A Son Excellence Paul BIYA, Président de la
République et Chef de la Diplomatie Camerounaise.
« Je me réserve de revenir plus en
détail prochainement sur ce que
l'on pourrait appeler la « renaissance » de notre
diplomatie »
Discours à la Nation, le 31 décembre 2010.
REMERCIEMENTS
Ce rapport de stage est l'aboutissement de beaucoup d'efforts
consentis tant aux plans professionnel, scientifique, individuel que familial.
A cet effet, je voudrais remercier ici collectivement ou
nommément certaines des personnes qui m'ont guidé et
accompagné sur ce chemin plein de détours.
J'exprime d'abord mon immense et déférente
reconnaissance à l'endroit du Gouvernement de la République du
Cameroun qui, à travers le Ministère de l'Enseignement
Supérieur (MINESUP), a bien voulu accepter présenter
officiellement ma candidature à l'ENA (Ecole nationale
d'Administration)-CISAP (Cycle International Spécialisé en
Administration Publique).
J'adresse mes très sincères remerciements au Pr.
Jacques FAME NDONGO, Ministre de l'Enseignement Supérieur, pour la
confiance qu'il a bien voulu placer à ma modeste personne ainsi que pour
les moyens mis à ma disposition pour le bon déroulement du
stage.
Je tiens également à exprimer toute ma gratitude
à Messieurs les Professeurs NGOMO Horace MANGA et Michel TJADE EONE,
respectivement Secrétaire Général et Chef de Division de
la Recherche et de la Coopération Universitaires (DRCU) du MINESUP, pour
leurs conseils et encouragements, lesquels ont contribué à la
qualité de mon rendement.
Des remerciements chaleureux vont aussi à l'endroit des
responsables de l'Ambassade de France à Yaoundé, ceux en charge
de l'administration à l'ENA, des Intervenants de notre formation, les
co-stagiaires, qui m'ont assisté, encadré, formé,
aidé et conseillé au cours des différentes phases de ce
stage et qui m'ont offert un cadre de travail agréable et chaleureux.
Je ne peux taire plus longtemps la gratitude
particulière que j'aie vis-à-vis de quelques êtres
chers : Mon feu Père Daniel Rabelais qui, à travers Dieu, a
fait de moi ce que je suis ; Ma Mère Marie Clémence pour son
amour maternel inestimable ;Monsieur Moise AKOM MVONDO, pour sa
sollicitude constante et permanente à mon égard ; Madame
Nathalie Florette LAFARE, Messieurs Wesley Willy MEKA et Michel POULLAIN qui,
ont transformé une aventure intellectuelle et professionnelle
individuelle en aventure collective à travers leur encadrement ;
Monsieur Salomon Valentin UM pour sa franche collaboration.
Et, last but not least, ma famille qui a tant enduré
pendant mon absence. C'est avant tout à mon épouse Suzanne
Fannie, à qui je dédie ce rapport consacré à ce
stage. Depuis le début de notre vie conjugale jusqu'à nos jours,
elle a été et demeurera une partie complémentaire et
nécessaire dans l'assomption de mes nobles missions professionnelles.
Aussi, voudrais-je associer toute l'intelligence dont sont capables nos enfants
Kévin Faniel, Darel Rabelais, Maeva Elsa, Maella
Alexandra, qui déploient leur débrouillardise et leurs
facéties et vivent une enfance rayonnante dans cette cohabitation
extraordinaire et généreuse de leurs parents.
INTRODUCTION GENERALE
Le Décret n° 2000/697/PM du 13 septembre 2000
fixant le régime de la formation permanente des fonctionnaires stipule
expressément que l'Etat camerounais est tenu d'assurer au fonctionnaire
en activité une formation permanente en vue d'accroître ses
performances.
A cet effet, il y est unanimement reconnu que le contenu de la
formation est indissociable de tout projet de modernisation de l'administration
en ce sens que, ce sont les agents fraîchement formés qui
contribuent, pour une large part, à y introduire les nouvelles
conceptions, techniques et méthodes nées des avancées
scientifiques et technologiques. Ayant compris cette leçon de l'histoire
et cette exigence de la raison, nous avons introduit notre candidature, eu
égard à notre formation de Diplomate ainsi que notre poste de
Chef de cellule de la Coopération Universitaire (Cf. Circulaire
N°009/CAB/PM du 27 septembre 2007)1(*), afin de prendre part à un stage de
perfectionnement d'une durée de quatre (04) semaines à l'ENA de
Paris.
Ainsi, après avoir pris langue à travers un
appel téléphonique, en date du 22 mai 2014, avec le Service de
Coopération et d'Action Culturelle de l'Ambassade de France à
Yaoundé dans le but de nous assurer de l'accord préalable de
notre candidature pour le stage sollicité, nous nous sommes
immédiatement lancés dans les préparatifs pour notre
participation audit stage (cf. documents joints en annexe).
Partis du Cameroun le samedi 31 mai 2014, par vol Air France,
à l'Aéroport International de Yaoundé Nsimalen aux
environs de 23h 55 min, nous sommes arrivés en France le dimanche 01
juin 2014 à 06 h 40 min. Nous avons été accueillis
à l'aéroport de Paris Roissy Charles de Gaulle par notre soeur
Madame Nathalie Florette LAFARE résidant à Paris. Par la suite,
cette dernière, non seulement nous a accompagnés à
l'Hôtel, mais également nous a permis de faire la connaissance de
notre lieu de stage le même jour.
Ce stage qui a pour thème « les nouvelles
pratiques du métier de diplomate » a débuté le
02 juin 2014 à l'ENA de Paris. Arrivés dans cette Ecole aux
environs de 10 heures, l'accueil et la prise de contact relatifs au
début de notre stage, se sont effectués, d'abord dans le hall du
bâtiment pour ce qui concerne le petit déjeuner et le
réglage des aspects logistiques et matériels liés à
la formation, ensuite dans la salle N°6 s'agissant de la
cérémonie d'ouverture proprement dite. Ladite
cérémonie a été présidée par Madame
Aurélia SMOTRIEZ, Conseillère pédagogique à l'ENA.
Avant de dérouler le programme de la formation et de procéder
à la présentation des 27 auditeurs issus de différents
pays du monde, cette dernière a tenu à souhaiter la bienvenue
à tous les participants au nom de Madame la directrice
empêchée.
Arrivé à son terme le 27 juin 2014, jour de la
remise des attestations de spécialité aux stagiaires, ce stage
qui, nous a permis d'être en contact avec des hauts responsables
férus d'expériences et hissés au sommet des grades du
corps des fonctionnaires de la diplomatie française et
étrangère, des experts ainsi que des figures emblématiques
de la citadelle universitaire française, a été une
expérience professionnelle et humaine extrêmement enrichissante
qui a dépassé très largement les possibilités de
prévisions offertes à notre esprit. Il nous a donc permis
d'enrichir notre pratique professionnelle par l'actualisation des
connaissances, par la discussion approfondie avec les meilleurs
spécialistes, par la confrontation de notre expérience avec celle
de collègues venus du monde entier, bref par l'ouverture à une
dimension d'administration comparée essentielle pour un fonctionnaire.
Nul doute que cette formation nous permettra d'être à la hauteur
des attentes et des espérances que le Gouvernement camerounais a
placées en notre modeste personne. Ce stage répond aussi et
peut-être avant tout, à une démarche indispensable pour
tout fonctionnaire qui veut être en phase avec les exigences de
l'administration moderne, de se former tout au long de sa carrière pour
être plus efficace au service de son pays et de ses concitoyens.
Dans ce rapport, nous voudrions d'une part, rendre compte du
cadre et du contexte dans lequel notre stage s'est déroulé et,
d'autre part, évoquer les mobiles qui sous-tendent la
nécessité de réformer les pratiques du métier de
diplomate, en présentant les grands thèmes qui ont
été développés à cet effet.
PREMIERE PARTIE :
PRESENTATION DU CADRE ET DEROULEMENT
DU STAGE
En vue de saisir l'intérêt et la pertinence que
suscite ce stage, il est intéressant d'abord de mettre en
lumière le cadre dans lequel ce dernier a été
effectué. Ensuite, il sera indispensable d'esquisser les temps forts qui
ont marqué son déroulement.
CHAPITRE I :
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
Dans ce chapitre, pour mieux appréhender le rôle
que joue l'ENA dans la formation des cadres, il convient de faire un bref
rappel historique de l'institution(I) ainsi que son organisation et son
fonctionnement (II).
I. Présentation de l'ENA
L'ENA a été créée par l'Ordonnance
No 45-2283 du 09 octobre 1945 du Gouvernement de la
République provisoire française, sous la présidence du
Général de Gaulle. Implantée à Paris depuis plus
d'une soixantaine d'années, d'abord dans plusieurs localités,
cette École s'est établi, après un
déménagement effectué en 1991 pour son extension à
Strasbourg, définitivement au Vème Arrondissement de
la ville de Paris en 2002, 2 Avenue de l'observatoire.
Le site de Paris, où nous avons effectué notre
stage, accueille un certain nombre d'activités de l'ENA, tandis que
tous les autres services sont concentrés à Strasbourg. Les
activités parisiennes regroupent les relations internationales et les
cycles courts (de 02 semaines à 2 mois) de formation permanente à
destination aussi bien des publics français qu'internationaux.
II. Organisation et fonctionnement du stage
Cette Ecole d'application à vocation nationale,
européenne et internationale est dirigée depuis 2012 par Madame
Nathalie LOISEAU, Ministre Plénipotentiaire. C'est une structure qui
dispose des hommes, des femmes et des services à la disposition des
élèves et des intervenants. L'ENA compte environ 220 personnes
qui travaillent chaque jour au sein des directions pédagogiques et des
services transversaux, administratifs ou techniques. Par ailleurs, il ne
dispose que de deux (02) enseignants permanents, en français langue
étrangère et en sport mais plus de mille (1000)
intervenants sont recrutés chaque année pour les
différents cycles de formation coordonnés par les directions
pédagogiques.
S'agissant de son organigramme, l'ENA comprend une direction
et un conseil d'administration. L'institution est organisée en cinq (05)
directions, à savoir :
· la Direction de la formation ;
· la Direction des stages ;
· la Direction des relations internationales ;
· la Direction des affaires européennes ;
· le Secrétariat Général.
Le Conseil d'administration quant à lui comprend,
outre les délégués des élèves, des
personnalités, choisies pour leur compétence, issues de
l'Assemblée Nationale, du Sénat et du Parlement Européen.
Il traduit dans sa composition la très forte dimension internationale et
européenne de l'École. Le président du Conseil
d'administration est, de droit, le vice-président du Conseil
d'État, plus haut fonctionnaire de l'administration. Le président
et les membres du Conseil d'administration sont nommés par décret
en Conseil des Ministres.
Depuis sa création, la démocratisation de
l'accès à la haute fonction publique et la professionnalisation
de la formation des hauts fonctionnaires ont toujours constitué les
principes fondateurs de ladite école. Sa mission principale consiste
à recruter et à former les hommes et les femmes qui feront vivre
et évoluer les administrations, tout en leur transmettant
l'éthique du service public, fondée sur des valeurs de
responsabilité, de neutralité, de performance et de
désintéressement. Elle forme ses élèves dans une
double dimension, à savoir : l'expertise dans tous les champs
essentiels de l'action publique, selon une logique généraliste et
interministérielle (droit, finances publiques, économie
appliquée, problématiques européennes et internationales,
territorialisation des politiques publiques, administration
électronique) et celle du management public(gestion des équipes,
gestion des projets, suivi et mesure de la performance collective,
contrôle des coûts, gestion des ressources humaines dans un
environnement en constante mutation). Parmi d'autres missions dont remplit
cette école, nous pouvons entre autre citer :
· la formation initiale des hauts
fonctionnaires français et étrangers ;
· la formation continue et le
perfectionnement de fonctionnaires français et étrangers,
dans le cadre de sessions de courte ou de longue durée ;
· les relations européennes et
internationales bilatérales et multilatérales en
matière de gouvernance publique et d'administration ;
· la formation aux questions
européennes et la préparation aux concours.
CHAPITRE II :
DEROULEMENT DU STAGE
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
Notre stage a consisté essentiellement à
l'évaluation de la fonction diplomatique dans le temps, dans l'espace,
dans les attributions confiées aux diplomates et dans les
compétences requises pour exercer ce métier. Il se trouve qu'elle
(cette fonction) est aujourd'hui, largement interrogée dans sa
finalité et ses moyens par les enjeux de la mondialisation, de la
multiplicité des acteurs internationaux et des mutations technologiques
et de communication.
Pour une meilleure compréhension de la formation que
nous avons reçue, il apparait approprié de présenter les
principaux thèmes qui ont constitué l'ossature de ce stage et
dont l'objectif a consisté à mieux nous préparer en tant
qu'auditeurs, de nous montrer les aspects d'une activité en pleine
mutation qu'est la diplomatie, afin que soyons aguerris et aptes à
satisfaire les attentes de nos pays dans ce domaine.
I. L'organisation du stage
Comme nous
l'avons évoqué plus haut, Madame Aurélia SMOTRIEZ qui
nous a reçus dès notre arrivée, s'est également
chargée de nous présenter de façon générale
la structure. En plus, c'est elle qui s'est occupée du suivi de notre
stage. Cette dernière a
mis à notre disposition un chronogramme consacré à notre
durée de stage au sein de l'institution. (Voir programme joint en
annexe).
