième partie, de passer en revue les textes fondateurs de la diplomatie moderne, les perspectives d'évolution de la fonction et l'impact de la mondialisation sur le métier.

Le décor de cette deuxième partie a été planté par le Pr. Bertrand BADIE, Enseignant des Sciences politiques à l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Paris, à travers son exposé portant sur « la diplomatie au XIXème siècle : permanences et nouveaux enjeux ».

Dans son propos liminaire, le Pr. BADIE a d'emblée posé le problème de l'interaction entre le diplomate et les autres acteurs non étatiques pour faire face aux défis de la mondialisation, dans une logique de complémentarité. A cet effet, il est revenu sur la définition du terme « diplomatie » qui doit être retenue par la communauté internationale. Selon lui, la diplomatie est l'art de gérer les séparations telle que définie par le britannique Paul SHARP dans Diplomatic theory. Le travail du diplomate consiste à soigner les séparations, à regarder les différences afin de trouver des solutions atténuantes et non de se plonger dans une tendance actuelle particulièrement périlleuse de la diplomatie, à savoir l'exclusion.

L'intervenant nous a invités à penser les problèmes internationaux dans toute leur complexité, car la divergence des points de vue au sujet de la fin de guerre froide a semblé sonner le glas d'une représentation dominante, c'est-à-dire celle d'un monde bipolaire, pour céder la place à un système international instable, complexe et bien plus difficile à qualifier. L'idée alors d'une domination hégémonique des Etats Unis sur un monde devenu unipolaire est battue en brèche par la mondialisation et l'importance des phénomènes transnationaux. Face à cette situation, les Etats ne sont plus désormais les seuls acteurs influents sur la scène internationale mais cela ne signifie pas que leur rôle dans la conduite de leurs politiques étrangères est marginalisé. L'ordre westphalien marqué par l'établissement des représentations permanentes et la pratique des jeux d'influences par le biais des liens diplomatiques fait face à la montée en puissance de nouveaux acteurs (Organisations Non Gouvernementales (ONG), entreprises, collectivités locales, Organisations Internationales (OI)...), des nouveaux moyens de communication (Internet, visioconférences...), de nouveaux défis qui se posent aujourd'hui à la communauté internationale (prolifération des armes de destruction massive, le terrorisme, le maintien de la paix et le développement, la protection de l'environnement, la poussée démographique et les phénomènes migratoires, les heurts religieux, la libéralisation des échanges, la question de la réforme du Conseil de Sécurité ,etc.). Ces réflexions qui sont d'actualité, sans remettre totalement en cause le modèle stato-centré, constituent la clef d'une réinvention des politiques étrangères des Etats. Elles (réflexions) les invitent à s'adapter aux « turbulences » (J. Rosenau) qui transforment les relations internationales au jour le jour.

Grosso modo, la diplomatie, selon BADIE, longtemps monopolisée par les diplomates, connaît de profonds bouleversements: extension du champ de son domaine d'action, diversification et multiplication des acteurs du jeu diplomatique, dialectique entre les gouvernements, les entreprises et les médias, dialogue avec la société civile, etc. Ce qui rejoint presque l'idée émise dans La confession d'un vieux diplomate de Le Comte de Saint-Aulaire en 1953, à savoir : « La diplomatie que j'ai connue, la diplomatie des diplomates n'existe plus ». Ce qui suscite une réflexion profonde sur le «métier » de diplomate, ses origines, ses transformations et ses perspectives, ses multiples facettes (en poste au sein de l'administration centrale ou à l'étranger, dans les relations bilatérales, régionales ou multilatérales, dans les différents domaines politique, financier, culturel, commercial), en temps de paix ou de crise, etc.), afin de lui donner les «outils» nécessaires pour exercer pleinement ses fonctions et affronter les défis actuels qui s'imposent à lui.

CHAPITRE III :

LA CARRIERE DIPLOMATIQUE

PRESENTATION DU CADRE DU STAGE

Placé au coeur de l'action extérieure de l'État, le diplomate apparaît comme un acteur incontournable dans les relations internationales. Cependant, sa figure classique, investi d'un ensemble de compétences, dont l'exercice suppose la détention d'un certain nombre de qualités, privilèges spécifiques et l'observation d'un ensemble de rituels, fait place à une figure nouvelle: appelé à remplir de plus en plus une fonction de coordination et de mise en cohérence de l'action extérieure ainsi que de servir d'appui à la prise des décisions, le diplomate moderne est tenu de faire preuve de qualités de gestionnaire et de meneur d'hommes. Il est invité à s'ouvrir toujours davantage à la société, en sortant de son ambassade et en jouant le rôle de grand communicant.

I. La formation et le statut diplomatique

La politique de gestion des ressources humaines : pour Monsieur Denis FRANCOIS, diplomate, Chef de Bureau des Politiques Statutaires et de Gestion des Ressources Humaines du MAEDI, l'intégration de la gestion des ressources humaines, au coeur de la stratégie des Etats, est un marqueur de la nouvelle gouvernance de la fonction publique. Dans une logique de performance et de valorisation du service aux citoyens, les administrations s'approprient de nouveaux outils de gestion prévisionnelle des ressources humaines et des techniques de management efficaces. Recrutement, formation, évaluation des agents, rémunérations, gestion des compétences, gestion de l'encadrement supérieur, nouveaux rôles des managers ont été les thèmes centraux de notre formation. À travers des études de cas permettant de croiser les regards public et privé et en favorisant les échanges d'expériences, ce cycle permettra aux auditeurs d'améliorer outils et méthodes en termes de pratiques managériales.

Le recrutement et la formation des diplomates : Pour Monsieur Thierry VALLAT, Diplomate, Chef de Département de la Formation du MAEDI, la carrière d'un diplomate en France, se caractérise par l'importance de la formation initiale et la sélection opérée par l'École nationale d'administration (ENA) et l'École polytechnique. Avoir un bon rang dans le classement de sortie de l'ENA, notamment, agit comme un avantage initial pour espérer occuper en fin de parcours les emplois les plus prestigieux. Les principales voies d'accès aux emplois de catégorie A1 sont l'ENA, d'où sortent les Conseillers des Affaires Etrangères du cadre général intégrant le Quai d'Orsay , le concours pour l'accès à l'emploi de Conseiller des Affaires Etrangères du cadre d'Orient, celui pour l'emploi de Secrétaire des Affaires Etrangères du cadre général, le concours pour l'accès à l'emploi de Secrétaire des Affaires Etrangères du cadre d'Orient, les Instituts Régionaux d'Administration (IRA) pour les Secrétaires des Affaires Etrangères d'administration. Ainsi, réussir sa carrière nécessite donc la construction d'une réputation, de compétences spécialisées, de réseaux relationnels, des investissements et des sacrifices variables suivant l'origine et le parcours. Il faut parfois « être prêt » à accepter, avec de courts délais de réflexion, des postes géographiquement éloignés ou demandant une très grande disponibilité, ce qui suppose des arrangements familiaux différents suivant l'âge ou le sexe.

La carrière est largement déterminée par la capacité à construire un réseau et à bâtir une réputation, ce qui peut prendre des formes différentes suivant la spécialité ou la filière plus particulièrement suivie et peut être plus ou moins facilité par les contraintes d'ordre familial. Les carrières les plus rapides, les plus « cohérentes » et les plus « brillantes » sont celles d'énarques qui ont très tôt su se constituer une spécialisation, notamment en multilatéral. Les diplomates issus des IRA sont les moins avantageux dans ce cadre.

Il existe au sein du MAEDI des filières qui s'apparentent à une division sociale du travail entre  métiers. Sans présager de leur ordre, la première  filière  est structurée autour des postes bilatéraux. On y accède le plus souvent, mais pas exclusivement, par le concours d'Orient, cette affectation correspondant fréquemment à une spécialisation sur une aire géographique. La seconde  filière  est multilatérale. Les agents sont plutôt issus du concours externe de l'ENA. La carrière se déroule au sein des Représentations permanentes importantes ; elle est souvent associée à une spécialisation technique dominante (questions stratégiques et d'armement, questions économiques et financières, etc.). La filière consulaire, enfin, commence souvent par un premier poste en catégorie B et même C, et se termine, le cas échéant, par un poste de consul général, voire parfois d'ambassadeur dans un petit pays. Des postes administratifs (secrétaire général d'ambassade, chef de Service) sont parfois occupés en milieu de carrière.

Au service de ces objectifs, le ministère des Affaires étrangères et du Développement international conçoit et met en oeuvre la politique étrangère en s'appuyant sur le travail interministériel qu'il anime et sur un réseau à l'étranger, le deuxième du monde et en constante adaptation aux réalités internationales. Avec un effectif total de 25 000 employés (services centraux et extérieurs) et dont, pour le réseau diplomatique : 163 ambassades, 16 représentations permanentes auprès d'organisations internationales, 04 délégations auprès d'organisations multilatérales et 04 antennes diplomatiques. S'agissant du réseau consulaire : 92 consulats généraux et consulats, 130 sections consulaires, 5 chancelleries détachées plus de 500 agences consulaires. Pour ce qui est du réseau culturel :161 services de coopération et d'action culturelle, dont 101  Instituts français 27 instituts de recherche subventionnés, 400 alliances françaises subventionnées par le MAEDI.

Le statut diplomatique : immunités et privilèges : Madame Marie-Jeanne De COQUEREAUMONT, Diplomate, Sous-directeur des Privilèges et immunités diplomatiques et consulaires du MAEDI, nous a entretenu sur le fait que la carrière diplomatique est codifiée par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961 et par la Convention de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963. En effet, poursuit-elle, les deux conventions soulignent dans leur préambule, les fonctions d'une mission diplomatique et précisent aussi que le but des privilèges et immunités ne consiste pas à avantager des individus mais d'assurer l'accomplissement efficace desdites fonctions. Elles précisent également que toutes les personnes qui en bénéficient se doivent respect des lois et règlements de l'Etat hôte.

