2.4 Structure et composition de l'IPC guinéen :
2.4.1 Indice des prix à la consommation :
Durant toute la première République, la
Guinée a manqué d'indice de prix sous quelques formes que ce soit
pour mesurer le coût de la vie : c'est justement le cas lors du
premier et second chocs pétroliers. Il a fallut attendre 1985 pour voir
le pays se doter d'un indice des prix à la consommation(IPC) pour
l'agglomération de Conakry. Cet indice sert ainsi à montrer les
effets de variations de prix sur le pouvoir d'achat des ménages à
l'égard d'un certain nombre de denrées alimentaires, d'articles
de première nécessité, de services etc.
En Guinée, les hauts revenus coexistent avec les bas
salaires. Cependant ces deux classes ne ressentent guère le coût
de la vie de la même manière, tant et si bien qu'une bonne partie
de leur consommation porte sur des biens et services différents
(Touré, 2010).
Néanmoins la direction nationale de la statistique(DNS)
a opté de publier un seul indice sans distinction aucune entre les deux
types de consommateurs, nonobstant un examen minutieux de la structure de l'IPC
guinéen semble mettre en exergue qu'il s'agit bien d'un indice
focalisé sur les ménages à bas revenu de type africain.
Ainsi en 1999, cet indice apparait satisfaisant car n'ayant
fait l'objet d'aucune révision fondamentale et produit 167 biens et
services de consommation disponibles dans la capitale Conakry subdivisé
en 7 postes :
Tableau 1 : Indice des prix et
pondérations
Postes
|
Articles
|
Indice alimentaire : céréales, condiments,
huiles, tubercules, fruits, légumes.
|
81
|
Equipement-logement : loyers, matériaux de
construction, appareils électroménagers...
|
25
|
Energie : eau, électricité, pétrole
lampant...
|
9
|
Habillement : cretone, popeline, pagne, indigo,
chemise...
|
10
|
Transport : taxi urbain, bus urbain, transport
interurbain, billet d'avion...
|
10
|
Santé et hygiène : consultation
médicale, examens médicaux, produits pharmaceutiques, savon,
soins dentaires, coiffure...
|
18
|
Loisirs-culture : cigarettes, cinéma,
enseignement, outils scolaires, téléphone...
|
14
|
Source : Touré p 48.
La lecture du tableau ci-dessus donne une idée des
coefficients de pondérations pour chacun des postes retenus par le
ministère du plan pour mesurer le coût de la vie. Force est de
constater que cet indice a été remplacé en 2002 par
l'indice harmonisé des prix à la consommation.
2.4.2 Indice harmonisé des prix à la
consommation
Comme l'IPC, L'IHPC selon le bulletin mensuel publié
par le département en charge de la mesure du coût de la vie, a
pour population de référence l'ensemble des ménages
africains de l'agglomération de Conakry.
Le panier de la ménagère comprend 312
variétés suivies dans 364 points d'observations. En somme, 3207
relevés de prix sont effectués chaque mois par les
enquêteurs de la direction nationale de la statistique. Selon la
même source, la période de base de l'IHPC est l'année 2002
et ses pondérations proviennent de l'enquête
intégrée de base pour l'évaluation de la pauvreté
réalisée en 2002/2003 auprès de 7612 ménages.
L'IHPC présente la structure et les pondérations suivantes en
2008 :
Tableau 2 : Indice harmonisé des
prix et pondérations (Base 100 : décembre 2002)
Postes
|
Nombre d'article
|
pondération
|
Dec-2003
|
Dec-
2005
|
Dec-2007
|
Juin- 2008
|
Produits alimentaires, boisson et tabac
|
161
|
37.56
|
125.4
|
232.4
|
401.0
|
453.5
|
Articles d'habillement et chaussants
|
45
|
7.32
|
111.2
|
132.9
|
201.1
|
214.0
|
Logement,eau électricité, gaz,
|
27
|
10.38
|
105.0
|
152.6
|
243.1
|
269.8
|
Ameublement, équipement ménager
|
42
|
8.30
|
111.8
|
150.0
|
230.2
|
255.9
|
Santé
|
32
|
11.20
|
108.4
|
166.0
|
242.4
|
260.8
|
Transports
|
29
|
11.21
|
116.6
|
238.5
|
312.1
|
419.3
|
Loisirs, spectacles et cultures
|
29
|
3.64
|
104.9
|
139.6
|
193.6
|
194.9
|
Enseignement
|
11
|
0.90
|
104.2
|
134.5
|
174.0
|
186.4
|
Hôtels, café, restaurants
|
10
|
2.20
|
103.2
|
179.8
|
283.7
|
311.4
|
Autres biens et services
|
30
|
6.79
|
112.3
|
147.6
|
191.2
|
192.8
|
Indice global
|
416
|
100
|
115.8
|
191.7
|
300.9
|
341.5
|
Source : Touré p.50
Le tableau 2 ci-dessus nous permet d'observer une
évolution rapide de l'indice harmonisé des prix à la
consommation(IHPC) ayant pratiquement triplé (2,95 fois)entre
décembre 2003 et juin 2008. Les produits alimentaires
représentent une part importante du panier, ce qui indique que les
facteurs influant sur les prix alimentaires dominent les mouvements de l'IHPC
(voir tableau 2).Ces facteurs comprennent les intrants domestiques, les
coûts de transport des aliments produits à leurs marchés de
détail, et les conditions climatiques, avec précipitations jouent
un rôle clé.