Convient-il aussi de préciser que, notre stage est le
fruit d'une synergie organisée entre l'ENA, le Ministère des
Affaires Etrangères et du Développement International (MAEDI),
certains universitaires et experts français, pour une formation
efficiente des fonctionnaires d'administrations
étrangères, cadres d'entreprises.
Ainsi, notre stage s'est déroulé autour des
principaux thèmes suivants :
- les textes
fondateurs de la diplomatie moderne et les perspectives d'évolution de
la fonction ;
- l'action diplomatique : exercices de simulation de
négociation et de
communication ;
- les différentes fonctions du diplomate :
représentation, observation,
information et communication, négociation,
protection des
ressortissants et promotion des
intérêts du pays représenté ;
- le rôle du chef de poste : fonctions, missions,
organisation du travail d'équipe, relations avec les acteurs de la
scène internationale, les autorités officielles, les milieux
influents de l'État accréditaire, les homologues
étrangers ;
- les multiples facettes du métier de diplomate, en
poste au sein de l'administration centrale ou à l'étranger, dans
les relations bilatérales, régionales ou multilatérales,
dans les différents domaines (politique, financier, culturel,
commercial), en temps de paix ou de crise.
II. Le Suivi et l'évaluation du stage
Madame Aurélia SMOTRIEZ nous a été d'un
apport considérable tout au long de notre stage. Ses orientations
d'ordre pratique et méthodologique nous ont donné
l'opportunité de gagner en expérience sur la maîtrise des
techniques et outils nécessaires à la conduite des relations
internationales, à travers des apports théoriques, l'étude
de cas concrets, des visites d'études dans les institutions nationales
et internationales, des conférences-débats, des exercices de
simulation et des témoignages de Diplomates confirmés. Le suivi
permanent que notre encadreur a consacré à notre stage nous a
permis d'être ponctuel, assidu afin de mieux suivre notre formation. Il
est aussi à noter que nous étions soumis, à certains
moments, à des séances d'évaluation organisées par
des intervenants, pour s'assurer du meilleur suivi de notre stage.
Les cours magistraux : Ils nous ont
permis d'acquérir un certain nombre de connaissances théoriques
afin d'être aptes à les opérationnaliser ainsi que des
compétences constitutives du métier auquel nous sommes
appelés à exercer. Ils ont contribué au
développement de nos capacités d'autonomie et d'initiative et
nous ont permis de pouvoir assumer des responsabilités sur le plan
professionnel.
Les visites : elles ont
été effectuées au sein des institutions nationales et
internationales implantées à Paris, dans le but d'avoir une
vision plus globale de l'action internationales de ces dernières. Dans
cette optique, j'ai eu l'opportunité de visiter le Ministère des
Affaires Etrangères (Quai d'Orsay), l'Organisation de Coopération
pour le Développement Economique (OCDE) et l'Organisation des Nations
Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO). Toutes ces visites
ont eu un point d'intérêt commun: le fonctionnement réel
desdites institutions en matière de coopération
internationale.
Les exercices de simulation : Le stage
répondait à une double vocation à travers deux objectifs
fondamentaux : assurer une formation hautement professionnelle et
préparer les auditeurs par-delà leurs traditions nationales
à se confronter au monde réel. Sa particularité consistait
à effectuer une simulation de négociations
multilatérales portant sur un sujet d'actualité international
(négociations sur les changements climatiques, au sein de l'Union
Européenne, le soutien budgétaire).
Les exercices pratiques : ils nous ont
permis d'opérationnaliser les connaissances acquises au plan
théorique. C'était un excellent moyen de vérification des
tactiques et stratégies que nous avons présenté dans nos
dossiers d'expertise portant sur la négociation diplomatique, la
rédaction des télégrammes diplomatiques, la situation de
crise, la communication web et les techniques de management d'une
équipe, afin de vérifier leur efficacité et de les
corriger.
Les ateliers d'échanges
d'expériences : cet exercice a consisté à
organiser un brainstorming entre les auditeurs afin que chacun puisse
s'exprimer librement sur la politique étrangère et les usages
culturels de son pays et partager ses expériences et pratiques
diplomatiques.
Evaluation du cycle : pour
évaluer notre cycle de formation, nous pouvons dire que les
connaissances acquises pendant ce stage effectué à l'ENA sont
sans le moindre doute l'expérience professionnelle pratique la plus
importante dans notre vie et constituent un atout incontestable aussi bien dans
notre formation de diplomate que dans celle de la fonction de Chef de Cellule
de la Coopération Universitaire que nous exerçons au
Ministère de l'Enseignement Supérieur. Aussi, convient-il de
préciser que le fait le plus marquant reste le contact et
l'opportunité immense que nous avons eu à échanger avec
des hauts fonctionnaires étrangers, universitaires et experts
intègres, remplis du sens du devoir républicain, fiers de leurs
statuts de diplomates , toujours bienveillants, simples et efficaces, sans
toutefois oublier les exploitations documentaires que nous avons pu faire dans
la bibliothèque de l'ENA.
S'agissant des difficultés rencontrées, nous
pouvons affirmer mordicus qu'il n'y a pas eu d'écueils majeurs qui
puissent constituer une entrave au bon déroulement dudit stage.
Néanmoins, nous évoquons la grève des cheminots qui, plus
d'une semaine durant, a fortement influencé notre déplacement de
l'hôtel pour le lieu du stage.
DEUXIEME PARTIE :
LES NOUVELLES PRATIQUES DU METIER DE DIPLOMATE
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
La fonction diplomatique a évolué dans le temps,
dans l'espace, dans les attributions confiées aux diplomates et dans les
compétences requises pour exercer ce métier. Il s'agira donc dans
cette deuxième partie, de passer en revue les textes fondateurs de la
diplomatie moderne, les perspectives d'évolution de la fonction et
l'impact de la mondialisation sur le métier.
Le décor de cette deuxième partie a
été planté par le Pr. Bertrand BADIE,
Enseignant des Sciences politiques à l'Institut d'Etudes Politiques
(IEP) de Paris, à travers son exposé portant sur
« la diplomatie au XIXème siècle :
permanences et nouveaux enjeux ».
Dans son propos liminaire, le Pr. BADIE a d'emblée
posé le problème de l'interaction entre le diplomate et les
autres acteurs non étatiques pour faire face aux défis de la
mondialisation, dans une logique de complémentarité. A cet effet,
il est revenu sur la définition du terme
« diplomatie » qui doit être retenue par la
communauté internationale. Selon lui, la diplomatie est l'art de
gérer les séparations telle que définie par le britannique
Paul SHARP dans Diplomatic theory. Le travail du diplomate consiste
à soigner les séparations, à regarder les
différences afin de trouver des solutions atténuantes et non de
se plonger dans une tendance actuelle particulièrement périlleuse
de la diplomatie, à savoir l'exclusion.
L'intervenant nous a invités à penser les
problèmes internationaux dans toute leur complexité, car la
divergence des points de vue au sujet de la fin de guerre froide a
semblé sonner le glas d'une représentation dominante,
c'est-à-dire celle d'un monde bipolaire, pour céder la place
à un système international instable, complexe et bien plus
difficile à qualifier. L'idée alors d'une domination
hégémonique des Etats Unis sur un monde devenu unipolaire est
battue en brèche par la mondialisation et l'importance des
phénomènes transnationaux. Face à cette situation, les
Etats ne sont plus désormais les seuls acteurs influents sur la
scène internationale mais cela ne signifie pas que leur rôle dans
la conduite de leurs politiques étrangères est
marginalisé. L'ordre westphalien marqué par
l'établissement des représentations permanentes et la pratique
des jeux d'influences par le biais des liens diplomatiques fait face à
la montée en puissance de nouveaux acteurs (Organisations Non
Gouvernementales (ONG), entreprises, collectivités locales,
Organisations Internationales (OI)...), des nouveaux moyens de communication
(Internet, visioconférences...), de nouveaux défis qui se posent
aujourd'hui à la communauté internationale (prolifération
des armes de destruction massive, le terrorisme, le maintien de la paix et le
développement, la protection de l'environnement, la poussée
démographique et les phénomènes migratoires, les heurts
religieux, la libéralisation des échanges, la question de la
réforme du Conseil de Sécurité ,etc.). Ces
réflexions qui sont d'actualité, sans remettre totalement en
cause le modèle stato-centré, constituent la clef d'une
réinvention des politiques étrangères des Etats. Elles
(réflexions) les invitent à s'adapter aux
« turbulences » (J. Rosenau) qui transforment les relations
internationales au jour le jour.
Grosso modo, la diplomatie, selon BADIE, longtemps
monopolisée par les diplomates, connaît de profonds
bouleversements: extension du champ de son domaine d'action, diversification et
multiplication des acteurs du jeu diplomatique, dialectique entre les
gouvernements, les entreprises et les médias, dialogue avec la
société civile, etc. Ce qui rejoint presque l'idée
émise dans La confession d'un vieux diplomate de Le Comte de
Saint-Aulaire en 1953, à savoir : « La diplomatie que
j'ai connue, la diplomatie des diplomates n'existe plus ». Ce qui
suscite une réflexion profonde sur le «métier » de
diplomate, ses origines, ses transformations et ses perspectives, ses multiples
facettes (en poste au sein de l'administration centrale ou à
l'étranger, dans les relations bilatérales, régionales ou
multilatérales, dans les différents domaines politique,
financier, culturel, commercial), en temps de paix ou de crise, etc.), afin de
lui donner les «outils» nécessaires pour exercer pleinement
ses fonctions et affronter les défis actuels qui s'imposent à
lui.
CHAPITRE
III :
LA CARRIERE DIPLOMATIQUE
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
Placé au coeur de l'action extérieure de
l'État, le diplomate apparaît comme un acteur incontournable dans
les relations internationales. Cependant, sa figure classique, investi d'un
ensemble de compétences, dont l'exercice suppose la détention
d'un certain nombre de qualités, privilèges spécifiques et
l'observation d'un ensemble de rituels, fait place à une figure
nouvelle: appelé à remplir de plus en plus une fonction de
coordination et de mise en cohérence de l'action extérieure ainsi
que de servir d'appui à la prise des décisions, le diplomate
moderne est tenu de faire preuve de qualités de gestionnaire et de
meneur d'hommes. Il est invité à s'ouvrir toujours davantage
à la société, en sortant de son ambassade et en jouant le
rôle de grand communicant.
I. La formation et le statut diplomatique
La politique de gestion des ressources
humaines : pour Monsieur Denis FRANCOIS,
diplomate, Chef de Bureau des Politiques Statutaires et de Gestion des
Ressources Humaines du MAEDI, l'intégration de la gestion des
ressources humaines, au coeur de la stratégie des Etats, est un marqueur
de la nouvelle gouvernance de la fonction publique. Dans une logique de
performance et de valorisation du service aux citoyens, les administrations
s'approprient de nouveaux outils de gestion prévisionnelle des
ressources humaines et des techniques de management efficaces. Recrutement,
formation, évaluation des agents, rémunérations, gestion
des compétences, gestion de l'encadrement supérieur, nouveaux
rôles des managers ont été les thèmes centraux de
notre formation. À travers des études de cas permettant de
croiser les regards public et privé et en favorisant les échanges
d'expériences, ce cycle permettra aux auditeurs d'améliorer
outils et méthodes en termes de pratiques managériales.
Le recrutement et la formation des
diplomates : Pour Monsieur Thierry VALLAT,
Diplomate, Chef de Département de la Formation du MAEDI, la
carrière d'un diplomate en France, se caractérise par
l'importance de la formation initiale et la sélection
opérée par l'École nationale d'administration (ENA) et
l'École polytechnique. Avoir un bon rang dans le classement de sortie de
l'ENA, notamment, agit comme un avantage initial pour espérer occuper en
fin de parcours les emplois les plus prestigieux. Les principales voies
d'accès aux emplois de catégorie A1 sont l'ENA, d'où
sortent les Conseillers des Affaires Etrangères du cadre
général intégrant le Quai d'Orsay , le concours pour
l'accès à l'emploi de Conseiller des Affaires Etrangères
du cadre d'Orient, celui pour l'emploi de Secrétaire des Affaires
Etrangères du cadre général, le concours pour
l'accès à l'emploi de Secrétaire des Affaires
Etrangères du cadre d'Orient, les Instituts Régionaux
d'Administration (IRA) pour les Secrétaires des Affaires
Etrangères d'administration. Ainsi, réussir sa carrière
nécessite donc la construction d'une réputation, de
compétences spécialisées, de réseaux relationnels,
des investissements et des sacrifices variables suivant l'origine et le
parcours. Il faut parfois « être prêt »
à accepter, avec de courts délais de réflexion, des postes
géographiquement éloignés ou demandant une très
grande disponibilité, ce qui suppose des arrangements familiaux
différents suivant l'âge ou le sexe.
La carrière est largement déterminée par
la capacité à construire un réseau et à bâtir
une réputation, ce qui peut prendre des formes différentes
suivant la spécialité ou la filière plus
particulièrement suivie et peut être plus ou moins facilité
par les contraintes d'ordre familial. Les carrières les plus rapides,
les plus « cohérentes » et les plus
« brillantes » sont celles d'énarques qui ont
très tôt su se constituer une spécialisation, notamment en
multilatéral. Les diplomates issus des IRA sont les moins avantageux
dans ce cadre.