En vertu donc des conventions suscitées, les agents diplomatiques ainsi que leurs familles, bénéficient des privilèges et immunités de juridiction de l'Etat d'accueil, au point de vue pénal, avec quelques exceptions de détail au point de vue civil. Les membres du personnel technique et administratif bénéficient des immunités de même ordre bien que moins importantes, pour les actes accomplis au cours de leurs fonctions sous réserve qu'ils ne soient pas des nationaux ni des résidents permanents de l'Etat hôte. L'immunité diplomatique va ainsi de pair avec certains privilèges fiscaux, principalement l'exemption de l'impôt sur le revenu de l'Etat d'accueil. L'inviolabilité concerne aussi bien les personnes que leurs biens (locaux officiels, correspondance officielle, la valise diplomatique, demeure privée, les bagages, documents, biens privés des diplomates, etc.). Ces agents n'en restent pas moins soumis aux dégâts commis par eux-mêmes, risques sanitaires et aux menaces sécuritaires (ordre public, conflits internes et externes, terrorisme). Dans la mesure où ils représentent une puissance étrangère qui prend ses responsabilités et s'engage dans le monde, ils sont les cibles privilégiées de certaines abus et attaques. A cet effet, compte tenu de la complexité de cette tâche, le diplomate qui en est chargé doit faire preuve de grandes qualités pour savoir gérer, débusquer et traiter les dossiers difficiles. Elle nous a également recommandé de faire preuve de beaucoup d'humilité dans ce travail délicat (démêlés judiciaire, titre spécial, privilèges fiscaux, etc.), car moindre faux pas, cela peut avoir des répercussions au plan diplomatique. Elle nous a cités en exemple, le cas d'un Ambassadeur appelé en urgence par son Chef de l'Etat et qui, en excès de vitesse, écrase deux enfants au Sud de la France. Dans ce cas, c'est l'Ambassadeur en question lui-même qui a demandé aux autorités de son pays de lever son immunité afin de répondre à l'acte qui lui est reproché.

II. Communication et action diplomatiques

Monsieur Vincent FLOREANI, Porte-parole Adjoint du MAEDI, a s'est appesanti sur la communication et action diplomatiques : le cas du MAEDI. La fonction de communication des missions diplomatiques ne figure nulle part dans les textes officiels, mais elle valorise toutes les autres. Communiquer, c'est d'abord expliquer ce que fait la France aux autorités locales et à tous les acteurs qui peuvent exercer une influence ; pas seulement la politique de la France envers le pays de séjour, mais ses positions sur les sujets d'actualité. Depuis Paris, la Direction de la communication et de la Presse (DCP) transmet chaque jour les textes et déclarations officiels aux postes qui reçoivent aussi par télégrammes des commentaires sur les événements internationaux. Il appartient aux missions de faire le meilleur usage de ce matériel en fonction des circonstances. Le MAEDI n'agit pas de même qu'aux États-Unis, où le lobbying est la règle, et dans tel pays autoritaire, où une ambassade trop active auprès de l'opinion serait vite taxée d'ingérence. Communiquer, c'est plus largement faire connaître la France, au-delà des clichés. La France n'a certes pas à renier sa gastronomie et ses parfums, mais c'est une tâche toujours recommencée que de rappeler qu'elle produit aussi des Trains à Grande Vitesse (TGV) et qu'elle est la quatrième puissance économique du monde.

Le rôle du Chef de poste : d'un point de vue tiré d'une expérience diplomatique particulière de quarante années et d'une vingtaine d'années de Chef de Poste, Monsieur Pierre MOREL, ancien Ambassadeur de France, nous a enseignés qu'il y a tout un apprentissage à faire une fois que l'on est Chef de Poste. Il a rappelé que les méthodes de travail sont organisées, à savoir : instructions au départ, correspondance diplomatique régulière, rapports de fin de mission. L'écrit devient le support usuel des relations entre diplomates. Le bilatéralisme devient le prototype de la structure diplomatique. L'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire est le représentant du Chef de l'Etat à l'étranger ; il assure ainsi une fonction traditionnelle telle qu'elle résulte de la pratique internationale. Ses pouvoirs se fondent sur deux actes qui confèrent sa qualité : sa nomination et son accréditation. La nomination fait de lui le dépositaire de l'autorité de l'État d'envoi dans le pays d'accueil mais n'est pas suffisante ; ce n'est qu'après la présentation de ses lettres de créance qu'il acquiert la pleine capacité à exercer ses fonctions parmi lesquelles :

La représentation : cette fonction confère à l'Ambassadeur le pouvoir de représenter son pays auprès du pouvoir central étranger. Cette mission de représentation a évolué sur trois plans : l'étendue du champ des personnes représentées, le contenu des politiques représentées et l'éventail des personnes auprès desquelles s'exerce cette représentation. La fonction de représentant de l'État doit être renforcée. Elle englobe désormais la coordination des interventions des diverses administrations lorsqu'elles ont une incidence sur la conception ou l'exécution de la politique étrangère d'un Etat, afin d'assurer leur cohérence. Cette mission est d'autant plus importante que les acteurs sont toujours plus nombreux sur la scène internationale. Tous les ministères se sont dotés de services internationaux. L'ambassadeur continue d'être l'intermédiaire obligatoire entre deux gouvernements, le sien et celui après duquel il est accrédité. Cette mission de représentation des ambassadeurs peut se trouver affaiblie par le développement des contacts directs entre dirigeants et experts. Il est plus que jamais indispensable que les ambassades se tournent vers des interlocuteurs plus divers et représentent l'Etat non seulement auprès des instances dirigeantes du pays considéré, mais aussi auprès des responsables de la formation de l'opinion : organismes professionnels, universités, entreprises, associations. La représentation d'un pays signifie également la promotion de son image dans les médias, qui apparaît aujourd'hui aussi indispensable que l'analyse des informations et la préparation des décisions. L'explosion des relations internationales tant bilatérales que multilatérales élargit considérablement la mission de représentation de nos ambassades et de nos consulats. Ils ne sont plus seulement les représentants de l'État ; ils deviennent une administration au service de la nation et de toutes ses composantes. Les entreprises à la recherche de marchés, les collectivités territoriales engagées dans une action extérieure.

La fonction de négociation est coeur de la mission traditionnelle de l'ambassadeur. La vie internationale actuelle étant marquée par une forte augmentation du nombre des négociations, ainsi que par la diversification des domaines abordés. Une part grandissante de l'activité diplomatique est consacrée à cette tâche, qu'il s'agisse de participer aux discussions sur les affaires stratégiques ou technologiques, à des conférences réunies dans le cadre multilatéral. Si l'activité de négociation s'accroît, la négociation directe échappe de plus en plus aux représentations bilatérales. Un nombre croissant de sujets est débattu dans des enceintes internationales, qu'elles soient mondiales ou régionales. Depuis le Congrès de Vienne en 1815, la négociation multilatérale est devenue un métier à part entière, laissé aux mains de professionnels. Les pourparlers ne sont plus le monopole des souverains ou même des seuls ambassadeurs. Des nuées de fonctionnaires veulent désormais contrôler que les intérêts de leur État sont bien respectés. L'accroissement du nombre des négociations portant sur des matières techniques conduit à une modification de la nature de l'activité diplomatique : elles portent sur l'économie, les finances, l'environnement, la santé, l'action humanitaire, la lutte contre le trafic de drogue ou le blanchiment d'argent sale. Ces sujets requièrent des compétences spécialisées et, souvent, des acteurs non étatiques. Nombre de ces négociations aboutissent aujourd'hui à des résultats qui influent sur la vie quotidienne des individus et des entreprises. Elles font plus que régir les relations entre États ; elles ont une traduction pratique immédiate. Cette évolution requiert une vigilance accrue.

La troisième grande mission classique des ambassadeurs en particulier et du réseau diplomatique en général est une mission d'information. Elle sera d'autant mieux exercée que l'ambassadeur dispose d'un réseau étendu et varié. Les progrès des communications, la multiplication des sources d'information, l'instantanéité de la diffusion des événements pourraient la rendre obsolète. Traditionnellement, la correspondance diplomatique, des  télégrammes  alimentent encore de manière continue le circuit diplomatique et contribuent de façon décisive à la définition même de la politique étrangère. Le réseau doit aider à la préparation des décisions en fournissant l'analyse politique qu'il est seul à même d'offrir. Il a donc avantage à diversifier ses propres sources d'information, en faisant appel aux hommes d'affaires, aux coopérants, aux expatriés, en participant à des colloques internationaux ou en maintenant des contacts avec les universités et les centres de recherche. Une grande partie du travail diplomatique consiste à observer les réactions de l'opinion dans certains événements. L'information politique doit être recherchée dans des milieux variés. Il est plus aisé de rendre compte de l'ensemble des réalités d'un pays quand le cercle des contacts est élargi vers tous ceux qui, à des titres divers, influent ou influeront sur la politique étrangère et sont des analystes plus libres dans leurs propos que les interlocuteurs officiels. Il serait également utile de les recevoir plus largement, en organisant pour eux des programmes de visites.

Il est traditionnellement de la mission des représentations diplomatiques de se préoccuper des droits et des intérêts de leurs nationaux. À l'origine, cette mission s'est principalement entendue de la protection des intérêts en matière de commerce et de navigation, visant à instaurer plus de liberté dans ces domaines. Elle s'est progressivement élargie à la recherche du respect général des droits des ressortissants de l'État représenté. Le diplomate joue un rôle non négligeable de protection des ressortissants, installés ou de passage dans le pays d'accueil.

Dans la même perspective, S.E Tomasz ORLOWSKI, Ambassadeur de Pologne à Paris, s'est appesanti sur son propre témoignage en qualité de Chef de Poste. Pour lui, les missions du Chef de Poste telles qu'énumérées plus haut n'ont pas changé depuis le XVIIème siècle mais reconnait tout au moins que les pratiques ont connu des mutations profondes. A cet effet, il a estimé qu'un Chef de Poste doit défendre l'image de marque de son pays, se veut discret et conduit ses missions avec prudence. Etant en poste à Paris depuis sept (07) ans, ce qui l'a marqué dans ce poste est que, la France, bien qu'étant un Etat laïc, attribue le titre de doyen du corps diplomatique au Nonce Apostolique, tel que cela se pratique dans les pays de tradition chrétienne. Aussi, a-t-il indiqué les activités diplomatiques auxquelles il accorde une importance particulière : la remise des décorations qui donne plus de facilités, de plaisir, de reconnaissance, de rapprochements et de contacts ;les discours publics dans lesquels il saisit l'occasion de vendre l'image de son pays ; les visites d'Etats auxquels la France présente souvent tout ce qu'elle peut offrir de mieux au Chef de l'Etat invité. Enfin, il a évoqué les innovations introduites par le Ministère des Affaires Etrangères de Pologne et auxquelles son ambassade s'est appropriée, à savoir ; les NTIC, le perfectionnement des cadres et le centre de crise basée à Varsovie et qui fonctionne 24h/24h avec son poste.