Cependant, il est opportun de signaler que cet indice
harmonisé des prix à la consommation(IHPC) est
élaboré à partir de 416 produits et services de base
indispensables aux ménages guinéens, dont certains peuvent
intervenir plusieurs fois dans un poste en fonction de leur nature voire de
leur localisation géographique.
Pour compléter ainsi le panel, la direction nationale
de la statistique adopte des nomenclatures secondaires de manière
à saisir avec pertinence la contribution des articles localement
produits ou importés ainsi que celle des secteurs d'activités
à l'évolution du coût de la vie en Guinée. Elle se
présente de la façon suivante :
Tableau 3 : Nomenclatures secondaires de
l'IHPC
Nomenclatures
|
Pondérations
|
Juin- 2007
|
Juin-2008
|
Indice global
|
100
|
274.0
|
341.5
|
Indice des produits locaux
|
59.45
|
273.4
|
338.6
|
Indices des produits importés
|
40.55
|
260.0
|
313.5
|
|
|
|
|
Indice global
|
100
|
274.0
|
341.5
|
Indice du secteur primaire
|
15.05
|
362.9
|
442.3
|
Indice du secteur secondaire
|
61.58
|
364.6
|
442.3
|
Indice du secteur tertiaire
|
23.37
|
343.5
|
427.7
|
Source : Touré p.51
Le tableau ci-dessus met en exergue une forte
pondération des produits locaux d'une part et des produits issus du
secteur secondaire d'autre part, qui, dans chaque catégorie de second
ordre pèse environ pour près de 3/5 des pondérations. Par
ailleurs les 2/5 du poids relèvent de l'inflation importée et des
pondérations cumulées des secteurs primaire et tertiaire. Il
convient par ailleurs de s'interroger sur le faible poids attribué au
secteur agricole dans cette nomenclature : l'inflation guinéenne
émane-t-elle essentiellement des branches industrielles et des
services ?
A côté de cela nous pouvons mentionner que
d'autres indices moins intéressants sont également publiés
à savoir :
ü L'indice des produits frais ;
ü L'indice de l'énergie
ü L'indice hors produits frais, hors énergie
ü L'indice des biens durables
ü L'indice des biens semi-durables
ü L'indice des biens non durables
Un certain nombre de faiblesses peuvent être
identifiées au début de l'étude. Premièrement,
l'indice peut ne pas être représentatif des habitudes de
consommation. Les poids et certains des éléments qui composent
l'indice peuvent être obsolètes.
De plus, l'information est recueillie dans cinq marchés
des différents quartiers de la capitale Conakry. Les supermarchés
et les petits commerces de détail, qui représentent une part
croissante des ventes intérieures, sont exclus de l'échantillon.
Une autre limite de l'indice, est qu'il ne couvre que la ville de Conakry, et
en outre il est gelé pour certains articles qui ne sont pas
consommés en Guinée. Cependant, ces articles représentent
plus de 3% de l'IPC.
En outre, l'indice ne tient pas compte de nouveaux modes de
consommation tels que les achats s'effectuant par le biais de l'internet, des
téléphones mobiles, non plus des frais de transport et ne
reflète point une augmentation substantielle de la consommation de
certains produits alimentaires, comme le riz et la pomme de terre.
À la lumière de ces faiblesses, il s'est
avéré que les chiffres officiels ne reflètent probablement
pas le taux réel de l'inflation. En Guinée, les observations
aberrantes, souvent liées à la hausse des prix entre les
récoltes, ont tendance à affecter sensiblement la croissance de
l'inflation sur 12 mois. La mesure de l'inflation peut donc être
volatile.
Conclusion
Tous ces chocs sus mentionnés internes comme externes
ont rendu l'économie guinéenne très sensible aux facteurs
déterminants de l'inflation en Guinée. Certes il faut mentionner
que ces évènements n'ont point épargné les
indicateurs macroéconomiques ainsi que le niveau général
des prix. C'est d'ailleurs ce qui explique l'instabilité sans cesse du
taux d'inflation entre 1986 et 2012.
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