Il existe au sein du MAEDI des filières qui
s'apparentent à une division sociale du travail entre
métiers. Sans présager de leur ordre, la première
filière est structurée autour des postes
bilatéraux. On y accède le plus souvent, mais pas exclusivement,
par le concours d'Orient, cette affectation correspondant fréquemment
à une spécialisation sur une aire géographique. La seconde
filière est multilatérale. Les agents sont
plutôt issus du concours externe de l'ENA. La carrière se
déroule au sein des Représentations permanentes
importantes ; elle est souvent associée à une
spécialisation technique dominante (questions stratégiques et
d'armement, questions économiques et financières, etc.). La
filière consulaire, enfin, commence souvent par un premier poste en
catégorie B et même C, et se termine, le cas
échéant, par un poste de consul général, voire
parfois d'ambassadeur dans un petit pays. Des postes administratifs
(secrétaire général d'ambassade, chef de Service) sont
parfois occupés en milieu de carrière.
Au service de ces objectifs, le ministère des Affaires
étrangères et du Développement international
conçoit et met en oeuvre la politique étrangère en
s'appuyant sur le travail interministériel qu'il anime et sur un
réseau à l'étranger, le deuxième du monde et en
constante adaptation aux réalités internationales.
Avec un effectif total de 25 000 employés (services
centraux et extérieurs) et dont, pour le réseau diplomatique :
163 ambassades, 16 représentations permanentes auprès
d'organisations internationales, 04 délégations auprès
d'organisations multilatérales et 04 antennes
diplomatiques. S'agissant du réseau consulaire : 92
consulats généraux et consulats, 130 sections consulaires,
5 chancelleries détachées plus
de 500 agences consulaires. Pour ce qui est du réseau culturel :161
services de coopération et d'action culturelle, dont 101 Instituts
français 27 instituts de recherche subventionnés, 400
alliances françaises subventionnées par le MAEDI.
Le statut diplomatique : immunités et
privilèges : Madame Marie-Jeanne De
COQUEREAUMONT, Diplomate, Sous-directeur des Privilèges et
immunités diplomatiques et consulaires du MAEDI, nous a entretenu sur le
fait que la carrière diplomatique est codifiée par la Convention
de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961 et par la Convention
de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963. En effet,
poursuit-elle, les deux conventions soulignent dans leur préambule, les
fonctions d'une mission diplomatique et précisent aussi que le but des
privilèges et immunités ne consiste pas à avantager des
individus mais d'assurer l'accomplissement efficace desdites fonctions. Elles
précisent également que toutes les personnes qui en
bénéficient se doivent respect des lois et règlements de
l'Etat hôte.
En vertu donc des conventions suscitées, les agents
diplomatiques ainsi que leurs familles, bénéficient des
privilèges et immunités de juridiction de l'Etat d'accueil, au
point de vue pénal, avec quelques exceptions de détail au point
de vue civil. Les membres du personnel technique et administratif
bénéficient des immunités de même ordre bien que
moins importantes, pour les actes accomplis au cours de leurs fonctions sous
réserve qu'ils ne soient pas des nationaux ni des résidents
permanents de l'Etat hôte. L'immunité diplomatique va ainsi de
pair avec certains privilèges fiscaux, principalement l'exemption de
l'impôt sur le revenu de l'Etat d'accueil. L'inviolabilité
concerne aussi bien les personnes que leurs biens (locaux officiels,
correspondance officielle, la valise diplomatique, demeure privée, les
bagages, documents, biens privés des diplomates, etc.). Ces agents n'en
restent pas moins soumis aux dégâts commis par eux-mêmes,
risques sanitaires et aux menaces sécuritaires (ordre public, conflits
internes et externes, terrorisme). Dans la mesure où ils
représentent une puissance étrangère qui prend ses
responsabilités et s'engage dans le monde, ils sont les cibles
privilégiées de certaines abus et attaques. A cet
effet, compte tenu de la complexité de cette tâche, le diplomate
qui en est chargé doit faire preuve de grandes qualités pour
savoir gérer, débusquer et traiter les dossiers difficiles. Elle
nous a également recommandé de faire preuve de beaucoup
d'humilité dans ce travail délicat (démêlés
judiciaire, titre spécial, privilèges fiscaux, etc.), car moindre
faux pas, cela peut avoir des répercussions au plan diplomatique. Elle
nous a cités en exemple, le cas d'un Ambassadeur appelé en
urgence par son Chef de l'Etat et qui, en excès de vitesse,
écrase deux enfants au Sud de la France. Dans ce cas, c'est
l'Ambassadeur en question lui-même qui a demandé aux
autorités de son pays de lever son immunité afin de
répondre à l'acte qui lui est reproché.
II. Communication et action diplomatiques
Monsieur Vincent FLOREANI, Porte-parole
Adjoint du MAEDI, a s'est appesanti sur la communication et action
diplomatiques : le cas du MAEDI. La fonction de communication des
missions diplomatiques ne figure nulle part dans les textes officiels, mais
elle valorise toutes les autres. Communiquer, c'est d'abord expliquer ce
que fait la France aux autorités locales et à tous les
acteurs qui peuvent exercer une influence ; pas seulement la politique de
la France envers le pays de séjour, mais ses positions sur les sujets
d'actualité. Depuis Paris, la Direction de la communication et de la
Presse (DCP) transmet chaque jour les textes et déclarations officiels
aux postes qui reçoivent aussi par télégrammes des
commentaires sur les événements internationaux. Il appartient aux
missions de faire le meilleur usage de ce matériel en fonction des
circonstances. Le MAEDI n'agit pas de même qu'aux États-Unis,
où le lobbying est la règle, et dans tel pays autoritaire,
où une ambassade trop active auprès de l'opinion serait vite
taxée d'ingérence. Communiquer, c'est plus largement faire
connaître la France, au-delà des clichés. La France n'a
certes pas à renier sa gastronomie et ses parfums, mais c'est une
tâche toujours recommencée que de rappeler qu'elle produit aussi
des Trains à Grande Vitesse (TGV) et qu'elle est la quatrième
puissance économique du monde.
Le rôle du Chef de poste : d'un
point de vue tiré d'une expérience diplomatique
particulière de quarante années et d'une vingtaine
d'années de Chef de Poste, Monsieur Pierre MOREL,
ancien Ambassadeur de France, nous a enseignés qu'il y a tout un
apprentissage à faire une fois que l'on est Chef de Poste. Il a
rappelé que les méthodes de travail sont organisées,
à savoir : instructions au départ, correspondance
diplomatique régulière, rapports de fin de mission.
L'écrit devient le support usuel des relations entre diplomates. Le
bilatéralisme devient le prototype de la structure diplomatique.
L'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire est le
représentant du Chef de l'Etat à l'étranger ; il
assure ainsi une fonction traditionnelle telle qu'elle résulte de la
pratique internationale. Ses pouvoirs se fondent sur deux actes qui
confèrent sa qualité : sa nomination et son
accréditation. La nomination fait de lui le dépositaire de
l'autorité de l'État d'envoi dans le pays d'accueil mais n'est
pas suffisante ; ce n'est qu'après la présentation de ses
lettres de créance qu'il acquiert la pleine capacité à
exercer ses fonctions parmi lesquelles :
La représentation :
cette fonction confère à l'Ambassadeur le pouvoir de
représenter son pays auprès du pouvoir central étranger.
Cette mission de représentation a évolué sur trois
plans : l'étendue du champ des personnes
représentées, le contenu des politiques
représentées et l'éventail des personnes auprès
desquelles s'exerce cette représentation. La fonction de
représentant de l'État doit être renforcée. Elle
englobe désormais la coordination des interventions des diverses
administrations lorsqu'elles ont une incidence sur la conception ou
l'exécution de la politique étrangère d'un Etat, afin
d'assurer leur cohérence. Cette mission est d'autant plus importante que
les acteurs sont toujours plus nombreux sur la scène internationale.
Tous les ministères se sont dotés de services internationaux.
L'ambassadeur continue d'être l'intermédiaire obligatoire entre
deux gouvernements, le sien et celui après duquel il est
accrédité. Cette mission de représentation des
ambassadeurs peut se trouver affaiblie par le développement des contacts
directs entre dirigeants et experts. Il est plus que jamais indispensable que
les ambassades se tournent vers des interlocuteurs plus divers et
représentent l'Etat non seulement auprès des instances
dirigeantes du pays considéré, mais aussi auprès des
responsables de la formation de l'opinion : organismes professionnels,
universités, entreprises, associations. La représentation d'un
pays signifie également la promotion de son image dans les
médias, qui apparaît aujourd'hui aussi indispensable que l'analyse
des informations et la préparation des décisions. L'explosion des
relations internationales tant bilatérales que multilatérales
élargit considérablement la mission de représentation de
nos ambassades et de nos consulats. Ils ne sont plus seulement les
représentants de l'État ; ils deviennent une administration
au service de la nation et de toutes ses composantes. Les entreprises à
la recherche de marchés, les collectivités territoriales
engagées dans une action extérieure.
La fonction de négociation est
coeur de la mission traditionnelle de l'ambassadeur. La vie internationale
actuelle étant marquée par une forte augmentation du nombre des
négociations, ainsi que par la diversification des domaines
abordés. Une part grandissante de l'activité diplomatique est
consacrée à cette tâche, qu'il s'agisse de participer aux
discussions sur les affaires stratégiques ou technologiques, à
des conférences réunies dans le cadre multilatéral. Si
l'activité de négociation s'accroît, la négociation
directe échappe de plus en plus aux représentations
bilatérales. Un nombre croissant de sujets est débattu dans des
enceintes internationales, qu'elles soient mondiales ou régionales.
Depuis le Congrès de Vienne en 1815, la négociation
multilatérale est devenue un métier à part entière,
laissé aux mains de professionnels. Les pourparlers ne sont plus le
monopole des souverains ou même des seuls ambassadeurs. Des nuées
de fonctionnaires veulent désormais contrôler que les
intérêts de leur État sont bien respectés.
L'accroissement du nombre des négociations portant sur des
matières techniques conduit à une modification de la nature de
l'activité diplomatique : elles portent sur l'économie, les
finances, l'environnement, la santé, l'action humanitaire, la lutte
contre le trafic de drogue ou le blanchiment d'argent sale. Ces sujets
requièrent des compétences spécialisées et,
souvent, des acteurs non étatiques. Nombre de ces négociations
aboutissent aujourd'hui à des résultats qui influent sur la vie
quotidienne des individus et des entreprises. Elles font plus que régir
les relations entre États ; elles ont une traduction pratique
immédiate. Cette évolution requiert une vigilance accrue.
La troisième grande mission classique des ambassadeurs
en particulier et du réseau diplomatique en général est
une mission d'information. Elle sera d'autant mieux exercée que
l'ambassadeur dispose d'un réseau étendu et varié. Les
progrès des communications, la multiplication des sources d'information,
l'instantanéité de la diffusion des événements
pourraient la rendre obsolète. Traditionnellement, la correspondance
diplomatique, des télégrammes alimentent encore de
manière continue le circuit diplomatique et contribuent de façon
décisive à la définition même de la politique
étrangère. Le réseau doit aider à la
préparation des décisions en fournissant l'analyse politique
qu'il est seul à même d'offrir. Il a donc avantage à
diversifier ses propres sources d'information, en faisant appel aux hommes
d'affaires, aux coopérants, aux expatriés, en participant
à des colloques internationaux ou en maintenant des contacts avec les
universités et les centres de recherche. Une grande partie du travail
diplomatique consiste à observer les réactions de l'opinion dans
certains événements. L'information politique doit être
recherchée dans des milieux variés. Il est plus aisé de
rendre compte de l'ensemble des réalités d'un pays quand le
cercle des contacts est élargi vers tous ceux qui, à des titres
divers, influent ou influeront sur la politique étrangère et sont
des analystes plus libres dans leurs propos que les interlocuteurs officiels.
Il serait également utile de les recevoir plus largement, en organisant
pour eux des programmes de visites.
Il est traditionnellement de la
mission des représentations diplomatiques de se préoccuper des
droits et des intérêts de leurs nationaux. À l'origine,
cette mission s'est principalement entendue de la protection des
intérêts en matière de commerce et de navigation, visant
à instaurer plus de liberté dans ces domaines. Elle s'est
progressivement élargie à la recherche du respect
général des droits des ressortissants de l'État
représenté. Le diplomate joue un rôle non
négligeable de protection des ressortissants, installés ou de
passage dans le pays d'accueil.
Dans la même perspective, S.E Tomasz
ORLOWSKI, Ambassadeur de Pologne à Paris, s'est appesanti sur
son propre témoignage en qualité de Chef de
Poste. Pour lui, les missions du Chef de Poste telles
qu'énumérées plus haut n'ont pas changé depuis le
XVIIème siècle mais reconnait tout au moins que les pratiques ont
connu des mutations profondes. A cet effet, il a estimé qu'un Chef de
Poste doit défendre l'image de marque de son pays, se veut discret et
conduit ses missions avec prudence. Etant en poste à Paris depuis sept
(07) ans, ce qui l'a marqué dans ce poste est que, la France, bien
qu'étant un Etat laïc, attribue le titre de doyen du corps
diplomatique au Nonce Apostolique, tel que cela se pratique dans les pays de
tradition chrétienne. Aussi, a-t-il indiqué les activités
diplomatiques auxquelles il accorde une importance particulière :
la remise des décorations qui donne plus de facilités, de
plaisir, de reconnaissance, de rapprochements et de contacts ;les discours
publics dans lesquels il saisit l'occasion de vendre l'image de son pays ;
les visites d'Etats auxquels la France présente souvent tout ce qu'elle
peut offrir de mieux au Chef de l'Etat invité. Enfin, il a
évoqué les innovations introduites par le Ministère des
Affaires Etrangères de Pologne et auxquelles son ambassade s'est
appropriée, à savoir ; les NTIC, le perfectionnement des
cadres et le centre de crise basée à Varsovie et qui fonctionne
24h/24h avec son poste.