Les règles du protocole diplomatique: outils et enjeux. Monsieur Frédéric BILLET, Chef Adjoint du Protocole du MAEDI nous a entretenus sur les règles du protocole diplomatique. Il nous a fait savoir que sans le protocole toutes les réceptions officielles, toutes les occasions de rencontre entre personnalités politiques, culturelles, économiques seraient l'occasion de joutes incessantes. Le protocole donne donc le cadre et trace les limites d'une organisation verticale des positions de pouvoir. L'organisation des visites (Etat, officielle, travail ou privée), des voyages à l'étranger, des cérémonies officielles, des conférences et sommets internationaux constituent l'essentiel du travail protocolaire, qui participe à la projection de l'influence et de l'image d'un pays. Plus la cérémonie ou la visite se situe à un niveau élevé, plus la préparation est délicate et importante. La cadre protocolaire d'une visite d'un Chef d'Etat, par exemple, nécessite une préparation minutieuse. Le service du protocole prend contact avec l'ambassade de son pays concerné par la visite et cette dernière, en collaboration avec les autorités du pays d'accueil, élabore le programme. Un mois avant, une mission préparatoire, conduite par le chef de protocole et composée de tous les services concernés par le voyage (protocole, presse, sécurité, transmissions, médical, intendance, aide de camps), est effectuée in situ, afin de dessiner les grands axes de la visite. C'est avec le protocole local que l'Ambassade s'occupe des aspects matériels de la visite (hébergement, transport, sécurité, liste des personnalités présentes, les membres de la délégation qui participent aux entretiens, échanges de décorations, tenues, modalités d'échanges de cadeaux, etc.). Fort de ce qui précède, le diplomate doit se montrer vigilant pour éviter tout faux pas concernant le déroulement de la cérémonie. Les gestes, attitudes, faux pas, propos déplacés, dispositions des hôtes, diners, tout cela doit passer au scanner pour une cérémonie réussie la mission du protocole est généralement considérée comme du sacerdoce. Elle exige en tout cas, de l'ensemble des personnes qui y sont affectées, des qualités toutes particulières. Il faut reconnaître que l'activité en elle-même est singulière au sein de la fonction publique d'Etat. La particularité de la fonction protocolaire engendre une singularité des services qui en assument la charge. Celle-ci se traduit de quatre manières : l'unicité organique, le caractère interministériel marqué, la capacité de couper en tant que de besoin la chaîne hiérarchique, le caractère typique de la position du chef du Protocole au sein de la haute fonction publique. Le cérémonial et le protocole sont marqués par des éléments à caractère universel mais aussi, en assez grande part, par des traditions et des facteurs culturels nationaux. Le protocole est d'abord politique dans ce qu'il a de négociable. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait penser a priori, le niveau de traitement protocolaire d'une personnalité, d'une visite, se négocie. A partir d'une base rétablie par le Protocole du pays d'accueil selon ses usages et ses normes en la matière, le premier niveau de la négociation est constitué par la qualification de la visite (d'Etat, officielle, de travail, privée) ; le second se joue sur l'ordonnancement cérémoniel interne du type de visite pour lequel on s'est mis d'accord. Le résultat de cette négociation est évidemment politique.

Le protocole est également politique parce qu'il nécessite de la part de ses acteurs une compréhension de la portée de l'événement traité : ce que l'on pourrait considérer comme la compréhension du moment politique et le discernement nécessaire à celle-ci. L'agent du Protocole doit s'intéresser aux relations internationales, à la politique étrangère de son pays et en suivre l'évolution pas à pas. Cette culture constamment à jour lui permettra de saisir avec toute la finesse souhaitable, la finalité et l'importance de l'événement au déroulement harmonieux duquel il a la charge de veiller. Cela peut influer sur le placement de certaines personnalités, sur l'espace et le temps donnés à la presse, et sur beaucoup d'autres choses. Les règles afférentes aux préséances doivent être observées avec rigueur et avec discernement, car elles tiennent au positionnement des personnalités et des corps ou institutions qu'elles représentent lors des cérémonies, repas et réceptions publiques. Il faut aujourd'hui veiller avec d'autant plus de soin à cet ordonnancement que nous sommes dans ce que l'on pourrait appeler, comme certains sociologues, une « société de l'image ». Photographes de presse et de télévision sont systématiquement sur les lieux, et cela confère d'autant plus d'importance au positionnement physique des personnalités que prévoit et organise le protocole. C'est un signe, objectif : quand ces personnalités ont à jouer des coudes pour défendre leur place protocolaire lors d'une cérémonie publique, cela signifie que ceux qui ont la responsabilité du protocole en cette occasion ne remplissent pas convenablement et efficacement leur mission. Lors d'une réunion ou conférence à laquelle participe une haute personnalité et a fortiori le chef de l'Etat, on ne pénétrera pas dans la salle après l'arrivée de celle-ci. Il s'agirait là d'une inconvenance. Le principe est en la matière de respecter scrupuleusement les indications portées sur l'invitation. Il convient de donner une réponse à toute invitation qui appelle à « RSVP » (Répondre, s'il vous plaît), à moins qu'après un premier échange téléphonique le carton ait été envoyé « PM » (Pour mémoire),ou précise « Regrets seulement, » ce qui signifie que l'on ne répond qu'en cas d'impossibilité d'assister à l'événement auquel on a été convié. Cette réponse doit intervenir le plus rapidement possible après réception du carton. Elle permet en effet aux organisateurs de prendre les dispositions pratiques pertinentes. S'agissant des différentes catégories de repas, la terminologie n'est pas due au hasard et revêt un sens protocolaire précis. La dénomination « dîner d'Etat » s'applique exclusivement au dîner qui est donné par le président de la République, chef de l'Etat, en l'honneur de la visite d'Etat d'un souverain ou président étranger. Sera qualifié de « repas officiel », celui où ne figureront que des femmes et des hommes présents en raison de leurs fonctions ou titres, sans leurs conjoints. Une exception est faite pour les déjeuners et les dîners auxquels, outre les officiels présents, prennent place les épouses et époux des chefs de mission diplomatique. Ceux-ci participant en effet à la fonction de représentation de leur conjoint chef de mission, les deux époux sont associés dans la même dignité. Il n'y a donc dans ce cas, de toute façon, que des officiels à table. On parle aussi, communément, de « repas de travail. ». A l'opposé, sera dénommé « repas intime », quel que soit le nombre des invités, le déjeuner ou le dîner auxquels les conjoints autres que ceux des chefs de mission diplomatique, sont présents. C'est donc un repas de couples, les conjoints étant invités indépendamment de toute considération portée à leur fonction. On pourra alors se trouver dans un repas intime comportant plusieurs dizaines d'invité dans une intimité toute relative.

Pour le cas spécifique du Souverain pontife, c'est la préfecture de la Maison pontificale qui gère l'ensemble des mouvements d'audience ainsi que l'organisation et le déroulement de l'audience publique. Il est d'usage que les catholiques fassent une génuflexion devant le pape et baisent son anneau en signe de respect et de soumission, tout comme ils baisent l'anneau cardinalice. Mais c'est le genou gauche que l'on plie en ce cas et non le genou droit, réservé au Saint Sacrement, c'est-à-dire le crucifix, et plus spécialement celui qui domine l'autel dans chaque église. Cet usage ne s'applique pas nécessairement aux chefs d'Etat qui ont le loisir de s'adresser au chef de l'Eglise catholique, chef de l'Etat du Vatican, comme à un égal, encore que ce soit avec une déférence particulière. Il est d'usage que les reines des pays catholiques soient en blanc en présence du pape, signe de distinction et d'honneur. La reine d'Espagne porte toujours en cette circonstance une mantille. Nombre d'épouses de chefs d'Etat adoptent également cette pratique. Toutes les autres dames reçues en audience et n'ayant pas le rang de souveraine doivent être en noir. Quand il reçoit un chef d'Etat de pays catholique ou chrétien, le pape porte la mozetta rouge avec l'étole. Pour recevoir les autres chefs d'Etat, il porte uniquement la mozetta (mozette ou camail en français), une courte pèlerine à petite capuche qui ne recouvre que le buste.

Monsieur Jean PANCRACIO, Professeur à l'Université de Poitiers, a exposé sur le thème : « Le Protocole d'Etat : entre pérennité et modernité ». Sommet de l'art protocolaire, la visite d'Etat consiste à recevoir avec la plus grande solennité le premier personnage d'un pays que l'on veut honorer particulièrement. En France, les visites d'Etat sont marquées par un somptueux dîner à l'Elysée. Généralement, elles  se préparent 3 ou 4 mois à l'avance et donnent souvent lieu à des négociations serrées, chaque hôte de la France désirant recevoir des marques d'estime exceptionnelles. Du fait de leur rareté, cinq à six par an,  et de leur caractère éminemment symbolique, elles mobilisent un dispositif lourd tout au cours de leur déroulement, qui suit un programme fixe : accueil au pavillon d'honneur de l'aéroport d'Orly (parfois, mais cela est moins prisé, à Roissy),   trajet en hélicoptère jusqu'à l'esplanade des Invalides, hébergement à la résidence de Marigny, entretien avec le Président français à l'Elysée, dîner d'Etat au palais présidentiel, réception à l'hôtel de ville de Paris.

La tradition, qui est souvent respectée, est que quand un chef d'Etat étranger atterrisse  un ministre français l'accueille à l'échelle de coupée de l'avion, accompagné d'une délégation comprenant les deux ambassadeurs des pays intéressés, le gouverneur militaire de Paris, le chef du Protocole et le préfet du Val-de-Marne. Par la suite, le Chef du Protocole, monte à bord de l'appareil en compagnie de l'ambassadeur étranger, invite l'hôte de la France à descendre. Les honneurs lui sont alors rendus par un détachement interarmes, disposé en équerre.  Le chef d'Etat invité se rend devant le drapeau et écoute les hymnes nationaux, d'abord l'hymne de son pays, puis la Marseillaise. Après avoir passé les troupes en revue, il rejoint le pavillon d'honneur pavoisé où lui sont présentées les délégations officielles. Cela dure environ 15 minutes. Lors de visites exceptionnelles, ou lorsque la France veut honorer au plus haut point un visiteur, le Président de la République n'hésite pas à venir l'accueillir lui-même au pavillon d'honneur.  

Le trajet ne s'effectue en hélicoptère qu'avec l'accord du  visiteur. Le cortège aéroporté est composé de 3 appareils. Il est strictement réservé aux visites d'Etat. L'escorte qui l'accompagne jusqu'à l'hôtel de Marigny où est hébergé l'hôte de la France compte 28 motocyclistes de la garde républicaine. L'escorte à cheval, encore de rigueur sous François Mitterrand, a été supprimée en son temps par Jacques Chirac. Pour une visite officielle un chef d'Etat invité est accompagné de 5 motards de la préfecture de police et de 3 motards pour les déplacements privés. 

