La conservation du dugong en Nouvelle-Calédonie. La mobilisation et la confrontation de savoirs et pratiques relatifs à une « espèce emblématique ».( Télécharger le fichier original )par Audrey Dupont Université Aix-Marseille - Master Pro Anthropologie et Métiers du développement durable 2014 |
I.2. Présentation du Plan d'action dugong et de l'étudeI.2.1. Présentation du Plan d'actions dugong 2010-2015En Nouvelle-Calédonie, le dugong est une espèce menacée qui possède un statut particulier : celui d'espèce « emblématique ». Les acteurs environnementaux présents sur le territoire ont jugé nécessaire de mettre en place de nouvelles mesures de conservation de cet animal, au moment où les institutions assurant la gouvernance environnementale étaient encore récentes (2009-2010). Parmi les différentes stratégies pour améliorer sa protection, l'Agence nationale des aires protégées a mis en place dés 2010 un Plan d'actions dugong. Le Plan d'actions dugong a été créé suite à des comptages des dugongs par survols aériens en 2003 et 2008 dans le cadre du programme ZoNéCo, mis en place par le Gouvernement Français et Calédonien dans l'objectif « de rassembler et de rendre accessibles les informations nécessaires à l'inventaire, la valorisation et la gestion des ressources minérales et vivantes de la Zone Economique Exclusive de la Nouvelle-Calédonie »15. Ce comptage a notamment été encadré par Claire Garrigue, responsable scientifique de l'ONG de défense des grands mammifères marins « Opération Cétacés ! » et ayant mené une étude en biologie sur le dugong pour l'ORSTOM16 en 1994. Les résultats de ce comptage semblaient inquiétants quant à la pérennité de l'espèce. Ce plan d'actions rassemble dans un Groupe de Travail Restreint (GTR) un certain nombre d'acteurs concernés par la protection de l'animal dont l'Agence des aires marines protégées (AAMP), le WWF - Nouvelle-Calédonie et l'IRD17 (qui ont tous trois financé une grande partie du stage), les Provinces Nord, Sud et des Îles Loyauté, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, le Sénat Coutumier, l'État français et Opération Cétacés ! Il compte aussi des partenariats « choisis » parmi les responsables de la sensibilisation environnementale du territoire (l'association Symbiose, le Rectorat de l'académie de Nouméa, le magasine l'OEil etc.) et des partenariats « de fait ». Par exemple, ils collaborent ponctuellement avec le comité de gestion environnemental de la ZCO (dans la région de Bourail-Poya) qui promeut la sensibilisation environnementale sur le terrain et qui est particulièrement sensible au sort du dugong. 15 Source ZoNéCo : http://www.zoneco.nc/Genese-et-objectifs-globaux - information tirée du mémoire appliqué de Marie Toussaint (2010). 16 ancien nom de l'IRD. 17 L'IRD ne faisait pas officiellement partie du GTR mais qui il y est souvent associé pour ses compétences scientifiques diverses. Juin 2015 17 DUPONT A, ETHT7, La conservation du dugong en Nouvelle-Calédonie : la mobilisation et la confrontation de savoirs et pratiques pour la protection d'une espèce « emblématique » menacée Suivant le protocole définis par les Plans Nationaux d'actions de l'État français18, le Plan d'actions dugong est articulé selon trois volets : un volet connaissance, un volet sensibilisation et communication - qui cherche à faire connaître le dugong et les enjeux de sa conservation - et un volet gouvernance - pour construire des connaissances qui puissent être partagées à différentes échelles pour une meilleure protection. Au début du projet, plusieurs travaux dirigés par l'AAMP, dont une monographie du dugong réalisé à partir des informations tirés des campagnes de survols aériens et un rapport préliminaire de l'enquête régionale dugong de 2011, font état d'un réel manque de connaissances sur cette espèce en Nouvelle-Calédonie. Le volet connaissance cherche ainsi à compléter les connaissances initiales sur le statut de conservation, la biologie et l'écologie des dugongs de Nouvelle Calédonie via de nouveaux comptages, des travaux de génétique, des études sur les pressions et les aspects socio-économiques, en lien avec l'importance des dugongs dans la culture calédonienne, ainsi que des études permettant de mieux comprendre le comportement des dugongs et leur utilisation de l'habitat. Ce stage s'insère dans le programme d'approfondissement des connaissances et devrait renseigner une thèse sur le dugong en biologie marine, conduite par un ancien consultant de l'AAMP, membre également d'Opération Cétacés !, qui a déterminé la marche à suivre concernant sa protection en Nouvelle-Calédonie. L'encadrement scientifique et pédagogique de l'étude été délégué à Catherine Sabinot, ethno-écologue et anthropologue à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et spécialiste des zones côtières. Elle a été associée au projet et travaille de concert avec l'AAMP afin de définir les besoins en matière d'approfondissement des connaissances. Elle a aussi négocié la stratégie d'encadrement du stage avec l'ancien responsable de l'animation du Plan d'actions dugong de l'AAMP, remplacé un mois avant le début du stage. Ils ont rédigé ensemble l'offre de stage en spécifiant que l'étude était produite dans une logique de partage et de mise en commun des efforts pour la protection de l'espèce, qu'ils ont nommé « méthodologie partagée ». |
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