Les règles du protocole diplomatique: outils et
enjeux. Monsieur Frédéric BILLET, Chef
Adjoint du Protocole du MAEDI nous a entretenus sur les règles du
protocole diplomatique. Il nous a fait savoir que sans le protocole toutes les
réceptions officielles, toutes les occasions de rencontre entre
personnalités politiques, culturelles, économiques seraient
l'occasion de joutes incessantes. Le protocole donne donc le cadre et trace les
limites d'une organisation verticale des positions de pouvoir. L'organisation
des visites (Etat, officielle, travail ou privée), des voyages à
l'étranger, des cérémonies officielles, des
conférences et sommets internationaux constituent l'essentiel du travail
protocolaire, qui participe à la projection de l'influence et de l'image
d'un pays. Plus la cérémonie ou la visite se situe à un
niveau élevé, plus la préparation est délicate et
importante. La cadre protocolaire d'une visite d'un Chef d'Etat, par exemple,
nécessite une préparation minutieuse. Le service du protocole
prend contact avec l'ambassade de son pays concerné par la visite et
cette dernière, en collaboration avec les autorités du pays
d'accueil, élabore le programme. Un mois avant, une mission
préparatoire, conduite par le chef de protocole et composée de
tous les services concernés par le voyage (protocole, presse,
sécurité, transmissions, médical, intendance, aide de
camps), est effectuée in situ, afin de dessiner les grands axes
de la visite. C'est avec le protocole local que l'Ambassade s'occupe des
aspects matériels de la visite (hébergement, transport,
sécurité, liste des personnalités présentes, les
membres de la délégation qui participent aux entretiens,
échanges de décorations, tenues, modalités
d'échanges de cadeaux, etc.). Fort de ce qui précède, le
diplomate doit se montrer vigilant pour éviter tout faux pas concernant
le déroulement de la cérémonie. Les gestes, attitudes,
faux pas, propos déplacés, dispositions des hôtes, diners,
tout cela doit passer au scanner pour une cérémonie
réussie la mission du protocole est généralement
considérée comme du sacerdoce. Elle exige en tout cas, de
l'ensemble des personnes qui y sont affectées, des qualités
toutes particulières. Il faut reconnaître que l'activité en
elle-même est singulière au sein de la fonction publique d'Etat.
La particularité de la fonction protocolaire engendre une
singularité des services qui en assument la charge. Celle-ci se traduit
de quatre manières : l'unicité organique, le caractère
interministériel marqué, la capacité de couper en tant que
de besoin la chaîne hiérarchique, le caractère typique de
la position du chef du Protocole au sein de la haute fonction publique. Le
cérémonial et le protocole sont marqués par des
éléments à caractère universel mais aussi, en assez
grande part, par des traditions et des facteurs culturels nationaux. Le
protocole est d'abord politique dans ce qu'il a de négociable. En effet,
contrairement à ce que l'on pourrait penser a priori, le niveau de
traitement protocolaire d'une personnalité, d'une visite, se
négocie. A partir d'une base rétablie par le Protocole du pays
d'accueil selon ses usages et ses normes en la matière, le premier
niveau de la négociation est constitué par la qualification de la
visite (d'Etat, officielle, de travail, privée) ; le second se joue sur
l'ordonnancement cérémoniel interne du type de visite pour lequel
on s'est mis d'accord. Le résultat de cette négociation est
évidemment politique.
Le protocole est également politique parce qu'il
nécessite de la part de ses acteurs une compréhension de la
portée de l'événement traité : ce que l'on pourrait
considérer comme la compréhension du moment politique et le
discernement nécessaire à celle-ci. L'agent du Protocole doit
s'intéresser aux relations internationales, à la politique
étrangère de son pays et en suivre l'évolution pas
à pas. Cette culture constamment à jour lui permettra de saisir
avec toute la finesse souhaitable, la finalité et l'importance de
l'événement au déroulement harmonieux duquel il a la
charge de veiller. Cela peut influer sur le placement de certaines
personnalités, sur l'espace et le temps donnés à la
presse, et sur beaucoup d'autres choses. Les règles afférentes
aux préséances doivent être observées avec rigueur
et avec discernement, car elles tiennent au positionnement des
personnalités et des corps ou institutions qu'elles représentent
lors des cérémonies, repas et réceptions publiques. Il
faut aujourd'hui veiller avec d'autant plus de soin à cet ordonnancement
que nous sommes dans ce que l'on pourrait appeler, comme certains sociologues,
une « société de l'image ». Photographes de presse et
de télévision sont systématiquement sur les lieux, et
cela confère d'autant plus d'importance au positionnement physique des
personnalités que prévoit et organise le protocole. C'est un
signe, objectif : quand ces personnalités ont à jouer des coudes
pour défendre leur place protocolaire lors d'une cérémonie
publique, cela signifie que ceux qui ont la responsabilité du protocole
en cette occasion ne remplissent pas convenablement et efficacement leur
mission. Lors d'une réunion ou conférence à laquelle
participe une haute personnalité et a fortiori le chef de
l'Etat, on ne pénétrera pas dans la salle après
l'arrivée de celle-ci. Il s'agirait là d'une inconvenance. Le
principe est en la matière de respecter scrupuleusement les indications
portées sur l'invitation. Il convient de donner une réponse
à toute invitation qui appelle à « RSVP »
(Répondre, s'il vous plaît), à moins qu'après un
premier échange téléphonique le carton ait
été envoyé « PM » (Pour mémoire),ou
précise « Regrets seulement, » ce qui signifie que l'on ne
répond qu'en cas d'impossibilité d'assister à
l'événement auquel on a été convié. Cette
réponse doit intervenir le plus rapidement possible après
réception du carton. Elle permet en effet aux organisateurs de prendre
les dispositions pratiques pertinentes. S'agissant des différentes
catégories de repas, la terminologie n'est pas due au hasard et
revêt un sens protocolaire précis. La dénomination «
dîner d'Etat » s'applique exclusivement au dîner qui est
donné par le président de la République, chef de l'Etat,
en l'honneur de la visite d'Etat d'un souverain ou président
étranger. Sera qualifié de « repas officiel », celui
où ne figureront que des femmes et des hommes présents en raison
de leurs fonctions ou titres, sans leurs conjoints. Une exception est faite
pour les déjeuners et les dîners auxquels, outre les officiels
présents, prennent place les épouses et époux des chefs de
mission diplomatique. Ceux-ci participant en effet à la fonction de
représentation de leur conjoint chef de mission, les deux époux
sont associés dans la même dignité. Il n'y a donc dans ce
cas, de toute façon, que des officiels à table. On parle aussi,
communément, de « repas de travail. ». A l'opposé, sera
dénommé « repas intime », quel que soit le nombre des
invités, le déjeuner ou le dîner auxquels les conjoints
autres que ceux des chefs de mission diplomatique, sont présents. C'est
donc un repas de couples, les conjoints étant invités
indépendamment de toute considération portée à leur
fonction. On pourra alors se trouver dans un repas intime comportant plusieurs
dizaines d'invité dans une intimité toute relative.
Pour le cas spécifique du Souverain pontife, c'est la
préfecture de la Maison pontificale qui gère l'ensemble des
mouvements d'audience ainsi que l'organisation et le déroulement de
l'audience publique. Il est d'usage que les catholiques fassent une
génuflexion devant le pape et baisent son anneau en signe de respect et
de soumission, tout comme ils baisent l'anneau cardinalice. Mais c'est le genou
gauche que l'on plie en ce cas et non le genou droit, réservé au
Saint Sacrement, c'est-à-dire le crucifix, et plus spécialement
celui qui domine l'autel dans chaque église. Cet usage ne s'applique pas
nécessairement aux chefs d'Etat qui ont le loisir de s'adresser au chef
de l'Eglise catholique, chef de l'Etat du Vatican, comme à un
égal, encore que ce soit avec une déférence
particulière. Il est d'usage que les reines des pays catholiques soient
en blanc en présence du pape, signe de distinction et d'honneur. La
reine d'Espagne porte toujours en cette circonstance une mantille. Nombre
d'épouses de chefs d'Etat adoptent également cette pratique.
Toutes les autres dames reçues en audience et n'ayant pas le rang de
souveraine doivent être en noir. Quand il reçoit un chef d'Etat de
pays catholique ou chrétien, le pape porte la mozetta rouge
avec l'étole. Pour recevoir les autres chefs d'Etat, il porte uniquement
la mozetta (mozette ou camail en français), une courte
pèlerine à petite capuche qui ne recouvre que le buste.
Monsieur Jean PANCRACIO, Professeur à
l'Université de Poitiers, a exposé sur le
thème : « Le Protocole d'Etat : entre
pérennité et modernité ». Sommet de
l'art protocolaire, la visite d'Etat consiste à recevoir avec la plus
grande solennité le premier personnage d'un pays que l'on veut honorer
particulièrement. En France, les visites d'Etat sont marquées par
un somptueux dîner à l'Elysée. Généralement,
elles se préparent 3 ou 4 mois à l'avance et donnent
souvent lieu à des négociations serrées, chaque hôte
de la France désirant recevoir des marques d'estime exceptionnelles. Du
fait de leur rareté, cinq à six par an, et de leur
caractère éminemment symbolique, elles mobilisent un dispositif
lourd tout au cours de leur déroulement, qui suit un programme
fixe : accueil au pavillon d'honneur de l'aéroport d'Orly (parfois,
mais cela est moins prisé, à Roissy), trajet en
hélicoptère jusqu'à l'esplanade des Invalides,
hébergement à la résidence de Marigny, entretien avec le
Président français à l'Elysée, dîner d'Etat
au palais présidentiel, réception à l'hôtel de ville
de Paris.
La tradition, qui est souvent respectée, est que quand
un chef d'Etat étranger atterrisse un ministre français
l'accueille à l'échelle de coupée de l'avion,
accompagné d'une délégation comprenant les deux
ambassadeurs des pays intéressés, le gouverneur militaire de
Paris, le chef du Protocole et le préfet du Val-de-Marne. Par la suite,
le Chef du Protocole, monte à bord de l'appareil en compagnie de
l'ambassadeur étranger, invite l'hôte de la France à
descendre. Les honneurs lui sont alors rendus par un détachement
interarmes, disposé en équerre. Le chef d'Etat
invité se rend devant le drapeau et écoute les hymnes nationaux,
d'abord l'hymne de son pays, puis la Marseillaise. Après avoir
passé les troupes en revue, il rejoint le pavillon d'honneur
pavoisé où lui sont présentées les
délégations officielles. Cela dure environ 15 minutes. Lors de
visites exceptionnelles, ou lorsque la France veut honorer au plus haut point
un visiteur, le Président de la République n'hésite pas
à venir l'accueillir lui-même au pavillon d'honneur.
Le trajet ne s'effectue en hélicoptère qu'avec
l'accord du visiteur. Le cortège aéroporté est
composé de 3 appareils. Il est strictement réservé aux
visites d'Etat. L'escorte qui l'accompagne jusqu'à l'hôtel de
Marigny où est hébergé l'hôte de la France compte 28
motocyclistes de la garde républicaine. L'escorte à cheval,
encore de rigueur sous François Mitterrand, a été
supprimée en son temps par Jacques Chirac. Pour une visite officielle un
chef d'Etat invité est accompagné de 5 motards de la
préfecture de police et de 3 motards pour les déplacements
privés.
Le dîner d'Etat a lieu au soir de son arrivée
à l'Elysée, suivant un faste impressionnant qui en fait un
événement mémorable. Pour un dîner d'Etat la garde
républicaine rend les honneurs. La musique joue des aubades dans la cour
de l'Elysée. Les invités prennent l'apéritif en
attendant les 08 coups fatidiques de 20 heures qui annoncent
l'arrivée du Président et de son hôte. Traditionnellement
les quarante invités les plus importants, comme les ministres et les
personnalités étrangères, prennent place dans
un salon séparé. Les présentations aux deux couples
présidentiels se font au salon selon un ordre précis :
d'abord les invités étrangers, puis les officiels français
par ordre protocolaire, enfin les personnalités privées. Peu
à peu, les invités sont introduits dans la salle à manger
où l'orchestre de la garde républicaine joue des morceaux de
musique de chambre en attendant les Présidents. Le dîner d'Etat
réunit un maximum de 216 invités, soit la capacité de la
table en forme de la lettre « U » de la salle des
fêtes de l'Elysée, qui admet en son extrémité et
dans les premières places latérales 22 couverts sans
vis-à-vis. Le Président préside avec le souverain ou le
chef d'Etat invité à sa droite, l'épouse de ce dernier
étant à sa gauche, l'épouse de président
français à la droite du visiteur.