Le dîner d'Etat a lieu au soir de son arrivée à l'Elysée, suivant un faste impressionnant qui en fait un événement mémorable. Pour un dîner d'Etat la garde républicaine rend les honneurs. La musique joue des aubades dans la cour de l'Elysée. Les invités prennent l'apéritif en attendant  les 08 coups fatidiques  de 20 heures qui annoncent l'arrivée du Président et de son hôte. Traditionnellement les quarante invités les plus importants, comme les ministres et les personnalités étrangères,  prennent  place dans un salon séparé. Les présentations aux deux couples présidentiels se font au salon selon un ordre précis : d'abord les invités étrangers, puis les officiels français par ordre protocolaire, enfin les personnalités privées. Peu à peu, les invités sont introduits dans la salle à manger où l'orchestre de la garde républicaine joue des morceaux de musique de chambre en attendant les Présidents. Le dîner d'Etat réunit un maximum de 216 invités, soit la capacité de la table en forme de la lettre « U » de la salle des fêtes de l'Elysée, qui admet en son extrémité et dans les premières places latérales  22 couverts sans vis-à-vis. Le Président préside avec le souverain ou le chef d'Etat invité à sa droite, l'épouse de ce dernier étant à sa gauche, l'épouse de président français à la droite du visiteur.

La matinée suivante, le chef d'Etat invité, se rend, en compagnie d'un membre du gouvernement qui est venu le chercher à sa résidence, sur la tombe du Soldat Inconnu à l'Arc de Triomphe. Le cortège officiel emprunte l'avenue des Champs Elysées, pavoisée aux couleurs des deux pays. Après la cérémonie, le cortège se rend à l'Hôtel de Ville où le maire de Paris reçoit le chef d'Etat invité en compagnie de personnalités et de membres de la communauté concernée. Ensuite le cortège se rend à l'hôtel Matignon pour un entretien, suivi d'un déjeuner, avec le Premier Ministre français. L'après-midi est consacrée à une réception à l'Assemblée Nationale ou au Sénat, parfois suivie d'un dîner. L'honneur de s'adresser aux députés ou aux sénateurs dans leur hémicycle n'est accordé qu'avec parcimonie et est réservé aux personnalités internationales de tout premier plan. 

Le troisième jour, est organisé un déplacement en Province. La ville d'accueil est choisie en fonction de l'histoire des nations ou des intérêts économiques. Accompagné d'un Ministre français, le visiteur se rend sur un site industriel ou économique, déjeune à la préfecture, puis part directement après que les honneurs militaires lui auront été rendus par une garnison implantée dans la région. Moins prestigieuse que la visite d'Etat, la visite officielle peut concerner un chef d'Etat mais aussi un Chef de gouvernement. Elle est un peu moins solennelle et le cérémonial moins élevé.

Par ailleurs, les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) impactent considérablement sur les méthodes de travail du diplomate. A ce sujet, Monsieur Nicolas CHAPUIS, Diplomate, Directeur des Systèmes d'Information du MAEDI, a indiqué que, effectivement, le développement des relations diplomatiques aujourd'hui passe par les NTIC et les réseaux sociaux. Il nous a également entretenus sur les exercices pratiques de rédaction de télégrammes diplomatiques.

Ce dernier nous a édifiés sur le fait que le terme « diplomatie » apparaît dans le langage courant, à la fin du XVIIIe siècle, pour désigner une mission au service de l'État. La particularité de la production diplomatique réside dans l'élaboration d'un discours à finalité politique, mais un discours qui n'est pas public et ne doit être ni partagé ni divulgué. Porté par des initiés, il prend sa valeur dans le rapport exclusif avec le décideur ultime. Avec la propagation des technologies de l'information et de la communication, ce rapport exclusif a volé en éclats et l'exposant l'a illustré à travers l'affaire WikiLeaks qui est survenue en 2010. La diplomatie numérique est devenue à la mode. Il s'agit là de la continuation de la diplomatie traditionnelle par d'autres moyens. Le numérique accélère et s'implique à la diffusion et la gestion des informations, longtemps aux mains des seuls Etats, à l'ensemble des acteurs sociaux. Cette révolution de l'information s'explique par la spectaculaire diminution des couts de transmission des données et la possibilité offerte à chacun, dans un cadre individuel ou collectif, de publier son propre contenu en temps réel.

Nous avons appris que cette gouvernance sur internet participe non seulement à la communication mais aussi à la diplomatie de l'influence. A cet effet, que ce soient des Etats, des experts (think tanks, ONG, lobbyistes), des acteurs de la société civile ou des organisations terroristes, tous sont présents sur internet pour influencer. Leur but est de faire passer des valeurs et des messages. Cependant, une part de cette influence n'est pas quantifiable, car on ne sait pas aujourd'hui plus qu'hier ce qui se passe dans le secret des Chancelleries. Le concept de transparence qui est né de cette utilisation du numérique n'est qu'un nouveau vocable dans la rhétorique de la diplomatie, via lequel on peut prétendre que la diplomatie ne se fait plus à huit clos. Il n'y a donc pas de disparition du secret d'Etat avec l'utilisation du web social mais plutôt un déplacement du secret, car Il y a des étapes de la négociation dans lesquelles on a besoin du secret et le travail des diplomates est toujours de faire en sorte qu'on passe des phases de guerre à des phases de paix.

Il nous a été présenté le cas spécifique de la France, où la diplomatie numérique est l'une des priorités du Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International (MAEDI). Ce dernier fait sien les innovations et les usages induits par les technologies de l'information et de la communication (TIC) et de nombreuses initiatives ont été prises en la matière. Cette diplomatie numérique française recouvre des domaines très divers, à savoir : les enjeux internationaux du numérique, la diplomatie d'influence, la gestion de l'information et des connaissances, les questions de service public. Ainsi, près de 265 postes diplomatiques et consulaires français disposent d'un site internet qui leur permet de communiquer dans une quinzaine de langues. Ces postes sont également près d'une centaine sur les réseaux sociaux. Ils utilisent principalement Web, Twitter et Facebook et, savent s'adapter aux usages et aux plateformes les plus utilisées dans le pays d'accueil.

Au demeurant, il a résumé son propos en disant que les Etats ont compris l'image et l'influence qui découlent de l'utilisation du web 2.0, à savoir twitter et facebook qui sont aujourdh'hui utilisés dans les chancelleries, sans pour autant remettre en cause le secret des échanges diplomatiques.

Après nous avoir entretenus sur les opportunités du web pour la diplomatie, Mesdames Anne CHOUNET-CAMBAS et Noémie PINTA, toutes Diplomates, respectivement Adjointe au Sous-directeur de la Communication (Responsable Pole web) et Animatrice des réseaux sociaux du MAEDI, ont conduit des exercices pratiques sur la diplomatie, la situation de crise et la communication web.

Selon elles, la stratégie de diplomatie d'influence numérique du Quai d'Orsay inclut le réseau diplomatique dans ses principaux axes de développement pour ce qui concerne les outils et services (soutien éditorial, maquette type pour le site de l'ambassade ou du consulat, solution d'hébergement, assistance téléphonique et en ligne) et leur communication sur le site web institutionnel et sur les réseaux sociaux. Aussi, convient-il de citer le programme de formation au web social pour tous les diplomates partant en poste à l'étranger mis en place par le MAEDI.

Il en est de même, s'agissant du domaine de la gestion de crise qui est aujourd'hui primordial pour le MAEDI. Le numérique permet ainsi d'obtenir des informations de veille stratégique, essentielles notamment à la création et au fonctionnement quotidien de la cellule de crise.

Le compte Twitter est le premier compte ministériel français. Le site de micro-blogging, dont le principe consiste à diffuser des tweets limités à 140 caractères est essentiellement utilisé pour diffuser l'actualité, de l'information grand public, ainsi que des informations pratiques, notamment les actualités destinées aux expatriés ou les conseils aux voyageurs. Twitter est également un outil de communication très précieux en temps de crise.

Facebook quant à lui permet au MAEDI de centraliser sa présence et celle du réseau diplomatique sur le web social. On peut ainsi y retrouver le compte Twitter et la chaîne Youtube du ministère, ainsi qu'un annuaire des postes diplomatiques et consulaires. Espace d'échange avec les internautes, la page Facebook permet de mettre en avant des informations pratiques mais aussi les actions souvent méconnues du ministère, notamment dans ses aspects de coopération. Le MAEDI s'adresse également aux internautes anglophones sur une page Facebook en anglais.

S'agissant de Youtube et Dailymotion, ce sont des sites de partage qui permettent une diffusion plus large des vidéos du ministère.

Pour ce qui concerne Flickr, c'est un site de partage de photographies qui permet de valoriser le fonds d'images du ministère. Classées en albums thématiques, ces photos illustrent la réalité de l'action diplomatique sur le terrain.

Google+ est l'application de réseau social de Google. La page Google+ permet au ministère d'échanger avec les internautes présents sur cette plateforme. Une version anglaise de la page Google+ a aussi été ouverte. 

Storify permet au ministère de rassembler divers contenus, issus essentiellement des réseaux sociaux, en une seule "histoire" qui peut ensuite être partagée sur d'autres sites.

Enfin, Linkedin est un réseau social professionnel qui permet au MAEDI de présenter sa politique de ressources humaines et ses métiers. Il est aussi utilisé pour identifier des profils aux compétences spécialisées pour certaines de ses missions non permanentes.

Par ailleurs, à l'heure où le nombre de mobinautes français est en constante progression, le MAEDI veille à proposer systématiquement des services spécialement conçus pour une consultation depuis des terminaux mobiles via les smartphones et tablettes.

Monsieur Justin VAISSE, universitaire, Directeur du Centre d'Analyse, de Prospective et de Stratégie (CAPS) nous a édifiés sur l'analyse et la prospective comme instruments de travail du diplomate. Il ressort de son exposé que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale la plupart des pays industrialisés et bon nombre Etats du Tiers Monde se sont dotés de structures administratives destinées à réfléchir aux problèmes à moyen et à long termes relevant du secteur des relations internationales. L'origine de ce phénomène existe presque toujours et les analystes ont la conviction que la bureaucratie est inapte à saisir les transformations du système international et que, entre impossibilité de prédire l'avenir avec précision et la gestion au jour le jour des affaires diplomatique, il y a une place pour la réflexion prospective et l'analyse des mutations irréversibles du système international actuel.

