1.2 Les objectifs et instruments de la politique
monétaire de la BCRG
l.2.1 Les objectifs de la politique
monétaire :
Traditionnellement les objectifs assignés à la
politique monétaire sont au nombre de quatre: la croissance
économique, la stabilité des prix, l'équilibreexterne, et
le plein emploi. A l'expérience il s'est avéré difficile
voire impossible d'atteindre à la fois ces quatre objectifs. Les
autorités monétaires des Banques Centrales étaient alors
contraintes à opérer des arbitrages dans les choix des
objectifs.
Si l'objectif de croissance économique, par le
financement prioritaire de certains secteurs considérés comme les
leviers du développement, a prévalu aux premières
années d'indépendance, pour la plupart des Banques Centrales dans
les pays en développement récemment ouverts à
l'économie de marché, la Banque Centrale de la République
de Guinée (BCRG) ne pouvait guère se contenter du ce simple
rôle. Elle devait également participer dans un premier temps au
rétablissement des équilibres macroéconomiques rompus. A
ce titre, la Banque Centrale participe dans la lutte contre le chômage
(en raison de la réduction des effectifs de la fonction publique par le
premier programme d'ajustement structurel), à la stabilisation des taux
d'intérêt et enfin à la relance de la croissance
économique.
L'objectif de croissance a très rapidement
été relégué au troisième plan,
derrière ceux de l'équilibre extérieur et de
stabilité des prix. En effet, l'objectif de croissance s'est très
vite révélé incompatible avec celui du résultat
désiré de balance des paiements et du maintien d'un minimum de
pression sur les prix intérieurs. Ces deux derniers aspects ont, par
contre, toujours été une préoccupation de
l'autorité monétaire.
Aujourd'hui, la BCRG semble de plus en plus privilégier
l'objectif de stabilité des prix. La hausse des prix entraîne en
effet une perte de compétitivité des économies, une fuite
des capitaux, un déséquilibre de la balance des paiements, ce qui
peut pousser les agentséconomiques à des comportements
attentistes et spéculatifs sur le GNF avec tout ce que cela comporte
comme conséquences (dévaluation, crises).
1.2.2 La politique monétaire de la BCRG avant la
réforme de 1993 : usage des instruments directs
Cette période se caractérise entre autre par: le
contrôle administratif direct de la plupart des taux
d'intérêt, préférentiels, pour certaines
catégories de prêts spécifiques (exemple taux sur les
prêts des projets agricoles), le plafonnement des crédits au
niveau des banques individuelles ou au niveau global la priorité
d'octroi de crédits à certains secteurs de l'économie, le
refinancement auprès de la Banque Centrale (facilités de
réescompte en faveur de certains types de prêts)
Ø Les plafonds de réescompte
La politique de réescompte repose sur une
procédure de financement qui met en relation les banques secondaires et
la Banque Centrale et qui ne passe pas alors par marché
monétaire. Les banques de second rang empruntent directement les
liquidités auprès de la Banque Centrale en réescomptant
des titres qu'elles détiennent dans leur portefeuille. Les titres admis
au réescompte étaient généralement des titres
représentatifs de crédits à l'économie et des
effets de commerce.
Les plafonds de réescompteconstituaient le principal
instrument de gestion monétaire de la Banque Centrale au cours de cette
période, les plafonds globaux de réescompte fixaient, le montant
maximum des concours à court terme et à moyen terme que
l'Institut d'Emission pouvait consentir aux banques. Ces plafonds faisaient
l'objet d'une répartition détaillée. Cette
répartition, très complexe, rendait la gestion des plafonds peu
aisée. On note une tendance haussière de ces plafonds entre 1986
et 1993 où ils sont passés de 15% à 25%.
Ø Le contrôle sélectif et
quantitatif du crédit
Pour soutenir les secteurs et opérations jugés
prioritaires, la Banque Centrale pratiquait à une grande échelle
la politique sélective du crédit. Cette dernière consiste
à différencier les conditions d'accès au crédit.
Les secteurs de l'économie jugés prioritaires sont
favorisés par une telle politique. Ils bénéficient alors
des taux bonifiés, des crédits non plafonnés qui sont
parfois garantis par des interfaces telles que les fonds de garantie.
L'encadrement de crédit à son tour est un
instrument de contrôle direct et quantitatif de crédit
distribué par les intermédiaires financiers. Il a
été institué à l'origine pour éviter la
concentration excessive des risques.Il est devenu ensuite un instrument de
politique monétaire. En cas de dépassement du plafond fixé
par les autorités monétaires les banques subissaient des
pénalités qui consistaient à déposer une proportion
des crédits distribués sous forme de réserves
supplémentaires non rémunérées auprès de la
Banque Centrale. A l'inverse la non utilisation des crédits soumis
à un plafond donnait droit à une économie de crédit
c'est-à-dire une utilisation ultérieure.
En Guinée, la politique sélective de
crédit n'a pas eu les effets escomptés; au contraire, elle a
introduit certaines distorsions au niveau de l'allocation des ressources et a
engendré un gaspillage de ressources monétaires dans le secteur
public et parapublic dont notamment au niveau de certains entrepreneurs
nationaux et des organismes de commercialisation agricole. En effet, l'on a
été amené à reconnaître que l'encadrement des
crédits s'était révélé fort efficace mais
comportait plusieurs inconvenants :
· Il a figé les parts du marché des banques
et a faussé ainsi la concurrence entre les banques ;
· Il enlevait toute initiative au banquier dans la
mesure où il fixait des normes par secteur d'activité. Les
banques pouvaient être conduites alors à freiner l'activité
d'entreprises saines pour soutenir des entreprises en
difficultés ;
· Il ne tenait pas compte des capacités des
banques et rendait peu profitables les innovations financières ;
Ø La politique des taux
d'intérêt
L'objectif de la BCRG dans la politique des taux
d'intérêt est d'encourager les dépôts sans trop
renchérir le coût du crédit puisque, les coûts trop
élevés sont nuisibles au développement de la bancarisation
du pays.Par ailleurs les niveaux encore élevés des taux
d'inflation impliquent des réaménagements périodiques des
taux d'intérêt. C'est ainsi que depuis 1986, l'évolution
des taux d'intérêt s'inscrit en hausse jusqu'en 1992.
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