La matinée suivante, le chef d'Etat invité, se
rend, en compagnie d'un membre du gouvernement qui est venu le chercher
à sa résidence, sur la tombe du Soldat Inconnu à l'Arc de
Triomphe. Le cortège officiel emprunte l'avenue des Champs
Elysées, pavoisée aux couleurs des deux pays. Après la
cérémonie, le cortège se rend à l'Hôtel de
Ville où le maire de Paris reçoit le chef d'Etat invité en
compagnie de personnalités et de membres de la communauté
concernée. Ensuite le cortège se rend à l'hôtel
Matignon pour un entretien, suivi d'un déjeuner, avec le Premier
Ministre français. L'après-midi est consacrée à
une réception à l'Assemblée Nationale ou au Sénat,
parfois suivie d'un dîner. L'honneur de s'adresser aux
députés ou aux sénateurs dans leur hémicycle n'est
accordé qu'avec parcimonie et est réservé aux
personnalités internationales de tout premier plan.
Le troisième jour, est organisé un
déplacement en Province. La ville d'accueil est choisie en fonction de
l'histoire des nations ou des intérêts économiques.
Accompagné d'un Ministre français, le visiteur se rend sur un
site industriel ou économique, déjeune à la
préfecture, puis part directement après que les honneurs
militaires lui auront été rendus par une garnison
implantée dans la région. Moins prestigieuse que la visite
d'Etat, la visite officielle peut concerner un chef d'Etat mais aussi un Chef
de gouvernement. Elle est un peu moins solennelle et le
cérémonial moins élevé.
Par ailleurs, les Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication (NTIC) impactent
considérablement sur les méthodes de travail du diplomate. A ce
sujet, Monsieur Nicolas CHAPUIS, Diplomate, Directeur des
Systèmes d'Information du MAEDI, a indiqué que, effectivement, le
développement des relations diplomatiques aujourd'hui passe par les NTIC
et les réseaux sociaux. Il nous a également entretenus sur les
exercices pratiques de rédaction de télégrammes
diplomatiques.
Ce dernier nous a édifiés sur le fait que le
terme « diplomatie » apparaît dans le langage courant, à
la fin du XVIIIe siècle, pour désigner une mission au service de
l'État. La particularité de la production diplomatique
réside dans l'élaboration d'un discours à finalité
politique, mais un discours qui n'est pas public et ne doit être ni
partagé ni divulgué. Porté par des initiés, il
prend sa valeur dans le rapport exclusif avec le décideur ultime. Avec
la propagation des technologies de l'information et de la communication, ce
rapport exclusif a volé en éclats et l'exposant l'a
illustré à travers l'affaire WikiLeaks qui est
survenue en 2010. La diplomatie numérique est devenue à la mode.
Il s'agit là de la continuation de la diplomatie traditionnelle par
d'autres moyens. Le numérique accélère et s'implique
à la diffusion et la gestion des informations, longtemps aux mains des
seuls Etats, à l'ensemble des acteurs sociaux. Cette révolution
de l'information s'explique par la spectaculaire diminution des couts de
transmission des données et la possibilité offerte à
chacun, dans un cadre individuel ou collectif, de publier son propre contenu en
temps réel.
Nous avons appris que cette gouvernance sur internet participe
non seulement à la communication mais aussi à la diplomatie de
l'influence. A cet effet, que ce soient des Etats, des experts (think tanks,
ONG, lobbyistes), des acteurs de la société civile ou des
organisations terroristes, tous sont présents sur internet pour
influencer. Leur but est de faire passer des valeurs et des
messages. Cependant, une part de cette influence n'est pas quantifiable,
car on ne sait pas aujourd'hui plus qu'hier ce qui se passe dans le secret des
Chancelleries. Le concept de transparence qui est né de cette
utilisation du numérique n'est qu'un nouveau vocable dans la
rhétorique de la diplomatie, via lequel on peut prétendre que la
diplomatie ne se fait plus à huit clos. Il n'y a donc pas de disparition
du secret d'Etat avec l'utilisation du web social mais plutôt un
déplacement du secret, car Il y a des étapes de la
négociation dans lesquelles on a besoin du secret et le travail des
diplomates est toujours de faire en sorte qu'on passe des phases de guerre
à des phases de paix.
Il nous a été présenté le cas
spécifique de la France, où la diplomatie numérique est
l'une des priorités du Ministère des Affaires Etrangères
et du Développement International (MAEDI). Ce dernier fait sien les
innovations et les usages induits par les technologies de l'information et de
la communication (TIC) et de nombreuses initiatives ont été
prises en la matière. Cette diplomatie numérique française
recouvre des domaines très divers, à savoir : les enjeux
internationaux du numérique, la diplomatie d'influence, la gestion de
l'information et des connaissances, les questions de service public. Ainsi,
près de 265 postes diplomatiques et consulaires français
disposent d'un site internet qui leur permet de communiquer dans une
quinzaine de langues. Ces postes sont également près d'une
centaine sur les réseaux sociaux. Ils utilisent principalement Web,
Twitter et Facebook et, savent s'adapter aux usages et aux plateformes les plus
utilisées dans le pays d'accueil.
Au demeurant, il a résumé son propos en disant
que les Etats ont compris l'image et l'influence qui découlent de
l'utilisation du web 2.0, à savoir twitter et facebook qui sont
aujourdh'hui utilisés dans les chancelleries, sans pour autant remettre
en cause le secret des échanges diplomatiques.
Après nous avoir entretenus sur les
opportunités du web pour la diplomatie, Mesdames Anne
CHOUNET-CAMBAS et Noémie PINTA, toutes
Diplomates, respectivement Adjointe au Sous-directeur de la Communication
(Responsable Pole web) et Animatrice des réseaux sociaux du MAEDI, ont
conduit des exercices pratiques sur la diplomatie, la situation de crise et la
communication web.
Selon elles, la stratégie de diplomatie d'influence
numérique du Quai d'Orsay inclut le réseau
diplomatique dans ses principaux axes de
développement pour ce qui concerne les outils et services
(soutien éditorial, maquette type pour le site de l'ambassade
ou du consulat, solution d'hébergement, assistance
téléphonique et en ligne) et leur communication sur le site web
institutionnel et sur les réseaux sociaux. Aussi, convient-il de citer
le programme de formation au web social pour tous les diplomates partant
en poste à l'étranger mis en place par le MAEDI.
Il en est de même, s'agissant du domaine de la gestion
de crise qui est aujourd'hui primordial pour le MAEDI. Le numérique
permet ainsi d'obtenir des informations de veille stratégique,
essentielles notamment à la création et au fonctionnement
quotidien de la cellule de crise.
Le compte Twitter est le premier compte ministériel
français. Le site de micro-blogging, dont le principe consiste à
diffuser des tweets limités à 140
caractères est essentiellement utilisé pour diffuser
l'actualité, de l'information grand public, ainsi que des informations
pratiques, notamment les actualités destinées aux
expatriés ou les conseils aux voyageurs. Twitter est également un
outil de communication très précieux en temps de crise.
Facebook quant à lui permet au MAEDI de centraliser sa
présence et celle du réseau diplomatique sur le web social. On
peut ainsi y retrouver le compte Twitter et la chaîne Youtube du
ministère, ainsi qu'un annuaire des postes diplomatiques et consulaires.
Espace d'échange avec les internautes, la page Facebook permet de mettre
en avant des informations pratiques mais aussi les actions souvent
méconnues du ministère, notamment dans ses aspects de
coopération. Le MAEDI s'adresse également aux internautes
anglophones sur une page Facebook en anglais.
S'agissant de Youtube et Dailymotion, ce sont des sites de
partage qui permettent une diffusion plus large des vidéos du
ministère.
Pour ce qui concerne Flickr, c'est un site de partage de
photographies qui permet de valoriser le fonds d'images du ministère.
Classées en albums thématiques, ces photos illustrent la
réalité de l'action diplomatique sur le terrain.
Google+ est l'application de réseau social de Google.
La page Google+ permet au ministère d'échanger avec les
internautes présents sur cette plateforme. Une version anglaise de la
page Google+ a aussi été ouverte.
Storify permet au ministère de rassembler divers
contenus, issus essentiellement des réseaux sociaux, en une seule
"histoire" qui peut ensuite être partagée sur d'autres sites.
Enfin, Linkedin est un réseau social professionnel qui
permet au MAEDI de présenter sa politique de ressources humaines et ses
métiers. Il est aussi utilisé pour identifier des profils aux
compétences spécialisées pour certaines de ses missions
non permanentes.
Par ailleurs, à l'heure où le nombre de
mobinautes français est en constante progression, le MAEDI veille
à proposer systématiquement des services spécialement
conçus pour une consultation depuis des terminaux mobiles via les
smartphones et tablettes.
Monsieur Justin VAISSE, universitaire,
Directeur du Centre d'Analyse, de Prospective et de Stratégie (CAPS)
nous a édifiés sur l'analyse et la prospective comme
instruments de travail du diplomate. Il ressort de son exposé
que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale la plupart des pays
industrialisés et bon nombre Etats du Tiers Monde se sont dotés
de structures administratives destinées à réfléchir
aux problèmes à moyen et à long termes relevant du secteur
des relations internationales. L'origine de ce phénomène existe
presque toujours et les analystes ont la conviction que la bureaucratie est
inapte à saisir les transformations du système international et
que, entre impossibilité de prédire l'avenir avec
précision et la gestion au jour le jour des affaires diplomatique, il y
a une place pour la réflexion prospective et l'analyse des mutations
irréversibles du système international actuel.
Le diplomate doit effectuer, en collaboration avec tous les
acteurs (universitaires, chercheurs, journalistes spécialisés)
ayant une parfaite connaissance sur le fonctionnement du système
international, des études prévisionnelles sur l'évolution
à moyen et à long termes du contexte international. Il devra
analyser certains problèmes internationaux d'actualité dans tous
leurs aspects (diplomatique, économique, militaire) puis évaluer
les différentes options entre lesquelles le décideur pourra faire
son choix, car la décision politique implique toujours implicitement un
jugement sur l'avenir et même sur le passé. L'analyse et la
prospective se veulent avant tout un instrument de travail efficace du
diplomate. Ce dernier doit également prendre conscience que
l'efficacité nécessite sa bonne information, son
intégration dans les circuits de décision et sa participation aux
réunions importantes.
Nul ne se fait illusions sur les possibilités d'une
planification rigoureuse en politique étrangère. Celle-ci
supposerait que le planificateur qu'est le diplomate, puisse prévoir
avec certitude l'évolution du système international.
CHAPITRE IV :
DIPLOMATIE ET MULTILATERALISME
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
Madame Clarisse GERARDIN, diplomate, Chef de
Pole Institutions Economiques Internationales du MAEDI, s'agissant de
la diplomatie et gouvernance économique internationale,
estime que dans tous les lieux se déploient des stratégies
économiques menées ou encadrées par des diplomates, en
parallèle ou en partenariat avec des acteurs privés. Car dans le
champ multilatéral, la diplomatie économique n'est plus
réservée aux états. La diplomatie économique
multilatérale a pris une dimension véritablement nouvelle avec le
développement de la mondialisation. La diplomatie économique
consiste en un ensemble d'activités visant les méthodes et
procédés de la prise internationale de décisions et
relatives aux activités économiques transfrontières dans
le monde réel. Elle a comme champs d'action le commerce,
l'investissement, les marchés internationaux, les migrations, l'aide, la
sécurité économique et les institutions qui
façonnent l'environnement international, et comme instruments les
relations, la négociation, l'influence. Tous ces champs relèvent
aujourd'hui au moins pour partie de la sphère multilatérale, qui
s'est en outre élargie à d'autres sujets, comme nous le verrons.
la diplomatie actuelle est désormais caractérisée par un
multilatéralisme institutionnalisé croissant visant un ordre
international plus fort, soit en améliorant la coopération entre
états
Ainsi, depuis 1990, le monde a connu 42 crises
financières et monétaires. D'autres crises, comme les crises
alimentaires et énergétiques qui reviennent au premier plan
aujourd'hui nous rappellent notre interdépendance. Au delà, nous
faisons face à un problème plus général qui sont
les déséquilibres économiques mondiaux, des balances des
paiements, des réserves de change, et bien sûr la question des
dettes publiques, ainsi qu'à des défis globaux comme le
changement climatique ou l'énergie. La création du G20 au niveau
des Chefs d'État et de Gouvernement comme « principal forum de
coopération économique internationale », au sommet de
Pittsburgh en 2009, dans un contexte de crise, est une première
réponse à ces défis. Alors que nous voyons se mettre en
place un multilatéralisme à plusieurs vitesses, avec une
coexistence de « clubs » de différents formats tels
que le G7 (le groupe des sept pays les plus industrialisés du monde
Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et
Japon), G8 (le groupe des huit pays les plus industrialisés que sont la
France, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, l'Allemagne, le
Japon, l'Italie et le Canada), G20 (le groupe des vingt pays les plus
industrialisés que sont de l'Afrique du Sud, de l'Allemagne, de l'Arabie
Saoudite, de l'Argentine, de l'Australie, du Brésil, du Canada, de la
Chine, de la Corée du Sud, des Etats-Unis, de la France, de l'Inde, de
l'Indonésie, de l'Italie, du Japon, du Mexique, du Royaume-Uni, de la
Russie, de la Turquie et de l'Union européenne), BRICS (le groupe des
pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du
Sud), IBSA (le forum qui regroupe l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud
) ; se pose la question des enceintes pertinentes de gouvernance de la
mondialisation. Quatre principes semblent devoir structurer la nouvelle
architecture qui se met en place :
Une gouvernance internationale plus représentative des
nouvelles réalités économiques :le G20, dont les
membres représentent 85% du PIB mondial et 2/3 de la population de la
planète, a déjà conduit à des progrès
importants dans la réforme de la gouvernance mondiale, puisqu'il a
été à l'origine d'accords en 2010 sur la réforme du
Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM), qui
ont permis une représentation de ces institutions plus conforme aux
nouvelles réalités économiques mondiales.