Le diplomate doit effectuer, en collaboration avec tous les acteurs (universitaires, chercheurs, journalistes spécialisés) ayant une parfaite connaissance sur le fonctionnement du système international, des études prévisionnelles sur l'évolution à moyen et à long termes du contexte international. Il devra analyser certains problèmes internationaux d'actualité dans tous leurs aspects (diplomatique, économique, militaire) puis évaluer les différentes options entre lesquelles le décideur pourra faire son choix, car la décision politique implique toujours implicitement un jugement sur l'avenir et même sur le passé. L'analyse et la prospective se veulent avant tout un instrument de travail efficace du diplomate. Ce dernier doit également prendre conscience que l'efficacité nécessite sa bonne information, son intégration dans les circuits de décision et sa participation aux réunions importantes.

Nul ne se fait illusions sur les possibilités d'une planification rigoureuse en politique étrangère. Celle-ci supposerait que le planificateur qu'est le diplomate, puisse prévoir avec certitude l'évolution du système international.

CHAPITRE IV :

DIPLOMATIE ET MULTILATERALISME

PRESENTATION DU CADRE DU STAGE

Madame Clarisse GERARDIN, diplomate, Chef de Pole Institutions Economiques Internationales du MAEDI, s'agissant de la diplomatie et gouvernance économique internationale, estime que dans tous les lieux se déploient des stratégies économiques menées ou encadrées par des diplomates, en parallèle ou en partenariat avec des acteurs privés. Car dans le champ multilatéral, la diplomatie économique n'est plus réservée aux états. La diplomatie économique multilatérale a pris une dimension véritablement nouvelle avec le développement de la mondialisation. La diplomatie économique consiste en un ensemble d'activités visant les méthodes et procédés de la prise internationale de décisions et relatives aux activités économiques transfrontières dans le monde réel. Elle a comme champs d'action le commerce, l'investissement, les marchés internationaux, les migrations, l'aide, la sécurité économique et les institutions qui façonnent l'environnement international, et comme instruments les relations, la négociation, l'influence. Tous ces champs relèvent aujourd'hui au moins pour partie de la sphère multilatérale, qui s'est en outre élargie à d'autres sujets, comme nous le verrons. la diplomatie actuelle est désormais caractérisée par un multilatéralisme institutionnalisé croissant visant un ordre international plus fort, soit en améliorant la coopération entre états

Ainsi, depuis 1990, le monde a connu 42 crises financières et monétaires. D'autres crises, comme les crises alimentaires et énergétiques qui reviennent au premier plan aujourd'hui nous rappellent notre interdépendance. Au delà, nous faisons face à un problème plus général qui sont les déséquilibres économiques mondiaux, des balances des paiements, des réserves de change, et bien sûr la question des dettes publiques, ainsi qu'à des défis globaux comme le changement climatique ou l'énergie. La création du G20 au niveau des Chefs d'État et de Gouvernement comme « principal forum de coopération économique internationale », au sommet de Pittsburgh en 2009, dans un contexte de crise, est une première réponse à ces défis. Alors que nous voyons se mettre en place un multilatéralisme à plusieurs vitesses, avec une coexistence de « clubs » de différents formats tels que le G7 (le groupe des sept pays les plus industrialisés du monde Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon), G8 (le groupe des huit pays les plus industrialisés que sont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, l'Allemagne, le Japon, l'Italie et le Canada), G20 (le groupe des vingt pays les plus industrialisés que sont de l'Afrique du Sud, de l'Allemagne, de l'Arabie Saoudite, de l'Argentine, de l'Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, de la Corée du Sud, des Etats-Unis, de la France, de l'Inde, de l'Indonésie, de l'Italie, du Japon, du Mexique, du Royaume-Uni, de la Russie, de la Turquie et de l'Union européenne), BRICS (le groupe des pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), IBSA (le forum qui regroupe l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud ) ; se pose la question des enceintes pertinentes de gouvernance de la mondialisation. Quatre principes semblent devoir structurer la nouvelle architecture qui se met en place :

Une gouvernance internationale plus représentative des nouvelles réalités économiques :le G20, dont les membres représentent 85% du PIB mondial et 2/3 de la population de la planète, a déjà conduit à des progrès importants dans la réforme de la gouvernance mondiale, puisqu'il a été à l'origine d'accords en 2010 sur la réforme du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM), qui ont permis une représentation de ces institutions plus conforme aux nouvelles réalités économiques mondiales.

Une gouvernance économique internationale plus efficace :le G20 dispose d'une puissance d'impulsion inégalée, d'une capacité de réaction rapide et de mise en cohérence des priorités. Depuis le sommet de Londres en avril 2009, il a su retourner la confiance dans un contexte de panique. Il a permis d'éviter le piège du protectionnisme alors que les tentations étaient fortes. Il a engagé un vaste programme de régulation financière qui est mis en oeuvre. Il s'est attaqué avec succès aux paradis fiscaux.

Une gouvernance internationale plus inclusive : par leur composition universelle, par leur capacité à croiser tous les sujets de la mondialisation, les Nations Unies ont un rôle irremplaçable à jouer, en partenariat avec les institutions de Bretton Woods, en contribuant à la définition d'une approche équilibrée entre les dimensions économique, sociale et environnementale du développement. Plus généralement, le rôle du G20 n'est pas contradictoire avec la prééminence des Nations Unies dans les relations internationales. Le G20 est en effet un forum informel qui n'entend pas se substituer à l'enceinte des Nations Unies, qui est l'enceinte la plus universelle, mais son histoire récente a montré qu'il peut apporter un leadership essentiel.

Une gouvernance internationale plus sociale : la prise en compte de la dimension sociale de la mondialisation a été trop longtemps négligée et la France souhaite désormais que cette dimension soit prise en compte par l'ensemble des organisations internationales, qu'il s'agisse des institutions financières ou de l'OMC.

En somme, pour mener à bien ses travaux, le G20 s'appuie sur l'expertise technique d'organisations internationales, notamment du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale (BM), de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de l'Organisation internationale du travail (OIT), de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et du Conseil de stabilité financière (CSF).

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Le groupe des vingt pays les plus industrialisés que sont de l'Afrique du Sud, de l'Allemagne, de l'Arabie Saoudite, de l'Argentine, de l'Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, de la Corée du Sud, des Etats-Unis, de la France, de l'Inde, de l'Indonésie, de l'Italie, du Japon, du Mexique, du Royaume-Uni, de la Russie, de la Turquie et de l'Union européenne.

A titre illustratif, le cas de l'OCDE nous a été esquissé par Monsieur Patrick VAN HAUTE, Directeur au Secrétariat général et du Conseil exécutif de cette institution. La mission de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) est de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde. Elle offre aux gouvernements un forum où ils peuvent conjuguer leurs efforts, partager leurs expériences et chercher des solutions à des problèmes communs. Elle cherche à comprendre le moteur du changement économique, social et environnemental afin de mesurer la productivité et les flux mondiaux d'échanges et d'investissement. Elle analyse et compare les données afin de prédire les tendances à venir. Elle établit aussi des normes internationales dans un grand nombre de domaines, de l'agriculture à la fiscalité en passant par la sécurité des produits chimiques.

De manière générale, les efforts de l'OCDE visent surtout à aider les gouvernements dans quatre domaines principaux, à savoir : la restauration de la confiance dans les marchés ainsi que les institutions et les entreprises, cela exige des meilleures réglementations et une gouvernance plus efficace à tous les niveaux ; le rétablissement des finances publiques saines qui sont à la base de la croissance économique durable de demain ; la stimulation de nouvelles sources de croissance à travers l'innovation, des stratégies de « croissance verte » respectueuses de l'environnement et le développement des économies émergentes et enfin, l' acquisition des compétences nécessaires aux emplois de demain et à un travail productif et satisfaisant.

Monsieur Florian ESCUDE, diplomate, Adjoint au Sous-directeur des Affaires Economiques Internationales à la Direction des Entreprises et de l'Economie internationale du MAEDI, dans son exposé intitulé « le rôle des diplomates dans le soutien aux entreprises », est parti de deux notions fondamentales de la diplomatie économique, à savoir : l'attractivité et la compétitivité. Par la suite, il a évoqué les outils mis en place en vue de l'opérationnalisation des objectifs propres à la diplomatie économique, à l'instar de la diplomatie culturelle, la diplomatie de l'enseignement supérieur, le commerce extérieur et le tourisme. Dans son action internationale au service de l'enseignement supérieur, le diplomate doit se focaliser dans une logique de rayonnement et d'attractivité, à travers la formation des jeunes élites, la construction de réseaux et partenariats scientifiques, les préoccupations au développement durable. Il s'agit donc principalement d'accompagner l'action des entreprises en direction des jeunes élites étrangères, de soutenir l'ambition internationale des entreprises, d'encourager les meilleurs étudiants étrangers dans leur volonté de partage de savoirs et de compétences au meilleur niveau, d'accroître les moyens d'action d'un pays à travers ses établissements d'enseignement supérieur dans le cadre de la mondialisation.

En France, a t-il indiqué, grâce au dispositif « Quai d'Orsay / Entreprises », le MAEDI co-finance des bourses avec des entreprises françaises auxquels leurs succès industriels et économiques, notamment dans les technologies de pointe, assurent une présence reconnue sur la scène internationale, comme avec d'autres, dont le développement au-delà de nos frontières est plus récent : partenaires pour l'excellence, ils favorisent et développent ensemble l'accueil en France d'étudiant(e)s étrangers issus des meilleurs établissements d'études de leur pays d'origine. Pour ouvrir à ces étudiant(e)s l'accès, dans les meilleures conditions possibles, à un cursus d'études supérieures dans un établissement d'enseignement supérieur français de renom, en lien direct avec le monde professionnel, le dispositif « Quai d'Orsay / Entreprises » propose aux entreprises des conventions de partenariat permettant d'associer les moyens du ministère des Affaires étrangères à ceux du secteur privé, de Grandes Écoles et Universités françaises renommées.

Le MAEDI assure la coordination de ces partenariats, s'engage à l'étranger dans l'information en direction des meilleurs étudiants des établissements locaux sur chacun des programmes de bourses, apporte l'expertise de son réseau de coopération culturelle et scientifique, et attribue aux lauréat(e)s le statut de Boursier du Gouvernement français à travers la couverture sociale et les avantages qui s'y attachent (facilités de demande de visa, activités culturelles, etc.) ; il propose également aux boursiers des cours de français intensifs avant leur départ, dispensés dans leur pays d'origine au sein des Instituts français et des Alliances françaises.

Les entreprises allouent à chaque étudiant(e) une bourse de vie, un tutorat au sein de l'entreprise et un accompagnement en fin de cursus pour l'orientation de sa carrière, pouvant aller jusqu'au recrutement. L'accueil au sein de nos meilleurs établissements d'enseignement supérieur d'étudiants étrangers qui formeront demain les élites de leurs pays est un atout majeur, que le ministère entend garantir et amplifier : il renforce l'attractivité de la France et la qualité des échanges internationaux avec le concours actif d'entreprises françaises pleinement engagées dans cette dynamique.

Monsieur Philippe GAUTIER, Directeur Général du MEDEF International s'est penché sur la diplomatie des entreprises : le rôle des acteurs économiques privés. D'entre de jeu, il a fait savoir que le MEDEF international contribue, depuis 25 ans avec les sociétés qui ont une expertise internationale, dans le développement de la diplomatie économique française mais privée. La réussite économique des entreprises privées se fait par une entente avec l'Etat. Il s'agit de bien travailler en amont avec les pouvoirs publics, d'avoir une bonne approche avec les réseaux et de pouvoir travailler en groupe. A cet effet, les ambassades harmonisent de façon appréciable cette compréhension ainsi que des méthodes de travail en commun entre les réseaux publics et privés. A titre illustratif, le MEDEF International élabore le programme économique qui accompagne la visite du Chef de l'Etat français à l'étranger et sélectionne aussi les entreprises françaises qui doivent y prendre part.

Monsieur Jean-Marc CHATAIGNER, diplomate, Directeur Général Adjoint de la Mondialisation, du Développement et des Partenariats du MAEDI, nous a édifiés sur la diplomatie du développement. Dans son propos introductif, il nous a rappelé que la pauvreté est une histoire ancienne qui n'a jamais cessé de préoccuper l'humanité. D'où la nécessité de mettre en oeuvre des mécanismes pouvant contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations. Avec la prise en compte des problèmes écologiques causés par l'activité humaine dès la fin des années 1960, la préoccupation du diplomate a consisté à réguler la gestion des ressources et la mise en place des Objectifs Millénaires pour le Développement (OMD) constitue une illustre évidente à cette avancée. En plus, dans un environnement de plus en plus complexe avec des contraintes financières pesantes au nord, un modèle de globalisation libérale s'est répandu, les fractures nord-sud se sont accrues (pauvreté absolue, pauvreté relative), des impératifs de développement durable s'imposent (environnement, croissance soutenable, le sociétal), une différenciation s'est accrue au sud (nouveaux pays émergents, Etats fragiles) et l'on a pu constater un retour du politique (préoccupation sécuritaires, hégémonie américaine). Cette complexification des enjeux dans un monde globalisé induit des finalités par rapport à l'Aide Publique au Développement (APD), à savoir : la dimension géostratégique de l'aide (gestion et prévention des conflits), la solidarité (problématiques sociales), le développement économique, la régulation de la mondialisation. De ce point de vue, il y a une conception dichotomique de l'APD tournant autour des ambitions et des contradictions. Dans un monde où il y a en même temps des stratégies de pouvoir des pays donateurs (commerce, investissement, clientélisme politique) et des pays bénéficiaires (recherche d'indépendance et d'allégeance, basculement, corruption) ; les objectifs du OMD prennent divers chemins pour ce qui concerne leur réalisation.

De manière générale, l'homme étant au coeur des politiques de développement, les bailleurs de fonds se sont davantage investis dans le financement des projets de développement. Cependant, le constat qui se dégage aujourd'hui est que, malgré ces efforts, les OMD sont loin d'être atteints dans plusieurs pays en 2015, à l'instar de ceux de l'Afrique subsaharienne et les Etats fragiles. A cet effet, les Nations Unies ont, d'ores et déjà, engagé une série de consultations post-2015 ont été engagées, visant à définir le cadre et le contenu du futur agenda sur les nouveaux défis de développement.

Monsieur François HUYGHE, chercheur, Directeur de la recherche à l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques a partagé avec nous la question de la diplomatie économique : stratégies d'influence et réseaux. Il estime que, depuis toujours, les diplomates ont exercé des missions économiques et que celles-ci visent à : augmenter la puissance d'un Etat en renforçant sa domination structurelle dans certains domaines sur les autres ;à gagner des marchés à travers l'expansion culturelle ; à garder un contrôle sur les territoires c'est-à-dire les zones d'influence.

La pratiques de l'influence va plus loin que le lobbying : elle repose sur des stratégies de relations et de conviction de long terme, de lancement d'idées, en amont de l'ouverture de discussions officielles et parce que celles-ci ont été anticipées(ou délibérément voulues), reposant sur des alliances entre acteurs clés, de préférence de natures diverses. Toute la gamme est ouverte, de la coordination entre Etat et entreprises, entre celles-ci et ONG ou think tanks, ou entre eux tous, ces acteurs étant si possible de nationalité différente. Les alliances sont évidemment variables dans le temps et selon les sujets. En mode défensif, il faut donc identifier en amont les doctrines et concepts nouveaux émis par nos partenaires concurrents. il faut repérer ces actions de préférence avant même qu'elles ne soient parvenues dans les enceintes internationales.

S'appuyant sur une connaissance aussi parfaite que possible du terrain de jeu, de ses risques, de ses menaces et de ses opportunités, l'influence est le stade le plus abouti de l'intelligence économique. elle procède par des interventions ciblées et coordonnées. il ne faut pas toujours réagir et se défendre, mais aussi prendre l'initiative. Beaucoup d'Etats se sont dotés de cellules qui au plus haut niveau orientent ces actions. À noter que l'influence est liée à l'image, affirmation particulièrement vérifiée dans les enceintes multilatérales. La capacité d'influence d'un acteur est certes fonction d'abord de la pertinence de sa méthode et des contenus qu'il présente, mais elle peut être renforcée ou affaiblie par une image ou une réputation médiocres, qu'il s'agisse d'un état ou d'une entreprise. Pour ces dernières, y compris multinationales de très grande taille et puissance, l'image de leur pays d'origine peut constituer un avantage ou un inconvénient. La diplomatie économique est bien plus large que l'appui aux contrats internationaux. À côté de la défense et de la promotion des produits et services, la compétition multilatérale des modèles, valeurs, standards et normes devient un objectif fort des diplomaties étatiques. Ces nouveaux défis impliquent un

Etat à la fois en phase avec les acteurs économiques et sociaux et sachant fixer des priorités d'intérêt général à long terme et les tenir, quelle que soit la couleur du pouvoir en place. Avec la mondialisation, le champ, les acteurs et les institutions de la diplomatie multilatérale s'élargissent et se multiplient considérablement, tandis que ses pratiques sont aujourd'hui impactées par la société globale de l'information et par les méthodes d'intelligence et d'influence. Les Etats ont dû s'adapter à cette nouvelle donne. L'intervention croissante des acteurs privés et associatifs pose des questions cruciales concernant la souveraineté des états et, surtout, le mode d'élaboration de la règlementation. L'action de la France en matière de diplomatie culturelle a consisté, depuis le XIXème siècle, à une série d'instruments d'influence et de diffusion de sa culture pour son rayonnement à travers le monde. Cinquième puissance économique du monde, la France a estimé, comme toutes les autres puissances, qu'il est difficile de ne pas associer l'influence culturelle à ce statut. C'est ainsi que l'attractivité de la France se manifeste à travers sa langue parlée par plus de deux cent millions de locuteurs dans le monde, ses établissements, alliances, instituts, centres implantés partout, l'audiovisuel qui renforce son influence, l'archéologie qui montre sa supériorité, la coopération en matière de soutien universitaire et scientifique qui est attractive, le tourisme, etc.

Monsieur Valery FRELAND, Diplomate, Directeur adjoint de la Coopération Culturelle, Universitaire et de la Recherche du MAEDI a exposé sur la diplomatie et rayonnement culturel. Il considère la diplomatie culturelle comme étant un aspect déterminant de la diplomatie. Elle est politique en ce sens qu'elle vise, à travers l'influence, des objectifs politiques et économiques. C'est un facteur de transaction vers les activités économiques. Ses enjeux concernent la mobilisation des échanges (exception culturelle-diversité culturelle), le numérique (diffusion-commercialisation), la concurrence (prolifération d'acteurs). La culture n'est devenue réellement une arme diplomatique qu'après la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, la conduite d'une stratégie d'influence ne saurait aujourd'hui négliger la dimension culturelle, c'est-à-dire l'affirmation de sa présence par l'intermédiaire d'une langue, de valeurs ou de références. Les réseaux diplomatiques constituent à ce titre le vecteur privilégié de l'action culturelle à l'étranger et permettent également de développer l'action scientifique et technique. Le rayonnement d'un pays passe aussi par l'envoi d'artistes à l'étranger ou l'accueil d'artistes étrangers qui, de retour dans leur pays, peuvent susciter des désirs d'échanges culturels chez leurs concitoyens. Il se traduit en outre par la production d'événements artistiques majeurs. Il participe de la diplomatie d'influence. Il faut promouvoir tous les arts, les anciens, les nouveaux, les plastiques, les musicaux, tous les enseignements, les généraux et les techniques, les scientifiques et les littéraires, les secondaires et les supérieurs. Il arrive que l'ambassadeur se fasse impresario ; il contacte l'artiste directement, trouve le moyen d'assurer son voyage, de découvrir le lieu où il peut intervenir, prend en charge la publicité, entre en contact avec la presse. En matière d'enseignement supérieur, il s'agit d'attirer des étudiants étrangers, puis de former les élites locales. Les références culturelles et économiques acquises par ces élites durant leurs études les conduiront à nouer des contacts avec des réseaux qu'elles pourront solliciter au cours de leur parcours professionnel, ces derniers pouvant, de leur côté, chercher à fidéliser ces contacts. La participation au financement de projets de recherche procède du même esprit.

Monsieur Michel SAUQUET, Président de la Plateforme Française d'Education au Développement et à la Solidarité Internationale nous a entretenus sur la pratique diplomatique et interculturalité. Nous avons pu retenir de son propos que, dans toute action de coopération ou de négociation, il faut une prise en compte des différences et des similitudes qui caractérisent chaque partie prenante. Selon lui, la négociation n'est pas une technique pour faire passer à tout prix ses propres objectifs, mais plutôt une démarche permettant de passer du « ou » au « et ». Le « ou » c'est notre méthode, notre culture, nos valeurs, c'est-à-dire la pensée du tout ou rien ; tandis que le « et » c'est dire nos points de départ sont différents mais nous sommes ensemble dans telle ou telle situation. Chacun doit se poser la question de savoir comment combiner nos approches pour s'entendre sur un minimum de valeurs et de techniques communes ? Cet exercice a suscité en nous, une attitude de curiosité et de doute, non pas en partant du principe que tout est différence ou que toute différence a de sources culturelles. Chacun de nous a pu partager sa culture aux autres et nous avons dégagé l'impact de celle-ci dans les pratiques diplomatiques.