Une gouvernance économique internationale plus
efficace :le G20 dispose d'une puissance d'impulsion
inégalée, d'une capacité de réaction rapide et de
mise en cohérence des priorités. Depuis le sommet de Londres en
avril 2009, il a su retourner la confiance dans un contexte de panique. Il a
permis d'éviter le piège du protectionnisme alors que les
tentations étaient fortes. Il a engagé un vaste programme de
régulation financière qui est mis en oeuvre. Il s'est
attaqué avec succès aux paradis fiscaux.
Une gouvernance internationale plus inclusive : par leur
composition universelle, par leur capacité à croiser tous les
sujets de la mondialisation, les Nations Unies ont un rôle
irremplaçable à jouer, en partenariat avec les institutions
de Bretton Woods, en contribuant à la définition
d'une approche équilibrée entre les dimensions économique,
sociale et environnementale du développement. Plus
généralement, le rôle du G20 n'est pas contradictoire avec
la prééminence des Nations Unies dans les relations
internationales. Le G20 est en effet un forum informel qui n'entend pas se
substituer à l'enceinte des Nations Unies, qui est l'enceinte la plus
universelle, mais son histoire récente a montré qu'il peut
apporter un leadership essentiel.
Une gouvernance internationale plus sociale : la prise en
compte de la dimension sociale de la mondialisation a été trop
longtemps négligée et la France souhaite désormais que
cette dimension soit prise en compte par l'ensemble des organisations
internationales, qu'il s'agisse des institutions financières ou de
l'OMC.
En somme, pour mener à bien ses travaux, le G20
s'appuie sur l'expertise technique d'organisations internationales, notamment
du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale (BM), de
l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE), de l'Organisation internationale du travail (OIT),
de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de l'Organisation des Nations
Unies (ONU) et du Conseil de stabilité financière (CSF).
Dans cette rubrique
Le groupe des vingt pays les plus industrialisés que
sont de l'Afrique du Sud, de l'Allemagne, de l'Arabie Saoudite, de l'Argentine,
de l'Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, de la Corée du
Sud, des Etats-Unis, de la France, de l'Inde, de l'Indonésie, de
l'Italie, du Japon, du Mexique, du Royaume-Uni, de la Russie, de la Turquie et
de l'Union européenne.
A titre illustratif, le cas de l'OCDE nous a été
esquissé par Monsieur Patrick VAN HAUTE, Directeur au Secrétariat
général et du Conseil exécutif de cette institution. La
mission de l'Organisation de Coopération et de Développement
Économiques (OCDE) est de promouvoir les politiques qui
amélioreront le bien-être économique et social partout dans
le monde. Elle offre aux gouvernements un forum où ils peuvent conjuguer
leurs efforts, partager leurs expériences et chercher des solutions
à des problèmes communs. Elle cherche à comprendre le
moteur du changement économique, social et environnemental afin de
mesurer la productivité et les flux mondiaux d'échanges et
d'investissement. Elle analyse et compare les données afin de
prédire les tendances à venir. Elle établit aussi des
normes internationales dans un grand nombre de domaines, de l'agriculture
à la fiscalité en passant par la sécurité des
produits chimiques.
De manière générale, les efforts de
l'OCDE visent surtout à aider les gouvernements dans quatre domaines
principaux, à savoir : la restauration de la confiance dans les
marchés ainsi que les institutions et les entreprises, cela exige des
meilleures réglementations et une gouvernance plus efficace à
tous les niveaux ; le rétablissement des finances publiques saines
qui sont à la base de la croissance économique durable de
demain ; la stimulation de nouvelles sources de croissance à
travers l'innovation, des stratégies de « croissance verte »
respectueuses de l'environnement et le développement des
économies émergentes et enfin, l' acquisition des
compétences nécessaires aux emplois de demain et à un
travail productif et satisfaisant.
Monsieur Florian ESCUDE, diplomate, Adjoint
au Sous-directeur des Affaires Economiques Internationales à la
Direction des Entreprises et de l'Economie internationale du MAEDI, dans son
exposé intitulé « le rôle des diplomates
dans le soutien aux entreprises », est parti de deux notions
fondamentales de la diplomatie économique, à savoir :
l'attractivité et la compétitivité. Par la suite, il a
évoqué les outils mis en place en vue de
l'opérationnalisation des objectifs propres à la diplomatie
économique, à l'instar de la diplomatie culturelle, la diplomatie
de l'enseignement supérieur, le commerce extérieur et le
tourisme. Dans son action internationale au service de l'enseignement
supérieur, le diplomate doit se focaliser dans une logique de
rayonnement et d'attractivité, à travers la formation des jeunes
élites, la construction de réseaux et partenariats scientifiques,
les préoccupations au développement durable. Il s'agit donc
principalement d'accompagner l'action des entreprises en direction des
jeunes élites étrangères, de soutenir l'ambition
internationale des entreprises, d'encourager les meilleurs
étudiants étrangers dans leur
volonté de partage de savoirs et de compétences au meilleur
niveau, d'accroître les moyens d'action d'un
pays à travers ses établissements d'enseignement
supérieur dans le cadre de la mondialisation.
En France, a t-il indiqué, grâce au dispositif
« Quai d'Orsay / Entreprises », le MAEDI co-finance des
bourses avec des entreprises françaises auxquels leurs succès
industriels et économiques, notamment dans les technologies de pointe,
assurent une présence reconnue sur la scène internationale, comme
avec d'autres, dont le développement au-delà de nos
frontières est plus récent : partenaires pour l'excellence,
ils favorisent et développent ensemble l'accueil en France
d'étudiant(e)s étrangers issus des meilleurs
établissements d'études de leur pays d'origine. Pour ouvrir
à ces étudiant(e)s l'accès, dans les meilleures conditions
possibles, à un cursus d'études supérieures dans un
établissement d'enseignement supérieur français de renom,
en lien direct avec le monde professionnel, le dispositif « Quai
d'Orsay / Entreprises » propose aux entreprises des conventions de
partenariat permettant d'associer les moyens du ministère des
Affaires étrangères à ceux du secteur privé, de
Grandes Écoles et Universités françaises
renommées.
Le MAEDI assure la coordination de ces partenariats, s'engage
à l'étranger dans l'information en direction des meilleurs
étudiants des établissements locaux sur chacun des programmes de
bourses, apporte l'expertise de son réseau de coopération
culturelle et scientifique, et attribue aux lauréat(e)s le statut
de Boursier du Gouvernement français à
travers la couverture sociale et les avantages qui
s'y attachent (facilités de demande de visa, activités
culturelles, etc.) ; il propose également aux boursiers
des cours de français intensifs avant leur
départ, dispensés dans leur pays d'origine au sein des Instituts
français et des Alliances françaises.
Les entreprises allouent à chaque étudiant(e)
une bourse de vie, un tutorat au sein de l'entreprise et un
accompagnement en fin de cursus pour l'orientation de sa
carrière, pouvant aller jusqu'au recrutement. L'accueil au sein de nos
meilleurs établissements d'enseignement supérieur
d'étudiants étrangers qui formeront demain les élites de
leurs pays est un atout majeur, que le ministère entend garantir et
amplifier : il renforce l'attractivité de la France et la
qualité des échanges internationaux avec le concours actif
d'entreprises françaises pleinement engagées dans cette
dynamique.
Monsieur Philippe GAUTIER, Directeur
Général du MEDEF International s'est penché sur la
diplomatie des entreprises : le rôle des acteurs économiques
privés. D'entre de jeu, il a fait savoir que le MEDEF
international contribue, depuis 25 ans avec les sociétés qui ont
une expertise internationale, dans le développement de la diplomatie
économique française mais privée. La réussite
économique des entreprises privées se fait par une entente avec
l'Etat. Il s'agit de bien travailler en amont avec les pouvoirs publics,
d'avoir une bonne approche avec les réseaux et de pouvoir travailler en
groupe. A cet effet, les ambassades harmonisent de façon
appréciable cette compréhension ainsi que des méthodes de
travail en commun entre les réseaux publics et privés. A titre
illustratif, le MEDEF International élabore le programme
économique qui accompagne la visite du Chef de l'Etat français
à l'étranger et sélectionne aussi les entreprises
françaises qui doivent y prendre part.
Monsieur Jean-Marc CHATAIGNER, diplomate,
Directeur Général Adjoint de la Mondialisation, du
Développement et des Partenariats du MAEDI, nous a édifiés
sur la diplomatie du développement. Dans son propos
introductif, il nous a rappelé que la pauvreté est une histoire
ancienne qui n'a jamais cessé de préoccuper l'humanité.
D'où la nécessité de mettre en oeuvre des
mécanismes pouvant contribuer à l'amélioration des
conditions de vie des populations. Avec la prise en compte des problèmes
écologiques causés par l'activité humaine dès la
fin des années 1960, la préoccupation du diplomate a
consisté à réguler la gestion des ressources et la mise en
place des Objectifs Millénaires pour le Développement (OMD)
constitue une illustre évidente à cette avancée. En plus,
dans un environnement de plus en plus complexe avec des contraintes
financières pesantes au nord, un modèle de globalisation
libérale s'est répandu, les fractures nord-sud se sont accrues
(pauvreté absolue, pauvreté relative), des impératifs de
développement durable s'imposent (environnement, croissance soutenable,
le sociétal), une différenciation s'est accrue au sud (nouveaux
pays émergents, Etats fragiles) et l'on a pu constater un retour du
politique (préoccupation sécuritaires, hégémonie
américaine). Cette complexification des enjeux dans un monde
globalisé induit des finalités par rapport à l'Aide
Publique au Développement (APD), à savoir : la dimension
géostratégique de l'aide (gestion et prévention des
conflits), la solidarité (problématiques sociales), le
développement économique, la régulation de la
mondialisation. De ce point de vue, il y a une conception dichotomique de
l'APD tournant autour des ambitions et des contradictions. Dans un monde
où il y a en même temps des stratégies de pouvoir des pays
donateurs (commerce, investissement, clientélisme politique) et des pays
bénéficiaires (recherche d'indépendance et
d'allégeance, basculement, corruption) ; les objectifs du OMD
prennent divers chemins pour ce qui concerne leur réalisation.
De manière générale, l'homme étant
au coeur des politiques de développement, les bailleurs de fonds se sont
davantage investis dans le financement des projets de développement.
Cependant, le constat qui se dégage aujourd'hui est que, malgré
ces efforts, les OMD sont loin d'être atteints dans plusieurs pays en
2015, à l'instar de ceux de l'Afrique subsaharienne et les Etats
fragiles. A cet effet, les Nations Unies ont, d'ores et déjà,
engagé une série de consultations post-2015 ont été
engagées, visant à définir le cadre et le contenu du futur
agenda sur les nouveaux défis de développement.
Monsieur François HUYGHE, chercheur,
Directeur de la recherche à l'Institut des Relations Internationales et
Stratégiques a partagé avec nous la question de la
diplomatie économique : stratégies d'influence et
réseaux. Il estime que, depuis toujours, les diplomates ont
exercé des missions économiques et que celles-ci visent
à : augmenter la puissance d'un Etat en renforçant sa
domination structurelle dans certains domaines sur les autres ;à
gagner des marchés à travers l'expansion culturelle ;
à garder un contrôle sur les territoires c'est-à-dire les
zones d'influence.
La pratiques de l'influence va plus loin que le lobbying :
elle repose sur des stratégies de relations et de conviction de long
terme, de lancement d'idées, en amont de l'ouverture de discussions
officielles et parce que celles-ci ont été anticipées(ou
délibérément voulues), reposant sur des alliances entre
acteurs clés, de préférence de natures diverses. Toute la
gamme est ouverte, de la coordination entre Etat et entreprises, entre
celles-ci et ONG ou think tanks, ou entre eux tous, ces acteurs étant si
possible de nationalité différente. Les alliances sont
évidemment variables dans le temps et selon les sujets. En mode
défensif, il faut donc identifier en amont les doctrines et concepts
nouveaux émis par nos partenaires concurrents. il faut repérer
ces actions de préférence avant même qu'elles ne soient
parvenues dans les enceintes internationales.
S'appuyant sur une connaissance aussi parfaite que possible du
terrain de jeu, de ses risques, de ses menaces et de ses opportunités,
l'influence est le stade le plus abouti de l'intelligence économique.
elle procède par des interventions ciblées et coordonnées.
il ne faut pas toujours réagir et se défendre, mais aussi prendre
l'initiative. Beaucoup d'Etats se sont dotés de cellules qui au plus
haut niveau orientent ces actions. À noter que l'influence est
liée à l'image, affirmation particulièrement
vérifiée dans les enceintes multilatérales. La
capacité d'influence d'un acteur est certes fonction d'abord de la
pertinence de sa méthode et des contenus qu'il présente, mais
elle peut être renforcée ou affaiblie par une image ou une
réputation médiocres, qu'il s'agisse d'un état ou d'une
entreprise. Pour ces dernières, y compris multinationales de très
grande taille et puissance, l'image de leur pays d'origine peut constituer un
avantage ou un inconvénient. La diplomatie économique est bien
plus large que l'appui aux contrats internationaux. À côté
de la défense et de la promotion des produits et services, la
compétition multilatérale des modèles, valeurs, standards
et normes devient un objectif fort des diplomaties étatiques. Ces
nouveaux défis impliquent un
Etat à la fois en phase avec les acteurs
économiques et sociaux et sachant fixer des priorités
d'intérêt général à long terme et les tenir,
quelle que soit la couleur du pouvoir en place. Avec la mondialisation, le
champ, les acteurs et les institutions de la diplomatie multilatérale
s'élargissent et se multiplient considérablement, tandis que ses
pratiques sont aujourd'hui impactées par la société
globale de l'information et par les méthodes d'intelligence et
d'influence. Les Etats ont dû s'adapter à cette nouvelle donne.
L'intervention croissante des acteurs privés et associatifs pose des
questions cruciales concernant la souveraineté des états et,
surtout, le mode d'élaboration de la règlementation. L'action de
la France en matière de diplomatie culturelle a consisté, depuis
le XIXème siècle, à une série d'instruments
d'influence et de diffusion de sa culture pour son rayonnement à travers
le monde. Cinquième puissance économique du monde, la France a
estimé, comme toutes les autres puissances, qu'il est difficile de ne
pas associer l'influence culturelle à ce statut. C'est ainsi que
l'attractivité de la France se manifeste à travers sa langue
parlée par plus de deux cent millions de locuteurs dans le monde, ses
établissements, alliances, instituts, centres implantés partout,
l'audiovisuel qui renforce son influence, l'archéologie qui montre sa
supériorité, la coopération en matière de soutien
universitaire et scientifique qui est attractive, le tourisme, etc.
Monsieur Valery FRELAND, Diplomate, Directeur
adjoint de la Coopération Culturelle, Universitaire et de la Recherche
du MAEDI a exposé sur la diplomatie et rayonnement
culturel. Il considère la diplomatie culturelle comme
étant un aspect déterminant de la diplomatie. Elle est politique
en ce sens qu'elle vise, à travers l'influence, des objectifs politiques
et économiques. C'est un facteur de transaction vers les
activités économiques. Ses enjeux concernent la mobilisation des
échanges (exception culturelle-diversité culturelle), le
numérique (diffusion-commercialisation), la concurrence
(prolifération d'acteurs). La culture n'est devenue réellement
une arme diplomatique qu'après la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui,
la conduite d'une stratégie d'influence ne saurait aujourd'hui
négliger la dimension culturelle, c'est-à-dire l'affirmation de
sa présence par l'intermédiaire d'une langue, de valeurs ou de
références. Les réseaux diplomatiques constituent à
ce titre le vecteur privilégié de l'action culturelle à
l'étranger et permettent également de développer l'action
scientifique et technique. Le rayonnement d'un pays passe aussi par l'envoi
d'artistes à l'étranger ou l'accueil d'artistes étrangers
qui, de retour dans leur pays, peuvent susciter des désirs
d'échanges culturels chez leurs concitoyens. Il se traduit en outre par
la production d'événements artistiques majeurs. Il participe de
la diplomatie d'influence. Il faut promouvoir tous les arts, les anciens, les
nouveaux, les plastiques, les musicaux, tous les enseignements, les
généraux et les techniques, les scientifiques et les
littéraires, les secondaires et les supérieurs. Il arrive que
l'ambassadeur se fasse impresario ; il contacte l'artiste directement,
trouve le moyen d'assurer son voyage, de découvrir le lieu où il
peut intervenir, prend en charge la publicité, entre en contact avec la
presse. En matière d'enseignement supérieur, il s'agit d'attirer
des étudiants étrangers, puis de former les élites
locales. Les références culturelles et économiques
acquises par ces élites durant leurs études les conduiront
à nouer des contacts avec des réseaux qu'elles pourront
solliciter au cours de leur parcours professionnel, ces derniers pouvant, de
leur côté, chercher à fidéliser ces contacts. La
participation au financement de projets de recherche procède du
même esprit.
Monsieur Michel SAUQUET, Président de
la Plateforme Française d'Education au Développement et à
la Solidarité Internationale nous a entretenus sur la pratique
diplomatique et interculturalité. Nous avons pu retenir de son
propos que, dans toute action de coopération ou de négociation,
il faut une prise en compte des différences et des similitudes qui
caractérisent chaque partie prenante. Selon lui, la négociation
n'est pas une technique pour faire passer à tout prix ses propres
objectifs, mais plutôt une démarche permettant de passer du
« ou » au « et ». Le
« ou » c'est notre méthode, notre culture, nos
valeurs, c'est-à-dire la pensée du tout ou rien ; tandis que
le « et » c'est dire nos points de départ sont
différents mais nous sommes ensemble dans telle ou telle situation.
Chacun doit se poser la question de savoir comment combiner nos approches pour
s'entendre sur un minimum de valeurs et de techniques communes ? Cet
exercice a suscité en nous, une attitude de curiosité et de
doute, non pas en partant du principe que tout est différence ou que
toute différence a de sources culturelles. Chacun de nous a pu partager
sa culture aux autres et nous avons dégagé l'impact de celle-ci
dans les pratiques diplomatiques.
Monsieur Didier CANESSE, Directeur Adjoint du
Centre de Crise du MAEDI, parlant de la diplomatie et gestion de
crise ou la diplomatie d'urgence, estime que l'Etat a vocation
d'intervenir le premier en case de crise, compte tenu du fait que tous les
autres acteurs ne disposent pas souvent assez de moyens matériels pour
le faire. La finalité de la réponse au crise consiste à
mettre en protection, à prendre toutes les mesures permettant de venir
au secours des populations concernées. Généralement, les
Organisations Non Gouvernementales sont impliquées au premier plan en ce
qui concerne l'aide humanitaire. S'agissant du Centre de Crise, le MAEDI
dispose d'un outil de gestion de crise qui permet de suivre l'évolution
des risques et des menaces, et, dans un certain nombre de cas, de
déclencher des opérations de secours. Le Centre de crise est
compétent pour les crises qui mettent en danger la
sécurité des Français à l'étranger comme
pour les crises à caractère humanitaire. Il assure à cet
égard quatre grandes missions : une veille mondiale 24 heures
sur 24 ; l'analyse et le suivi des situations d'urgence ; la
préparation des plans de réponse des autorités
françaises ; la conduite des opérations sur les
théâtres de crise. Ce centre est aussi un pôle de
partenariat extrêmement actif pour tous ceux qui, à un titre ou
à un autre, font face à des situations de crise. Il a cité
en exemple, le cas des français enlevés dans le nord du Cameroun
et s'est félicité de la réussite de ces opérations
grâce à l'appui et au concours du Gouvernement camerounais.
Monsieur Bernard GALLET, Directeur
Général de Cités Unies France, à travers le
thème sur la diplomatie des villes et des territoires,
a défini la diplomatie des villes comme étant l'outil des
gouvernements locaux et de leurs associations en vue de la promotion de la
cohésion sociale, de la prévention des conflits, de la
reconstruction post-conflit, dans le but de créer un environnement
stable dans lequel les citoyens peuvent vivre ensemble dans la paix, la
démocratie et la prospérité. Ainsi, pour éviter que
les guerres reviennent, il a été mis sur pied le modèle de
jumelage qui permet aux différentes localités de
coopérer.
Les villes coopèrent dans de multiples réseaux,
constituant une autre scène diplomatique, qui se différencie de
celle animée par les Etats. Cités Unies plaide à cet effet
pour une internationalisation de l'action des collectivités
territoriales, car on ne saurait faire une politique locale sans avoir une
ouverture à l'international. On peut également mentionner le
réseau Eurocités qui réunit plus d'une centaine de grandes
villes europpéennes.et réunis par l'association
internationale ; Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), ce
dernier qui, aujourd'hui, constitue le principal réseau global de villes
et de gouvernements locaux. Elle est née en 2004 de la fusion de l a
Fédération mondiale des cités unies (FMCU) francophone, et
de l'International Union of Local Authorities (IULA) anglophone.
Il a conclu en soulevant deux préoccupations majeures
qui coûteront chères à l'agenda mondial, à
savoir : les changements climatiques et la fragilité des Etats. Ces
sujets poseront certainement les problèmes de déplacement des
populations, leur réinstallation et la reconstruction des cités.
D'où la nécessité de renforcer l'action internationale des
communes.
Monsieur Bernard PIGNEROL,
Délégué Général aux Affaires Internationales
de la Ville de Paris, nous a entretenus sur l'action internationale des
collectivités territoriales en s'appuyant le cas de Paris. Il a
évoqué les raisons pour lesquelles Paris agit sur la scène
internationale : c'est une ville par laquelle les immigrés arrivent
(une tradition d'accueil, de multiculturalisme), ville refuge pour les
questions de droits de l'homme, il ya une forme d'internationalisme voulu avec
l'intégration européenne, les maires de Paris sont des grands
dirigeants politiques, la tradition république voudrait que le Maire de
Paris soit le protecteur du Chef de l'Etat, tout Chef de l'Etat nouvellement
élu rend visite au Maire de Paris y compris tout Chef d'Etat
invité.
Il y a aussi trois domaines sur lesquels Paris agit sur la
scène internationale : les valeurs (françaises,
démocratiques), la solidarité (aide d'urgence, assainissement,
potabilisation, lutte contre le sida, programmes de santé publique,
urbanisme) et les échanges (bonnes pratiques). Pour un budget
destiné à l'internationalisation de la ville de Paris
évalué à sept (07) millions d'euros, le constat qui se
dégage est qu'une véritable diplomatie des villes s'est mise en
place depuis une dizaine d'années.
Monsieur Vincent SKOROKHODOFF, expert,
Gérant de Sarl Vecteurs, dans « manager une
équipe », nous a fait savoir que le monde dans lequel
nous évoluons est de plus en plus complexe (complexité d'acteurs,
d'enjeux, de temporalités et d'objectifs). Loin d'être stable,
notre environnement professionnel est soumis à des contraintes, des
incertitudes, des injonctions paradoxales. Le rôle du manager est de
comprendre l'environnement dans lequel évolue son institution. Il doit
décider en conscience et avec tout le discernement nécessaire au
regard de cette complexité. Auprès de son équipe, il doit
conduire celle-ci vers les objectifs fixés et de les rendre plus
performants, à travers la motivation et la responsabilisation. Un bon
manager c'est celui qui fait évoluer son équipe vers la culture
du résultat. Il doit s'assurer de l'application des règles
déontologique au sein de son équipe et y instaurer une pratique
éthique. Il doit savoir gérer son temps, entre urgence et
anticipation afin de pouvoir prendre au bon moment la décision la plus
adaptée. Enfin, un bon manager est celui qui consulte, qui se concerte
avec son équipe, qui gère les difficultés de ses
collaborateurs, qui joue le rôle d'accompagnateur (exemplarité,
rigueur, confiance). Pour opérationnaliser tous ces acquis, nous avons
été soumis au jeu de rôles manager/collaborateur dans
différentes situations.
Par ailleurs, l'exposant nous a entretenus sur la
négociation diplomatique. L'expérience de la
négociation est vraiment au centre de l'activité. Cette
activité multilatérale est un changement de position dans les
chaînes d'interdépendances qui relient l'Etat aux organisations
internationales ; l'accès à une position nodale, de
représentant, de délégué ; une position
carrefour, de filtrage, de confrontation d'attentes parfois difficiles à
concilier. La négociation continue, permanente, obsessionnelle (dans les
réunions, dans les couloirs, au téléphone, dans les
restaurants, dans les soirées) est un impératif structurel.
L'information et l'expérience permettent au diplomate d'évaluer
le champ de la négociation. Il y a des bornes qu'il ne faut pas
dépasser, au risque de perdre du crédit et des chances de
conclure. Dans les négociations multilatérale, les limites
infranchissables (même si elles peuvent évoluer), sont les
lignes rouges.
Les lignes rouges correspondent, aux limites du
périmètre de négociation sur lesquelles il n'y a pas de
prise. Il est vrai que tout le travail du négociateur consiste à
tenter de déplacer, à son avantage, le champ de la
négociation et l'exercice est d'autant plus subtil qu'il doit être
mené simultanément sur trois tableaux au moins, qui ont chacun
leurs propres caractéristiques (en termes de langage, de mode d'action,
d'équilibre des rapports de force...) : le jeu de la capitale
(celui des instructions et bien souvent aussi de l'avenir professionnel du
diplomate), le jeu de la représentation permanente (où se durcit,
entre collègues, avec l'ambassadeur et son adjoint, la
représentation du possible et du souhaitable) et le jeu
multilatéral (celui des groupes de travail où se construit aussi
la réputation du négociateur).
Lors de consultations ou de négociations, le diplomate
doit être en mesure de présenter sa position de manière
succincte, mettant l'accent sur l'essentiel de son message. Quand il s'agit de
participation à des conférences ou de présence à
des séances formelles, la présentation d'une position de
manière appropriée acquiert une importance encore plus grande.
S'il s'agit d'un discours préparé à l'avance, il est
indispensable de bien le présenter plus simplement et de bien le lire.
S'il arrive de prendre la parole sans texte rédigé à
l'avance, il va falloir posséder un certain talent d'improvisation, de
pouvoir parler de façon cohérente et compréhensible. Il
faut dire qu'au-delà de la communauté diplomatique réunie
au sein d'un pays ou d'une organisation multilatérale, la
société civile, les différentes organisations locales
représentent un terrain de choix pour connaître au public leur
pays. Le diplomate doit se rapprocher de se rapprocher de la
société civile afin de bâtir un solide avec celle-ci. Le
diplomate doit tenir présent à l'esprit que la
société civile représente un réseau mondial et que
ses composantes peuvent être une courroie de transmission de valeurs vers
l'opinion publique.
Pour Madame Myriam SAINT-PIERRE, diplomate,
Adjointe au Sous-directeur des Affaires Politiques à la Direction des
Nations Unies du MAEDI, la pratique, au Conseil de
Sécurité (CS) des Nations Unies,
voudrait que les décisions se prennent de façon consensuelle. Un
texte à adopter au CS, passe au crible de plusieurs étapes.
D'abord la phase de pré-négociation qui réunit les experts
techniques. A la suite de celle-ci, un draft est élaboré et
soumis à l'adhésion des partenaires. Le texte est ensuite
transmis à l'administration centrale pour avis et qui, à son
examine le projet en étroite collaboration avec la représentation
permanente de son pays. Les remarques formulées, les priorités et
les lignes rouges arrêtées mais la négociation ne peut pas
être clore tant que le principe de consensus n'est pas
cristallisé. En cas de blocage par rapport au véto imposé
par l'un des membres permanents, la stratégie voudrait que la
communauté internationale soit prise à témoin. D'où
la nécessité d'un encadrement du droit de véto (en cas de
crime de masse par exemple, on pourrait faire appel à un renoncement
volontaire et collectif du droit de véto) ainsi que d'une réforme
du CS qui cristallise une politique à double standard et laquelle a des
répercutions à travers le monde ( par exemple, 75% des questions
qui y sont débattues sont africaines).
Monsieur Arnaud MAGNIER, Conseiller
auprès du Secrétariat Général des Affaires
Européennes, s'est appesanti sur le processus de prise de
décision au sein de l'Union Européenne. A cet effet, il
a précisé qu'il y a donc, en son sein, un triangle institutionnel
composé ainsi qu'il suit :
Le Conseil européen est composé de 28 Chefs
d'Etat ou de Gouvernement des Etats membres, de son Président et du
Président de la Commission. Le Haut Représentant de l'Union pour
les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité
participe à ses travaux. Le Conseil européen définit les
orientations politiques générales et les grandes priorités
de l'Union européenne. Avec l'entrée en vigueur du Traité
de Lisbonne le
1e décembre 2009, il est devenu une institution
à part entière.
Le Conseil européen donne à l'Union les
impulsions nécessaires à son développement et en
définit les orientations et les priorités politiques
générales. Il n'exerce donc pas de fonction législative.
Le Conseil européen se réunit au moins deux fois par an,
généralement au siège du Conseil de l'Union
européenne, dans les locaux du bâtiment Justus Lipsius, à
Bruxelles. Sauf stipulation contraire dans les Traités, le Conseil
européen se prononce généralement par consensus. Dans
certains cas, il adopte ses décisions à l'unanimité ou
à la majorité qualifiée, selon ce que prévoit le
Traité. Le Président du Conseil européen, qui,
jusqu'à la fin 2009, était le Chef d'Etat ou de Gouvernement de
l'Etat membre qui assurait la présidence pour six mois, est
désormais désigné pour un mandat d'une durée de
deux ans et demi (renouvelable une seule fois) à l'issue d'un vote
à la majorité qualifiée du Conseil européen. En
exerçant désormais une fonction à temps plein, le
Président du Conseil européen acquiert un caractère
permanent.
De toutes les assemblées parlementaires
multinationales, le Parlement européen est le seul à être
élu au suffrage universel et, depuis le mois de juin 1979, il est le
seul organe de l'Union européenne à être élu
directement. Les membres du Parlement européen sont élus tous les
cinq ans. Les élections de juin 2009 ont coïncidé avec le
30e anniversaire des premières élections européennes au
suffrage universel. 736 Membres issus de 27 pays ont été
élus et siègent aujourd'hui au sein de groupes constitués
sur la base de l'affiliation politique plutôt que sur la base de la
nationalité. Les membres du Parlement européen sont élus
tous les cinq ans par les électeurs des 27 Etats membres de l'Union
européenne, au nom de ses 500 millions de citoyens. Les
Présidents du Parlement européen sont désignés pour
une durée de deux ans et demi, le mandat de cinq ans étant
normalement divisé entre les deux principaux partis politiques. Le
Parlement participe activement à la rédaction de la
législation européenne qui a un impact sur la vie quotidienne des
citoyens: protection de l'environnement, droits des consommateurs,
égalité des chances, transports ou libre circulation des
travailleurs, des capitaux, des services et des marchandises. Le Parlement est
également compétent, avec le Conseil, pour arrêter le
budget annuel de l'Union. Les travaux du Parlement sont importants car, dans de
nombreux domaines d'action, la législation européenne est
adoptée à la fois par le Parlement et le Conseil des ministres,
qui représente les États membres. Il prend des décisions
dans des domaines qui concernent tous les citoyens de l'Union
européenne. Le Parlement européen possède trois
sièges: en France, en Belgique et au Luxembourg: les sessions
plénières mensuelles, auxquelles assistent tous les MPE, se
tiennent à Strasbourg (France) ; le `siège du Parlement, les
réunions des commissions parlementaires et les sessions
plénières complémentaires se tiennent à Bruxelles
(Belgique); les services administratifs (le Secrétariat
général) sont installés à Luxembourg.
Le Conseil de l'Union européenne (souvent appelé
Conseil) se compose d'un représentant de chaque gouvernement national -
au niveau ministériel - et est l'institution européenne qui
représente les Etats membres. Au sein du Conseil, chaque Ministre est
habilité à engager son gouvernement durant les réunions et
répond politiquement de ses actes devant son propre parlement national,
ce qui garantit la légitimité démocratique des
décisions du Conseil. Le Conseil est le principal organe de
décision de l'UE. En codécision avec le Parlement, il peut
adopter, amender ou rejeter des lois (pouvoir législatif) émanant
de la Commission européenne. Les décisions du Conseil sont
généralement votées à la majorité
qualifiée. L'unanimité des voix reste cependant applicable dans
un nombre limité de domaines tels que la fiscalité et la
défense. Avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne,
la codécision est devenue la «procédure législative
ordinaire» pour les décisions dans la plupart des domaines
politiques. Autrement dit, ni le Parlement européen ni le Conseil ne
peuvent adopter une loi sans l'assentiment de l'autre institution.
La Commission européenne exerce le pouvoir
exécutif de l'Union européenne. Son rôle consiste à
proposer des lois, à mettre en oeuvre les décisions prises,
à veiller au respect des traités de l'UE et à assurer le
bon fonctionnement général de l'Union. Le terme
«Commission» est utilisé pour désigner aussi bien
l'institution que le Collège des Commissaires. Le Collège des
Commissaires (un par Etat membre), même si ces derniers sont
désignés par les Etats membres, ils ne représentent pas
leur pays au sein de la Commission. Ils sont supposés représenter
l'intérêt commun de l'Union européenne, et les
portefeuilles. Bien que l'initiative législative revienne à la
Commission européenne, ce sont le Conseil et le Parlement qui adoptent
les lois européennes. Dans certains cas, le Conseil peut agir seul.
D'autres institutions interviennent également dans le processus
décisionnel.
Les règles et les procédures de décision
au sein de l'UE sont définies dans les traités. Toute proposition
de nouvel acte législatif repose nécessairement sur un article
des traités (le droit primaire), qui constitue sa «base
juridique». Celle-ci détermine la procédure
législative à suivre. Les trois procédures principales
sont «la consultation», «l'avis conforme» et «la
codécision». La codécision est la procédure
décisionnelle la plus courante, également appelée
«procédure législative ordinaire» en vertu du
Traité de Lisbonne. Cette procédure de codécision
nécessite l'approbation officielle du Parlement et du Conseil. Les deux
organes sont sur un pied d'égalité et ont la possibilité
de proposer des amendements au texte. Depuis l'entrée en vigueur du
Traité de Lisbonne, le Parlement européen joue désormais
un rôle dans toutes les procédures législatives sont
attribués
S.E Nassif HITTI, Ambassadeur de la Ligue des
Etats Arabes à Rome et au Vatican, nous a entretenus sur le cas
de Ligue des Etats Arabes face aux défis actuels. Il pense que
les défis auxquels ces Etats font face aujourd'hui concernent leur
stabilité. Cette organisation s'attèle à quatre grands
conflits, à savoir : les conflits interétatiques
(classiques, faciles à gérer), les conflits asymétriques
(dégager les responsabilités, difficile à gérer),
les conflits intra-étatiques (à l'intérieur d'un Etat,
approche sociologique et non diplomatique) et les conflits multidimensionnels
(l'importance du conflit est fonction de la position
géostratégique des acteurs). Ce dernier cas est beaucoup plus
propre à la Syrie. A cet effet, il faut localiser le conflit afin de
trouver les voies et les moyens de l'endiguer. Cela nécessite une
approche globale qui consiste à ne pas faire une lecture exclusive de la
situation mais parallèle. Ce genre de conflit induit toujours un effet
de réputation et même transnational. La ligue fait ainsi face
à cinq obstacles majeurs : l'affaiblissement du refus
catégorique d'intervenir dans les affaires intérieur d'un Etat
(interdépendance) ; l'opposition à l'internationalisation
d'un conflit (arabisation de règlements) ; la peur de
l'ingérence extérieure (surtout fraternel) et la faiblesse
d'une culture de médiation diplomatique. Pour essayer de remédier
à ce dysfonctionnement, la ligue a prévu quelques méthodes
de médiations : l'anticipation (discrète et informelle), la
médiation à deux niveaux et en parallèle
(interne-externe), le forum multilatéral (assise thématique), la
médiation à composition variée (comité tripartite)
et la médiation de stabilisation. S'agissant du cas syrien, la ligue a
mis sur pied un système d'alerte, un comité de sage a
été créé, une banque des données disponible
et la ligue se penche actuellement sur une éventuelle création
d'un conseil de paix et de sécurité. Au regard de cette
volonté manifestée par la ligue pour affronter ces défis,
la grande difficulté demeure ces années lumières qui
existent entre la décision prise par les Etats membres et sont
application.
Monsieur Boris FALATAR, Coordonateur
Réponse aux pays en situation de crise, pense que, la mission, de
l'UNESCO dont le siège est à Paris, est
clairement défini dans l'Acte constitutif et stipule que :
«l'Organisation se propose de contribuer au maintien de la paix et la
sécurité en resserrant, par l'éducation, la science et la
culture, la collaboration entre nations, afin d'assurer le respect universel de
la justice, de la loi, des droits de l'homme et des libertés
fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de
religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les
peuples." Ainsi, la pratique du multilatéralisme constitue une
réalité en son, car chaque État dispose d'une seule voix
et l'importance du consensus est mise en exergue. S'agissant de la
négociation, elle se joue entre les grands États Petits
États et le rôle de la personnalité des Ambassadeurs compte
aussi. Ses principales activités sont : l'éducation, la
culture, les sciences exactes et naturelles, les sciences sociales et humaines,
la communication et l'information, diffusion du savoir, rencontres et
conférence, etc. Cette organisation dispose des Instituts et centres et
s'occupe des rapports et publications, des accords internationaux, des
conventions, recommandations et déclarations. C'est une organisation
intergouvernementale composée 195 États membres des Nations Unies
dont l'adhésion est automatique. S'agissant des États non membres
des Nations Unies, l'adhésion se fait par vote à la
majorité des 2/3. Pour ce qui est des membres associés, la
candidature est soumise par l'autorité compétente. Les
cotisations sont faites par les États membres et constituent son budget
ordinaire (budget+ ressources extrabudgétaires). La conférence
générale est constituée des représentants de tous
les Etats membres. Le conseil exécutif quant à lui est
composé des membres élus par la conférence
générale. Cette élection tient compte de la
diversité culturelle ainsi que d'une répartition
géographique équitable.
CONCLUSION
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
Au terme de notre stage, nous avons pu avoir la confirmation
selon laquelle la modernisation du métier de diplomate est devenue
indispensable compte tenu des nouveaux enjeux. Aussi, avons-nous acquis des
outils, nouveaux paradigmes, nouvelles grilles d'analyse et
d'interprétation des relations internationales. Par ailleurs, nous avons
beaucoup appris pour ce qui concerne les techniques de négociation
internationale dans le cadre bilatéral et multilatéral et
l'importance de la diplomatie de l'enseignement supérieur dans le
rayonnement international d'un Etat.
Fort de ce qui précède et au regard de la
mission qui nous incombe dans la Cellule de la Coopération Universitaire
du MINESUP, dans le cadre de l'élaboration des stratégies en
matière d'enseignement supérieur et du suivi de la participation
de ce ministère dans les organismes internationaux, nous essayerons
d'opérationnaliser toutes les connaissances acquises au cours de ce
stage afin d'apporter une plus-value dans le vaste chantier de
« pleine rénovation » de l'enseignement
supérieur définit par le chef de l'Etat, mis en oeuvre par le
Premier Ministre Chef du Gouvernement et exécuté avec
méthode, engagement et détermination par le Ministre de
l'Enseignement Supérieur.
Il serait souhaitable que l'Etat accroisse davantage la
politique du renforcement des capacités des fonctionnaires, surtout ceux
qui sont chargés des questions de coopération internationale,
afin que ceux-ci soient aptes à s'adapter aux nouveaux enjeux qu'impose
la mondialisation.
* 1 Cette circulaire en son
point 2 stipule que, pour toute demande d'autorisation de sortie du territoire
national, « vous assurer de l'adéquation entre la formation
initiale, le poste occupé et la formation
sollicitée... ».
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