Monsieur Didier CANESSE, Directeur Adjoint du Centre de Crise du MAEDI, parlant de la diplomatie et gestion de crise ou la diplomatie d'urgence, estime que l'Etat a vocation d'intervenir le premier en case de crise, compte tenu du fait que tous les autres acteurs ne disposent pas souvent assez de moyens matériels pour le faire. La finalité de la réponse au crise consiste à mettre en protection, à prendre toutes les mesures permettant de venir au secours des populations concernées. Généralement, les Organisations Non Gouvernementales sont impliquées au premier plan en ce qui concerne l'aide humanitaire. S'agissant du Centre de Crise, le MAEDI dispose d'un outil de gestion de crise qui permet de suivre l'évolution des risques et des menaces, et, dans un certain nombre de cas, de déclencher des opérations de secours. Le Centre de crise est compétent pour les crises qui mettent en danger la sécurité des Français à l'étranger comme pour les crises à caractère humanitaire. Il assure à cet égard quatre grandes missions : une veille mondiale 24 heures sur 24 ; l'analyse et le suivi des situations d'urgence ; la préparation des plans de réponse des autorités françaises ; la conduite des opérations sur les théâtres de crise. Ce centre est aussi un pôle de partenariat extrêmement actif pour tous ceux qui, à un titre ou à un autre, font face à des situations de crise. Il a cité en exemple, le cas des français enlevés dans le nord du Cameroun et s'est félicité de la réussite de ces opérations grâce à l'appui et au concours du Gouvernement camerounais.

Monsieur Bernard GALLET, Directeur Général de Cités Unies France, à travers le thème sur la diplomatie des villes et des territoires, a défini la diplomatie des villes comme étant l'outil des gouvernements locaux et de leurs associations en vue de la promotion de la cohésion sociale, de la prévention des conflits, de la reconstruction post-conflit, dans le but de créer un environnement stable dans lequel les citoyens peuvent vivre ensemble dans la paix, la démocratie et la prospérité. Ainsi, pour éviter que les guerres reviennent, il a été mis sur pied le modèle de jumelage qui permet aux différentes localités de coopérer.

Les villes coopèrent dans de multiples réseaux, constituant une autre scène diplomatique, qui se différencie de celle animée par les Etats. Cités Unies plaide à cet effet pour une internationalisation de l'action des collectivités territoriales, car on ne saurait faire une politique locale sans avoir une ouverture à l'international. On peut également mentionner le réseau Eurocités qui réunit plus d'une centaine de grandes villes europpéennes.et réunis par l'association internationale ; Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), ce dernier qui, aujourd'hui, constitue le principal réseau global de villes et de gouvernements locaux. Elle est née en 2004 de la fusion de l a Fédération mondiale des cités unies (FMCU) francophone, et de l'International Union of Local Authorities (IULA) anglophone.

Il a conclu en soulevant deux préoccupations majeures qui coûteront chères à l'agenda mondial, à savoir : les changements climatiques et la fragilité des Etats. Ces sujets poseront certainement les problèmes de déplacement des populations, leur réinstallation et la reconstruction des cités. D'où la nécessité de renforcer l'action internationale des communes.

Monsieur Bernard PIGNEROL, Délégué Général aux Affaires Internationales de la Ville de Paris, nous a entretenus sur l'action internationale des collectivités territoriales en s'appuyant le cas de Paris. Il a évoqué les raisons pour lesquelles Paris agit sur la scène internationale : c'est une ville par laquelle les immigrés arrivent (une tradition d'accueil, de multiculturalisme), ville refuge pour les questions de droits de l'homme, il ya une forme d'internationalisme voulu avec l'intégration européenne, les maires de Paris sont des grands dirigeants politiques, la tradition république voudrait que le Maire de Paris soit le protecteur du Chef de l'Etat, tout Chef de l'Etat nouvellement élu rend visite au Maire de Paris y compris tout Chef d'Etat invité.

Il y a aussi trois domaines sur lesquels Paris agit sur la scène internationale : les valeurs (françaises, démocratiques), la solidarité (aide d'urgence, assainissement, potabilisation, lutte contre le sida, programmes de santé publique, urbanisme) et les échanges (bonnes pratiques). Pour un budget destiné à l'internationalisation de la ville de Paris évalué à sept (07) millions d'euros, le constat qui se dégage est qu'une véritable diplomatie des villes s'est mise en place depuis une dizaine d'années.

Monsieur Vincent SKOROKHODOFF, expert, Gérant de Sarl Vecteurs, dans « manager une équipe », nous a fait savoir que le monde dans lequel nous évoluons est de plus en plus complexe (complexité d'acteurs, d'enjeux, de temporalités et d'objectifs). Loin d'être stable, notre environnement professionnel est soumis à des contraintes, des incertitudes, des injonctions paradoxales. Le rôle du manager est de comprendre l'environnement dans lequel évolue son institution. Il doit décider en conscience et avec tout le discernement nécessaire au regard de cette complexité. Auprès de son équipe, il doit conduire celle-ci vers les objectifs fixés et de les rendre plus performants, à travers la motivation et la responsabilisation. Un bon manager c'est celui qui fait évoluer son équipe vers la culture du résultat. Il doit s'assurer de l'application des règles déontologique au sein de son équipe et y instaurer une pratique éthique. Il doit savoir gérer son temps, entre urgence et anticipation afin de pouvoir prendre au bon moment la décision la plus adaptée. Enfin, un bon manager est celui qui consulte, qui se concerte avec son équipe, qui gère les difficultés de ses collaborateurs, qui joue le rôle d'accompagnateur (exemplarité, rigueur, confiance). Pour opérationnaliser tous ces acquis, nous avons été soumis au jeu de rôles manager/collaborateur dans différentes situations.

Par ailleurs, l'exposant nous a entretenus sur la négociation diplomatique. L'expérience de la négociation est vraiment au centre de l'activité. Cette activité multilatérale est un changement de position dans les chaînes d'interdépendances qui relient l'Etat aux organisations internationales ; l'accès à une position nodale, de représentant, de délégué ; une position carrefour, de filtrage, de confrontation d'attentes parfois difficiles à concilier. La négociation continue, permanente, obsessionnelle (dans les réunions, dans les couloirs, au téléphone, dans les restaurants, dans les soirées) est un impératif structurel. L'information et l'expérience permettent au diplomate d'évaluer le champ de la négociation. Il y a des bornes qu'il ne faut pas dépasser, au risque de perdre du crédit et des chances de conclure. Dans les négociations multilatérale, les limites infranchissables (même si elles peuvent évoluer), sont les  lignes rouges.

Les  lignes rouges  correspondent, aux limites du périmètre de négociation sur lesquelles il n'y a pas de prise. Il est vrai que tout le travail du négociateur consiste à tenter de déplacer, à son avantage, le champ de la négociation et l'exercice est d'autant plus subtil qu'il doit être mené simultanément sur trois tableaux au moins, qui ont chacun leurs propres caractéristiques (en termes de langage, de mode d'action, d'équilibre des rapports de force...) : le jeu de la capitale (celui des instructions et bien souvent aussi de l'avenir professionnel du diplomate), le jeu de la représentation permanente (où se durcit, entre collègues, avec l'ambassadeur et son adjoint, la représentation du possible et du souhaitable) et le jeu multilatéral (celui des groupes de travail où se construit aussi la réputation du négociateur).

Lors de consultations ou de négociations, le diplomate doit être en mesure de présenter sa position de manière succincte, mettant l'accent sur l'essentiel de son message. Quand il s'agit de participation à des conférences ou de présence à des séances formelles, la présentation d'une position de manière appropriée acquiert une importance encore plus grande. S'il s'agit d'un discours préparé à l'avance, il est indispensable de bien le présenter plus simplement et de bien le lire. S'il arrive de prendre la parole sans texte rédigé à l'avance, il va falloir posséder un certain talent d'improvisation, de pouvoir parler de façon cohérente et compréhensible. Il faut dire qu'au-delà de la communauté diplomatique réunie au sein d'un pays ou d'une organisation multilatérale, la société civile, les différentes organisations locales représentent un terrain de choix pour connaître au public leur pays. Le diplomate doit se rapprocher de se rapprocher de la société civile afin de bâtir un solide avec celle-ci. Le diplomate doit tenir présent à l'esprit que la société civile représente un réseau mondial et que ses composantes peuvent être une courroie de transmission de valeurs vers l'opinion publique.

Pour Madame Myriam SAINT-PIERRE, diplomate, Adjointe au Sous-directeur des Affaires Politiques à la Direction des Nations Unies du MAEDI, la pratique, au Conseil de Sécurité (CS) des Nations Unies, voudrait que les décisions se prennent de façon consensuelle. Un texte à adopter au CS, passe au crible de plusieurs étapes. D'abord la phase de pré-négociation qui réunit les experts techniques. A la suite de celle-ci, un draft est élaboré et soumis à l'adhésion des partenaires. Le texte est ensuite transmis à l'administration centrale pour avis et qui, à son examine le projet en étroite collaboration avec la représentation permanente de son pays. Les remarques formulées, les priorités et les lignes rouges arrêtées mais la négociation ne peut pas être clore tant que le principe de consensus n'est pas cristallisé. En cas de blocage par rapport au véto imposé par l'un des membres permanents, la stratégie voudrait que la communauté internationale soit prise à témoin. D'où la nécessité d'un encadrement du droit de véto (en cas de crime de masse par exemple, on pourrait faire appel à un renoncement volontaire et collectif du droit de véto) ainsi que d'une réforme du CS qui cristallise une politique à double standard et laquelle a des répercutions à travers le monde ( par exemple, 75% des questions qui y sont débattues sont africaines).

Monsieur Arnaud MAGNIER, Conseiller auprès du Secrétariat Général des Affaires Européennes, s'est appesanti sur le processus de prise de décision au sein de l'Union Européenne. A cet effet, il a précisé qu'il y a donc, en son sein, un triangle institutionnel composé ainsi qu'il suit :

Le Conseil européen est composé de 28 Chefs d'Etat ou de Gouvernement des Etats membres, de son Président et du Président de la Commission. Le Haut Représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité participe à ses travaux. Le Conseil européen définit les orientations politiques générales et les grandes priorités de l'Union européenne. Avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne le

1e décembre 2009, il est devenu une institution à part entière.

Le Conseil européen donne à l'Union les impulsions nécessaires à son développement et en définit les orientations et les priorités politiques générales. Il n'exerce donc pas de fonction législative. Le Conseil européen se réunit au moins deux fois par an, généralement au siège du Conseil de l'Union européenne, dans les locaux du bâtiment Justus Lipsius, à Bruxelles. Sauf stipulation contraire dans les Traités, le Conseil européen se prononce généralement par consensus. Dans certains cas, il adopte ses décisions à l'unanimité ou à la majorité qualifiée, selon ce que prévoit le Traité. Le Président du Conseil européen, qui, jusqu'à la fin 2009, était le Chef d'Etat ou de Gouvernement de l'Etat membre qui assurait la présidence pour six mois, est désormais désigné pour un mandat d'une durée de deux ans et demi (renouvelable une seule fois) à l'issue d'un vote à la majorité qualifiée du Conseil européen. En exerçant désormais une fonction à temps plein, le Président du Conseil européen acquiert un caractère permanent.

De toutes les assemblées parlementaires multinationales, le Parlement européen est le seul à être élu au suffrage universel et, depuis le mois de juin 1979, il est le seul organe de l'Union européenne à être élu directement. Les membres du Parlement européen sont élus tous les cinq ans. Les élections de juin 2009 ont coïncidé avec le 30e anniversaire des premières élections européennes au suffrage universel. 736 Membres issus de 27 pays ont été élus et siègent aujourd'hui au sein de groupes constitués sur la base de l'affiliation politique plutôt que sur la base de la nationalité. Les membres du Parlement européen sont élus tous les cinq ans par les électeurs des 27 Etats membres de l'Union européenne, au nom de ses 500 millions de citoyens. Les Présidents du Parlement européen sont désignés pour une durée de deux ans et demi, le mandat de cinq ans étant normalement divisé entre les deux principaux partis politiques. Le Parlement participe activement à la rédaction de la législation européenne qui a un impact sur la vie quotidienne des citoyens: protection de l'environnement, droits des consommateurs, égalité des chances, transports ou libre circulation des travailleurs, des capitaux, des services et des marchandises. Le Parlement est également compétent, avec le Conseil, pour arrêter le budget annuel de l'Union. Les travaux du Parlement sont importants car, dans de nombreux domaines d'action, la législation européenne est adoptée à la fois par le Parlement et le Conseil des ministres, qui représente les États membres. Il prend des décisions dans des domaines qui concernent tous les citoyens de l'Union européenne. Le Parlement européen possède trois sièges: en France, en Belgique et au Luxembourg: les sessions plénières mensuelles, auxquelles assistent tous les MPE, se tiennent à Strasbourg (France) ; le `siège du Parlement, les réunions des commissions parlementaires et les sessions plénières complémentaires se tiennent à Bruxelles (Belgique); les services administratifs (le Secrétariat général) sont installés à Luxembourg.

Le Conseil de l'Union européenne (souvent appelé Conseil) se compose d'un représentant de chaque gouvernement national - au niveau ministériel - et est l'institution européenne qui représente les Etats membres. Au sein du Conseil, chaque Ministre est habilité à engager son gouvernement durant les réunions et répond politiquement de ses actes devant son propre parlement national, ce qui garantit la légitimité démocratique des décisions du Conseil. Le Conseil est le principal organe de décision de l'UE. En codécision avec le Parlement, il peut adopter, amender ou rejeter des lois (pouvoir législatif) émanant de la Commission européenne. Les décisions du Conseil sont généralement votées à la majorité qualifiée. L'unanimité des voix reste cependant applicable dans un nombre limité de domaines tels que la fiscalité et la défense. Avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la codécision est devenue la «procédure législative ordinaire» pour les décisions dans la plupart des domaines politiques. Autrement dit, ni le Parlement européen ni le Conseil ne peuvent adopter une loi sans l'assentiment de l'autre institution.

La Commission européenne exerce le pouvoir exécutif de l'Union européenne. Son rôle consiste à proposer des lois, à mettre en oeuvre les décisions prises, à veiller au respect des traités de l'UE et à assurer le bon fonctionnement général de l'Union. Le terme «Commission» est utilisé pour désigner aussi bien l'institution que le Collège des Commissaires. Le Collège des Commissaires (un par Etat membre), même si ces derniers sont désignés par les Etats membres, ils ne représentent pas leur pays au sein de la Commission. Ils sont supposés représenter l'intérêt commun de l'Union européenne, et les portefeuilles. Bien que l'initiative législative revienne à la Commission européenne, ce sont le Conseil et le Parlement qui adoptent les lois européennes. Dans certains cas, le Conseil peut agir seul. D'autres institutions interviennent également dans le processus décisionnel.

Les règles et les procédures de décision au sein de l'UE sont définies dans les traités. Toute proposition de nouvel acte législatif repose nécessairement sur un article des traités (le droit primaire), qui constitue sa «base juridique». Celle-ci détermine la procédure législative à suivre. Les trois procédures principales sont «la consultation», «l'avis conforme» et «la codécision». La codécision est la procédure décisionnelle la plus courante, également appelée «procédure législative ordinaire» en vertu du Traité de Lisbonne. Cette procédure de codécision nécessite l'approbation officielle du Parlement et du Conseil. Les deux organes sont sur un pied d'égalité et ont la possibilité de proposer des amendements au texte. Depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le Parlement européen joue désormais un rôle dans toutes les procédures législatives sont attribués

S.E Nassif HITTI, Ambassadeur de la Ligue des Etats Arabes à Rome et au Vatican, nous a entretenus sur le cas de Ligue des Etats Arabes face aux défis actuels. Il pense que les défis auxquels ces Etats font face aujourd'hui concernent leur stabilité. Cette organisation s'attèle à quatre grands conflits, à savoir : les conflits interétatiques (classiques, faciles à gérer), les conflits asymétriques (dégager les responsabilités, difficile à gérer), les conflits intra-étatiques (à l'intérieur d'un Etat, approche sociologique et non diplomatique) et les conflits multidimensionnels (l'importance du conflit est fonction de la position géostratégique des acteurs). Ce dernier cas est beaucoup plus propre à la Syrie. A cet effet, il faut localiser le conflit afin de trouver les voies et les moyens de l'endiguer. Cela nécessite une approche globale qui consiste à ne pas faire une lecture exclusive de la situation mais parallèle. Ce genre de conflit induit toujours un effet de réputation et même transnational. La ligue fait ainsi face à cinq obstacles majeurs : l'affaiblissement du refus catégorique d'intervenir dans les affaires intérieur d'un Etat (interdépendance) ; l'opposition à l'internationalisation d'un conflit (arabisation de règlements) ; la peur de l'ingérence extérieure (surtout fraternel) et la faiblesse d'une culture de médiation diplomatique. Pour essayer de remédier à ce dysfonctionnement, la ligue a prévu quelques méthodes de médiations : l'anticipation (discrète et informelle), la médiation à deux niveaux et en parallèle (interne-externe), le forum multilatéral (assise thématique), la médiation à composition variée (comité tripartite) et la médiation de stabilisation. S'agissant du cas syrien, la ligue a mis sur pied un système d'alerte, un comité de sage a été créé, une banque des données disponible et la ligue se penche actuellement sur une éventuelle création d'un conseil de paix et de sécurité. Au regard de cette volonté manifestée par la ligue pour affronter ces défis, la grande difficulté demeure ces années lumières qui existent entre la décision prise par les Etats membres et sont application.

Monsieur Boris FALATAR, Coordonateur Réponse aux pays en situation de crise, pense que, la mission, de l'UNESCO dont le siège est à Paris, est clairement défini dans l'Acte constitutif et stipule que : «l'Organisation se propose de contribuer au maintien de la paix et la sécurité en resserrant, par l'éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d'assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples." Ainsi, la pratique du multilatéralisme constitue une réalité en son, car chaque État dispose d'une seule voix et l'importance du consensus est mise en exergue. S'agissant de la négociation, elle se joue entre les grands États Petits États et le rôle de la personnalité des Ambassadeurs compte aussi. Ses principales activités sont : l'éducation, la culture, les sciences exactes et naturelles, les sciences sociales et humaines, la communication et l'information, diffusion du savoir, rencontres et conférence, etc. Cette organisation dispose des Instituts et centres et s'occupe des rapports et publications, des accords internationaux, des conventions, recommandations et déclarations. C'est une organisation intergouvernementale composée 195 États membres des Nations Unies dont l'adhésion est automatique. S'agissant des États non membres des Nations Unies, l'adhésion se fait par vote à la majorité des 2/3. Pour ce qui est des membres associés, la candidature est soumise par l'autorité compétente. Les cotisations sont faites par les États membres et constituent son budget ordinaire (budget+ ressources extrabudgétaires). La conférence générale est constituée des représentants de tous les Etats membres. Le conseil exécutif quant à lui est composé des membres élus par la conférence générale. Cette élection tient compte de la diversité culturelle ainsi que d'une répartition géographique équitable.

CONCLUSION

PRESENTATION DU CADRE DU STAGE

Au terme de notre stage, nous avons pu avoir la confirmation selon laquelle la modernisation du métier de diplomate est devenue indispensable compte tenu des nouveaux enjeux. Aussi, avons-nous acquis des outils, nouveaux paradigmes, nouvelles grilles d'analyse et d'interprétation des relations internationales. Par ailleurs, nous avons beaucoup appris pour ce qui concerne les techniques de négociation internationale dans le cadre bilatéral et multilatéral et l'importance de la diplomatie de l'enseignement supérieur dans le rayonnement international d'un Etat.

Fort de ce qui précède et au regard de la mission qui nous incombe dans la Cellule de la Coopération Universitaire du MINESUP, dans le cadre de l'élaboration des stratégies en matière d'enseignement supérieur et du suivi de la participation de ce ministère dans les organismes internationaux, nous essayerons d'opérationnaliser toutes les connaissances acquises au cours de ce stage afin d'apporter une plus-value dans le vaste chantier de « pleine rénovation » de l'enseignement supérieur définit par le chef de l'Etat, mis en oeuvre par le Premier Ministre Chef du Gouvernement et exécuté avec méthode, engagement et détermination par le Ministre de l'Enseignement Supérieur.

Il serait souhaitable que l'Etat accroisse davantage la politique du renforcement des capacités des fonctionnaires, surtout ceux qui sont chargés des questions de coopération internationale, afin que ceux-ci soient aptes à s'adapter aux nouveaux enjeux qu'impose la mondialisation.

* 1 Cette circulaire en son point 2 stipule que, pour toute demande d'autorisation de sortie du territoire national, « vous assurer de l'adéquation entre la formation initiale, le poste occupé et la formation sollicitée... ».






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus